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Les méningites purulentes de l’enfant demeurent sévères par le niveau élevé de leur mortalité (notamment
dans les pays en voie de développement) et par leurs séquelles. Depuis la généralisation de la vaccination
contre Haemophilus influenzae b, deux germes sont actuellement prédominants en France : Streptococ-
cus pneumoniae chez le nourrisson et Neisseria meningitidis à tous les âges. Le diagnostic clinique doit
être rapidement évoqué. Il est plus difficile à évaluer chez le nourrisson. Il doit toujours être confirmé par
l’examen du liquide cérébrospinal (LCS). L’antibiothérapie doit être urgente, rapidement bactéricide et
surtout adaptée selon des données épidémiologiques évolutives : céphalosporines de troisième génération
(C3G) injectables (céfotaxime ; ceftriaxone) en monothérapie si Neisseria meningitidis ; C3G injectables
+ vancomycine si Streptococcus pneumoniae. Les règles de prophylaxie (antibiothérapie et vaccina-
tion) sont précisées selon les données actuelles. Les méningites lymphocytaires aiguës virales sont les plus
fréquentes des méningites infectieuses de l’enfant. Le tableau clinique est habituellement évocateur de
bénignité. L’examen du LCS confirme le diagnostic. Les entérovirus en sont l’étiologie la plus fréquente. Le
pronostic est habituellement bénin. Les méningoencéphalites sont plus rares et de pronostic plus sévère.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Tableau 1.
Fréquence relative des différentes bactéries à l’origine des méningites selon le groupe d’âge, 2009. Epibac, France.
< 2 mois 2–11 mois 1–2 ans 3–14 ans 15–24 ans
Nombre de cas estimés 112 182 106 162 167
Haemophilus influenzae 1% 0% 11 % 3% 1%
Neisseria meningitidis 7% 39 % 51 % 49 % 91 %
Streptococcus pneumoniae 9% 51 % 38 % 48 % 7%
Streptococcus agalactiae (B) 77 % 9% 0% 0% 1%
Listeria monocytogenes 6% 1% 0% 0% 0%
Colonisation
digestive
Streptococcus
agalactiae
Escherichia coli
K1
Endothélium capillaires méningés
BHM
Plexus choroïdes
• le premier est lié à la production de bêtalactamases ; les C3G supérieurs à 102 ufc/ml (86 %) que chez ceux dont les taux sont
restent actives vis-à-vis de ces souches ; inférieurs à 102 ufc/ml (4 %) [9, 10] . De même, un seuil également
• le second mécanisme de résistance visant les souches dites « de proche de 102 ufc/ml de sang a été observé au cours de méningites
sensibilité diminuée à la pénicilline » est lié à la diminution de à Haemophilus influenzae b [9] .
l’affinité des PLP pour la pénicilline. L’analyse des séquences Le maintien d’un seuil critique de bactériémie apparaît donc
des gènes codant les PLP met en évidence la présence de gènes comme un prérequis pour la traversée de la BHM. L’aptitude de
mosaïques selon un mécanisme proche de celui décrit pour Haemophilus influenzae b et de Streptococcus pneumoniae à dévelop-
Streptococcus pneumoniae [6] . per une méningite est associée à leur capacité spécifique de résister
Les recommandations vaccinales effectives depuis 2010 d’un aux défenses de l’organisme au cours de la phase systémique. Le
vaccin antiméningococcique C conjugué devraient permettre rôle d’un seuil de bactériémie indispensable à Neisseria meningi-
d’observer une réduction du nombre des cas de méningites puru- tidis pour permettre l’envahissement de la BHM apparaît moins
lentes liées à ce sérogroupe. clairement établi [10, 11] .
Il découle, de ces notions, d’une part que l’hémoculture repré-
sente un appoint important pour le diagnostic des méningites
bactériennes de l’enfant et d’autre part que le traitement doit
Physiopathologie avoir, en plus d’une activité bactéricide au niveau du LCS, une acti-
Les études physiopathologiques permettent de mieux compren- vité bactéricide systémique nécessaire pour être efficace au cours
dre l’approche clinique et thérapeutique des méningites bacté- de la phase de dissémination sanguine.
riennes de l’enfant. La pénétration des germes dans le LCS se fait ainsi essentielle-
L’envahissement des bactéries vers les espaces méningés et le ment :
LCS s’effectue quasi exclusivement par voie hématogène. La péné- • par voie hématogène (septicémie ou bactériémie) ;
tration par contiguïté (brèche méningée) susceptible d’induire • avec franchissement secondaire de la BHM (notamment au
des méningites à méningocoque ou à Haemophilus influenzae non niveau des plexus choroïdes) possiblement favorisé par les
typable est exceptionnelle. infections virales.
La Figure 1 résume les étapes successives de l’envahissement La réponse de l’hôte conduit alors à la production de cyto-
méningé par voie hématogène. kines par des cellules à activité macrophagique in situ : tumor
La barrière hématoméningée (BHM) est composée de deux necrosis factor-alpha (TNF-␣), interleukines 1 et 6. L’afflux des poly-
structures distinctes. La première, constituée par l’endothélium nucléaires dans le LCS et l’augmentation de la perméabilité de
des capillaires méningés, est caractérisée par l’existence de jonc- la BHM, conduisent alors à l’inflammation méningée et à l’œdème
tions serrées entre les cellules endothéliales, pauvres en vésicules cérébral.
de pinocytose, qui témoignent de la faible activité de transcy- Ainsi la rapidité de prescription d’une antibiothérapie adéquate
tose de ces cellules. La seconde structure est représentée par les au cours des méningites purulentes de l’enfant peut contribuer
plexus choroïdes, lieux de synthèse du LCS, situés au niveau des à préserver le pronostic cérébral dont l’essentiel est cepen-
ventricules. Ils sont formés de cellules épithéliales à jonctions ser- dant lié aux complications et séquelles de nature ischémique
rées reposant sur une membrane basale et accompagnées d’un et non pas suppurée de l’atteinte infectieuse. Un mécanisme
endothélium fenêtré [7] . lésionnel de connaissance récente (l’aptoptose de l’hippocampe)
L’envahissement des espaces méningés répond à différentes interviendrait également dans la pathogénie des troubles cog-
étapes préalables (Fig. 1) : nitifs séquellaires observés notamment au cours des méningites
• colonisation des muqueuses oropharyngées avant tout (pneu- à pneumocoque [12] . De telles anomalies permettent de mieux
mocoque, méningocoque) ou intestinales (Escherichia coli, comprendre les symptômes observés et pour partie les méca-
streptocoque du groupe B) ; nismes des séquelles cérébrales induites.
• translocation vers le sang ; Dans tous les cas, le traitement doit répondre à deux objectifs :
• résistance aux défenses de l’organisme et multiplication dans le • permettre une bactéricidie rapide dans le LCS ;
sang ; • lutter contre l’inflammation méningée et l’œdème cérébral.
• traversée de la BHM et multiplication dans le LCS.
De nombreuses études cliniques et expérimentales ont suggéré
l’existence d’une relation entre la magnitude de la bactériémie Synthèse : rationnels et objectifs
et le développement d’une méningite. L’ensemencement du LCS de l’antibiothérapie
nécessite une bactériémie élevée et prolongée [8] .
Ainsi les méningites à Streptococcus pneumoniae s’observent plus L’objectif premier de l’antibiothérapie est la réduction de mor-
fréquemment chez les enfants ayant une bactériémie à des taux bimortalité reliée à la bactérie en cause.
Sujet malade
Sujets contacts
En ville En collectivité
Pratique du
Aucune personne
Personne dans la bouche-à-bouche,
concernée par la
même chambre intubation sans
prophylaxie
masque
Internat École
Crèche École
Centre de Centre aéré élémentaire,
Halte-garderie pré-élémentaire
vacances collège, lycée
• l’existence d’un collapsus associé (choc septique) ; • la vaccination des sujets-contacts (méningocoque C, A, Y ou
• la faible réaction cellulaire, l’hypoglycorachie et l’hyperproté- W135) ;
inorachie. • la déclaration obligatoire (infections invasives à méningo-
Un enfant précocement et correctement traité et dont l’examen coque).
neurologique s’est rapidement normalisé au décours de la phase
aiguë de la méningite peut être habituellement considéré comme
préservé de séquelles tardives, avec des incertitudes cepen- Méningite à méningocoque
dant vis-à-vis de l’éventualité de séquelles du développement Antibioprophylaxie des sujets contacts
cognitif. Les objectifs de l’antibioprophylaxie sont :
• d’éliminer le portage chez les sujets exposés aux sécrétions oro-
pharyngées de l’enfant atteint ;
• de prévenir la diffusion dans la population d’une souche patho-
Prophylaxie gène par des porteurs sains.
Il faut retenir « en pratique » que l’antibioprophylaxie :
Généralités • concerne les sujets-contacts définis comme à risque :
Les bactéries responsables des méningites purulentes de l’enfant ◦ proximité : distance inférieure à 1 mètre et durée du contact
proviennent du nasopharynx et sont susceptibles d’être diffusées supérieure à 1 heure,
à l’entourage avec cependant un risque minime de cas secondaires • repose sur un rationnel bactériologique :
dans les pays développés. ◦ efficacité sur Neisseria meningitidis, avec concentration sali-
L’isolement en milieu hospitalier du sujet malade est assuré vaire supérieure à la CMI de la bactérie,
jusqu’à la guérison clinique pour les méningites à méningocoque ◦ action rapide et prolongée,
et Haemophilus influenzae b. ◦ administration sur une courte durée, absence de contre-
L’éviction de la collectivité des sujets-contacts (éviction scolaire indications,
de la fratrie), la désinfection ou la fermeture d’un établissement • elle doit être administrée rapidement :
scolaire fréquenté par l’enfant sont inutiles même en cas de ◦ dans les 24–48 heures suivant le diagnostic si infection inva-
méningite à méningocoque (Fig. 3). sive à méningocoque,
D’autres mesures ont pour but de réduire la survenue de cas ◦ elle n’a aucune utilité au-delà de dix jours après le dernier
secondaires. Elles sont, selon les bactéries causales : contact avec le malade,
• une antibioprophylaxie des sujets-contacts (méningocoque, • elle consiste en la prescription de rifampicine (Rifadine® ) par
Haemophilus influenzae b) ; voie orale pendant deux jours aux posologies suivantes :
et un syndrome méningé franc (céphalées plus ou moins expri- Les examens complémentaires possibles pour l’argumentation
mées selon l’âge, vomissements, photophobie ou comportement du diagnostic de méningite virale sont d’intérêt variable. Certains
plaintif). peuvent être utiles à titre d’orientation :
À l’examen, on retrouve une raideur douloureuse de la nuque, • NFS si hyperleucocytose à prédominance lymphocytaire ;
voire plus étendue au niveau du rachis ; une flexion du genou • protéine réactive C : habituellement modérément élevée mais à
lors de l’élévation des jambes (signe de Koernig) et une flexion intégrer suivant le stade évolutif du syndrome fébrile ;
des jambes lors de la flexion de la nuque (signe de Brudzinski). • dosage de la PCT. La PCT au seuil de 0,5 mg/ml est un bon
D’autres signes peuvent être associés ayant parfois une valeur marqueur biologique pour distinguer méningites bactériennes
d’orientation étiologique virale plus précise : myalgies, douleurs et méningites virales ;
abdominales, diarrhée, signes cutanés : exanthème ; purpura pété- • l’examen de confirmation du diagnostic est non tant lié à
chial. l’identification du virus dans le LCS par culture en milieu appro-
Le syndrome méningé peut être aussi trompeur chez l’enfant prié que par détection du génone viral par reverse-transcriptase
devant de simples céphalées fébriles, des myalgies prédomi- real-time PCR (RT-PCR) [36] .
nantes ou chez le nourrisson devant une tension de la fontanelle Les examens de moindre recours actuellement sont :
apparemment isolée. À l’opposé, le syndrome méningé peut • les examens sérologiques répétés à 15 jours d’intervalle (si séro-
s’accompagner de signes neurologiques de sévérité parfois au pre- conversion des anticorps de spécificités en immunoglobulines
mier plan. M [IgM]) ;
Il peut exister ainsi un « continuum » entre un tableau de • exceptionnellement et dans certains contextes la PCR–acide
méningite de type viral « isolé » et un tableau évocateur de ménin- ribonucléique (ARN) 16S, susceptible d’éliminer certains agents
goencéphalite. Ce dernier est plus facilement évoqué devant : des bactériens devenus indétectables par méthode classique chez
crises convulsives fébriles isolées récidivantes ou plus rarement des enfants ayant reçu une antibiothérapie préalable à diffusion
prolongées ; des troubles durables du comportement ; des signes méningée. Une PCR–ARN16S négative ne permet cependant
de focalisation déficitaire (parésies ; troubles de l’équilibre ; ano- pas d’éliminer le diagnostic.
malies des nerfs crâniens).
Conclusion
Confirmation du diagnostic de méningite • L’orientation habituelle vers l’étiologie virale d’un tableau de
lymphocytaire méningite lymphocytaire s’effectue sur :
◦ le contage (épidémie de collectivité notamment) ;
Il est porté par l’examen du LCS avec analyse cytologique, bio- ◦ la fréquence saisonnière (d’avril à octobre) ;
chimique et microbiologique dont l’utilité première est d’écarter ◦ le contexte clinique associé (éruption, diarrhée, algies dif-
le diagnostic de méningite bactérienne. fuses) ;
• L’analyse cytologique quantifie la pléiocytose dont le chiffre ◦ parfois les données de l’hémogramme ou de la protéine réac-
varie habituellement entre 20 et 1500 cellules/mm3 . Celle-ci tive C.
est constituée en majorité de lymphocytes–monocytes (50 à • La confirmation du diagnostic repose sur l’analyse cytologique,
100 %). Une prédominance de polynucléaires neutrophiles peut biochimique et microbiologique du LCS et peut être précisée par
être initialement observée. Elle ne permet pas de distinguer à les examens virologiques : PCR de diagnostic rapide si possible.
elle seule une méningite bactérienne d’une méningite virale. Le recours à des enquêtes virologiques de certitude est limité
• L’analyse biochimique est le plus souvent normale. La glyco- aux tableaux les plus sévères : méningoencéphalite (avec signes
rachie est normale. Il en est de même pour la protéinorachie neurologiques focaux) après imagerie cérébrale ; atteintes multi-
(< 0,40 g/l) bien que celle-ci puisse être parfois modérément viscérales ; déficit immunitaire.
élevée, mais demeure habituellement inférieure à 1 g/l.
La recherche de germes en microscopie optique après colora-
tion de Gram de même que la recherche des antigènes solubles Méningites lymphocytaires aiguës virales
(pneumocoque, méningocoque) sont généralement négatives (ce
qui ne permet pas d’éliminer initialement une cause bactérienne). Virus à tropisme neurologique prédominant
Deux circonstances doivent conduire à l’analyse prudente de Entérovirus
ces résultats : Les entérovirus non polyomyélitiques sont responsables de la
• l’administration d’une antibiothérapie préalable diffusible à majorité des méningites virales du nourrisson et de la plupart des
travers les méninges ; méningites saisonnières (d’avril à octobre) de l’enfant plus âgé.
• l’existence d’une cytologie mixte ou à prédominance de poly- Le tableau clinique habituel est celui d’un syndrome méningé,
nucléaires. d’installation brutale, souvent hautement fébrile mais avec état
Ainsi, avant même les résultats des cultures du LCS (nécessi- général conservé.
tant 24 à 48 h d’incubation), c’est souvent le contexte clinique Des signes digestifs ou cutanés (exanthème) sont fréquents ;
(anamnèse, signes cliniques associés) qui permet d’argumenter le les virus écho sont alors les plus fréquemment en cause. Les
diagnostic et les décisions thérapeutiques et de surveillance. virus coxsackies sont plus rares. Les complications neurologiques
(convulsions fébriles, tableau d’hypertension intracrânienne)
sont surtout observées chez le nourrisson.
Les méningoencéphalites intégrées dans ces tableaux sont rares
“ Point fort mais peuvent conduire à des séquelles neurodéveloppementales
sévères.
Le diagnostic est confirmé par l’association d’une pléiocytose
Méningites lymphocytaires aiguës virales du LCS et par la détection du génone viral notamment par la PCR
ou méningites bactériennes (test GeneXpert® ) [32] .
• Diagnostic parfois difficile à l’examen du LCS. La sensibilité (86–100 %) et la spécificité (92–100 %) élevées
• La formule cytologique d’une méningite bactérienne de cet examen, la forte prévalence des entérovirus au cours
des méningites aiguës infectieuses lymphocytaires, la rapidité
peut être panachée, voire lymphocytaire. d’obtention du résultat (2 h) permettent, en cas de positivité si une
• 10 % des méningites bactériennes ont un LCS initiale- antibiothérapie immédiatement antérieure a été prescrite, d’éviter
ment à prédominance lymphocytaire initiale ou qui peut la réalisation d’une PCR bactérienne et d’interrompre alors ce trai-
être normal (méningocoque) [36] . tement antibiotique de la méningite éventuellement entrepris [32] .
• Les méningites à entérovirus peuvent initialement avoir L’intérêt de la PCR entérovirus dans un contexte évocateur de
une formule à prédominance de polynucléaires. méningite virale est un facteur précieux d’économie en termes de
coûts de santé [41] .
La recherche du génome des entérovirus a été réalisée dans cer- De rares tableaux de méningoencéphalite puis de méningites
taines études de façon simultanée dans le LCS et le sérum par lymphocytaires ont été identifiés au cours de certaines arboviroses
RT–PCR. Les enfants virémiques étaient significativement plus mieux connues :
jeunes mais la virémie était précoce (moins de 30 h après le début • avant tout, la dengue (recherche virale possible dans le LCS) ;
du symptôme) et transitoire [36] . • mais aussi le virus du chikungunya (CHIKV) où le tableau cli-
nique peut être ainsi suspecté devant un syndrome méningé,
Virus ourlien
des convulsions chez le nourrisson, ou des troubles du compor-
Le virus ourlien est un paramyxovirus à tropisme glandulaire tement.
et neurologique. Très contagieux, sa transmission est directe et L’étude du LCS peut mettre en évidence une pléiocytose modé-
interhumaine par voie aérienne. rée ou être normale. Le germe CHIKV est parfois retrouvé par
La parotidite en est la manifestation la plus fréquente et la plus RT-PCR [47] .
évocatrice.
Une méningite lymphocytaire est observée selon une fréquence « West Nile virus »
variable : habituellement au décours de la parotidite, parfois la Il s’agit d’un virus de la famille des Flaviridae, dont le réser-
précédant, rarement isolée. voir est l’oiseau. L’homme est un hôte accidentel auquel le virus
La pléiocytose est en général modérée à prédominance lym- est en général transmis par piqûre de moustique. C’est une infec-
phocytaire, la protéinorachie modérément élevée et la glycorachie tion le plus souvent peu symptomatique qui se limite à une fièvre
normale. élevée. Les formes les plus caractéristiques associent cependant :
L’évolution est habituellement favorable. De rares cas de surdité fièvre élevée, céphalées, myalgies. Les méningites lymphocytaires
ont été observés. sont rares. L’atteinte encéphalique exprime toute la sévérité. Le
Les oreillons sont devenus une pathologie infectieuse rare diagnostic est sérologique et surtout par PCR [58] .
depuis la généralisation de la politique vaccinale rougeole–
oreillons–rubéole [42] . Autres virus
[43, 44]
• Chorioméningite lymphocytaire : le virus s’intègre dans la
Herpesvirus (herpes simplex virus [HSV]) famille des Arenaviridae. Les réservoirs habituels sont les souris
La méningoencéphalite herpétique réalise typiquement une musculus, les hamsters de compagnie et les rats. La transmission
encéphalite aiguë nécrosante (HSV1). Le début en est rapide avec à l’homme se fait par l’inhalation ou l’ingestion de déjections de
fièvre élevée, céphalées et troubles du comportement. rongeurs infectés. Le tableau clinique peut être peu symptoma-
À l’examen du LCS, il existe une lymphocytose modérée, une tique ou pseudogrippal. La pléiocytose du LCS est modérée ; une
hyperprotéinorachie modérée (< 1 g/l) et une glycorachie nor- protéinorachie souvent élevée ; une leucopénie et une throm-
male. La mise en évidence d’une élévation de l’interféron alpha bopénie peuvent être associées. Le diagnostic est sérologique.
(IFN-␣) dans le LCS témoigne d’une activation lymphocytaire. Le L’évolution spontanée est favorable, parfois séquellaire : sur-
diagnostic est confirmé par la PCR–HSV dans le LCS. Le traite- dité ; hydrocéphalie [48] .
ment par aciclovir en intraveineuse pendant au moins 15 jours est • Rage : elle est devenue exceptionnelle. Le tableau clinique est en
urgent. L’évolution serait spontanément sévère et à haut risque de général sévère (spastique avec excitation psychomotrice ou plus
séquelles. rarement paralytique). Le diagnostic est confirmé par la détec-
La méningite herpétique isolée à HSV est rare chez l’enfant. tion du virus en immunofluorescence dans les prélèvements
Ses caractéristiques sont identiques à celles des méningites virales salivaires, cornéens, le LCS, les biopsies cutanées ou cérébrales,
habituelles avec liquide clair, pléiocytose à prédominance lym- ou par son isolement en culture acellulaire de neuroblastome
phocytaire, protéinorachie modérément élevée. L’évolution en est murin [36] .
le plus souvent favorable sans complications.
Virus varicelle-zona (VVZ)
À l’inverse de l’atteinte cérébelleuse avec ataxie observée parfois
au cours des varicelles, la méningite lymphocytaire isolée est rare
chez l’enfant immunocompétent. Elle ne justifie de traitement
“ Point fort
antiviral que dans les cas d’incompétence immunitaire.
Le virus Epstein-Barr (EBV) induit davantage un tableau de Des réactions « méningées » peuvent s’observer au cours
méningite lymphocytaire que d’encéphalite, cependant décrite au de la plupart d’autres maladies virales épidémiques de
cours des formes atypiques de la pathologie [45] . l’enfance : rougeole, mononucléose, grippe, mégaléry-
« Human herpes virus 6 » (HHV6) thème épidémique.
Ce virus proche du cytomégalovirus (CMV) est transmis par voie
salivaire. Il peut induire des rares cas de méningoencéphalites
chez le nourrisson. Une leucopénie est fréquemment associée.
L’isolement du virus dans le LCS est également possible par
La technique de détection des séquences virales par PCR
PCR [46] .
permet, lorsqu’elle est (exceptionnellement) indiquée, d’établir
clairement la responsabilité du virus au sein du tableau réa-
Virus à tropisme respiratoire lisé (mégalérythème épidémique). Une telle approche permettrait
Para-influenza d’éclairer la discussion visant à préciser la responsabilité directe
Il en existe quatre types. De rares cas de méningites aseptiques d’un virus jusqu’ici non détectable par les méthodes convention-
liées au type 3 ont été décrits. L’isolement du virus peut se faire nelles dans le LCS ou le mécanisme immunologique de telles
par immunofluorescence sur sécrétions nasopharyngées. réactions méningées.
Adénovirus
Méningites lymphocytaires aiguës bactériennes
Il existe 51 sérotypes. Leurs sites de prédilection sont les voies
aériennes supérieures. De rares cas de méningites lymphocytaires Deux causes non exceptionnelles chez l’enfant doivent être évo-
ont pu être décrits. quées selon l’orientation anamnestique.
• Maladie de Lyme : elle est liée à l’inoculation cutanée de Bor-
Arbovirus relia burgdorferi à la suite d’une piqûre de tique. L’érythème
Ils sont exceptionnels en Europe mais plus fréquents aux chronique migrant constitue la phase initiale parfois inaperçue.
États-Unis. Le mode de transmission est la piqûre d’arthropodes L’atteinte méningée s’intègre dans la phase secondaire. Une
hématophages (le plus souvent moustiques). Le tableau fréquem- méningite lymphocytaire est alors possible avec pléiocytose
ment décrit est plus celui d’une méningoencéphalite que celui habituellement modérée dans le LCS, protéinorachie élevée
d’une méningite lymphocytaire isolée. et normoglycorachie. Le diagnostic repose sur les examens
sérologiques spécifiques (plus ou moins PCR) imposant à ce La toxoplasmose peut également induire des tableaux de
stade le recours à une antibiothérapie injectable diffusible dans méningites lymphocytaires chez l’enfant immunodéprimé.
le LCS (ceftriaxone) [36, 49, 50] . Des réactions méningées lymphocytaires peuvent être associées
• Rickettiose : Rickettsia conorii est l’agent bactérien responsable en cas de neuropaludisme (méningoencéphalite avec hyperlym-
de la fièvre boutonneuse méditerranéenne transmise en Europe phocytose dans le LCS et élévation modérée de la protéinorachie).
par les tiques brunes du chien. Le syndrome méningé haute- Le diagnostic repose sur le frottis sanguin ou la goutte épaisse
ment fébrile est net (céphalées intenses ; algies diffuses). Une (parasitémie). Les formes sévères relèvent d’un traitement urgent
escarre d’inoculation est retrouvée dans un cas sur deux. Le par quinine intraveineuse.
tableau clinique se complète en 3 à 5 jours par une éruption
maculopapuleuse associée selon une fréquence variable à une Méningites à levures
hépatomégalie, une splénomégalie, des signes d’atteinte rénale. Les méningites lymphocytaires à Cryptococcus neoformans
Le diagnostic est sérologique. s’observent dans le cadre des complications des syndromes
D’autres causes de méningites lymphocytaires d’origine bacté- d’immunodéficience acquise (sida), ou au cours d’une chimiothé-
rienne sont devenues exceptionnelles mais demeurent sévères. rapie. Le diagnostic repose sur la mise en évidence de levures par
• Listériose : elle peut être liée à une contamination digestive coloration à l’encre de Chine par culture sur milieu de Sabouraud.
(lait, fromages, charcuteries). La forme cytologique du LCS est
souvent paucicellulaire, panachée mais à prédominance lym- Méningites lymphocytaires aiguës non
phocytaire. La glycorachie est parfois abaissée. Le diagnostic infectieuses : méningites inflammatoires
bactériologique est confirmé par l’examen du LCS, plus rare-
ment par l’hémoculture. Des méningites lymphocytaires ont été décrites au cours de
• Méningite tuberculeuse : elle doit être recherchée chez les certaines maladies inflammatoires. Le tableau clinique est sou-
enfants reliés à une population à risques. Le début est typi- vent celui d’une hyperirritabilité prédominante ou de troubles du
quement progressif. Les signes infectieux sont moins marqués. comportement.
Les signes méningés peuvent être au second plan derrière les Les pathologies habituellement concernées sont : la maladie de
signes généraux ou de localisation neurologique. Le LCS est Still [57] , la maladie de Kawasaki [36] , la maladie de Behçet, les sar-
lymphocytaire à cellularité modérée avec hyperprotéinorachie coïdoses.
et hypoglycorachie. La recherche de bacilles acido-alcoolo- Les signes cliniques associés peuvent orienter le diagnostic et
résistants (BAAR) à l’examen direct est le plus souvent négative. conduire à pratiquer un examen du LCS si les signes d’irritation
La confirmation bactériologique se fait à la culture sur milieu méningée sont présents.
de Lowenstein. La détection du bacille de Koch est ainsi Les méningites inflammatoires peuvent être également reliées à
possible par PCR. Les tests de production in vitro d’IFN-␥ certains tableaux de syndrome d’hyperactivation macrophagique,
(Quantiféron® ) ont une sensibilité moins bonne chez l’enfant à des leucémies lymphoblastiques aiguës ou des lymphomes
que chez l’adulte [51] . Le traitement repose sur une quadruple malins non hogdkiniens [58] .
antibiothérapie (isoniazide, rifampicine, éthambutol, pyrazina-
mide pendant 2 mois, isoniazide et rifampicine au cours des
10 mois suivants). Une corticothérapie est recommandée au Conclusion
cours du premier mois. Des séquelles neurologiques sont fré- Les méningites lymphocytaires aiguës virales sont les plus fré-
quentes [52] . quentes des méningites à liquide clair.
Il a enfin été décrit des méningites lymphocytaires au cours des : Le contexte anamnestiques et les signes cliniques suffisent le
• infections à Mycoplasma pneumoniae : diagnostic par examen plus souvent à évoquer le diagnostic. Celui-ci est confirmé par
sérologique, plus rarement isolement du mycoplasme dans le l’analyse cytologique, biochimique et microbiologique du LCS.
LCS [36, 53] ; La recherche spécifique de l’agent viral responsable doit de
• brucellose : diagnostic par séroagglutination de Wright même demeurer limitée aux seuls tableaux cliniques et biolo-
(méthode de référence ou de fixation du complément) [54] ; giques accompagnés de signes neurologiques atypiques et/ou de
• infections à Bartonella henselae (maladie des griffes du chat) : sévérité.
diagnostic sérologique ou par PCR [55] . Dans la majorité des cas, l’étiologie virale s’intègre le plus sou-
Le diagnostic étiologique le plus difficile à déterminer est celui vent dans un contexte clinique de bénignité infectieuse qui doit
de méningite bactérienne à germes habituels (pneumocoque, conduire à limiter les examens complémentaires et permettre de
méningocoque) décapitée par un traitement antibiotique. Dans porter un pronostic prévisible de méningite non séquellaire.
ces cas, l’antibiothérapie ne modifie pas le nombre cellulaire ni la
glycorachie au cours des premières heures mais réduit le pourcen-
tage de polynucléaires, limite l’élévation de la protéinorachie et
négative l’examen direct du LCS. Références
Le recours aux PCR spécifiques peut alors apparaître utile et
le traitement antibiotique initialement institué éventuellement [1] 17e conférence SPILF. Prise en charge des méningites bactériennes
poursuivi selon le contexte. aiguës communautaires (à l’exclusion du nouveau-né). Med Mal
Infect 2009.
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A. Bourrillon (antoine.bourrillon@rdb.aphp.fr).
Service de pédiatrie générale, Hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France.
E. Bingen.
Service de microbiologie, Hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bourrillon A, Bingen E. Méningites du nourrisson et de l’enfant. EMC - Pédiatrie/Maladies infectieuses
2013;8(3):1-14 [Article 4-210-B-10].
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Détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI) par la méthode du Etest d'une souche de Streptococcus
pneumoniae. CMI pénicilline G : 4 mg/l ; CMI amoxicilline : 3 mg/l ; CMI céfotaxime : 3 mg/l ; CMI imipénème : 0,5 mg/l.
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