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Édition 2011
Auteur :
Patrick DUSSOSSOY
www.la-librairie-rh.com
e-mail : edition@gereso.fr
GERESO SAS au capital de 160 640 euros – RCS B 311 975 577
Siège social : 28 rue Xavier Bichat – 72018 Le Mans Cedex 2 – France
Dans la même collection
• Crédit et stratégie commerciale
• Discriminations en entreprise
• L’épargne salariale
• Le départ négocié
• Le management interculturel
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Introduction
Une première question se pose avant d’entrer dans le sujet. Faut-il être
né entrepreneur pour réussir à diriger une entreprise ? Question sur
laquelle je me suis souvent interrogé avant de devenir moi-même entre-
preneur. Enfant, je fus d’abord un bon soldat. J’étais l’aîné de sept ; je
devais montrer l’exemple. Ce faisant, consciemment ou non, mes
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
J’ai été élevé avec des valeurs et des principes catholiques. Mais aussi
avec celles de la République : mes parents avaient été résistants très
tôt. J’y apprenais à mettre la barre toujours plus haute, à vaincre ma
peur, à commander les autres. Expérience qui complétait bien des
règles familiales strictes mais pas trop difficiles : il fallait travailler en
classe, parce que la valeur suprême était la réussite dans la vie. Le
mot bonheur ne se prononçait pas, vertu païenne à cette époque.
Mes parents avaient décidé mon plan de carrière : ce serait une école
d’ingénieur. Je suivais en parallèle Sciences économiques en cours du
soir, pour apprendre et rencontrer un autre monde que celui de mon
enfance. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me libérer du
modèle familial. C’était la période 1968, vécue à Paris. Un engagement
fort dans le syndicalisme étudiant. Sans être un agitateur, plutôt un
idéaliste optimiste. De ceux qui agissent, pas de ceux qui critiquent tout
systématiquement. Parce que je me méfiais déjà des dogmes, de la
pensée unique. Des années bénies où je me réalisais dans de multiples
activités, avec la quasi-certitude de trouver un emploi à la fin des études.
Je trouvais mon premier job sans trop d’effort, par le réseau : chargé
d’étude à la création d’une SSII qui deviendra l’un des leaders euro-
péens 20 ans plus tard, la Sligos.
Envie d’un peu d’aventure ; je partais 15 mois plus tard pour la Nou-
velle-Calédonie en coopération. Un titre ronflant d’économiste à la Mis-
sion d’Aménagement du Territoire. La réalité fut beaucoup plus
modeste. J’étais parti aussi là-bas pour la mer. J’ai pu y acheter mon
premier voilier habitable. Un espace idéal pour exercer vos talents de
leader.
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INTRODUCTION
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
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INTRODUCTION
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Chapitre 3
Le « leader »
Est-ce qu’on naît leader, ou est-ce qu’on le devient ? Un peu des deux
en réalité. L’enfance et l’adolescence vous fournissent les qualités
nécessaires pour ce rôle. Elles façonnent déjà le personnage. Le reste
s’acquiert avec l’expérience, avec les années, cela se travaille. Avec
les réussites et les échecs.
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
À chaque minute, à chaque seconde le patron est épié par ses colla-
borateurs. S’ils sont nouveaux dans l’entreprise, nouveaux venus au
travail, son exemple est encore plus important. Il va leur permettre de
se positionner, de comprendre comment fonctionne l’entreprise,
l’équipe, quelles sont ses valeurs, comment lui-même fonctionne,
qu’est-ce qui est important pour lui, ce qui ne l’est pas. Positif ou
négatif, son comportement va rapidement dicter le leur. Il va les aider
à façonner les leurs. Il doit donc être le reflet de ses propres convic-
tions, de ses principes. Il doit aussi être cohérent avec les objectifs
qu’il a fixés à l’entreprise. Donner envie de suivre son projet.
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LE « LEADER »
Montrez-vous déterminé
Les réactifs se laissent guider par les évènements, par les conseils de
leurs proches, par les circonstances. De même, par moments la ten-
tation est forte pour un dirigeant de se laisser porter. Pas nécessaire-
ment, par paresse, par facilité ou manque de volonté. Mais simplement
parce que l’intuition que ce qui arrive tout seul sans effort ne peut être
que bénéfique. Ce peut être par exemple un nouveau client qui sollicite
la société directement, un nouveau marché, un collaborateur qui
apporte une bonne idée. Ce n’est pas sûr que ce soit bon pour l’entre-
prise. Parce que cette démarche peut éloigner des objectifs, parce que
l’énergie dépensée dans la mauvaise direction n’est pas utilisée pour
atteindre les objectifs que la société s’est fixés. Ceci ne saurait cor-
respondre à un leader. Celui qui a un tel comportement n’ira pas loin.
Il n’entraînera pas beaucoup d’équipiers avec lui.
Celui qui pense être un leader, doit rester le maître. Son comportement
doit résulter de ses choix, de ses décisions. Il doit garder l’initiative
dans sa propre vie, comme il va la garder dans son entreprise. Parce
qu’il sera responsable de la vie de l’entreprise et de celle de son équipe.
Un effort est toujours nécessaire pour tendre vers ses objectifs, parce
que ce n’est pas nécessairement le plus facile, parce qu’il va falloir
faire des choses déplaisantes : prendre sa voiture une fois de plus pour
aller dans une région qui est éloignée, rencontrer un client agressif, le
fournisseur qui fait perdre du temps, aller très loin dans les détails,
faire profil bas devant un banquier. Bref, le quotidien, surtout en période
tendue.
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Aucun PDG ne peut se permettre une telle attitude s’il veut réussir.
Celui donc qui se reconnaît dans ce comportement doit se dépêcher
de prendre des mesures pour son équilibre. Et s’il n’y parvient toujours
pas, mieux vaut peut-être pour lui changer de direction, transmettre
l’entreprise si elle lui appartient, et faire autre chose qui le passionne.
Plus encore que ses collaborateurs, le dirigeant devrait être passionné par
son travail. C’est possible, et s’il y parvient et que cela résulte d’un choix
personnel profond, cela conduira probablement à un haut niveau de qua-
lité et de performance. L’idée peut faire sourire, tant elle est loin de la réalité
pour la majorité. Mais c’est envisageable pour beaucoup si les conditions
sont réunies. Ainsi le commercial peut être content de boucler une vente, le
chercheur de trouver une solution, le comptable de clôturer son bilan.
Avec Tiga, avec le rhum Mount Gay, avec l’armagnac Clés des Ducs j’étais pas-
sionné. Avec les rôtissoires Chergui, avec les étiquettes Gouzy, je ne l’étais pas.
Mon engagement était beaucoup plus difficile. Je souhaitais qu’il ne s’éternise pas.
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LE « LEADER »
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Ce n’est pas pour autant qu’il faut tout dire à son équipe ? Le men-
songe par « omission » est souvent nécessaire pour la bonne cause. Il
s’agit d’abord de ne pas inquiéter ses équipes inutilement, de ne pas
parler des projets à moyen terme qui pourraient les déstabiliser, des
projets qui ne sont même pas sûrs. Il ne sert à rien d’annoncer les
mauvaises nouvelles à venir trop vite, un plan de licenciement par
exemple, un changement d’organisation... Comme les bruits de couloir
sont nombreux, l’information circulera plus tôt que souhaité de toute
façon. Mais l’information ne deviendra pas tout de suite réalité. Il sera
toujours temps d’expliquer pourquoi il ne fallait pas dire. Vous ne serez
pas qualifié pour autant de menteur.
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LE « LEADER »
peut paraître naïf dans la conduite des hommes et des affaires. Le chef
doit s’efforcer d’être un modèle de comportement qui soit conforme
aux valeurs qu’il énonce. La confiance va reposer sur un juste équilibre
entre les capacités, le courage, la vision, l’audace, mais aussi l’inté-
grité. Transparence, sincérité, justice, altruisme, reconnaissance, génè-
rent une motivation positive. Sinon, la priorité ne sera jamais l’entre-
prise. Ce sera chacun pour soi.
Les leaders, les PDG ont besoin d’être sûrs d’eux pour donner
confiance. Notre orgueil personnel nous conduit aussi souvent à
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Il faut une fierté intérieure pour réussir, mais de la simplicité dans les
rapports avec les autres. Le patron doit donc montrer beaucoup de
force, de fermeté, de courage, d’assurance, mais beaucoup d’humi-
lité, se rendre compte qu’il n’est pas toujours le meilleur. Se remettre
en cause, même devant ses collaborateurs. Le leader est alors perçu
avec détermination, dynamisme, talent, mais aussi faiblesse,
authenticité.
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LE « LEADER »
Dans une PME la compétition interne est moins forte. Parce qu’il y a
beaucoup moins de collaborateurs ayant les mêmes fonctions. Parce
que la hiérarchie est courte et que les objectifs ne sont pas imposés
par une direction fantôme qui n’a pas à assumer ses directives. La
pression qui vient d’en haut y est moins forte qu’en grande entreprise.
Mais elle doit être présente, elle est indispensable. Il faut fixer à chacun
des objectifs ambitieux. Des objectifs qui soient qualificatifs, subjectifs,
mais surtout des objectifs chiffrés qui soient acceptés, des objectifs
qu’il soit possible d’atteindre. Il faut des objectifs qui seront dépassés
si le travail est bon. Les objectifs très difficiles à atteindre sont à pros-
crire, parce qu’ils engendrent découragement et frustration. Pourquoi
ne pas revoir les objectifs des commerciaux à la baisse lorsque l’envi-
ronnement change défavorablement, et qu’ils deviennent trop difficiles
à atteindre ? L’entreprise y est toujours gagnante. C’est un partage qui
ne coûte pas cher et qui est juste.
Les objectifs doivent être très clairs, parce que dans le cas inverse un
collaborateur aura toujours l’impression de s’être fait avoir. Il faut donc
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Seul, le chef d’entreprise ne fera rien. Sauf s’il est son propre employé
dans une profession libérale par exemple, ou comme artisan. La réus-
site d’une entreprise, d’un projet, d’une action, dépend forcément et
totalement de ses collaborateurs. Il faut donc les encourager, les valo-
riser dans leur travail. Il faut savoir reconnaître leurs bons résultats,
leurs qualités. Ne pas s’attribuer injustement les mérites de leur travail.
Il faut aussi les traiter avec respect et courtoisie.
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Chapitre 2
Quelle stratégie par fonction ?
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Lors de mon passage chez Tabur Marine, j’ai pu expérimenter les conséquences
d’une grande domination par la production des décisions produits et de la plani-
fication, ceci avec un mépris profond pour le commercial et le marketing dont
j’étais le responsable. Les réunions avec la production étaient une véritable corvée
où il fallait tout négocier. Curieux jeu de massacre où le plus difficile était à
l’intérieur de l’entreprise. Jamais plus je n’ai laissé la production dominer le com-
mercial et le marketing.
Les trois directeurs généraux de Mount Gay qui m’ont précédé étaient successi-
vement un financier, puis deux spécialistes du marketing. Ils ne comprenaient pas
l’usine, la production. Ils n’ont pas vu que les nombreux problèmes qu’ils y ren-
contraient étaient d’abord des problèmes humains. Tout ce que faisait l’un de ces
directeurs généraux qui était une jeune et brillante New-Yorkaise spécialiste de
marketing était de donner l’ordre à l’équipe de production d’augmenter la pro-
ductivité. Objectif louable, mais méthode totalement inefficace, puisqu’il n’y avait
aucune discussion sur le fond, sur le comment...
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QUELLE STRATÉGIE PAR FONCTION ?
Pour ces raisons, celui qui rejoint une entreprise, doit s’efforcer très vite
d’étudier comment baisser les prix de revient et comment améliorer la
qualité si nécessaire. Ensuite, n’avoir de cesse de baisser ces prix de
revient, et d’augmenter la qualité au-delà des besoins qui paraissent
suffisants en première analyse. Et cela, même si l’entreprise a une straté-
gie de prix élevés. Parce que réduire les coûts, augmenter la qualité,
dépend de l’entreprise, de ses choix, de ses décisions, donc du patron.
Par contre, l’entreprise n’est pas maître de ce que veut le client, de ce que
fera le concurrent. Il faut donc être prêt à tout moment à des améliorations
importantes ou à baisser ses prix. Anticipez donc ces changements futurs
plutôt que de les subir le jour où ils se présentent. L’effort ne doit jamais
s’arrêter. Il fait partie des objectifs permanents. C’est tellement plus
confortable ensuite quand il y a un changement d’environnement. Et si
cette tâche paraît difficile, il faut y mettre beaucoup de ressources, insis-
ter, ou alors se préparer à changer de produit, de métier, à sous-traiter.
Les étiquettes Gouzy étaient des très bons produits. Les concurrents ont proposé
des solutions qui répondaient au cahier des charges des clients et qui étaient
beaucoup moins chères. Plusieurs raisons expliquaient ces écarts, l’excès de tech-
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
nicité des solutions retenues, le manque d’évolution, le choix des matières pre-
mières choisies, la politique d’achat et la faible productivité. Une étude de la
profession en 2002 a fait apparaître que les prix de revient de Gouzy étaient
supérieurs de 40 % à plus du double des prix de la profession pour un même
produit. L’entreprise n’avait pas su s’adapter. Si elle avait été prête, elle aurait
pu réagir partiellement rapidement, mais tout était à faire.
Avec Tiga, l’usine était en permanence en recherche d’amélioration de qualité et
de baisse des prix de revient, ce qui nous permettait d’atténuer l’effet des baisses
de prix brutales de Bic.
Dans la société de rôtissoires, nous fabriquions aussi des toasters industriels.
L’analyse du produit et de nos méthodes montrait rapidement que nous n’arrive-
rions jamais à être compétitifs face au « leader » du marché. Dans un premier
temps, nous avons sous-traité la fabrication des composants en Espagne, ce qui
nous a permis de faire des baisses significatives de prix de revient. Ce n’était pas
suffisant. Finalement le meilleur prix a été obtenu en sous-traitance en France
par le « leader » européen du marché qui entrait alors dans notre capital.
L’un des moyens de ne pas entrer dans la guerre des prix est de se
différencier par le produit, parce que même une petite différence per-
met de justifier un prix légèrement plus élevé. Et si l’argumentation, la
communication, et la qualité suivent, ce sera quelques pour-cent qui
suffiront à rendre votre entreprise performante. 1 % de gain de pro-
ductivité dans la grande distribution ou 2 % dans l’automobile, c’est
considérable. 2 % dans un produit moins concurrentiel, c’est plus facile
à atteindre. Ce peut être suffisant pour améliorer nettement sa renta-
bilité. Le dirigeant doit donc rechercher tous les moyens de justifier un
prix légèrement supérieur.
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QUELLE STRATÉGIE PAR FONCTION ?
quelque temps. Autre solution, ces petites idées innovantes qui, sans
nécessairement apporter une révolution au produit, lui donnent un peu
de valeur ajoutée. C’est par exemple, une astuce pour l’utilisation ou
le montage, une idée pour faciliter l’emballage ou la préparation à la
production, une meilleure finition, un design plus séduisant. Une nou-
velle matière que le fournisseur apporte. L’idée d’un concurrent étran-
ger repérée sur un salon ou directement chez un client. Les idées des
ouvriers qui seraient déjà connues s’ils avaient pu en parler.
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Il ne s’agit pas non plus d’avoir des performances trop décalées par
rapport aux concurrents. Régulièrement, il faut donc investir dans du
matériel neuf et performant, pour reprendre un peu d’avance, pour
introduire une innovation, pour ne pas rater le train de la dernière tech-
nologie. Ce ne sont pas des choix faciles.
Dans l’imprimerie d’étiquettes, ceux qui ont été les premiers à acquérir des
machines numériques ont eu beaucoup de difficultés à les utiliser pleinement
pendant les premières années. Puis, les prix ont chuté rapidement, et les perfor-
mances ont augmenté aussi vite. Avant que je quitte l’entreprise, la technologie
commençait à être compétitive pour beaucoup de tâches, et le choix devenait une
bonne opportunité. Ne pas l’avoir fermait complètement certains travaux sur notre
cible principale qui étaient passés chez les concurrents. Il fallait investir. Les
actionnaires ne l’ont pas permis. Ou, je n’ai pas su les convaincre.
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QUELLE STRATÉGIE PAR FONCTION ?
Chez Tiga notre capacité était près de deux fois supérieure à nos besoins en
saison, ce qui nous permettait d’absorber des pics de ventes imprévus. Pour y
parvenir, nous avions mis en place une troisième équipe de nuit. Nous utilisions
aussi beaucoup les heures supplémentaires, ce qui était plutôt facile dans les
années Mitterrand. Et quand il n’y avait plus de solutions, nous avons mis en
place exceptionnellement une quatrième équipe pendant quelques week-ends, ce
qui fut possible parce qu’il y avait une très forte adhésion d’une majorité du
personnel au projet d’entreprise. Le profit supplémentaire généré sur ces courtes
périodes, notre gain d’opportunité, étaient bien utiles lorsque nous faisions notre
bilan en fin d’année.
Dans l’imprimerie d’étiquettes nous avions une capacité globalement excédentaire
sur le papier. Elle ne l’était pas en réalité, parce que chaque conducteur de
machines n’était compétent que dans une ou deux technologies, typographie,
sérigraphie à plat ou rotative. L’addition d’une équipe qui ne pouvait être que de
nuit posait beaucoup de problèmes, tant les « leaders » du personnel y étaient
opposés et les responsables de production peu enclins à mener un tel change-
ment. En multipliant les compétences de chaque conducteur par la formation,
nous avons rapidement augmenté notre souplesse, et donc notre capacité. Dans
un deuxième temps, nous avons bénéficié du rachat de la machine d’occasion
déjà évoquée pour augmenter cette capacité. Celle-ci tournait à mi-temps, ce qui
était largement suffisant pour ne pas perdre nos clients.
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Je ne suis pas un artiste, mais j’ai une sensibilité créative qui me porte vers
l’harmonie, l’esthétique. J’ai besoin de ressentir une émotion pour les objets que
mon équipe crée, pour ceux que nous fabriquons et vendons. J’ai surtout la
conviction que le design de tout produit fait partie des critères qui permettront de
séduire nos acheteurs, donc d’emporter une décision d’achat, et surtout de vendre
plus cher. Dans la planche à voile, l’architecte créait des lignes qui étaient har-
monieuses, racées. Nous partagions l’idée que des formes déséquilibrées, non
filantes, ne pouvaient pas aller vite, être performantes. Réflexion subjective, non
scientifique, mais ressentie par une majorité de clients. C’était une exigence qui
pouvait impliquer des contraintes, obliger à redessiner un produit, mais qui en
production ne coûtait souvent pas plus cher.
Il est une autre approche possible que propose la nature. Celle-ci offre
en permanence le spectacle d’une beauté qui dépasse les modes, les
continents, les préférences subjectives : un coucher de soleil, une
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QUELLE STRATÉGIE PAR FONCTION ?
fleur, un oiseau, une montagne par exemple. S’il est difficile de pré-
ciser ce qu’est la beauté, il est possible de décrire en partie ce qui
rend une chose belle, ce qui lui donne de l’harmonie, celle qui se ren-
contre dans tous les arts, en musique, en peinture, en architecture.
Et donc pourquoi se priver d’agir par l’harmonie sur l’émotionnel des
clients, fussent-ils des techniciens obsédés de performances
techniques.
L’un des critères qui nous avait fait racheter la société de rôtissoires était l’évi-
dence que les produits étaient totalement démodés. Pas besoin d’être un expert
pour y voir des formes massives, carrées, pas harmonieuses. Pas de couleur,
du métal brut. Peu d’unité entre les modèles. Des produits conçus pour une
fonction, en oubliant qu’ils étaient souvent l’attraction principale d’un magasin.
Nous y avons vu une grande opportunité de nous repositionner sur le marché.
En deux ans nous avons redessiné totalement la gamme de produits. En intro-
duisant des arrondis importants, en cassant les angles vifs, en redonnant de la
symétrie, en donnant une unité à l’ensemble de la gamme. En introduisant de
la couleur...
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
En cas de création, il n’y a pas le choix, il faut lancer une marque, puisque
le projet part de rien. Comment faire alors ? Une marque c’est un nom, un
terme qui sera souvent combiné avec un signe, un dessin. Le nom pourra
être prononcé, le dessin sera visualisé. Ce nom doit évoquer ce qui fera
l’image du produit. Dans tous les cas de figure, il faut accorder beaucoup
de temps à sa recherche. Établir les critères est la première étape. Tous
ne pourront pas être retenus, il faut en éliminer certains.
C’est ainsi que j’ai trouvé le nom de Tiga, après des dizaines d’heures de recher-
che. Pour ce faire, j’ai utilisé ma mémoire, le dictionnaire et l’atlas. C’est ce
dernier qui m’a transporté jusqu’à Tiga, l’une des îles Loyauté en Nouvelle-
Calédonie où j’avais habité deux ans. Lieu magique où je retrouvais le soleil, la
mer bleue, mais aussi la force des vagues, la gentillesse des autochtones. Le
nom chantait bien, était vivant et gai, se prononçait dans beaucoup de langues
sans ambiguïté. Vérification à l’Institut de la propriété industrielle, étape indispen-
sable, et j’ai foncé, non sans avoir adressé auparavant une lettre au chef de village
de l’île Tiga pour l’informer, ce qui ajoutait de l’authentique à la marque. Son
histoire commençait bien. Je n’avais plus qu’à dessiner le logo. Je n’avais d’autre
ressource alors que mes petites économies. Je ne pouvais donc pas offrir à Tiga
un grand designer. Je me suis contenté d’acheter un livre japonais d’emblèmes
et signaux, et j’ai pris une feuille de papier pour dessiner moi-même le logo. Une
bonne manière de me pénétrer déjà de la marque.
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QUELLE STRATÉGIE PAR FONCTION ?
Lorsque j’ai repris la liqueur Izarra, le logo paraissait pauvre. Il n’était visible que
sur l’étiquette papier qui faisait bon marché, alors que le produit était relativement
cher. J’ai fait dessiner par un graphiste plusieurs options de nouveau logo avec
pour consigne de valoriser le produit, tout en restant proche de l’existant. Après
plusieurs semaines de travail, nous avons gardé l’ancien logo. Nous avons redonné
de l’épaisseur aux étiquettes, y avons mis un peu de doré, pour finalement être
très proche d’un ancien modèle d’étiquettes que nous avons retrouvé plus tard et
qui avait plus de vingt ans. Nous avons renégocié le prix des étiquettes avec le
fournisseur pour que le prix de revient n’augmente que très peu. Nous avons fait
graver le logo sur la bouteille. Nous redonnions une noblesse au produit, sans
avoir rien modifié, et avec une hausse très faible de prix de revient.
Lorsque Tiga a été repris par Neil Pryde, le logo a été changé dans les mois qui
ont suivi pour un logo plus moderne, aux formes plus pointues. Le syndrome du
repreneur ! Celui-ci n’avait plus rien de commun avec l’ancien, il manquait de
force, d’épaisseur. Il devenait une autre histoire. Il a été rechangé quelques années
plus tard et se rapproche plus du logo d’origine.
Quel commercial n’a-t-il pas dit qu’il n’arrivait pas à vendre parce que
les produits étaient trop chers ? Quel PDG n’a pas eu la même atti-
tude ? C’est souvent une vraie raison, mais ce n’est pas toujours la
bonne. De même combien de distributeurs ont pour seule règle d’éta-
blissement des prix d’appliquer un multiplicateur sur leur coût d’achat ?
Le prix est un des éléments essentiels d’une stratégie qui mérite que
le dirigeant lui accorde une très grande importance.
Sauf dans quelques produits et services où les prix sont réglementés,
il y a une règle de base qu’il faut inscrire dans sa stratégie, dans sa
tête, c’est que pour tout produit le bon prix est celui que le client est
prêt à payer, et de préférence le prix le plus cher qu’il est prêt à payer.
Ce n’est donc pas un calcul de marge qui devrait donner le prix, mais
une analyse de marché. Exercice qu’il n’est pas toujours possible de
faire. Le restaurateur, le vendeur de produits grand public pourront
déterminer un prix de marché en tournant chez leurs concurrents, en
cherchant sur Internet. C’est beaucoup plus difficile dans les secteurs
du B to B, sauf à avoir un hacker sous la main, mais c’est contraire à
l’éthique et parfaitement illégal. De bonnes indications pourront se
trouver chez certains syndicats professionnels. Il ne faut pas avoir peur
de commander un produit pour connaître la stratégie de ses concur-
rents. De même l’embauche d’un commercial chez un concurrent sera
aussi l’occasion de récupérer de bonnes informations ; c’est de bonne
guerre. Dans tous les cas, il faut chercher, se renseigner. Cette appro-
che par les prix de marché doit permettre à toute entreprise qui a un
167
COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Dans l’exemple d’étiquettes, le client était convaincu dans un premier temps que
les produits de la concurrence n’avaient pas du tout la même technicité, ce qui
justifiait un écart de prix important. Il a fini par réaliser grâce aux concurrents
qu’il n’avait pas besoin de cette différence dans beaucoup de cas. La situation
est devenue très pénalisante et dangereuse, parce qu’elle s’appliquait à une part
importante du chiffre d’affaires.
Dans la planche à voile nous étions sûrs de perdre dans une guerre des prix avec
Bic, parce qu’ils n’étaient pas à quelques dizaines de millions de francs de pertes
près. Nous utilisions donc tous les moyens possibles objectifs et subjectifs, pour
différencier la perception du prix : différences de produits, d’accessoires, d’esthé-
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Chapitre 1
Gestion de crises
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
J’ai commis des erreurs dans la gestion de Tiga, mais je continue à penser que
ce fut dans l’intérêt de l’entreprise. Pour la bonne cause. Dans la bataille com-
merciale, il fallait avancer très vite, lancer des nouvelles idées, des nouvelles
technologies, des nouveaux produits. Sinon, c’était la mort de la société. Parce
que malgré les effets importants sur les résultats qui accompagnaient ces chan-
gements, nous restions limite en rentabilité.
Le choix de la technologie époxy venait de la nécessité d’aller se battre sur un
terrain moins miné que la planche à voile grand public, le haut de gamme. J’ai
été abusé par une grande entreprise chimique et donc je me suis trompé. Prévenir
les banquiers en cours d’année d’une perte à venir et d’une augmentation de
capital s’est avérée ma plus grosse erreur. J’ai commis des erreurs de
recrutement...
Dans l’imprimerie d’étiquettes, j’ai raconté qu’il y avait un syndrome de la faute
qui poussait à une paranoïa collective. De ce fait, peu osaient avancer, prendre
des risques ou des décisions. Il m’a fallu plusieurs mois pour convaincre qu’il
pouvait exister une autre façon de se comporter. Que maquiller ses erreurs n’est
pas la solution, et qu’il est préférable pour tous d’assumer et d’apprendre pour
ne pas recommencer.
Risquer les erreurs, mais pour autant éviter les fautes. Dans mes pre-
mières années professionnelles j’avais tendance à confondre mes
erreurs avec des fautes. Conséquence d’une culture répandue en
France, surtout pour les générations d’après-guerre. Dur d’évacuer ce
comportement qui freine encore plus la prise de risque. Et pourtant, il
n’y a pas le choix. Il faut avancer. Celui qui reste un enfant de cœur,
celui qui culpabilise, et qui voit des fautes dans beaucoup d’erreurs,
ne devrait pas essayer d’être un patron entrepreneur.
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GESTION DE CRISES
long fleuve tranquille, il est probable qu’un jour ou l’autre les évène-
ments vont vous rattraper. Soyez donc prêt. Ce sera donc régulière-
ment des moments d’anxiété, des crampes d’estomac, des nuits
agitées. Difficile de les éviter.
S’il s’agit d’une petite crise, c’est simple. Ce peut être une crise de
comportement, un stress ressenti par certains, un antagonisme entre
deux personnes. S’il ne s’agit que d’un dysfonctionnement sans véri-
table conséquence, il va souvent se résoudre de lui-même, sans le
patron, surtout s’il a l’habitude de déléguer. Les protagonistes vont le
régler seuls, parce que l’un des responsables va s’en charger. Mais
cela suppose que l’équipe soit habituée à ce comportement. Celui qui
est du genre à ramener toutes les décisions à lui, doit comprendre que
ses collaborateurs attendent la réponse de lui.
S’il s’agit d’une vraie crise elle a de grande chance de remonter jusqu’au
patron d’une PME. La pire solution pour lui serait de fermer les yeux et
de continuer comme si de rien n’était. Espérer que la crise se réglera
toute seule. Attendre des jours où il sera plus en forme pour s’y atta-
quer. L’effet serait de faire monter le stress, l’inquiétude en chacun, à
commencer par lui-même. Laisser les conséquences du problème
envahir l’entreprise. Non, le patron doit aborder lui-même une crise et
essayer de la régler le plus rapidement possible. La considérer tout de
suite comme si elle pouvait devenir plus grave. Ne pas oublier que tout
se sait dans l’entreprise, et que tout le personnel le saura rapidement,
l’extérieur ensuite. C’est pour le dirigeant l’occasion de montrer qu’il a
du courage pour les décisions difficiles. C’est l’occasion d’attaquer des
problèmes de fond à l’origine de la crise, problèmes connus souvent,
mais qui ont été rangés de côté. C’est l’occasion de réorganiser cer-
tains postes, de modifier des processus. Et peut-être de licencier cer-
taines personnes. Si la crise est bien gérée, c’est souvent une opportu-
nité de recentrer l’entreprise sur son projet et de remotiver les troupes.
Le patron doit donc se positionner très vite par rapport à cette crise,
définir le rôle de chacun, ne laisser aucun collaborateur s’engager dans
une position différente de la sienne. Il doit s’efforcer de calmer ses
équipes en les rassurant.
Une telle crise pourra dans certains cas être gérable dans un temps
court, auquel cas les processus qualité suffiront peut-être dans l’appro-
che d’un règlement. Il faudra analyser le problème, déterminer ses
causes, ses origines. Comprendre, écouter. Mais la crise peut être
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
Dans tous les cas, après avoir pris les mesures pour surmonter cette
crise, il faudra s’assurer de prendre les bonnes décisions pour qu’elle
ne se reproduise plus.
La crise, si elle est très grave, peut conduire à des remises en cause
si importantes qu’un licenciement économique d’une partie de l’équipe
deviendra indispensable. Celui-ci intervient normalement quand il y a
un sérieux problème de rentabilité, ou quand la quasi-disparition d’une
activité ou d’une fonction devient indispensable, et que le personnel
ne peut pas être reclassé dans d’autres services. Un licenciement éco-
nomique se gère autrement qu’un licenciement individuel, parce que
dans la plupart des entreprises les représentants du personnel sont
prévenus les premiers, parce que toute l’entreprise est informée, et
que beaucoup sont susceptibles d’être licenciés. Dans un tel climat
l’efficacité de l’entreprise se dégrade vite. Le dirigeant y joue son
image. Le respect de la procédure légale y est donc très important.
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GESTION DE CRISES
à retrouver un travail. Les deux tiers ont retrouvé assez vite. La plupart des autres
ont préféré profiter d’une indemnité importante pour s’arrêter quelque temps. Deux
mois après la fin de cette mission, j’étais remercié brutalement, sans aucune
explication, après avoir été à 48 heures de la signature finale d’un contrat de
rachat d’une des deux marques que je gérais. J’étais bien indemnisé. Je connaî-
trais la vérité quelques mois plus tard. Problèmes financiers internes au groupe.
L’un des points mérite réflexion pour le dirigeant dont l’image risque
de souffrir d’une démarche qui est toujours très impopulaire, c’est le
choix des personnes qui vont être licenciées. Celui-ci intervient après
la rédaction du rapport économique justifiant le projet de licenciement,
et la préparation d’un plan pour aider les salariés à se reclasser. Il est
impératif pour ces choix de se caler sur la loi qui impose de fixer des
critères objectifs : ancienneté, compétence, charge de famille... C’est
bien, c’est peut-être juste, mais c’est aussi très hypocrite. Parce que
dans la négociation avec les délégués du personnel sur ces critères,
ils essaieront de mettre en avant leurs protégés. Le dirigeant lui-même
pourra donner plus de poids à ceux qu’il privilégie, ce qui revient en
partie à choisir qui reste, qui part. Seront donc probablement licenciés
ceux que la majorité du personnel a déjà décidé, si cela est juste.
Interrogez donc vos espions. Ce sera le moment de faire partir les
nuisibles s’ils ne sont pas encore partis et ceux qui apportent peu à
l’entreprise en espérant qu’il n’y en ait pas de trop protégés. À ce
niveau de restructuration, ceux qui partent s’y attendent en général.
Pour les autres, mieux vaut de ne pas faire jouer l’affectif dans les
critères. C’est une occasion de favoriser ceux qui ont des conditions
familiales difficiles. À la fin, il y aura des satisfaits et des non-contents.
Et l’entreprise ira sans doute aux prud’hommes parce que c’est nor-
mal. C’est fait pour rétablir une justice.
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COMMENT FAIRE D’UNE PME UNE ENTREPRISE PERFORMANTE
rendre très difficile, même si dans leur zèle certains mettent l’entreprise
en danger, quitte à avoir recours à des méthodes illégales. Ce n’est
pas impossible, mais c’est un vrai parcours du combattant. Pourtant
il ne faut pas hésiter dans les circonstances où le délégué agit claire-
ment contre l’intérêt de l’entreprise et de l’ensemble du personnel, et
surtout lorsqu’il met la vie de l’entreprise en danger. Et c’est au diri-
geant lui-même d’assumer la démarche vis-à-vis de l’administration
du travail, à moins d’avoir un chargé des ressources humaines de haute
compétence. Ce n’est en effet qu’en mettant tout le poids de l’entre-
prise qu’il représente dans ce combat aux prud’hommes qu’il aura une
chance de faire accepter l’inacceptable pour un inspecteur du travail.
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GESTION DE CRISES
De ces fautes, certaines fautes lourdes avérées étaient retenues par le ministre
du Travail. Malgré celles-ci, l’inspecteur du travail avait refusé auparavant la
demande de licenciement. Pour justifier cette décision, il écrivait dans son rapport
d’enquête, en totale contradiction avec son propre rapport à la direction régionale,
qu’il « n’avait jamais constaté hors des allégations de la direction générale et des
cadres de l’entreprise, de faits de pression équivoques de la part de M... sur
d’autres collègues... ». Deux descriptions des mêmes fautes par une même per-
sonne dont l’une adressée au ministre est totalement contradictoire avec la pre-
mière. L’autorisation par décision du ministre du Travail intervenait sept mois
après la mise à pied. Victoire inavouable. Nous pouvions accélérer enfin notre
restructuration.
Histoire un peu longue. Pour montrer que les règles du jeu sont très
déséquilibrées et qu’il faut s’y attendre. Pour montrer que même une
accumulation de fautes graves ne suffit pas à qualifier la faute d’un
délégué. Pour montrer que c’est malgré tout possible de licencier un
délégué, à condition d’avoir le courage d’aller jusqu’au bout.
Jusque-là, tout ce qui a été décrit reste dans des domaines que le chef
d’entreprise peut gérer. Il est par contre des évènements qui vous met-
tent dans une situation où vous perdez une bonne partie de la maîtrise
de votre entreprise, c’est l’annulation par vos banquiers ou un fournis-
seur important de leur ligne de crédit, c’est surtout, le dépôt de bilan.
Il faut donc tout faire pour l’éviter. J’ai choisi de raconter mon aventure
en ce sens pour ceux qui y seraient confrontés, mais aussi pour per-
mettre aux autres de relativiser leurs difficultés. Pour montrer que ce
sont des moments où malgré les grandes difficultés qu’il rencontre, le
dirigeant doit mettre toute son énergie à être encore plus performant.
Pour raconter qu’il est toujours possible de se relever.
J’ai expliqué comment en 1986 Tiga s’était engagée dans la technologie époxy
pour son nouveau programme de planches à voile haut de gamme poussé par un
grand industriel. Ce fut un échec technique coûteux. Cette technologie fut rapi-
dement abandonnée pour une autre plus facile à mettre en œuvre. Le capital fut
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