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Article original
Résumé
Les techniques de greffes osseuses sont maintenant couramment mises en œuvre par les praticiens tant en chirurgie orale qu’orthopédique.
L’objectif général est de promouvoir une régénération osseuse. Sans remettre en cause l’efficacité incontestable des autogreffes, cette tech-
nique présente des inconvénients majeurs comme les douleurs résiduelles, la morbidité, les complications diverses. Il faut de plus considérer
que les quantités disponibles sur le site donneur sont limitées et parfois de qualité insuffisante pour une application chirurgicale spécifique.
Les progrès de la chimie et du génie des procédés, des biotechnologies, ont permis de proposer une alternative à l’utilisation des greffes
osseuses naturelles. De très nombreuses céramiques en phosphate de calcium, destinées à remplacer les allogreffes, les autogreffes, et les
xénogreffes, sont mises à disposition des chirurgiens depuis plusieurs années. Si l’efficacité de ces céramiques est de plus en plus démontrée
par les résultats cliniques qui sont présentés par des équipes chirurgicales dans le monde entier, il existe pourtant des différences importantes
dans la cinétique de résorption et de reconstruction osseuse aux dépens du substitut osseux. Si ces différences de performance et d’efficacité
peuvent être liées au site opératoire, au patient, à la technique chirurgicale, elles sont cependant essentiellement liées aux caractéristiques
chimiques (hydroxyapatite HA, phosphate tricalcique TCP, biphasé mélange HA/TCP) et structurales (micropores, macropores, surface spé-
cifique des cristaux constitutifs de la céramique). Depuis les trois dernières décennies, de nombreuses d’études précliniques et cliniques
décrivent l’incidence de ces caractéristiques sur la cinétique de résorption du substitut osseux et de la reconstruction osseuse aux dépens du
biomatériau (quantité et architecture osseuse), et pourtant le chirurgien utilisateur n’est pas suffisamment informé ou conscient de ces diffé-
rences fondamentales entre les diverses fabrications de biocéramiques en phosphate de calcium misent à leur disposition, qui conditionnent la
réussite opératoire. Seule la maîtrise des procédés de fabrication, la maîtrise des propriétés structurales et pas seulement la nature chimique,
garantie une reproductibilité des résultats biologiques, et répondre aux besoins chirurgicaux qui sont :
• l’efficacité : biocompatibilité, pas de réaction à corps étranger, remplacer les greffes osseuses ;
• la performance : résorption et substitution osseuse, pour être plus efficace que les allogreffes morcelées et aussi, sinon plus efficace (grâce
à l’ingénierie tissulaire) que l’autogreffe.
© 2005 Publié par Elsevier SAS.
Abstract
Although bone tissue possesses the capacity for regenerative growth, the bone repair process is impaired in many clinical and pathological
situations. For example massive bone loss caused by trauma and tumor resection as well as deformities require reconstructive surgery. In this
context, there was a critical need to develop implant technologies to promote bone healing. Cortical and cancellous bone grafts are the
Abréviations : BCP, Phosphate de calcium biphasique ; CaP, Phosphate de calcium ; HA, Hydroxyapatite ; TCP, Phosphate tricalcique.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : guy.daculsi@univ-nantes.fr (G. Daculsi).
materials of choice for bone filling or reconstruction, but their clinical use involves some difficulties. Septic complications, viral transmission
and unavailability of native bone have therefore led to the development of synthetic bone substitutes. Allograft bone, or tissue harvested from
a cadaver, while more readily available, may carry with it the risk of disease transmission and is also difficult to shape [1–3]. A significant
additional limitation of allograft bone is the delayed remodeling by the host. In the case of very large defects, the allograft may remain in the
implant site throughout the patient’s life, creating an area more prone to fracture or infection. The development of calcium phosphate ceramics
and other related biomaterials for bone graft involved a better control of the process of biomaterials resorption and bone substitution. Synthetic
bone graft materials available as alternatives to autogeneous bone for repair, substitution or augmentation, in particular synthetic biomaterials
include, special glass ceramics described as bioactive glasses; calcium phosphates (calcium hydroxyapatite, HA; tricalcium phosphate, TCP;
and biphasic calcium phosphate, BCP). These materials differ in composition and physical properties from each other and from bone; and
must be take in consideration for more efficient bone ingrowth at the expense of the biomaterials and to adapt to new development of dedicated
biomaterials. In the last decade synthetic calcium phosphate materials, principally calcium hydroxyapatite (HA) ceramics, was commercially
used. However the concept of bioactivity (release of ions of biological interest) well described for glass ceramic was not particularly take in
account for HA and other related biomaterials(ACP Amorphous Calcium Phosphate, CdA Calcium Phosphate deficient Apatite). HA until
recently was considered to be non able to be resorbed. Calcium phosphate biomaterials differ in their solubility or extent of dissolution: ACP >
> a-TCP > > b-TCP > CdA > > ACP. These ceramics are osteoconductive (act as a support for new bone formation requiring the presence of
porosity) and able to be resorbed (degradable through chemical and cellular processes). They are also biocompatible (do not induce adverse
local tissue reaction, immunogenicity or systematically toxicity); and more recently, some papers report osteoinductive properties associated
to the chemical nature (biphasic Ca P) and the microstruture. Past decade, these bioceramics have been marketed and approved for use in
humans as bone substitutes. Various presentations are currently used in orthopaedic and maxillo-facial surgery such as wedges, blocks or
granules. Owing to their bone substitution properties, CaP ceramics have naturally been considered as a potential matrix for tissue engineering
and the development of a bioactive drug delivery system (DDS) in bone sites. The paper presents the current knowledge on Calcium phosphate
bioceramics, Bone tissue engineering and Calcium Phosphate Drug Delivery.
© 2005 Publié par Elsevier SAS.
1. Généralités matériau par de l’os. Les substituts osseux sont une alterna-
tive aux greffes osseuses naturelles pour la réparation osseuse,
Quoique le tissu osseux possède la capacité de se régéné- la substitution, l’augmentation de volume. En particulier ces
rer, le processus de réparation osseuse est tributaire de nom- biomatériaux synthétiques incluent : des verres spéciaux
breuses situations cliniques et pathologiques. Ainsi, les per- décrits comme des verres bioactifs, des céramiques phospho-
tes osseuses massives liées à la traumatologie et à l’excision calciques (hydroxyapatite, HA, tricalcium phosphate, TCP
de tumeurs ou de déformations, nécessitent une chirurgie sous la forme a-TCP ou b-TCP, phosphate de calcium amor-
reconstructive. Dans ce contexte, il est nécessaire de déve- phe ACP, phosphate de calcium déficient en Ca CdA), et des
lopper une technologie d’implants qui favorise la guérison céramiques biphasiques, BCP). Ces matériaux ont des pro-
osseuse. Les greffes autologues sont le matériel de choix pour priétés physiques et chimiques différentes, et différentes de
la chirurgie reconstructive. L’utilisation clinique, les compli- celles de l’os. [2–5]
cations septiques, et l’indisponibilité osseuse justifient le déve-
loppement de substituts osseux synthétiques [1]. Les allogref- Dans les dernières décennies, l’hydroxyapatite était utili-
fes, plus facilement disponibles, comportent des risques de sée. Mais le concept de bioactivité (relargage d’ions à intérêt
transmission de maladies infectieuses et sont également dif- biologique), bien connu pour les bioverres [6], n’était pas par-
ficiles à adapter à la structure. Une difficulté supplémentaire ticulièrement pris en compte avec l’HA et les autres maté-
liée à l’utilisation de l’allogreffe est le retard du remodelage riaux équivalents. L’HA est considérée comme non résorba-
par l’hôte. Dans le cas de défauts osseux très importants, ble depuis les premières biocéramiques mises à disposition
l’allogreffe pourrait bien rester en place durant la vie entière des chirurgiens, tandis que le TCP est très résorbable. Or il
du patient, créant une zone propice à l’infection et à la frac- faut un équilibre entre résorption et stabilité pour à la fois
ture. Sans remettre en cause l’utilisation des allogreffes mas- avoir un support pour l’adhésion cellulaire et plus particuliè-
sives que les substituts osseux de synthèse actuels ne permet- rement des ostéoblastes et la formation osseuse, mais aussi
tent pas de remplacer, les allogreffes morcelées n’ont plus de une résorption pour laisser la place à l’os nouveau. Une des
justification en regards de ces contraintes, des risques d’uti- solutions les plus utilisées actuellement, faisant suite à un
lisation et du coût non négligeable souvent supérieur sinon concept développé il y a une vingtaine d’années, est de com-
égal aux substituts osseux synthétiques. biner les propriétés de ces deux phosphates de calcium pour
Le développement des céramiques de phosphate de cal- faire des mélanges équilibrés de HAP et de TCP, ces maté-
cium (CaP) et des autres biomatériaux équivalents permet un riaux biphasés BCP sont maintenant les plus répandus au
meilleur contrôle de la résorption et de la substitution du bio- niveau mondial [7,8].
220 G. Daculsi et al. / ITBM-RBM 26 (2005) 218–222
Les biomatériaux de phosphate de calcium sont égale- [2] De Groot K. In: Ceramics of calcium phosphates: preparation and
ment utilisés comme charges minérales en association avec properties. In bioceramics of calcium phosphate. Boca Raton: CRC
Press; 1983. p. 100–14.
des copolymères hydrosolubles pour l’élaboration de compo- [3] Hench LL. Bioceramics : From concept to clinic. J Am Ceram Soc
sites injectales résorbables, et dans certains ciments ioni- 1994;74:1487–510.
ques. Les ciments ioniques actuels ne sont cependant pas [4] Jarcho M. Calcium phosphate ceramics as hard tissue prosthetics. Clin
macroporeux et leur performance est donc très limitée. Orthop 1981;157:259–78.
[5] Daculsi G, Bouler JM, Legeros RZ. Adaptive crystal formation: in
En revanche l’association de granules de phosphate de cal-
normal and pathological calcification, in synthetic calcium phosphate
cium avec un polymère hydrosoluble permet de séparer dans and related biomaterials. Int Rev Cytol 1996;172:129–91.
une structure 3D les grains de BCP, créant des espaces inter [6] Hench LL, Splinter RJ, Allen WC, Greelee TK. Bonding mechanisms
granules conduisant à un réseau totalement interconnecté. Ces at the interface of ceramic prosthetic materials. J Biomed Mater Res
substituts osseux composites sont injectables (permettant une 1971;2:117–41.
[7] Daculsi G. Biphasic calcium phosphate concept applied to artificial
chirurgie mini-invasive), et sont rapidement envahi par les
bone, implant coating and injectable bone substitute. Biomaterials
cellules ostéogéniques [16]. 1998;19:1473–8.
Ces types de biomatériaux injectables sont parfaitement [8] Daculsi G, Laboux O, Malard O, Weiss P. Current state of the art of
biocompatibles. Grâce à leur plasticité, ils remplissent toutes biphasic calcium phosphate bioceramics. J Mater Sci Mater Med
sortes de cavités osseuses aisément ; il n’est dès lors plus 2003;14:195–200.
[9] Magne D, Faucheux C, Grimandi G, Daculsi G, Guicheux J. Calcium
nécessaire de modeler le biomatériau, favorisant une répara-
phosphate ceramics as carrier for bone therapeutic agents. Drug Dis-
tion par des moyens non invasifs. covery Today DDT 2002;7:928–30.
[10] Daculsi G, LeGeros RZ, Nery E, Lynch K, Kerebel B. Transformation
2.3. Intérêt des phosphates de calcium biphasiques dans of biphasic calcium phosphate in vivo: Ultrastructural and physico-
l’ingénierie tissulaire chemical characterization. J Biomed Mat Res 1989;23:883–94.
[11] Albee FH. Studies in bone growth. Triple calcium phosphate as a
stimulus to osteogenesis. Ann Surg 1920;71:32–6.
La reconstruction osseuse peut être améliorée en augmen- [12] Bhaskar SN, Brady JM, Getter L, Grower MF, Driskell T. Biodegrad-
tant la vitesse de formation osseuse par l’addition de moelle able ceramic implants in bone. J Oral Surg 1971;32:336–46.
osseuse [17–20], l’implantation de cellules souches mésen- [13] Daculsi G, LeGeros RZ, Deudon C. Scanning and transmission elec-
chymateuses associées à des céramiques bioactives. Des essais tron microscopy and electron probe analysis of the interface between
implants and host bone. Scan Micr 1990;4:309–14.
standardisés de mesure de l’ostéogenèse ont été réalisées in
[14] Daculsi G, Dard M. Bone calcium phosphate ceramic interface. Osteo
vivo par l’implantation sous-cutanée en zone dorsale chez la Int 1994;2:153–6.
souris immunodéprimée d’une association de cellules sou- [15] Le Nihouhannen D, Daculsi G, Gauthier O, Saffarzadeh A, Del-
ches mésenchymateuses avec une céramique composite place S, Pilet P, et al. Ectopic bone formation by microporous calcium
[21–23]. L’histologie a montré une excellente formation phosphate ceramic particles in sheep muscles. Bone 2005; (in press).
[16] Gauthier O, Goyenvalle E, Bouler J, Guicheux J, Pilet P, Weiss P,
osseuse dans ces implants, absente dans les implants acellu-
Daculsi G. Macroporous Biphasic Calcium Phosphate Ceramics Ver-
laires. Cela permet de démontrer la faisabilité d’un tissu arti- sus Injectable Bone Substitute : A Comparative Study 3 And 8 Weeks
ficiel avec les cellules souches associées à une céramique After Implantation In Rabbit Bone. Journal of Materials Science-
bioactive. Les études ont démontré une formation osseuse Materials in Medicine 2001;12:385–90.
importante dans l’hôte, et le comblement de cavités artificiel- [17] Ohgushi H, DohiY,Yoshikawa T, Tamai S, Tabata S, Okunaga K, et al.
Osteogenic differentiation of cultured marrow stromal stem cells on
lement créées dans l’os par ce tissu artificiel. De plus une
the surface of bioactive glass ceramics. J Biomed Mater Res 1996;32:
complète néovascularisation a pu être obtenue parallèlement 341.
à la régénération osseuse. Ces techniques « d’os hybride » [18] Toquet J, Rohamizadeh R, Guicheux J, Couillaud S, Passuti N,
sont en plein essor avec les progrès de l’ingénierie tissulaire, Daculsi G, Heymann D. Osteogenic potential in vitro of human bone
toutefois le transfert technologique chez l’homme est encore marrow cells cultured on macroporous biphasic calcium phosphate
ceramic. J Biomed Mater Res 1999;44:98.
très expérimental, la reproductibilité des résultats n’étant pas
[19] Haynesworth S, Goshima J, Golberg V, Caplan A. Characterization of
parfaite, et les contraintes réglementaires ne permettent pas cells with osteogenic potential from human marrow. Bone 1992;13:
encore actuellement de pouvoir effectuer des essais cliniques 81.
en France. [20] Bruder SP, Kurth AA, Shea M, Hayes WC, Jaiswal N, Kadiyala S.
Un des principaux verrous technologiques qu’il faut aussi Bone regeneration by implantation of purified, culture-expanded
human mesenchymal stem cells. J Orthop Res 1998;16:155.
surmonter, sera de créer une véritable matrice pour l’accélé-
[21] Livingston TL, Daculsi G, ElKalay M, Kadiyala S. Osteogenic activ-
ration de la réparation osseuse. il faudrait réussir à obtenir un ity of human mesenchymal stem cells in vivo on calcium phosphate
équilibre idéal entre les phénomènes de résorption et réhabi- ceramics. American Society for Artificial Internal Organs Journal Vol
litation par l’adéquation de la composition de la matrice. 46 2000;2(Issue):238.
[22] Bruder SP, Kurth AA, Shea M, Hayes WC, Jaiswal N, Kadiyala S.
Bone regeneration by implantation of purified, culture-expanded
human mesenchymal stem cells. J Orthop Res 1998;16:155.
Références [23] Bruder SP, Kraus KH, Goldberg VM, Kadiyala S. The effect of
implants loaded with autologous mesenchymal stem cells on the
[1] Truumees E, Herkowitz HN. Alternatives to autologous bone harvest healing of canine segmental bone defects. J Bone Joint Surg
in spine surgery. In: UPOJ volume 12 spring. 1999. p. 77–88. 1998;80-A:985.