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« TRANSFORMATION NUMERIQUE ET DIVERSIFICATION

ECONOMIQUE EN AFRIQUE CENTRALE : ENJEUX, DEFIS ET


OPPORTUNITES »

RAPPORT PROVISOIRE
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 4
1.1 Contexte de l’étude ................................................................................................................................... 4
1.2 Objectifs de l’étude ................................................................................................................................... 5
1.3 Méthodologie, plan et limitations de l’étude .......................................................................................... 5
2. GRANDES TENDANCES DE L’ECONOMIE NUMERIQUE AU NIVEAU MONDIAL ET
REGIONAL .................................................................................................................................................... 6
2.1 A propos de l’économie numérique ........................................................................................................ 6
2.2 L’économie numérique au niveau mondial .......................................................................................... 11
2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique ...................................... 11
2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique ....................................... 18
2.3 L’économie numérique au niveau continental ..................................................................................... 20
2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de l’Union
Africaine ................................................................................................................................................ 20
2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en Afrique.... 24
3. ETATS DES LIEUX DE L’ECONOMIE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE ................... 27
3.1 Infrastructures de communications et services numériques .............................................................. 27
3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques ....................................... 27
3.1.2 Infrastructures de communications électroniques ............................................................ 32
3.2 Politiques nationales et sous régionales ................................................................................................ 33
3.2.1 Au niveau national .................................................................................................................. 33
3.2.2 Au niveau sous régional .......................................................................................................... 37
4. OPPORTUNITES ET DEFIS DE L’ECONOMIE NUMERIQUE POUR L’ACCELERATION DE
LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE ET DE L’INDUSTRIALISATION DANS LA SOUS-
REGION ........................................................................................................................................................ 40
4.1 Opportunités ........................................................................................................................................... 40
4.2 Défis……………. .................................................................................................................................... 48
5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS .................................................................................... 52
5.1 Conclusions ............................................................................................................................................. 52
5.2 Recommandations .................................................................................................................................. 53
Annexe 1 : Définition de la terminologie utilisée dans ce rapport ........................................................... 58
Annexe 2. Contribution des TIC à la réalisation des ODD ....................................................................... 60
Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique ......................................................................... 61
Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne en
Afrique …..………………………………………………………………………………………………….61
Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC - ITU Résultats - Enquête 2018........ 63
Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement et leur capacité , CEEAC (années les plus récentes) ...... 64
Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe, CEEAC, 2017 .......................................................... 65

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Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, CEEAC et le


Monde, 2017 .................................................................................................................................................. 65
Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès à internet et
pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur, CEEAC, 2017 .................................................... 66
Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet, CEEAC, 2017 .......................................................... 66
Annexe 11 : Indice du E-commerce, Afrique, 2018 ................................................................................... 67
Annexe 12 : Mobile-cellular basket, Monde, 2017 ..................................................................................... 69

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1. INTRODUCTION

1. Les experts sont de plus en plus unanimes pour affirmer que les technologies de l’information
et de la communication (TIC) occupent une place de plus en plus incontournable dans les sociétés
du XXIème siècle. La transformation numérique induite par les TIC a ainsi contribuer à la croissance
économique, à la création d’emplois directs et indirects, au développement des ressources humaines
et au renforcement des institutions. Dans le cas spécifique de l’Afrique Centrale, il est question dans
cette étude, d’étudier les voies et moyens de mieux tirer profit des opportunités offertes par le
numérique afin d’accélérer le processus de diversification économique et d’industrialisation, et de
s’inscrire dans l’ère de la quatrième révolution industrielle. Telle est la problématique de cette étude
que le Bureau Afrique Centrale de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique
(BSR-AC/CEA) a décidé de mener au bénéfice de ses Etats membres.
1.1 Contexte de l’étude
2. L’Afrique est le continent dont la population connait la plus forte croissance démographique
(soit un taux de croissance annuel de 2,5% contre un taux de 1,12% au niveau mondial), avec une
forte proportion de population jeune. Selon le rapport « La consommation en Afrique - Le marché
du XXIe siècle » du cabinet Deloitte1, plus de 200 millions d’Africains, soit plus de 20 % de la
population totale de jeunes, sont âgés de 15 ans à 24 ans. Il précise que ce chiffre devrait passer à
321 millions d’ici à 2030 et que les jeunes Africains, soit une grande partie de la classe moyenne
émergente, aspireront à un plus grand choix de produits et de services, ainsi qu’à une plus grande
connectivité. L’Afrique devrait devenir le deuxième marché le plus important pour les
investissements des sociétés européennes des biens de consommation.
3. Cette tendance est davantage importante dans le domaine des TIC. En effet, l’Afrique Sub-
Saharienne enregistre le taux le plus élevé de croissance des télécommunications mobiles dans le
monde, avec un taux annuel composé (CAGR) de 6,1%, selon le rapport 2017 de GSMA sur
l’économie du secteur mobile en Afrique Sub-Saharienne2, et cette tendance devrait se poursuivre
sur plusieurs années encore. Quelques pays africains ont innové et sont devenus leaders dans des
domaines spécifiques, à l’instar du Kenya pour ce qui est de la finance mobile avec plus de 2,5
millions de transactions par jour, permettant ainsi une meilleure lisibilité et traçabilité de ces
transactions, un plus grand accès aux services financiers, et plus de transparence, entre autres. En
outre, l’Afrique a le plus grand taux de progression du nombre de consommateurs B2C en ligne sur
la période 2013 – 2018, soit 82% de croissance par rapport à une moyenne mondiale de 50% sur la
même période3, même si le pourcentage de la population ayant effectué un achat en ligne reste encore
l’un des plus faibles, soit 7,1%. Ce développement des TIC est de nature à contribuer à l’atteinte des
ODD, ainsi qu’affirme Houlin Zhao, Secrétaire Général de l’UIT : « Les TIC offrent des possibilités
exceptionnelles pour accélérer les progrès en matière de réalisation des ODD et améliorer la vie
des personnes de façon radicale4 ». Par ailleurs, la sous-région dispose d’un potentiel en ressources

1
https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fpc/Documents/secteurs/consumer-business/deloitte_consommation-
en-afrique_juin-2015.pdf
2
https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download
3
CNUCED (2015) « Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED intitulé : Libérer le potentiel du
commerce électronique pour les pays en développement
4
Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD, ITU Magazine n°3/2017
https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf

4
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4. Pour ce qui est de l’Afrique Centrale, la plupart des pays se trouvent affectés par
l’effondrement des cours des principaux produits de base, dont le pétrole, et font face à des
déséquilibres macroéconomiques importants marqués par un fléchissement de la croissance
économique. Lors de la 33eme session du Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) d’Afrique
Centrale, tenue en 2017 à Douala (Cameroun), à travers le Consensus de Douala, un appel à l’action
a été lancé en direction des acteurs majeurs des secteurs public et privé, pour passer du cercle vicieux
de l’exportation des matières premières non transformées au cercle vertueux de l’ajout de la valeur
aux ressources naturelles, grâce à la diversification et l’industrialisation de leurs économies.
5. La transformation numérique est un pilier clé des
stratégies de diversification économique et
d’industrialisation. En prenant l’exemple du commerce Comment faire de l’internet
électronique, qui s’appuie sur la chaine logistique pour un bien public ?
son développement, il apparait que l’intégration sous
régionale ou encore la zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECAf) sont des cadres
favorables à l’essor de l’économie numérique.
6. Cherchant l’opérationnalisation du Consensus de Douala, la 35eme session du CIE porte sur
le thème « Transformations numériques et diversification économique en Afrique Centrale : enjeux,
défis et opportunités ».
1.2 Objectifs de l’étude

Objectif général :
7. Ce rapport cherche à identifier les voies et moyens en vue de catalyser la transformation
numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités de croissance
et d’emplois en Afrique Centrale.
Objectifs spécifiques :
8. De manière spécifique, il cherche à :
- Faire un état des lieux sur l’économie numérique en Afrique centrale ;
- Analyser les facteurs facilitateurs et ceux qui constituent des freins à son expansion et contribution
à la diversification économique et à l’industrialisation ainsi qu’au processus d’intégration régionale
dans le cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) ;
- Formuler des recommandations d’actions à mettre en œuvre destinées aux Etats membres, aux
Communautés économiques régionales, aux organisations internationales, au secteur privé, aux
universités et aux bailleurs de fonds.

1.3 Méthodologie, plan et limitations de l’étude

9. La méthodologie qui a été adoptée pour cette étude comprend essentiellement la recherche
documentaire et de données secondaires disponibles auprès des organisations nationales, sous
régionales, régionales et internationales spécialisées en la matière. Les indicateurs utilisés sont ceux
qui sont consacrés par l’UIT ou la CNUCED dans le cadre de leurs missions respectives.

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L’élaboration du rapport a bénéficié d’une interaction constante entre le consultant et les experts du
BSR-AC/CEA.
10. Après avoir présenté les grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et
régional, un état des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale est dressé afin de disposer
d’une bonne connaissance de l’existant. L’analyse de l’existant combinée avec les tendances
générales nous a permis de dégager les opportunités et défis pour l’accélération de la diversification
économique et de l’industrialisation dans la sous-région, desquels découleront les conclusions et
recommandations de ce rapport.
11. Cette étude démontre que l’économie numérique se développe rapidement, qu’il s’agisse des
biens et services TIC ou des biens et services fondés sur les TIC et cela se traduit par l’accroissement
de leur taux de pénétration, ainsi que par l’importance accrue qu’occupent ces entreprises dans les
économies nationales. Les technologies numériques améliorent l’efficacité et la productivité des
entreprises, administrations et organisations qui les adoptent en effectuant leur transformation
numérique, en même temps qu’elles facilitent l’inclusion. Elles entrainent des changements profonds
dans la façon de produire, de commercialiser et dans l’organisation du travail, et ont permis
l’apparition de nouveaux modèles d’affaires disruptifs. Elles permettent des créations d’emplois,
mais aussi des destructions d’emplois.
12. Cette tendance générale qui fait du numérique un catalyseur du développement économique,
vaut également pour l’Afrique Centrale. Sur la base de leurs avantages comparatifs et dynamiques,
tout en s’appuyant sur une population ayant une forte proportion de jeunes, les pays de la sous-
région, en fonction de leur particularité, pourront trouver dans ce rapport des pistes de solution pour
passer à des économies plus diversifiées et a une phase d’industrialisation en maitrisant l’usage et le
développement des outils numériques.
13. Ce processus de diversification économique s’appuyant sur le numérique pour la création de
la valeur et des richesses ne peut être opérant que si les défis que ce rapport a dû affronter pour son
élaboration sont levés. Il s’agit essentiellement de la faible disponibilité de statistiques et d’études
portant sur la dynamique de la transformation numérique dans les pays de la sous-région ; le manque
de documents structurants sous forme de politiques et stratégies ; et la faiblesse des institutions de
suivi et d’évaluation. Toute cette armature aurait pu nous aider à mieux évaluer les progrès réalisés
avec les mécanismes et les outils, les leçons apprises avec les réussites et les échecs, le rôle du secteur
privé et des universités, en plus de celui des investisseurs étrangers.

2. GRANDES TENDANCES DE L’ECONOMIE NUMERIQUE AU NIVEAU


MONDIAL ET REGIONAL

2.1 A propos de l’économie numérique

14. L’économie numérique est mondialement reconnue comme étant un vecteur de croissance,
de productivité et de compétitivité des entreprises, des organisations et des pays. Son caractère
transversal fait qu’elle impacte tous les domaines de la vie et les secteurs de l’économie. Il importe
de définir ce concept et ceux qui y sont relatifs pour en circonscrire l’usage par la suite. Une
définition des principaux termes techniques utilisés dans ce rapport apparait en Annexe 1.
15. Définition de l’économie numérique : il n’en existe pas une seule qui soit universellement
reconnue. Nous donnons ci-après celle de la CNUCED. Selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur

6
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l’économie de l’information5, l’économie numérique est caractérisée par son champ d’application de
base qui peut être étroit ou large. Le champ d’application étroit concerne le secteur de la production
télématique et englobent divers services numériques (par exemple, les services des centres d’appel
externalisés) et les services de l’économie des plateformes (par exemple Facebook et Google). Le
champ d’application large comprend l’utilisation de diverses technologies numériques dans
l’exécution d’activités telles que celles menées dans les secteurs des affaires électroniques, du
commerce électronique, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Cette définition est
illustrée par la figure ci-après.

Figure 1 : Représentation
de l’économie numérique
Source : Rapport 2017 de
la CNUCED sur
l’économie de
l’information6

16. Toujours selon la CNUCED et extrait du Rapport sur l’investissement dans le monde 2017 :
« L’investissement et l’économie numérique »7, l’économie numérique est l’application des
technologies numériques fondées sur internet à la production et au commerce des biens et services.
Ladite production et ledit commerce des biens et services sont subdivisés en deux : la production et
le commerce des biens et services TIC et la production et le commerce des biens et services fondés
sur les TIC.

5
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf
6
Idem
7
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2017_overview_fr.pdf

7
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Encadré 1 : Définition de l’économie numérique telle que contenue dans le « Plan stratégique Cameroun
numérique 2020 »

L’économie numérique revêt trois dimensions :


La première, qui est qualifiée de cœur de l’économie numérique, repose notamment sur le
développement des infrastructures de communications électroniques fixes et mobiles large bande,
le développement des secteurs de l’informatique et de l’électronique.
La deuxième dimension regroupe les activités dites de la nouvelle économie, qui sont des activités
nées du développement des TIC et qui découlent directement de l’existence du cœur du numérique,
c’est-à-dire des infrastructures large bande et de l’internet. Les plateformes de services en ligne
en font partie.
La troisième dimension porte sur la transformation des secteurs d’activités, des organisations, des
structures et des usages existants par l’intégration des TIC dans les processus de production et la
gestion de la relation client (e-commerce, e-santé, e-éducation, e-Administration, …). C’est ici
qu’on parle de transformation numérique.

17. La figure suivante donne une composition de l’économie numérique qui permet également
de cerner davantage cette notion. Cette Figure illustration en trois cercles concentriques présente une
nette similarité avec la définition portant sur trois dimensions de l’encadré ci-dessus.

Figure 2 : Composition de l’économie numérique


Source : « l’impact de l’économie numérique, revue Sociétal n°1, 2011 ».

18. Au sein du Système des Nations Unies, la vision en matière de développement de l’économie
numérique au niveau mondial est portée par la Commission «Le large bande au service du
développement durable» créée en mai 2010, qui comprend l’Union internationale des
télécommunications (UIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO) et de hauts dirigeants des secteurs public et privé, ainsi que d’organismes
internationaux et d’organisations qui œuvrent pour le développement. La vision de la Commission

8
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est de « connecter l’autre moitié », partant du fait qu’environ 50% de la population mondiale est
d’ores et déjà connectée sur internet.

Encadré 2: Les sept cibles de la Vision à l’horizon 2025 de la Commission «Le large bande au service du
développement durable»
 D’ici 2025, tous les pays devraient disposer d’un plan ou d’une stratégie au niveau national doté
de financements dans le domaine « du large bande » ou intégrer « le large bande » dans leurs
définitions de l’accès/du service universel.
 D’ici 2025, les services à large bande d’entrée de gamme devraient être rendus financièrement
abordables dans les pays en développement, où ils devront représenter moins de 2% du revenu
national brut mensuel par habitant.
 D’ici 2025, le taux de pénétration du large bande/de l’Internet devrait atteindre: a) 75% à
l’échelle mondiale b) 65% dans les pays en développement c) 35% dans les pays les moins
avancés.
 D’ici 2025, 60% des jeunes et des adultes devraient avoir acquis un niveau minimum de maîtrise
en matière de compétences numériques durables.
 D’ici 2025, 40% de la population mondiale devrait recourir à des services financiers numériques.
 D’ici 2025, l’absence de connexion devrait être deux fois moins importante dans les
microentreprises et les petites et moyennes entreprises.
 D’ici 2025, l’égalité entre les hommes et les femmes devrait être atteinte pour toutes les cibles.
Source : Commission « Le large bande au service du développement durable8».

19. L’Union internationale des télécommunications (UIT) qui est l’organisation des Nations
Unies spécialisée dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC)
a défini en 2018 sa vision pour : « une société de l'information s'appuyant sur un monde
interconnecté, où les télécommunications/technologies de l'information et de la communication
permettent et accélèrent une croissance et un développement socio-économiques et
écologiquement durables pour tous ».
20. Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies où la communauté internationale a fixé 17
objectifs de développement durable (ODD), plusieurs études ont fait ressortir le rôle crucial que
peuvent jouer les technologies numériques. Aussi, selon le Rapport 2017 de la CNCED sur
« L’économie de l’information9 », les TIC, le commerce électronique et d’autres applications
numériques peuvent servir à promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en assurant l’autonomisation
des femmes en tant que chefs d’entreprise et commerçantes (ODD5, cible b), les activités
productives, la créativité et l’innovation, ainsi que la création d’emplois décents. Ils peuvent
également stimuler la croissance des microentreprises et des petites et moyennes entreprises
(MPME) et faciliter leur intégration dans le secteur formel, notamment par l’accès aux services
financiers fondés sur les TIC (ODD 8, cible 3). Il est possible d’utiliser les solutions numériques
pour faciliter l’accès des MPME des pays en développement aux services financiers (paiements en
ligne et par téléphone mobile) et aux marchés (par exemple, en exploitant les possibilités offertes par
les marchés virtuels), ainsi que pour permettre leur intégration aux chaînes de valeur (ODD 9, cible

8
https://broadbandcommission.org/Documents/Translated%20Documents/Targets/Targets2025%20French.pdf
9
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

9
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3). En outre, le commerce électronique va jouer un rôle de plus en plus important dans la réalisation
de l’ODD 17, cible 11 qui vise à accroitre les exportations des pays en développement et doubler la
part des pays les moins avancés dans les exportations mondiales d’ici 2020 (Voir Annexe 2).
21. Selon le dictionnaire du web10, la transformation numérique désigne le processus qui
consiste, pour une organisation, à intégrer pleinement les technologies digitales dans l’ensemble de
ses activités. Ainsi, la transformation numérique est une démarche continue qui consiste en
l’automatisation, par le biais des TIC, des processus internes (production, ressources humaines,
administration et finance), l’utilisation des TIC pour la dématérialisation de la gestion de la relation
client et la désintermédiation, et la réinvention du modèle économique pour se démarquer de ses
concurrents et disposer d’un avantage compétitif. La transformation numérique des entreprises et des
organisations est devenue un enjeu capital. En effet, selon une étude du cabinet McKinsey effectuée
en 2014 intitulée « Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et
de compétitivité pour la France11 », les entreprises qui réussissent leur mutation numérique ont une
augmentation brute potentielle de leur résultat opérationnel de 40% alors que celles qui ne
parviennent pas à s’adapter au numérique courent le risque de voir leur résultat opérationnel baisser
de 20%. Les résultats de cette étude extrapolés dans le contexte africain où l’arrimage au numérique
est plus faible, laissent entrevoir un risque plus grand pour les entreprises dans leur processus de
transformation numérique.
22. La transformation numérique est ainsi, et très souvent, un phénomène disruptif. A titre
d’exemple les plateformes de gestion de la mobilité urbaine, de la finance (Fintech), des assurances
(Insurtech) ou les réseaux sociaux offrant des services de télécommunications traditionnelles (OTT-
Over the top) ont non seulement intégré les TIC dans l’ensemble de leur processus, mais elles ont
innové en mettant en place un modèle économique leur permettant de devancer les concurrents se
trouvant déjà sur le marché. La transformation numérique, telle que définie ci-dessus, ne saurait
donc se limiter à numériser les processus et les outils auparavant utilisés pour faire la même chose
que ce que l’on faisait avant. Il s’agit en effet de réoptimiser l’ensemble du système de production,
des offres et de la relation clientèle en tenant compte des TIC.
23. De manière générale et de plus en plus, la société de l’information est associée à ce qu’il est
convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle ou encore « Industrie 4.0 ». Dans un monde
interconnecté, qui le sera encore davantage dès l’avènement de la technologie mobile 5G, avec en
perspective plus d’abonnements aux télécommunications que d’humains sur la planète, de plus en
plus d’objets connectés (Internet des objets), de gigantesques volumes de données (Big data)
concernant tout (individus, organisations, équipements, services d’éducation ou de santé, etc.) vont
être échangés et traités au moyen de l’intelligence artificielle (IA). C’est l’IA qui est à la base des
systèmes dits intelligents qui ont donné lieu à des innovations majeures comme la voiture autonome,
la reconnaissance vocale ou la vision intelligente. L’importance des données dans l’économie
numérique est telle qu’elles sont qualifiées de nouvel « or noir » en comparaison au rôle joué
antérieurement par les hydrocarbures dans l’économie.
24. Il est tout à fait indiqué d’examiner les facteurs qui sont à la base des progrès continus que
connait le développement de l’économie numérique, à savoir les drivers. Selon le rapport intitulé

10
https://www.1min30.com/dictionnaire-du-web/transformation-digitale-numerique
11
https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Locations/Europe%20and%20Middle%20East/France/Our%20Insigh
ts/Accelerer%20la%20mutation%20numerique%20des%20entreprises/Rapport_Accelerer_la_mutation_numerique_de
s_entreprises.ashx

10
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« Le Regard : analyse des drivers de l’économie numérique12 » du Cabinet Mawensi Partners,


l’économie numérique de demain est tirée par cinq drivers : le réseau, les usages, l’accès, la
régulation et business model, et l’évolution de l’écosystème. Ces cinq drivers sont interdépendants à
travers un processus vertueux qui fait que le développement de l’un entraine celui des autres.

Figure 3 : Les cinq drivers de l’économie numérique


Source : « Le Regard, Mawensi Partners, 2013 »

25. Les services et les usages (e-santé, e-éducation, e-gouvernement, e-sécurité, e-finance, etc.)
se développent grâce aux innovations de l’IA qui devient un enjeu principal de la recherche &
développement de ce 21e siècle, comme l’a été par exemple la recherche spatiale. Cette importance
est telle que les Ministres des TIC et de l’innovation du G7ont adopté, au cours de leur réunion en
2017, une déclaration au sujet de l’IA dans laquelle ils ont exprimé une vision de l’IA centrée sur
l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique et se sont engagés à investir dans la
R-D de base et la R-D appliquée précoce en vue de produire des innovations en IA, et soutenir
l’entrepreneuriat en IA.

2.2 L’économie numérique au niveau mondial

2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique


26. Telle que précédemment définie, l’économie numérique renvoie à la production et au
commerce des biens et services TIC, ainsi qu’à la production et au commerce des biens fondés sur

12
https://www.mawenzi-partners.com/publication/Le-Regard-Mawenzi-Partners--5---Drivers-du-num--rique.pdf

11
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les TIC. Dans la chaine des valeurs, les équipementiers télécom et réseaux qui conçoivent et
fabriquent les composants, matériels et logiciels (terminaux, centraux, routeurs, passerelles, répéteur
de transmission, etc.) viennent en premier, suivis par les opérateurs de télécommunications fixes,
mobiles et d’internet, puis les fournisseurs de services et autres plateformes complètent la chaine
(La chaine des valeurs complète de l’économie numérique est jointe en Annexe 3).
27. Pour ce qui est des biens TIC (ordinateurs personnels (PC) et smartphones), les récentes
tendances montrent que les ordinateurs personnels, toutes catégories confondues (de bureau ou
portables, bureautiques) ont vu leur vente décliner de 3,6 % au troisième trimestre 2017 (juin à
septembre) par rapport à la même période en 2016, selon le cabinet Gartner. Ainsi, seulement
67 millions d'unités se sont écoulées en 2017, contre 69,5 millions d’unités en 2016. Il s'agit là du
12e trimestre consécutif de baisse des ventes. En revanche, selon le cabinet IDC13, les ventes de
Smartphone dans le monde en nombre d’unités, se sont accrues de manière soutenue, de 2011 à 2016,
avant de connaitre un léger ralentissement par la suite. Il y a lieu de noter que six équipementiers
seulement détiennent 75% des parts de marché. Durant toute cette période, leur chiffre d’affaires a
constamment augmenté, malgré le léger repli, en termes d’unités vendues. En début de la période
considérée, c’est-à-dire en 2011, Nokia était le numéro un mondial, mais il ne figure plus parmi les
leaders du domaine. Samsung a pris la 1ère place depuis 2012, et se démarque de ses concurrents par
les innovations ; la dernière en date étant le smartphone pliable.

1,600.00

1,400.00

1,200.00

1,000.00

800.00

600.00

400.00

200.00

0.00
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Graphique 1 : Evolution des ventes totales de smartphone dans le monde (en millions d’unités) de 2011 à 2018
Source : Cabinet IDC.

28. Pour ce qui est des services TIC, et notamment des activités de fourniture des services de
télécommunications fixes et mobiles, et d’internet dans le monde, plusieurs indicateurs sont utilisés
dont i) le taux de pénétration du téléphone fixe, du téléphone mobile, du téléphonie mobile large
bande, ii) le pourcentage de foyers disposant d’un ordinateur, iii) le pourcentage de foyers ayant un
accès internet à domicile et iv) le pourcentage d’individus utilisant l’internet. De manière générale,
le taux de pénétration des télécommunications fixe décline, alors que celui du mobile et de l’internet

13
https://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-ventes-de-mobiles-et-de-smartphones-39789928.htm

12
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

est en hausse. Ces taux, qui constituent en fait des moyennes mondiales, masquent les disparités
énormes existant entre les pays développés et ceux en développement.

120.0
Taux de pénétration du
100.0 téléphone fixe
Taux de pénétration du
80.0 téléphone mobile
Taux

Taux de pénétration du
60.0
moblie large bande
Pourcentage de foyers ayant
40.0
un ordinateur

20.0 Pourcentage de foyers ayant


un accès internet

- Pourcentage de parsonnes
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 utilisant internet
Année

Graphique 2 : Evolution de 2011 à 2018 du taux de pénétration du téléphone fixe, mobile, mobile large bande et
d’internet
Source : Extrait de la base de données ICTEYE de l’UIT14

29. Les services fournis au sein de l’écosystème de


l’économie numérique sont divers et variés, et en
constituent le principal driver. Les plateformes (e-mail, e-
commerce, musique, vidéo, réseau social, service télécom et
informatique) connaissent un essor phénoménal et tirent
vers le haut le développement des réseaux dont elles
siphonnent en partie les revenus (OTT). Certaines de ces
plateformes telles que les GAFAM (Google, Apple,
Facebook, Amazon et Microsoft) ont vu leurs chiffres
d’affaires (CA) exploser (326 milliards de dollars US de CA
en 2014, soit l’équivalent du PIB du Danemark, 35è
puissance économique mondiale). Elles occupent une
position dominante sur le marché, après avoir racheté leurs concurrents, innové ou développé une
politique commerciale offensive. Leur croissance est telle que, parmi les plus dix grandes
capitalisations boursières, leur nombre est passé de deux (à un moment les entreprises pétrolières
dominaient) à six de 2011 à 2018. Le graphique suivant montre que les principales capitalisations
boursières en 2011 étaient constituées de sociétés pétrolières telles que Exxon mobil, Petrochina ou
Petrobras, mais qu’en 2018, elles ont toutes cédées la place aux GAFAM.

14
https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

13
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2011

MICROSOFT
CHEVRON Coorp
ROYAL DUTCH SHELL
CHINA CONSTRUCTION BANK
BHP Billiton
PETROBRAS
INDUSTRIAL&COMMERCIAL BANK of CHINA
APPLE Inc,
PETROCHINA
EXXON Mobil

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

Capitalisation boursière en milliards de $ en 2018

Jonhson&Jonhson
JPMorgan&Chase
FACEBOOK
ALIBABA
BERSHIRE HATHAWAY
TENCENT
AMAZON
MICROSOFT
ALPHABET (ex GOOGLE)
APPLE Inc.

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

Graphique3 : Comparaison du domaine des principales capitalisations boursières entre 2011 et 2018
Source : magazine FORTUNE via le site web15

30. Pour ce qui est des services fondés sur les TIC, malgré le manque de statistiques officielles
tel que souligné dans le rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED
« Numérisation, commerce et développement16 », nous pouvons souligner les évolutions, par
exemple, de L'e-Gouvernement. L'utilisation des technologies de l'information et de la
communication (TIC) par les administrations publiques pour rendre les services publics accessibles
à leurs usagers et pour améliorer leur fonctionnement interne, voire les repenser pour améliorer la
transparence ainsi que la productivité de l'administration et des services rendus, est un aspect
important pour apprécier le développement de l’économie numérique. En fait, il s’agit de rendre les
informations au sein des administrations disponibles et accessibles en ligne, de délivrer des services
directement en ligne (obtention d’autorisations et de permis divers tels que le permis de conduire, le
permis de bâtir, les visas ou la déclaration et le paiement des impôts) ou de rendre ces services publics

15
https://www.journaldunet.com/management/direction-generale/1159250-entreprises-les-plus-riches-du-monde/
16
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

14
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

plus accessibles. Le graphique ci-après montre comment, de par le monde, les administrations
publiques ont de plus tendance à utiliser les TIC dans leur relation avec les citoyens.

Pour les pays développés,


le secteur du numérique
représente en moyenne
6% du PIB

Graphique 4 : Pourcentage des Gouvernements (%) ayant des sites web, avec des services utilisés, y compris par les
couches vulnérables de la population.

L’économie numérique est à la base de la 4e révolution industrielle.


Comme les trois autres révolutions qui l’ont précédée, aucun pays ne saurait rester en marge.
31. L’économie numérique impacte la vie des citoyens, des entreprises, des administrations et
autres organisations en favorisant le tissage de liens sociaux, en minimisant les coûts et les délais, en
élargissant l’accès aux marchés, et en simplifiant et dématérialisant les procédures administratives.
Au niveau macro-économique, la contribution des TIC et du numérique au PIB permet de chiffrer
leur apport. Des études ont d’ailleurs montré que la croissance du numérique et la croissance du PIB
sont positivement corrélées. De même, avec la réduction des coûts et des délais, on arrive à accroitre
la productivité du travail et la rentabilisation du capital.

Graphique 5 : Poids du secteur des TIC dans le PIB pour les pays de l’OCDE en 2013
Source : OCDE 2015 « Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE »17

17
https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/perspectives-de-l-economie-numerique-de-l-
ocde_9789264243767-fr#page48

15
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

32. En ce qui concerne les entreprises, l’automatisation des processus et des moyens de
production et de commercialisation accroit leur productivité. Le rapport sur le développement dans
le monde 2016 du Groupe de la Banque Mondiale « Les dividendes du numérique18» précise que les
technologies numériques augmentent la productivité du capital humain et la rentabilité dans la quasi-
totalité des secteurs de l’économie. Il illustre cela par l’exemple du Viêt-Nam où les entreprises qui
font le commerce en ligne ont une productivité totale des facteurs supérieure de 3,6 points à celle des
entreprises qui n’en font pas.
33. Pour ce qui est de la création d’entreprises et d’emplois, deux effets sont enregistrés : D’un
côté on observe une création d’emplois et de l’autre leur destruction et redistribution. La création
d’entreprises et d’emplois est entrainée par l’innovation et la disruption qui sont au centre des progrès
de l’économie numérique. Selon le même rapport sur « Le développement dans le monde 2016 » du
Groupe de la Banque Mondiale19, dans les pays en développement, le secteur des TIC n’emploie en
moyenne que 1 % environ de la population active alors que dans les pays de l’OCDE, environ 3 à 5
% des emplois sont dans ce secteur, ce qui est faible en comparaison de leur poids global dans
l’économie. Cependant, une création d’emploi dans le secteur des TIC crée d’autres emplois dans
d’autres secteurs à cause de ses effets multiplicateurs et dynamisant. En outre, de nouvelles
opportunités de création d’entreprises et d’emplois indépendants s’ouvrent rapidement dans
l’économie numérique. Il s’agit très souvent d’emplois de haute technicité nécessaires pour la
conception et la production de solutions logicielles et matérielles adaptées. Pour les pays et régions
disposant d’une main d’œuvre qualifiée et bon marché, l’externalisation (à l’instar des centres
d’appels) est une source de création d’emplois non négligeable.
34. En revanche, la plupart des emplois manuels et les
tâches répétitives et routinières (secrétaires et employés de
bureau, techniciens de fabrication ou de réparation,
caissiers, chauffeurs, gardiens, etc.) risquent d’être
supprimés. Or ce type d’emplois étant habituellement peu
rémunéré et exercé par ceux ayant de faibles
qualifications, il y a des risques de pertes d’emplois. Bien
plus, grâce aux avancées de l’intelligence artificielle et de
la robotique, certaines activités intellectuelles (traducteur,
conseil juridique ou fiscal, etc.) pourront être
automatisées, entrainant ainsi de possibles suppressions
d’emplois.
35. Les experts considèrent globalement que les
créations d’emplois pourront largement compenser les
pertes si des dispositions appropriées sont prises, car on assiste moins à une destruction qu’à une
redistribution des emplois. Selon le rapport 2017 du cabinet McKinsey & Co « Jobs lost, jobs
gained : work-force transitions in a time of automation20 » d’ici 2030, ceux-ci peuvent atteindre soit
800 millions d'emplois humains, 400 millions d’emplois humains ou 10 millions d’emplois humains,
selon que le rythme de transformation soit élevé, moyen ou lent. Malgré ces pertes d’emplois, ce
même rapport prévoit qu’il y aura une croissance de la demande de travail et par conséquent une

18
http://documents.worldbank.org/curated/en/527621468195004729/pdf/102724-WDR-WDR2016Overview-
FRENCH-WebResBox-394840B-OUO-9.pdf
19
Idem
20
https://www.mckinsey.com/

16
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

création d’emplois nouveaux liée à la transformation numérique estimée entre 555 millions et 890
millions d’emplois créés, soit des valeurs largement supérieures au nombre de destruction d’emplois,
et quelle que soit l’hypothèse considérée.
36. La figure ci-jointe extraite du Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED
« Numérisation, commerce et développement21 » donne quelques indicateurs de mesure de
l’économie numérique.

Figure 4 : Quelques indicateurs de mesure de l’économie numérique


Source : Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce et développement » 22

21
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf
22
https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf

17
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique


37. Les défis de l’économie numérique au niveau mondial sont multiples. Un des premiers défis
est celui de la fracture numérique qui peut être associé à des facteurs tels que l’accès, le prix, l’âge,
la langue, la bande passante, le genre, le lieu, la disponibilité des contenus ou des usages utiles. Ainsi,
en 2018, 31% de la population mondiale (Voir Graphique 2 plus haut) n’avaient pas accès au mobile
large bande. La fracture numérique liée à l’accès sera plus large avec l’arrivée de la téléphonie mobile
5G qui véhicule des débits importants et impose l’utilisation de backbone à fibre optique.

La 5G permet de transporter plus rapidement un volume considérable de données, de connecter de


manière fiable un très grand nombre de dispositifs et de traiter de très gros volumes de données en
un temps record, et devrait connecter les personnes, les objets, les données, les applications, les
systèmes de transport et les villes dans des environnements de communications en réseau intelligent.
La 5G devrait prendre en charge des applications telles que les domiciles et bâtiments intelligents,
les villes intelligentes, la vidéo 3D, le travail et les jeux dans le « nuage » (Cloud), la chirurgie à
distance, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que les communications massives de machine à
machine pour les systèmes d'automatisation industrielle et les voitures autonomes, autant de services
que les réseaux 3G et 4G ont actuellement des difficultés à prendre en charge.

38. Un autre défi est celui des ressources humaines. En effet, comme l’innovation est au centre
des progrès de l’économie numérique, il s’agit de disposer d’une masse critique de ressources
humaines bien formées et en permanence renouvelées et de disposer d’établissements et centres de
recherche de pointe. En outre, selon le rapport de l’OCDE publié en 2019 « Comment va la vie à
l’ère du numérique ? Opportunités et risques de la transformation numérique pour le bien être des
individus23 », les technologies numériques font courir à la société un risque majeur de creusement
des inégalités entre les personnes qui disposent des compétences adéquates pour les utiliser et celles
qui en sont dépourvues.
39. Le secteur du numérique, du fait de la demande en bande passante résultant de
l’accroissement du volume de données, a connu une progression du coût des investissements de
2014 à 2016, de l’ordre de 4% dans le monde et cette tendance va se maintenir dans les années à
venir. Le défi du financement des infrastructures de communications électroniques et services
numériques se pose pour accompagner les mutations technologiques qui pointent déjà et celles à
venir (5G, IA, robotique ...).
40. Etant donné que l’ensemble des processus de gestion de l’appareil de production, des
ressources humaines et financières, ainsi que les relations de l’entreprise avec les fournisseurs et les
consommateurs, s’appuie sur l’utilisation des TIC et qu’aucune technologie n’est sure à 100%, les
cybermenaces constituent un risque important et des mesures de protection pour y faire face
(cybersécurité) s’imposent. Les vulnérabilités des technologies numériques peuvent découler de leur
faible robustesse, du non-respect des procédures, de la mauvaise gestion des incidents, de
l’insuffisance de contrôle ou de l’inadaptation des ressources humaines, et donner la porte ouverte à

23
https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/how-s-life-in-the-digital-age/summary/french_9ae7e081-
fr#page2

18
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

des cyberattaques. Un autre type de risque existe ayant trait aux problématiques de sécurité liées aux
cyber harcèlements et aux failles de sécurités numériques.

41. Un environnement politique, légal et réglementaire propice est nécessaire et la mise en


place d’un tel environnement est le principal défi dans la mesure où il conditionne les autres. Ce
nouvel environnement devrait prendre en compte le changement de paradigme dans l’écosystème
mondial de l’économie numérique, où on est passé d’un modèle de développement basé sur les
technologies vers un nouveau modèle centré sur les logiciels/applications, services et usages.

Encadré 3 : Le programme e-Rezeki de formation à l’auto entrepreneuriat en Malaisie

Pays d’Asie du sud-est d’une superficie de 329750 km2 pour 31 millions d’habitants, la Malaisie est
classée parmi les meilleurs du monde dans le domaine de l’économie numérique. Le programme e-
Rezeki donne une vue de ce qui est fait là-bas. Il est disponible dans les centres de formation à travers
le pays, et a pour objectif d'aider les personnes qui font partie des 40% de ménages les plus pauvres
dont les revenus mensuels sont inférieurs à 4 000 MYR (environ 950 USD), à compléter leurs revenus
en trouvant un emploi en ligne. Il aide également les personnes qui jusque-là ne disposaient d'aucune
expérience en ligne à acquérir des compétences numériques de base. Il propose trois grands axes de
travail : les micro-tâches numériques, telles que l'extraction de données ou la modération de photos
; les tâches numériques, telles que la fourniture de services commandés en ligne ; et le travail
numérique, tel que celui réalisé par les graphistes ou les assistants virtuels.
En juillet 2017, le programme comptait 23 000 utilisateurs actifs et 150 000 personnes enregistrées
sur la plateforme. Le Gouvernement prévoit 200 centres en activité dans tout le pays en fin 2017. En
2016, 17,8% du PIB national malaisien reposait sur l'économie numérique, selon les chiffres du
Gouvernement. Il subsiste toutefois une division en matière de développement socioéconomique
entre le milieu urbain et le milieu rural. L'une des mesures prises consiste à faire en sorte que tous
les Malaisiens maîtrisent les TIC et que chaque Malaisien ait au moins accès à l'Internet de base,
ainsi que des connaissances en Internet de base.
Grâce à l'accès à l'Internet et aux actions de formation que proposent les centres Internet ruraux gérés
par l'Etat, les entrepreneurs locaux malaisiens renforcent leur présence en ligne et en récoltent les
bénéfices.
Ces centres de formation sont répartis un peu partout en Malaisie et forment les gens à la recherche
d'emploi en ligne. En 2016, 150 000 utilisateurs enregistrés ont gagné 17 millions MYR (près de 4
millions USD) grâce à ce programme. Sachant qu'une portion considérable des écoliers d'aujourd'hui
va occuper des emplois qu'il faut encore créer, les nouveaux programmes d'acquisition de
compétences numériques tels que celui-ci, seront importants pour préparer la force de travail de
demain.
Source : ITU news magazine N°3/2017 « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD1 »

19
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

2.3 L’économie numérique au niveau continental

2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de


l’Union Africaine

42. Pour bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant
une force dynamique sur la scène mondiale, l’Union Africaine a adopté l’Agenda 2063, cadre de
référence qui établit les priorités pour le développement du continent. Cet Agenda fixe les aspirations
de l’Afrique pour 2063 qui sont axées sur 7 points à savoir : une Afrique prospère fondée sur une
croissance inclusive et un développement durable ; un continent intégré, politiquement uni, basé sur
les idéaux du panafricanisme et sur la vision de la renaissance de l’Afrique ; une Afrique où règnent
la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’état de droit ;
une Afrique pacifique et sécurisée ; une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de
valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ; une Afrique où le développement est axé sur les
populations et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ; et une Afrique, en tant
qu’acteur et partenaire fort, unie et influente sur la scène mondiale.
43. Pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063, en s’appuyant sur les technologies numériques,
l’Union Africaine s’est dotée en avril 2015, d’une vision ainsi formulée : « Les TIC : un continent
égal au reste du monde en tant que société de l’information, une économie en ligne intégrée où tous
les Gouvernements, les entreprises et les citoyens ont accès à des services de TIC fiables et
abordables, grâce à une augmentation de la pénétration du haut débit, de la connectivité à haut débit
de 20 points de pourcentage et de la fourniture d’accès aux TIC aux enfants dans les écoles, et de
capitaux risque aux jeunes entrepreneurs et innovateurs dans le domaine des TIC24 ».
44. Une autre institution panafricaine, l’Alliance Smart Africa s’est donnée pour vision de
« Transformer l’Afrique en un marché numérique unique ». Cette vision repose sur les principes
suivants : placer les TIC au centre de l’agenda national de développement socio-économique ;
donner la priorité au secteur privé, améliorer l’accès aux TIC, en particulier au haut débit ; améliorer
la responsabilité, l’efficacité, et l’ouverture grâce aux TIC et tirer parti des TIC pour promouvoir le
développement durable.
45. L’économie numérique présente de nombreuses opportunités pour l’Afrique. En effet, des
produits comme la conception et du développement des applications, l’intelligence artificielle ou le
traitement des données à grande échelle (Big data) demandent peu d’investissements en équipements
ou matériels, car nécessitant seulement un ordinateur muni de langages de programmation, et repose
essentiellement sur la matière grise, ce qui met les africains pratiquement au pied d’égalité avec les
autres pays (dans le cas où le déficit qualitatif et quantitatif en ressources humaines est résorbé)
pour le développements de solutions logicielles innovantes adaptées à leurs besoins.
46. Des exemples concrets existent qui démontrent bien l’impact positif de l’économie
numérique dans notre continent. Elle peut permettre d’améliorer sensiblement le ratio recettes
publiques / PIB du continent, donnant ainsi la possibilité de financer de manière adéquate les
programmes de développement nationaux cruciaux. Afin d’améliorer les recettes publiques, par
exemple, le Rwanda a augmenté la collecte de ses recettes de 6% du PIB en introduisant la fiscalité
électronique et l’Afrique du Sud a utilisé les paiements d’impôts en ligne pour réduire de 22,4% les

24
Union Africaine, « Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons »
https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/agenda2063f.pdf

20
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

coûts de mise en conformité tout en réduisant de 21,8% le délai de conformité à la taxe sur la valeur
ajoutée. Le Kenya est pionnier dans le domaine du mobile money avec son produit M-Pesa.
Encadré 4 : Vers l’inclusion financière avec le mobile money M-Pesa au Kenya

M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili) est un système de paiement et de transfert
d'argent par téléphone mobile, lancé en 2007 par Safaricom au Kenya. M-Pesa permet aux
utilisateurs en possession d'une carte d'identité ou d'un passeport de déposer, retirer et transférer
aisément de l'argent grâce à un téléphone portable. Ce service s’adosse sur un compte stocké sur
leur téléphone portable, et est exploité au moyen de SMS sécurisé par un numéro d'identification
personnel (PIN) et utilisant les codes USSD. Il permet de déposer et retirer de l’argent, de transférer
de l’argent à d'autres clients ou à des personnes non-clientes, de payer des factures, d’acheter des
crédits de communication, de transférer de l’argent entre le service M-Pesa et un compte bancaire
(dans certains pays seulement, dont le Kenya), de faire de l’épargne et d’obtenir des crédits.
M-Pesa s'est développé rapidement et, depuis 2010, est devenu le service financier par téléphone
portable ayant le mieux réussi dans les pays en développement. Ce service permet une meilleure
lisibilité et traçabilité des transactions et permet ainsi de lutter efficacement contre la corruption. Il
a aussi contribué à réduire la criminalité dans des sociétés largement basées sur les échanges
d'argent liquide.
La croissance du service est devenue phénoménale. En novembre 2014, les transactions de M-Pesa
pour les onze premiers mois de 2014 ont été évaluées à 2 100 milliards KES, en croissance de 28
% par rapport à 2013, ce qui représente presque la moitié du PIB du pays.
Le succès repose notamment sur le réseau d'agents qui forme un maillage serré de 60 000 petits
commerces pour qui être agent M-Pesa apporte un complément de revenus apprécié.
Depuis le 19 novembre 2014, Safaricom propose une application Android pour M-Pesa.
La pénétration de M-Pesa chez les clients de Safaricom est proche de 90 %. Au troisième trimestre
de l’année 2018, 730,2 millions d'opérations et près de 19,6 milliards de dollars ont transité via ce
processus dans le pays, représentant une progression de 19,45 % par rapport à l'année précédente.
Cet essor est notamment lié au taux de pénétration du mobile de l’ordre 100 % et de
l'interopérabilité mise en place en avril 2018, permettant à un client M-Pesa d'envoyer ou de
recevoir de l'argent en temps réel sur un compte d’un autre opérateur, grâce à un accord entre les
opérateurs de télécommunication, lequel garantit l'interaction entre les six plateformes de transfert
d'argent mobile que compte le pays.
Une autre explication du succès de M-Pesa repose sur le rôle des régulateurs, qui ont autorisé le
lancement du service, malgré le lobbying intense des banques et d’autres groupes pour l’empêcher.
Quand M-Pesa est arrivé, il n’y avait aucune réglementation sur le transfert d’argent via le téléphone
mobile, mais les autorités kényanes lui ont permis de fonctionner.
Source : Article Jeune Afrique « Mobile money : une success story nommée M-Pesa1 »

47. Le continent commence à monter son armature institutionnelle et règlementaire afin de


faciliter l’émergence et l’expansion, a moindres risques, de l’économie digitale sur notre continent.
En effet, l’Union Africaine dispose d’un portefeuille de projets portant sur l’harmonisation de
plusieurs instruments. Il y a lieu de citer la Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et
la protection des données personnelles (adoptée en juin 2014 à Malabo et élaborée par la CEA à la
demande de l’UA). S’agissant des projets d’ordre opérationnel, la mise en place de points d’échanges

21
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

internet nationaux et régionaux est réalisée sous la bannière du projet AXIS (African Internet
eXchange System).
48. Cependant, le continent fait face à plusieurs défis. En effet, il est évident que la réussite de
projets dans la société de l’information et du savoir dépend fortement de la qualité des ressources
humaines. Les compétences dans le domaine du numérique sont devenues indispensables car les
outils TIC sont multiples et changent sans cesse. L’UIT a classé les différentes compétences en
trois catégories:
- Les compétences opérationnelles pour exploiter les outils numériques,
- Les compétences de gestion de l’information,
- Les compétences de création de contenus et sociales.
49. Les compétences les plus pointues s’acquièrent dans les facultés et écoles d’ingénieurs,
lesquelles doivent travailler étroitement avec les centres de recherche pour promouvoir l’innovation.
Cependant, le graphique ci-après montre que l’Afrique est la région du monde ayant le moins de
compétences numériques.

Graphique 6 : Pourcentage de la population ayant des compétences numériques dans les différentes régions du monde,
2017
Source: UIT, « Measuring the information society report, 201825 ».
50. La plupart des pays, quels que soient leurs niveaux de revenus, misent sur les STEM (Science,
Technology, Engineering & Mathematics) et sur la recherche et l’innovation pour stimuler leur
croissance économique durable et favoriser leur développement. Un des indicateurs pour mesurer les
efforts fournis dans ce domaine est la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) qui
correspond aux travaux de recherche et développement (R&D) exécutés sur le territoire national
quelle que soit l'origine des fonds. Une partie est exécutée par les administrations publiques, l'autre
par les entreprises. Cet indicateur prend en compte les dépenses courantes (masse salariale des
personnels de R&D et dépenses de fonctionnement) et les dépenses en capital (achats d'équipements
nécessaires à la réalisation des travaux internes à la R&D et opérations immobilières réalisées dans
l'année). L’UNESCO a publié en 2015 « Le rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030 26» qui
indique la DIRD en pourcentage du PIB, par pays pour l’année 2011. Avec des valeurs qui varient
de 0,01 à 1,06, le rapport souligne le fait que, bien que la part de l'Afrique Sub-Saharienne dans la

25
https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf
26
https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

22
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

population mondiale ait gagné un point de pourcentage entre 2007 et 2013, son PIB n'a augmenté
que de 0,3 % et sa dépense brute en R&D (DIRD) n'a progressé que de 0,1 %.

Tableau 1 : DIRD par pays pour l’année 2011

Source : « Le rapport de l’UNESO sur la science, vers 203027 » 2015

51. Nous allons aussi illustrer les efforts déployés dans la recherche et développement par le
graphique ci-après qui indique le nombre de chercheurs en Afrique Sub-Saharienne par millions
d’habitants. Il montre que le nombre de chercheurs par millions d’habitants en Afrique Centrale varie
de 31 (en RCA) à 350 (au Gabon), soit des valeurs nettement faibles par rapport à celle du Sénégal
(631) ou de l’Afrique du Sud (818).

Graphique 7 : Nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions d’habitants, en 2013 ou année la plus proche

27
https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf

23
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Nombre de chercheurs par millions d'habitants


900
800
700
600
500
400
300
200
100
0

Source : « Rapport sur la science, vers 203028 » 2015, UNESCO

52. Pour booster la recherche et l’innovation,


plusieurs pays s’appuient sur les pôles technologiques,
ou des smart city, à l’exemple de la Silicon Savannah au
Kenya, (le pendant africain de la Silicon Valley) qui fait
partie de la Konza Technology City (KTC)29. La KTC est
un espace de 2000 hectares, situé à 60 km au sud de la
capitale Nairobi et a pour objectif de créer 20 000
emplois en cinq ans et dix fois plus à partir de 2030. Elle
devrait être aménagée pour accueillir un véritable
écosystème de startups, d’investisseurs et de chercheurs. Le développement de Konza Tecnology
City pourrait coûter entre 10 et 14,5 milliards de dollars, dont 5% financés par le Gouvernement du
Kenya. Le reste sera à la charge d’acteurs privés, qui loueront les terrains au Gouvernement Kenyan
en contrepartie d’avantages fiscaux. D’autres indicateurs peuvent également être utilisés tels que le
nombre d’écoles d’ingénieurs (ou universités) et centres de recherche (Voir Annexe 4).

2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en


Afrique

53. Dans le domaine de l’économie numérique, il est primordial que les communications,
échanges et transactions soient fluides et sures. Cependant, les vitesses de transmissions de données
et de téléchargement des fichiers en Afrique sont les plus bas, comparés aux autres régions du monde.

Graphique 8 : Evolution de la vitesse de téléchargement, des abonnements au fixe et mobile large bande, ainsi que des
dépenses en capital, de 2014 à 2016

28
https://fr.unesco.org/Rapport_UNESCO_science/Afrique
29
http://www.konzacity.go.ke/

24
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Source: « Measuring the information society report30 », 2018, UIT

54. Un autre paramètre de mesure de performance du réseau internet qui demeure le réseau le
plus utilisé est la bande passante internationale dont dispose en moyenne chaque utilisateur pour son
trafic, exprimée en kbits/s par utilisateur internet. Le graphique suivant montre que cette bande
passante internationale est de loin la plus faible en Afrique.
Graphique 9 : Répartition de la bande passante internationale par utilisateur internet, régions du monde, 2017

Source: « Measuring the information society report31 » 2018, UIT

55. La sûreté peut être évaluée à partir de l’indice global de cybersécurité qui agrège la robustesse
sur les cinq piliers suivants: légal, technique, organisationnel, de ressources humaines et de
coopération. Selon le rapport 2017 de l’UIT, le score obtenu par la région Afrique sur chacun des
cinq piliers est le moins bon par rapport aux autres régions du monde, même si quelques pays
africains (Ile Maurice, Rwanda et Kenya) sortent du lot et ont des scores tout à fait acceptables.
Tableau 2 : Mesure de l’indice global de cybersécurité dans les régions du monde sur chacun des cinq piliers

30
https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf
31
Idem

25
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

RENFORCEMENT
REGION LEGAL TECHNIQUE ORGANISATIONNEL COOPERATION
DE CAPACITES

AFRIQUE 0,29 0,18 0,16 0,17 0,25


AMERIQUE 0,4 0,3 0,24 0,28 0,26

ARABE 0,44 0,33 0,27 0,34 0,29

ASIE-PACIFIQUE 0,43 0,38 0,31 0,34 0,39


CEI 0,58 0,42 0,37 0,38 0,4
EUROPE 0,62 0,61 0,41 0,5 0,47
Source : Rapport « Global cyber-security index32 » de l’UIT, 2017

Un accroissement de 1% du secteur du numérique entraine un accroissement du


PIB de 0,13%.

56. L’impact positif du numérique à la formation du PIB ou dans la création d’emplois est attesté
par diverses études et cela est valable pour toutes les régions du monde. Dans « Measuring the
information society report » publié par l’UIT en 2018, il y est mentionné qu’un accroissement de 1%
du secteur du numérique entraine un accroissement du PIB de 0,13%. Dans notre cas, vu les limites
en termes d’informations nous allons nous servir des données du secteur du mobile (dont les données
sont disponibles) pour estimer son impact sur le PIB. Le graphique ci-après donne la contribution du
secteur mobile au PIB en Afrique Sub-Saharienne.
Graphique 10: Contribution du secteur mobile au PIB, pourcentage du PIB (%), Afrique Sub-Saharienne, 2014 - 2020
10.00%
9.00%
8.00%
7.00%
6.00%
5.00%
4.00%
3.00%
2.00%
1.00%
0.00%
2014 2015 2016 2017 2018 2020*

2020*: valeur estimée

Source : Rapports GSMA « L’économie du secteur mobile - Afrique subsaharienne33 34»

L’E-commerce offre une opportunité aux consommateurs des régions moins bien desservies la
possibilité d’avoir accès à un large choix de produits à des prix compétitifs par l'intermédiaire des
nouvelles technologies numérique. Il existe aujourd’hui un nombre considérable de startups

32
https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/str/D-STR-GCI.01-2017-R1-PDF-E.pdf
33
https://fr.readkong.com/page/l-economie-mobile-de-l-afrique-subsaharienne-2013-9377219?p=1
34
https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

26
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

impliquées dans l’E-commerce en Afrique centrale, notamment au Cameroun (12), RDC (5), et au
Gabon (1). Avec la plateforme Africaine d’E-commerce JUMIA, qui a récemment été cotée à la
NYSE, les perspectives sont prometteuses pour ce secteur et son potentiel, notamment en termes de
création d’emplois et de la valeurs ajoutées.

3. ETATS DES LIEUX DE L’ECONOMIE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

3.1 Infrastructures de communications et services numériques


3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques

57. Les services sont regroupés en services de téléphonie fixe et fixe large bande, services
mobiles et mobiles large bande, l’accès à internet et les services numériques. Le graphique suivant
donne le taux de pénétration de la téléphonie fixe et celui de la téléphonie fixe large bande pour les
onze pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont extrêmement bas (de 0 à 4%), et ont une
moyenne sous régionale respective de 0,87% (Taux de pénétration du téléphone fixe) et 0,18% (Taux
de pénétration de pénétration du large bande). Ces taux sont inférieurs à la fois à la moyenne africaine
et à la moyenne mondiale (de 12,4% pour la téléphonie fixe).
Graphique 11 : Taux de pénétration du fixe et du fixe large bande, pays de la CEEAC, 2017

MOYENNE CEEAC
Sao Tome & Principe
Rwanda
Gabon
Pays de laCEEAC

Guinée Equatoriale
Rép. Démocratique du Congo
Congo
Tchad
Rép.Centrafricaine
Cameroun
Burundi
Angola

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4


Pourcentage (%)

Taux de pénétration du fixe Taux de pénétration du fixe large bande

Source : Bases de données ICTEYE35 de l’UIT

58. Pour les services de téléphonie mobile et mobile large bande, le graphique ci-après nous
donne le taux de pénétration pour les pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont en constante
progression d’une année à l’autre, avec une moyenne sous régionale respective 65,81% et 22,48% et

35
https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

27
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

sont proches de la moyenne africaine, mais encore en deçà de la moyenne mondiale (respectivement
de 103,6% et 62%).
59. Pour « le large bande », les vitesses de transmission de quelques mégabits (inférieurs à 10)
sont également faibles par rapport à la tendance mondiale (en centaines de mégabits par seconde).
Ces taux de pénétration de la téléphonie mobile ne tiennent pas compte des abonnés ayant plusieurs
cartes SIM, ce qui veut dire qu’il est encore plus bas s’il est calculé seulement pour les abonnés
uniques.
Graphique 12 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, pays de la CEEAC, 2017

MOYENNE CEEAC
Sao Tome & Principe
Rwanda
Gabon
Pays de la CEEAC

Gunée Equatoriale
Rép. Démocratique du Congo
Congo
Tchad
Rép.Centrafricaine
Cameroun
Burundi
Angola

0 20 40 60 80 100 120 140


Pourcentage(%)

Taux de pénétration du téléphone mobile Taux de pénétration du mobile large bande

Source : Bases de données ICT EYE, UIT36

60. Les tarifs d’interconnexion entre les opérateurs et fournisseurs de services, ou encore tarifs
de gros, influent sur le tarif de l’utilisateur final et peuvent constituer des barrières à l’entrée pour
les fournisseurs de service. Le graphique ci-après montre le tarif d’interconnexion de fixe à mobile
et de mobile à mobile, pour les pays de la CEEAC, dont les données sont disponibles. Ils sont extraits
d’un tableau plus général figurant en annexe 4. On peut remarquer que les pays comme le Rwanda
et le Gabon qui ont un tarif d’interconnexion de mobile à mobile bas ont également les meilleurs
taux de pénétration en téléphonie mobile.

36
https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

28
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Graphique 13 : Tarifs d’interconnexion fixe à mobile et mobile à mobile au sein de la CEEAC

Fixe à Mobile
Sao Tome & Principe
Pays de la CEEAC

Rwanda
Gabon
Congo
Tchad
Cameroun
Angola
Tarif ($)
0 0.1 0.2 0.3 0.4

61. Pour apprécier l’accès à internet dans la CEEAC, trois indicateurs sont utilisés :
(i) Le pourcentage de la population utilisant internet
(ii) Le pourcentage d’habitations possédant un ordinateur
(iii) Le pourcentage d’habitations disposant d’un accès internet.

Graphique 14 : Population utilisant internet, habitations ayant un ordinateur, habitations avec internet, %, 2017

MOY MONDIALE
Moyenne CEEAC
Sao Tome & Principe
Rwanda
Gabon
Guinée Equatoriale
Rép.Democratique du Congo
Congo
Tchad
Rép.Centrafricaine
Cameroun
Burundi
Angola
0 10 20 30 40 50 60
% de la population utilisant internet % d'habitations ayant un accès internet
% d'habitations ayant un ordinateur

Source : Bases de données ICT EYE, UIT37

37
https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/

29
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Ces trois indicateurs sont illustrés par le graphique suivant. Ils ont des valeurs très inférieures aux
moyennes mondiales (respectivement de 48,6%, 46,9% et 54,5%). Si l’on compare ces indicateurs
pour les femmes et les hommes, pour tous les pays de la sous-région dont les données sur la
répartition du taux de pénétration de l’internet selon le genre sont disponibles, nous observons une
claire fracture numérique38.
62. Dans l’écosystème de l’économie numérique, les services numériques couvrent tous les
domaines et sont variés. S’agissant de services fondés sur les TIC, peu de statistiques sont disponibles
pour la sous-région. L’exemple du commerce électronique va être pris pour présenter l’état des lieux
actuel en Afrique Centrale. Le commerce électronique désigne le processus d’achat et de vente de
produits et services par des moyens électroniques, tels que les applications mobiles et Internet. Il
permet d’acheter et de vendre des produits sur une échelle globale, vingt-quatre heures par jour sans
encourir les mêmes frais généraux liés à un magasin physique. Il peut être un commerce entre
entreprises et particuliers (B2C), d’entreprise à entreprise (B2B) ou de particuliers à particuliers
(C2C). Lorsque le commerce électronique s’effectue au moyen d’appareils mobiles, il est appelé «m-
commerce» qui est sous-ensemble du commerce électronique. Selon le rapport « UNCTAD e-
Commerce index 2018 : Focus on Africa39 », en 2016, dans des pays comme le Royaume Uni de
Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, la Chine et la Malaisie le E-Commerce représentait
respectivement 7,3%, 6,9% et 6,4% de leur PIB.
63. Une évaluation des performances du e-Commerce peut être calculée à travers l’indice du e-
Commerce B2C qui se base sur (i) le pourcentage d’individus ayant accès à internet, (ii) le
pourcentage de personnes disposant d’un compte auprès d’établissements financiers, (iii) le nombre
de serveurs sécurisés et (iv) la qualité de la chaine logistique. Selon les données disponibles, le
Cameroun occupe la 10ème et le Gabon la 12ème place en Afrique (2017), sur un total de 44 pays.
Sont également classés le Rwanda (19eme), l’Angola (29eme), le Congo (38eme), le Burundi
(40eme), la RDC (41eme) et le Tchad (43eme). D’autre part, en se basant sur le pourcentage de
personnes ayant effectué un achat en ligne en 2017, le Gabon se classe 6ème en Afrique.
64. Pour donner une vue des prix pratiqués pour la téléphonie mobile, le rapport publié en 2018
par l’UIT « Measuring the Information Society », classe un ensemble de pays du monde, à partir
d’un panier de référence de services mobiles (53mn de communication et 100 SMS) et son prix pour
l’année 2017. Il exprime ce prix en pourcentage du revenu national brut (RNB) par mois et l’utilise
pour effectuer un classement des pays allant de Macao (1er avec 0,10%) au Libéria (dernier avec
58,14%). Le tableau ci-après en donne un extrait pour les pays de la CEEAC (sauf le Congo et la
Guinée Equatoriale qui n’y figurent pas par manque de données enregistrées par l’UIT). On peut
constater que tous les pays de la sous - région figurent à la fin de ce classement, ce qui indique que
les prix dans tous ces pays sont élevés comparés au niveau de revenu. Par ailleurs, la
Commission « Le large bande au service du développement durable » des Nations Unies a fixé que
le prix des communications électroniques devrait être inférieur à 5% du RNB mensuel en 2015 et
2% en 2025. Sur la base du tableau ci-dessous, il en ressort que l’objectif de 2015 est atteint par un
seul pays de la CEEAC, en l’occurrence le Gabon.

38
https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx
39
https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tn_unctad_ict4d12_en.pdf?user=46

30
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Tableau 3 : Comparatif des prix de téléphonie mobile, prix d'un panier de référence (51mn, 100s ms), CEEAC, 2017

RANG PAYS %RNB $US PPA %Taxe RNB $US


115 Gabon 3,07 16,93 26,63 6,61
136 Angola 5,83 16,18 20,65 5 3,33
146 Rwanda 7,71 4,62 12,65 28 720
Sao Tome &
149 8,45 12,46 19,97 5 1770
Principe
161 Cameroun 12,02 13,62 33,21 19 1360
174 RDC 25,2 9,45 23,66 26 450
176 Burundi 30,03 7,26 18,52 18 290
178 Tchad 36,02 19 18 630
180 RCA 38,48 12,5 19 390
Source: UIT, 2018 « Measuring the information society report40 »

65. Avec l’évolution technologique qui a conduit au tout numérique, tous les services offerts
dépendent de la qualité du trafic de données, en termes de rapidité, de délai de transmission et de
latence, et de disponibilité (assurée entre autres par la redondance des liaisons). Dans de nombreux
pays, la (faible) vitesse de l’internet est l’un des principaux problèmes limitant son utilisation.

Les startups en Afrique centrale : Encore des exceptions

- Rwanda : Fabrication et commercialisation d’équipements - la société MARA Phones fabrique les


smartphones pour le marché de la région.

- Tchad : la start-up Kouran Djabo a été créée en 2017 pour fournir de l'électricité aux familles les
plus modestes de Ndjamena. Elle met à leur disposition des kits solaires qui leur permettent, à
minima, de s'éclairer et de recharger les téléphones portables, moyennant un abonnement mensuel.

- Gabon : la start-up Easytech offre des solutions dans le domaine du conseil et de l’intégration
logicielle aux administrations et entreprises depuis 2012.

- Cameroun, concernant l’entreprenariat et l’innovation, plusieurs start-ups ont émergé, avec parfois
une certaine renommée. Parmi ces start-ups, on peut citer, sans être exhaustif : MBOA Store
d'ABEGA MOUSSA, une boutique d’application 100% africaine ; Kyrio Games, le tout premier jeu
vidéo africain ; Drone Africa, un service de drones fabriqués au Cameroun ; NJORKU, un moteur
de recherche d’emplois ; GIFTEDMOM, une application de suivi médicale de femmes enceintes ;
WAZAPAY, une plateforme de paiement en ligne et porte-monnaie électronique ; HImore Medical
(Cardiopad) ; CAYSTY pour l’initiation des jeunes filles aux TIC.

Les problèmes rencontrés par les start-uppeurs vont de l’insuffisance de l’accompagnement dans le
démarrage de leur projet, aux difficultés d’avoir des ressources techniques, en passant par le manque
de financement sans oublier le coût et la qualité de la connexion internet.

40
https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf

31
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

3.1.2 Infrastructures de communications électroniques

66. Les infrastructures dans le domaine des télécommunications et TIC, sont constituées
essentiellement de réseaux à fibre optique qui sont la dorsale (backbone) servant de support fiable
pour interconnecter les différents nœuds de réseau, utiles à toutes les parties prenantes du secteur,
qu’il s’agisse des opérateurs, des institutions ou des entreprises. Il sera présenté tour à tour les
infrastructures nationales et sous régionales.
67. Pour ce qui est du Cameroun, à titre d’exemple, le réseau de transport national terrestre à
fibre optique dispose d’un linéaire d’environ 12 000 kilomètres. Dix régions sur dix, 52 départements
sur 58 et 209 arrondissements sur 360 ont accès à la fibre optique. S’agissant des autres pays, les
unités administratives de premier niveau (région, province ou département selon le cas) ont
majoritairement accès à la fibre optique. Le taux d’accès à la fibre optique baisse pour les unités
administratives de deuxième niveau (départements, province ou district selon le pays) et diminue
sensiblement pour les unités administratives de troisième niveau (arrondissement ou district). Dans
tous les cas, l’utilisation de la fibre optique dans le réseau d’accès (FTTH Fiber To The Home) est
extrêmement rare et faible.
68. Pour permettre d'échanger du trafic Internet local dans un territoire donné, les infrastructures
physiques dénommées points d’échange internet (IXP) sont nécessaires, car elles permettent aux
différents fournisseurs d’accès Internet (ou FAI ou ISP), d'échanger du trafic Internet entre leurs
réseaux de systèmes autonomes en local grâce à des accords mutuels évitant les coûts
supplémentaires importants liés au transport des données sur des liaisons internationales. Au niveau
de la CEEAC, le Cameroun et le Congo disposent de deux IXP chacun et cinq pays (Angola, Burundi,
Gabon, RDC et Rwanda) possèdent chacun un IXP. Quatre autres pays n’ont pas encore d’IXP. Le
nombre de participants par IXP est donné dans l’Annexe 6. Ce nombre varie de 4 à 13 et laisse
entrevoir qu’il existe encore dans chaque pays disposant d’un IXP des fournisseurs d’accès internet
non raccordé à cet équipement.
69. Lorsqu’un IXP permet de raccorder des membres situés dans d’autres pays, il est appelé point
d’échange internet régional (RIXP : Regional Internet eXchange Point). Trois pays de la CEEAC
(Congo, Gabon et Rwanda) ont des RIXP. Le Congo et le Gabon ont d’ailleurs eu l’aval de l’Union
Africaine pour abriter un point d’échange internet régional. Cependant, la faible interconnexion
directe entre les pays de la CEEAC rend difficile l’effectivité de mise en fonctionnement d’un point
d’échange internet régional car un RIXP sans liaison d’interconnexion directe peut être comparé à
un pont sur un cours d’eau entre des pays voisins non encore desservis par aucune route.
70. Concernant les liaisons d’interconnexion directe entre les pays, nous pouvons mettre en relief
le projet Central Africa Backbone (CAB) qui est une initiative des chefs d’Etat de l’Afrique centrale
lancé en 2008 pour l’interconnexion fiable et à haut débit par fibre optique des pays de la sous-région.
Au nombre des résultats attendus de ce projet figurent la transformation du paysage des
télécommunications dans les pays ; la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre
sans transiter par les câbles sous-marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de
l’internet à haut débit et la dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire
des Etats concernés. A ce jour, trois interconnexions directes sont effectives (Cameroun - Tchad,
Guinée Equatoriale - Cameroun et Congo – Gabon). Il est important de remarquer que plusieurs
travaux d’interconnexion directe sont en cours.

32
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

71. Pour écouler leurs communications internationales, tous les pays de la sous-région Afrique
Centrale disposant d’une façade maritime possèdent une ou plusieurs stations d’atterrissement de
câbles sous-marins à fibre optique. Le projet CAB vise également à permettre aux pays de
l’hinterland d’écouler leurs communications internationales par ces mêmes stations d’atterrissement
à partir d’interconnexion directe avec le ou les pays concernés. La liste des stations ou points
d’atterrissement, par pays de la CEEAC, avec éventuellement leur capacité est jointe en Annexe 6.
Certains pays possèdent plusieurs points d’atterrissement (le nombre de ces points d’atterrissement
pouvant aller jusqu’à cinq) et le maillage du réseau à fibre optique devrait permettre de basculer le
trafic d’un point à l’autre en cas de problème.
72. Pour la sécurisation des transactions, le Cameroun, Gabon, et le Rwanda ont mis en place une
infrastructure à clé publique. Cette infrastructure est indispensable pour la confiance en l’économie
numérique, en ce sens qu’elle permet de garantir la sécurité des données à travers l’identification,
l’authentification des partenaires dans leurs transactions, l’intégrité et la confidentialité des données
échangées, ainsi que la non répudiation des messages ou transactions.

En Afrique centrale, les capacités en infrastructures large bande à fibre optique sont encore
faibles, l’ossature devant relier les pays entre eux reste encore à mettre en place, et les prix
des communications électroniques, en comparaison avec les autres régions du monde et le
niveau de revenu, sont très élevés.

73. Les défis à relever sont nombreux. On peut citer l’extension de l’infrastructure de transport
et d’accès à toutes les populations, ainsi que de l’interconnexion sous régionale. Une autre priorité
porte sur l’amélioration permanente de la qualité de service et d’expérience du consommateur des
communications électroniques afin de garantir la disponibilité des services 24 heures sur 24 et 7 jours
sur 7, dans des environnements où le réseau à fibre optique fait parfois l’objet de coupure alors que
sa redondance n’est pas toujours assurée, ou même le réseau électrique réseau est peu stable, tout
ceci sans occulter les questions qualité propre de la communication.

3.2. Politiques nationales et sous régionales

3.2.1 Au niveau national

74. Certains pays disposent déjà d’une stratégie de développement de l’économie numérique,
mais d’autres n’en disposent pas encore. Il va être examiné spécifiquement le cas de quelques pays.
Le Burundi dispose d’un plan de développement du large bande dénommé « Burundi large bande
2025 ». Pour donner corps à la vision du Burundi pour les TIC, le Gouvernement a décidé de définir
une politique large bande, qui est l’acheminement de plusieurs formats (voix, vidéo, texte et données)
sur un seul canal via des techniques assurant des vitesses d’au moins 256 kbit/s, qui servira de
trajectoire à tous les acteurs des TIC, reconnaissant ainsi l’importance socio-économique des services
à large bande pour le développement national. Le Gouvernement veut garantir la disponibilité de
l'infrastructure nécessaire pour pouvoir fournir des services de qualité à tous les citoyens et à des
tarifs abordables. Le Burundi est conscient du fait que le haut débit est considéré comme une denrée
de première nécessité au même titre que l’électricité et va avoir un impact sur l’industrie 4.0 similaire

33
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

à celui que l’électricité a eu lors de la révolution industrielle. Le plan national large bande du Burundi
a pour objectif général de maximiser les avantages socio-économiques de la large bande aux
entreprises et aux citoyens par la disponibilité des services numériques à des prix abordables. Malgré
tout, l’évolution de l’Internet au Burundi est assez lente, les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI)
restant implantés uniquement à Bujumbura et dans quelques grandes villes de l’intérieur du pays,
occasionnant ainsi une faible pénétration et une fracture numérique entre les régions. C’est ainsi que,
tenant compte du fait que les TIC constituent un secteur transversal, générateur de revenus
substantiels et d’emplois et servant de base pour structurer, dynamiser et promouvoir d’autres
secteurs comme l’éducation, la santé, le commerce, l’administration publique, le transport, le
tourisme, le Gouvernement du Burundi a mis en place un Projet d’Infrastructure de Communication
(PIC) financé par la Banque Mondiale, un réseau de transport à fibre optique (Dorsale nationale)
couvrant tout le territoire national. Parmi les principaux acteurs, on peut citer le Ministère de la
Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’information, l’Agence de Régulation et de Contrôle
des Télécommunications, les opérateurs (Econet Leo SA, ONATEL, etc.), les fournisseurs de
services et d’accès internet, etc.
75. Au Cameroun, la Vision à l’horizon 2035 intitulée « Le Cameroun : un pays émergent,
démocratique et uni dans sa diversité » et le document de planification décennale (DSCE - Document
de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi) accordent une priorité aux TIC et à l’économie
numérique. Pour opérationnaliser cette vision dans le secteur de l’économie numérique, un « Plan
stratégique Cameroun 2020 » a été élaboré en 2016. La vision du plan stratégique est de faire du
Cameroun « un pays numérique en 2020 ». Pour rendre concrète cette vision, les choix stratégiques
opérés s’articulent autour de huit axes associés chacun à un objectif stratégique. :
Axe 1 : « Développer les infrastructures large bande », avec pour objectif stratégique de généraliser
l’accès large bande pour les citoyens, les entreprises et les ménages.
Axe 2 : « Accroître la production et l’offre des contenus numériques » avec pour objectif de disposer
des contenus attractifs développés et hébergés au niveau local.
Axe 3 : « Assurer la transformation numérique de l’administration et des entreprises », avec pour
objectif d’accélérer la transformation numérique de l’administration et des entreprises pour accroître
leur efficacité, transparence, compétitivité et leur productivité.
Axe 4 : « Promouvoir la culture du numérique par la généralisation de l’usage des TIC dans la
société».
Axe 5 : « Renforcer la confiance numérique ».
Axe 6 : « Développer une industrie locale du numérique et encourager la recherche et l’innovation».
Son objectif est de développer au niveau national, des biens et services numériques produits
localement à travers des pôles d’excellence dans l’innovation en matière du numérique.
Axe 7 : « Assurer le développement du capital humain et le leadership dans le numérique ».
L’illettrisme numérique constitue un frein important à l’avènement de la société de l’information. A
cet effet, le renforcement des capacités des ressources humaines est une priorité.
Axe 8 : « Améliorer la gouvernance et l’appui institutionnel » avec pour objectif de créer un
environnement propice à l’essor du numérique pour le développement économique. En effet, la mise
en œuvre des activités transversales telles que l’adaptation du cadre juridique et réglementaire, la
mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre de l’ensemble des projets identifiés à

34
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

travers des modes de financement innovants, tels que les fonds de capital-risque, sont autant de
facteurs indispensables à l’émergence d’une société de l’information inclusive au Cameroun. Un
plan d’actions prioritaires recense de nombreux projets à exécuter avec une évaluation sommaire de
leur coût.
76. Quelques valeurs cibles pour mesurer les progrès accomplis ont été fixées. Ainsi, la
contribution de l’économie numérique au PIB devrait passer de 5 à 10%, le nombre d’emplois directs
de 10 000 à 50 000 et la contribution annuelle au titre d’impôts et taxes de 136 milliards à 300
milliards de Fcfa. Parmi les acteurs, pour tenir compte de l’important rôle du capital humain, un
accent est mis sur la formation dans les universités et écoles d’ingénieurs ainsi que dans les instituts
privés d’enseignement supérieur.
D’autre part, la stratégie d’industrialisation du Cameroun est déclinée dans le Plan directeur
d’industrialisation adoptée en 2017. Ce plan est destiné à asseoir les bases solides pour un
développement industriel intégré et compétitif, cohérent et compatible avec l’énorme potentiel en
ressources du sol et du sous-sol camerounais. Parmi les filières porteuses qui sont ciblées, l’agro-
industrie, l’énergie et le numérique figurent au premier rang. Le Cameroun ambitionne ainsi
d’accroître de 24% contre 13% actuellement, la contribution du secteur industriel dans la formation
du PIB du pays afin d’atteindre les objectifs d’émergence à l’horizon 2035.
77. La République du Congo, dans sa vision « La Marche vers le Développement » a inclue
l’objectif qui cherche à « … arrimer le Congo au développement de l’économie numérique ». Il est
question de créer les conditions adéquates afin de bâtir une véritable société de l’information et du
savoir, dans laquelle l’administration, l’enseignement, la santé, le commerce et bien d’autres
services, utilisent les TIC. Un des défis identifiés porte sur la mobilisation des ressources nécessaires
pour achever la couverture nationale en télécommunications, et de donner la possibilité aux congolais
de se connecter et, par la même occasion, de faciliter la création d’applications et des services à
valeur ajoutée qui devraient stimuler la croissance économique et l’emploi.
Le Gouvernement congolais projette de mettre en place un cadre permettant d’assurer la connexion
des usagers au large bande ; de faciliter l’acquisition de l’outil informatique et de rendre l’utilisation
effective des technologies de l’information et de la communication obligatoire au sein des
administrations afin de contribuer à l’amélioration de l’environnement socioéconomique et d’assurer
la croissance durable sur la base d’une société de l’information et du savoir.
Des actions comme l’adoption de la politique nationale de développement des technologies de
l’information et de la communication (cyber stratégie), le renforcement des capacités du régulateur
(ARPCE) ou la mise en place effective du Fonds de Service Universel (FSU) comme réponse aux
obligations d’un accès aux services TIC pour tous les citoyens vivant dans des zones géographiques
non économiquement viables ou mal desservies sont prévues.
78. Au Gabon, la stratégie du Gouvernement définie dans le Plan Stratégique Gabon Emergent
(PSGE) accorde une place de choix à l’économie numérique. Le Plan sectoriel Gabon Numérique du
PSGE prévoit de disposer d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de son territoire, permettant
le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut qualitatif majeur dans les
services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent ». Ainsi, la mise en œuvre du
Programme Gabon Numérique devrait entrainer des progrès significatifs dans la couverture du
territoire national, notamment des zones rurales ; l’amélioration de la qualité de service ;
l’augmentation substantielle du débit d’Internet ; la construction d’un Backbone national en fibre

35
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

optique ; la baisse du prix des terminaux ; un cadre juridique complet sur les TIC ; et la baisse des
coûts de communication.
79. L’exemple de la politique nationale du Rwanda est donné dans l’encadré qui suit.
Encadré 5 : Un exemple de transformation numérique réussie - Le cas du Rwanda
Le Rwanda, petit pays de l’hinterland d’une superficie de 26 340 km2 et une population de 11
millions 900 mille habitants a connu des épreuves difficiles il y a 25 ans, ce qui ne l’a pas empêché
d’être désormais cité en référence au niveau africain dans le domaine de l’économie numérique. Le
pays s’est doté d’une boussole « Vision 2020 » et d’un plan directeur de développement « Smart
Rwanda master plan 2015-2020 ». L’un des principaux objectifs de la Vision 2020 est de transformer
une économie agricole en une économie de l’information et du savoir d’ici à 2020. Parmi les cibles
visées par le plan directeur, on peut citer :
- Self-Service 24-heures dans l’Administration. – Tous les services gouvernementaux devront
être en ligne en 2018
- Cashless et Paperless dans l’Administration. – Toutes les transactions financières dans
l’Administration devront être effectuées électroniquement, notamment via le mobile à partir de
2018
- Obtenir des gains d’efficacité d’une valeur de 50 millions US$
- Au moins un milliard de US$1 en termes d’opportunités pour le secteur privé – Ceci est une
valeur estimée du coût des projets à réaliser suivant le modèle PPP
- La contribution de SMART Rwanda au PIB portée à 10% - L’accès large bande et les projets
d’infrastructure TIC constituent un terreau pour la croissance économique
- Création de 100 000 emplois directs découlant des investissements prévus par le plan SMART
Rwanda Master Plan
– Un environnement favorable aux investissements privés va être mis en place et permettre la
création d’emplois, l’amélioration de la productivité et la compétitivité, le tout ayant pour support
l’innovation technologique.
Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants. Les recettes fiscales du Rwanda recueillies
pour l’exercice financier 2016/2017 ont atteint un nouveau record de 1.103 milliards RWF bruts (1,3
milliards de dollars) par rapport à un objectif de 1.094,3 milliards RWF (1 milliard de dollars). Cela
représente une augmentation de 10 millions d’USD au-dessus de l’objectif fixé. Dans le même
temps, la collecte des recettes fiscales ont progressé de 5,4 milliards RWF (6,5 millions de dollars).
Les impôts ont affiché une croissance de 10,2% au cours de l’exercice 2016/17 par rapport à la
performance de 2015-2016, ce qui représente une augmentation nominale de 100,2 milliards RWF
(119 millions de dollars).
- Sur le plan de la formation, l’accent est mis sur le numérique, de l’enseignement primaire à
l’enseignement supérieur. S’agissant du primaire, le projet One Laptop per Child, un partenariat entre
deux ONG américaines dont le but est de mettre des ordinateurs à bas prix entre les mains des jeunes
les plus pauvres de la planète est fonctionnel. Ainsi, OLPC a distribué plus de 200.000 ordinateurs
portables à plus de 400 écoles réparties dans tout le Rwanda, ce qui place le pays à la troisième place
du projet, derrière le Pérou et l'Uruguay, en termes d'appareils fournis.
- Pour ce qui est de la création d’entreprises et l’accompagnement des start-up, l’'un des projets
phares mis en place dans ce cadre est le kLab, soit knowledge laboratory ou laboratoire de la

36
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

connaissance. C’est un espace collaboratif unique permettant à des jeunes entrepreneurs et autres
ingénieurs d'accéder à du WiFi gratuit, de participer à des ateliers et des conférences, de se mesurer
entre eux lors de hackathons, ou tout simplement d'échanger des astuces de code. Ce centre s’appuie
sur l'expérience de 21 mentors, disponibles pour développer des idées en germe ou offrir des conseils
commerciaux à toute nouvelle entreprise projetant de percer dans le secteur technologique.
Le centre klab fonctionne en association avec le campus de recherche, de l'Université Carnegie
Mellon qui est un centre d’excellence de l’UIT dans le domaine de la formation.
Source : « Smart Rwanda Master Plan, 2015-202041 »

3.2.2 Au niveau sous régional

80. Au niveau sous régional, le cadre légal et réglementaire est défini par la CEEAC dans des
lois type pour harmoniser les politiques et garantir leur cohérence. Huit lois type dans le domaine du
numérique sont en vigueur et sont ainsi libellées :
 Loi type portant cadre Juridique et Institutionnel général du secteur de communications
électroniques Brazzaville novembre 2016
 Loi type relative aux régimes d’accès et aux activités de communications électroniques
Brazzaville, novembre 2016 ;
 Loi type relative au service universel et les mécanismes de son financement Brazzaville,
novembre 2016 ;
 Loi type relative aux fréquences radioélectriques et aux ressources en numérotation
Brazzaville, novembre 2016 ;
 Loi type relative à l’interconnexion Brazzaville, novembre 2016 ;
 Loi-type relative aux transactions électroniques ;
 Loi-type relative à la protection des données à caractère personnel ;
 Loi-type portant sur la lutte contre la cybercriminalité dans les Etats Membres de la
CEEAC/CEMAC.
81. Cependant, malgré l’existence de cette armature légale et règlementaire le niveau de
transposition de ces lois types dans les législations nationales des onze Etats membres de la CEEAC
reste faible. En fait, il se trouve qu’après la phase d’élaboration des lois type, il était prévu une
deuxième phase pour l’accompagnement et le suivi de leur transcription dans les lois nationales, mais
cette phase n’a pas véritablement démarré. Il faut également mettre en relief que tout en sachant que
l’économie numérique repose de plus en plus sur les données (Big data, IA, etc.), la plupart des pays
ne disposent pas de lois sur la protection des données à caractère personnel.
82. Au niveau des instances politiques sous régionales, plusieurs projets ont été arrêtés en faveur
du développement et de l’intégration sous régionale. Parmi ceux-ci figurent, le projet Central Africa
Backbone (CAB), le Plan d’Action Consensuel de Déploiement des Infrastructures de
Communications Electroniques de l’Afrique Centrale (PACDICE-AC), et l’Accord de coordination
des fréquences aux frontières. De plus, en 2008, au terme d’un sommet, les chefs d’Etat de la
Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale avaient décidé de doter la sous-région
d’un réseau de télécommunications fiable à haut débit qui devrait relier leurs pays, au moyen d’une
connexion terrestre à fibre optique ainsi que la mise en place d’un réseau one network. Au nombre

41
http://www.minecofin.gov.rw/fileadmin/templates/documents/sector_strategic_plan/ICT_SSP__SMART_Rwanda_M
aster_Plan_.pdf

37
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

des résultats attendus figurent la transformation du paysage des télécommunications dans un pays ;
la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre sans transiter par les câbles sous-
marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de l’internet à haut débit ; la
dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire des Etats concernés ; et
un tarif d’itinérance mobile sous-régional.

Le PACDICE-AC, adopté en mars 2019, est un programme de renforcement des infrastructures


communautaires large bande des Etats membres et d’interconnexion des infrastructures large bande
entre les Etats membres. Le programme de renforcement des infrastructures communautaires large
bande des Etats membres devrait combler les chaînons manquants permettant d’atteindre les dernières
chambres d’interconnexion au niveau des frontières des différents pays et avec le concours de la
CEEAC, aider les Etats membres concernés à lever les fonds nécessaires à leur réalisation.

La mise en œuvre de ce programme devait permettra de lever les problèmes tels que des tarifs de
communications élevés; le contournement du trafic de la sous-région vers d’autres backbones ; la
perte des opportunités liées aux externalités de réseaux ; et la perte des devises dans la sous-région.

83. Dans le cadre des transactions électroniques, le problème de reconnaissance des certificats
électroniques émis par les infrastructures à clé publique (PKI) de chaque pays par les autres pays
restreint la sécurisation des transactions au niveau national. Pour garantir la fluidité du réseau internet
et faire en sorte que le trafic national ou sous régional ne transite pas par des pays hors - région, un
programme de déploiement des points d’échange internet (IXP) national et régional est déployé sous
l’égide de l’Union Africaine.
84. D’autre part, il existe des accords de coordination et de partage des fréquences
radioélectriques dans les zones frontalières entre certains Etats membres (entre le Cameroun et le
Tchad, par exemple). Ces accords comprennent le passage en revue des différentes conditions et
possibilités de partage des canaux dédiés aux opérateurs et fournisseurs de services de
communications mobiles. Ils fixent le cadre et les paramètres du contrôle d’empiètement des réseaux
dans les zones frontalières pour permettre un fonctionnement harmonieux des réseaux et éviter les
brouillages réciproques. Ces accords règlent également le problème de roaming accidentel,
notamment lorsque le free roaming n’est pas encore mis en œuvre, et jettent les bases en vue du
partage et de la coordination des fréquences aux frontières des pays pour une optimisation de la
gestion du spectre de fréquences radioélectriques pour l’ensemble des localités frontalières et
l’élaboration d’une cartographie de couverture. Cependant ces accords ne sont pas généralisés à
l’ensemble des pays de la sous-région.
85. A quoi attribuer le retard presque chronique de la sous-région ? La réponse ne peut tenir
en une seule phrase, mais il est évident que l’Afrique centrale ne peut se permettre le luxe de rester
un acteur passif face aux défis de cette quatrième révolution industrielle. Parmi les causes possibles,
on peut noter l'absence de suivi des décisions prises par les Chefs d'Etats ou encore celles des prises
lors des réunions sous régionales des ministres des télécommunications, nonobstant des conflits
sécuritaires que connait la sous-région. On peut également citer d’autres causes, dont :

38
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

 Une application tardive de la libre circulation des biens et des personnes qui est devenue
effective uniquement en 2017 dans la zone CEMAC alors qu'elle a été initiée il y a plus de
quinze ans ;
 Un Plan Directeur Consensuel des Transports en Afrique Centrale (PDCT-AC) non réalisé.
Ce Plan, adopté en 2004 par la 11ième Conférence ordinaire des Chefs d’Etat et de
Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC),
avec pour objectif de relier, en 2010, les capitales de la sous-région par des routes bitumées,
d’une capitale à une autre et donc de développer le E-commerce sous-régional ;
 L'absence d'un réseau one network (itinérance mobile), qui a fait l'objet de plusieurs études
de faisabilité et de plaidoyers initiés en 2009 par la CEA et l'UIT auprès des institutions sous
régionales, dont un récent début 2019 ; mais, à ce jour, il n'y a aucune feuille de route validée
pour une mise en œuvre ;
 Un retard dans la transposition des textes communautaires CEEAC portant sur les lois types
relatives aux Télécommunications/TIC et le cadre de référence d’interconnexion
transfrontalière des Etats membres de la CEEAC adoptés en 2016. A ce jour, la plupart des
pays n'ont pas encore initié le processus de transposition.
86. Ces quatre points montrent combien la sous-région peine à mettre en œuvre les décisions
prises au niveau communautaire, malgré de moult réunions de travail ou de concertations
institutionnelles. Le roaming en est un parfait exemple : les textes sont adoptés depuis 2016, mais
aucune action n'est entreprise pour sa mise en œuvre malgré son potentiel à booster les échanges
commerciaux sous-régionaux et son caractère d'outil d'intégration. L'Afrique centrale ne peut faire
l'impasse de l'économie numérique.
87. Pour se faire, elle devrait se doter entre autres, d'une stratégie sous régionale de l'économie
numérique en y associant dès sa genèse le secteur privé afin de pouvoir préparer les réformes
structurelles transversales nécessaires, notamment en :
 Reformant le secteur de l'enseignements et de la recherche ;
 Renforçant les capacités humaines des CER dans le domaine de l'économie numérique qui
font cruellement défaut ou inexistante dans certains cas ;
 Créant des partenariats avec le secteur privé ;
 Définissant la quatrième révolution industrielle comme une priorité sous régionale à part
entière et non pas comme une activité de second rang ;
 Contraignant les pays à adopter les réformes juridiques sous-régionales validées par les CER;
 Développant une plateforme de régulation harmonisée du secteur de l’économie numérique
qui pourrait correspondre avec le reste du monde ;
 Prenant en compte les femmes dans les politiques sous-régionales de développement du
numérique afin d'endiguer la fracture numérique genre qui continue de se creuser en Afrique;
 Créant un fond de solidarité du numérique sous régional destiné à financer les startups qui
seront les employeurs de demain et,
 Diminuant les couts d'accès « au large bande » et donc les couts d'accès à internet et des
télécommunications.
88. De plus, il serait judicieux que les Chefs d'Etats de la sous-région se dotent d'un comité
technique de suivi des décisions prises lors des réunions statutaires ( Sommets des Chefs d'Etats,
réunions des ministres thématiques de la CEEAC/CEMAC...) assorti d'un statut particulier lui
permettant de faire appliquer et de contrôler la bonne exécution des résolutions adoptées.

39
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Pour mesurer l’impact de l’économie numérique sur le PIB ou les recettes fiscales, seul le secteur du
mobile sera pris en compte à cause de la faible disponibilité de données pour les autres dimensions
de l’économie numérique.
Selon le rapport de la GSMA « L’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne 2017 », en
2016, les technologies et services mobiles ont généré 110 milliards de dollars de valeur économique
en Afrique Sub-Saharienne, soit 7,7% du PIB. La contribution du mobile au PIB devrait passer à 142
milliards de dollars, soit 8,6% du PIB d’ici 2020 puisque les pays bénéficient d’une amélioration de
la productivité et de l’efficacité apportées par l’augmentation des abonnements aux services mobiles.
L’écosystème du secteur mobile a également permis de soutenir 3,5 millions d’emplois en Afrique
Sub-Saharienne en 2016. Outre l’impact du secteur du mobile sur le PIB et l’emploi, il apporte
également une contribution importante au secteur public, avec 13 milliards de dollars payés en 2016
sous forme d’impôts42.

89. Sur la base de l’état des lieux, des tendances générales dans le domaine de l’économie
numérique et en tenant compte des potentialités des pays de la sous-région, les principales
opportunités pour l’accélération de la diversification économique vont être identifiées par pays ou
groupe de pays selon le cas, ainsi que les défis à relever pour les saisir.

4. OPPORTUNITES ET DEFIS DE L’ECONOMIE NUMERIQUE POUR


L’ACCELERATION DE LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE ET DE
L’INDUSTRIALISATION DANS LA SOUS-REGION

4.1 Opportunités

90. Toutes les transactions financières sont devenues électroniques et donc, l’existence d’un socle
numérique, de qualité et sécurisé est devenu déterminant pour le bon fonctionnement du marché
financier régional. Les marchés financiers ont ainsi besoin des TIC pour décoller et donnent, ainsi,
l’opportunité de lever des fonds en vue du financement de l’économie en général et des activités de
transformation numérique ou d’industrialisation, en particulier.
91. L’économie numérique est une opportunité pour accroitre la taille du marché national et sous-
régional de manière considérable. La taille de marché qui était auparavant associée à la taille d’un
pays ou de la communauté économique à laquelle il appartient, est maintenant sans limite, où
correspond à 50% de la population mondiale accédant à internet, soit environ 3,8 milliards de
personnes. Cette caractéristique fait que les plus grandes entreprises de nos jours, ce ne sont plus les
entreprises pétrolières, mais celles qui qualifiées de « nouvelles économies » reposent sur les
plateformes qui accèdent, par le biais de l’internet, aux potentiels clients situés dans tous les pays du
monde. Plusieurs entreprises de par le monde en tirent profit. La qualité et robustesse des outils
numériques, alliée à un bon capital humain peut permettre à la sous-région de tirer davantage de
l’accès généralisé au marché qu’offre l’économie numérique.
92. Investir dans l’éducation permet d’apporter les ressources intellectuelles nécessaires à la
recherche et à l’innovation d’un pays. De même, construire des infrastructures, notamment dans le

42
https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download

40
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

domaine des TIC, sert de fondement aux plates-formes en faveur de l’innovation. Tel est, selon OMPI
Magazine, le rôle important que jouent les TIC en faveur de l’innovation.
93. L’économie numérique est une opportunité pour l’administration publique afin de mieux
répondre aux besoins des populations. En effet le e-Gouvernement présente de nombreux avantages,
tels que la simplification des démarches, l’amélioration de la célérité et de la transparence dans le
traitement des demandes des usagers, la lutte contre la corruption, la réduction des cas de vols à cause
du non maniement des espèces, etc. Les services visés ici sont nombreux et comprennent : la
déclaration d’impôts en ligne, le paiement en ligne des droits et amendes, la création d’entreprise en
ligne, la déclaration et l’obtention en ligne d’actes, permis ou documents divers (acte de naissance,
acte de mariage, carte grise, permis de conduire, carte nationale d’identité, permis de bâtir, visa, etc.).
94. De même, tous les pays de la sous-région ont dans leur agenda de développement l’ambition
de promouvoir le secteur des services (tourisme, commerce, activités financières…), pour lequel le
numérique est aujourd’hui incontournable.
95. En Afrique centrale, le secteur agricole
apparait comme un secteur avec des perspectives
favorables en termes de diversification
économique et le numérique peut aider à saisir les
opportunités de croissance dans le domaine
agricole et de l’agro-industrie. En effet, les
besoins en matière agricole sont nombreux et
croissants, les terres arables sont plus ou moins
abondantes et le numérique peut avoir une
contribution à apporter dans les différentes phases
de production et de commercialisation.
96. Dans la phase de production, le numérique peut contribuer à une meilleure sélection des
intrants adaptés au sol, à mieux surveiller l’évolution des cultures, contrôler l’irrigation ou apporter
le traitement phytosanitaire approprié. Ainsi, des applications croisent données satellitaires et
informations communiquées par les exploitants agricoles pour identifier les variétés les mieux
adaptées aux conditions locales de sol et de climat, ainsi que les traitements phytosanitaires les plus
indiqués. Des capteurs plantés dans le sol peuvent renseigner en temps réel sur la croissance des
semis et détecter rapidement des anomalies, comme par exemple des déviations par rapport aux
paramètres habituels de qualité des sols. Dans la phase de commercialisation, le numérique permet
d’assurer le marketing, la vente (y compris à distance), la livraison (GPS) et le paiement. Trois
problèmes majeurs, à savoir l’insuffisance des quantités produites, la faible transformation locale et
le vieillissement des producteurs sont ainsi identifiés et doivent être adressés. Le numérique est une
opportunité pour apporter des solutions à ces problèmes notamment en motivant les jeunes à
s’intéresser à l’activité agricole. En raison de son image traditionnelle, le secteur agricole n’est pas
d’emblée associé aux technologies numériques. Or l’usage de ces innovations se répand rapidement
dans tous les domaines, y compris, celui de l’agriculture. Enfin, l’accès aux informations relatives
aux marchés, aux demandes des fournisseurs et au prix, permet d’écouler rapidement la production
au meilleur prix tout en optimisation la gestion du stockage et des transports. Aussi, avec l’entrée en
vigueur prochaine de la Zone de Libre-Echange économique Continentale Africaine (ZLECAf), les
possibilités d’écoulement des produits se trouvent décuplées.

41
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

97. Dans un autre domaine, celui des machines agricoles, l’intégration de dispositifs numériques
permet d’optimiser leur utilisation. En diagnostiquant des défaillances mécaniques ou en formulant
des conseils adaptés à chaque utilisateur, le coût de fonctionnement des machines peut être réduit.

Encadré 6 : L’utilisation de drones en Tunisie dans le domaine agricole.

L’exemple de la Tunisie qui utilise des drones pour améliorer la productivité agricole est assez
édifiant. En effet, en Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD), le ministère tunisien de
l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’agence gouvernementale sud-coréenne
Busan Techno Park, ont signé, le 8 avril 2019, un accord tripartite prévoyant le déploiement, dès la
fin avril, de drones dans des projets agricoles de la région de Sidi Bouzid, au centre du pays. Ce
projet pilote a été initié par la Banque qui, par le biais du fonds de coopération économique Corée-
Afrique (KOAFEC), a organisé le transfert de technologies pour l’utilisation des drones. Cet accord
a pour objectif de soutenir le Gouvernement tunisien dans sa politique visant à améliorer la
productivité agricole. Par la mise en fonction de drones, ce projet permettra de fournir rapidement
des informations clés susceptibles d’optimiser l’utilisation des systèmes d’irrigation et des engrais,
de détecter de manière précoce les maladies qui affectent la production agricole, et d’améliorer, par
l’actualisation des données statistiques, la prise de décision durant les différentes phases du projet.
Un centre d’excellence régional sera créé en Tunisie pour partager cette expérience à d’autres pays
africains.
Source : Article Webmanagercenter, avril 201943

98. Dans le domaine forestier, le bassin du Congo qui couvre le Cameroun, la République
centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la
Guinée équatoriale est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne. Il couvre
plus de deux millions de km². Il connait une surexploitation du bois et la déforestation est importante.
Les dégâts sont écologiques avec une diminution de la biodiversité : mais les conséquences sont
aussi économiques avec la perte de ressources financières, liée à une faible transformation, voire une
absence de transformation. Le numérique est un outil puissant pour une gestion optimale des
ressources forestières et la création de la valeur ajoutée par la transformation. L’exemple du Gabon
est assez édifiant. Récemment, le ministère chargé des Forêts a annoncé la mise en place d’un
système national de surveillance satellitaire des forêts. L’objectif de ce dispositif de surveillance est
de prévenir les activités susceptibles de porter atteinte à l’intégrité forestière, mais surtout de veiller
à l’exploitation rationnelle de la forêt. Cette surveillance améliorée permettra d’assurer le respect des
dispositions légales prévues par le Code forestier en République gabonaise relatives à l’élaboration
et au suivi des plans d’aménagement, pour une gestion durable des forêts au Gabon. Le système
facilitera l’exploitation rationnelle de la forêt, la faune sauvage et des ressources. En outre, l’outil de
surveillance satellitaire va permettre de cartographier les paysages, en particulier la forêt. Mais aussi,
de surveiller la déforestation ou la (re) végétalisation des zones exploitées.
99. Dans le domaine des services financiers, la technologie numérique a transformé de fonds
en comble les activités de ce secteur. Le service financier numérique le plus porteur dans les pays en
développement, en Afrique et dans la CEEAC est le mobile money. Le Mobile Money permet aux
gens de recevoir, garder et dépenser de l’argent en utilisant un téléphone portable. Il est appelé parfois

43
https://www.webmanagercenter.com/2019/04/08/433405/tunisie-des-drones-agricoles-pour-sidi-bouzid/

42
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

portefeuille mobile ou bien on utilise le nom propre au fournisseur du service tel que M-Pesa,
EcoCash, GCash, Tigo Pesa, MTN mobile money, Orange money, EU mobile money, etc. Chaque
utilisateur du Mobile Money a un numéro de compte unique et ce numéro est identique au numéro
de téléphone portable. En utilisant le menu ou l’application du portefeuille mobile sur leur téléphone
portable, les utilisateurs peuvent transférer des fonds à quelqu’un ou payer des sociétés comme des
magasins ou des restaurants, ou retirer de l’argent de leur portefeuille mobile auprès des agences
dans leur pays. Les portefeuilles mobiles sont une alternative populaire aux espèces et aux banques
parce qu’ils sont faciles à sécuriser et à utiliser partout où il y a un signal de téléphone portable. Les
possibilités de croissance du mobile money restent énormes.
100. Selon un rapport de la GSMA, 40% de la population adulte utilisaient le mobile money en
2016, pour un taux de pénétration de la téléphonie mobile de l’ordre de 65% dans la CEEAC. Si on
prend en compte le fait que ce taux de pénétration pourrait atteindre 90% dans les prochaines années,
et dans l’hypothèse d’une adoption toujours forte du mobile money par les populations et les acteurs
économiques (comparable à ce qui est observé au Kenya où 90 % des abonnés à la téléphonie mobile
utilisent le M-pesa), une simple extrapolation montre que le pourcentage de la population utilisant le
mobile money va être autour de 81%. Le mobile money va donc continuer à connaitre une croissance
phénoménale. Ce qui augure également de belles perspectives pour les fintechs.

Contraction de finance et technologie, le terme fintech est utilisé pour décrire des entreprises
innovantes et utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l'intelligence artificielle, etc.,
pour fournir des services financiers de façon plus efficace et moins chère. Il s'agit géné ralement
de startups, même si des acteurs historiques du paiement ou du logiciel bancaire se présentent
parfois sous ce terme.

101. Selon le cabinet KPMG, les fintechs ont connu une explosion en 2015 avec des montants
investis par les fonds de capital-risque dans les startups du secteur de 47 milliards de dollars cette
année-là. Ils prennent, dans certains cas, la forme de néo-banque, avec la possibilité d’avoir un
compte bancaire ouvert sur internet et sans agence physique. Les néo-banques 100% digitales, sans
agence, proposent un compte et une carte de paiement à bas coûts ou disposent d’applications de
paiement de gestion des finances personnelles ainsi que des outils de gestion de patrimoine ou
d'investissement automatisé. Certains proposent des services financiers aux entreprises, PME ou
grands comptes, par exemple le transfert de devises en ligne ou l’affacturage dématérialisé.
102. D’autres, à l'image des plateformes de financement participatif, mettent en relation des
porteurs de projets, créateurs, commerçants, PME, et des investisseurs, particuliers ou
professionnels (crowdfunding en dons avec ou sans récompenses, crowdlending prêts aux PME,
ou crowdequity pour financement en capital). Les Insurtech dans le domaine de l’assurance offrent
les services de comparateur, d'assurance collaborative, ou d'assurance santé 100% digitale.
103. Il y a lieu de remarquer que l’innovation est au cœur des activités des fintech. Constatant
que les services financiers mobiles money ne sont pas interopérables, la start-up WeCashUp dont
le fondateur est Cédric Atangana, a développé une passerelle de paiement mobile universelle pour
l’Afrique. Selon Cédric Atangana, l’Afrique compte plus de 155 formats de paiement mobile. Avant
l’arrivée d’une application comme WeCashUp, les e-commerçants devaient intégrer ces multiples
plateformes en fonction des demandes clients. Une passerelle universelle comme WeCashUp facilite
grandement les paiements électroniques, grâce à l’intégration d’une API (interface de dialogue), qui

43
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

connecte le commerçant au bon standard de paiement. En dehors des e-commerçants, WeCashUp


travaille avec des banques et des acteurs de la microfinance.
104. Toujours concernant les services financiers, la cryptomonnaie, une forme de monnaie
virtuelle, ne cesse de croître dans le monde, y compris en Afrique et certains économistes estiment
que cette innovation révolutionnaire a toutes ses chances sur le continent. La cryptomonnaie ne
connaît pas de frontières puisqu’elle dépend d’Internet : les transactions sont enregistrées dans une
base de données distribuée appelée « chaîne de blocs » (blockchain), soit un ensemble d’ordinateurs
connectés qui génèrent un registre en temps réel. La particularité de la cryptomonnaie réside dans le
fait qu’elle n’est pas encore réglementée par les États et ne passe par aucun intermédiaire. Les
transactions se font sur le Web et peuvent donc avoir lieu n’importe où dans le monde. Parmi les
principales marques mondiales de cryptomonnaies, on compte Bitcoin, Litecoin, XRP, Dash, Lisk et
Monero, mais Bitcoin arrive en tête en Afrique. Les cryptomonnaies pourraient devenir le nouveau
mode de transaction financière à l’ère numérique. D’ici à 2020, il y aura, en Afrique, 725 millions
d’utilisateurs de téléphone portable, selon la GSMA et davantage d’Africains seront ainsi en mesure
d’entrer dans l’univers de la cryptomonnaie. Les Gouvernements ne réglementent pas
actuellement les cryptomonnaies, favorisant, sans doute, ainsi, leur croissance. Le fait que les
utilisateurs de cryptomonnaies puissent envoyer de l’argent partout où une connexion Internet est
disponible à peu de frais et sans l’interférence d’un tiers est un avantage que la plupart des monnaies
n’offrent pas.
105. Les voitures autonomes de demain utilisent les outils numériques pour leur pilotage. De
même, pour une meilleure protection de l’environnement, les voitures de demain vont voir leur
moteur thermique remplacé par des moteurs électriques avec des batteries électriques. Ces batteries
électriques sont fabriquées à partir du cobalt, minerai dont regorge abondamment la RDC. Les
batteries des smartphones sont également fabriquées à partir du cobalt et, en tenant compte de la
croissance prévue pour la téléphonie mobile large bande, cela préfigure une demande accrue du
cobalt. En effet, 40 % du cobalt produit dans le monde est utilisé dans les batteries pour smartphones
et celles pour voitures électriques. Selon une étude commanditée par Glencore, le nombre de ces
véhicules devrait dépasser les 30 millions d'ici à 2030, et la production du minerai devrait, pour
satisfaire ces besoins, augmenter de 314 000 tonnes, soit plus de 400 % par rapport au niveau de
2016. Dans le seul secteur des batteries, la demande mondiale de cobalt a triplé depuis 2011 et devrait
continuer sur cette voie. Elle passerait de 46 000 tonnes en 2017 à environ 190 000 tonnes d'ici 2026,
selon l'analyste du secteur par Benchmark Mineral Intelligence. La RDC produit environ 60% du
cobalt mondial et possèderait 50% des réserves mondiale de ce métal.
106. La production de cobalt en RDC est duale. Elle provient de grands groupes mais aussi d'une
multitude de producteurs artisanaux, employant quelque 200 000 personnes, ce qui pose le problème
d’exploitation judicieuse et de sécurité pour ces personnes. Dans un premier temps, l’utilisation des
outils numériques pourrait optimiser la gestion des différents sites d’extraction du minerai, assurer
la traçabilité de la production, en maitriser les quantités et renforcer la sécurité dans les différents
sites. Mais, c’est surtout l’industrialisation pour produire des produits semi finis, voire finis qui peut
permettre de créer davantage de valeurs ajoutées. Une opportunité que la RDC devrait saisir.
107. Un autre minerai très précieux du fait de son utilisation dans l’industrie électronique, le coltan
fait partie de ces produits très convoités, qui font l’attrait, de quelques régions d’Afrique centrale et
surtout de la RDC. Le terme coltan est employé pour désigner colombite-tantalite, minerai de couleur
noire ou brun rouge dont on extrait le niobium et le tantale. C’est ce dernier qui fait toute l’utilité du

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coltan. En effet, de par sa résistance à la chaleur et la corrosion, le tantale produit à partir du coltan
est très recherché dans la fabrication de certains composants électroniques, comme les condensateurs
d’ordinateurs et de téléphones portables. Selon les estimations, le secteur de l’électronique
monopoliserait 60 à 80% du marché du tantale. Son utilisation s’étend aux missiles, fusées ou encore
les avions. On l’utilise dans la composition d’alliages de cobalt et de nickel dans l’aéronautique et la
fabrication des réacteurs. Les ressources mondiales de coltan sont réparties dans de nombreux pays,
en particulier l’Australie, le Brésil, la Chine, le Canada, l’Espagne et la RDC. La RDC abrite les plus
importantes réserves de ce minerai, soit de 60% à 80% des réserves mondiales connues.
108. La RDC n’est cependant pas le seul pays de la sous-région riche en coltan. Le Rwanda voisin
peut également produire du coltan, notamment dans la région de Gatumba. Très souvent,
l’exploitation du coltan se fait de manière illégale et informelle et entraine des effets néfastes sur
l’écosystème local, notamment la faune, la flore et sur la vie quotidienne des communautés locales.
Depuis 2012, plusieurs actions ont été entreprises en vue de rationaliser l’exploitation du coltan. Le
Burundi, le Rwanda, et la RDC, ont lancé des projets de traçabilité pour s’assurer que les minerais
ne proviennent pas de zones de conflits. Les outils numériques s’avèrent très utiles et efficaces pour
la surveillance des sites et assurer la qualité et la traçabilité du coltan. L’industrialisation avec des
outils numériques d’automatisation des processus de production et de gestion pourrait dans un
premier temps, au moins avec des produits semi finis, permettre de bénéficier de davantage de cette
richesse.
109. Les Centres d’appels et, de manière générale, les prestations de services à distance sont des
opportunités découlant des progrès enregistrés par les technologies numériques, si ces technologies
sont de qualité et si les pays ou zones de délocalisation possèdent une main d’œuvre bien formée et
compétitive. De nombreuses entreprises font appel aux centres d'appel principalement pour leurs
relations externes mais aussi pour optimiser leurs interactions internes. C'est le cas des centres
d'assistance (help desks) internes qui dépannent à distance les employés, et des plateformes créées
pour renseigner les salariés sur leurs carrière, leurs droits et leurs obligations. Le nombre des centres
d’appels croît de façon exponentielle. De plus, de nombreuses entreprises industrielles ou de services
offrent aujourd’hui à leurs clients un service d’accès à distance par téléphone. Différentes
organisations du travail sont possibles : collaborateurs chez le client en délégation de personnel, en
télétravail et, majoritairement, dans des centres d'appel à proximité géographique ou délocalisés dans
des pays où le coût de la main-d’œuvre est moins élevé. Lorsque les équipes de conseillers clientèle
sont réparties sur plusieurs centres ou à leur domicile, on parle de centre d'appels virtuel.

La plupart des pays de la CEEAC ont des potentialités pour saisir les opportunités de
délocalisation des centres d’appels d’Europe ou d’Amérique sur leur territoire pour créer des
emplois au profit des jeunes qui maitrisent les technologies numériques et les langues parlées
dans ces pays, notamment l’Angola, le Cameroun et la Guinée Equatoriale.

110. Le secteur numérique est en constante et perpétuelle évolution et prend de plus en plus
d’importance du fait des incidences positives qu’il a sur tous les autres secteurs. Désormais, c’est la
maitrise du numérique qui donne la possibilité de contrôler et de developper les autres secteurs.
Puisqu’il s’agit d’une économie de l’information et du savoir, toute la puissance est dans
l’immatériel, l’intangible, les données et surtout l’intelligence artificielle et la richesse qui y est

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

contenue. Le numérique a aussi apporté un modèle économique de rupture où l’accent est mis sur
l’usage optimal d’un service plutôt que la possession du matériel permettant d’en avoir accès. C’est
ainsi que la tendance pour les particuliers comme pour les entreprises d’utiliser les ressources
informatiques matérielles ou logicielles, sans les posséder se développe de plus en plus et constitue
ce qui est désormais appelé cloud computing. Ces équipements matériels, logiciel et réseau sont
hébergés par les data centers.
111. Le Cloud Computing est un terme général employé pour désigner la fourniture de ressources
et de services à la demande par internet. Il se rapporte au stockage et à l’accès aux données par
l’intermédiaire d’internet plutôt que via le disque dur d’un ordinateur. Il s’oppose ainsi à la notion
de stockage local, consistant à entreposer des données ou à lancer des programmes depuis le disque
dur. Le cloud computing est en plein essor. Le grand public utilise de plus en plus de services cloud,
notamment pour le streaming vidéo, la recherche internet ou encore les réseaux sociaux. De leur
côté, les entreprises utilisent de plus en plus d’outils cloud pour leur gestion de ressources, la
collaboration et l’analyse de données. Cette utilisation des applications cloud va croitre de même que
le développement des Data Centers. D’autre part, l’essor de l’Internet des objets, l’apparition des
voitures autonomes, l’accroissement des villes intelligentes (smart cities), ou encore la prolifération
des appareils connectés pour la santé vont aussi augmenter la demande en Data Centers. Le cloud
présente plusieurs avantages. Il permet aux particuliers comme aux entreprises d’acheter des
ressources informatiques sous la forme de service, de la même manière que l’on consomme de
l’électricité, sans avoir à installer et entretenir des infrastructures informatiques en interne. Les autres
avantages sont l’approvisionnement en libre-service, l’élasticité, et le paiement à l’utilisation.
L’approvisionnement en libre-service permet aux utilisateurs finaux d’accéder à n’importe quelle
ressource informatique à la demande. L’élasticité offre l’opportunité d’augmenter ou de réduire la
consommation de ressources en fonction des besoins de l’entreprise. Enfin, le paiement à l’utilisation
autorise à ne payer que pour les ressources consommées. En outre, le cloud réduit les coûts d’accès
aux ressources informatiques, notamment pour les petites entreprises et les utilisateurs à faible
revenu, comme c’est majoritairement le cas dans la sous-région. Le cloud constitue ainsi une
opportunité pour les pays de la CEEAC d’accéder dans de meilleures conditions de qualité et de coût
aux ressources matérielles et logicielles dont ils pourraient avoir besoin.
112. L’intelligence artificielle (IA), du fait qu’elle permet à des machines et logiciels d’aider à la
résolution de problèmes complexes de la vie, constitue un enjeu stratégique de capitale importance.
D’ailleurs, cette nouvelle technologie figure au rang des priorités en matière de recherche,
d’innovation et de coopération de beaucoup de pays, en particulier ceux développés, à tel point
qu’elle a constitué le thème principal de la réunion des ministres des TIC et de l’Industrie du G7 à
Turin en 2017. L’IA comprend un ensemble de technologies complexes et puissantes qui toucheront,
voire transformeront, tous les secteurs et toutes les industries, et qui aideront la société à résoudre
certains de ses problèmes les plus épineux. En outre, les technologies de l’IA apporteront
vraisemblablement d’importants gains de productivité et ainsi naitront de nouvelles sources de
croissance économique. Pour réaliser le vaste potentiel des technologies de l’IA, il faudra des
investissements judicieux dans l’entrepreneuriat et l’éducation, de façon à promouvoir les
compétences et les connaissances utiles aux emplois de l’avenir et à s’adapter aux changements dans
la demande de compétences.
113. Il existe au moins un avantage réel à l’essor rapide de l’intelligence artificielle, c’est que cette
technologie ne nécessite pas le déploiement d’infrastructures particulières. L’absence de serveurs
peut facilement être compensée par l’accès au cloud computing. Ceci permettrait aux pays africains

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en général et à ceux de la CEEAC, de bénéficier d’une nouvelle possibilité de leapfrogging.


Désormais, les jeunes développeurs peuvent, partout sur le continent, innover sur des applications
simples et apporter des solutions nouvelles. L’IA va permettre aux pays de répondre à des
problématiques de développement qui leur sont propres, notamment sur des questions de santé, de
gestion de l’espace urbain et rural, de la formation accélérée des compétences etc… Pour cela, la
sous-région devra lever les contraintes liées au développement de talents de haut niveau.
114. Avec la croissance du marché du numérique, on a observé l’émergence d’un tissu
entrepreneurial dynamique et dirigé par des jeunes, les start-ups. C’est une nouveauté sur notre
continent où la carrière de fonctionnaire avait longtemps été perçue comme la plus souhaitable ; cette
nouvelle génération de « start-uppeurs » peut donc être perçue comme le symbole des changements
de mentalité facilité par le numérique.
115. Afin de mieux cerner les contraintes rencontrées par ces nouveaux entrepreneurs, le Bureau
sous-régional pour l'Afrique centrale des Nations Unies (CEA) a organisé une réunion d'échange à
Yaoundé, le 4 juillet 2019, qui a réuni les acteurs de l'économie numérique du secteur privé
(entreprises de téléphonie mobile et les startups) et ceux du secteur public (ministère des postes et
des télécommunications et agence de régulation). Lors de ces discussions, plusieurs jeunes start-
uppeurs ont décrit les défis auxquels ils sont confrontés et exprimés un certain nombre de
recommandations pour un développement rapide et soutenu de leurs entreprises, à savoir :
 Améliorer/créer un cadre réglementaire spécifique aux startups afin de réduire les goulets
d'étranglement administratifs au profit d'une émergence rapide du secteur ;

 Initier une vaste campagne de sensibilisation pour introduire dès l’école primaire les carrières
du numérique, tout en vulgarisant sa culture ;

 Faciliter les rencontres entre les startups et le secteur privé en organisant des foras spécifiques
afin de créer des synergies ;

 Faciliter l'accès des startups aux entreprises publics comme à travers les appels d'offres;

 Envisager un partenariat entre les startups et le secteur public afin faciliter leur développement
et la création de projets innovants créateurs d'emplois ;

 Créer un fonds de garantie pour appuyer les startups dans leur recherche de financement auprès
des institutions financières.

116. Par ailleurs, l’IA et le numérique sont un secteur d’opportunité pour les jeunes du continent,
car la barrière d’entrée, en termes de coût d’investissement initial, est relativement bas, ce qui permet
d’entrer sur le marché sans lever d’importants financements. Avec une population constituée à 75%
de moins de 25 ans, l’Afrique a également des besoins spécifiques en termes d’éducation et de
formation, ce à quoi l’IA permettrait de répondre. En effet, en rendant possible un suivi robotisé et
personnalisé des élèves, l’IA pourrait optimiser les potentialités, dans des pays où le manque de
financements publics crée des classes surpeuplées, atteignant parfois jusqu’à 100 élèves pour un
professeur et le machine-learning et ses modèles prédictifs permettraient également de traiter celle-
ci de façon automatisée, en limitant le recours aux ressources humaines. Enfin, l’IA devrait donner
à l’Afrique les moyens d’exploiter ses propres données. L’extrême rareté de data analystes en

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Afrique fait de ses data une réserve largement inutilisée, mais convoitées par les plus grandes
multinationales.
117. Dans le domaine du numérique, l’internet des objets est en pleine expansion. L’internet des
objets caractérise des objets physiques connectés ayant leur propre identité numérique et capables de
communiquer les uns avec les autres. Ce réseau crée en quelque sorte une passerelle entre le monde
physique et le monde virtuel. Il permet l'identification numérique directe et normalisée (adresse IP,
protocoles smtp, http...) d'un objet physique grâce à un système de communication sans fil. Les objets
connectés produisent de grandes quantités de données, dont le stockage et l’analyse fait partie
intégrante du big data. Ses applications sont multiples. En logistique, il peut s'agir de capteurs qui
servent à la traçabilité des biens pour la gestion des stocks et les acheminements. Dans le domaine
de l'environnement, il est question de capteurs surveillant la qualité de l'air, la température, le niveau
sonore, l'état d'un bâtiment, etc. En domotique, l'Internet des objets renvoie aux appareils
électroménagers communicants, aux capteurs divers (thermostat, détecteurs de fumée, de
présence...), aux compteurs intelligents et systèmes de sécurité connectés. Dans le domaine de la
santé et du bien-être, il renvoie aux montres connectées, aux bracelets connectés et d'autres capteurs
surveillant différents paramètres. L’internet des objets constitue une opportunité pour les industries
et entreprises de tous les secteurs. Les industries manufacturières vont y trouver des solutions qui
prennent en charge les opérations de fabrication et la gestion des actifs de production. Les
industries des transports s’en serviront pour la gestion de la flotte et le suivi du fret. Les
concessionnaires des services publics, quant à eux, vont investir dans les réseaux intelligents pour
l'électricité et l’eau tandis que dans le secteur de la construction les bâtiments intelligents seront
de plus en plus d’usage.
118. Dans la plupart des pays de la sous-région, une franche de la population rencontre
d’énormes difficultés à accéder aux services sociaux de base, faute d’acte d’état civil ou de pièce
d’identité. L’identification numérique est une opportunité pour pallier ces faiblesses. La délivrance
de carte d’identité numérique permettra d’effectuer tout type de transaction sociale, administrative
ou économique de manière fiable. Elle va surtout permettre une meilleure intégration des
populations marginalisées ou défavorisée.

4.2 Défis

119. Les nombreuses opportunités identifiées devraient être saisies afin d’accélérer le
développement économique et social pour la création d’emplois et de richesse, l’amélioration du
bien-être des populations et la réduction des inégalités. Pour répondre à ces objectifs de
développement et, en tenant compte à la fois de la situation actuelle des pays de la CEEAC et du
taux de croissance de la population, il est établi que la diversification économique et
l’industrialisation sont la meilleure réponse, l’économie basée sur les matières premières ayant
montrée ses limites. Pour ce qui est de la diversification et de l’industrialisation, le secteur du
numérique offre des avantages certains dans la mesure où il est transversal et touche tous les autres
secteurs.
120. Cependant, un ensemble de contraintes empêchent de saisir les opportunités ci-dessus
évoquées et entravent la transformation numérique et la diversification économique. On peut
citer notamment :

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 L’inexistence d’une formulation de vision de haut niveau relative à l’économie numérique ou


une vision non actualisée lorsqu’elle existe, de même pour ce qui est de la stratégie de
développement de l’économie numérique ;
 La faible cohérence des politiques nationales avec celle de développement de l’économie
numérique ;
 La faible harmonisation des politiques nationales dans le domaine de l’économie numérique ;
 L’inadaptation du cadre légal, réglementaire et institutionnel ;
 Le faible appui au secteur privé national afin d’une plus grande adoption de l’économie
numérique ;
 La faiblesse d’une synergie d’action entre le secteur public, le secteur privé, les instituts de
formation et de recherche intervenant dans le domaine de l’économie numérique ;
 Les difficultés de mobilisation des financements ;
 L’inadaptation quantitative et qualitative des ressources humaines ;
 L’insuffisance qualitative et quantitative des infrastructures nationales et sous –régionales,
couplée avec le coût élevé des communications ;
Trouver des solutions appropriées à ces contraintes et anticiper sur les besoins futurs constituent des
défis à relever sur divers plans pour permettre à l’économie numérique de jouer pleinement son rôle
dans le processus de diversification et d’industrialisation.
121. S’agissant du cadre légal, réglementaire et institutionnel, la nature agile, évolutive,
changeante et globalisée de l’économie numérique impose une adaptation permanente des normes
juridiques et un renforcement de la collaboration sous régionale, régionale et internationale. Ainsi,
une plus forte intégration au niveau de l’Afrique centrale serait de nature à accélérer les échanges
commerciaux et à stimuler le développement des services numériques.
122. Sur le plan institutionnel, les administrations publiques devraient prêcher par l’exemple en
étant une référence en matière d’offres de services numériques. La transformation numérique de
l’Administration devrait être effective et complète et permettre l’expansion du e-Gouvernement au
bénéfice des populations et des entreprises.
123. Le renforcement des capacités techniques et humaines des régulateurs est nécessaire pour la
mesure et le contrôle de la qualité de services ainsi que pour une tarification adéquate des services.
Il est à observer que le marché de la sous-région est envahi par des terminaux de qualité douteuse et
des efforts devront être faits par les régulateurs pour maitriser la situation, en procédant à leur
homologation.
124. Par ailleurs, les opérateurs historiques qui offrent les services de communications
électroniques fixes ont vu leurs parcs d’abonnés décroitre sensiblement, alors que la tendance
générale dans le secteur est à la hausse, ce qui montre leur inadaptation structurelle. Le défi ici est
celui de la restructuration des opérateurs historiques pour leur permettre de jouer pleinement leur
rôle dans ce nouveau contexte. D’autre part, les préoccupations en matière de cybersécurité obligent
à doter les états d’institutions de gestion, de contrôle et de réponse à de telles préoccupations.
125. Le secteur de l’économie numérique est à la fois très agile et évolutif. Le défi de l’instauration
de cadre de concertation afin de s’y adapter est très prégnant. A côté des institutions publiques et
privées, un cadre de dialogue entre le Gouvernement, le secteur privé, les milieux universitaires et
les milieux financiers devraient s’instaurer au sein d’une sorte de Conseil de partenariat pour débattre
des perspectives et des freins qui entravent l’expansion de l’économie digitale.

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126. En ce qui concerne le secteur privé et le climat des affaires, les Gouvernements de la région
font face à des défis liés à l’ampleur des incertitudes qui entourent l’investissement, et freinent ainsi
le développement des entreprises et l’entreprenariat, notamment pour le domaine de l’économie
digitale. Dans cette perspective, il est essentiel pour les pays de la région, qui trônent pour la plupart
au bas du classement du « Doing business » pour diverses raisons, d’envisager très sérieusement de
s’attaquer aux freins à l’attractivité de la destination Afrique centrale.
127. Pour ce qui est de l’écosystème de l’économie numérique dans la sous-région, en dehors des
opérateurs et fournisseurs de services de télécommunications et TIC et services financiers mobiles,
les autres éléments sont manquants ou embryonnaires. Il s’agit notamment de la fabrication des
terminaux et équipements, de l’édition des logiciels ou de la fourniture des services à valeur ajoutée.
Des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal peuvent amener à faire à ce que ces activités
encore en veilleuse puissent décoller.
128. S’agissant des investissements et des financements, la promotion du développement de
l’économie numérique, si l’on veut étendre la couverture et rendre l’accès et les services numériques
disponibles partout et pour tous, exige des efforts colossaux. La mobilisation de ressources afin de
financer les investissements dans les domaines prioritaires identifiés doit prendre en compte toutes
les possibilités existantes ou futures et les adapter à chaque type de structure. Les pays de la région
ont souvent tendance à mettre l’accent sur l’allocation des ressources plutôt que sur la mobilisation
des ressources dans la conduite des politiques de développement. Ils devraient accorder davantage
d’attention à la mobilisation des ressources et renforcer cette mobilisation en favorisant l’épargne
intérieure ; aussi, les modèles de financement basés sur le partenariat public privé sont de plus en
plus utilisés dans le secteur de l’économie numérique et devraient être davantage explorés. Le
financement participatif (crowdfunding) est un créneau où les start-ups interviennent amplement.
Les pays devraient fixer les lignes directrices concernant ce type de financement. Il en est de même
pour ce qui est des cryptomonnaies.
129. En ce qui concerne le capital humain, le contexte actuel de la mondialisation qui s’exprime
avec force dans le domaine de l’économie numérique, rend caduque le modèle traditionnel de
développement où on pouvait transposer dans les pays de la sous-région des solutions éprouvées
ailleurs et oblige à adopter, dans la mesure du possible, des stratégies qui reposent, sur le
développement des produits différenciés très innovants, ou des produits de niche à forte intensité
technologique. Ceci suppose la disponibilité d’une masse critique de ressources humaines hautement
qualifiées. Ainsi, le problème du développement des ressources humaines à tous les niveaux et, plus
spécialement, au niveau des formations universitaires et professionnelles se pose avec acuité. Il en
est de même des Centres de recherche et des pôles technologiques qui sont les lieux par excellence
où se développe l’innovation. L’état des lieux a relevé l’énorme carence de la région en structures
spécialisées de formation de haut niveau et centres de recherche et le très faible niveau de produits
de moyenne ou haute technologie issus de la région.

Dans un contexte où l’innovation et les capacités techniques et technologiques sont des


facteurs importants dans la compétitivité, les pays d’Afrique centrale se doivent d’investir
massivement dans la formation du capital humain.

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130. Pour ce qui est des infrastructures, de la couverture et des coûts d’accès, la connectivité a un
rôle central à jouer dans l'édification de la société de l'information.

Un accès universel, ubiquitaire, équitable et financièrement abordable aux


infrastructures et aux services numériques constitue l'un des défis de la société
de l'information et devrait être l'un des objectifs de tous ceux qui participent à
son édification.
L’infrastructure comprend également l'accès à l'énergie et aux services
postaux, qui sont indispensables pour l’activation des équipements et les
aspects logistiques liés à la distribution des produits et biens dans le cadre des
transactions électroniques.

131. Par ailleurs, l’atteinte des objectifs définis dans les différents engagements internationaux et
les ODD ainsi que les objectifs de développement demandent de formaliser le cadre devant favoriser
l’émergence de la société de l’information en Afrique centrale. Il s’agit de relever les défis de la
convergence multidimensionnelle (plate-forme d’offre de services multimédia), de l’infrastructure
large bande et de la confiance aux services de communications électroniques.
132. Il est amplement reconnu que les infrastructures de quantité suffisante et de bonne qualité
(transports, électricité ou communications électroniques), sont des conditions préalables au
développement de n’importe quel secteur économique. Dans le domaine de l’économie numérique,
ceci est tellement vrai que les infrastructures de communications électroniques sont appelées « le
cœur de l’économie numérique », en raison de son importance et de son rôle dans la bonne marche
des autres composantes de l’économie numérique.
133. L’état des lieux a mis en exergue d’énormes défis à relever en ce qui concerne les
infrastructures. Dans chacun des pays de la CEEAC, il faudra encore en déployer, notamment la fibre
optique, pour pouvoir offrir les services large bande dont les utilisateurs ont besoin. Ces
infrastructures devront être posées de façon à assurer la redondance et être en mesure de fonctionner
même s’il y a des coupures et donc être résilientes. Des efforts devraient être faits pour la baisse
substantielle des coûts, car il ne faut pas perdre de vue le fait que dans cette sous-région les prix sont
les plus élevés du monde, lorsqu’on les rapporte au revenu national brut mensuel. Il est aussi utile de
rappeler qu’une enquête de l’UIT a montré que les principales raisons qui amènent les gens à ne pas
utiliser internet sont la vitesse (débit pas suffisant et prix élevé). L’interconnexion sous régionale
devrait continuer d’être une priorité et l’accent mis sur les aspects opérationnels, l’état des lieux
ayant relevé que depuis dix ans par exemple que le projet CAB fonctionne, il s’est appesanti surtout
sur les aspects réglementaire et institutionnel. Cette interconnexion régionale est d’une importance
vitale car les points d’échange internet régionaux ne peuvent jouer leur plein effet que s’il y a
interconnexion directe entre les pays. En outre, l’interconnexion sous régionale est une motivation
supplémentaire pour la mise en œuvre du free roaming car les communications entre deux pays de
la sous-région n’auront plus à emprunter des réseaux tiers qui induisent des charges supplémentaires.
Aussi, pour tenir compte de la tendance mondiale qui est à l’utilisation du cloud computing, la

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construction de data centers nationaux ainsi que des infrastructures de sécurisation des transactions
devrait assurer la souveraineté numérique des pays et susciter la confiance dans l’utilisation des outils
numériques, dans un contexte où les cybermenaces vont croissant.

5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

5.1 Conclusions

134. La plupart des pays de la CEEAC ont donné une place de choix aux TIC et à l’économie
numérique dans leur vision et leur politique de développement à long et moyen terme. Dans certains
pays, cette vision est déclinée dans des stratégies nationales de développement de l’économie
numérique telles que préconisée au niveau international et au niveau continental, mais dont
l’échéance est soit déjà arrivée, soit devrait l’être sous peu. Dans d’autres pays, ces stratégies ne sont
pas disponibles ou au mieux, sont encore en chantier.
135. A partir d’exemples et de cas concrets, nous avons montré que les outils numériques sont un
catalyseur du développement sur lequel l’Afrique Centrale devrait s’appuyer pour sa diversification
économique et son industrialisation. Bien que les outils numériques renvoient à la technologie, le
développement de l’économie numérique ne se joue pas seulement sur le terrain technologique et les
conditions pour son expansion sont des facteurs indispensables à la transformation et la
diversification économique par l’industrialisation, ce que le rapport de la banque mondiale de 2016
a qualifié de compléments analogiques du numérique. Une revue de cet environnement a permis de
conclure que son adaptation est nécessaire ainsi que le renforcement de son harmonisation au niveau
sous - régional.
136. La révolution numérique apporte un nouveau modèle d’organisation de l’activité économique
avec des outils pour transformer les processus de production, de gestion et de commercialisation par
l’accès non restreint aux marchés et la simplification des procédures de tous ordres. Les Etats ne
devraient pas être en reste et doivent procéder à parachever leur transformation numérique en vue de
l’avènement du e-Gouvernement afin de mieux fournir les services publics à la population et aux
entreprises dans les meilleures conditions d’efficacité, de transparence et de coût. Dans cette
mouvance, bien que la transformation numérique soit une question transversale qui concerne tous
acteurs de la société et de l’économie, le rôle de l’Etat reste central.
137. Dans le domaine des infrastructures de télécommunications fixes, les pays de la CEEAC
avaient, par le passé, un retard considérable lorsque les communications étaient principalement fixes.
Depuis l’avènement des communications électroniques mobiles, des progrès notables sont
enregistrés dans beaucoup de pays, ce qui a permis de résorber en partie leur retard (leapfrogging).
Toutefois, l’économie numérique s’appuyant désormais sur les réseaux haut débit ou large bande, le
risque de creusement du retard est réel, si l’on tient compte du faible développement des réseaux à
fibre optique à partir desquels les services haut débit actuels (4G pour le mobile ou FTTH pour le
fixe) ou futurs (5G pour le mobile) vont s’interconnecter. D’où la nécessité d’investir dans le
développement de ces réseaux.
138. La diversification économique pourra bénéficier de la croissance phénoménale des services
financiers numériques tels que le mobile money. En effet, de 2016 à 2020, le pourcentage de la
population adulte utilisant le mobile money en Afrique subsaharienne va passer de 40% à environ

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

81%, soit plus du double. Il s’agit d’une opportunité contribuant grandement à l’atteinte de l’objectif
de l’inclusion financière. Cependant, les populations des couches défavorisées qui ne sont pas
touchées par les services numériques, sont souvent les mêmes qui n’accèdent pas aux services
d’identification (exemple services d’état civil) et l’identification numérique peut être une solution
pour généraliser les services d’identification, tout en les rendant davantage fiables.
139. Les mutations technologiques, notamment le passage de la 4G à la 5G dans le domaine des
communications électroniques mobiles couplées au besoin du maillage national des pays par des
backbone à fibre optique et d’interconnexion directe des pays entre eux, imposent des efforts
énormes à faire en matière d’infrastructure, y compris les data centers et les équipements dédiés à la
sécurisation. Ces infrastructures sont d’autant plus importantes que les plateformes de services
numériques ne peuvent fonctionner sans elles. En dehors des ressources humaines, les infrastructures
sont le maillon essentiel de la chaine de développement des services numériques. Dans le cadre du
développement des infrastructures, l’immensité de la tâche est telle que toutes les possibilités doivent
être explorées, y compris la recherche de partenariat multipartite public - privé ou le concours des
bailleurs de fonds, en réinventant les procédés et mécanismes de fonctionnement. Ce d’autant plus
que l’exemple du projet CAB mis sur pied il y a plus de dix ans avec le concours des bailleurs de
fonds, n’a pas, à ce jour, abouti à beaucoup de résultats concrets et tangibles.

5.2 Recommandations

140. Les recommandations formulées ci-après découlent des messages provenant des conclusions
ci-dessus et s’adressent tour à tour aux Etats, aux Communautés Economiques Régionales, aux
Organisations Internationales, au secteur privé, aux Universités et grandes écoles, et aux bailleurs de
fonds. Elles visent à mieux tirer profit de l’économie numérique pour répondre aux défis de la sous-
région, dont celui de la transformation structurelle à travers la diversification économique et
l’industrialisation.

141. Aux Etats membres


 Elaborer et/ou actualiser les stratégies nationales de développement de l’économie numérique
en veillant à une cohérence et une synergie avec les politiques d’industrialisation et de
diversification.
 Actualiser le cadre réglementaire et de régulation en tenant compte des nouveaux services
numériques centrés sur les plateformes et les données.
 Procéder à la transposition des normes juridiques sous régionales (lois type sur l’économie
numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection
des données à caractère personnel) ou internationales dans les législations nationales.
 Poursuivre, parachever et/ou faire évoluer la transformation numérique de l’administration
publique pour offrir des services publics de qualité, avec célérité et dans des conditions de
transparence aux populations et aux entreprises et faciliter la transformation numérique du
secteur privé, en prenant en compte les gains énormes apportés par les technologies nouvelles
et d’avenir (cloud computing, intelligence artificielle).
 Promouvoir la formation, la recherche et l’innovation, notamment dans le domaine des
technologies et services numériques, à travers des centres de recherche ou des pôles

53
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

technologiques (technopoles ou cyberpark, à l’instar de la Kigali Innovation City du


Rwanda), afin d’accompagner le développement des entreprises et de l’entreprenariat.
 Mettre en place un système d’identité numérique, en s’appuyant sur les initiatives régionales
existantes à l’instar de celle de la CEA, afin de prendre en compte toutes les couches de la
population et faciliter les transactions électroniques.
 Prendre des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal, à l’instar de la mise en place
de zones économiques préférentielles, en faveur des entreprises à forte valeur technologique
ou numérique pour accélérer le développement de la production manufacturière et des
services et bénéficier des avantages combinés de l’économie numérique et de la zone de libre-
échange continentale.
 Envisager des mesures spéciales pour accroitre l’inclusion numérique, et corrélativement
l’inclusion financière.
 Explorer toutes possibilités (renforcement de la régulation, rôle de la concurrence,
partenariats, financements innovants) à exploiter pour le développement des infrastructures
large bande (fibre optique, 4G et 5G), l’augmentation de la connectivité nationale et sous
régionale, l’amélioration de la qualité de service, et le renforcement de la confiance dans
l’usage des outils numériques (gage de la souveraineté numérique), afin de rendre la sous-
région davantage attractive aux investisseurs.
 Prendre toute mesure appropriée pour faire de l’accès internet (considéré comme un bien
public –Wifi dans les espaces publics) un droit inaliénable au même titre que l’accès à l’eau,
aux soins de santé ou à la sécurité afin de permettre à l’ensemble de la population de
bénéficier des atouts du numérique.
 Mettre en place des politiques, stratégies et mesures visant à réduire les tarifs nationaux et
d’itinérance (free roaming) des services numériques afin de les rendre abordables, y compris
aux couches les plus défavorisées.

142. Aux Communautés Economiques Régionales

 Poursuivre l’harmonisation du cadre réglementaire sous - régional en tenant compte des


nouveaux services numériques centrés sur les plateformes et les données.
 Accompagner les Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous
régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union
Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou
internationales dans les législations nationales.
 Envisager d’instituer un label sous régional pour mettre en valeur et/ou récompenser, les
initiatives ayant un fort impact sur l’inclusion numérique.

143. Aux Organisations internationales

 Apporter un appui à l’élaboration et/ou l’actualisation des stratégies nationales de


développement de l’économie numérique.
 Donner une assistance aux Etats membres dans le processus de transposition des normes
juridiques sous régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou


internationales dans les législations nationales.
 Continuer de soutenir ou étendre leur appui aux projets de développement des ressources
humaines de la région ainsi qu’aux initiatives visant à réduire la fracture numérique,
notamment à travers des programmes STEM.
 Accompagner les Etats membres dans la mise en place de systèmes d’identité numérique qui
s’avèrera incontournable à l’avenir.
 Elaborer un guide de bonnes pratiques concernant les financements innovants (financement
participatif ou autres et les monnaies virtuelles).

144. Au secteur privé

 Engager ou poursuivre leur transformation numérique afin de pérenniser et développer leurs


activités.

145. Aux universités et grandes écoles

 Mettre en place des curricula de formation dans le domaine des technologies numériques
d’avenir et développer des partenariats, notamment avec le secteur privé, pour mener des
recherches et apporter des réponses aux problématiques nationales et sous régionales.
 Créer une spécialisation thématique de pointe par pays qui permette le développement de
compétences dans l’ensemble des pays de la sous-région.

146. Aux bailleurs de fonds

 Contribuer aux financements du développement de l’économie numérique en proposant des


solutions adaptées en tenant compte de son agilité et de son évolutivité, ainsi que de la
spécificité des acteurs des différents segments de marché.
 Instaurer ou accroitre les partenariats avec les écoles d’ingénieurs, universités et centres de
recherche pour soutenir le développement des ressources humaines de qualité, principal
moteur de développement des technologies numériques.

55
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

BIBLIOGRAPHIE
1. Analyse des drivers de l’économie numérique, Mawenzi Partners, mars 2013
2. Annuaire statistique des télécommunications et TIC au Cameroun, édition 2017, MINPOSTEL-
INS
3. Atlas, mapping mining and SDGs
4. Global cybersecurity index 2017, ITU
5. ICT4SDG : Leveraging technology to achieve the global goals
6. Information economy report 2017 : digitalization, trade and development, UNCTAD
7. Innovating in a the digital economy, Global Information technology report 2016, World
Economic Forum
8. Global competitivity index, World Economic Forum, 2017-2018
9. Global information technology report 2016, World Economic Forum
10. ITU News magazine, n° 3/2017, intitulé « Comment les TIC accélèrent la réalisation des
ODD »
11. L’économie du secteur mobile, Afrique subsaharienne 2017, GSMA
12. Measuring the information society report, ITU publication 2018
13. Observatoire annuel 2017 du marché des communications électroniques au Cameroun, ART
14. OMPI Magazine : les TIC et l’innovation, septembre 2013
15. Plan stratégique Cameroun numérique 2020
16. Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED « Libérer le potentiel du
commerce électronique pour les pays en développement »
17. Rapport sur le développement dans le monde : Les dividendes du numérique, par la Banque
Mondiale, 2016
18. United Nations e-Government survey 2018
19. UNCTAD B2C E-commerce Index 2018, focus on Africa

56
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

GLOSSAIRE

AXIS: African Internet eXchange System


B2C: Business to Consumer
BSR-AC : Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale
CAGR : Compound Annual Growth Rate ou Taux de croissance annuel composé
CEA : Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CER : Communauté Economique Régionale
CIE : Comité Intergouvernementale d’Experts
CIS : Community of Independant States
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
DIRD : Dépense Intérieure de Recherche et de Développement
EAC: East African Community
ECOWAS: Economic Community of West African States
GAFAM: Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft
GSMA: Global System for Mobile Communication Association
IXP: Internet eXchange Point
LDC: Low Developing Countries
M2M : Machine to Machine
MPME :Micro, Petites et Moyennes Entreprises
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
ODD : Objectifs du Développement Durable
OS : Operating System
OTT: Over The Top
PIB: Produit Intérieur Brut
PKI : Public Key Infrastructure
PPA : Parité du Pouvoir d’Achat
RNB: Revenu National Brut
SADC: Southern African Development Community
STEM: Science, Technology, Engineering and Mathemathics
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
UIT: Union Internationale des Télécommunications
UNESCO: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
WEF: World Economic Forum
ZLECA : Zone de Libre Echange Continentale Africaine

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

ANNEXES
Annexe 1 : Définition de la terminologie utilisée dans ce rapport

5G : Technologie de communications mobiles, avec des débits de données plus rapides (de l’ordre
des gigabits par seconde), une connectivité fiable, un temps de latence ultra faible, une meilleure
efficacité énergétique, une sécurité accrue et autorisant un nombre très important de personnes et de
dispositifs connectés.
Backbone : Cœur de réseau englobant les nœuds de réseau et les artères de transmission
Big data : Importants volumes de données de différente nature, accessibles rapidement, traités et
transmis à grande vitesse et dont l’analyse permet de tirer des informations utiles dans de très
nombreux domaines tels que le comportement des consommateurs, l’épidémiologie, la lutte contre
la criminalité, etc.
Blockchain : Bases de données distribuées contenant les listes de toutes les transactions entre
utilisateurs réalisées depuis leur mise en route. Chaque liste de transaction est contenue dans un bloc
qui est lié au suivant, formant une chaine. Le champ d’application des blockchains est très étendu et
ils peuvent remplacer la plupart des tiers de confiance centralisés (métiers de la banque, notaires,
cadastres, etc.).
Cloud computing : Utilisation de serveurs distants accessibles par internet pour stocker, accéder à
ou traiter l’information, depuis plusieurs postes de travail de type varié (ordinateur, smartphone), en
lieu et place de la station de travail de l’utilisateur.
Cryptomonnaie : Monnaie électronique pouvant s’échanger de pair à pair sur une blockchain ou un
réseau décentralisé ou registre distribué et dont l’implémentation se base sur les principes de la
cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même.
Datacenter : Bâtiment sécurisé qui héberge des applications informatiques ou des équipements de
communication. Il est équipé de salles qui suivent des normes strictes (électricité, température,
humidité, contrôle d’accès, etc.) pour préserver la durée de vie des équipements.
Fintech : ce sont des entreprises, généralement des star-ups, qui évoluent dans le secteur de
l’innovation technologique applicable aux services financiers et bancaires. Leur champ d’actions
s’étend du financement alternatif des entreprises jusqu’au paiement en ligne, en passant par la gestion
d’épargne, le prêt, les agrégateurs de comptes bancaires, etc. Leur but : offrir aux clients des services
de meilleure qualité et moins coûteux. Les FinTech ont donc une approche disruptive de l’univers
de la banque, de la finance et de l’assurance.
Imprimante 3D : machine destinée à la fabrication de pièces en 3 dimensions par dépôt de couches
successives de matière fondue (plastique, métal, nourriture, etc.) et permettant de produire des objets
réels.
Industrie 4.0 : nouvelle génération d’usines connectées, robotisées et intelligentes pour la
fabrication de produits uniques et personnalisés, adaptés au besoin de chaque client.
Insurtech : entreprises s'appuyant fortement sur des activités technologiques pour créer de la valeur
sur les produits en assurance automobile, habitation, épargne‐vie et autres garanties professionnelles
et conquérir des parts de marché sur le marché de l'assurance.
Intelligence Artificielle (IA) : Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour permettre
à des machines, et plus particulièrement à des systèmes informatiques, de simuler les processus
cognitifs humains. Ces processus comprennent l'apprentissage (acquisition d'informations et de
règles liées à leur utilisation), le raisonnement (application des règles pour parvenir à des conclusions

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

approximatives ou précises) et l'autocorrection. Les applications spécifiques de l'IA sont notamment


les systèmes experts, la reconnaissance vocale et la vision artificielle.
Internet des objets : Réseau d’objets connectés au moyen de l’internet ou toute autre infrastructure
des TIC, permettant les échanges d’informations et de données provenant de dispositifs présents dans
le monde réel et issus de la vie quotidienne (montres, appareils électroménagers et de domotique…)
ou dans le monde virtuel.
Internet eXchange Point (IXP) : infrastructure physique qui permet d'échanger du trafic Internet
local dans un territoire donné. Cela améliore la qualité du trafic internet et évite les coûts
supplémentaires importants liés au transport des données hors du territoire, du pays ou du continent.
Large bande : synonyme de haut débit.
Machine to Machine (M2M) : communication entre deux machines ou plus et nécessitant peu
d'intervention humaine directe, voire aucune.
OTT : applications et services qui sont accessibles par internet et qui s’appuient sur le réseau des
opérateurs de télécoms tout en étant indépendants de ceux-ci, et pour fournir concurremment des
services de voix et de messagerie entre autres.
Start-up : jeune entreprise, généralement du secteur technologique, promise à une croissante forte
et rapide, et ayant réalisé au moins un tour de financement extérieur.
STEM: Science, technology, engineering & mathematics.
Très haut débit : Débit supérieur à quelques dizaines de mégabits par seconde (Mbps). Pour l’Union
Européenne c’est 30 Mbps.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 2. Contribution des TIC à la réalisation des ODD

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique

Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en


ligne en Afrique

Certification
Centres de
N° Pays Principales Ecoles Titres délivrés Cours en
recherche
ligne
1 Angola Universidade Catolica de Licence professionnelle
Angola
2 Burundi Université du Burundi Master
Doctorat
3 Cameroun Ecole Nationale Supérieure -Licence Cisco
des Postes, Télécoms et professionnelle/ CCNP
TIC (SUP’PTIC) Ingénieurs de travaux CCNA
-Master/Ingénieurs de
conception
Doctorat
4 Ecole Nationale Supérieure Master/Ingénieurs de Cisco
Polytechnique de Yaoundé conception CCNP
Doctorat CCNA
5 Institut Polytechnique de Master
Maroua
6 Faculté de Génie Industriel Licence
de Douala Master
Doctorat
7 Institut Africain Licence professionnelle
d’Informatique (IAI) Master
8 Département Informatique Licence
et Réseaux des Facultés des Master
Sciences de chacune des Doctorat
huit Universités d’Etat
9 Ecole Supérieure Inter-Etat Ingénieurs
Cameroun Congo de
formation des TIC (Campus
à Sangmélima et Campus à
Ouesso)
10 Gabon Institut Africain Ingénieur de conception
d’Informatique
11 Ghana Ghana Technology Bachelor of science
University College travaux
Master
12 Accra Institute of Licence professionnelle
Technology Master
Doctorat
13 Nigeria Digital Bridge Institute Master E-learning

61
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Doctorat
14 Cote Ecole Supérieure Africaine Ingénieur E-learning
d’Ivoire des TIC (ESATIC) Master Cisco CCNA
Doctorat Microsoft IT
Academy
15 Kenya African Advanced Level Engineer Cisco & IT
Telecommunications Master CCNA
Institute (AFRALTI) security
16 Mount Kenya University Bachelor Huawei
Master CISCO
Certificate CCNA
Diploma E-learning
17 Technical University of Diploma Centre de recherche E-learning
Kenya Bachelor en science,
ingénierie,
technologie,
entreprenariat
18 Strathmore University Bachelor 10 centres de E-learning
Master recherche
Diploma
19 South Centre for learning Telkom Master Cisco
Africa Doctorat CCNA
20 Rwanda University of Rwanda, Licence professionnelle E-learning
College of Science and Maîtrise
Technology (URCST) Doctorat
21 Kigali Independant Bachelor E-learning
University (ULK) Master
22 Carnegie Mellon University Engineer
Master
23 Adventist University of Bachelor E-learning
Central Africa Master
24 Tchad Université Emi Koussi Licence
Master
25 Sénégal Universités Cheikh Anta Diplôme Supérieur de Laboratoire
Diop de Dakar : Technologie (DST) d'Informatique,
Ecole Supérieure Licences Réseaux et
Polytechnique de Dakar professionnelles Télécommunications
Diplôme d’Ingénieur
Technologue (DIT)
Diplôme d’Ingénieur de
Conception (DIC)
Masters
Doctorat
26 ESMT Licence professionnelle laboratoire e-INOV VSAT
Ingénieurs des Travaux ESMT CCN-
Masters professionnels Equipement
Doctorat Alcatel-
Lucent
Fibre optique
NSOFT
Cours en
ligne
27 Institut supérieur de Licence professionnelle Cours en
Formation/Management Masters professionnels ligne
Ingénierie et Technologie IT Pro
Source : Elaboration par auteur sur la base de données de sources diverses.

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC - ITU Résultats - Enquête 2018
ITU/BDT Classification: Afrique
Pays Tarif Tarif Tarif- Tarif- Tarif- Tarif- Tarif- Tarif- Bien vouloir indiquer le
d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion d’interconnexion site web où les tarifs
sur le fixe- sur le fixe- sur le fixe- sur d’autres sur d’autres sur d’autres aux réseaux aux réseaux d’interconnexion sont
opérateur opérateur opérateur réseaux fixes: Réseaux fixes: réseaux fixes: mobiles: mobiles disponibles.
historique: historique: historique: Local Simple Transit Double Transit de fixe à Mobile de mobile à
Local Simple Transit Double Transit Mobile

Angola 0.02 0.60E-2 0.01 0.03 0.60E-2 0.01 0.03 0.03


Burundi 0.02
Cameroun 0.05 0.02 0 0 0 0 0.05 0.05 www.art.cm
Rép.
Centrafricaine
Tchad 0.11² 0.11² 0.28² 0.35² 0.06² www.otrt.org² **
Congo 0.07 0.05 0.05 www.arpce.cg
Rep Dem. du 0.03 non opérationnel
Congo
Guinée
Equatoriale
Gabon 0.02 0.86E-2 0.02 0.02 www.arcep.ga
Rwanda 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.01 www.rura.rw
Sao Tome & 0.04¹ 0.06¹
Principe
¹2017. ²2012. ³2015. ⁴2014. ⁵2011. ⁶2016.
Source: ITU World Tariff Policies Database
**Chad : Sur ce site les tarifs d'interconnexion ne sont pas publiés

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement et leur capacité , CEEAC (années les plus récentes)

Point Point
Point Point d'atterrissement Point d'atterrissement
d'atterrissement Point d'atterrissement n°3 d'atterrissement
d'atterrissement n°1 n°4 n°6 Capacité totale
Pays n°2 n°5
(Gbps)
Capacité Capacité Capacité Capacité Capacité Capacité
Nom Nom Nom Nom Nom Nom
(Gbps) (Gbps) (Gbps) (Gbps) (Gbps) (Gbps)
WACS(en
Angola SAT3 ACE SACS
cours)
Burundi
Cameroo WAC NCSCS(MAIN ACE(en
SAT3 80 280 40 SAIL 2800 48,9 3200
n S ONE) cours)
Rép.
Centrafri
caine
Tchad
WAC
Congo
S
Rép.
Démocrat WAC
ACE
ique du S
Congo
Guinée
CEIB SAIL (en
Equatoria ACE CEIBA-2 40
A-1 cours)
le
Gabon SAT3 12,5 ACE
Rwanda
Sao
Tome & ACE
Principe

Source: ITU
SACS: South Atlantic Cable System Luanda - Fortaleza 6300 km

64
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe, CEEAC, 2017

Pays ISO Taux de pénétration du téléphone fixe Taux de pénétration du téléphone fixe
large bande % %
Angola AGO 0,3 0.54
Burundi BDI 0 0.22
Cameroun CMR 0,1 3.68
Rep. Centrafricaine CAF 0 0.04

Tchad TCD 0,1 0.07


Congo COG 0 0.32

Rep. Démocratique COD 0 0


du Congo
Guinée Equatoriale GNQ 0,3 0.88

Gabon GAB 0,6 1.05


Rwanda RWA 0 0.10
Sao Tomé & STP 0,6 2.73
Principe
Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database –
TP: ITU World Tariff Policies Database - ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande, CEEAC


et le Monde, 2017

Taux de pénétration de la Taux de pénétration de la téléphonie


Région Pays téléphonie mobile large mobile %
bande %
Angola 14,6 44,73
Burundi 12,6 54,5
Cameroun 17,7 83,71
Rép .Centrafricaine 4,7 25,23

Tchad 22,6 42,66


Congo 5,9 96,11
Rép. Démocratique 16,2 43,49
Afrique centrale du Congo

Guinée Equatoriale 0 44,66

Gabon 84 131,51
Rwanda 35 72,24
Sao Tomé & Principe 34 85,14

22,48 65,82
MOYENNE CEEAC
62,00 103,60
MOYENNE MONDIALE
Source: ITU World Tariff Policies Database

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès à


internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur, CEEAC, 2017

Pourcentage de Pourcentage de Pourcentage de personnes


Pays ISO foyers ayant un foyers ayant un utilisant internet %
ordinateur % accès internet %
2017 2017 2017
Angola AGO 11.89 11.30 14.34
Burundi BDI 3.24 3.32 5.59
Cameroun CMR 16.90 21.70 23.20
Rép. Centrafricaine CAF 2.91 3.03 4.34

Tchad TCD 3.30 3.44 6.50


Congo COG 5.73 2.97 8.65

Rép. Démocratique COD 3.11 3.20 8.62


du Congo
Guinée Equatoriale GNQ 15.76 9.27 26.24

Gabon GAB 34.66 40.98 50.32


Rwanda RWA 2.50 9.30 21.77
Sao Tomé & STP 16.72 19.63 29.93
Principe
Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database -
TP: ITU World Tariff Policies Database

Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet, CEEAC, 2017

Pays (Nom IXP) ISO 2017 Nombre de 2017 Provenance


membres
Angola (ANG-IX) AGO 1 13
Burundi (BDIXP) BDI 1 11 ICT-Eye TP

Cameroun CMR 2 8 ICT-Eye TP


Rép. Centrafricaine CAF 0

Tchad TCD 0
Congo (CGIX) COG 2 4 ICT-Eye TP

Rép. Démocratique du COD 1 10 ICT-Eye TP


Congo(KINIX)
Guinée Equatoriale GNQ 0

Gabon (GAB-IX) GAB 1 6


Rwanda (RINEX) RWA 1 7
Sao Tomé & Principe STP 0
Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP: ITU World Tariff Policies Database
ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye

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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

Annexe 11 : Indice du E-commerce, Afrique, 2018

UPU
%
%
d’individus Serveurs Fiabilité
d’individus
ayant un Internet de la Valeur Variation
utilisant de Rang
Pays Compte sécurisés poste Indice
Internet l’indice Mondial
(normalisés) score
(15+, 2017 (2017) (2016-17)
(2017 ou (2017) (2017 ou
ou plus
plus récent) plus
récent)
récent)

1 Maurice 55 90 56 66 66.9 -7.2 55

2 Nigeria 42 40 52 85 54.7 5.5 75

3 Afrique du 59 69 83 0 52.9 -1.9 77


Sud

4 Tunisie 56 37 51 63 51.7 2.1 79

5 Maroc 62 29 54 59 50.9 NA 81

6 Ghana 39 58 45 53 48.8 7.6 85

7 Kenya 39 82 37 27 46.2 3.7 89

8 Ouganda 17 59 31 58 41.5 -3.2 99

9 Botswana 47 51 41 26 41.4 0.1 100

10 Cameroun 23 35 25 78 40.3 3.6 101

11 Namibie 31 81 46 0 39.5 -4.9 103

12 Gabon 62 59 34 0 38.9 5.1 104

13 Libye 20 66 64 0 37.6 NA 107

14 Sénégal 46 42 24 34 36.8 4.5 108

15 Zimbabwe 31 55 34 26 36.7 1.2 109

16 Tanzanie 25 47 32 42 36.5 8.0 110

17 Algérie 43 43 41 18 36.3 0.5 111

18 Egypte 45 33 36 23 34.4 2.3 113

19 Rwanda 20 50 31 30 32.7 -5.1 116

20 Djibouti 13 12 32 20 30.2 13.5 119

21 Togo 12 45 19 41 29.6 -2.3 121

22 Swaziland 29 29 36 23 29.0 1.8 122

23 Soudan 28 15 12 59 28.7 14.7 123

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24 Côte d'Ivoire 44 41 25 0 27.6 -10.6 124

25 Lesotho 27 46 31 4 27.2 1.3 126

26 Zambie 24 46 38 0 27.0 2.4 127

27 Madagascar 10 18 20 54 25.6 -4.2 129

28 Mali 11 35 23 25 23.9 -0.6 131

29 Angola 13 29 26 26 23.9 -4.7 132

30 Burkina Faso 16 43 12 22 23.4 1.8 133

31 Malawi 11 34 26 18 22.3 2.2 134

32 Mozambique 18 42 23 0 20.8 NA 137

33 Bénin 12 38 18 11 20.1 4.7 138

34 Mauritanie 18 21 18 21 19.6 0.3 139

35 Ethiopie 15 35 4 17 17.8 -0.4 141

36 Sierra Leone 12 20 11 20 15.9 -0.9 143

37 Liberia 7 36 12 7 15.6 -2.1 144

38 Congo 8 26 19 3 14.3 -2.7 145

39 Comores 8 22 20 0 12.5 -7.5 146

40 Burundi 5 7 19 15 11.8 1.8 147

41 R. D. du 6 26 14 0 11.7 -1.0 148


Congo

42 Guinée 10 23 10 2 11.4 -0.9 149

43 Tchad 5 22 2 0 7.4 0.7 150

44 Niger 10 16 0 0 6.6 2.4 151

Source : UNCTAD.

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Annexe 12 : Mobile-cellular basket, Monde, 2017

Taux
Mobile-cellular basket imposition PNB, USD,
Rank Economy inclus (%) 2017 %
% of PNB USD PPP$

1 Macao, China* 0.10 5.65 6.97 0 65,130


2 Hong Kong, China 0.15 5.73 6.93 0 46,310
3 Singapore 0.17 7.92 9.32 7 54,530
4 Austria 0.17 6.63 6.89 20 45,440
5 United Arab Emirates 0.19 6.10 7.99 0 39,130
6 Estonia 0.22 3.38 4.95 20 18,190
7 Slovenia 0.24 4.45 5.86 22 22,000
8 Lithuania 0.26 3.27 5.64 21 15,200
9 Sweden 0.26 11.58 10.33 25 52,590
10 Iceland 0.27 13.84 9.16 24 60,830
11 Norway 0.28 17.66 13.91 25 75,990
12 Sri Lanka 0.30 0.94 2.84 50 3,840
13 Finland 0.30 11.22 10.23 24 44,580
14 Germany 0.31 11.26 12.02 19 43,490
15 Iran (Islamic Republic 0.34 1.53 4.26 9 5,400
of)
16 Cyprus 0.35 6.91 8.72 19 23,719
17 Qatar 0.36 18.40 23.73 0 61,070
18 Brunei Darussalam 0.36 9.00 15.69 0 29,600
19 Luxembourg 0.40 23.18 20.43 17 70,260
20 China 0.40 2.91 5.11 0 8,690
21 Costa Rica 0.45 4.11 6.26 13 11,040
22 Switzerland 0.45 30.21 21.04 8 80,560
23 United Kingdom 0.46 15.44 14.96 20 40,530
24 Latvia 0.46 5.62 8.67 21 14,740
25 Ireland 0.49 22.54 20.09 23 55,290
26 Australia 0.54 22.99 18.71 10 51,360
27 Kuwait 0.54 14.14 21.82 0 31,430
28 New Zealand 0.55 17.95 15.41 15 38,970
29 Italy 0.56 14.54 15.96 22 31,020
30 Russian Federation 0.58 4.45 10.44 18 9,232
31 Bahrain 0.59 10.00 16.33 0 20,240
32 Mauritius 0.61 5.13 9.10 15 10,140
33 Croatia 0.64 6.60 11.00 25 12,430
34 Egypt 0.68 1.70 11.01 23 3,010
35 Romania 0.68 5.63 12.04 19 9,970
36 Malaysia 0.70 5.63 14.59 6 9,650
37 Kazakhstan 0.70 4.63 13.27 12 7,890
38 Maldives 0.71 5.67 7.30 6 9,570

69
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

39 Canada 0.74 26.39 25.27 13 42,870


40 Netherlands 0.74 28.47 28.29 21 46,180
41 Oman 0.75 9.00 17.36 0 14,440
42 Bahamas 0.77 18.79 16.46 8 29,170
43 Denmark 0.78 35.89 28.13 25 55,220
44 Malta 0.83 16.55 22.47 18 23,810
45 Japan 0.84 26.96 28.22 8 38,550
46 Saudi Arabia 0.84 14.13 27.38 0 20,080
47 Mongolia 0.86 2.36 6.81 10 3,290
48 Poland 0.87 9.19 18.46 23 12,710
49 Belgium 0.88 30.72 31.07 21 41,790
50 Turkmenistan 0.88 4.89 15 6,650
51 United States 0.90 43.55 43.55 9 58,270
52 Mexico 0.91 6.51 12.18 19 8,610
53 Armenia 0.91 3.04 7.46 20 4,000
54 Belarus 0.92 4.06 16.16 25 5,280
55 Greece 0.92 13.93 18.27 39 18,090
56 Tunisia 0.93 2.72 7.94 24 3,500
57 Spain 0.94 21.28 25.64 21 27,180
58 Azerbaijan 0.94 3.20 14.54 18 4,080
59 Bhutan 0.97 2.19 6.40 5 2,720
60 Slovakia 0.99 13.64 22.12 20 16,610
61 Portugal 1.02 16.84 22.11 23 19,820
62 Andorra** 1.02 31.49 36,987
63 France 1.08 34.20 34.96 20 37,970
64 Seychelles 1.09 12.94 20.45 15 14,180
65 Czech Republic 1.10 16.61 27.19 21 18,160
66 Chile 1.10 12.48 17.79 19 13,610
67 Israel 1.13 35.13 28.62 17 37,270
68 Libya 1.15 6.29 0 6,540
69 Jordan 1.16 3.83 8.20 46 3,980
70 Sudan 1.23 2..43 35 2,379
71 Korea (Rep. of) 1.23 29.10 32.77 10 28,380
72 India 1.24 1.88 6.12 18 1,820
73 Panama 1.24 13.59 23.02 7 13,100
74 Namibia 1.28 4.90 10.35 15 4,600
75 Hungary 1.28 13.74 25.25 27 12,870
76 Trinidad and Tobago 1.29 16.46 19.68 13 15,350
77 Uruguay 1.39 17.64 21.59 22 15,250
78 Bangladesh 1.39 1.71 4.31 21 1,470
79 Uzbekistan 1.39 2.30 20 1,980
80 Georgia 1.47 4.65 13.71 21 3,790
81 Jamaica 1.56 6.16 9.88 25 4,750
82 Thailand 1.57 7.79 20.62 7 5,960
83 Brazil 1.58 11.28 16.40 40 8,580
84 Botswana 1.61 9.13 18.04 12 6,820

70
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

85 Myanmar 1.61 1.60 6.38 5 1,190


86 Montenegro 1.61 9.86 20.05 19 7,350
87 Paraguay 1.82 5.94 12.85 10 3,920
88 South Africa 1.84 8.33 17.68 14 5,430
89 Albania 1.87 6.72 14.36 20 4,320
90 Saint Kitts and Nevis 1.88 25.10 32..85 16,030
91 South Sudan* 1.94 0.63 4.66 13 390
92 Argentina 1.99 21.68 21 13,040
93 Ghana 2.03 2.51 7.79 24 1,490
94 Indonesia 2.03 5.99 16.09 10 3,540
95 Kenya 2.11 2.53 5.62 26 1,440
96 Peru 2.15 10.71 20.13 18 5,970
97 Pakistan 2.19 2.88 9.46 32 1,580
98 Lebanon 2.32 16.07 26.66 10 8,310
99 Ukraine 2.34 4.65 20.92 20 2,388
100 Dominican Rep. 2.40 13.27 28.36 30 6,630
101 Nauru 2.43 20.71 15 10,220
102 Algeria 2.47 8.15 23.56 19 3,960
103 Viet Nam 2.52 4.56 11.25 10 2,170
104 Antigua and Barbuda 2.55 30.12 37.17 15 14,170
105 Turkey 2.56 23.30 52.99 43 10,930
106 Suriname 2.61 13.11 30.23 8 6,020
107 Barbados 2.64 34.15 27.84 18 15,540
The Former Yugoslav
108 2.64 10.73 25.49 18 4,880
Rep. of Macedonia
109 Colombia 2.72 13.23 28.48 23 5,830
Bosnia and
110 2.80 11.53 24.88 17 4,940
Herzegovina
111 Tonga 2.81 9.39 12.72 15 4,010
112 Iraq 2.84 11.30 22.10 0 4,770
113 Philippines 2.96 9.02 23.02 12 3,660
114 Grenada 2.96 23.77 31.94 15 9,650
115 Gabon 3.07 16.93 26.63 6,610
116 Ecuador 3.07 15.09 24.87 12 5,890
117 Samoa 3.14 10.74 14.62 15 4,100
118 Serbia 3.34 14.41 31.34 20 5,180
119 Lao P.D.R. 3.53 6.67 17.16 10 2,270
120 Guyana 3.60 13.38 21.07 14 4,460
121 Tajikistan 3.61 2.98 10.92 23 990
122 Saint Lucia 3.77 27.56 35.35 15 8,780
123 Nepal (Republic of) 3.91 2.58 7.35 24 790
Bolivia (Plurinational
124 3.96 10.32 20.77 13 3,130
State of)
125 Dominica 3.99 23.24 31.87 15 6,990
126 Bulgaria 4.00 25.84 60.39 20 7,760
127 Moldova 4.06 7.37 19.90 20 2,180
128 Fiji 4.25 17.61 28.34 9 4,970
129 Kyrgyzstan 4.26 4.01 13.34 17 1,130

71
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

130 Ethiopia 4.73 2.91 7.38 15 740


Saint Vincent and the
131 4.73 27.54 38.26 2 6,990
Grenadines
132 Morocco 4.77 11.37 26.22 20 2,863
133 Nigeria 4.87 8.45 20.90 5 2,080
134 El Salvador 5.27 15.63 30.35 18 3,560
135 Marshall Islands 5.56 22.22 0 4,800
136 Angola 5.83 16.18 20.65 5 3,330
137 Micronesia 5.89 17.63 0 3,590
138 Palestine 5.90 15.63 22.10 16 3,180
139 Cambodia 6.68 6.85 16.88 10 1,230
140 Guinea 6.90 4.71 10.78 11 820
141 Kiribati 6.96 16.12 2,780
142 Zambia 7.04 7.63 19.38 34 1,300
143 Yemen* 7.23 6.21 5 1,030
144 Honduras 7.49 14.05 28.08 15 2,250
145 Belize 7.56 27.68 48.57 13 4,390
146 Rwanda 7.71 4.62 12.65 28 720
147 Lesotho 7.81 8.33 23.76 5 1,280
148 Mozambique 8.32 2.91 9.53 17 420
149 Sao Tome and Principe 8.45 12.46 19.97 5 1,770
150 Solomon Islands 8.92 14.26 14.35 10 1,920
151 Vanuatu 9.19 22.35 20.46 13 2,920
152 Haiti 9.30 5.89 13.46 10 760
153 Guatemala 9.34 31.61 53.42 12 4,060
154 Timor-Leste 9.41 14.04 21..50 1,790
155 Afghanistan 10.09 4.79 15.69 0 570
156 Cabo Verde 10.33 25.74 55.09 15 2,990
157 Papua New Guinea 10.65 21.39 26.08 10 2,410
158 Uganda 10.96 5.48 16.39 18 600
159 Côte d'Ivoire 11.21 14.38 35.60 18 1,540
160 Djibouti 11.32 17.73 30.13 10 1,880
161 Cameroon 12.02 13.62 33.21 19 1,360
162 Benin 12.37 8.25 21.49 18 800
163 Sierra Leone 15.14 6.43 20.60 15 510
164 Madagascar 15.32 5.11 17.72 20 400
165 Senegal 15.62 12.37 30.60 23 950
166 Tanzania 15.89 11.99 33.01 33 905
167 Nicaragua 16.03 28.44 75.95 15 2,130
168 Comoros 16.46 10.43 0 760
169 Zimbabwe 17.72 13.44 26.48 25 910
170 Mauritania 19.11 17.52 45.96 18 1,100
171 Burkina Faso 19.49 9.91 26.41 18 610
172 Mali 19.60 12.58 33.46 18 770
173 Togo 20.15 10.24 25.50 18 610
174 Dem. Rep. of the 25.20 9.45 23.66 26 450
Congo
175 Malawi 27.39 7.30 25.74 17 320

72
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19

176 Burundi 30.03 7.26 18.52 18 290


177 Guinea-Bissau 31.46 17.30 41.28 17 660
178 Chad 36.20 19.00 18 630
179 Niger 36.82 11.05 29.12 360
180 Central African Rep. 38.48 12.50 19 390
181 Liberia 58.14 18.41 23.37 14 380
Syrian Arab 2..57 0 -
Republic***
Somalia*** 3.54 10 -
San Marino*** 14.57 16.77 0 -
Cuba*** 21.46 0 -
Liechtenstein*** 27.59 8 -
Monaco*** 28.16 20 -
Source: ITU. GNI p.c. and PPP$ values are based on World Bank data.
Note: Palestine is not an ITU Member State; the status of Palestine in ITU is the subject of Resolution 99 (Rev. Dubai, 2018) of
the ITU Plenipotentiary Conference.
* Data correspond to the GNI p.c. (Atlas method) in 2016.
** Data correspond to the GNI p.c. in 2016, sourced from the United Nations Statistics Division (UNSD).
*** Country not ranked because data on GNI p.c. are not available.

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