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THÈSE

présentée en vue de l’obtention du titre de

Docteur
de
L’Institut National des Sciences Appliquées de Rouen

Discipline : Mécanique
Spécialité : Mécanique des Fluides

par

A LEXANDRE GEORGES-PICOT

D ÉVELOPPEMENT DE MODÈLES PHYSIQUES ET NUMÉRIQUES


POUR LA SIMULATION AUX GRANDES ÉCHELLES DES
ÉCOULEMENTS DANS LES TUYÈRES SUPERSONIQUES

Date de soutenance le 08 Décembre 2014

Rapporteurs :
J.-C. R OBINET Professeur des Universités, Arts et Métiers ParisTech
E. L EFRANÇOIS Professeur des Universités, Université de Technologie de Compiègne
Examinateurs :
M. B UFFAT Professeur des Universités, Claude Bernard Lyon I
N. G UEZENNEC Docteur/Ingénieur, SNECMA Vernon
A. H ADJADJ Professeur des Universités, INSA de Rouen (Dir. thèse)
J. H ERPE Docteur/Ingénieur, CNES - Direction des Lanceurs, Paris
D. VANDROMME Professeur des Universités, INSA de Rouen

Thèse préparée au sein du Laboratoire CORIA, UMR 6614 CNRS.


ii
Avant-propos

Cette thèse s’est déroulée au sein du Laboratoire CORIA, UMR CNRS 6614 et de l’INSA
de Rouen et je tiens, en premier lieu, à remercier Monsieur Boukhalfa et Monsieur Billoët de
m’avoir accueilli dans leurs locaux.

Cette étude a été financée par le CNES et la région Haute-Normandie dans le cadre du
groupe de recherche ATAC, le tout sous l’impulsion de Sandrine Palerm et Julien Herpe. Je
leur exprime ici toute ma gratitude et les remercie, de plus, pour nos échanges durant ces
quelques années.

Merci aux Professeurs Emmanuel Lefrançois et Jean-Christophe Robinet d’avoir accepté


d’être rapporteurs de cette thèse. Je remercie également le Professeur Marc Buffat et Messieurs
Dany Vandromme et Nicolas Guezennec pour leur participation au jury.

Un grand merci à Anne-Sophie Mouronval et à Guy Moebs pour leur aide au déve-
loppement et à l’optimisation du code Choc-Waves. Mes plus sincères remerciements vont
également au Professeur Abdellah Hadjadj qui a encadré ces recherches tout en me laissant
une réelle autonomie et en me faisant entièrement confiance. Il a aussi fait preuve d’une
grande gentillesse et d’une grande patience à mon égard et m’a encouragé et soutenu tout au
long de ce travail.

Je tiens également à remercier ici toutes les personnes, les amis, dont j’ai croisé le chemin
au CORIA et ailleurs, et qui ont contribué à rendre agréables toutes ces années. Parmi eux,
je voudrais citer Arnab, Ouissem, Aliou, Nourredine, Ashwin, Arthur, Olivier et Vineet, ainsi
qu’à l’ensemble des équipes administratives de l’école et du laboratoire.

Pour finir, je tiens surtout à remercier Camille, mes amis et ma famille qui n’ont toujours
pas compris mon sujet mais qui m’ont toujours supporté malgré cela.

iii
iv
Table des matières

1 Contextes scientifique et technologique 11


1.1 Quelques élements de propulsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1.1 Principaux types de tuyères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.1.2 Fonctionnement des tuyères propulsives . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2 Ecoulements dans les tuyères sur-détendues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.2.1 Couche limite amont et décollement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.2.2 Développement de la couche cisaillée libre . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.2.3 Bulle de recirculation et tourbillon de lèvre (IV et V) . . . . . . . . . 47
1.3 Charges latérales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1.3.1 Dissymétrie de la ligne de décollement . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
1.3.2 Transition FSS / RSS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
1.3.3 Régime du End-Effect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.3.4 Couplage aéroélastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.3.5 Refroidissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
1.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

2 Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration


numérique 59
2.1 Equations filtrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.2 Modélisation de sous-maille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.2.1 Concept de la modélisation fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.2.2 Modélisation du tenseur des contraintes de sous-maille . . . . . . . . 62
2.2.3 Modélisation du flux de chaleur de sous-maille . . . . . . . . . . . . 67
2.2.4 Simulation aux grandes échelles implicites . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.3 Modélisation proche paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
2.4 Schémas d’intégration numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.4.1 Traitement des flux convectifs : schéma WENO . . . . . . . . . . . . 74

v
vi TABLE DES MATIÈRES

2.4.2 Avancement en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78


2.4.3 Traitement des termes visqueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.4.4 Traitement des conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

3 Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 85


3.1 Méthode des frontières immergées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.2 Prise en compte des géométries complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.3 Méthode de Drop-Procs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3.1 Fonctionnement de la méthode Drop-Procs . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.3.1.1 Optimisation de la méthode Drop-Procs . . . . . . . . . . . 103
3.3.2 Exemples de validation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.3.2.1 Cylindre immergé dans un fluide au repos . . . . . . . . . . 105
3.3.2.2 Tuyère 3D plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
3.3.2.3 Tuyère 3D axisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
3.4 Communications parallèles pour les entrées/sorties (Input/Output) . . . . . 112
3.5 Scalabilité sur architectures homogènes et hétérogènes . . . . . . . . . . . . 114
3.5.1 Architectures homogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.5.2 Architectures hétérogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

4 Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères superso-
niques 119
4.1 Estimation du coût d’une simulation LES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.2 Profils de couche limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.3 Modèle de paroi algébrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.4 Calculs RANS 2D axisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
4.5 Modèle de paroi statique via bases de données . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
4.5.1 Simulation LES en régime d’écoulement libre, NP R = 10.2 . . . . . 134
4.5.2 Simulation en régime d’écoulement restreint, NP R = 25 et 37.9 . . . 147
4.6 Modèle auto-similaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
4.6.1 Modèle pseudo-dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
4.6.2 Modèle dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
4.6.2.1 Simulations quasi-stationnaires avec modèle de paroi dy-
namique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
4.6.2.2 Un aperçu sur le transitoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
TABLE DES MATIÈRES vii

4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

5 Conclusions et Perspectives 187

A Présentation des cas d’étude 191

B Algorithme Drop-Proc 193

C Mésochallenges Equip@Meso 2013 195

D Extrait de la lettre annuelle GENCI 2013 199


viii TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES 1

Nomenclature

Notations latines

A : Section.
c : Célérité du son.
cv : Chaleur spécifique à volume constant.
cp : Chaleur spécifique à pression constante.
Cf : Coefficient de frottement, Cf = τw /( 12 ρ∞ U∞
2
).
CF : Coefficient de poussée.
d : Distance à la paroi.
e : Energie interne.
E : Energie totale.
f : Fréquence.
g : Accélération de la pesanteur.
Isp : Impulsion spécifique.
k : Nombre d’onde.
li : Longueur d’interaction libre de Chapman.
ṁ : Débit massique.
M : Nombre de Mach.
Mc : Nombre de Mach convectif, Mc = (u1 − uc )/c1 = (uc − u2 )/c2 .
N : Nombre d’éléments.
p : Pression statique.
Pr : Nombre de Prandtl laminaire égal à 0.72.
P rt : Nombre de Prandtl turbulent (pris égal à 0.9 dans cette étude).
q : Pression dynamique.
r(x) : Rayon local.
r : Constantes des gaz parfaits.
Re : Nombre de Reynolds, Re = UD/ν.
2 TABLE DES MATIÈRES

Ret : Nombre de Reynolds turbulent, Ret = νt /ν.


Sij : Tenseur de déformation.
St : Nombre de Strouhal.
t : Temps.
T : Température statique.
c1 u 2 + c2 u 1
uc : Vitesse convective, Uc = (cas d’un gaz de même nature).
c1 + c2
ui , (u, v, w) : ième composante du vecteur vitesse dans les direction x, y, et z.
u′′ : Vitesse fluctuante.
uτ : Vitesse de frottement pariétal.
x, y, z : Coordonnées spatiales.

Notations grecques

α : Demi-angle du divergent.
∆ : Taille de filtre de sous-maille.
∆u : Différence de vitesse, ∆u = u1 − u2 .
δ : Epaisseur de couche limite.
δ2 : Epaisseur de quantité de mouvement.
δω : Epaisseur de vorticité.
ε : Rapport de section.
γ : Rapport des chaleurs spécifiques à pression et à volume constant.
κ : Constante de von Kármán.
µ : Viscosité dynamique.
ν : Viscosité cinématique.
ω : Vorticité.
Ωij : Tenseur de vorticité.
Ψb : Surface de la géométrie.
ρ : Masse volumique.
σij : Tenseur des contraintes visqueuses.
τw : Frottement.
τij : Tenseur des contraintes de sous-maille.
θ : Angle de l’écoulement par rapport à la paroi.
TABLE DES MATIÈRES 3

Indices

a : Conditions ambiantes.
c : Conditions au col.
ch : Chambre de combustion (conditions réservoir).
e : Sortie.
0 : Point de décollement naissant ou pression minimale.
p : Plateau (après décollement).
sep : Séparation ou décollement.
sl : Side-loads (charges-latérales).
sgs : Sub-grid scale.
t : Totale.
vac : Vide.
w : Paroi.
⋆, + : Grandeur adimensionnée.
∗ : Grandeur issue de la base de données.
∞ : Grandeur à l’infini.
e : Grandeur filtrée au sens de Favre.
¯ : Grandeur filtrée au sens de Reynolds.
′′
: Fluctuation au sens de Favre.

: Fluctuation au sens de Reynolds.

Abréviations

AMR : Adaptive Mesh Refinment.


ATAC : Aérodynamique des Tuyères et Arrières-Corps.
BP : Boundary Point.
CFL : Courant Friedrichs Levy.
CPU : Central Processing Unit.
CSM : Modèle de sous-maille basé sur le concept des structures cohérentes.
DES : Detached Eddy Simulation.
DNS : Direct Numerical Simulation.
4 TABLE DES MATIÈRES

FSCD : Flow Separation Control Device.


FSS : Free Shock Separation.
GP : Ghost Point.
HPC : High Performance Compting.
IBM : Immersed Boundary Method.
ILES : Implicit Large-eddy simulation.
IP : Image Point.
LES : Large Eddy Simulation.
NPR : Nozzle Pressure Ratio.
RANS : Reynolds Averaged Navier-Stokes.
RSS : Restricted Shock Separation.
rms : Root mean square.
SSME : Space Shuttle Main Engine.
SST : Shear Stress Tensor.
TBLE : Thin Boundary Layer Equation.
TIC : Truncated Ideal Contour.
TOC : Thrust Optimized Contour.
TOP : Thrust Optimized Parabolic.
URANS : Unsteady Reynolds Averaged Navier-Stokes.
URANS : Unsteady Reynolds Averaged Navier-Stokes.
WALE : Wall-Adapting Local Eddy-viscosity.
WENO : Weighted Essentially Non-Oscillatory.

CNES : Centre National d’Etudes Spatiales.


CORIA : COmplexe de Recherche Interprofessionnel en Aérothermochimie.
DLR : Centre de la recherche aérospatiale allemand.
LEA : Laboratoire d’Etudes Aérodynamiques, aujourd’hui Pprime.
ONERA : Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales.
Résumé

Ces travaux, initiés par le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) dans le cadre
du programme de recherche ATAC (Aérodynamique Tuyères et Arrières-Corps), sont
principalement consacrés au développement et à la validation de modèles numériques
et physiques, pour la prédiction des charges latérales dans les moteurs-fusées. En effet,
les systèmes propulsifs mettent en jeu des phénomènes physiques très complexes :
mélange turbulent, compressibilité forte (interaction choc/turbulence, couplage de modes
vorticité/entropie/acoustique), structures cohérentes et organisations tourbillonnaires
dans le cas tridimensionnel, décollements massifs et instabilités à grande échelle. L’ana-
lyse de ces phénomènes nécessite le recourt à des modélisations de plus en plus fines
basées sur des simulations numériques avancées. Pour faire face au coût prohibitif des
simulations directes (ou simulations LES résolues) des couches limites, un nouveau
modèle de paroi a été développé, en se basant sur les propriétés d’auto similarité des
couches limites compressibles en tuyères supersoniques, et en utilisant des lois de
renormalisation dérivées à partir d’une base de données tabulée. Ce modèle permet de
prendre en compte la dynamique de l’écoulement tout en réduisant considérablement
le nombre de points de calcul et le pas de temps requis pour les simulations LES. Les
résultats de calcul mettent en évidence de nombreuses interactions complexes au sein
de l’écoulement. En particulier, les interactions amont/aval (supersonique/subsonique),
influençant fortement le décollement et la structure de chocs, à l’origine de l’apparition
de pics énergétiques associés à des perturbations acoustiques conduisent à l’apparition,
par rétroaction, de phénomènes d’instabilités convectives, couplées à des modes globaux
dissymétriques en dynamique absolue. Ces phénomènes auto-entretenus sont synonymes
d’efforts latéraux et sont représentatifs des expériences menées en laboratoire et sur bancs
d’essai moteurs-fusées. En terme d’optimisation des calculs massivement parallèles, une
méthode originale, appelée « Drop-Procs », a été développée dans le cadre des frontières
immergées. Cette méthode, adaptée aux architectures de calculs intensifs Tier-0, permet
une réduction notable du temps CPU (Central Processing Unit), allant jusqu’à 50%, et
rendant ainsi ce type de simulations plus accessible à l’échelle industrielle.

5
6 TABLE DES MATIÈRES

This work, initiated by the CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) in the ATAC
research program (Aérodynamique Tuyères et Arrières-Corps), is devoted to the develop-
ment and the validation of numerical and physical models for the prediction of side-loads
in rocket engines. Indeed, propulsion systems involve complex physical phenomena :
turbulent mixing, high compressibility (interaction shock / turbulence, coupling modes
vorticity / entropy / acoustic), coherent structure, three-dimensional vortex organiza-
tions, massive detachment and large scale instabilities. The analysis of these phenomena
requires the uses of advanced numerical simulations. To deal with the high cost of
large-eddy simulations boundary layers, a new wall model, based on renormalization laws
and a database, was developed. This model allows to take into account the dynamics of
the flow while significantly reducing the number of calculation points and the time step
required for LES simulations. Results show many complex interactions within the flow.
In particular, the upstream / downstream interactions (supersonic / subsonic), strongly
influence the separation and the shock structure, causing the occurrence of energy
peaks associated with acoustic disturbances and leading to the appearance of convective
instability, coupled with global asymmetric modes. These self-sustained phenomena are
synonymous of side-loads and are representative of laboratory experiments and rocket
engine test benches. In terms of optimization of massively parallel computing, a new
method, called "Drop-Procs", was developed as part of the immersed boundaries. This
method is suitable for compute-intensive architectures Tier-0 and allows a significant
reduction in CPU time (Central Processing Unit) consumption, up to 50%, making this
type of simulation accessible for industrials.

Mots-clés : Ecoulement supersonique décollés, tuyères propulsives, simulation des grandes


échelles, modèle de paroi, calcul massivement parallèle, méthode des frontières immer-
gées, Drop-Procs.
Introduction

Les vols spatiaux représentent l’une des plus ambitieuses aventures technologiques du
vingtième siècle. Ils constituent aujourd’hui un outil vital au développement des sociétés
modernes qui requièrent un accès à la communication de plus en plus rapide et de
manière abondante. Ces communications ne sont possibles que grâce aux développements
de nouveaux satellites plus perfectionnés. Cependant, cette augmentation exponentielle
de la demande se traduit aussi, malgré les impressionnants développements technolo-
giques en matière d’électronique, de matériaux et de traitement d’information, par une
augmentation de la masse des satellites. Ainsi, afin de répondre à ces besoins, tout en
faisant face à une concurrence devenue mondiale, les professionnels de l’espace doivent
continuellement optimiser les coûts de lancement, augmenter la charge utile des lanceurs,
tout en respectant des normes de fiabilité et de sécurité de plus en plus draconiennes.

Les domaines techniques d’amélioration et d’optimisation dans le secteur aérospatial


sont nombreux et variés. Ils font intervenir de nombreuses disciplines scientifiques, parfois
étroitement liées. Ainsi, pour répondre à l’ensemble des problématiques que cette aventure
soulève, plusieurs groupes de travail, incluant des industriels et des chercheurs, se sont
développés au cours des dernières années. En particulier, la mise en place de technologies
adaptées aux conditions de vol optimales caractérisées par un facteur de répétabilité
accru, requiert une compréhension approfondie de la physique et des mécanismes qui
régissent les systèmes mécaniques et énergétiques. En particulier, le système propulsif et
l’aérodynamique des propulseurs représentent l’un des champs d’étude. C’est ainsi que le
programme ATAC (Aérodynamique des Tuyères et Arrières-Corps) mis en place il y a dix
ans par le Centre National d’Etudes Spatiales, vise à améliorer l’ensemble propulseur par
l’étude de la dynamique de l’écoulement dans les tuyères supersoniques afin de proposer
des solutions adaptées aux contraintes actuelles et futures. Pour cela, le pôle ATAC
regroupe à la fois des industriels et des laboratoires de recherche afin que les travaux
académiques puissent être concrétisés en solutions pratiques.

7
8 TABLE DES MATIÈRES

F IGURE 1 – Fusée Ariane V au décollage.

Le transport spatial est loin d’être l’unique avancée technologique réalisée au cours de
ces dernières années. En effet, en parallèle des domaines de la mécanique et de l’élec-
tronique, une nouvelle discipline s’est rapidement développée : le numérique et le calcul
scientifique. Cette nouvelle technologie, en constante évolution, a profondément modifié
le paysage de la recherche en fournissant une alternative viable aux tests expérimentaux
grâce aux simulations numériques haute résolution. Cette approche permet en effet d’ac-
quérir de grandes connaissances dans de nombreux domaines scientifiques pour des coûts
nettement plus faibles. De plus, elle permet de s’attaquer à des problèmes non encore
résolus.
En mécanique des fluides numérique, l’émergence des machines parallèles s’est ac-
compagnée d’un développement rapide des codes de calcul faisant rapidement progresser
les simulations RANS (Reynolds Averaged Navier-Stokes) vers des simulations URANS, puis
progressivement vers des simulations DES (Detached-Eddy Simulation). Aujourd’hui, les
simulations LES (Large-Eddy Simulation) et DNS (Direct Numerical Simulation) émergent
TABLE DES MATIÈRES 9

comme des alternatives intéressantes pour la recherche et le développement. Cependant,


ce type de simulations reste peu répandu dans le domaine industriel à cause de la
complexité de la mise en œuvre des calculs et des coûts CPU relativement élevés.

Dans le cadre de cette thèse, l’étude se concentre sur le développement d’outils


numériques pour l’analyse des écoulements décollés dans les tuyères supersoniques, et
plus particulièrement dans les tuyères expérimentales à échelle réduite. Le but est de
développer une méthodologie fine, éventuellement transportable à l’industrie, pour la
prédiction des charges latérales dans les moteurs-fusées. Ainsi, le mémoire est organisé
comme suit :

Le premier chapitre relate un état de l’art sur l’aérodynamique des tuyères super-
soniques et les charges latérales associées. Une attention particulière est portée aux
différentes structures de l’écoulement (chocs, décollement, jet supersonique, couche de
mélange, etc) et aux mécanismes physiques à l’origine des efforts latéraux.

Le second chapitre présente les équations mathématiques et les méthodes numériques


utilisées. La modélisation de sous-maille est présentée au même titre que les modèles de
paroi LES qui revêtent un intérêt particulier pour les écoulements à grand nombre de Rey-
nolds. Enfin, les différents schémas numériques et les conditions aux limites sont présentés.

Dans le troisième chapitre, la méthode des frontières immergées (IBM) est présentée.
Afin de modéliser les géométries complexes, la méthode de tracé de rayons, couplée à la
méthode IBM, est présentée. De plus, pour disposer d’un outil performant, une nouvelle
méthode d’abandon de processeurs, appelée “Drop-procs”, est développée.

Le quatrième chapitre concerne la modélisation de l’écoulement en proche paroi.


Un nouveau modèle de paroi auto-similaire, comparable aux modèles bi-couche, basé
sur l’exploitation d’une base de données est mis au point. Les résultats de validation
du modèle développé sont présentés. Ce chapitre permet également de mettre en avant
les performances de l’approche LES pour l’étude de la dynamique des écoulements
décollés dans les tuyères supersoniques. Les résultats obtenus mettent en évidence le
caractère oscillatoire et fortement instationnaire du jet de décollement et l’importance
des conditions avales sur le décollement. Les interactions entre le jet supersonique, le
tourbillon de lèvre et la bulle de recirculation présentent un intérêt particulier dans les
tuyères décollées à cause de leurs fréquences caractéristiques relativement basses.
10 TABLE DES MATIÈRES

Le dernier chapitre contient les conclusions et les perspectives qui viennent clore cette
étude.
Chapitre 1

Contextes scientifique et technologique

L’objectif de ce chapitre est d’exposer les connaissances actuelles sur les charges
latérales dans les tuyères de moteurs-fusées. Ce chapitre présente les différents aspects
des écoulements dans les tuyères décollées et les expériences mettant en évidence les
charges latérales. Partant de ces observations, les différents phénomènes à l’origine
de ces charges sont exposés. Un intérêt particulier est porté sur l’étude des différents
paramètres physiques pouvant influencer les structures à grandes échelles de l’écoulement
et les phénomènes oscillatoires à basse fréquence. Les calculs numériques effectués ces
dernières années seront également présentés.

1.1 Quelques élements de propulsion


Tout d’abord, il convient de rappeler quelques éléments de base concernant les tuyères
propulsives, leur mode de fonctionnement.

Les engins spatiaux (avions, fusées ou missiles) se propulsent en éjectant une masse
d’ergols (O2/H2 pour Ariane V) à très haute vitesse afin de créer une force de poussée.
Ces ergols sont d’abord brûlés dans une chambre de combustion avant d’être évacués par
une tuyère d’échappement.

Cette dernière, située dans la continuité de la chambre propulsive, représente l’élément


central d’un moteur. La tuyère est formée de deux parties, un convergent et un divergent,
séparés par un col. Dans le convergent, les gaz sont rapidement accélérés pour atteindre
l’état sonique au col (M = 1). Ils sont ensuite détendus dans le divergent et continuent à

11
12 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.1 – Tuyère Vulcain 2 équipant la fusée Ariane V.

être accélérés jusqu’à atteindre un nombre de Mach suffisamment élevé (M > 1), imposé
par la géométrie de la tuyère.
En d’autres termes, la tuyère exploite l’énergie chimique des ergols brûlés dans la chambre
de combustion pour générer une poussée importante. Idéalement, une tuyère idéale
doit pouvoir détendre l’écoulement depuis le col de manière isentropique en produisant
un écoulement uniforme en sortie. On parle d’un écoulement adapté, caractérisé par
une poussée maximale. Le nombre de Mach de sortie des gaz, Me , dépend du rapport
d’expansion ε et des capacité calorifiques des far, γ. Ces paramètres sont liés par la relation
isentropique suivante :

s
   γ−1
γ+1
Ae 1 2 γ −1 2
ε= = 1+ Me (1.1)
Ac Me γ+1 2

  γ
γ − 1 2 1−γ
pe = pch 1 + Me (1.2)
2
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 13

F IGURE 1.2 – Principe d’une tuyère.

avec pch la pression dans la chambre de combustion. La poussée produite par la tuyère
peut être exprimée à l’aide des grandeurs caractéristiques de la tuyère suivant :

F = (ṁve + pe Ae ) − pa Ae = CF pch Ac = ṁIsp (1.3)

où ṁ désigne le débit massique, CF le coefficient de poussée et Isp l’impulsion spécifique


(s). ve et pe sont les valeurs moyennes de la vitesse et de la pression dans le plan de sortie
du divergent.
Le coefficient CF correspond à l’augmentation de la poussée dans la tuyère par
rapport à la poussée que celle-ci aurait au niveau du col (pas de divergent). L’impulsion
spécifique, Isp , quant à elle, est représentative du rendement de la tuyère, c’est-à-dire le
taux de conversion du débit massique des gaz brûlés en une force de poussée. A l’aide des
14 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

relations isentropiques, l’impulsion spécifique idéale peut être définie comme :

F pe − pa
Isp,ideal = = ve + Ae
ṁ ṁ
v ! s (1.4)
u   γ−1   γ−1
γ+1
u 2γrTch pe γ
r Tch 2 pe − pa
=t 1− + ε
γ−1 pch γ γ+1 pch

avec Tch la température dans la chambre de combustion et R la constante des gaz parfaits.
Le rendement maximal est obtenu lorsque la pression de sortie est égale à la pression
ambiante. Cela équivaut à dire que si la pression ambiante évolue au cours du temps,
comme c’est le cas lors du vol d’un lanceur, il est nécessaire de disposer d’un facteur de
détente variable. Cependant, les contraintes thermomécaniques que subissent les tuyères
et la complexité de réalisation font que les choix technologiques se limitent à des tuyères à
rapport de section constant dans le cadre de la propulsion spatiale. Ce choix technologique
offre un bon compromis entre performance et conception.

1.1.1 Principaux types de tuyères


Bien que le principe de fonctionnement des tuyères convergente-divergente soit le
même pour toutes les applications supersoniques, il existe, tout de même, une grande
variété d’écoulements possibles suivant les différentes formes de tuyères. La géométrie
de la tuyère joue un rôle important, à la fois sur le plan de la conception (rapport
performance/encombrement) que sur le pilotage de la position du décollement en régime
de forte sur-détente. Ainsi, trois principales familles de tuyères de lanceurs peuvent être
distinguées :

1. Les tuyères coniques qui furent très largement utilisées lors de la conception des
premiers moteurs-fusées de par leur simplicité et leur facilité de construction.
Généralement, ces tuyères présentent un demi-angle de divergence compris ente 15◦
et 25◦ . Ces tuyères ne sont pas exploitées pour la propulsion des étages principaux
des lanceurs pour des raisons d’encombrement et de manque de performances.

2. Les tuyères galbées, formant la seconde famille de tuyères conventionnelles, offrent


Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 15

F IGURE 1.3 – Principaux types de tuyères conventionnelles (coniques, TIC, TOC et TOP) et
non-conventionnelles (aerospike, double-galbe), extrait de [148].

de sérieux avantages sur les précédentes en terme de taille et de performance, bien


que, au même titre que ces dernières, elles ne soient réellement efficaces que pour
une altitude donnée. Ces tuyères peuvent être divisées en trois sous-familles :

– Les tuyères idéales tronquées ou Truncated Ideal Contour (TIC), dont le profil est
défini grâce à la méthode des caractéristiques [60, 113]. Ces tuyères lorsqu’elles
ne sont pas tronquées, sont caractérisées par un profil “smooth” générant un
écoulement uniforme en sortie. Cependant, comme la partie terminale du contour
présente un angle de divergence faible et ne participe que très modestement
à la poussée, le fait de les tronquer présente un gain d’espace non-négligeable
pour une perte de rendement faible due à la non-uniformité de l’écoulement
en sortie. Ahlberg [4] proposa une méthode d’optimisation, basée sur les lignes
caractéristiques, qui permet de fournir un contour présentant une performance
maximale pour un rapport de section donné.
16 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

– Les tuyères optimisées en poussée, ou Thrust Optimized Contour (TOC). Une pre-
mière méthode pour modéliser des géométries de tuyères optimisées en poussée
respectant des contraintes de longueur et de pression ambiante fut proposée par
Guderley et Hantsch. Cette méthode ne fut cependant pas réellement adoptée
jusqu’à ce que Rao [123] et Shmyglevsky [132] la simplifient. C’est pourquoi, ce
type de tuyère est aussi fréquemment appelé tuyère de Rao à l’Ouest et tuyère de
Shmyglevsky en Russie. Une tuyère TOC est 75 à 85% plus allongée qu’une tuyère
conique (de 15◦ ) ayant le même rapport de section. Ces tuyères sont caractérisées
par la présence d’un choc interne qui prend naissance au niveau du col, suite au
changement de courbure entre le col et le divergent.

– Les tuyères optimisées paraboliques ou Thrust Optimized Parabolic (TOP) furent


développées car la définition du profil des tuyères TOC reste complexe malgré
les simplifications apportées par Rao-Shmyglevsky. C’est pourquoi Rao [124] a
montré que le profil des tuyères TOC pouvait être approximé par une parabole
sans perte significative de performance. Cette méthode est fréquemment employée
de nos jours pour la conception des tuyères de propulseurs. De même que dans les
tuyères TOC, les tuyères TOP sont caractérisées par la présence d’un choc interne.

3. Les tuyères non-conventionnelles, telles que les tuyères annulaires de type aerospike
ou les tuyères à double-galbe. Ce type de tuyères existent plus à titre expérimental et
ne feront donc pas l’objet d’une étude approfondie. On trouvera plus d’informations
sur ces tuyères dans les références [38, 54] et plus globalement sur les tuyères, dans
l’œuvre de Sutton et Biblarz [148].

1.1.2 Fonctionnement des tuyères propulsives


Lorsqu’une tuyère est amorcée (état sonique au col), le régime d’écoulement ne
dépend que du rapport entre la pression ambiante pa (supposée variable) et la pression
statique en sortie pe,vac (où vac fait référence au vide) que celle-ci aurait dans le vide.
Dans la pratique, on distingue trois régimes de fonctionnement de tuyère qui en fonction
du rapport de pression. Ainsi :

– Si pa /pe = 1, on parle d’un régime adapté.


– Si pa /pe < 1, les gaz finissent leur détente à l’extérieur de la tuyère. Il s’agit d’un
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 17

(a) (b)

F IGURE 1.4 – Tuyère plane : (a) en régime de sous-détente (pa /pe,vac = 0.66) caractérisée
par la présence de faisceau de détente à la lèvre de sortie du divergent. (b) en régime de
sur-détente avec une réflexion de Mach (pa /pe,vac > 2.5). Photos extraites de [93] .

régime de sous-détente, avec un faisceau en sortie du divergent.


Dans les deux cas, l’écoulement reste attaché à la paroi, et le profil de pression pa-
riétale ne dépend que de la géométrie de la tuyère et des conditions amont.
– Si pa /pe > 1, les gaz sont recomprimés à la sortie de la tuyère. On parle d’un régime
sur-détendu, souvent caractérisé par l’apparition d’une onde de choc à la lèvre de
sortie du divergent. La couche limite doit faire face à un gradient de pression adverse
qui conduit à son épaississement. Celle-ci reste, cependant, attachée à la paroi jusqu’à
la lèvre de sortie de la tuyère. Différents types de structures de choc, décrits plus en
détails par la suite, peuvent être rencontrés dans ce cas.
– Si le rapport de pression continue à augmenter, c’est-à-dire si pa /pe >> 1, on parle
d’un régime fortement sur-détendu. Il existe une valeur seuil de ce rapport pour
laquelle la couche limite ne peut plus faire face au gradient de pression adverse
et fini par décoller. La prédiction de la position du décollement en fonction du
rapport de pression est une problématique ancienne considérée comme une des
raisons probables de la génération des charges latérales. Les critères de décollement
(présentés en page 30) ont pour objectif de prédire la position du décollement.

En fonction de l’évolution du profil de tuyère et des conditions de l’écoulement,


plusieurs structures de choc peuvent apparaître dans le jet supersonique :

1. La réflexion régulière caractérisée par l’impact direct du choc incident, I, sur l’axe de
la tuyère, générant un choc oblique réfléchi, IR (voir Fig. 1.5).
2. La réflexion singulière ou de Mach caractérisée par la formation d’un disque de
18 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

(a) (b) (c)

F IGURE 1.5 – Tuyères illustrant différentes structures de choc (en haut) photos de bancs
d’essais moteurs NASA et SNECMA, (en bas) représentation schématique de l’écoulement
au sein des tuyères décollées avec IS : choc interne, I : choc incident, D : point de décolle-
ment, IR : choc réfléchi, TP : point triple, SL : ligne de glissement, V : recirculation, J : jet
supersonique.
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 19

F IGURE 1.6 – Schéma des différentes réflexions de Mach dans une tuyère décollée.

Mach. De nature forte, ce choc, souvent perpendiculaire à l’axe du jet, peut présenter
un profil légèrement concave ou convexe selon la géométrie de la tuyère ou les
conditions locales de l’écoulement. Au point d’interaction entre le choc incident
et le disque de Mach se forment un choc réfléchi, IR, et une ligne de glissement,
SL, qui sépare la zone subsonique en aval du disque de Mach du jet supersonique.
L’intersection de ces trois discontinuités forme un point triple, TP. La réflexion de
Mach peut être directe ou inverse. On parle d’une réflexion directe lorsque l’angle
entre la ligne de glissement, issue du point triple et l’écoulement, est positif et d’une
réflexion inverse dans le cas contraire (voir Fig. 1.6).

Les principaux paramètres qui influencent la topologie des structures de choc sont la
géométrie de la tuyère et le taux de détente. Les études théoriques menées par Ben-Dor
[12, 35] sur des phénomènes d’interférences de chocs ont montré qu’il existe un phéno-
mène d’hystérésis lors de la transition entre ces deux types de réflexion (directe et inverse).
20 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

Dans les tuyères supersoniques, l’interaction du choc avec le disque de Mach peut
conduire à une structure de choc “en chapeau” ou plus communément appelée “cap-shock
pattern” [55] (voir Fig. 1.5(c)). Cette structure correspond à l’enchaînement d’une ré-
flexion de Mach inverse et d’une réflexion régulière, formée par le choc issu du point triple
et le choc induit par le décollement de la couche limite. De même, la transition entre une
réflexion de Mach et une structure de choc en chapeau est caractérisée par un phénomène
d’hystérésis [53].

1.2 Ecoulements dans les tuyères sur-détendues


De nombreuses études ont été réalisées sur les tuyères décollées afin de mieux com-
prendre l’influence des différentes paramètres et conditions de fonctionnement sur les
propriétés de l’écoulement. Ces études ont commencé dans les années 50 avec les travaux
de Summerfield et al. [146], puis ont continué avec les travaux successifs de Chapman et
al. [29], Arens et Spiegler [8], Schmucker [130] et dans les dix dernières années avec,
entre autres, les travaux de Frey et Hagemann [56], Nguyen et al. [107], Reijasse [125],
etc. En parallèle, les Etats-Unis, la Russie, le Japon et la Chine ont menés de nombreuses
études avec, par exemple, les travaux de Smalley et al. [139], Wang [157], Baars et al.
[10], Olson et Lele [110] pour les Etats-Unis, de Shmyglevsky [132] et Ivanov et al. [73]
pour la Russie, Watannabe et al. [163], et Tomita et al. [152] pour le Japon et enfin ré-
cemment, Chen et al. [32] et Xiao et al. [171] pour la Chine. Une étude détaillée des
phénomènes de décollement de jet et des charges latérales a été réalisée par Jan Östlund
[113]. L’auteur y résume de manière exhaustive les résultats des travaux numériques et
expérimentaux obtenus sur des tuyères supersoniques. Deux phénomènes ont été particu-
lièrement étudiés. Le premier, est lié à la transition entre décollement libre ou Free Shock
Separation (FSS) et décollement resreint ou Restricted Shock Separation (RSS). Cette tran-
sition est à l’origine d’un important pic d’efforts latéraux. Elle a lieu essentiellement dans
les tuyères à contour optimisé TOC ou TOP et est caractérisée par un cycle d’hystérésis
lors de la montée et de la descente en pression chambre [119]. Le second phénomène
est lié au régime du “End-effect” [2, 40]. Celui-ci survient lorsque, dans une configuration
d’écoulement type RSS (voir page 28), la bulle de recirculation piégée par le décollement-
recollement atteint la lèvre de sortie. Le jet s’ouvre brusquement sur le milieu ambiant
et provoque une augmentation rapide de la pression en aval du choc de décollement. Ce
phénomène cyclique se traduit par une remontée importante de la ligne de décollement.
Ces deux phénomènes sont, cependant, propres aux géométries de tuyères à contour opti-
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 21

I Ecoulement amont, couche limite attachée


II Décollement et apparition d’instabilités convectives de type Kelvin-Helmholtz
III Couche cisaillée et zone de sillage
IV Bulbe de recirculation en zone décollée (proche paroi)
V Tourbillon de lèvre
VI Ecoulement en aval du disque de Mach

TABLE 1.1 – Caractérisation zonale de l’écoulement dans une tuyère décollée.

I Ecoulement amont, couche limite attachée


II Décollement
III Couche cisaillée et zone de sillage
IV Bulbe de recirculation en aval du disque de Mach (similaire au VI du FSS)
V Tourbillon pariétal piégé dans la zone décollée

TABLE 1.2 – Caractérisation zonale d’un décollement restreint.

misé. Pourtant, les différentes expériences réalisées ont montré qu’il existe également des
oscillations importantes de la ligne de décollement en configuration de décollement libre
et ce, quelle que soit la géométrie de la tuyère.
D’un point de vue pratique, les phénomènes d’oscillations basses fréquences peuvent
se révéler dangereux pour l’intégrité du moteur surtout s’ils coïncident avec les modes
propres de la structure mécanique. Si l’origine de ces phénomènes demeure encore mal
appréhendée dans le cas des écoulements décollés, la littérature offre, tout de même,
deux hypothèses différentes : (i) Les oscillations basses fréquences sont la conséquence de
perturbations venant de l’amont [42, 14], (ii) elles résultent de la bulle de recirculation
en aval [44] couplée au choc de décollement. Ce dernier peut être assimilé à un système
masse ressort avec un filtre passe-bas [131]. Par la suite, nous nous intéressons à la
deuxième hypothèse qui retient l’attention de la communauté scientifique.

Le décollement de jet dans une tuyère parabolique peut être caractérisé par plusieurs
phénomènes locaux comme indiqué dans la Fig. 1.7 et résumés dans le tableau 1.1.
Chaque phénomène est caractérisé par une dynamique propre. De même, dans le cas d’un
décollement restreint, l’écoulement peut être décomposé en cinq zones illustrées dans la
figure 1.8 et renseignées dans le tableau 1.2.

Tout d’abord, les écoulements décollés sont caractérisés par une forte dynamique insta-
tionnaire dominée par des interactions onde de choc/couche limite. En aval du disque de
22 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.7 – Schéma de la topologie moyenne d’un écoulement de type FSS.

F IGURE 1.8 – Schéma de la topologie moyenne d’un décollement restreint.


Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 23

Mach (voir Fig. 1.7), le choc réfléchi interagit avec la couche de mélange décollée et forme
une zone cisaillée à la confluence entre le jet supersonique et la zone de recirculation. Ces
deux régions sont le siège de fortes instabilités convectives. En configuration RSS (voir
Fig. 1.8), le jet supersonique recolle à la paroi après s’être détaché, et forme une bulle de
recirculation derrière le disque de Mach.

1.2.1 Couche limite amont et décollement


Couche limite amont (I) : Lorsqu’une tuyère est amorcée, une couche limite se forme
le long du divergent. Dans une tuyère fortement sur-détendue, la couche limite reste
attachée à la paroi jusqu’à la pression minimale correspondant à la région de décollement.
Cette couche limite est turbulente et est caractérisée par des structures tridimensionnelles
réparties sur un spectre continu de large gamme d’échelles macroscopiques. Dans le cadre
des simulations DNS, Pirozzoli [122] a réalisé une étude sur l’interaction onde de choc
/ couche limite supersonique à M∞ = 1.3. L’analyse réalisée par l’auteur, sur le spectre
de la pression pariétale en amont de l’interaction pour trois abscisses différentes, montre
que celui-ci est caractérisée par une plage de fréquences large bande et par une absence
de pics basses fréquences. Des résultats similaires sont également reportés dans les
travaux de Glorefelt [61] qui coïncident avec les prédictions du modèle semi-empirique
de Goody [62]. Le décollement induit par le gradient de pression adverse entraîne la
formation d’un faible choc de recompression caractérisé par un écoulement toujours
supersonique en aval de celui-ci. Cependant, la couche limite attachée peut participer à la
dynamique globale du choc de recompression en cas de remontée d’information. En effet,
bien que l’écoulement amont soit globalement supersonique empêchant la remontée de
perturbations, une partie de la couche limite demeure subsonique et permet en théorie
une petite remontée d’informations. Cependant, compte tenu de la finesse du canal
subsonique (faible pourcentage de la couche limite), la perturbation ne peut remonter
trop loin dans l’écoulement. Ainsi, la quantité d’énergie transmise via ce canal est rela-
tivement faible pour supposer que son influence sur le mouvement du choc est négligeable.

Décollement (II) : D’après Simpson [135], deux facteurs conditionnent le décollement


d’une couche limite. Le premier est lié à l’existence d’une contre-pression qui, en s’opposant
au développement de l’écoulement, modifie le profil de vitesse de la couche limite jusqu’à
l’inversion de l’écoulement dans la sous-couche visqueuse (cas d’une interaction forte choc
/couche limite). Le second facteur est lié à la géométrie de la tuyère et donc aux effets
de courbure et/ou aux changements de section. Le cas extrême étant, par exemple, celui
24 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.9 – Schématisation d’un décollement libre de couche limite. Image extraite de
[135].

d’une marche dont la rupture de géométrie soudaine conduit au décollement de la couche


limite. Dans son étude, Simpson propose une définition différente du phénomène de décol-
lement. En effet, La plupart des travaux réalisés visent à déterminer la position moyenne
du point de décollement, D, sans tenir compte des zones de compression ou de détente
en amont et en aval du décollement. En effet, la longueur de la région comprise ente les
points ID (Incipient Detachment), ITD (Intermittent Transitory Detachment), TD (Transitory
Detachment) et D (Detachment) dépend fortement de l’état de l’écoulement et peut être
caractérisée par la fraction de temps γpu requise à l’écoulement pour être convecté en aval
(voir Fig. 1.9) :
– ID pour γpu = 0.99
– ITD pour γpu = 0.8
– TD γpu = 0.5
– D quand le frottement pariétal τw est nul (en moyenne).
Cette zone de transition, détaillée par Simpson, a fait l’objet de la théorie de l’interac-
tion libre de Chapman et correspond à la zone d’interaction libre, i.e. zone comprise entre
l’abscisse de pression minimale et l’abscisse de décollement effectif.

Concept d’interaction libre : Introduit par Chapman [29] dans la théorie relative à l’in-
teraction onde de choc/couche limite en écoulement bidimensionnel, ce concept repose
sur l’idée que l’augmentation de pression lors d’un décollement de couche limite est liée
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 25

essentiellement à l’épaississement de la couche limite, indépendamment des conditions


aval ayant provoqué le décollement. Cet écoulement est défini au pied de l’interaction 0
(point de pression minimale) d’abscisse x0 par une pression statique p0 , un nombre de
Mach extérieur M0 , un coefficient de frottement Cf 0 et une épaisseur de déplacement
δ10 . Soit θ l’angle de l’écoulement par rapport à la paroi, la déflexion de l’écoulement
∆θ = θ(x) − θ(x0 ), est liée à l’augmentation de l’épaisseur de déplacement :

dδ10
∆θ = (1.5)
dx
Soit x∗ l’abscisse adimensionnée, x∗ = (x − x0 )/li , avec li représentant la distance entre le
point de pression minimale 0 et le point de décollement D. La déflexion de l’écoulement
peut être réécrite de la manière suivante :
 
 d δ1
δ10 δ10
θ(x∗ ) − θ(0) = (1.6)
l dx∗
En faisant l’hypothèse d’une faible augmentation de l’épaisseur de couche limite lors de
l’interaction et en utilisant la loi linéarisée de Prandtl-Meyer pour exprimer la déflexion
∆θ, Chapman aboutit à l’équation :
 
 d δ1
p − p0 2 δ10 δ10
=p 2 (1.7)
q0 M0 − 1 l dx∗
avec q0 la pression dynamique définie comme γ2 p0 M02 .
Si on suppose qu’il existe une loi de similitude de la structure de l’écoulement lors de
l’interaction libre, l’évolution de l’épaisseur de déplacement en fonction de l’abscisse peut
être considérée comme une loi universelle :
 
p − p0 2 δ10
=p f1 (x∗ ) (1.8)
q0 M02 − 1 l
En utilisant l’équation de quantité de mouvement selon la direction de l’écoulement définie
par :

∂u ∂u dp ∂τ
ρu + ρv =− + (1.9)
∂x ∂y dx ∂y
avec à la paroi, u = v = 0, on obtient :
 
dp ∂τ
= (1.10)
dx ∂y y=0
26 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

Si on intègre cette équation entre x0 et x on obtient :


Z x  
∂τ
p − p0 = dx (1.11)
x0 ∂y y=0

En adimensionnant les abscisses et en introduisant la pression dynamique, q0 , et le frotte-


ment pariétal, τ0 , en 0 on obtient :
 
Z x∗ ∂ τ
p − p0 l τ0
= Cf   dx∗ (1.12)
q0 δ10 0 0 ∂ y
δ10
 
Z x∗ ∂ τ
τ0
Une seconde hypothèse de similitude permet de supposer que le terme   dx∗ ne
y
0 ∂ δ10
∗ ∗
dépend que de x et obéit à une loi de similitude f2 (x ), d’où :

p − p0 l
= Cf f2 (x∗ ) (1.13)
q0 δ10 0
A partir de ces équations, on a :

p − p0 p 1
= 2Cf0 (M02 − 1)− 4 F (x∗ ) (1.14)
q0

avec F = f1 f2 une fonction supposée universelle. Une courbe empirique relative à cette
fonction, dans le cas d’un écoulement turbulent uniforme, a été proposée par Erdos et
Pallonne [49]. Cette analyse a été généralisée aux écoulements bidimensionnels ou de
révolution [27]. F (x∗ ) devient alors :
s
p − p0 ν(x) − ν(x)
F (x∗ ) = (1.15)
q0 C f0

avec ν la fonction de Prandtl-Meyer. La fonction F (x∗ ) présente une bonne corrélation


avec les résultats expérimentaux obtenus à partir des tuyères profilées en régime de
sur-détente pour des nombres de Mach M0 compris entre 2.06 et 5.04.

Dans le cas d’un décollement libre, la couche limite supersonique décolle pour un
certain rapport de pression pa /pw , où pa fait référence à la pression ambiante et pw à la
pression paroi. Un écoulement de retour se forme en aval du point de décollement avec un
entraînement de fluide de l’extérieur vers l’intérieur via la couche de mélange. L’évolution
de la pression pariétale pw le long du divergent de la tuyère peut être considérée en
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 27

F IGURE 1.10 – Schéma d’un décollement libre (FSS) d’après Frey et Hagemann [53]. Les
indices 0, s et p, font respectivement référence au point de pression minimale, au point de
décollement et aux conditions plateau.
28 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.11 – Schéma d’un décollement restreint (RSS) d’après Frey et Hagemann [53].
L’indice r fait référence au point de recollement.

partie régie par la physique des interactions onde de choc / couche limite. La première
déviation de la pression pariétale, par rapport à son évolution dans le vide pw,vac , est
appelée “pression de décollement naissant”. Elle est notée p0 et est associée à une abscisse
x0 . La pression pariétale augmente ensuite rapidement à travers le choc jusqu’à atteindre
une “pression plateau” pp généralement plus faible que la pression ambiante pa . Il faut
noter que le décollement effectif a lieu plus en amont, en xsep , un peu avant le plateau.
La distance comprise entre les abscisses x0 et xsep est appelée distance d’interaction
libre et représente une zone de transition entre la couche limite attachée et la zone de
recirculation. L’augmentation de pression entre pp et pa , due à la zone de recirculation, est
beaucoup moins marquée.
Il en ressort que le décollement libre fait intervenir deux mécanismes bien distincts : Le
premier est associé au décollement du jet à la paroi et est régi par le saut de pression
p0 /pa , comme Simpson l’a détaillé dans ses études [135]. Le second est lié à l’écoulement
ambiant aspiré dans la zone de recirculation et contrôlé par l’évolution du rapport pp /pa .

Un second type de décollement fut observé dans les années 70 par Nave et Coffey
[106] durant des tests sur des maquettes du moteur américain J-2S alimenté en gaz froid.
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 29

Il s’agit du décollement RSS. L’existence de ce type de décollement fut confirmé en 1994


par les simulations numériques de Chen et al [32]. Il est caractérisé par la présence d’une
ou plusieurs petites zones de recirculation pariétales piégées entre le jet supersonique
et la paroi. Par la suite, il fut rencontré sur d’autres maquettes à échelle réduite, mais
aussi sur des moteurs réels. Bien que les chercheurs imputaient ce phénomène aux effets
combinés de la réduction d’échelle et aux gaz froids, il s’avère que cette configuration
est principalement influencée par le profil de la tuyère et non par la taille de celle-ci.
En effet, ce type de topologie n’est présente que dans le cas des tuyères à contour
optimisé. Or, ces tuyères sont caractérisées par une structure de choc en chapeau au dela
d’un certain rapport de pression. Ainsi, Frey et Hagemann ont proposé une explication
pour le décollement restreint à partir d’observations expérimentales et numériques.
Selon leurs études, la structure de choc en chapeau modifie l’équilibre des forces dans
l’écoulement, favorisant ainsi l’ouverture de la bulle de recirculation centrale, ce qui
conduit au recollement du jet supersonique sur la paroi. Ceci provoque une évolution
irrégulière de la pression pariétale en aval du décollement, pouvant dépasser par endroit
la pression ambiante. Ce phénomène est accompagné d’une formation d’un train d’ondes
de compression et de détente le long du jet supersonique pariétal.

La transition entre les régimes de décollements libre et restreint est caractérisée par
un phénomène d’hystérésis illustré, entre autres, dans les travaux numériques de Pillinski
[119] et Martelli [97]. Ce phénomène s’explique par le fait que la pression plateau pp dans
la bulle de recirculation, piégée dans la configuration RSS, est inférieure à la pression
plateau de la bulle de recirculation de la configuration FSS. Ainsi, les deux configurations
présentent des rapports de pression, pc /pp , différents qui se traduisent par des abscisses de
décollement différentes, indépendamment des modifications apportées par le changement
topologique. La transition entre les régimes FSS et RSS se fait pour un rapport de pression
plus élevé lors de l’allumage que lors de l’arrêt du moteur.

D’autres études numériques, relatives aux interactions onde de choc/couche limite


ou à des couches limites soumises à des gradients de pression adverses, ont été réalisées
ces dernières années. On peut citer, en particulier, les travaux numériques de Bernardini
[19] qui met en évidence l’influence du gradient de pression adverse et l’interaction
choc/couche limite sur la pression pariétale. L’auteur note, en particulier, une augmen-
tation globale du spectre de la pression pariétale, caractérisée par une amplification des
phénomènes basses fréquences, et une diminution des hautes fréquences, principalement
dans la zone supersonique. Plus en aval, dans la zone de décollement, des similitudes
30 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

basées sur les propriétés locales de la couche limite des spectres de la pression pariétale
permettent de retrouver une pente en -7/3 caractéristique de la cascade énergétique.
Cette similitude est une conséquence de la réduction du frottement moyen sous l’influence
du gradient de pression adverse qui conduit à une diminution de la turbulence.

Critères empiriques de décollement : Bien que la position du décollement soit


instationnaire et parfois dissymétrique, il a été mis en évidence, par de nombreuses études
numériques et expérimentales, que ce phénomène fluctue autour d’une valeur moyenne
stable au cours du temps. De plus, cette position semble être fortement liée au rapport
de pression puisque l’abscisse du décollement augmente celui-ci. Ainsi, plusieurs critères
semi-empiriques de prédiction de la position moyenne de la ligne de décollement ont été
développés par le passé. Nous en citons quelques uns :

– Critère de Chapman (1962) [29] : A partir de la théorie de l’interaction libre,


Chapman a déduit le critère de décollement suivant :

pp γM02 p 1
=1+ 2Cf0 (M02 − 1)− 4 F (1.16)
p0 2
On peut noter que ce critère ne donne pas d’information sur la position du point de
décollement (xs ), mais sur la position de la pression minimale (x0 ) située juste en
amont. Le critère d’interaction libre montre que l’on peut relier le saut de pression,
à travers le choc de décollement, au nombre de Mach amont M0 et au coefficient
de frottement Cf 0 de la couche limite au début de l’intéraction (point de pression
minimale). Cependant, comme la variation du Cf 0 en fonction du nombre de
Reynolds est très faible (Cf varie proportionnellement à Re1.5 pour un écoulement
turbulent sur plaque plane), d’autres critères basés uniquement sur le nombre de
Mach ont été proposés.

– Critère de Summerfield (1940) [146] : Ce critère est tiré des expériences effectuées
sur des tuyères coniques sur-détendues par Foster et al. [51] dans une gamme de
rapports de pression pch /pa situés entre 15 et 20. Il s’exprime comme :

p0
= 0.4 (1.17)
pa
– Critère de Schilling (1962) [128] : Ce critère est construit à partir de la méthode de
Green [63] qui consiste à exploiter le rapport de pression p0 /pc plutôt que le rapport
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 31

p0 /pa communément employé. Schilling à déduit ces critères à partir d’essais sur des
tuyères profilées coniques tronquées, alimentées pour 90% d’entre elles en air froid,
et pour les autres par des gaz de combustion d’ergols de type O2 /H2 .
 −0.195
p0 pch
= 0.583 , pour les tuyères profilées tronquées (1.18)
pa pa
 −0.136
p0 pch
= 0.541 , pour les tuyères coniques (1.19)
pa pa
– Critère de Kalt et Bendall (1965) [76] : Critère très proche du critère de Schilling
déterminé d’après de nombreuses expériences réalisées en air froid et en gaz réels
chauds.
 − 15
p0 2 pch
= (1.20)
pa 3 pa
– Critère de Schmucker (1976) [129] : Critère obtenu à partir d’essais sur des
moteurs-fusées à propergols liquides. Schmucker considère qu’il est préférable, selon
une équation empirique, de faire intervenir le nombre de Mach au point de pression
minimale M0 , plutôt que d’utiliser le rapport de pression pc /pa .

p0
= (1.88M0 − 1)−0.64 (1.21)
pa
– Critère de Stark [144] : Critère de décollement simple déterminé à partir de nom-
breuses expérimentations et simulations numériques réalisées en gaz chaud ou froid
sur des tuyères planes, coniques ou galbées.

p0 π
= (1.22)
pa 3M0
avec π ≈ 3.14.
Ce critère présente une bonne cohérence avec l’ensemble des résultats expérimen-
taux et les comparaisons réalisées entre les différents cas tests tendent à montrer
que la géométrie de la tuyère et le type de combustible ont peu d’influence sur la
position du décollement (voir compilation des résultats sur la Fig. 1.12).

Cependant, aucun de ces critères mentionnés ci-dessus ne peut prétendre s’appliquer


de façon générale aux cas des tuyères en régime de sur-détente. Une des raisons qui peut
expliquer les écarts observés réside dans le fait qu’aucun des critères précédents ne diffé-
32 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.12 – Compilation des différentes données expérimentales et critères de décolle-


ment. Image extraite de [144].
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 33

rencie les deux mécanismes responsables de l’augmentation de la pression entre p0 et pa .


En effet, le décollement libre fait intervenir deux phénomènes distincts :
– Le premier est associé au décollement lui-même et pilote l’évolution du rapport p0 /pp .
– Le second est associé au fluide recirculant aspiré dans le bulbe de recirculation qui
influence le choc de décollement.
Afin de fournir une meilleure prédiction de la position du décollement, Carrière [28] et
Lawrence [86] ont estimé qu’il était préférable de modéliser les deux phénomènes séparé-
ment. Le premier peut se faire via le schéma de l’interaction libre de Chapman. Cependant,
il n’existe que très peu de modèles permettant de considérer la remontée de pression dans
la zone de recirculation. En effet, les expériences montrent que de nombreux paramètres
(géométrie de la paroi en aval du point de décollement, longueur du décollement, rap-
port de pression, dynamique de l’écoulement, etc) influencent de manière significative
l’évolution de la pression dans cette zone. En particulier, les structures à grandes échelles
et fortement énergétiques sont caractérisées par des fréquences plutôt faibles (freq (kHz)
≤ 10) et jouent un rôle déterminant dans le développement la dynamique de l’écoulement.

1.2.2 Développement de la couche cisaillée libre


Que ce soit dans le cas d’un décollement libre ou restreint, une bulle de recirculation
apparaît dans le divergent de la tuyère pour une large gamme de NPR. L’interface entre
cette bulle et le jet supersonique est caractérisée par une couche cisaillée qui découle
de la différence de vitesse entre ces deux zones. Cette couche, issue d’un écoulement de
révolution (circulaire), peut être assimilée à une couche de mélange plane et est le siège
d’instabilités de Kelvin-Helmholtz (KH).

Développement de l’instabilité de Kelvin-Helmholtz (II et III) : L’instabilité est


caractérisée par une dynamique de mouvement convectif qui se forme lorsque deux
fluides se déplacent à des vitesses différentes. L’exemple de visualisation des structures
cohérentes le plus connu, et certainement l’un des premiers, est celui de Brown et
Roshko [24]. Ces structures présentent un intérêt majeur du fait de leur influence sur de
nombreuses propriétés de l’écoulement, tels que le mélange, le bruit, les vibrations, le
transfert thermique, etc. Pour les écoulements de couches cisaillées libres (jets, couches
de mélange, sillages, etc) l’instabilité principale, à l’origine de la naissance de structures
organisées à grande échelle, est l’instabilité de Kelvin-Helmholtz. Dans son étude, Lesieur
[91] présente plus en détails cette instabilité qui prend naissance dans les couches de
cisaillement. Cette instabilité est causée par l’effet déstabilisateur du cisaillement, lorsque
34 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

celui-ci devient prépondérant sur l’effet stabilisant de la stratification. Ceci conduit à une
ondulation de l’interface, créant des parties concaves et convexes qui mène à l’amplifica-
tion de l’ondulation. Finalement, la différence de vitesses des deux fluides provoque un
enroulement en spirale.

Ainsi, les différentes études réalisées ont permis de mettre en évidence le caractère
bi-dimensionnel des structures tourbillonnaires de type Kelvin-Helmholtz, et plus particu-
lièrement deux types de tourbillons existent dans ce type d’écoulement :
– des tourbillons cylindriques bidimensionnels alignés perpendiculairement au sens de
l’écoulement : tourbillons dits primaires. Ces tourbillons sont représentatifs de l’or-
ganisation à grande échelle de la couche de cisaillement et découlent de la différence
de vitesse entre les deux fluides. Le phénomène de production de cette organisation
domine tous les autres phénomènes du cycle de la turbulence (diffusion, dissipation
...) et est entretenu par le profil initial de vitesse qui présente une variation d’ampli-
tude [170]. Ces structures, représentatives de l’organisation principale de la couche
de mélange, sont convectées à une vitesse quasi-constante (uc ≈ (u1 +u2 )/2). La taille
et l’espacement entre les structures augmentent lors de l’appariement avec les struc-
tures voisines. Ce processus, lié à l’instabilité de Kelvin-Helmholtz, est responsable
de l’épaississement des couches de mélange.
– des tourbillons longitudinaux contrarotatifs superposés aux tourbillons principaux
qui les relient entre eux : tourbillons dits secondaires. Ces tourbillons furent observés
pour la première fois par Konrad et Breidenthal [22]. Ces structures secondaires
découlent de l’ondulation des structures primaires. Lasheras & Choi [85] ont montré,
dans leur étude, que l’origine de ces tourbillons secondaires se trouve entre les cœurs
des tourbillons primaires. Cette région, appelée “braies” présente une topologie en
“point-col” qui se traduit par une production turbulente importante, alors que le
cœur des tourbillons primaires peut être assimilé à un point mort. Selon l’étude de
Bernal & Roshko [18], l’espacement entre les structures longitudinales est de 0.67
lorsqu’il est normalisé par l’espacement local moyen des structures primaires et est
indépendant du rapport de vitesse.

La couche de mélange, composée des tourbillons primaires et secondaires, correspond à


une zone d’uniformisation des gradients des variables conservatives entre les deux milieux.
Suivant le type d’écoulement étudié, l’instabilité peut, d’après Huerre et Monkewitz [70],
soit :
– se propager dans tout l’écoulement, celui-ci est alors dit “absolument instable” ;
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 35

F IGURE 1.13 – Visualisation des instabilités de Kelvin-Helmholtz dans un jet annulaire [6].

– se convecter, ainsi la perturbation se propage sans modifier l’écoulement amont, il


est alors dit “convectivement instable”.
Dans le cas d’écoulement en tuyère, la couche cisaillée est convectivement instable.

Le développement de la couche cisaillée dans une tuyère est similaire à celui qui se
forme lorsqu’un jet circulaire est expulsé dans un milieu au repos. C’est Yule [174] qui fut
l’un des pionniers à analyser ces phénomènes (voir Fig. 1.14). L’auteur met en évidence
la formation de vortex annulaires en sortie d’une buse. Au cours de leur convection vers
l’aval, ces anneaux subissent des déformations azimutales dues aux contraintes de cisaille-
ment leur donnant un aspect ondulé (voir Fig. 1.15). De plus, la convection de ces struc-
tures dans l’écoulement s’accompagne d’une interaction de ces vortex ondulés qui vont
s’apparier pour donner naissance à des structures tourbillonnaires turbulentes similaires à
des structures de Kelvin-Helmholtz de plus grande taille.
D’autres études, menées un peu plus tard par Liepmann et al. et récemment par [92]
Nastase et al. [105], viennent appuyer les observations de Yule et montrent qu’un jet
circulaire présente une structure identique à celle d’une couche de mélange plane. En
effet, les tourbillons primaires caractéristiques de l’instabilité de Kelvin-Helmholtz ont déjà
été mis en évidence par Yule. Dans leurs études, Liepmann et Nastase complètent ces
observations en mettant en avant la formation de tourbillons secondaires entre les cœurs
des tourbillons primaires au niveau des “braies” qui sont à l’origine de fortes ondulations
36 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.14 – Schéma de l’évolution de la couche de mélange d’un jet annulaire. Extrait
de [174].
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 37

F IGURE 1.15 – Structures d’un jet circulaire en transition. Extrait de [174].


38 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.16 – Déformations liées au développement des tourbillons secondaires dans un


jet rond. Extrait de [92].

des vortex primaires (voir Fig. 1.16).

Les couches de mélange libres sont caractérisées par différentes lois d’évolution des
grandeurs caractéristiques turbulentes. Ces lois sont établies à partir des équations de
Navier-Stokes et des hypothèses simplificatrices. Ceci aboutit à une équation différentielle
ordinaire du type :

F ′′′ + 2σ 2 F F ′′ = 0 (1.23)

avec σ le paramètre d’expansion de la couche de mélange :


π
σ= (1.24)
dδw
dx

et F ′ (η) = 1 ± λ, pour η = ±∞. λ est le paramètre de vitesse (u1 − u2 )/(u1 + u2) et η une
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 39

variable de similitude spatiale égale à η0 sur l’axe :

y − y0
η=σ (1.25)
x − x0
avec (x0 , y0 ) les coordonnées de l’origine de la couche de mélange.
Grâce à l’utilisation d’une équation de fermeture pour modéliser les tensions de Reynolds,
la loi de la vitesse longitudinale moyenne peut être déterminée :

u − u2 1
= (1 − erf (η − η0 )) (1.26)
u1 − u2 2
avec erf (x) la fonction d’erreur de Gauss.

Dans la zone de similitude, les grandeurs caractéristiques suivantes peuvent être


définies :

– L’épaisseur de vorticité, notée δω , qui permet de caractériser l’évasement de la couche


de mélange. Cette épaisseur est définie comme :

∆u(x)
δω (x) =   (1.27)
∂u(x)
∂y max

avec ∆u(x) = u2 − u1 . A partir d’une certaine distance du point de naissance, la loi


de croissance de la couche de mélange est linéaire.

– les lignes d’expansion qui sont définies par les droites d’iso-valeur, Φn , contenues
dans le plan de l’écoulement :

u(yn ) − u2
Φn = (1.28)
u1 − u2
En général, Φn varie entre 0.1 et 0.9.
De plus, pour un écoulement amont 2D, où les composantes transverses de la vitesse
(v et w) sont nulles de chaque coté de l’interface, Kundu et Cohen [83] montrent que
l’instabilité est d’amplitude croissante si :

g(ρ22 − ρ21 ) < k ρ1 ρ2 (u1 − u2 )2 (1.29)

où k est le nombre d’onde et g la gravité. Dans le cas ou ρ1 = ρ2 = ρ, l’équation se


40 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

résume à :

kρ2 (u1 − u2 )2 > 0 (1.30)

Ceci équivaut à dire que l’écoulement sera instable tant que u1 est différent de u2 .

Appariements tourbillonnaires (III) : Le développement des structures turbulentes


dans une couche de mélange a fait l’objet de nombreuses études. En particulier, Ho et
Huang [69] ont mené une analyse approfondie sur les interactions mutuelles qui ont lieu
entre les structures turbulentes lors de leur convection vers l’aval. Cette étude consiste en
l’analyse de la réponse d’une couche de mélange plane libre à un forçage en fréquence
de l’écoulement de part et d’autre de la plaque séparatrice. Ils observent que la fréquence
de réponse, fr , à laquelle les tourbillons se forment dans la couche cisaillée, n’est pas
forcément celle de la fréquence de forçage ff . En effet, les auteurs ont constaté que quand
la fréquence de forçage, ff , est proche de la fréquence naturelle la plus probable (sans
forçage), fm , la fréquence de réponse, fr , est identique à la fréquence de forçage. En
revanche, si la fréquence de forçage devient inférieure à une valeur seuil, la fréquence de
réponse bascule de manière discontinue vers une fréquence supérieure (voir Fig. 1.17).
Cette transition est caractérisée par un phénomène d’hystérésis. L’étude montre que la
fréquence de forçage influe sur la position et le nombre de structures de la couche de
mélange qui fusionnent en modifiant le taux de croissance de l’épaisseur de vorticité
locale et les fréquences caractéristiques associées. Dans leur étude, les auteurs distinguent
quatre plages de fréquences de réponse (notées I à IV sur la Fig. 1.17) en fonction de la
fréquence de forçage. La transition entre chacune des plages, en fonction du forçage se
fait de manière discontinue.

Contenu fréquentiel de la couche de mélange : Afin de caractériser la fréquence de


passage des structures cohérentes, un nombre sans-dimension, appelé nombre de Strouhal
(Fig. 1.18), est introduit et est défini comme :

St = f δωl /uc (1.31)

avec δωl l’épaisseur de vorticité locale et f la fréquence.

Plus particulièrement, Huerre et Rossi [71] ont mené une étude de stabilité linéaire du
cas de couche de mélange plane libre afin de déterminer la fréquence la plus amplifiée des
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 41

(a) (b)

F IGURE 1.17 – (a) Evolution de la fréquence de réponse en fonction de la fréquence de


forçage, (b) Schéma de l’appariement tourbillonnaire. Images extraites de [69].

F IGURE 1.18 – Evolution du nombre de Strouhal en fonction du nombre de Reynolds,


image extraite de [169].
42 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

fluctuations de pression en fonction de la position x le long de l’écoulement. Les auteurs


en arrivent à l’expression suivante :

uc (x)
fKH (x) ≈ 0.135 (1.32)
δωl (x)

Sillage (III) : La complexité des phénomènes observés dans les écoulements à l’arrière
d’obstacles, tels que cylindre ou sphère, découle de la superposition de trois types d’écou-
lements cisaillées fondamentaux :
– Les couches limites attachées,
– Les couches cisaillées,
– Le sillage.
Dans une tuyère, la couche limite décolle suite à un gradient de pression adverse et se
développe ensuite en aval sous forme d’une couche cisaillée. Chacun de ces écoulements
est caractérisé par des instabilités liées, d’une part, à leurs propriétés intrinsèques et,
d’autre part, à leurs interactions respectives. De nombreuses études réalisées sur le
cas d’un cylindre au sein d’un écoulement, ont permis d’établir une classification des
écoulements en fonction du nombre de Reynolds (Re = u∞ D/ν, avec, u∞ la vitesse
incidente, D une longueur caractéristique de la géométrie, généralement prise comme le
diamètre du cylindre et ν la viscosité cinématique du fluide).

Il existe différents régimes d’écoulement caractérisés par les discontinuités dans


l’évolution du nombre de Strouhal, St, en fonction du nombre de Reynolds Re. L’étude
expérimentale menée par Sakamoto et Haniu [127] présente l’évolution du nombre de
Strouhal dans le sillage en aval d’une sphère (voir Fig. 1.18) en fonction du nombre de
Reynolds. Les auteurs distinguent différentes configurations de sillages en fonction de la
valeur du nombre de Reynolds. Plus tard, Zdravkovich [175] a introduit une classification
des configurations d’écoulement derrière un cylindre en fonction du nombre de Reynolds
croissant. Nous présentons ici quelques-uns de ces aspects :

– Régime critique, 2 × 105 < Re < 7 × 105 : Lorsque le nombre de Reynolds s’ap-
proche de la valeur 2 × 105 , connue comme étant le nombre de Reynolds critique, la
couche limite initialement laminaire transitionne vers le régime turbulent après son
détachement. L’augmentation de la turbulence dans la couche limite favorise sont
rattachement à la paroi. L’écoulement ainsi formé est très sensible aux perturbations
(rugosité, turbulence de l’écoulement extérieur, etc). Les bulbes de séparation qui
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 43

se forment sur la surface du cylindre peuvent devenir instables et dissymétriques,


modifiant par conséquent l’angle du sillage. De plus, le point de décollement se dé-
place vers l’aval, ce qui conduit à une réduction de la largeur du sillage et à une
augmentation du nombre de Strouhal.
– Régime super-critique 7 × 105 < Re < 3.5 × 106 : La partie inférieure de cette plage
de Reynolds est caractérisée par un écoulement symétrique avec des bulbes piégés
par le décollement-recollement de la couche limite. Avec l’augmentation du nombre
de Reynolds, le bulbe de séparation éclate et la structure des lâchers tourbillonnaires
disparaît. Par la même occasion, la turbulence remonte dans la couche limite.
– Régime trans-critique, Re > 3.5 × 106 : Dans ce régime, la couche limite est complè-
tement turbulente. Les bulbes de séparation n’existent plus et le décollement se fait
plus en aval que dans le cas d’une couche limite laminaire. Avec l’augmentation du
nombre de Reynolds, le sillage et le coefficient de traînée augmentent légèrement
et le nombre Strouhal demeure presque constant. De plus, l’écoulement devient
sensible aux perturbations et est très turbulent.

Dans une lettre récente publiée par Ma et Liu [95], les auteurs mettent en évidence
les phénomènes de lâchers tourbillonnaires basse fréquence caractérisé par un St = 0.054
derrière un cylindre. De plus, pour les nombres de Reynolds élevés, certains auteurs ont
émis des réserves quant à la conservation du caractère bi-dimensionnel des structures. En
effet, pour des nombres de Mach compris entre 0.6 et 1, des structures obliques s’ajoutent
aux structures tourbillonnaires bidimensionnelles. Pour un nombre de Mach supérieur à 1,
les structures instationnaires sont tridimensionnelles et le taux d’amplification des struc-
tures associées aux principaux modes est nettement réduit par rapport aux cas à faible
nombre de Mach [133]. Cette modification du processus instationnaire s’accompagne
d’une modification de la forme des structures cohérentes dans la couche de mélange
compressible.

Tridimensionalisation du sillage : Le sillage peut présenter un caractère tridimen-


sionnel découlant de trois phénomènes, selon Fiedler et al. [50] :
– la tridimensionalisation par l’écoulement incident : Les instabilités de l’écoulement
principal peuvent conduire à la tridimensionalisation de l’écoulement. C’est le cas le
plus fréquemment rencontré dans les écoulements turbulents. Des exemples de ce
phénomène sont le sillage derrière un cylindre et le jet turbulent libre.
– la tridimensionalisation par la géométrie de l’obstacle : Cela concerne tous les aspects
tridimensionnels ou instationnaires des conditions aux limites et des conditions de
44 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

paroi du cas considéré. Des géométries présentant des courbures ou des parois la-
térales non-parallèles sont des cas évidents et ce même si l’écoulement amont est
parfaitement bidimensionnel.
– la tridimensionalisation par la nature intrinsèque de l’écoulement : Cela découle
naturellement de l’instabilité des tourbillons primaires bidimensionnels, tels que
ceux rencontrés dans une couche de mélange plane et qui conduisent à la formation
de tourbillons longitudinaux.

Dans les tuyères, en aval du disque de Mach, l’écoulement s’organise sous forme d’un
jet supersonique annulaire instable (voir Fig. 1.7), piloté par la couche limite décollée
et le choc réfléchi. Ce jet supersonique présente, à priori, un caractère turbulent, à la
fois de par l’aspect fortement instable de l’écoulement (régime trans-critique), de la
géométrie (courbure) et de la complexité de l’écoulement (structures de choc/détente,
interaction choc/couche limite, interaction choc/couche cisaillée). Cependant, plusieurs
travaux ont montré que l’écoulement est, tout de même, caractérisé par une organisation
cohérente évoluant en fonction du nombre de Reynolds. Cette évolution se traduit par
un phénomène de battement du jet supersonique à basse fréquence. Dans leur étude,
Weickgenannt et Monkewitz [164] ont mis en évidence la structure hélicoïdale du sillage
en aval d’un culot, pour des nombres de Reynolds élevés (3 × 103 < Re < 5 × 104 ). Pour
parvenir à ce résultat, les auteurs ont représenté l’évolution longitudinale de la moyenne
de phase normalisée par la vitesse longitudinale. Ils montrent que la valeur minimale de
la vitesse longitudinale instantanée, dans différentes coupes perpendiculaires à l’axe de la
tuyère, forme une spirale autour de l’axe de symétrie du culot (voir Fig. 1.19).

Achenbach [1] a mené une étude similaire mais plus axée sur l’évolution azimutale
(aspect rotatif des lâchers tourbillonnaires) de la dynamique du sillage derrière une
sphère pour des nombres de Reynolds compris entre 400 et 5 × 106 . Il observe, grâce à
la comparaison de l’évolution des perturbations au cours du temps pour quatre capteurs
répartis au niveau des quatre points cardinaux derrière la sphère (voir Fig. 1.20), que
l’écoulement suit un mouvement rotationnel dans le sens anti-horaire. L’auteur suggère
que les lâchers tourbillonnaires décrivent des cercles dans le plan perpendiculaire à l’écou-
lement. Ce comportement va à l’encontre du théorème de Thomson sur la circulation de
fluide dans les plans transverses qui affirme que si l’écoulement amont à une vorticité
nulle, la vorticité moyenne dans le sillage doit aussi être nulle. Cependant, Berger et
al. [15] défendent l’hypothèse que si l’on se situe suffisamment loin du décollement, la
diffusion turbulente ne peut plus être négligée et la conservation de la circulation ne peut
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 45

F IGURE 1.19 – Structure hélicoïdale du sillage derrière une sphère, ReD = 3.104 et St =
0.32. Image extraite de [164].
46 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.20 – Lâchers tourbillonnaires derrière une sphère captés par 4 capteurs équidis-
tants. Image extraite de [1].

plus être vérifiée.

Dans une tuyère décollée, l’aspect fortement tridimensionnel de l’écoulement et les


nombreux phénomènes instationnaires peuvent être la source d’une déstabilisation du
jet supersonique. Ce déséquilibre peut mener à des configurations caractérisées par une
variation importante de la pression de part et d’autre du jet et pouvant donner lieu à un
battement du jet, voir à un recollement partiel de ce dernier sur la paroi.

Battement de la couche cisaillée : Parmi les phénomènes instationnaires se pro-


duisant au sein de la couche de mélange, le battement radial est caractérisé par une
basse fréquence. Ce phénomène est aussi appelé “flapping”, et désigne le battement
radial intermittent de la couche de mélange. Viets [154] présente, dans son étude, une
tuyère expérimentale caractérisée par une instabilité importante du jet principal en sortie.
Cette instabilité découle du fait qu’un jet confiné par des parois suffisamment proches
est instable et peut éventuellement osciller entre les deux parois. De plus, une petite
fluctuation de pression à la sortie de la tuyère peut conduire au basculement du jet d’une
paroi à l’autre. Récemment, Mi et al. [99] ont mis au point une tuyère caractérisée par un
jet fortement oscillant avec un régime auto-entretenu. Ce caractère fortement fluctuant du
jet en sortie découle d’un processus de rétroaction du fluide dans la chambre qui provoque
la déviation du jet d’un coté puis de l’autre de la tuyère.
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 47

1.2.3 Bulle de recirculation et tourbillon de lèvre (IV et V)

L’existence d’un gradient de pression adverse dans une tuyère en régime sur-détendu
conduit au décollement de la couche limite et à la formation d’une zone de recirculation.
Le jet supersonique détaché et la bulle de recirculation interagissent à travers une couche
cisaillée permet de l’animer en formant un courant recirculant. L’apport de la masse se fait
par un retour de fluide au niveau de la lèvre de sortie de la tuyère. Ce courant recirculant
conduit à la formation d’un tourbillon au niveau de la lèvre de sortie. Cette structure
dispose d’une dynamique propre, alimentée par le courant de retour. L’écoulement de
retour dans la bulle peut atteindre des nombres de Mach de l’ordre de 0.3. L’objectif de
cette section est de décrire les caractéristiques principales de la dynamique de la zone de
recirculation et du tourbillon de lèvre.

Bulle de recirculation (IV) : Les différentes études, menées jusqu’à présent, ont mis
en évidence un cycle d’expansion et de contraction de la bulle de recirculation. Ce cycle
est attribué à un phénomène de “respiration” qui découle d’un déséquilibre entre le taux
d’entraînement du fluide par les couches cisaillées et le flux de retour au niveau de la
lèvre de sortie de la tuyère. Cette respiration, caractérisée par des basses fréquences, a été
également observée par Eaton et Johnston [46] dans le cas d’un décollement en aval d’une
marche descendante. La fréquence caractéristique de ce phénomène, trop basse pour être
représentative de la convection des structures turbulentes de grandes échelles, serait plus
représentative d’un comportement global macroscopique de l’écoulement [133]. En effet,
l’étude menée par Kiya & Sasaki [78] a mis en évidence une augmentation de la taille
de la bulle due à une accumulation du moment cinétique dans la zone de recirculation.
Lorsqu’elle atteint une taille critique, une partie de l’énergie est libérée sous forme de
paquets tourbillonnaires, permettant ainsi de diminuer le volume de la recirculation. Ce
cycle d’accumulation d’énergie et de lâchers tourbillonnaires donne lieu à la respiration
de la bulle. Indépendamment, la zone de recirculation est une conséquence directe du
décollement de la couche limite sous l’effet du gradient de pression adverse. Afin de
prévenir la formation du flux recirculant, Boccaleto [20] présente un procédé de contrôle
du décollement, appelé Boccajet. Ainsi, une petite tuyère de type aérospike annulaire est
installée au niveau de la lèvre de sortie du divergent. Cette tuyère génère un jet super-
sonique qui empêche l’écoulement extérieur de pénétrer dans le divergent. Ceci permet
de maintenir un niveau de pression faible dans le divergent et évite le décollement de la
couche limite. Ce dispositif a été testé et validé sur le banc d’essai R2Ch de l’ONERA pour
des NPR compris entre 40 et 75, qui correspond à un régime non-décollé, “full-flowing”.
48 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

En effet, pour cette gamme de rapport de pression, la recompression a lieu au niveau de


la lèvre de sortie. Cependant, pour des rapports de pression plus bas, le système ne suffit
pas à prévenir la recirculation et une topologie de type RSS apparaît dans la tuyère.

Tourbillon de lèvre (V) : Les structures tridimensionnelles de l’écoulement montrent


que le courant de retour forme un anneau recirculant au niveau de la lèvre de sortie de la
tuyère. Cet anneau, qui influence de manière importante le débit recirculant, est fortement
conditionné par la géométrie de la lèvre de sortie. En effet, selon la nature de celle-ci, la
dimension du tourbillon peut fortement varier. Le phénomène de respiration de la bulle de
recirculation étant directement dépendant de l’équilibre entre le débit massique recircu-
lant et la quantité de matière évacuée par la couche de cisaillement, la taille du tourbillon
joue donc un rôle important. Cette structure dynamique influence directement la zone de
recirculation et peut, par conséquent, être à l’origine d’une modification de la position de
la ligne de décollement. Pillinski [119] a mené une étude numérique sur trois géométries
de lèvre différentes afin d’étudier l’influence de l’épaisseur de la lèvre sur la recircula-
tion. Dans le cas d’une lèvre d’épaisseur infinie (paroi), l’auteur constate l’apparition d’une
dépression modérée associée à un tourbillon de faible taille (Fig. 1.21(a)).

(a) (b) (c)

F IGURE 1.21 – Influence de la géométrie de la lèvre, champ de pression pc /pa = 30.9,


images tirées de [119].

De même, dans le cas d’une lèvre ayant une épaisseur égale à 0.1Re (Fig. 1.21(c)),
avec Re le rayon de sortie du divergent, l’auteur constate que la taille du tourbillon et la
dépression associée sont équivalentes à celles observées dans le cas de la lèvre d’épaisseur
infinie. Cette configuration présente, tout de même, une petite différence. En effet, un
petit tourbillon prend place sur le bord de lèvre. En revanche, dans le cas d’une lèvre
d’épaisseur quasiment nulle (1.9 × 10−4 Re ) (Fig. 1.21(b)), l’auteur constate l’apparition
d’une dépression beaucoup plus importante due à la présence d’un tourbillon d’une taille
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 49

nettement supérieure. Ainsi, l’air aspiré subit deux détentes successives très rapprochées,
et le fait que l’épaisseur de la paroi soit presque nulle empêche l’écoulement de modifier
progressivement sa trajectoire. Ceci se traduit par un angle de la vitesse par rapport au
bord d’attaque du divergent plus important, favorisant le développement d’un tourbillon
de lèvre de plus grande taille. L’auteur montre que, pour cette lèvre de sortie très fine,
le débit massique de fluide alimentant la recirculation est inférieur. Cette modification du
débit recirculant influence le frottement pariétal et modifie de manière évidente la position
de la ligne de décollement. Ce phénomène est d’autant plus important que le rapport de
pression est élevé. De même, la pression pariétale moyenne dans la bulle de recirculation
est inférieure aux pressions pariétales des deux autres cas.

1.3 Charges latérales


La présence de charges latérales a été observée aussi bien sur des tuyères à échelle
réduite que lors des tests sur bancs d’essai. De plus, leur présence est constatée lors des sé-
quences d’allumage et d’arrêt d’un moteur. La première mise en évidence réelle des charges
latérales a eu lieu lors des essais réalisés sur le moteur J-2S dans les années 70 [106]. Les
charges latérales découlent d’une répartition non-uniforme de la pression pariétale dans
la tuyère due à plusieurs phénomènes. Parmi eux, nous citons :
– Dissymétrie de la ligne de décollement.
– Transition d’un décollement libre vers un décollement restreint et inversement.
– Fluctuations de pression dans la région décollée et dans la bulle de recirculation.
– Battement du jet en bout de tuyère, “End-Effect”.
– Couplage fluide-structure, phénomènes aéroélastiques.
– Injection d’un film pariétal et refroidissement dissymétrique.

1.3.1 Dissymétrie de la ligne de décollement


Pour une ligne de décollement dissymétrique, il en résulte un déséquilibre de la répar-
tition de la pression qui se traduit par un effort perpendiculaire à l’axe de la tuyère (Fig.
1.22). Le modèle développé par Schmucker [129] s’appuie sur l’hypothèse que la plus
grande partie des charges latérales découle d’une telle dissymétrie. Les charges latérales
s’expriment comme :
Z L Z 2π
Fsl = (pa − pw ) r(x) cos(θ) dθ dx (1.33)
0 0
50 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.22 – Représentation schématique d’une ligne de décollement dissymétrique.

avec L la longueur du divergent, θ l’angle local de la paroi et r(x) dθ dx = dA un élément


de surface. L’auteur introduit ensuite une hypothèse dans cette relation en considérant que
seule la surface comprise entre les abscisses minimale (xs1 ) et maximale (xs2 ) contribue
aux charges latérales. L’équation devient donc :
Z xs2 Z 2π
Fsl = (pa − pw ) r(x) cos(θ) dθ dx (1.34)
xs1 0

Cette équation se simplifie en :

Fsl ≃ (pa − p̄sep )Asl (1.35)

Asl représente la projection de la surface sur le divergent comprise entre l’abscisse mini-
male, xs1 , et l’abscisse maximale, xs2 , de la ligne de décollement sur le plan perpendiculaire
à la direction de l’effort latéral. En connaissant la distance, Lslac , entre le point d’applica-
tion de l’effort latéral et les points d’attache de la tuyère, la force exercée sur les vérins de
soutien Fac peut être exprimée de la manière suivante :

Fac = Fsl Lslac (1.36)

Afin de pouvoir estimer l’amplitude de l’effort latéral, la variation de la pression pa-


Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 51

riétale et la surface caractérisée par la dissymétrie de l’écoulement doivent être connues.


La variation de la pression peut être déterminée à l’aide d’un critère de décollement.
Cependant, il est nécessaire de disposer d’un modèle afin d’estimer la surface influencée
par la disysmétrie de l’écoulement.

Grâce aux travaux de Nave et Coffey [106], Schmucker en a déduit les propriétés sui-
vantes concernant les charges latérales :
– L’amplitude et la direction des charges latérales sont instationnaires.
– L’amplitude des charges latérales est proportionnelle à la surface de dissymétrie.
– Les charges latérales sont amplifiées par les effets dynamiques.
– La dissymétrie de la ligne de décollement diminue lorsque l’angle du divergent aug-
mente.
– L’amplitude des charges latérales diminue lorsque le gradient de pression pariétal
augmente.
– Un gradient de pression nul ou négatif conduit à des charges latérales importantes.
– Les charges latérales maximales sont atteintes pour une pression chambre de l’ordre
de 80 à 90% de la pression nécessaire pour avoir un jet attaché à la lèvre de sortie.
De plus, plusieurs hypothèses sont émises :
– La plupart des charges latérales découlent d’une dissymétrie de la ligne de décolle-
ment par rapport à sa position moyenne. Cependant, c’est à la position moyenne du
décollement où l’effort s’applique.
– Les fluctuations dans la zone décollée découlent des fluctuations de pression suite à :
– Des oscillations de pression dans la chambre de combustion,
– Des fluctuations de pression dans la bulle de recirculation,
– Des réactions chimiques dans la couche limite (post-combustion).
Le modèle développé par Schmucker pour déterminer les charges latérales, Fsl , induites
par la dissymétrie du décollement sur la surface, Asl , est formulé de la manière suivante :

Fsl = (pa − p̄sep )Asl = (pa − p̄sep ) b (xs2 − xs1 ) = (pa − p̄sep ) b ∆lsl (1.37)

avec ∆lsl la longueur de la zone dissymétrique et b un coefficient mesurant l’asymétrie de


la zone décollée dans la direction azimutale. Afin de calculer la longueur ∆lsl , Schmucker
fait l’hypothèse que les fluctuations, et par conséquent les dissymétries de pression sur la
paroi sont proportionnelles à la pression pariétale nominale, c’est-à-dire :

∆pw pw
= Kf l (1.38)
pc pc
52 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

avec Kf l le coefficient de fluctuation. En utilisant un modèle de décollement, ∆lsl peut


être déterminé à partir des intersections entre le modèle de décollement et les courbes de
distribution de la pression pariétale, associées à la fluctuation de pression :
 
∆p pw 1
∆lf l =   w  = Kf l r c (1.39)
dpw dp0 pc d(pw /pc ) pa d(p0 /pa )
− −
dx dx d(x/rt ) pc d(x/rt )
Après quelques manipulations mathématiques et grâce à l’utilisation du critère de Schmu-
cker, l’auteur aboutit à l’expression suivante :
 
pw 1
∆lf l = Kf l rc χ(γ, M0 )
pc d(pw /pc )
d(x/rc )
(1.40)
1
χ(γ, M0 ) =
1 + (γ − 1)/2M02 1.2032
1−
(1.88M0 − 1)M0 γ

L’indice “0” caractérise les grandeurs physiques au niveau du point de pression mini-
male (≈ décollement). La valeur du coefficient de fluctuation, Kf l , doit être déterminée à
partir de tests expérimentaux. Le type de dissymétrie est représenté par le coefficient, Kg ,
avec :

b = 2 r Kg (1.41)

Ce coefficient est borné entre 0 et 1 avec :


– Kg = 1 : Dissymétrie par rapport à l’axe de la tuyère (charges latérales maximales).
– Kg = π/4 : ligne de décollement inclinée.
– Kg = 0.3 − 0.4 : valeur représentative employée dans le modèle de Schmucker.
– Kg = 0 : Ligne de décollement symétrique (pas de charges latérales).
Grâce à cette relation, l’expression des charges latérales peut être réécrite de la manière
suivante :
    
r0 p0 pa p0 χ(γ, M0 )
∆lf l = 2 Kg Kf l rc2 pa 1− (1.42)
rc pa pc pa d(pw /pc )
d(x/rc )
Cette expression est proportionnelle à l’inverse du gradient de pression pariétale,
(dpw /dx)−1 qui apparaît comme un facteur prépondérant dans la génération des charges
latérales selon Schmucker. Comme ce gradient décroit au fur et à mesure que la ligne de
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 53

décollement s’approche de la sortie de la tuyère, les charges latérales, quant à elles, aug-
mentent. Bien que les résultats obtenus avec ce modèle soient représentatifs des efforts
latéraux observés lors des expériences menées sur le moteur J-2S, certains paramètres
physiques tels que la température des gaz, ou d’éventuelles réactions chimiques ne sont
pas totalement pris en compte. De plus, le modèle ne s’applique qu’aux décollements libres.
D’autre part, des modèles de prédiction des charges latérales lors de la transition FSS-
RSS ont été développés par Dasa (EADS)/DLR et Volvo [149, 114] ainsi que des critères de
décollement restreint afin de prédire le rapport de pression pour lequel se produit la tran-
sition. Les charges latérales sont ensuite estimées en intégrant la pression sur l’ensemble
de la surface de la tuyère. Les résultats obtenus grâce à ces modèles ont été validés avec
les résultats expérimentaux effectués aussi bien sur des moteurs à échelle réduite que lors
des tests sur banc d’essais [55].

1.3.2 Transition FSS / RSS

Les expériences réalisées sur les tuyères décollées (TOC ou TOP) [114, 52, 151] ont
montré que l’écoulement peut transiter d’un régime de décollement vers un autre en
fonction du rapport de pression [119, 152]. Östlund [113] a montré que cette transition
est à l’origine d’un pic de charges latérales pour une certaine gamme de NPR (Fig.
1.23). En effet, cette transition n’est pas instantanée (cf. hypothèses de Schmucker)
[67], et durant le bref laps de temps qui la caractérise, une partie de l’écoulement
transite vers un RSS tandis que l’autre partie demeure en configuration FSS. Comme
la position du décollement est située bien plus en aval dans le cas d’un décollement
restreint, et que l’évolution de la pression pariétale est très différente de celle d’un décol-
lement libre, une dissymétrie importante apparaît, synonyme d’efforts latéraux [157, 162].

Des études plus récentes montrent une dissymétrie de la ligne de décollement, lors de
la transition FSS ↔ RSS, s’expliquant par l’aspect très instable du jet supersonique [84].
Cette transition, appelée quasi-Restricted Shock Separation (qRSS) a été observée aupa-
ravant par Nguyen et al. [107]. Elle est caractérisée par un jet supersonique très proche
de la paroi qui peut partiellement recoller. Ceci entraîne des dissymétries importantes
accompagnées de fortes variations de la pression pariétale.
54 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

F IGURE 1.23 – Pics d’efforts latéraux associés aux phénomènes de transition FSS ↔ RSS et
au End-Effect. Image tirée de [113].
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 55

1.3.3 Régime du End-Effect


Le régime d’écoulement RSS est caractérisé par des charges latérales faibles par rap-
port au régime FSS ou au régime transitionnel. Avec l’augmentation du NPR, la structure
de choc en RSS progresse vers la sortie du divergent. Quand la ligne de décollement at-
teint la lèvre de sortie, la bulle de recirculation piégée s’ouvre sur le domaine ambiant.
Lors de cette ouverture, la pression pariétale subit une augmentation brutale qui, couplée
au changement de topologie de l’écoulement (l’ouverture de la bulle correspond à une
transition du régime RSS vers le régime FSS), provoque une remontée du point de décol-
lement. L’écoulement se rattache ensuite à la paroi et la nouvelle bulle piégée réapparait et
progresse vers la lèvre de sortie de la tuyère. Ce cycle correspond à un phénomène appelé
“End-Effect”, qui fut rapporté pour la première fois par Nave et Coffey [106]. Les expé-
riences réalisées sur les tuyères à contour optimisé ont montré que ce régime est caractérisé
par des charges latérales importantes dont l’amplitude est comparable, voire supérieure, à
celle observée lors de la transition FSS → RSS. Frey et Hagemann [55] ont proposé une ex-
plication à partir d’observations expérimentales et numériques et attribuent ce phénomène
à une pulsation périodique, pilotée par la différence entre la pression moyenne dans la
bulle de recirculation et la pression atmosphérique. Cependant, l’étude menée par Nguyen
[107] montre que les fluctuations de la pression pariétale, associées à ce phénomène, sont
caractérisées par une large gamme de fréquences, dénotant un aspect plus aléatoire que
périodique de l’écoulement. Ils en concluent que le phénomène du End-effect est dominé
par une dynamique oscillatoire quasi-axiale qui génère d’importantes fluctuations de la
position du décollement. Les charges latérales, quant à elles, découleraient de l’accumula-
tion de petites fluctuations de pression au sein de ce phénomène d’oscillation global (15 à
20 % de la longueur du divergent) qui conduisent à des disparités de la répartition de la
pression globale (Fig. 1.23).
Ce comportement a été observé expérimentalement, puis reproduit numériquement
par Pilinski [119] (URANS) et Deck [39, 40] (DES, DDES) dans la tuyère LEA-TOC et par
Wang [157] (URANS) sur la tuyère SSME. Ce phénomène peut être observé aussi bien
lors de la phase d’allumage que d’extinction du moteur et a lieu pour le même rapport de
pression.

1.3.4 Couplage aéroélastique


La forme particulière des tuyères galbées et leur caractère relativement souple les
rendent sensibles à des déformations mécaniques importantes suite aux fluctuations de
la pression pariétale. Or, la distribution de la pression au sein de la tuyère est fonction
56 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

du profil de celle-ci. Il existe donc un phénomène de rétroaction entre les fluctuations


de la pression pariétale et la déformation éventuelle de la géométrie de la tuyère pou-
vant conduire à la génération d’efforts latéraux. L’étude du couplage entre le jet décollé
et la paroi a fait l’objet de plusieurs travaux, dont ceux de Pekkari [116, 117], Lefrançois
[90, 89, 88] et Mouronval [103, 102]. Le modèle développé par Pekkari s’articule autour
de deux points. Le premier repose sur la résolution des équations simplifiées régissant le
mouvement de la structure en présence de charges aérodynamiques et le second sur la
modélisation des variations de pression induites par la déformation de la paroi [113]. La
pression pariétale dans la région attachée est la pression nominale dans le vide à laquelle
une fluctuation de pression associée au déplacement de la paroi est ajoutée. La valeur de
cette fluctuation de pression est déterminée grâce à la théorie des petites perturbations.
Dans la région décollée, la pression pariétale est supposée égale à la pression ambiante. Le
modèle de Pekkari présente des résultats cohérents avec ceux obtenus lors de la campagne
expérimentale réalisée sur la tuyère souple du LEA. Ce modèle a été largement amélioré
par Lefrançois pour la prise en compte des modes dynamiques du couplage aéroélastique.

1.3.5 Refroidissement
Les charges latérales peuvent être la conséquence des choix technologiques et tech-
niques adoptés lors de la conception des tuyères. En effet, les conditions de température
élevées nécessitent d’avoir recours à un système de refroidissement des parois dont les
conséquences sur l’écoulement ne sont pas négligeables.

Diverses technologies ont été adoptées de par le monde afin de garantir une protection
optimale du divergent contre les fortes sollicitations thermiques (≈ 3000◦ C). Outre les
refroidissements passifs (par rayonnement) qui n’influencent que très peu l’écoulement,
d’autres systèmes plus intrusifs, tels que le refroidissement interne par tubulures ou
le refroidissement par film-cooling existent. Le moteur SSME est un bel exemple de
tuyère refroidie par tubulures internes. Dans ce cas, l’injection du liquide réfrigérant
(hydrogène liquide) est réalisée par le bas de la tuyère pour remonter le long de la paroi
par de nombreux tubes. Ceci se traduit par une non-uniformité de la température sur
la paroi, qui peut conduire à des variations des grandeurs physiques de l’écoulement et
à la génération de dissymétries (ex. teepees) [157]. Le moteur Vulcain 2, quant à lui,
propose un système de refroidissement hybride composé, pour la partie supérieure du
divergent, d’un refroidissement par tubulures et, pour la partie inférieure, d’un refroidis-
sement par "film-cooling" [147]. Ce système consiste à protéger la paroi des gradients de
Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique 57

F IGURE 1.24 – Schéma d’une couche de mélange pariétale suite à une injection secondaire,
ou f fait référence au film et l au jet principal.

température en injectant un film à faible température composé de gaz d’échappement


des turbines et du débit d’hydrogène issu du refroidissement de la partie supérieure.
Ce film est réinjecté de manière supersonique (Mach ≈ 2 − 3) parallèlement à la paroi
(voir Fig. 1.24). Cependant, cette injection peut présenter des dissymétries azimutales qui
conduisent à des variations des efforts de cisaillement entre le film injecté et le jet princi-
pal, et/ou à une non-uniformité du mélange. L’étude réalisée par Wang [161, 162] met
en avant l’influence de l’injection de ce film pariétal sur la génération des charges latérales.

Enfin, le choix technologique et la géométrie peuvent jouer sur le développement de


l’écoulement et sur la génération des charges latérales. Un exemple simple est celui lié
à la modification de la géométrie qu’implique l’injection d’un film de refroidissement. En
effet, ceci se traduit par la présence d’une marche qui correspond à une discontinuité du
profil [152]. Lorsque le pied de choc atteint la marche, la topologie se stabilise jusqu’à
ce que la pression atteigne une valeur seuil. Lorsque cette valeur est atteinte, la ligne
de décollement se détache de la marche et progresse d’un coup dans le divergent. La
littérature fait référence à cette évolution rapide en parlant de “sneak transition” [153].
Un phénomène similaire est observé dans les tuyères à double galbe, lors de la transition
entre les deux profils. Ce phénomène est sensible aux fluctuations de la pression aval qui
influence l’amplitude locale de la transition, ce qui se traduit par des dissymétries. La
qualité de l’usinage représente aussi un paramètre important puisqu’elle peut jouer sur
l’état de surface de la paroi et par conséquent sur le développement de la turbulence dans
les couches limites. De plus, il est impossible de garantir une axisymétrie parfaite. Enfin, un
dernier paramètre qui n’est pas directement lié à la géométrie, mais à son environnement
58 Chapitre 1. Contextes scientifique et technologique

existe. Il s’agit du confinement (lors des essais) qui représente une source non-négligeable
de perturbations pouvant fortement influencer le développement de l’écoulement et les
oscillations du jet propulsif.

1.4 Conclusion
Les tuyères supersoniques sur-détendues sont caractérisées par diverses topologies
d’écoulements qui sont fonction de la géométrie et des conditions de fonctionnement. Ces
topologies ont en commun un décollement de la couche limite sous l’effet d’un gradient
de pression adverse imposé par le milieu ambiant. Ce décollement, parfois dissymétrique,
peut entraîner des charges latérales importantes. La littérature fait ressortir de nombreux
travaux expérimentaux et numériques sur les origines de ces efforts et les transitions FFS
↔ RSS. Cependant, la présence de dissymétries importantes pour de faibles rapport de
pression, indépendamment de la géométrie, continue à soulever des questions. L’analyse
de ces écoulements est complexe du fait de l’existence de nombreux phénomènes multi-
échelles au sein des tuyères, tels que les jet supersoniques, les couches de mélanges, les
bulles de recirculation, les tourbillons, les structures de choc complexes, etc. De plus, ces
phénomènes interagissent entre eux et résultent en un écoulement instable caractérisé par
une large gamme de fréquences caractéristiques étroitement liées aux comportements dy-
namiques (respiration des bulles et des tourbillons, le battement et/ou la rotation du jet
supersonique, des lâchers tourbillonnaires, etc). Il devient donc difficile de dissocier les
fréquences caractéristiques d’un phénomène donné et d’isoler les mécanismes à l’origine
des dissymétries.
Chapitre 2

Equations mathématiques, modèles de


sous-maille et schémas d’intégration
numérique

2.1 Equations filtrées


La simulation des Grandes Echelles (SGE) ou Large-Eddy Simulation (LES) repose sur
l’hypothèse d’une séparation entre les grandes échelles (résolues) et les petites structures,
appelées sous-mailles (modélisées) d’un écoulement turbulent. Lorsqu’il s’agit d’une modé-
lisation explicite, cette séparation est effectuée en utilisant un opérateur de filtre passe-bas,
appliqué au système d’équations gouvernant l’écoulement. Pour une modélisation impli-
cite, la séparation se fait via le maillage.
Si ϕ représente la variable à filtrer, G l’opérateur filtre et ∆ la largeur du filtre appliqué,
la variable filtrée ϕ(x) s’écrit :

Z
ϕ(x) = G ⋆ ϕ = G(x − ξ, ∆) ϕ(ξ) dξ (2.1)
D

où ⋆ représente le produit de convolution à travers le domaine D et x = (x1 , x2 , x3 ) =


(x, y, z) représente les coordonnées cartésiennes d’un point.
Le filtre est construit de sorte à respecter la propriété suivante :

Z
G(x − ξ, ∆) dξ = 1 (2.2)
D

59
60 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

Dans les écoulements à densité variable, il est d’usage d’utiliser le filtre de Favre, basé
sur la densité moyenne du fluide. Cet opérateur est défini tel que ϕ e = ρϕ/ρ, considérant
que chaque variable peut être décomposée en une partie résolue ϕ e (basse fréquence) et
une partie modélisée ϕ′′ (haute fréquence), de sorte à avoir ϕ = ϕ e + ϕ′′ . Ainsi, la relation
entre opérateur de Favre et de Reynolds s’écrit :

ρ′ ϕ′ ρ′ ϕ′′
e = ϕ′′ = −
ϕ−ϕ =− (2.3)
ρ ρ

avec ϕ = U ou T , avec U = (u1, u2 , u3 ) = (u, v, w) est le vecteur vitesse et T est la


température.

Le système d’équations de Navier-Stokes filtrées s’écrit sous une forme conservative :


∂ρ ∂ρe ui 

+ = 0, 

∂t ∂xi 



∂ρe
ui ∂ρe ej
ui u ∂p ∂ σ̌ij ∂τij
+ + − ≈− , (2.4)
∂t ∂xj ∂xi ∂xj ∂xj 

#  

∂ρĚ ∂ ρĚ + p uej ∂e
ui σ̌ij ∂ q̌j 1 ∂ (puj − pe uj ) ∂τij 

+ − + ≈− −uej 

∂t ∂xj ∂xj ∂xj γ −1 ∂xj ∂xj

où ρ, uei et p représentent le champ résolu de densité, de vitesse dans la ieme direction (i =


1, 2, 3) et de pression. En écoulement compressible, l’application du filtre aux équations
de Navier-stokes génère plusieurs termes de sous-mailles “ouverts” (non-modélisés). Pour
des raisons de simplicité, seuls les termes liés au tenseur de sous-maille seront retenus, les
autres termes seront négligés [155, 156]. Ceci explicite la présence du signe ≈ dans les
équations de quantité de mouvement et de l’énergie. L’équation d’état, l’énergie totale, le
terme de cisaillement visqueux et le flux de chaleur résolus s’écrivent :


p = ρr Te 




p 1 

ρĚ = + ρe ei
ui u 


  γ − 1 2  
∂e
uj ∂e
ui 2 ∂euk (2.5)
e
σ̌ij = µ + − µ e δij 

∂xi ∂xj 3 ∂xk 



eCp ∂ Te
µ 

q̌j = − 


P r ∂xj
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 61

e la viscosité dynamique résolue, obéïssant à la loi de Sutherland et P r est le nombre


avec µ
ˇ représente la quantité
de Prandlt, pris égal à 0.72 (air) avec γ = cp /cv = 1.4. L’opérateur (.)
f
calculée à partir de variables résolues (.).

2.2 Modélisation de sous-maille

2.2.1 Concept de la modélisation fonctionnelle


Le concept de base de l’approche LES repose sur le fait que l’action des échelles de
sous-mailles (isotropes et présentant un comportement universel) sur les échelles résolues
(anisotropes avec un comportement déterministe) est principalement une action énergé-
tique dissipative. De ce fait, un modèle de sous-maille agit essentiellement afin de dissiper
l’énergie résolue par les grandes structures de l’écoulement. Dans notre étude, la contri-
bution des échelles de sous-mailles est considérée en utilisant une approche fonctionnelle
explicite, en introduisant une viscosité turbulente reproduisant les effets des échelles de
sous-mailles sur la turbulence.
Un spectre typique d’une turbulence homogène, tel que représenté sur la Fig. 2.1, com-
prend une zone de production, une zone inertielle dans laquelle l’énergie est transférée
depuis les grandes structures vers les plus petites (Outscatter), et une zone de dissipation
d’énergie.
En effet, les grandes structures d’un écoulement turbulent (associées aux faibles
nombres d’onde) extraient l’énergie cinétique depuis le champ moyen. Ces structures sont
initialement épaisses, vont s’aplatir en créant de fines structures tourbillonnaires instables
qui, en s’enroulant sur elles-mêmes, génèrent de petites structures (associées aux grands
nombres d’ondes) sous forme de filaments. D’un point de vue énergétique, cela résulte en
un transfert direct de l’énergie depuis les grandes structures vers les plus petites, jusqu’à
ce que la viscosité moléculaire dissipe toute l’énergie cinétique en énergie interne [57].
La modélisation des termes de sous-maille consiste donc à modifier le système d’équa-
tions régissant l’écoulement d’une manière à y intégrer les effets désirés de dissipation
ou de production d’énergie. Plusieurs modèles de sous-maille existent dans la littérature.
Parmi eux, on cite : le modèle de Smagorinsky, utilisant la procédure dynamique (noté
DSM), proposé par Germano et al. [59] et Lilly [94] et étendu au cas compressible par
Moin et al. [101], le modèle de stuctures cohérentes (Coherent-Structures, noté CSM) in-
troduit par Kobayashi [80], et le modèle WALE (Wall-Adapting Local Eddy-viscosity) pro-
posé par Nicoud et Ducros [108]. Ces modèles seront présentés par la suite, mais seul le
modèle WALE sera utilisé dans cette thèse.
62 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

E(k)
Zone de Zone Zone de
Production Interielle Dissipation

Production

Fréquence de coupure
Outscatter
Backscatter

Dissipation
k
kc
Résolues Modélisées

F IGURE 2.1 – Spectre d’énergie typique dans un écoulement turbulent homogène.

2.2.2 Modélisation du tenseur des contraintes de sous-maille


Le tenseur des contraintes de sous-maille, τij , dans l’équation (2.4) est défini comme :

τij = ρ (ug ei u
i uj − u ej ) (2.6)

Il est modélisé en utilisant une formulation fonctionnelle, moyennant l’introduction d’une


viscosité turbulente. Cela se traduit par :

 
1 1
τij − τkk δij = −2µsgs Seij − Sekk δij (2.7)
3 3

où µsgs est la viscosité turbulente de sous-maille, et Seij = 1/2 (∂e


ui /∂xj + ∂e
uj /∂xi ) est le
tenseur du taux de déformation des échelles résolues.
La viscosité de sous-maille, µsgs , est généralement modélisée de la manière suivante :

e2
µsgs = ρ Cs ∆2 |S| (2.8)
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 63

q
où |S| = 2Seij Seij est le second invariant du tenseur de déformation et Cs est la constante
e
du modèle, souvent déterminée dynamiquement.
Pour les écoulements compressibles, Yoshisawa [173] propose un modèle de fermeture
pour la partie isotrope du tenseur de sous-maille, τkk , défini par :

e
τkk = 2 ρ CI ∆2 |S| (2.9)

La constante du modèle CI est soit résolue dynamiquement, en utilisant la procédure dy-


namique, soit prise constante dans le modèle CSM, égale à 0.005 (Moin et al. [101]).
Sauf mention, la partie isotrope du tenseur de sous-maille, τkk , ne sera pas modélisée
par la suite. En effet, Spyropoulos & Blaisdell [142], dans une étude LES d’une couche
limite compressible, ont montré que la contribution de la partie isotrope du tenseur SGS
représente moins de 8% de la pression dynamique, même pour le cas d’un maillage relati-
vement lâche. Ils ont donc conclu que ce terme peut être négligé.

Modèle de Smagorinsky dynamique

A cause des limites du modèle de Smagorinsky [138] dans l’étude des écoulements
turbulents pariétaux, notamment son comportement assez dissipatif dans les régions de
forts gradients, ainsi que son comportement asymptotique incorrecte dans la région de
proche paroi, des améliorations, essentiellement dans la détermination des constantes,
ont été apportées au modèle. Dans la procédure dynamique du modèle de Smagorinsky,
les paramètres du modèles Cs et CI sont calculés à partir du champ résolu. Ainsi, un filtre
ˆ dont la largeur est supérieure à la taille du filtre-maillage, est appliqué aux
test, noté (),
b représente la taille du filtre test et ∆ la taille du filtre-maillage, il est
quantités filtrées. Si ∆
d’usage de prendre ∆/∆b = 2. En effet, pour les deux niveaux de filtrage (test et maillage),
il est communément supposé que les tenseurs τij et Tij (voir Eq. 2.10) sont modélisés en
utilisant la même constante Cs , ce qui revient à dire que Cs garde une valeur constante
dans l’intervalle [ktest , kc ] du spectre d’énergie.

Par analogie à τij , le filtre test, appliqué au tenseur des contraintes de sous-maille, s’écrit :

ci ρu
ρu cj
[
Tij = ρu i uj − (2.10)
b
ρ
64 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

D’après (2.6) et (2.10), le tenseur de Léonard Lij = Tij − τbij , est défni comme :

c
ρe c
ui ρe
uj
[
Lij = ρe ej −
ui u (2.11)
b
ρ

Dans ce qui suit, on note :

c b 1b
Seij∗ = Seij − Sekk δij
3 (2.12)
Cs 1
Lij = Lij − Lkk δij
3

Par analogie au modèle de fermeture du tenseur des contraintes de sous-maille, τij , il est
possible d’écrire :

1 
be c
b 2 |S|
Tij − Tkk δij = −2bρCs ∆ Seij∗ 
3 (2.13)
b 2b be 2 
Tkk = 2CI ∆ ρ|S|

Utilisant l’expression du tenseur de Léonard (2.11) et le système d’équations précédant


(2.13), cela donne :

  
Cs b 2b b
e c
e 2 \e e
Lij ∗ ∗
= Cs −2∆ ρ|S|Sij + 2∆ ρ|S|Sij = Cs M C
ij
s

| {z }
MC
ij
s

   (2.14)
b 2b b
e 2 2 \e 2 CI
Lkk = CI −2∆ ρ|S| + 2∆ ρ|S| = CI Mij
| {z }
C
MijI

Une méthode de moindre carré est utilisée pour résoudre le système (2.14) et retrouver
Cs et CI (Germano et al. [59]) :

LC Cs
ij Mij
s
Lkk
Cs = CI = (2.15)
MC Cs
ij Mij
s
MC I
kk

Les constantes retrouvées possèdent, néanmoins, deux propriétés mathématiques contrai-


Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 65

gnantes :
– Elles peuvent prendre des valeurs négatives, ce qui implique que le modèle pos-
sède un caractère dispersif. Cette caractéristique est souvent interprétée comme la
manifestation d’un transfert d’énergie depuis les petites structures vers les grandes
(Backscatter).
– Elles ne sont pas bornées, et peuvent prendre des valeurs très larges, voire infinies.
Pour éviter toute instabilité numérique, résultant de la procédure mathématique utilisée,
Cs et CI sont moyennées dans la direction homogène de l’écoulement :

hLC Cs
ij Mij iH
s
hLkk iH
Cs = CI = (2.16)
hMC Cs
ij Mij iH
s
hMC kk iH
I

et bornées dans les intervalles [0, 0.08] and [0, 0.02], respectivement, afin d’éviter toute
valeur aberrante due à une faible valeur du dénominateur.
Cependant, cette procédure de moyenne des constantes Cs et CI à tendance à réduire
le caractère universel du modèle, et limiter ainsi ses capacités d’auto-adaptation, car cela
suppose l’existence d’au moins une direction homogène.

Modèle de structures cohérentes (CSM)

Dans le modèle de structures cohérentes, le paramètre Cs est calculé dynamiquement,


en utilisant une fonction basée sur les structures tourbillonnaires résolues, tirant profit du
fait que ces dernières sont reliées à la dissipation de sous-maille (Kobayashi [80]). En effet,
le modèle est basé sur l’hypothèse que le taux de dissipation de l’énergie, ε, est localisé
autour d’un ensemble de tourbillons finement résolus, et que le transfert d’énergie entre
les échelles résolues et les échelles de sous-mailles se situe aux alentours de cet ensemble.
La viscosité de sous-maille étant calculée via la formule 2.8, dans le cadre du modèle CSM,
le coefficient Cs devient :

Cs = Ccsm|Fcs |3/2 (2.17)

où Ccsm est une constante du modèle (prise égale à 1/30 dans cette étude) et Fcs est la
fonction de structures cohérentes, définie comme :
66 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

e
Q
Fcs = (2.18)
e
E

e and E
Q e sont respectivement le tenseur du second invariant résolu et la norme d’un tenseur
de gradient de vitesses résolues, donnés par :

 
e = 1 W
Q fij W
fij − Seij Seij
2  (2.19)
e = 1 W
E fij W
fij + Seij Seij
2

où Seij et W
fij sont le tenseur du taux de déformation des échelles résolues et le tenseur de
vorticité des échelles résolues, respectivement. Il s’en suit que :

e = − 1 ∂e
Q
uj ∂e
ui e = 1 ∂e
E
uj ∂e
uj
(2.20)
2 ∂xi ∂xj 2 ∂xi ∂xi

Il est à noter que −1 ≤ Fcs ≤ 1. Il en résulte que le paramètre du modèle est borné
(0 ≤ Cs ≤ 0.05) et possède une variance faible. Le modèle est donc par définition stable, ce
qui évite des opérations de moyenne et de limitation de valeurs. Le modèle peut être utilisé
pour des géométries complexes ne présentant pas forcément de directions homogènes.
Le modèle a été précédemment testé sur des configurations à la fois canoniques et
complexes, incluant des simulations de tubulence homogène et de canaux turbulents, et
a montré des résultats acceptables en comparaison avec des références expérimentales et
des données DNS (Kobayashi [82, 81], Onodera et al. [111] et Ben-Nasr [13]).

Modèle Wall-Adapting Local Eddy-viscosity (WALE)

Le modèle WALE, proposé par Nicoud et Ducros [108], calcule la viscosité de sous-
maille, µsgs , en utilisant les invariants du tenseur de gradient de vitesses résolus. La visco-
sité turbulente y est définie comme :

 3/2
Seij∗ Seij∗
µsgs = ρ∆2 Cw2  5/2  5/4 (2.21)
Seij Seij + Se∗ Se∗
ij ij
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 67

avec

1# 2  1 2
Seij∗ = geij + e2
gji − gekk δij geij2 = e
gik e
gkj (2.22)
2 3

Cw est une constante du modèle, prise égale à 0.5 (Nicoud et Ducros, [108]) et e gij =
∂e
ui /∂xj . Tout comme le modèle précédent, le modèle WALE présente l’avantage de repro-
3
duire le bon comportement asymptotique en y + de la viscosité de sous-maille à la paroi.

2.2.3 Modélisation du flux de chaleur de sous-maille


Pour la modélisation du flux de chaleur, il est communément supposé que le transfert
d’énergie depuis les échelles résolues vers les échelles de sous-maille est proportionnel au
gradient de température résolue (Eidon, [48] ; Garnier et al., [57]). Le flux de chaleur de
sous-maille est donc modélisé, par analogie au tenseur des contraintes de sous-maille, en
utilisant une formulation de type viscosité turbulente. Il s’écrit :

1 ∂ (puj − pe
uj ) µsgs ∂ Te
=− Cp (2.23)
γ−1 ∂xj P rsgs ∂xj

Dans cette étude, le nombre de Prandtl turbulent, P rsgs , est pris constant et égal à 0.9.

2.2.4 Simulation aux grandes échelles implicites


En plus de l’opération explicite de filtrage, deux autres formes de filtres -implicites- sont
associées aux simulations LES :
– En utilisant un maillage ne permettant pas de résoudre les plus fines échelles de
l’écoulement étudié, une opération de filtrage, appelé filtre-maillage, est implicite-
ment appliquée au système d’équations. En effet, du fait de la distribution spatiale
des nœuds du maillage, une séparation entre les petites et les grandes structures
de l’écoulement est implicitement générée, puisque des informations qui sont plus
petites qu’une certaine échelle associée à la résolution du maillage, ne peuvent être
calculées. C’est cette approche que nous utilisons dans ce travail.
– Etant donné que les schémas numériques utilisés induisent une erreur dépendante
de l’échelle calculée, ils introduisent une distinction entre les échelles suffisamment
résolues et celles qui le sont moins. Une deuxième opération de filtrage est ainsi im-
68 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

plicitement appliquée par le biais du schéma numérique utilisé, où l’erreur commise


par l’approximation des opérateurs de dérivés tend à modifier la solution calculée
(Garnier et al., [57]). Cette erreur se voit cependant minimisée avec l’utilisation de
schémas numériques d’ordre élevés suffisamment précis.
En plus, à cause de la présence de forts gradients dans les écoulements superso-
niques, des schémas numériques, robustes mais quelque peu dissipatifs - localement
du moins - sont utilisés. Cette dissipation numérique intrinsèque, inhérente à ce type
de schémas et qui imite d’un point de vue énergétique l’action des échelles de sous-
mailles sur la turbulence, peut être considérée comme une viscosité turbulente im-
plicitement introduite par un modèle de sous-maille. Ce concept est appelé ILES, ou
Implicit Large-Eddy Simulation. Cette approche de modélisation des écoulements tur-
bulents est intéressante dans la mesure où elle permet de quantifier la réelle contri-
bution du modèle de sous-maille sur la turbulence en comparant les résultats ILES
aux calculs LES explicites. Il est à noter que cette manière d’utiliser la dissipation
numérique comme un modèle SGS repose sur l’hypothèse qui stipule que l’action des
échelles de sous-maille sur les échelles résolues est strictement une action dissipative.
Le gros inconvénient de cette méthode réside dans le fait qu’elle ne permet pas un
contrôle directe de la quantité d’énergie de sous-maille dissipée, puisque celle-ci dé-
pend fortement du schéma de discrétisation spatiale utilisée.

2.3 Modélisation proche paroi


Il existe peu de modèles de paroi en LES, disponibles dans la littérature. Néanmoins,
les modèles existants peuvent être divisés en trois grandes familles ; les modèles à
fermeture algébrique (zéro équation de transport), les modèles bi-couche ou TBLE (Thin
Boundary Layer Equation) reposant sur un système d’Equations Ordinaires Différentielles
(ODE) (Balaras et Benocci [11]) et les modèles RANS dans le cadre de l’approche DES.
La première famille de modèles consiste à déterminer une viscosité effective qui viendrait
modéliser les effets dissipatifs en proche paroi afin de corriger le développement de la
couche limite [168, 150, 96, 126, 45]. La seconde famille de modèles, plus élaborés,
consiste à créer un maillage 1D entre la paroi et le premier point fluide afin de résoudre
les équations TBLE sur ce maillage [150, 159, 41, 26, 77, 21, 115, 23]. L’écoulement en
proche paroi peut ensuite être corrigée en modifiant directement le tenseur du frottement
pariétal. Cependant, très peu de ces modèles prennent en compte les gradients de pression
et les termes d’inertie [136, 79, 96, 45, 33]. De plus ces modèles sont souvent basés
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 69

sur un système d’équations ordinaires différentielles qui nécessitent de faire appel à une
méthode de résolution implicite avec une inversion de matrice. La troisième famille de
modèles découle directement de l’approche statistique dans laquelle la viscosité joue un
double rôle ; viscosité turbulente proche paroi et viscosité de sous-maille un peu plus loin.
Ces modèles font souvent appel à une ou plusieurs équation de transport, convection
diffusion et termes sources.

Dans le cadre de cette étude, nous présentons un exemple de chacun de ces modèles.

Modèle algébrique : Parmi les modèles simples, on cite celui de Duprat et al. [45] qui
est similaire au modèle développé par Manhart et al. [96]. Ce modèle consiste à intégrer
les équations de la couche limite afin de déterminer le frottement pariétal qui viendrait
corriger la la viscosité de sous-maille via une viscosité corrective νcorr . En négligeant les
termes d’accélération et de convection, Duprat obtient la relation suivante :
 
∂p
sign (1 − α3/2 ) y ⋆ + sign(τw ) α
∂u⋆ ∂x
=  νt  (2.24)
∂y ⋆ 1+
ν
où l’indice ⋆ représente l’adimensionnement proposé par Manhart et al. [96] reposant sur
les grandeurs à la paroi. Cet adimensionnement prend en compte à la fois le frottement pa-
riétal et le gradient de pression longitudinal. Ainsi, la vitesse et la distance adimensionnées
sont définies de la manière suivante :

u y uτ p
u⋆ = , y⋆ = (2.25)
uτ p ν
p 2
avec uτ p = uτ + u2p une vitesse combinant la vitesse de frottement pariétale,
p
uτ = τw /ρw et une vitesse basée sur le gradient de pression longitudinale,
up = | (µ/ρ2 )(∂p/∂x) |1/3 proposé par Simpson [134]. Enfin, α = u2τ /u2τ p ∈ [0, 1]
est un paramètre permettant de quantifier la prépondérance entre le frottement pariétal
et le gradient de pression longitudinal.

Avant d’intégrer l’équation (2.24), il convient de déterminer l’expression de la visco-


sité turbulente, qui est généralement basée sur le concept de longueur de mélange de
van Driest pour approximer la partie intérieure de la couche limite (composée de la sous-
couche visqueuse et de la région logarithmique). Même si la formule de van Driest prédit
correctement les profils de vitesse d’écoulement avec zéro gradient de pression, elle donne
70 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

néanmoins des résultats non satisfaisants pour les écoulements avec gradient de pression
non nul. Ceci a incité de nombreux auteurs à proposer des modifications de cette expres-
sion. Ainsi, basé sur les travaux de Nituch et al. [109] et Balaras et al. [11], la viscosité
turbulente est définie comme :

 # ⋆  2
νt ⋆ ⋆ 3/2 β −y /1 + Aα 3
= κ y [α + y (1 − α) ] 1 − e (2.26)
ν

avec κ = 0.4 la constante de von Kármán et A = 17 et β = 0.78 des constantes du mo-


dèle. Les deux équations (2.24) et (2.26) constituent le modèle de paroi de Duprat et
permettent de déterminer le frottement pariétal qui sera utilisé pour corriger le déficit
d’énergie dans la couche limite. Cette procédure s’effectue à travers l’introduction d’une
viscosité de correction νcorr qui vérifie la relation suivante :
   ⋆⋆
∂ ūj ∂ ūj
(ν + νSGS ) = (ν + νSGS + νcorr ) (2.27)
∂y ∂y wall

avec (∂ ūj /∂y)⋆⋆


wall le gradient de vitesse calculé par la LES et νSGS la viscosité de sous-
maille. La viscosité de correction νcorr s’exprime comme :

τw  νSGS 
νcorr =  ⋆⋆ 1+ − ν − νSGS (2.28)
∂ ūj
ρ ∂y ν
wall

où τw est déterminé localement grâce au modèle de paroi.

Modèle bi-couche TBLE : Le second modèle, choisi parmi les modèles TBLE, est celui
récemment proposé par Chen et al. [33]. Ce modèle est intéressant car il est développé
dans le cadre des méthodes IBM. Il repose sur le principe d’une décomposition zonale (bi-
couche)[159], en distinguant une zone externe, gouvernée par les équations LES et une
zone proche paroi modélisée par les équations de couche mince (TBLE).
 
∂ ∂ui
(µ + µt ) = Fi , i = 1, 3 (2.29)
∂y ∂y

avec, y la direction normale à la paroi. En général, le terme de droite, Fi regroupe le terme


instationnaire, la convection et le gradient de pression :

∂ ∂ ∂p
Fi = (ρui ) + (ρuj ui ) + (2.30)
∂t ∂xj ∂xi
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 71

Le terme de convection est négligé dans ce modèle. L’équation 2.29 devient :


 
∂ ∂ui ∂ui ∂p
(µ + µt ) = + , i = 1, 3 (2.31)
∂y ∂y ∂t ∂xi
En couche limite, il est d’usage d’utiliser une normalisation pour les grandeurs à la paroi
(+ ) :

u ρuτ µt
u+ = , y+ = y, µ+ =
uτ µ µ
(2.32)
µ ∂p
p+ =
ρ2 µ2t∂y

La viscosité turbulente est déterminée grâce à la loi de van Driest :


 + +
2
νt = κ ν y + 1 − e−(y /A ) (2.33)

avec y+ la distance à la paroi adimensionnée et A+ = 19. Si la vitesse normale à la paroi


est nécessaire comme c’est le cas pour les frontières immergées à forçage direct, elle peut
être obtenue grâce à l’équation de continuité suivante :
Z y  
∂u ∂w
v(x, y, z) = − + dy (2.34)
0 ∂x ∂z
Les équations TBLE simplifiées (sans terme de convection) sont traitées comme des
équations ordinaires différentielles. Ainsi, elles peuvent être intégrées entre la paroi et
y0 = δ afin de fournir la relation suivante pour les différentes composante du fortement
pariétal, τwi (i = 1, 3) :

 Z y 
∂ui
Z Z δ dy 
∂ui 1 
 1 ∂p δ y dy ∂t
τwi =ν = R δ dy u0i − − 0
dy  (2.35)
∂y y=0 ρ ∂xi 0 ν + νt 0 ν + νt 
0 ν+νt

Si la dérivée temporelle est supprimée et si la viscosité turbulente νt ne dépend que


de la vitesse de frottement pariétale et de la distance à la paroi, l’équation (2.35) peut
être intégrée numériquement pour obtenir le frottement pariétal. Dans le cas contraire,
la distribution de la vitesse, dans la couche limite, doit être calculée. L’équation (2.31)
sera dicrétisée sur un maillage 1D local entre la paroi et le point d’interpolation (voir Fig.
72 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

F IGURE 2.2 – Principe du modèle de paroi bi-couche. Image extraite de [26].

2.2). Une condition de non-glissement est imposée à la paroi et les conditions en sortie
de la couche limite sont déterminées à partir de la simulation LES. Le système d’équation
obtenu peut alors être directement résolu de manière directe.

Dans le cadre des frontières immergées, le frottement pariétal est projeté selon les com-
posantes normale n⊥ et tangentielle t1 et t2 du repère local lié à la paroi. Les conditions
en sortie de la couche limite peuvent être également interpolées et projetées dans ce re-
père (voir Fig. 2.2). A partir des composantes du vecteur τwi (i = 1, 3), de l’élément de
surface local Γi,j,k et du volume local Vi,j,k de la cellule immergée, la force de frottement
est donnée par :

1
fw = (fwx , fwy , fwz ) = (t1 τw1 + t2 τw2 )Γi,j,k (2.36)
Vi,j,k
Cette expression est utilisée comme terme source dans les équations de quantité de
mouvement et d’énergie.

En résumé, les deux exemples de modèles, décrits précédemment, bien que per-
formants, ne sont pas entièrement adaptés à notre cas d’étude. En effet, même si une
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 73

F IGURE 2.3 – Schéma de principe de la technique DES.

prise en compte partielle du gradient de pression est possible avec ces modèles, il n’en
demeure pas moins que des termes importants, comme l’advection, uj (∂ui /∂xj ), ou
l’instationnarité ∂ui /∂t, ne sont pas présents dans ces modèles. On rappelle que dans les
tuyères supersoniques, le terme ∂p/∂x entraîne un terme en u(∂u/∂x), et que le terme
∂u/∂t est souvent important dans les régimes transitoires.

Detached Eddy Simulation : La technique DES (Detached Eddy Simulation) a été intro-
duite en 1997 par Spalart et al. [120, 141], dans le cadre d’écoulements décollés sur des
profils d’ailes pour répondre à la problématique de modélisation de paroi à grand nombre
de Reynolds. Elle consiste en une hybridation des méthodes URANS et LES et permet de
combiner les avantages de chacune d’entre elles. En effet, la couche limite est traitée en
RANS, ce qui permet de s’affranchir des contraintes inhérentes aux simulations LES, alors
que les structures détachées de la paroi font l’objet d’une LES, qui permet d’accéder à leur
dynamique instationnaire (voir Fig. 2.3).
Dans l’approche DES, les contraintes de sous-maille sont évaluées d’une manière simi-
laire aux modèles RANS. Cependant, la différence principale entre la DES et les modèles
de sous-maille fonctionnels, réside dans le fait que la viscosité turbulente est obtenue en
résolvant une équation de transport pour une variable auxiliaire ν̃, faisant intervenir une
distance d˜ telle que :

d˜ = min(dRAN S , CDES ∆) (2.37)


74 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

où dRAN S est la distance à la paroi, CDES une constante à déterminer, et ∆ une échelle de
longueur définie comme étant la longueur maximale de la maille dans les trois directions :

∆ = max(∆x, ∆y, ∆z) (2.38)

par suite, au voisinage des parois, dRAN S << ∆, on retrouve un modèle RANS de
Spalart-Allmaras classique. Lorsque ∆ << dRAN S , la taille de la maille devient l’échelle
de longueur du modèle, et on montre que celui-ci évolue vers un modèle de sous-
maille [39]. En théorie, la transition entre les deux types de modèles (dans la zone
où dRAN S ≈ CDES ∆) doit se faire de façon assez douce, sous l’action de la diffusion
turbulente.

Du point de vue des applications, la DES doit permettre de simuler des écoulements
décollés à forts nombres de Reynolds, tout en offrant la possibilité de résoudre les ins-
tationnarités à grande échelle présentes dans les zones de sillage et de mélange. Cette
approche a donné des résultats satisfaisants, tant sur des configurations académiques, que
sur des cas plus complexes (tuyères de propulseurs [39]). A part quelques équipes spécia-
lisées, l’utilisation de la DES reste peu répandue dans le monde.

2.4 Schémas d’intégration numérique


Dans ce travail, les équations de Navier Stokes compressibles 3D sont résolues à l’aide
du code CHOC-WAVES 1 développé au CORIA. Il s’agit d’un outil de recherche dédié aux
simulations DNS et LES et dont le noyau aérodynamique est basé sur un solveur com-
pressible parallèle mono et multi-espèces, utilisant une formulation type différences finies.
Pour des raisons de simplicité, la version mono-espèce du code, utilisant l’air supposé un
gaz parfait, est utilisée par la suite. Dans ce qui suit, nous décrivons quelques aspects liés
au code CHOC-WAVES, en relation avec ces travaux de thèse.

2.4.1 Traitement des flux convectifs : schéma WENO


Dans les écoulements supersoniques, l’utilisation de schémas numériques suffisamment
robustes dans les régions de forts gradients ou proche d’une discontinuité (telle qu’une

c
1. Compressible High-Order Code using Weno AdaptiVE Stencils, Abdellah Hadjadj & Collaborateurs,
CORIA 2012.
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 75

onde de choc) et précis dans les régions de turbulence, est primordiale.

Les schémas ENO (Essentially Non-Oscillatory) sont basés sur l’idée de déterminer le
flux numérique à partir d’une reconstruction d’ordre élevée sur un seul stencil adaptatif,
sélectionné pour éviter au maximum l’interpolation à travers les discontinuités. Ces sché-
mas souffrent, néanmoins, de problèmes de convergence vers une solution stationnaire,
et parfois de perte de précision (Pirozzoli, [121]). Les schémas WENO (Weighted Essen-
tially Non-Oscillatory), qui viennent remédier aux limites des schémas ENO, sont basés sur
l’idée d’une construction du flux numérique à un ordre élevé à partir d’une combinaison
linéaire convexe reconstruite sur une pondération de polynômes d’ordre plus faible (sten-
cils). La pondération des stencils a pour but de maximiser la précision du schéma dans les
régions dites lisses (sans gradients), tout en annulant l’effet du stencil adaptatif près de la
discontinuité.
Dans le code CHOC-WAVES, plusieurs variantes du schéma WENO sont disponibles,
par exemple le schéma WENO classique de Jiang & Shu [75] précis au 5ème ordre, le
schéma WENO à large bande de Martin et al. [98] précis au 4ème ordre ou encore le schéma
Mapped-WENO de Henrick et al. [68] précis au 5ème ordre.
Pour la description de la méthode de calcul du schéma WENO, une équation de conser-
vation scalaire unidimensionnelle est utilisée :

∂u ∂f (u)
+ =0 (2.39)
∂t ∂x

Le flux caractéristique f (u) est décomposé en une partie positive et une partie négative :

f (u) = f + (u) + f − (u) (2.40)

Les deux flux présentant des vitesses de propagation non-négative et non-positive, respec-
tivement :

df + (u) df − (u)
≥0 ≤0 (2.41)
du du

Cette décomposition s’effectue selon le schéma de Lax-Friedrichs, qui s’écrit :


76 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

S3
S2
S1

i−2 i−1 i i+1 i+2 i+3

i + 1/2

F IGURE 2.4 – Choix des stencils pour la reconstruction des flux dans le cas du schéma WENO du
5ème ordre.

1
f ± (u) = (f (u) ± αu) (2.42)
2

où α = maxu | f ′ (u) | est la plus grande valeur sur une ligne de maillage concernée. Le
flux numérique à l’interface fi+1/2 est également décomposé :

+ −
fi+1/2 = fi+1/2 + fi+1/2 (2.43)

+ −
Ainsi, comme indiqué sur la Fig. 2.4, le flux fi+1/2 (respectivement fi+1/2 ) est reconstruit
+ −
en utilisant une interpolation des flux fi (respectivment fi ) sur les trois stencils S =
{S1 , ..., S3 } :
Le schéma WENO utilise une combinaison convexe des trois flux suivants afin d’obtenir la
précision maximale dans les régions à faible gradient :


 +(1) 2 + 7 + 11 +

 fi+1/2 = f − f + f

 6 i−2 6 i−1 6 i

+(2) 1 + 5 + 2 +
fi+1/2 = − fi−1 + f + f (2.44)

 6 6 i 6 i+1

 2 + 5 + 11 +
 +(3)
 fi+1/2 = f + f − f
6 i 6 i+1 6 i+2

Enfin, le flux numérique à l’interface, à l’ordre 5, est calculé comme suit :


Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 77

r
X (l)
fi+1/2 = wl+ fi+1/2
+
(2.45)
l=1

Les coefficients de pondération non-linéaire sont définis par :

α+ d+
wl+ = Pr l αl+ = # l
2 (2.46)
l=1 αl+ ǫ + βl+

d+ −
l = dl = dl sont les poids qui permettent d’obtenir une précision optimale du schéma
WENO :

d1 = 1/10 d2 = 6/10 d3 = 3/10 (2.47)

ǫ est un nombre très faible qui permet d’éviter la division par zéro (ǫ = 10−6 ; Jiang & Shu,
1996), et βl+ sont les indicateurs qui permettent de diminuer le poids des stencils contenant
la discontinuité. Ils sont définis comme la somme des normes de toutes les dérivées des
polynômes d’interpolation et s’écrivent :


 13 # + 2 1# + 2

 β1+ = +
fi−2 − 2fi−1 + fi+ + +
fi−2 − 4fi−1 + fi+

 12 4

13 # + + 2
 1# + + 2

β2+ = fi−1 − 2fi+ + fi+1 + fi−1 − 4fi+ + fi+1 (2.48)

 12 4

 13 # +  1# + 

 β3+ = +
fi − 2fi+1 + 2
+ fi+2 + +
fi − 4fi+1 + 2
+ fi+2
12 4

La partie négative du flux numérique WENO, fi+1/2 , est calculée en suivant la même
+ −
procédure, remplaçant f par f .

Dans son étude, Chaudhuri [30] montre que le schéma WENO est d’ordre 5 dans des
configurations d’écoulements simples. Cependant, cet ordre descend à 1 en présence de
gradients importants tels que des chocs comme c’est le cas dans cette étude. Pour cette
raison l’ordre globale du code est de l’ordre de 2 malgré l’utilisation de schéma d’ordre
élevés. Ces schéma permettent tout de même de gagner localement en précision, en parti-
culier dans la zone supersonique amont de notre écoulement.
78 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

2.4.2 Avancement en temps

Les schémas d’intégration temporelle implémentés dans le code sont principalement


des algorithmes explicites du type TVD Runge-Kutta. Ces schémas obeïssent à une restric-
tion sur l’incrément temporel qui doit être suffisamment faible, compte tenu du caractère
instationnaire des écoulements étudiés. Dans cette étude, un schéma Runge-Kutta d’ordre
3 est choisi. La procédure d’intégration temporelle se fait en 3 étapes comme suit :



 U (1) = U n + ∆t L(U n )


 1 n 
U (2) = 3U + U (1) + ∆t L(U (1) ) (2.49)

 4

 1 n 
 U n+1 = U + 2U (2) + 2∆t L(U (2) )
3
où ∆t est le pas de temps, U n est la valeur de la variable U à l’instant n, et U (k) sont les
valeurs intermédiaires de U (k = 1, 2). Le critère de stabilité sur le pas de temps s’écrit :
 
∆x 1 ∆x2
∆t = CF L . min , (2.50)
|u| + c 2 γ (µ/P r + µsgs /P rsgs )

Le premier terme du membre à droite correspond à un temps convectif, alors que le se-
cond représente un temps de diffusion (laminaire et turbulent). Le nombre de Courant-
F riedrichs-Lewy (CF L), doit être inférieur à l’unité pour assurer la stabilité globale du
schéma. Dans ce travail, le CF L est généralement pris égal à 0.9.

2.4.3 Traitement des termes visqueux

Dans le code CHOC-WAVES, les flux visqueux sont approximés à l’aide d’un schéma
centré compact (à stencil réduit), dans lequel la dérivée (∂Fv /∂x)i,j,k s’écrit :

∂Fv Fv − 8Fvi−1,j,k + 8Fvi+1,j,k − Fvi+2,j,k # 


= i−2,j,k + O ∆x4 (2.51)
∂x i,j,k 12∆x

Les composantes du flux Fv contiennent des dérivées du type ∂()/∂x, ∂()/∂y et ∂()/∂z.
Dans les directions normales (y) et (z) de l’écoulement, le calcul des dérivées est ap-
proximé par une formulation centrée. A titre d’exemple, dans la direction longitudinale
(x), le calcul des dérivées se fait à l’aide de différentes formulations d’ordre 4 sur un stencil
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 79

réduit S = {i − 2, i − 1, i, i + 1, i + 2}, ce qui donne :

∂u −25ui−2,j,k + 48ui−1,j,k − 36ui,j,k + 16ui+1,j,k − 3ui+2,j,k


= + O (∆x4 )
∂x i−2,j,k 12∆x
∂u −3ui−2,j,k − 10ui−1,j,k + 18ui,j,k − 6ui+1,j,k + ui+2,j,k
= + O (∆x4 )
∂x i−1,j,k 12∆x
∂u −ui−2,j,k + 6ui−1,j,k − 18ui,j,k + 10ui+1,j,k + 3ui+2,j,k
= + O (∆x4 )
∂x i+1,j,k 12∆x
∂u 3ui−2,j,k − 16ui−1,j,k + 36ui,j,k − 48ui+1,j,k + 25ui+2,j,k
= + O (∆x4 )
∂x i+2,j,k 12∆x
(2.52)
Il est à noter que les flux de sous-maille sont évalués de la même manière.

2.4.4 Traitement des conditions aux limites


Le choix des conditions aux limites représente un élément important dans le calcul.
Ces conditions sont souvent imposées dans des mailles fantômes en bordure de domaine.
Le nombre de ces mailles dépend de l’ordre du schéma. Dans le cadre de cette étude, 4
mailles fantômes sont nécessaires pour imposer les conditions limites d’ordre 2. Ainsi, on
distingue différents types de conditions aux limites.

a) Entrée subsonique : Les équations d’Euler forment un système hyperbolique qui peut
être exprimé sous une forme caractéristique. Par conséquent, les conditions aux limites
sont déterminées à l’aide des invariants de Riemann. Comme la zone visqueuse occupe
une faible partie de l’écoulement dans ces cas d’étude, nous pouvons négliger la partie
visqueuse.
La première condition aux limites représente une condition d’entrée subsonique. Dans
un souci de simplicité, les équations sont écrites selon l’axe x de la tuyère car l’entrée se fait
perpendiculairement à cette direction. La procédure détaillée est disponible dans la thèse
de Solakoglu [140]. Cette condition détermine l’ensemble des propriétés de l’écoulement
en entrée à partir des conditions génératrices (pression et température totales). Sachant
que l’équation de la propagation d’onde unidimensionnelle s’écrit :

∂θ ∂θ
+λ =0 (2.53)
∂t ∂x
où θ est l’invariant transporté par la caractéristique de vitesse de λ. On peut ainsi en
80 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

déduire les équations caractéristiques dans la direction de l’écoulement :


 
∂ρ 1 ∂p ∂ρ 1 ∂p
− 2 = −u − 2 (2.54)
∂t c ∂t ∂x c ∂x
 
∂p ∂u ∂p ∂u
+ ρc = −(u + c) + ρc (2.55)
∂t ∂t ∂x ∂x
 
∂p ∂u ∂p ∂u
− ρc = −(u − c) − ρc (2.56)
∂t ∂t ∂x ∂x
L’équation (2.53) est discrétisée dans le plan d’entrée de la manière suivante :

n+1 n ∆t
θ1,j,k − θ1,j,k = −λn1,j,k (θ2,j,k
n n+1
− θ1,j,k ) (2.57)
∆x
∆t
On pose λ̂n1,j,k = λn1,j,k . On obtient donc après quelques opérations :
∆x
n
n+1
θ1,j,k λ̂n1,j,k n
θ1,j,k = − θ1,j,k (2.58)
1− λ̂n1,j,k 1− λ̂n1,j,k
n
On soustrait alors θ1,j,k de chaque coté :

n+1 n
λ̂n1,j,k n n
θ1,j,k − θ1,j,k =− (θ2,j,k − θ1,j,k )
1− λ̂n1,j,k
(2.59)
n
λ̂n1,j,k n n
δθ1,j,k =− (θ2,j,k − θ1,j,k )
1 − λ̂n1,j,k

Comme l’écoulement est subsonique, la condition prend en compte les remontées d’infor-
mations via les ondes caractéristiques (u − c), avec c la célérité du son dans le milieu consi-
déré. On suppose que la pression totale, qui correspond à la pression chambre, est figée
et que l’influence de la turbulence à l’entrée est négligée. De plus, on admet que l’écoule-
ment moyen est isentropique. Par conséquent, l’équation caractéristique correspondant à
la vitesse (u − c) est donnée par :
 
∂p ∂u ∂p ∂u
− ρc = −(u − c) − ρc (2.60)
∂t ∂t ∂x ∂x

où c = γRT . A partir de l’équation 2.59, nous pouvons écrire :

δpn1,j,k − ρn1,j,k cn1,j,k δun1,j,k = Rn1,j,k (2.61)


Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 81

avec :

λ̂n1,j,k  n 
Rn1,j,k = − p2,j,k − pn1,j,k − ρn1,j,k cn1,j,k (un2,j,k − un1,j,k ) (2.62)
1 − λ̂n1,j,k

or, pour un écoulement isentropique à pression totale constante :

  −γ
γ − 1 u2 γ−1
pch =p 1− (2.63)
γ + 1 c2c

avec cc la vitesse du son critique dans la chambre pour laquelle le nombre de Mach vaut
1:

γ−1
c2c = 2γ cv Tch (2.64)
γ+1

où Tch désigne la température totale supposée constante. La forme différentielle de la


relation (2.63) est donnée par :

  γ−1
1
2γ pch u γ − 1 u2
δp + 1− δu = 0
γ + 1 c2c γ + 1 c2c
(2.65)

δp + H δu = 0

en discrétisant cette équation sur le plan d’entrée, cela donne :

δpn1,j,k + H1,j,k
n
δun1,j,k = 0,
  γ−1
1
(2.66)
n 2γ pch un1,j,k γ − 1 un1,j,k
2
avec H1,j,k = 1−
γ+1 c2c γ + 1 c2c

cette équation est résolue à l’aide de (2.61) ce qui donne :

−Rn1,j,k
δun1,j,k = n n n
ρ1,j,k c1,j,k + H1,j,k
(2.67)

soit un+1 n n
1,j,k = u1,j,k + δu1,j,k

pour les autres variables, on a :


82 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

Rn1,j,k H1,j,k
n
pn+1
1,j,k = p n
1,j,k + δp n
1,j,k , avec δp n
1,j,k =
ρn1,j,k cn1,j,k + H1,j,k
n
 
n+1 γ − 1 un1,j,k
2
T1,j,k = Tch 1 − (2.68)
γ + 1 c2c
n+1
p1,j,k
ρn+1
1,j,k = n+1
r T1,j,k

L’indice “1” désigne l’entrée du domaine.

b) Sortie libre : Dans le cas des écoulements de tuyères débouchant dans une atmosphère
au repos, la sortie du domaine de calcul correspond à une condition libre. Ceci équivaut à
dire que l’ensemble des grandeurs dans les mailles fantômes sont extrapolées à partir des
propriétés de l’écoulement dans le domaine de calcul :

un+1 n
N xt,j,k = uN xt−1,j,k

n+1 n
vN xt,j,k = vN xt−1,j,k

n+1 n
wN xt,j,k = wN xt−1,j,k
(2.69)
pn+1 n
N xt,j,k = pN xt−1,j,k

ρn+1 n
N xt,j,k = ρN xt−1,j,k

TNn+1 n
xt,j,k = TN xt−1,j,k

Le choix d’une telle condition de sortie se justifie par la grande dimension du domaine
de calcul et l’utilisation de conditions latérales qui maintiennent une pression ambiante
égale à la pression atmosphérique en limite du domaine. La rigueur nous impose d’utiliser
une condition de sortie prenant en compte la nature subsonique de l’écoulement et les
possibles remontées d’ondes acoustiques. Cependant, ces phénomènes ne représentent
pas le cœur de notre étude. De plus, comme nous avons pu le constater, le domaine
expérimental est nettement plus grand que notre domaine numérique. Le choix d’une telle
condition équivaut à simuler un domaine de longueur infinie sans retour d’information,
ce qui est plus proche de la réalité qu’un retour d’information précoce découlant de
contraintes numériques. Enfin, malgré la longueur du domaine choisi et le maillage
adopté (domaine éponge avec une forte dissipation numérique), l’écoulement en sortie
du domaine présente des gradients importants et des zones supersoniques. Une condition
Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique 83

aux limites prenant en compte à la fois les écoulements supersonique et subsonique est
très sensible à ces gradients et se révèle moins robuste face aux aspects transitoires de la
simulation qu’une simple condition libre. Avec cette condition, le milieu ambiant conserve
des grandeurs à l’infini stables qui correspondent à l’état initial choisi.

c) Sortie subsonique : Les conditions aux limites qui correspondent aux parois latérales
du domaine peuvent être assimilées à des entrées lointaines à faible vitesse compte tenu
des dimensions du domaine ambiant et de la faible amplitude de la composante radiale
de la vitesse en sortie de la tuyère. Pour cette raison, on considère que le fluide subit
une évolution isentropique depuis les conditions ambiantes, choisies comme génératrices
pour cette aspiration. Ainsi, le long de ces frontières, les vitesses sont extrapolées et les
conditions de pression et de température sont données par les équations suivantes [119] :

  γ−1
γ
γ−1# 2  T
T = Ta − u + v2 + w2 et p = pa (2.70)
2γr Ta

un+1 n
i,N yt,k = ui,N yt−1,k

n+1 n
vi,N yt,k = vi,N yt−1,k

n+1 n
wi,N yt,k = wi,N yt−1,k

n+1 γ − 1 n+1 2 n+1 2 n+1 2 (2.71)


Ti,N yt,k = Ta − (u + vi,N yt,k + wi,N yt,k )
2 γ r i,N yt,k

n+1
! γ−1
γ
Ti,N yt,k
pn+1
i,N yt,k = pa
Ta
pn+1
i,N yt,k
ρ= n+1
r Ti,N yt,k

d) Condition de paroi :

Les conditions de parois sont imposées grâce à la méthode des frontières immergées et
à une interpolation bilinéaire d’ordre 2. Si P est un point solide proche paroi et IPP son
point image (c’est-à-dire son image par rapport à la paroi, voir §3.1 pour plus de détails),
les conditions de non-glissement sur une paroi adiabatique, située à égale distante des
84 Chapitre 2. Equations mathématiques, modèles de sous-maille et schémas d’intégration numérique

points P et IPP , sont données par les relations suivantes :

unP = −unIPP

vPn = −vIP
n
P

wPn = −wIP
n
P

(2.72)
TPn = TIP
n
P

pnP = pnIPP

ρnP = ρnIPP

2.5 Conclusion
Après un bref rappel des équations filtrées décrivant les écoulements compressibles,
le traitement des termes de sous-maille présents dans ces équations est présenté, en s’ap-
puyant sur les travaux de Vreman, dans le cadre d’une modélisation fonctionnelle. Diffé-
rents modèles de sous-maille, incluant le modèle dynamique de Smagorinsky, le modèle
CSM ou le modèle WALE ont été présentés. De même, différentes stratégies de modéli-
sation proche paroi, permettant de s’affranchir en partie de la contrainte de résolution
proche paroi, ont été exposées. Enfin, les schémas de discrétisation numériques, aussi bien
temporels que spatiaux sont décrits. De plus, ces schémas sont compatibles avec le carac-
tère fortement compressible des écoulements rencontrés dans les tuyères supersoniques
(choc, turbulence, etc).
Chapitre 3

Optimisation parallèle de la méthode


des frontières immergées

3.1 Méthode des frontières immergées


La comparaison des performances de deux codes de mécanique des fluides, l’un ex-
ploitant un maillage Cartésien uniforme et l’autre un maillage tétraédrique non-structuré,
montre que l’étape la plus chronophage dans un code est la résolution des flux numé-
riques. En effet, le nombre d’opérations est proportionnel au nombre d’arêtes du maillage.
Comme il y a approximativement deux fois plus d’arêtes dans un maillage tétraédrique que
dans un maillage cartésien équivalent, le coût de résolution d’un maillage non-structuré
est deux fois plus élevé. De plus, dans le cas des maillages non-structurés, il est aussi né-
cessaire de prendre en compte le coût lié aux reconstructions et aux fonctions limiteurs
qui peuvent doubler ou tripler le temps de calcul. Enfin, avec l’augmentation de l’ordre du
schéma spatial, la différence de coût de calcul entre les deux approches croit rapidement.
Pour toutes ces raisons, les méthodes exploitant des maillages Cartésiens se sont beaucoup
développées ces dix dernières années.
En particulier les méthodes utilisant des maillages simples (non curvilignes) émergent
de plus en plus. Ces méthodes peuvent être divisées en deux grandes familles selon
la manière dont les points proches des parois sont gérés [100]. La première approche
consiste à modifier la forme des cellules au niveau de la paroi, en gardant un maillage
régulier loin de celle-ci. Cette méthode est connue sous le nom de cut-cell [172, 36]. La
seconde famille de méthodes consiste à garder un maillage régulier partout et à imposer
des conditions à la paroi à l’aide de fonctions de forçage [30, 104]. Ces deux méthodes
appartiennent à la famille des IBM (Immersed Boundary Method) qui furent développées

85
86 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

pour la première fois par Peskin [118] et demeurent populaires pour plusieurs raisons :
(i) elles reposent sur une grille cartésienne simple et peu coûteuse, (ii) elles sont faciles
d’utilisation dans des codes de recherche et aussi dans des codes industriels, (iii) elles
sont très adaptées à des solveurs différences finies ou volumes finis d’ordre élevé. Elles
sont, par conséquent, très appréciées pour les simulations hautement résolues LES ou
DNS. Afin de garantir une précision optimale, plusieurs méthodes d’implémentation des
conditions de paroi sont possibles. Dans leur étude, Mittal et Iaccarino [100] détaillent la
façon d’introduire les termes de forçage à travers deux approches, une continue et une
discrète. Il s’avère que le forçage discret implique un coût de calcul inférieur, comparé à
l’approche continue [72]. Par conséquent, la méthode de forçage est adoptée dans cette
étude. En pratique, les conditions de paroi sont satisfaites en imposant des valeurs finies
aux cellules fantômes se trouvant dans le domaine solide.

En général, la méthode IBM fait apparaître un domaine fluide (Ωf luid ) et un domaine
solide (Ωsolid ). Ces domaines, associés à une ou plusieurs surfaces Ψb , peuvent être
représentés soit par une fonction continue (pour les géométries simples, telles que carré
ou cylindre) soit discrétisée via un fichier de points (pour les géométries complexes
telles que : voilures d’avion, automobiles, fusées). La méthodologie est la suivante : tout
d’abord, il convient d’identifier les points fantômes, appelés GP (Ghost Points) appartenant
à Ωsolid , il faut ensuite déterminer les points images ou IP (Image Point) associés à chaque
GP. Par définition, un point image est la symétrie d’un point GP par rapport à la surface
Ψb . L’intersection entre le segment [GP, IP] et la surface Ψb est le point de paroi, appelé
BP (Boundary Point). L’ensemble des BP représente la surface Ψb . Une fois ces points
déterminés, les propriétés de l’écoulement, au niveau d’un point IP, sont calculés au point
GP associé.

Ainsi, la grille cartésienne (représentée en 2D par simplicité) est un ensemble correspon-


dant à une paire de coordonnées ordonnées pouvant être définies de la manière suivante :

G = {(xi , yj ), i = 1, ..., Nxt , j = 1, ..., Nyt } (3.1)

où Nxt et Nyt représentent le nombre de points de la grille dans les directions x et y,


respectivement. Comme la surface de la géométrie est clairement identifiée par la fonction
(ou le nuage de points) Ψb , il est possible de déterminer, pour chaque point de la grille,
son appartenance au domaine fluide ou solide. Ces informations sont calculées (en pré-
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 87

F IGURE 3.1 – Schématisation 2D des frontières immergées.

traitement) et stockées dans un tableau appelé Mask. Celui-ci est défini comme :

Mask = {ζij , i = 1, ..., Nxt , j = 1, ..., Nyt } (3.2)


(
1 si (xi , yj ) ∈ Ωf luid
ζij = (3.3)
0 sinon

L’ensemble des points appartenant aux domaines fluide (Gf luid ) et solide (Gsolid ) est défini
de la manière suivante :
(
Gf luid = {(xi , yj ) ∈ G ssi ζij = 1}
(3.4)
Gsolid = {(xi , yj ) ∈ G ssi ζij = 0}

avec G l’ensemble des points de la grille, d’où :

G = Gsolid ∪ Gf luid (3.5)

Par conséquent, les points solides possédant au moins un point fluide voisin sont considérés
88 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

comme des points fantômes (GP) (voir Fig. 3.1). Ces derniers sont définis comme :

GGP = {(xi , yj ) ∈ Gsolid si ∃(xk , yl ) ∈ Gf luid


(3.6)
pour k = i − 4, ..., i + 4, l = j − 4, ..., j + 4}

La suite de la procédure consiste à imposer des conditions aux limites pour la prise en
compte. Pour cela, il est nécessaire de déterminer les points IP, projections des points GP
par rapport à la surface Ψb . Dans le cadre de cette étude, le schéma de discrétisation
étant d’ordre 5, quatre rangées de GP sont nécessaires. Ainsi, chaque GP est associé à un
unique IP appartenant au domaine fluide. L’ensemble des IP peut être décrit de la manière
suivante :

GIP = {(x⋆i , yj⋆) ∈ Gf luid ssi ∃ un unique (xi , yj ) ∈ GGP


(3.7)
et d[(x⋆i , yj⋆ ) ⊥ Ψb ] = d[(xi , yj ) ⊥ Ψb ]}

où d[(xi , yj ) ⊥ Ψb ] représente la distance orthogonale entre un point quelconque de la


grille (xi , yj ) et la surface Ψb . L’ensemble des points de paroi GBP est défini par :

GBP = {(xi + x⋆i )/2, (yi + yi⋆)/2 pour (xi , yj ) ∈ GGP , (x⋆i , yj⋆) ∈ GIP } (3.8)

Dans un souci de clarté, les indices “i” et “j” seront omis par la suite. L’approximation
linéaire suivante est adoptée pour imposer des conditions aux limites de type Dirichlet
ou Neumann aux interfaces fluide-solide et définir les grandeurs physiques requises pour
chaque GP :
LGP = 2 LBP − LIP (3.9)

où L est le vecteur des grandeurs conservatives. La résolution de l’équation (3.9) nécessite


la connaissance des propriétés de l’écoulement pour chaque IP. Ces grandeurs peuvent être
obtenues à l’aide de différentes méthodes d’interpolation utilisant les valeurs des points
voisins au nombre de 4 pour le 2D et de 8 pour le 3D.
Pour des raisons de simplicité, le raisonnement se fera en 2D. Ainsi, à chaque élément
de GIP sera associé 4 NP . Dans cette étude, une interpolation bilinéaire [104] d’ordre 2
est utilisée pour déterminer l’opérateur LIP .

LIP (x, y) = C1 xy + C2 x + C3 y + C4 (3.10)

Les coefficients de pondération Ci (i = 1, 4) sont déterminés à partir des grandeurs conser-


Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 89

vatives des points NP par inversion d’une matrice [4 × 4] :

     
C1 x1 y1 x1 y1 1 LN P1
 C2   x2 y2 x2 y2 1   LN P2 
     
 =    (3.11)
 C3   x3 y3 x3 y3 1   LN P3 
C4 x4 y4 x4 y4 1 LN P4

Néanmoins, des cas particuliers, nécessitant un traitement différent, peuvent exister, no-
tamment si l’un des NPk ∈ Gsolid ou si la distance entre l’IP et un NPk est très faible. Ces
cas sont illustrés sur la Fig. 3.2. Par exemple, le point NP4 ∈ Gsolid , sa contribution ne
peut être prise en compte directement. Comme il s’agit d’un des premiers points solides,
il appartient donc automatiquement à l’ensemble GGP . La solution serait de remplacer ce
point par le point de paroi (BP) qui lui est associé. Dans ce cas, la ligne de la matrice
associée à ce point prend la forme suivante :

LIPB (xB , yB ) = C1 xB yB + C2 xB + C3 yB + C4 (3.12)

Les variables de l’écoulement en ce point sont déterminées en appliquant une condition de


non-glissement (un = 0, ut = 0), donnant lieu à une nouvelle matrice,

     
C1 x1 y1 x1 y1 1 LN P1
 C2   x2 y2 x2 y2 1   LN P2 
     
 =    (3.13)
 C3   x3 y3 x3 y3 1   LN P3 
C4 xB yB xB yB 1 LN PB = 0

Pour les autres variables, LIP = ρ et LIP = p, une condition de gradient nul est imposée.
En effet, comme les vitesses sont nulles, il en résulte que la seule grandeur qui participe
aux flux convectifs est la pression. Ainsi, dans le cas d’une condition de non-glissement,
la contribution du flux convectif doit être annulée, ce qui équivaut à imposer un gradient
∂p
de pression nul, ∂n = 0. La condition de paroi en température dépend de son aspect
adiabatique ou isotherme. En supposant que la paroi est adiabatique (i.e. pas de flux de
chaleur, qj = 0), imposer un gradient de température nul équivaut à imposer un gradient
de densité nul. A partir de la relation ∂LIP /∂n = 0 et après quelques développements, le
gradient de LIP peut être exprimé de la manière suivante :

∂LIP
= C1 (yB nx + xB ny ) + C2 (nx ) + C3 (ny ) = 0 (3.14)
∂n
90 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

     
C1 x1 y1 x1 y1 1 LN P1
 C2   x2 y2 x2 y2 1   LN P2 
     
 =    (3.15)
 C3   x3 y3 x3 y3 1   LN P3 
C4 (yB nx + xB ny ) (nx ) (ny ) 0 LN PB = 0

F IGURE 3.2 – Illustration de quelques cas particuliers : (a) NP appartient au domaine solide
(b) IP très proche d’un NP et (c) GP situé près de la bissectrice d’un angle.

Dans le cas de l’exemple de la Fig. 3.2(b), la contribution des points NPl (l 6= i) peut
être négligée en supposant LIP égal à LN Pi . Dans cette étude, on considère que dk est
p
négligable si dk /d ≤ ǫ1 avec ǫ1 = 10−10 et d = ∆x2 + ∆y 2 , ∆x et ∆y sont les pas locaux
de la grille. Enfin, dans le cas d’un coin (Fig. 3.2(c)), le point GP sera projeté dans la
direction parallèle à la bissectrice de l’angle.

Comme mentionné précédemment, la méthode d’interpolation bi-linéaire peut être


étendue aux cas 3D, comprenant une interpolation sur les 8 NP voisins formant un pa-
rallélépipède rectangulaire autour de l’IP . En conséquence, la dimension de la matrice
associée aux conditions aux limites sera de 8 × 8 et le vecteur des grandeurs conservatives
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 91

associé s’écrira :

LIP (x, y) = C1 xyz + C2 xy + C3 yz + C4xz + C5 x + C6 y + C7 z + C8 (3.16)

Pour l’inversion de cette matrice, on fera appel à la librairie Lapack dans sa version sé-
quentielle.

3.2 Prise en compte des géométries complexes


Pour étendre l’utilisation de la méthode IBM aux cas complexes, il convient d’utiliser
une méthode de tracer (ou lancer) de rayons pour déterminer le Mask. Le principe de
cette méthode est le suivant : un rayon est lancé à partir d’une source primaire S vers un
point P de la grille. Le nombre d’intersections entre le rayon et la géométrie est compté.
Si ce nombre est pair, le point est considéré comme appartenant au fluide. Si le nombre
est impair, le rayon r entre et sort un certain nombre de fois puis rentre à nouveau, le
point est considéré comme appartenant au solide. Le principe de cette méthode est vérifié
quelle que soit la géométrie, aussi bien en 2D qu’en 3D. En revanche un problème réside
dans le fait que les intersections doivent être prises en compte de manière adéquate.
Prenons comme exemple la géométrie présentée sur la Fig. 3.3. Celle-ci est définie par un
ensemble de segments et présente de nombreuses zones complexes à mailler (i.e. zones
convexes, angles aigus, cavité, etc). Pour les points internes (solide) P1 et P2 et pour
les points externes (fluide) P3 et P4 , le décompte des intersections ne présente pas de
difficultés particulières. En revanche, pour les points P5 et P6 des singularités existent. En
effet, ces points passent par l’intersection entre deux segments. Sans traitement approprié,
le compteur sera incrémenté deux fois pour une unique intersection, ce qui se traduira
par un point fluide au milieu du solide ou inversement. O’Rourke [112] a montré que le
problème peut être résolu en ajoutant un critère supplémentaire permettant de confirmer
la validité d’une intersection. Ainsi, si C1 et C2 sont les deux extrémités d’un segment, une
intersection peut alors être considérée comme valide si l’un des deux points est strictement
au-dessus du rayon et si le second point est confondu avec le rayon ou en dessous. Selon
le schéma de la figure 3.4 plusieurs cas sont possibles.

Grâce à ce critère, les points P5 et P6 peuvent être correctement identifiés, l’un solide et
l’autre fluide. Il est important de noter que, lors de l’intégration numérique de la méthode
du tracer de rayons, les intersections sont déterminées avec une certaine précision,
fonction d’une tolérance ε qu’il convient d’adapter selon le cas considéré. En effet, si
92 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

F IGURE 3.3 – Géométrie d’une facette polygonale traversée par plusieurs rayons issus de
deux sources S et S ′ . Pi (i = 1, 6) sont des points choisis arbitrairement à l’intérieur et à
l’extérieur de la facette et [C1 C2 ] est un segment de la facette.

(a) (b) (c) (d)

F IGURE 3.4 – Configurations possibles d’intersections du rayon r avec le segment [C1 C2 ]


Intersections valides pour les cas (a) et (b) et invalides pour les deux autres cas.
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 93

celle-ci est mal évaluée, les exemples (b) et (d) de la Fig. 3.4 peuvent être mal traités,
ce qui conduit à une mauvaise détermination du nombre d’intersections. Egalement, une
tolérance calibrée pour un cas donné ne signifie pas qu’elle le serait pour un autre cas.
Par exemple, une tolérance ǫ qui considérerait que le point C2 est positionné sur, ou
en-dessous du rayon dans le cas (b), risquerait de faire passer le point C1 au dessus du
rayon pour le cas (d). Une solution alternative à ce problème serait d’utiliser une source
S ′ (appelée source secondaire) (voir Fig. 3.3). O’Rourke a montré que pour une géomé-
trie quelconque, l’utilisation d’une source secondaire était nécessaire pour corriger 0.8 %
des points particuliers et une éventuelle source tertiaire pour les 0.01% des points restants.

Cas tridimensionnels : Dans une configuration 3D, la surface de l’objet étant décrite
par un ensemble discrétisé de cellules élémentaires de forme triangulaires, il convient de
déterminer les intersections entre un rayon et une cellule (voir Fig. 3.5). Considérons un
point P = (xP , yP , zP ) de la grille pour lequel on souhaite déterminer le Mask en utilisant
une source S = (xS , yS , zS ). Le segment SP, représentant aussi le rayon r = (xS − xP , yS −
yP , zS − zP ) et tout point Q′ de ce segment peut être déterminé grâce aux coordonnées :

xQ′ = xS + ξ(xS − xP ), yQ′ = yS + ξ(yS − yP ) et zQ′ = zS + ξ(zS − zP ) (3.17)

avec ξ un paramètre appartenant à l’intervalle [0, 1]. Afin de vérifier si le rayon r intercepte
la cellule A′ B ′ C ′ , il est nécessaire de vérifier, dans un premier temps, que le rayon coupe le
plan contenant la cellule. Ce plan peut être représenté par l’équation n1 x+n2 y+n3 z+d = 0
(ou par le produit scalaire entre le vecteur normal au plan ~n = (n1 , n2 , n3 ) (qui n’est pas
obligatoirement unitaire) et un vecteur ~x = (x, y, z) représentant un point du plan, tel que
hx, ni = d). Sachant que le vecteur n est orthogonal au plan et que B ′ − A′ et C ′ − A′ sont
deux droites appartenant à ce plan. Le produit vectoriel (B ′ − A′ ) × (C ′ − A′ ) correspond
au vecteur normal ~n et permet de déterminer ses composantes. La constante d peut être
déterminée en substituant les coordonnées de l’un des points A′ , B ′ ou C ′ dans l’équation
du plan. Pour déterminer l’intersection entre le rayon r et le plan, il convient de vérifier
s’il existe un point Q′ du rayon appartenant au plan, c’est à dire si hQ′ , ni = d, d’où :

d − hS, ni
h(S + ξr), ni = d ξ= (3.18)
hr, ni

L’étape finale consiste à vérifier si l’intersection Q′ entre le rayon et le plan a lieu à


l’intérieur ou à l’extérieur de la cellule. Bien que l’ensemble du problème soit 3D, il peut
en réalité être ramené à un problème 2D en projetant la cellule sur l’un des trois plans
94 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

S
A’

Q’ C’

B’
P

y
Q
x C
z

F IGURE 3.5 – Projection d’une cellule élémentaire sur le plan (x,z).

(x, y), (y, z) ou (z, x). En effet, si Q, la projection du point Q′ sur l’un des plan, appartient
à la projection ABC de la cellule A′ B ′ C ′ sur ce même plan, on peut considérer que Q′
appartient à la cellule (voir Fig. 3.5).
Afin de garantir une bonne projection (typiquement, si la cellule est presque ou parfai-
tement orthogonale à un plan), celle-ci est faite par rapport au plan orthogonal à la plus
grande composante du vecteur ~n. La vérification de l’appartenance ou non d’un point à
un triangle se fait via des produits vectoriels. La surface du parallélogramme formé par
les segments [BA] et [CA] est déterminée via le produit vectoriel des deux vecteurs ~rBA et
~rCA , comme :

1
AABC = |~rBA ∧ ~rCA | (3.19)
2
En considérant le signe du vecteur A ~ ABC = 1 (~rBA ∧ ~rCA ), il est possible de distinguer
2
des valeurs positives ou négatives en fonction du sens du produit vectoriel, i.e. horaire ou
anti-horaire. Cette propriété peut être utilisée afin de déterminer la position relative d’un
point par rapport à un triangle. Prenons par exemple le cas présenté sur la Fig. 3.6(a), où
−→ − → − →
les trois triangles ABQ, BCQ et CAQ ont des vecteurs surfaciques A1 , A2 et A3 positifs. En
revanche, si le point Q est en dehors du triangle, un ou deux vecteurs seront négatifs (Fig.
3.6(b) et (c)). Si le point Q est sur l’une des arrêtes, l’une des aires sera nulle (Fig. 3.6(d)).
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 95

F IGURE 3.6 – Configurations possible pour l’intersection Q entre le rayon et une cellule
élémentaire.

Enfin, si deux aires sont nulles, le point Q sera confondu avec l’un des trois sommets du
triangle (Fig. 3.6(e)). Il est à noter que l’ensemble de ces propriétés est vérifié dans le cas
ou les produits vectoriels se font dans le sens anti-horaire. Dans le cas contraire, le sens
des opérations s’inverse.
On peut donc résumer la méthode d’intersection de la manière suivante : si les trois
vecteurs surfaces ont le même signe, Q appartient à la cellule. Si l’un des vecteurs a un


signe différent des deux autres, Q est à l’extérieur de la cellule. Si A1 = 0, Q appartient
−→ −
→ −→
au segment [AB] et si A1 = 0 et A2 = 0, Q ≡ B. De même si A2 = 0, Q appartient au
segment [BC] et ainsi de suite.

Détermination des points GP et IP : Une fois la géométrie repérée par rapport à la


grille Cartésienne, grâce à l’ensemble des points Mask, il est nécessaire de déterminer
l’ensemble des points GGP et GIP . Comme mentioné précédemment, 4 couches de GP
96 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

sont nécessaires pour fixer les conditions aux limites. Ces points sont déterminés grâce à
un algorithme de recherche de voisinage (voir Algo. 1).

Algorithm 1 Déclaration des points fantômes


if Mask(i, j, k) = 0 (je suis un point fluide) then
for k = −4, 4 (recherche dans les voisins sur ±4 couches) do
for j = −4, 4 (recherche dans les voisins sur ±4 couches) do
for i = −4, 4 (recherche dans les voisins sur ±4 couches) do
if Mask(i, j, k) = 1 (si le point est solide) then
alors on déclare le point comme un GP (Mask(i, j, k) = −1)
end if
end for
end for
end for
end if

Pour obtenir les points images, il est nécessaire d’identifier les trois points de la surface
les plus proches d’un GP. Ces points notés, A′ , B ′ et C ′ (voir Fig. 3.5) sont associés aux
coordonnées (x1 , y1, z1 ), (x2 , y2, z2 ) et (x3 , y3 , z3 ), respectivement. GP est le point de la
grille de coordonnées (xGP , yGP , zGP ) et le point BP de coordonnées (xBP , yBP , zBP ) est le
projeté du point GP sur la cellule formée par les trois points A′ , B ′ et C ′ . Egalement, le
point IP de coordonnées (xIP , yIP , zIP ) est le symétrique du point GP par rapport au point
BP.

Soit n1 , n2 et n3 les composantes du vecteur normal ~n au plan (A′ B ′ C ′ ), alors :

−−→ −−→
~n = A′ B ′ ∧ A′ C ′ d’où :


 n1 = (y2 − y1 )(z3 − z1 ) − (y3 − y1 )(z2 − z1 )
n2 = (z2 − z1 )(x3 − x1 ) − (x2 − x1 )(z3 − z1 ) (3.20)


n3 = (x2 − x1 )(y3 − y1 ) − (x3 − x1 )(y2 − y1 )
Puisqu’un point BP est la projection d’un point GP dans la direction du vecteur ~n, on peut
écrire, d’après la définition d’une droite paramétrique dans l’espace :


 xBP = n1 ̺ + xGP
yBP = n2 ̺ + yGP (3.21)


zBP = n3 ̺ + zGP
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 97

A cela s’ajoute l’équation d’appartenance du point BP au plan (A′ B ′ C ′ ) :

−− −→
A′ BP ∧ ~n = 0 (3.22)

Grâce au système d’équations 3.21 et 3.22, il est possible de déterminer le paramètre ̺ :

(x1 − xGP ) α1 + (y1 − yGP ) α2 + (z1 − zGP ) α3


̺=
n1 α1 + n2 α2 + n3 α3
 (3.23)

 α1 = y2 z3 − z1 y2 − y1 z3 − y3 z2 + y3 z1 + y1 z2
avec α2 = z2 x3 − z2 x1 − z1 x3 − x2 z3 + x2 z1 + x1 z3


α3 = x2 y3 − x2 y1 − x1 y3 − x3 y2 + x3 y1 + x1 y2
Une fois les coordonnées xBP , yBP , zBP du point projeté déterminées, la condition de
symétrie du point GP, par rapport à ce point, permet d’écrire :


 xIP = xGP + 2 (xBP − xGP )
yIP = yGP + 2 (yBP − yGP ) (3.24)


zIP = zGP + 2 (zBP − zGP )
La gestion des angles nécessite un traitement particulier. En effet, dans le cas d’un
angle aigu (voir Fig. 3.2(c)), les GP peuvent être projetés par rapport à deux cellules. Il est
donc nécessaire de définir un critère pour départager ces deux cellules. Dans le cadre de
cette étude, le choix se fait par rapport à la bissectrice de l’angle. Ainsi, l’ensemble des GP,
se situant sous la bissectrice, sera projeté sur la cellule inférieure et le reste sur la cellule
supérieure. Les points très proches de la bissectrice seront projetés dans la direction de
celle-ci. Pour finir, des filtres sont utilisés pour garantir la bonne projection des GP. Si l’une
des conditions définies par les filtres n’est pas vérifiée, la projection se fera par rapport à
une nouvelle cellule. Cette procédure est répétée jusqu’à ce que l’IP réponde à l’ensemble
des critère de validation.

Cette méthode d’intégration de la géométrie a été validée de deux manières dif-


férentes. La première consiste à comparer les résultats de deux simulations sur le
cas d’une focalisation de choc (tube à choc se terminant par une paroi concave). La
première simulation est réalisée en utilisant des fonctions analytiques pour modéliser
la géométrie, la seconde exploite un fichier STL (stéréolithographie) et la méthode
d’interpolation présentée ci-dessus. On peut constater sur la Fig. 3.7 que les résultats
sont très semblables. En regardant en détail, on peut voir qu’il existe des différences
infimes dues aux légères modifications qu’implique la discrétisation d’une surface en un
98 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

F IGURE 3.7 – Strioscopie d’une focalisation de choc avec une géométrie calculée à partir
d’une fonction analytique (haut) et une géométrie construite par la méthode de tracer de
rayons (bas).
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 99

F IGURE 3.8 – Comparaison entre la surface géométrique (points noirs) et les BP (points
verts).

ensemble de segments. Les tests effectués montrent que plus la géométrie est finement
discrétisée, plus ces différences s’estompent. Le deuxième cas de validation est celui
d’une tuyère supersonique qui consiste à comparer les coordonnées des BP avec le
champ de points initial. Si les deux surfaces se superposent, nous pouvons en déduire
que la géométrie de la tuyère a été correctement intégrée, comme c’est le cas sur la Fig. 3.8.

Formats d’écriture : Pour modéliser des géométries quelconques, il est souvent fait appel à
des logiciels de Conception Assistée par Ordinateur (CAO), tels que Catia, SolidWorks, etc.
Ces logiciels utilisent différents format d’écriture, le plus connu étant le STL comprenant
les triplets de points formant la cellule élémentaire ainsi que le vecteur normal associé
(voir Algo. 2).
Une densité de mailles importante est requise lors de la génération des points surfa-
ciques. Pour ce faire, il suffit de réaliser une homothétie de la géométrie selon un facteur
f e (10, 100, 1000...) ce qui aura pour conséquence de raffiner le maillage de manière
proportionnelle. Il suffit alors, lors de la lecture de la géométrie, d’appliquer le facteur
inverse aux coordonnées des points c’est-à-dire 1/f e. L’usage de fichiers formatés permet
de simplifier certaines étapes dans la détermination des points images.
100 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

Algorithm 2 Structure du format d’écriture STL


facet normal n1 n2 n3
outer loop
vertex x1 y1 z1
vertex x2 y2 z2
vertex x3 y3 z3
endloop
endfacet

3.3 Méthode de Drop-Procs

Dans le cadre des méthodes IBM, l’utilisation d’une grille Cartésienne facilite grande-
ment le découpage multi-domaines et les communications MPI. En revanche, la méthode
implique l’utilisation d’un maillage couvrant l’ensemble du domaine de calcul, y compris
le domaine solide (Gsolid ). Si ce dernier contient beaucoup de points de maillage, les
processeurs qui y seront associés seront certes alloués mais n’auront aucune utilité
dans le calcul. Ils représenteront donc une perte sèche en terme d’heures de calculs
consommées. Dans le cadre des simulations purement fluide (non-multiphysique), les
points solides devraient théoriquement être exclus du domaine de calcul. Il existe, en
effet, plusieurs méthodes pour optimiser les points solides, parmi lesquelles on cite : (i) la
méthode “Cartesian Cut-Cell” qui consiste à construire des cellules irrégulières sur la paroi
afin d’adapter la grille à la géométrie [172, 36]. Bien qu’intéressante, la méthode peut
engendrer de très petites cellules qui pénalisent le pas de temps de calcul. (ii) La méthode
AMR “Adaptive Mesh Refinment” [17, 16] qui consiste à modifier la taille locale des mailles
afin d’augmenter ou de diminuer la densité du maillage dans des régions considérées.
Cette méthode permet certes de baisser considérablement le nombre de points solides,
mais elle reste difficile à implémenter dans un code de calcul.

Dans cette étude, nous nous proposons de mettre au point une nouvelle stratégie pour
diminuer le nombre de points solides. En s’appuyant simplement sur les propriétés des
librairies Message Passing Interface (MPI [34]). Cette méthode aura l’avantage d’être simple
de mise en œuvre et facile d’implémentation dans un code IBM. Elle consiste à éliminer les
processus ayant un domaine purement solide, suivant une procédure effectuée en parallèle
pendant la phase de pré-traitement.
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 101

(a) (b)

F IGURE 3.9 – Schéma de principe du Drop-Procs illustré sur le cas d’un cercle dans un
domaine carré. Topologie Cartésienne 2D (a) initiale et (b) finale avec, rouge : points
solides (Ωsolid ), bleu : points fluides (Ωf luid ), blanc : points abandonnés (Ωdrop ).

3.3.1 Fonctionnement de la méthode Drop-Procs


La méthode Drop-Procs consiste en une étude préliminaire de l’ensemble de la
grille Cartésienne MPI initiale afin de déterminer les sous-domaines (un sous-domaines
correspondant à un processus) non impliqués dans le calcul. Les attributs des librairies
MPI sont utilisés pour répartir les différents sous-domaines sur plusieurs processus afin de
réduire le temps de l’analyse. La procédure se déroule en quatre étapes.

1. Identification des sous-domaines à supprimer : Pour chaque sous-domaine, le


nombre de points solides est déterminé. Si ce nombre coïncide avec le nombre
total de points contenus dans le sous-domaine, ce dernier sera considéré comme
inutile, et un rang de type MP I_P ROC_NULL lui sera attribué (voir Algo. 3).
A titre illustratif, le processus de rang 4, présenté sur la figure 3.9(a), ne possède
que des points solides et aucun de ces points n’appartient à GGP , il sera donc
abandonné (voir Fig. 3.9(b)) et le reste des processus renuméroté. Deux types de
renumérotation existent, une globale, concernant le rang des processus et l’autre,
locale, appliquée aux voisins des processus MPI.

2. Renumérotation globale : Cette étape est simple, il suffit que chaque processeur
102 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

ajoute aux nouveaux rangs la somme des sous-domaines conservés par les processus
de rang inférieur (distribution statique des sous-domaines initiaux). A partir de cette
étape, chaque processus est en mesure de déterminer les nouveaux rangs de tous les
sous-domaines conservés (voir Algo. 4).

3. Renumérotation des voisins MPI : L’étape suivante consiste à mettre à jour les rangs
des voisins MPI pour chaque sous-domaine retenu. Pour cela, le tableau contenant
les informations de voisinage de la topologie MPI Cartésienne initiale est utilisé.
Le rang de chaque sous-domaine est remplacé par un nouveau grâce au tableau
des correspondances globales. Si l’un des sous-domaines est supprimé, son rang
sera substitué par MP I_P ROC_NULL (voir Algo. 5). Grâce à cette procédure, la
structure des communications MPI point à point est conservée, qu’il y ait ou non un
sous-domaine voisin.

4. Sauvegarde de la nouvelle topologie : Pour chaque sous-domaine conservé, un lien


est créé entre l’ancien et le nouveau rang du processus, ainsi que les sous-domaines
voisins. L’ensemble des données permet de retrouver la topologie MPI Cartésienne
originale, mais avec un nombre de sous-domaines en moins. Cette nouvelle topolo-
gie, fonctionnant grâce à une renumérotation globale des rangs des sous-domaines
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 103

et de leurs voisins MPI (étapes 2 et 3), en adéquation avec le nombre de processus


qui seront alloués pour la simulation, est assimilée à une topologie MPI de type
graph [34], dans laquelle chaque sous-domaine est caractérisée par un rang, un
vecteur poids qui représente le nombre de sous-domaines voisins et un vecteur
contenant les rangs de ses voisins.

3.3.1.1 Optimisation de la méthode Drop-Procs

En pratique, il n’est pas facile de déterminer au préalable le nombre de sous-domaines


à conserver, en adéquation avec les processeurs disponibles sur une machine donnée. Pour
cette raison, il peut être avantageux de tendre vers un nombre optimal de sous-domaines.
Par exemple, si l’on souhaite remplir au maximum les nœuds d’une machine, ou si l’on
souhaite respecter un critère d’attribution de ressources (être au plus près d’un chunk de
processeur), il convient d’optimiser l’algorithme Drop-Procs afin de tester une famille de
topologies candidates possibles.

Une question se pose concernant le choix des topologies Cartésiennes. Au début de la


méthode, connaissant la géométrie et le nombre de points de la grille cartésienne, il est
alors possible d’avoir une estimation grossière du nombre de sous-domaines à retenir, en
se référant au rapport des points solides sur le nombre de points total. Cette étape permet
d’ajuster le nombre de sous-domaines dans chaque direction.

Tenant compte de cette information initiale, l’algorithme Drop-proc peut s’appliquer


pour déterminer, avec précision, le taux de Drop. Pour cela, l’algorithme définit une
104 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

F IGURE 3.10 – Synopsis de l’algorithme Drop-Procs (voir Annexe B).


Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 105

famille de topologies candidates. La phase de détermination de la topologie optimale se


fait via un choix parmi les topologies candidates selon des critères imposés (nombre de
sous-domaines souhaités, le plus proche possible d’un chunk donné, etc).

En pratique, les données obtenues lors du pré-traitement sont stockées de manière


adaptée dans un tableau de dimension 3 × 3 × 3 et les communications point à point sont
réalisées de manière identique, qu’il y ait un voisin ou non (MP I_P ROC_NULL). Ainsi,
Les communications collectives peuvent être faites grâce au communicateur habituel d’un
environnement MPI, c’est à dire MP I_COMM_W ORLD.

Comme nous venons de l’exposer, l’algorithme Drop-Procs est relativement simple


à implémenter en pré-traitement dans un code IBM. Comme il sera présenté plus loin,
cette méthode permet de réaliser un gain substantiel en terme de consommation d’heures
CPU. Il est à noter que si le cas d’étude ne nécessite pas de Drop-Procs (nombre de points
solides très faible par rapport au points fluides, ou calcul nécessitant peu de processeurs),
il suffit de désactiver un paramètre dans le fichier d’entrée pour initialiser la topologie de
manière classique, via les fonctions de la librairie MPI.

3.3.2 Exemples de validation


Pour valider la méthode Drop-Procs, des tests ont été effectués sur des géométries 2D
et 3D.

3.3.2.1 Cylindre immergé dans un fluide au repos

Le premier cas test est celui d’un cylindre immergé dans un fluide au repos (voir
Fig. 3.9). Le cas est choisi de sorte à avoir un cylindre de diamètre comparable à la
dimension de la grille Cartésienne (D/L = 0.8, avec D le diamètre du cylindre et
L la longueur de la grille). Le maillage utilisé est régulier et comporte 1 million de
points. Le test consiste à augmenter le nombre de processus de sorte à éliminer le
maximum de sous-domaines (voir Fig. 3.11). Les résultats montrent que le pourcentage
des points solides abandonnés augmente rapidement pour atteindre une limite asymp-
totique voisinant les 92 % (voir Table 3.1), ce qui représente un taux d’abandon important.
106 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

(a) (b)

(c) (d)

F IGURE 3.11 – Influence du nombre de sous-domaines dans le cas d’un cylindre immergé
dans un fluide au repos. Rouge : domaine solide conservé ; Bleu : domaine fluide ; Blanc :
domaine solide abandonné. Le domaine est découpé en 4 × 4 = 16 (a), 10 × 10 = 100 (b),
25 × 25 = 625 (c), 40 × 40 = 1600 (d) sous-domaines.
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 107

Nombre sous-domaines initial Nombre sous-domaines après Drop-Procs % points solides abandonnés
16 12 49.85
100 68 63.68
400 236 81.55
625 348 88.18
1600 868 91.02

TABLE 3.1 – Performance de la méthode Drop-Procs sur un cas de cylindre statique.

3.3.2.2 Tuyère 3D plane

Le deuxième cas concerne une tuyère supersonique plane (voir Fig. 3.12) amorcée
grâce à une onde générée par un tube à choc. Cette tuyère est identique à celle étudiée
expérimentalement par Amann [5]. Une description plus détaillée de cet exemple peut
être trouvée dans les références [58, 31]. Les résultats numériques sont comparés aux
expériences réalisées dans le laboratoire de l’université de Ben-Gurion à Beer-Sheva en
Israel. Afin de prendre en compte la propagation des ondes de choc, le décollement des
couches limites sur les deux parois de la tuyère, et l’interaction onde de choc/couche limite
en plus de l’aspect transitoire, des simulations LES 3D sont réalisées. L’objectif consiste à
analyser la topologie globale de l’écoulement, détaillée dans la Fig. 3.13, avec et sans
Drop-Procs.

F IGURE 3.12 – Domaine de calcul et géométrie de la tuyère d’Amann, IS : choc incident,


Rn = 10 mm, Ln = 142.871 mm.

Le choix de cet exemple est motivé par le fait que la géométrie représente environ
35% du volume du domaine de calcul, soit une perte d’heures de calculs importante. Le
domaine de calcul est décomposé en 128 × 21 × 3 = 8064 sous-domaines pour un total
de 1.38 milliard de points [31]. Les résultats obtenus sont en très bon accord avec les
résultats expérimentaux. En particulier, les chocs primaires et secondaires, ainsi que les
points triples et les tourbillons en champignon sont très bien reproduis. Même la partie la
plus complexe de la simulation, i.e. l’interaction choc/couche limite est relativement bien
capturée (voir Fig. 3.15).
108 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

F IGURE 3.13 – Amorçage d’une tuyère d’Amann, PS : choc primaire, MS : structure en


forme de champignon, CD : discontinuité de contact, SS : choc secondaire, SWBLI : in-
teraction onde de choc/couche limite, SL : ligne de glissement et TW : onde transverse.

Ainsi, la méthode Drop-Procs a permis d’économiser 2775 sous-domaines sur 8064


initiaux (suppression de 92 % des points solides). En terme d’économie d’heures de calcul,
le coût final de la simulation a été réduit de 300 000 heures à approximativement 200 000
(soit 34.4 % d’économie).

3.3.2.3 Tuyère 3D axisymétrique

Enfin, pour clore cette partie de validation, des tests sur une géométrie 3D de tuyère
galbée à contour optimisé (LEA-TOC voir Annexe A pour le descriptif de ce cas test) ont
été effectués.
Dans un premier temps, seul un quart de la tuyère est considéré. Le domaine de calcul,
comportant la tuyère et le jet extérieur, contient 320 millions de points. La répartition des
points du maillage fait que 40% de ces points se trouvent dans le solide. Nous partons d’un
découpage initial du domaine de calcul en 1000 sous-domaines (10 dans chaque direction)
avec un objectif de le réduire à une valeur seuil de 976 sous-domaines. Cette valeur est
imposée par la limite maximale autorisée sur les nœuds de calcul Nehalem du méso-centre
régional de Haute-Normandie - CRIHAN. A cette valeur, nous introduisons une tolérance
en limite inférieure de 0.95, de sorte à déterminer un intervalle dans lequel pourrait se
situer le nombre de processeurs optimal :

op s
ηproc ∈ [0.95, 1] ηproc (3.25)
s
où ηproc représente le nombre de processeurs seuil.
Ainsi, l’algorithme d’optimisation du Drop-Procs permet de déterminer les différentes
combinaisons de topologies possibles en optimisant les découpages dans les trois directions
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 109

(a)

(b)

F IGURE 3.14 – (a) Champ moyen du nombre de Mach, le trait noir représente la ligne
sonique et (b) Image instantanée représentant une iso-surface Q colorée par la vitesse.
110 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

(a)

(b)

F IGURE 3.15 – (a) Image strioscopique illustrant un champ instantané du gradient de


densité lors de l’amorçage de la tuyère d’Amann et (b) comparaison expérience (sym-
boles)/numérique (traits) des trajectoires des chocs primaire et secondaire. hc désigne la
hauteur du col de la tuyère et c1 la célérité du son dans le milieu au repos.
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 111

F IGURE 3.16 – Méthode Drop-Procs appliquée à la géométrie LEA-TOC. Topologie initiale :


10 × 10 × 10 = 1000, topologie choisie par l’algorithme : 10 × 10 × 15 = 1500 pour un quart
de tuyère. Nombre final de sous-domaines : 952 sur 1500.

de l’espace. Il est à noter que si la valeur de distribution initiale des sous-domaines est
approximative, l’algorithme Drop-Procs est en mesure de l’ajuster de manière automatique
à la hausse ou à la baisse pour satisfaire le critère d’optimisation (Eq. 3.25).
Dans le cadre de cet exemple, le nombre de sous-domaines conservé est de 952 sur
les 1500 initiaux. On économise ainsi 548 processeurs, c’est-à-dire 36% de l’allocation
initiale. On peut constater, sur la Fig. 3.16, que la nouvelle topologie s’adapte bien à la
géométrie et respecte la contrainte imposée sur le nombre de processeurs ≤ 976.

La suite consiste à simuler la tuyère 3D complète avec une grille comportant 267 mil-
lions de points et un découpage initial de 16 × 8 × 8 = 1024 sous-domaines. Pour cet
exemple 49 % des points de calcul se trouvent dans le solide. Après optimisation, le Drop-
Procs aboutit à 640 sous-domaines (soit 38 % d’économie par rapport à la distribution
initiale) avec un abandon de 87 % des points solides (voir Fig. 3.17).
D’un point de vue temps de calcul, comme chaque simulation réalisée sur la topologie
initiale nécessite entre 100 000 et 400 000 heures CPU (en fonction de la durée de la
montée en pression et du temps de stabilisation pour effectuer des moyennes statistiques),
la méthode Drop-Procs permet d’économiser pour chaque cas entre 38 000 et 152 000
heures CPU.
Sur le plan des résultats, nous constatons, sans surprise, que les champs instantanés
sont strictement identiques avec et sans Drop-Procs (vois Fig. 3.17(b)). La méthode peut
112 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

(a) (b)

F IGURE 3.17 – (a) Nouvelle topologie après application de la méthode Drop-Procs. Topo-
logie initiale 1024 sous-domaines, topologie finale 640 sous-domaines, (b) Comparaison
entre : haut : champ de température à un instant donné sans la méthode Drop-Procs, bas :
champ de température au même instant avec la méthode Drop-Procs.

donc être qualifiée de fiable et non-intrusive.

3.4 Communications parallèles pour les entrées/sorties


(Input/Output)
La sauvegarde des données est une étape importante du calcul parallèle. Elle peut se
faire à des intervalles de temps réguliers ou à la fin des calculs.
Pour une parallélisation MPI, la méthode la plus simple d’écriture des données est
d’utiliser le système API (Application Programming Interface) P OSIX (Portable Operating
System Interface) de manière à ce que chaque processus MPI gère indépendamment ses
données (Fig. 3.18(a)). Cependant, bien que très attrayante par sa simplicité, cette mé-
thode a un inconvénient majeur lorsqu’il s’agit de gérer un nombre important de fichiers
de données. Ceci peut conduire à une surcharge du système et à un dépassement de quota
inodes. Le Parallèle HDF5 (PHDF5) permet de répondre à ce besoin [66]. Il s’agit d’une
librairie d’entrée/sortie (I/O) qui s’appuie à la fois sur l’ensemble des formats de fichiers
HDF5 (Hierarchical Data Format) pour gérer et enregistrer des données complexes et sur
la structure des MPI-IO 1 pour gagner en performance [64].
Les figures 3.18(b) et (c) présentent le principe de fonctionnement du PHDF5 pour
la gestion des données dans un fichier unique HDF5 en utilisant les communications I/O
1. MPI-IO fait partie des librairies MPI Standard 2.
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 113

Application data Storage layout

(a)

(b)

(c)

F IGURE 3.18 – I/Os pour une simple simulation 2D avec un unique sous-domaine aban-
donné (voir aussi Fig. 3.9(b)). Un tableau de dimension Nxt × Nyt = 9 × 9 est découpé en
sous-tableaux de dimensions Nx × Ny = 3 × 3 et distribué entre (n − d = 8) MPI processus ;
(a) Méthodes des fichiers multiples POSIX, (b) Approche PHDF5 pour stocker des données
dans un unique fichier dans un dataset 2D, (c) Approche PHDF5 pour stocker les données
dans un dataset 1D.

collectives. Le HDF5 offre la possibilité de stocker les données sous une structure différente
de celle de la mémoire grâce à l’utilisation de dataspaces et d’hyperslabs. Cette propriété est
très utile pour rassembler et stocker dans un seul fichier un tableau de dimension globale
Nxt ×Nyt , fractionné en plusieurs tableaux de taille Nx ×Ny et distribués entre les processus
(Fig. 3.18(b)).
114 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

Cependant, dans le cadre de la méthode Drop-Procs, le tableau global peut contenir des
trous (correspondant au sous-domaines abandonnés). Ainsi, enregistrer les données dans
un dataset de dimension Nxt × Nyt n’est pas optimal. En effet, en pratique, utiliser le HDF5
avec les I/Os parallèles et un stockage contigüe, afin d’écrire un dataset de dimension
Nxt × Nyt , oblige le système à allouer cet espace lors de sa création (i.e. avant que les
processus commencent à écrire les données). Ceci implique une allocation d’espace pour
tous les processus, même ceux abandonnés. Afin d’éviter de gâcher de l’espace disque tout
en conservant un unique fichier de sauvegarde, une méthode alternative efficace consiste
à remodeler le tableau 2D en un vecteur 1D de dimension Nx × Ny × (n − d) (où (n − d)
représente le nombre final de sous-domaines) (Fig. 3.18(c)). Grâce à la méthode du dataset
1D, le PHDF5 permet de réduire, à la fois, le nombre et la taille des fichiers de sortie
offrant ainsi une grande portabilité. Le code Choc-Waves couplé avec la méthode Drop-
Procs exploite cette propriété d’optimisation de l’écriture des fichiers en 2D et 3D.

3.5 Scalabilité sur architectures homogènes et hétéro-


gènes
La scalabilité d’un code parallèle, ou passage à l’échelle, caractérise l’augmentation
des performances obtenues lorsque l’on ajoute des processus. Cette scalabilité dépend de
la complexité en opérations et en communications et de l’architecture matérielle de la
machine utilisée.

3.5.1 Architectures homogènes


L’extensibilité et l’optimisation du code CHOC-WAVES en mode MPI pur a été évaluée
sur différentes machines, CINES (Jade), IDRIS (Blue Gene/Q) et CEA TGCC/CCRT
(Curie). A titre d’exemple, des tests, effectués en utilisant jusqu’à 4096 cœurs sur Jade,
8192 cœurs sur Babel et 32 768 cœurs sur Curie, ont démontré que la scalabilité du code
était excellente.

La figure 3.19 illustre les performances obtenues sur Curie pour un calcul utilisant 2.72
milliards de mailles. L’efficacité est de l’ordre de 90 % pour 32 768 cœurs dans le cadre
d’un test de scalabilité faible 2 . On peut noter que les communications non-bloquantes
2. La taille du problème croît avec le nombre de processus ; cela signifie que le problème est à taille
constante par processus
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 115

F IGURE 3.19 – Extensibilité du code en mode MPI pur jusqu’à 32 786 cœurs (Curie). L’ac-
célération d’un programme (ou speedup) représente le gain en rapidité d’exécution ob-
tenu en utilisant plusieurs processeurs. L’accélération se mesure par le rapport entre le
temps d’exécution du programme séquentiel et le temps d’exécution sur p processeurs,
Sp = Tseq /Tp .
116 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

(a) (b)

F IGURE 3.20 – Tests de scalabilité sur les architectures (a) Nehalem et (b) Westmere.

(iSend-iRecv) présentent des performances légèrement supérieures par rapport aux com-
munications bloquantes (Send-Recv). De plus, afin d’assurer une meilleure adéquation
du code à l’architecture des calculateurs de type many-cores, une version hybride MPI-
OpenMP du code CHOC-WAVES a été développée et validée. Cette dernière pourrait per-
mettre de repousser les limites d’extensibilité de la version MPI pur du code lorsque celle-ci
sera atteinte.

3.5.2 Architectures hétérogènes

Dans le cadre du projet méso-challenge Equipex, organisé par Genci et les méso-centres
français, des tests de scalabilité forte 3 ont été réalisés sur les nœuds Nehalem et Westmere
du CRIHAN 4 . Les résultats ont montré que la scalabilité pour chaque type de nœuds est
parfaite (voir Fig. 3.20). Les tests sur la totalité de la machine (Nehalem + Westmere)
montrent que la transition d’une architecture homogène vers une architecture hétérogène
s’accompagne d’une perte de performances (voir Fig. courbe bleue 3.21) liée aux diffé-
rences entre les processeurs. Ainsi, réaliser des calculs sur une plate-forme hétérogène
peut se traduire par une légère perte d’efficacité, malgré que le code continue à afficher
des gain de performance (voir Fig. courbe verte 3.21).

3. on fixe la taille du problème et on augmente le nombre de processus


4. la machine Antares dispose de 3028 cœurs dont 1000 cœurs Intel Nehalem EP (2.8 GHz, 3 Go
RAM/cœr) et 2028 cœurs Intel Westmere EP (2.8 GHz, 4 Go RAM/cœur)
Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées 117

F IGURE 3.21 – Tests de scalabilité sur une architecture hétérogène : Nehalem + Westmere.
118 Chapitre 3. Optimisation parallèle de la méthode des frontières immergées

3.6 Conclusion
Ce chapitre présente la méthode des frontières immergées utilisée dans cette étude
et les algorithmes de prise en compte et d’optimisation des géométries quelconques. En
particulier, un algorithme de Drop-Procs, couplé à système adapté de lecture/écriture (I/O)
parallèle PHDF5, a été développé et validé sur des exemples 2D et 3D. Cet algorithme,
simple de mise en œuvre, permet de réaliser des gains substantiels en termes de temps
CPU. Parallèlement, des tests de scalabilité du code de calcul ont été effectués sur des
architectures homogènes et hétérogènes afin de s’assurer de son extensibilité sur plusieurs
milliers de processus.
Chapitre 4

Mise au point et validation d’un modèle


de paroi pour les tuyères supersoniques

Au cours de cette étude, de nombreuses simulations ont été réalisées. Elle sont
représentatives de l’évolution du modèle de paroi au cours du temps et permettent de
mettre en avant les progrès effectués. Nous pouvons ainsi distinguer (i) les simulations
LES sans modèle de paroi, (ii) les simulations LES avec modèle de paroi statique (ligne de
décollement fixe), (iii) les simulations LES avec modèle de paroi dynamique (décollement
mobile avec prise en compte des fluctuations de la pression aval) et (iv) les simulations
LES transitoires avec modèle de paroi dynamique.

D’un point de vue numérique, les simulations sont réalisées sur une longue période
(minimum 200 ms pour obtenir des statistiques bien convergées) afin d’être en mesure
de capturer les premiers pics basses fréquences. Les interactions complexes au sein de
l’écoulement, en particulier entre le choc et la couche limite et la bulle de recirculation
semblent être la cause majeure des fluctuations qui peuvent apparaitre dans la tuyère. Ces
instabilités sont caractérisées par des basses fréquences comme l’ont montré Wang [157]
et Sham [2]. Bien que l’origine de ces phénomènes demeure mal comprise, la littérature
propose deux explications différentes mais qui ne sont pas obligatoirement incompatibles :
(i) Existence de perturbations amont (inhomogénéité dans la chambre de combustion,
présence de gradient de pression, fluctuations aérodynamiques proche paroi, etc [14]) et
(ii) instabilités couplées entre le choc de décollement et les perturbations aval (bulle de
recirculation, couche cisaillée, etc). Dans les deux cas, le comportement global du choc,
qui peut être assimilé à un système masse-ressort, doit être pris en compte [131]. Jusqu’à
présent, les simulations de tuyères supersoniques se sont essentiellement concentrées sur

119
120 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.1 – Illustration des structures de chocs et des instabilités de jet dans une tuyère
TOC en configuration FSS. CI : Choc Incident, DM : Disque de Mach, CM : Couche de
Mélange, BJ : Battement de Jet, RP : Recirculation principale, VL : Vortex de Lèvre.

l’étude de la transition entre régimes FSS et RSS (Wang [160, 157], Martelli et al. [97]) et
End-Effect (Deck et al. [40], Sham [2]).
La plupart de ces simulations utilisent des approches classiques URANS ou DES
(Detached-Eddy Simulation) compte tenu de leur simplicité de mise en œuvre et leur coût
de calcul relativement bas. Les simulations LES restent, à l’heure actuelle, peu répandues
pour les tuyères supersoniques [110], malgré leur capacité à restituer les informations
instationnaires et à étudier finement les structures turbulentes. Un exemple de ces phéno-
mènes est représenté sur la figure 4.1 où des mécanismes d’interaction existent entre les
différentes structures de l’écoulement. Ainsi, le jet supersonique, via l’écoulement central
et la couche cisaillée, évacue le fluide principal de la tuyère. Ce phénomène est compensé
par le retour de l’air ambiant qui crée un flux recirculant. Un équilibre s’installe entre
le fluide évacué et celui entrant. La dynamique du jet associé au tourbillon de lèvre in-
fluence le flux recirculant en modifiant sa pression moyenne et par conséquent la taille de
la bulle de recirculation principale. Ceci induit des oscillations de pression plateau qui se
traduisent par des fluctuations du point de décollement.

4.1 Estimation du coût d’une simulation LES


Des calculs préliminaires utilisant une simulation LES sans modèle de paroi ont
permis d’obtenir des résultats globalement cohérents. Cependant, des différences ont été
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 121

constatées, en particulier pour des NPR élevés, au niveau des transitions FSS → RSS.
Plus généralement, une sous-estimation (allant jusqu’à 50 %) de l’abscisse du point de
décollement est constatée. Cet écart est observé pour une large gamme de maillages,
variant entre 50 et 670 millions de points. Un exemple est donné sur la figure 4.2.

(a) (b)

F IGURE 4.2 – (a) Comparaison (calcul/Exp.) des pression pariétales et (b) comparaison
des champs de Mach entre LES (haut) et RANS (bas), tuyère TOC à NP R = 25.

Egalement, une comparaison entre un calcul RANS 2D axisymétrique et une simulation


LES 3D pour un NP R = 10.2 (voir Fig. 4.3) montre une sous-estimation de la position du
décollement pour la LES. Ceci a pour conséquence une modification de l’écoulement qui
se traduit par une “bouteille” de Mach moins ouverte et des zones de recirculation plus
importantes, favorisant une pression plus stable sur un niveau de plateau plus élevé.

Ce défaut s’explique par une mauvaise résolution de la couche limite. En effet,


bien que la méthode IBM offre une grande simplicité de mise en œuvre, elle nécessite
en contrepartie un raffinement local important. En terme de résolution numérique, la
grandeur adimensionnée ∆y1+ = uτ ∆y1 /ν (avec uτ la vitesse de frottement à la paroi, ∆y1
la distance du premier point à la paroi et ν la viscosité cinématique du fluide au point
considéré) doit être de l’ordre de l’unité pour garantir la bonne résolution de la couche
limite. A titre indicatif, la valeur de ∆y1+ est comprise entre 0.8 ≤ ∆y1+ ≤ 1.2 en RANS,
alors qu’elle est en moyenne située aux alentours de 80 en LES (pour un maillage de 670
Mp). On parle de valeur moyenne car la méthode IBM introduit une disparité des valeurs
de ∆y1+ le long de la paroi.
122 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.3 – Comparaison entre une simulation LES (champ de vitesse coloré) sans mo-
dèle de paroi et un calcul RANS (iso-valeurs de vitesse en noire). Les lignes en pointillés
blanche et noire dénotent la position approximative du décollement prédite par la LES et
le RANS, respectivement.

Cette première série de simulations nous à permis d’évaluer avec précision l’influence
de la grille sur la résolution des différentes structures. Ainsi, les grilles adoptées durant le
reste de cette étude comprennent entre 150 (∆y1+ ≈ 200) et 300 (∆y1+ ≈ 160) millions de
points, soit environ 80 à 180 millions de points fluides après optimisation Drop-Procs. Ces
grilles représentent un bon compromis entre, degré de résolution et coût de calcul.
Par conséquent, l’ensemble des simulations présentées au court de ce chapitre a été
réalisé, selon les cas tests, sur l’un des deux maillages G1 ou G2 (voir Table 4.1). Ces
deux maillages offrent des degrés de raffinement élevés tout en garantissant un coût de
simulation abordable. La seconde grille est la plus exploitée car elle offre une meilleure
résolution des zones de recirculation. De plus le domaine ambiant est élargi afin de limiter
les contraintes de confinement du jet supersonique. C’est cette modification du domaine
qui explique le taux de Drop de sous domaine légèrement inférieur dans le cas de la grille
G2 par rapport à la grille G1. On constate que l’économie réalisée grâce à la méthode
Drop-Procs est considérable dans les deux cas de figure.

En suivant une analyse semblable à celle faite par Deck [40], il est possible d’estimer le
surcoût (en terme de nombre de points) que représente une simulation LES complète par
rapport à des simulations DES, RANS ou URANS. Cela peut être estimé grâce au rapport
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 123

G1 G2
Nxt 1040 1024
Nyt 400 512
Nzt 400 512
Points totaux (Mp) 166.4 268.4
Points fluides (Mp) 71.3 167.8
Allocation initiale (nb procs) 1024 1024
Allocation finale (nb procs ) 568 640
Economie DP 44.5 % 37.5 %

TABLE 4.1 – Grilles de calcul et optimisation.

(Nxyz )LES
suivant η = équivaut à :
(Nxyz )U RAN S
∆x+ ∆y + ∆z +
η= × × (4.1)
∆x+
LES
+
∆yLES +
∆zLES
avec ∆x+ , ∆y + et ∆z + les distances normalisées en unités de paroi dans les 3 directions
de l’espace. En se basant sur une simulation URANS 3D avec un maillage ∆x+ = 350,
∆y + = 1 et ∆z + = 1000 (8 millions de points) (Nx × Ny × Nz = 600 × 90 × 150), nous
obtenons un rapport de :

350 1 1000
η= × × = 7000 (4.2)
50 1 1
On peut en déduire l’ordre de grandeur d’une grille LES :

(Nxyz )LES ≈ α × 1011 , α≥1 (4.3)

La durée de calcul (et donc la consommation CPU) n’est pas simplement fonction du
nombre de points de la grille, mais dépend également du pas de temps ∆t. Ce dernier est
souvent imposé par la condition CF L (≤ 1 pour des calculs explicites). L’augmentation
du temps de calcul lors d’un raffinement de maillage n’est donc pas proportionnelle à
l’augmentation du nombre point, mais peut être augmentée d’un facteur bien supérieur dû
à la diminution de ∆t. Pour un ∆t de l’ordre de 10−9 s (avec un CF L = 0.9), le temps de
simulation T requis sera de l’ordre de 200 ms. Ainsi, le nombre de pas nécessaire à une
telle simulation est :

T
Nt = ≈ β × 108 , β≥1 (4.4)
∆t
Ainsi, le coût d’une simulation LES d’une tuyère à échelle réduite (de l’ordre de la dizaine
124 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

de centimètres cube) peut être estimé à :

C = C˜ × Nxyz × Nt ≈ C˜ × αβ × 1019 s CP U (4.5)

avec C˜ le coût de l’algorithme exprimé en (s/point/itération) qui dépend, à la fois, de la


machine et du code de calcul. Pour donner un ordre de grandeur, le coût de l’algorithme
sur la machine ADA (IBM x3750) de l’IDRIS est de l’ordre de 6.6 µs/point/itération. Par
conséquent, le coût CPU d’une simulation LES d’une tuyère 3D avec le code Choc-Waves
serait de l’ordre de O(1020 )s CPU, i.e. 300 années CPU. Bien sur, cette estimation est très
approximative et ne prend pas en compte la possibilité de parallélisation et d’optimisa-
tion des calculs. Malgré tout, une telle simulation (tout LES) reste aujourd’hui inaccessible.

Compte tenu de ces éléments, il devient nécessaire d’avoir recours à un modèle de paroi
permettant d’alléger la résolution proche paroi. Dans les tuyères convergent-divergent,
le modèle de paroi doit prendre en compte des gradients de pression et des termes de
convection.

4.2 Profils de couche limite

Fondamentalement, une couche limite est une région de fluide mince à travers laquelle
la vitesse décroît de sa valeur maximale à une valeur nulle à la paroi, où la condition
de non-glissement doit être remplie. Par conséquent, le nombre de Mach y suit la même
variation. La pression statique restant, théoriquement, constante dans cette couche, l’écou-
lement qui en résulte peut être envisagé comme un écoulement quasi-parallèle à la paroi.
Une couche limite turbulente en équilibre se compose de plusieurs sous-couches, comme
le montre la figure 4.4. On distingue ainsi :
– une sous-couche visqueuse, au voisinage de la paroi, dans laquelle la viscosité lami-
naire domine. Cette sous-couche peut être divisée en deux parties : une sous-couche
en contact direct avec la paroi, où la vitesse est une fonction linéaire (u+ = y + ) de
la distante à la paroi y (0 < ∆y1+ < 10) et une région tampon qui assure la transition
vers la région non-linéaire adjacente (10 < ∆y1+ < 30).
– une région de loi logarithmique (en incompressible et sans gradient de pression ad-
1
verse, u+ = ln(y + )+C, où κ = 0.41 et C = 5.1 sont deux constantes) où l’on adopte
κ
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 125

la représentation conventionnelle du profil de vitesse suivante :


u y r
u τ τw
=g où uτ = (4.6)
uτ ν ρw

où uτ est la vitesse de frottement, τw le frottement pariétal et ν la viscosité cinéma-


tique du fluide.
– Une région extérieure, assimilable à une zone de sillage, dépendante du nombre de
Reynolds, et directement liée au champ d’écoulement extérieur (gradient de pres-
sion, etc).
Dans une approche analytique de la couche limite d’un écoulement turbulent compres-
sible, il convient de considérer le couplage masse volumique/température. Ceci implique
l’établissement de deux lois de paroi ; une pour la vitesse et l’autre pour la température ou
la masse volumique. Busemann [25] et Crocco [37] expriment le champ de température
en fonction du champ de vitesse en intégrant les équation différentielles de la couche li-
dp
mite pour le cas particulier où P r = 1, et ≈ 0. P r est le nombre de Prandtl laminaire.
dx
En supposant que le facteur de recouvrement vaut 1, T (u) prend la forme suivante :
     2
T Tw ad u γ−1 T∞ u
=1+ −1 − M∞ (4.7)
Tw Tw u∞ 2 Tw u∞

où u est la vitesse moyenne, T∞ la température moyenne dans l’écoulement externe, Tw


la température à la paroi, Tw ad la température de la paroi supposée adiabatique et M∞
le nombre de Mach à l’infini (à l’extérieur de la couche limite). La masse volumique de
l’écoulement variant avec y, leurs valeurs à la paroi rentrent dans les définitions de la
vitesse de frottement et des variables adimensionnelles, comme :
r
τw y uτ u
uτ = , y+ = et u+ = (4.8)
ρw νw uτ

A partir de ces définitions, l’équation u+ = y + (sous-couche linéaire) au voisinage de la


paroi se vérifie expérimentalement. A partir des résultats expérimentaux, White et Chris-
toph [167], tirent des conclusions concernant les effets de compressibilité, du gradient de
pression et du flux de chaleur pariétal sur le profil de vitesse. Leurs résultats peuvent être
résumés comme suit :
– l’effet du nombre de Mach (compressibilité) abaisse le niveau de la courbe de vitesse,
u+ (y + ), par rapport à la loi logarithmique incompressible.
– une paroi refroidie tend à relever le niveau de cette courbe, alors qu’une paroi chauf-
126 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.4 – Profil de vitesse en couche limite turbulente sans gradient de pression.

fée joue en sens contraire.


– un gradient de pression adverse relève le niveau de u+ (y + ) par rapport à la loi loga-
rithmique incompressible alors qu’un gradient de pression favorable provoque l’effet
inverse (voir Fig. 4.5).
Le changement de variable par l’utilisation de la transformation de van Driest, pour la
vitesse compressible uvd [65], permet de se maintenir à la forme conventionnelle (incom-
pressible) de la loi logarithmique :
Z u r
ρ uvd
uvd = du u+
vd = (4.9)
0 ρw uτ

4.3 Modèle de paroi algébrique

Dans un premier temps, nous nous sommes orientés vers une loi de paroi simple. Cette
loi type algébrique intègre à la fois l’aspect compressible et la présence de gradient de
pression adverse. Elle est composée d’une zone linéaire et d’une région logarithmique.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 127

F IGURE 4.5 – Influence du gradient de pression sur le développement d’une couche limite
(image tirée de [140]).
128 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

L’expression de la loi linéaire, associée à la zone laminaire, est empruntée à Manhart [96] :

u+ (y + ) = sign(τw ) α y +
 1/3 (4.10)
u2 µ ∂p
avec α = 2 τ 2 et up = 2
uτ + up ρ ∂x

La loi logarithmique associée à la zone turbulente est issue des travaux de Skote [136,
137] :

 √ 
1 + 1 + λ y+ + 1 p
+ + +
u (y ) = ln y − 2 ln + 2( 1 + λ y − 1) + B
κ 2
 3/2 (4.11)
1
avec λ = , B = 5 α5
α−1

Pour assurer une bonne transition entre les zones laminaire et turbulente, la loi déve-
loppée par Knopp [79] est utilisée. Cette loi a été modifiée dans notre cas afin de conserver
la continuité en fonction du gradient de pression adverse. Pour garantir cette continuité,
le travail a été réalisé à la fois sur la fonction et sa dérivée. La loi de transition est basée
sur celle de Knopp [79] :

F = (1 − φ)Flin + φFlog
4
(4.12)
avec φ = tanh(arg 4 ) et arg = y + uτ α 7 ν

On peut constater, sur la Fig. 4.6, que dans un cas sans gradient de pression adverse
(ZPG pour Zero Pressure Gradient) la fonction u+ (y + ), représentée en rouge, est tout à fait
en accord avec la DNS. Dans le cas d’une couche limite avec gradient de pression adverse,
représentée en bleu, on peut constater que la fonction respecte la tendance imposée par la
DNS. Des tests à priori d’un écoulement de plaque plane, avec et sans gradient de pression
ont révélé un bon comportement du modèle comparé à l’expérience et à la simulation DNS.

A partir de ce modèle, la vitesse de frottement à la paroi uτ est déterminée par méthode


itérative de Newton-Raphson. En suivant l’approche proposée par Duprat [45], la viscosité
de sous-maille est corrigée :

τw  νSGS 
νcorr =  ⋆⋆ 1+ − ν − νSGS (4.13)
∂ ū
ρ ∂yj ν
wall
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 129

30

25
Loi de paroi ZPG
Exp. ZPG
20 Loi de paroi APG
simulation Lee APG
u+

15

10

0 -1 0 1 2 3
10 10 10 10 10
y+

F IGURE 4.6 – Loi de paroi avec (APG) et sans (ZPG) gradient de pression adverse.

 ⋆⋆
∂ ūj ∂ ūj
(ν + νsgs ) = (ν + νsgs + νcorr ) (4.14)
∂y ∂y wall

Des tests à posteriori d’écoulements supersoniques dans une tuyères TOC n’ont mon-
tré aucune amélioration du profil de couche limite dans le divergent de la tuyère (voir
Fig. 4.7). La couche limite reste peu énergétique avec une zone déficitaire importante. Ce
résultat peut s’expliquer par :
– Une méthode plus adaptée consisterait à modifier directement le tenseur du frotte-
ment à la paroi. Cependant, cette méthode est difficile à mettre en œuvre dans le
cadre des méthodes IBM.
– Les gradients de pression adverses présents au sein du divergent sont très violents,
ce qui peut amener la fonction u+ (y + ) à prendre des valeurs souvent élevées au point
de faire diverger les résultats.

A la vue de ces résultats, une nouvelle approche est adoptée. L’idée consiste à s’ins-
pirer des modèles de paroi bi-couches tout en évitant la partie fastidieuse que représente
la résolution implicite du système d’équations TBLE (Thin Boundary Layer Equation). La
méthode consiste à utiliser une base de données (ou une table de données) comportant
130 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

0.8

0.6
u/u∞

0.4
sans MP
avec MP analytique
profil de Blasius
0.2 profil turbulent

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ

F IGURE 4.7 – Comparaison des profils de vitesse moyenne avec et sans loi de paroi (profil
turbulent en puissance, u/u∞ = (y/δ)1/7 ).

les caractéristiques d’une couche limite supersonique à l’équilibre. Dans ce qui suit, nous
détaillons la procédure utilisée pour générer les bases de données à partir de calculs RANS
2D axisymétriques.

4.4 Calculs RANS 2D axisymétriques


Une série de calculs RANS a été menée en utilisant un code laboratoire appelé TURB
développé au CORIA. Il s’agit d’un code 2D axisymétrique résolvant les équations de
Navier-Stokes compressibles avec un modèle de turbulence k − ω SST Menter sur un
maillage curviligne généralisé. L’intégration numérique se fait via un schéma TVD du 2ème
ordre et un avancement en temps à deux pas prédicteur-correcteur. Le code utilise une
formulation volumes finis et une implicitation des flux convectifs, diffusifs et des termes
sources de turbulence (production, dissipation et diffusion turbulente). L’implicitation
permet d’atteindre des CF L de l’ordre de 50.

Des tests de sensibilité au maillage ont été menés sur le cas de la tuyère LEA-TOC pour
deux NPR différents (Voir Table 4.2). Pour l’ensemble des cas le ∆y1+ est inférieur ou égal
à 1 entre le col et le point de décollement. Pour les grilles les plus raffinées, cette valeur
est inférieure à 1 dans l’ensemble du divergent et atteint des valeurs faibles entre le col et
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 131

Référence Maillage (X*Y) NPR


Grid 1.1 460 x 120 41.6
Grid 1.2 460 x 160 41.6
Grid 1.3 720 x 120 41.6
Grid 2.1 720 x 90 25
Grid 2.2 720 x 120 25
Grid 2.3 720 x 140 25
Grid 2.4 720 x 160 25
Grid 3.1 1500 x 90 25

TABLE 4.2 – Test maillage - code TURB.

le point de décollement (i.e. 0.1 < ∆y1+ < 0.3).

On peut constater que pour les grilles avec un raffinement longitudinal faible, Grid 1.1
et Grid 1.2, le code présente une légère erreur de prédiction sur le point de décollement
(Fig. 4.8). Au contraire une grille très raffinée dans la direction radiale, Grid 2.4 (Fig. 4.9
(a)), présente un écart sensible du point de décollement. Cet écart peut s’expliquer par
l’anisotropie importante du maillage. En ce qui concerne les maillages Grid 2.1, Grid 2.2
et Grid 2.3, ils permettent tous une très bonne prédiction du point de décollement,
avec un léger décalage des pics de pression. Ces pics correspondent aux deux bulles de
recirculation piégées entre le jet supersonique et la paroi.

Compte tenu de ces résultats, le choix s’est porté sur la grille Grid 2.1 qui présente un
bon accord calcul/expérience avec un temps de calcul raisonable.

Le passage entre le code TURB (RANS) et le code Choc-Waves (LES) se fait à travers
une double interpolation linéaire, à la fois axiale et radiale. Compte tenu du caractère
stationnaire (en temps) des données RANS, les valeurs de la couche limite sont imposées
uniquement sur les premiers points à la paroi et dans la zone d’écoulement attaché. Le
reste de l’écoulement est donc résolu via la LES. Ce choix permet de conserver l’aspect
instationnaire et fluctuant des simulations en aval de la ligne de décollement. Cette
hypothèse est correcte dans le cas d’une configuration FSS car la couche limite de la
zone décollée est peu énergétique et proche du régime laminaire. Dans le cas d’une
configuration RSS, la couche limite de la zone recollée est supposée laminaire ou peu
turbulente, par conséquent, le modèle de paroi n’est pas nécessaire. De plus, comme
la pression est constante à travers une couche limite, le léger manque de résolution ne
devrait pas impacter la valeur moyenne de la pression pariétale.
132 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

0.1

0.08

Grid 1.1
0.06 Grid 1.2
Grid 2.1
p/pch

Exp.
0.04

0.02

0
0 5 10 15

x/rc

F IGURE 4.8 – Influence du maillage pour un NPR de 41.6.

0.1 0.1

0.08 Grid 2.1 0.08 Grid 2.3


Grid 2.2 Grid 3.1
Grid 2.4 Exp.
0.06 Exp. 0.06
p/pch

p/pch

0.04 0.04

0.02 0.02

0 0
0 5 10 15 0 5 10 15

x/rc x/rc
(a) (b)

F IGURE 4.9 – Comparaison calcul/expérience pour différentes grilles et à NP R = 25.


Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 133

0.8

0.6
u/u∞

0.4
sans MP
avec MP
profil de Blasius
0.2 profil turbulent

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ

F IGURE 4.10 – Comparaison des profils de vitesse moyenne (profil turbulent en puissance,
u/u∞ = (y/δ)1/7 ).

Une comparaison des profils de vitesse moyenne issue d’une LES avec un modèle de
paroi via DB est réalisée. La figure 4.10 montre une nette amélioration des résultats.

Cette méthode offre les avantages suivants :

– une simplicité de mise en œuvre.


– une prise en compte des gradients de pression et des gradients thermiques.
– des calculs pouvant se faire sur des maillages moins raffinés qu’en bas Reynolds avec
des pas de temps raisonnables.
– le surcoût de calcul lié à la base de données n’est que de 6 %.

4.5 Modèle de paroi statique via bases de données


La modélisation d’une partie de la couche limite via une base de données RANS nous
permet d’améliorer le degré de résolution, indépendamment du degré de raffinement de la
134 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

grille. Cependant, il est nécessaire d’apporter une attention particulière à la conservation


du débit massique. En effet, le forçage des vecteurs conservatifs peut modifier l’équilibre
local.
Cette méthode est validée sur trois simulations de la tuyère TOC (voir Annexe A) en
régime quasi-stationnaire pour les NPR suivants : 10.2, 25 et 37.9. Ces tests permettent
de confirmer le bon comportement du modèle avec une transition correcte entre les
topologies FSS et RSS aux alentours du NPR 24. Pour chacun de ces régimes, nous
disposons de données expérimentales obtenues lors des campagnes de tests réalisées au
Laboratoire Pprime (anciennement LEA) à Poitiers.

4.5.1 Simulation LES en régime d’écoulement libre, N P R = 10.2


La première simulation LES est réalisée pour un NPR de 10.2 sur une tuyère LEA-TOC.
Pour un tel rapport de pression, le décollement est du type FSS, ce qui signifie que le jet
supersonique est évacué librement après le décollement de la couche limite (voir Fig. 4.11
(a) et (b)). La comparaison des résultats LES sans et avec modèle montre que la position
du décollement est assez différente, avec xsep (MP ) ≈ 2 xsep (SMP ).
La comparaison des profils de pression pariétale moyenne entre la simulation RANS,
réalisée par Pilinski [119], et la simulation LES avec modèle de paroi montre que ce
dernier améliore notablement la prédiction du point de décollement. Dans le cas des
simulations LES, le choc de recompression est plus fort et la pression pariétale remonte
plus rapidement vers la pression plateau que dans la simulation RANS.

L’aspect fortement turbulent de l’écoulement impose une analyse à la fois des champs
instantanés et moyens. Ces derniers sont calculés sur des périodes de plusieurs centaines
de millisecondes. Les structures turbulentes sont visualisées grâce à l’iso-surface du critère
Q [74] :

1 1 ∂ui ∂uj
Q = (Ωij Ωij − Sij Sij ) = − >0 (4.15)
2 2 ∂xj ∂xi
où Sij et Ωij représentent les composantes symétrique et anti-symétrique du tenseur ui,j ,
respectivement. Cette visualisation met en évidence le degré de résolution des structures
turbulentes. On peut constater que la couche de mélange initiale se développe et transi-
tionne rapidement vers un écoulement turbulent (avec des structures assez désorganisées).
Cette complexité provient des interactions multiples ayant lieu entre les différentes struc-
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 135

0.14

0.12

0.1
p/pch

0.08
RANS
LES (MP)
LES (SMP)
0.06

0.04

0.02
0 5 10 15
x/rc

(a) (b)

F IGURE 4.11 – (a) Comparaison des champs de température moyenne entre LES sans et
avec modèle de paroi à NPR = 10.2 et (b) comparaison des profils de pression à la paroi
RANS et LES avec et sans modèle de paroi.
136 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.12 – Visualisation des structures turbulentes, iso-Q = 10−3 × Qmax (avec Qmax =
1011 s−2 )

tures cohérentes (voir Fig. 4.12).


Une analyse de la pression pariétale, présentée sur la Fig. 4.13, montre un bon ac-
cord avec les résultats expérimentaux, notamment pour les valeurs moyennes. En ce qui
concerne la distribution de la pression dans la zone de décollement, l’information n’existe
pas du point de vue expérimental à cause de la complexité que représente l’instrumenta-
tion au voisinage du col d’une tuyère à cette échelle. Cependant, les résultats obtenus sont
en bon accord avec la simulation RANS réalisée par Pilinski dans son étude [119].
Le signal instantané de pression pariétale fait apparaître des fluctuations pouvant atteindre
±30 % de la pression plateau. Ces fluctuations ne sont pas forcément synonymes d’efforts
latéraux. En effet, ces derniers découlent d’une dissymétrie de la répartition de la pression
azimutale. L’expression de ces efforts est :
Z 2π
Fy = p(x, θ, t) r(x) cosθ dθ (4.16)
0

Z 2π
Fz = p(x, θ, t) r(x) sinθ dθ (4.17)
0

Ainsi, nous pouvons constater sur la Fig. 4.14, que la direction des efforts latéraux
est fortement dépendante du temps et de l’espace. De même, nous remarquons que la
valeur maximale des efforts se situe au niveau de la lèvre de sortie de la tuyère. Cette
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 137

F IGURE 4.13 – Distribution de la pression pariétale normalisée par la pression chambre.


138 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.14 – Polaire des efforts spatio-temporels.

augmentation des efforts en sortie de la tuyère dénote une augmentation de la dissymétrie


de la pression pariétale. De plus, nous pouvons constater que la direction des efforts est
fortement corrélée en espace et en temps, et semble être soumise à un phénomène rotatif.
Ce dernier peut être interprété comme le résultat de deux phénomènes différents, mais
pas nécessairement incompatibles : (i) une rotation progressive de la direction des efforts
pariétaux autour de l’axe de la tuyère, et (ii) un basculement brusque du jet par rapport à
l’axe de la tuyère.

L’analyse des champs instantanés et moyens permet de mieux comprendre la source


des oscillations de la pression pariétale et des dissymétries qui en découlent. On distingue
ainsi trois macro-structures principales qui se manifestent à travers (i) un tourbillon at-
taché à la lèvre de sortie de la tuyère, (ii) une bulle de recirculation massive et (iii) un
jet supersonique (voir Fig. 4.15 et 4.16). Ces structures sont la conséquence du régime
d’écoulement sur-détendu. La différence de vitesse importante entre les flux qui consti-
tuent la bulle de recirculation et le jet supersonique conduit à la formation d’une couche
cisaillée. Cette couche favorise le phénomène de recirculation par un effet d’entrainement
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 139

F IGURE 4.15 – Champ de vitesse moyen. Visualisation du tourbillon de lèvre et de la bulle


de recirculation.

F IGURE 4.16 – Visualisation des structures 3D de l’écoulement moyen, iso-vitesse = 10 m/s


et -55 m/s.
140 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.17 – Champ de Mach instantané.

de masse, d’énergie et de quantité de mouvement et permet ainsi la formation du tour-


billon de lèvre et de la bulle de recirculation principale. Il est important de noter que ces
structures sont fortement influencées par la géométrie de la lèvre de la tuyère. En effet,
indépendamment du type de tuyère (plane, conique ou galbée) la lèvre de sortie peut in-
fluencer les structures. En particulier, Pilinski [119] montre dans son étude qu’une lèvre
d’épaisseur “infinie”, comme c’est le cas dans cette étude (tuyères encastrées dans un mur),
est caractérisée par un tourbillon de dimension inférieure à celui d’une lèvre plus fine.
La dynamique du jet supersonique présente un intérêt particulier car elle influence
fortement les autres structures. En effet, une dissymétrie du jet dans la tuyère implique
une compression locale de la bulle de recirculation. Cette dynamique est aisément obser-
vable sur les champs de Mach instantané (voir Fig. 4.17). Nous pouvons constater sur
cette image, que le jet supersonique se déstructure en créant des lâchers tourbillonnaires
rotatifs à grandes échelles (phénomène du “vortex shedding”). Cette dynamique du jet est
caractérisée par un évasement radial visible sur le champ de vitesse moyen (voir Fig. 4.18).
En effet, la transition du jet supersonique vers les grandes structures cohérentes peut
se faire de manière fortement dissymétrique ce qui donne lieu à un phénomène de bat-
tement. Pour le NPR considéré (10.2), cette transition ayant lieu juste avant la lèvre de
sortie, cela impacte directement la surface de recirculation locale. Le scénario avancé est
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 141

F IGURE 4.18 – Champ de vitesse moyenne.

donc le suivant : le battement du jet contrôle l’ouverture locale de l’anneau fluide recircu-
lant (vitesse négative) sur le milieu ambiant, favorisant, ou limitant, par la même occasion
le débit massique recirculant. Ceci conduit à un phénomène de “respiration” de la bulle
de recirculation qui se traduit par un cycle d’augmentation et de réduction de sa taille. Ce
phénomène est mis en évidence dans les séries d’images instantanées de température et
de vorticité (voir Fig. 4.19 et 4.20). La première série d’images (champs de température)
met en évidence le phénomène de battement et les ouvertures alternatives sur la paroi
supérieure, puis inférieure et ainsi de suite. Ces ouvertures permettent au milieu ambiant
d’imposer ses conditions de pression et de température dans la zone de recirculation. En
effet, lorsque la surface occupée par le flux recirculant est faible, l’équilibre entre le débit
massique, évacué par les effets d’entraînement du jet supersonique et le débit massique
recirculant, penche en faveur du débit entrainé. Ceci conduit à une baisse locale de la
pression dans la zone de recirculation. Lors de la réouverture, un courant de retour se
forme entre le milieu ambiant et le point de décollement sous l’effet combiné du gra-
dient de pression, entre la zone de recirculation et l’ambiant, et de l’entraînement par le
jet supersonique. Ce battement peut, en plus, être couplé à un phénomène rotatif du jet
supersonique qui rend la dynamique assez complexe.
Cependant, le battement du jet supersonique n’est pas l’unique phénomène régulant
le débit massique recirculant. Les champs de vorticité fournissent une vue intéressante
142 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

(a) (b)

(c) (d)

(e) (f)

F IGURE 4.19 – Champs de température instantanée pour différents temps caractéristiques,


(a) 8 ms, (b) 16 ms, (c) 42 ms, (d) 58 ms, (e) 72 ms, (f) 88 ms, NPR = 10.2.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 143

(a) (b)

(c) (d)

(e) (f)

F IGURE 4.20 – Champs de vorticité instantanéz pour différents temps caractéristiques, (a)
8 ms, (b) 16 ms, (c) 42 ms, (d) 58 ms, (e) 72 ms, (f) 88 ms, NPR = 10.2.
144 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.21 – Comparaison des signaux de pression instantanée pour 4 probes.

des structures énergétiques de l’écoulement. Nous pouvons, en particulier, constater la


formation d’un tourbillon de lèvre sous l’influence du flux de recirculation. Ce tourbillon
représente un facteur limitant du débit recirculant. De plus, il est à l’origine de lâchers
tourbillonnaires qui peuvent être la source d’oscillations de la pression pariétale.
Enfin, la structure de choc est caractérisée par une dynamique importante malgré le fait
que la position du décollement soit fixe dans notre test. Le disque de Mach oscille autour
d’une position moyenne entraînant des oscillations radiales du choc réfléchi.
A partir des signaux de pression, réalisés sur un temps de 130 ms (voir Fig. 4.21), il est
possible d’extraire une valeur approchée de la fréquence du phénomène. On obtient ainsi
une fréquence de l’orde de 440 Hz pour ce que l’on suppose être un cycle de battement
du jet ou de la structure de choc et des fréquences de l’ordre de 2 et 2.5 kHz pour les
oscillations associées aux fréquences plus élevées. Nous pouvons constater sur la figure
4.21 que les signaux de plus basses fréquences semblent être corrélés dans le temps alors
que les signaux de fréquence plus élevée présentent un déphasage temporel qui semble
être le signe d’un phénomène rotatif, dans le sens horaire, vu de l’extérieur de la tuyère.
Ce phénomène n’est observé que pour des NPR faibles. En effet, afin que le battement
du jet puisse réellement influencer l’écoulement dans la tuyère, il est nécessaire que
la transition du jet supersonique vers les grandes structures organisées ait lieu dans le
divergent et le plus près possible de la lèvre de sortie.

Afin d’approfondir l’analyse de ces phénomènes, des densités spectrales des signaux de
pression dans la tuyère sont réalisées. La PSD (Power Spectral Density) des fluctuations de
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 145

F IGURE 4.22 – Spectre de densité de pression à la sortie de la tuyère, Bleu : dans le tour-
billon de lèvre, Rouge : dans le jet supersonique.

pression, G(f ), représente la répartition de la puissance du signal suivant les fréquences,


sachant que :
Z ∞ Z ∞
2
σ = G(f ) df = f . G(f ) d[log(f )] (4.18)
0 0

Ainsi, en représentant le spectre d’énergie de la fonction f . G(f )/σ 2 , en échelle


logarithmique pour les abscisses et linéaire pour les ordonnées, il est possible d’obtenir
directement la contribution d’une fréquence donnée par rapport à l’énergie totale.
Cependant, à cause de l’aspect très instationnaire des simulations et de la large gamme
de fréquences concernées, les spectres de densité sont réalisés à l’aide de la méthode de
Welch [165]. Cette méthode consiste à découper le signal en plusieurs segments qui se
chevauchent. Ces segments sont ensuite fenêtrés avant que leur densité spectrale soit
estimée. Enfin une moyenne de chaque segment est réalisée afin de définir la densité spec-
trale finale. Cette méthode permet de limiter les oscillations parasites dans les signaux
des densités spectrales afin de mieux visualiser les pics caractéristiques. Les PSD réalisées
à partir des signaux de la pression instantanée, mesurée (i) dans le jet supersonique et
(ii) au niveau de la lèvre de sortie du divergent (voir Fig. 4.22), montrent que les deux
146 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

(a) (b)

(c) (d)

F IGURE 4.23 – Spectre de densité de pression pour différentes positions dans la tuyère :
(a) tous les capteurs , (b) en sortie du divergent, (c) au milieu de la zone de recirculation
et (d) au pied du choc.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 147

informations sont fortement corrélées en fréquence. Deux pics caractéristiques peuvent


être observés sur cette figure. Le premier, quasiment identique pour les deux capteurs
(déphasage de 500 Hz), est caractérisé par des fréquences de l’ordre de 2 à 3 kHz
et semble correspondre aux oscillations hautes fréquences observées sur les signaux
de la pression instantanée. Ce pic a été expérimentalement observé par Baars et al.
[10, 43]. L’hypothèse la plus probable est celle d’une résonance transsonique de la bulle
de recirculation. Une analyse détaillée nous permet de constater que ce pic s’apparente à
un couple de pics de fréquences très proches (≈ ±500 Hz) qui peuvent être plus ou moins
prononcés selon la position dans la tuyère (voir Fig. 4.23). Le second pic, caractérisé par
une fréquence de l’ordre de 10 kHz, ne concerne que le capteur situé au niveau de la
lèvre de sortie. Nous pouvons en déduire que cette fréquence est associée au tourbillon
de lèvre. Elle pourrait être caractéristique de la fréquence des lâchers tourbillonnaires au
niveau de la lèvre.

La figure 4.23 présente les PSD de 12 capteurs répartis en croix au niveau de la paroi
dans 3 plans différents, à savoir : au pied de la structure du choc, au milieu de la zone
de recirculation et au niveau du tourbillon de lèvre. Nous pouvons constater l’apparition
d’un pic énergétique pour les faibles fréquences (≈ 500 Hz). Dans un premier temps, on
pourrait attribuer ce pic au phénomène de battement du jet supersonique. Cependant,
lorsque que l’on isole les PSD des différents plans, on constate que l’énergie associée à
ce pic augmente lorsque l’on se rapproche de la structure du choc. Nous pouvons donc
en conclure que le phénomène de battement est probablement caractérisé par une autre
fréquence plus faible nécessitant des temps de convergence plus longs. L’association de ce
pic au battement de la structure du choc peut expliquer l’aspect corrélé des signaux de
pression des 4 capteurs.

4.5.2 Simulation en régime d’écoulement restreint, N P R = 25 et 37.9


Deux simulations complémentaires, avec des rapports de pression de 25 et de 37.9, ont
été réalisées. Comme la transition entre les régimes FSS et RSS a lieu pour un NP R de
l’ordre de 24 dans la tuyère LEA-TOC, ces simulations sont caractérisées par un décolle-
ment restreint (voir Fig. 4.24). L’application du modèle de paroi permet donc de corriger
l’absence de transition que nous avions constaté dans le cadre d’une LES sans modèle de
paroi en modifiant les profils des grandeurs dans la couche limite et la position du point
de décollement. De plus, nous pouvons remarquer, sur cette figure, que les pressions parié-
tales numériques et expérimentales concordent bien. Ainsi, le modèle permet de corriger
148 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

avec une bonne précision la position du décollement. La configuration RSS ne présente pas
de dissymétrie [107], que ce soit en régime quasi-stationnaire ou transitoire, à l’exception
du phénomène du “End-Effect” qui a lieu pour des NPR élevés, lorsque la ligne de décol-
lement atteint la lèvre du divergent. La stabilité de cette configuration d’écoulement peut
s’expliquer par la structure de chocs complexes qui la caractérise. En effet, le recollement
du jet supersonique sur la paroi donne lieu à une structure de chocs en lambda au niveau
de la paroi qui est moins sensible aux fluctuations externes. De plus, comme le jet super-
sonique est attaché à la paroi, l’écoulement aval ne peut influencer le décollement qu’à
travers la zone de recirculation principale. Cependant, cette zone est confinée dans un an-
neau supersonique, qui lui-même s’appuie sur la paroi. Ainsi, l’ensemble de la structure de
l’écoulement est très stable du fait de la pression exercée par la bulle de recirculation sur
le jet supersonique. Au total, seule la pression exercée par la bulle de recirculation direc-
tement sur la structure de choc influence la position du décollement. Néanmoins, comme
cette pression s’exerce essentiellement sur le disque de Mach et de manière quasi-uniforme
(la direction de l’effort est parallèle à l’axe de la tuyère), nous pouvons voir apparaître des
oscillations de la position de la ligne de décollement, mais les dissymétries, quant à elles,
demeurent très faibles.
La Fig. 4.25 représente l’iso-surface du critère Q, qui souligne l’aspect “désordonné” de
l’écoulement mis en évidence grâce à un degré élevé de résolution. Bien que le décollement
soit parfaitement symétrique, nous pouvons remarquer que la ligne de recollement ne l’est
pas. Cette dissymétrie peut être associée à la légère dissymétrie des tourbillons dans la
zone de recirculation derrière le disque de Mach.
Encore une fois, l’attention se porte essentiellement sur les structures à grandes échelles
caractérisées par des gammes de fréquences plus faibles et qui mettent en jeu des énergies
suffisamment importantes pour influencer l’écoulement. La visualisation des champs de
vitesse moyenne pour les deux simulations (voir Fig. 4.24, centre) permet de mettre en
évidence les structures principales de l’écoulement : un jet supersonique (annulaire) qui
s’appuie sur la paroi du divergent, une bulle de recirculation encadrée par le jet superso-
nique, le disque de Mach et un, voir deux, petits tourbillons piégés entre le jet supersonique
et la paroi. On notera la disparition du tourbillon de lèvre lors de la transition entre les
régimes FSS et RSS car le jet supersonique prévient toute recirculation au niveau de la
lèvre. Comme nous l’avions évoqué, la topologie d’écoulement RSS, grâce à sa structure
complexe, est naturellement plus robuste face aux fluctuations du milieu ambiant. Leur
influence se fait essentiellement ressentir au niveau de l’évacuation du jet supersonique
et de la structure du choc. En effet, lors de son acheminement vers l’extérieur, celui-ci
se referme légèrement sur lui même sous l’effet de la pression ambiante, supérieure à la
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 149

(a) (b)

F IGURE 4.24 – Haut : Champs de Mach instantanné, milieu : champs de la vitesse moyenne,
bas : distributions de la pression pariétale (a) NPR = 25 et (b) NPR = 37.9 dans la tuyère
LEA-TOC.
150 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.25 – Structures turbulentes, iso-Q = 10−3 × Qmax , (Qmax = 1011 s−2 ), NPR = 25.

pression dans la zone de recirculation. De plus, cette fermeture peut être plus ou moins
importante en fonction des fluctuations de la pression locale. Comme pour le régime FSS,
cette fermeture influence la zone de recirculation, ce qui peut conduire à un phénomène
de respiration de la bulle de recirculation. Dans le cas d’une configuration RSS, la bulle est
uniquement alimentée par le jet principal et est isolée du milieu ambiant par le jet super-
sonique. Cette recirculation est composée d’une (NP R = 25) ou de deux (NP R = 37.9)
structures à grande échelle. Ces structures semblent être les principales sources de dissy-
métrie de l’écoulement dans le cas des configurations FSS.
En particulier, le tourbillon se situant juste derrière le disque de Mach (voir Fig. 4.26)
présente une dissymétrie par rapport à l’axe de la tuyère qui influence directement la se-
conde structure, torique, et par la même occasion le rapprochement des jet supersoniques.
Cette dissymétrie découle de l’aspect convexe du disque Mach qui ne représente pas
une position stable. Par conséquent, la structure se positionne de préférence de manière
excentrée vers le point triple, représenté par l’interaction du disque de Mach avec le choc
interne. A la différence du tore, aisément identifiable par les deux structures recirculantes,
la forme de cette structure n’est pas évidente. La représentation 3D d’une iso-valeur de
pression (voir Fig. 4.27) nous permet de constater qu’elle s’apparente non pas à une bulle
comme on pourrait s’y attendre, mais plutôt à une structure cylindrique prenant appui
sur le jet supersonique. L’écoulement en sortie du disque de Mach est canalisé par la
structure, puis évacué à ses extrémités par le jet supersonique.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 151

F IGURE 4.26 – Vitesse moyenne et lignes de courant, tuyère LEA-TOC, NP R = 37.9.

Cette première étude, réalisée avec une base de données pour chaque rapport de
pression, nous a permis de mettre en évidence de nombreux phénomènes physiques
intéressants, en plus de l’amélioration des résultats qui présentent une bonne cohérence
dans l’ensemble. Trois points importants sont à noter pour l’ensemble de ces simulations :

– La condition d’imposition de la base de données est indépendante de la position an-


gulaire (azimutale) dans la tuyère. Ceci à pour conséquence d’avoir un décollement
parfaitement symétrique. De plus, cette condition est statique et ne réagit pas aux
conditions aval de l’écoulement.
– Malgré le fait que la position du décollement soit parfaitement axisymétrique, l’écou-
lement en aval ne l’est pas. On peut en conclure que l’aval pilote de manière non-
négligeable l’écoulement.
– Les structures turbulentes au sein de l’écoulement sont de relativement petites
tailles, mais assez fluctuantes. Nous sommes très éloignées des structures de très
grandes échelles que l’on peut observer dans un code URANS.
152 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.27 – Visualisation de la structure recirculante et des lignes de courant en aval du


disque de Mach, iso-P = 82 000 Pa.

4.6 Modèle auto-similaire

Un moyen intéressant pour améliorer le modèle serait d’utiliser une seule base de don-
nées, et ce, quelque soit le rapport de pression. Mais, existe-t-il des similitudes en tuyères
supersoniques ? Pour un écoulement isentropique, les relation suivantes sont vérifiées :

T p γ ρ 1 A
= ϑ(M, γ), = [ϑ(M, γ)] γ−1 , = [ϑ(M, γ)] γ−1 , = Ξ(M, γ)
Tch pch ρch Ac
(4.19)
# γ+1

2 −1 1
# γ+1 − 2(γ−1)
γ+1 γ+1
− 2(γ−1)
où ϑ(M, γ) = 1 + 2
M et Ξ(M, γ) = M 2
[ϑ(M, γ)]

Cependant, ces relations ne sont valables qu’en dehors des couches limites (nombre de
Reynolds infini). L’objectif est donc de retrouver des relations permettant de reconstruire
une couche limite en prenant en compte les effets de compressibilité et les gradients de
pression.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 153

La redimensionnalisation de la couche limite à partir d’une base de données d’une


tuyère en régime établi (full-flowing) est possible grâce à un certain nombre de propriétés
d’auto-similarités des couches limites :

1. La comparaison des profils de couche limite, u+ (y + ) pour différents NPR à une posi-
tion donnée dans la tuyère, montre que, pour des valeurs de y + ≤ 300, les profils des
couches limites sont auto-semblables (voir Fig. 4.28). On peut constater, au passage,
que les profils ne suivent pas la loi logarithmique, mais une loi plus raide. Ce com-
portement bien connu [140, 87] est la conséquence du gradient de pression adverse
qui favorise une croissance plus rapide de la vitesse u+ en fonction de y + .

F IGURE 4.28 – Comparaison des profils de couches limites à une position donnée dans la
tuyère LEA-TOC pour différents NPR (données RANS).

On peut donc considérer que la relation suivante est vérifiée pour y + ≤ 300 et sur
une large gamme de NPR :
u+ (y + ) = u+∗(y +∗ ) (4.20)

avec ∗ faisant référence aux grandeurs issues de la base de données.

2. Les grandeurs à l’infini (en sortie de couche limite), i.e. u ≥ 0.99 × u∞ , vérifient les
154 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

relations suivantes :
   
pch pch
p∞ = p∗∞ , ρ∞ = ρ∗∞ , ∗
T∞ = T∞ et u∞ = u∗∞ (4.21)
p∗ch p∗ch

(a) (b)

F IGURE 4.29 – (a) Comparaison des densités normalisées à l’infini et (b) des vitesses à
l’infini pour différents NPR.
Il est donc possible de reconstruire, à partir d’une base unique, les conditions aux
limites à l’infini d’un écoulement de tuyère quelque soit le NPR.

3. Il existe une corrélation entre le rapport de pression et l’épaisseur de la couche limite.


En effet, lorsque le NPR augmente, l’épaisseur de la couche limite diminue (voir Fig.
4.30). Il est important de noter que le NPR est proportionnel au nombre de Reynolds.
Ce dernier est déterminé à partir des conditions réservoir (chambre). Cette évolution
peut être modélisée à l’aide d’une relation liant le rapport de pression à un paramètre
géométrique, ̟ :
 ∗  ̟1
∗ pch
δ=δ (4.22)
pch
Une meilleur concordance des courbes donne ̟ = 2.8 pour une tuyère TIC et ̟ = 4
pour une tuyère TOC 1 .

1. La détermination de cette valeur se fait, pour une géométrie donnée, par comparaison entre 2 bases
de données ayant des NPR différents. Cependant, il doit exister une relation plus généraliste basée sur un
paramètre donné, tel que le rapport des rayons rc /re ou le rapport des sections Ac /Ae liant l’épaisseur de la
couche limite au NPR pour une géométrie quelconque. Grâce à cette relation, il est possible de déterminer
l’épaisseur de la couche limite pour chacune des tuyères, quelque soit le rapport de pression, à partir d’une
seule couche limite.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 155

F IGURE 4.30 – Schéma de l’évolution de l’épaisseur de couche limite δN P R , en fonction du


NPR, avec NP R1 < NP R2.

Principe de renormalisation : Grâce aux propriétés auto-semblables des couches


limites, évoquées ci-dessus, les lois de similitude d’une couche limite attachée en tuyère
supersonique peuvent être déterminées en quatre étapes :

1. Détermination de la vitesse de frottement pariétale uτ : Cette vitesse peut être dé-


terminée de deux manières différentes. La première consiste à calculer le coefficient
de frottement, Cf , pour ensuite en déduire la vitesse de frottement. La seconde, plus
simple, consiste à utiliser une loi de similitude sur le frottement pariétal.
Dans le premier cas, la complexité réside dans le fait de trouver une loi du coefficient
de frottement adaptée, c’est-à-dire prenant en compte à la fois les gradients de pres-
sion et les caractéristiques géométries. La loi proposée par Aubertine [9], couplée
au facteur géométrique rc /r, présente une bonne cohérence avec les résultats des
simulations (voir Fig. 4.31) :
 −0.268 r 
U∞ δ2 c
Cf = 0.246 10−0.678H (4.23)
ν r
avec δ2 l’épaisseur de quantité de mouvement, définie comme :
Z ∞  
ρu u
δ2 = 1− dy (4.24)
0 ρ∞ u∞ u∞
δ2 vérifie la même loi de renormalisation que l’épaisseur de déplacement δ. On peut
156 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.31 – Comparaison des évolutions des Cf , traits pointillés : RANS, traits pleins :
Eq. 4.23.

noter que ce modèle n’est valable que dans la zone d’écoulement non décollé, hors
zone d’interaction libre. Celle-ci n’obéit pas aux règles d’équilibre et ne présente
donc pas la même évolution du coefficient de frottement Cf .

La seconde méthode est beaucoup plus simple et consiste à redimensionner le frotte-


ment pariétale à partir des calculs RANS, afin de disposer de la loi τw (x) pour le NPR
considéré. Une méthode simple serait de considérer une loi du type :

  23
p∗ch
τw = τw∗ (4.25)
pch

Cette relation est vérifiée pour les géométries TIC et TOC. Comme nous pouvons le
constater sur la Fig. 4.32, ce redimensionnement donne de très bons résultats au
point qu’il est difficile de discerner les courbes les unes des autres.

Une fois le Cf ou le τw déterminé, il devient aisé de calculer la vitesse de frottement


Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 157

2000
3000
20.9 10.2
49.1 20.9
2500
1500 75.9 37.9
100
 23

 23
2000
p∗ch
pch

p∗ch
pch
1000 1500



τw∗

τw∗
1000

500
500

0
0
0 5 10 15 20 0 5 10 15
x/rc x/rc

F IGURE 4.32 – Comparaison des τw normalisés à la paroi, pour différents NPR pour une
tuyère (a) TIC et (b) TOC.

pariétal uτ , connaissant les deux relations suivantes :

τw
Cf = 2
et τw = u2τ ρw (4.26)
0.5ρ∞ U∞
Avec la densité à la paroi vérifiant la relation suivante (voir Fig.4.33) :
 
pch
ρw = ρ∗w (4.27)
p∗ch
Ainsi, la vitesse de frottement pariétale peut être déterminée via l’expression :
s
ρ∞ Cf
uτ = u∞ (4.28)
ρw 2

2. Détermination du profil de vitesse u(y) : Une fois la valeur de uτ déterminée,


l’étape suivante consiste à reconstruire le profil de vitesse. A partir de la relation
u+ (y + ) = u+∗ (y +∗), nous pouvons déduire :

u(y +∗) = u+∗ (y +∗) uτ (4.29)

Un point de détail (mais qui a toute son importance) consiste à remarquer que les
deux couches limites (avant et après renormalisation) n’ont pas la même épaisseur.
Ainsi, les distances à la paroi associées à deux valeurs y + et y +∗ égales sont
158 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

50

40

20.9
49.1
30


75.9
pch
p∗ch

100

ρw

20

10

0
0 2 4 6 8 10 12 14
x/rc

F IGURE 4.33 – Comparaison des densités à la paroi redimensionnées


Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 159

2.5

2
T /T∞

1.5 RANS
Eq. Walz

1
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
u/u∞

F IGURE 4.34 – Validation de l’équation de Walz

différentes. Il est donc nécessaire de réaliser une interpolation linéaire, afin que la
vitesse soit associée à la distance à la paroi du cas considéré et non à celle de la base
de données.

3. Détermination du profil de température T (y) : A partir du profil de vitesse, il est


possible de déterminer la température grâce à l’équation de Walz [158, 166] :
   2
T Tw Tr − Tw u T∞ − Tr u
= + +
T∞ T∞ T∞ u∞ T∞ u∞
  (4.30)
γ −1 2
avec, Tr = T∞ 1 + β M∞ et β = 0.89
2
où Tr est la température de recouvrement et β le facteur de recouvrement. On
peut constater, sur la figure 4.34, que les résultats obtenus avec l’équation de Walz
présentent une bonne cohérence avec les simulations réalisées pour chacun des NPR.
Un léger écart entre les calculs RANS et l’équation 4.30 (voir Fig. 4.34) apparait
pour 0.5 ≤ u/u∞ ≤ 0.8, en particulier pour les NPR les plus faibles.

4. Détermination des profils de pression p(y) et de densité ρ(y) : La dernière étape


160 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

du modèle serait de déterminer la pression et la masse volumique. En effet, sous


l’hypothèse d’une couche limite à l’équilibre, nous supposons que la variation de
pression dans la direction transversale à la couche limite est faible (∂p/∂y ≈ 0). Ce
qui suppose que la pression reste constante dans la couche limite et soit égale à la
pression extérieure p∞ :

p(y) = p∞ (4.31)

Enfin, l’équation des gaz parfaits est utilisée pour déterminer le profil de densité :

p(y)
ρ(y) = , r = 287 J/Kg.K (4.32)
r T (y)

Validation à priori des lois de similitude :


Une validation apriori du modèle proposé est réalisée en analysant les profils des
grandeurs aérodynamiques (vitesse, pression, densité et température) dans la tuyère
LEA-TOC pour trois NPR différents : 75.9, 49.1 et 20.9 à différentes abscisses du divergent.
Il est à noter que la base de données utilisée correspond à un NPR de 100, ce qui équivaut
à une couche limite supersonique attachée sur 98 % du divergent.

La première observation, concernant ces résultats, réside dans le bon accord entre les
calculs RANS et les profils de couche limite reconstitués. En particulier, les profils de vi-
tesse montrent que l’évolution initiale de celle-ci présente de très bon résultats avant de
s’éloigner légèrement en sortie de couche limite. Ainsi, l’écart de vitesse maximum observé
est de 12 %. Cependant, il faut se rappeler que le modèle n’a pas vocation à reconstruire
la totalité de la couche limite, sa plage de validité est limitée à y + ≤ 300. Cela couvre la
région interne de la couche limite située à η = y/δ ≤ 10−1 .
De même, les profils de pression, de densité et de température reconstitués présentent
une bonne cohérence avec les simulations RANS. Tout d’abord, on peut constater que
l’hypothèse d’une pression constante dans la couche limite est vérifiée, et ce, quelque soit
le NPR. L’écart observé dans la zone externe de la couche limite (η ≥ 10−1 ) sur les profils
de vitesse se retrouve aussi sur les profils de densité et de température.
Enfin, on peut constater à partir des comparaisons des profils de température que
l’évolution du modèle diffère légèrement de celle des simulations. En effet, la loi de
décroissance de température dans le modèle subit une évolution plus linéaire que dans les
calculs. Cette différence se répercute sur la densité à travers la loi des gaz parfaits, même
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 161

2 1.2

1.8 RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

p 1
1.6 ρ
T
1.4
0.8
1.2

u/u∞
1 0.6
RANS
0.8 u
0.4
0.6

0.4
0.2
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

2.4 1.2

2.2
RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

2 p 1
ρ
1.8 T
1.6 0.8
u/u∞

1.4

1.2 0.6

1
RANS
u
0.8 0.4

0.6

0.4 0.2

0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

1.2

2.5 RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

p 1
ρ
2 T
0.8
u/u∞

1.5
0.6
RANS
1
u
0.4

0.5 0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

F IGURE 4.35 – Comparaison des profils de vitesse, pression, densité et température pour :
NPR = 75.9 et x/rc = 1.64 (haut), x/rc = 3.28 (milieu) et x/rc = 6.57 (bas).
162 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

si elle est moins évidente à discerner. Cette loi découle de l’équation de Walz qui présente
un léger écart pour les valeurs de u/u∞ comprises entre 0.5 et 0.8, ce qui correspond aux
abscisses comprises entre 0.2 et 0.5.

On peut tout de même noter que lorsque l’on se positionne près du décollement,
comme c’est le cas dans la figure 4.37 pour l’abscisse x/rc = 3.28, la similitude n’est plus
vérifiée dans la zone de transition (ou zone d’interaction libre également).

Malgré ces petits écarts, nous pouvons constater que la renormalisation présente une
bonne cohérence avec les bases de données RANS pour les NPR considérés. L’écart est
davantage réduit (de l’ordre de quelques %) lorsque les NPR se rapprochent de ceux
de la base de données. Cependant, même pour des NPR faibles, l’écart reste tout à fait
acceptable, en particulier si l’on respecte la condition y + ≤ 300 (écart ≤ 6 %).

Une validation supplémentaire, est réalisée à un NPR de 49.1, où l’on compare les
valeurs de la vitesse axiale, de la température, de la pression et de la densité à la base
de donnée (construite à partir d’un NPR de 100) redimensionnée avec celles d’une
simulation URANS au NPR désiré. Dans cette étape, on ne compare plus les profils pour
une position axiale donnée, mais pour trois positions radiales différentes dans la couche
limite réparties approximativement en début (rouge), au milieu (vert) et au trois quart
(bleu) de l’épaisseur de couche limite (voir Fig. 4.38).

Cette seconde étape de validation permet de constater que, quelle que soit la position
dans la couche limite, la vitesse redimensionnée présente une très bonne cohérence avec
les simulations RANS de référence (voir Fig. 4.38). Les mêmes remarques peuvent se faire
sur les écarts observés.

Grâce à cette méthode, il est maintenant possible de reconstituer une bonne partie de
la couche limite supersonique attachée sur tout le divergent et ce, quelle que soit le rapport
de pression. Ainsi, nous ne sommes plus soumis à la contrainte du décollement imposée
par une base de données à un NPR fixée. Nous disposons donc d’un nouveau degré de
liberté nous permettant de contrôler la position du point de décollement à l’aide d’une
méthode dynamique permettant de relier le décollement aux propriétés de l’écoulement
aval.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 163

2 1.2

1.8 RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

p 1
1.6 ρ
T
1.4
0.8
1.2

u/u∞
1 0.6
RANS
0.8 u
0.4
0.6

0.4
0.2
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

1.2

RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

2 p 1
ρ
T
0.8
1.5
u/u∞

0.6

1
RANS
u
0.4

0.5
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

1.2

RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

2 p 1
ρ
T
0.8
1.5
u/u∞

0.6

1
RANS
u
0.4

0.5
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

F IGURE 4.36 – Comparaison des profils de vitesse, pression, densité et température pour :
NPR = 49.1 et x/rc = 1.64 (haut), x/rc = 3.28 (milieu) et x/rc = 6.57 (bas).
164 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

2 1.2

1.8 RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

p 1
1.6 ρ
T
1.4
0.8
1.2
u/u∞

1 0.6
RANS
0.8 u
0.4
0.6

0.4
0.2
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

1.2
2.5
RANS
p/p∞ , T /T∞ , ρ/ρ∞

p 1
2 ρ
T
0.8
u/u∞

1.5
0.6
RANS
1 u
0.4

0.5
0.2

0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
y/δ y/δ

F IGURE 4.37 – Comparaison des profils de vitesse, pression, densité et température pour :
NPR = 20.9 et x/rc = 1.64 (haut) et x/rc = 3.28 (bas).
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 165

F IGURE 4.38 – Comparaison des profils de vitesse, pression, densité et température.


NP R = 20.9, tuyère LEA-TIC.
166 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

4.6.1 Modèle pseudo-dynamique


A présent, il est possible de réaliser des simulations LES sur des grilles relativement
grossières avec des pas de temps élevés (∆t ≈ 10−7 s) tout en conservant une bonne
précision. Ces calculs nécessitent la connaissance préalable de la position du décollement.
Une première idée serait de faire appel aux critères de décollement classiques. Ces critères
doivent vérifier les conditions suivantes :

– Fournir une estimation précise de la position de décollement,


– Respecter la dynamique du décollement (couplage avec les propriétés de l’écoule-
ment aval),
– Prendre en compte les phénomènes locaux (dissymétrie azimutale de la ligne de
décollement).

Comme nous l’avions évoqué dans le §1.2.1 du Chaptitre 2, il existe plusieurs critères
de décollement dans la littérature. La plupart de ces modèles font intervenir la pression
plateau pp qui caractérise l’écoulement aval. Ainsi, il est théoriquement possible d’estimer
la position du décollement en couplant l’information à la pression avale instantanée calcu-
lée par la simulation LES, afin de rendre le critère dynamique. Cette méthode a été testée
pour deux critères :

pp γM02 p 1
Critère de Chapman, =1+ 2Cf0 (M02 − 1)− 4 Fp
p0 2
(4.33)
P0 π
Critère de Stark, = , avec π ≈ 3.14
Pa 3M0
L’intérêt du critère de Chapman [29] réside dans l’utilisation du coefficient de frotte-
ment en plus de la pression plateau et du nombre de Mach local M0 . Cependant, comme
nous pouvons le voir sur la Fig. 4.39 ce critère, au même titre que les autres (Schmucker
et Schilling), sous-estime la position du décollement. Le critère de Stark [144, 145, 143],
plus récent et relativement simple, présente cependant une très bonne corrélation avec les
résultats expérimentaux.

A l’aide d’un de ces critères, il est possible de proposer un modèle de paroi dynamique.
Il convient, dans un premier temps, de connaître la pression en avale du décollement et de
localiser ce dernier par un détecteur (senseur) de choc. En pratique, lorsque l’on progresse
dans le divergent, le premier point fluide proche paroi ayant un nombre de Mach inférieur
à 1 représente la position où la mesure de la pression plateau doit être réalisée. Cette
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 167

20

15
x0 /rc

10

Chapman
Exp.
5 Schilling
Schmucker
Stark

0
20 40 60 80
NP R

F IGURE 4.39 – Comparaison des critères de décollement dans une tuyère TIC.
168 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.40 – Analogie masse-ressort du mouvement de choc dans une tuyère superso-
nique.

mesure peut être faite en fonction de la position azimutale dans la tuyère, afin de disposer
d’une information locale, et donc d’une ligne de décollement dissymétrique. Une fois le
pourtour de la ligne de décollement déterminé, il suffit d’appliquer le modèle de paroi à la
couche limite supersonique. Ceci s’effectue par la mise à jour des premiers points fluides
proches parois compris entre le col et la ligne de décollement, estimée par le critère de
décollement. La plupart des critères de décollement reposent sur une pression statique
permettant de prédire la position du décollement (ou du point de pression minimale) ce
qui ne permet pas de tenir compte de la dynamique du choc. Afin de rendre opérationnel
le modèle de paroi utilisant un critère de décollement, la solution consisterait à intégrer
un terme inertiel représentatif de la dynamique du choc. Cette approche est exploitée
par Aghababaie et al. [3] dans leur modèle de prédiction des efforts latéraux dans les
tuyères sur-détendues en régime décollé. Le principe consiste à considérer le choc comme
un système masse ressort caractérisé par une raideur A et un amortissement visqueux B
(4.40).
   
2γ M̄i2 sin2 β̄ − (γ − 1) ∂ p̄i 4γ M̄i p̄i sin2 β̄ ∂ M̄i
A= +
 γ + 1   ∂x
   γ + 1   ∂x 
4γ M̄i2 p̄i cosβ̄sinβ̄ ∂ β̄ ∂ M̄i ∂ β̄ ∂θ ∂ p̄p
+ + −
γ+1 ∂ M̄i ∂x ∂θ ∂x ∂x (4.34)
   
1 4γ M̄i p̄i sin2 β̄ ∂ β̄ 4γ M̄i2 p̄i cosβ̄sinβ̄
B=− +
āi γ+1 ∂ M̄i γ+1
avec β l’angle du choc, θ l’angle de l’écoulement et p′p une pression plateau fluctuante.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 169

Grâce à l’introduction du système masse-ressort, il est possible de modéliser la


dynamique de l’écoulement et celle du décollement en prédisant la position moyenne de
ce dernier à l’aide du critère de Stark (par exemple), puis en introduisant les oscillations
de la ligne décollement sous l’effet d’une fluctuation de la pression plateau p′p à l’aide du
système masse ressort. Un tel modèle, bien qu’envisageable, reste assez complexe à mettre
en œuvre à cause de la nécessité de disposer d’information précises concernant l’angle
du choc et celui de l’écoulement. De plus, ce modèle ne serait applicable que pour des
écoulements de type FSS à cause du critère de Stark. La question prte donc sur l’existence
d’une solution alternative aux critères de décollement qui soit simple et adaptée à toutes
les géométries.

La démarche adoptée afin de positionner la ligne de décollement dans notre étude


consiste à recréer l’équilibre naturel qui existe entre le gradient de pression adverse et le
frottement pariétal. En effet, par définition, la couche limite décolle lorsque le gradient
de pression adverse devient trop important et que les forces de frottement ne parviennent
plus à maintenir l’écoulement attaché. Initialement, les calculs réalisés sur un maillage
grossier présentaient un déficit de vitesse local. Ce défaut d’énergie se traduit par une
valeur plus faible du frottement pariétal qui conduit à un décollement précoce de la
couche limite. Cependant, grâce aux différentes lois de renormalisation de la couche
limite, nous disposons des informations nécessaires pour corriger le développement de
la couche limite et donc le tenseur de frottement pariétal. En pratique, cela équivaut à
alimenter la couche limite amont en énergie jusqu’à atteindre le point d’équilibre entre
la force de frottement et le gradient de pression adverse, que l’on aurait si on simulait
directement la couche limite sur un maillage extrêmement fin.

4.6.2 Modèle dynamique


La mise en œuvre des modèles de paroi nécessite une attention particulière afin d’éviter
certains phénomènes indésirables, comme, en particulier, une auto-incrémentation de
la couche limite provoquant la divergence du calcul (voir Fig. 4.41). Typiquement, ce
phénomène se rencontre lorsqu’une transition brusque existe entre le modèle de paroi
et la LES. La transition la plus critique est celle concernée par les grandeurs le long
de l’écoulement entre zone attachée et écoulement décollé. Pour parer au problème
d’auto-incrémentation, deux étapes importantes sont nécessaires :
170 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.41 – Auto-incrémentation du modèle de paroi.

– La première consiste à déterminer de manière précise la position du choc. Dans notre


cas, l’algorithme utilisé consiste à borner le choc entre deux points voisins vérifiant
la condition :

xchoc ∈ [Pi ; Pi+1 ] ssi M(Pi ) > 1 et M(Pi+1 ) ≤ 1 (4.35)

Etant donné que l’angle du jet au décollement peut varier d’une position à une autre,
le choix du point Pi+1 doit être judicieusement fait. En effet, il n’est pas possible de
poser systématiquement Pi+1 = Pi+1,j,k (avec j et k les coordonnées du point Pi,j,k )
car, pour un jet décollé à l’horizontal, cela conduirait à une surestimation impor-
tante de la position du décollement. Pour pallier cette faiblesse, l’ensemble des points
P(i+1,[j−1;j+1],[k−1;k+1]) doivent être considérés, soit neuf points voisins. Les nombres de
Mach de ces points sont déterminées et la valeur de M(Pi+1 ) prise égale au plus petit
nombre de Mach.
Néanmoins, le fait de déterminer la position du choc loin de la paroi peut conduire
à une légère surestimation de la position du décollement. Cette surestimation peut
être compensée par une simple estimation géométrique de l’erreur algorithmique.
En effet, connaissant l’angle local de la paroi et la distance à la paroi du point Pi+1
(3 mailles), une simple relation trigonométrique faisant intervenir l’angle local de
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 171

F IGURE 4.42 – Schéma de principe du modèle de paroi bi-couche via base de donnée.

divergence θ et la distance à la paroi du point Pi+1 permet d’obtenir une bonne


estimation de la longueur de correction lt (voir Fig. 4.43). Une version plus élaborée
peut être obtenue en faisant intervenir l’angle de l’écoulement moyen φ.
Enfin, afin d’éviter les phénomènes de cisaillement trop important au niveau de la
ligne de décollement, une condition de lissage de la ligne de décollement est utilisée
afin de limiter les dissymétries angulaires parfois trop importantes.

– La deuxième étape consiste à utiliser une transition linéaire entre les grandeurs RANS
et LES sur une distance équivalente à environ 5 × li , où :
!1/2
li 2
= p (4.36)
δ0∗ Cf0 M02 − 1
Cette distance est prise supérieure à la longueur d’interaction libre afin de garantir
une prédominance de la LES sur le modèle de paroi dans la zone de décolle-
ment. Nous obtenons ainsi une transition progressive tout en laissant la LES piloter
la zone de décollement et la remontée de pression le long de la paroi (voir Fig. 4.42).

La méthode proposée permet de prendre en compte la dynamique de l’écoulement aval


et son action sur le décollement. De plus, son indépendance vis à vis de tout critère de
172 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.43 – Estimation le la zone tampon lt pour l’abscisse de décollement xsep . Trait
noir : paroi, Trait bleu : ligne séparant l’écoulement supersonique de l’écoulement subso-
nique, Pointillés rouges : 3 ème point fluide par rapport à la paroi.

décollement permet de gérer de manière adéquate des géométries différentes, caractéri-


sées par des configurations d’écoulement complexes. En particulier, le modèle prend en
compte les transitions FSS ↔ RSS dans les tuyères TOC. Il est intéressant de noter que la
génération d’une base de données en full-flowing ne représente que 6% du temps de calcul
global.

4.6.2.1 Simulations quasi-stationnaires avec modèle de paroi dynamique

Grâce au nouveau modèle de paroi dynamique, une nouvelle série de simulations LES
est réalisée afin d’analyser la dynamique globale de la structure de choc en fonction des
fluctuations de l’écoulement aval.

Dans un premier temps, une simulation de la tuyère TIC avec un NP R = 20.9 est réa-
lisée. Pour rappel, les tuyères à contour idéal tronqué en régime de sur-détente présentent
une topologie d’écoulement FSS semblable à celle observée dans les tuyères TOC à faibles
NPR. Cependant, l’absence de choc interne dans les tuyères TIC fait que l’écoulement pré-
sente soit des réflexions régulières soit des réflexions de Mach, mais ne transitionne pas
vers une topologie de choc en chapeau.
La configuration FSS dans la tuyère TIC est caractérisée par un disque de Mach
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 173

F IGURE 4.44 – Cycle d’évolution du mouvement de choc dans la tuyère LEA-TIC.

relativement large résultant d’une réflexion de Mach directe. De plus, nous pouvons
constater l’apparition d’une petite zone de recirculation derrière celui-ci. Cette bulle
exerce une pression sur le disque de Mach ce qui explique son aspect légèrement concave,
à l’opposé du disque de Mach de la tuyère TOC qui est convexe.

Les résultats obtenus pour la tuyère LEA-TIC permettent de mettre en évidence la dy-
namique du choc sous l’influence des conditions aval. En particulier, on peut constater que
le choc oscille autour d’une valeur moyenne (voir Fig. 4.44). Cette oscillation se traduit
par un mouvement d’ensemble de la structure du choc. Cependant, on note que le pied
de choc parcourt des distances plus large que le disque de Mach (l’excursion du pied de
choc peut être jusqu’à deux fois supérieure à celle du disque de Mach). Cette différence de
mobilité s’accompagne d’une modification de l’angle du décollement qui diminue lorsque
le choc se retire vers l’amont.
Cette dynamique du choc de décollement est associée à une fluctuation de pression
pariétale dans la bulle de recirculation et plus particulièrement au niveau du point de
décollement (voir Fig. 4.45 (b)). Dans un premier temps, nous pouvons distinguer sur les
courbes de la figure 4.45 (b) les fluctuations de la pression pariétale juste en aval du pied
de choc. Dans un second temps, celui-ci progresse légèrement dans le divergent et dépasse
le capteur ce qui se traduit par une chute de pression jusqu’à 34000 P a. La période entre
deux pics de pression sur ces signaux nous permet d’estimer la fréquence d’oscillation à
environ 700 Hz. On reste donc dans des gammes de fréquences très proches de celles
observées lors des simulations d’écoulement en régime quasi-stationnaire avec modèle de
174 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

(a) (b)

F IGURE 4.45 – Fluctuations de pression pariétale : (a) au milieu de la zone de recirculation


et (b) au niveau du pied de choc.

paroi statique, réalisée sur la tuyère LEA-TOC.

La comparaison de la pression pariétale moyenne avec les données expérimentales


montre un bon accord (voir Fig. 4.46). Les positions de pression minimale, ainsi que les
pressions plateau en aval du choc de recompression sont quasiment identiques. On peut,
tout de même, constater que la recompression semble légèrement plus rapide en LES qu’en
expérience.
La figure 4.47 montre un champ de température moyenne en configuration de décolle-
ment libre. L’ensemble des structures détaillées dans le cas de la tuyère TOC est retrouvé,
avec comme structures importantes le jet supersonique, la bulle de recirculation principale
et le vortex annulaire de lèvre. Une nouvelle structure que nous n’observions pas dans la
tuyère TOC fait cependant sont apparition : la bulle de recirculation derrière le disque de
Mach. Celle-ci, assimilable à une structure torique, découle de la réflexion de Mach directe
et de l’angle important des lignes de glissement. En effet, ces lignes convergent vers
l’axe de la tuyère et forment un convergent naturel qui accélère l’écoulement subsonique
derrière le disque de Mach. Le fluide recircule naturellement dans cette cavité avant d’être
évacué par l’effet d’entrainement des couches cisaillées. L’étude expérimentale réalisée par
Edgington-Mitchell et al. [47] de même que les études réalisées précédemment [7] n’ont
pas réussi à mettre en évidence ce type de recirculation derrière le disque de Mach. De
plus, selon Frey et Hagemann, l’apparition d’une bulle de recirculation derrière le disque
de Mach serait favorisée par la réflexion de Mach inverse [56]. Une explication possible
au fait que l’on observe une petite recirculation derrière le disque de Mach pourrait être
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 175

F IGURE 4.46 – Comparaison LES/Exp. des pressions pariétales moyennes.


176 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.47 – Champ de température moyenne avec ligne de courant dans la tuyère TIC.

la suivant : l’angle important de convergence vers l’axe des lignes de glissement réduit
la section de passage du fluide derrière le disque de Mach, ce qui crée un réducteur
naturel qui favorise une accumulation de pression avec une formation d’une petite zone
de recirculation. Cette pression a deux conséquences, la déformation du disque de Mach
et le forçage de l’éjection des particules fluide.

La Fig. 4.48 met en évidence les fluctuations rms de vitesse et pression. Les fluctuations
de pression, localisées essentiellement derrière le disque de Mach et au niveau du choc
réfléchi permettent d’illustrer la dynamique de la structure du choc. On retrouve aussi
une succession de zones fluctuantes dans le jet supersonique associée à un phénomène de
mouvement basse fréquence lié au jet supersonique. Les fluctuations de vitesse illustrent la
dynamique de la couche limite décollée et du jet supersonique. Cette dynamique découle
des efforts de cisaillement important qui existent entre celle-ci et la bulle de recirculation.
Egalement, les fluctuations de la vitesse radiale permettent de souligner l’importance du
battement transversal du choc réfléchi. Ainsi, on peut assimiler la dynamique du choc de
recompression à un mouvement oscillatoire (va-et-vient) du disque de Mach, couplé à une
oscillation radiale du choc réfléchi. On ne distingue pas vraiment de mobilité globale de
l’écoulement et plus particulière de la ligne de décollement à cause du temps relativement
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 177

F IGURE 4.48 – Fluctuations rms dans la tuyère TIC.

court des simulations (≈ 30 ms).

L’analyse des signaux de pression ne présente pas de basse fréquence caractéristique


au premier coup d’œil, comme c’était le cas pour la tuyère TOC (voir Fig. 4.49). Cepen-
dant, les signaux des quatre capteurs semblent être corrélés. Pourtant, sur des temps
caractéristiques plus faibles, un phénomène rotatif est retrouvé pour les fréquences de
l’ordre de 1.8 − 2.2 kHz. La rotation, dans les deux cas de tuyères étudiées, se fait dans le
sens horaire vu par un observateur placé à l’extérieur de la tuyère.

Les densités spectrales des signaux de pression confirment ces observations. En effet,
la figure 4.50 montre que la plupart des signaux de pression ne présentent pas de pics
caractéristiques pour les basses fréquences (200 − 800 Hz). On peut, tout de même, noter
que les deux capteurs positionnés dans le jet supersonique (courbes vertes) présentent
une énergie plus importante pour cette gamme de fréquence. De plus, cette énergie
augmente lorsque le capteur est plus proche du disque de Mach. Les courbes rouges et
178 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

F IGURE 4.49 – Signaux de pression instantanée en sortie de la tuyère TIC.

F IGURE 4.50 – Signaux PSD.


Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 179

les courbes bleus sont celles liées aux capteurs contenus dans le plan XY et dans le plan
XZ, respectivement. On peut remarquer la présence d’un faible pic énergétique associé
à la plage de fréquences 800 − 900 Hz. L’ensemble des capteurs présentent un ou deux
pics énergétiques importants pour des fréquences comprises entre 1.8 et 2 kHz. Ces
pics sont très semblables à ceux observés dans la tuyère TOC bien que leur fréquence
caractéristique soient légèrement plus faibles. On peut donc supposer qu’il découle
également d’un phénomène de résonance transsonique, avec un dédoublement du pic
dans ce cas précis.

F IGURE 4.51 – Signaux PSD.

L’analyse des courbes séparément montre que ce double pic caractérise les capteurs
présents dans le plan XZ, avec une amplitude qui augmente lorsque l’on se rapproche
de la sortie de la tuyère (voir Fig. 4.51). Ce phénomène d’amplification est aussi présent
sur les capteurs du plan XY . A cette étape, il nous semble important de mettre quelques
résultats sur le phénomène transitoire, correspondant à la montée en pression chambre.
Le but est de montrer la fonctionnalité du modèle de paroi et la faisabilité de l’approche
LES.
180 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

4.6.2.2 Un aperçu sur le transitoire

Dans cette section, nous nous intéressons à l’amorçage de la tuyère LEA-TOC afin
d’analyser les différents phénomènes dynamiques qui ont lieu et qui pourraient représen-
ter une source potentielle de dissymétrie de l’écoulement. Ainsi, la ligne de décollement
progresse en fonction du rapport de pression en oscillant autour d’une position moyenne
correspondant au NPR considéré. La figure 4.52 illustre les différentes étapes de l’amor-
çage avec les phénomènes suivants :

– Après l’amorçage du col (Mach > 1), le jet supersonique se développe dans le
divergent. Pendant sa progression, il interagit avec le milieu au repos donne lieu à
une couche de cisaillement qui conduit à la formation de plusieurs structures secon-
daires qui s’enroulent sur elles mêmes [176]. L’augmentation de la pression dans la
chambre se traduit par la formation d’un tourbillon à la lèvre de sortie du divergent.
Durant cette étape, la pression instantanée oscille légèrement autour d’une valeur
moyenne pw /pa = 0.8. Ces oscillations sont la conséquence du développement des
tourbillons secondaires le long du jet supersonique.

– Au fur et à mesure que le NPR augmente, le jet se déploie plus largement dans le
divergent. A cause de la pression élevée, imposée par le milieu ambiant (supérieure
à la pression dans le divergent), un flux de recirculation se crée. L’inversement
du sens de l’écoulement, au niveau de la lèvre de sortie, conduit à la formation
d’un nouveau tourbillon de lèvre, agissant à l’intérieur du divergent. De plus, avec
l’augmentation du NPR, la structure du choc transite vers une réflexion de Mach
caractérisée par un disque de Mach convexe. En revanche, malgré les modifications
importantes de l’écoulement durant cette phase, la pression pariétale n’est que peu
altérée et continue à osciller autour de sa valeur moyenne.

– A cause du flux de recirculation, le jet supersonique interagit fortement avec


le tourbillon de lèvre, provoquant la formation d’un “bouchon” au niveau de la
sortie de la tuyère. La zone de confluence conduit à une accumulation du fluide
dans le divergent, avec une augmentation de la pression qui viendrait s’opposer
à l’augmentation de la pression chambre. Ceci explique la position de la ligne de
décollement qui reste fixe sur un intervalle de temps relativement important. Il est
même possible d’observer une léger recul du disque de Mach. Ce phénomène est une
conséquence directe de l’influence de l’aval sur l’amont et illustre les capacités du
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 181

(a)

(b)

(c)

(d)
182 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

(e)

(f)

F IGURE 4.52 – Amorçage de la tuyère LEA-TOC. Gauche : (a), (b) et (c) champ de vorticité,
(d) à (f) champ de Mach. Droite : pression pariétale.
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 183

modèle à restituer cette physique. L’augmentation de la pression plateau s’observe


sur la courbe de pression pariétale et est caractérisée par un pic, situé juste en aval
du choc qui atteint 120 000 Pa, soit plus de 50% supérieure à la pression moyenne
observée durant les deux premières phases.

– Sous l’effet de l’augmentation de la pression chambre, le bouchon fini par s’évacuer


et l’écoulement se développe de manière complexe dans le divergent. En particulier,
la ligne de décollement subit une progression rapide liée à la chute brutale de la
pression plateau pp (≈ 0.6ms). Ce passage brutal peut être assimilée à une sneak
transition [153] qui peut conduire à des dissymétries et une ouverture soudaine
du disque de Mach. Cela a deux conséquences : (i) une augmentation importante
du disque de Mach, conduisant à son interaction avec le choc interne et donc à
une transition de la réflexion de Mach vers une topologie de choc en chapeau.
(ii) une ouverture soudaine du disque de Mach provoquant une déstabilisation du
jet supersonique. Ce phénomène est facilement observable sur le champ de Mach
instantané (voir Fig. 4.52(d)(e)).

– La structure du choc en chapeau est caractérisée par une ouverture importante du


disque Mach et une modification de l’angle du jet supersonique qui se rapproche de
la paroi (structure de choc en chapeau = réflexion de Mach inverse + réflexion régu-
lière). Ces deux modifications ont pour conséquence de dévier le jet vers la paroi, ce
qui conduit à des fluctuations importantes de la pression pariétale, mais aussi à une
possibilité de recollement. Cette configuration est connue dans la littérature comme
une “qRSS” (quasi-Restricted Shock Separation) [107], état intermédiaire entre des
configurations FSS et RSS. Cet état est particulièrement sensible aux fluctuations
qui peuvent favoriser des recollements partiaux qui conduisent à des dissymétries
importantes de la ligne de décollement et donc à des efforts latéraux.

– Finalement, le couplage entre la configuration de choc en chapeau et l’augmentation


progressive du rapport de pression conduit au recollement complet du jet super-
sonique sur la paroi avec une transition finale du régime FSS vers le régime RSS.
Cette transition s’accompagne de fluctuations importantes de la pression pariétale.
La configuration RSS est fortement symétrique et présente un dynamique interne
faiblement instationnaire avec des phénomènes symétriques. Ainsi, malgré les fortes
oscillations de la pression pariétale, les efforts latéraux restent faibles et stables dans
l’ensemble, au cours du temps. Ces fluctuations sont essentiellement la conséquence
184 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques

de la succession des trains de chocs et de détentes directement au niveau de la paroi


qui conduisent à la formation d’un ou de plusieurs tourbillons pariétaux.

4.7 Conclusion
Ce chapitre présente un nouveau modèle de paroi qui repose sur les propriétés d’auto-
similarité des écoulements dans les tuyères supersoniques a été développé. Les résultats
ont montré que ces propriétés sont valables à la fois dans le cœur potentiel (écoulement
non visqueux) et dans la couche limite (région visqueuse). Une base de données unique
a été utilisée pour prédire l’écoulement amont (couche limite attachée) sur une large
gamme de rapport de pression (NPR) et de nombre de Reynolds. La reconstruction de
la couche limite fait appel à des lois de normalisation pour le frottement pariétal et les
grandeurs aérodynamiques (vitesse, température, densité). Ces lois ont été validées sur
des tests à priori en faisant varier le NPR. La base de données, quant à elle, est générée
via un calcul préliminaire type RANS, sur une géométrie de tuyère donnée.

Appliquée aux tuyères décollées, la modélisation LES a permis de reproduire la dyna-


mique globale du décollement en prenant en compte les instationnarités aval, la dyna-
mique du jet, l’écoulement de retour, la zone cisaillée et les bulles de recirculation. En
particulier, la réponse de la ligne de décollement moyenne en fonction des fluctuations de
la pression aval semble représentative des expériences menées dans le cadre du groupe
ATAC. Les PSD présentent des pics caractéristiques communs aux deux approches. L’équi-
libre des débits massiques, entre le fluide recirculant et le fluide évacué par phénomène
d’entraînement, a une forte influence sur la symétrie de l’écoulement. Une analyse spec-
trale des signaux de pression relevés en aval du point de décollement révèle l’existence
de plusieurs fréquences caractéristiques, dont une, en particulier, dans la gamme de 2 à
3 kHz, assimilée à une résonance transsonique. Ce pic, souvent observé pour 2 fréquences
proches, est présent aussi bien dans les tuyères TOC que les tuyères TIC avec une ligne
de décollement stationnaire ou fluctuante. L’apport de l’aspect dynamique aux simulations
permet de distinguer la dynamique globale de la structure du choc sous l’effet des condi-
tions avales. En particulier, on peut noter un phénomène d’oscillation axiale du disque de
Mach, couplé à un mouvement radial du choc réfléchi, en plus de la formation, dans le jet
supersonique, de structures turbulentes à grandes échelles et leur transition progressive
vers des structures de plus en plus fines. Des calculs préliminaires d’amorçage ont été éga-
Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques 185

lement présentés dans ce chapitre pour illustrer la dynamique complexe de l’écoulement et


vérifier la fonctionnalité du modèle pour un régime d’écoulement fortement instationnaire.
186 Chapitre 4. Mise au point et validation d’un modèle de paroi pour les tuyères supersoniques
Chapitre 5

Conclusions et Perspectives

Les activités de recherche, ainsi que les résultats présentés dans ce manuscrit, s’ins-
crivent dans le cadre de la modélisation des écoulements turbulents compressibles. Ces
travaux sont principalement dédiés au développement et à la validation de modèles ma-
thématiques et d’outils numériques pour les écoulements décollés. Plus particulièrement,
ces travaux s’inscrivent dans le cadre des efforts entrepris par le groupe ATAC, piloté par
le CNES, afin d’améliorer les modèles de prédiction du décollement de jet dans les tuyères
propulsives, en tenant compte notamment du caractère tridimensionnel et instationnaire
de ces écoulements.

A traves cette étude, la simulation des grandes échelles (LES) apparaît comme un
outil intéressant pour l’étude des écoulements décollés dans les tuyères supersoniques. Un
point fort de la méthode est sa nature intrinsèquement instationnaire et tridimensionnelle
permettant la capture des instabilités à grandes échelles et la prise en compte simultanée
des effets de turbulence (anisotropie, gradient de pression, déséquilibre spectral), de
compressibilité et de propagation acoustique. D’un point de vue pratique, les travaux
de thèse se sont concrétisés par des développements numériques, assortis de calculs de
démonstration, qui ont le double objectif de valider les méthodes mises en place et de
caractériser les phénomènes physiques en présence pour garantir la faisabilité de calculs
instationnaires de tuyères 3D.

Dans un premier temps, le cadre de l’étude a été précisé à travers une revue bi-
bliographique exhaustive permettant de mettre en évidence le caractère complexe et
multi-échelles de ces écoulements. L’accent est mis sur les tuyères fonctionnant en régime
de sur-détente. Ce régime est caractérisé par un décollement massif de la couche limite

187
188 Chapitre 5. Conclusions et Perspectives

et l’apparition d’instabilités aérodynamiques à grandes échelles, synonymes de fortes


sollicitations thermique et mécanique sur le moteur. Egalement, la prédiction du point de
décollement et l’influence de sa dynamique sur l’apparition des charges latérales furent
l’objet de nombreuses études théoriques, expérimentales et numériques durant les 20
dernières années.

Dans le cadre de cette étude, des simulations 3D instationnaires ont été réalisées
sur des tuyères supersoniques de formes galbées, à échelle réduite, fonctionnant en gaz
froid. Afin de modéliser les petites échelles de la turbulence (non accessibles au calcul),
le modèle de sous-maille WALE a été choisi pour sa simplicité de mise en œuvre et son
bon compromis entre coût de calcul et précision numérique. Sur le plan numérique, des
schémas de discrétisation d’ordres élevés, aussi bien temporel que spatial, ont été utilisés.
Ces schémas sont compatibles avec le caractère fortement compressible des écoulements
rencontrés dans les tuyères supersoniques.

Sur le plan de la stratégie du maillage, la méthode des frontières immergées (IBM)


a été adoptée via une grille Cartésienne simple. La prise en compte des géométries com-
plexes est effectuée grâce à une modélisation géométrique CAO, alliée à une technique
efficace de lancer de rayons pour l’intégration d’objets 3D dans le maillage Cartésien.
Egalement, dans le cadre de l’approche IBM, une nouvelle méthode, dite Drop-Procs, a
été développée afin d’optimiser les calculs massivement parallèles. Cette méthode consiste
à alléger la charge du calcul en réduisant la topologie Cartésienne aux seuls processeurs
actifs (hors solide), tout en gardant la flexibilité du code initial. Les tests de validation,
effectués sur des cas 2D et 3D, ont montré des gains substantiels en termes d’heures de
calcul CPU.

Sur le plan de la modélisation proche paroi, un nouveau modèle de paroi, reposant


sur les propriétés d’auto-similarité des écoulements dans les tuyères supersoniques a été
développé. Les résultats ont montré que ces propriétés sont valables à la fois dans le cœur
potentiel (écoulement non visqueux) et dans la couche limite (région visqueuse). Une
base de données unique a ainsi été utilisée pour prédire l’écoulement amont (couche
limite attachée) sur une large gamme de rapport de pression (NPR) et de nombre de
Reynolds. La reconstruction de la couche limite fait appel à des lois de normalisation pour
le frottement pariétal et les grandeurs aérodynamiques (vitesse, température, densité).
Ces lois ont été validées sur des tests apriori en faisant varier le NPR. La base de données,
quant à elle, est générée via un calcul préliminaire type RANS, sur une géométrie de
Chapitre 5. Conclusions et Perspectives 189

tuyère donnée. Le modèle de paroi ainsi proposé se distingue par : (i) sa simplicité
de mise en œuvre, (ii) sa prise en compte des gradients de pression adverse et des
termes de convection, (iii) sa capacité à distinguer les effets amont/aval, (iv) son gain
important en temps de calculs. Ce dernier point représente un des éléments importants
ayant motivé le développement d’un tel modèle. En effet, la résolution complète de la
couche limite, que ce soit en DNS, LES ou en modélisation bas-Reynolds RANS, nécessite
l’utilisation de mailles très fines en proche paroi (pour respecter le critère ∆y1+ ≤ 1). Ceci
a pour conséquence de diminuer drastiquement le pas de temps et d’augmenter consi-
dérablement les couts de calculs, au point de les rendre prohibitifs, surtout pour les cas 3D.

Appliquée aux tuyères décollées, la modélisation LES a permis de reproduire la


dynamique globale du décollement en prenant en compte les instationnarités avales, la
dynamique du jet, l’écoulement de retour, la zone cisaillée et les bulles de recirculation.
En particulier la réponse de la ligne de décollement moyenne en fonction des fluctuations
de la pression avale semble représentative des expériences menées au laboratoire Pprime.
Les PSD présentent des pics caractéristiques communs aux deux approches. L’équilibre
des débits massiques, entre le fluide recirculant et le fluide évacué par phénomène d’en-
traînement, a une forte influence sur la symétrie de l’écoulement. Une analyse spectrale
des signaux de pression relevés en aval du point de décollement révèle l’existence de
plusieurs fréquences caractéristiques, dont une, en particulier, dans la gamme de 2 à
3 kHz, assimilée à une résonance transsonique. Ce pic transsonique, souvent observé pour
2 fréquences proches, est présent aussi bien dans les tuyères TOC que les tuyères TIC avec
une ligne de décollement stationnaire ou fluctuante. L’apport de l’aspect dynamique aux
simulations permet de distinguer la dynamique globale de la structure du choc sous l’effet
des conditions avales. En particulier, on peut noter un phénomène d’oscillation axiale du
disque de Mach, couplé à un mouvement radial du choc réfléchi, en plus de la formation,
dans le jet supersonique, de structures turbulentes à grandes échelles et leur transition
progressive vers des structures de plus en plus fines.

Par ailleurs, le modèle a été étendu avec succès aux cas transitoires. Les résultats obte-
nus sont très encourageants. Des hypothèses ont été émises pour déterminer l’évolution de
la couche limite dans le divergent en supposant que le temps caractéristique du développe-
ment de la couche limite est très inférieur aux durées des régimes transitoires (hypothèse
d’un régime quasi-stationnaire).
Les résultats présentés ne font qu’effleurer la complexité de la dynamique de l’écou-
lement dans les tuyères supersoniques à cause des fortes corrélations qui existent entre
190 Chapitre 5. Conclusions et Perspectives

les nombreuses structures dynamiques le caractérisant. Avec la montée en puissance de


calcul des ordinateurs dans les années à venir il sera sans doute possible de simuler des
cas de plus en plus complexes et de tester plus systématiquement l’approche LES dans les
conditions réelles.

Enfin, quelques pistes peuvent être proposées en guise de perspectives à ce travail :


– Le modèle de paroi, proposé dans cette thèse, est basé sur un champ moyen porteur.
Il serait intéressant d’enrichir la base de données en y incluant la partie fluctuante (ou
rms) correspond au tenseur de Reynolds. Cela pourrait se faire de manière simple
en faisant appel aux différentes corrélations développées en turbulence compressible
sous les hypothèses d’analogie forte de Reynolds, SRA (Strong-Reynolds Analogy)
[13] ou SRA modifiée [177]. Egalement, la modélisation de la transition longitu-
dinale entre valeurs moyennes (RANS) et grandeurs instantanées (LES) du modèle
pourrait être améliorée en introduisant le concept de l’interaction libre de Chapman.
Ceci permet de mieux reproduire la dynamique locale de la zone d’interaction libre.
– L’étude du phénomène de résonnance transsonique mériterait d’être approfondie.
Une analyse modale de décomposition en spectres de Fourrier (DMD ou POD), cou-
plée à une étude de stabilité pourrait aider à mieux comprendre les mécanismes et
les paramètres qui mènent à l’apparition de ce phénomène dans les tuyères superso-
niques, dans une perspective de contrôle et de réduction des pics transsoniques, à la
fois pour les moteurs à propulsion liquide et solide.
Annexe A

Présentation des cas d’étude

Dans le cadre de cette étude, deux géométries de tuyère à échelles réduites ont
été utilisées, une tuyère de type TIC et une tuyère de type TOC. Ces deux tuyères ont
fait l’objet de nombreuses études par le passé en France dans le cadre du programme
ATAC et des tuyères similaires ont été étudiées en Europe (DLR/Volvo) et au Japon (JAXA).

La caractéristique principale de la tuyère TIC est qu’elle produit un écoulement


quasiment uniforme en sortie. La forme de son contour, en particulier près du col, permet
d’atténuer le phénomène de compression locale (choc interne), de sorte à ce qu’on
considère que la tuyère ne comporte pas de choc interne. Ainsi, cette tuyère est seulement
caractérisée par un régime de décollement libre.

(a) (b)

F IGURE A.1 – Géométries CATIA, (a) profil LEA-TIC et (b) profil TOC avec convergent de
la tuyère R2Ch. Cette dernière est une tuyère TOC conçue à l’ONERA.

191
192 Chapitre A. Présentation des cas d’étude

A la différence de la tuyère TIC, la TOC (Fig. A.1 (b)) présente des configurations
d’écoulement plus complexes dépendant du NPR et des séquences du transitoire (montée
ou descente en pression). En particulier, cette tuyère est caractérisée par un changement
de la courbure de son profil en aval du col. Ce changement résulte en une dérivée seconde
du profil discontinue, génère un choc interne qui prend naissance au voisinage du col et
qui interagit avec le disque de Mach. Cette interaction donne lieu à une structure en choc
en chapeau [2]. Cette topologie favorise un recollement du jet supersonique sur la paroi
de la tuyère.

Les profils des deux tuyères TIC et TOC (sous forme de points) ont été fournis par le
Laboratoire d’Etude Aérodynamique de Poitiers (LEA Poitiers).

Grâce à la méthode des frontières immergées, le domaine de calcul, pour l’ensemble de


nos simulations, consiste en un simple parallélépipède rectangle composé de six faces. La
géométrie est intégrée dans ce domaine grâce aux méthodes définies dans le chapitre 3.1.
Les dimensions du domaine de calcul sont détaillées dans le tableau A.1. Les conditions
aux limites sont décrites dans le paragraphe 2.4.4.

Simulation Expérience
Longeur Lt + 40 × Re Lt + 160 × Re
Largeur 26 × Re 80 × Re
Hauteur 26 × Re 80 × Re

TABLE A.1 – Dimensions du domaine de calcul. Lt désigne ici la longueur totale de la tuyère
(convergent + divergent) et Re le rayon de sortie du divergent.

On peut constater que les domaines utilisés dans le cas des simulations restent bien
plus petits que les domaines expérimentaux. Cependant ces domaines ne peuvent pas être
pris aussi grand que dans l’expérience pour des raisons évidentes de nombre de points et
de coût de calcul.

L’initialisation de l’écoulement, dans cette étude, correspond aux conditions expéri-


mentales et les vitesses lors de l’initialisation sont toutes imposées égales à 0 (fluide au
repos).
Annexe B

Algorithme Drop-Proc

- Lecture des paramètres géométriques

- Construction d’une famille de triplets (Nblx,Nbly,Nblz)

Candidats de topologie ;
Pour chaque triplet ;
Construction de la topologie usuelle (notamment les voisins !)
Partage, entre les processus de l’utilitaire, des sous-domaines correspondants
et deux possibilités pour chacun des sous-domaines
- soit il est dans le solide, il est inutile, on le retire, on avertit les voisins
- soit il n’est pas ou pas complètement dans le solide, il est conservé

- Renumérotation des sous-domaines conservés

- Mise à jour des informations de voisinage

- Bilan du triplet :

taux d’utilisation, nombre de processeurs conservé par rapport à un nombre imposé


ou visé

- Choix du meilleur triplet

- Utilisation des informations de voisinage sans topologie, pour lancer le calcul

193
194 Chapitre B. Algorithme Drop-Proc

F IGURE B.1 – Principe de la méthode Drop-Procs pour une tuyère plane.


Annexe C

Mésochallenges Equip@Meso 2013

Article publié dans le journal HPC magazine - Edition Octobre 2013.


http ://www.hpctoday.eu/

195
196 Chapitre C. Mésochallenges Equip@Meso 2013

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Chapitre C. Mésochallenges Equip@Meso 2013 197

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198 Chapitre C. Mésochallenges Equip@Meso 2013

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Annexe D

Extrait de la lettre annuelle GENCI 2013

199
200 Chapitre D. Extrait de la lettre annuelle GENCI 2013
Chapitre D. Extrait de la lettre annuelle GENCI 2013 201

EN BREF
Science
à l’honneur avec Equip@meso
Des mésochallenges réussis
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Pleins feux sur le Crihan


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