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GÉOGRAPHIE DU LITTORAL DE CÔTE D’IVOIRE
Éléments de réflexion pour une politique de gestion intégrée
.
Géographie du littoral
de Côte d’Ivoire
Éléments de réflexion pour une politique de
gestion intégrée
sous la direction de
Patrick Pottier
Kouassi Paul Anoh
Coopération interuniversitaire
Abidjan Cocody (Côte d’Ivoire) / Nantes (France)
2008
________________________________
Cet ouvrage a bénéficié du soutien financier
du laboratoire Géolittomer - LETG UMR 6554 du CNRS
de l’Institut de Géographie Tropicale de l’Université de Cocody Abidjan
et de l’Institut de Géographie et d’Aménagement Régional de
l’Université de Nantes
________________________________
Avant-propos
La réussite de cette belle aventure réside également dans la manière dont les
protagonistes l’ont menée. D’abord dans son contenu thématique. Si le noyau
dur a toujours été la géographie maritime et littorale (en témoigne la présente
publication), d’autres champs ont été investis : l’analyse régionale, les produits
vivriers, les questions de développement et de planification, les déséquilibres
urbains, et surtout la géomatique qui s’est appliquée à tous les domaines de
recherche. Ensuite, dans ses objectifs et ses modalités. Au début, il s’agissait
de mettre en place une filière pédagogique (former des formateurs) puis,
rapidement, a émergé une équipe de jeunes enseignants-chercheurs ivoiriens qui
ont assuré eux-mêmes la formation des étudiants, l’encadrement des étudiants
avancés, puis ont élaboré avec les enseignants nantais un programme-cadre
de recherche structuré en axes et appuyé sur des laboratoires, Géolittomer
LETG (3) à Nantes, le LATIG et maintenant le GRALIT (4) à Abidjan.
Les résultats de cette coopération sont à la hauteur des investissements
mutuels : des dizaines de missions ont été réalisées, missions d’enseignants-
chercheurs, d’étudiants, de stagiaires de statuts divers, de nombreux mémoires
de maîtrise, de DEA ont été réalisés dans les deux instituts sur les thèmes
retenus mais, surtout, sept thèses ont été soutenues, dont deux thèses d’État
ivoiriennes, avec direction collégiale et co-participation aux jurys, auxquelles
s’ajoutent trois autres thèses, actuellement en cours d’élaboration. Enfin,
ajoutons qu’un séminaire co-présidé par les deux signataires de cet avant-propos,
et rassemblant enseignants, professionnels, autorités locales et régionales, a
installé officiellement à San Pedro, le 21 mai 2002, le groupe de recherche en
géographie de la mer et du littoral, le GRALIT.
Les liens entre les départements de Géographie d’Abidjan et de Nantes ne
se sont pas limités aux échanges d’étudiants, d’enseignants et de personnels ;
ils se sont prolongés et achevés par des publications individuelles ou d’équipes,
dont plusieurs co-signées - articles dans des revues à comité de lecture, atlas,
contributions à des actes de colloques ou à des ouvrages - la plus importante
étant sans doute celle-ci.
La coopération a désormais atteint sa pleine maturité ; elle est passée d’une
coopération classique reposant sur l’aide unilatérale à une coopération bilatérale,
un partenariat durable se déployant dans le domaine de la formation, de la
recherche fondamentale, de la recherche appliquée et de la valorisation de cette
recherche par la diffusion des travaux.
Comment donc ne pas saluer dans le présent ouvrage ce modèle de coopération
complète visant les principaux compartiments de l’université : l’enseignement,
la recherche et le service. En effet, à travers cette œuvre, nos collègues mettent
à la disposition de la Côte d’Ivoire, des éléments de réflexion indispensables à
l’élaboration d’une politique de gestion intégrée de son littoral. Cette initiative
est d’autant plus heureuse que la forte pression humaine qui s’exerce sur cette
région et les risques qu’elle présente, justifient amplement une telle démarche.
Les géographes ivoiriens et leurs collègues nantais ont donc raison de renouer
avec cette action de soutien au développement qui a caractérisé l’université
ivoirienne des années 1970. Ils s’apprêtent ainsi à prendre leur part aux
12 nécessaires études qu’exigera la relance de la Côte d’Ivoire.
AVANT-PROPOS
Introduction
Kouassi Paul ANOH
Institut de Géographie Tropicale, Université de Cocody Abidjan (Côte d’Ivoire)
Patrick POTTIER
LETG (UMR 6554 CNRS), laboratoire Géolittomer, Institut de Géographie et
d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes (France)
Le littoral maritime de Côte d’Ivoire auquel est consacré cet ouvrage s’étend
du cap des palmes à l’ouest (frontière ivoiro libérienne) au cap des trois pointes
à l’est (frontière ivoiro-ghanéenne). Il se déploie sur 566 kilomètres avec une
largeur variable de moins de 5 kilomètres sur le socle cristallin et métamorphique
dans la partie ouest à près de 50 kilomètres à l’est sur les sables argileux et les
grès du continental terminal.
Jusqu’en 2003, il n’existait aucune délimitation claire du littoral de Côte
d’Ivoire. C’est à la faveur du Projet «Gestion du Littoral» conduit par le Ministère
de l’Environnement en 2003 qu’un essai de délimitation a été proposé. Un
atelier de définition rassemblant des géographes, des socio-économistes, des
écologues, des économistes et des juristes a permis d’obtenir une définition et
une délimitation consensuelle de la zone littorale ivoirienne.
Cette définition résulte de la mise en relation de critères géographiques
ou géomorphologiques (géologie, topographie, bassins versants, milieux
naturels dont les zones humides, etc.), socio-économiques (peuples et zones
d’influence/d’usage des différentes populations, aire d’influence des villes,
zones d’exploitation agricole, etc.) et juridiques (communes et préfectures
littorales).
Le littoral ainsi identifié est limité au nord par la route côtière à l’ouest
d’Abidjan et la route de Noé en passant par Alépé à l’est. Dans la partie sud, il
est délimité par l’isobathe 120 m. Sa superficie est estimée à 23 253 km², soit
7 % de la superficie totale de la Côte d’Ivoire qui est de 322 463 km² (Ministère
de l’Environnement, 2003).
Délimitation du littoral ivoirien
Comoé
Lagune
Band
Lagune Adjin
LIBERIA
Da
Potou
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Sas
GHANA
Lagune Dabou
a
Tadio Ébrié
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Cap des
Tabou
palmes
A. KANGAH
limite de la zone littorale
limite d'État N
0 30 60 90 km
ville littorale Source : Ministère de l’Environnement, 2003 15
GÉOGRAPHIE DU LITTORAL DE CÔTE D’IVOIRE
pour la seconde, à la fin des années 1960, ont été multipliés par 2 et 3 en
trente ans. Les activités industrielles et commerciales qui ont accompagné
ce développement urbain ont contribué aussi à renforcer les pressions sur le
littoral et à souligner les difficultés d’une gestion raisonnée, à l’image d’une
activité touristique d’une réelle ampleur mais qui n’est pas sans porter atteinte
aux éléments qui en font pourtant l’attrait.
L’importante réflexion sur les interactions des occupations humaines sur
l’ensemble de ce littoral ivoirien devrait représenter un apport utile à bon
nombre d’acteurs nationaux et internationaux.
L’analyse des risques, des aménagements et de la problématique de la gestion
intégrée et durable des territoires côtiers révèle que le phénomène d’instabilité
du trait de côte décrit dans la première partie a une dimension économique et
sociale considérable. Il provoque des destructions d’habitats et d’infrastructures
du fait de l’intense concentration des populations sur le littoral. Le recul côtier
dans la partie centrale de Port-Bouët pourrait ainsi provoquer la disparition de
81 % de l’habitat précaire dans les trente prochaines années et la projection
sur la base du rythme actuel de comblement aboutirait en 2177 à la disparition
complète de la dernière baie urbaine de la lagune Ébrié d’Abidjan.
Parallèlement, les niveaux de pollution atteints aujourd’hui dans la lagune
Ébrié posent de véritables questions de santé publique. Le développement non-
maîtrisé de l’agglomération d’Abidjan a provoqué depuis plusieurs décennies
une dégradation de l’environnement urbain tout à fait remarquable, notamment
des milieux lagunaires et littoraux particulièrement vulnérables du point de vue
de l’équilibre anthropo-systémique. Cette seconde partie produit un descriptif
précis des risques côtiers, ayant valeur d’exemple pour l’ensemble de la zone
côtière tropicale africaine soumise à des contraintes identiques, et ceci en vue
d’un bilan préalable au développement durable de ces zones.
Les contributions rassemblées dans cet ouvrage tentent d’éclairer l’originalité
de cet espace littoral, situé à l’interface entre la terre et la mer, en soulignant sa
richesse potentielle, l’attrait qu’il exerce sur les populations, en faisant un bilan
précis des conflits qui opposent de plus en plus souvent les différents usagers,
mais également des expériences dans le domaine des aménagements et de la
rencontre des acteurs sociaux. Il invitera aussi à plus de responsabilité dans la
gestion de ce milieu riche, sensible, présentant un réel potentiel pour l’avenir
à condition d’en apprécier tous les enjeux et d’opter ainsi pour un véritable
aménagement intégré. Dans un pays comme la Côte d’Ivoire où l’activité socio-
économique est fortement « littoralisée » et « maritimisée », il est en effet urgent
que cette question de l’environnement et de la gestion durable des espaces
littoraux soit enfin traitée prioritairement.
Cet ouvrage qui fait une synthèse des connaissances existantes sur le
fonctionnement des espaces côtiers et l’environnement littoral ivoirien est
destiné non seulement au monde scientifique, mais également à tous les acteurs
institutionnels, politiques, administratifs ou privés, nationaux ou internationaux,
qui s’intéressent à ce territoire si particulier.
18
PREMIÈRE PARTIE
21
.
LA VÉGÉTATION DU LITTORAL IVOIRIEN
Du fait de leur position en bordure des mers ou des océans, les milieux littoraux
subissent une double influence marine et continentale. Du rivage à l’intérieur
des terres, on distingue en effet, la zone de balancement des marées, soumise à
des submersions périodiques ; la zone ne subissant que des submersions brèves
et rares ; et enfin la zone au-delà des hautes marées, mais subissant cependant
certains facteurs écologiques propres au milieu littoral (Schnell, 1971). En Côte
d’Ivoire, la zone littorale n’excède pas 7 à 8 kilomètres sur le cordon lagunaire
où elle est mieux représentée ; elle est réduite à quelques centaines de mètres
à l’ouest (Guillaumet et al., 1971, Monnier, 1983). La diversité des conditions édaphiques,
hydro-climatiques et les actions de l’homme induisent corrélativement, sur
cette petite surface de terre, une grande diversité dans les paysages végétaux.
T. BROU, A. KANGAH
24
LA VÉGÉTATION DU LITTORAL IVOIRIEN
Photo 2 -
Végétation des
rives d’une lagune
(eau peu salée ou
douce) dans la localité
de Grand-Bassam
à l’est d’Abidjan.
S’entremêlent ici une
végétation typique de
marécage d’eau douce
(raphia) et quelques
Rhizophora racemosa.
Photo 3 - Végétation
de mangrove le
long d’une rivière
à Sassandra sur
la côte ouest. Les
racines-échasses,
ou rhizophores, de
certains palétuviers
leur permettent de
s’ancrer dans la vase
et de résister au flux et
reflux des marées.
La forêt marécageuse
28
LA VÉGÉTATION DU LITTORAL IVOIRIEN
Figure 4 - Occupation du sol dans les forêts classées et parcs nationaux du littoral et de
son arrière-pays immédiat
NB : la superficie minimum prise en compte dans la cartographie est de 1 km² d’un seul tenant
Figure 5 - Évolution des forêts denses humides hygrophiles sur le rétro-littoral ivoirien
écosystèmes les plus productifs du monde. Elle serait aussi productive que
la forêt tropicale humide. Un hectare de mangrove représente 300 tonnes
de matière organique sèche avec une production d’environ 15 tonnes par an
(Schnell, 1970). Par ailleurs, les eaux au sein et aux alentours des mangroves
sont généralement riches en nutriments. Ceci résulte de l’abondante matière
organique produite par les palétuviers et par les sédiments piégés entre les
racines de ces derniers. Les mangroves produisent annuellement environ
1 kg de litière/m², qui forme la base d’un réseau alimentaire complexe et
dont une partie est exportée avec la marée (Blasco, 1991). Il a été calculé
qu’un hectare de palétuviers, aux Philippines, « génère » chaque année 400 kg
de poissons, crevettes, crabes, mollusques auxquels s’ajoute une production
équivalente de même origine mais se développant ailleurs (Amaroux, 2003).
Les mangroves constituent ainsi, comme les forêts denses humides, des
écosystèmes à fonctions multiples (zone nourricière, freins à l’érosion,
sources de nourriture pour l’homme, bois de chauffe, etc.).
Du fait de la vulnérabilité de ces milieux dont le rôle environnemental et
socio-économique n’est plus à démontrer, la perspective d’une gestion durable
semble devenue une nécessité. Mais, la difficile équation à résoudre pour
une gestion durable des ressources naturelles est, sans nul doute, d’arriver à
concilier la productivité, la conservation et l’aménagement écologique.
Cette gestion implique la responsabilité de l’État, mais aussi celles des
populations locales souvent négligées. En effet, l’une des solutions
pour réussir les politiques d’aménagement du littoral est l’intégration
des populations locales dans les projets de gestion. Ces stratégies dites
participatives impliquent que les populations concernées y trouvent un
intérêt soit matériel, soit immatériel. L’intérêt matériel peut consister dans la
récolte de produits secondaires pour des besoins médicaux, alimentaires et
techniques. L’intérêt immatériel vient de la valorisation de leur patrimoine
culturel comme par exemple la préservation des mythes et du sacré liés à des
lieux particuliers et fragiles.
Une vision d’ensemble est d’autant plus urgente à mettre en pratique qu’il
existe des contradictions importantes entre les différents acteurs du littoral
avec, d’un côté, ceux qui considèrent le littoral ivoirien uniquement comme
un système de production, et de l’autre, ceux qui, au contraire, le considèrent
comme un écosystème fragile à préserver.
Conclusion
La végétation littorale ivoirienne est marquée par une grande diversité. Sur
cette mince étendue de terre, à l’interface entre les milieux aquatiques et les
milieux continentaux, s’échelonnent en effet des paysages végétaux sur terre
ferme et des paysages végétaux continuellement submergés par les marées.
Cette diversité se manifeste également par l’opposition entre paysages forestiers
34 et paysages de savane.
LA VÉGÉTATION DU LITTORAL IVOIRIEN
Références
36
MORPHOLOGIE ET DYNAMIQUE DU TRAIT DE CÔTE EN CÔTE D’IVOIRE
C
Ni o
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Ba
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GHANA
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ABIDJAN Gd-Bassam
Grand-Lahou d Assinie
Sassandra Fresco Fon
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Tro
120 N
San Pedro NW NE
NW N NE Océan Atlantique 120
Grand-Béréby
W E
W E
WSW WSW
S SE SE
SSW
Tabou SW SSW S
Direction des vents dominants Direction des vents dominants
à Sassandra à Abidjan
N
Source : F. Hinschberger et R.Pomel, 1979 0 30 60 90 km
Mise à jour par C. Hauhouot, 2007 C. HAUHOUOT, A. KANGAH
À l’est du « trou sans fond », l’angle de la houle avec la côte favorise la chute
des sables en transit. Ici, le trait de côte avançait de 1 m/an vers le large avant
les aménagements portuaires. Sur quelques secteurs (à l’aval-dérive du canal de
Vridi, Azzureti…) le déficit généré par les pièges à sable et la convergence des
houles entraînent un retrait du trait de côte.
La mer côtière
La mer côtière est entendue ici comme la partie maritime de la zone côtière.
Elle est comprise entre le trait de côte et l’isobathe 120 mètres qui marque la
limite du plateau continental ivoirien. Dans ces paragraphes la mer côtière est
étudiée sous ses aspects océanologiques et morpho-structuraux.
Aspects morpho-structuraux
Le plateau continental s’étend sur une largeur de 35 kilomètres au maximum.
Vers Abidjan, il se rétrécit et, ensuite, en direction de Grand-Lahou, son
développement ne dépasse pas 22 kilomètres. Les fonds marins présentent
trois types morphologiques (Mondé, 1997) : convexe, concave et intermédiaire.
Les fonds marins aux embouchures des grands fleuves ont des profils de
type convexe. Ce type caractérise les zones de sédimentation actuelle. À la
marge de ces zones, les profils sont du type intermédiaire. Entre ces zones
de sédimentation, les fonds ont des profils de type concave marqués par des
ruptures de pentes provoquées par la présence de barres de grès.
La morphologie sous-marine est perturbée au large d’Abidjan par un
important canyon, le «trou sans fond». Ce canyon entaille la plate-forme
sous-marine jusqu’à la côte. Ailleurs, la topographie est peu accidentée.
Toutefois on peut observer ça et là des barres de grès, des affleurements
exclusivement sur les fonds entre Tabou et Sassandra et diverses morpho-
structures. Les barres de grès sont des cordons littoraux fossiles construits
et submergés par la mer lors de la transgression holocène. Elles ont une
disposition qui ressemble à l’organisation des cordons actuels. Elles sont
disposées parallèlement à la côte. Certaines sont isolées quand d’autres sont
alignées sur les fonds entre 50 et 115 mètres parallèlement à la côte. Leur
hauteur varie du mètre à la dizaine de mètres et leur largeur peut atteindre
160 mètres maximum.
D’autres accidents mineurs à savoir des replats, des microstructures bosselées
et de petites dépressions recouvrent la plate-forme continentale. Mondé (1997)
a mis en évidence deux dépressions au large d’Abidjan et de Tabou par 100 et
70 mètres de profondeur.
Les fonds de la mer côtière sont recouverts de sables quartzeux. Ces sables
constituent le substrat de la sédimentation actuelle qui est composée de
vases le plus souvent bioturbées. De 0 à 40 mètres, ils dominent les couches
superficielles. Ils sont plus grossiers à l’ouest du fleuve Comoé (Abé, 2005).
Les agents marins qui façonnent les formes littorales
Trois types de houles déferlent sur le littoral ivoirien (Tastet et al. 1985) ;
des houles de faible amplitude égale à 0,8 mètre ; des houles de moyenne
40 amplitude comprise entre 0,8 et 2 mètres et des fortes houles d’amplitude
MORPHOLOGIE ET DYNAMIQUE DU TRAIT DE CÔTE EN CÔTE D’IVOIRE
Photo 1 - Baie de
Monogaga, San
Pedro. Les plages de
poche sont le type le
plus fréquent sur le
littoral occidental de
la Côte d’Ivoire. Elles
occupent le fond de
centaines de petites
anses protégées par
des caps.
Photo 2 - Côte
sableuse d’Assinie-
Mafia. Les plages à
l’est de Sassandra
sont rectilignes,
monotones et
interrompues par les
embouchures des
fleuves côtiers.
Photo 3 - Côte
rocheuse de Tabou,
un des rares secteurs
du littoral où on peut
observer une côte à
dénudation.
San Pedro (Balmer 1,718 – 8,53 2,91.10-05 à 7,26. 10-04 Hauhouot (2000)
– club nautique)
Fresco (ancien village) 0,725 – 4,289 5,18. 10-06 à 1,82. 10-04 FEA I (2006)
-07 -04
Grand-Lahou 0,286 – 7,125 8,07.10 à 5,08.10 Hauhouot (2000)
(Kpanda – Braffedon) Kouakou (2004)
N’douffou (2005)
Jacqueville (Abreby 1,146 – 1,718 1,29.10-05 à 2,91.10-05 Adepo (2004)
– Laka)
Abidjan (Port-Bouet) 0,725 – 4,004 5,18. 10-06 à 1,58.10-04 Hauhouot (2000)
Coffie (2002)
Grand-Bassam (Lomo, 0,725 – 1,718 5,18. 10-06 à 2,91.10-05 Coffie (2002)
Mondoukou)
Assinie (Assouindé, 0,286 – 2,291 8,07.10-07 à 5,18.10-05 Konan K (2004)
Assinie Mafia)
Les plages de San Pedro à Assinie ont une valeur ε inférieure à 1. Elles peuvent de ce fait être considérées comme des
plages entièrement réflexives.
Cimetière
PORT-BOUET
CENTRE
Village Aladjan
habitat précaire
N
* équipement industrialo-portuaire
Photo 4 - Une
dizaine de maisons
ont été détruites par
de grosses vagues qui
ont déferlé sur la côte
dans la nuit du 13
au 14 août 2007. Les
personnes frappées
sont pour la plupart
en situation de grave
précarité et ont
tout perdu dans la
destruction de leur
maison.
De 1944 à 1960, la digue ouest du canal de Vridi a été rasée à trois reprises par
L’élévation du niveau marin pose problème car il peut déboucher sur des
profondes modifications des paysages littoraux, comme ce fut le cas lors des
oscillations du niveau de la mer au quaternaire.
La remontée du niveau marin au quaternaire
Franchi un certain seuil, l’élévation du niveau marin s’accompagne d’une
transgression plus ou moins rapide et de grande ampleur. Ce phénomène
a été constaté sur tous les rivages même si les dates et l’ampleur diffèrent
selon les régions. En Côte d’Ivoire, on admet qu’à partir de 18 000 ans
avant notre ère, une remontée d’une centaine de mètres du niveau marin
a entraîné une transgression rapide qui a dépassé le niveau actuel de 1 à
2 m environ vers 4 000 à 5 000 ans avant notre ère (Tastet, 1972). C’est
au cours de cette transgression que les lagunes et les paysages de cordons
ont été façonnés.
Les effets probables de la remontée actuelle du niveau marin
L’élévation actuelle du niveau marin coïncide avec l’érosion plus ou
moins rapide des côtes sableuses. Certains experts comme Verstraete
(1989) établissent un lien entre les deux phénomènes sur les côtes
d’Afrique de l’Ouest.
Il n’y a pas de données chiffrées suffisantes pour établir ce lien formel
généralisable à l’ensemble de la côte ouest-africaine. C’est regrettable, mais
l’érosion généralisée des cordons holocènes abrités derrière des plages
subactuelles trouve sans doute une partie de son explication dans les variations
du niveau marin. L’augmentation de l’épaisseur d’eau facilitant la propagation
de la houle vers le rivage, des vagues de plus en plus hautes déferlent sur la
partie haute de l’estran.
Il est donc indispensable de prendre cette donne en considération tant les
changements prédits sont impressionnants ! Outre l’érosion, il y a un lien
étroit entre élévation du niveau marin et submersion marine. La submersion
prolongée des terres basses devrait accroître la surface des marécages et modifier
la géographie de la mangrove. Celle-ci disparaîtrait ou reculerait vers la terre ou
encore s’étendrait sur les nouvelles zones de sédimentation. La salinisation des
terres et des eaux qui accompagnera immanquablement la pénétration de l’eau
de mer sur le continent aura pour conséquences :
- des modifications hydrologiques et morphologiques des estuaires et
des lagunes ;
- un déplacement latéral vers la terre de la frontière entre les eaux douces
continentales et les eaux salées marines ainsi que le rehaussement
du niveau piézométrique des nappes. Il est à craindre une réduction
du volume des eaux douces souterraines consécutive à la réduction
de la surface d’alimentation de la nappe phréatique d’eau douce par
l’infiltration des pluies.
Tous ces changements ne manqueront pas d’engendrer une
réorganisation spatiale de la vie (animale et végétale) et de nouveaux
48 modes d’occupation des sols.
MORPHOLOGIE ET DYNAMIQUE DU TRAIT DE CÔTE EN CÔTE D’IVOIRE
Références
50
OCCUPATION DU LITTORAL IVOIRIEN Á DES FINS HALIEUTIQUES ET AQUACOLES
a - Avant 1900
ABIDJAN
Grand- Jacqueville Grand-Bassam
Sassandra Lahou
Océan Atlantique
Tabou
b - En 1960
Tabou
c - En 2003
P. ANOH, A. KANGAH
Nombre de pêcheurs
3500
850
200
N
40
0 40 80 km
52 Source : d'après Delaunay (1994) et DPH, 1986-2003
OCCUPATION DU LITTORAL IVOIRIEN Á DES FINS HALIEUTIQUES ET AQUACOLES
Europe, les produits dont leur industrie avait besoin. C’est dans ce contexte
qu’Arthur Verdier établit à Grand-Bassam une importante factorerie pour
l’achat de l’huile de palme. L’essor économique fit alors appel à une importante
main-d’œuvre représentant un marché potentiel pour la pêche.
Au début du XXe siècle, les équipes de pêcheurs établies à Grand-Bassam
étaient ainsi constituées de 2 compagnies de senne tournante et de 6 équipes de
filets fixes. Ces compagnies employaient 70 pêcheurs. Le matériel de pêche se
composait de 7 grandes pirogues et de 51 filets (De Surgy, 1965).
Les sites d’installation entre 1900 et 1960
Avec le renforcement des activités commerciales, les constructions de
wharfs se succèdent (Grand-Bassam en 1901 et 1923, Port-Bouët en 1931).
Sassandra se dote d’un wharf métallique après la Seconde Guerre mondiale
et se positionne en tant que deuxième pôle d’échanges après les villes de l’est
(Assinie, Bingerville et Abidjan). Ainsi, le regain d’activités économiques
renforce et intensifie l’occupation de la façade maritime du littoral par les
communautés de pêcheurs. L’implantation d’équipes de pêcheurs dans les
villes coloniales est devenue quasiment systématique, si bien que les localités de
Tabou et de Sassandra enregistrent les premiers pêcheurs entre 1900 et 1910.
Selon Delauney (1995), les pêcheurs établis à Sassandra et à Tabou étaient
au départ, un groupe de pagayeurs originaires d’Elmina, recrutés au Ghana
pour travailler auprès des planteurs de palmiers à huile de Drewin. Ces
pagayeurs avaient en charge le transport de l’huile depuis la côte jusqu’aux
navires ancrés au large. Ils auraient été pêcheurs au Ghana et se seraient mis à
pratiquer occasionnellement la pêche pendant leurs moments libres avec, bien
entendu, l’autorisation des planteurs autochtones à qui ils auraient demandé
de faire venir des filets. Cette pêche occasionnelle était destinée à leur propre
consommation. Seulement une petite partie était remise au commandant de
cercle. À Sassandra, à la fin du contrat de ces travailleurs agricoles avec les
autochtones, le commandant de cercle leur aurait demandé de rester pour
pratiquer la pêche. La version rapportée par De Surgy (1965) est semblable,
à la différence qu’il ne lie pas l’implantation des pêcheurs à une intervention
du commandant du cercle. Les pêcheurs seraient revenus d’eux-mêmes pour
exploiter les eaux riches du littoral ivoirien. À Sassandra comme à Tabou, les
premiers pêcheurs qui s’installent s’adonnent majoritairement à la pêche du
hareng (Sardinella eba).
De 1900 à 1960, les pêcheurs s’installent à Jacqueville (2 compagnies de 7
pêcheurs), à Port Bouët (2 compagnies de 43 pêcheurs) et à Grand-Bassam
(4 compagnies de 72 pêcheurs). Les communautés déjà en activité à Tabou,
Sassandra et Azuretti s’enrichissent de nouveaux membres. Ainsi, à Tabou
trois nouvelles compagnies rejoignent la première. En 1960, on recensait 4
compagnies avec un effectif de 22 pêcheurs. À Sassandra, deux compagnies
d’environ 13 pêcheurs chacune rejoignent la première, portant le nombre de
professionnels de la pêche à 40 personnes. À Azuretti, 8 compagnies de 70
pêcheurs étaient recensées en 1960 sans qu’on ne sache avec précision l’année
54 de leur installation (De Surgy, 1965).
OCCUPATION DU LITTORAL IVOIRIEN Á DES FINS HALIEUTIQUES ET AQUACOLES
1890 - 1900 0 0 0 0 0 0 0 70 70
2003 409 905 702 1 556 233 875 3 571 574 8 825
Sources : 1890- 1900 : De Surgy (1965), 1900- 1960 et 1963 (Delaunay, 1995 ; De Surgy, 1965), 1986
(DCGTx, 1988), 2003 (DPH, 2003)/ 2003 Abidjan : Estimation à partir de N’goran, 2002
Les conserveries sont approvisionnées par des unités de pêche hauturière qui
exploitent des navires frigorifiques opérant dans la zone économique exclusive
ivoirienne ou ailleurs. En moyenne, ce sont ainsi près de 140 000 tonnes de
thons qui sont débarquées ou transbordées annuellement à Abidjan par les
thoniers français et espagnols avec leurs assimilés. Ces débarquements sont
assurés à concurrence de 54,6 % par les Espagnols et 45,4 % par les Français.
5,8 % seulement sont réalisées dans la ZEE ivoirienne. Les quantités de thons
sont essentiellement destinées aux conserveries à Abidjan, premier port de
pêche du golfe de Guinée en terme de débarquements de thons tropicaux. Ce
thon, en « admission temporaire « (en franchise), est traité actuellement par 55
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Photo 1 - Vue du
port de pêche
d’Abidjan où
des navires de
pêche pélagique
(sardiniers)
débarquent leur
contenu sur le quai.
Photo 2 - Un thonier
senneur congélateur
au quai des navires
congélateurs et
thoniers du port de
pêche d’Abidjan
Photo 3 - Quelques-
unes des 106
pirogues que
compte l’échouage
de Grand-Béréby.
Les pirogues de 12
à 16 mètres font des
marées d’environ
12 h (16 h à 8 h
du matin). Ce sont
essentiellement des
pirogues de pêche
au filet maillant.
56 Crédit photographique J-P. CORLAY
OCCUPATION DU LITTORAL IVOIRIEN Á DES FINS HALIEUTIQUES ET AQUACOLES
Ghana
KROBOU
ABE
Sikensi ATTIE
ABIDJI Alépé Anyama
AGNI Aboisso
ADJOUKROU EBRIE MBATTO Lagune
Dabou Bingerville Aby
AHIZI Ebrié Bonoua
Lagune
AVIKAM AVIKAM ALLADIAN ABOURE Adiaké NZIMA
Jacqueville Grand-Bassam EHOTILE
Grand-Lahou
Océan Atlantique
Les peuples
P. ANOH, A. KANGAH
lagunaire du littoral plan d'eau
N
lagunaire de l'intérieur localité
limite des aires culturelles limite d'État
0 25 50 km
ATTIE groupe ethnique Source: d'après Loucou, 1984
les remplacer sur leur site initial à l’est, auprès des Éhotilé. Au XVIIIe siècle,
Conclusion
Le littoral ivoirien est marqué par une importante activité de pêche et
d’aquaculture. Il s’y déroule deux formes de pêche : la pêche lagunaire et la
pêche maritime.
La pêche lagunaire est une activité traditionnelle exercée par les populations
autochtones dès les premiers contacts avec l’espace lagunaire dans la préhistoire.
Au XIXe siècle, avec l’introduction de la monnaie dans les échanges, les produits
de pêche alimentent un commerce fructueux et les plans d’eau lagunaire
deviennent un enjeu stratégique et économique. Le réinvestissement des gains
issus de l’exploitation des eaux contribue à l’amélioration des conditions de vie
des populations de pêcheurs et aboutit au développement économique et social
des agglomérations riveraines des plans d’eau lagunaires.
Sur la façade maritime, les premières équipes de pêcheurs professionnels
se sont installées à la fin du XIXe siècle, attirées par le dynamisme des villes
naissantes et la demande des travailleurs urbains en produits de pêche. Ces
pêcheurs sont majoritairement originaires du Ghana voisin auquel ils destinent
l’essentiel de leurs revenus. La préférence pour l’expatriation des gains explique
la précarité de leurs conditions de travail et de vie. Les cités de pêcheurs
constituent des enclaves à la périphérie des grands centres urbains où se posent
de graves problèmes d’aménagement, d’environnement et de sécurité. Toutefois,
les multiples emplois induits et indirects qui découlent de l’exploitation des
eaux (environ 40 000) procurent des revenus appréciables à une population
littorale de plus en plus importante.
La place de la pêche lagunaire et maritime dans l’environnement littoral et le
rôle économique et social de l’exploitation des ressources aquatiques commande
que les systèmes d’exploitation des eaux s’inscrivent dans une perspective de
développement durable pour assurer une continuité du développement de
l’espace littoral.
Références
ANOH K. P., 2007. Pêche, aquaculture et développement en Côte d’Ivoire, thèse de Géographie,
Université de Nantes, 334 p.
ANCI, Administrateur Février, 1911. Monographie du cercle du Bas-Cavally, Archives
Nationales de Côte d’Ivoire (sans cote), 94 p.
ANCI, Cercle des Lagunes, Rapports mensuels, trimestriels ou de tournée. 1898- 1918,
Archives Nationales de Côte d’Ivoire, Abidjan.
ANCI, Cercle du Bas-Sassandra, Poste de Sassandra, 1909. Rapport sur la situation du
Cercle du Bas Sassandra pendant les quatre derniers mois de 1909, Archives Nationales
de Côte d’Ivoire, série IEE 157 (1/1). 63
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
64
PANORAMA DES VILLES DU LITTORAL IVOIRIEN
OUSMANE DEMBÉLÉ
Panorama des villes du littoral ivoirien
Ousmane DEMBÉLÉ
Institut de Géographie Tropicale, Université de Cocody Abidjan
(Côte d’Ivoire)
GHANA
LIBERIA
Bingerville Bonoua
Dabou Adiaké
Tiapoum
Jacqueville
Gd-Lahou
Fresco Assinie Mafia
Sassandra
Gd-Bassam
Océan Atlantique ABIDJAN
San Pedro
Gd-Bereby
1
population (nb d'habitants, estimations 2007 )
Tabou
4 400 000
O DEMBELE, A. KANGAH
280 000
53 000 N
0 90 km
limite d'État 3 300
30 60
1
. Estimations réalisées à l’Institut de Géographie Tropicale de l’Université de Cocody Abidjan.
La population de l’année 2007 a été obtenue par le calcul du taux d’accroissement moyen annuel
75-88 et 88-98. La moyenne des résultats de ces deux périodes a été considérée comme le taux
d’accroissement moyen annuel estimé de 1998 à 2007. Le taux d’accroissement de certaines
régions comme Grand-Béréby, Assinie-Mafia et Tiapoum a été déterminé à partir des populations
66 de 1988 et 1998. La population de 1975 de ces régions étant inconnue.
PANORAMA DES VILLES DU LITTORAL IVOIRIEN
OUSMANE DEMBÉLÉ
Un semis disparate de villes sur le littoral atlantique
Les villes de la côte
Sur près de 570 kilomètres de côtes, de la frontière ghanéenne à celle du
Liberia, le littoral ivoirien est parsemé de villes côtières dont la plus importante
est Abidjan. Capitale économique, Abidjan est la principale ville de la côte, mais
aussi celle de tout le pays. Étendue sur 20 000 hectares, la ville accueille sans
doute plus de 4 millions d’habitants aujourd’hui. Elle s’impose dans l’armature
urbaine nationale et dans le réseau des villes de la côte par son poids. Avec
40 % de la population urbaine nationale, Abidjan rassemble près de 80 %
des populations des villes littorales (cf. tableau). Cette macrocéphalie sur les
deux plans de la géographie du pays et de la côte est le facteur dominant du
façonnement des dynamiques locales des autres villes côtières et des politiques
d’aménagement de la zone littorale depuis Tabou jusqu’à Tiapoum (figure 1).
Hors de la région d’Abidjan, le reste de la côte atlantique ivoirienne est parsemé
d’un semis de villes petites et moyennes sans grande envergure. De Dabou à
Tabou, le réseau urbain est lâche. Sur la ligne de la côte, les villes sont séparées
les unes des autres d’environ 70 à 80 kilomètres. Ce maillage régulièrement
observé entre les localités de Dabou, Fresco, Grand-Lahou, Sassandra, San
Pedro et Tabou laisse des vides où apparaissent seulement quelques villages
de colonisation agricole récente. La ville de San Pedro, dont la taille est sans
doute proche aujourd’hui de 280 000 habitants (cf. tableau), est significative du
rang d’une ville importante et donne du relief à ce semis de villes de moins de
100 000 habitants, principaux centres de régions côtières dominées par leurs
traits fortement ruraux. Les taux de croissance de ces localités côtières reflètent
des dynamiques locales très contrastées en marge de la métropole abidjanaise.
Rappelons, à titre de comparaison, les taux de croissance de 10 à 12 % l’an
de la ville d’Abidjan par rapport à ceux de 4 à 5 % enregistrés par ces localités.
La ville de San Pedro fait exception à ce tableau d’une faible urbanisation
avec un taux de 7 % à 8 % depuis 1975. Cette dynamique résulte de la forte
poussée de développement qu’elle a connue suite aux grands programmes
d’investissement urbains de l’État en vue d’y créer un centre portuaire. Les
villes de Jacqueville, Fresco, Grand-Lahou, Sassandra et Tabou sont comme
restées à pas comptés du grand courant de la croissance démographique et de
l’urbanisation sur la côte.
La ville côtière : une origine liée au commerce précolonial
Le littoral ivoirien ne présente pas de villes d’une profondeur historique
comparable à celle des villes transsahariennes de Tombouctou ou Djenné. Les
centres urbains ivoiriens les plus au sud mais liés au commerce transsaharien
du Soudan médiéval sont Bondoukou, Odienné, Kong. Le littoral n’a pas
véritablement généré de villes en rapport avec ces influences soudanaises. La
côte est par ailleurs et fort heureusement restée peu engagée dans le grand
mouvement de la traite négrière du golfe de Guinée. À la différence du Ghana
où l’on trouve les traces de création de comptoirs négriers tels qu’El Mina ou
Cape Coast, nulle marque de ce type d’implantations littorales ne relève de 67
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
cette époque en Côte d’Ivoire. Le front atlantique n’a pas non plus été le théâtre
de grandes formations locales royales ou impériales qui auraient pu y édifier les
fondements de quelques grandes cités.
Les villes côtières ivoiriennes sont liées à une histoire récente de moins de
deux cents ans. En l’absence de toute tradition maritime véritable dans cette
section ivoirienne du golfe de Guinée, une vie maritime urbaine ne s’y est éveillée
qu’avec seulement le contact européen du siècle passé. Les premières villes
apparaissent sur la côte ivoirienne avec l’avènement du commerce précolonial
à Dabou, Grand-Béréby, Tabou, Sassandra, Lahou-Kpanda (Kipré, 1985). Les
embouchures des fleuves à partir de ces localités ont servi aux Européens à
établir des contacts avec le plat pays. Les sites de débarquement de Grand-
Bassam, Grand-Lahou, Sassandra, Dabou sont ainsi devenus des centres de
commerce importants d’où sont parties des pistes de transport desservant des
aires de chalandise spécifiques à l’intérieur du pays. Les plus connus des axes de
ce réseau de transport ont été les pistes suivantes :
- Bassam vers Bonoua, Béttié, et Abengourou ;
- Dabou vers Binao, Tiassalé et Lakota ;
- le fleuve Bandama à partir de Lahou-Kpanda ;
- le fleuve Sassandra à partir de la localité du même nom vers Lakota.
Grand-Bassam, équipée du premier wharf sur la côte ivoirienne a accueilli un
comptoir dont l’évolution est associée à la transformation de la Côte d’Ivoire
en colonie (Diabaté et Kodjo, 1991). Devenue le principal centre commercial et
capitale administrative, la ville de Grand-Bassam a été le lieu d’une structuration
de l’espace urbain caractérisé par la distinction d’un quartier des Africains et d’un
quartier des Européens. L’Administration française, la population européenne,
les entrepreneurs de commerce y ont créé un quartier sur le cordon littoral
qu’ils ont séparé des quartiers d’Africains par un pont de sécurité enjambant le
plan d’eau. Ce mode d’organisation de l’espace urbain est devenu par la suite,
un modèle de séparation des groupes sociaux Blancs et Noirs dans la plupart
des villes coloniales établies sur un plan d’eau maritime ou lagunaire.
Ces dynamiques commerciales créatrices d’embryons de ville et liées à la
fonction de comptoir maritime ont pris fin au début de la période coloniale
en 1893. L’économie moderne amorcée en 1896 avec la phase coloniale et celle
de l’État indépendant engendrée en 1960 ne s’intéressent pas particulièrement
à développer le potentiel des positions commerciales acquises par les villes de
la côte. Le commerce de l’huile de palme en échange de produits européens
est abandonné. Sauf à Abidjan, le cordon ombilical avec la mer est coupé dans
toutes les villes littorales. Des localités comme Grand-Bassam, Grand-Lahou
et Sassandra dont l’activité commerciale était florissante connaissent alors un
profond déclin. Ces villes sont restées marquées par cette histoire maritime
inachevée. Les vestiges des maisons des compagnies nantaises et bordelaises,
les débarcadères, les cabestans en ruine qui achèvent de se consumer lentement
sous l’impitoyable corrosion des alizés sont les témoins de cette époque. À
Sassandra, le visiteur reste impressionné par ce wharf abandonné dans cette
68 belle crique, lieu d’une activité littorale d’antan dont la flotte actuelle des
PANORAMA DES VILLES DU LITTORAL IVOIRIEN
OUSMANE DEMBÉLÉ
piroguiers Fantis n’est que le pâle reflet. La disparition des activités maritimes
dans ces villes n’a pas été compensée par le développement d’une nouvelle
économie porteuse.
L’État colonial et l’État indépendant ont plutôt abandonné les villes littorales,
les reléguant à des fonctions administratives au profit d’un développement
agricole qui favorise les régions continentales, celles du nord et de l’est du
pays. Les villes côtières de l’ouest sont devenues des chefs-lieux de cercle,
puis des sous-préfectures et des chefs-lieux de département rayonnant sur un
plat pays sans activités agricoles importantes. Jusqu’en 1980, pour joindre les
villes de la côte ouest, San Pedro, Sassandra, Grand-Lahou, Fresco, il n’y avait
pas d’infrastructures routières et de liaisons maritimes. Les seules possibilités
étaient une indéfinissable piste de trois jours de poussière, de nids de poule,
et de crevasses de boues rouges latéritiques qui décourageaient voyageurs
et automobilistes. De Fresco à Tabou, la région littorale ouest est demeurée
longtemps occupée par une épaisse forêt dense, sans voie d’accès. L’ouverture
maritime de l’époque des comptoirs côtiers s’est ainsi achevée pour la plupart
de ces villes en enclavement profond. Après l’époque des comptoirs, le silence
est retombé sur ces régions de vastes forêts équatoriales peuplées de moins
de 2 habitants au km² résonnant de l’écho du vide, des hurlements des damans
des bois. On évoquait alors Sassandra, San Pedro, Tabou, Grand-Béréby comme
la figure d’un Far-West ivoirien, villes de la mer, des côtes à falaises enfouies
dans la forêt noire des légendes de matelots kroumen, ethnie originaire de la
région. De nouveaux courants de développement nés dans les régions de l’est
côtier autour d’Abidjan contrastent alors fortement avec le déclin de ces villes
du littoral occidental.
Abidjan : ville portuaire, ville de l’eau, symbole de la Côte d’Ivoire maritime
La marginalité des villes de l’ouest côtier contraste avec la vitalité des villes
de la conurbation d’Abidjan, foyer de tous les facteurs du développement
économique moderne lié à la mer. Il y a une centaine d’années, les localités
devenues au fil du temps de grands centres urbains (Grand-Bassam et Abidjan)
n’existaient pas. À leur emplacement actuel, quelques villages des groupes
tribaux Ebrié et Appolo, petites communautés de pêcheurs agriculteurs étaient
perdues entre la lagune et la forêt littorale.
Les principales analyses géographiques montrent que la métropole d’Abidjan
doit son existence à son site littoral dans le golfe de Guinée et à son immense
plan lagunaire. L’eau donne à la ville un paysage de plages frémissant sous
l’écume des vagues de l’océan Atlantique, un tissu urbain lové dans les multiples
baies d’une lagune bleu argenté bordée d’une épaisse verdure de cocotiers que
l’on saisit mieux dans les derniers instants d’un vol en atterrissage (figure 2).
Pour fuir une épidémie de fièvre jaune déclarée dans la ville de Grand-
Bassam en 1902, le pouvoir colonial a déplacé toutes ses activités sur le site de
Petit-Bassam, soixante kilomètres plus loin, et a entrepris la ville sur des terres
plus salubres. Abidjan doit ainsi le début de sa promotion à ce déplacement de
la capitale de la colonie de Grand-Bassam sur l’île de Petit-Bassam en 1902.
En 1934, l’extension urbaine qui s’est amorcée prend officiellement le nom 69
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
ABOBO
Parcnational
duBanco
COCODY
ADJAME
YOPOUGON
PLATEAU
L ag u n e E b ri é
MARCORY
TRECH-
L ag u n e Eb ri é VILLE KOUMASSI
PORT - BOUET
Océan Atlantique
Source : Spot Image 2004 de la ville d'Abidjan et ses environs O. DEMBELE, A. KANGAH
N
limite de commune
0 2 4 km Abidjan
COCODY nom de commune
OUSMANE DEMBÉLÉ
d’agglomération faisant d’Abidjan la métropole du pays et la plus importante
ville sur la côte du golfe de Guinée.
Abidjan est le premier port du golfe de Guinée. Les installations portuaires
sont impressionnantes dans la géographie de la ville depuis le canal de Vridi
jusqu’aux quais installés sur la lagune Ebrié dans les communes de Port-
Bouët, de Treichville et de Yopougon. Au cours de plans quinquennaux de
développement successifs, de 1960 à 1980, les autorités ivoiriennes ont
encouragé l’installation de toute la gamme des industries de substitution aux
importations et d’établissements agro-industriels valorisant les produits venus
de l’intérieur du pays notamment l’huile de palme, le cacao, le coton. Tout
autour des quais, la ville abrite l’une des plus vastes zones d’activités secondaires
de la sous-région : industries diverses, entrepôts, zone de franchise de douane
réservée aux pays continentaux du Mali, du Niger et du Burkina-Faso. L’État
aménage dans le sillage du port un réseau routier national partant en éventail
d’Abidjan vers toutes les villes de l’intérieur. La construction du chemin de fer
inter-État, reliant la Côte d’Ivoire et le Burkina-Faso, a pris appui sur le port
d’Abidjan, et sa zone industrielle dans le cadre d’une coopération sous-régionale
s’appuyant sur les propriétés des aménagements littoraux de la ville d’Abidjan.
Raffinerie de pétrole à vocation sous-régionale, aéroport international, premier
port de pêche, premier port à conteneurs, sont autant de poids ayant consolidé
la position locale et sous-régionale privilégiée de la ville.
Le port a été le facteur d’amorce d’une forte concentration de populations
qui atteint, en 2007, environ 4 millions d’habitants. Le taux de croissance de
la métropole est resté élevé et constant, avec une progression démographique
supérieure à 5 % l’an depuis 1960. La ville s’est ainsi rapidement étendue
entre 1960 et 2000, passant de 4 000 à 20 000 hectares de surface. Le bâti en
extension a aussi bien gagné les rives dentelées de la lagune que les plaines
basses, le cordon littoral et les interfluves des premiers plateaux du continent.
Ces images ont suffi à créer une représentation symbolique de la ville comme
étant « la Perle des Lagunes ». Devenue capitale politique et économique,
Abidjan a rassemblé tous les germes d’une construction métropolitaine
macrocéphale en Côte d’Ivoire.
L’extension spatiale et les effets de diffusion de l’influence d’Abidjan ont
entraîné la formation d’une conurbation avec les villes de Grand-Bassam
et de Dabou. Cette géographie du réseau urbain autour de la métropole ne
se manifeste pas par une urbanisation en continu englobant l’ensemble des
trois villes. Elle se vit comme une intense relation de transport de migrants
quotidiens favorisée par la proximité de Grand-Bassam et de Dabou. Grand-
Bassam, ville de plus de 58 000 habitants en 1998 (probablement plus de
65 000 aujourd’hui, voir tableau p. 60) est devenue progressivement une
banlieue résidentielle d’Abidjan, la composante balnéaire de la métropole, le
lieu des grandes conférences loin des turbulences de la capitale économique.
Dabou, 67 000 habitants en 1998 (plus de 100 000 aujourd’hui), est dans l’aire
d’influence immédiate de la métropole avec une fonction prédominante de 71
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
quartier dortoir et de ville scolaire. Ces villes satellites tendent à former avec
Jacqueville et Bingerville une région métropolitaine d’Abidjan, donnant ainsi
naissance à une grande concentration urbaine sur la côte, au-delà de laquelle il
n’y a que de petits centres.
Au milieu des années 1970, l’image d’un « Abidjan et du désert ivoirien »
consacre un diagnostic de la géographie du territoire national intolérable au
planificateur. Le tableau d’ensemble des centres urbains côtiers qui illustre
un processus historique très différencié de construction des rapports entre le
littoral et la ville, se voit alors profondément réaménagé par la politique de
correction des disparités régionales.
OUSMANE DEMBÉLÉ
équipements urbains. Dans la première couronne rurale de 100 kilomètres
autour de la ville, le planificateur ivoirien entreprend l’aménagement de grandes
exploitations de cultures d’exportation telles que l’hévéa, le palmier, le cacao et
le café dans l’objectif de créer un effet d’amorce d’économie rurale autour de la
ville et d’économie portuaire autour de la transformation et de l’exportation de
ces produits. Les autorités ivoiriennes attendent de ce noyau portuaire, urbain
et rural, un effet de diffusion consistant en un rayonnement progressif de la
ville de San Pedro sur toute la région de l’ouest, du centre ouest, du nord et sur
les zones frontalières de la Guinée, du Liberia et du Mali.
Afin de favoriser ces phénomènes de polarisation régionale, une voie nord-
sud de statut national passant par les villes provinciales d’Odienné, Man,
Daloa, Soubré et San Pedro est aménagée. L’ensemble de ces travaux prend la
forme d’un projet étatique d’Aménagement de la Région du Sud-Ouest exécuté
par un organisme public spécifiquement créé à cet effet : l’Autorité pour
l’Aménagement de la région du Sud-Ouest (ARSO). Plus du quart du budget
national d’investissement a été consacré pendant dix ans, de 1968 à 1978, à la
création de ce module urbain côtier et régional.
Les résultats de ces aménagements qui donnent la possibilité de s’interroger
sur les hypothèses et le comportement des facteurs de développement amorcés
à partir du littoral sont très contrastés. L’existence d’un deuxième port sur la
côte atlantique est une réalité qui fait désormais partie de la géographie de la
côte ivoirienne. La croissance de la population urbaine a été amorcée à San
Pedro. Entre 1960, période où la ville végétait dans le statut d’une modeste
bourgade enclavée de 10 000 habitants, et 2007, San Pedro a enregistré un taux
de croissance fort jusqu’en 1975 (25 % l’an), puis encore soutenu par la suite (un
peu plus de 7 % l’an), parvenant ainsi dans la classe des villes de 200 000 habitants
ayant un statut régional. Le frémissement de la croissance de l’activité du port
illustré par l’évolution des tonnages traités et l’afflux démographique ont laissé
penser que l’hypothèse de la formule de la ville portuaire développante était
vérifiée. La perspective que San Pedro se placerait rapidement dans la position
d’un « pôle urbain majeur » a alors incité l’État à accorder de plus en plus de
facilités fiscales en vue d’accélérer le développement industriel de la ville et une
économie du réseau urbain régional liée au port de l’ouest.
Des effets pervers, principalement dus à l’insuffisance de polarisation de
l’aire d’influence sous-régionale par la ville, ont limité fortement les capacités
de développement de San Pedro et annihilé les espérances (Kablan, 2000).
L’économie transfrontalière comme facteur du développement de la ville s’est
avérée particulièrement déficiente. La ville n’a pu ni induire des facteurs de
croissance, ni bénéficier des potentialités des régions frontalières de l’est du
Liberia et de la Guinée. Affectées par la guerre et la récession économique,
les régions frontalières de ces pays ont plutôt eu un impact très négatif sur
le pôle de croissance.
Il ne s’est pas non plus produit une redistribution des flux de transport
entre San Pedro et Abidjan tel qu’il était attendu que le Mali et les régions 73
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
belles criques aux eaux claires et au sable fin encadrées par la cathédrale des
OUSMANE DEMBÉLÉ
hauts arbres de la forêt dense, cisèlent le littoral entre Fresco et Grand-Béréby.
Même les villes de cette côte ne manquent pas de charme.
Embouchure, îles, fleuve et mer se rencontrent dans une combinaison de
sites donnant du pittoresque aux villes de Grand Lahou-Kpanda, Sassandra
et Grand-Béréby. Là, dans ces localités, le contact ville et mer est plus direct,
plus vivant, sans l’inévitable lagune, le cordon littoral et la barre. La promotion
d’un concept de tourisme sur le littoral ouest a permis le développement d’un
important parc hôtelier dans les villes. San Pedro est devenue après Abidjan et
Grand-Bassam, l’une des villes ivoiriennes possédant de grands établissements
hôteliers. Les centres d’accueil d’Assinie, de la Baie des Sirènes et de Best
Of Africa, le parc national d’Asagny, ont été conçus pour être des pôles de
destination d’un tourisme côtier tropical de dépaysement qui permet à la Côte
d’Ivoire de figurer sur les fiches des destinations internationales. La côte ouest
et ses villes sont devenues ainsi un espace de récréation pour les nationaux et
un espace potentiel d’écotourisme international.
En plus des apports de cette dimension exotique, la route côtière a amélioré
l’économie des petites villes. Les produits de la pêche artisanale pratiquée par
les communautés locales ont trouvé un marché important à Abidjan. Crevettes
et langoustes de Sassandra, voire de San Pedro parviennent plus rapidement
dans des camions frigorifiques à Abidjan, ouvrant davantage de perspectives
économiques aux habitants. Les grands exploitants agricoles de l’hinterland
apprécient les qualités de cette route qui accompagne le développement
des régions littorales. Les camions lourdement chargés de grumes, de latex,
d’agrumes, d’huile de palme bénéficient de circuits de transport améliorés
pour gagner les différentes villes d’Abidjan et de San Pedro. Les villes côtières
ont pu développer des activités d’encadrement de l’agriculture qui renforcent
leur économie. Cette analyse de la ville côtière à l’échelle régionale contraste
fortement avec les rapports entre les citadins et l’eau dans les villes mêmes.
Photo 1 - Vue
aérienne d’Abidjan,
prise du nord vers
le sud. Au premier
plan le quartier
administratif du
Plateau avec les deux
ponts enjambant la
lagune Ébrié dont les
multiples ramifications
apparaissent
comme autant de
discontinuités dans le
tissu urbain.
Crédit photographique Université d’Abidjan-Photivoire
Photo 2 - Entre le
quartier administratif
du Plateau, à droite,
et la baie de Cocody
(lagune Ébrié) à
gauche, le boulevard
lagunaire égrène
quotidiennement les
embouteillages, à
l’image d’un réseau
viaire surchargé et
contraint par le site.
Photo 3 - Quartier
Marcory à Abidjan.
« Hors des préoccupations
de la population et des
autorités urbaines, la
lagune sert de déversoir
naturel à l’ensemble des
eaux usées ménagères
et industrielles… et de
dépotoir à ordures… ».
cordon sableux qui sépare la ville de la mer, les bandes de bidonvilles de Port-
OUSMANE DEMBÉLÉ
Bouët créent un écran entre Abidjan et l’océan que l’on ne rencontre qu’à
Grand-Bassam. La façade maritime vraie de la ville n’existe qu’au niveau de
l’île Boulay, au large de Yopougon. Mais ici, l’interposition de la lagune et du
cordon littoral ainsi que l’absence de moyens d’accès à l’île (ponts, bateaux)
isole quasi complètement la ville d’Abidjan de sa façade maritime. La mer
à Yopougon reste une mythique perspective, bien loin de l’imaginaire de
nombreux Abidjanais (figure 2).
Au sein même du tissu urbain, l’éloignement des habitants de la mer
et de la lagune est fortement ressenti. La période coloniale avait tenté un
service de transport lagunaire entre les villes d’Abidjan, de Grand-Bassam
et d’Adiaké en direction du Ghana voisin. Les discontinuités entre les
différentes lagunes Ébrié et Tendo ont fait l’objet de grands travaux publics
coloniaux de creusement des canaux de navigation comme ceux d’Assinie
et d’Asagny. Ce réseau de service lagunaire était connecté à un début de
lignes de navigation au sein même du tissu urbain d’Abidjan. L’aménageur
colonial avait initié un début de transport lagunaire en ouvrant le canal aux
bois d’Abidjan ainsi que le canal d’Abouabou. Ces activités de transport
lagunaire à la fois urbaines et à vocation interurbaine ont été abandonnées
par la suite. La nouvelle vie urbaine qui commence à l’indépendance s’éloigne
de la lagune et se départit de la mer. Les nouvelles autorités d’aménagement
urbain et les habitants de la ville n’ont pas apprécié l’utilité de ces canaux
qui ont plutôt été remblayés en opposition avec une géographie qui incitait
à les utiliser davantage. Le réseau lagunaire fragmente en effet le tissu urbain
(photo 1), allongeant considérablement les distances entre les communes
du sud situées sur le cordon littoral, l’île de Petit-Bassam et celles du nord
situées sur les premiers plateaux continentaux. Le plan d’eau lagunaire est
alors devenu dans la pratique de l’espace davantage un obstacle qu’un atout
pour le transport urbain.
Abidjan a fait l’effort de construire deux ponts enjambant la lagune en
moins de dix ans en 1960 et en 1970, trois ou quatre autres ponts sont
prévus dans le plan directeur dont celui à court terme entre Marcory et la
Riviera à Cocody. Ces ouvrages de franchissement font gravement défaut à
la métropole. L’aménagement de transport multimodal eau-terre est à peine
envisagé dans une ville dont les quartiers centraux s’étendent en chapelets
sur des plateaux et des interfluves bordés de bras de lagunes. Les plans
d’aménagement privilégient d’interminables routes de contournement
constamment embouteillées (photo 2). Le planificateur urbain n’a pas conçu
un système de transport multimodal, bateaux relayés par des autobus et des
taxis, tirant au mieux profit de la configuration de la ville lagunaire. Il est
certes envisagé d’exploiter un réseau de transport public lagunaire, mais pour
l’instant, celui-ci est limité à quelques rotations reliant les quatre gares de la
compagnie publique de transport SOTRA. Les rives lagunaires invitant à la
récréation sont à peine exploitées par les « maquis », ces lieux de restauration
populaire et de loisirs, de jardins publics ou d’espaces culturels. 77
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Adjamé
Cocody
Yopougon
Lagune Ebrié
Plateau
Marcory
Lagune Ebrié
Treichville
Ile Boulay
Lagune Ebrié
B a n c o Port-Bouët
Lagune Ebrié
océan Atlantique
N
0 2 4 km
Source: PAA, 1996 O DEMBELE, A. KANGAH
Rive : Zone :
touristique quai portuaire
dépôt d'ordures débarcadère polluée
inacessible
78
PANORAMA DES VILLES DU LITTORAL IVOIRIEN
OUSMANE DEMBÉLÉ
protéger le plan d’eau et limiter la pollution qui affecte la lagune Ébrié ? Hors
des préoccupations de la population et des autorités urbaines, la lagune sert de
déversoir naturel à l’ensemble des eaux usées ménagères et industrielles ainsi
qu’aux eaux de ruissellement drainant une importante quantité de sable du fait
de l’érosion de nombreuses rues non bitumées et sans caniveau. La pollution
est aggravée par la réception d’importantes quantités d’ordures non collectées
(photo 3), entreposées dans les ravins et les vallées que les pluies diluviennes
de la saison humide, de mai à juin, conduisent à la lagune. Avec des taux de
coliformes fécaux intolérables, nombre de sections de la lagune impropres à
tout usage récréatif cumulent les effets répulsifs de toutes les baies du Banco,
de Cocody, de Biétry fortement eutrophisées (Anoh, 2001). Les autorités de la
ville d’Abidjan ont donc fort à faire pour réduire la pollution et ainsi préserver
son slogan emblématique, « Perle des lagunes », autour duquel elles voudraient
construire une image idyllique de la cité.
Affectée par la pollution lagunaire, la ville d’Abidjan partage avec les
centres urbains situés sur le littoral, notamment Grand-Bassam, Jacqueville
et Fresco, le fait d’être confrontée à une intense érosion côtière. Le recul
du trait de côte (Hauhouot, 2000) n’est pas seulement un objet d’étude
scientifique des morphologues. L’érosion des littoraux dans ces villes détruit
les vestiges historiques des quartiers sur lesquels se bâtissent les politiques
de développement touristique des cités côtières. La vieille ville de Grand-
Bassam, les quartiers précoloniaux de Grand Lahou-Pkanda, voient chaque
année disparaître la mémoire des constructions témoins d’un passé récent. La
vitesse de recul des côtes dissuade les aménageurs souhaitant construire entre
Abidjan et Grand-Bassam, sur le littoral, une véritable cité balnéaire mélange de
logements de standing, d’hôtels ouverts sur la plage à l’image du front de mer
à Durban ou Alger. L’inquiétude d’une disparition rapide des terres donnant
directement sur la mer alimente des projets de fixation du trait de côte par
le partage d’expériences de pays européens ayant acquis des compétences en
ingénierie côtière. Mais l’initiative est timide en raison du coût des solutions
peu accessibles aux opérateurs immobiliers privés, à l’État et aux communes.
Toute la politique de promotion des villes littorales afin d’offrir les avantages
de la côte et de la mer est profondément influencée par cette configuration
mer, terre et lagune. Ville littorale sans l’être véritablement, Abidjan tente
une politique de développement qui substitue les avantages de la mer aux
potentialités géographiques des autres villes situées directement sur la côte,
peu confrontée à la pollution et à l’érosion.
Les petits centres côtiers dans le nouveau processus de développement de l’Ouest
Les villes de Fresco, Grand-Lahou, Sassandra ou Grand-Béréby ont toutes
connu une légère croissance de population et d’activité économique sous
l’influence de la route côtière et des ouvertures de voies de circulation vers
l’hinterland qui ont consacré leur désenclavement. On note cependant que
dans l’ensemble, comme à Abidjan, la relation entre l’eau et la ville dans les 79
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
création d’un « pôle urbain majeur » à San Pedro. Les petites villes du littoral
OUSMANE DEMBÉLÉ
sont confrontées à des forces contradictoires. Les risques de détérioration des
aménagements acquis, le manque d’entretien de la voie côtière durablement
abîmée et la vacuité d’investissement de relance des équipements urbains rendus
obsolètes avec le temps, contrastent avec les potentialités de développement
économique liées au littoral, et aux régions agricoles et forestières qui font
l’environnement des villes.
Conclusion
Portées par les promesses de la mer, de la pêche et des activités touristiques,
les villes côtières et les régions littorales se cherchent de nouvelles perspectives
de développement. Les conseils généraux dont chacune des villes est le chef-
lieu sont issus d’une politique de décentralisation trop récente pour avoir les
pouvoirs de penser un développement prenant en compte la personnalité des
villes du littoral. L’État dont les capacités d’aménagement sont fortement
réduites par les politiques de privatisation, ne dispose plus des instruments des
plans quinquennaux d’aménagement du territoire pouvant penser la cohérence
du développement des villes côtières comme il en avait esquissé le projet il y a
une vingtaine d’années. Les pouvoirs publics restent persuadés que l’ouverture
sur la mer est la ressource la plus importante dont disposent les villes de la côte
et leur région, mais ils s’interdisent les grands projets d’aménagement régional
comme ils l’avaient fait avec l’ARSO.
Les stratégies de développement en cours sont à l’exploration des possibilités
de croissance des villes côtières liées à la mondialisation dans le cadre d’un
partenariat public-privé particulier que représentent les zones franches et les
Investissements Directs Étrangers. Ainsi, l’État envisage le développement
d’une zone franche des TIC dans la ville de Grand-Bassam, le renforcement du
poids du port d’Abidjan dans la sous-région en offrant davantage de facilités
aux pays continentaux dans le cadre de la coopération interrégionale et la
création d’une zone franche industrielle à Grand-Bassam. Comment produire
des forces de croissance économiques dans les villes ? Comment résorber les
discontinuités des plans lagunaires dans les tissus urbains, dépolluer les lagunes,
lutter contre l’érosion côtière ? Comment rapprocher les habitants de ces
villes de l’eau ? Ces questions sont la toile de fond de toutes les discussions
fondamentales sur le présent et l’avenir des villes côtières ivoiriennes.
Références
ANOH K. P., 2001. « La lagune Ébrié, de 1955 à 1998 : pollution des eaux et
encombrement des baies urbaines de l’agglomération d’Abidjan », Géotrope, n° 1,
PUCI- Presses universitaires de Côte d’Ivoire, p. 62-78.
DIABATE H., KODJO L., 1991, Notre Abidjan, toujours plus haut, Mairie d’Abidjan,
Ivoire média, 256 p. 81
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
82
L’IMPORTANCE DES PORTS MARITIMES DANS L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE
85
90
95
00
05
19
19
19
19
20
20
Source: PAA, 2006 Import Export Total B. TAPÉ, A. KANGAH
YOPOUGON
Parc à bois
COCODY
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Marine Nationale rm
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Capitainerie
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Société ivoirienne
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19
19
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20
Source: PASP, 2006 Import Export Total B. TAPÉ, A. KANGAH
SEWEKE
PORO 1
San Pe
ZONE d ro
INDUSTRIELLE
PORO 2
Port
actuel
CORRIDA
N
0 0,5 1 km
Domaine portuaire
en 1971
complément 1975 habitat urbain
Source : PAS, 2006
complément 1990 CORRIDA nom de quartier Mise à jour : J. H. KABLAN, A. KANGAH
88
L’IMPORTANCE DES PORTS MARITIMES DANS L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE
pour lesquels il a lancé des appels d’offres. La situation de crise que vit le
Le port de l’Ouest ivoirien n’a pas davantage percé le marché malien en raison
de l’insuffisance du réseau routier. De part et d’autre de la frontière ivoiro-
malienne, les 260 kilomètres qui séparent Odienné de Bougouni sont en effet
restés à l’état de piste.
La dissolution de l’ARSO en 1979 a porté un coup fatal au programme du Sud-
Ouest. L’existence du port de San Pedro contribue pourtant au développement
économique de son hinterland national, et il offre des opportunités
d’exploitation du sous-sol et de développement des exportations. La création de
milliers d’hectares de plantations industrielles et villageoises d’hévéa, de palmiers
à huile, de cocotiers, de citron, de café et de cacao l’atteste. La boucle du cacao,
naguère à l’est de la Côte d’Ivoire, s’est sensiblement déplacée vers le sud-ouest
qui représente aujourd’hui 70 % de la production nationale. L’implantation
de plusieurs unités industrielles concentrées principalement autour de l’agro-
industrie et du bois contribue à environ 65 % du Produit intérieur local (PIL),
ce PIL per capita de la commune étant deux fois supérieur à la moyenne nationale.
Le port de San Pedro offre aussi des conditions techniques et économiques
Tableau 1 - Évolution des principaux produits exportés par les ports ivoiriens
En milliards de FCFA 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Café vert 182,3 73,3 51,1 17,8 49,2 36,7
Ananas 33,4 33,2 30,2 11,8 28,2 25
Bois 197 204,3 177,3 49,3 160,6 3,1
Cacao fèves 137,9 221 377 143,5 850,1 777,9
Cacao transformé 601,1 739,4 1229,8 587,6 296,7 309,5
Caoutchouc 55,9 52,3 61,8 22,4 87,8 0,1
Conserves de thon 85,2 73,8 94,7 29 81,1 51
Coton en masse 105 91,8 93,4 5,9 87,8 0,1
Huile de palme 25,2 26,3 24,7 7,5 37,2 36,2
Produits pétroliers 473,5 355,5 330,9 81,8 16,17 32,2
Source : Ministère du commerce, 2006
Tableau 2 - Évolution des principaux produits importés par les ports ivoiriens
En milliards de FCFA 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Machine 121,8 119,0 120,8 30,1 100,9 129,9
Blé 27,4 33,9 37,3 10,4 33,9 28,6
Clinker 30,7 32,7 29,7 3,5 29,7 33,5
Engrais 26,6 31,7 38,9 7,9 32,0 34,4
Fer, fonte, acier et 68,7 82,7 81,0 17,7 92,1 109,6
ouvrage
Pétrole brut 484,6 396,0 290,9 66,9 546,6 836,6
Plastique 73,7 90,1 80,4 23,7 70,0 78,3
Poissons congelés 92,5 107,7 123,6 41,7
Produits pétroliers 113,0 94,8 79,9 12,6 6,4 6,4
Riz 69,6 95,4 90,6 23,5 11,9 133,9
Source : Ministère du commerce, 2006
cumul
Rang Pays 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2000-2006
MALI
BURKINA FASO
vers Niger
Odiénné
Korhogo
Bouna
GUINÉE
Bondoukou
Séguéla
Bouaké
Danané Man
Daloa
Yamoussoukro GHANA
Aboisso
LIBERIA
San Pedro Sassandra
ABIDJAN
Tabou
AFRIQUE
ASIE
EUROPE
OCÉANIE
AMÉRIQUE
820 404
moins de 100 100 à 500 500 à 5 000 plus de 5 000
177 351
route principale
voie ferrée
Daloa ville 9 805 966
Export N
0 5 10 km
limite d'État Sources : PAA, 2006 ; PASP, 2006 J. H. KABLAN, A. KANGAH
94
L’IMPORTANCE DES PORTS MARITIMES DANS L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE
Toujours en valeur, la France et les Pays-Bas sont les deux principaux clients
Abidjan-Noé Lomé-Cotonou
(160 km)
10 16 (100 km)
2 50
Touba-Abidjan Ouaga-Cotonou
790 km)
45 17,55 (902 km)
17 53,06
Odienné-
Cotonou-Lagos
Touba-Abidjan 53 16,74 (30 km)
2 15
(887 km)
Cotonou-
Man-Abidjan Parakou (429
(600 km)
28 21,43 2 214,5
km)
96 Source : Confédération des syndicats des chauffeurs routiers de l’Afrique de l’Ouest, 2004
L’IMPORTANCE DES PORTS MARITIMES DANS L’ÉCONOMIE IVOIRIENNE
1980 à 2000 par un doublement. De 2000 à 2005, le réseau routier total n’a pas
connu d’évolution quantitative, avec 82 000 kilomètres dont 6 500 de routes
bitumées, mais il a été touché par une dégradation qualitative sérieuse.
opération doit être reprise à San Pedro qui présente des potentialités et dispose
Conclusion
Les perspectives économiques nationales en général et portuaires en
particulier restent corrélées aux avancées du processus de normalisation
politique devant déboucher sur une réunification du pays et redonner
confiance aux partenaires commerciaux dans ses arrière et avant-pays. Malgré
les soubresauts sociopolitiques, le pays peut compter sur le dynamisme de son
agriculture, la diversification de son industrie et l’augmentation de sa production
pétrolière pour conserver le leadership dans la sous-région.
Les différentes crises survenues en Côte d’Ivoire entre décembre 1999 et
novembre 2004 ont toutefois eu des conséquences multiformes aux plans 101
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Références
Direction générale des douanes, 2007. Statistiques douanières, 8 pages multigr.
KABLAN N.H.J., 2000. Les arrière-pays des ports ivoiriens, thèse de 3e Cycle de Géographie,
Université de Cocody Abidjan, Abidjan, 342 p.
Ministère de l’Économie et des Finances, 2007. La Côte d’Ivoire en chiffres, édition 2007,
Direction générale de l’économie, Dialogue production, Abidjan, 222 p.
PAA, 2006. Rapport d’exploitation, PAA, Abidjan, 80 pages et suivantes. (voir aussi
http://www.paa-ci.org/)
PASP, 2006. Rapport d’exploitation, PASP, Abidjan, 50 pages et suivantes.
SETTIÉ L. É. (1997). L’État et le processus de développement en Côte d’Ivoire : 1960-1980
(Histoire de l’émergence d’une économie moderne), Hanns-Seidel – IPNEPT, Abidjan,
278 p.
TAPE B. J., 2004, Économie maritime et portuaire de la Côte d’Ivoire : Étude géographique,
thèse de Doctorat d’État en Géographie, Université de Cocody Abidjan, Abidjan,
3 Tomes, 876 p.
TAPE B. J., 2005. « Impact de la crise ivoirienne sur les ports ouest-africains », Outre-
terre, revue française de géopolitique, n°11 mai 2005, 606 pages avec Atlas et encart
couleurs : De l’Afrique au Gondwana ?, p. 309-318.
VIGARIÉ A., 1993. « Abidjan : le port et son rôle dans le développement urbain »,
African Urban Quaterly, vol. 9 (1-2), p. 39-51.
102
LES ÉCHANGES MARITIMES DE LA CÔTE D’IVOIRE AVEC LA FRANCE DE 2000 À 2004
Pays ouvert sur l’extérieur autant sur le plan politique que sur le plan
ivoiriens fut de dénoncer les différents accords. Désormais, les armements des
Les ports
La crise politico-militaire qui perdure depuis septembre 2002 en Côte
d’Ivoire ne semble pas avoir affecté outre mesure les ports ivoiriens. Certes,
les conditions d’accès aux ports sont plus drastiques, des armateurs et des
opérateurs économiques plus prudents se sont déportés vers les autres ports
de la sous-région, de nouveaux partenaires commerciaux sont apparus, certains
pays ont vu leur présence renforcée, d’autres ont perdu des parts de trafics
(Tapé Bidi, 2005). Mais en dépit de ces perturbations diverses, la France à
travers ses entreprises demeure au cœur du dispositif portuaire ivoirien. Le
rappel de ces échanges privilégiés et particuliers n’est pas inutile.
Présentation des systèmes portuaires français et ivoirien
Le système portuaire français se répartit sur trois façades (Littoral français, 2000) avec
de multiples ports de taille et d’activité diverses. On dénombre en tout plus de 70 ports
publics, classés jusqu’en 2006 en trois catégories :
- 6 ports autonomes (PA) qui possèdent le statut d’établissements publics
disposant d’une autonomie de gestion des infrastructures portuaires. Il s’agit de
Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes, Bordeaux et Marseille ;
- 10 ports d’intérêt national (PIN) qui relèvent directement de l’État par
l’intermédiaire des services maritimes des Directions Départementales de
l’Équipement, mais dont l’exploitation des superstructures est la plupart du
temps concédée à une Chambre de Commerce et d’Industrie ;
- des ports décentralisés (PD), administrés par des collectivités locales qui
relèvent des départements pour les ports de commerce et de pêche ou des
communes pour les ports de plaisance. 109
USAGES ET INTERACTIONS NATURE / SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Figure 1 - Trafic général des ports d’échanges entre la Côte d’Ivoire et la France
milliers de tonnes
100
80
60
40
20
0
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milliers de tonnes
1 800
1 600
1 400
1 200
1 000
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400
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B. TAPE, A. KANGAH
0
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19
19
19
19
20
20
Les relations portuaires entre la France et la Côte d’Ivoire peuvent ainsi être
Types de ports Export PAA + Export PASP Import PAA + Import PASP
Ports autonomes
Marseille 18 823 148 153
Le Havre 80 645 115 893
Dunkerque 39 530 23 402
Rouen 29 144 242 774
Nantes Saint-Nazaire 44 001 39 116
Bordeaux 480 2 142
Total PA 212 623 571 480
Ports d’intérêt national
Sète 5 807 1 653
Dieppe 91 576 1 882
La Rochelle 33 988 17 625
Brest 49 988
Toulon 16 477 15 799
Bayonne - -
Caen - -
Total PIN 147 897 37 947
Ports décentralisés
Port-Vendres 97 183 15 307
Le Tréport 9 4 512
Total PD 97 192 19 819
Total ports 457 712 629 246
Source : Statistiques PASP, PAA, 2004
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112 export PAA + PASP import PAA + PASP Source: PAA,PASP, 2004 B. TAPE, A. KANGAH
LES ÉCHANGES MARITIMES DE LA CÔTE D’IVOIRE AVEC LA FRANCE DE 2000 À 2004
courbes explique une baisse du trafic entre la France et la Côte d’Ivoire. La France
- c’est par le port de Rouen que passe le maximum de trafic import des ports
ivoiriens, alors qu’il ne reçoit que très peu de trafic venant de ces ports ;
- Nantes et Dunkerque manipulent des trafics moyennement faibles
mais équilibrés.
Pour les ports d’intérêt national, les points suivants sont à souligner :
- globalement les ports d’intérêt national reçoivent plus de trafic export en
provenance de Côte d’Ivoire ;
Tableau 2 - Exportations par groupe de produits des ports ivoiriens vers les ports
français de 2000 à 2004 (en tonnes).
Produits alimentaires 452 242 572 117 439 043 449 673 445 070
Bois 15 842 18 886 13 522 12 043 13 329
Matériaux de
173 1 614 234 633 1 333
construction
Produits
788 1 031 927 1 467 550
métallurgiques
Produits énergétiques 14 1 - 22 124 6 042
Mat. Brute animale,
Port 19 043 22 588 29 216 26 935 17 367
minérale et végétale
Autonome
d’Abidjan Produits chimiques 609 309 876 317 315
(PAA) Matières et machines - - - 16 388 22 055
Articles manufacturés 6 940 6 398 5 192 2 155 4 001
Pêche 40 926 43 686 46 189 - -
Marchandises en
- - - 13 -
transbordement
Autres march. non
- - - 890 571
dénombrées ailleurs
TOTAL PAA 537 396 672 360 535 751 532 638 494 147
Produits alimentaires 47 896 46 660 29 250 29 953 26 809
Bois 49 323 41 603 19 830 10 419 29 569
Port
Autonome Biens d’équipement
28 - - - -
professionnel
de San
Pedro Autres produits de
1 260 1 336 1 085 1 345 1 191
consommation
(PASP)
TOTAL PASP 98 507 89 599 50 165 41 717 57 569
TOTAL
635 903 761 959 585 916 574 355 551 716
PORTS
114 Source : PAA, PASP 2004
LES ÉCHANGES MARITIMES DE LA CÔTE D’IVOIRE AVEC LA FRANCE DE 2000 À 2004
Tableau 3 - Importations par groupe de produits des ports ivoiriens en provenance des
ports français de 2000 à 2004 (en tonnes).
Années 2000 2001 2002 2003 2004 Total
Ports de (2000- %
provenance Groupe de
produits 2004)
Produits
alimentaires 254 351 297 634 275 084 266 345 271 149 1 364 563 52,63
Bois 891 327 712 33 60 2 023 0,07
Matériaux de 33 571 57 416 20 339 2 757 42 874 156 957 6,04
construction
Produits
métal- 2 267 3 261 7 417 18 905 11 489 43 339 1,66
lurgiques
Produits 3 217 40 838 39 545 34 119 39 568 157 287 6,05
énergétiques
Mat. Brute
animale, 7 412 9 625 10 938 8 498 9 725 46 198 1,77
Port minérale et
Autonome végétale
d’Abidjan Produits 60 767 77 160 53 372 56 020 31 275 278 594 10,72
(PAA) chimiques
Matières et
machines - - - 38 230 48 848 87 078 3,35
Articles
manufacturés 62 403 107 323 94 815 27 263 27 854 319 658 12,30
Pêche 69 35 158 - - 262 0,01
Marchandises
en trans- - - - 62 513 77 376 139 889 5,38
bordement
Autres
march. non
dénombrées - - - 787 863 1 650 0,06
ailleurs
TOTAL PAA 459 171 627 870 536 945 515 471 561 081 2597 498 89,70
Produits 49 429 59 430 45 500 47 634 50 800 252 793 84,83
alimentaires
Matières et 44 - - - - 44 0,01
machines
Engins
roulants 54 1 - - - 55 0,01
Matériaux de
construction 105 19 - - - 124 0,04
Pièces de 18 - 311 20 - 349 0,11
Port rechange
Autonome Effets
personnels 3 - - - - 3 0,00
de
San Pedro Autres 93 104 - 493 79 769 0,25
(PASP) produits
Ciment 10 000 20 500 - 13 300 - 43 800 14,69
Engins de TP - - - 11 - 11 0,00
Transit 34 - - - - 34 0,01
Autres
march. Non - - - - - - -
dénombrées
ailleurs
TOTAL PASP 59 780 80 054 45 811 61 458 50 879 297 982 10,29
TOTAL PORTS 518 951 707 924 582 756 576 929 611 960 2 895 480
116 Source : statistiques PAA et PASP, 2000-2004
LES ÉCHANGES MARITIMES DE LA CÔTE D’IVOIRE AVEC LA FRANCE DE 2000 À 2004
Au niveau des ports d’intérêt national, seul le port de La Rochelle entretient des
La position dominante de Bolloré sur les autres acteurs du port n’est pas
sans poser un certain nombre de problèmes, mais sans doute serait-il à l’inverse
peu judicieux d’exclure du capital du terminal les armateurs qui peuvent être
des partenaires à long terme, moteurs de la croissance de l’activité. Abidjan est
en effet un point d’ancrage sur le secteur golfe de Guinée de la Côte Ouest
Africaine (COA), où il sert de port d’éclatement, mais aussi d’escale en direction
des ports de l’Afrique Australe. Le port ivoirien fait par ailleurs partie de ces
ports sur la COA qui, par leurs caractéristiques et notamment leur profondeur
d’eau et l’espace qu’ils offrent, sont des ports de transbordement qui peuvent
accueillir les grands navires. Ces ports constituent les plaques tournantes des
principales lignes maritimes; il apparaît essentiel que certains grands groupes
internationaux puissent s’y impliquer en tant que partenaires, c’est-à-dire sans
avoir le contrôle complet de l’outil portuaire, mais pour bénéficier d’un droit
de regard sur l’organisation, les investissements ou la tarification.
tonnes
300 000
250 000
200 000
150 000
100 000
export
50 000
import
0 Source: PAA, 2004
Discussion
L’approche des relations France-Côte d’Ivoire vues sous l’angle des activités
entre les ports des deux pays nous permet de reconnaître que le cadre de
référence du système portuaire constitue une bonne voie d’observation en
raison de la maritimisation préférentielle des économies des deux pays.
Les résultats sont-ils justes ? Oui dans l’ensemble, à la lueur des
statistiques portuaires dont on dispose. Car, le plus difficile est aujourd’hui 119
USAGES ET INTERACTIONS NATURE / SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Conclusion
L’axe maritime entre la France et la Côte d’Ivoire n’est pas interrompu en
dépit d’une baisse du tonnage dont les causes ne sont certainement pas à
rechercher uniquement du côté des ports. À l’amont, des choix économiques
peuvent en partie expliquer la « disparition » de certains ports ou de certains
trafics. Toutefois, le domaine portuaire dans son ensemble est l’espace le
mieux indiqué pour vérifier la présence française en Côte d’Ivoire. Les ports
restent, dans ces années de crise que vit le pays, les seules portes d’entrée et de
sortie des marchandises à l’export comme à l’import, constituant ainsi un des
indicateurs précieux de la marche des activités économiques entre la France
et la Côte d’Ivoire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser en suivant
l’actualité événementielle, la France est bien présente en Côte d’Ivoire, à travers
ses entreprises, ses grands groupes économiques et l’activité de ses ports.
Références
BERGANO Ch., FAIVRE S., 2001. « Les trafics portuaires métropolitains en 2000 »,
Notes de synthèse du service économique et statistique, n° 138, Direction des affaires
économiques et internationales, Paris-la-Défense, France, p. 13-20.
Fraternité Matin, n° 12 417 du lundi 27 mars 2006. « Port Autonome d’Abidjan : Le
cap des 18 millions de trafic franchi - 2001à 2005 : les actions qui ont empêché le
naufrage », Abidjan.
Le Nouveau Réveil, n° 1 723 du Lundi 17 septembre 2007. « La France accusée de piller
la Côte d’Ivoire : l’ambassadeur dénonce les mensonges du FPI », Abidjan.
Littoral français 2000, Atlas permanent de la Mer et du Littoral n° 5, sous la direction de
J-P. CORLAY, Géolittomer -LETG UMR 6554/Infomer, Nantes, Rennes, 2001, 67 p.
Ministère de la Marine (1985). La Marine Marchande Ivoirienne, livre d’or, Imprimerie de
la Cité, 287 p. 121
USAGES ET INTERACTIONS NATURE / SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Port Autonome d’Abidjan, Rapports d’Activités, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005.
Port Autonome de San Pedro, Rapports d’Activités, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004.
TAPE BIDI J., 2004. Économie maritime et portuaire de Côte d’Ivoire, thèse de Doctorat
d’État de Géographie, Université de Cocody, Abidjan 876 p.
TAPE BIDI J., 2005. « Impact de la crise ivoirienne sur les ports ouest-africains »,
Outre-terre, revue française de géopolitique, n° 11 mai 2005, 606 pages avec Atlas et encart
couleurs : De l’Afrique au Gondwana ?, p. 309-318.
122
FRÉQUENTATION DU TOURISME NATIONAL SUR LES PLAGES ET LE LITTORAL IVOIRIEN
Vers Bonoua
ca n al d'As
Kédjaguè
H H sin ie
Nzèkro
Assinie Mafia
Assouindé N P
M P S
France
Océan Atlantique
G. APHING-KOUASSI, A. KANGAH
Ghana
majeur
plage privée M marina
ABIDJAN
Gd-Bassam
Assinie
circuit de navigation P port de plaisance
village N moto nautisme N
Lag
ABIDJAN Bingerville u
Cocody
ne
Yopougon
P H
H H
Ag
h
P i en
Lagune Éb r ié
Marcory
H Bonoua
Port-Bouêt m
Co oé
Jean Folly
H PMH
Vridi Yahou
Lido Palm Gd-Bassam
Beach Le Bidet
Mondoukou
Modeste H
Océan Atlantique Azuretti H
majeur
plage privée
M marina ABIDJAN Gd-Bassam
circuits de navigation Assinie
P port de plaisance
localité
aéroport international N
axe routier majeur
0 8 km
corridor continuité touristique G.APHING-KOUASSI, A. KANGAH
126
FRÉQUENTATION DU TOURISME NATIONAL SUR LES PLAGES ET LE LITTORAL IVOIRIEN
du plan d’eau. Les trois petites lagunes Aghien, Potou et Ono sont enclavées
Photos 1 et 2 - Littoral
du Sud-Est, constitué
d’un long cordon
dunaire rectiligne, de
ses plages frangées de
cocotiers et de sa lagune.
La photo ci-contre fait
apparaître les
installations des villages
vacances d’Assouindé.
Les usagers de ces plages viennent assez souvent en groupes soit par la
Adiapodoume ABIDJAN
DABOU
Yopougon koute
Songon-Mbrate
Bac
Ndjem
Lac Mbraké
Lac Ladié
Lac Labion
Abrebi Mbakre
Akrou Avagou
Diasse P
Ahua P P
P Sassako-begniny
Me
G. APHING-KOUASSI, A. KANGAH
GHANA
plage publique Dabou
ndama
Zogonigbe
lagune Tagba
Lauzoua
Ba
lagune Tadio Tagba
P
Tadio
Canal d'Azagni
lagune Nyouzomou
Port Braffedon
Kpanda Gd-Lahou I
Gauthier Ebounou Adianon Groguida
Takouhiri Tokou
Alekedon
Océan Atlantique
ABIDJAN
plage publique route non revêtue
Grand-Lahou
P Akrou port de plaisance circuit de navigation
N
continuité touristique village 0 2,5 5 km
G. APHING-KOUASSI, A. KANGAH
Photo 3 - la plage
de Lahou-Kpanda,
dans le secteur de
Grand-Lahou est un
bel exemple de plage
rectiligne.
Elle reçoit rarement
des usagers hormis
les populations qui
vivent dans les villages
environnants.
130 Crédit photographique G. Aphing-Kouassi
FRÉQUENTATION DU TOURISME NATIONAL SUR LES PLAGES ET LE LITTORAL IVOIRIEN
Sa
S assan
n
-P
d ro
e
dra
Liberia
Batélébré H Fresco
Laguega
Sassandra
Polyplage
H Lableko
H Monogaga
Victory
SAN PEDRO
Taky
H
Grand-Béréby
Océan Atlantique
Tabou
Photo 5 -
Cet hébergement
touristique et de
loisirs est une nouvelle
forme d’établissement
balnéaire situé sur
la plage d’Assinie. Il
s’agit d’un bel exemple
d’aménagement
de l’espace pour le
repos, le bain et la
restauration. Des
appatams sous forme
de parasol de paille,
des chaises longues et
une terrasse forment
l’ensemble.
Crédit photographique G. Aphing-Kouassi
Les paillotes ou appatams sont de toutes sortes, depuis les plus modestes
Photo 7 - Situé
sur le littoral sud-
est, à proximité de
l’agglomération
d’Abidjan, cet
appatam vu de l’arrière
représente un autre
stade d’évolution de
l’équipement dont les
abords ont été bien
nettoyés et aménagés.
Photo 8 -
Progressivement
plus stable, avec des
matériaux plus durables
et protégés par un toit,
ces aménagements
représentent un niveau
supérieur d’évolution.
bien ventilées à cause du faible relief du cordon littoral qui abrite le bord de la
Photo 9 - Certaines
résidences secondaires
sont entièrement
construites en dur
et disposent de
toutes sortes de
commodités (courants
électriques, adduction
d’eau, etc.). Ici, la
résidence secondaire
est construite sur
le promontoire
de l’arrière-plage
d’Assinie. Elle dispose
des alimentations en
eau et électrique.
Crédit photographique G. Aphing-Kouassi
Photo 10 - Cette
résidence secondaire
construite sur la
plage de Monogaga
est une illustration
des nouvelles formes
d’occupation du littoral
sud-ouest ivoirien. Par
les matériaux utilisés,
elle s’intègre bien au
paysage. « L’éclairage se
fait à l’aide de lampes ou
d’un groupe électrogène,
l’eau est stockée en
réservoir ».
138 Crédit photographique G. Aphing-Kouassi
FRÉQUENTATION DU TOURISME NATIONAL SUR LES PLAGES ET LE LITTORAL IVOIRIEN
Conclusion
Les possibilités offertes par le milieu naturel ne suffisent pas à faire du littoral
ivoirien un secteur particulièrement attractif. En effet, si les plages de sable fin,
les cocotiers, le soleil, le système lagunaire se vendent bien, la fréquentation d’un
réceptif touristique dépend également de son accessibilité et de la proximité de
140 la clientèle par rapport aux bords de mer.
FRÉQUENTATION DU TOURISME NATIONAL SUR LES PLAGES ET LE LITTORAL IVOIRIEN
qui, pour avoir cédé l’essentiel de leurs terres disponibles à des particuliers ou
à des promoteurs touristiques, ne disposent pratiquement plus d’espace pour
l’installation de structures communautaires (écoles, dispensaires, etc.).
Références
BERRON H., 1980. « Tradition et modernisme en pays lagunaire de basse Côte d’Ivoi-
re », Orphys, p. 326-348.
DIENOT J., 1981. L’impact du complexe touristique d’Assinie (Côte d’Ivoire) sur le milieu local, régional et
national, doctorat de 3 ième cycle de Géographie, Université de Paris VII Vincennes, 722 p.
HAUHOUOT A. C., 2000. Analyse et cartographie de la dynamique du littoral et des risques
« naturels » côtiers en Côte d’Ivoire, thèse de Géographie, Université de Nantes, 300 p.
HINSCHBERGER F. et POMEL R., 1972. « La morphologie des côtes rocheuses entre Monogaga et
Sassandra (Côte d’Ivoire) », Annales de l’Université d’Abidjan, série G (Géographie) I. IV., p. 7-37.
Institut National de la Statistique (INS), 1998. Recensement Général de la Population
et de l’Habitat-RGPH, Données sociodémographiques sur les villes côtières, Abidjan, 140 p.
Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, 2005. Statistiques touristiques, 25 p.
NÉDÉLEC M., 1974. Équipements touristiques et récréatifs dans la région d’Abidjan. CRAU,
Université d’Abidjan, 230 p.
PASKOFF R., 1993. Les littoraux ; impact des aménagements sur leur évolution. Masson, Paris, 256 p.
RÉMY M., 1996. La Côte d’Ivoire aujourd’hui, Éditions du Jaquar (7ème édition), Paris, 236 p.
142
STRUCTURE DU MODÈLE SPATIAL IVOIRIEN ET PRESSIONS HUMAINES SUR LE LITTORAL
MAMOUTOU TOURÉ
Structure du modèle spatial ivoirien :
réglage territorial et pressions humaines sur
le littoral de Côte d’Ivoire
Mamoutou TOURÉ
Institut de Géographie Tropicale, Université de Cocody Abidjan
(Côte d’Ivoire)
Mil
Piste
Piste
Sorgho Bovins
Maïs Mil
Relief
Igname Igname
Pays Baoulé
maïs Riz
Riz Taro,
Forêt
Banane
BOBO-DIOULASSO
Tengréla
ODIENNE
KANKAN KONG
Salega
BOUNA
TOUBA Satama
Klatempo
BEYLA SEGUELA BONDOUKOU
MANKONO
Man Agnibilékro Kumassi
OCÉAN ATLANTIQUE
Man principal centre commercial frontière fictive
liaison majeure d'échange BEYLA marché relais important
limite forêt-savane Interprétation de diverses sources M. TOURE, A. KANAGH
144
STRUCTURE DU MODÈLE SPATIAL IVOIRIEN ET PRESSIONS HUMAINES SUR LE LITTORAL
MAMOUTOU TOURÉ
jours, en passant par la phase coloniale, du point de vue du territoire, il est
possible de caractériser trois grandes phases.
Une première, antérieure à 1893 ou phase ethno-culturelle (figure 1) renvoie
à des situations de contact entre des systèmes territoriaux individualisés dans
la gamme des milieux naturels prédominants (savane, mosaïque forêt-savane et
forêt) et qui se définissent prioritairement par la politique (États, royaumes ou
chefferies), la culture (alimentation, habitat, habillement, etc.) ou l’économie
(cultures vivrières, produits de cueillette et de la chasse).
Pendant plusieurs siècles l’organisation de la circulation dans ce modèle
de base est dominée par la continentalité. En position d’interface entre les
grandes villes de la vallée du Niger, exportatrices de tissus, sel, fer, esclaves, à
la zone forestière productrice d’or et de cola notamment, les villes de contact
savane-forêt constituent les principaux lieux de communication, d’échange
et de transbordement entre les parties nord et sud de l’Afrique de l’Ouest.
Cette organisation spatiale peut être considérée comme la marque locale du
commerce ouest-africain et principalement animé par des courtiers installés le
long des principaux axes commerciaux (figure 2).
Il s’agit bien en effet d’une mise en réseau insoupçonnée, en partie structurée,
organisée et hiérarchisée, mettant en relation des mondes séparés dont la
complémentarité réduit les distances. Une rupture sensible s’opère avec l’arrivée
des Européens (Portugais d’abord, dès le XVe siècle, puis Hollandais, Danois,
Britanniques) et marquée par une implantation hégémonique française.
Mise en État et émergence d’un modèle spatial ivoirien
Les moments de tâtonnements passés, la mise en État de la colonie de Côte
d’Ivoire à partir de la seconde moitié du XXe siècle (1893-1960) va littéralement
modifier l’ordre précolonial au profit d’une logique d’ensemble (Joseph, 1944)
favorable à l’émergence de ce qui est convenu d’appeler les bases du modèle
spatial ivoirien (figure 3).
Tête de pont de la colonisation, c’est sur le littoral que les tout premiers
ressorts du réglage territorial apparaissent. Il s’agit de l’installation de quelques
comptoirs ou wharfs d’abord épars au départ de quelques voies de pénétration
vers l’intérieur du pays : Tabou, San Pedro, Grand-Lahou, Dabou, Jacqueville,
Grand-Bassam, Assinie. Ces installations se multiplient par la suite avec le
développement de l’appareil administratif colonial (1893-1933).
Les contours de l’espace socio-économique ivoirien se renforcent par la mise
en place de nouvelles interfaces à caractère économico-administratif insérées
de gré ou de force : tracé des frontières, limites de cercles, subdivisions, cantons
notamment. Ces unités de reconversion et dont les premières apparaissent
dès 1896, se superposent parfois à d’anciennes limites (cercles gouro,
tagbana) ; le plus souvent, elles fragmentent les territoires traditionnels (par
exemple les cercles baoulé, lagunes). Le maillage administratif et les réseaux
de circulation (voie ferrée, routes et télégraphes) qui lient les chefs-lieux des
cercles et subdivisions vont offrir à leur tour des conditions pour soutenir 145
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
P r omotion économique
économie forestière
CAFÉ
café-cacao
- CACAO
CAFÉ principale culture d'exportation
banane, bois, palmier
banane autre culture d'exportation
MAMOUTOU TOURÉ
forestiers. Le renforcement de la littoralité dans le carré ainsi défini s’opère par
la promotion d’une arboriculture (café, cacao, coton) davantage centrée sur les
aires forestières méridionales, l’appel de mains-d’œuvre des régions soudanaises
et la construction d’un port en eau profonde comme exutoire principal.
Cette organisation de l’espace fondée sur le rôle accru de l’agro-exportation,
la mise en place d’une circulation organisée (routes, rail, port) et connectée à
d’autres parties du monde et en particulier les industries métropolitaines, est
à l’origine de circulations combinées et différenciées. Avec l’accroissement de
l’activité, les centres urbains s’enrichissent d’autres fonctions en favorisant des
aires de relations privilégiées (à la fois intra et interrégionales) entre les centres
urbains en gestation.
Les pôles urbains intégrés dans les réseaux anciens en situation d’interface
continentale ont connu un affaiblissement réel au cours de la période
coloniale (Marabadiassa, Séguéla, Satama, Mankono, Kong), mais certains se
maintiennent (Touba, Bondoukou). Aux premiers nœuds littoraux polarisant
les flux, s’ajoutent de nouveaux centres proches des nouveaux différentiels
produits par les découpages politico-administratifs. Ces nouvelles interfaces
internes favorisent les croissances de part et d’autre des frontières avec les
États voisins (Odienné, Tingréla, Bondoukou, Aboisso, Touleupleu et Tabou)
ainsi qu’à partir de pôles sélectionnés (Grand-Bassam, Bingerville et Abidjan)
ou créés par l’administration coloniale (Bouaké, Korhogo) dans sa volonté
d’encadrement territorial, parce qu’ils s’inscrivent parfaitement dans la nouvelle
configuration de la circulation induite par le colonat. Mais fondamentalement,
ce sont les centralités forestières et surtout littorales qui se renforcent.
L’espace ivoirien commence à s’épaissir économiquement à partir de la zone
forestière après l’ouverture d’un port en eau profonde à Abidjan en 1950. Des
pôles forestiers prennent de l’ampleur et deviennent des relais majeurs autour
desquels s’organisent les flux vers les centralités littorales dominantes.
Quatre logiques spatiales se dégagent ainsi dans la construction de l’espace
ivoirien : logique d’interface (maritime, sahélienne), logique d’échanges,
logique de croissance et logique de centralité. Présentées dans leur dynamique
historique, elles se combinent dans l’espace ivoirien structurant des pôles
économiques hiérarchisés. Elles permettent de rendre compte de la pression
démo-économique sur le littoral ivoirien.
des équipements et des activités sur le territoire national et, d’autre part, le contre-
MAMOUTOU TOURÉ
balancement du poids excessif d’Abidjan et la correction des disparités inter et
intrarégionales. Dans ces vues, « le rééquilibrage des différentes régions du pays a toujours
été considéré comme devant résulter d’émergences de mutations profondes qui conditionnent le
passage d’une économie de croissance à une société de promotion », ainsi que l’observaient
les responsables de la planification en 1989 lors du séminaire de l’Union des villes
et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI, 1989). C’est la raison pour laquelle
le planificateur a jugé important de définir une politique d’aménagement qui
permette d’orienter avec clarté et de mener avec détermination ce rééquilibrage.
Une telle politique a pour buts fondamentaux non seulement la réduction
des disparités de toute nature, existant ou se créant entre les diverses régions,
mais aussi la recherche d’un développement en profondeur de chacune de ces
régions.
Compte tenu de la structuration spatiale héritée de la colonisation, ce
double objectif impliquait de facto deux choses. Premièrement, rechercher une
évolution des situations régionales tendant vers un progrès de l’ensemble du
pays en s’attaquant en priorité aux causes des déséquilibres ; c’est donc un
équilibre dynamique entre le développement respectif de chaque région qui
était visé, étant entendu que cet équilibre ne pouvait être atteint qu’à long terme.
Deuxièmement, il s’agissait d’une part d’éviter le freinage du développement des
régions les plus dynamiques, car leur développement permettait de démarrer et
de soutenir le développement des régions les plus pauvres, et d’autre part, d’éviter
une focalisation abusive du planificateur sur les problèmes du court terme, quelle
qu’en soit l’acuité, le risque étant de s’attaquer aux effets plutôt qu’aux causes.
Actions et limites du volontarisme étatique
Pour atteindre les objectifs décrits comme des résultantes nécessaires d’une
action publique volontariste, plusieurs moyens d’actions ont successivement été
proposés et peuvent être résumés en deux idées : la reconduction du modèle de
développement initialement mis en place, mais avec un souci de « reproduction
corrigée » (Penouil, 1983).
La reproduction extensive du modèle peut être repérée à deux niveaux. Tout
d’abord, sur le plan géographique, il est certain que les autorités ivoiriennes ont
tenté de reproduire dans le quart sud-ouest du pays le schéma qui avait réussi
dans la partie sud-est. Certes, les conditions humaines notamment étaient
différentes du fait du vide démographique de l’Ouest. Il n’en demeure pas moins
que la volonté de créer le port et la ville de San Pedro, de réaliser un réseau
routier autour de l’axe nord-sud (Man - San Pedro) et de favoriser l’émergence
d’activités agro-industrielles1, relève d’une démarche de reproduction du modèle
de développement concentrique du Sud-Est. S’il est possible d’attirer un
nombre suffisant de migrants, il sera convenable d’y réaliser une extension de
1. À savoir : filière de pâte à papier, agro-industries fondées sur le palmier à huile et l’hévéa,
industries de base utilisant les réserves ferrifères de Bangolo et l’énergie électrique des barrages
de Buyo et de Soubré etc. 149
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
MAMOUTOU TOURÉ
du coton alors qu’une large partie de la production vivrière se destine
maintenant au marché, générant des ressources non négligeables.
Deuxième fait important, la politique de développement de la Côte d’Ivoire
est basée sur le secteur agricole très étroitement dépendant de la nature, de
la qualité et de l’extension du réseau de transport. On a pu penser dans un
premier temps que ce réseau de transport serait un réseau très axé sur le port
d’Abidjan et rayonnant à partir de ce centre. En fait, aujourd’hui, le modèle de
développement du réseau de transports paraît se corriger, notamment vers le
nord. La situation en 1997 montre que deux axes nord-sud, celui de l’Ouest
(réalisé entre 1975 et 1980) puis celui de l’Est (réalisé entre 1995 et 2000), sont
venus compléter l’axe traditionnel Abidjan-Bouaké-Ferkéssédougou ; cet axe
principal a été complété également par des axes transversaux (ouest-est) reliant
d’une part San Pedro à Abidjan et au Ghana (axes réalisés entre 1980 et 1990),
reliant d’autre part Man à Abengourou par Daloa-Bouaké (1990-1995). L’image
à long terme du quadrillage du pays laisse préjuger de la réalisation des axes
transversaux d’ouest en est non encore réalisés : à savoir, l’axe oblique Danané-
Bouna-Bondoukou par Man-Séguéla-Mankono-Katiola-Dabakala et l’axe reliant
Odiénné dans le Nord-Ouest à Bouna dans le Nord-Est et dont une portion,
réalisée entre 1980 et 1997 au cœur du pays Sénoufo, est déjà en service.
Le troisième élément constitutif de cette stratégie de reproduction corrigée
du modèle tient à «une combinaison entre une stratégie de développement
équilibré et de développement déséquilibré» (Penouil, 1983). Les schémas
classiques en ce domaine sont en fin de compte difficilement applicables au cas
de la Côte d’Ivoire.
Dans les premières phases de son histoire, on ne peut guère parler de
polarisation du développement dans la mesure où les points d’accès comme la
ville capitale se sont déplacés de Grand-Bassam à Bingerville puis à Abidjan.
Dans la mesure où également les ressources du pays étaient des ressources
essentiellement agricoles, que l’industrialisation dans ses premières phases était
étroitement liée aux ressources naturelles, soit de la forêt, soit à l’introduction
de premières industries de substitution aux importations (par exemple dans
le domaine textile), mais que ces industries n’étaient pas alors nécessairement
situées autour d’Abidjan. En réalité, un schéma de croissance déséquilibré,
voire même polarisé, n’est apparu en Côte d’Ivoire qu’après 1950, lorsque le
port d’Abidjan a pu être ouvert.
Pendant une quinzaine d’années, l’activité économique s’est polarisée
s’accompagnant du développement des inégalités régionales qui ont pu
atteindre, à la fin des années 1960, une proportion quasi intolérable. C’est
alors que furent développées les actions précédemment évoquées de mise
en valeur du Sud-Ouest, du Centre et du Nord et le lancement de nouvelles
cultures : le coton d’abord, le riz, le sucre, les palmiers à huile par la suite. Dans
le même temps, certains efforts ont été entrepris pour assurer une certaine
décentralisation industrielle aussi bien dans le secteur textile que dans le secteur
agroalimentaire. Un effort de structuration de l’armature administrative et de 151
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Odienné Bouna
Boundiali Ferkéssédougou
Korhogo
Plateau Savanes
Boundoukou
Bouaké
M'Bahiakro Agnibilékro
Man Kossou
Daoukro
Daloa
Abengourou
Duékoué Bocanda
Bouaflé
Yamoussoukro Dimbokro Bongouanou
Toumodi Adzopé
Gagnoa Agboville
Divo
P Aboisso
Alépé
P P P
Abidjan vers
San Pedro Adiaké Accra
ABIDJAN Grand-Bassam
MAMOUTOU TOURÉ
créer des villes s’érigeant en pôles régionaux.
Second volet de la stratégie de la planification à base régionale, la «stratégie
de développement équilibré» est une «subtile combinaison entre la théorie des
pôles et celle dite de la base exportatrice» (Dubresson, 1989). Sa conception
est due en particulier à Perrin (1968, 1977), alors responsable de la section
économie de l’ORSTOM. Le schéma d’analyse théorique de Perrin, réintroduit
dans la perception de l’organisation de l’espace par des éléments polarisateurs
des données de la théorie «basique» (Claval, 1968), est appliqué aux villes
et surtout conçue pour analyser la polarisation géographique. Rappelons
brièvement que le fondement de cette théorie est la distinction entre les
fonctions dites basiques ou de base, qui satisfont des besoins extérieurs à la ville
(exportations de produits manufacturés ou services rendus aux populations
extérieures) et les autres fonctions, caractérisées par une desserte dite «banale»
limitée à l’échelle locale. La ville étant un nœud complexe d’échanges, les
fonctions exportatrices sont à l’origine de la plupart des effets multiplicateurs
et constituent de ce fait le moteur de la croissance urbaine. Ainsi, existe-t-il
une étroite correspondance entre la nature des activités et l’emploi, autour
duquel se mobilise la population. L’analyse de la croissance urbaine passe
donc par celle des effets d’agglomération des emplois dits moteurs qui sont
fournis par les activités exportatrices, et la motricité est autant à rechercher
dans les activités de production que dans les services.
Le schéma d’analyse théorique proposé repose sur les notions de niveaux
d’organisation et de milieux de diffusion. Trois niveaux d’organisation sont
différenciés. La «région économique», organisée autour d’un pôle industriel
urbain, répond à quatre conditions : (1) son aptitude à fixer dans ses limites
géographiques les déplacements de la population qui en est originaire et les
activités nécessaires à cette population ; (2) l’existence d’un marché potentiel
de consommateurs ruraux suffisamment large ; (3) une liaison entre des pôles
de développement ruraux spécialisés et au moins un pôle urbain, entre lesquels
se produisent des effets de diffusion ; (4) un réseau dense de communications
internes. Le niveau inférieur est la «zone économique», ensemble homogène
et spécialisé, cadre des interventions techniques, dominée par un «pôle semi-
urbain». Le troisième niveau est la «cellule économique de base», dotée d’un
pôle «semi-rural» où se fixent certains services administratifs et un embryon
d’activités secondaires et tertiaires. Cette hiérarchie de niveaux polarisés est
animée par des milieux de diffusion : milieu urbain et milieu rural sont inducteurs
lorsqu’ils font l’objet d’investissements exogènes. Structurée et polarisée par un
centre urbain, une région peut alors déboucher sur un processus cumulatif de
croissance pour peu que des investissements moteurs articulent entre eux les
différents éléments.
Quinze ans après l’introduction modulée du schéma et des propositions
visant à faire émerger des espaces de développement intérieurs, cet outil à
penser l’espace a profondément remodelé le territoire national (figure 4).
153
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
2. La question du Nord-est reste assez particulière. Car ici, ce n’est pas la volonté politique qui
manque le plus, mais les conditions d’installations des équipements socialement rentables ; la taille
154 en moyenne trop petite des villages et leur grande dispersion.
STRUCTURE DU MODÈLE SPATIAL IVOIRIEN ET PRESSIONS HUMAINES SUR LE LITTORAL
MAMOUTOU TOURÉ
devenue une véritable obsession pour les pouvoirs publics. En 1998, la métropole
ivoirienne concentre le cinquième des 15 millions d’habitants, presque la moitié
des 6 millions d’urbains du pays, et catalyse la majorité des activités économiques,
soit environ 90 % de l’appareil manufacturier du pays en 2007. Les fronts
pionniers d’arboriculture marchande du Centre-Ouest et du Sud-Ouest ont été
particulièrement dynamiques et la croissance démographique de la métropole
abidjanaise n’a pas stérilisé celle des périphéries rurales du Sud-Est.
Ce phénomène de concentration différentielle en forêt se révèle même
être une tendance lourde prévalant dès les années 1940, et dont l’effet le
plus remarquable est le basculement progressif des populations des savanes
septentrionales au profit des aires forestières méridionales. En 1965, 40 %
des ruraux et 23 % des citadins vivaient au nord du 8e parallèle; en 1980,
les savanes ne regroupaient que 33 % des ruraux et 18 % des urbains; en
1998, ces proportions sont respectivement passées à 22 % pour les ruraux et
seulement 8 % pour les urbains.
Précisément, un peu plus d’un siècle après sa création, la Côte d’Ivoire donne
le sentiment de fonctionner comme un sablier grandeur nature : hommes
et activités de la moitié supérieure savanicole se déversent inéluctablement
dans la partie méridionale forestière que les efforts de l’État indépendant
n’arrivent pas à réorienter.
Les capacités manufacturières du pays restent surtout concentrées autour
d’Abidjan et sur le littoral. Le rôle d’Abidjan s’est particulièrement renforcé,
pendant que son poids démographique par rapport aux centres urbains passait
de 32 % à 44 % en 1998, soit presque 20 % de la population ivoirienne et
un peu plus de 40 % des urbains. L’espace socio-économique a continué à se
dessiner humainement et économiquement en fonction du port d’Abidjan et
de ses annexes (routes et voies ferrées), dont la dynamique n’a nullement freiné
celle des régions circumpolaires où résident 78 % de la population en 1998
contre 22 % en zone de savane.
Pouvait-il en être autrement, compte tenu du réglage socio-spatial hérité
de la colonisation et des assises d’un État social dont les capacités de
redistribution sont intimement liées aux recettes d’une économie agro-
exportatrice installée principalement dans les aires méridionales ? Au-delà
de cette interrogation fondamentale qui renvoie à la lancinante question
du meilleur choix pour un développement équilibré, et qui garde toute son
actualité au moment où l’État ivoirien remet au goût du jour la politique
de l’aménagement du territoire, se pose également celle des enjeux et des
défis de la pression urbaine sur le littoral.
Renforcement de la littoralité et crise de l’espace urbain
En attendant les informations actualisées prévues pour le prochain
recensement de 2008, les données fournies par le dernier recensement de la
population sont démonstratives des tendances de localisations sur la frange
littorale (tableaux 1 et 2). Si les aires forestières méridionales constituent la 155
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
Tableau réalisé à partir des premiers résultats du recensement national de 1998, août 2000.
156 Tableau réalisé à partir des premiers résultats du recensement national de 1998, août 2000.
STRUCTURE DU MODÈLE SPATIAL IVOIRIEN ET PRESSIONS HUMAINES SUR LE LITTORAL
MAMOUTOU TOURÉ
Conclusion
C’est sur les réglages territoriaux de base du modèle colonial que va se
faire la dynamisation du fait urbain ivoirien qui procède largement de la mise
en œuvre des choix fondamentaux effectués par les dirigeants ivoiriens à
l’indépendance. Du point de vue du territoire, le nouvel État indépendant
n’a eu ni pour objectif, ni pour conséquence, de défaire les réglages de base
mais de les reconduire et de proposer des correctifs là où apparaissaient des
distorsions politiquement injustes.
Plus de quarante ans après, en dépit de ce remarquable effort conceptuel
et financier qui a bouleversé la physionomie du territoire national et créé un
cadre de vie préférable aux situations traditionnelles, le modèle spatial n’est
pas conforme aux attendus de rééquilibrage du territoire national. La Côte
d’Ivoire apparaît toujours marquée par les mêmes déséquilibres internes.
Comme à la fin des années 1960, la croissance a continué de se faire à partir
et au bénéfice de la région forestière et des villes littorales à l’ombre de la
ville d’Abidjan. L’espace national est devenu une sorte d’entonnoir effilé vers
Abidjan et les principales villes littorales où s’accumulent à la fois le capital
productif et les symboles du pouvoir, mais aussi les hommes venus de tout le
territoire comme des pays voisins.
À l’opposé d’Abidjan, San Pedro a effectivement émergé comme une ville
portuaire avec un pouvoir structurant sur l’arrière-pays sud-ouest du pays.
En revanche, les autres villes littorales situées en dehors des pôles d’Abidjan
et de San Pedro se développent à un rythme moins rapide que les villes
forestières. Au-delà de ces différentes de degré, ces villes littorales ont une
nature commune : les réglages territoriaux jouent contre ces milieux fragiles
car la gestion planifiée et maîtrisée des tissus urbains des années 1970 a laissé
la place à une gestion pragmatique. Conséquence, le quotidien révèle un grand
nombre de distorsions, de dysfonctionnements, d’atteintes parfois sérieuses
à l’ordonnancement de la cité. L’anarchique côtoie l’illégal qui fait le lit de
l’informel, et ces processus chaotiques et disparates sont loin de faciliter la vie
en société. Si la gestion des espaces urbains de la frange littorale est devenue
problématique, les solutions doivent nécessairement intégrer les réglages de
base du modèle ivoirien.
Références
CLAVAL P., 1968. Régions, nations, grands espaces : géographie générale des ensembles territoriaux,
Paris, Génin, 837 p.
DUBRESSON A., 1989. Villes et industries en Côte d’Ivoire : pour une géographie de
l’accumulation urbaine, Paris, Karthala, 845 p.
DUREAU F., 1987. Migration et urbanisation. Le cas de la Côte d’Ivoire, Éditions de l’Orstom,
Etudes et Thèses, 654 p.
HAUHOUOT A., 2002. Développement, aménagement, régionalisation en Côte d’Ivoire, Abidjan,
EDUCI-Éditions Universitaires de Côte d’Ivoire, 364 p. 157
USAGES ET INTERACTIONS NATURE/SOCIÉTÉ DANS LA BANDE CÔTIÈRE
JOSEPH G., 1944. Côte d’Ivoire, Paris, librairie Arthème Fayard, 231 p.
PENOUIL M., 1983. « Dynamismes et facteurs de blocages dans le développement
économique de la Côte d’Ivoire », Année Africaine, 1971, Paris, A.Pedone, p.229-248.
PERRIN J-C., 1968. Schéma d’analyse du développement régional, (application aux pays
en voie de développement), Régionalisation et développement, Paris, CNRS, p. 179-42.
PERRIN J-C., 1977. « Le rôle de la politique industrielle dans le développement des
disparités en Côte d’Ivoire », Année Africaine, CEAN, Bordeaux, Paris, Pédone.
PEYON J-P. et TOURE M., 1999. « Recherches dans le nord ivoirien », Les Cahiers
Nantais, IGARUN, Nantes, n° 51, p. 89-101.
TOURE M., 2004. Planification et développement régional en Côte d’Ivoire. Le nord ivoirien, une
région marginalisée ?, thèse de Géographie, Université de Nantes, 584 p.
UVICOSI, 1989. Rapport général du sixième séminaire de l’UVICOCI sur l’aménagement du
territoire des communes et le développement, Abidjan. Voir l’exposé de Bertin Gbayoro
(alors sous-directeur de la planification agricole) et Mamadou Traoré (alors sous-
directeur de l’Aménagement du territoire), p. 16-20.
158
Conclusion
159
.
DEUXIÈME PARTIE
.
.
La concentration de populations et d’activités sur un espace côtier forcément
limité en surface est facteur de risque. Les éléments perturbateurs liés aux
pressions qui s’y exercent représentent en effet autant d’aléas dont les effets
s’accompagnent d’atteintes portées à des milieux naturels et des sociétés locales
le plus souvent vulnérables, car sensibles et fragiles.
Au-delà des atteintes à la biodiversité, de la banalisation des paysages et
des écosystèmes qui ont accompagné le développement du littoral ivoirien,
les déséquilibres des milieux naturels sont aujourd’hui particulièrement
préoccupants. Les dégradations observées sous l’effet des pollutions
industrielles et urbaines, notamment dans les milieux lagunaires et quelquefois
avec des conséquences graves sur les activités qui s’y exercent, soulignent
l’ampleur des mesures à prendre pour progresser sur le chemin de la
maîtrise de l’assainissement des eaux usées et du traitement des déchets. Ces
dégradations environnementales sont également très présentes sur la côte au
contact de l’océan, où les évolutions les plus récentes traduisent l’intensité
des perturbations et des modifications portant atteintes aux milieux naturels
comme aux activités, aux personnes, à leur santé et à leurs biens. Le cas de
la ville emblématique de Grand-Bassam est à ce titre exemplaire des risques
côtiers contemporains, conséquences tout autant d’aléas naturels que de
pressions anthropiques mal contrôlées. Là aussi, l’ampleur des efforts à fournir
pour aboutir à un développement maîtrisé est à la mesure des enjeux que porte
le littoral pour l’avenir du pays. La concurrence pour le partage de l’espace
créé, enfin, des tensions qui s’accompagnent de conflits dont on perçoit encore
mieux la portée lorsqu’ils contraignent les projets les plus novateurs, comme
celui du Parc national des îles Éhotilés.
Cette seconde partie tente d’éclairer ces situations de déséquilibres et de
danger permanent auquel est confronté aujourd’hui le littoral de Côte d’Ivoire.
Pour y faire face, la voie d’une gestion intégrée semble être ouverte, mais les
outils actuellement en place restent bien souvent inopérants, faute de moyens
financiers comme d’artisans susceptibles de relever ce nouveau défi. La gestion
durable des ressources du littoral ivoirien nécessite en effet une démarche
globale et partenariale des territoires côtiers, s’appuyant à la fois sur des projets
locaux, des politiques nationales et régionales. Elle devra dans l’avenir s’appuyer
sur des bases de connaissances renouvelées, dont l’articulation avec la prise de
décision reste sans doute à construire pour devenir réellement opérante.
163
.
LA LAGUNE ÉBRIÉ À L’ÉPREUVE DE LA PRESSION ANTHROPIQUE
oé
Com
Bandama
Me
Agneby
Bia
5°30'N
7
6 8
5 ABIDJAN 9
3 4 10 11
Jacqueville Grand Bassam
200
Grand Lahou 50 200 50
2 50
Fresco 1 1000 12 5°N
Sassandra Océan Atlantique
P. POTTIER, A. KANGAH
Parcnational
duBanco
CO CO DY
ADJAMÉ
Y O PO UG O N
baie de Riviéra II baie de M'Badon
baie de Cocody
baie de Banco
baie du Golf Hôtel
baie du km 17
baie de Marcory
TRECHVILLE MARCORY
Lagune É brié KOUMASSI
baie de Koumassi
Océan Atlantique
Source : Spot Image 2004 de la ville d'Abidjan et ses environs
Yopougon Z.I.
Baie de
Niangon nord Anna
Cocody Riviéra
Baie de
Baie
Yopougon
N'Badon
de B
5°20 N
anc
ponts
Treichville Marcory
Baie d'Azito
i
ass
Lagune Ébrié Zones 3 & 4
Baie de oum
eK
Biétry Koumassi
ie d
Ile Boulay
Ba
Biétry
can 5°15 N
al d Vridi
eV Port-Bouet
Lac Bakré rid Aéroport
i
Océan Atlant
ique
4°06 W 4°00 W
Source : AFFIAN, 2003 A. KANGAH
courant de flot
courant giratoire N
courant de jusant 0 1 2 km
La pollution chimique
Les polluants chimiques en milieu rural auraient pour principale origine
les parcelles de cultures industrielles situées sur le bassin-versant de la
lagune Ébrié (Broche et Peschet, 1983). Cette information est reprise par
Dufourd et al. (op. cit). Les auteurs attribuent l’ampleur du phénomène à
deux faits : l’abondance des précipitations et la nature des sols de la zone
littorale. Il s’agit en effet d’un vaste ensemble qui a pour substrat le bassin
sédimentaire formé de sables datés de l’ère tertiaire (Pliocène et Miocène),
connu également sous le terme de continental terminal. Ces sables sont
des sédiments terrigènes qui proviennent de la désagrégation des roches
constituant le socle localisé plus au nord. Il s’agit donc de formations
meubles qui sont régulièrement lessivées par les fortes pluies dans la région
du bassin-versant de la lagune Ébrié qui est sous l’influence du climat
équatorial de transition. Les pesticides et les divers insecticides utilisés
pour la fertilisation des sols et contenus dans les eaux de ruissellement
sont donc déversés dans le plan d’eau lagunaire et constituent ainsi une
source importante de pollution chimique. En plus de cette source, Dufour
et al. (op. cit) attribuent une partie de la pollution chimique aux industries
ivoiriennes. Cette pollution serait constituée de substances toxiques qui
sont : la soude, les acides, les huiles minérales, les pigments des industries
textiles, les métaux lourds des ateliers métallurgiques, la glycérine des
savonneries et l’arsenic des ateliers de tannage de peaux.
Les mêmes auteurs citant Marchand et Martin (1985) révèlent une pollution à
base d’hydrocarbures, d’organochlorés et de métaux qui a été mise en évidence
à partir de l’analyse de sédiments des baies urbaines qui contiendraient plus
de 1 000 μ g. g-1 d’hydrocarbures totaux. Toujours selon les mêmes auteurs,
la lagune rurale en dehors de la baie de Bingerville ne serait pas en danger du
point de vue de la pollution par les hydrocarbures pétroliers.
Plus récemment, Affian (2003) a souligné combien la forte variation
des paramètres physico-chimiques au passage de l’état d’étiage à l’état de
crue et vice versa, constituait une condition propice à la précipitation des
métaux tels que le cuivre, le zinc, qui peuvent s’incorporer plus tard aux
sédiments pour en accroître leur niveau de pollution. Les baies ne subissant
pas de curage notable, le manque d’échange avec le canal principal y
engendre l’accumulation des matières polluantes au sein des sédiments
qui s’y accumulent en contribuant à leur comblement. Le niveau de
concentration des éléments chimiques mesurés (tableau 1) fait aujourd’hui
des eaux de la lagune une zone peu propice à la baignade et encore moins
à la consommation. Ainsi, les échanges éventuels de ces eaux avec celles
des nappes phréatiques proches de la surface constituent-ils une menace
pour la santé des populations qui consomment les eaux des puits creusés
dans les sables nouakchotiens et éoliens d’Abidjan. À une autre échelle,
les eaux souterraines de la région d’Abidjan affichent des taux de nitrates
(NO3-), d’ammonium (NH4 +) et d’aluminium (Al3 +) qui dépassent dans
170 plusieurs quartiers les normes de l’OMS pour l’eau potable.
LA LAGUNE ÉBRIÉ À L’ÉPREUVE DE LA PRESSION ANTHROPIQUE
ADJAMÉ
CO CO DY
Ba
ie
du
Ba
Ba
ie
nc
de
o
Co
co
PL AT E AU
d
y
Y O P O UG O N
rié
Éb
e
gun Baie de
La Marcory
T RE I CHV I L L E
MARCO RY
Photo 1 - Le
développement
de l’urbanisation à
Abidjan a provoqué
la mise à nu des sols
ferrallitiques, ensuite
lessivés par les fortes
précipitations. Les
matériaux ainsi
transportés aboutissent
alors pour l’essentiel
dans la lagune Ébrié.
ABOBO
Parc national
du banco
ADJAMÉ COCODY
ATTÉCOUBÉ
YOPOUGON
PLATEAU l ag u n e
Eb ri é
TREICHVILLE MARCORY
l ag u n e Eb ri é KOUMASSI
Ile Boulay
PORT-BOUËT
l ac Braké
OCÉAN ALANTIQUE
Photo 2 - Illustration
de l’effet « chasse
d’eau » provoqué par
les précipitations. Ici,
sur cet ouvrage situé à
environ 100 mètres de
la lagune, le transport
des déchets solides,
survenu après une pluie
violente, a été en partie
bloqué.
Photo 3 - La lagune
Ébrié est souvent
considérée comme
l’exutoire « naturel »
des effluents d’une
ville sous-équipée
du point de vue de
l’assainissement. Ici, à
Bia Sud (Koumassi),
les latrines construites
sur pilotis illustrent
une pratique courante
qui consiste à évacuer
directement en
lagune les excréments
humains.
Sous un climat à fort niveau de précipitations, les pluies et les eaux de ruissellement
Conclusion
Le contrôle de l’urbanisation est un enjeu majeur des décennies à venir en
Côte d’Ivoire. Dans le domaine de l’environnement, il impose réparation et
extension des réseaux d’assainissement, séparation des réseaux des eaux usées
et pluviales, traitement systématique des rejets, meilleure salubrité générale, ou
encore maîtrise de l’occupation de l’espace. Au contact de la lagune d’Abidjan
et de ses berges, cette question apparaît même cruciale pour l’avenir au point 181
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
d’apparaître dans nombre de rapports parmi les plus récents comme une
priorité évidente, pour le gouvernement ivoirien (Ahizi A. D., 2007), pour
l’Union Européenne (Commission européenne, 2006), ou pour les Nations
Unies (PNUE, 2002).
Il reste pourtant encore beaucoup à faire et la solution du problème n’est
pas que financière. Le changement véritable sera en effet peut-être porté par
les populations locales qui sont de plus en plus sensibles aux questions de
l’environnement et revendicatives face aux nuisances qu’elles subissent. Encore
faudra-t-il alors que de nouveaux modes de gouvernance environnementale
puissent voir le jour, associant plus directement toutes les composantes de la
société, décideurs, citoyens, acteurs économiques et scientifiques.
Ce fléau de la pollution de la lagune Ébrié à Abidjan représente enfin un
enjeu environnemental fondamental pour l’avenir du littoral ivoirien. C’est par
une approche intégrée du problème que les voies d’un développement durable
seront accessibles, c’est-à-dire en prenant en compte les aspects naturels pour
mieux les confronter à la démesure du développement urbain, dont il faudra
percevoir à la fois les fonctionnements techniques, juridiques et financiers, mais
aussi comportementaux.
Références
AFFIAN K., 2003. Approche environnementale d’un écosystème lagunaire microtidal (la lagune
Ébrié en Côte d’Ivoire), par des études géochimiques, bathymétriques et hydrologiques : contribution
du SIG et de la télédétection, thèse de doctorat d’État en Sciences Naturelles n° 380,
Université de Cocody Abidjan, 225 p.
AGBADOU C., 2000. Les pollutions en lagune Ébrié – Les baies de l’agglomération Abidjanaise,
maîtrise de Géographie, Université de Cocody Abidjan, 89 p.
AHIZI A. D., 2007. Discours du Ministre de l’environnement, des eaux et forêts du 12
novembre 2007 dans le cadre de la quinzaine nationale de l’environnement, http://
www.gouv.ci/ministeresemprint.php?gouvID=24.
ANOH K. P., 2001. « La lagune Ébrié de 1955 à 1998 : pollution des eaux et
encombrement des baies urbaines de l’agglomération d’Abidjan », Géotrope, n° 1,
PUCI- Presses Universitaires de Côte d’Ivoire, p. 62-78.
BROCHE J. et PESCHET J.-L, 1983. « Enquête sur les pollutions actuelles et potentielles en Côte
d’Ivoire », in DUFOUR P. et CHANTRAINE J.-M, réseau national d’observation de la qualité des eaux
marines et lagunaires en Côte d’Ivoire, Paris, ORSTOM et Ministère de l’Équipement, 451 p.
Commission européenne, 2006. Profil Environnemental de la Côte d’Ivoire, rapport final
rédigé par B. HALLE et V. BRUZON 128 p.
DEMBELE O., BOTTY Bi T. C., 2001. « L’impact environnemental de l’émissaire en mer
182 à Port-Bouët », Géotrope, n° 1, PUCI- Presses universitaires de Côte d’Ivoire, p. 79–91.
LA LAGUNE ÉBRIÉ À L’ÉPREUVE DE LA PRESSION ANTHROPIQUE
DONGO K., 2001. Étude de l’évolution du système d’assainissement « eaux usées » de la ville
184
LA PÊCHE À ABIDJAN FACE À LA DÉGRADATION DE L’ ÉCOSYSTÈME LAGUNAIRE
1
Le district d’Abidjan est composé de dix communes et de trois sous-préfectures
(Anyama, Bingerville et Songon). Ces communes et trois sous-préfectures sont
regroupées en trois entités : Abidjan Est, Abidjan Centre, et Abidjan Ouest. Cette
analyse porte essentiellement sur Abidjan Centre qui correspond à l’agglomération
d’Abidjan. 185
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
A D J A ME
Baie du
C O C O D Y
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Ba
nc
o
de
YOPOUGON Cocody village Abata
Ba cody
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Co
ie
Blocosso M'pouto
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M'badon 2
Abobo Abata 2
Océan Atlantique
A B O B O
pont C. Y. KOFFIE-BIKPO, A. KANGAH
B a n c o
limite communale C O C O D Y
N YOPOUGON
village
campement
0 2,5 5 km
Source: Enquêtes Koffié-Bikpo,2005.
pêcheurs d’avoir accès à des espèces continentales, ce qui explique leur nombre
important. Des petits groupes de pêcheurs ghanéens et ivoiriens essaiment
dans les autres villages.
La présence d’activités de pêche le long de la lagune Ébrié se matérialise
en une multitude de campements de pêche avec des réalités différentes. On
en dénombre 34 au total dont 22 inclus dans des villages et/ou quartiers
et 12 campements autonomes organisés exclusivement autour de la pêche. Une
classification permet de regrouper les acteurs de la pêche en trois groupes : les
autochtones, les étrangers, et l’association des deux groupes.
1. Les villages, quartiers ou campements des pêcheurs autochtones sont
aussi habités par des autochtones qui ont d’autres activités que celle de
la pêche. Ces villages s’intègrent parfaitement dans le paysage moderne
de l’agglomération d’Abidjan et sont répartis tout autour de la lagune.
Il s’agit principalement de : Azito, Béago, Yopougon Santé (Béaté),
Abobodoumé, Locodjro, Cocody village, Blokosso, M’Pouto, M’Badon,
Abata, Anoumambo, Adjahui, Ancien Koumassi, Biétry, Petit Bassam.
On y trouve quelquefois un petit nombre de pêcheurs étrangers.
2. Les campements habités exclusivement par les pêcheurs étrangers ont
été créés uniquement par eux-mêmes pour mener à bien leurs activités
de pêche. Ces villages sont construits avec des matériaux précaires qui
font penser à des habitations provisoires de fortune et se localisent à
l’ouest, à l’est et au sud de la lagune. Il s’agit de Mangokro, Ossibissa,
Nandi Koffikro, Gbeiman, M’Badon2, Abata2, Paul Assé, Mossou,
Aklomiambla, Awrankro, Kpebokodji, Vridi Zimbabwe. Ce sont les plus
gros regroupements de pêcheurs avec des populations comprises entre
250 et 1 200 pêcheurs adultes.
3. Enfin, les villages, quartiers ou campements où les autochtones et
étrangers cohabitent. Il s’agit de : Vridi Ako, N’Zimakro, Baoulékro, Jean
Kouamékro, Djonikro, Abbeykro, Bakro qui se trouvent exclusivement
au sud de la lagune.
Les pêcheurs de métier sur la lagune Ébrié sont d’origine étrangère tous issus
de la CEDEAO (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest). Les plus
nombreux sont les pêcheurs béninois avec près de 46 %, suivis des Ghanéens
avec 35 %. Les Ivoiriens, quant à eux, n’arrivent qu’en troisième position
avec 14 % des pêcheurs. Cette situation imprime une physionomie particulière
le long des berges. On observe des villages tas tout autour de la lagune dans le
district d’Abidjan. Les autochtones ont des habitations de type moderne. En
fonction de leurs moyens, ces immeubles peuvent aller de la maison de grand
luxe à une villa à loyer modéré. Le quartier des pêcheurs étrangers par contre
est très typé. Les maisons sont construites avec des matériaux de récupération
(photo 1), les palissades sont des planches de bois aux extrémités grossièrement
taillées et plantées les unes à côté des autres dans le sol. La porte d’entrée de
la concession est en tôle ondulée, bordée sur les quatre côtés de bois, et se
pose sur l’ouverture de l’entrée. La maison est construite avec des planches
188 en bois sur une fondation en brique. La toiture est recouverte de tôle usagée
LA PÊCHE À ABIDJAN FACE À LA DÉGRADATION DE L’ ÉCOSYSTÈME LAGUNAIRE
Photo 2 - La pêche
lagunaire se pratique
dans des conditions de
salubrité déplorables.
Ici, au port d’échouage
de Vridi Zimbabwé,
les détritus divers
jonchent la plage
située elle-même au
contact des lieux de
transformation et des
habitations.
Cocody village
de
Do Loco
Do cod
Co
Abata
ma djro
M'badon
ma y v
ine illa
de Domaine de de Abata
Abobo Doumé Blokosso de M'pouto
Mr Ewdon
Béaté Biafra Anoumabo
Béago Aklomiabla
Azito Domaine
Domaine de Domaine
Domaine d'Anoumabo
Yopougon d'Abouabou
Domaine Domaine
de Santé d'Abobo Ile de petit Bassam
d'Azito Béago Doumé
Bakro
Djonikro Mangokro Ossibissa Awrankro
Domaine Domaine Ancien Koumassi
Ile Boulay N'zimakro Ancien
Jean d'Anoumanbo Koumassi Biétry Domaine
Kouamékro Baoulékro cédé au port Ancien Koumassi
Domaine Kpébokodji
Adjahui
d'Audoin Vridi
Santé Domaine
de Vridi Zimbabwé
Paul Assé Moossou Ako ca
na Domaine de Petit - Bassam
Vridi Ako ld Petit-Bassam
Gbéima eV
rid
i
A B O B O
Océan Atlantique B a n c o
C O C O D Y
Souvent, le droit est fixé à 1 000 FCFA par pirogue et par mois. Pour une gestion
efficace, il existe des comités de surveillance et des délégués dans les différents
campements des pêcheurs allogènes. En plus de cette redevance, une contribution
lors des événements malheureux (décès) ou des cérémonies importantes (fête
de génération, accueil d’une autorité…) est nécessaire. Le paiement du droit
d’adhésion ainsi que la redevance mensuelle donnent accès au plan d’eau du
village. Dans le cas contraire, ce comité procède au retrait des filets.
L’aménagement du territoire lagunaire peut avoir des objectifs différents, quitte
parfois à les associer : mieux distribuer la population de pêcheurs étrangers sur
le territoire lagunaire afin de réduire les disparités au niveau de la production, et
améliorer la performance globale ou celle de certains lieux. Le collège des chefs
Ébrié suppose une philosophie de l’agir et non du laisser-faire. Ils aménagent
le territoire lagunaire en différenciant les populations de pêcheurs selon leur
origine pendant que la communauté scientifique des géographes se demande
s’il faut aménager le territoire sans en différencier les habitants, ou « aménager
la société » sans se préoccuper des territoires ? (Brunet, 2005).
La pression humaine qui s’exerce autour de la lagune et l’importance de l’activité
halieutique qui s’y déroule ont des répercussions sur les ressources halieutiques
ainsi que sur l’espace de pêche. La diversité des modes d’appropriation de
l’espace rend compte d’une antériorité de l’utilisation par des populations qui
se sont ainsi approprié un espace vécu. On pourrait alors se demander quels
sont les risques naturels et humains liés à cet espace ?
Conclusion
La pêche lagunaire à Abidjan est pratiquée de façon accessoire par les
populations autochtones Ébrié et principalement par des pêcheurs étrangers.
La lagune est un espace approprié, elle appartient aux riverains qui ont
édicté des règles pour un usage tenant compte de l’équilibre biologique des
espèces. Après l’indépendance, l’autorité de l’État et l’autorité villageoise se
sont exercées sur cet espace avec une primeur pour l’autorité traditionnelle.
200 Une véritable discipline des interactions individu-milieu lagunaire s’est ainsi
LA PÊCHE À ABIDJAN FACE À LA DÉGRADATION DE L’ ÉCOSYSTÈME LAGUNAIRE
Références
AFFIAN K., 2003. Approche environnementale d’un écosystème lagunaire microtidal (la lagune
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202
ATOUTS ET CONTRAINTES DE DÉVELOPPEMENT DE GRAND-BASSAM
Comme partout ailleurs, une telle croissance ne s’est pas faite sans poser
d’énormes problèmes, d’autant que l’urbanisation se déroule depuis deux
décennies dans un contexte socio-économique difficile, marqué par une
croissance démographique forte et une crise économique sévère avec pour
corollaire la montée de la pauvreté, du chômage, de la marginalisation et de
l’insécurité. Cette situation rend le développement urbain chaotique, les villes
étant en effet confrontées à des difficultés de plus en plus nombreuses et
complexes. Face à l’afflux de population, elles présentent toutes des structures
d’accueil, des services et des cadres de vie dépassés et délabrés, ce qui a entraîné
à l’évidence une dégradation significative de leur environnement, dégradation
traduite par la prolifération de l’habitat précaire, le déficit des équipements de
proximité et la montée de la violence.
Sans doute justement perçue comme l’un des fleurons des villes du littoral
de Côte d’Ivoire, Grand-Bassam est à l’image des autres villes du pays. Sous
bien des aspects, cette ville côtière est en effet en crise et connaît, en dehors
des problèmes classiques de dégradation du cadre et des conditions de vie,
de la déficience des structures et équipements, des problèmes particuliers qui
influent sur sa croissance et son fonctionnement.
De toutes les villes côtières, Grand-Bassam est l’une des moins étendues au
plan spatial. Au plan économique, l’assiette des recettes financières de la mairie
est mince, la ville enregistrant des recettes égales à celles des communes moins
cotées qu’elle. Au plan des équipements sociocollectifs, elle accuse un retard
réel par rapport à ses homologues. Son développement est donc en déphasage
avec son statut administratif et les ambitions qu’on lui porte. Une telle situation
amène à se poser un certain nombre de questions et notamment à évaluer les
atouts et les contraintes de développement de Grand-Bassam.
En 1878, Athur Verdier, commerçant français établi sur la côte fut nommé
Photo 1 - Le wharf
de Grand-Bassam,
construit en 1897,
a permis à la ville
de devenir le port
principal de la Côte
d’Ivoire et ainsi de
conforter sa place de
capitale économique
et administrative avant
d’être supplantée,
à partir de 1900,
par Bingerville puis
Abidjan.
Sources : Direction des archives du Sénégal, http://www.archivesdusenegal.gouv.sn/
Photo 2 - «… le trafic
maritime s’intensifia et
attira toutes les grandes
maisons de commerce ».
Ici, vue du début
du vingtième siècle
des installations à
Grand-Bassam de la
Compagnie française
de l’Afrique de l’Ouest
(CFAO).
Photo 3 - Le
palais de justice de
Grand-Bassam est à
l’image des grands
édifices érigés à
l’époque coloniale
et qui constituent
encore aujourd’hui
un patrimoine
architectural
remarquable.
Moossou
Cafop
Château
é
ri
Éb
Bramakote
Belle Ville
ne
Phare
gu
Congo
La
Oddos
Lagun
e Petit Paris
Oulad
ine
Pont de la Victoire
Azzuretti
France Résidentiel
France
Océan Atlantique
T. GOGBE, A. KANGAH
Type d'habitat
résidentiel zone industrielle
Abidjan
évolutif zone touristique
Grand-Bassam
colonial zone d'aménagement différé
traditionnel
zone rurale N
précaire
0 150 300 m
Petit Paris nom du quartier domaine maritime
208
ATOUTS ET CONTRAINTES DE DÉVELOPPEMENT DE GRAND-BASSAM
Photos 4 - Les
opérations
immobilières les plus
récentes, situées côté
nord de la route
internationale RN6
(Abidjan-Accra), sont
le symbole du nouvel
essor résidentiel de
Grand-Bassam.
Photos 5 - Le village
artisanal qui s’étend
de part et d’autre de
la route avant l’arrivée
à Grand-Bassam,
est exceptionnel par
son ampleur et les
visiteurs qu’il attire.
Il représente par sa
qualité et sa diversité
un attrait unique dans
la sous-région.
Photo 6 - Construit
en 1874 à partir de
pièces détachées
arrivées sur place, le
palais du gouverneur
fut le siège du premier
gouvernement dans
la capitale coloniale.
Entièrement rénové
dans les années 30,
il abrite aujourd’hui
le musée national du
costume.
dans ces conditions, que la capacité financière de ces deux communes, qui
doivent répondre aux besoins d’équipement et de fonctionnement de leurs
populations, n’a pas de commune mesure.
Le problème est particulièrement évident dans le domaine de la perception
des taxes et patentes du commerce de détail, inévitablement limitées par
un secteur informel pléthorique. À titre d’exemple, la municipalité estime
à près de 4 millions de FCFA par an le montant des taxes qui pourraient
être prélevées sur les cabines cellulaires. Cette fiscalité, qui échappe à la
commune alors qu’elle devrait alimenter les principales sources de revenus
de la collectivité, représente un manque à gagner, limitant ainsi ses moyens
de fonctionnement et d’investissement.
Les problèmes d’équipement à Grand-Bassam
Sous bien des aspects, la ville est correctement équipée, notamment sur
les plans administratif et socioculturel. Son statut d’ancienne capitale, puis
de première commune de Côte d’Ivoire, lui a permis d’accéder au rang de
ville-centre disposant d’une sous-préfecture, d’une mairie, d’une brigade
de gendarmerie, d’un commissariat de police, d’un tribunal de première
instance, du cantonnement des eaux et forêts, de l’agriculture, du service de
la construction et de l’urbanisme, de celui des travaux publics, de l’inspection
de l’enseignement primaire, la perception, l’hôpital, la CIE (Compagnie
ivoirienne d’électricité), la CI-télécom, la SIPE (Société ivoirienne de la
poste et de l’épargne (SIPE), la SODECI (Société de distribution d’eau de la
Côte d’Ivoire), la SGBCI (Société Générale de Banques en Côte d’Ivoire)…
L’infrastructure socioculturelle est représentée par un centre culturel, le centre
Jean-Baptiste Mockey qui fonctionne depuis 1980, géré par la mairie et qui
sert de salle de conférences, de réunions et de spectacles. Pour les conférences
de grande envergure, l’amphithéâtre du Centre de formation aux techniques
du pétrole (CFTP), à 2 kilomètres au nord de la ville, est régulièrement utilisé.
Deux structures ont par ailleurs été installées pour encadrer et favoriser
l’insertion sociale de la jeunesse. Il s’agit d’une part, du « carrefour jeunesse »,
sis au centre-ville et qui comporte une section bibliothèque, un centre de
documentation et de recherche qui offre un service de documentation efficace,
une section de jeux et loisirs, avec une salle de projection de films vidéo,
une salle de musique et une salle de jeux, et d’autre part du centre éducatif
professionnel, centre d’accueil et de formation à vocation agro-pastorale
et structure d’insertion socioprofessionnelle à la disposition des jeunes
déscolarisés ou désœuvrés. Dans le domaine du culte, plusieurs confessions
religieuses se sont implantées dans la ville. Cette multiplicité des religions
relève du fait que la part des populations allochtones dans la population de la
ville de Grand-Bassam est très importante. Elle est aussi due à la proximité
du Ghana d’où proviennent certains cultes chrétiens d’origine anglo-saxonne.
Dans le domaine des loisirs, enfin, la ville dispose d’un grand stade, de deux
salles de cinéma, d’une multitude de bars de quartiers et de night-clubs. Tout
214 ceci concourt au développement de Grand-Bassam.
ATOUTS ET CONTRAINTES DE DÉVELOPPEMENT DE GRAND-BASSAM
C’est dans un autre domaine que la ville côtière se heurte à des difficultés,
Photos 7 - «… La
carence de ce service de
ramassage fait qu’un peu
partout apparaissent des
dépôts impressionnants
d’ordures. Ces ordures
se rencontrent parfois
au contact des plages
et des installations
touristiques… », comme
ici derrière
l’hôtel-auberge du
Comte
Photo 8 - «… la
question de l’habitat
spontané demeure
inquiétante, tant il se
développe dans les zones
périphériques et les fonds de
talwegs. Il est constitué de
constructions en matériaux
de fortune ; planches,
morceaux de tôles, etc. »,
comme ici au quartier
Oddos.
Photo 9 - «… L’absence
de caniveaux ne fait
qu’accentuer le problème
d’assainissement, si bien
qu’une partie importante
des eaux usées de nombre
de ménages est souvent
rejetée au voisinage des
habitations et dans les
rues… », comme ici au
quartier Oddos.
La stagnation des eaux pluviales est favorisée par la très faible altitude de la ville
et surtout l’absence de pente pouvant permettre un écoulement. L’absence de
caniveaux ne fait qu’accentuer ce problème, si bien qu’une partie importante
des eaux usées de nombre de ménages est souvent rejetée au voisinage des
habitations et dans les rues (photo 8).
L’état de la voirie représente un autre domaine de désordre urbain permanent.
La voirie principale est représentée par 8 artères et il y a actuellement 21
kilomètres de voies bitumées à Grand-Bassam, y compris la route nationale
qui passe par Moossou sur 4 kilomètres. La voirie secondaire est longue
de 9 kilomètres, ce qui donne au total une longueur de 30 kilomètres pour
l’ensemble de la ville. Cette infrastructure routière est loin d’être satisfaisante,
surtout en qualité. En effet, en dehors de l’axe Abidjan-Aboisso, (route
nationale), les autres voies se trouvent dans un état de délabrement avancé.
Elles sont parsemées de « nids de poules » et réduites, par endroits, à une seule
voie qui engendre des dépassements quasi impossibles des véhicules à cause
de l’érosion des bas-côtés. Dans un autre cas, c’est le revêtement qui disparaît
sous le sable envahissant. Le manque d’infrastructures routières dans les
nouveaux lotissements fait que de nombreux lots attribués n’ont pas été mis
en valeur jusqu’à présent. C’est le cas principalement de toutes les nouvelles
zones d’extension CAFOP 2 et Moossou Ouest.
Enfin, la question de l’habitat spontané demeure inquiétante, tant il se
développe dans les zones périphériques et les fonds de talwegs (photo 9). Il est
constitué de constructions en matériaux de fortune ; planches, morceaux de
tôles, etc. À Grand-Bassam, ce type d’habitat se rencontre à l’extrémité est du
quartier Petit Paris, au bord de la lagune et dans la partie sud dans les cocoteraies
du quartier. Cette forme d’habitat à Grand-Bassam est associée à la présence
d’un fort pourcentage d’allochtones qui avoisine 90 % de la population totale
des quartiers précaires. On y rencontre des immigrés africains, notamment des
Ghanéens et des Burkinabés. Dans un premier temps, cette population qui
exerce des emplois ponctuels ou saisonniers (pêcheurs, ouvriers agricoles ou
à la SCAF) ne peut se permettre la location de logements décents dans les
différents quartiers de la ville. Elle se construit donc des habitations de fortune
dans les zones non loties de la ville.
Conclusion
La ville de Grand-Bassam reste pourtant une ville emblématique du
littoral de Côte d’Ivoire. Son passé en a fait une cité remarquable du point
de vue architectural, artistique et de l’image récréative qu’elle offre à tous.
Reconnue sur le plan international comme l’une des stations balnéaires les plus
renommées d’Afrique de l’Ouest, Grand-Bassam est sans doute en passe de
redevenir la ville-phare du littoral ivoirien. En effet, sa fonction touristique s’est
étoffée d’autres fonctions urbaines, résidentielle, économique, de congrès et
d’événements, développées à l’ombre de la grande métropole d’Abidjan, mais
aujourd’hui apparues au grand jour au point de faire de Grand-Bassam un
218 « quartier » à part de la capitale économique ivoirienne.
ATOUTS ET CONTRAINTES DE DÉVELOPPEMENT DE GRAND-BASSAM
La ville Abouré est aussi sous bien des aspects représentative des villes
Références
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propos de KRAGBÉ V. G, Commissaire général de la zone franche, propos rapportés
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MEMEL F. A., 2006. Dynamisme urbain et gestion foncière à Grand-Bssam, mémoire de
maîtrise de Géographie, Université de Cocody Abidjan, 140 p.
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de Grand-Bassam, plan d’urbanisme directeur, rapport justificatif, janvier 1987, 30 p.
220
LES INONDATIONS À GRAND-BASSAM : UN RISQUE PERMANENT
Parmi les risques naturels qui affectent les côtes ivoiriennes, l’érosion a fait
l’objet de nombreuses études (Quelennec, 1984 ; Anonyme, 1985 ; Tastet et
al., 1985 ; Abé et al., 1993 ; Robin, 1998 ; Robin et Hauhouot, 1999a ; etc.).
S’agissant de l’inondation, elle est évoquée par certains chercheurs (Hauhouot,
2001 ; Robin et al., 2004), sans retenir particulièrement leur attention. Pourtant,
un certain nombre de villes ivoiriennes, en raison de leur site lagunaire ou
littoral (partie sud d’Abidjan, Grand-Bassam, San Pedro, Tabou, Assinie), sont
en permanence menacées par le risque inondation.
Les risques se concentrant de plus en plus dans les villes, les études portent
surtout sur les métropoles à forte croissance des pays en voie de développement
où l’ampleur de l’urbanisation soumet un nombre élevé de populations à des
aléas multiples. Les risques auxquels les villes secondaires sont exposées sont
de ce fait peu connus, alors qu’elles ne sont pas toujours épargnées par les
phénomènes naturels destructeurs. À cet effet, l’exemple de Grand-Bassam
retenu ici est révélateur. 221
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
2
3
4
6
7 é
6 ri
6 Éb
5 ne
6
gu
5
La
Lagu
ne
Oula
dine
3
Océan Atlantique 1
Aussi, dans cet environnement urbain où les pluies sont abondantes (plus
de 1 500 millimètres de précipitations par an), où le relief n’offre pratiquement
pas de possibilités de ruissellement alors que la nappe phréatique est à faible
profondeur et l’assainissement est encore embryonnaire, les inondations y sont
222 fréquentes. Elles ont débuté pendant la période coloniale, aux premières heures
LES INONDATIONS À GRAND-BASSAM : UN RISQUE PERMANENT
IIAO
Moossou
Bégnini
Moossou
Koumassi
Chateau
Cafop é
ri
Éb
Vers Abidjan e
Congo un g
Oddos 2 Phare
La
Oddos 1
Lagun
e
Oulad
ine
Petit Paris
France Résidentiel
France
Océan Atlantique
IIAO
Moossou
Bégnini
Moossou
Koumassi
Chateau
Cafop
é
ri
Éb
Bramakote
Belle Ville
Vers Abidjan Congo
ne
Oddos 2
gu
Phare
Oddos 1
La
Lagu
ne
Oula
dine
Petit Paris
France Résidentiel
France
Océan Atlantique
Abidjan
Taille des caniveaux limite de quartier Grand-Bassam
Moossou
Bégnini
Moossou
Koumassi
Chateau
Cafop é
ri
Éb
Congo
un g
La
Oddos 2 Phare
Lagu Oddos 1
ne
Oula
dine
Petit Paris
France Résidentiel
France
Océan Atlantique
IIAO
Moossou
Bégnini
Moossou
Koumassi
Chateau
Cafop é
ri
Éb
Bramakote
Belle Ville
e
Vers Abidjan
Congo
un
Oddos 2 Phare
g
Oddos 1
La
Lagu
ne
Oula
dine
Petit Paris
France Résidentiel
France
Océan Atlantique
Abidjan
grand caniveau îlot cadastral Grand-Bassam
petit caniveau plan d'eau N
S’agissant des biens matériels, lorsque les populations sont surprises par la
Conclusion
L’inondation représente l’un des risques auxquels les villes du littoral
ivoirien sont le plus exposées. Dans le cas de Grand-Bassam, l’émergence
de ce risque a coïncidé avec l’urbanisation, lorsqu’on s’est rendu compte
que la présence des zones marécageuses s’accommodait difficilement d’une
occupation humaine du site. Malgré cela, pour des raisons économiques, la
ville a été maintenue et a même connu une importante extension spatiale,
facteur d’accroissement de sa vulnérabilité à l’aléa inondation. Celle-ci
a été aggravée par la modification des conditions hydrodynamiques du
fleuve Comoé, liée à l’ouverture du canal de Vridi en 1950, conduisant à
des fermetures répétées de son embouchure et par un réseau de drainage
en inadéquation quasi totale avec les besoins urbains.
Ainsi, les inondations sont devenues un phénomène naturel récurrent
à Grand-Bassam et d’une importance telle que les actions ponctuelles de
solidarité des populations et celles des pouvoirs publics n’ont pas encore
permis de réduire ses conséquences. C’est pourquoi il conviendrait dans
le cadre du vaste programme de gestion intégrée du littoral de considérer,
au même titre que l’érosion côtière, l’inondation comme l’un des risques
potentiellement dangereux. Cela est d’autant plus urgent que dans
le contexte actuel du réchauffement de la planète et d’une perspective
d’élévation globale du niveau de la mer de plus en plus probable, les côtes
ivoiriennes seront de plus en plus confrontées à ce risque. 233
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
Photo 1 - Début
de la grande
canalisation au
quartier Belle Ville.
L’enherbement et la
présence des ordures
empêchent son bon
fonctionnement, en
période de pluie.
Photo 2 - Drain
d’évacuation des
eaux venant de
Gonzagueville
en direction de la
ville de Bassam.
Son débordement
saisonnier
est source
d’inondation.
Photo 3 - Fraternité
Matin du 12 juillet
2005, titrait dans sa
rubrique Régions ;
«Assainissement public
de la ville de Grand-
Bassam : la première
capitale est sous les eaux à
chaque saison des pluies ».
234 Cliché Fraternité matin du 12 juillet 2005
LES INONDATIONS À GRAND-BASSAM : UN RISQUE PERMANENT
ABE J., AFFIAN K., KOFFI K. Ph., 1993. « Contribution à l’étude des caractéristiques
morphologiques de l’unité littorale de Côte d’Ivoire, golfe de Guinée : cas du
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une dérive littorale à l’aide d’une image Spot par transformée de Fourier. Exemple
de Grand-Lahou, République de Côte d’Ivoire », Cahiers Nantais, n° 49, Université
de Nantes, p. 127-138.
ROBIN M., HAUHOUOT C., 1999a. « Le risque urbain généré par une érosion côtière
d’origine partiellement anthropique : le cas de la baie de Port-Bouët, Abidjan, Côte
d’Ivoire », CoastGIS’99, session 10, 11 p.
ROBIN M., HAUHOUOT C., 1999b. « Les risques naturels côtiers en Côte d’Ivoire »,
Cahiers Nantais, n° 51, Université de Nantes, p. 169-183. 235
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
ROBIN M., HAUHOUOT C., AFFIAN K., ANOH P., ALLA D. A., POTTIER P.,
2004. « Les risques côtiers en Côte d’Ivoire », Bulletin Association de Géographes Français,
n° 3, p. 298-314.
TASTET J.P., CAILLON L., SIMON B., 1985. La dynamique sédimentaire littorale devant
Abidjan. Impacts des aménagements, Université Nationale de Côte d’Ivoire-PAA, 39 p.
UNFPA, Abidjan, 2004. État de la population mondiale.
236
ÉCOTOURISME DANS LE PARC NATIONAL DES ÎLES ÉHOTILE (PNIE)
Créé en 1974, le Parc national des îles Éhotilé (PNIE) est un ensemble de six
îles d’une superficie de 550 hectares et d’une riche diversité écologique, situé
sur la lagune Aby dans la partie extrême orientale du littoral ivoirien.
À l’instar des autres aires protégées du pays et en particulier du sud forestier,
le parc est soumis à la pression d’une population en croissance rapide
(3,5 % par an) et d’activités agricoles très consommatrices d’espace. Pour
freiner cette dynamique négative et favoriser une conservation durable de ce
patrimoine naturel, un plan d’aménagement a été réalisé en 1996 et surtout un
projet de gestion communautaire des ressources naturelles autour du parc a
été initié en 2001 par le WWF (Word Wildlife Fund — Fonds mondial pour la
nature) afin d’assurer également le développement économique des populations
riveraines. Les objectifs n’ont pas été entièrement atteints. En dépit de quelques
actions porteuses d’espoir, l’ampleur des besoins socio-économiques des
populations n’a pas favorisé un impact positif du projet sur la protection du
parc. Si bien que les agressions sur le parc persistent. 237
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
Abiaty
Etuéboué
N'galwa Assomlan
Mélékou
île
Assoko -
Monobaha île Niamouin Akounougbé
Etuessika
île Lagune Aby
Balouaté
île Méa M'bratty
île Elouamin île Bosson
Assoun
Assinie
Sagbadou
Océan Atlantique
4 km
localité
ABIDJAN
Gd-Bassam
île du Parc national Éhotilé Assinie
Le contexte
La Côte d’Ivoire a mis en place depuis les années 1960 un vaste réseau d’aires
protégées couvrant près de 6,5 % de son territoire dans le but de conserver un
échantillon représentatif des différents écosystèmes naturels qui constituent
le patrimoine naturel national. Créé par le décret n° 74179 du 25 avril 1974 à
l’initiative des autorités locales, le Parc national des îles Éhotilé est le moins
étendu de tous avec 550 hectares. Situé dans la lagune Aby sur le littoral est
ivoirien, non loin du complexe hôtelier d’Assinie, il représente un patrimoine
238 naturel assez diversifié dans un environnement humain également riche.
ÉCOTOURISME DANS LE PARC NATIONAL DES ÎLES ÉHOTILE (PNIE)
île Niamouin
île
Assoko -
île Monobaha
Balouaté
île Méa
ABIDJAN
Gd-Bassam
N. SAKA, A. KANGAH Assinie
Photo 1 - La
mangrove est la
formation végétale
dominante du PNIE
avec 60 % de sa
surface. Elle s’est
développée sur les
sols hydromorphes
salés des fonds
vaseux peu profonds
soumis à l’action
quotidienne des
marées.
Photo 2 - Sur le
plan floristique, la
mangrove de ces
îles est relativement
pauvre. Sur les
trois espèces
de palétuviers
identifiées dans
le pays, seul le
palétuvier rouge
(Rhizophora racemosa)
y est présent.
Les perspectives
L’expérience WWF a présenté ses limites mais également certains acquis.
Il convient donc de revoir les conditions du développement de l’écotourisme
et des microprojets de développement économique et social. Les nombreuses
potentialités du parc et de ses environs peuvent probablement être mieux
exploitées dans le cadre d’une meilleure stratégie d’aménagement du territoire
et de développement durable ?
Les limites du projet se sont révélées non seulement au niveau des potentialités
touristiques du parc, mais également de la mise en œuvre du projet avec les
populations riveraines. Le parc n’est pas encore suffisamment riche au plan
de la diversité floristique et faunistique pour soutenir un écotourisme rentable
pour l’État comme pour les populations locales. Il a besoin d’être enrichi par
des apports extérieurs et doit constituer un ensemble continu intégrant une
partie du plan d’eau lagunaire à l’intérieur de laquelle les espèces halieutiques
devront être protégées. Les communautés riveraines ne sont pas suffisamment
impliquées dans le projet qui non seulement est peu connu des habitants, mais
surtout n’intègre pas la majorité des actifs dans les activités de développement
socio-économique. Par ailleurs, les deux principales communautés riveraines,
Éhotilé et Essouma, restent opposées dans un conflit d’appropriation du parc 245
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
qui gène l’adhésion de tous. Les acquis sont divers. Outre les potentialités
réelles, diversité biologique, richesse culturelle et artistique de l’environnement
humain, un certain nombre de structures comme les EVASS et les AVIGREN
ont été déjà créées et peuvent être améliorées pour la sauvegarde du parc et
le développement durable. Les populations interrogées voient d’un bon œil la
mise en place du projet WWF et espèrent beaucoup des perspectives d’emplois
miroitées à l’occasion des projets d’aménagement du parc et du développement
touristique. Les leaders des micros-projets dans les 11 villages bénéficiaires
souhaitent le renforcement des actions de suivi et de formation des acteurs
pour favoriser leur appropriation. La FADA, fédération des AVIGREN du
département, a permis d’harmoniser les actions de chaque association et de
recenser les difficultés pour les porter aux promoteurs du projet. Les villageois
espèrent beaucoup aussi de cette autre voie de développement proposée, car il
garde un bon souvenir des périodes fastes du tourisme à Assinie dans les années
1980, leur permettant alors de vendre à des prix avantageux auprès des hôtels
certaines productions locales. Les différents groupes sociaux ont aussi salué
l’avènement du projet qui a permis de renouer le dialogue entre les Éhotilé et
les Essouma au sujet du parc, les jeunes Éhotilé et Essouma menant de pair
des patrouilles de surveillance nocturne et des campagnes de sensibilisation
dans les villages riverains du parc. Enfin, des travaux d’aménagement ont été
effectués dans le cadre d’un projet pour rendre le parc plus opérationnel : trois
débarcadères construits (île Balouaté et île Assoko-Monobaha), réaménagement
du sentier botanique du sud de l’île Assoko-Monobaha, supports publicitaires
autour du parc pour le faire connaître au grand public. Il faut enfin souligner
que le complexe hôtelier d’Assinie, un des hauts lieux du tourisme balnéaire,
constitue aussi un acquis à proximité du parc.
Avec les perspectives d’érection du parc en site RAMSAR (1971, Convention
pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de
leurs ressources), et la recherche d’un développement et d’un écotourisme
durables, s’impose donc aujourd’hui, pour la région et pour le parc, un
plan d’aménagement du territoire et de développement durable. Il s’agit de
parvenir avec l’écotourisme à une meilleure occupation de l’espace, à une
exploitation durable des ressources naturelles et de toutes les potentialités
du parc et des environs. Selon un rapport commun de l’OMT (Organisation
mondiale du tourisme), et du PNUE (Programme des Nations Unies pour
l’environnement) de 2001 relatif à l’aménagement des parcs nationaux et des
zones protégées par le tourisme, l’écotourisme par ses caractéristiques propres
est non seulement un facteur important de développement économique
mais aussi un instrument de conservation du milieu naturel lorsqu’il est
correctement planifié, développé et géré.
En Côte d’Ivoire, l’aménagement et la valorisation des parcs nationaux et des
réserves par le tourisme et notamment par l’écotourisme est un axe prioritaire
du plan national environnemental et du programme-cadre de gestion des aires
protégées pour le financement des programmes de conservations des PNR et
246 l’amélioration des conditions de vie des populations rurales riveraines.
ÉCOTOURISME DANS LE PARC NATIONAL DES ÎLES ÉHOTILE (PNIE)
Le parc national des îles Éhotilé avec ses atouts naturels, historiques et
Conclusion
La protection et la conservation de l’intégrité physique de l’écosystème du Parc
national des îles Éhotilé présentent des enjeux économiques, sociaux, culturels
et environnementaux. En effet, si l’État et les administrateurs du parc visent
la préservation des ressources naturelles et la sauvegarde de l’environnement,
les communautés locales riveraines cherchent avant tout à satisfaire leurs
besoins essentiels notamment alimentaires, énergétiques et d’habitat. Face à la
dégradation continue du parc sous l’effet des actions anthropiques qui détruisent
les habitats naturels, appauvrissent la biodiversité, la politique nationale de
gestion de ces patrimoines et son bilan posent le problème des perspectives
de préservation et de mise en valeur des patrimoines naturels dans une vision
globale d’aménagement du territoire et de développement durable. En effet,
au-delà même du PNIE, c’est le problème de l’intégration des politiques de
développement durable, de conservation et de valorisation des aires protégées
que l’État devra promouvoir pour réussir à concilier le développement socio-
économique des populations riveraines et les contraintes de sauvegarde des
ressources naturelles des aires protégées.
Références
ABLA E. K., 2001. Apport de la télédétection satellitaire à la gestion intégrée du littoral :
cartographie de l’occupation du sol des îles Éhotilé (Lagune Aby – Côte d’Ivoire), mémoire de
DEA de Géographie, Université de Cocody Abidjan, 76 p.
AKE, A., 2002. Flore de Côte d’Ivoire ; catalogue systématique, biogéographie et écologique, tome
II, Boissiera 58, Conservatoire et jardin botanique de Genève, Suisse, 410 p.
ASSAHOU A., BAKAYOKO I., ESSIEN K. R., KALÉ G., SACCA S. B., 1983. Avant
projet d’aménagement intégré du parc national des îles Éhotilé, mémoire de fin d’études de
l’IAB-Institut agricole de Bouaké, 92 p.
BONNY K. E., 1989. Monographie des parcs nationaux et réserves analogues de Côte d’Ivoire,
doctorat de 3 ième cycle, Université de Montpellier III, 314 p,
CAPINE, 2003. Quinzaine de l’environnement : description du circuit de la visite de terrain du
PNIE, Abidjan, 21p. 247
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
248
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
Rupture / déséquilibre
Ressources littorales
Besoin de
régulation
Cœur du
GIZC
Rétroactions négatives
système
Rétroactions positives
Actions économiques
Niveau observé et environnementales
atteint des décideurs et opérateurs
locaux
P. POTTIER, A. KANGAH
Développement durable
But recherché des régions littorales Équilibre
de Côte d'Ivoire
252
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
Pour atteindre les buts ainsi déclarés, cinq pays d’Afrique centrale et
d’Afrique de l’Ouest, le Cameroun, le Nigeria, le Bénin, la Côte d’Ivoire,
et le Ghana, auxquels s’est joint plus tard le Togo qui partagent les eaux
internationales et les ressources vivantes qui s’y trouvent, ont accepté
en 1992 d’initier un projet régional intitulé « Lutte contre la pollution de
l’eau et préservation de la biodiversité dans le grand écosystème marin du golfe de
Guinée « (Adam, 1998).
L’objectif du projet est de développer une approche régionale effective
pour résoudre les problèmes communs (transfrontaliers) de la pollution
de l’eau et de la dégradation critique des habitats, incluant la perte de
diversité biologique. La démarche adoptée est celle de la planification
stratégique à trois étapes dans la mise en œuvre d’une GIZC. L’évaluation
de la dégradation de la zone côtière effectuée par des intervenants internes
et externes soutenus par des ONG locales, et la stratégie et les opérations
menées par les institutions nationales impliquées dans la GIZC, devront à
terme aboutir à une amélioration de l’environnement.
À la première réunion du groupe de travail en août 1995, il a été reconnu
que l’approche de la gestion intégrée des aires côtières mettant l’accent sur une
participation intersectorielle et multidisciplinaire était la voie la plus rationnelle
pour atteindre les objectifs du projet. Conformément à l’approche régionale,
l’accent est mis sur l’élaboration d’un ensemble de politiques et de stratégies
régionales communes comme un cadre conceptuel d’où les plans nationaux de
gestion intégrée des aires côtières pourront puiser leur inspiration.
Le Plan national d’action environnemental (PNAE)
La CNUED a attiré l’attention sur le renforcement des compétences et
permis par la suite l’élaboration de l’Agenda 21 national dans chaque pays. Elle
a mobilisé des équipes pluridisciplinaires, surtout dans les zones côtières où
une telle approche est essentielle pour comprendre la nature des problèmes de
développement côtier et le choix à faire pour les mesures de gestion.
Sur recommandation et financement extérieur, le ministère ivoirien de
l’environnement a rédigé et adopté en 1994 le PNAE. Il vise surtout à faire le
diagnostic global des principales interventions en matière de développement et
d’aménagement y compris dans la zone côtière pour en évaluer la pertinence au
regard de la situation économique de crise persistante que vit le pays. Ce plan
essaie de relever les perspectives de développement du secteur marin et côtier
qui représente une contribution importante à l’économie du pays et une source
non moins importante de revenus pour de nombreuses populations. La mise
en œuvre des textes permettra d’aborder un nombre important d’éléments très
variés de l’environnement.
Le PNAE a porté un intérêt particulier au littoral à travers quatre de ses
dix programmes-cadres. Ceux-ci concernent la biodiversité sur certains sites
particuliers (forêts côtières, parc national d’Azagny, parc des îles Éhotilé, golfe
de Guinée), la gestion des espaces littoraux (cartographie, écosystème lagunaire,
254 veille écologique, protection contre l’érosion littorale, lutte contre la destruction
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
gestion des pollutions et nuisances de toutes les formes engendrées par les
installations classées. En d’autres termes, le SIIC assure la prévention et la lutte
contre les pollutions (air, eau et sol) générées par les activités économiques.
Le BEIE est un service à la disposition de l’État chargé de mener les études
d’impacts environnementaux dans le cadre de l’implantation de nouvelles
activités économiques. Il s’occupe plus largement de tous les projets de
développement au regard de leurs impacts environnementaux.
Le CIAPOL est un établissement public à caractère administratif créé par le
décret n° 91-662 du 9 octobre 1991. Il est composé de vingt militaires marins et
de trente techniciens formés en chimie organique et alimentaire. Les militaires
assurent la sécurité des agents lors des sorties en lagune et en mer alors que les
techniciens effectuent les prélèvements pour des analyses en laboratoire.
Le CRO est un Établissement public national (ÉPN) à caractère administratif
créé en 1991 par le décret n° 91-646 du 9 octobre 1991. Ses recherches ont
pu s’organiser de façon coordonnée, en fonction des grandes options prises
par le gouvernement ivoirien dans ses plans quinquennaux successifs. La
recherche s’est trouvée réellement mise au service du développement. Il a
pour missions d’effectuer les travaux nécessaires d’une part à la connaissance
de l’environnement aquatique en vue de sa préservation et sa protection, et
d’autre part, à la mise en œuvre d’une exploitation et d’une gestion rationnelle
des ressources aquatiques.
Le LANEMA a été érigé en ÉPIC en octobre 1991 par le décret n° 91-648
du 9 octobre 1991. La volonté affichée par l’État est de faire du LANEMA un
instrument de soutien au programme national de développement industriel et
d’amélioration de la qualité des produits, d’assistance et de conseil auprès des
pouvoirs publics, de soutien à la protection des consommateurs et de formation
et d’expertise au service des opérateurs économiques.
Ainsi, depuis 1980, le pouvoir politique a créé un ministère en charge
de l’environnement pour élaborer une véritable politique de gestion des
pollutions et des risques côtiers (Robin et Hauhouot, 1999). Ce dispositif qui
constitue en quelque sorte le sommet de la prise de décision, est complété
par des établissements publics, mais également par des structures privées qui
représentent une autre composante essentielle du système de gestion.
À ces structures étatiques, on pourrait ajouter d’une part les universités de
Cocody et d’Abobo-Adjamé à travers leurs laboratoires d’analyse des données
sur l’environnement, et d’autre part, le Centre national de télédétection et
d’information géographique (CNTIG) et le Centre de cartographie et de
télédétection du Bureau national d’études techniques et de développement (CCT/
BNETD) pour la cartographie et les systèmes d’informations géographiques.
Les autres acteurs intervenant dans la gestion des risques en Côte d’Ivoire
Les collectivités territoriales ou communales, la Société de distribution d’eau
en Côte d’Ivoire (SODECI), la société civile et les partenaires au développement
sont les autres acteurs qui interviennent dans le sens de la préservation des
256 aménagements sur le littoral par le contrôle sur les risques environnementaux.
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
258 1
Estimations IGT, voir page 66
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
Sitour et Valtour) et sur la côte ouest de multiples villages vacances (baie des Sirènes),
des auberges (Dagbego) et des réceptifs hôteliers (Monogaga), des restaurants aux
sites paradisiaques (voir chapitre 7). L’activité touristique avait connu une croissance
exceptionnelle jusqu’en 1999, avec des taux d’accroissement annuel de l’ordre
de 20 %, mais depuis cette date, les problèmes sociopolitiques en Côte d’Ivoire
ont provoqué une baisse significative supérieure à 50 % des arrivées (Ministère de
l’Environnement, 2003). Le tourisme n’en demeure pas moins une activité essentielle
du littoral ivoirien. Tout d’abord parce que les loisirs de proximité au départ de
l’agglomération d’Abidjan constituent toujours un potentiel important de pérennité
de fonctionnement pour ces installations touristiques, mais aussi parce la perspective
d’embellie politique représente un réel espoir pour l’avenir. Le potentiel d’attractivité
du littoral ivoirien est en effet d’un niveau international reconnu et il semble donc
que seul le contexte politique actuel en constitue un frein évident en terme de
développement. La fréquentation des plages a donné naissance à un commerce
florissant le long des différentes voies longeant l’océan. On y trouve invariablement
des motels, des maquis (restaurants africains), les marchands d’objets d’arts... qui se
disputent l’espace avec les cocoteraies ou quelques lambeaux de forêts dégradées.
L’espace littoral ivoirien est également le lieu d’extraction de ressources
naturelles diverses. Outre l’exploitation du bois, qui constitue par le charbon
de bois et le bois de chauffe une source d’énergie vitale dont une grande partie
est absorbée par l’agglomération d’Abidjan, celle du sable occupe une place
importante avec plus d’une trentaine d’exploitants. Mais surtout, la Côte d’Ivoire
est aujourd’hui entrée de plain-pied dans l’ère de la production pétrolière. Selon le
ministère de l’Économie et des Finances (2007), sur les 28 blocs identifiés, 23 ont
déjà été attribués à différents opérateurs. À ce jour, environ 65 % de l’électricité
du pays provient de la cogénération du gaz naturel quand le pétrole ivoirien est
presque totalement exporté en raison de sa très bonne qualité, proche du brent
des pays nordiques européens. La Société ivoirienne de raffinage (SIR), qui traite
actuellement 80 000 barils de pétrole par jour, voit ses résultats s’améliorer d’année
en année. Les ventes de pétrole brut et de produits pétroliers ont rapporté près
de 1 060 milliards de FCFA en 2005. Ces ventes dépassent les exportations de café
et de cacao, tombées à 841 milliards de FCFA, soit 21,3 % du total du commerce
extérieur, contre 26 % il y a 2 ans. Au total, les ventes pétrolières représentent à
présent pour la Côte d’Ivoire 28 % de ses exportations, contre 18,5 % en 2004.
Les conflits
Ces différents usages qui se concentrent sur le littoral sont certes source
d’emplois et de revenus, mais ils sont aussi bien souvent en compétition
pour le sol qui représente leur espace d’implantation et de fonctionnement.
Leur concentration sur un même territoire, tout comme leur développement
anarchique et non maîtrisé, peut donc générer des conflits d’usage et provoquer
des dysfonctionnements et des dégradations susceptibles de compromettre à
leur tour les emplois, les revenus et le legs aux générations futures des ressources
qui ont pourtant contribué à la richesse de ce littoral ivoirien.
Parmi ces conflits qui semblent croissants dans toute la zone littorale
260 ivoirienne, ceux entre la ville et le port sont permanents. Le domaine portuaire
LA PROBLÉMATIQUE DE LA GIZC EN CÔTE D’IVOIRE
est devenu un nœud de lutte pour la conquête de l’espace utile avec la ville.
rituelles étrangères aux populations autochtones, dans des mauvaises pratiques de pêche,
dans la destruction du matériel de pêche, dans la compétition à la ressource sur des zones de
pêche restreintes » (Koffié-Bikpo, 2001). Plus grave sans doute, c’est sur le plan
d’eau maritime que se joue une concurrence aux conséquences autrement plus
préoccupantes. Certains chalutiers de la pêche industrielle pratiquent leur activité
dans des zones réservées à la pêche traditionnelle (bande des 2 milles). Plus au large,
les eaux de la Zone économique exclusive (ZEE) sont abusivement exploitées par
des bateaux pirates d’origine étrangère qui pillent près de 40 % des ressources
Figure 2 - Matrice des interactions entre les activités/les aléas naturels et leurs effets
sur les ressources du littoral en Côte d’Ivoire
financement et organisationnel)
Activités
Submersion / inondation
anthropiques
institutionnel (y compris
Pêche et aquaculture
et aléas
naturels
Carence du cadre
Port et transport
Urbanisation
Agriculture
Déséquilibres Tourisme
Industrie
Érosion
des principales
ressources du littoral
Rareté de la terre
dégradation du sol
Pollution de l'air
(y compris sonore)
des reculs importants, surtout dans sa partie sableuse. Dans les secteurs
Le pays s’est doté par ailleurs d’un cadre réglementaire régulièrement amendé
l’amélioration des milieux qui constituent l’attrait des visiteurs. L’État ivoirien a
Conclusion
Le littoral ivoirien apparaît comme un espace menacé. Seules des actions
dynamiques permettront de conserver ce patrimoine fragile aux prises avec des
pressions de plus en plus fortes en terme d’occupation humaine. L’écologie
et l’économie devraient mener ici un même combat, celui d’un équilibre
précaire en constante évaluation, en constante discussion, toujours au service
des populations locales ; car il ne revient pas seulement aux pouvoirs publics
de concevoir une stratégie, mais aussi aux pouvoirs locaux, aux opérateurs
économiques et aux populations qui aspirent à y faire vivre et prospérer encore
longtemps leurs propres enfants et petits-enfants.
Cette quête nécessite des moyens et des méthodes, autant qu’une réelle
volonté d’envisager l’avenir dans un cadre défini et maîtrisé. La connaissance
des processus d’évolution actuellement en jeu, comme l’éclairage des
problématiques complexes qui ne peuvent s’exprimer sans une prise en compte
intégrée des interactions sectorielles, sont autant de conditions pour avancer
sur le chemin d’une gestion durable du littoral de Côte d’Ivoire.
L’ambition n’est pas spécifique à ce pays, mais simplement contrainte par des
circonstances qui n’en facilitent pas aujourd’hui la mise en œuvre.
Références
ADAM S. K., 1998. « Vers une gestion intégrée de la zone côtière du golfe de Guinée », Projet
grand écosystème marin du golfe de Guinée, Onudi, Éditions du Flamboyant, Cotonou, 88 p.
ANOH K. P., 2007. Pêche, aquaculture et développement en Côte d’Ivoire, thèse de Géographie,
université de Nantes, 334 p.
ASSI KAUDJHIS J.-P., 2006. «Les enjeux de l’aquaculture subsaharienne au XXIe siècle.
Réflexions applicables à la durabilité du développement rural en Côte d’Ivoire »,
CHAUSSADE J. et GUILLAUME J., actes du colloque Pêche et aquaculture : pour une
exploitation durable des ressources de la mer et du littoral, Presses Universitaires de Rennes, 273
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
274
L’AVENIR DU LITTORAL IVOIRIEN : UNE APPROCHE PAR LA PROSPECTIVE TERRITORIALE
Boundiali
Odiénné Korhogo Ferkéssédougou
Bouna
GUINÉE
Katiola
Touba Dabakala
Séguéla Mankono
Bondoukou
La « méridionalisation » du peuplement
Il faut entendre par « méridionalisation » une tendance lourde à l’accumulation
des hommes et des activités au sud du pays. C’est un germe de changement
important dans l’évolution des structures spatiales en Côte d’Ivoire dont les
premiers signaux forts se situent au cours de la période 1960-1970 pendant
laquelle les actions volontaristes de l’État sont venues renforcer les orientations
imprimées par le modèle colonial dans la mise en valeur du pays. Les activités
agro-exportatrices ont été privilégiées par le nouvel État indépendant et centrées
sur le domaine forestier du pays (secteurs ombrophile et mésophile).
Il ne faut pas y voir un déterminisme du milieu naturel, mais plutôt les
conséquences d’options stratégiques à un moment donné de l’histoire
économique du pays. Ces options peuvent donc être revues à d’autres moments
dans l’évolution de la Côte d’Ivoire vers l’infini du futur. Certains enjeux
du futur gravitent autour de cette tendance lourde qui a fourni du reste des
arguments à la fracture politique actuelle du pays, mais c’est un problème qui
ne retient pas notre attention dans cette contribution.
Une démographie ivoirienne galopante
Le recensement national de 1998 indiquait une population de 15,4 millions
d’habitants en Côte d’Ivoire. Le recoupement des données statistiques
antérieures met en évidence une démographie galopante depuis plus de 70 ans
qui se maintiendra encore dans le long terme (tableau 1). Cette forte croissance
démographique demeure un invariant qui va donc influencer lourdement la
physionomie des paysages humains du futur. 279
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
Zone forestière
Superficie (km2) --- --- 150 798 (46,8 %)
Population totale 1 531 000 3 706 678 8 007 823
Population totale (% de la Nation) 49 % 55 % 74 %
Densité minimale 1,9 7 11,1
Densité maximale 40,5 98 274
Densité moyenne zone 12,6 32,5 45,8
Densité moyenne nationale 9,6 21 33,5
Zone contact forêt savanne
Superficie (km2) --- --- 59 590 (18,4 %)
Population totale 864 000 2 132 710 1 795 595
Population totale (% de la Nation) 28 % 32 % 16,6 %
Densité minimale 4,3 6 8,2
Densité maximale 26,7 34 94,5
Densité moyenne zone 15 21 31,8
Densité moyenne nationale 9,6 21 33,5
Zone de savanne
Superficie (km2) --- --- 112 301 (34,8 %)
Pop totale 693 000 863 378 1 413 275
Population totale (% de la Nation) 23 % 13 % 9,4 %
Densité minimale 2,5 4 6
Densité maximale 15,5 22 31
Densité moyenne zone 7,0 9,5 14,8
Densité moyenne nationale 9,6 21 33,5
Source : Côte d’Ivoire 2025, rétrospective démographique, 1995
Tableau 3 - Population ivoirienne selon le milieu d’habitat entre 1965 et 1998 (en %)
GUINÉE Korhogo
Bouaké
Man
GHANA
Daloa Yamoussoukro
Gagnoa Divo
LIBERIA
Korhogo
GUINÉE
Gagnoa
300 000
Divo
3 000
LIBERIA
Korhogo
GUINÉE
Bouaké
Man
GHANA
Yamoussoukro
Daloa
Gagnoa Divo
A. KOBY, A. KANGAH
LIBERIA
San Pedro
Abidjan :
Océan Atlantique
282 2 993 440 habitants
L’AVENIR DU LITTORAL IVOIRIEN : UNE APPROCHE PAR LA PROSPECTIVE TERRITORIALE
MALI
Tingréla
BURKINA FASO
Boundiali
Odiénné Korhogo Ferkéssédougou
Bouna
GUINÉE
Katiola
Touba Dabakala
Séguéla Mankono
Bondoukou
Océan Atlantique
Tableau 5 - Taux d’accroissement des villes les plus importantes hors Abidjan
Tableau 6 - Les villes du littoral dans l’évolution du processus d’urbanisation de 1975 à 1998
cathédrale à ciel ouvert. Et sans que le législateur ait à se prononcer sur le statut de
la rue, les habitudes qui en font un marché, un centre culturel et un lieu de culte sont
devenues des prescriptions ».
Tableau 7 - Structure des emplois par secteur institutionnel et d’activité dans trois villes
de l’Afrique de l’Ouest.
Source : Dial, INS, cité par Débats, Courrier d’Afrique de l’Ouest, Villes d’Afrique : nouvelle société !
n°36-37, octobre 2006,
Aujourd’hui, la rue est aussi devenue une poubelle en plein air avec
ses puanteurs. Dans cet espace de liberté et cette « porte ouverte à la
délinquance » et au désordre, voire à l’anarchie, les problèmes de la cité
n’interpellent pas seulement le responsable politique et communal, mais
aussi la recherche géographique. Ces problèmes s’accumulent à un rythme
accéléré et sont de plus en plus difficiles à résoudre avec leurs conséquences
multiformes : extension de la confusion à tous les quartiers ; saccage de
l’environnement et risques considérables pour les populations ; dégradation
de l’esthétique paysagère et de la qualité de vie. Les solutions apportées face
à ces difficultés sont le plus souvent des réponses d’urgence, partielles et
temporaires, qui déplacent les problèmes sans les résoudre. Comment sortir
d’un tel désordre car « Quand il est urgent, c’est déjà trop tard » (Talleyrand).
Un observatoire du désordre pour le management des organisations spatiales.
Il n’existe pas d’informations géographiques en Côte d’Ivoire regroupées
systématiquement par rapport à un cadre logique et pouvant permettre
d’analyser, interpréter et lutter contre le désordre. De telles observations
peuvent être élargies à l’ensemble des processus (exploitation de ce qui reste
encore des massifs forestiers, utilisation des plans d’eau lagunaire et des rivages
marins, etc.) qui structurent un nouvel espace géographique extrêmement
292 dynamique sur la frange littorale ivoirienne.
L’AVENIR DU LITTORAL IVOIRIEN : UNE APPROCHE PAR LA PROSPECTIVE TERRITORIALE
Conclusion
Au commencement, dans la vie des grandes nations et leurs relations avec
leur environnement immédiat et le monde, il y a eu des ports célèbres à travers
l’histoire universelle. Les littoraux maritime et lagunaire, dons de la nature et
des vicissitudes de la colonisation à la Côte d’Ivoire, ont été, avec l’agriculture,
les socles sur lesquels la Côte d’Ivoire s’est bâtie une puissance économique
régionale relative avant son effondrement actuel. La valorisation de ces atouts
naturels a déclenché un processus de croissance économique qui a fortement
orienté la dynamique du peuplement et la structuration des espaces régionaux à
partir de deux ports : Abidjan et San Pedro. La Côte d’Ivoire, c’est l’agriculture,
mais l’une des forces motrices de cette agriculture a toujours été et demeure
l’économie portuaire autour d’Abidjan et de San Pedro.
L’épuisement des massifs forestiers arrête définitivement la marche des fronts
pionniers qui ont déstabilisé, remanié et recomposé les paysages humains de
la Côte d’Ivoire forestière sous l’impulsion de la production du café-cacao. Au
terme de ce premier parcours, la question reste posée de savoir, à l’aube du
troisième millénaire, ce que seront l’économie et la société ivoiriennes dans
la mouvance d’une économie mondiale où les villes portuaires continuent
de peser sur le devenir des États et de l’humanité toute entière. Comment
promouvoir un développement durable dans les espaces qui sont encore sous 293
RISQUES CÔTIERS ET GESTION INTÉGRÉE DES TERRITOIRES LITTORAUX
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L’AVENIR DU LITTORAL IVOIRIEN : UNE APPROCHE PAR LA PROSPECTIVE TERRITORIALE
295
.
Conclusion
297
.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Conclusion générale
À l’issue de ce voyage engagé sur ces longues plages de sable, dans ces pirogues
fendant le miroir lagunaire ou sur ces routes parfois encombrées des retours
vers les lumières d’Abidjan, quelle image aurait un jeune ivoirien de ce territoire
littoral qui lui est aujourd’hui remis par ses aînés ? Celui des cartes postales et
des moments suaves passés au maquis du bord de mer, à l’ombre d’un cocotier
ou dans l’écume d’une baignade tant attendue ? Celui de ce développement
tentaculaire d’une métropole omniprésente où se côtoient la richesse et la
pauvreté, l’expansion économique rythmée par les va-et-vient des grands
navires de la mondialisation et les charrettes à bras d’une répurgation bien
artisanale ? Ou alors, celui de ces espaces de nature, préservés pour certains car
encore isolés comme aux jours anciens de la Côte des dents, et, pour d’autres,
déjà souillés des surplus d’un développement sans grande maîtrise ?
Peut-être ce jeune ivoirien serait-il aussi étonné comme nous le sommes à
la lecture des pages qui précèdent, par cet écart souligné de façon continue et
parfois appuyée entre, d’un côté, la grande richesse du littoral de Côte d’Ivoire,
et, de l’autre, son gaspillage, son sacrifice au profit d’un bénéfice immédiat et
sans projection réelle vers l’avenir.
Les évolutions les plus récentes laissent en effet l’impression d’un important
capital de départ qui serait ainsi dilapidé. Ce capital de départ est collectif et
représente une réelle opportunité de développement, autant au service de
l’homme, de son bien être et de ses conditions de vie, qu’économique pour
un pays aux espoirs de croissance encore forts. Ce capital est constitué d’un
certain nombre de ressources remarquables, naturelles et humaines : des espaces
disponibles en étendue (près de 25 000 km², 570 kilomètres de côtes, 1 500 de
rivages lagunaires) ; de l’eau en abondance (pluviométrie exceptionnelle proche
de 2 000 mm/an, vastes bassins versants dont trois de plus de 70 000 km²,
1 200 km² de lagunes littorales…) ; des milieux naturels marins, lagunaires et
terrestres de qualité et d’une grande diversité biologique, faunistique (dont des 299
GÉOGRAPHIE DU LITTORAL DE CÔTE D’IVOIRE
Les savoir-faire ne manquent pas en Côte d’Ivoire pour engager ces actions, les
nombreuses contributions de cet ouvrage en sont une nouvelle démonstration.
Mais il faut pour cela une volonté politique et un engagement de tous les
niveaux de la société ivoirienne. Nous aurions alors plaisir, à notre tour, une
fois l’âge avancé, à nous faire guider par nos enfants sur ce littoral et nous
entendre dire que la voie de son développement maîtrisé est à présent bien
ouverte. Cette voie qui protège pour mieux préserver, qui projette et anticipe
pour mieux construire, et qui, finalement, aura permis de développer dans
un souci d’équilibre entre la nature, l’homme et son bien-être, un territoire
d’exception devenu vitrine de la Côte d’Ivoire.
Patrick POTTIER
LETG (UMR 6554 CNRS), laboratoire Géolittomer, Institut de Géographie et
d’Aménagement Régional de l’Université de Nantes (France)
Kouassi Paul ANOH
Institut de Géographie Tropicale, Université de Cocody Abidjan
(Côte d’Ivoire)
302
TABLE DES SIGLES
306
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318
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
A. S. HAUHOUOT & J.-P. CORLAY …………………………………… 11
Introduction
K. P. ANOH & P. POTTIER …………………………………………… 15
Première partie
Usages et interactions nature/société dans la bande côtière
Introduction ………………….………………………………………… 21
Deuxième partie
Risques côtiers et gestion intégrée des territoires littoraux
Conclusion générale
P. POTTIER & K. P. ANOH ………………………………………… 299
Octobre 2008
Dépôt Légal
ISBN 2-916134-05-0