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UROLOGIE GYNÉCOLOGIQUE
C H E Z L E M E M E É DI T E U R
Autres ouvrages :
par
P. SCALI et B. GIRAUD
MASSON
Paris New York Barcelone Milan Mexico Sâo Paulo
1986
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés
réservés pour tous pays.
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41,
d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses
et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation
ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou
de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40).
Cette Yeprésentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait
donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
ISBN : 2-225-80344-7
R en c Kiiss
TABLE DES MATIÈRES
A vant-propos ......................................................................................................................................................................... XV
Cysto-uréthroscopie ............................................................................................................................................................ 54
Cystoscopie (54). Technique de l'exam en (54). U réthroscopie (55).
t
Explorations radiologiques .............................................................................................................................................. 55
A rbre urinaire sans préparation ................................................................................................................................. 55
Urographie intraveineuse ............................................................................................................................................. 56
A natom ie radiologique (59).
U réthro-cystographie ................................................................................................................................................... 60
Echographie rénale et vésicale .................................................................................................................................. 60
Opacifications directes de la voie excrétrice .......................................................................................................... 61
O pacifications v a sc u la ires............................................................................................................................................ 62
T om odensitom étrie ........................................................................................................................................................ 63
Colpocystogram tne ........................................................................................................................................................ 64
Technique du colpocystogram m e (64). E tude analytique du colpocystogramme et son interprétation -
critères de norm alité selon l'âge et la parité - notion de combiné viscéral (66).
E xploration rénale isotopique in vivo ...................................................................................................................... 66
M éthodes basées sur l’élim ination tubulaire des traceurs (67). M éthodes basées sur l'élimination rapide
d'un traceur (67).
Conclusions ..................................................................................................................................................................... 69
Investigations radiologiques en cours de grossesse et en situation d ’insuffisance rénale .......................... 69
G rossesse (69). Insuffisance rénale (70).
Le cancer du col (128). Le cancer de l’endom ètre (131). Les tum eurs ovariennes (131). Les tum eurs
salpingiennes (132). Les sarcomes utérins (133). Les cancers de la vulve (133).
Principes thérapeutiques des complications urologiques des cancers génitaux ............................................ 133
C h a p i t r e 14. — Retentissement urétéral des scléroses pelviennes péritonéales et sous péritonéales 142
C h a p itre 15. — Malformations associées de l'appareil génital et de l'appareil urinaire ............. 145
M alform ations vulvaires et urinaires associées ...................................................................................................... ..... 145
M alform ations vaginales et urinaires associées .......................................................................................................... 146
M alform ations utérines et urinaires associées ........................................................................................ .'............. ..... 147
1re fam ille: aplasies (148). 2 e fam ille: dem i-m atrices (149). 3 e fam ille: utérus cloisonnés (151).
4 e famille : utérus com m unicants (152).
Conclusion ....................................................................................................................................................................... ..... 154
C h a p itre 18. — Obstructions urétérales précoces après une intervention gynécologique pour lésion
bénigne ............................................................................................................................................... 230
Com plications urétérales tardives (275). Com plications vésicales tardives (276). Com plications
uréthrales tardives (276).
Conclusions ...................................................................................................................................................................... 276
Surveillance post-opératoire d ’une lym pho-colpo-hystérectom ie élargie ....................................................... 277
I n d e x a l p h a b é t i q u e d e s m a t iè r e s 323
AVANT-PROPOS
Tout cloisonnement excessif des spécialités médicales peut entraîner des conséquences malheu
reuses. Une telle situation s ’observe tout spécialement dans les pathologies frontières, lorsque des
connaissances insuffisantes ou inadaptées aux circonstances, exposent à des imprécisions dia
gnostiques ou à des gestes thérapeutiques inadéquats. Il est donc parfois nécessaire d'assurer une
complémentarité entre deux disciplines ; tel est notre objectif
Les chirurgiens gynécologues affrontant certains problèmes ayant une incidence urologique
n'auront pas toujours auprès d ’eux, au m om ent opportun, l'urologue compétent capable de leur
apporter la collaboration nécessaire devant une situation inattendue ou au cours d ’un accident
opératoire affectant l'appareil urinaire. De même, quelques aspects de la pathologie gynécologi
que bénigne ou maligne, certaines situations chirurgicales qui s'y rapportent ne sont pas toujours
suffisamment connues en milieu urologique.
Nous avons eu la chance dans notre carrière d'acquérir une certaine expérience dans Tune et
l'autre discipline. Elle s'est révélée précieuse.
Dans cet ouvrage, la place la plus grande a été réservée aux incidences réciproques des deux
pathologies, tant dans le domaine du diagnostic que du traitement.
Nous ne prétendons pas avoir été complets et exhaustifs. Nous avons surtout voulu apporter
une contribution originale et personnelle. La bibliographie a été limitée, faute de place, aux cita
tions du texte. Nous donnons en appendice une liste d ’ouvrages parus à ce jour, que le lecteur
pourra utilement consulter.
Nous tenons à remercier tous nos collaborateurs, en particulier certains de nos amis, dont la
participation nous fu t particulièrement précieuse :
David D. Warrell, qui fut, il y a une vingtaine d'années, l'un des pionniers des explorations
urodynamiques et qui nous a apporté un éclairage nouveau sur les notions que nous possédions
sur le mécanisme de l'incontinence urinaire.
Alexis Bethoux, avec lequel nous avons échangé pendant de longues soirées des propos par
fois passionnés sur la statique pelvienne. Nous lui devons la technique du colpocystogramme qui
a franchi les frontières.
Plus récemment Jean-Marie Buzelin nous a apporté une contribution décisive sur la physiolo
gie vésico-sphinctérienne et les études urodynamiques. Son analyse pénétrante, ses brillantes
qualités de synthèse se retrouvent dans plusieurs chapitres de cet ouvrage.
Nous tenons également à remercier Jacques Dauplat pour son importante contribution, en
particulier en iconographie.
Enfin, notre gratitude s ’adresse également au personnel de notre secrétariat et bien entendu à
nos épouses qui n'ont cessé de nous prodiguer leurs encouragements, et qui, une fois de plus, ont
fait preuve d'un noble esprit de sacrifice.
Pierre Scali - Bernard Giraud
1
RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
Les malformations génitales de la femme sont génitale, ventrale, le sinus uro-génital qui devien
souvent associées à des malformations urinaires. dra, en continuité avec l’allantoïde, la vessie et
Les origines très proches de ces deux appareils et l’urèthre.
leur évolution très étroitement liée rendent Le cloisonnement se fait sous la forme d ’une
compte de ces associations. cloison frontale qui descend de l'angle de raccor
Sans reprendre complètement le développe dement de l'allantoïde à l'intestin postérieur vers
ment de l'appareil génito-urinaire, il nous paraît la membrane cloacale (éperon périnéal de Tour-
utile d ’insister sur quelques points particuliers per neux). Il atteint cette dernière vers le 45e jour.
mettant de comprendre certaines associations mal-
formatives qui seront développées dans la suite de
cet ouvrage.
C LO ISO N N E M E N T DU C L O A Q U E
(Fig. 1)
O R I G I N E D O U B L E D E L ’U T É R U S
E T D U V A G IN
(Fig. 2 et 3)
FO R M A T IO N DU C A N A L D E M Ü LLER .
L IA IS O N A V E C LE C A N A L D E W O L F F
(Fig. 4)
urinaire (uretère, bassinet, calices, canaux collec chez la femme la totalité de la paroi dorsale de
teurs) naît du canal de Wolff près de son extrémité l'urètre et la partie de la paroi vestibulaire qui est
caudale. On sait enfin que c’est le bourgeon urété située entre le méat urétral et le vagin.
ral qui induit la formation des néphrons à partir du Même lorsqu’il atteint sa localisation définitive
blastème métanéphrogène. le méat urétéral conserve une membrane qui l’obs
On comprend donc que d ’une évolution pertur true jusqu’aux environs du 60e jour (membrane
bée du canal de Wolff puisse résulter à la fois une urétérale de Chwalla).
agénésie rénale, par absence de bourgeon urété La connaissance du déroulement de ces événe
ral, et une agénésie homolatérale d’une moitié du ments permet d'interpréter un certain nombre de
tractus féminin, par absence ou arrêt de l’évolu faits.
tion du canal de Müller. - l'absence d’ouverture du canal excréteur com
mun dans le sinus uro-génital peut constituer une
poche dans laquelle s’ouvre un uretère qui n'a pas
pu effectuer sa migration normale. L’appareil uri
É V O L U T IO N DU M É A T U R É T É R A L . naire homolatéral n’a plus de valeur fonctionnelle.
Est-ce là l’origine de l'utérus bicorne - bicervical
F O R M A T I O N D U T R I G O N E V É S IC A L
avec hémi-vagin borgne, décrit page 104 et 106 ? Il
(Fig. 5) reste à expliquer dans cette hypothèse l’abouche
ment de l’hémi-utérus, autrement dit du canal de
Müller, dans la pochc, c’est-à-dire le canal excré
L’évolution de la partie terminale du canal de teur commun dont la dilatation crée un pseudo
Wolff permet enfin de comprendre un certain hémi-vagin. Or on sait que le canal de Müller vient
nombre d ’anomalies, notamment les ectopies s'adosser normalement à la paroi du sinus uro-
d ’abouchement urétéral. génital entre les canaux de Wolff et nullement au
On l’a vu, le canal de Wolff atteint le sinus uro- canal excréteur commun. Il est vrai que tout cela
génital (ou, plus exactement, la partie du cloaque se passe dans un espace très restreint et que la
qui va devenir le sinus uro-génital) vers le contiguité entre ces différents éléments est très
28e jour. Le bourgeon urétéral naît très vite de sa intime,
paroi, près de son extrémité caudale. La partie ter - la migration insuffisante de l’uretère (c’est
minale du canal de Wolff, en aval du bourgeon notamment le cas des uretères surnuméraires qui
urétéral, prend alors le nom de canal excréteur naissent généralement en amont de l’origine nor
commun. Il faut signaler q u’à ce stade, d’après male du bourgeon urétéral) rend compte des ecto
Chwalla et Politzer [1, 6] ce canal excréteur com pies d’abouchement urétéral. L'uretère, qui ne
mun reste séparé du sinus uro-génital par une fine s’est pas séparé du canal de Wolff, emprunte le
« membrane » épithéliale. trajet de celui-ci. On sait que chez la femme le
Le canal excréteur commun subit ensuite une canal de Wolff est résiduel, normalement repré
dilatation, constituant la corne du sinus uro-géni senté par des vestiges inconstants, situés dans la
tal, qui va progressivement se trouver incorporée paroi utéro-vaginale, constituant le canal de Mal-
au sinus uro-génital. Une partie de la paroi de ce pighi-Gartner. Dans le cas d’ectopie urétérale, le
dernier se trouvera donc formée par la partie ter canal reste perméable et, par son intermédiaire,
minale, étalée, du canal de Wolff, d ’origine méso- l’uretère débouche dans le sinus uro-génital (le
blastique. C’est l’origine du trigone vésical. Après vestibule) ou dans la partie sinusienne du vagin.
incorporation de la corne du sinus uro-génital,
l’uretère et le canal de Wolff ont un orifice distinct
dans le sinus uro-génital. L’orifice urétéral va
ensuite migrer en s’éloignant, à la fois de l’orifice
du canal de Wolff qui reste fixe, et de l’autre ori
fice urétéral. Ainsi se trouve délimitée une région B IB L IO G R A P H IE
triangulaire, entre les deux orifices urétéraux et les
orifices wolffiens (très rapprochés, assimilables à
Ouvrages généraux
un point), d ’origine mésoblastique. Elle consti
tuera essentiellement le trigone vésical, entre les H a m iito n W .J ., B o y d J .D . and M o ssm an H .W ., -
orifices urétéraux et le col de la vessie, mais aussi H um an Embryology. P rénatal D evelopm ent of Form
la paroi dorsale de l'urètre entre le col de la vessie and Function, 1978, Fourth E dition, the Macmillan
et l'abouchement des canaux génitaux, c’est-à-dire Press Ltd.
R A P P E L E M B R Y O L O G IQ U E 5
W a r k a n y J., — Congénital Malformations. Notes and [2] D i d i e r E ., — D onnées expérim entales sur la for
Com m ents. Y ear Book Médical Publishers Inc, mation du canal de M üller chez l’embryon
Chicago, 1971. d'oiseau. Ann. Embr. Morph., 1968, 1, 4, 341-
350.
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müllerian duct to the wolffian duct and its im por
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Articles [4] G r u e n w a l d P., — D evelopm ent of the exere-
tory systcm. Ann. N.Y. Acad. Sci., 1952, 55, 142-
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blase und der prim âren H arnrôhre des Menschen [5] M a r s h a l l F.F. and B e i s e l D .S ., — The Asso
mit besonderer Berücksichtigung der A rt and ciation of U terine and Rénal A nomalies. Obstet.
Weise in der sich die U reteren von den U rnieren- Gynec. N .Y ., 1978, 51, 5, 559-562.
gangen trennen, nebst B em erkungen Ü ber die [ 6 ] P o l i t z e r G ., — Die dystopische M ündung des
Entiwicklung der Miillerschen Gange und des U retcrs und ihre formale G enese, Ztschr. Path.,
M astdarm s, Ztschr. ges. Anal., 1927, 83, 615. 1953, 64, 324.
2
côté opposé. Sa direction est voisine du faisceau Cette aponévrose intrique ses fibres avec les
pubo-rectal, moins oblique vers le bas cependant. muscles qu'elle recouvre et dont elle est étroite
Les rapports entre le pubo-coccygien et le ment solidaire.
sphincter strié de l'urèthre ont été discutés. Pour Elle présente des bandes de renforcement :
Von Hayek (1969 [4]) ces deux structures sont l'arcade tendineuse du releveur (arcus tendineus
indépendantes mais sont solidaires d’un fascia musculi levatoris uni) est tendue de l’orifice
commun formé de fibres musculaires lisses. d'entrée du canal sous pubien à l'épine sciatique.
D'autres, tels Curtis, Anson et Mac Vay (1939 C'est une formation mal visible au-dessus de
[5]), ont décrit quelques fibres du pubo-coccygien laquelle l'aponévrose est très ténue, confondant
qui pénétreraient dans la portion postéro-latérale ses fibres avec celles du releveur qui viennent
de la musculature uréthrale. Pour L angreder(1956 mourir au voisinage de la ligne innommée.
[6]) certaines fibres s’épanouissent en éventail L'arc tendineux de l'aponévrose pelvienne
dans les parois uréthrales et vaginales, mais il (arcus tendineus faciae pelvis) est par contre beau
souligne que ces fibres dégénèrent après l’accou coup plus net. Il part de la région de l’épine sciati
chement. que et se dirige en avant vers le bord inférieur de
la surface angulaire du pubis près de la symphyse
L'innervation du releveur présente des particu au niveau même où se détache le relief du liga
larités dignes d’intérêt. Le nerf se détache de la ment pubo-uréthral postérieur de Zacharin [8],
branche antérieure de la troisième racine sacrée. improprement appelé par les classiques ligament
Le tronc du nerf et ses branches sont composés de pubo-vésical. Les fibres de ce ligament que l’on
trois sortes de fibres myélinisées de grand diamè peut sûrement considérer comme un renforcement
tre (environ 15 /j.), de moyen et de petit diamètre de l'aponévrose pelvienne se perdent en arrière
(environ 3 yu.) (Winckler [1]). On admet que les sur la jonction vésico-uréthrale et le fascia peri-
fibres afférentes ayant le plus gros diamètre sont vaginal, ils paraissent correspondre aux ligaments
des fibres proprioceptives provenant de fuseaux pubo-vaginaux de Rieffel [3]. (Fig. 11 et 12)
neuro-musculaires. Les fibres les plus minces (3 /x) Entre les ligaments pubo-uréhtraux l’aponé
sont efférentes, motrices à vitesse de conduction vrose est réduite à une fine lamelle conjonctive
lente, ce sont les fibres y innervant les cellules sans valeur mécanique ne méritant en aucune
musculaires intra-fusales. D'après Hunt et Kuffler façon le nom de ligament médian, que l’on a voulu
[7] leur stimulation provoquerait une décharge au lui donner.
niveau des fibres intra-fusales puis une contraction A l’aplomb de la boutonnière uro-génitale.
dans les grosses fibres afférentes proprioceptives l’aponévrose pelvienne se perd insensiblement sur
des récepteurs musculaires. L’impulsion afférente les condensations conjonctives peri-vasculo-ner-
est transmise par les fibres proprioceptives épais veuses des bords latéraux du vagin et de la jonc
ses à travers les racines postérieures de la moelle tion vésico-uréthrale. Les connexions avec les
puis aux neurones moteurs de la corne posté parois viscérales nous sont apparues assez intimes
rieure ; les fibres de ces derniers (moins épaisses : dans nos dissections endo-pelviennes, plus lâches
15 fx) que les fibres proprioceptives aboutissent mais certaines dans les voies d’abord périnéales.
aux fibres musculaires striées extra-fusales par Ainsi fait essentiel, c’est par l'intermédiaire de
l’intermédiaire des plaques motrices. l’aponévrose pelvienne et des fascias peri-viscé-
- Winckler [1] a pu démontrer la présence de raux que s'effectuent les jonctions anatomiques et
fuseaux neuro-musculaires dans le releveur de fonctionnelles indiscutables entre les fibres muscu
l'anus, c’est la preuve d ’une innervation proprio- laires des releveurs et le bas appareil génito-uri
ceptive. naire.
On a également décrit des fibres connectives
émanant du sphincter strié de l’urèthre allant se
perdre sur les tractus conjonctifs periveineux de
l’espace rétro-pubien, voire sur l’os lui-même. En
arrière de l'urèthre certains éléments se perdraient
L'aponévrose pelvienne
sur la paroi antérieure du vagin. Davies [9] enfin a
(Fig. 5) décrit une cravate musculaire qui émanerait des
fibres pubo-coccygiennes des releveurs « sphincter
C ’est une lame conjonctive très hétérogène dont supérieur de l’urèthre ». Pour B. Giraud [10] il ne
certaines particularités sont importantes sur le s'agirait que d'une condensation arciforme dépen
plan fonctionnel. dant de l'aponévrose pelvienne. Nous ne pensons
ENCEIN TE P ELV IE NNE E T COM BINÉ VISCÉRAL 9
du reste pas que ces formations, qu ’on a voulu vaginales correspondantes alors que le col utérin
trouver pour mieux expliquer le mécanisme de amarré par son aileron fibro-vasculaire reste en
clôture de l’urèthre, puissent avoir une réelle place.
valeur fonctionnelle. Au total, la structure du plancher pelvien varie
Entre le vagin et le canal anal l'aponévrose se beaucoup d’un segment à l'autre. On peut sché
continue avec celle du côté opposé et adhère au matiquement le subdiviser en trois territoires :
niveau du noyau fibreux central aux structures du
— Un territoire postérieur : il est résistant car il
plan aponévrotique moyen du périnée.
est constitué sur le plan médian par le bas sacrum,
Au niveau du rectum l'aponévrose intrique ses
fortement incurvé en avant prolongé par le coccyx
fibres non seulement avec le tissu fibreux de la
et le raphé ano-coccygien. Latéralement les mus
gaine rectale, mais également avec la couche lon
cles ischio-coccygiens doublés des ligaments sacro-
gitudinale fibro-musculaire de la paroi ano-rectale
sciatiques et par le faisceau pelvi-coccygien des
elle-même.
releveurs.
Tous ces détails montrent bien la réalité des
Cette zone constitue un territoire verrouillé qui
connexions entre l'appareil musculo-aponévroti-
résiste bien à la poussée abdominale grâce à
que du plancher de l’excavation et les viscères qui
l'incurvation du sacrum qui la projette en avant en
le traversent.
direction de la fente uro-génitale.
Les dissections effectuées par voie périnéale
apportent des données complémentaires concer — Un territoire antérieur pubo-uréthral : c'est
nant les formations fibro-musculaires assurant la une zone également résistante du fait de la densité
statique du bas appareil urinaire. et de la richesse de ses formations fibreuses : l'apo
névrose pelvienne renforcée à ce niveau par le
ligament pubo-vésical postérieur et au-dessous par
Le périnée antérieur ou uro-génital est constitué l'épaisseur de l'aponévrose moyenne du périnée.
de chaque côté par un espace triangulaire à som
met antérieur, limité en dehors par les branches — Un territoire moyen qui répond à l'hiatus
ischio-pubiennes doublées des corps caverneux, génital et qui (Fig. 6) est évidemment le point fai
engainés par les muscles ischio-caverneux. Sur la ble du dispositif. C ’est à ce niveau que la poussée
ligne médiane la boutonnière uro-génitale est tra abdominale se trouve électivement projetée. C’est
versée par l'urèthre supérieur et la jonction vulvo- à ce niveau également que le soutènement et
vaginale ou vestibule de la vulve doublée des corps l'amarrage viscéral seront sous la dépendance
spongieux et des bulbo-caverneux. directe de l’intégrité des releveurs, tout spéciale
En anatomie descriptive l’élément dominant sur ment du faisceau pubo-rectal et de l'appareil liga
le plan statique apparaît bien l'aponévrose mentaire fibro-vasculaire pelvien. Le point le plus
moyenne du périnée. Celle-ci se dédouble en sollicité par les forces mécaniques d'expulsion se
arrière pour engainer le muscle transverse profond situe au niveau du noyau fibro-central du périnée,
qui forme la limite de l’espace. En avant elle se véritable clef de voûte et point de rencontre des
renforce et forme le ligament transverse du pelvis. structures musculaires et fibreuses responsables de
Sur la ligne médiane, ce dernier passe devant la statique périnéale. C ’est une zone tout spéciale
l'urèthre où ses fibres doivent s’entrecroiser avec ment vulnérable.
celles du ligament pubo-uréthral antérieur. Ces
structures qui contribuent certainement à stabili — L'anatomie opératoire du périnée (Fig. 6) se
ser la vulve et ses annexes ne paraissent pas jouer présente d'une façon sensiblement différente de
un rôle déterminant dans la statique de l'urèthre celle de l’anatomie descriptive. Certains des élé
inférieur. Elles sont supplantées par les ligaments ments décrits sont très ténus, ils ne sont ni retrou
pubo-uréthraux dont le rôle est beaucoup plus vés ni même recherchés en cours d ’intervention. Il
important. Plus en profondeur on retrouve les en est ainsi de formations telles les muscles trans
fibres antérieures des faisceaux pubiens des rele verses superficiels ou le constricteur de la vulve,
veurs puis juste au-dessus l’aponévrose pelvienne dont les fibres trop clairsemées disparaissent dès le
qui apparaît à ce niveau résistante, brillante et premier accouchement ou chez la femme âgée. Par
nacrée. Comme l’ont montré G. Hidden et contre dans la région rétro-pubienne les plans de
M. van den Akker [ 11J son rôle apparaît à l’évi l’aponévrose moyenne du périnée et de l'aponé
dence quand elle est elle-même réséquée. On voit vrose pelvienne se retrouvent et doivent être inci
alors la face inférieure de la vessie faire hernie sés ou effondrés pour assurer par exemple le pas
ainsi que le rectum entraînant tous deux les parois sage d'une fronde vers le périnée.
10 ENCEI NTE P EL VI EN NE E T COM BI NÉ VISCÉRAL
d'origine dorsale, fournie essentiellement par les antérieurs des plexus hypogastriques. En arrière
branches viscérales de l’hypogastrique. Celles-ci du tube génital, ce sont les lames recto-utérines et
entraînent une condensation fibro-cellulaire recto-vaginales. Ainsi se trouve constitué un véri
épaisse qui se détache de la paroi pelvienne au table combiné viscéral, qui apparaît manifeste sur
niveau du détroit supérieur, se dirigeant en bas, en les vues de profil en radio ou video-cinéma.
avant et en dedans, constituant l'aileron viscéral - L'urèthre possède une fixation propre et parti
commun. Cette formation éclate au niveau de cha culièrement solide bien étudiée par Zacharin [8],
que organe en ailerons de deuxième ordre, pro puis en France par Hakime [12],
pres à chacun des trois viscères et renfermant les
branches qui leur sont destinées. On peut ainsi dis Le mécanisme suspensif de l'urèthre (Fig. 11 et
tinguer un aileron rectal et un aileron cervico-vagi- 12) est assuré par une paire de ligaments pubo-
nal correspondant à la partie interne du ligament uréthraux postérieurs et un ligament pubo-
de Mackenrodt. En avant l'aileron vésical est en uréthral médian antérieur. Le tissu connectif situé
quelque sorte scindé en deux : les vaisseaux vési- dans l'espace intermédiaire entre ces deux forma
caux-inférieurs se regroupent dans les lames tions n'a pas de valeur mécanique et ne mérite pas
vésico-vaginales traversées par les uretères pré le nom de ligament.
muraux. Plus latéralement les artères vésicales Les ligaments postérieurs, toujours présents
supérieures contribuent à former la texture de ce mais de développement variable, sont en forme de
que l'on appelle assez improprement l'aponévrose pyramide ; ils s'insèrent par leur sommet tronqué
ombilico-pré-vésicale sous-tendue par les artères sur la face postérieure du pubis à l’union des 4/5
ombilicales de laquelle elles prennent naissance. supérieurs du 1/5 supérieur de la surface angulaire
- Ce dispositif est complété par des formations à 3 mm de la symphyse, environ. Les ligaments
sagittales, les lames génito-sacrées, condensations longs de 10 à 15 mm s'étalent en descendant, la
fibro-celluleuses développées autour et dans les plupart des fibres allant se confondre avec les tis
mailles du plexus hypogastrique inférieur. Ces sus para-uréthraux puis avec les faisceaux de la
structures que l'on ne devrait plus appeler lames couche externe du 1/3 supérieur de l'urèthre. Cer
sacro-recto-génito-pubiennes, ne serait-ce que taines fibres récurrentes vont s’intriquer avec la
parce qu'en avant elles n'atteignent pas le pubis, et musculature de la jonction vésico-uréthrale, quel
qu'en arrière ces lames n’adhèrent à l'aponévrose ques-unes pouvant être suivies jusque dans la mus
pré-sacrée en dedans des trous sacrés, qu'à partir culature vésicale elle-même. Les limites internes
de la troisième pièce. L'aileron moyen du rectum des deux ligaments sont fines et nettes, limitant
s'intrique avec ses fibres sagittales. Ces lames entre elles un espace triangulaire où va s’engager
contiennent des fibres musculaires lisses très nom la veine dorsale du clitoris.
breuses au niveau du col utérin et du dôme vagi Latéralement on voit se dessiner une solide
nal, elles se perdent en arrière sur le rectum. expansion se poursuivant sans limites nettes avec
Ce sont elles qui soulèvent le repli péritonéal. l’aponévrose pelvienne. Les ligaments pubo-vési-
utéro-rectal, connu sous le nom de ligament utéro- caux postérieurs peuvent du reste être considérés
sacré. Les fibres de ce ligament meurent en comme une bande de renforcement de cette for
s’entrecroisant sur la face postérieure de l’isthme mation.
utérin, en formant le torus utérinus, limitant en Ces ligaments, toujours présents, sont, chez la
haut et en avant la fossette de Meigs où s’amorcent femme normale, particulièrement solides, ils sup
les élytrocèles congénitales. La partie la plus porteraient d'après Langreder [6] une force de
déclive du Douglas lui est sensiblement plus posté traction de 1 kg. Leur solidité s'associe avec un
rieure. certain degré d’élasticité que leur permettent leurs
connexions avec le releveur de l'anus et la texture
Ces formations constituent une armature intra-
même du tissu conjonctif qui les constitue. Ces
pelvienne solide, non élastique cloisonnant l'exca
ligaments représentent le moyen de fixité essentiel
vation. La disposition même des ailerons viscéraux
de l’urèthre supérieur et de la berge antérieure de
propres à chaque organe et leur intrication avec les
la jonction uréthro-vésicale, n’autorisant à la
lames des plexus hypogastriques contribuent à
poussée d'effort qu ’un léger déplacement vers le
créer des ponts d’union étroits entre certains
bas et l'arrière.
segments viscéraux. Ces ponts d ’union sont repré
sentés, en avant par les lames vésico-vaginales, Le soutènement extrinsèque direct de la berge
condensations autour des vaisseaux vésicaux infé postérieure du col vésical paraît par contre beau
rieurs, et un peu plus bas par les prolongements coup moins bien assuré. Seules quelques structu-
12 ENCEINTE P ELVIE NNE ET COM BINÉ VISCÉRAL
les ligaments de Maekenrodt, directement posté chit vers l’avant à hauteur des épines sciatiques en
rieure par les lames génito-sacrées. Ces conditions suivant la courbure sacrée. Sous son effet le com
vont donc maintenir la jonction utéro-vaginalc en biné viscéral effectue un déplacement d ’ensemble
arrière et en haut et vont déterminer l'obliquité vers l’arrière et un peu vers le bas. Ce mouvement
générale très importante du vagin vers l’avant et de translation ne peut s’expliquer que si l'on fait
vers le bas. La portion du rectum située au-dessus intervenir le rôle fondamental des structures ana
du cap anal va rester solidaire du conduit vaginal tomiques que nous avons décrites. Le sens de ce
grâce aux lames vagino-rectales et en conséquence déplacement est la conséquence de la résultante
va en partager l'obliquité. Quant au cap vaginal, des forces agissant sur lui. En gros, on peut dire
son angulation à sinus postérieur de 120° environ que la chute verticale est très limitée par la résis
est située à mi-hauteur du vagin et sera essentielle tance que lui oppose le système fibreux postérieur
ment maintenue au repos par le tonus physiologi et postéro-latéral des lames génito-sacrées et de
que des fibres pubiennes des releveurs auxquelles l'aileron commun. Par contre, le déplacement pos
ils adhèrent par les connexions anatomiques que térieur est autorisé par l'élasticité du système à
nous avons décrites. direction antéro-postérieure prédominante consti
L'angulation du cap ano-rectal est due, pour tué par les fibres musculo-aponévrotiques du dia
une part à la solidarisation du segment rectal avec phragme pelvien, rattaché à l'arc osseux antéro-
la moitié supérieure du conduit vaginal, à l'amar latéral. Il est du reste facile, expérimentalement,
rage du segment anal par le raphé ano-coccygien, de réaliser un tel dispositif.
et enfin aux connexions musculaires étroites avec
le faisceau pubo-rectal des releveurs. Dans le détail, on assiste d'avant en arrière, à
l’effacement du cap uréthro-vésical avec déplace
A la poussée d'effort. — (Fig. 10) La poussée ment simultané des deux berges du col de la ves
d'effort est sous la dépendance de la contraction sie, à condition que les structures fibro-musculai-
du diaphragme abdomino-thoracique. Sa résul res en connexion avec les parois antérieures et
tante suit la courbure axiale du pelvis. Elle s'inflé postérieures du canal cervico-uréthral présentent
14 E NCE INT E P E L V IE N N E E T C OM BIN É VISCÉRAL
le même coefficient d’élasticité, ce qui pourra ainsi - les plans de clivages uro-génital et génito-rec-
permettre la clôture du col vésical. tal.
En arrière, le cap vaginal s’efface par élongation - le plan rétro-rectal ou pré-sacré.
des fibres du releveur en connexion avec lui, le col
utérin vient alors s'appuyer d'avantage sur le rec L’espace rétro-pubien ou cavité de Ket/ius. — Il
tum. Par son intermédiaire, il vient pilonner le est très utilisé en chirurgie gynéco-urologique.
plan résistant de la butée coccygo-raphélienne qui C ’est la voie d'abord des cystostomies et des
joue alors un rôle de soutènement essentiel et blo supensions rétro-pubiennes de la jonction vésico-
que le déplacement du col dans cette direction tout uréthrale par colpopexie, cervico-cystopexie ou
en vérouillant le Douglas. C'est à ce moment fronde. (Voir voie d'abord de la vessie page 14)
qu'en cas de distention importante des moyens de
fixité du col utérin celui-ci pourra pivoter sur un L'espace inter-vésico-vaginal. — Il s'aborde
axe transversal et descendre en direction de la après incision du cul-de-sac péritonéal vésico-uté-
filière vaginale. Quant au cap anal, il ne s'effacera rin. C ’est un espace triangulaire à sommet infé
jamais, car ses connexions anatomiques ne sont rieur répondant au col vésical. Rien n'est plus
pas comparables à celles du cap vaginal. Le raphé variable que l’aspect anatomique de ce plan de cli
maintiendra le canal anal en arrière, le faisceau vage. Il existe néanmoins chez toute malade non
pubo-rectal du releveur l'attirera toujours vers opérée, mais son étendue, son contenu et sa pro
l’avant et la poussée d'effort viendra appliquer le fondeur varient beaucoup.
vagin sur le segment rectal de cette coudure.
- Chez certains sujets on dispose d’emblée,
après une dissection mousse atraumatique, d'un
Au cours de la contraction des releveurs vaste espace, avasculaire et profond, limité latéra
(Fig. 10), on assiste pour les mêmes raisons à un lement par les lames vésico-vaginales. Elles sont
déplacement en sens inverse. Les caps viscéraux, dirigées obliquement vers le bas pour venir s'intri
vésico-uréthral et vaginal, se reconstituent puis quer aux éléments fibreux qui confluent autour du
s’accentuent. Un rôle essentiel est dévolu au fais col de la vessie.
ceau élévateur des releveurs. Ce corps musculaire
puissant va assurer la clôture de la fente uro-géni Ces lames sont vasculaires, elles contiennent les
tale, projetera en haut et en avant le cap ano-rec- branches des vaisseaux vésicaux inférieurs et des
tal et viendra constituer une sangle musculaire rameaux nerveux du système autonome. Il arrive
active plaquant les deux parois vaginales l'une fréquemment que leur inclinaison sur la ligne
contre l'autre. Il agira même par leur intermé médiane varie, qu'elles soient rapprochées l'une
diaire sur la jonction vésico-uréthrale en l’épau de l'autre, et que de ce fait l’espace soit étriqué.
lant. C'est pourquoi, on peut considérer qu'ils Il arrive aussi souvent que des petits rameaux
jouent un rôle non négligeable bien qu'indirect sur veineux croisent l'espace accompagné de tractus
la continence urinaire. conjonctifs. On rencontre également des lames
peu développées, étirées du fait d'une hypoplasie
congénitale, d'un étirement ou d'une atteinte trau-
matique post-obstétricale. Dans les opérations par
Espaces sous-péritonéaux voie basse, après avoir dégagé par une dissection
tranchante le tissu fibreux dense solidarisant
(Fig. 13 et 15)
l'urèthre et le col vésical au vagin, on tombe à un
moment donné sur l'espace clivable qui mène
L'armature solide constituée par l'aileron viscé jusqu'au cul-de-sac péritonéal. Les lames vésico-
ral commun avec ses branches d'expansion et par vaginales sont analogues aux piliers vésicaux,
les lames génito-sacrées contribuent à former des des abords périnéo-vaginaux.
logettes ou des plans de clivage, les uns latéraux,
- La disposition anatomique de l’espace inter-
pairs et symétriques, les autres médians et impairs.
vésico-vaginal montre bien qu'il n'existe pas une
Ces espaces clivables sont essentiels à bien
cloison inter-vésico-génitale autonome, ce qui est
connaître car leur abord est souvent l'un des
confirmé par l'histologie. Seule la dissection tran
temps préalables obligatoires aux dissections chi
rurgicales ultérieures. chante peut créer artificiellement un soi-disant fas
cia contenant les fibres conjonctivo-élastiques et
Sur la ligne médiane, on trouve d'avant en
peut-être musculaires lisses les plus superficielles
arrière :
des parois des deux organes. La fascia de Halban
- l’espace pré-vésical ou rétro-pubien, n'est donc qu'un artifice de dissection.
ENCEINTE P ELV IE NNE E T COM BINÉ VISCÉRAL 15
Les lames vésico-vaginales contractent des rap C un e o et Picot (Fig. 249). L ’incision périnéale est
ports essentiels avec la term inaison des uretères. prolongée horizontalement ju sq u ’aux fosses
Ceux-ci après leur portion sous-ligamentaire tra ischio-rectales et le décollement inter-recto-vagi
versent obliquem ent ces lames à l'union de leur nal pousuivi ju sq u ’au Douglas. U ne section des
1/3 supérieur et de leurs 2 /3 inférieurs avant leur fibres pubo-rectales d'un seul ou des deux rele
trajet intra-mural. Ils sont entourés d'un lacis vas- veurs améliore notablem ent l'exposition. Plus
culo-nerveux très dense, c’est là l’un des points haut la section de la partie basse des lames recto-
très délicats de la dissection dans les colpo-hysté- vaginales est également nécessaire. O n arrive ainsi
rectomies élargies. par colpotomie médiane postérieure à attirer tout
Dans les prolapsus largement extériorisés les le dôm e vaginal et à extérioriser l'orifice fistuleux.
uretères suivent les lames vésico-vaginales dans
leur descente et leur élongation. Il peuvent alors L 'espace décollable pré-sacré ou rétro -rectal. —
form er un coude aigu qui peut atteindre la vulve. Il est situé entre la lame pré-sacrée en arrière et la
Il faut donc y penser, les repérer par la palpation gaine fibro-vasculaire de la face postérieure du
et éviter toute section haute des piliers vésicaux. rectum en avant.
Pour y accéder on incise le péritoine en regard
L’espace inter-recto-vaginal. — Cet espace du prom ontoire. Sous la séreuse se trouvent les
c om prend, un peu com me l’espace inter-vésico- éléments du plexus hypogastrique supérieur ou
vaginal, une partie haute sous-péritonéale clivable nerf splanchnique lombo-pelvien noyé dans le
et une partie inférieure adhérente. En position tissu cellulaire du prom ontoire. O n peut facile
opératoire il suit la direction générale du vagin, ment dégager le plan sacro-vertébral recouvert de
fortement oblique de haut en bas et d ’avant en son aponévrose. Le décollement vers le bas est
arrière. Cet espace sera étudié par voie haute et pratiquem ent exangue et se fait facilement jusqu'à
basse chez la femm e normale. la pointe du coccyx et du raphé ano-coccygien. La
partie haute du décollement, en regard des deux
- Par voie haute, on l'aborde par une incision premières pièces sacrées, n ’est séparée de la
transversale du Douglas, au niveau de la fossette ramescence des vaisseaux hypogastriques, de
de Meigs entre les reliefs des replis utéro-sacrés. l'uretère et des chaînes lymphatiques, que par des
O n trouve là un tissu celluleux ténu qui se laisse tractus celluleux grêles qui ne méritent pas le nom
très facilement effondrer. Il faut alors décoller au de ligament. Ce n'est qu'à partir de la troisième
doigt en rem ontant vers le haut pour garder le pièce sacrée que débutent réellement les lames
contact perm anent de la face postérieure du vagin, génito-sacrées, condensations cellulo-fibreuses
plan résistant et lisse. On est alors arrêté au niveau a utou r des plexus hypogastriques inférieurs.
de l’aponévrose pelvienne et du noyau fibreux
central du périnée. L atéralem ent on perçoit les Les fosses sous-péritonéales latérales. —
lames recto-vaginales et l’on dégage bien en haut L'exposition de celles-ci nécessite l'ablation des
les replis utéro-sacrés. annexes et l'ouverture des ligaments larges p a r la
- Par voie basse, il faut ab o rd e r au bistouri le section des ligaments ronds. L ’une com me l’autre
décollement de la paroi vaginale postérieure en de ces deux fosses se créent artificiellement en
restant à distance de l’anus et en laissant en arrière effondrant sans difficulté le tissu connectif lâche et
les structures du noyau fibreux central. L atérale pratiquem ent avasculaire q u ’elles contiennent. Le
ment on trouve rapidem ent une zone décollable fond des deux fosses atteint le plancher pelvien.
qui facilite la dissection. On poursuit le clivage sur Elles sont situées l'une en avant, l’autre en arrière
la ligne médiane si nécessaire ju sq u ’en zone non de l’aileron viscéral com mun.
adh é ren te sous-péritonéale. Le bord interne des La fosse antérieure ou para-vésicale est de
faisceaux pubiens des releveurs n ’apparaît pas n e t forme triangulaire, limitée en dedans par la face
te m ent d ’emblée. Les muscles sont masqués par latérale de la vessie d oublée de l’aponévrose ombi-
une toile celluleuse assez dense q u ’il faut effon lico-pré-vésicale, en dehors c'est la paroi pel
drer. Il y a même intérêt à les dégager quelque peu vienne sur laquelle reposent l’artère et la veine
en pénétrant dans la graisse du creux ischio-rectal iliaque externe, le nerf et les vaisseaux o b tu ra
avant de les utiliser pour effectuer une myorra- teurs. Ainsi se trouve bien dégagée toute la partie
phie. inférieure des chaînes lymphatiques jusqu'à
L'accès au fond vaginal et à la base vésicale, en l'anneau crural.
vue de traiter par exemple une fistule vésico-vagi La fosse postérieure ou para-rectale est plus
nale, est possible par la périnéotom ie élargie de étriquée, elle est triangulaire à base antérieure
16 E N C E I N T E P E L V I E N N E E T C O M B I N É V I S C ÉR A L
correspondant à l'aileron viscéral com m un. En la [3] R i e f f e l H . — Traité d'anatomie hum aine public
créant par dissection mousse, il faut repérer l'ure p a r P. P o i r i e r et A . C h a r p y . T o m e V , M asson
tère et le refouler en dedans avec la lame périto- éd it. Paris, 1901.
néale à laquelle il adhère à la fin de son trajet [4] H a y e k H . vc n . — Die w eibliche H a rn rô rh re
rétro-ligamentaire. Cette fosse est limitée en Handbuch der Urologie II A natom ie und
Embryologie, 1969. I : 315-323.
dedans par l’ampoule rectale et plus en avant par
[5] C u r t i s A .H ., A n s o n B .J., M e V a y C .B . — T he
le péritoine latéral du cul-de-sac de Douglas, plus
A n a to m y o f the pelvic and u rogenital d iaphragm
en bas par les lames génito-sacrées.
in relatio n to u re th ro c ele and cystocele. Surg.
En dehors, l’origine des branches viscérales de gynec. Obstr., 1 9 3 9 ,6 8 : 161-166.
l'hypogastrique, plus en profondeur l’épine sciati [6] L a n g r e d e r W. — D ie w eibliche U re th ra .
que prolongée par les ligaments sacro-sciatiques, fu n k tio n n e lle A n a to m ie , P athologie und T h era -
l'échancrure sciatique et le plexus sacré au niveau pie des V erschleitz M echanism us. Zentral Blatt
de la fusion du tronc lombo-sacré et des deux pre fü r Gynakologie, 1956, 7 8 : 561-609.
mières racines sacrées. [7] H u n t C .C . and K u f f l e r S.W . — F u rth e r stu d \
A l’exception de l’espace rétro-pubien, la créa o f e fferen t sm all nerve fibres to m am m alian m us
tion de ces plans de clivage ou de ces fosses cles spindles. J. Physiol., 1951, 113: 223.
apporte des repères anatom iques de grande préci [8] Z a c h a r i n B. — T h e suspensory m echanism e of
sion qui perm ettent de guider de façon rationnelle the fem ale u re th ra . J. Anat., L o n d o n , 1963, 97.
les dissections des colpo-hytérectomies élargies. 3, 423-427.
[9] D a v i f .s J.W . — U rin a ry stress in co n tin en c e, its
re la tio n s to cystocele and lac éra tio n s o f the pelvic
floor. J. Urol. (B a ltim o re ), 1942, 48, 5 : 536-543.
[10] G i r a u d B. — E tu d e s a n ato m o -m icro sco p iq u e s
de l'u rè th re et de ses sp h in cters. Thèse, Paris.
1966.
B IB L IO G R A P H IE
[11] H i d d e n G . van den A k k e r M. — A n a to m ie chi
rurgicale du pelvis fém inin, in L es pro lap su s vagi
[1] W i n c k l e r G . — R e m a rq u es sur la m orphologie naux et l’in co n tin en ce u rin aire chez la fem m e.
et l’in n erv atio n du m uscle re le v eu r de l’anus. Actualités de gynécologie chirurgicale sous la
Arch. Anat., (S tra sb o u rg ) 1958, 41, Fasc. 1-4, 79 d irectio n de P. Scali. 1-7. M asson é d it., P aris,
94. 1980.
[2] G r e g o i r e R. — Anatomie médico-chirurgicale [12] H a k i m e H . — L ’u rè th re fém inin. Mémoires du
de l'abdomen. La région lo m baire et le p etit bas laboratoire d'anatomie de la Faculté de Médecine
sin. B aillière J.B . et fils é d it., P aris, 1962. de Paris, n" 30, 1977.
3
La vessie est située dans la partie antérieure de réplétion. Cette face est directem ent exposée aux
l'espace sous-péritonéal. (Fig. 11 et 12) à-coups de pression abdominale.
Vide, elle présente une forme triangulaire avec :
- une face p o stéro -in férieu re qui suit l’obliquité
- une face an térieu re oblique en bas et en du vagin en avant et en bas. C'est elle qui est direc
arrière, son bord supérieur dépassant à peine le tem ent intéressée par les dissections chirurgicales
bord supérieur de la symphyse. C'est la seule face et qui est exposée à la pathologie iatrogène : plaies
disponible pour l'abord chirurgical. et fistules post-opératoires, pathologie radique.
C ette face ou base vésicale forme avec la direc
- une face supérieu re adhéren te au péritoine. tion de l'urèthre l'angle P U V (Posterior U rethro-
Elle se soulève pour former un dôm e lors de la Vesical angle) de Jeffcoate èt R oberts dont l’effa-
l’absence de toute dissection chirurgicale, elle ne - La vessie s'aborde presque toujours par voie
l’est plus en cas de chirurgie élargie associée. La antérieure sous-péritonéale, c ’est-à-dire par
ligature unilatérale est autorisée, elle doit souvent l’espace rétro-pubien ou cavité de Retzius. L’accès
être suivie de la réim plantation de l’uretère de ce de l'urèthre et du col vésical dans le traitem ent des
côté. incontinences urinaires est identique.
- L'espace peut être abordé par voie médiane
ou par voie transversale et ses variantes (Pfan-
Le dispositif veineux nenstiel, C herney avec désinsertion des droits).
- Ce sont les voies médianes ou de Pfannenstiel
Il ne peut être calqué sur le dispositif artériel qui sont en pratique les plus utilisées.
puisqu’il n ’y a pas de veine ombilicale chez A bo rd é e par voie médiane sous-ombilicale, la
l’adulte. cavité de Retzius est une simple fente comblée par
- F arabeu f [ 1] a fait de ce dispositif veineux une un tissu aréolaire lâche. A près avoir incisé l'ap o
étude rem arquable. Le courant veineux vésical est névrose exactement entre les muscles droits et les
drainé par des veines souvent énorm es, plexifor- pyramidaux on effondre un fascia transversalis très
mes à leur origine, elles se rassemblent en deux ténu de l’extrémité des ciseaux mousses. On
courants principaux : l’un gagne la veine honteuse tom be aussitôt sur le plan de l'aponévrose ombi-
interne, l’autre se collecte en une ou deux veines lico-pré-vésicale collée à la paroi vésicale a n té
vésicales inférieures gagnant le plexus veineux vis rieure. Il est très facile de dégager la paroi urinaire
céral hypogastrique selon des modalités fort varia de la face postérieure du plan osseux. Ce décolle
bles. ment est poursuivi sur la ligne m édiane sur pres
que toute la hauteur de la symphyse, il est brus
quem ent arrêté par le contact de la paroi vaginale,
Lymphatiques de l’urèthre repéré par la sonde, et du col vésical
repéré par le ballonet. Sur les côtés il est facile de
- Les réseaux d ’origine se drainent par trois poursuivre le décollement ju sq u ’à l'insertion
voies : pubienne des releveurs et plus loin latéralement le
sac péritonéal sc décolle aisément de la région
• les collecteurs de la paroi antérieure se ren
inguino-crurale et obturatrieç. Le plan génito-uri
dent aux ganglions pré-vésicaux situés derrière la
naire à l'aplomb du col vésical est souvent masqué
symphyse pubienne. De ces ganglions partent des
par des pelotons adipeux et par de grosses veines
lymphatiques qui aboutissent aux ganglions rétro-
plexiformes. Elles sont en général plaquées sur les
cruraux,
parois vésicales ou vaginales engainées dans un
• les collecteurs des régions latérales se dirigent
feutrage conjonctif dense. Leur hém ostase, si elle
vers les chaînes iliaques externes et internes,
s’avère nécessaire, ne peut se faire que par des
• les collecteurs de la face postérieure de la ves
points en X de fil fin. Il arrive qu'un ou plusieurs
sie vont aux ganglions hypogastriques et à ceux du
troncs veineux anastom otiques entre les veines
prom ontoire.
vésicales antérieures et les veines rétro-symphy-
siennes traversent l'espace. Il faut alors con to u r
ner ces troncs au dissecteur et les lier.
Le repérage précis de la jonction vésico-
IN N E R V A T IO N
uréthrale est difficile en raison des fibres récurren
tes du ligament pubo-uréthral postérieur qui te n
dent à la masquer.
Voir chapitre 5 page 37.
L ’exposition de cette jonction par deux doigts
placés dans le vagin facilite le repérage de toutes
les sutures au voisinage du col vésical dans les col-
popexies rétro-pubiennes tout en assurant un con
V O I E D ’A B O R D D E L A V E S S I E trôle d ’épaisseur.
Le plan pariétal varie b eaucoup dans sa struc
ture anatom ique d ’une zone à l’autre. Il est utile
T out abord de la vessie doit être précédé de la d ’en bien connaître la texture puisqu’il sert
mise en place d ’une sonde de Folley, destinée au d ’am arrage aux colpopexies rétro-pubiennes et
remplissage et au repérage du col. parfois aux frondes (Fig. 13).
20 A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T V OI ES D ' A B O R D
T A IL L E V É S IC A L E
(Fig. 14)
F ig . 13 — Paroi antérieure de l’espace rétro-pubien. L es
p o in ts d 'a m a r r a g e les p lu s fa v o ra b le s p o u r les s u sp e n sio n s
r é tr o p u b ie n n e s s o n t le tissu s fib re u x e n d e h o rs d e l’é p in e du Après avoir fait gonfler le réservoir par 200 ou
p u b is (2 ) e t le lig a m e n t d e C o o p e r (3 ). 300 cc de sérum injecté par la sonde, la face
antéro-supérieure de la vessie est dégagée sans
excès et exposée par un écarteur.
Sur la ligne médiane ie cartilage symphysaire est
La cavité péritonéale est protégée par un champ
un mauvais site car il s’effrite, il en est de même de
si le péritoine est ouvert. On repère facilement la
la partie haute de la surface angulaire du pubis qui
vessie avec ses fibres musculaires verticales. Aux
n'est revêtue que d ’un mince feuillet périostique.
2/3 de la hauteur de la face antérieure, passer de
Au bord supérieur du pubis se perçoit fort bien,
chaque côté de la ligne médiane deux points de
si l'on écarte énergiquement la paroi, le relief de
catgut transfixiant la paroi vésicale. Les soulever.
l’épine pubienne prolongée en dehors par l’inser
Ponctionner franchement au bistouri le repli ainsi
tion solide du ligament de Cooper. Une prise à ce
niveau est à l’abri de tout lâchage.
La surface angulaire du pubis ne se trouve suffi
samment étoffée par l’insertion rétro-pubienne
des releveurs qu'à sa partie basse. C'est là que
l'aiguille pourra trouver un amarrage solide mais
parfois trop bas situé. Plus latéralement l'insertion
musculaire remonte en direction du canal sous-
pubien. En cas d'interventions itératives dans
l'espace de Retzius, le dégagement de la paroi
antérieure de la vessie et du col vésical peut être
très laborieux, exposant au risque de blessure uri
naire. On a souvent intérêt à gonfler la vessie pour
se guider et à l'ouvrir si une taille vésicale doit être
pratiquée. La libération de ces parois se fera au
contact de la vue. Cette manœuvre est peut-être
plus discutable s’il s’agit d'une reprise d’inconti
nence urinaire par fronde ou colpopexie surtout si F ig . 14 — Cystotomie. In c isio n v e rtic a le d e la vessie a u b is
l’on place un matériau étranger. En pratique, il to u ri.
vaut toutefois mieux, si une brèche vésicale est
A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T V OI ES D ' A B O R D 21
créé. Il faut transfixier totalement la paroi sinon Si on ne dispose pas de cet écarteur, on peut uti
on risque de se perdre dans son épaisseur. Aspirer liser un écarteur de Gosset qui maintient la paroi
le sérum. Prolonger verticalement l'incision de la et la vessie, et écarter le bas fond vésical à l’aide
vessie et reprendre avec deux fils de chaque côté d'un tampon monté. On arrive ainsi à explorer en
toute l'épaisseur du viscère pour éviter que la totalité l’intérieur du réservoir.
muqueuse ne s’échappe. On peut, pour s'agrandir,
décoller un peu le cul-de-sac péritonéal de la par Fermelure de la vessie. — La fermeture vésicale
tie supérieure du dôme. est facile (surjet de fil résorbable sur la muqueuse
On n'a de difficulté qu’en cas de petite vessie ou et points séparés sur le détrusor). Les urines
lorsqu’on ne peut pas la gonfler par suite d ’une fis seront drainées par une sonde vésicale qu’il est
tule vésico-vaginale par exemple. On peut alors, facile de bien ajuster puisqu'on la voit. Ne pas
dans ce dernier cas, soulever la paroi vésicale par oublier de drainer l’espace extra-péritonéal de
une bougie passée par l'urèthre. Mais il faut bien Retzius par une lame sortant par la partie basse de
maintenir la bougie verticale pour soulever la ves la médiane ou par une contre-incision latérale. Si
sie et non le cul-de-sac péritonéo-vésical. dans les suites opératoires il apparaît une fuite uri
naire le long de la lame (le plus souvent parce que
Exposition de la vessie. — Pour bien voir l'inté la sonde mal surveillée s’est bouchée), c’est un
rieur de la vessie, mettre en place un écarteur de incident mineur. La remise en place d'un sondage
Hryntschak. En tirant sur les fils placés sur les correct permet la fermeture de la fuite sans danger
bords de l'incision vésicale. les valves latérales de puisqu’elle est extra-péritonéale.
l'écarteur pénètrent ainsi plus profondément dans
la cavité et l'exposent mieux. Mettre en place Abord périnéal. — C'est une voie utilisée dans
ensuite la valve postérieure sous laquelle on glisse le traitement de certaines fistules vésico-vaginales.
une compresse qui maintient mieux la paroi. Il est détaillé page 249.
L'uretère pelvien mesure de 14 à 16 cm. Il décrit A son entrée dans le pelvis l’uretère droit croise
en descendant une courbe à concavité interne qui classiquement l’origine des deux artères iliaques
s'infléchit nettement en dedans au-dessous de secondaires, alors que le gauche croise la terminai
l’épine sciatique (Fig. 15 et 16). son de l'iliaque primitive. Ce détail importe peu
Son adventice contient des vaisseaux et des chirurgicalement mais ces croisements sont une
nerfs à disposition prédominante longitudinale. zone classique de repérage, car à ce niveau les
Au cours des dissections chirurgicales, l'uretère deux conduits sont soulevés par les vaisseaux.
peut être divisé en deux segments, l'un pariétal, A hauteur du promontoire, les deux uretères
l'autre viscéral où le conduit chemine dans les sont séparés de 5 cm. Ils peuvent être encore plus
structures fibro-vasculaires de l'aileron viscéral proches de la ligne médiane en cas d'hypertrophie
commun et ses expansions. des psoas. C'est pourquoi il n’est pas tout à fait
Dans sa portion pariétale, on le voit facilement superflu de les repérer au cours des dissections
repter sous le péritoine pelvien chez les sujets mai dans la région de la fourche aortique, par exemple
gres. II est en connexion avec le péritoine par des dans une fixation au promontoire du tube génital.
tractus lâches qui relient son adventice au tissu Le risque d ’attraction du conduit étant plus grand
sous-péritonéal. Une dissection mousse peut le à droite qu'à gauche.
dégager de ce tissu sans dommage adventiciel. « Il - Le pédicule lombo-ovarien est situé à 2 cm en
vient » cependant avec le péritoine, pouvant faire moyenne au dehors, en avant et en haut. Ce n'est
un coude l'exposant à une blessure au cours d'une normalement pas un rapport intime, mais en cas
traction excessive. de masse annexielle ou de fibrose sous-péritonéale
22 A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T VOI ES D ' A B O R D
réclamant des ligatures multiples et étagées au fil • un rameau venu de l’utérine au moment du
fin, au clip ou à la coagulation électrique prudente croisement intra-ligamentaire. Il est pratiquement
suivant les circonstances. constant,
Une attention toute aussi grande sera portée à la • un ou plusieurs rameaux récurrents provenant
séparation du tube génital de la lame sous-urété- des artères vésicales inférieures gagnant le réseau
rale. Il existe à ce niveau un tissu fibro-vasculaire adventiciel des uretères pré-muraux. Ils doivent
dense dont la dissection exige aussi un soin et une être impérativement ménagés dans les dissections
hémostase très attentive si l’on veut assurer à des colpohystérectomies élargies.
l'uretère la protection maximale. On doit à tout - L'uretère peut recevoir des branches tout à
prix éviter les dissections dans l’angle ouvert en fait inconsistantes de l'aorte, des capsulaires, de
dehors que forment la base vésicale et le bord l'obturatrice, de l’ombilicale.
externe de l’uretère. C’est une zone dangereuse au - Le réseau anastomatique adventiciel est en
sein de laquelle vont courir les branches urétérales principe continu mais des discontinuités complètes
rétrogrades des vaisseaux vésicaux inférieurs, vita ou relatives sont possibles. Elles peuvent expli
les pour la vascularisation de l’uretère pré-mural. quer certaines nécroses par ischémie si la section
C’est du reste presque toujours à ce niveau, d'un uretère transplanté a porté sur un segment en
véritable segment critique, que s'observent les zone critique, par exemple juste au-dessus d'un
fibroses menaçant l’uretère, les sténoses et les fis pédicule nourricier important.
tules par ischémie du conduit. Toute hémostase à
l'aveugle sans le contrôle permanent de l'uretère
est rigoureusement proscrite. Veines
L’uretère est ainsi spécialement exposé tant par
la pathologie du tissu sous-péritonéal que par des Elles n'ont jamais fait l'objet d'une étude suffi
agressions opératoires dans les six derniers centi samment documentée. Les courants veineux sont
mètres de son trajet pelvien, qui correspondent à en principe semblables au courant artériel. Elles
son passage au sein des lames fibro-vasculaires vis peuvent constituer une voie de suppléance en cas
cérales.
d'oblitération ou de thrombose.
Lymphatiques
- Les afférents sympathiques du bas uretère Très latéralement il faut se méfier des vaisseaux
gagnent le plexus hypogastrique inférieur puis la iliaques externes, de la terminaison de l'artère ilia
moelle par les racines sacrées de S2 à S4. que interne qui est attirée par le tronc ombilico-
- La neuro-physiologie urétérale est mal utérin. Il est préférable de lier et de sectionner les
connue. Des segments urétéraux isolés dépourvus ligaments ronds en sous-péritonéal, ce qui contri
de toute connexion nerveuse continuent à se con bue à abaisser le sac péritonéal.
tracter, mais une dénervation étendue entraîne On voit l'uretère plaqué sur le péritoine allant
une paralysie. Boyarsky et Coll [2], Duarte-Esca- du croisement avec les vaisseaux iliaques primitifs
lante et Coll [3] ont mis en évidence dans les parois jusqu'au fond du petit bassin où il s’engage sous la
urétérales des terminaisons adrénergiques aussi crosse de l'artère utérine. Cette voie d’abord a
bien que cholinergiques. Ces dernières prédomi l’avantage d ’accéder dans le même temps opéra
nent dans le bas uretère. toire aux deux uretères pelviens, mais si la dis
Bien que la stimulation des filets nerveux du tance ombilico-pubienne est courte on peut être
pédicule rénal puisse doubler ou tripler l'activité gêné.
péristaltique, il ne semble pas y avoir de zone pri Voie latérale. — Il s’agit d'une voie oblique qui
vilégiée pour l'induction de l'influx nerveux. dessine une courbe à convexité supéro-interne
allant du bord externe du grand droit (un peu au
dessus du pubis) jusqu’à un point situé à 3 travers
de doigt en dedans de l'épine iliaque antéro-supé-
V O IE S D ’A B O R D D E L 'U R E T È R E rieure.
Cette incision peut être agrandie en bas par sec
tion de la gaine du grand droit ou peut être prolon
Quelle que soit la voie d'abord choisie, l'identi gée vers le haut. Elle peut être moins longue chez
fication de l'uretère, dont l’aspect varie suivant les une malade maigre.
circonstances pathologiques, peut prêter à hésita Les 3 muscles larges ou leur aponévrose sont
tion. Une méprise avec un vaisseau, en particulier successivement incisés. On trouve le pédicule épi-
une veine lombo-ovarienne est toujours possible. gastrique qu'il est préférable de sectionner si l'on
veut avoir un bon jour vers le bas.
On peut le reconnaître : Après ouverture du fascia transversalis, on
• à la vue grâce à ses mouvements de reptation : arrive sur le péritoine. Il faut le refouler en dedans
c’est le signe le plus fidèle, avec soin au doigt ou au tampon monté en faisant
• au palper car il apparaît sous forme d ’un cor l'hémostase des petits vaisseaux. S'il y a une
don dur. ouverture péritonéale, mieux vaut la fermer rapi
Ces deux signes peuvent faire défaut quand le dement pour éviter une effraction du grêle. C’est
conduit est dilaté ou atone, en pareil cas il ne faut volontiers le cas à droite quand il y a déjà une inci
pas hésiter à le ponctionner avec une aiguille fine. sion de Mac Burney. Ce décollement part d'abord
Deux voies sont usuelles : en dehors dans la fosse iliaque puis revient en
• la voie extra-péritonéale et la voie intra-péri- dedans sur la margelle du petit bassin en suivant le
tonéale. psoas longé par les vaisseaux iliaques. La vessie
Une voie représente l'exception : l'abord doit être vide, le sac péritonéal sera refoulé par un
vagino-périnéal. écarteur de Leriche.
L'uretère adhère au péritoine. Il se reconnaît à
son aspect blanchâtre et à son péristaltisme. En
La voie extra-péritonéale cas de difficultés, le rechercher haut près du croi
sement avec les vaisseaux iliaques. Quelquefois,
Elle nécessite un décollement du péritoine qui l’artère iliaque est peu battante et flexueuse. Elle
peut se faire par une incision abdominale médiane ne doit pas être confondue avec l'uretère. Il ne
ou latérale. faut pas hésiter, en cas de difficulté, à ponctionner
avec une aiguille fine.
Voie médiane. — L'incision peut être une Si l'on veut isoler l'uretère sur une certaine lon
médiane sous-ombilicale, ou un Pfannenstiel. gueur, passer un lac autour du conduit en ména
Après refoulement du fascia ombilico-vésical, geant bien son adventice.
on décolle au doigt ou au tampon monté la face On est parfois bridé en bas par le croisement de
externe de la vessie, le péritoine de la face pro l'uretère avec les vaisseaux utérins que l'on voit
fonde de la paroi abdomino-pelvienne. bien se tendre dans un plan frontal. Après les
A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T V OI ES D ' A B O R D 25
avoir isolés, prudemment pour ne pas blesser une de méthylène ou de l'indigo carmin. Une fois l’ori
veine utérine, on peut les lier sans dommage pour fice repéré, monter une sonde en se rappelant que
l'utérus si c'est nécessaire. le trajet urétéral est au début tangent à la base de
la vessie et que la sonde doit être montée presque
Drainage. — Quelle que soit la voie employée, horizontalement. Prendre une sonde à bout oli-
on a intérêt à réparer soigneusement la paroi en vaire n ° 7 /1 4 , la monter doucement jusqu'à 26-
employant du fil à résorption lente et à mettre en 28 cm. ce qui est la longueur qui mène habituelle
place un drainage des espaces décollés, utilisant ment dans le bassinet, lorsqu'on la sent buter dans
une lame sortant par une contre-incision ou au le calice supérieur on la retire sur 2 cm. On arrive
milieu de l'incision si on a utilisé une voie d'abord ainsi à retrouver plus aisément l'uretère dans le
oblique. petit bassin et à mieux le disséquer. Cette dissec
tion doit naturellement être encore plus prudente
pour ne pas traumatiser la paroi urétérale au
La voie intra-péritonéale contact de la sonde, que l'on laissera 6 jours.
Dans tous les cas, une péritonisation soigneuse
Elle offre l’avantage de permettre l'abord simul sera faite et s'il y a eu une urétérotomie, on drai
tané des deux uretères et de vérifier l’état abdo- nera l'espace extra-péritonéal par une lame sor
mino-pelvien. C ’est utile ou nécessaire pour faire tant par une contre-incision iliaque. Toute suture
le bilan d'une lésion gynécologique, en particulier urétérale non extra-péritonisée expose à un uropé-
néoplasique, ou en cas d'une complication post ritoine et à ses fâcheuses conséquences.
opératoire intéressant le conduit.
Après exposition du champ opératoire, on
repère l'uretère sur la paroi latérale du petit bassin
par transparence sous le péritoine en le recher
chant au niveau du croisement avec les vaisseaux A B O R D D E L 'U R E T È R E P A R V O IE
iliaques primitifs.
PÉ R IN É O -V A G IN A L E
Si on n'arrive pas à bien le voir à ce niveau, il
faut le rechercher dans l'espace sous-péritonéal (Fig. 17)
au-dessous du pédicule lombo-ovarien. Pour ce
faire, il faut inciser le péritoine le long et en dehors
des vaisseaux ovariens jusqu'aux ligaments ronds. L'abord de l'uretère par voie périnéo-vaginale
A droite, le caecum est le plus souvent haut et ne était essentielle du temps où les colpohystérecto
gêne pas. A gauche, il faut fréquemment décoller mies élargies par voie basse étaient couramment
le mésocôlon pelvien en désinsérant sa racine pratiquées dans le traitement du cancer du col. A
externe. Décoller le péritoine de la paroi et des l'heure actuelle certains chirurgiens restent fidèles
vaisseaux. L'uretère vient alors avec la séreuse. Il à cette voie d ’abord mais dans des indications très
peut être repéré facilement soit par la vue, soit par limitées.
la palpation : en pinçant entre le pouce et l'index, - En dehors de tout prolapsus, l’uretère haut
le péritoine décollé, on sent en remontant la corde situé dans les lames vésico-vaginales n'est pas
de l'uretère qui glisse entre les doigts. accessible par voie basse sans des procédés visant
Quelquefois, on n'arrive pas à repérer l'uretère à élargir de façon considérable le champ opéra
pelvien qui est noyé dans un environnement toire par des débridements vulvo-vagino-péri-
inflammatoire ou scléreux. On a alors intérêt à néaux adaptés. Le procédé le plus ancien est l'inci
monter une sonde. Si la malade est en position sion para-vaginale de Schuchardt. Les noms de
« double équipe », on peut monter une sonde par Schauta, puis ceux de Pcham et Amreich sont
cystoscopie. Mais si l'installation opératoire ne le resté attachés à ces techniques.
permet pas, il faut monter la sonde par voie vési Le débridement permettant un accès large aux
cale. pédicules viscéraux pelviens et à l'uretère dont le
Après cystotomie verticale extra-péritonéale, repérage est essentiel s'effectue par une incision
on recherche les orifices urétéraux : ils sont situés latérale, selon une ligne'courbc partant en général
de chaque côté de la barre inter-urétérale. Pour les à gauche de la fourchette vulvaire et passant à
voir, bien étaler la base de la vessie avec un tam 4 cm de l'anus. On la prolonge en profondeur en
pon monté sans frotter pour ne pas faire saigner la sectionnant le faisceau interne du releveur.
muqueuse. Chercher à repérer les éjaculations. Après section circulaire du vagin, on va dégager
Au besoin, faire injecter de la furosémide, du bleu les lames fibro-vasculaires sous-péritonéales -
26 A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T V OI ES D ' A B O R D
B IB L IO G R A P H IE
F ig. 17 — Abord de l’uretère par voie périnéo-vaginale. I : [1J F a r a b e u f L .H . — Les vaisseaux sanguins des
a ile ro n v isc é ra l c o m m u n ; 2 : re le v e u rs ; 3 : d é b rid ë m e n t organes génito-urinaires du périnée et du pelvis.
la té ra l ; 4 : la m e v é sic o -v a g in a le ; 5 : lig a tu re e t s e c tio n d e la
Masson édit., Paris. 1905.
p o rtio n so u s u ré té r a le d e la la m e v é sic o -v a g in a le ; 6 : b a se
[2] B o y a r s k y S . , L a b a y P. — Ureteral dynamics.
v é sic a le ; 7 : a r tè r e u té rin e ; 8 : u r e tè r e : 9 : r e c tu m , 10 : la m e
g é n ito -s a c ré e . Pathophysiology, drttgs and surgieal applications.
Baltim ore, W illiams and W ilkins, 1972.
[3] D u a r t e E s c a l a n t e O ., L a b a y P.. B o y a r s k y S.
expansions de la partie inférieure de l'aileron vis — The neurohistochem istry of mammalian ure-
céral commun : lames génito-sacrées, ou ligaments ter : a new com bination of histochemical procé
de Mackenrodt et lames vésico-vaginales ou piliers dure to dem onstrate adrenergie, cholinergie and
chrom affin structures in ureter. J. Urol., 1969,
de la vessie.
101 : 803.
- L'uretère doit être repéré par la palpation puis [4] H a k im e H ., — M émoires du laboratoire d'anato
recherché par ligatures étagées de la partie haute m ie de la Faculté de Médecine de Taris, 1977,
des piliers vésicaux. Son bord inférieur doit être n° 30.
Le sinus uro-génital définitif forme la partie Moyens de fixité. — Ils ont déjà été étudiés.
inférieure de l'urèthre, le 1/5C inférieur du vagin, Voir page 18.
le vestibule.
A la fin du 3e mois, l'épithélium de la portion Rapports anatomiques. — L’urèthre féminin est
caudale de l'urèthre commence à proliférer, et divisé en deux segments par le plan musculo-apo-
pénètre dans les mésenchyme avoisinant pour névrotique moyen du périnée : pelvien au-dessus,
donner naissance aux glandes uréthrales. périnéal au-dessous.
Dans sa portion pelvienne il est séparé en avant
de la face postérieure du pubis par le tissu cellulo-
adipeux lâche de l'espace rétro-pubien ou cavité
de Retzius. Voir page 19.
En arrière il est séparé du vagin par un tissu cel-
lulo-fibreux assez dense clivable chirurgicalement
A N O M A LIES DU D É V E L O P P E M E N T DE
à la dissection tranchante, plus difficilement à la
L 'U R È T H R E dissection mousse. Il est malaisé de passer par voie
rétro-pubienne stricte derrière le col vésical pour
créer un tunnel afin d'y passer une fronde ou un
Les plus habituelles et chirurgicalement cura sphincter artificiel sans effraction vaginale ou uri
bles sont : naire.
- l’abouchement anormal de l'uretère dans Latéralement, l'urèthre est englobé par une
l'urèthre, par anomalie de migration urétérale, gaine fibro-vasculaire en continuité avec le fascia
- l’épispadias, rare. L'urèthre chemine à la face péri-vaginal et l'aponévrose pelvienne.
dorsale du clitoris, réalisant deux hémi-clitoris,
Puis l'urèthre traverse le plancher pelvien dans
- l'hypospadias, plus fréquent, caractérisé par
un espace limité par :
l'absence de cloison uréthro-vaginale,
- l'absence de méat urinaire, par défaut de - en avant le ligament sous-pubien de Carcas-
résorption de la membrane uro-génitale et asso sonne, qui le sépare de la veine et de l'artère dor
ciée à une atrésie vulvaire par coalescence des sales du clitoris et du ligament arqué sous-symphy-
petites lèvres. saire, plus antérieur.
Citons, pour mémoire, l’aplasie uréthrale des - latéralement, les feuillets supérieur et infé
syringomyélies, léthale. rieur de l'aponévrose moyenne et le muscle trans
verse profond situé entre eux.
- l'urèthre périnéal, plus long, engagé dans le
A natom ie périnée antérieur, s'éloigne un peu de la paroi
vaginale antérieure, à laquelle il est fixé par un
Origine. — (Fig. 11 et 12) L'urèthre féminin tissu fibreux dense. Il est croisé de chaque côté par
naît du col vésical 20 à 30 mm environ en arrière les bulbes vestibulaires qui se réunissent en avant
de la partie moyenne ou inférieure du pubis. pour former les racines du clitoris.
La jonction vésiavuréthrale se situe, au repos, Au niveau de la région méatique et sus-méati-
au niveau ou légèrement au-dessus (1 à 2 cm) que, il est fixé à la partie inférieure de la face anté
d’une ligne joignant le bord inférieur de la sym rieure de la symphyse pubienne par le ligament
physe pubienne à l'extrémité du coccyx ; sans des pubo-uréthral antérieur prolongeant le ligament
cendre à l'effort, ou guère, au-dessous de l'hori suspenseur du clitoris.
zontale passant par le bord inférieur de la sym
physe pubienne. Terminaison. — Il se termine au méat, 2 cm en
arrière du gland clitoridien, en avant du tubercule
Direction. — Il traverse la fente uro-génitale, vaginal. La forme du méat est variable [7], fente
appliqué sur le vagin, selon un angle d'inclinaison longitudinale, orifice arrondi ou étoilé dont les
de 10 à 30° par rapport à la verticale. bords proéminents dentelés ou plissés forment la
Il décrit dans son ensemble un S majuscule très papille uréthrale. De part et d'autre du méat,
allongé convexe en arrière dans ses 2/3 proxi- s’enivrent les orifices des 2 glandes muqueuses de
maux, convexe en avant dans son 1/3 distal et Skcne. Elles ne sont, en fait, [6. 9] que la partie la
forme avec la vessie un angle uréthro-vésical pos plus apparente d'un réseau glandulaire entourant
térieur de 90° à 120". l'urèthre de tous côtés, sur toute sa longueur, et
28 A N A T O M I E C H I R U R G I C A L E E T V OI ES D ' A B O R D
dont les canaux s'ouvrent également dans la por dépendant, constituant un véritable corps érectile
tion distale de l'urèthre à une distance variable du qui participe à l'occlusion uréthrale.
méat. La tunique musculaire lisse est formée de 2 cou
ches. longitudinales interne et semi-circulaire
Dimensions, forme. — Sa longueur moyenne externe ; elle constitue une véritable musculature
est de 25 à 35 mm. pour un calibre moyen d'envi intrinsèque de l'urèthre. Voir chapitre 5 page 35.
ron 7 à 8 mm selon l'âge et le niveau considéré.
En effet, le calibre n'est pas uniforme puisque le Vascularisation. — L'urèthre pelvien est vascu-
méat est toujours plus petit que le col et qu'il larisé par des rameaux des artères vésicales infé
existe de façon presque constante une zone d'élar rieures et vaginales nées de l’hypogastrique, et
gissement située au 1/3 proximal de l'urèthre. Son par les vésicales antérieures nées de la honteuse
aspect général est assimilable à celui d'une interne. Ses veines se jettent dans le plexus de
amphore (Hakimé [4]). Santorini.
Très élastique, son calibre peut atteindre 20 à Les collecteurs lymphatiques remontent sur les
25 mm. Une dilatation peut être ainsi progressive faces antérieure et postérieure de la vessie puis le
ment poussée très loin. Ceci était mis à profit par long des vaisseaux utérins, jusqu'aux ganglions
par les chirurgiens du xixe pour l'extraction au hypogastriques.
petit doigt des calculs vésicaux, sans provoquer de L'urèthre périnéal est vascularisé par les bran
rupture uréthrale. ches des artères honteuses internes. Ses veines se
drainent par les veines bulbaires.
Les lymphatiques sont drainés vers les ganglions
Histologie. — Sa lumière, irrégulière, blanchâ iliaques externes et inguinaux superficiels.
tre, présente des plis longitudinaux. La paroi est L’innervation, la musculature et la physiologie
épaisse (3 à 4 mm), constituée de 2 tuniques : une de l'urèthre sont étudiés aux chapitres consacrés à
muqueuse, formée d'un épithélium reposant sur la physiologie vésico-sphinctérienne.
un chorion, et une musculeuse lisse.
L'épithélium présente des variations selon le
segment étudié : A bord chirurgical
- de type urinaire dans la région cervicale,
- il devient prismatique stratifié dans sa partie L'urèthre féminin est chirurgicalement accessi
moyenne, ble par deux voies :
- puis pavimenteux stratifié à son extrémité dis - la voix retro-pubienne qui esj essentiellement
tale. celle du traitement de l'incontinence urinaire
Il se caractérise par son hormono-dépendance d'effort et des plasties vésico-uréthrales ;
(œstrogènes) pouvant expliquer l’apparition d'un - la voie vaginale que l'on peut facilement élar
épithélium pavimenteux stratifié jusqu'au 1/3 gir à la demande par une simple ou une double
proximal de l'urèthre. épisiotomie. C'est l'abord de nécessité pour le trai
Le chorion, riche en fibres élastiques, renferme tement des sténoses, des diverticules et des fistu
un réseau veineux, dense, également hormono- les.
4
Histologie
Innervation autonome
A l’exception du col vésical et du trigone, la
musculature dans toutes les autres régions de la Comme nous l’avons déjà souligné la plupart
vessie présente un aspect histologique et histochi- des nerfs gagnent la vessie dans la région de la
mique semblable. Le manteau musculaire est jonction urétéro-vésicale et du col vésical. Ce
30 HISTOLOGIE ET INNERVATION AUTO N OM E
nulations qui de place en place se trouvent au culature du reste du détrusor. Dans la région qui
contact de cellules musculaires lisses du détrusor. borde en arrière le col vésical, les groupements
Il n'a pas encore été démontré si ce sont de tels épais de grand diamètre des fibres musculaires du
axones qui représentent cette catégorie particu détrusor sont progressivement remplacés par des
lière d'innervation nerveuse autonome ou si ces amas plus petits. Ces groupements musculaires
aspects sont en rapport avec des coupes passant à sont orientés obliquement et longitudinalement et
travers certaines régions atypiques des nerfs choli se trouvent en continuité dans leur région distale
nergiques. avec la musculature lisse de l'urèhre. Ces cellules
musculaires sont assez proches les unes des autres
LE T R I G O N E et chaque groupement musculaire est séparé des
autres par une quantité importante de collagène et
de fibres élastiques. Chez la femme, contraire
Cette région de la paroi vésicale s'étend des ori ment a ce qui se passe chez l'homme, les fibres
fices urétéraux à l'orifice méatique interne. Les orientées de façon circulaire au niveau du col vési
fibres musculaires lisses du trigone comprennent cal sont très clairsemées. En conséquence, en
une couche musculaire externe superficielle et une l'absence d’un sphincter autonome dans cette
couche profonde interne plus étendue. Cette der région, il est peu vraisemblable que la contraction
nière est composée de cellules musculaires, qui sur active du col vésical joue un rôle important dans la
la base de leur histologie, de leur histochimie et de maintenance de la continence des urines. De plus
leur innervation sont identiques à celles du détru la musculature lisse du col vésical est très riche
sor. Ce muscle constitue la portion postéro-infé- ment pourvue de terminaisons nerveuses choliner
rieure du détrusor et pour éviter toute confusion giques para-sympathiques. Leurs contractions
nous le désignons ici sous le terme de muscle peuvent de ce fait servir à raccourcir et à ouvrir le
détrusor trigonal. col vésical pendant la miction.
La couche superficielle interne du trigone est
composée de deux groupements de fibres muscu
laires de diamètre relativement faible qui sont
dépourvus d'acetyl-cholynestérase. Ce muscle tri URÈTHRE
gonal superficiel est relativement mince mais il
s’épaissit au niveau de ses parties supérieures et
latérales. Plus bas ce muscle trigonal superficiel La paroi de l'urèthre est constituée d'une mem
se pousuit à travers le col vésical avec la muscula brane muqueuse interne en continuité avec celle
ture lisse de l'urèthre. Le muscle trigonal superfi du col vésical et d'un revêtement musculaire
ciel ne possède qu'un petit nombre de terminai externe (Fig. 20). Le revêtement musculaire est
sons cholinergiques (para-sympathiques), alors formé par une couche musculaire interne lisse
que les terminaisons noradrénergiques (sympathi importante et par un manchon externe de muscles
ques) sont plus nombreuses. Ces différences ren striés (le rhabdosphincter).
forcent la conception que le muscle trigonal super
ficiel ne fait pas partie du détrusor. Ce muscle
étendu et superficiel ne constitue qu'une très
petite partie de la musculature totale de cette
région et ne comporte sans doute qu’un rôle phy M U S C L E LISSE D E L 'U R È T H R E
siologique réduit dans les mécanismes qui contrô
lent le fonctionnement du col vésical. Cependant il
peut jouer un rôle dans le mécanisme de clôture La couche musculaire lisse de l'urèthre s’étend
des orifices urétéraux pendant la miction et contri sur toute la longueur de l’urèthre; elle est consti
bue sans doute à s'opposer au reflux vésico-urété- tuée d'un groupement assez ténu d'éléments mus
ral. culaires dépourvus d'acétyl-cholincstérase ; elle se
poursuit vers le haut avec la musculature du col
vésical. La plupart des faisceaux musculaires lisses
L E C O L V É S IC A L sont orientés longitudinalement ou obliquement.
Cependant, il existe quelques groupements de
fibres circulaires au niveau de la partie périphéri
Le muscle lisse de cette région est sur le plan que de cette couche musculaire qui s’entremêlent
histologique et histochimique différent de la mus avec les fibres striées constituées par la portion
32 HISTOLOGIE ET INNERVATION A UTONOME
interne du rhabdosphincter. Dans la portion tout à que pendant des périodes prolongées. Le rhabdos
fait distale de l'urèthre, les groupements de fibres phincter est adapté à son rôle physiologique de
musculaires lisses se perdent dans le tissu sous- créer une action tonique sans fatigue et il joue de
cutané entourant l'orifice méatique externe. Tout ce fait un rôle tout spécialement important en
le long de l'urèthre les parois musculaires sont exerçant une action occlusive permettant le main
séparées par de nombreuses fibres collagènes et tien de la continence des urines. Cette force toni
élastiques. En ce qui concerne l'innervation auto que est probablement assistée par des forces élasti
nome, la musculature lisse de l'urèthre ne reçoit ques passives situées dans la paroi uréthrale. Les
que peu de fibres noradrénergiques (sympathi fibres musculaires striées du plancher pelvien
ques). Par contre elle reçoit une riche innervation entourant l'urèthre peuvent apporter leur partici
cholinergique présynaptique (para-sympathique). pation à la clôture de l'urèthre durant des périodes
D'un point de vue fonctionnel, il paraît peu proba qui réclament une augmentation rapide, quoique
ble que la compétence du col vésical et de l'urèthre de courte durée, de la résistance uréthrale (c’est-à-
chez la femme soit le résultat d'une activité muscu dire pendant la toux, l’éternuement, etc.). Cepen
laire lisse en l'absence de sphincter autonome. En dant il est peu vraisemblable que les muscles péri-
fait il apparaît très vraisemblable que l'innervation uréthraux jouent un rôle sphinctérien significatif
cholinergique et l'orientation longitudinale de la au repos.
plupart des fibres musculaires font que pendant la
miction ces dernières se contractent en raccourcis
sant et en ouvrant la lumière uréthrale. Innervation
PHYSIOLOGIE VÉSICO-URÉTHRALE
L’évacuation des urines à l’extérieur est assurée ques des centres supérieurs ou par des facteurs
de façon satisfaisante par l'alternance harmo psychogènes.
nieuse de phases de remplissage et de vidange • Ainsi il apparaît d'emblée que la vessie et
adaptées à la vie sociale de l'individu. l'urèthre doivent être considérés comme une unité
Un tel fonctionnement est rendu possible par fonctionnelle.
deux mécanismes : ■ Un grand nombre de lésions du système ner
- un contrôle automatique réflexe mettant en veux central : vasculaires, tumorales, traumati-
jeu la moelle lombo-sacrée et le tronc cérébral, qui ques, infectieuses, métaboliques ou d'autres étio-
jouent un rôle essentiel dans la coordination logies, peuvent altérer le comportement vésico-
vésico-sphinctérienne. Ce contrôle automatique uréthral aussi bien dans sa phase de remplissage
est le seul fonctionnel chez le nouveau-né et dans que dans sa phase de vidange. Même en l’absence
certaines vessies neurologiques secondaires à des de lésions neurologiques patentes, les altérations
lésions centrales ; vasculaires ou séniles des tissus et des centres ner
- un contrôle volontaire qui n'apparaît que veux peuvent expliquer certains troubles de la
secondairement dans la première enfance. Ce con continence ou de la miction chez le vieillard.
trôle par la volonté d ’un système musculaire lisse La compréhension des notions actuellement
constitue un exemple unique. En contrepartie on admises sur le fonctionnement du bas tractus uri
conçoit que le fonctionnement vésico-uréthral naire exige le rappel d'un certain nombre de don
puisse être compromis par des altérations organi nées anatomiques et physiologiques.
ANATOMIE FONCTIONNELLE
La vessie et l'urèthre forment une unité fonc urothélium, qui tend à devenir épidermoïde au
tionnelle assurant la double fonction de stockage niveau du méat uréthral. L'origine embryologique
et d ’évacuation des urines. commune des muqueuses uréthrales et vaginales
Toutes ces structures sont tapissées par une explique peut-être leur même hormono-dépen-
muqueuse : épithélium stratifié transitionnel ou dance.
34 PHYSIOLOGIE VÉSICO-URÉTHRALE
LA V E SSIE
Corps de la vessie
(Fig. 21)
La base vésicale
Elle a, au repos, la forme d'un disque horizon F ig . 22 — Le fonctionnement de la base de la vessie lors de la
tal : « base plate » (Fig. 22) de Hutch [5] où les miction (d'après Hutch modifié), a : a u re p o s : u n e a ss ie tte ;
b : c o n tra c tio n d u m u scle trig o n a l ; c : c o n tra c tio n d e to u s le s
différentes couches musculaires, classiquement
é lé m e n ts d e la b a se v é sic a le ; d : p e n d a n t la m ic tio n : u n b o l.
décrites au niveau du détrusor, deviennent mieux
individualisables. Les faisceaux des couches longi
tudinales internes et externes se prolongent vers le Tanagho [1] a proposé d'individualiser dans la
col vésical et l'urèthre. région du trigone un véritable « muscle trigonal »
La couche circulaire moyenne s’épaissit et cons en se basant sur une origine embryologique et une
titue la charpente de cette base vésicale dont le innervation quelque peu différente. En fait, rien
rôle dans la continence paraît mineur, alors qu'il ne distingue fonctionnellement et histologique-
est essentiel dans l'induction et le maintien de la ment cette région du reste de la base. Seul le tri
miction. gone superficiel formant une très mince couche
musculaire adhérente à la muqueuse peut être
considéré comme une émanation de la muscula
ture urétérale.
LE C O L E T L 'U R È T H R E
arrière. Elles dériveraient du sphincter du sinus ayant des coefficients de viscosité et d'élasticité
urogénital comme les muscles ischio- et bulbo- différents. Le taux de collagène varie selon les
caverneux qui forment le diaphragme pelvien régions de la vessie et de l'urèthre ; il est plus
accessoire, (b) Une portion périphérique (portion important dans la base vésicale et dans l'urèthre
péri-uréthrale) nettement distincte de la première. que dans le corps de la vessie, ce qui confère à ces
Elle dériverait de l'appareil caudal comme le rele régions une texture plus compacte, qui réduit leur
veur et l'ischio-coccygien qui forment le dia déformation lors d'une distension.
phragme pelvien principal. Il apparaît hors de
doute que les releveurs en particulier les faisceaux Des propriétés contractiles s'expriment princi
pubo-rectaux jouent un rôle dans la continence palement sous deux formes mécaniquement diffé
uréthro-sphinctérienne. Les données morpho rentes :
cinétiques du colpocystogramme l'objectivent par
— Des contractions toniques de faible ampli
faitement. Le point qui reste obscur est de savoir si
quelques fibres des releveurs viennent cravater tude, mais durables, réalisent un état de tension
permanent : le tonus. Ce tonus représente, comme
l'urèthre pour jouer un rôle sphinctérien spécifi
les propriétés visco-élastiques auxquelles il
que. Certains auteurs ont attribué cette fonction à
s'ajoute, une force de résistance à une déforma
des fibres du faisceau pubo-coccygien.
tion. Mais contrairement à ces dernières il est
modifiable, c'est-à-dire qu'il peut s’adapter dans le
sens d'une augmentation ou d'une diminution.
L'ensemble des forces de résistance est mesuré
D Y N A M I Q U E V É SIC O - comme une « compliance », c'est-à-dire une dis-
S P H I N C T É R IE N N E tensibilité.
— Des contractions phasiques, brèves et de
La double fonction de l'appareil vésico-sphinc- forte amplitude, réalisent une force active capable
térien est de contenir fermement les urines et de de corriger la déformation créée par l'étirement et
les expulser sans l'appoint d'un effort de poussée. de ramener le système à sa longueur initiale. Cela
Etre continent sans être dysurique suppose une implique la contraction simultanée (« en phase »)
évolution en sens inverse des forces exercées par la d'un grand nombre de cellules musculaires pour
vessie et par l'urèthre pendant les phases de rem donner plus de puissance à la réponse mécanique.
plissage et de miction. Ces forces dépendent de Cette activité contractile tonique ou phasique
deux propriétés du tissu musculaire. dépend du système nerveux.. Concernant l'appa
reil vésico-sphinctérien, on peut schématiquement
opposer la musculature vésicale qui reçoit une
Des propriétés bio-mécaniques. — Comme tout
innervation préférentiellement para-sympathique
matériau inerte, la substance musculaire offre une
et la musculature cervico-uréthrale qui reçoit une
résistance passive à un étirement. Cette propriété
triple innervation : sympathique (fibres circulaires
est comparable à celle d'un polymère visco-élasti-
lisses), para-sympathique (fibres longitudinales lis
que dont chaque composant a un comportement
ses) et somatique (sphincter strié).
différent à l’étirement :
Les éléments de neuro-physiologie qui seront
• la composante élastique, assimilée à un res développés plus loin vont permettre de compren
sort, développe, quand on l'étire, une force de dre le rôle des structures musculaires dans la phy
résistance proportionnelle au déplacement, mais siologie vésico-sphinctérienne.
non à sa vitesse d’étirement.
• la composante visqueuse, assimilée à un amor — La phase de remplissage est caractérisée par
tisseur, développe, quand on l'étire, une force de une activité tonique des systèmes sympathique e:
résistance proportionnelle à la vitesse d’étirement, somatique.
mais non au déplacement. • Cette activité s’exprime très faiblement sur le
Lorsqu'on supprime la force de traction, l'élé détrusor dont la distensibilité (« la compliance ■
ment élastique revient à sa position initiale sans dépend pour près de 90 % des propriétés vise -
subir de déformation, alors que l’élément vis élastiques du muscle vésical.
queux conserve la déformation qui lui a été impo • Elle est par contre considérable au niveau d_
sée. col et de l'urèthre dont la tension devient pratiqua
La substance musculaire est formée en propor ment nulle lorsqu’on bloque simultanément le>
tion variable de fibres collagènes et élastiques tonus sympathique et somatique.
PHYSIOLOGIE VÉSICO-URÉTHRALE 37
— La phase mictionnelle est caractérisée par sions. La richesse en tissu collagène y contribue. A
une décharge para-sympathique dont les consé cet égard il faut remarquer que si la distensibilité
quences sont doubles : (« la compliance ») uréthrale est une qualité sou
• d'abord une inhibition réflexe des tonus sym haitable pour permettre le passage d'un flux
pathiques et somatiques qui aboutit, en général important (ou d'une sonde de gros calibre), elle ne
quelques secondes avant la contraction vésicale. à doit pas être excessive au point d'aboutir à des
un effondrement d e l à tension cervico-uréthrale. déformations qui altèrent le débit ; pendant la mic
• ensuite une contraction phasique des fibres tion l'urèthre doit être suffisamment tonique mais
innervées par le para-sympathique, c’est-à-dire : perméable.
celle du détrusor qui prend une forme globuleuse,
celle de la base qui se transforme en un entonnoir — L'interruption volontaire du jet est le fait
dans lequel convergent les forces engendrées par d'une contraction phasique du sphincter strié dont
la contraction détrusorienne. la première conséquence est d'occlure l'urèthre. A
Cette infundibilisation de la base est un phéno ce stade le col et l'urèthre sont encore ouverts sous
mène essentiel de la miction. Son mécanisme a l'effet de la contraction détrusorienne. L'inhibi
bien été expliqué par Hutch [5] amorcée par la tion réflexe du para-sympathique par le système
contraction des fibres longitudinales, elle est com somatique permet la fermeture progressive de
plétée par celle des fibres circulaires (Fig. 22 et l'urèthre, de bas en haut avec régurgitation dans la
24)\ vessie de l'urine contenue dans l'urèthre proximal
Ainsi canalisée vers la filière triogono-cervico- et retour aux conditions de départ. Cette inhibi
uréthrale, les forces détrusoriennes acquièrent tion réflexe du détrusor est un phénomène essen
une efficacité maximum pour propulser le bol uri tiel car le sphincter strié, comme tout muscle strié,
naire. Encore faut-il que cette filière soit suffisam est fatiguable et ne peut supporter-une contraction
ment résistante pour supporter ces fortes pres vésicale prolongée.
tèmes ortho- et para-sympathiques. Ces inter et descend dans le cordon latéral de la moelle. Il
connexions pourraient être un lieu d’échange et de assure la liaison entre le centre frontal et le moto
réflexes courts autorisant une certaine autonomie neurone périphérique dans la corne antérieure de
fonctionnelle au mécanisme vésico-sphinctérien. la moelle sacrée.
plexe. Il agit sur un site spécifique de la membrane A l'opposé, les terminaisons cholinergiques au
post-synaptique qui le « reconnaît » et qui assure niveau de l'urèthre sont rares et ne concerneraient
la transmission du potentiel d’action. que les fibres longitudinales dont les contractions
L'acétylcholine est le transmetteur de toutes les ouvrent le col et raccourcissent l’urèthre.
fibres pré-ganglionnaires du système végétatif
ainsi que des fibres post-ganglionnaires du para L'innervation sympathique
sympathique : fibres cholinergiques. L'action de
• Elle provient des neurones situés dans le relais
l'acétylcholine entraîne une dépolarisation de la
sympathique de la moelle dorso-lombairc de D11
cellule musculaire : effet muscarinique. La nora-
à L3.
drénaline (ou norépinéphrine) est le transmetteur
• Les synapses se font dans les plexus hypogas-
des fibres post-ganglionnaires sympathiques ou
triques, quelques neurones s'articulent dans les
adrénergiques.
ganglions de la chaîne sympathique paraverté-
- La réponse de la fibre musculaire lisse à la
brale.
noradrénaline dépend du type de récepteur solli • L’innervation adrénergique est très pauvre au
cité : niveau du détrusor et uniquement de type /3 myo-
• La stimulation d'un récepteur « entraîne une relexant.
contraction. • L'innervation adrénergique du col et de
• La stimulation d'un récepteur (3 entraîne une l'urèthre est plus dense et de type mixte alpha pré
relaxation. Au niveau de la transmission ganglion dominant. La stimulation entraîne une élévation
naire, la noradrénaline a un effet inhibiteur. du tonus uréthral.
IN N E R V A T I O N SE N S IT IV E
(Fig. 28)
La sensibilité proprioeeptive comprend des ten- réflexes élaborés dans les centres médullaires et du
sio-récepteurs sensibles à l’étirement situés dans tronc cérébral. C ’est ainsi que fonctionnent la ves
les fascicules musculaires et des récepteurs de ten sie du nouveau né et celle de l’animal décérébré.
sion sensibles au volume, ou volo-récepteurs Depuis les travaux de Barrington [6] au début de
situés dans le collagène. ce siècle, de nombreux réflexes dont été décrits et
Contrairement à ce que l'on pensait il y a une récemment répertoriés par Mahony [7],
vingtaine d’années, les terminaisons sensitives, On peut distinguer des réflexes favorisant la
bien q u’ayant une spécificité fonctionnelle, n'ont continence, d ’autres initiant ou assurant le main
pas de spécificité morphologique : ce sont des ter tien de la miction et un réflexe unique permettant
minaisons libres. l’interruption de la miction induit par la contrac
tion volontaire du plancher pelvien. Bradley [8, 9]
de son côté a décrit quatre circuits interdépen
Les voies de conduction dants et nécessaires à la physiologie vésico-sphinc
térienne.
Elles ne sont pas parfaitement connues. Il sem Les systèmes para-sympathique d ’une part,
ble que la sensibilité proprioeeptive et accessoire ortho-sympathique et somatique d’autre part sont
ment la sensibilité extéroceptive de la vessie et de des systèmes antagonistes. Le premier est impli
l’urèthre gagnent la moelle sacrée par l'intermé qué dans la phase mictionnelle en assurant la con
diaire des nerfs pelviens et des nerfs honteux inter traction détrusorienne ; les seconds interviennent
nes. dans la phase de remplissage en contribuant à la
Les afférences gagnant la moelle lombaire par relaxation détrusorienne et surtout au maintien du
l'intermédiaire des nerfs hypogastriques concerne tonus uréthral.
raient surtout la sensibilité extéroceptive du tri
gone. Pendant la phase de remplissage la pression
Dans la moelle, la voie spino-thalamique serait vésicale reste basse, le tonus uréthral élevé, assu
plus spécifiquement affectée à la sensibilité vési rant ainsi de bonnes conditions de continence.
cale et la voie cordonale postérieure à la sensibilité
uréthrale. — Le système sympathique contribue faible
m ent'à relâcher le détrusor (récepteur /3) dont la
compliance dépend pour 90 % de ses propriétés
bio-mécaniques. Par contre il participe pour 50 %
LE C O N T R Ô L E N E U R O L O G I Q U E D E environ au tonus uréthral (récepteur «). Contrai
LA F O N C T IO N V É SIC O - rement à ce que l'on affirmait autrefois, de nom
S P H IN C T É R I E N N E breux faits tendent à démontrer le rôle du centre
sympathique dorso-iombaire qui est impliqué dans
un réflexe segmentaire empruntant le trajet des
Autant il est facile de concevoir le mécanisme nerfs pelviens pour afférencc et des nerfs hypogas
d’action d ’un arc réflexe élémentaire, autant il est triques pour efférence.
difficile de percer les mécanismes intimes prési
dant à-toutes lçs régulations, ainsi qu’à l’impact de — Le système somatique maintient le tonus du
la vie émotionnelle ou de la volonté sur une unité sphincter strié qui représente également près de
anatomo-physiologique, telle l’unité vésico- 50 % du tonus uréthral total. Il s'agit également
sphinctérienne. Il n ’est pas pas douteux que la d'un réflexe segmentaire né de la stimulation des
subtilité de ce mécanisme soit liée à l’extrême récepteurs de tension du périnée et qui utilise les
richesse associative des neurones intercallaires et nerfs honteux internes pour afférence et efférence.
des voies des centres supérieurs. Il est hautement probable que ces réflexes
Schématiquement on peut distinguer un fonc segmentaires sympatiques et somatiques, qui
tionnement automatique et un contrôle volontaire règlent le tonus vésico-uréthral, sont sous contrôle
ou semi-volontaire. des centres supra-médullaires dont l'influence
inhibitrice est prépondérante.
l'origine d'un réflexe sympathique de relâchement autom atic innervation of the human maie and
du détrusor et d'un réflexe para-sympathique de female bladder neck and proximal urethra. J.
Urol., 1977, 118, 302.
contraction de ce muscle ? C’est dire la complexité
4] de L e v a l J. — C ontribution à l’étude du sphinc
et la fragilité de l’équilibre physiologique qui per
ter strié de l’urèthre. « Thèse ». Acta urol. Belg.,
met d ’induire des potentiels d ’action dans tel cir 1982, 163 p.
cuit plutôt que dans tel autre en fonction des cir 5] H u t c h J.A . — A n to m y and physiology o f the
constances, ou suivant qu’intervient ou non un bladder, trigone, and urethra. B utterw orths, Lon-
ordre en provenance des centres supérieurs. don, 1972. 1 vol.
Ainsi s’expliquent d'une part la vulnérabilité de 6] B a r r i n g t o n F.J.F. — The nervous mechanism
tels mécanismes, d ’autre part la grande variété des of m icturation. Quart. J. Exp. Physiol., 1914, 8,
troubles vésico-sphinctériens non seulement en 33.
fonction de lésions neurologiques patentes, mais 7] M a h o n y D .T ., L a f e r t e R .O ., Bi a i s D .J. —
aussi en fonction des altérations anatomiques, The intégral storage and voiding reflexes : a neu-
infectieuses, hormonales, trophiques ou psychogè rophysiological concept of continence and m ictu
nes que l'on peut observer dans le domaine de la ration. Urology, 1977, 9, 95.
8] B r a d l e y W .E ., T i m m G . W . . S c o t t F.B. — Cys-
gynéco-urologie.
tom etry IV : neurom uscular transmission in the
urinary bladder. Urology, 1975, 6, 52-524.
9] B r a d l e y W .E ., T i m m G . W . , S c o t t F.B. — Cys-
tom etry V : Sensation. Urology, 1975, 6, 654-658.
6
EXPLORATION CLINIQUE
Les pathologies gynécologiques urologiques examiner, de voir si elles sont limpides ou trou
sont suffisamment intriquées pour qu'un examen bles, et de pratiquer une épreuve des trois verrres
gynécologique comprenne toujours un examen cli en cas d'hématurie.
nique de base de l'appareil urinaire. L'examen de la vulve ne saurait se concevoir
L'interrogatoire recherche en premier lieu des sans celui du méat uréthral. Son aspect, sa situa
troubles de la miction qui peuvent traduire un tion seront notés. Le toucher vaginal doit com
retentissement sur le bas appareil : prendre la palpation de l'urèthre, son expression,
- Quel est le nombre de mictions diurnes et noc lorsqu'il y a des brûlures vésicales ou uréthrales.
turnes? S'effectuent-elles facilement? Nécessi- Enfin, le toucher pelvien décèle encore mieux que
tent-elles un effort ? La miction est-elle complète ? la percussion un globe vésical chez la femme. En
Est-elle volontaire ou impérieuse ? Est-elle indo cas de perturbation de la vidange vésicale, on doit
lore? Quel est l’aspect du jet : fin, en arrosoir? pratiquer au moindre doute un examen neurologi
Existe-t-il des fuites urinaires? que n'omettant pas la recherche de la sensibilité
Cette dernière question doit être posée avec in périnéale.
sistance car bien des femmes pensent qu’il est nor Dans un contexte uro-gynécologique, plusieurs
mal de perdre ses urines à un certain âge ; ces fuites, situations peuvent s'observer :
pas toujours signalées, sont parfois dissimulées.
Le haut appareil peut être aussi concerné. Il faut
s'enquérir de l’existence,de coliques néphrétiques, Malades perdant leurs urines
d ’une symptomatologie évoquant un reflux,
d ’antécédents de pyélonéphrite gravidique ou On a trop tendance à rattacher systématique
d’antécédents de lithiase ou d ’hématurie dont on ment à une perte d'urines tout écoulement vul-
précise le type. On recherche la notion d'une vaire abondant. Or, on peut voir des écoulements
tuberculose ancienne, d'une insuffisance rénale ou provoqués par certaines infections ou inflamma
d'une hypertension. tions vulvo-vaginales des écoulements d’origine
De toute façon, même en l’absence de troubles utérine (cervical ou corporéal), des hydrorrhées
urinaires, il est de bonne pratique d ’effectuer un d ’origine tubaire. Après les lympho-colpo-hysté-
examen urologique sommaire et d’accomplir cer rectomies pour cancer, on voit des lymphorrhées
tains gestes, en particulier le palper des fosses lom susceptibles de tromper par leur abondance. En
baires. cas d’hésitation sur la nature urinaire de l'écoule
Lors de la miction qui précède l’examen gynéco ment, le doute peut être facilement levé par une
logique, il est facile de recueillir les urines et de les épreuve au bleu de méthylène. Après administra-
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 47
tion de 5 comprimés de bleu par voie buccale, une Malades ayant des brûlures mictionnelles
demi-heure après, les urines deviennent d'un bleu
intense alors que les autres écoulements restent Les brûlures à la miction traduisent le plus sou
clairs. Les fuites urinaires étant confirmées il faut vent une cystite. C'est évident quand il s’y joint de
en rechercher l'étiologie. la pollakiurie, du ténesme vésical et de la pyurie.
Chez une femme jeune qui se mouille en perma L'examen cyto-bactériologique des urines le
nence depuis sa naissance tout en conservant des confirme. Mais ce dernier peut être normal ; les
mictions, on soupçonne un abouchement ectopi- brûlures à la miction peuvent correspondre alors à
que de l’uretère. A vrai dire, ce diagnostic est sou une cystopathie à urines claires.
vent fait dans l’enfance. Dans certains contextes particuliers, il peut
Les fistules vésico-vaginales entraînent une s'agir de cystite radique, d'envahissement vésical
incontinence sans miction : néanmoins, lorsque la néoplasique, de lithiase, de corps étranger vésical.
fistule est petite, il peut persister une certaine Souvent, dans ces cas, la douleur est plus conti
capacité vésicale qui permet des mictions. nue, elle persiste en dehors des mictions.
La fistule urétéro-vaginale réalise un écoule Les brûlures mictionnelles doivent être bien dis
ment continu avec des mictions conservées, sauf tinguées des brûlures vulvaires, des vulvo-vagini-
lorsque cette fistule est bilatérale. En général, les tes déclenchées par l'écoulement des urines.
circonstances d ’apparition de ces fistules, en post
opératoire, en post-obstétrical ou en cours d'évo
lution d'un cancer pelvien, orientent d'emblée le
diagnostic. Malades urinant souvent
En dehors de ces circonstances étiologiques par
ticulières, il s’agit d'une incontinence urinaire Quand la pollakiurie est le seul trouble, il faut
acquise dont le mécanisme doit être précisé : voir d’abord vérifier la quantité d'urines émise par
page 155. 24 heures. L'augmentation de la fréquence mic-
tionnelle peut être, en effet, la conséquence d’une
polyurie quelle qu'en soit sa cause (diabète sucré,
diabète insipide, potomanie, insuffisance rénale).
Elle peut traduire aussi une réduction de la capa
cité vésicale dans une petite vessie ou être en rela
Malades éprouvant des difficultés à uriner tion avec une compression par une tumeur gyné
cologique de voisinage ou une hystéropexie. Elle
La longueur des mictions, la finesse du jet, la peut résulter aussi d'une stagnation vésicale.
nécessité de forcer pour uriner, l'impression d'une Il existe fréquemment des pollakiuries en rap
vidange incomplète, devraient faire soupçonner la port avec un syndrome uréthral ou des pollajiiu-
dysurie, d’autant que chez ces malades rétention- ries idiopathiques précédées de besoin pressant
nistes s’associent souvent une pollakiurie, des mic par instabilité du détrusor.
tions impérieuses voire même des mictions par Enfin, la pollakiurie se voit entre autres signes
regorgement. Il faut toujours craindre dans ces dans un grand nombre d'affections vésicales mais
cas-là une stagnation avec parfois déjà une disten les signes qui l'accompagnent orientent le diagnos
sion vésicale. Mais les troubles ont pu apparaître tic.
progressivement chez une femme qui, n’a jamais
uriné correctement et ce n’est souvent que l'inter
rogatoire qui retrouve la dysurie ou d'autres signes Malades hématuriques
fonctionnels engendrés par la rétention. La débit-
métrie permet d'objectiver l’anomalie en mesu Le diagnostic d'hématurie n'est pas toujours
rant le débit mais aussi quelquefois d ’en suspecter évident. La distinction avec une uréthrorragie est
le mécanisme d’après la courbe de mictiométrie. souvent difficile. L'erreur peut se faire avec des
Bien que la rétention aiguë d'urine soit rare métrorragies, des rectorragies. Certains médica
chez la femme, elle peut se voir après certaines ments (pyramidon, phénolphtaléïne), certains ali
interventions obstétricales ou gynécologiques, au ments (rhubarbe, betterave rouge), certains corps
cours de tableaux infectieux ou tumoraux du petit chimiques (porphyrine, hémoglobine, pigments
bassin, dans certains troubles de la statique utérine biliaires) peuvent donner une couleur trompeuse.
ou vésicale, dans certaines lésions uréthrales, dans Au moindre doute, demander un examen cyto-
des lésions neurologiques. logique à la recherche d’hématies. C’est la seule
48 EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN G YNÉCOLOGIE
m anière de faire le diagnostic d'hém aturie micros possibilité d ’une tuberculose doit to ujours être
copique. L ’utilisation de bandelettes n ’a q u ’une présente à l’esprit. Le traitem ent passe par la
valeur d'orientation. recherche de la cause, l'urographie est donc essen
Les caractères de l’hém aturie sont essentiels tielle.
pour en préciser le siège :
- Est-elle douloureuse : elle a toute chance de
Malades éprouvant des douleurs lombaires
provenir du rein si la douleur est lombaire, alors
q u ’une douleur hypogastrique ne signe le plus sou
Elles incriminent volontiers le rein à l'origine de
vent que la distension vésicale,
leur douleur, mais si la douleur a des irradiations
- Est-elle terminale : elle provient sans am bi
descendantes pelviennes dom inantes, les malades
guité du réservoir vésical, alors que si elle est
totale, on ne peut préjuger de son origine. consultent volontiers leur gynécologue.
Si on retrouve la douleur dans l'angle costo-ver-
Si on voit la malade en période hém aturique, ne
tébral avec des signes urologiques associés, le dia
pas m a nq uer de pratiquer une épreuve des trois
gnostic de son origine ne souffre guère de doute.
verres, et de faire une cystoscopie : elle m ontre la
Mais une authentique douleur d'origine rénale
lésion vésicale ou l’éjaculation urétérale san
peut être trom peuse et en imposer pour des tro u
glante. Ne pas négliger le toucher vaginal ; il
bles rachidiens avec lesquels elle peut être asso
retrouve parfois l’envahissement de la cloison
ciée. T oute lésion gynécologique susceptible de
vésico-vaginale et signe l’origine tumorale. L 'exa
retentir sur le rein impose l'urographie intra-vei-
men bactériologique est le premier examen à p ra
neuse, m ême si cette lésion peut expliquer à elle
tiquer lorsque l'on pense que l'hém aturie est p ro
seule les douleurs lombaires.
voquée par une cystite. L 'hém aturie per-mens-
truelle peut être liée à une endom étriose vésicale
ou à une fistule vésico-utérine.
Malades ayant une affection gynécologique
Malades ayant des urines troubles U ne affection gynécologique peut retentir sur le
haut appareil et en tra în er une insuffisance rénale.
Ce retentissement rénal apparu quelquefois à bas
Elles ne doivent pas toujours être considérées
bruit, peut ouvrir la scène clinique et être le mode
com me des pyuriques. Il peut s’agir de pertes
révélateur de la pathologie gynécologique. Il peut
vulvo-vaginales mêlées aux urines, de phosphates
quelquefois ne se manifester que par un syndrome
qui disparaissent par acidification, d'urates qui
infectieux général sans aucun signe de localisation.
fondent par chauffage, exceptionnellement de
chylurie. Trois examens de base com pléteront l'explora
La pyurie la plus authentique ne s’accompagne tion clinique : l'examen cyto-bactériologique des
pas toujours de cystite. Son diagnostic ne saurait urines ( E .C .B .U .) , la créatinémie, l'urographie
se p o rter sans examen cytobactériologique. La intraveineuse (U .I.V .).
E X A M E N C Y T O - B A C T É R I O L O G I Q U E DES U RIN ES
Le recueil des premières urines du matin est - chez les porteurs de sonde urinaire, le prélève
préférable : les urines ne sont pas diluées par des ment se pratique par ponction de la sonde à
ingestions de liquide et la malade n'a pas uriné l'aiguille, après désinfection et sans ouverture du
depuis 5 ou 6 heures. Il peut se pratiquer n éan système de drainage. La collecte des urines accu
moins à n'im porte quelle heure de la journée mais mulées dans la poche est à rejeter ;
au minimum 4 heures après la dernière miction : - enfin, la recherche étiologique d ’une uréthrite
un délai raccourci peut en tra în er une réduction de nécessite un prélèvement uréthral associé au
la bactériurie et de la leucocyturie. U ne dilution recueil d'urines du prem ier jet.
im portante des urines par des boissons abondantes
ou au contraire une stagnation, modifie les résul
tats. Il faut en tenir com pte dans l’interprétation Renseignements utiles à fournir au laboratoire
des chiffres fournis par le laboratoire.
La colonisation microbienne normale des orga Tous les renseignem ents cliniques qui visent à
nes génitaux externes impose une toilette préala faciliter l’exploitation du résultat, intéressent le
ble soigneuse du méat urinaire, de la vulve, des biologiste, surtout si celui-ci n'a pas de contact
grandes et des petites lèvres avec du savon, du direct avec le patient ou le préleveur (examen
Dakin ou un autre antiseptique. Le rinçage doit transmis).
être ab ondant, il se fait à l’eau stérile. Un rinçage Ces inform ations peuvent selon le cas justifier
incorrect peut provoquer des irritations locales ou un contrôle rapide sur un nouveau prélèvem ent,
gêner les cultures si le produit antiseptique est éli une transmission en urgence d'un résultat, une
miné dans les urines. mise en œuvre im m édiate d ’explorations com plé
L’échantillon retenu pour l’analyse est celui du mentaires orientées.
milieu du jet qui est recueilli dans un bocal stérile. Ainsi, le terrain de la patiente ou les circonstan
L ’importance d'un d énom brem ent fiable des ces cliniques peuvent conduire à tester la sensibi
bactéries pour une interprétation correcte du lité à des antibiotiques puissants, à tenter un anti
résultat impose un transport rapide et à défaut de biogram me direct, ou à ty p e r finement une souche
conserver l'échantillon à + 4° centigrade. En isolée. U ne leucocyturie associée à des cultures
effet, de nom breux germes ont la capacité de se stériles, doit faire rechercher le BK à la condition
multiplier rapidem ent dans les urines. Par contre, que celle-ci ne soit pas le reflet de la réaction
le froid n'altère pas leur vitalité. inflammatoire d 'une infection bactérienne stérili
Un bon procédé consiste à ensem encer dès sée par un début de traitement.
l’émission les urines sur des lames gélosées spécia Plusieurs espèces bactériennes peuvent être iso
lement conçues et prêtes à l’emploi. lées chez des porteurs de sonde à dem eure. En
Le recueil d ’urine de milieu de jet présente de d 'autres circonstances, il s’agit de souillures et le
nom breux avantages. Il est bien accepté par les prélèvement doit être refait.
patientes, facilement répété, indolore et ne risque
pas de provoquer une surinfection, mais d'autres
procédés peuvent être utilisés : Examen microscopique
- une ponction sus-pubienne peut se pratiquer
Il se pratique en deux temps. D ’une part l’obser
chez un sujet qui n'a pas uriné depuis au moins
vation en cellule de type Malassez d ’un culot de
4 heures. C ’est une m éthode qui assure un recueil
centrifugation ou de sédimentation des urines
aseptique utile si le prélèvem ent en milieu de jet
est impossible ; pour les éléments cellulaires et minéraux, d ’autre
part la coloration de gram pour les micro-organis
- il faut éviter dans la mesure du possible de mes.
faire un sondage. Il infecte 4 % des m alad es; U n e pyurie ou une hyperleucocyturie sont le
- chez la femme en période d'activité m ens reflet de la réponse inflammatoire des tissus inté
truelle ou ayant des pertes vaginales, il est indis ressés par l'infection. L ’appréciation du caractère
pensable de prévoir la mise en place préalable altéré ou non des polynucléaires ne présente que
d'un tam pon vaginal ; peu d ’intérêt. L ’intégrité des cellules est trop liée
- l'utilisation de poches stériles est réservée aux aux conditions de séjour dans l’urine et surtout
nourrissons, aux incontinents, aux porteurs d'uré- aux modalité de centrifugation et de remise en sus
térostomie. Elles ne doivent être placées que pension du culot.
20 mn au maximum après une toilette locale très L eur mesure peut s’effectuer de manière diffé
soigneuse ; rente :
50 EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE
- par cham p microscopique : elle est pathologi par le clinicien ou retirées d'un examen antérieur,
que si supérieure à 2 leucocytes, ou encore de l’examen microscopique du prélève
- par millilitres : est pathologique si supérieure ment. Des conditions particulières sont requises
à 20 leucocytes. pour des bactéries déficientes, pour des germes
D 'a utres laboratoires fournissent sim plement envahissants, po u r des anérobies stricts et pour
une appréciation semi-quantitative (rares, quel des levures.
ques, assez nom breux, etc.) suffisante en pratique L 'ensem encem ent sur les milieux de cultures est
courante. réalisé à partir d 'une fraction homogénéisée de
- le débit minute des leucocytes et des hématies l'échantillon urinaire.
selon le protocole d ’Addis H am burger est un test Le d éno m bre m en t des bactéries est apprécié par
plus fin mais qu'il est inutile de coupler à l'examen le nom bre de colonies o btenues en culture, appelé
cyto-bactériologique des urines pour le dépistage U .F .C . (unité formant colonie). La conservation
d 'une infection urinaire. En présence d'une pyu- de la vitalité du germe est donc nécessaire.
rie, le décom pte leucocytaire n'a aucun intérêt. L'observation de bactéries par la coloration de
La présence en grande quantité de cellules grani n'est pas incompatible avec un d én o m b re
épithéliales rénales peut faire évoquer une ment nul lorsque les conditions de culture n ’ont
néphropathie. L'observation de cellules épithélia pas été adaptées.
les vaginales signifie une contamination lors du Les critères d'interprétation du d énom brem ent
recueil et justifie de refaire le prélèvement. des germes, fixés par Kass ne sont valables que si
La présence de cristaux est banale surtout dans les conditions de recueil et de conservation de
les urines concentrées émises le matin. Seuls les l’échantillon sont correctes.
cristaux de cystine font affirmer l’existence d'un - inférieur à 10'' U .F .C . signifie une souillure,
trouble métabolique. - supérieur à 105 U .F .C . avec leucocyturie,
Les cylindres hyalins n ’ont pas de signification l'infection est certaine,
pathologique. Les cylindres hém atiques signent - supérieur à 105 U .F .C . sans leucocyturie,
une atteinte glomérulaire. Les cylindres leucocy l’infection est probable,
taires se rencontrent lors de processus inflamma - entre 103 et 1()4 U .F .C . une souillure est plus
toires du parenchym e rénal. L orsqu ’ils sont granu vraisemblable en l’absence de traitem ent,
leux ou cireux, ils peuvent évoquer respectivement - entre 104 et 105 U .F .C ., l’interprétation est
une atteinte du parenchyme ou une diminution du plus délicate.
débit urinaire. U ne cause infectieuse est alors plus probable si
L 'interprétation des résultats de l’examen la leucocyturie est élevée. Ce, résultat peut avoir
microscopique n'est pas toujours aisée. U ne leu pour origines :
cocyturie associée à des cultures stériles se rencon
- un prélèvement effectué moins de 4 heures
tre lors du traitem ent d'une infection urinaire,
après la dern-ère miction,
d'un e uréthrite, d ’une tuberculose, d 'une néphrite
- une diurèse abondan te,
intersticielle, de la migration d'un calcul, de cysti
- un drainage par sonde avec écoulem ent conti
tes non bactériennes et d'une tum eu r de l'arbre
nue sans stase vésicale,
urinaire ou de son environnem ent.
- un traitem ent anti-infectieux préalable, condi
A l'inverse, d ’authentiques infections urinaires,
tions défavorables de multiplication du germe (pH
sans leucocyturie, mais avec une bactériurie signi
urinaire très bas),
ficative peuvent se rencontrer lors de cystites
- une infection d ébu tante,
banales, souvent débutantes et parfois au cours de
- une infection à P seudom onas : plusieurs ger
certaines pyélonéphrites chroniques. En l'absence
mes accolés ne donnant qu'une seule colonie, le
de signes cliniques, la confirmation par un
n om bre d 'U .F .C . est alors diminué,
deuxième prélèvement est utile.
- une infection par des bactéries qui adhèrent à
la muqueuse vésicale ou qui sont faiblement libé
rées par le parenchym e rénal.
Enfin, l'existence de bactériuries asym ptom ati
Culture et dénombrement des germes ques sans signes inflammatoires n'est pas contes
tée. Mais leur fréquence et leur gravité sont discu
Les conditions de la mise en culture d'un éch an tées. Leur dépistage systématique a été proposé
tillon urinaire sont fixées par le biologiste en fonc chez les sujets à risques (grossesse, im munodépri-
tion de son expérience, des inform ations fournies més, d ia b ète ,...).
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 51
C Y T O L O G IE U R I N A I R E DE D É P IS T A G E
Les frottis ne doivent être pratiqués que sur des Lésions vésicales invasives. — On peut obser
urines limpides. ver :
— des cellules malignes de type transitionnel
avec les critères cytologiques habituels de mali
Méthode de prélèvement gnité,
— des cellules manifestant une inflexion mal-
Il est souhaitable de recueillir les urines du pighicnne d'où le diagnostic différentiel avec :
matin chez un sujet en restriction hydrique depuis • l'épithélioma du col utérin propagé à la vessie,
la veille. Fixer les urines dès l'émission dans une • l'épithélioma de la marge anale,
solution formolée tam po nnée à volumes égaux. • la lithiase rénale peut en tra în er des altérations
Les urines fixées sont filtrées et les cellules se évoquant un cancer,
déposent sur un filtre millipore qui subit ensuite • les cystites interstitielles qui peuvent entra în er
une coloration de Papanicolaou puis un montage une desquam ation de cellules malpighiennes dys-
sur lame. plasiques.
— des cellules manifestant une inflexion glan
dulaire d 'o ù le diagnostic différentiel avec :
Frottis urinaire normal
• tum eur de l'endom ètre propagée à la vessie,
• tum eur de l’ovaire,
Les urines normales contiennent des cellules
• endom étriose,
desquam antes provenant de l'épithélium rénal,
• tuberculose rénale : on peut observer des
urétéral, vésical, uréthral. Il s’agit de cellules
amas de cellules très vacuolisées à nucléole p ro é
urothéliales, parfois bi- ou plurinuclées, de cellu
minent simulant des cellules néoplasiques asso
les cylindriques, de cellules malpighiennes, de cel
ciées à un contexte hém orragique.
lules métaplasiques. En o utre, on observe quel
ques histiocytes, quelques m acrophages et parfois — des cystites glandulaires provoquant la des
des cristaux. quam ation de cellules glandulaires hyperplasi-
ques, mucosécrétantes.
• les infections à cytomégalovirus.
Frottis urinaire pathologique
L ’E X P L O R A T I O N F O N C T IO N N E L L E R É N A L E
Le rein a deux fonctions principales, épuration Certains laboratoires expriment m aintenant les
des déchets azotés sanguins et régulation de l'équi résultats en unités molaires :
libre hydro-électrique. La filtration glomérulaire - soit créatinémie en /xmol/ml (taux normal
et les fonctions tubulaires de réabsorption et de chez la femme : 53 à 88 ^imol/ml),
sécrétion constitutent les deux étapes qui lui p er - créatinurie en m m ol/litre,
m ettent de remplir ce rôle. L'appréciation globale - clearance en m l/seconde.
de la fonction rénale repose sur la connaissance de La valeur normale de la clearance de la créati
la filtration glomérulaire, première étape de l’éla nine est alors de 2 m l/seconde.
boration de l’urine. En prem ière intention et en La filtration glomérulaire varie avec la surface
pratique courante un seul exam en, réalisé à partir corporelle. Dans tous les cas la mesure de la clea
de données sanguines et urinaires simples, permet rance sera systém atiquem ent rapportée à la sur
cette appréciation avec une fidélité suffisante : la face corporelle de référence, soit 1,73 n r chez
clearance de la créatinine endogène. Les épreuves l’adulte. La filtration glomérulaire varie égale
plus complètes perm ettan t d'explorer l'étape ulté ment avec l'âge. Même en l'absence de troubles
rieure des fonctions tubulaires, relèvent, quant à rénaux, une réduction m odérée du taux de filtra
elles, de services spécialisés et ne présentent pas tion existe chez les sujets âgés.
d'intérêt dans le cadre d'explorations pré- et post La fiabilité de la clearance de la créatinine est
o pératoires en chirurgie gynécologique. liée au taux sanguin de créatinine rem arqu able
La clearance rénale d 'une substance est définie ment fixe pour un individu donné. La créatinine
par le nom bre de ml de plasma com plètem ent est un produit de catabolisme musculaire. La créa
épuré de cette substance en l’unité de temps. Cette tinémie est indépendante du volume de la diurèse
définition est représentée par le rapport suivant : et du régime alimentaire.
A u cours de l'insuffisance rénale la créatinémie
s’élève et la clearance de la créatinine s'abaisse.
C = k ü ^ Un taux de créatinémie supérieure à 20 mg/litre
P évoque une altération de la fonction rénale d'au
moins 50 %.
U est la concentration urinaire de la substance expri La clearance rénale globale est la somme de
mée en mg/litre. clearance des deux reins. A près néphrectomie la
V est le débit urinaire exprimé en ml/mn.
clearance de la créatinine est abaissée pro portion
P est la concentration plasmatique de cette substance
nellement à la fraction de parenchyme rénal fonc
exprimée en mg/litre.
tionnel soustrait. Toutefois, cette clearance tend à
retrouver une valeur normale au fur et à mesure
Le calcul de la clearance de la créatinine néces
que se développe l'hypertrophie compensatrice du
site donc le recueil strict des urines de 24 heures rein restant.
pour établir le débit urinaire, le dosage de la créa La clearance de la créatinine doit être préférée à
tinine à partir d'un échantillon de ce recueil, le la clearance de l'urée sanguine dans l'évaluation
dosage de la créatinémie à partir d'une prise de de la fonction rénale. L 'urée sanguine, term e
sang effectuée à la fin de la période de recueil des ultime du catabolisme azoté varie, dans certaines
urines. limites, en fonction des apports alimentaires et du
volume de la diurèse, du catabolisme protidique
Les résultats sont exprim és de façon habituelle
endogène. Ces variations sont autant de causes
en unités de masses :
d'erreurs dans l’interprétation de la clearance de
- créatinémie en m g/litre (taux normal chez la cette substance. Toutefois, l'élévation im portante
femm e : 6 à 10 m g/litre, du taux d 'uré e sanguine reste une conséquence
- créatinurie en m g/litre, inéluctable de l'insuffisance rénale et la surveil
- clearance en m l/m n. lance des taux d ’urée sanguins et urinaires sont
La valeur normale de la clearance de la créati nécessaires pour établir le régime protidique de
nine est de 100 m l/m n ± 20. l'insuffisant rénal.
54 EXPLORATIONS UROLOGIQUES EN G YNÉCOLOGIE
CYSTO-URÉTHROSCOPIE
La cysto-uréthroscopie fournit des renseigne a bondance em pêche souvent de voir les deux orifi
ments irremplaçables sur le bas-appareil, com plé ces urétéraux.
tant les données de l'examen clinique et de l'exa
men radiographique. Elle d onne, en effet, une
image précise de l'intérieur du canal uréthral et du Cystoscopie
réservoir vésical. Elle perm et de m esurer la capa
cité vésicale et un éventuel résidu. O n utilise des endoscopes à lumière froide qui
Le risque de l’examen est de provoquer une c om prennent :
infection, quelles que soient les précautions - une gaine dans laquelle se glisse un mandrin.
d ’asepsie que l’on ait pu prendre. 11 existe en effet En cystoscopie exploratrice on utilise en général
des germes dans la partie initiale de l'urèthre que un calibre n° 16 CH. La gaine est munie d ’un robi
le cystoscope peut faire p énétrer dans la vessie. net sur lequel se branche le liquide de lavage,
C ette infection peut être dram atique chez un dis - dans la gaine pénètre l'optique sur laquelle se
tendu à urines claires, circonstance relativement branche le conducteur de lumière froide. Il existe
rare chez la femme. Chez la femme, il n'y a prati plusieurs types d'op tique, selon l'angle et l'orien
quem ent pas de contre-indications en dehors des tation du champ. La plus utilisée est l'optique
uréthrites et des cystites où sa pratique est en foroblique de 70".
outre très douloureuse. Lorsque l’examen n'est Un système o p éra teu r nécessite une gaine de
pas urgent, il vaut mieux le différer si la malade a plus fort calibre (22 CH ou plus). On peut ainsi
ses règles ou une infection vaginale. La prise introduire une sonde urétérale p ar une filière
d'antibiotiques encadrant l'examen ne se justife indépendante. Une molette perm et de guider la
que lorsque les urines sont infectées. sonde en direction du méat urétéral et de la m on
Le retentissement fréquent de la pathologie
ter.
gynécologique sur le bas appareil justifie l'utilisa Les urétéro-pyélographies rétrogrades s'effec
tion routinère de la cystoscopie en gynécologie. tuent avec une gaine de calibre 22 à 24 CH en utili
Les indications principales sont les suivantes : sant des sondes bouchon de Chevassu dont l'extré
- l'incontinence urinaire. mité renflée s'adapte au méat urétéral.
- le bilan d'extension d'un cancer, en particulier
du col utérin.
- les algies pelviennes accom pagnées de symp Technique de l'examen
tômes urinaires,
- les saignements dont l'origine gynécologique Il est exceptionnel que l'on ait recours à l’anes-
n ’est pas prouvée en particulier au m om ent de la thésie générale ou péridurale chez la femme, sauf
ménopause. en cas de cystalgies, de cystite, de petite vessie
Les lésions traum atiques présumées de la vessie intolérante, ou pour pratiquer une biopsie.
ou des uretères' en pratique gynécologique ou obs La malade doit d ’abord évacuer sa vessie. Si une
tétricale. débitm étrie est nécessaire, il faut la pratiquer à ce
- les fistules urogénitales, m om ent là. L'aspect des urines est noté : en pré
- la ménourie, sence d'urines purulentes, il est préférable de dif
- et d une façon générale, chaque fois q u ’une férer l'examen.
pathologie endovésicale est soupçonnée. La malade mise en position gynécologique, fait
En cas d ’hém aturie, la cystoscopie sera effec l'objet d 'une toilette vulvaire soigneuse. En cas de
tuée sans délai. Toutefois, si l’hém aturie est term i sténose m éatique, on peut être am ené à faire une
nale et s’accompagne de pollakiurie et de brûlures dilatation ou une méatotom ie.
mictionnelles, une cystite est vraisemblablement Q u an d le cystoscope est en place, on retire le
en cause ; il vaut mieux retarder l’examen. mandrin. S'il y a un résidu, des urines s'écoulent,
Si l'hém aturie est totale et isolée avec un cliché on en mesure le volume en les recueillant dans un
de l’appareil urinaire sans préparation normal, il récipient stérile pour un examen cyto-bactériologi-
est préférable de la pratiquer en sachant que son que éventuel. On lave ensuite la vessie avec du
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 55
sérum physiologique puis on introduit l'optique et En cours de remplissage, les aspects constatés
on remplit le réservoir pour obtenir une bonne peuvent se modifier : l'apparition d'une hém aturie
réplétion vésicale. en nappes est assez suggestive de cystite intersti
tielle. A la fin de l'examen, on évacue la vessie en
A près avoir branché la lumière, on explore la
retirant l'optique du mandrin, et on note la ca pa
totalité de la cavité vésicale. Le repérage des
cité qui. norm alem ent, est de 200 à 300 cc environ.
lésions se fait selon le quadrant horaire. On exa
mine successivement les faces latérales, postérieu
res et supérieures de la calotte (où se trouve une
Uréthroscopie
bulle d'air). Elles sont souples. La face postérieure
est souvent déprim ée par la saillie de l'utérus.
L'uréthroscopie se pratique à l’aide d ’une opti
Elles sont tapissées par une muqueuse mince,
que directe sous perfusion perm anente. Il faut
ja u ne rosée, à la surface de laquelle courent de
noter les points suivants :
petits vaisseaux. U n e trabéculation fine traduit
l'em preinte de faisceaux musculaires et corres - l'aspect de la jonction uréthro-vésicale qui
pond souvent à une vessie hyperactive. Des m odi doit apparaître sous forme d'une crête aiguë,
fications plus nettes avec présence de saccules ou - la présence ou l’absence de replis pseudo-poly-
de diverticules entre les colonnes musculaires sont poïdes au niveau de la jonction uréthro-vésicale,
la traduction de troubles de l’évacuation vésicale. témoin d'un état infectieux,
Le col se voit en retirant l'endoscope, sous la - l'état de l'urothélium qui ne doit pas être
forme d'un relief en croissant de coloration nette rouge ou hypervascularisé,
ment plus rouge que le reste de la muqueuse dont - la présence de points jaunes traduit une infec
le versant supérieur est saillant, mais dont le ver tion glandulaire,
sant postérieur se poursuit en pente douce vers le - l'épaisseur de l'urothélium. En cas de troubles
trigone. trophiques, il est mince et les vaisseaux sous-
Le trigone est bordé, en arrière par la barre urothéliaux peuvent être nettem ent visibles,
inter-urétérale, aux extrémités de laquelle on - on peut parfois apercevoir l’orifice d'un diver-
aperçoit les orifices urétéraux à 4 heures et à ticule uréthral,
8 heures. Sa muqueuse est lisse et plus rosée que - si la malade n'est pas anesthésiée, les modifi
celle de la calotte. Les capillaires y sont plus n o m cations m orphologiques de la jonction uréthro-
breux. Chez la femme m énopausée, la muqueuse vésicale à la toux et à la contraction du plancher
est plus pâle. Les orifices urétéraux ont générale pelvien peuvent fournir une inform ation sur l’état
ment l'allure d ’une fente, par laquelle se produit sphinctérien : chez la femme normale, la jonction
l’éjaculation. Un orifice arrondi, immobile est uréthro-vésicale doit d em eu rer fermée lors des à-
anormal et peut être l’indice d'un reflux vésico- coups de pression intra-abdominale, et toute co n
urétéral. Ces repères perm ettent de localiser les traction du plancher pelvien doit la surélever et
lésions vésicales éventuelles. l'occlure.
E X P L O R A T IO N S R A D I O L O G I Q U E S
l'arbre urinaire ; il précise les différents repères corticales rénales où il est filtré par les glomérules
rétro-péritonéaux (contours des psoas, graisse (10e à 30e seconde). Si l'opacifiant est injecté rapi
pro-péritonéale des flancs) ; il décèle enfin les dem ent en quantité suffisante, un cliché réalisé
masses et les calcifications pelviennes, souvent dans ces temps m ontre une « néphrographie corti
d'origine gynécologique (Fig. 29). cale », visualisant parfaitem ent le cortex et les
Dans certains cas, des coupes tom ographiques colonnes de Bertin, opacifiés, alors que la m édul
rénales sont effectuées. Elles perm ettent de m esu laire ne l'est pas encore (Fig. 30).
rer les reins, de localiser avec précision certaines Le produit progresse ensuite dans les tubules
calcifications, et parfois d'apprécier l'épaisseur du rénaux et parvient à la 3 e minute dans les petits
parenchym e rénal. calices. Un cliché pratiqué dans la 2 e minute réa
lise une « néphrographie cortico-médullaire »,
objectivant le parenchyme rénal fonctionnel
autour d e ’ la clarté graisseuse et liquidienne du
sinus rénal (Fig. 31).
U R O G R A P H IE IN T R A V E IN E U S E
Les petits calices doivent ap paraître en même
temps, au cours de la 3 e minute.
L’opacification des javités pyélo-calicielles se
L'injection d'un produit de contraste iodé à éli
fait passivement alors que le produit de contraste
mination exclusivement rénale perm et une étude
progresse dans les uretères de façon péristaltique.
morphologique de l’ensemble du tractus urinaire.
La vessie com m ence à apparaître dès la 5 e ou la
A près injection, le produit de contraste diffuse
10e minute, la réplétion étant obtenue après un
dans l'organisme, en particulier dans les artères
tem ps extrêm em ent variable.
Enfin, l'urèthre peut être exploré en cours de
miction ; mais parfois, le contraste obtenu est
insuffisant.
F i g . 29 — A.U.S. P. : Les deux reins sont visibles, ainsi que Fie;. 30 — Néphrographie corticale.
les psoas. A l'étage pelvien, volumineuse masse calcifiée sus-
vésicale : fibrome utérin.
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 57
Anatomie radiologique
logique. Sa position perm et de distinguer des bas proche de l'horizontale. Parfois on observe sur un
sinets intra-sinusaux, étroits et horizontaux, et des cliché l’éjaculation urétérale, com me une image
bassinets extra-rénaux, plus larges et verticaux linéraire o paqu e dans le prolongem ent du segment
(Fig. 32). intra-vésical. Celle-ci ne doit pas être confondue
avec un abouchem ent ectopique.
L 'u re tè re . — Il com prend quatre portions : La progression de l'urine opacifiée se fait dans
- Le segment lombaire est souvent un peu obli l'uretère de façon péristaltique : il est donc normal
que en bas et en-dedans, en fait de trajet très de ne pas le voir en entier sur chaque radiogra
variable selon la morphologie du psoas. Ainsi, il phie. Par conséquent, l'exploration devra co m p o r
peut se projeter, sur des clichés de face, en dehors ter un nom bre suffisant de clichés, afin de visuali
des apophyses transverses, sur celles-ci, ou même ser la totalité du conduit (Fig. 33).
sur les pédicules lombaires, sans être pathologi Le calibre urétéral est très variable, selon la pro
que. gression de l'onde péristaltique bien sûr. mais
- Le segment iliaque correspond au détroit aussi selon ses rapports avec les organes voisins. Il
supérieur, région ou l’uretère croise les gros vais peut en outre présenter des rétrécissements par
seaux. En principe incurvé à concavité externe, em preintes vasculaires : il s'agit de plages transpa
son trajet est souvent sinueux et moulé sur les axes rentes obliques, interrom pant l'opacifiant iodé, se
vasculaires. raccordant à angles aigus avec la paroi urétérale.
- Le segment pelvien décrit une courbe à conca Ces em preintes ont la caractéristique d 'être varia
vité supéro-interne, et sa partie inférieure, intra- bles avec le péristaltisme, de dim inuer ou dispa
ligamentaire est mal explorée par les incidences de raître sous compression. Les plus classiques sont
face, du fait de son obliquité. Des clichés de 3/4 celles déterm inées par les vaisseaux iliaques (à
visualisent beaucoup mieux cette portion. droite et à gauche), la veine ovarienne (à droite)
- Le segment terminal est intra-vésical : il (Fig. 34). Les autres peuvent traduire le dévelop
mesure environ 1,5 cm. présente un aspect effilé. pem ent d'une circulation collatérale artérielle e t/
O P A C IF IC A T IO N S D IR E C T E S D E LA
V O IE E X C R É T R IC E
incite à garder les patients une jo u rn ée , comme Indications. — Ce sont essentiellement les a n o
après toute exploration radiologique invasive. malies de la voie excrétrice,-en particulier les obs
Enfin la pyélographie antérograde constitue le tructions urétérales, lorsque le bilan urographique
geste initial de la néphrostom ie per-cutanée qui n'est pas suffisamment significiatif.
perm et un drainage transitoire des cavités rénales. Le choix entre les deux techniques semble
C ette technique est décrite ailleurs. devoir être fait non pas sur les caractères de la sté
nose, mais plutôt en fonction de l'importance de la
U rétéropyélographie rétro g rad e. — L ’urétéro- stase et des possibilités thérapeutiques que l'on
pyélographie rétrograde a le mérite, outre l'explo prévoit.
ration de la vessie, d’être facilement bilatérale, et Ainsi la pyélographie antérograde sera préférée
d ’être réalisable m ême s’il n ’existe pas de disten si l'obstacle est sévère et si l'on envisage la réalisa
sion de l’arbre urinaire. Peu agressive chez la tion d ’une néphrostom ie per-cutanée transitoire
femme, elle présente un risque infectieux im por dans l'attente d'un geste chirurgical curatif ou pal
tant, en particulier s’il existe une stase urinaire. liatif. Par contre l'urétéropyélographie rétrograde
Ceci incite à la réaliser quasi exclusivement en p ré garde tout son intérêt dans les lésions peu obstruc-
opératoire immédiat, q u ’il s'agisse d'un geste chi tives de l’arbre urinaire.
rurgical ou d ’un montée de sonde. Des échecs sont
possibles, par impossibilité de cathétériser les ori
fices urétéraux. D ans tous les cas, quelques pré O P A C IF IC A T IO N S V A S C U L A IR E S
cautions sont indispensables : ne pas introduire de
bulle d ’air ; injecter lentem ent peu de produit au
début, quitte à réaliser d'autres clichés après ré Il existe m aintenant deux type d ’artériographies
injection ; term iner systém atiquem ent par un cli rénales, selon la qualité des renseignem ents
ché d ’évacuation (Fig. 39). dem andés :
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 63
T O M O D E N SIT O M É T R IE
Technique du colpocystogramme
A l’aide d ’un tam pon m onté on refoule l’élé - Lors de la position I du colpocystogramme qui
ment de prolapsus en cause, tout en dem and ant à met en tension l’am arrage antérieur élastique et
la patiente de pousser com m e au deuxième cliché. mobile du faisceau élévateur des releveurs, se des
Le troisième cliché ne sera pas présent sur le sinent trois caps viscéraux d'avant en arrière : cap
décalque mais figurera au com pte-rendu de l'exa uréthro-vésical, cap vaginal, cap anal.
men. A l'effort de poussée ne persiste que le cap anal,
les deux premiers étant uniquem ent fonctionnels.
- Enfin il est à noter que dans les conditions
Etude analytique du colpocystogramme et son physiologiques, l'utérus norm alem ent antéversé-
interprétation - critères de normalité selon l'âge fléchi vient b uter à l'effort de poussée abdom inale,
et la parité - notion de combiné viscéral au-dessus du cap anal, contre la butée coccygo-
raphélicnne, ce qui em pêche le col utérin de
E troitem en t solidaires dans leur déplacem ent, s'allonger. Il est certain que ces critères de n o r m a
vessie, col utérin, moitié supérieure du vagin et lité sont à être modifés com pte tenu de l'âge (tro-
am poule rectale constituent un véritable « com phicité des tissus différents) et de la parité des
biné viscéral » (Fig. 46). patientes.
Col utérin et col vésical évoluent sensiblement à
la m ême distance et à la m ême hauteur, le premier
B IB L IO G R A P H IE
en arrière et le second en avant du cap anal.
Le vagin et le col utérin, enchâssés dans le dôme
vaginal, restent plaqués contre le bord antérieur [1] B f t h o u x A . , B o r y S. — Les m écanism es sta ti
de l’image rectale. De ce fait la morphologie du ques viscéraux pelviens chez la fem m e à la
cul-de-sac de Douglas reste inchangée lors de lum ière de l’e x p lo ra tio n fonctionnelle du d isp o si
l'effort de poussée. L ’urèthre évolue parallèle tif en position d e b o u t. C om m . Soc. A nal., Paris,
16.01.1961, A nn. Chir., 1962, 16,887-916.
ment à la moitié inférieure du vagin.
12) Z a f i r o p u l o - A c o l e t M. — A p ro p o s de la te c h
n iq u e, de la lectu re et des indications du C o lp o
c ystogram m e. Thèse. Paris, 1977.
E X P L O R A T IO N R É N A L E ISO T O PIO U E
IN V I V O
Dans tous les cas, le traceur est injecté par voie sance de la radioactivité sanguine (par exemple sur
intraveineuse et les examens sont aisés et indolo la région péricordiale) p erm etten t d ’étudier :
res. - la clairance plasmatique de l’hippuran (ortho-
iodo-hippurate de sodium) m arqué à l’iode 131
(traceur d'une demi-vie de 8 jours ém ettant des
Méthodes basées sur l'élimination tubulaire photons y de 364 keV) qui mesure la clairance
des traceurs tubulaire et, en fait, le flux,
- la clairance plasmatique du D T P A m arqué au
Certaines molécules m arquées se fixent sur les technetium 99m. dont l’élimination, purem ent glo
cellules saines des tubules rénaux avec une stabi mérulaire, est très semblable à celle de l'inuline,
lité qui perm et : référence classique.
- une étude morphologique : c’est la scintigra-
phie classique, E tu d es rénales séparées :
- mais aussi des mesures quantitatives de fixa - morphologiques (scintigraphie séquentielle),
tion. - et surtout fonctionnelles.
Les traceurs sont, ici encore :
La scintigraphie classique utilise surtout le
D M SA (acide 2-3 - dim ercaptosuccinique) m arqué - l'hippuran m arqué à 13,I, à la dose de 3 fxC i/
au 99 m Te (technetium 99m), élément d'une demi- kg de poids corporel ; il est partiellement filtré (10
vie de 6 heures qui ém et des photons y de à 20 % ) par les glomérules, mais surtout sécrété
140 keV. L ’examen est réalisé 1 h 30 après l’injec par les tubules,
tion au moyen d ’une caméra à scintillation. - le D T P A m arqué au 99m Te, à la dose de 0,15
Mais la profondeur des reins, surtout pour les m C i/k g , qui est uniquem ent filtré par les glom éru
pôles supérieurs, et la résolution médiocre de la les.
détection peuvent limiter la précision de l’étude
morphologique.
Aussi, à l’exception du rein en fer à cheval, très E xam en :
bien visualisé par cette m éthode, les indications L ’examen est réalisé :
sont surtout tirées des contre-indications ou des - soit avec des sondes détectrices externes sépa
échecs de l’urographie intraveineuse et de l’a rté rées pour les deux reins, dans la technique classi
riographie. que du néphrogram m e,
Soulignons toutefois l'intérêt de la scintigraphie - soit actuellement de préférence à la cam éra à
séquentielle qui sera évoquée plus loin. scintillation avec acquisition et stockage en
La mesure de la fixation parenchymateuse d'un continu des inform ations de la totalité de l’examen
autre traceur, le mercure 197, peut donner une (20 mn) dans un ordinateur couplé à la caméra.
appréciation quantitative de la valeur fonction L ’examen se fait en incidence postérieure (le
nelle des reins. patient assis ou couché) après hydratation correcte
pour éviter une stase pyélocalicielle du traceur.
Méthodes basées sur l'élimination rapide O n réalise ainsi les examens suivants :
d'un traceur - scintigraphie séquentielle,
- et, en choisissant soigneusement les zones
Elles perm ettent : d ’intérêt :
• néphrogram m e tubulaire à l’hippuran (normal
- les unes des mesures de clairances globales, ou corrigé)
- les autres une étude séparée des reins. • néphrogram m e glomérulaire au D T P A , qui
C lairances globales : perm et une mesure absolue des clairances glomé-
La clairance rénale d 'une substance d onnée est rulaires séparées.
représentée par le volume de plasma totalement Scintigraphie séquentielle.
épuré de cette substance par les reins pendant
l’unité de temps. Les images sont prises à des temps déterm inés
La facilité des mesures quantitatives isotopiques particulièrem ent intéressants :
sur les échantillons de sang ou d ’urine et la possi - phase de première circulation (les 30 prem iè
bilité de suivre par détection externe la décrois res secondes après l’injection),
68 EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN G YNÉCOLOGIE
- phase de captation ou de concentration (de la - sur une dispersion des temps de transit,
l rc minute à la 3e minute), - sur un allongement du temps de renouvelle
- phase de drainage (où coexistent la captation ment pyélocaliciel (obstacle sur les voies excrétri
et l’élimination par les voies urinaires), de la ces, si la diurèse est suffisante).
3e minute à la 20e minute.
O n voit l’intérêt de cette m éthode, qui perm et Néphrogramme corrigé
une étude dynam ique de ces trois phases, et parti C'est le n éphrogram m e standard dont on sous
culièrement de la première. trait une estimation du bruit de fond vasculaire
correspondant aux tissus non rénaux inévitable
Néphrogramme standard
ment inclus dans la zone d'intérêt rénale ; la pente
Il est le prolongem ent de l'étude séquentielle du segment II du néphrogram m e corrigé ne
précédente réalisée avec l'hippuran 1?II (il s'agit dépend plus que de la capacité d'épuration rénale,
donc d ’un néphrogram m e tubulaire). L 'ordinateur et le rapport des pentes des deux reins indique leur
perm e t d'étud ier en fonction du temps l'activité participation relative. On peut com pléter ainsi les
des zones « d'intérêt » dessinées sur une image de estimations quantitatives données par la m éthode
la phase de captation autour de chacun des reins, de mesure de la clairance de l'hippuran m ention
de l'aire cardiaque et de l'aire vésicale (Fig. 47). née ci-dessus.
Les courbes rénales constituent le n éphro
gram m e (ou rénogram m e) qui com porte trois Néphrogramme glomérulaire (Fig. 48)
segments correspondant aux trois phases déjà La m éthode est semblable, mais on utilise le
explicitées : D T P A 99mTc qui est uniquem ent filtré par les glo-
I : invasion vasculaire (0 - 30 s) mérules ; la morphologie générale des courbes est
II : captation (1 - 30 mn) du même type, mais l'intérêt de cet examen est
III : drainage (3 - 20 mn) surtout de perm ettre une mesure de la fonction
L'intérêt de cet exam en, étude dynam ique fonc glomérulaire séparée absolue :
tionnelle type, est évident ; il apporte de n o m Par définition, si Cl désigne la clairance rénale,
breux renseignem ents semi-quantitatifs, dR l'activité extraite par le rein pendant le temps
- sur la captation rénale, dt : et c(t) la concentration plasmatique du tra
- sur un ralentissement du temps de transit ceur, on a, à l’instant t :
intra-rénal,
^ = Cl.c(t)
dt
d R est connu à partir du segment II du n ép h ro concernant le pelvis dans les dix premiers jours du
gram m e (la soustraction du bruit de fond vascu cycle, chez les femm es susceptibles de grossesse.
laire ne paraît pas justifiée, le taux d ’extraction En fait, ceci est souvent difficile du fait de
plasmatique étant relativement faible) mais il faut l'urgence fréquente des examens, ainsi que des
tenir com pte de la profond eur des reins ; c(t) est irrégularités menstruelles, qui font réaliser secon
calculé à partir de la courbe de détection externe dairem ent q u ’un fœtus a été irradié alors que la
en regard de l’aire cardiaque et d'un prélèvement grossesse n'était pas connue.
sanguin fait à la 20e minute. En pratique, on peut se trouver dans deux situa
L ’ordinateur perm et une exécution rapide et tion différentes :
sûre de ces calculs.
- La grossesse est connue. Si l’abstention n'est
pas possible, l’examen sera réalisé dans des condi
Indications. — Les indications de l’exploration
tions techniques précises, visant à limiter l’irradia
fonctionnelle séparée sont celle de la scintigra
tion au maximum. D e plus, les param ètres g éom é
phie, mais aussi :
triques et physiques de l’exploration seront soi
- de rechercher une néphropathie vaculaire uni gneusem ent notés, afin de pouvoir, le cas échéant
latérale, la reconstituer pour dosimétrie.
- en cas de lésion unilatérale, de préciser O n doit savoir par ailleurs, que le risque fœtal
l’am pleur de la lésion, et l’état du rein contro-laté- est maximum pend ant les six premières semaines
ral, de grossesse (notam m ent les quinze premiers
- en cas de lésions bilatérales, de préciser jours), un peu m oindre entre la sixième et la d o u
l’am p leur et la prédom inance des lésions, zième semaine, et très limité ensuite. Ceci peut
- en pathologie chirurgicale urologique, de gui am ener à retard er un examen utile, mais non
der ainsi le choix entre exérèse et intervention urgent.
conservatrice devant :
• une m a lfo rm a tio n : syndrome de jonction, - La grossesse n ’était pas connue. Il n'est pas
m éga-uretère, reflux vésico-urétéral, possible de fournir une abaque des doses absor
• un petit rein, bées par le fœtus lors d'un examen radiographi-
• une hypoplasie segmentaire, que, du fait de l'extrême diversité des conditions
• une lithiase rénale ou urétérale. techniques, faisant varier ces doses de 1 à 10 par
cliché.
- et de p erm ettre la surveillance : O n peut par contre d on ner des ordres de gran
• après intervention conservatrice, deurs, à confronter à la dose doublante chez
• ou après transplantation. l'em bryon, qui est évaluée entre 30 et 50 Rad (300
à 500 mGy).
O n considère que les doses absorbées à mi-
C O N C L U SIO N
épaisseur (position théorique de l'embryon au
centre du pelvis) sont les suivantes :
Il faut insister :
- clichés concernant l'abdom en supérieur, dont
- sur la dosim étrie de ces examens qui est la limite inférieure reste au-dessus de l’utérus :
rem arquablem ent faible en regard de celle des dose inférieure à 0,1 Rad, voisine de l'irradiation
examens radiologiques, naturelle annuelle,
- sur l’intérêt d ’une étude fonctionnelle séparée - examens concernant directem ent le pelvis, à
des deux reins, non traum atisante et renouvelable. faible dose (quelques clichés osseux, une urogra
phie, un scanner, sans radioscopie) : dose aux
environs de 1 Rad,
IN V E S T IG A T IO N S R A D IO L O G IQ U E S - examens concernant le pelvis, mais à dose éle
EN C O U RS DE GRO SSESSE ET EN vée, avec scopie de plusieurs minutes (hystérogra-
phie, lavement baryté, cystographie avec clichés
S I T U A T I O N D ’I N S U F F I S A N C E R É N A L E
mictionnels répétés...) : la dose peut se rapprocher
de 10 Rad, en particulier si plusieurs de ces exa
mens ont été réalisés de façon rapprochée.
Grossesse
O n peut ado pter la conduite suivante :
La possibilité d ’irradiation d ’un fœtus devrait - En-dessous de 1 Rad, le risque m utagène est
faire pratiquer tous les examens radiologiques tellement négligeable que l'avortem ent n ’est
70 EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE
jamais indiqué, m ême si l’em bryon est âgé de aura auparavant éliminé une dysglobulinémie ou
moins de six semaines. un diabète.
- E ntre 1 Rad et 5 Rad, il n ’y a pas pour la plu - S'ils objectivent des reins de petite taille, il
part des auteurs d'indication d ’avortem ent. Pour s’agit de la décompensation d 'un e néphropathie
certains, cependant, si l’irradiation excède 2 Rad, préexistants.
dans les huit premières semaines, l’interruption de - Enfin, s'ils découvrent une dilatation pyélo-
grossesse doit être discutée. calicielle, quelle que soit la taille des reins, on pra
- A u-delà de 5 R ad pour les uns, 10 Rad pour tiquera une pyélographie antérograde. Celle-ci
les autres, l'avortem ent est souhaitable. C e p e n précisera la nature de l’obstacle., fera modifier le
dant si l’irradiation a eu lieu après la 12e semaine, traitement médical et perm ettra la mise en place
on peut si la femme le désire vivement, garder d ’un drainage des urines. C ette m éthode semble
l'enfant. Il faudra alors lui conseiller de se faire préférable à l'urétéropyélographie rétrograde,
suivre par un service spécialisé dans la surveillance dans ce contexte de stase urinaire. Toutefois, si
des grossesses à risque. cette dernière est effectuée, elle devra toujours
D ans tous les cas, l'irradiation directe d'un être suivie d ’un drainage des urines, soit par sonde
em bryon doit faire pratiquer une dosimétrie. Il en do-uréthrale, soit par néphrostom ie percuta
faut alors s’adresser aux radio-physiciens des née.
grands centre de radiothérapie qui possèdent les - Insuffisance rénale chronique. Le choix des
fantôm es et les appareils de mesure adéquats. techniques dépend de la sévérité de l’atteinte
rénale. C epen d a n t, on discute toujours l'indica
tion de l'urographie intraveineuse, qui apporte des
renseignem ents de moins bonne qualité, au prix
Insuffisance rénale d ’un risque d'aggravation de la fonction rénale et
d ’accident de toxicité à l’iode.
— Insuffisance rénale aiguë. L ’arbre urinaire Si la créatinémie est inférieure à 400 micromo
sans préparation et l’échographie rénale sont les/litre, l'urographie intraveineuse peut être réa
effectués en priorité, éventuellement complétés lisée, en adaptant les doses, et en utilisant un p ro
par des tomographies rénales. duit de faible osmolarité.
- S’ils m ontrent deux reins de taille norm ale, on D ans le cas contraire, la dém arche radiologique
discutera une urographie intraveineuse à la recher est la m ême qu'en insuffisance rénale aiguë, et
che d ’une nécrose corticale, ou une artériogra dom inée par l’arbre urinaire sans préparation et
phie, dans un contexte throm bo-em bolique. On l’échographie.
LES E X A M E N S U R O D Y N A M I Q U E S
R E M P L IS S A G E M ICTION
EM G
>>V ..................................
F ig . 49 — Enregistrements conti
nus de Vélectromyographie du
sphincter strié (E.M.G.), de la
pression uréthrale maximum
(P.U.), de la pression vésicale
(P.V.) et du débit pendant la
phase de remplissage et lors de la
miction. (D 'après Buzelin Neuro-
Urologie, Expansion Scientifique
Française, 1984.)
m l/,1 D é bit
Les cystomanomètres à gaz ont apporté la sécu position (passage en orthostatism e), le sautille
rité et la simplicité au détrim ent de la précision de ment sur place, l’immersion des mains dans l’eau
la mesure. Le gaz carbonique contenu dans une froide, l’audition de l’eau coulant d'un robinet
cartouche est délivré à un débit réglable de 0 à représentent des stimuli mécaniques et sensoriels
300 m l/m n . Le capteur de pression est monté en susceptibles de réveiller une hyperréflectivité
dérivation sur la buse de sortie, un dispositif de latente. Il nous paraît au moins aussi im portant,
sécurité coupe l'insuflation dès que la pression sinon plus, d'enregistrer l’amplitude et la durée de
atteint une valeur critique. La faible viscosité du la contraction mictionnelle si possible en même
gaz autorise des débits élevés par une sonde à un temps que le débit. Il faut pour cela utiliser une
seul canal. L 'exam en rapide, propre et sans d an sonde suffisamment fine (8 à 10 ch.) et espérer
ger apporte des renseignem ents qualitativement q u ’elle ne soit pas expulsée en cours de miction.
plus approxim atifs ; le principal reproche q u ’on
puisse lui faire est de ne pas perm ettre l’explora Les renseignem ents (Fig. 50)
tion de la phase mictionnelle.
La capacité vésicale se situe norm alem ent entre
Le déroulement de l'examen. — A vant l’exa 300 et 600 ml. De tous les procédés perm ettant
men, la patiente est conviée à vider sa vessie, ce
l'évaluation de la capacité vésicale, la cystom ano
qui perm et de mesurer le débit urinaire et éven
métrie n ’est certainem ent pas le plus fiable. La
tuellement le résidu. La sonde introduite dans la
faculté d'inhiber ou de déclencher une contraction
vessie, la patiente est laissée en décubitus ou de
vésicale volontairem ent ou sous l’effet du stress
préférence mise en position assise pendan t le
provoqué par l’examen, fait que la valeur mesurée
remplissage à un débit qui habituellement est de peut surestim er ou sous-estimer la capacité vési
l'ordre de 50 m l/m n . Tandis que la vessie se rem
cale physiologique. L ’exprim er au ml près n ’est
plit, on note les différentes sensations depuis le
donc pas réaliste.
prem ier avertissement d ’une miction prochaine
jusqu'au besoin pressant q u ’il faut rapidem ent La sensibilité vésicale. La m ême réserve
soulager. On n ’attendra pas cet instant critique s'impose quant à l’exploration de la sensibilité
p our pratiquer des tests de stimulation afin de vésicale par la cystomanométrie. Percevoir le
dépister les instabilités. La toux, le changem ent de besoin d ’uriner et à plus forte raison être capable
72 EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE
P (C m e a u )
V(ml)
d ’établir la distinction entre ces différents degrés contractions surviennent pour des volumes exagé
depuis le prem ier besoin jusq u'au besoin d o ulou rém ent bas ou élevés. Seules les premières p e u
reux a une valeur séméiologique indiscutable mais vent être qualifiées de pathologiques ; elles p e u
qui se satisfait très bien de l’interrogatoire. La cys vent être en rapport avec une hypertonie ou une
to m ano m étrie n ’ap p orte pas plus d ’objectivité hyperréflectivité.
dans ce dom aine ; il faut de toutes façons pour - les petites vessies scléreuses se contractent
dégager ces nuances beaucoup de subtilité de la naturellem ent à faible volume, puisque la pression
part de celui qui questionne et de celui (ou celle) vésicale atteint rapidem ent le seuil m anom étrique
qui répond. de réflectivité,
Le tonus vésical est au contraire un param ètre - l'hyperréflectivité est au contraire l'aptitude
beaucoup plus fiable puisqu'il échappe au contrôle du centre mictionnel à réagir à un faible niveau de
de la volonté. L ’augm entation de la pression vési stimulation ou pour des stimuli qui norm alem ent
cale pendant le remplissage (AP) doit être ra p p o r sont inopérants. C ette condition va de zéro à
tée à l’augm entation de volume (AV). Ce rapport l'infini et il est bien difficile de situer la normalité,
AV /A P qui exprim e la pente du cystométro- de m ême q u ’il est assez arbitraire de distinguer la
gram m e caractérise la com pliance de la vessie, spasticité de l’instabilité, selon q u ’il existe ou non
c’est-à-dire sa distensibilité qui d épend pour 90 % une cause neurologique. Parfois cette hyperréflec
des propriétés bio-mécaniques de la paroi vésicale. tivité se manifeste spontaném ent, parfois unique
Elle se situe norm alem ent entre 30 et 50, soit une ment lors des tests de provocation ; c’est une
augm entation de pression de 10 cm d ’eau pour nuance qui ne préjuge en rien de l’existence ou
une capacité de 300 à 500 ml. Seules les vessies non d ’une atteinte neurologique. Les tests de p ro
hypertoniques (ou à basse compliance) sont vocation ont, pour but de débusquer des hyperré
pathologiques témoignant plus souvent d ’un alté flectivités latentes, le m êm e intérêt que le m arteau
ration physique de la paroi vésicale (sclérose, à réflexe ; mais leur interprétation est beaucoup
hypetrophie), que d ’une anomalie du contrôle plus contestable. Il est fort probable que beaucoup
neurologique (sympathique) du tonus vésical. de personnes nullement affectées par des troubles
mictionnels ont, à un m om ent ou à un autre, et
La contractilité vésicale est carctérisée par la fré
plus précisément lors d ’un examen réalisé dans des
quence et l’amplitude des contractions.
conditions inévitablement artificielles, une instabi
La fréquence définit l’activité vésicale. O n parle lité vésicale. Il faut donc se méfier de ces catégori
d ’hyper ou d'hypo-activité vésicale selon que les sations trop rigides, et résister à la tentation de
EXPLORATIO NS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 73
F ig . 51 — Uréthromanométrie
par la technique de Brown et
Wickham. La perfusion (A) n'est
destinée qu'à purger la voie cen
trale du catheter qui transmet la
pression vésicale. B : machine de
retrait ; C : capteurs de pression ;
D : seringue à perfusion à débit
constant ; E: enregistreur.
(D 'après Buzelin Urodynamique,
Bas appareil urinaire, Masson
1984).
_X_#1
toux.
Seulement une partie de l'amplitude du pic de
presssion vésicale APV se retrouve sur le profil
uréthral APU.
Sur la courbe différentielle, cela se traduit par
une déflexion qui équivaut à une chute de la pres
sion de clôture (Fig. 55).
On peut extrapoler une nouvelle courbe figu
rant le profil d'effort où l’on calcule pour un effort
donné :
• PCR = pression de clôture résiduelle,
• Z C R = zone de continence résiduelle,
• A C R = aire de continence résiduelle,
• ACR = PCR x ZCR
2
PRESSION DE CLOTURE
La dim inution de la longueur de la zone de
continence qui aboutit à une zone de continence
résiduelle ( Z C R ) , correspond au mécanisme
d'ou verture du col vésical à l'effort ou vésicalisa-
tion de l ’urèthre q u ’il est peut-être plus facile Ces facteurs uréthraux intrinsèques et extrinsè
d'objectiver par les méthodes radiologiques. ques sont le plus souvent intriqués. Seuls les exa
Le pourcentage de transmission diminue ; on le mens urodynamiques p erm ettent une telle analyse
considère com me anormal au-dessous de 80 % . des causes de l'incontinence et perm etten t de défi
Le défaut de transmission augm ente avec nir :
l'intensité de la toux, si bien que pour un certain
- l'incontinence d ’effort pure où le défaut de
seuil d'effort le défaut de transmission sera tel que
transmission est isolé et seul responsable,
l’on assistera à une annulation de la pression de
- l'incontinence d'effort par insuffisance sphinc
clôture résiduelle. Il en résulte par définition une térienne prédom inante survenant pour des efforts
fuite d'urines puisqu’il n ’y a plus de gradient
faibles avec une transmission supérieure à 80 % ,
uréthro-vésical. Cet effort pour lequel la PCR - les incontinences urinaires d'effort mixtes où à
s’annule est appelé : effort maximum admissible un incontestable défaut de transmission s'ajoute
( E .M .A .) (Fig. 56). un certain degré d ’insuffisance sphinctérienne.
Il dépend en fait :
• de l’importance du défaut de transmission,
de la P C max, La déhitmétrie
Ceci peut s’exprim er par la formule :
La plupart des instruments modernes mesurent
E .M .A . = ________ PC™3»1_______
le débit instantané et l'inscrivent sur une courbe
défaut de transmission d é b it/te m p s (Fig. 57).
Le débit maximum se situe n orm alem ent à
25 m l/s. Il varie en fonction du volume uriné ;
pour de petits volumes, le débit est moindre et sa
valeur est peu significative en dessous de 100 ml ;
la puissance contractile du détrusor s’affaiblissant
Q (m l/s)
-uiüJL
URÈTRE I 1
E.M.A.
-njyv-
PRESSION DE CLOTURE
PERTES D'URINES ^ ^
DÉTERMINATION DE L'EFFORT
M A XIM U M A D M IS S IB L E
lorsque la fibre musculaire est excessivement dis que la miction suppose de réduire au minimum le
tendue avant la contraction, le débit est également stress et la fatigue de la patiente. Il n ’est pas sans
diminué lorsque la vessie est exagérém ent rem intérêt de mesurer la pression rectale pendant la
plie. Le débit maximum est un indice de la qualité cystom anom étrie pour différencier une contrac
du jet et non de celle de la miction car il exprim e tion vésicale d 'une poussée abdom inale ; mais
une perform ance indépen dam m ent de l’effort l'observation suffit en général pour faire la distinc
accompli pour la réaliser. tion. En pratique deux examens couplés ont un
réel intérêt :
L'aspect de la courbe peut a p p orte r des rensei
gnem ents sur la cause d'une dysurie. N orm ale La débitmétrie et l'électromyographie par une
ment le débit maximum est atteint très rapidem ent électrode de contact : c’est la façon la plus sûre car
en moins d ’une seconde ; la pente descendante est la moins agressive de reconnaître une dyssynergie
un peu moins franche. U ne courbe plate, en pla vésico-sphinctérienne. Ce défaut de coordination
teau, traduit un obstacle p e r m a n e n t; l'interven caractérisé par la persistance pendant la miction
tion de la poussée abdom inale se manifeste par d ’une activité sphinctérienne perm a n ente ou en
des fluctuations sur la courbe ; un débit saccadé où « bouffées » s’observe surtout chez le neurologi
se succèdent des pics d 'am plitude élevée est évoca que et chez l’enfant. Mais elle peut aussi expliquer
teur d 'une dyssynergie vésico-sphinctérienne. certaines dysuries fonctionnelles chez la femme
Certaines femmes sont incapables d ’uriner sur (Fig. 58).
com m ande, m êm e à vessie pleine, et dans l’inti
mité des toilettes. C ette inhibition psychogène
La relation pression-débit. — C ’est le meilleur
indice de la qualité de la miction car elle prend en
peut em pêcher toute miction ou contraindre la
com pte l’effort développé p ar le détrusor (P.V .)
patiente à utiliser la poussée abdominale. Il y a là
pour réaliser une perform ance (débit). U riner à
une source d ’e rreu r dans l’interprétation du tracé
basse pression avec un bon débit est la caractéristi
dont il faut se méfier.
que urodynam ique d'une bonne miction ; l’inverse
caractérise le syndrome obstructif.
L ’électromyograhie Le « coefficient de résistance u réthrale » calculé
à partir de la relation P V / D 2 , servait autrefois à
quantifier l'obstruction. O n adm ettait q u ’elle était
L ’électrom yographie analytique étudie la
certaine au-dessus de 0,50 et probable entre 0,25
forme, la durée, l’amplitude et la fréquence des
et 0,50. A ctuellem ent, à la fausse rigueur d ’un
potentiels électriques musculaires. L ’électrodia-
gnostic de stimulo-détection mesure la vitesse de
conduction nerveuse après stimulation. Ces tech
niques peuvent être utiles en pathologie urinaire,
mais elles nécessitent un matériel et surtout des
com pétences qui sont celles de l’électrophysiolo-
giste. En urodynam ique, l’électromyographie
n ’est utilisée que pour l’étude de la synergie
vésico-sphinctérienne par des enregistrements
couplés à la cystomanométrie e t / o u à la débitmé-
trie. Il s’agit d ’une électrom yographie dite globale
car recueillant l’activité électrique d'un grand
nom bre de cellules musculaires au moyen d ’élec
trodes de contact (diabolo anal ou électrodes col
lées sur la marge anale).
Volume
de “
remplissage
Pression
vésicale
totale
Pression
intrinsèque
- Débit
Pression
rectale
F i g . 60 — Schéma des différents paramètres enregistrés au cours des explorations uro-dynamiques couplées à la vidéo au cours du
remplissage vésical et de la miction. Ces paramètres comprennent le volume de remplissage, la pression vésicale intrinsèque c’est-
à-dire la pression totale moins la pression rectale, la débimétrie mictionnelle et la pression rectale.
EXPLORATIONS UROLOGIQUES EN GYNÉCOLOGIE 81
Les pressions vésicales et rectales, ainsi que et rapide de l’urèthre supérieur et une régurgita
leurs différentielles, le volume perfusé dans la ves tion du liquide dans la vessie (milk back).
sie ou le débit mictionnel apparaissent sur l’écran Lorsque le sphincter strié est insuffisant, le col
avec l’évolution morphologique correspondante vésical parvient malgré tout à se fermer quand le
du com portem ent vésico-uréthral. Les différents détrusor se relâche. A u contraire, l’insuffisance
événem ents constatés font l’objet d ’un com m en isolée de la musculature lisse laisse un col béant
taire enregistré sur bande magnétique. La vessie au-dessus d ’un sphincter strié efficace.
est remplie en position couchée. Le premier En résumé, cette technique perm et d ’évaluer la
besoin d ’uriner est noté sur l’écran ainsi que la com pétence uréthrale, les modifications m o rp h o
capacité maxima. On observe ainsi la réaction de logiques et topographiques du col vésical. Ainsi
la vessie au remplissage. N orm alem ent la base peut-on présum er si les anomalies observées sont
vésicale reste plate, le col est fermé. La table est liées à la fibrose, à des troubles de la vidange vési
alors placée en position verticale. La patiente est cale, et en cas d ’incontinence si les fuites sont liées
priée de tousser et de pousser, on peut ainsi obser- à un défaut d ’inhibition.
* ver l’amplitude du déplacem ent vésical. N orm ale L ’appareillage est plus complexe et plus coûteux
ment la base reste plate, aucune infundibulisation q u 'u n e évaluation radiologique et urodynamique
n'apparaît. Des contractions vésicales anormales distincte. Aussi est-il surtout utilisé dans des cen
peuvent ouvrir le col, ab andon nant pratiquem ent tres hautem ent spécialisés, mais il autorise une
au seul sphincter strié la responsabilité de la conti étude plus précise des dysfonctionnements du bas
nence. appareil urinaire.
Il est possible de savoir par cette technique si la
dilatation uréthrale est passive, c’est-à-dire secon
daire à une simple augm entation de la pression
B IB L IO G R A P H IE
abdom inale, ou si elle est réflexe, c’est-à-dire pro
voquée par une contraction de la vessie en relation
avec une instabilité. U ne b ib liographie exhaustive p o u rra ê tre c onsultée
L ’interruption volontaire du jet pendant la mic d a n s B u z e l in J .M ., — Urodynamique. Ras appareil
tion (Stop test) entraîne une ferm eture rétrograde urinaire. 1 v o lu m e , M asson, P aris, 1984.
BILANS MICTIONNELS
U n bilan mictionnel précis apportera des rensei volumes inférieurs à 200 ml évoqueront cette
gnem ents de grande valeur concernant le com por situation.
tem ent vésical. C ’est un temps essentiel des inves
La sévérité de l'incontinence et souvent sa rela
tigations chez les femrrîes incontinentes. C ’est une
tion avec le rem plissage de la vessie. — Les m ala
évaluation simple et peu coûteuse.
des ayant une incontinence urinaire d ’effort pure
La malade devra inscrire le m om ent de chaque
seront incontinentes seulement le jo u r quel que
miction ainsi que chaque épisode de fuite urinaire.
soit le niveau de remplissage vésical. Les patien
Ce bilan est généralem ent effectué pendant une
tes, qui sont incontinentes la nuit ou qui ne le sont
semaine.
que lorsque la vessie est pleine, ont vraisemblable
Les inform ations recueillies seront les suivan
m ent un défaut d ’inhibition.
tes :
Le volum e excrété. — Il arrive que certaines
A p préciation de la capacité fonctionnelle de la malades absorbent une quantité exagérée de liqui
vessie. — Les femmes ayant une incontinence uri des et présentent une pollakiurie en raison d ’une
naire pure peuvent garder et évacuer des volumes augm entation de l’excrétion urinaire plutôt q u ’en
normaux d ’urine, c’est-à-dire 500 à 600 ml la nuit fonction d ’une capacité vésicale diminuée.
et 300 à 400 ml le jour. Les femm es ayant une D ’autres peuvent avoir une petite capacité fonc
incontinence liée à un défaut d ’inhibition évacue tionnelle sans besoins fréquents parce q u ’elles res
ront des volumes beaucoup plus petits, ainsi des treignent volontairement leur appo rt liquidien.
82 E XPLORATIO NS UROLOGIQUES EN G YNÉCOLOGIE
L ’intérêt m a jeur de tenir ce bilan pendant une nel ne sont pas pleinem ent concordants, ce qui
semaine est q u ’il apporte des renseignem ents clini- prouve bien le caractère par trop subjectif des
ques objectifs. Souvent les renseignements réponses fournies par la patiente,
recueillis par l’interrogatoire et le bilan miction-
INFECTION URINAIRE
L ’infection urinaire présente un certain nom bre Chez 50 % des femmes, le dernier centim ètre
de particularités chez la femme : fréquence, de l’urèthre contient des micro-organismes. Cette
atteinte élective du bas appareil et tendance à la flore saprophyte est souvent constitutée de germes
récidive. Elle est habituellem ent bénigne mais ayant une pathogénicité opportuniste et se
peut correspondre à une infection du haut appareil retrouve au niveau du vestibule vulvaire et péri
e t / o u être la conséquence d ’une lésion urologique. néal. Si les conditions locales changent (en parti
C ette dernière doit donc être systématiquement culier celles du pH vulvo-vaginal qui est norm ale
recherchée et éventuellement traitée p our éviter ment acide), le déséquilibre de la flore saprophyte
l’évolution vers l’infection chronique du haut peut conduire à un processus infectieux.
appareil et son retentissement sur la fonction Des germes intestinaux peuvent envahir le vesti
rénale. bule puis l’urèthre. O n a vérifié p ar sérotypage
que les germes présents dans l’urine correspon
dent souvent à ceux contenus dans l’intestin.
L ’ancien cycle entéro-urinaire est plus vraisembla
blement la conséquence d ’une migration cutanéo-
FRÉQUENCE
muqueuse de voisinage que d'un passage de ger
mes par voie sanguine ou lymphatique.
Lors de la miction, il peut y avoir un reflux de
1 à 4 % des femmes jeunes ont une infection
l’urine uréthrale dans la vessie p ar suite de p h é n o
urinaire (contre 0,1 à 0,5 % chez l’hom m e du
mènes de turbulence du flux. Ces derniers sont
m êm e âge). *
favorisés par des lésions de la partie inférieure de
Ce taux augm ente de 1 à 2 % par décade pour
l’urèthre (ectropion uréthral, petite sténose,
atteindre 10 à 15 % chez la femme âgée.
hypertrophie de caroncules, diverticules occultes).
La fréquence est plus élevée chez la femme
Les rapports sexuels ont été évoqués com me
mariée, chez la multipare, plus faible chez la
cause d'irritation uréthrale et on été accusés de
femme vierge.
faciliter l’ascension bactérienne ou de rendre
pathogènes des germes commensaux.
Mais cete théorie mécanique de la contam in a
tion vésicale est certainem ent trop simpliste et
V O IE S D E P É N É T R A T IO N D E S G E R M E S d 'autres processus expliquent l'infection urinaire.
Ces dernières années, a été mise en évidence la
possibilité q u ’ont certaines bactéries d 'a d h é re r aux
La fréquence de l’infection urinaire bénigne films muqueux de surface et aux cellules épithélia
provient en grande partie de la conformation a n a les par l'intermédiaire de formations filamenteuses
tomique du bas appareil urinaire qui prédispose à retrouvées en microscopie électronique. Ces élé
la contamination uréthrale. ments expliquent la persistance de la con tam ina
84 INFECTION URINAIRE
tion uréthrale et vésicale malgré la miction et tions entraînant ainsi les bactéries. Des anticorps
jo u e n t un rôle dans l’apparition des pyélonéphri urinaires bloquent les adhésines épithéliales et
tes. La voie ascendante constitue néanm oins la em pêchent la coaptation des germes avec leur
voie d ’introduction habituelle des germes dans récepteur.
l’arbre urinaire féminin. N ous reverrons son rôle 40 % des cystites simples guérissent ainsi spon
dans la contamination du haut appareil. taném ent. Mais cette notion d ’évolution favorable
La diffusion hém atogène, voie préférentielle n ’a de valeur que chez des sujets n’ayant pas
pou r certains types d ’infection urinaire (anthrax d'autre pathologie et dont l’appareil urinaire est
du rein), est rare dans l’infection urinaire fémi sain.
nine. Certains terrains aggravent l’infection urinaire.
La diffusion lymphatique est p ar contre certai C ’est le cas des diabétiques, des malades immuno-
nem ent plus souvent en cause chez la femme. déprim és ou soumis aux thérapeutiques immuno-
Winsbrurry-W hite a m ontré que l’infection pou dépressives ou corticoïdes.
vait chem iner à partir du col utérin dans les lym Les obstacles à l’écoulem ent de l’urine, quel
phatiques péri-urétéraux jusque dans le rein. q u ’en soit le niveau, provoquent une stase urinaire
La contamination urinaire peut succéder au pas infectée impossible à stériliser.
sage direct dans la vessie de germes provenant Certaines lésions urologiques (lithiases, corps
d ’une infection génitale ou colique (fistule). étrangers, tumeurs) sont susceptibles de constituer
Enfin, l’apport des germes peut se faire lors de des gîtes microbiens indépendam m ent de la stase
manœuvres endoscopiques urologiques, par faute q u ’ils provoquent.
d ’asepsie ou introduction dans le réservoir de ger
Le reflux vésico-urétéral d ’urines infectées
mes uréthraux ou vulvaires. U n simple cathété
engendre une contam ination du haut appareil,
risme uréthral, aussi aseptique q u ’il soit, peut p ro
mais ce reflux peut être la conséquence de l’infec
voquer une infection urinaire. C ette source
tion elle-même. Le mécanisme anti-reflux peut
d ’infection a une importance pratique évidente
être perturbé par l’œ dèm e et la congestion du tri
quand on considère la fréquence des sondages en
gone, par l’atteinte de la jonction urétéro-vésicale
gynécologie.
et la paralysie de la motricité urétérale par les toxi
nes microbiennes.
D ’une façon générale, la stérilisation du p a re n
É V O L U T I O N D E L ’I N F E C T I O N chyme est difficile à obtenir par un traitem ent anti
U R IN A IR E biotique. U ne forte concentration urinaire ne
signifie pas obligatoirem ent une forte concentra
tion parenchymateuse.
Chez une fem m e dont l’appareil urinaire est On fait jo u e r un rôle im portant à des microfila
sain, le plus souvent, la bactériurie disparaît spo n ments ou fim briae , visibles en tnicroscopie électro
ta ném en t après une contamination uréthrale nique, ém an a nt de certains entérobactéries tel
rétrograde. U n e diurèse abondante, des mictions Escherichia coli , qui contribuent au pouvoir
fréquentes et complètes éliminent la plupart des pathogène et jou e nt un rôle déterm inant dans
bactéries contenues dans la vessie. Le flux urinaire l’adhérence des germes aux cellules urothéliales.
constitue un véritable lavage de l’u rèthre. Les germes peuvent rester enclos dans le p a re n
L ’urine est un milieu biologique dont la com po chyme rénal et y revêtir même des formes résistan
sition est voisine de certains milieux de culture. tes (formes L). Elles sont susceptibles d ’entretenir
Mais à l’état ordinaire certains constituants sont en une infection chronique avec ses conséquences :
faible quantié (glucose), certains acides organi néphropathie interstitielle et insuffisance rénale.
ques sont susceptibles d ’avoir un effet anti-bacté Certains auteurs minimisent toutefois le rôle
rien (acide lactique), un p H urinaire acide inhibe joué par l’infection dans l’éclosion d ’une nép h ro
la croissance de certaines bactéries (colibacille). pathie interstitielle. D e fait, on retrouve rarem ent
L ’osmolatité gêne le développem ent bactérien les germes dans les cultures parenchymateuses.
po u r des valeurs comprises entre 300 et 800 OSM. Ces auteurs insistent sur la responsabilité p réd o
Des phénom ènes plus complexes ont été mis en m inante du trouble hém odynam ique provoqué par
évidence ces dernières années expliquant le p o u le reflux et la stase m ême non infectée. Il a été
voir bactéricide propre de la vessie. La vessie p ré dém ontré que des antigènes bactériens restent
sente un film muqueux superficiel qui enrobe les longtemps dans le rein après la guérison de l’infec
germes. Ce film muqueux est éliminé lors des mic tion.
INFECTION URINAIRE 85
Q uel q u ’en soit le mécanisme exact, la présence biotiques prolongés, particulièrement aux amino-
d ’une infection du haut appareil doit rendre p arti sides. En d ’autres circonstances il s’agit d ’un souil
culièrem ent vigilant dans le traitem ent et invite à lure d ’origine vulvo-vaginale.
rechercher une cause susceptible de l’expliquer et Les anaérobies ne sont pas recherchés par un
sur laquelle on peut parfois agir. E C B U standard. Ils sont isolés chez des tarés, des
im m uno-déprim és ou lors d ’infections de voisi
nage digestives ou gynécologiques.
GERM ES RESPONSABLES DE
L ’I N F E C T I O N U R I N A I R E
É L É M E N T S D IA G N O S T IQ U E S D E
L ’I N F E C T I O N U R I N A I R E
La flore m icrobienne rencontrée dans les infec
tions urinaires est représentée dans 99 % des cas
par des germes aérobies.
Certains signes cliniques font penser à une infec
Le plus souvent elle est mono-microbienne.
tion urinaire, ce sont :
L ’isolement de deux germes doit faire suspecter
une souillure. - une pyurie : des urines troubles, voire fran
A u cours de cystites simples, Escherichia Coli chement purulentes, orientent déjà le diagnostic.
est rencontré dans 70-90 % des cas. Proteus m ira Il ne faut pas les confondre avec des urines riches
bilis, Klebsiella, Staphylococcus sont isolés moins en cristaux ;
souvent. - une cystite : l’existence d ’une pollakiurie, de
Lors de cystites récidivantes, la prépondérance brûlures à la miction, associée à une pyurie expli
d ’Escherichia Coli est moindre. Sont isolés aussi cite le plus souvent une infection urinaire ;
E n te roba cte r, Proteus indole +j Citrobacter, - un syndrome douloureux lombaire, spontané
Streptococcus. ou provoqué par la palpation de l’angle costo-ver-
Les infections qui succèdent à des manœuvres tébral, qui peut déclencher une défense pariétale
chirurgicales ou endoscopiques des voies urinaires localisée, vient signer la participation rénale.
sont souvent dues à des Pseudom onas, E n te ro b a c - un syndrome infectieux, parfois sévère avec
ter, Serratia, A ctinobacter, E nté ro c oque, Staphy frissons, peut m asquer des symptômes urinaires
locoque. minimes et de second plan. Il doit toujours faire
Les Proteus, par leur action uréasique, facilitent vérifier la stérilité des urines. Il témoigne d ’une
la précipitation de phosphate am moniaco-magné- infection grave avec participation du haut appareil
sien, ce qui entra în e un risque lithogène et favo chez la femme.
rise les rechutes. Mais le diagnostic d ’infection urinaire ne peut
Les Staphylococcus aureus (coagulase + ) , se être affirmé que par le laboratoire qui objective
rencontrent parfois. Mais les Staphylococcus (coa habituellem ent la bactériurie et la leucocyturie. Il
g u l a s e - ) ne sont pas forcément à délaisser. Parmi faut penser à les rechercher devant tout signe u ro
ceux-ci le Staphylococcus Saprophyticus a indiscu logique car l'infection urinaire peut revêtir des
tablem ent un potentiel de pathogénicité pour le aspects trom peurs (hém aturie isolée, inconti
tractus urinaire. nence) ou larvés (pollakiurie banale). Il existe
La responsabilité de Streptococcus du groupe D m ême des forme asym ptom atiques incontestables,
(E n tero co q u e ) dans une cystite est à discuter surtout chez la femme enceinte.
m êm e si la bactériurie est > 105 U FC . Il faut
refaire le prélèvement. La présence urinaire ou
vaginale de Streptococcus du groupe B est plus La bactériurie
particulièrem ent à prendre en com pte au cours de
la grossesse p our une prévention et un dépistage O n com pren d facilement que la présence des
des infections néonatales dues à ce germe. germes dans les urines puisse authentifier une
D ans les urines, les Salmonella accompagnent infection urinaire. Mais ces germes peuvent être
norm alem ent une infection généralisée. Il en est dus à une contamination des urines sans infection
de m êm e pour les Candida qui se retrouvent dans urinaire réelle. Cette contamination peut provenir
les urines, dans les mycoses généralisées, chez les de germes se trouvant dans la partie term inale de
im m uno-déprim és, après certains traitem ents anti l'urèthre. Nous avons vu les précautions indispcn-
86 INFECTION URINAIRE
sables du prélèvem ent des urines chez la femm e et lithiase, ou en cas d ’infection par tuberculose ou
la nécessité d'en faire un examen rapide p our que par des bactéries de forme L.
les germes com mensaux n’aient pas le temps de se En l’absence de circonstances spéciales (traite
multiplier. ment antibiotique com m encé avant le prélève
Kass [2], dans des travaux universellement m ent) une leucocyturie ne saurait dispenser de la
appréciés, a fixé à 10 000 germ e s/m l la limite présence d ’une bactériurie p our étayer le diagnos
supérieure d 'u ne contamination et à 100 000 ger tic d ’infection urinaire.
m es/m l la limite inférieure d ’une infection. L orsq u’il existe une leucocyturie, il peut être
A ctuellem ent, les chiffres avancés p ar Kass sont intéressant de la contrôler pou r en suivre l’évolu
discutés. Certains auteurs, en com parant la bacté tion sous traitement.
riurie du milieu du jet et celle après ponction sus- En pratique, les lois édictées par Kass [2] doi
pubienne, ont prouvé q u ’il pouvait y avoir une vent être m odulées :
infection urinaire authentique avec des chiffres • < 103 U F C signifie une souillure,
b eaucoup plus bas. V eron et Kazmierczack [5] ont • > 105 U F C avec leucocyturie élevée (plus de
donné, com m e limite inférieure d ’une bactériurie 200 000 /m l), l’infection est certaine,
de milieu de jet pouvant correspondre à une infec • > 105 U F C sans leucocyturie, l’infection est
tion urinaire, un chiffre de 12 000 germ es/m l. A probable,
l'inverse, Roberts [1] a m ontré que des chiffres de • entre 103 et 104 U F C l’interprétation est plus
100 000 peuvent correspondre à une souillure par délicate.
uréthrite. U ne cause infectieuse est alors plus probable si
En cas de doute, refaire l’exam en, d onner toute la leucocyturie est élevée. Ce résultat peut avoir
leur valeur à la leucocyturie, au contexte clinique pour origines :
et radiologique. D ans ceraines circonstances • prélèvem ent effectué moins de 4 heures après
exceptionnelles, on peut recourir aux épreuves la dernière miction,
d ’im munofluorescence bactérienne qui authenti • diurèse abo ndante,
fient une infection du haut appareil urinaire. Ne • sonde urinaire avec écoulement continu sans
pas hésiter, si c’est nécessaire, à pratiquer une stase vésicale,
ponction sus-pubienne qui est un geste anodin et • traitem ent anti-infectieux préalable,
perm et d ’affirmer avec certitude l’infection des • conditions défavorables de multiplication du
urines contenues dans la vessie. germ e (pH urinaire très bas),
• infection débu tante,
• infection à P seudom onas : plusieurs germes
La leucocyturie accolés ne d onnant q u ’une seule colonie, le n o m
bre d ’U F C est alors dim inué,
Elle est aussi appréciée par l’examen cyto-bacté- • infection par bactéries qui adh èrent à la
riologique. U n e leucocyturie élevée existe le plus muqueuse ou qui sont faiblement libérées par le
souvent dans une infection urinaire. Certains attri parenchym e rénal.
buent plus de valeur à l’état des leucocytes (altérés L ’interprétation des résultats de l’examen
en cas d ’infection) q u ’à leur nom bre. Mais la m o r microscopique n ’est donc pas toujours aisée. U n e
phologie est influencée par trop de facteurs pour leucocyturie élevée associée à des cultures stériles
pouvoir être considérée com me un critère valable. se rencontre lors du traitem ent d ’une infection uri
O n a codifié la m anière de chiffrer cette leucocytu naire, d ’une uréthrite, d ’une tuberculose, d ’une
rie. Elle est pathologique à partir de : pyélonéphrite chronique, de la migration d ’un cal
• 3 à 5 leucocytes p ar champ, cul, de cystites non bactériennes, et d ’une tum e ur
• 20 leucocytes/ml, de l’arbre urinaire ou de son environnem ent.
• 5000 le u cocytes/m l/m n (compte d ’Addis qui A l’inverse, d ’authentiques infections urinaires,
est le plus fiable). sans leucocyturie, mais avec une bactériurie signi
La leucocyturie peut m a nquer en cas d ’osmola- ficative, peuvent se rencontrer lors de cystites
lité faible, de pH alcalin. E n cas de pyélonéphrite banales, souvent débutantes, et parfois au cours
chronique, avec foyer parenchym ateux ne com de certaines pyélonéphrites chroniques. En
m uniquant pas avec les voies excrétrices, elle peut l’absence de signes cliniques, la confirmation par
faire défaut. un deuxième prélèvem ent est utile.
A l’inverse, il peut exister une leucocyturie sans
infection en cas de tum eur de la voie excrétrice, de
INFECTION URINAIRE 87
lésions prédom inent habituellem ent au niveau de En fait l'urographie et la cystoscopie sont sur
la base vésicale mais peuvent envahir la calotte. tout utiles pour rechercher la cause de la cystite.
fois le haut appareil. Sa pathogénie est discutée : résidu vésical provoqué par un obstacle organique
invagination d ’épithélium aggravée par une infec ou fonctionnel du bas appareil. Le reflux vésico-
tion chronique, métaplasie ou résidu e m bryon urétéral est considéré actuellement com m e une
naire. Elle est considérée, souvent, com m e une des causes les plus fréquentes de pyélonéphrite.
lésion pré-cancéreuse. U n traitem ent antibiotique
prolongé pourrait la guérir. A n ato m ie p athologique
La cystite interstitielle. — C ’est une entité ana- Le rein pyélonéphritique est gros, tendu. A la
tomo-clinique bien définie p rob ablem en t d ’origine coupe sa surface est bigarrée et présente de larges
auto-im m une. Elle correspond à une sclérose bandes en éventail, de couleur jau n âtre, allant des
sous-muqueuse de la vessie avec les conséquences papilles au cortex. E ntre ces bandes le p are n
que cela com porte sur le réservoir. Elle se ren c o n chyme rénal paraît normal. Le bassinet est dis
tre presque exclusivement chez la femme. tendu et contient une urine purulente.
La symptomatologie est représentée par une Microscopiquement la pyélonéphrite est carac
pollakiurie im portante s’accom pagnant d ’urines térisée par le caractère focal des lésions, faisant
stériles. La capacité vésicale est réduite. alterner des foyers où toutes les structures du
L ’urographie m ontre une petite vessie et son parenchyme rénal sont le siège de lésions im por
retentissement éventuel sur le haut appareil. tantes avec des zones saines.
La cystoscopie, faite sous anesthésie du fait de
Le diagnostic de pyélonéphrite aiguë repose
la douleur, m ontre le plus souvent une m uqueuse
sur :
sub-normale. La distension vésicale fait a pparaître
des signes évocateurs : pétéchies diffuses, fissura - un syndrome infectieux sévère (tem pérature à
tions sous-muqueuses e ntra înant un petit saigne 40, frissons, imposant des hém ocultures répétées,
ment ou encore plaques de fibrose ou brides. hyperleucocytose avec polynucléose) ;
Le diagnostic est fait par la biopsie qui m ontre - une douleur lombaire continue com portant
l’importance des lésions de la sous-muqueuse et de des irradiations de coliques néphrétiques ;
la musculeuse dom inées par la fibrose. - une fosse lombaire dont la palpation déclen
Le traitem ent utilise tout d ’abord des petits che une douleur et une défense ;
moyens : calibrage de l’urèthre, dilatations, instil - il s’y associe souvent des signes d ’infection du
lations, anti-infectieux ou anti-inflammatoires. On bas appareil dont l'absence ne saurait faire élimi
peut aussi électrocoaguler ou réséquer les lésions. ner le diagnostic ;
O n y adjoint un traitem ent général : héparine, cor- - l’examen des urines m ontre une bactériurie
ticothérapie, imm uno-suppresseurs. Il est excep significative et une leucocyturie élevée ;
tionnel que l’on soit obligé de p ratiquer une cysto- - la fonction rénale est globalem ent normale
entéro-plastie. (urée, créatininémie) ;
- l’urographie peut m on trer une légère augm en
tation de volume du rein, une néphrographie plus
Les pyélonéphrites aiguës pâle que du côté opposé, mais, dans la majorité
des cas, elle est normale. Elle est surtout utile
Elles traduisent une infection aiguë des cavités pou r rechercher secondairem ent une cause.
pyélo-calicielles et du tissu rénal interstitiel. L ’échographie m ontre quelquefois la présence de
Leur répartition suivant l’âge et le sexe corres micro-abcès ;
pond aux données de l’infection urinaire en géné - certaines investigations com plém entaires
ral : la pyélonéphrite aiguë est q uatre fois plus fré im munologiques ou biochimiques apportent la
q uente chez la femme que chez l’hom m e. Mais la preuve de la relation entre l’infection urinaire et
fréquence exacte des pyélonéphrites aiguës est dif l’atteinte parenchymateuse. Elles peuvent aider à
ficile à chiffrer parce que l’on n ’a pas de critère suivre l’évolution mais elles ne sont pas utiles au
infaillible pour détecter l’atteinte parenchyma- diagnostic dans les formes aiguës et restent de p ra
teuse et il est vraisemblable que beaucoup d ’entre tique exceptionnelle dans ces cas-là.
elles passent inaperçues. Le diagnostic de pyélonéphrite aiguë est, en
Certaines pyélonéphrites sont consécutives à effet, un diagnostic de sémiologie clinique,
l’infection d ’une lésion parenchym ateuse pyélique confirmé par l’examen cyto-bactériologique des
ou calicielle. D 'autres sont liées à l’infection urines.
d ’urine stagnant dans le rein. C ette stase peut être O n observe des formes graves, avec insuffisance
la conséquence d ’une obstruction urétérale, d ’un rénale aiguë, des formes dégradées avec signes uri
INFECTION URINAIRE 91
naires frustres, des formes à symptomatologie rôle prédom inant aux troubles hydrodynamiques
trom peuse, en particulier digestive, des formes (stase et reflux) et à des phénom ènes immunologi
purem e nt fébriles ou des formes où la sym ptom a ques encore mal élucidés.
tologie basse est dom inante, posant le problèm e Cliniquem ent, elle se traduit par une insuffi
de la participation rénale. sance rénale chronique. Mais il est des formes
dégradées ou masquées qu'il faut savoir recher
E volution cher chez une malade ayant eu des infections uri
naires à répétition, parfois en cours de grossesse,
Elle est en général régressive en une semaine, et qui présente de petits accès fébriles, une vitesse
mais le traitem ent doit être continué plus long de sédimentation augm entée, une hyperleucocy-
temps. Il ne doit être arrêté que sur des critères de tose modeste, une augm entation des gamma-glo-
guérison stricte. bulines à l'électrophorèse des protéines plasmati-
Il n ’est pas besoin d ’une persistance de la m ala ques et parfois de petites lombalgies.
die ou de sa récidive pour rechercher une cause. Le diagnostic repose sur l’existence d ’une bacté
T oute pyélonéphrite aiguë doit subir une enquête riurie. Mais la bactériurie n ’est pas constante dans
étiologique approfondie. les pyélonéphrites chroniques. Il est des cas - ou
des périodes - dans lesquels l’infection se situe
Etiologie dans une partie enclose du parenchyme et ne
s’extériorise pas.
T oute pyélonéphrite impose la recherche d 'u ne
Certains germes sont difficiles à m ettre en évi
étiologie qui entra în e parfois un geste chirurgical.
dence (forme L) d ’où la nécessité de pratiquer des
T outes causes d ’obstruction des voies excrétri
recherches répétées.
ces, tout reflux d ’urine infectée dans le haut a p p a
Enfin, toute bactériurie ne signifie pas infection
reil peuvent en tra în er une pyélonéphrite aiguë.
du parenchyme rénal. Il ne faut pas hésiter à utili
A côté des causes de cystite vues p réc édem
ser les épreuves enzymatiques ou sérologiques
m ent, il faut rechercher des lésions du haut a p p a
dont nous avons parlé. Mais ces épreuves ne sont
reil.
surtout valables que pour les entéro-bactéries.
- Rénales : La ponction biopsie rénale ne saurait être un
• avant tout lithiase, néphrocalcinose, moyen usuel à cause de sa trop faible fiabilité.
• malformation (syndrome de jonction, hydro Les troubles du pouvoir de concentration des
cal icose), urines peuvent té moigner déjà d ’une atteinte
• polype, nécrose papillaire (d ’origine diabéti tubulo-interstitielle im portante.
que ou toxique). Lorsque le diagnostic est porté, bien s’assurer
que l’on a éliminé une lésion chirurgicale de
- U rétérales :
l’appareil urinaire, en particulier un reflux. U n
• lithiase,
traitem ent prolongé est indispensable. La désin
• lésion gynécologique bénigne, maligne ou
fection d 'un e pyélonéphrite chronique en arrête
traum atique,
en effet l’évolutivité et arrive ainsi à éviter l'ap p a
• compression par adénopathie,
rition d 'une insuffisance rénale avec ses troubles
• fibrose rétro-péritonéale,
m étaboliques qui sont du ressort du néphrologue.
• méga-uretère, urétérocèle,
• tum eur urétérale.
U n e cause dom ine toutes les autres : le reflux, La pyonéphrose
parfois provoqué par une rétention vésicale chro
nique (voir page 113). C ’est la conséquence d ’une stase pyélo-calicielle
Soulignons la gravité de la pyélonéphrite chez infectée. Elle impose un drainage des cavités rén a
les diabétiques et les immuno-déprimés. les en urgence.
Cette lésion se voit assez souvent chez la femme
où la compression de l’uretère pelvien est relative
La pyélonéphrite chronique ment fréquente.
Se rappeler q u ’il faut être très parcimonieux de
Elle est due au retentissement d ’une infection manœuvres endoscopiques avec injection de p ro
itérative du parenchym e rénal e ntra în ant une duit op aque chez les malades qui ont un rein
néphropathie interstitielle. Mais l’infection n ’est dilaté. La pyélographie transcutanée est certaine
pas seule en cause. On fait également jo u e r un ment moins dangeureuse dans l’exploration d ’un
92 I N F EC T I O N U R I N A I R E
souvent considérée à tort com m e d'origine grip m êm e germe. Envisager les m éthodes de diagnos
pale. tic topographique évoquées plus haut.
Il faut surtout s’enquérir des antécédents urolo Cette en quête doit être minutieuse et retrouvera
giques : coliques néphrétiques, hém aturie, élimi assez souvent une cause, surtout lorsque l’infec
nation de calculs, signes cliniques de reflux et sur tion touche le haut appareil.
tout de la manière dont se com porte la vessie en
dehors des infections urinaires, de la façon dont se
produisent les mictions. Y a-t-il une dysurie ?
Quelle est la force du jet ? La malade urine-t-elle
souvent le jour ou la nuit ? A-t-elle des brûlures à T R A IT E M E N T
la miction ? A-t-elle eu une énurésie dans
l’enfance ?
Le traitem ent d ’une infection urinaire doit :
L ’examen recherche un résidu p ar la percussion, • stériliser les urines,
par le palper abdom inal aidé du toucher vaginal. • stériliser l’appareil urinaire,
Les fosses lombaires sont palpées soigneusement. • effectuer la cure des lésions urologiques qui
L ’aspect de l'urèthre est im portant à préciser : ont pu favoriser l’apparation de l’infection et en
situation du m éat, existe-t-il un rétrécissement en tra în er sa récidive.
m éatique, des caroncules hypertrophiques, un Mais, si les principes sont les m êmes, les modali
diverticule souvent d'ailleurs difficile à percevoir. tés thérapeutiques sont différentes selon que l’on a
Il faut palper l'urèthre en exprim ant le canal, ce affaire à une infection du bas ou du haut appareil,
qui peut provoquer un écoulement de pus dont on à une infection unique ou récidivante.
fait un prélèvem ent bactériologique.
L 'exam en gynécologique doit détailler l'aspect
des sécrétions vaginales, rechercher une bartholi-
Les cystites aiguës simples
nite, une cervicite. Pratiquer des prélèvements
cyto-bactériologiques en cas d ’anomalie. Il ne faut Elles guérissent rapidem ent après la prise de
pas om ettre de vérifier l'aspect dynam ique du médicaments tels que : sulfamides, quinolones,
périnée en exam inant la patiente en poussée dérivés du furane, T rim ethoprim e et Sulfamé-
d'effort. thoxazole.
Le traitem ent est com m encé im m édiatem ent
Ne pas m éconn aître des troubles neurologiques, après le prélèvement d ’urines (en vue d'un exa
en particulier une anesthésie périnéale. men cyto-bactériologique et d ’un antibiogram m e).
L 'u rographie intraveineuse avec cystographie La durée de la cure est de 5 à 7 jours. Les urines
mictionnelle et cliché post-mictionnel sera prati sont stérilisées en 48 h. La leucocyturie est plus
quée. longue à se normaliser. Un contrôle cyto-bactério-
U n e débitm étrie précédera un cathétérisme logique doit être pratiqué une semaine et un mois
avec l’explorateur à boule et l’uréthro-cystoscopie. après la fin du traitement.
On term inera par une uréthro-cystographie rétro Il est essentiel d ’associer au traitem ent médica
grade à la recherche d ’un reflux. T oute manœuvre m enteux une cure de diurèse (qui suffit d ’ailleurs à
endoscopique doit être accom pagnée d ’un traite guérir les cystites simples dans 40 % des cas), et de
m ent anti-infectieux préventif (s’il y a des germes conseiller aux malades d ’uriner souvent.
dans les urines). Certains auteurs utilisent des traitements brefs,
Si l’on ne trouve rien, faire une étude de la flore voire à dose unique, qui présentent plusieurs
vaginale et périnéale, d em ande r un avis gastro- avantages : meilleure tolérance, écologie bacté
entérologique surtout si la cystite est précédée de rienne respectée, coût moindre, observance des
troubles digestifs et que la malade est une consti traitements améliorés ; mais cette pratique ne peut
pée chronique. être conseillée que pour des malades sélectionnés :
Si, malgré toutes ces explorations, on n ’arrive femm es jeunes ayant une infection urinaire basse
pas à déceler une cause et que des récidives se p ro non com pliquée, en dehors de la grossesse, sans
duisent, ne pas hésiter à recom m encer les examens antécédents d'infection, sans douleurs lombaires,
en sachant que des lésions minimes peuvent être sans fièvre, sans anomalies urologiques.
difficiles à m ettre en évidence la prem ière fois Les traitem ents « minute » peuvent aussi être
(diverticule uréthral, reflux). Un typage des bac té considérés com me un moyen de sélection, les
ries peut p erm e ttre de différencier une ré-infec malades devant subir des explorations lorsqu’il y a
tion par un autre germe d ’une rechute due au eu un échec thérapeutique. Ils ne dispensent pas
94 I N F EC T I O N U R I N A I R E
de la pratique de l’E C B U initial et d ’une surveil bactériologie urinaire, hém oculture). Les antibio
lance thérapeutique. tiques sont choisis en fonction de leur activité sur
A près guérison de l’accès aigu, il faut conseiller les germes isolés habituellem ent au cours des
à la malade de boire ab o n d a m m e n t, d ’uriner sou infections urinaires et de leur concentration sous
vent et d'observer une hygiène périnéale soi forme active suffisante dans les urines et le p are n
gneuse p our éviter les récidives (après être allée à chyme rénal, en évitant ceux susceptibles d ’induire
la selle, s’essuyer de la région vulvaire à l’anus des mutations ou des sélections de germes.
pour éviter une contamination). O n peut utiliser l’ampicilline ou ses dérivés, le
cotrimoxazole, ou encore une céphalosporine de
première génération à forte élimination urinaire.
Les cystites récidivantes Un seul antibiotique suffit en général. L ’associa
tion de deux antibiotiques (/3 lactamine + amino-
Bien s’assurer tout d ’abord q u ’il n ’existe pas de side) n ’est utile que dans les formes graves avec
lésion urologique susceptible de provoqu er la réci bactériémie. Les aminosides, les céphalosporines
dive (en effectuant une débitm étrie, un examen de de deuxièm e, troisième génération, la colistine ne
l'urèthre, une cystoscopie et une urographie intra sont utilisés q u ’après résultat de l’antibiogramme.
veineuse). A u bout de six jours, il faut refaire un examen
Essayer de retrouver les causes d'une réinfesta cytobactériologique et un antibiogramm e pour
tion basse fréquente chez la femme. Faire une vérifier l’efficacité du traitem ent. La persistance
étude bactériologique et sérologique des flores de germe peut provenir :
vaginales, vestibulaires, péri-anales et anales et si - d'une inadaptation de l’antibiothérapie, d ’une
elles correspondent aux germes urinaires, les trai dose insuffisante, d'un traitem ent mal suivi ;
ter efficacement. - de l’existence de plusieurs germes et d ’une
Traiter les lésions cervicales, prescrire un traite antibiothérapie n ’en couvrant q u ’un seul ;
ment eutrophique par voie locale, chez la femme - d 'une sélection de germes résistants par m u ta
ménopausée. Si les récidives sont provoquées par tion ou par plasmide.
les rapports sexuels, conseiller à la femme d'uriner
U n e étude in vitro du pouvoir bactéricide des
après le rapport et lui prescrire un traitem ent
antibiotiques et du sérum peut être nécessaire. La
« minute ». T raiter un syndrome uréthral qui peut
posologie de l'antibiotique est à adapter selon la
être la cause de la récidive. A ce propos, nous
fonction rénale. D ans le cas d'une insuffisance
avons vu la fréquence des troubles du flux uréthral
rénale, des dosages sériques d'antibiotiques sont
(pas toujours mis en évidence m ême par d ébitm é
indispensables.
trie et l’explorateur à boule) et la fréquence de
Certains antibiotiques sont néphrotoxiques
l’infection des glandes péri-uréthrales. Ceci expli
(colistine, am inoside et certaines associations de
que l’intérêt de dilatations avec des bougies de fort
céphalosporines et d'aminosides). Si l'on est
calibre. C ette technique est moins agressive que
am ené à les utiliser, il faut faire pratiquer un
l’uréthrotom ie interne q u ’ont proposée certains.
dosage de la créatininémie chaque jour pendant la
L'application d'antiseptiques du méat et leur
d urée de leur administration.
instillation dans l'urèthre peut donner de bons
Le traitem ent d ’une pyélonéphrite aiguë (com
résultats et ne présente aucun inconvénient. Il
mencé d 'abord par voie parentérale puis continué
reste néanmoins un contingent de cystites récidi
par voie buccale) est de 15 jours après l'apyrexie.
vantes malgré ces thérapeutiques. C ’est dans ces
Son efficacité doit être vérifiée tous les 8 jours par
cas que l’on peut prescrire un traitem ent au long
des examens cytobactériologiques des urines p en
cours à posologie bi- ou tri-hebdom adaire pendant
dant le traitem ent et le mois qui le suit, puis tous
trois mois, utilisant les médicaments déjà cités à
les mois pendant six mois et tous les trois mois
propos des cystites banales. Mais au préalable, le
pendant un an. Ceci perm et de dépister une réin
typage des germes, lorsqu’il est possible (coliba
fection à un autre germe ou une rechute par stérili
cille) aide à élim iner une réinfestation d ’origine
sation insuffisante du foyer infectieux.
descendante, ce qui changerait le problème.
D urant les 24 h qui suivent le début de la pyélo
néphrite, il faut faire pratiquer une urographie
Traitement des pyélonéphrites aiguës intraveineuse à la recherche d 'une anomalie de
l’appareil urinaire qui pourrait, si elle n ’était pas
Il doit être entrepris en urgence après prélève traitée, en tra în er une inefficacité de la th é ra peu ti
ment bactériologique pour antibiogramm e (cyto- que antibiotique. Cet examen fournit des résultats
INFECTION URINAIRE 95
plus précis q u ’un cliché de l’appareil urinaire sans l’utilisation quotidienne d ’un seul antibiotique
préparation associé à une échographie dont la n or (type Cotrim oxazole, quinolone, ou dérivés du
malité perm et toutefois de reta rde r l’urographie furane) semble d onn er d ’aussi bons résultats à
intraveineuse. condition de surveiller régulièrement la cytobacté-
Lorsque le germe est d ’origine hospitalière, il riologie urinaire.
est nécessaire d'em ployer d ’autres antibiotiques
(nouvelles céphalosporines) et parfois des associa
tions d ’antibiotiques étudiées au laboratoire par la
quantification de leur pouvoir bactéricide.
B IB L IO G R A P H IE
PATHOLOGIE URÉTHRALE
se différencie très n ettem ent des capacités vésica polypoïdes. D ans 15 % des cas, l’urèthre apparaît
les dim inuées avec une augm entation de pression normal.
im portante (compliance basse), des vessies insta
bles observées au cours des cystites interstitielles
et des vessies hyper-réflexiques des lésions du Etiologie
sytème nerveux central. Il est admis sur le plan
urologique que l’obstruction uréthrale représente Il semble bien q u ’une pathogénie infectieuse
une étiologie im portante de cette condition, ce qui chez les femmes en période d ’activité génitale ne
apporte une crédibilité au traitem ent basé sur la doive pas être récusée, malgré l’absence d ’une
dilatation de l'urèthre, à l'uréthrotom ie interne, et bactériurie supérieure à 105 par ml. B eaucoup de
à l'uréthroplastie externe. E n fait, le débit mic cas répondent au traitem ent antibiotique sans bac
tionnel est généralem ent dans les limites inférieu tériurie significative. Des examens bactériologi
res de la norm ale, de l'ordre de 15 à 20 ml par ques répétés avec culture chez les mêmes patien
seconde. Ce n’est que dans environ 1 cas sur 10 tes, effectués sur une assez longue période, m o n
que l’on peut m ettre en évidence une obstruction trent fréquem m ent l'existence d'un taux de micro
au flux urinaire liée à une diminution de calibre de organismes significatif. Enfin, certaines infections
l'urèthre, à une résistance uréthrale augm entée, et sont liées à des bactéries qui ne peuvent pas être
à une diminution du flux en débitm étrie. dépistées par des cultures conventionnelles telles
Les pressions du profil uréthral ne sont jamais les chlamydiae.
basses, elles sont habituellem ent à la limite supé Environ 60 % des malades qui répondent à une
rieure de la normale ou quelque peu au-dessus. antibio-thérapie associée à des précautions hygié
C ette pathologie doit correspondre à des niques et diététiques, destinées à am éliorer les
urèthres hyper-réflexiques et douloureux dont la mécanismes de défense à l'égard de l'infection et à
com posante sphinctérienne musculaire striée se une restitution de la flore normale de l'introitus
maintient tonique. La coordination de la miction ont une amélioration clinique significative.
avec le relâ chem ent du sphincter peut se trouver Il existe, cepen dant, un lot im portant de cas
en défaut, cependant la plupart des malades p eu pour lesquels l'étiologie reste inconnue ou discuta
vent vider norm alem ent leur vessie. Dans 10 % ble. Toutes ces femmes ont pratiquem ent un
des cas, il existe des signes objectifs de modifica urèthre anorm alem ent sensible et réflexique. O n a
tion de la structure de l'urèthre dont la paroi est avancé l'hypothèse que l'endothélium uréthral
épaissie et la lumière rétrécie. D e telles malades était dans ce syndrome dépourvu d'un film de
n'arrivent généralem ent pas à vider com plètem ent mucine, ce qui le rendrait très réceptif au contact
leur vessie et gardent un résidu. d 'une urine concentrée ou de substances irritantes
La douleur p rovoquée au niveau de l’urèthre au telles que l'alcool ou le café. Certains ont évoqué
cours des manœ uvres d ’exploration du conduit en la possibilité d ’une obstruction du flux urinaire par
urodynam ique est assez caractéristique et le développem ent d 'une fibrose para-uréthrale.
s’oppose à celle des femmes dépourvues de toute U ne telle éventualité pourrait expliquer l'amélio
anomalie du bas appareil urinaire, ou de celles qui ration obtenue chez certaines patientes par des
n ’ont q u ’une incontinence urinaire d ’effort pure dilatations uréthrales ou leur guérison par excision
où les explorations sont indolores. des tissus siégeant au niveau de la portion vaginale
de l'urèthre distal voire par m éatotom ie ou méato-
plastie. Cette hypothèse ne semble pas avoir eu de
confirmation histologique.
Cysto-uréthroscopie La pathologie uréthrale liée à l'atrophie post-
m énopausique peut évoquer le syndrome uréthral
Les constatations endoscopiques peuvent n ’être en apparaissant pour la première fois en début de
pas évidentes. C e penda nt, il est important de les ménopause.
pratiquer pour éliminer une pathologie vésicale La symptomatologie initiale est liée à la nature
telle une cystite interstitielle ou une vessie n e u ro atrophique et particulièrement sensitive de
logique avec de grosses trabéculations. D ans les l'urothélium de surface. Les mécanismes de
cas typiques, la muqueuse vésicale est normale ou défense locaux étant perturbés, l'infection bacté
ne présente q u ’une discrète trabéculation. rienne secondaire est fréquente. Chez quelques
L ’urèthre et souvent le trigone sont congestifs. sujets, des problèm es obstructifs surviennent, ils
D ans 10 à 15 % des cas, la m uqueuse du col vési sont liés à la constitution secondaire d ’une sténose
cal est froncée ou présente de petites formations uréthrale. U ne telle condition répond bien à l'hor-
98 P ATHOLOGIE URÉTHRALE
L É S I O N S D E L 'O R I F I C E M É A T I Q U E
EXTERNE
Carcinome uréthral
U R É T H R IT E S
L es u ré t h r it e s so nt f r é q u e n te s chez la fe m m e
p a rc e q u e l 'u r è th r e est d ir e c te m e n t ex p o sé à un e
c o n ta m in a t io n p a r la flore vaginale.
L e ta b l e a u clinique est plus o u m oins b ru y a n t.
L 'u r é th r it e aiguë se m a n ife ste p a r des b rû lu re s à la
m ictio n, d es im p ério sités m ictio n n e lles, u n e d y s u
rie, des p e tite s h é m a t u r i e s te r m in a le s. Il s ’y
a d jo in t de la p o llak iu rie d ’a u ta n t q u e les b rû lu re s
p r o v o q u e n t des m iction s in c o m p lè te s.
E n é c a r t a n t les p e tite s lèvres pa rfois accolées
Fig. 63 — Diverticule uréthral objectivé en uréthrographie
rétrograde. p a r de s p e r t e s , o n a p e rç o it la m u q u e u s e m é a tiq u e
g o n flé e , œ d é m a t e u s e , ro u g e , so u v e n t p seu d o -
p o ly p o ï d e avec d es p é té c h ie s. D u p u s s ’éc o u le de
l'orifice m é a t iq u e . La p a lp a tio n de l'u r è t h r e est
vessie avec un m ilieu d e c o n tr a s te et m a s s e r la d o u lo u r e u s e . Il s'y jo in t g é n é r a l e m e n t u n e vulvo-
p aro i a n té r ie u r e d u vagin p o u r v id er le d iverticule. va ginite.
O n d e m a n d e alors à la m a la d e d ' u r i n e r et si cela L e t a b l e a u p e u t ê tr e m o in s n e t, se r é d u is a n t à
est p o ssib le, o n o b t u r e r a l’orifice m é a t iq u e en des b rû lu re s m ictio n n elles, des cystalgies, un e
co u rs de m iction . C e p ro c é d é p e r m e t e n g é n é ra l p e s a n t e u r p e lv ie n n e o u e n c o re des m ic tio n s im p é
l’op acifica tio n d u diverticu le ( r a d io g ra p h i e ). rieuses. L ’in s p e ctio n de la région vu lv a ire ne m o n
L 'u r é th r o s c o p ie est licite m ais o b je c tiv e r a r e m e n t tre rie n de p a rtic u lie r, la p a lp a t io n d u c o n d u it est
le collet. p e u d o u lo u r e u s e , m ais l’u r è t h r e est s o u v e n t un
L a p lu p a r t de s divertic ules siègen t su r la p a ro i p e u épaissi et son e x p re s sio n fait s o u r d r e d u pus.
p o s t é r ie u r e de l’u r è t h r e , p lus r a r e m e n t , ils p e u L ’é p r e u v e de s 3 v e rre s m o n t r e d e s u rin e s t r o u
v e n t ê tr e la té ra u x o u m u ltip les. L e u r excision est bles avec d es fila m e n ts d a n s le p r e m i e r v e rr e alors
n é c ess aire. Si le collet d u diverticu le est très é tr o it, q u e d a n s les d e u x a u tr e s les u rin es so n t à p e u près
il p e u t ê tr e suffisant d 'e x c is e r le diverticu le et de lim pides. L e s 3 éc h a n tillo n s f e r o n t l’o b j e t d ’u n e
r e c o n s tru ire la p o r t io n m a n q u a n t e de la p aro i n u m é r a ti o n des leu co c y tes et d 'u n e re c h e r c h e de
u ré t h r a l e c o u c h e p a r c o u c h e a u c atgu t. Si le d éfect g e rm e s.
est i m p o r t a n t o u s ’il existe d e s d iv erticu les m u lti D a n s q u e lq u e s cas, l’asp ect des p e r t e s vaginales
ples, il est p r o b a b l e m e n t p ré f é r a b le de fe n d r e la p e r m e t de s o u p ç o n n e r l’a g e n t causal. E n fait
p aro i in f é rie u re d e l’u r è t h r e afin d ’o b te n i r u n e l’étiolo gie ne p e u t ê tr e fo u r n ie avec c e rtitu d e q u e
b o n n e vue sur le dive rticu le et sur ses r a p p o r ts p a r le p r é l è v e m e n t b a c té rio lo g iq u e . C ’est le seul
avec l'u r è th r e . L ’u r è t h r e est alors fe r m é p la n p a r geste à p r a t i q u e r in itiale m en t. Il suit la p a lp a tio n
plan et l'on p e u t e s p é r e r la r e s ta u ra t io n d 'u n c e r d e s fosses lo m b a ir e s , la re c h e r c h e d ’un glo be vési
tain effet s p h in c té rie n en r e c o u r a n t à un g reffon cal et un e x a m e n g y n é c o lo g iq u e . L a d o u l e u r p e u t
g raisseux d u b u lb o c a v e r n e u x selon le p ro c é d é de e m p ê c h e r d ’e ff e c tu e r ce d e r n i e r m ais un t o u c h e r
M a r tiu s . O n p e u t e n c o re re n f o r c e r la pa ro i rectal do it alors re c h e r c h e r des lésions g y n é co lo g i
u r é t h r a l e re c o n s titu é e p a r un p etit « p a tc h » ap o- q u e s p ro f o n d e s .
n é v ro t iq u e p ré le v é su r l’a p o n é v r o s e du g ra n d o b li L es a u tr e s e x a m e n s u r o l o g iq u e s : d é b it m é t r i e ,
q u e . L e ré s u lta t de ces o p é r a t io n s re c o n s tru c tiv e s , e x p lo r a tio n à l’e x p lo r a te u r à b o u le , u rétro cy sto s-
à c o n d itio n q u ’elles so ien t c o r r e c te m e n t c o n d u i co p ie s e r o n t rem is à plus ta r d a p rè s n é g a tiv a tio n
tes, est g é n é r a l e m e n t très satisfaisant. b a c té rio lo g iq u e .
PATHOLOGIE URÉTHRALE 101
DYSURIE
P H Y S I O P A T H O L O G I E — MÉCANISMES DE LA DY SU R IE
Pathologie vésicale
Pathologie urétérale
Pathologie rénale
F ig. 69 B — Fibrose rétropérilonéale - cavographie. Fig. 70 A — Association d'un rein pelvien gauche hydroné-
phrotique, d'un kyste de l'-pvaire droit et d'une lithiase radio
transparente du groupe caliciel inférieur, (a) : U ro g rap h ie.
R E IN
116 INCIDENCES EN P A T H O L O G IE G Y N É C O L O G I Q U E
Q u e lq u e fo i s il p e u t s ’agir d ’u n e su rp rise o p é r a
to ire lors d 'u n e la p a r o to m ie faite en urg e n c e. Il
- celui d ’u n e tu m e u r p e lv ie n n e s im u la n t un
faut y p e n s e r s y s té m a t iq u e m e n t en cas de t u m e u r
fib ro m e p é d ic u lé o u u n e t u m e u r o v a ri e n n e ,
p e lv ie n n e , p a r e n c h y m a te u s e o u k y stiq u e sous-
- celui d ’u n e lésion infectieuse q u a n d il est en
p é r i to n é a l e , et ne pas faire l’e x é rè s e d e cette
p o u s s é e d e p y é lo n é p h r it e o u de p y o n é p h r o s e ,
m a sse à la légère. O n s 'e x p o s e r a it à re n d r e la
- o u enfin c o n s titu e r un o b stacle prév ia lors
m a la d e a n é p h r i q u e si l'a u t r e rein éta it a b s e n t ou
d ’un a c c o u c h e m e n t.
non fo n c tio n n e l. Si les c o n d itio n s locales p o u s s e n t
L e d iag n o stic est fait p lus s o u v e n t q u ’a u tre fo is
à in te rv e n ir su r le rein p elv ie n , il faut a b s o l u m e n t
d e p u is q u e l’é c h o g ra p h i e est e m p l o y é e s y s té m a ti
av o ir u n e n o tio n p récise d e la v a le u r du rein
q u e m e n t d a n s l’inv estigation des tu m e u r s p e lv ie n
o p p o s é . La p a lp a tio n a b d o m i n a le ne suffit pa s, il
nes. E lle m o n t r e les cavités et le p a re n c h y m e .
fa u t faire u n e u ro g r a p h ie in tra v e in e u s e su r table.
M ais la m o r p h o lo g ie ré n a le est s o u v en t p e r t u r b é e ;
le diagn ostic ne p e u t ê tr e p o r t é av ec c e rt it u d e que
p a r r U . I . V . Celle-ci m o n t r e l'a b s e n c e d e rein d a ns G ros rein
u n e fosse lo m b a ir e et sa p r é s e n c e d a n s le pelvis. Il est q u e lq u e f o is difficile d e d is tin g u e r un gros
M ais là aussi l’im age est s o u v e n t difficile à in t e r rein d 'u n rein ptosé.
p r é t e r . L es cavités e x cré trices s o n t en p osition Il est e x c e p tio n n e l q u e d e gros reins p o s e n t d es
a n o r m a le : les calices son t vus en fuite, le rein, diag no stics g y n é c o lo g iq u e s en d e h o r s d e leu r lo c a
s o u v e n t m a l f o r m é , p e u t ê tr e ca ché p a r u n e vessie lisation p e lv ie n n e . M ais n o u s av o n s pu voir d es
plein e. kystes du rein su r rein pelvien. L ’e r r e u r c o n siste
La t o m o d e n s i to m é tr i e a p p o r t e d es é lé m e n ts rait à c o n f o n d r e un kyste d e l’o vaire avec un rein
d ia g n o s tiq u e s s u p p l é m e n t a ir e s . Le dia gn ostic peu t po ly k y s tiq u e . M ais la c o n fu s io n p e u t aussi se p r o
ê tr e o b te n u av ec c e rt it u d e p a r l’u ré té ro p y é lo g ra - d u ire avec un s y n d r o m e d e jo n c t io n p y é lo -u ré té -
phie ré t r o g r a d e . rale g é a n t.
INCIDENCES E N P A T H O L O G IE G Y N É C O L O G I Q U E 117
Lithiase urinaire
Il n ’est p a s d a n s n o tr e p ro p o s d e d é crire les dif
f é r e n te s so r te s d e lithiase. N o u s n o u s b o r n e r o n s à
r a p p e l e r q u e la lithiase p h o s p h o c a lc iq u e nécessite
d es b ilans p h o s p h o c a lc iq u e s san g u in s u rin aire s
ré p é t é s à la r e c h e r c h e d ’u n e ca u se (en p a rticu lier
a d é n o m e p a r a t h y r o ï d ie n ) et q u e la lithiase u riq u e
r a d i o - tr a n s p a r e n t e , qui e x p o se à d e s piège s d ia
g n o s tiq u e s , d is p a ra ît s o u v en t p a r un tr a it e m e n t
alcalinisant. (Fig. 75). F ig . 76 — Lithiase urétérale oxalique avec retentissement
rénal sus-jacent.
S 'a sso c ian t à d es lésions g y n é c o lo g iq u e s, la
lithiase po se d e s p r o b l è m e s qui v a rien t selon sa
localisation.
L es calculs n ’e n t r a î n a n t ni re te n ti s s e m e n t ré n a l,
ni in fe ctio n, ni d o u le u r s et qui s o n t difficiles à
L a lithisase rénale. L a c o n d u ite à te n ir vis-à-vis e x tr a ir e , ne c o n s titu a ie n t j u s q u ’à p r é s e n t pa s u n e
de la lithiase ré n a le d é c o u v e r t e au c o u rs d ’un e ind ica tion o p é r a t o ir e . C e p e n d a n t , les p ro g r è s r é a
affection g y n éc o lo g iq u e varie selon son typ e et le lisés p a r les t r a it e m e n t s d e la lithiase p a r u ltra-so ns
c o n te x te . o u o n d e s d e ch o c, et les ré s u lta ts o b t e n u s p a r la
120 INCIDENCES EN P A T H O L O G IE G Y N É C O L O G I Q U E
RETENTISSEMENT URO-NÉPHROLOGIQUE DE LA
PATHOLOGIE GYNÉCOLOGIQUE BÉNIGNE
G É N É R A L IT É S N o u s e n v is a g e ro n s le r e t e n tis s e m e n t u ro lo g iq u e
d es p rin cipales lésions g y n éco lo g iq u e s b é n ig n e s en
e x p o s a n t su cce ssiv em en t à p r o p o s de c h a c u n e
La g ravité d u r e t e n ti s s e m e n t u ro lo g iq u e d es d 'e lle s leurs p a rticu larités.
affection s g y n é c o lo g iq u e s est liée au risque de
r e t e n tis s e m e n t rénal.
La s u r v e n u e d ’un o b stacle à l’é c o u le m e n t de
l'u rin e e n t r a î n e d a n s les p re m iè r e s h e u re s et les
p re m ie r s jo u r s d es m o d ificatio n s ré n a le s qui sont F IB R O M E
e ss e n tie lle m e n t fo n ctio n n elles : a u g m e n t a ti o n de
la p ression in tra -tu b u la ire et in terstitielle avec
œ d è m e , a u g m e n t a ti o n d u d éb it san g u in rén al et Les tr o u b le s u ro lo g iq u e s ne se vo ient q u e d a n s
du d éb it ly m p h a ti q u e , ré d u c tio n d e la filtration 30 % d es fib ro m e s , m ais ne d o m i n e n t le ta b l e a u
g lo m é ru la ire . cliniq ue q u e d a n s 6 % d e s cas.
A p r è s q u e lq u e s jo u r s , lo rsq u e l’o b sta c le persiste Le re te n ti s s e m e n t vésical est le plus f r é q u e n t :
m algré les su p p lé a n c e s fo n c tio n n e lle s, a p p a r a i s S u r 1 000 f ib ro m e s de n o tr e série n o u s a vo ns
sent d es lésions a n a to m iq u e s o r g a n i q u e s qui vont relev é :
e n t r a î n e r u n e ré d u c tio n n é p h r o n i q u e re s p o n s a b le • 13 % de p o lla k iu rie d iu r n e ,
d 'u n e insuffisance ré n a le o r g a n i q u e définitive. Les • 7 % de p o lla k iu rie n o c tu r n e ,
lésions les plus im p o r t a n te s siègen t in itia le m e n t au • 8,9 % d 'im p é rio s it é m ic tio n n e lle ,
niv eau de la papille, de la m é d u lla ire et d es tu b e s • 5,4 % de b rû lu re s m ictio n n elle s,
collecteu rs. A v e c le te m p s , elles p ro g r e s s e n t et • 2 % d e d y su rie ,
s ’é t e n d e n t à l’e n s e m b le d u p a r e n c h y m e rénal : le • 7 % d 'in c o n t in e n c e à l'effort.
rein est a tr o p h ié , l’a r t è r e ré n a le a un calibre A p r è s l’in t e rv e n t io n :
ré d u it. H is t o lo g i q u e m e n t , il pe rsiste d a n s le rein • la p o lla k iu rie d iu r n e pe rsiste d eu x fois sur
des îlots d e p a r e n c h y m e o ù tu b e s et g lo m é ru le s trois,
son t re la tiv e m e n t c o n se rv é s et o n t les c a ra c té ris ti • la p o llak iu rie n o c tu r n e u n e fois su r d e u x ,
q u e s fo n ctio n n e lle s d e n é p h r o n s n o rm a u x . • l'im p é rio sité m ictio n n elle d e v ie n t d e u x fois
L 'in su ffisance ré n a le d e s o b sta c le s c h ro n iq u e s plus fr é q u e n te q u ’a v a n t l’in te rv e n tio n (1 7,4 % ) ,
est d o n c la c o n s é q u e n c e d ’u n e ré d u c tio n n é p h r o • les b r û l u re s s o n t re t r o u v é e s d a n s 19,9 % d a n s
n iq u e . Les o b sta cles in c o m p le ts c r é e n t d es lésions les m o is su iva nt l’h y s té re c to m ie ,
voisines qui p ro g r e s s e n t p lus le n t e m e n t . L ’infec • la d ysurie persiste u n e fois su r d e u x ,
tion su r im p o s é e qui est f r é q u e n te a u c o u rs des • q u a n t au x 71 p a ti e n te s p ré s e n ta n t u n e in c o n ti
o b stac les ag gra ve et ac célère les lésions qui son t la n e n c e p r é - o p é r a t o i r e , p a rm i elles, 31 a v a ie n t u ne
c o n s é q u e n c e du seul fa c te u r m é c a n iq u e . in c o n tin e n c e lég ère qui n o u s se m b la it d a n s un e
122 RETENTISSEMENT URO-NÉPHROLOGIQUE
R É T R O V E R S IO N
IN F E C T IO N U T É R O -A N N E X IE L L E
COMPLICATIONS UROLOGIQUES DE LA
PATHOLOGIE GYNÉCOLOGIQUE MALIGNE
Les c a n c e rs g y n é c o lo g iq u e s e n t r a î n e n t f r é q u e m
m e n t au c o u rs d e le u r é v o lu tio n , un r e te n tisse
m e n t u ro lo g iq u e .
C e t t e a tt e in t e u ro lo g iq u e p e u t e x is te r d è s la
d é c o u v e r t e d e la m a la d ie et m ê m e d o m i n e r le
t a b l e a u clin iqu e o u n 'a p p a r a î t r e q u e plus ta r d iv e
m e n t lors d 'u n e récidive.
N o u s é lim in e ro n s de cet e x p o sé les c o m p lic a
tio n s ia tro g è n e s qui font l'o b j e t d 'u n e é tu d e s é p a
ré e et n 'e n v is a g e ro n s q u e les c o m p lic a tio n s liées à
l'é v o lu tio n d u p ro ces su s malin.
Retentissement urétéral
Le p ro c e s su s c a n c é re u x c o m p r im e plus fré
q u e m m e n t le cana l qu'il ne le p é n è t r e . Sa c o lo n is a
tio n p a r u n e m é ta s ta s e est ex c e p tio n n e lle
(Fig. 8 1 ) ,
C 'e s t le p his s o u v e n t l'u r e tè r e p elv ien qui est
c o n c e rn é . L 'a t t e i n t e p e u t ê tr e b asse et d u e en
g é n é ra l à la lésion t u m o r a l e prim itive. Elle p e u t se
p r o d u i r e plus h a u t su r la p aro i p e lv ie n n e o u au
d é tr o it s u p é r ie u r , le long des gros v aisseau x , p r o
v o q u é e p a r l’ex isten ce d ’a d é n o p a t h i e s (Fig. 82) o u
d ’u n e ly m p h a n g ite . C e tt e cellulite n é o p la s iq u e
so u s -p é rito n é a le qui se p r é s e n te c o m m e un v é r i ta
ble glacis, p e u t r e m o n t e r très h a u t j u s q u ’au bassi
ne t q u ’elle e n s e r r e et d o n t elle re n d l'a b o r d c h ir u r
gical difficile. C e t e n v a h is s e m e n t est gravissim e il
p e u t ê tr e b ilatéral et m e t en je u le p ro n o s tic vital
p a r insuffisance rén ale. Fu,. 81 — Sténose urétérale dans un cancer du col évolué.
L e r e t e n tis s e m e n t u ré té ra l p e n d a n t lo n g te m p s
a s y m p t o m a t i q u e , p e u t se m a n ife s te r p a r un e n d o -
126 COMPLICATIONS UROLOGIQUES
Envahissement vésical
C O M M E N T M E T T R E EN É V ID E N C E CES
C O M P L IC A T IO N S ?
L 'A S P E C T D E S C O M P L I C A T I O N S V A R I E
A V EC LE TYPE DE C A N C ER
Le cancer du col
les g a ng lion s qui d r a i n e n t le col. La lym p h o p h ilie Il faut d istin g u e r de ces cas les c a n c e rs du col
de ce typ e d e c a n c e r e x p liq u e la c o m p r e ssio n fr é avec petit e n v a h is s e m e n t vésical p a r co n tig u ïté
q u e n te de l'u r e tè r e n on s e u l e m e n t d a n s le petit p o u r lesquels u n e in te rv e n tio n m u tila n te est e n v i
bassin (g an glio ns iliaques) m ais aussi d a n s la sag e a b le . Le p ro n o s tic p e u t ê tr e rela tiv e m e n t
région lo m b a ir e (g ang lio ns la té ro - a o rtiq u e s ). fa v o ra b le si les p a r a m è t r e s son t indeftines p arc e
Le bilan d ’u n c a n c e r du col, q u el q u 'e n soit le q u e les gang lio ns ne so nt p as f o r c é m e n t en v a h is et
s t a d e , ne sau rait d o n c se c o n c e v o ir sans u n e u r o q u e les m é ta sta se s p e u v e n t ê tr e inex istan tes. Si le
g ra p h ie in tra -v e in e u se et u n e cy stoscopie. L 'e x a c o n te x te (âg e, te r r a i n , fonction ré n a le n o rm a le ou
m e n c linique ne d o it p a s ê tr e négligé p o u r a u ta n t. re d e v e n u e n o rm a le a p rè s n é p h r o s to m i e p e r - c u ta
Il fou rn it des re n s e ig n e m e n ts ir re m p la ç a b le s sur n é e ) le p e r m e t , u n e p elv e c to m ie a n té r ie u r e pe u t
l'é tat d e s p a r a m è t r e s et sur l'a sp e ct du c ul-de-sac se d is c u te r, associée ou no n à un e cellu lectom ie
a n t é r ie u r d u vagin (d o n t l'in d u r a ti o n , la ré tra c tio n to ta le (Fig. 88). C e tt e a tt it u d e est ju stifiée en p r é
sont h a u t e m e n t s u s p ec tes d 'u n e n v a h is s e m e n t sence de ces m a la d e s m e n a c é e s de fistule. Elles
vésical). L ’infection associée p e u t m a j o r e r les n 'e x c lu t pas un e c u r i e th é r a p ie ou u n e r a d i o t h é r a
signes p a ra m é tr ia u x . Il p e u t y av oir in té rê t, d a n s pie p r é a la b le qui p e u t à to u t le m o in s en frein er
ce cas, à refaire l’e x a m e n a p rè s un t r a it e m e n t a n ti l'év olutiv ité au prix d 'u n e fistule sans im p o rta n c e .
infectieux. M ais l'irra d ia tio n re n d les dissections plus la b o
Le re te n ti s s e m e n t u ro lo g iq u e est g é n é r a l e m e n t rieuses. L 'in te r v e n ti o n se te r m in e selon les m o d a
fonc tion de l'e x te n sio n p e lv ie n n e d u c a n c e r mais lités d écrites pag e 290.
on a q u e lq u e f o is la m au v a ise su rp ris e de d é c o u v rir Le tr a it e m e n t d e s T 3 p a r a m é tr ia u x est h a b it u e l
de s m odific atio n s u ré té ra le s c o ïn c id a n t avec une le m e n t r a d i o th é r a p iq u e p o u r la p lu p a r t d es é q u i
ex te n s io n locale m in im e . Il est alo rs in d isp en sab le pes. M ais la c o m p r e ssio n d ’un u r e t è r e et a fo rtio ri
de d e m a n d e r un s c a n n e r , p arfo is u n e ly m p h o g ra - d es d e u x p ose d es p ro b l è m e s u ro lo g iq u e s soit à
phie à la re c h e r c h e d ’a d é n o p a t h ie s su sceptibles cau se d ’une insuffisance r é n a le , soit e n c o r e , ce qui
d ' e x p li q u e r le r e t e n ti s s e m e n t u ré té ra l m alg ré un e
ex te n s io n p a r a m é tr ia le p e u im p o r t a n te . Il faut
te n ir c o m p t e é g a le m e n t, d a n s l'in te r p r é ta t io n de
ce tte sta se, des a n té c é d e n ts c ar to u t e in filtration
n ’est pas fo r c é m e n t n é o p la s iq u e . Elle p e u t c o r r e s
p o n d r e à des pro ces su s cicatriciels chez les poly-
o p é r é s ou à u n e e n d o m é t r i o s e . Seule l'i n te r v e n
tion fo u rn it un e n o tio n p récise sur la re s p o n s a b i
lité ex a c te d e ces p rocessus. La dissection d es u r e
tè r e s p e u t d a n s ces cas s ’a v é r e r difficile et e n t r a î
n e r u n e dév italisatio n des c o n d u its. Il ne fau t pas
alors h é site r à les ré im p la n te r.
D a n s la classification des c a n c e rs du col, d eu x
s ta d e s c o r r e s p o n d e n t à un r e t e n ti s s e m e n t u ri
n a ir e :
- T 4 a n t é r i e u r ave c e n v a h is s e m e n t de la vessie,
- T 3 u rin a ire : c a n c e r infiltrant le p a r a m è t r e
j u s q u ’à la p a ro i avec re te n ti s s e m e n t u ré té ra l.
L ’e n v a h is s e m e n t vésical p e u t c o r r e s p o n d r e à un
c a n c e r pelvien é t e n d u . A v a n t de p r e n d r e u n e d é c i
sion t h é r a p e u t i q u e , il est f o n d a m e n ta l d e c o m p l é
te r le bilan p a r des e x a m e n s plus a p p ro f o n d is :
ly m p h o g r a p h i e , s c a n n e r , é c h o g r a p h i e h é p a t i q u e ,
co lo sco p ie voire c a v o g ra p h ie en cas d ’œ d è m e des
m e m b r e s in férieurs. Il faut d o n n e r to u te sa v aleu r
à des d o u le u r s sc iatiq u es qui tr a d u is e n t un e d iffu
sion p ré - sa c ré e . U n e n v a h is s e m e n t é n o r m e signi
fie q u e l’h e u re m ê m e d e la ch iru rg ie palliative est
d é p a s s é e et q u e la d é riv a tio n u rin aire est seule
Fig. 88 — Pièce d'exentération totale avec invasion massive de
possible. la vessie.
130 COMPLICATIONS UROLOGIQUES
F ig . 91 (a ) — Compression de l'uretère pelvien droit par une F ig . 9 1 (b ) — Compression de l'uretère pelvien droit par une
rédicive de cancer ovarien. récidive de cancer ovarien, après chimiothérapie et vessie
psoïque.
13 m a la d e s su r 32 o n t p e r d u un rein, soit au
c o u rs d e la p r e m iè r e o p é r a t i o n , soit s e c o n d a i r e
m e n t.
D a n s les 62 cas d ’e n d o m é t r i o s e s u r é t é ra l e s
in trin s è q u e et e x tr in s è q u e ra p p o r té e s p a r Klein et
Coll. [5], 79 reins é ta i e n t m e n a c é s . D a n s 20 cas
le u r destin n ’a pas é té m e n t io n n é . Le ta u x de s a u
v etag e p o u r les 59 re s ta n t éta it de 56 % . S u r les
26 reins p e r d u s , 12 (46 % ) l’o n t é té du fait d ’un
diag no stic tr o p ta r d if et 8 (50 % ) en raison de
n é p h r o - u r é té r e c to m ie s e ffe c tu é e s su r un d ia g n o s
tic e r r o n é de m align ité.
L es o p é r a t io n s à visées co n se rv a tric e s o n t été
v ariab les : u ré té ro ly se s d a n s c e rta in e s e n d o m é t r i o
ses e x tr in s è q u e s , u r é t é r o - u r é té r o s to m ie , u ré té ro -
n é o -c y s to sto m ie le p lu s s o u v e n t. Les u r é t é r o s t o
m ies c u ta n é e s s o n t l’e x c ep tio n .
C e r ta i n s a u te u r s r e n o n ç a n t à ré s é q u e r la zo n e
sté n o s é e o n t s e c tio n n é l'u r e tè r e e n zo n e sain e au-
dessus de la sté n o se . Le r é ta b lis s e m e n t de la c o n ti
nu ité é ta n t assuré p a r un p o n ta g e p a r la m b e a u
tu b u lé à la B oari o u p a r ré im p l a n ta t io n , à l’aide
d ' u n e vessie p so ïq u e .
Si la levée d e l’o b stacle u r é t é r a l est im p éra tiv e
et u r g e n t e , le tr a it e m e n t d e l’e n d o m é t r i o s e doit
t o u j o u r s ê tr e le c o m p l é m e n t d u geste u ro lo g iq u e .
S ur le p lan ch irurgical, le te m p s essentiel réside
d a n s la s u p p r e ssio n de l’activité o v a r i e n n e , c'e st-à-
d ire , la ca stra tio n o u l’a n n e x e c t o m ie — on y a ss o
ciera l’h y s té re c to m ie c h a q u e fois q u e possible. Fig. 96 — Hystérographie et U.P.R. en pré-opératoire immé
L ’e x é rè s e c hirurg ic ale d e s foyers e n d o m é trio si- diat dans une endométriose urétérale droite intrinsèque, chez
q u e s est u n e q u e stio n d e c irc o n sta n ce s. O n n ’est une malade ayant subi un an auparavant une néphrectomie du
même côté pour une pyonéphrose attribuée par erreur à une
en dro it d e laisser de tels foyers q u e si la c astratio n
malformation congénitale.
c o m p l è te b ila té ra le est c e rta in e et si les u re t è re s
pelv iens ne son t plus mis en d a n g e r p a r les foyers
ré siduels.
u ré t é r a l e ainsi q u e les e rr e u r s de diag no stic q u e
U n c o n tr ô le h o r m o n a l p o s t-o p é r a t o ir e p ro u v a n t
c e tte p a th o lo g ie p e u t e n t r a î n e r , l’h y p o th è s e d ’u ne
l’a rr ê t d e la séc ré tio n œ s tr o g é n iq u e o v a r i e n n e a
étiolo gie c a r c i n o m a t e u s e a y a n t été é v o q u é e .
in té rê t à ê tr e p ra tiq u é . E n cas de d o u te su r la radi-
- D e s foy ers e n d o m é t r i o s iq u e s résid uels p e u
calité d e l’e x érès e o v a r i e n n e , o n a p r o p o s é de
v en t p e rs iste r, vo ire s ’a g g ra v e r m ê m e avec c a s t r a
re c o u r ir à la ra d i o th é r a p ie à la d o se d e 20 G ra y s
tion ch iru rg ic ale en cas d e tr a it e m e n t œ s tr o g é n i
p o u r d é tr u ir e les. reliq u ats o v a rie n s restants.
q u e p ro lo n g é . D a n s un tel c o n te x te n o u s a v on s
C h e z la fe m m e j e u n e , n o u s d is p o so n s d ep u is
o p é r é un e m a l a d e d é jà n é p h r e c t o m i s é e p o u r u n e
lo n g te m p s d ’u n e a r m e efficace avec les p r o g e s ta
e n d o m é t r i o s e sév ère ay a n t a b o u ti à la d e stru c tio n
tifs a t r o p h ia n t s et plus r é c e m m e n t avec le D a n a -
du rein g a u ch e p a r un fibro-pelvis p sc u d o -c a rc in o -
zol et la c y p r o t é r o n e , les ag o nistes de la R . H . L . H .
m ate u x .
Le plus s o u v e n t c e p e n d a n t , le t r a it e m e n t m é d i
cal est un te m p s p r é p a r a t o i r e à la c h iru rg ie , il p e r
m e t u n e stab ilisation des lésions o u s o u v en t m ê m e
leu r rétro c e ss io n ; q u e lq u e s cas de s té n o s e u r é t é
rale réversibles o n t été pu blié s avec ce typ e de tr a i C O N C L U S IO N S
te m e n t , en l’a b s e n c e de to u t e chirurgie.
- Les d o c u m e n t s re p r o d u its ci-joint (Fig. 96,
97, 98) m o n t r e n t bien la g ravité p o u r le rein de D e ce tte é tu d e , il no u s p a r a î t possible de d é g a
c e rt a in e s e n d o m é t r i o s e s p e lv ie n n e s avec invasion g er un c e rta in n o m b r e d e co n clu sio n s :
I N C I D E N C E S U R O L O G I Q U E S D E L ’E N D O M É T R I O S E 139
Endométriose rénale B IB L IO G R A P H IE
D a n s ce c a d re se p la c e n t c e rta in e s d y stro p h ie s
p o ly k y s tiq u e s g rav es qui so nt in d u ite s au d é p a r t
p a r un d é r è g l e m e n t h o r m o n a l. C e s o v a ire s dystro-
p h iq u e s p e u v e n t ê tr e m a l e n c o n tr e u s e m e n t o p é
rés, tr o p s o u v e n t m ê m e de façon itérativ es. Il
faut r a p p r o c h e r d e ce c o n te x te c e rta in s cas d 'hys-
té r e c to m ie s c o n se rv a tric e s o ù les o v aires o n t été
s o u s -p é rito n is é s et s ’e n c h a t o n n e n t sou s le p é r i
toine. T o u t foy er in fectieux d e v oisinage, tu b a ire
s u r to u t, ag grave c o n s id é r a b l e m e n t ce tte p a t h o l o
gie. C e so nt d a n s d e telles s itu atio n s q u e l’o n p e u t
o b s e r v e r d e s m asses k y stiq u es i m p o r t a n te s où
l’o v a ire n ’est plus re c o n n a issa b le . Le p é rito in e
réagit p re s q u e t o u j o u r s au c o n ta c t de ces fo r m a
tio ns, fo r m a n t d e s c lo i s o n n e m e n ts o u d es p o c h e s
de p é rito n ite sé re u se in dissociables d e s fo r m a tio n s
d ’origin e p u r e m e n t o v a rie n n e s . Ceci s ’e x pliqu e
d ’a u ta n t m ieu x q u e le r e v ê t e m e n t m é soth élia l de
l’o v a ire a la m ê m e origin e e m b r y o lo g i q u e q u e le
p é rito in e lu i-m ê m e et réagit d e façon id e n tiq u e
aux ag ression s d e l’e n v ir o n n e m e n t . Fig. 100 — Une urétérolyse gauche au contact d'un kyste ova
L a sclérose d e vo isinage est p r a t iq u e m e n t c o n s rien très adhérent a provoqué une sclérose péri-urétérale post
opératoire sténosant le conduit et imposant la réimplantation
ta n t e faisant c o u rir à l’u r e t è r e , au co u rs de ces urétéro- vésicale.
r é i n te r v e n tio n s , un d a n g e r c e rta in p o u r un c h ir u r
gien mal av erti.
D è s q u e l’o n s o u p ç o n n e u n e telle p a th o lo g ie , d a n s l’in te r p r é ta ti o n des faits de te n ir le plus g ra n d
l’U . I . V . p ré- et p o s t-o p é r a t o ir e est im p é ra tiv e . II c o m p t e d u c o n te x te et d es a n t é c é d e n ts d e la
n o u s est arrivé d a n s un tel c o n te x t e d ’ê tr e a m e n é à p a ti e n te et d ’é v a lu e r la s itu atio n cas p a r cas.
r é o p é r e r des m a la d e s et à r é i m p l a n te r des u re tè re s - U n e irra d ia tio n p o s t - o p é r a t o ir e ab usiv e a
e n g lo b é s d a n s u n e s té n o s e infranc hissab le à to ut d a n s ces c o n d itio n s to u te s les c h a n c e s d ’ind u ire un
c a th é té ri s m e . N o u s a v o n s e u p arfo is re c o u rs à un fibro-pelvis, p r e n a n t l’a sp e c t du bassin gelé avec
la m b e a u é p ip l o ïq u e p éd icu lé p o u r p r o t é g e r une des risques m a j e u r s d e s té n o s e u ré t é ra l e et rectale.
u r é té ro ly s e et e m p ê c h e r un e n g lo b e m e n t d a n s un
e n v i r o n n e m e n t d é s a s tre u x (Fig. 100). - D a n s to u t e ce tte p a th o lo g ie d e s infiltrations
so u s -p é rito n é a le s b é n ig n e s o u m a lig n e s l’U . I . V .
- D a n s l’e n s e m b le le p ro c e s su s s c léro g èn e te n d
reste l’e x a m e n principal.
à p r é d o m i n e r au niv eau d es lam es fibro-vasculo-
E n règle g é n é ra l e , en l’a b s e n c e d e m align ité,
n e rv e u s e s, c lo is o n n a n t le pelvis, c’est p o u rq u o i
l’u ro g r a m m e est un b o n g u id e , il est g é n é r a l e m e n t
l’u r e t è r e est sp é c ia le m e n t m e n a c é d a n s ces p r o c e s
n o r m a l, m ais h élas il y a d e s e x c e p tio n s et des
sus au n iv e a u des e x p a n sio n s de l’aile ro n viscéral
s itu atio n s a m b ig u ë s qui p e u v e n t im p o s e r un g este
c o m m u n d e s lam es g é n ito -sa c ré e s et d a n s son tr a
u ro lo g iq u e .
je t p ré - m u ra l . L es ex te n s io n s c a rc in o m a te u s e s
D a n s des infiltration s m ix tes, c ’est so u v e n t l’é ta t
s o u s -p é rito n é a le s c o m m e l’o n t so uligné P. Scali et
d u h a u t a p p a re il u rin a ire qui d icte la c o n d u ite à
J. B lo n d o n [1] a ffe c te n t so u v e n t la m ê m e t o p o g r a
te n ir, il en est de m ê m e p o u r la surv eilla nce à
ph ie le long des ly m p h a tiq u e s viscéraux, des t r a
c o u r t et à long te r m e d es o p é ré e s .
vé es c o n jo n c tiv e s p ré - e x ista n te s et des g ain es vas-
Les asp ects o p é r a t o ir e s d es lésions p e u v e n t ê tr e
c u lo - n e rv c u se s . E lles ind uisen t p r e s q u e t o u j o u r s
tr ès t r o m p e u r s , les e x a m e n s h is to lo g iq u e s ex te m -
u n e s t r o m a ré a c tio n a b o u tis s a n t à u n e fibrose
p o r a n é s , p o u r utiles q u ’ils s o ie n t, ne s o n t pas t o u
d ’a c c o m p a g n e m e n t. D ’a u tr e p a rt la n é c ro s e fré
jo u r s suffisants p o u r d éfin ir de façon c o m p l è te u n e
q u e n t e des é lé m e n ts c a rc i n o m a t e u x est elle -m ê m e
situ atio n . Q u o i q u ’il en soit il v au t to u j o u r s m ieux
g é n é ra tric e d e fibro se. Il va sa n s dire q u e la s u r v e
a b a n d o n n e r un s e g m e n t d ’u r e t è r e te r m in a l tr a v e r
n u e d ’un c a n c e r du col u té r in sur u n e fibro se sous-
san t un tissu très scléro sé d a n s un e n v ir o n n e m e n t
p é rito n é a le p r é - e x is ta n te e n t r a î n e d es situ atio n s
d a n g e r e u x o u susp ect et r é i m p l a n te r le b o u t s u p é
p arfois très c o m p le x e s risq u a n t de b iaiser la s ta d i
rie u r p lu tô t q u e le d is s é q u e r à to u t prix en s ’e x p o
fication du c a n c e r et d ’e n t r a î n e r u n e o rie n ta tio n
sa n t à d e sé v è re s co m p licatio n s.
t h é r a p e u t i q u e in a d é q u a te . Aussi est-il essentiel
144 RETENTISSEMENT URÉTÉRAL DES SCLÉROSES PELVIENNES
B IB L IO G R A P H IE
n o r m a u x , p lus s o u v e n t l’asp e ct cliniq ue est celui niste. Elle est m o in s p récise p o u r les a u tr e s a n o
d ’un p s e u d o - h e r m a p h r o d i s m e fém in in id iop athi- malies.
q u e avec h y p e r t r o p h ie c lito r id ie n n e , u rè t h re
p h a lliq u e g é n é r a l e m e n t sté n o s é , u r è t h r e vaginal Cloisons transversales du vagin. — C h e z les p o r
h a b it u e ll e m e n t fo n c tio n n e l m ais d o n t le m é a t est teu s e s d e d i a p h r a g m e s va g in au x d 'o rig in e c o n g é n i
p a rfo is é g a le m e n t ré tré c i, so u rc e de ré t e n ti o n u ri ta le , la p r a t iq u e d 'u n e U . I . V . est g é n é r a l e m e n t
n a ir e in c o m p lè te voire c o m p l è te , n écessita n t des s u p e r flu e , c a r la c o n s ta ta tio n d ’a n o m a lie s d u h a u t
d ila ta tio n s , u n e m é a t o t o m i e v oire u n e c y sto sto m ie a p p a re il u rin a ire p a r a î t ê tr e s e u l e m e n t fortuite.
su s -p u b ie n n e . D a n s un tiers d es cas, u n e d u p lic a E n cas d e d ia p h r a g m e s c o m p le ts , so u rc e d ’h yd ro-
tion v aginale et u té r in e est associée. c olp os d u n o u rr iss o n ou plus s o u v e n t d ’h é m a to c o l-
p o s à la p u b e r t é , elle est c e p e n d a n t n écessaire
E x trophie vésicale. — E lle surv ien t 1 fois su r 30 p o u r a p p r é c i e r alors, le r e t e n ti s s e m e n t su r l’a rb r e
à 40 000 n ais sa n c es et a tte in t m o in s s o u v e n t les fil u rin a ire .
les q u e les g arçon s.
L a vessie e x tr o p h ié e se p ré s e n te so u s la fo rm e Cloison longitudinale du vagin. — Le p rincipal
d ’u n e tu m é fa c tio n ro u g e d ’o ù s o u r d l’u rin e , a p p e in t é rê t clinique des cloisons lo n g itu d in a le s du
lée p la q u e v ésicale, qui o c c u p p e la p a rtie b asse de vagin s u r to u t lo rsq u 'elles p a r t e n t d u m assif c e rv i
la p a ro i a b d o m i n a le et c o r r e s p o n d à la p a ro i p o s cal et d u fo n d des cu ls-de-sac v a gin aux a n t é r i e u r et
té r ie u r e d e la vessie m ise à nu. C e tt e a n o m a lie p o s t é r ie u r est d ’é v o q u e r la possible existence
in téresse é g a le m e n t le col vésical et l’u r è t h r e . La d 'u n e m a l fo rm a ti o n u té r in e associée q u ’il im p o rte
vulve est p e tite avec un clitoris bifide. L ’orifice de r e c h e r c h e r t o u j o u r s p a r la p ra t iq u e d 'u n e hys-
vaginal étr o it né c e ss ite ra u n e in te rv e n tio n p lasti té r o g r a p h i e . L o rs q u e cet e x a m e n ra d io lo g iq u e
q u e d ’a g ra n d i s s e m e n t p o u r p e r m e t t r e les r a p p o r ts m e t en v e d e tt e u n e a n o m a lie m o r p h o lo g i q u e
sexuels. L es o rg a n e s g é n ita u x in te rn e s son t h a b i in t e r n e , il c o n v ie n d r a de la définir p a r u n e U . I . V . ,
tu e l le m e n t n o r m a u x m ais il existe u n e t e n d a n c e u n e cœ lio sco pie v oire u n e é c h o g ra p h i e c o m p l é
c e rt a in e a u p ro la p s u s utérin . m e n ta ir e s .
C e t t e m a l f o r m a ti o n est g rave n o n p a s sur le plan
vital m ais su r le p lan fo n c tio n n e l, en raiso n de H ém i-vagin bo rg n e. — C e ty p e spécial de cloi
l’in c o n tin e n c e to ta le p o u r les u rines. Le t r a it e m e n t s o n n e m e n t lo n g itu d in al a s y m é tri q u e du vagin
en est trè s difficile. L a ch iru rg ie d e re c o n s tru c tio n a c c o m p a g n e de façon c o n s ta n te u n e m a lfo rm a tio n
se p r o p o s e d e r e n d r e à la vessie u n e c e rt a in e c a p a u té r in e m a j e u r e :
cité, d e c o rr ig e r l’in c o n tin e n c e to u t en m a i n te n a n t
- u té r u s bicorn e-b ic erv ica l le plus s o u v e n t,
l’in té g rité d u h a u t a p p a re il u rin a ire . L es échecs
- u té r u s b icorne -bicerv ical c o m m u n i q u a n t p a r
so n t n o m b r e u x . U n e d é riv a tio n d e s urine s
fois,
s ’im p o se très s o u v e n t , soit e x te r n e à la p e a u , soit
- u té r u s c loiso nn é to tal e x c e p t io n n e ll e m e n t .
in t e r n e d a n s le re c to -sig m o ïd e .
N o u s re v e r r o n s c e tte a n o m a lie au c h a p itre des
E p ispadias. — Il est défini p a r u n e aplasie de la m a l fo rm a ti o n s u térin es.
face s u p é r ie u r e d e l’u r è t h r e , é te n d u e parfois
j u s q u 'a u col vésical. L a m a l f o r m a ti o n se tr a d u it à
l’e x a m e n p a r u n e bifidité c lito rid ie n n e et su r le A plasies vaginales avec utéru s fonctionnel. —
p lan fo n c tio n n el p a r u n e in c o n tin e n c e u rin a ire . Le D a n s les aplasies v ag inales p a rtie lles, basse,
tr a i t e m e n t p ro c u r e d es ré s u lta ts assez satisfaisants. m o y e n n e o u h a u te et d a n s les aplasies vaginales
to ta les avec u té r u s fo n c tio n n el su s -jac en t les a n o
m alies u rin aire s so nt e x c e p tio n n e lle s. P arm i les
19 cas o b s e r v é s à l ' H ô te l - D ie u de P aris, a u c u n e
a n o m a lie u rin a ire m a j e u r e n ’a é té déc elée .
M A L F O R M A T IO N S V A G IN A L E S ET
U R IN A IR E S A S S O C IÉ E S A plasies vaginales com plexes. — P arfo is, en cas
d 'a p la s ie vaginale partielle o u to ta le avec u té r u s
fo n ctio n n el su s -ja c e n t, un tr a je t fistulaire fait c o m
L a p a rf a ite re la tio n e n tr e m a l f o r m a ti o n vaginale m u n i q u e r le vagin o u l’u té r u s avec la vessie ou
et u rin a ire est d éfinie s e u l e m e n t en cas d 'h é m i- l'u r è th r e , e x p liq u a n t la s u r v e n u e d 'h é m a t u r i e s -
vagin b o r g n e : il existe en effet u n e a b se n c e c o n s c a ta m é n ia le s . 16 o b s e r v a tio n s o n t été p u b lié es
t a n t e du h a u t a p p a re il u rin a ire du c ô té ré te n tio n - d a n s la litté ra tu re . N o u s en a v o n s o b se rv é un
M A L F O R M A T I O N S D E L ’A P P A R E I L G É N I T A L E T U R I N A I R E 147
Aplasies
x
rudimentaire
L 'u téru s bicorne bicervical avec vagin p erm éa L ' U . l . V . révèle l’existenc e d a n s u n p o u r c e n t a g e
ble. L es d e u x cols n e t t e m e n t individualisés i m p o r t a n t des cas, d e m a lfo rm a tio n d u h a u t a p p a
s ’a b o u c h e n t soit au fo n d d ’un vagin u n iq u e , soit reil qui so nt le plus s o u v e n t à ty p e d ’agén ésie.
c h a cu n s é p a r é m e n t d a n s un hém i-vag in du fait de L a cœ lio scop ie m o n t r e d e u x c o rn e s u té r in e s
la p ré s e n c e d ’u n e cloison lo n g itu d in ale d u vagin. in d é p e n d a n te s , n e t t e m e n t d iv e r g e n te s , s u r m o n
L ’H . S . G . faite e n in je c ta n t s im u l ta n é m e n t le tée s c h a c u n e d ’u n e a n n e x e n o rm a le . L a s é p a r a tio n
p r o d u i t o p a q u e d a n s c h a c u n d e s cols, m e t en est p arfois a c c e n tu é e p a r la p ré s e n c e e n tr e elles
v e d e tt e : d ’un lig a m e n t v ésico-rectal sagittal qui u nit le
- 2 cavités cervicales, d ô m e vésical à la face a n té r ie u r e d u re c tu m .
- 2 défilés isth m iq u e s, D e nos jo u r s , l’é c h o g ra p h i e p e u t se s u b s tit u e r à
- 2 cavités c o r p o r é a le s d o n t les im ag es fusifor- la cœ liosco pie. E lle ex p o se en effet les d e u x c o rn e s
m es s o n t c o u d é e s , p r e s q u e à angle d ro i t, p a r r a p u té r in e s d o n t le g r a n d axe p e u t ê tr e r e t r o u v é grâce
p o r t aux cavités c e rv ico -isth m iq u es et f o r m e n t en à la cavité v irtu elle de c h a c u n e d ’elles et s u r to u t la
d iv e r g e a n t un angle o b tu s (Fig. 105). face p o s té r ie u r e de la vessie p lein e qui s ’in sinu e en
coin e n tr e les c o rn es . L a vessie p e u t d ’ailleurs se
Demi-matrices Cloisonnés p ro l o n g e r p a r un diverticu le vésical au sein d u liga
m e n t v ésico-rectal.
§ x
L ' H . S . G . p ro c u r e là aussi u n e im ag e en X c a r a c
té ristiq u e.
D a n s ce g e n re i n t e r m é d ia i r e , p a rfo is le h a u t
a p p a re il u rin a ire est n o r m a l, d ’a u tr e s fois il y a u n e
ec to p ie o u un e agé nésie u n ila té ra le .
L a c o m m u n ic a t io n est difficilem ent e x p o s é e p a r
l 'é c h o g r a p h ie , d a n s l’é ta t actu el d e la te c h n o lo g ie ,
aussi ce p ro c é d é est-il p e u utile d a n s c e tte famille
d 'u t é r u s m a lfo rm é . E n re v a n c h e , l'h y s té ro s c o p ie
p e u t fort b ien la d é c e le r e t en p réciser la taille et le
siège.
INCONTINENCE URINAIRE
DEFINITION — ET IO P A T H O G É N I E
factorielles et associent des m écanism es qui re te n La cervico-cystoptose est de loin l'aspect le plus
tissent aussi bien sur la com pétence des forces de fréq u en t 60 % des cas. Elle peut exister en station
clô tu re que sur la stabilité vésicale. d eb o u t, elle est to u jo u rs m ajo rée à l’effort. Elle
Il ap p artien t à la clinique et aux exam ens com est liée essentiellem ent à l’élongation du systèm e
p lém entaires d ’évaluer la responsabilité et les d 'am arrag e p o stérieu r (aileron viscéral com m un et
conséquences de ces différents facteurs par une ses branches d ’expansion). L 'a ltératio n des rele
ap p roche résolum ent analytique en échappant à veurs peut lui être associée mais elle y contribue
l’erre u r de g rouper les m alades dans des entités b eaucoup m oins. Le relâchem ent du ligam ent
taillées à l’em porte-pièce. p u b o -u réth ral p o stérieu r sur lequel insiste Zacha-
Les indications th érap eu tiq u es pourro n t être rin [1], jo u e égalem ent un rôle, mais il nous p ara ît
ainsi m odulées cas p ar cas en fonction de tous les secondaire à l’élongation du systèm e suspensif
élém ents du contexte. p ostérieur.
La vésicalisation de l’u rèth re p eu t relever de
deux facteurs ; soit d ’une béance liée à la faiblesse
de la m usculature lisse à ce niveau, soit à une
a ttein te du faisceau pubo-rectal du releveur et
p eu t-être des fibres pubo-coccygiennes qui ne
IN S U F F IS A N C E S S P H IN C T É R IE N N E S viennent plus assurer l’ép au lem en t de la jonction
uréthro-vésicale.
L ’o u v ertu re de l’angle uréthro-vésical p o sté
Il n ’y a pas d ’incontinence vraie sans insuffi rieu r sur lequel o nt insisté Jeffcoat et R o b erts [2],
sance sphinctérienne. l'inclinaison de l’u rèth re p o stérieu r p ar rap p o rt à
la verticale (G reen [3]), sont en fait en relation
La défaillance du m écanism e de clôture relève avec la descente du col vésical. On n'acco rd e plus
de causes m ultiples. à l'h eu re actuelle de signification p ath ogénique
La pression in tra-u réth rale au repos dim inue de d éterm in an te à ces m esures angulaires.
façon sensiblem ent linéaire avec l’âge ; cette pres Q uel que soit l'in térêt des étu d es radiologiques,
sion est dans l’ensem ble significativem ent moins il im porte de souligner qu'il n'existe aucune co rré
élevée dans les incontinences d ’effort pures que lation de p ro p o rtio n alité en tre l'im p o rtan ce des
chez les fem m es norm ales. Il existe cependant un fuites urinaires et les anom alies radiologiques.
chevauchem ent considérable en tre les deux grou Bien plus, il existe un p etit contingent d ’I.U .E .
pes ; chez les fem m es je u n es, la pression de clôture p ure d énuée de to u te anom alie radiologique, il est
varie avec la période du cycle, certaines m alades probable que dans ces cas, les facteurs in trin sè
ne p erd an t leurs urines q u ’en phase pré-m ens ques soient p rédom inants. Il est aussi possible
truelle. com m e l’o nt souligné certains, que des lésions de
Il est actuellem ent établi qu'il existe des facteurs d én ervation du systèm e autonorpe ou som atique
extrinsèques et intrinsèques dans l’étiopathogénie v iennent s’a jo u te r aux lésions m usculo-ligam entai-
de la faiblesse sphinctérienne. res co n trib u an t ainsi à m a jo rer le risque d 'u n e
a ttein te du systèm e de clôture.
Facteurs extrinsèques. Ce sont ceux qui agissent
C ertain es incontinences uréth ro -p elv iep n es
sur les forces de clôture à l’extérieur de la paroi
relèvent d ’une pathologie iatrogène. II en est ainsi
u réth rale elle-m êm e. Ils concernent au prem ier
des scléroses m utilantes secondaires aux o p é ra
chef les dégradations d eT a p p areil de soutènem ent
tions itératives pour échec th é ra p eu tiq u e ; elles
et de suspension des viscères étudiés au chapitre
figent l'u rè th re et le col vésical p ertu rb an t m ani
de l’anatom ie fonctionnelle. Ces dégradations
festem ent le m écanism e de clôture.
in téressent surtout la jonction uréthro-vésicale et
La rad io th érap ie peut égalem ent en g en d rer une
son environnem ent (incontinences uréthro-pel-
sclérose u réth rale et p éri-u réth rale ayant les
viennes).
m êm es effets. Elle peut aussi e n tra în e r une cystite
D eux aspects radiologiques reflètent ces d été
riorations anatom iques : radique et une instabilité vésicale.
D ans ces incontinences uréth ro -p elv ien n es on
- la cervico-cystoptose, constate que le gradient positif de sécurité u rèth re-
- la vésicalisation du 1/4 su périeur de l’urèth re. vessie s’effondre à l’effort.
Ils sont détaillés l’un et l’au tre au chapitre trai T o u t se passe com m e si les à-coups de pression
tan t du colpocystogram m e dans l’I.U .E . (voir abdom inale n ’étaient pas in tégralem ent transm is à
page 171). l’u rèth re supérieur. L orsque d ’une p art ce défaut
INCON TIN ENC E URINAIRE 157
n ente. Ils p erm e tte n t tout au plus de p roposer cer p ar en tre ten ir des troubles statiques d ont l’ex p res
taines explications à des situations variables et sion clinique et radiologique sera de plus en plus
com plexes. a p p a ren te .
U n au tre facteur peu t égalem ent en tre r en ligne C ertain es conditions physio-pathologiques m et
de com pte : l’existence d ’une contraction réflexe ten t à rude épreuve le m écanism e de clôture. Il en
im m édiate des releveurs et du sphincter strié lors est ainsi de l’excès p o n d éral, d ’une ch a rp en te co r
des brusques à-coups d'hyperpression abdom inale porelle particulière ou de certaines affections res
tels les efforts de toux. C ette contraction p araît pirato ires. A l’o pposé, il est des anom alies a n a to
bien corro b o rée par une augm entation de l’activité m iques acquises qui p euvent venir ép au ler un
électro-m yographique de ces m uscles. Ce réflexe m écanism e défaillant :
est lié sans d oute à leur activité proprioeeptive - Soit dans le dom aine des prolapsus : cham bre
secondaire à l’étern u em e n t, pouvant expliquer les d ’expansion d ’une cystocèle, poche de rectocèle,
hypertransm issions. hystéroptose. Les coudures u réth rales souvent en
H eid ler [7] a m ontré que la transm ission à rap p o rt avec une volum ineuse cystocèle peuvent
l’u rèth re d ’un à- coup de pression abdom inale est aussi e n tra în e r une dysurie m asq u an t l’inconti
intégrale dans l’u rèth re proxim al, elle ap p a raît nence (Fig. 109. 110, 111, 112).
m axim ale au niveau de 1/3 m oyen co rrespondant - Soit dans celui de la pathologie u térin e : com
à la région du sphincter strié p o u r ch u ter ensuite pression de l’u rèth re p ar le col d ’un u téru s ou d ’un
b ru talem ent. fibrom e rétro v ersé, m yom e isthm ique.
Ce phénom ène peu t être in terp rété com m e la
p reuve d ’une contraction réflexe com plém entaire. Facteurs intrinsèques. D es facteurs intrinsèques
C hez les fem m es incontinentes p ar attein te du interv ien n en t égalem ent. Ils agissent au sein
m écanism e de clô tu re, le taux de transm ission m êm e de la paroi u réth rale :
d écro ît régulièrem ent, et le pic norm al en zone - épithélium de b o rd u re,
sphinctérienne n ’ap p a raît pas, com m e si le m éca - m usculature lisse,
nism e réflexe était défaillant du fait de la d é té rio - fibres élastiques et collagènes,
ration du plancher pelvien. - réseau vasculaire sous-m uqueux.
C ertaines études vidéo-cysto-uré;hrographiques
- T o u tes les étiologies qui agissent sur ces stru c
o n t mis en évidence chez les incontinentes une
tu res p euvent m odifier l’efficacité du m écanism e
béance p erm an en te ou transitoire de la p artie
de clôture. Ce sont :
h au te de l’u rèth re, identique en fait aux aspects de
vésicalisation du colpocystogram m e. C ette béance - des facteurs horm onaux :
de l’u rèth re supérieur rend ce segm ent non fonc
tionnel. Les forces de pression qui s’exercent au
niveau vésical sollicitent alors directem ent le
m écanism e distal : sphincter strié et plancher pel
vien. O n conçoit dans ces conditions que celui-ci
se laisse beaucoup plus facilem ent forcer s'il est
affaibli. La cause prem ière de la faiblesse du
m écanism e de clôture chez la fem m e je u n e est
essentiellem ent d ’o rd re obstétrical : la m ultiparité,
les gros poids de naissance, un tem ps de travail
pro lo ngé, une déchirure intéressant les releveurs,
des m anœ uvres instrum entales laborieuses, sont
au tan t de facteurs jo u a n t un rôle essentiel dans le
d éterm inism e, tant des prolapsus vaginaux que
des incontinences d ’effort d ’origine uréthro-pel-
vienne.
U n certain nom bre de fem m es p résen ten t une
I.U .E . en fin de grossesse ou dans les suites de
couches. La plupart récupèrent suffisam m ent leur
continence ou leur statique viscérale. M algré to u t,
ch aq u e grossesse provoque des dégradations
m ineures du systèm e suspensif et de soutènem ent Fig. 109 — La chambre d'expansion d'une cystocèle vient
qui s’additionnant les unes aux au tre s, finissent masquer une incontinence urianire d'effort « potentielle ».
INCONTINENCE URINAIRE 159
l'inconfort ressenti sous réserve de quelques v aria Les sténoses m éatiques et sus-m éatiques sont
tions dans les lim ites du physiologique. certain em en t susceptibles d ’e n tra în e r des troubles
La plupart des instabilités vésicales ne peuvent fonctionnels, pollakiurie, urgence m ictionnelle.
être d ém ontrées q u ’en cystom étrie, après des tests L’auth en ticité d ’une instabilité vésicale vraie est
provocatifs. plus p ro b lém atiq u e.
Inv ersem en t, il faudra to u jo u rs p enser à rech er
cher un obstacle à l’écoulem ent dans les instabili
tés vésicales qui ne font pas leur preuve.
Etiologie C es obstacles à l’écoulem ent au cours desquels
un dysfonctionnem ent vésical est susceptible de se
- L ’existence d ’une instabilité vésicale im plique m anifester, p euvent relever d ’au tres étiologies :
d 'en rechercher la cause et d'ex p liq u er le m éca - com pression de l’u rèth re ou du col vésical par
nism e des fuites urinaires d ont elle est responsa un élém ent de prolapsus, p ar le col utérin d ’un
ble. utérus rétro -v ersé, par un fibrom e sous tentoriel
- Bien des instabilités vésicales pourraien t ou intra-vaginal.
ap p a ra ître com m e prim itives. Il sem ble en fait que - facteurs chirurgicaux iatrogènes, tels que :
l'altératio n des m écanism es inhibiteurs puisse être • hypercorrection d 'u n e cervico-cystoptose,
liée à une pathologie constitutionnelle ou acquise • effet fronde in ad éq u at, en tra în a n t une inci-
des contrôles réflexes ou volontaires (J.M . B uze sure trigonale ou une co udure u réth rale.
lin [8]). - La prise de certains m édicam ents agissant sur
Il est possible que certains stim uli qui déclen le systèm e nerveux au to n o m e peu t m odifier le
chent chez l'enfant des contractions vésicales p er co m p o rtem en t vésical. Il en est ainsi des bêta-blo-
sistent ou réapparaissent chez l'adulte. Trois qu an ts qui favorisent les contractions du détru so r.
enfants sur q u atre conservent à l'âge adulte une - D e m êm e que pour les incontinences p ar fai
vessie mal inhibée (W hiteside [9]). blesse du m écanism e de clô tu re, les altératio n s
séniles des tissus et de la neuro-transm ission p eu
- A insi une pathologie loco-régionale peut
vent favoriser l'instabilité vésicale qui est fré
jo u e r le rôle d 'u n e épine irritative et déclencher
q u en te chez le vieillard où les fausses in co n tin en
des stim uli qui norm alem ent devraient être inopé
ces des m ictions p ar reg o rg em en t, liées à une
rants. S’il est logique de tra ite r quand on les
insuffisance m usculaire ou à une parésie vésicale,
déco u vre, ces causes locales, on ne peut pas to u
ne sont pas exceptionnelles. E lles en tra în en t une
jo u rs affirm er leur responsabilité et encore m oins
dyssynergie vésico-sphinctérienne.
p réten d re guérir le fond d ’instabilité co nstitution
nelle.
Les troubles du com portem ent vésical peuvent
donc être induits par une pathologie provocatrice : Instabilités psychogènes
• Infection vésico-uréthrale. — C ystites, trigo- O n désigne sous ce term e des instabilités secon
nites jo u e n t p robablem ent un rôle dans la genèse daires à des stim uli variés :
de l’instabilité. Ce rôle est différem m ent apprécié. Stimuli sensoriels. D es besoins im périeux d 'u ri
Il est de fait que l’on retrouve fréquem m ent ces ner surviennent chez certaines personnes
conditions dans l'anam nèse des troubles cliniques. lo rsq u ’elles sont au contact de l’eau froide ou
Les états inflam m atoires peuvent laisser une q u ’elles atten d e n t d eb o u t dans le froid ou encore à
hypersensibilité vésicale susceptible d ’être à l’o ri l’occasion de la perception d ’un écoulem ent d ’eau
gine d ’une instabilité. C e p en d a n t, il ne faut pas etc.
s’atten d re à des corrélations constantes en tre les Ces stimuli sensoriels sont transm is au cortex
an técédents infectieux ou inflam m atoires, les frontal d ’où sont ém is les ordres m oteurs. Ces
signes endoscopiques et l’existence d ’une instabi p h én o m èn es s’assim ileraient à une h yperréflecti
lité vésicale authentifée p ar la cystom étrie. vité corticale.
La responsabilité de la pathologie uréthrale
dans l’instabilité vésicale n ’est pas n ettem en t é ta Stimuli émotionnels. Ceux-ci :frayeurs, orgasm e
blie. ou su rto u t fou rire (giggle incontinence) sont sus
Le syndrom e u réthral (voir page 96), n ’est pas ceptibles d ’e n tra în e r une véritable miction incon
en principe facteur d ’instabilité, sa traduction trôlable im pliquant l’in tervention du systèm e lim-
m an o m étrique est différente. bique.
INCONTINENCE URINAIRE 161
Stimuli psychogènes. Ils sont en rapports avec M écanism e de l'in co n tin en ce dans l'instabilité
des situations psychologiques de la vie sociale ren vésicale.
d an t la p atiente consciente, voire responsable du
L 'instabilité vésicale n'im plique pas une d é p e r
d éclenchem ent de sa m iction.
dition d 'u rin e . Pour que celle-ci puisse avoir lieu,
C ’est l’obsession d'av o ir une urgence m iction il faut que le gradient uréthro-vésical s’inverse, ce
nelle incontrôlable dans une situation inadaptée : qui im plique que dans un tem ps p réalab le, la co n
à l’occasion d ’un exam en, d ’un interrogatoire. traction de d étru so r doit être accom pagnée ou
Parfois m êm e la p atiente est véritablem ent condi im m édiatem ent suivie d ’une relaxation u réth rale
tionnée par des situations répétitives induisant une et d ’une infundibulisation trigonale. T o u te la res
fuite incontrôlable p ar exem ple en ne trouvant pas ponsabilité active de la co n tinence est alors
assez vite le trou de serrure p o u r ren trer chez confiée au seul sp h in cter strié d o n t la contraction
elle... volontaire p erm et de gagner les q u elques cen tim è
D ans certains cas de m auvaises habitudes m ic tres d ’eau p o u r éviter la fuite to u t en inhibant la
tionnelles peuvent s’établir, voire p rendre le m as contraction du d étru so r. M algré to u t le sphincter
que de l'organicité. strié est fatigable et si une telle situation précaire
L 'analyse des faits peut être difficile à déb ro u il se renouvelle ou se p rolonge, le m écanism e de
ler lo rsqu’il existe en m êm e tem ps un fibrom e, un clôture sera pris en défaut.
prolapsus, une incontinence urinaire d ’effort. Les La fuite d 'u rin e est rarem en t le fait d 'u n e con
m alades attrib u en t systém atiquem ent leur statut traction vésicale d 'am p litu d e excessive forçant le
m ictionnel à la m oindre pathologie pelvi-périnéale sphincter. B eaucoup plus souvent elle survient
que l’on p o u rra it leur découvrir. La pollakiurie après une contraction d 'am p litu d e m o d érée, le
des incontinentes d ’effort est en fait souvent m oti sphincter oppose une réponse trop tard iv e, tro p
vée p ar la te rre u r de perdre leurs urines à un faible ou irrégulièrem ent soutenue p o uvant p re n
m om ent inapproprié. dre la form e d 'u n e véritable instabilité u réth rale.
R arem en t une insuffisance m usculaire du
sphincter strié est en cause, plus souvent il s’agit
d 'u n e anom alie fonctionnelle qui peu t bénéficier
d'exercices rééducatifs.
BILAN CL INIQUE
Les d éperditions d ’urine dont la survenue n ’est - en faisant co lo rer les urines, et en co ntrôlant
pas systém atiquem ent liée à la notion d ’effort, tr a les garn itu res au bout de 24 h eures,
duisent le plus souvent, mais non exclusivem ent, - en pesan t les serviettes im bibées pen d an t la
une anom alie de com portem ent de d étru so r dont m êm e p ério d e,
les contractions plus ou m oins anarchiques éc h ap - en reco u ran t à un procédé électronique
pen t aux m écanism es inhibiteurs centraux. Ces (U rilo-T est). O n fait p o rter par la p atien te, des
fuites se produisent plus volontiers à vessie pleine, garn itu res en cellulose co n ten an t un électrolyte
à l’occasion de circonstances variables et presque sec. Ces g arn itu res sont traversées par des rubans
to u jo u rs m u ltip les: changem ent de position, pas d'alum inium . L orsque la g arn itu re est im prégnée
sage à la position d eb o u t, m arche plus ou moins d 'u rin e , la résistance électrique du milieu est
rap ide, station d ebout prolongée. m odifiée. Celle-ci est convertie électro n iq u em en t
C ertains stim uli psychosensoriels peuvent agir en millilitres et le volum e p erd u s’inscrit sur l’e n re
en tant que facteurs déclenchants : froid, bruit, gistreur. P en d an t le test, la p atien te doit effectuer
écoulem ent d ’eau peuvent déclencher des besoins un certain nom bre d ’exercices physiques, qui, à
pressants suivis de fuite. l’état habituel devraient p ro v o q u er une d ép erd i
Les d éperditions d 'u rin e survenant après des tion d 'u rin e. S tanton et R itchie [10] ont pu ainsi
ém otions vives : rire ou frayeur paraissent plutôt d ém o n trer l'au th en ticité de fuites urinaires qui
induire de véritables m ictions ayant soudainem ent n 'av aien t pas été détectées à l'exam en clinique.
échappé au contrôle volontaire.
D ’une m anière générale, les fuites provoquées
p ar des contractions vésicales succèdent à des Les tro u b les m ictionnels associés. — La fré
besoins pressants, soudains et incontrôlables. quence m ictionnelle doit être précisée : nom bre
Elles s’accom pagnent habituellem ent d 'u n e polla ap proxim atif de m ictions diurnes et nocturnes.
kiurie diurne et nocturne (nycturie). O n peut aussi, arb itra ire m e n t, con sid érer qu'il y
Ces fuites peuven t être égalem ent déclenchées a pollakiurie, lorsque la périodicité diurne est infé
p ar un effort : toux, p ar exem ple. M ais dans pareil rieure à deux heures ou qu'il y a plus d ’une m ic
cas, elles sont décalées dans le tem ps de plusieurs tion nocturne.
secondes. Les m odalités m ictionnelles doivent être préci
sées : aspect du je t, volum e ém is, facilité de la m ic
tion, im pression ou non de vidange incom plète.
N U M E R O D E D O S S IE R S :_____________________________
A fin de ré d ig e r c o rre c te m e n t ce fo rm u la ire , vous ête s invitée
à rem p lir le q u e stio n n a ire suivant ch aq u e fois que vous
u rin ez, y com pris les m ictions n o c tu rn e s. U tilisez un fo rm u
laire p a r p é rio d e de 24 h eu res.
Dans la première colonne : L 'h e u re à laquelle vous allez aux
to ile tte s, aussi bien la nuit que le jo u r.
Dans la deuxième colonne : L es in terv alles e n tre les m ictions.
Dans la troisième colonne : La q u a n tité en ml d ’urine que
vous avez évacuée.
Dans la quatrième colonne : L ’h e u re à laquelle vous avez
p e rd u des urines. N otez ég alem e n t si vous ê te s sèche ou
m ouillée au m o m en t de vous re n d re au W .C .
Appréciation de la capacité fonctionnelle de la Les corrélatio n s en tre les circonstances des fui
vessie. Les fem m es ayant une incontinence u ri tes urinaires et les m écanism es path o g én iq u es qui
naire d ’effort p u re, peuvent gard er et évacuer des d evraient les p ro v o q u er ne sont pas to u jo u rs p a r
volum es norm aux d ’urine, c’est-à-dire 500 à faites, ainsi que nous l’a m ontré W hiteside [12]
600 ml la nuit et 300 à 400 ml le jo u r. Les fem m es dans une étu d e très docu m en tée. D e cette étu d e, il
ayant une incontinence liée à un défaut d ’inhibi ressort que :
tion évacueront des volum es beaucoup plus petits, - la p ro p o rtio n , de loin la plus im p o rtan te des
inférieurs à 200 ml. sujets exam inés accusant une incontinence par
La sévérité de l'incontinence n ’est pas tou jo u rs urgence m ictionnelle, avec ou sans fuite à l’effort
en relation avec le degré de rem plissage vésical. associée, ap p arten ait au groupe des d étru so rs ins
Les m alades ayant une incontinence urinaire tables.
d ’effort pure seront incontinentes seulem ent le - parm i les m alades assurant p erd re leurs urines
jo u r quel que soit le niveau de rem plissage vésical. u n iq u em en t à l’effort sans aucune pollakiurie ni
Les p atientes qui sont incontinentes la nuit, ou qui besoins im périeux :
ne le sont que lorsque la vessie est pleine, ont vrai • les 2 /3 avaient un d étru so r stable,
sem blablem ent tin défaut d ’inhibition. . 1/3 avaient un d étru so r instable p résen tan t
des contractions anorm ales.
Le volume excrété. Il arrive que certaines m ala Sous un au tre angle, les taux d 'e rre u r des c o rré
des absorbent une q uantité exagérée de liquides et
lations avec la sym ptom atologie fonctionnelle sont
p résen ten t une pollakiurie en raison d ’une
de 10 % p o u r les vessies stables et de 20 % pour
augm entation de l’excrétion urinaire plutôt que du
les vessies instables.
fait d ’une capacité vésicale dim inuée. D ’autres
En se basant sur la seule clinique, et en
peuvent avoir une capacité fonctionnelle sans
l’absence de to u te exploration uro-dynam ique
besoins fréquents parce q u ’elles restreignent
co m p lém en taire, on p eu t conclure que :
v o lo n tairem ent leur ap p o rt liquidien.
L ’in térêt m ajeur de tenir ce bilan p endant une - d ans une incontinence d 'effo rt p u re, sans
sem aine est q u ’il ap p o rte des renseignem ents clini aucun signe urinaire d ’acco m p ag n em en t, l’indica
ques objectifs. Souvent les renseignem ents tion o p érato ire est p resque to u jo u rs licite et les
recueillis par l’interrogatoire et le bilan m ictionnel résultats en général en co u rag ean ts, m ais lorsque
sont en discordance. T rès souvent, les m alades les fuites ne sont pas systém atiquem ent liées à
elles-m êm es, sont surprises par le contraste qui l’effo rt, il faut crain d re une instabilité vésicale
existe entre la description des sym ptôm es q u ’elles associée à la défaillance du m écanism e de clôture
ép ro u v ent et les élém ents précis qui au ro n t été et dans ce cas, le taux d ’échec après la chirurgie est
rédigés. b eaucoup plus élevé.
164 INCON TIN ENC E URINAIRE
- chez les m alades non encore o pérées accusant soit sous form e d 'u n filet d 'u rin e , soit sous celle
des fuites urinaires, il est donc possible, dans une d 'u n je t plus ou m oins puissant.
large m esure, de reco n n aître leur m écanism e par Si cet essai est infructueux, il sera rép été après
la seule clinique. les m êm es m anœ uvres, la m alade d eb o u t, jam b es
éc arté es, puis en position accroupie.
Si la fuite urinaire ne s'o b jectiv e pas, celle-ci
Antécédents peut être parfois déclenchée à la m arche, au cours
de sautillem ents sur place ou au cours de passages
L ’étude des antécédents sera reprise pour y
rapides et rép étés de la position accroupie à la
rech ercher certains élém ents significatifs :
position d eb o u t. D es fuites d ’urine au cours de ces
- énurésie in fan tile: W hiteside [12] a retrouvé exercices év o q u ero n t plus volontiers une instabi
71 % d 'instabilité du d étru so r chez les fem m es lité du d étru so r q u 'u n e insuffisance sphincté
én u rétiques dans leur enfance ; rien n e, su rto u t si l'incontinence ne s’est pas révé
- infections urinaires récidivantes pouvant lée au cours d 'u n e poussée én erg iq u e, ceci
engager des recherches à visée étiologique (an té d 'a u ta n t plus que la fuite urinaire ap p a raîtra d éca
cédents néphrologiques, m alform ations du tractus lée d ans le tem ps, p ar rap p o rt aux m anœ uvres
urinaire) ; provocatrices.
- affection rachidienne trau m atiq u e, congéni
tale ou acquise en pren an t en com pte les disco-
p athies ; E xam en pelvi-périnéal. — Les tégum ents de la
- m aladie neurologique m édullaire ou en cép h a région vulvaire et p érinéale peuvent être irrités
lique (sclérose en plaque, P arkinson, accident vas p ar la m acération urinaire.
culaire cé réb ral, etc.) pouvant rete n tir sur le Le m éat u réth ral est parfois o u v ert, soit au
m écanism e m ictionnel ; repos, soit à l'effo rt, il est souvent hum ide, rouge
- notions de facteurs ém otionnels ou dépressifs et peut p résen ter un ectropion m uqueux.
pouvant e n tra în e r des cystopathies fonctionnelles. O n palp era l’u rèth re par voie vaginale. Le
La prise de certaines drogues diurétiques m odifi conduit doit être no rm alem en t indolore et à peine
catrices du systèm e nerveux au to n o m e, ou an ti perceptible.
dépressives, doit aussi être recherchée. La recherche d ’une fibrose cicatricielle est su r
tout à préciser chez les poly-opérées par voie
Les antécédents chirurgicaux sont essentiels à
basse. O n peut tro u v er une paroi vaginale a n té
co n n aître :
rieure rétrac té e, des brides ou blocs scléreux qui
• u ro lo g iq u es: sténose u réth rale, lithiase,
peuvent figer l'u rè th re et le col vésical.
tu m eurs vésicales, etc.
On recherchera des signes d'infection génitale et
• gynécologiques : interventions parfois itérati
on ap p réciera surtout chez les fem m es m énopau-
ves p our prolapsus ou incontinence.
sées le degré de trophicité des m uqueuses. U n ex a
Certains antécédents médicaux : d iab ète, psycho- men de la flore vaginale doit être effectué au
p athies, affections rachidiennes, etc. doivent éga m oindre doute.
lem ent être pris en com pte. Si la palpation de l'u rè th re p rovoque un besoin
d 'u rin e r ou si l'u rè th re est épaissi et d ouloureux,
la possibilité d 'u n e infection u réth rale chronique
pro b ab lem en t infectieuse, doit être évoquée.
Examen physique N ous n 'accordons q u 'u n e valeur très relative
aux tests d ’efficacité de la réduction de l'in co n ti
R echerche de l'in continence. — La patiente nence p ar la rem ise en place du col vésical par
doit être exam inée à distance de la d ernière m ic deux doigts, chevauchant l'u rè th re (test de Bon-
tio n , 2 ou 3 heures si possible. Si la miction est ney [13]) car tro p en tachés d 'artéfac ts par co m
tro p récente, et les fuites non objectivées, il fau pression indirecte de l'u rè th re. B éthoux [ 14] a p ro
d ra, ou bien rem plir la vessie de sérum physiologi posé, p o u r obvier à cet inconvénient, le refo u le
que (200 m l), ou refaire l’exam en dans de m eilleu m ent des culs-de-sac latéraux du vagin p ar les
res condition. extrém ités tam p o n n ées d ’un clam p courbe.
O n te n tera de m ettre en évidence les fuites, La recherche d ’une incontinence m asquée par
d ’ab o rd , en position gynécologique, en dem an tout élém ent de prolapsus est essentielle. Il peut
dan t d ’effectuer un effort gradué de poussée ou de s'agir to u t aussi bien de la ch am b re d ’expansion
toux. E n cas d ’I .U .E ., la fuite urinaire s'objective d ’une cystocèle q ue d 'u n e colpocèle p o stérieu re.
INCONTINENCE URINAIRE 165
N égliger cette recherche est une faute grave et l’intérêt d 'u n tel d ocum ent inclus dans le dossier
expose à bien des échecs (Fig. 104 à 112). de la p atien te.
Il revient égalem ent au clinicien de vérifier
l’absence de résidu post-m ictionnel et d'effectu er C O N C L U S IO N S
ou de d em an d e r un prélèvem ent d 'u rin e en milieu
de m iction, pour une recherche bactériologique.
Le bilan clinique ap p o rte une b onne p réso m p
L ’exam en pelvien p ar le toucher vaginal et le
tion diagnostique et perm et de sélectio n n er un
to u ch er rectal vérifie l’absence de to u te masse pel
contingent de m alades ayant tous les signes d 'u n e
vienne susceptible d ’in terférer sur le m écanism e
incontinence urinaire d 'effo rt p u re, et une au tre
de la continence urinaire.
catégorie de sujets qui ont to u tes les chances
d'av o ir un co m p o rtem en t vésico-uréthral p ath o lo
E xam en abdom inal. — La palpation de la gique.
région hypogastrique ne doit révéler aucun globe Les étu d es uro-dynam iques et radiologiques
vésical, elle ne doit pas être douloureuse et ne doit viendront en général confirm er ces présom ptions.
pro v o q u er aucune gêne, aucun besoin d 'u rin e r. C e p en d a n t, certaines instabilités vésicales to ta
La palpation des fosses lom baires doit être indo lem ent insoupçonnées o nt pu être révélées p ar des
lore et ne révéler aucune masse. tests provocatifs en uro-dynam ique. E lles peuvent
O n term inera par un : en tre r en ligne de com pte dans l’indication th é ra
peutique.
E xam en général. — A ppréciation de la ch ar M ais le fait dom in an t est q u 'u n grand nom bre
pen te corporelle et surtout de l’obésité. d 'in co n tin en tes ont une sym ptom atologie clinique
am biguë où l’on reco n n aît à la fois des signes évo
quant la faiblesse sphin ctérien n e et d 'a u tre s évo
U n bilan neurologique som m aire est une sage qu an t l’instabilité du d étru so r, q u ’il y ait ou non
précaution en fin d ’exam en. Il est rare de décou un prolapsus associé.
vrir une n eu ro p ath ie chez une fem m e consultant L’étu d e urodynam ique va nous révéler que dans
pour des troubles urinaires en consultation de ce co n tin g en t, la preuve d ’une instabilité n'est pas
gynécologie, m ais sa m éconnaissance peut aboutir to u jo u rs faite.
à des catastro p h es thérapeutiques. L’indication de la chirurgie chez ces m alades
Q uelq ues explorations sim ples peuvent m ettre doit être trè s p ru d en te . Il est logique de traiter
sur la voie d 'u n e n eu ro p ath ie intéressant : d 'ab o rd l'instabilité par des m oyens m édicaux et
- les racines S2 à S4 qui sont concernées dans de ne recourir à la chirurgie q u 'ap rès échec du
l’innervation du bas appareil urinaire ; traitem en t m édical. Les m alades doivent être
- la recherche d ’une anesthésie périnéale (S2) averties si l'indication o p éra to ire est finalem ent
ou d 'u n e anesthésie en selle (SI et S2) ; posée, que la récession de la sym ptom atologie u ri
- la recherche du reflexe clitoridien (constric- naire risque de ne pas être com plète.
tion du bulbo et de l'ischio-caverneux) et du U n prolapsus associé p o u rrait, p ar le m écanism e
réflexe ano-cutané ; de distorsions u réth ro -trig o n ales, induire th é o ri
- en cas de doute ou d 'an té cé d en ts neurologi quem en t une instabilité. M alh eu reu sem en t,
qu es, un exam en en milieu spécialisé est indispen l'expérience prouve que dans la grande m ajo rité
sable. des cas, la part des troubles urinaires relevant d'un
Les données recueillies par l'in terro g ato ire et co m p o rtem en t anorm al du d étru so r d em eure
l'an am n èse seront consignées dans un planning inchangée après les traitem en ts des prolapsus et
com m un aux prolapsus vaginaux et aux inconti des I.U .E . Parfois la situation se trouve aggravée.
nences urinaires. L 'expérience nous a m ontré Il est cep en d an t des exceptions.
166 INCONTINENCE URINAIRE
EX P L O R A T IO N S C O M P LÉM E NTAIRE S
Les renseignements de l'examen urodynamique urodynam iques. Il faut p ro céd er d ’une m anière
analytique, en étu d ian t les forces d ’expulsion et de
C onfirm er ou déceler l'instabilité vésicale. — reten u e.
L ’étude des corrélations en tre la sym ptom atologie
Les forces d ’expulsion. Plus que l’existence des
fonctionnelle (pollakiurie, im périosité) et les d o n contractions désinhibées, c’est leur am plitude et
nées cystom anom étriques (contractions désinhi
leur d u rée q u ’il im porte de co n n aître. T ous les
bées) m ontre des divergences dans 10 à 20 % des
interm édiaires existent en tre des vessies hypercon-
cas) ; la cystom anom étrie découvre plus souvent
tractiles d éveloppant p en d an t plusieurs m inutes
une instabilité non soupçonnée q u ’elle ne récuse des contractions de 100 cm d ’eau ou plus, et des
une instabilité évoquée sur les données de l’in ter
vessies faibles bien q u ’instables incapables d ’éle-
rogatoire. Faut-il en conclure que la clinique est ver la pression à plus de 20 cm d ’eau (Fig. 113).
parfois trom peuse ? N ous n ’en som m es pas
A l’extrêm e les fuites en jet in d ép en d an tes de
convaincus car la cystom anom étrie n 'a pas dans ce tou t effo rt, ne co rresp o n d an t à aucune m odifica
dom aine une m eilleure objectivité ; elle enregistre
tion du tracé cy stom anom étrique, évoquent l’ins
à un m om ent donné des événem ents de nature tabilité u réth rale qui p o u rra être confirm ée par
réflexe et psychogène très influencés p ar les condi l'u réth ro -cy sto m an o m étrie. L 'existence ou non
tions de l’exam en. En cas de discordances, il faut
d 'u n e incontinence d ép en d alors de la qualité de la
reco n v o q uer la patiente après lui avoir dem andé
réponse sp hinctérienne. C ette analyse perm et de
de bien analyser ses sym ptôm es pour être en se ren d re com pte q u e, si le sym ptôm e est le m êm e
m esure de discerner tou tes les subtilités d'u n ques
(incontinence par im périosité), les conditions u ro
tionnaire q u ’elle n ’a pas tou jo u rs saisies lors du
dynam iques peuvent être très différentes et les
p rem ier in terrogatoire. Si la contradiction persiste
options th érap eu tiq u es égalem ent.
il est p référable de conclure provisoirem ent à l'ins
Q u'il existe ou non une instabilité il faut p o rter
tabilité et de m ettre en ro ute un traitem en t sym p
la m êm e atten tio n à la qualité contractile du d é tru
to m atiq u e d ’épreuve. sor p en d an t la m iction, au besoin par un « stop
test » (voir p. 73). U ne vessie qui a conservé une
A nalyser les facteurs de continence et de dysu bonne contractilité sera capable de su rm o n ter
r i e . — C ette expertise de l’équilibre vésico-sphinc- l'obstruction q u 'e n tra în e inévitablem ent bien q u 'à
térien est la véritable raison d 'ê tre des exam ens des degrés variables l’intervention chirurgicale.
IL
PRE SS IO N RECTALE
yv_.
DÉB IT
168 IN CONTINENCE URINAIRE
sion u réthrale sur le profil. P ar contre, la dysurie m ent analytique qui m ène à des indications mieux
qu'ils en tra în en t est aisém ent identifiable par la réfléchies. A insi, en m atière d ’incontinence
d éb itm étrie ; un débit faible alors que la contracti s'ap erço it-o n q u 'à des situations cliniquem ent
lité vésicale est norm ale ou m êm e excessive tém o i identiques p euvent co rresp o n d re des conditions
gne o b ligatoirem ent d 'u n e obstruction. u rod y n am iq u em en t différentes p ar la natu re et
l'im p o rtan ce des facteurs en cause. Inversem ent
L'analyse urodynamique des facteurs d 'in co n ti des conditions u rodynam iquem ent com parables
nence fait ap p a raître que s’il existe bien des incon peuvent être retro u v ées dans des situations p a th o
tinences « d 'effo rt pures » caractérisées unique logiques ap p arem m en t sans rap p o rt ; la jeu n e fille
m ent p ar un défaut de transm ission et des inconti qui p résen te un syndrom e de la q u eu e de cheval à
nences p ar im périosité « exclusives » avec des con
la suite d 'u n e fracture lom baire et la fem m e âgée
tractions de forte am plitude et une résitance qui perd ses urines n ’o nt d 'u n point de vue clini
sphinctérienne élevée, la plupart du tem ps l’incon
que rien de com m un si ce n ’est l'incontinence p e r
tinence est liée à l'addition de plusieurs facteurs. m an en te ; elles p euvent p artag er le m êm e éq u ili
Les Fig. 116, 117, 118 en fournissent l'illustration. bre urodynam ique si l'u n e et l’au tre , o nt p o u r des
raisons différentes, une vessie acontractile et un
L 'indication des exam ens urodynam iques. — tonus sphinctérien effondré.
L 'in terro g ato ire et l’exam en clinique suffisent La d éb itm étrie, la cystom anom étrie et le profil
p o u r identifier l’événem ent qui provoque la fuite, u réth ral fournissent l’essentiel des renseignem ents
c’est-à-dire l'effort ou le besoin urgent ; cela n'est souhaités. U n lab o rato ire bien e n tra în é doit p o u
pas suffisant pour individualiser deux types voir les réaliser en un peu plus d 'u n e dem i-heure
d'in co n tinence ; la fem m e qui perd ses urines en chez une p atien te am b u lato ire. Ces tests sont sans
toussant éprouve parfois quelques difficultés à les danger. Par co n tre, ils exigent de la part de ceux
reten ir quand elle perçoit le besoin d 'u rin e r. Le qui les réalisent non seulem ent un m atériel conve
but des exam ens urodynam iques n'est donc pas de nable, mais su rto u t une longue expérience.
vérifier ces im pressions cliniques, m ais de rem pla A la question faut-il réaliser ces exam ens chez
cer une dém arche em pirique qui conduit à des to u te fem m e in co n tin en te, certain s rép o n d ro n t
recettes th érap eu tiq u es p ar une approche résolu q u'ils n 'en voient jam ais l'in té rê t, d 'a u tre s q u ’ils
PRESSION
I
DEBIT
Fk;. 116 — La cystomanométrie montre des contractions désinhibées d ’une amplitude de 50 cm d eau, entraînant cha
que fois des fuites en jet malgré la contraction du sphincter strié. Le profil u ré th n l m ontre un tonnus correct au repos
(A) (P.C. = 116 cm d'eau), non amélioré par l’effort de retenue (B), et un défaut de transmission complet a la toux ((_).
INCONTINE NCE URINAIRE
E.M.G.
1 2 0 cm H2 0
PRESSION RECTALE
1 5 ml /s
DEBIT
F i g . 117 — La cystomanométrie montre une instabilité vésicale avec des contractions de faible amplitude (25 cm d'eau)
et des fuites en jet. Le profil uréthral m ontre, au repos (A) une pression de clôture très basse (36 cm d ’eau), s'am élio
rant peu à l'effort de retenue (B) et un défaut de transmission à la toux (C) (30 % ).
PRESSION VESICALE
1 20 cm H 2 0
PRESSION RECTALE
I 5 ml / s
D EBIT
F ig . 118 — Cystomanométrie normale , sans contractions déshinibées. La miction est déclenchée par une contraction
vésicale d’assez faible amplitude (30 cm d’eau). Le débit maximum est à 20 m l/s. Le profil uréthral au repos (A ) mon
tre une pression de clôture correcte (80 cm d’eau), non améliorée par l'effort de retenue (B). La transmission est très
mauvaise (C) (20 % ).
INCONTINENCE URINAIRE 171
T R A IT E M E N T D E L’INCO NTINEN CE U R I N A I R E
Les traitem en ts de l’incontinence urinaire chez Certaines règles d'hygiène sont égalem ent à
la fem m e sont m ultiples, les uns sont d ’ordre reco m m an d er :
m édical, les autres font appel à différents procédés • to ilette vulvaire q u o tid ien n e à l'eau pure sans
chirurgicaux qui s’adressent avant tout aux incon additif,
tinences essentiellem ent liées à l’effort. • s’ab sten ir de collants tro p étro its,
L ’analyse d ’un grand nom bre de dossiers et la - p référer les sous-vêtem ents am ples en coton,
réflexion qui en découle, e n tra în e n t la conviction - le linge de corps doit ê tre lavé au savon pur
q u ’il s’agit d ’une pathologie m ulti-factorielle. Il sans d éterg en t, ni adoucissant synthétique.
existe des élém ents étiologiques com m uns aux
deux m odes d ’expression clinique.
A insi les causes de certaines faiblesses du m éca Les uréthrites trophiques
nism e sphinctérien peuvent être égalem ent source
d ’une instabilité vésicale. O n ne peut donc disso C hez les fem m es m énopausées ou âgées elles
cier to talem en t les traitem en ts destinés à contrôler rép o n d en t bien au traitem en t œ strogénique, qui
l’hyperactivité du détru so r de ceux visant à rendre au d ép art devra être p u rem en t local. O n prescrira
co m pétent le m écanism e de clôture. C ertains tra i une crèm e aux œ strogènes p ar exem ple de la pro-
tem ents s’adresseront essentiellem ent à l’une ou à m estriène : une application locale p ar jo u r à in tro
l’au tre de ces deux pathologies, d ’autres pourro n t duire jusq u e dans le vagin, ou de l'œ striol sous
avoir une action am bivalente. form e d ’ovules un soir sur deux p en d an t deux ou
trois mois. Ces applications m odifieront la cytolo
gie vaginale et u réth rale et en tra în ero n t g én érale
m ent une am élioration sans risquer de p ro v o q u er
T R A IT E M E N T S S P É C IA L E M E N T une m odification atypique de l’en d o m ètre.
E n cas de réponse insuffisante, il y au ra in térêt à
D E S T IN É S A U X H Y P E R A C T IV IT É S p rescrire une p etite dose d ’œ strogène p ar voie
V É S IC A L E S g én érale, par exem ple 10 mcg d ’éthinyl-œ stradiol
tous les deux jo u rs p en d an t trois mois. Si la
réponse est insuffisante, d 'au tres facteurs étiologi
Ces traitem ents seront d ’abord basés sur le con ques doivent être recherchés.
trôle des facteurs qui les déclenchent, à savoir les
états inflam m atoires, les uréth rites trophiques,
certaines sténoses de l’u rèth re, les cystopathies Sténoses uréthrales
am icrobiennes.
Elle ont été étu d iées au chapitre de la dysurie
(voir p. 104).
Les états inflammatoires
A près une anesthésie péridurale un ballon spé reçoit en p erm anence des inform ations sur un p ro
cial est introduit dans la vessie ; il est gonflé cessus physiologique d ont il n ’est norm alem ent
ju sq u 'au chiffre m axim a de la tension artérielle pas conscient. U n signal sonore ou visuel m odulé
systolique. O n peut m aintenir cette pression par en fonction des p ertu rb atio n s de ce processus
période de 30 m inutes pendant deux à trois heu l'aide a en acq u érir le contrôle volontaire. Ce p ro
res. C ette technique dont le m écanism e a été dis cédé a été utilisé dans le traitem en t des arythm ies
cuté peut ap p o rte r des am éliorations im portantes et de l'hypertension. D ans l'instabilité vésicale, on
p en d an t des périodes de 8 à 10 mois. Elle a surtout recourt à une cystom étrie de rem plissage au cours
fait ses preuves dans les cystites interstitielles. Des de laquelle est retransm is un signal sonore dont la
accidents de rupture vésicale sans conséquences tonalité varie avec la pression vésicale p erm e tta n t
graves ont cependant été décrits. à la m alade de p ren d re conscience des co n trac
tions de sa vessie, to u t en observant le d éro u le
Les sujets ayant une vessie irritable, hyper-vas- m ent de la bande d 'en reg istrem en t. La p atiente
cularisée mais qui se laisse bien distendre peuvent devra p ar des exercices de relaxation indiqués par
bénéficier d ’instillation de nitrate d ’argent. A près le personnel soignant te n te r de co n trô ler et d ’inhi
une miction com plète, on instille dans la vessie ber ses contractions vésicales.
100 ml de nitrate d ’argent à 1 pour 1 000, deux fois - Les résultats de ces différentes m éthodes de
par jo u r p en d an t 5 jours. E n cas d ’échec, on s’abs rééducation vésicale sont sû rem en t en c o u ra
tien d ra d 'u n nouvel essai. Si par contre la polla geants, lorsque l'instabilité n 'est pas tro p sévère.
kiurie dim inue n ettem en t, il vaut la peine de p o u r Ils exigent une bonne coop ératio n de la p atien te et
suivre la th é rap eu tiq u e pendant une dizaine de une bonne organisation de l’équipe soignante.
jo u rs. D es cystoscopies itératives révèlent parfois
un reto u r à la norm ale assez surprenant. P sych o th érap ie. — D ’une façon g énérale, le
D ’au tres au teu rs, considérant que la localisation soutien psychologique doit être assuré p ar le sp é
infectieuse est surtout u réth rale, traiten t leurs cialiste gynécologue ou urologue qui a pris en
patien tes par des applications locales de produits charge la th é ra p eu tiq u e. Les m alades sont to u
iodés (L andes et Coll [17]) ou à base de m ercuro- jou rs hostiles à la psychiatrisation de ce genre de
chrom e et de néom ycine (François [18]), certains problèm e. U n e o rien tatio n de cette n atu re , in te r
ont ob ten u de bons résultats en pratiq u an t une rom p an t la continuité de la prise en charge, risque
mise à plat au bistouri électrique des culs-de-sac rait d ’aggraver les choses et de briser la confiance
des glandes sus-m éatiques infectées et en term i de l'intéressée. Seules les névroses caractérisées
nant l’intervention p ar une m éatoplastie. doivent être adressées en milieu psychiatrique.
de contraction présentes au niveau de l'u rè th re ou rir dans les prolapsus vaginaux et dans l'in co n ti
des releveurs. nence urinaire d 'effo rt p o u r ren fo rcer le m éca
En p ratique la rééducation est centrée sur les nism e de clôture. En réad ap tatio n fonctionnelle,
exercices suivants : l’électro-stim ulation aide les p atien tes à p ren d re
- contractions itératives des releveurs en diffé clairem ent conscience des élém ents m usculaires à
rentes positions : couchée, assise, deb o u t, accrou rééd u q u er, ce qui est un app o in t non négligeable.
pie ; L ’E .S .F . p eu t être av antageusem ent intégrée dans
- ap p ren d re à reten ir ses urines chaque fois que un program m e rééd u catif su rto u t lorsque la prise
le besoin s’en fait sentir ; en charge des exercices m usculaires nécessaires
- effectuer des exercices de m usculation des s’avère laborieuse.
muscles périnéaux et des m uscles synergiques. D es travaux d ’électro-physiologie récents ont
- Il est im portant enfin de te n ter de co ndition ap p o rté dans le dom aine de l’E .S .F . des notions
n er un réflexe de contraction du plancher pelvien co m plém entaires im p o rtan tes, qui ont perm is d'en
lors des contractions brusques du diaphragm e élargir les indications.
abd om ino-thoracique ou d ’un appui « surprise » Il a été ainsi d ém o n tré les faits suivants :
sur l’abdom en. • l'électro-stim ulation agit p ar une voie réflexe
- Les résultats de cette réad ap tatio n fonction em p ru n tan t à l’aller com m e au reto u r le trajet du
nelle d ép en d ro n t pour une large p art de la persé nerf honteux p o u r la contraction du sphincter
vérance et des m otivations de la patiente. La tenue strié.
d ’un calendrier m ictionnel est tou jo u rs so u h aita
ble. • un deuxièm e circuit réflexe, dont le rôle phy
- Les indications de la réadaptation fonction siologique est essentiel, aboutit à l’inhibition du
nelle sont larges. d étru so r, l’afférence étan t to u jo u rs le n erf h o n
• Elle doit trouver sa place parm i les m éthodes teux, l’efférence pouvant être le nerf hypogastri
de traitem en t des instabilités vésicales. A ssociée que (stim ulation P) ou les nerfs pelviens (p a ra
au B io-feedback et à l’E .S .F . (électro-stim ulation sym pathique).
fonctionnelle), elle donne dans des cas bien sélec D ans les effets de l’E .S .F . on accorde actuelle
tionnés un taux de succès très encourageant. m ent, tan t sur le plan physiologique que th é ra p e u
• Elle a sa place aussi dans le traitem en t des tique, une im portance plus grande à l’inhibition du
incontinences p ar défaillance du systèm e de clô d étru so r q u ’à la stim ulation du strié.
tu re, souvent associé au prolapsus et à des taux de
— Le m atériel et les techniques utilisées pour
transm ission insuffisants.
l’E .S .F . sont variables. Il y a une quinzaine
• Les prolapsus m odérés d ’indication o p é ra
d 'an n é es de nom breuses ten tativ es ont été faites
to ire, encore lim ités chez la fem m e je u n e, bénéfi
su rto u t chez des m alades neurologiques avec des
cient dans la réad ap tatio n fonctionnelle d 'u n e
électrodes aiguilles im plantées chirurgicalem ent
b onne solution d ’atten te.
au voisinage de l’u rèth re dans le plancher pelvien,
L ’une des indications de choix est certainem ent
l’énergie étan t fournie de l’ex térieu r par un ap p a
l’incontinence urinaire et les prolapsus survenant
reil à ondes courtes. Ces m éthodes sont p o u r l’ins
dans le post-partum , surtout lorsque s’associent
tan t ab an d o n n ées plus pour des raisons de panne
des facteurs de risque, tels un gros poids de nais
technique que d ’inefficacité.
sance, un accouchem ent laborieux, une prise de
A l'h eu re actuelle, les électrodes aiguilles sont
poids excessive p én d an t la grossesse, la survenue
plutôt du dom aine de la neuro-urologie ou de la
d 'u n e incontinence en cours de grossesse, une
recherche. E n p ratiq u e uro-gynécologique, on
m auvaise m usculature avec éculem ent du périnée
s’adresse gén éralem en t à des électro d es de
et aussi des facteurs héréditaires.
co n tact, plus volontiers intra-vaginales (en form e
D ans ces situations la rééducation fonctionnelle
de pessaire) q u 'in tra-rectales (en form e de d ia
enregistre de grands succès et jo u e sûrem ent un
bolo). Elles sont laissées en place p en d an t les
rôle prév entif dans la survenue ultérieure de
séances d ’électro-stim ulations qui sont surtout
d ég rad ations statiques.
destinées à faire p ren d re conscience p ar la m alade
de sa m usculature pelvi-périnéale. Elles peuvent
E lectro-stim ulation fonctionnelle (E .S .F .). — aussi être gardées jo u r et nuit en vue d ’un tra ite
L ’o b jectif de l’E .S .F . est de prov o q u er la con trac m ent au long cours visant à co n fo rter la trophicité
tion des muscles du plancher pelvien et du sphinc et la m usculation du m écanism e sphinctérien et à
ter strié de l’urèthres II est donc logique d ’y recou assu rer l’inhibition du d étru so r.
INC ONT INE NCE URINAIRE 177
Les courants em ployés sont assez variables sui vésicales en cystom étrie de rem plissage. A dm inis
vant les au teurs. O n utilise surtout des courants bi- trée p ar voie orale à dose progressive ju sq u 'à 20 à
phasiques de 10 à 50 H z, de 2 à 15 V olts, donnant 30 mg p ar 24 h, to u tes les 4 à 6 h eures, la p ro b an
des im pulsions de 1 à 2 m illi/sec. U ne m arge assez théline finit par p ro v o q u er des effets secondaires
grande de m odulation individuelle est possible. (sécheresse de la b o uche, m ydriase et constipa
C ertains appareils p erm e tte n t à la m alade de tion) qui lim itent son em ploi. Elle est à proscrire
régler elle-m êm e dans une certaine m esure le cou com m e tous les p ara-sym patholytiques dans le
rant le m ieux adapté. glaucom e. A long term e le bénéfice th érap eu tiq u e
— L’E .S .F . ap p a raît au jo u rd 'h u i au moins est en général assez m aigre.
aussi intéressante dans les incontinences par insta - Le chlorure d 'o xybutininc (D itro p an ) est un
bilité vésicale que dans les incontinences d 'effort anti-cholinergique spasm olytique puissant. Il a un
pures. D ans ce d ern ier cas il est logique d ’y avoir effet indiscutable sur les contractions vésicales
recours soit dans les incontinences peu invalidan dont il écrête bien les pics. Il se prescrit sous form e
tes en association avec la kinésithérapie, soit dans orale à la dose de 3 com prim és p ar jo u r. Ses effets
les contre-indications chirurgicales liées à l'âge ou secondaires consistent su rto u t en sécheresse de la
au terrain . bouche.
• m auvais taux de transm ission, tinence d ’effort devrait co m p o rter une stérilisation
• cystom étrie norm ale, bon tonus du d étru so r, tu b a ire, dont la nécessité doit être com prise et
bo n n e stabilité vésicale, adm ise p ar la p atien te.
• d éb itm étrie norm ale ; Si la chirurgie est à récuser, il faudra s’o rien ter
- sur le colpocystogram m e devrait s’observer vers la physiothérapie : réad ap tatio n fonctionnelle
g én éralem ent une cervico-cystoptose, parfois une et électro-stim ulation.
vésicalisation u réth rale, assez souvent les deux • Le p o st-partum constitue le terrain d ’élection
associées. de la m édecine physique, dont les résultats sont
Ce profil de la p atiente idéale est rarem en t com souvent spectaculaires.
plet ou pur. D ans de telles circonstances une col- • O n ne doit de to u te façon pas o p ére r d ’une
popexie rétro -p u b ien n e d ’exécution p arfaite, sans incontinence une accouchée récente avant un délai
incident p o st-o p érato ire, doit ap p o rte r un taux de de 6 mois.
guérison stable ap prochant les 100 % , tout au
Chez la femme âgée
m oins au cours des prem ières années.
E n pratique courante les choses sont rarem ent - L ’indication o p érato ire m érite discussion. Sur
aussi tranchées. Bien des param ètres varient d ’un ce terrain la pression de clôture est gén éralem en t
cas à l’au tre. Il est des cas où la chirurgie doit être effo n d rée, le d étru so r h ypotonique. Ce fait relève
différée ou récusée du fait de certains contextes. sans d oute de plusieurs facteurs : altératio n sénile
- L ’excès pondéral est un obstacle m ajeur. Les de la m usculature lisse et striée, atrésie m uqueuse
forces de poussée qui s’exercent sur la vessie p eu et hypo-vascularisation par carence h o rm onale,
vent être considérables, elles sont loin d ’être to u trou b les de la neuro-transm ission de siège p éri
jo u rs transm ises à l’u rèth re supérieur. phérique ou central.
Le chirurgien se trouve placé dans une situation Chez le vieillard on observe un taux élevé d ’ins
d ’inconfort technique du fait de la p ro fo n d eu r des tabilité vésicale associée à l'insuffisance sp h in cté
dissections, d ’une exposition m édiocre du cham p rienne. Les fausses incontinences des m ictions p ar
o p éra to ire, de difficultés d 'hém ostase de veines reg o rg em en t, liées à une insuffisance m usculaire
parfois volum ineuses et à gros débit de l’espace ou à une parésie vésicale, ne sont pas ex ception
rétro -p u b ien. nelles. Elles e n tra în e n t une dyssynergie vésico-
C ette situation explique que l’obésité : sphinctérienne.
• peu t faire différer l’intervention, si la patiente - D es n eu ro p ath ies vasculaires, qui ne sont pas
s’engage à suivre un régim e, tou jo u rs cliniquem ent évidentes, p euvent reten tir
• peut nécessiter le recours à un procédé plus sur le fo nctionnem ent vésico-sphinctérien.
com plexe, mais plus sûr, O n voit donc avec quelle p rudence il faut a b o r
• peut être un facteur rédhibitoire. d er l'indication th é ra p eu tiq u e, su rto u t si le d é tru
sor est h ypotonique. Les traitem en ts m édicaux
L'âge de la patiente
sont le plus souvent les seuls- licites: soins
Chez la jeune femme d ’hygiène, œ stro g én o th érap ie locale, m odificateur
Il arrive q u ’une incontinence urinaire d ’effort du co m p o rtem en t vésico-uréthral, th érap eu tiq u e
invalidante se m anifeste chez une je u n e fem m e anti-inflam m atoire. La rééducation fonctionnelle,
n ’ayant pas' term iné ses m aternités, beaucoup plus tou jo u rs sans dan g er, p eu t être ten tée.
rarem en t chez une nullipare, faisant dans ce d er - Q u an d les au tres tentatives o n t éch o u é, les
nier cas invoquer un processus m alform atif de m oyens m écaniques p euvent ren d re une vie
l’appareil de clôture. sociale plus acceptable. N ous p référo n s les tan-
D ’une façon générale, to u te intervention pour p on n em en ts vaginaux d ont la form e et le volum e
incontinence urinaire ou pour prolapsus, tant sont ad ap tab les à l’an ato m ie de la p atien te, aux
q u ’une m aternité est envisagée ou souhaitée, n ’est pessaires ou aux dispositifs gonflables qui se
guère concevable car une grossesse et a fortiori un dép lacen t, s’ad a p te n t souvent m al. Ils finissent
accouchem ent risquent de com p ro m ettre le résul presque to u jo u rs par être mal tolérés.
tat ob ten u . Si le recours à une césarienne peut être - Le p o rt de g arn itu res spéciales ab so rb an t
envisagé après certaines interventions pour p ro l'urine con trib u e à soulager le sort de ces p atien
lapsus, par exem ple une colpocèle p o stérieure iso tes, tro p souvent victim es d 'u n ostracism e socio-
lée, nous ne pensons pas que cela soit une précau fam ilial.
tion suffisante après un traitem en t d'incontinence • La mise en place d 'u n e sonde à d em eu re ju sti
d ’effort. Il s’ensuit que to u te chirurgie pour incon fiée lors de l’évaluation d ’une affection in tercu r
180 INCONTINENCE URINAIRE
ren te aiguë n ’est q u 'en général une solution de E n cas de prolapsus associé, la responsabilité de
facilité. ce d ern ier dans l’instabilité vésicale peut parfois
être invoquée. D e fait nous avons observé q u el
Il est évident que la conjonction de soins m édi
ques instabilités qui furent am éliorées ou guéries
caux et infirm iers éclairés et attentifs, après une
ap rès des traitem en ts de prolapsus. La plupart des
évaluation com plète de la situation, peuvent b ea u
m alades, au co n traire, voyait leur instabilité p e r
coup m odifier la situation physique et m orale de
ces p atientes. Le service social, les soins à dom i sister après la chirurgie.
A u to tal, on voit à quel point il faut être p ru d en t
cile, une bonne inform ation, de m eilleures condi
dans ces indications th é ra p eu tiq u es où la p ath o g é
tions p our les soins d ’hygiène p erm e ttro n t à bien
nie est intriquée.
des m alades, qui se sentent ab andonnées par la
Il est bien difficile de prévoir à l'avance, surtout
co m m unauté, une vie sociale plus décente. Le
chez le su jet âgé, si la suppression des fuites
livre de D. M andelstam [21] est à cet égard plein
d ’urine sera ou non mieux acceptée q u ’u ne dysurie
d 'en seignem ent.
plus ou m oins sévère.
Le recours à la chirurgie n'est cependant pas
réd h ib itoire chez toutes les personnes âgées, si le L'association à un prolapsus
terrain s’y p rête et après un essai de traitem ent
C ’est une association d 'u n e telle banalité qu'il
m édical. A u préalable on devra élim iner toute
est im possible d 'in v o q u er l'u n e sans l'au tre de ces
hyper-activité vésicale im portante et toute hypoto-
conditions.
mie m ajeure du détrusor.
La cervico-cystoptose peut et doit déjà être
- Un traitem en t œ strogénique est to ujours considérée com m e un prolapsus. Les cystocèles
utile, un contrôle bactériologique des urines est d 'acco m p ag n em en t sont fréq u en tes. D iscrètes,
indispensable. O n recourra de préférence à une elles s’o b jectivent m ieux sur le colpocystogram m e.
colpopexie rétro -p u b ien n e en pren an t garde de ne Elles doivent presque to u jo u rs être prises en
pas réaliser une suspension trop serrée, car dans com pte et traitées co n jo in tem en t. Si elles sont
ce contexte la m arge existant en tre la persistance négligées lors de la rem ise en place du col vésical,
des fuites urinaires par une suspension tro p molle elles p euvent se m ajo rer au fil des années. La
et l'ap parition d ’une dysurie par une suspension chute et la bascule de la base vésicale p o u rro n t
tro p serrée est habituellement très étroite. en tra în e r des phéno m èn es dysuriques, voire des
L 'association à un prolapsus vaginal extériorisé, tro u b les réten tio n n els. In v ersem en t, chez le vieil
p ar lui-m êm e très invalidant chez une fem m e lard su rto u t, il vaut parfois mieux s’abstenir de
âgée, conduit presque to ujours à l'intervention. corriger un élém ent de prolapsus assurant une
La voie basse est dans ces conditions la voie habi continence urinaire parfaite, que de voir s 'é ta
tuelle. Il faudra pren d re soin d ’assurer les gestes blir des fuites d 'u rin e to u jo u rs très mal acceptées
com plém entaires destinés à restau rer la conti après un traitem en t chirurgical.
n ence, la plicature sous-uréthrale n 'é ta n t pas to u
jo u rs suffisante il faudra la renforcer soit en su tu
rant les ligam ents ronds sous le col vésical (p ro
Les techniques opératoires
cédé de C rossen) (voir page 217), soit en utilisant
les utéro-sacrés (procédé de C am pbell). C hez cer Q uel que soit le procédé ad o p té, il est certain
tains sujets, com m e les obèses où les forces que la chirurgie am éliore ou restau re la continence
d'expulsion sont considérables, le recours à une des urines selon un m écanism e m ulti-factoriel ; les
fronde aponévrotique ou en m atériau synthétique facteurs les plus souvent invoqués étan t :
à résorption très lente est concevable. - la rem ise en place de l'u rè th re su p érieu r dans
l’enceinte m an o m étriq u e abdom inale. En réalité
Association d'une incontinence urinaire d'effort
les choses sont certain em en t plus com plexes que
à une anomalie cystométrique du comportement
l’im agerie sim pliste q u ’elle évoque ;
vésical (Hypertonie, instabilité)
- le dégagem ent de l’u rèth re su p érieu r et du col
C ette association est fréq u en te. Elle est très vésical d ’une position vulnérable à la poussée
variable dans ses m odalités. abdom inale ;
C hez les m alades non encore o pérées et en - l’élongation et par suite fa dim inution de cali
l'absence de prolapsus, il faudra se m o n trer très bre de l’u rèth re p erm ettan t au m écanism e sphinc
réservé dans les indications chirurgicales. Le tra i térien d ’agir de façon plus efficace ;
te m en t de la m aladie vésicale doit passer en p re - l’aug m en tatio n de la longueur fonctionnelle
m ier plan. de l’u rèth re ;
INCONTINENCE URINAIRE 181
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Les cervico-cystopexies
C ’est un procédé ancien auquel quelques chiru r
giens co n tinuent à accorder du crédit. E lles réali
sent une suspension serrée de la paroi urinaire au
fil résorbable en am arran t au plus près et en les
étiran t au m axim um l’u rèth re, la vessie et le col
vésical à la région sym physaire et à la paroi ab d o
m inale an térieu re. C ertains recom m andent m êm e
de p ratiq u er des points transfixiants. M algré les
taux élevés des succès rap p o rtés p ar quelques-uns,
nous ne saurions recom m ander une telle techni
que en routine.
Choix du procédé
\
186 INCONTINENCE URINAIRE
lem ent, vers une colpopexie rétro -p u b ien n e selon Les incontinences urinaires récidivées et les cas
le p rocédé que nous avons décrit. Il s’adapte p a r com plexes des polvopérées
faitem ent à des gestes associés p ar voie haute :
cure d ’une cystocèle, hysterectom ie pour fibrom e,
traitem e n t d ’une élytrocèle, d ’un prolapsus rectal, - Ce problèm e sera égalem ent évoqué à propos
d ’une pathologie annexielle... des prolapsus récidivés (voir page 220 effets fro n
- E n cas d ’un excès pondéral im portant ou des in ad éq u ats). Soulignons déjà la nécessité
d ’une affection respiratoire en tra în an t une toux im pérative d 'u n e connaissance ap p ro fo n d iè de
ch ro nique, et souvent aussi chaque fois que le l’histoire clinique, de l’im portance de pouvoir dis
m écanism e de clôture nécessite un renforcem ent poser des com pte rendus o p érato ires p récédents,
très im p o rtan t, nous préférons nous adresser à une d 'u n exam en rigoureux co m p o rtan t im p érativ e
fronde aponévrotique prélevée en général sur la m ent un C .C .G . et un bilan uro-dynam ique com
p aroi abdom inale, parfois sur le fascia lata. Il faut plet.
cep en d an t s’assurer de l’absence d'h y p o to n ie vési - L ’éten d u e de la sclérose, l’am plitude et la sou
cale et peu t-être d ’un stop test satisfaisant sinon il plesse de la paroi vaginale an térieu re , l’existence
faudra craindre des phénom ènes rétentionnels. ou non de cicatrice rétractile ont une im portance
- Afin d ’éviter une dissection au ras de la paroi de p rem ier plan.
u réth rale risquant de d étério rer l’appareil m uscu - D ’une façon générale il faut récuser toute
laire lisse ou strié, déjà défaillant, nous avons reprise p ar voie basse.
actu ellem ent tendance à laisser en place sous le col - D ans les cas sim ples sans distorsion an ato m i
vésical, au niveau du passage de la fronde, un rec que locale, une colpopexie rétro -p u b ien n e p arfai
tangle de paroi vaginale au niveau duquel la tem en t exécutée peut très bien être suivie d ’un
fro n d e sera suturée. U n petit décollem ent du succès com plet.
vagin p erm e ttra d ’assurer le recouvrem ent de la Sinon, il vaut mieux s'ad resser à une fronde en
b an d e le tte aponévrotique. choisissant de préférence le fascia lata dont on
L o rsq u ’il existe des élém ents de prolapsus asso p eu t tailler la b an d elette à la d em ande. Il faut la
ciés et q u ’une o pération par voie basse est déci faire suffisam m ent large.
d ée, en raison du contexte de la p atien te ou des - E n cas de distorsion cicatricielle, de fibrose
h abitudes du chirurgien, le traitem en t de l'inconti éten d u e , il devient im pératif d ’effectuer les résec
nence exige souvent plus q u ’une sim ple plicature tions de to u t le tissu fibreux p éri-u réth ral ou péri-
so us-uréthrale dont l'insuffisance est reconnue de vésical aussi bien p ar voie vaginale que p ar voie
tous. Q uels sont les procédés de renfort accessi rétro -p u b ien n e, q uitte à ouvrir l’u rèth re lui-m êm e
bles ? p o u r le reconstituer. A vant de réaliser le so u tè n e
- C haque fois que les conditions anatom iques m ent sou s-u réth ral, la mise en place d ’une greffe
s’y p rête n t un soutèn em en t sous-uréthral avec le de M artius o u , ce q u ’il est peu t être logique de te n
m atériel « in situ » est sans d oute la m eilleure te r. une greffe ép iploïque pédiculée ap p a raît très
solution : soit o pération d ’Ingelm an Sundberg utile p o u r revasculariser la jonction et éviter le
[32]), à l’aide des faisceaux pubo-coccygiens des reto u r de la sclérose (Fig. 130 à 134).
relev eurs, soit confection d ’une sangle sous- - En d ern ier ressort, les injections p éri-u réth ra-
u réth rale avec les ligam ents ronds isolés puis croi les de T éflon constituent une ressource qu'il ne
sés et fixés sous le pubis, ou des ligam ents utéro- faut pas m épriser chez les m alades au très m auvais
sacrés selon la technique^de C am pbell. terrain , ou chez lesquelles on a renoncé à une n o u
O n peu t encore assurer le renforcem ent par une velle tentative o p érato ire. C ette technique doit
fro n de aponévrotique. cep en d an t être récusée chez les sujets jeunes.
- C hez la fem m e âgée dont l’appareil sphincté - Le C .C .G . p erm et d 'o b jectiv er les com plica
rien est g énéralem ent très détério ré et le tonus du tions de la chirurgie de l'incontinence ou certaines
d étru so r faible, l’indication o p éra to ire devra être situations com plexes. Elles intéressent à la fois la
posée avec une grande circonspection et après m iction et la continence des urines ; ces deux
essai des m oyens m édicaux. Il faudra to u jo u rs p ré m écanism es sont parfois intriqués.
férer les colpopexies rétro-pubiennes en raison des
risques m ajeurs de dysurie et de troubles ré te n Troubles mictionnels. La réten tio n peut être
tionnels post-opératoires des frondes, car en pareil com plète ou incom plète ; elle est liée à un effet
cas la m arge d ’efficacité en tre la rétention et la fronde in ad éq u at auquel peut se su rajo u ter un
récidive de l’incontinence est g énéralem ent très œ dèm e du col et une parésie vésicale.
faible. Le C .C .G . révélera :
INCONTINENCE URINAIRE 187
Fig. 130 — Prélèvement d'une greffe de Martius sous la Fig. 131 — Passage de la greffe sous la racine de la petite
grande lèvre. lèvre.
- soit un m ontage tro p serré avec parfois une Les principales situations pathologiques ren co n
base vésicale basculant en arrière et en bas trées sont les suivantes :
(Fig. 135),
- soit un ép aulem ent tro p bas situé, en tra în an t La dyskinésie du col vésical (Fig. 138).
une co udure p o stérieure de l’u rèth re (Fig. 136). C ’est une m alfaçon technique dans les cures chi
C ertaines distorsions cicatricielles en tre le vagin rurgicales p ar voie hau te reco u ran t à un procédé
et le trigone associées à un prolapsus utérin avec « effet fronde ». Si elle est placée tro p hau t
néglige ou insuffisam m ent traité, peuvent e n tra î en plein trigone au lieu d ’être à l’aplom b du col
ner des m ictions im périeuses parfois aggravées à vésical, on retro u v e au C .C .G . dans les deux posi
l’effort par tiraillem ent de l'u téru s prolabé sur le tions une incisure trigonale patho g n o m o n iq u e. Le
trigone, le col vésical restant en place. C et aspect col vésical est alors « extra vésicalisé » d o n n an t à
décrit p ar A. B ethoux [23, 30] sous le nom de syn la p atien te une L U . p erm an en te très invalidante.
drom e du « trigone tracassé » est bien objectivé
Les I.U.E. laissées par cervico-cystoptose insuffi
sur le C .C .G . (Fig. 137). samment traitée.
Troubles de la continence. En général, les fuites Si in d ép en d am m en t du bilan clinique et uro d y
urinaires ont p erdu to u te liaison stricte avec n am ique, il peut s’av érer logique de rep ren d re une
l’effort. suspension du col vésical, si la jonction d em eure
- Là encore, le C .C .G . est essentiel pour au-dessous de l'horizontale du bord inférieur du
déb ro uiller les situations com plexes d 'a u ta n t q u ’il pubis, p ar contre une telle attitu d e est criticable si
est p ratiqué dans les conditions physiologiques la jonction est située au-dessus de ce rep ère et en
d ’une statique en position debout au cours de la l’absence de to u te vésicalisation. D ans ce cas, il y
poussée d ’effort. au ra lieu de faire intervenir d ’au tres étiologies :
188 INCONTINENCE URINAIRE
F ig . 132 — La greffe vient d'être passée. Fig. 133 — Mise en place sous l'urèthre
faiblesse intrinsèque du m écanism e de clôture, en tan t que facteu r extrinsèque et qui peu t se tra
fibrose p éri-u réth rale, dont la correction chirurgi du ire sur le C .C .G . par un aspect figé (Fig. 140).
cale est beaucoup plus aléatoire.
Les I.U.E. révélées. O n les ren co n tre en cas de
cure de prolapsus sans tem ps spécial p o u r traiter
Les I.U.E. créées (Fig. 139). D es interventions u ne I.U .E . po ten tielle qui peu t avoir été m écon
pour p rolapsus p ar voie basse tels que le cloison n u e. Elles o n t déjà été évoquées. E lles ap p arais
nem ent m édian du vagin type L efort ou les colpo sent donc en p o st-o p érato ire, ce qui est vraim ent
hystérectom ies à la R o u h ier, peuvent quasi expéri p eu souhaitable.
m en talem en t créer une I.U .E . D ans les situations com plexes de certaines
E n effet par les connexions adhérentielles du col p o ly o p érées, qui p erd en t leur urine in d é p en d a m
vésical à la face an térieu re du rectum , q u ’elles m en t de to u t effo rt, il faut to u jo u rs vérifier que les
e n tra în e n t, il se pro d u it à l’effort une rétraction de fuites se font p ar la voie anato m iq u e norm ale et
la berge p o stérieure du col vésical. s’assu rer q u ’il n ’existe pas au fond d ’une zone de
Il s’agit donc d ’une I.U .E . p ar vésicalisation qui convergence cicatricielle un p etit p ertu is com m u
sera aisém ent diagnostiquée au C .C .G . n iq u an t avec la vessie ou le col vésical. U n e telle
D ans le cas particulier des I.U .E . après W er- m éconnaissance serait lourde de conséquences.
theim indépendam m ent des troubles liés à des
d étério ratio n s du systèm e neuro-m usculaire a u to
nom e p ar les dissections qui en tra în en t une p e r Evaluation des résultats post-opératoires
tu rb atio n du com portem ent vésical et du m éca
nisme de clôture de l’u rèth re, il y a lieu de tenir C ette évaluation est difficile et se h eu rte à de
com pte de la sclérose p ost-thérapeutique qui joue n o m breux obstacles qui tien n en t :
Fig. 134 — Passage a une fronde de fascia lata.
Fk;. 138 — C.C.G. Dyskinésie du col vésical provoquée par Fig. 140 — Aspect du C.C.G. dans une I.U .E. après Wer-
une incisure trigonale theim.
L ’insuffisance d ’inform ation sur ces trois p a ra d étru so r hypotonique la plus grande pru d en ce est
m ètres entâche un grand nom bre de statistiques et de règle dans l'indication o p érato ire.
rend leur exploitation im parfaite.
Le contrôle radiologique. — La lecture du
Le contrôle urodynam ique post-opératoire. — C .C .G . nous a perm is d ’avoir une évaluation p a r
Ce contrôle a surtout de l'in té rê t si une évaluation faite de l’é tat an atom ique p o st-o p érato ire.
p ré-o p érato ire a été p ratiq u ée. Il doit, pour être C hez les patien tes o pérées d ’une incontinence
fiable, être effectué suffisam m ent à distance de urinaire d ’effo rt, p résen tan t un bon résultat fonc
l’in tervention, une fois la situation loco-régionale tionnel, les patien tes o nt à ce m om ent-là l’aspect
bien stabilisée, ce qui peut dem an d er six mois. suivant sur le C .C .G . :
- La jonction uréthro-vésicale est h ab itu elle
La cystométrie
m ent bien rem o n tée au m oins ju sq u ’au niveau du
• Elle est, p ar définition, non m odifiée dans bord inférieur de la sym physe p u b ien n e, et parfois
l’incontinence urinaire d ’effort pure. nettem en t plus h aut. T o u te vésicalisation, si elle
• Elle peut révéler des m odifications liées à une existait au préalable, a to talem en t disparu, l’angle
instabilité vésicale pré-existante dans les inconti P .U .V . est rétabli.
nences m ixtes, plus souvent dans le sens de - La base vésicale ne doit pas b o m b er de façon
l’aggravation que de l’am élioration. exagérée, sinon il faudrait év o q u er l’éventualité
d 'u n e cystocèle laissée.
L ’uréthrométrie
- E n règle g én érale, l’anim ation viscérale est
• Les m odifications de la pression de clôture ont moins im p o rtan te q u ’avant l’o p ératio n .
été l’o b je t de controverses. O n peut affirm er - Il existe, enfin, un allongem ent ap p aren t de
actuellem ent que dans l’ensem ble elle n ’est pas l’u rèth re.
m odifiée de façon significative. La longueur fonc Ces critères ne sont pas absolum ent constants et
tionnelle de l’u rèth re et de la zone de continence on peut observer des fem m es redevenues co n ti
sont identiques ou augm entées. nentes avec un aspect de cervico-cystoptose dis
• L ’élévation du taux de transm ission à l’urèthre crète, résiduelle.
su p érieur est par contre augm entée de façon signi
ficative, davantage dans les voies hautes (colpo-
pexies rétro -p u b ien n es, frondes) que dans les
voies basses. D ans une étude d o cum entée, G uy C O N C L U S IO N S
V. G arcia [31] trouva une augm entation m ajeure
d ’environ 30 % du taux de transm ission dans les
voies hautes et seulem ent de 4,5 % dans les voies La guérison de l’incontinence urinaire d ’effort
basses. Ils ap p a raît difficile actuellem ent de d o n traitée chirurgicalem ent est une co n statation p u re
ner une in terp rétatio n exacte à cette évaluation m ent clinique ap p o rtée p ar la p atien te et o b je cti
chiffrée. La rem ise en place de l’u rèth re supérieur vée par l'exam en physique. Elle est valable pour
dans l’enceinte m anom étrique abdom inale est une une pério d e d onnée et ne peu t p erm e ttre de p ré ju
explication au m oins incom plète. Il existe parfois ger de l'avenir.
des « hyper-transm issions » et d ’autres facteurs C ette guérison clinique co rrespond à la resta u
interviennent sûrem ent. ration d ’une efficacité suffisante du m écanism e
sphinctérien p o u r supprim er les fuites à l’effort
mais la restitutio ad integrum d ’un tonus uréthral
La débitmétrie norm al ne peut être rétablie.
Le débit m axim um est souvent dim inué de façon Le reto u r à une continence norm ale des urines
variable. T rès peu dans les voies basses, davantage s’accom pagne sur le plan u ro dynam ique d ’un
dans les voies hautes, plus nettem en t dans les p ro accroissem ent du taux de transm ission aux efforts
cédés de type Burch que dans celui que nous avons de toux. L ’explication de ce p h énom ène est sans
décrit. A u lieu d ’une courbe en clocher, on obtient d oute m ultifactoriel. Le profil u réthral et la p res
une courbe en plateau. Le tem ps m ictionnel est sion de clôture ne sont pas m odifiés. Il ap p a raît
g én éralem ent peu m odifié quel que soit le p ro évident q u ’un élém ent dysurique intervient dans la
cédé. M anifestem ent la qualité du résultat est au guérison. Il est h eu reu sem en t cliniquem ent peu
dépens d ’un élém ent dysurique « acceptable », ce ap p aren t ou non gênant dans la grande m ajorité
qui est g énéralem ent le cas chez la m alade jeu n e des cas. O n peu t l’o bjectiver p ar la d éb itm étrie qui
au d étru so r tonique. C hez la m alade âgée au révèle g én éralem en t une courbe aplatie et un
192 INCONTINE NCE URINAIRE
p ré v en tio n by topical a pplication o f antim icrobial naire d 'e ffo rt. E.M .C. , P aris, 6, 1975, 300 A .20.
o in tm e n t to u ré th ra l m ea tu s. J. U rol., 1970, 104, [33] G a r c i a G . — E tu d e clinique et u ro d y n a m iq u e
7496750. des cervicocystopexies de type S c a l i ( à p ro p o s de
[18] F r a n ç o i s B. — T h e m an a g em e n t o f idiopathic, 25 bilans u ro d y n a m iq u es) Thèse M on tp ellier
re c u rre n t u rinary infections in ad u lt w om en in 1983.
urinary infections insights and p ro sp ects sous la [34] I n g e l m a n S u n d b e r g A . — Stress incontinence o f
directio n de F r a n ç o i s B. and P e r r i n P . B ut- u rine J. Obst. Gyn., Brit E m p. 1 9 52,59,699-704.
terw o rth s e d it. L ondon 1983, p. 196.
17
PROLAPSUS
LES P R OL APSU S V A G I N A U X
l’o p é ra te u r était tro p focalisée sur les m otivations cale. A insi se trouve d irectem en t sollicité l’a p p a
pro p res à l’hystérectom ie. reil suspensif pelvien qui finit p ar s’élonguer p a r
O n p ourrait a priori penser que les prolapsus tiellem ent ou en to talité. Le p rem ier élém ent de
après hystérectom ies totales seraient plus fré prolapsus à ap p a raître concerne g én éralem en t la
quents q u ’après les sub-totales, puisque dans les vessie. D ans un p rem ier tem ps survient une cys-
p rem ières une partie des m oyens de suspension du toptose ou une cervicocystoptose cliniquem ent
dôm e vaginal a été en principe com prom ise. E n peu ap p aren te et su rto u t visible sur les études
fait il n ’en n ’est rien, ce qui pourrait s’expliquer radiologiques.
par les précautions préventives prises par la plu
p art des chirurgiens dans les hystérectom ies to ta - Si le fascia vésico-vaginal cède à son to u r, la
les, telles la solidarisation des ligam ents utéro- colpocèle an térieu re devient p a te n te , co rresp o n
sacrés et cardinaux à la tranche vaginale ou cer dan t souvent au d ép art à une trigonocèle. Le b om
tains types de péritonisation cloisonnant le D o u bem ent du segm ent u réth ral du vagin est rarem en t
glas, qui peuvent égalem ent co ntribuer à suspen habité par la to talité de l’u rèth re, celui-ci restant
d re le dôm e vaginal. longtem ps bien am arré par les ligam ents pubo-
D 'a p rè s certains au teu rs, la fréquence des p ro u réthraux.
lapsus serait sensiblem ent plus grande après hysté
rectom ie vaginale, du fait sans doute que le choix - D ans les grandes cystocèles le p lancher vésical
d 'u n e voie basse ait pu être influencé p ar les condi doublé de la paroi vaginale an térieu re subit une
tions anatom iques locales : béance vulvaire, des véritable ro tatio n au to u r du bord inférieur de la
cente facile du col à la traction ou du fait aussi de sym physe pub ien n e (Fig. 142).
l’insuffisance des gestes de colpopexie fundique ou
- L ’élongation des élém ents suspensifs attein t
de ligam entopexies associées qui devraient être
g én éralem en t dans un second tem ps les ailerons
systém atiquem ent effectués.
cervico-vaginaux et les lam es génito-sacrées.
Les prolapsus sont par contre exceptionnels
après les colpohystérectom ies élargies. Ceci
s’explique facilem ent par l'im portance de l'attri- - Si les am arrages postérieurs et latéraux
tion du tissu connectif sous-péritonéal provoqué lâchent co m p lètem en t, l’u téru s vient en avant du
p ar les dissections et p ar la réaction sclérogène cap anal et se place dans l’axe du vagin, il subit ce
fixant les viscères qui lui fait suite. que les au teu rs anciens ap p elaien t « une p récip ita
tion de la m atrice », que l’on peut ren co n trer chez
les vierges ou les nullipares (Fig. 143).
Fig. 141 — Coupe vertico-frontale passant par le noyau fibreux central du périnée. A gauche : la so u tè
n em en t viscéral est assuré p ar la p o rtio n élévatrice des releveurs ; à d ro ite : le faisceau élév ateu r est
d é té rio ré , le p érin ée s’écule vers l'a rriè re , la base vésicale bom be dans le vide.
Fig. 142 — Cytocèle avec bascule de la vessie. Fig. 143 — Précipitation de la matrice.
PROLAPSUS 197
Anamnèse et antécédents
Fig. 147 — Rectocèle
Les troubles allégués p ar la p atien te à la p re
m ière consultation seront variables :
su p érieu r du rectum , condensation fibro-cellulaire
- parfois ils ap p a raîtro n t de définition difficile :
développée au to u r des pédicules hém orroïdaux
sensation de gêne, de p esan teu r pelvi-périnéale,
supérieurs. L ’aspect radiologique de cette situa
de tiraillem ents « dans les reins »,
tion est généralem ent significatif. Elle représente
- apparition d ’une saillie vulvaire anorm ale p er
un é tat prédisposant ou préalable aux prolapsus
çue depuis quelque tem ps,
rectaux.
- chez les fem m es âgées c’est parfois la famille
L'hédrocèle : c’est une hernie intra-rectale ch ro des patien tes qui les pousse à consulter pour un
nique du versant rectal du D ouglas. C liniquem ent p rolapsus extériorisé connu depuis longtem ps,
les m alades peuvent accuser des ép rein tes, une - très so u v en t, et sans d o u te dans la m ajorité
p esan teu r rectale avec sensation de corps é tra n des cas, il s’agit de troubles urinaires g énéralem ent
ger. D es ulcérations m uqueuses peuvent se p ro mal décrits. Ils devront être soigneusem ent préci
duire e n tra în a n t des rectorragies. Les hédrocèles sés,
peuvent être m ises en évidence p ar la radiologie et - plus rarem en t des inconvénients d ’un autre
l’endoscopie. o rd re sont signalés :
• d yspareunie,
Les hernies périnéales. Ce sont de véritables • troubles ano-rectaux : p esan teu rs rectales ou
diverticules de pulsion du péritoine pelvien, qui su rto u t difficultés à la d éfécation, qui s'observe
tro u v en t leur tra je t à travers la portion sphincté dans les grosses poches de rectocèle,
rienne des releveurs et qui s’extériorisent au • écoulem ents anorm aux : p ertes leucorrhéi-
niveau du creux ischio-anal. Elles sont exception ques ou sanglantes.
nelles et leur traitem en t est difficile.
L ’in terro g ato ire doit être conduit de façon
m éth o d iq u e afin de ne laisser éch ap p er aucun élé
L E S I N V E S T IG A T IO N S C L IN IQ U E S m ent pouvant avoir une incidence sur la décision
th érap eu tiq u e.
D A N S LES P R O L A P SU S E T LES
C O N D IT IO N S U R O L O G I Q U E S L 'aspect général de la p atien te sera évalué d'u n
A S S O C IÉ E S p rem ier coup d'œ il. L ’âge physiologique plus que
l’âge réel, la conform ation physique, le degré
d ’em b o n p o in t d o n n ero n t une p rem ière im pression
D ans l’approche clinique des prolapsus vagi qui se révélera souvent la bonne.
naux, il n ’est guère possible de dissocier la sym pto O n devra ten ir com pte de la d ate de la m éno
m atologie p urem ent gynécologique de la sym pto p ause, de son influence sur les troubles statiques
m atologie urologique pour plusieurs raisons dont et u rin aires, de la possibilité d ’une vie sexuelle
voici les principales : chez des fem m es relativem ent âgées.
PROLAPSUS 199
C ’est sur l’exam en physique que reposera pour - Il a intérêt à ê tre effectué à distance d ’une
l’essentiel l'indication o p éra to ire, il doit donc : miction et bien en ten d u en d ehors des règles.
200 PROLAPSUS
Fk;. 151 — Colpocèles antérieures et postérieures compétiti Fk;. 153 — Pincement du cul-de-sac péritonéal dans une ély-
ves. trocèle.
202 PROLAPSUS
Le diagnostic p ré-o p érato ire d ’élytrocèle est - Il arrive que l'exam en clinique soit de prim e
im p o rtant à établir. Il faut to u jo u rs y penser chez ab o rd peu convaincant. B eaucoup de prolapsus en
les m alades ayant subi une hystéropexie préalable. fait ne d eviennent gênant q u ’en fin de jo u rn ée
En tout état de cause le colpocystogram m e lèvera après une station d eb o u t prolongée. A vant de
les incertitudes de la clinique. reco n v o q u er la patien te p o u r une nouvelle évalu a
tion clinique, il faut la réex am in er sous forte pous
- D ans une au tre éventualité il arrive que le col
sée en position d eb o u t ou m ieux encore accroupie.
utérin apparaissant à la vulve soit la seule an o m a
Il n ’est pas rare alors de voir le prolapsus devenir
lie co n statée. C ’est l'hystérocèle ou trachélocèle
évident ou m êm e s’ex tério riser co m p lètem en t p a r
en cas de col restant. E n pareil cas il est souvent
fois de façon soudaine.
difficile de co n n aître avec précision le co m p o rte
m ent de la vessie, du col vésical et du rectum au Recherche d'éléments masqués. C ette recherche
cours de la poussée d'effo rt. L 'é tu d e radiologique doit être systém atique, elle évitera bien des d éb o i
com pensera ces lacunes. res p o st-th érap eu tiq u es et la p atien te n ’au ra pas à
D ans les prolapsus complètement extériorisés reco n su lter p o u r une soi disant récidive, qui
tous les élém ents sont généralem ent présents : ce n ’était en fait q u 'u n élém ent de prolapsus p r é e x is
sont les prolapsus totaux où l'élytrocèle est dite par tant mais ignoré, car non dém asqué.
en tra în em en t ou p ar glissem ent (Fig. 154). Plusieurs situations peuvent schém atiquem ent
C ertaines difficultés in terprétatives peuvent su r s’o b serv er suivant la p rédom inance de l’élém ent
gir lorsque l’élém ent prolabé s’extériorise sous dom inant et la situation générale des viscères.
form e d ’une poche lisse apparaissant en tre deux
sillons plus ou m oins profonds. Le repérage du col C’est une volumineuse cystocèle dont la saillie à
utérin p erm e ttra généralem ent de lever tous les l'orifice vulvaire vient m asquer soit une colpocèle
doutes. p o stérieu re soit une hystérocèle. Il suffira d 'effa
cer la poche de la cystocèle sans rem o n ter le cul-
de-sac vaginal an térieu r p o u r d ém asq u er l'un ou
les deux au tres élém ents en cause.
Fig. 154 — Prolapsus total extériorisé avec ulcération du col. Fig. 155 — Colpocèle postérieure masquant une cystocèle.
PROLAPSUS 203
Incontinence
DROIT GAUCHE
-Faisceau é lé v a te u r: -Faisceau e le v a te u r :
bon, moyen,médiocre,nul bon, moyen, médiocre,nul
-Faisceau s p h in c te rie n : -Faisceau sp h in cte rie n :
bon. moyen, médiocre,nul bon, moyen, médiocre,nul
nés m alades ont vu leur situation urologique • La sénilité, l'o b ésité, les m auvais terrain s d oi
s’am élio rer par le traitem ent de leur prolapsus. vent faire l'o b jet d 'u n e évaluation cas p ar cas.
• la sym ptom atologie est intriquée et l’on peut • L 'existence d 'u n e toux chro n iq u e, d 'u n e cons
esp érer, surtout si la concordance avec l'uro-dyna- tipation doivent être pris en com pte.
m ique est b onne, une am élioration sur l’efficacité • U n prolapsus du rectum associé p eu t éven
du m écanism e de clôture à la poussée d'effo rt. tuellem ent être traité dans le m êm e tem ps que le
. O n a découvert un résidu vésical post m iction prolapsus vaginal.
nel. 11 est im portant de vérifier s’il est en rapport
avec une cystocèle volum ineuse en bissac ou avec
une dysurie (voir page 103).
206 PROLAPSUS
Les prolapsus après hystérectom ie (Fig. 159). prolapsus ou p o u r co n trô ler le haut appareil u ri
naire en cas d 'an té cé d en ts urologiques.
Les prolapsus après hystérectom ie subtotale - U n bilan urodynam ique est utile en cas
sim ple ne posent pas de problèm es particuliers à d ’incontinence urinaire p aten te ou potentielle
l'analyse clinique. P ar contre après hystérectom ie associée, il n 'est bien sûr pas indispensable dans
to ta le , il existe souvent une descente du fond vagi les cas sim ples ou en l'absence de troubles u rin ai
nal (colpoptose fundique) qui est parfois considé
res.
rable. Il arrive que le vagin soit to talem ent ex té - Le colpo-cystogram m e ap p o rte to u jo u rs des
riorisé, reto u rn é en doigt de gant. Si dans ces précisions intéressan tes en p articulier lorsqu'il y a
conditions la vessie, le D ouglas et le rectum sont discordance en tre la sym ptom atologie fonction
tous trois intéressés par la ptôse, ils peuvent l’être nelle et l'exam en physique ; un court chapitre lui
à des degrés très différents q u ’en pratique seul le est consacré.
colpocystogram m e p ourra bien préciser. Les don n ées de l'an am n èse, de l'exam en physi
que et des explorations com plém entaires auront
in térêt à être rassem blées dans un docum ent facile
à rédiger et statistiq u em en t exploitable. Il com
B IL A N C O M P L É M E N T A I R E p o rtera le protocole o p éra to ire prévu.
UC3
ÛC4
- La réad ap tatio n fonctionnelle peut égalem ent • coexistence d 'u n e pathologie pelvienne,
tro u v er une bonne indication dans les form es • traitem en t des prolapsus ap rès hystérectom ie,
m ineures surtout avant la m énopause et chez la • récidive et cas com plexes,
fem m e jeu n e. R appelons q u 'en principe le tra ite • association d 'u n e incontinence an ale,
m ent chirurgical d 'u n prolapsus doit être p ratiqué • association avec un prolapsus du rectu m ,
ap rès la fin des m atern ités et qu'il doit co m p o rter • influence du terrain sur la technique o p é ra
une stérilisation presque systém atique chez la toire.
fem m e non m énopausée.
Le problèm e des vieillards au m auvais terrain C onditions de ro p érah ilitc
Il faut évaluer les situations cas par cas. - D 'u n e façon générale nous n 'in terv en o n s pas
• Il arrive que l'on ait la main forcée chez une si les m alades n 'o n t pas term iné leurs m aternités.
p atien te âgée dont le prolapsus est totalem ent En raison du risque que p résen terait une grossesse
po u r la qualité du résu ltat, nous avertissons les
ex tério risé, très souvent ulcéré au contact du linge
fem m es non m énopausées de la nécessité d 'u n e
et com pliqué d'hém o rrag ie. C es prolapsus ne sont
pas to u jo u rs réductibles et peuvent com prom ettre stérilisation. N ous ne faisons d 'exception à cette
règle que dans des cas très particuliers telle, à la
à eux seuls l’autonom ie de la patien te. O n est donc
lim ite, une rectocèle im p o rtan te et très gênante
co n d u it, après quelques hésitations parfois com
p réhensibles, à les opérer. H eureusem ent en g én é sans aucun au tre élém ent associé. Bien en ten d u en
cas de grossesse la césarienne est indispensable.
ral les choses se passent bien, au prix de tem ps en
- T o u te lésion cervicale ou u térine devra être
tem ps d ’un certain degré d ’incontinence urinaire,
form ellem ent élim inée p ar des frottis préalables,
m ais m oins invalidant en général que la situation
p ar colposcopie avec biopsies dirigées ou p ar cu re
an térieu re. D ans d 'a u tre s circonstances le p ro lap
sus n 'attein t pas un tel degré et il ap p a raît sage de tage biopsique suivant le contexte.
s’ab stenir. N ous préférons en général dans ces cas - Chez les m alades d 'u n certain âge, on doit
la co n tention p ar un tam p o n n em en t sphérique de s'in fo rm er de leur désir de pouvoir conserver des
relations sexuelles, ce qui im plique la nécessité de
coton enveloppé de gaze, enrobé d 'u n e crèm e
m énager une perm éabilité vaginale suffisante.
an tisep tique et de volum e ad ap té selon le m odèle
- Le problèm e de l'o p érab ilité liée à la sénilité
proposé par Siredey.
ou au m auvais terrain doit êtrè étudié cas par cas.
Le recours à un pessaire peut devenir nécessaire
Il est certain que les voies basses offrent tout de
si le procédé précédent ne convient pas (pessaire
m êm e m oins de risque que l'ab o rd abdom inal.
an n u laire n° 6 ou 7). Les soins d'hygiène sont bien
L 'obésité peut aussi être un facteur rédhibitoire
en ten d u indispensables ainsi q u 'u n e assistance
p o u r les voies hautes où les dissections sont to u
m édicale périodique.
jo u rs plus difficiles. La puissance des forces en
poussée abdom inale peut co m p ro m ettre la qualité
Traitements chirurgicaux des résultats.
N otre objectif n'est pas ici de décrire le détail de Bilan des dégrad atio n s à traiter
tous les procédés destinés à traiter les prolapsus
vaginaux. U n certain nom bre d ’en tre eux sont cri- Il découle de l'analyse clinique. Les corrections
ticables ou périm és. N ous nous proposons de res à ap p o rte r aux dégrad atio n s an ato m iq u es dans les
ter dans le dom aine pratique et d 'é tu d ie r les p ro prolapsus m ulti-élém entaires co m p ren n en t :
blèm es suivants : - l’effacem ent d 'u n e poche de cystocèle,
- préciser les conditions de l’o p érabilité, - la rem ise en place de l'u téru s ou du fond vagi
- rap peler les objectifs à poursuivre en fonction nal,
de chaque dégradation statique, - le refoulem ent d 'u n e rectocèle et la rép aratio n
- faire une courte analyse critique des procédés des structures du périnée p o stérieu r,
auxquels on peut avoir recours. - la suppression du sac herniaire d ’une élytro-
- d écrire les procédés que nous utilisons dans cèlc,
les cas sim ples, - la correction d 'u n e pathologie cervicale liée
- p ro p o ser des solutions en fonction de chaque aux d ég rad atio n s statiques.
condition particulière : Il va de soi que tous les prolapsus ne nécessitent
• association d 'u n e incontinence urinaire pas to u tes ces corrections. Il en est m êm e b eau
d 'effo rt. coup qui sont m ineurs et n ’en tra în en t aucune gêne
PROLAPSUS 211
fonctionnelle ; ils ne doivent faire l'objet que voie basse. Nous avons presque exclusivement
d ’une surveillance clinique. Par contre à partir du dans ce cas recours à la promonto-fixation.
mom ent où l’intervention a été décidée, il faut
aussi tenir com pte de ces éléments mineurs et Traitement de la rectocèle
envisager une opération com plète surtout si les C'est le seul temps thérapeutique qui depuis
structures périnéales sont très dégradées. 11 faut longtemps fait l'unanimité des spécialistes. Il faut
avoir presque l’impression de trop en faire pour en l'exécuter avec soin.
faire assez. C ’est le seul moyen d'éviter des débo i - Le clivage inter-recto-vaginal doit être p o u r
res ultérieurem ent. suivi suffisamment loin pour bien dégager les fais
ceaux pubo-rectaux et pubo-coccygiens des rele
A nalyse critique des procédés visant à corriger veurs. Un coup de ciseaux en direction de la fosse
chaque dégradation élém entaire ischio-rectale n'est pas inutile pour bien exposer
les muscles.
Traitement de la cystocèle
- La suture à points séparés des fascias pré-rec-
- Colporraphie antérieure - réfection du fascia taux et de la gaine fibreuse du rectum rétractée
de H alban : l'étude de nos anciens dossiers a m ain latéralement est un geste com plém entaire p ré
tenant largement prouvé l'insuffisance de ce p ro cieux.
cédé qui à lui seul expose à un taux de récidives - La m yorraphie des releveurs doit être exécu
tardives, inacceptable si la perméabilité vaginale tée après une parfaite identification des muscles.
est conservée. - La réfection des structures restantes du péri
- Colporraphie antérieure et ligamentopexie née superficiel est un temps à ne pas négliger. Il
des utéro-sacrés selon Shirodkar. Les résultats faut essayer de refaire un coin périnéal postérieur.
peuvent être meilleurs mais restent insuffisants. - Si la perméabilité vaginale doit être conservée
- Ligamentopexie sous-vésicale selon Crossen on s’abstiendra de colpectomie ou on la réduira au
ou Campbell dans les hystérectomies vaginales : minimum.
c'est un procédé d'au tant plus efficace que la per - L ’hém ostase doit être soigneuse.
méabilité vaginale peut être supprim ée, et que l'on
Le ta m ponnem en t vaginal en fin d ’opération ne
y associe un bon temps périnéal postérieur.
doit être considéré q u'en tant que sécurité com plé
- S outènem ent sous-vésical par prothèse asso
mentaire.
ciée à une hystéropexie : c’est une solution efficace
à condition de fixer l'utérus en haut et en arrière. Traitement des élytrocèles
La plupart sont iatrogènes et induites par une
Traitement de l'hystéroptose on de la colpoptose ventropexie. O n est donc généralem ent conduit à
fundique défaire cette fixation pariétale antérieure et à
- Seul le procédé de Shirodkar a un rôle vrai refixer le tube génital en haut et en arrière. Le
ment efficace dans ce dom aine à la condition q u ’au meilleur traitem ent du sac herniaire est la résec
fil des années les utéro-sacrés ne s’atrophient pas. tion séreuse large. Les cloisonnements peuvent se
- Sinon seules deux solutions restent possibles : défaire ou do n n er lieu à des faux kystes périto-
• l’hystérectomie : qui ne résout en rien la néaux.
réduction des autres éléments de prolapsus, La résection large d ’une élytrocèle par voie
• la promonto-fixation de l’isthme. C'est notre basse risque d ’être insuffisante surtout si l’hystéro-
procédé de choix à condition de la renforcer par torsion antérieure de la ventropexie utérine n'est
une fronde pré-utérine ou mieux une prothèse pas corrigée et si une perméabilité vaginale doit
sous-vésicale. être conservée.
Ce temps de résection séreuse s'effectue par
Les cervicorraphies ou les résections cervicales contre sans difficulté, exclusivement par voie
La résection d 'une lèvre antérieure tapiroïde ou h au te ; on l’étendra latéralem ent ju sq u ’au voisi
l'am putation d'un col prolabé ou hypertrophié nage des trajets urétéraux. Sur le plan médian on
sont to ujours insuffisants car ces gestes ne traitent est vite arrêté par l’adhérence du péritoine à
en aucune façon la cause première : le relâche l'isthme utérin en avant, au rectum en arrière,
ment des structures d'am arrage cervico-vaginales. d onn ant à la résection séreuse une forme en aile
- Le traitem ent de la trachéloptose ou de la col de papillon (Fig. 169).
poptose fundique après hystérectomie sub-totale - La dissection devra rester strictement sous
ou totale nous paraît d ’exécution très aléatoire par séreuse, l’hém ostase sera soigneuse, le drainage
212 PROLAPSUS
colpectomie large. Ce type d'intervention peut - Les champs opératoires abdom inaux et péri
tout de même rendre des services dans certaines néaux seront d ’em blée préparés mais l’in strum en
conditions anatom iques locales très défavorables tation sera rigoureusement séparée.
et. surtout, chez des femm es très âgées au risque - Les mem bres inférieurs seront engainés de
chirurgical m ajeur. bottes stériles. U ne sonde de Folley n° 16 ajustée
d'un sac stérile est mise en place dans la vessie au
moment de la préparation du cham p périnéal à
l'aide d 'une paire de gants qui sera aussitôt chan
T echniques chirurgicales en fonction du
gée.
contexte
- L ’asepsie et l'hém ostase seront des plus rigou
Patiente encore relativement jeune, ayant terminé reuses.
ses maternités, au bon terrain et présentant un pro
lapsus multi-élémentaire sans pathologie gynécolo M anuel o p érato ire
gique associée, sans incontinence urinaire d'effort. Voie d'abords - exploration
Les opérations de soutènement-suspension par voie Nous préférons souvent une voie de Pfannen-
haute. stiel à une voie médiane. U ne voie d 'abord de
* Préparation Cherney avec désinsertion des droits ou une inci
sion transversale transrectale sont également pos
- Chez une malade de morphologie normale au
sibles. A près mise en place d'un écarteur orth o sta
bon terrain, c'est souvent vers cette solution que
tique à 3 ou 4 valves (plusieurs modèles peuvent
nous nous orientons.
convenir), on fait un bilan pelvien pour apprécier
Depuis plus de vingt ans que nous la pratiquons,
l'intégrité des annexes, le volume et les modalités
elle a largement fait les preuves de son efficacité.
selon lesquelles l'isthme utérin peut être rem onté
Le treillis de mersilène. matériel inerte que nous
à proximité du prom ontoire. Ces modalités sont
utilisons, s'est m ontré d 'une tolérance parfaite et
variables. En général dans les prolapsus im por
les risques de spondylodiscite sont pratiquem ent
tants, où les moyens de suspension sont très élon-
nuls, sous réserve d'une technique opératoire
gués, l'isthme utérin vient facilement au contact
rigoureuse.
du prom ontoire.
- T oute infection urinaire ou génitale basse
devra être au préalable dépistée et traitée. Exposition du promontoire et passage des fils
- Il est parfois utile chez les malades m énopau- d'amarrage. Le repérage du prom ontoire est en
sées d'assurer une meilleure trophicité vaginale général facile, il se fera à la vue et au doigt. La
par une restrogéno-thérapie locale. jonction recto-sigmoïdienne étant refoulée vers la
gauche, l'aponévrose pré-vertébrale est exposée
* Principes
après dissociation ou ligature des éléments fibro-
- L ’am arrage du tube génital est réalisé par une vasculaires qui la m asquent. Ce plan aponévroti
suspension à l’aponévrose pré-vertébrale en géné que résistant est transfixié à l’aiguille demi-cercle
ral en regard du disque lombo-sacré. montée sur un fil synthétique non résorbable n° 0
- Le-soutènement de la base vésicale est assuré ou 1. Ces fils sont gardés en attente.
par un treillis de mersilène. Deux temps com plé
mentaires sont généralem ent effectués : Montage du matériel prothétique (Fig. 170). Après
* presque systém atiquem ent une colpopexie incision du cul-de-sac vésico-utérin, on en treprend
rétro-pubienne, avec douceur un décollement vésico-vaginal.
* fréquem m ent une périnéorraphie postérieure L ’aspect de l'espace clivable est très variable. P ar
avec myorraphie des releveurs. fois il est vaste, avasculaire, s’étend facilement
ju sq u ’au col vésical, les lames vésico-vaginales
* Installation de la malade sont bien structurées ; d'autres fois l’espace est
- L ’installation sur des appuis perm ettant étriqué, encom bré de quelques veinules dont il
l'abord abdom inal et périnéal combiné est indis faut faire l'hémostase. La loge de la prothèse, ainsi
pensable. Les cuisses seront portées en abduction préparée, est toujours de forme triangulaire à
franche et en flexion m odérée. som m et inférieur. O n en dessinera les contours
- Certaines tables d'opération p erm ettent une avec un m a rqu e ur stérile sur le tissu synthétique.
surélévation auto m atiqu e des mem bres inférieurs Ce triangle sera prolongé par deux bandelettes
pou r les temps périnéaux, c'est évidem m ent un postéro-latérales destinées, après avoir enfourché
progrès appréciable. l'isthme utérin, à être fixées au prom ontoire.
214 PROLAPSUS
F ig . 170 — Mise en place d'un treillis de mersilène inter- F ig . 171 — La bandelette postérieure droite est passée le long
vesico-vaginal. Les fils de promonto-fixation sont passés de l'isthme utérin en sous péritonéal. (Extrait de l'Encycl.
dans l’anovrose prévertébrale en regard du disque L5-S1. Méd. Chir., Paris, Techniques chirurgicales. Gynécologie,
(Extrait de YEncycl. Méd. d u r ., Paris. Techniques chirurgi 41825 [3.22.05]).
cales. Gynécologie, 41825 [3.22.05]).
Le triangle de tissu est mis en place sous la base si l'utérus ne vient pas au contact du prom ontoire.
vésicale, il est suturé au mersilène 000 par des Les deux bandelettes sont alors am arrées à leur
points séparés. Le som m et est attaché au fond du tour avec les mêmes fils.
décollement au fascia péri-vaginal, les bords laté
raux à la partie superficielle des lames vésico-vagi Péritonisation (Fig. 173). Elle doit exclure com
nales et à la partie attenan te du fascia péri-vaginal. plètem ent le fond de l'excavation pour éviter toute
A près une adéquation définitive on suture la base incarcération d'anses grêles. On l’effectuera aux
de la prothèse à la face antérieure de l'isthme uté points séparés de fil synthétique 000 à résorption
rin. La bandelette droite est alors faufilée dans un lente. Il est préférable à gauche d ’inciser le péri
trajet sous péritonéal effectué prudem m ent à toine avant de péritoniser p our assurer un meilleur
l'aide d'un gros dissecteur mousse puis d'un dis accolement.
secteur de Semb. Elle ressort par incision périto
néale devant le prom ontoire. La bandelette passe Colpopexie rétro-pubienne. En l'absence d 'inco n
à travers la base du ligament large (Fig. 171). tinence urinaire d ’effort p atente ou masquée, le
Promonto-fixation (Fig. 172). Le point d'élection temps de colpopexie rétro-pubienne n ’est théori
de l'am arrage utérin se situe à la face postérieure q uem en t pas nécessaire. En pratique, instruits par
de l’isthme, à peu près au niveau du point où vien l'expérience, nous l'effectuons presque toujours
nent mourir les fibres des ligaments utéro-sacrés, pour les raisons suivantes :
c’est-à-dire au niveau du « torus uterinus ». Il faut - A la suite de contrôles tardifs, nous avons
charger franchem ent le m yom ètre tout en restant à observé quelques cas d ’incontinence urinaire
distance de la cavité utérine. Les deux points de d'effort secondaire, q u e nous avons parfois dû
fixation sont noués sans traction excessive, m ême reprendre par des suspensions rétro-pubiennes.
PROLAPSUS 215
F i g . 173 Péritonisation. (Extrait de 1 Encycl. Med. ( hit., F ig . 174 — Vite schématique du montage. (Extrait de
Paris. Techniques chirurgicales. Gynécologie. 41825 VEncycl. Méd. Cliir.. Paris. Techniques chirurgicales. Gyné-
[3.22.05]). cologie, 41825 [3.22.05]).
216 PROLAPSUS
• la deuxième pince sera placée verticalement, toute l'étendue de la base vésicale. Si l’étoffe de
le bec vers le haut et p rendra le pédicule utérin ; ces ligaments est suffisante, on peut les croiser
• la troisième pince sera de préférence un clamp avant leur am arrage, ce qui assure un meilleur
de T o u p et et chargera le pédicule annexiel. so utènem ent au niveau du col vésical (Fig. 178).
- A u cours de ces manœuvres, l'utérus descen * Périnéorraphie postérieure
dra en échelon, on l'inclinera tantôt à droite, ta n
tôt à gauche, la vessie et le rectum étant bien Qu'il y ait ou non une rectocèle associée, un
refoulés, afin d'exposer à chaque étage le pédicule temps périnéal postérieur com plém entaire est
correspondant. généralem ent indispensable, (voir plus haut).
- En cas de besoin, des pinces supplémentaires Traitement des prolapsus extériorisés chez la
po urront être posées sur les pédicules utérins ou fem m e âgée, chez laquelle la perméabilité vaginale
annexiels. peut être sacrifiée.
• Ligamentopexie - Colposuspension - Nous nous orientons presque toujours en
- La meilleure façon d ’assurer un soutènem ent pareil cas vers l'hystérectomie vaginale avec col
sous la vessie est de recourir aux pédicules pectomie large, ligamentopexie et ferm eture du
annexiels. Les ligaments ronds seront repérés, périnée.
puis après la ferm eture du péritoine, adossés par - Certains points sont à préciser.
des points séparés selon le procédé de Crossen
La colpectomie : Elle constitue un facteur de soli
(Fig. 175). La colpopexie sera assurée par la
dité car elle en traîne une fibrose cicatricielle blo
suture des pédicules utéro-sacrés à la tranche vagi
quant la ptôse viscérale. Elle n'est cependant pas
nale.
sans risque car il faut éviter toute sclérose rétrac-
Lorsque les ligaments utéro-sacrés sont de
tile postérieure, risquant d ’ouvrir le col vésical et
bonne qualité il y a tout intérêt à les am arrer au
l'urèthre. Il en découle la nécessité de ménager la
tissu fibreux sous-pubien selon le procédé de
Campbell (Fig. 177), ce qui assure un support à partie inférieure de la paroi vaginale antérieure en
regard du col vésical et de l'urèthre. Nous avons
renoncé, en raison du risque d'un saignement
excessif, à réséquer les parties latérales du vagin.
Par contre, nous pratiquons toujours en fin
F ig . 176 — Soutènement sous-vésico-uréthral pur le procédé Fi<;. 177 — Amarrage des ligaments utéro-sacrés au tissu
de Crossen. fibreux sous pubien : Procédé de Campbell.
218 PROLAPSUS
Il ne faut pas non plus négliger le rôle d'appoint ques. C'est une indication d ’élection des soutène
que peut ap p o rte r la m yorraphie des releveurs, si ments par m atériau inerte avec promonto-fixation.
la musculature n'est pas trop altérée. A près hystérectomie sub-totale, le clivage inter-
vésico-vaginal se retrouve en général sans trop de
Dans les voies hautes et les opérations de suspen
difficultés. Par contre il peut en être autrem ent
sion-soutènement, la colpopexie rétro-pubienne par
après hystérectomie totale (Fig. 181). Il faut au
bandelettes de mersilène reste notre procédé
moins dégager le dôm e vaginal et si possible 2 ou
d ’élection, parfaitem ent adaptée aux autres temps
3 cm de paroi vaginale antérieure. O n fixera par
opératoires. Nous ne pensons pas cependant que
une série de points non transfixiants une bande de
chez une m alade obèse elle puisse d on ner autant
largeur adéquate en treillis de mersilène. Cet
de sécurité q u 'u n e fronde correctem ent mise en
am arrage n ’étant parfois pas suffisant, il faudra
place.
dégager beaucoup plus largement la face posté
Les prolapsus après hystérectomie rieure du vagin pour y fixer par une série de points
L 'ab ord vagino-périnéal des prolapsus multi- échelonnés une large bande de m atériau synthéti
élémentaires après hystérectomie se heurte à de que. Les deux bandes sont alors fixées ensemble
grandes difficultés d'exécution, si la perméabilité au prom ontoire.
vaginale doit être conservée. On ne peut guère U ne colpopérinéorraphie postérieure devra
com pter sur les structures ligamentaires résiduel généralem ent com pléter ce m ontage, dont les
résultats sont d 'au ta n t plus encourageants que les
les surtout après hystérectomie totale. La qualité
de l'intervention dépen dra de la colpopexie fundi autres possibilités sont souvent des plus réduites.
que et du soutènem ent de la vessie. O r ces temps
ont peu de chance d'être réalisables dans des
conditions satisfaisantes.
- Nous n'avons pas l'expérience des colpopexies
au petit ligament sacro-sciatique décrites par Rich-
ter [2]. Cette technique est séduisante, mais des
complications ont été décrites : hémorragie par
plaie des vaisseaux honteux internes, névralgie
sciatique par blessure nerveuse.
- L'association d 'une colpectomie étendue à
une ferm eture du périnée perm et parfois d 'espérer
un résultat correct. Il y a alors lieu d ’observer les
précautions, sur lesquelles nous avons insisté,
concernant la continence urinaire. F ig . 181 — Promonto fixation du vagin par l’intermédiaire de
La voie abdom inale, par contre, offre de larges deux bandelettes de mersilène dans un prolapsus après hysté
possibilités sans entra în er d'altérations an a to m i rectomie totale.
PR OL APS U S ASSOCIÉS À U N E A U T R E P A TH O LO G IE
PE LV IE NN E
séparés de fil résorbable. La péritonisation est anciennes parfaitement refroidies sont tout à fait
facilitée par l’hystérectomie. Souvent l’étoffe est licites.
suffisante pour la faire directe, sinon on effectuera
une péritonisation colo-vésicale. Au besoin un
Association d'un prolapsus rectal
patch de treillis résorbable peut combler un défect
de la péritonisation.
C ette association est rare mais peut parfaite
ment être contrôlée même chez des personnes
Association à une pathologie annexielle âgées en associant la promonto-fixation du tube
génital à la rectopexie. Celle-ci nécessite un temps
préalable long, fastidieux, mais indispensable de
K yste de l’ovaire. — C ’est presque toujours une
dégagem ent du rectum sous-péritonéal. Des b an
indication de la voie haute et souvent celle d ’une
delettes de mersilène seront suturées sur la muscu
hystérectomie associée.
lature des parois antéro-latérales du rectum et
A nnexites. — Il est évident q u 'une promonto- am arrées en haut au ligament pré-vertébral avec
fixation est incompatible avec des lésions inflam les fils de la promonto-fixation génitale ou indé
matoires évolutives. Par contre une annexectomie p endam m ent. Un excellent résultat est pratique
ou une hystérectomie sub-totale sur des lésions ment assuré.
P R OL APSU S RÉCIDIVÉS
IN V E S T IG A T IO N S C L IN IQ U E S Examen physique
ment toutes les structures du périnée et même vraisemblable si une ventropexie avait été précé
gagner l’étage pelvien. Devant l'impossibilité de dem m ent pratiquée. Soupçonné par la clinique, le
décrire toutes les situations nous en évoquerons diagnostic est confirmé par le colpocystogramme.
quelques-unes parmi les plus fréquentes. - La situation loco-régionale se complique et
s’aggrave en cas de malfaçon technique, de d été
A u niveau vaginal riorations graves du périnée postérieur ou de dis
torsion cicatricielle. Un des aspects les plus habi
- Les sténoses cicatricielles, facteurs de dyspa tuels résulte d ’une périnéorraphie postérieure
reunies douloureuses, rendent parfois tout rapport excessive. Elle a certes pu porter sur les releveurs
impossible. Elles sont généralem ent dues à des mais trop souvent elle a porté sur les plans péri-
colpectomies excessives au cours des temps de col- néaux superficiels et les tégum ents (Fig. 183). La
porraphies antérieures ou postérieures. vraie myorraphie ayant été négligée ou rendue
- Des cicatrices chéloïdes rétractiles prenant impossible du fait de la disparition des muscles.
l'aspect de véritables synéchies ou de diaphragmes Ainsi le coin périnéal postérieur est transformé en
intra-vaginaux s’observent parfois. un bloc fibreux plus ou moins dense. A l'effort de
- U ne des lésions les plus redoutables est la reten ue, le périnée est parfaitement immobile.
rétraction de la paroi vaginale antérieure bloquant L'appareil sphinctérien ne participe pas forcément
le col utérin ou le moignon cervical après a m p u ta aux altérations précédentes, il peut être relative
tion du col sous la symphyse pubienne (Fig. 182). ment intact.
C ette situation peut s'observer après toutes les col Des rem aniem ents cicatriciels complexes, voire
pectomies antérieures abusives, par exemple après des fistules, peuvent s’observer à ce niveau. Ainsi,
une opération de M anchester mal conduite. Le col si la malade accuse des pertes fétides ou a l'impres
et la cavité utérine sont fréquem m ent inexplora sion d ’une émission de gaz par le vagin, un trajet
bles et la dyspareunie fréquente. Les troubles uri fistuleux recto-vaginal en zone cicatricielle sera
naires associés sont fréquents : dysurie, p h én o patiem m ent recherché. Souvent on est guidé par
m ène rétentionnel par blocage du col sous un petit granulom e (Fig. 184).
l'urèthre. Plus souvent encore fuites incontrôlées, - Ailleurs c’est un périnée profond délabré,
pollakiurie, mictions impérieuses. dépourvu de toute structure anatom ique recon
naissable, parfois masqué par un rideau cutané
A u niveau du périnée et de la paroi p o stérieure excessif et sténosant, véritable « périnée cache-
du vagin misère » n'em pêchant pas la persistance d 'une rec
tocèle.
- O n trouve une colpocèle postérieure, aucune
dissection n'ayant été pratiquée à cet endroit. Le
A u niveau vésico-uréthral
cas est relativement simple. Certes il peut s’agir
d 'u n e rectocèle précédem m ent négligée et secon - C ’est là que la sclérose multilante et les distor
dairem ent aggravée. L 'im portant est de ne pas sions anatom iques peuvent avoir les conséquences
ignorer une élytrocèle. Ce diagnostic devient très iatrogènes les plus fâcheuses. Elles suivent aussi
Fk;. 182 — Le col utérin est bloqué sous la synphyse pubienne F ig . 183 — Sténose orificielle après suture excessive des plans
par suite d'une colpectomie antérieure excessive. périnéaux superficiels.
222 PROLAPSUS
L'urographie intraveineuse sera une sage précau - Les récidives de prolapsus, q u ’il s’agisse de
tion soit lorsque l'on aura lieu de craindre un récidive vraie (liée à une insuffisance technique ou
retentissement iatrogène sur le haut appareil p ro à une complication opératoire) ou de prolapsus
voqué par l’opération précédente ou que la symp laissé seront mieux précisés par le C .C .G .
tomatologie clinique évoque une condition radio
*Les colpocèles fundiques (après hystérectomie
logique associée.
totale) où le diagnostic clinique entre une cysto
L’exploration uro-dynamique a sa place s'il existe cèle, une rectocèle voire une élytrocèle est quasi
une distorsion anatom ique retentissant sur le impossible. Le C .C .G . identifiera aisément les élé
mécanisme vésico-sphinctérien. ments viscéraux prohibés (Fig. 188, 189).
Le colpocystogramme est toujours utile et sou * Les trachélocèles (après hystérectomie sub
vent indispensable pour clarifier une situation cli totale) où le C .C .G . p erm e ttra de ne pas m écon
niquem ent confuse. naître une cystocèle associée.
Le cas des prolapsus récidivés et d ’une façon Ces prolapsus après hystérectomie s'avèrent
générale les cas complexes des malades polyopé- d'une telle fréquence que le C .C .G . nous apparaît
rées se situe dans un contexte tout à fait différent. utile pour en faire la prévention lorsque l’indica
En effet des distorsions anatom iques graves tion opératoire d 'une hystérectomie est posée. 11
accom pagnées souvent de troubles urinaires diffi faut y penser chaque fois que l'on a lieu de crain
ciles à analyser imposent im pérativem ent une éva dre une dégradation statique viscérale associée,
luation radiologique. pas toujours évidente cliniquèment. mais qui sera
O n s’attachera tout particulièrement à préciser dûm ent authentifiée sur les clichés.
la topographie et la morphologie de la jonction
uréthro-vésicale.
Le C .C .G . peut ainsi fournir des inform ations
essentielles dans les situations anatomo-cliniques
suivantes : (Fig. 187)
Il est m aintenant classique de dire q u'une volu Les situations sim ples. — Ce sont en pratique
mineuse masse pelvienne bloquée au-dessous du les éléments de prolapsus isolés.
détroit supérieur (fibrome ou kyste de l’ovaire) Les colpocèles postérieures isolées. T o ut se limi
peut avoir un « effet suspensif » sur la statique vis tera donc à traiter une rectocèle ou à savoir identi
cérale, et peut atténuer voire m asquer totalement fier une élytrocèle. C ’est la voie abdom inale qui se
un prolapsus latent des viscères et surtout de la p rête ra le mieux au traitem ent de cette dernière
vessie. condition : résection de la séreuse, défixation de
Lors du bilan pré-opératoire d'une patiente que l’hystéropexie pariétale antérieure et refixation au
l’on va hystérectomiser, l'interrogatoire et l'exa prom ontoire.
men clinique doivent rechercher une I.U .E . même
très intermittente, souvent m ajorée en période C'est une récidive antérieure : cystocèle, hysté
pré-menstruelle, ainsi qu'une colpocèle antérieure roptose ou colpoptose fundique : le cas est fré
e t /o u postérieure. quent.
Il ne faut pas trop hâtivement conclure à la com • Parfois il s’agit d'une récidive après une inter
pression du dôm e vésical par un myome volumi vention par voie haute sans aucun temps vaginal
neux antérieur, ou à la compression de la région antérieur.
trigonale par un myome postérieur bloquant le col • Le précédent com pte-rendu opératoire, le col
utérin sous la symphyse pubienne, car le C .C .G . pocystogramme perm ettent en général de co m
peut très bien m ontrer une cervico-cystoptose prendre ce qui s’est passé.
latente dont il faudra tenir com pte et traiter dans • C ’est parfois une ventropexie qui a lâché ou
le m êm e temps chirurgical. dont l’allongement supra-vaginal du col s’est
- D 'a u tre part, il est des utérus m y o m a te u x pto- considérablement étiré. Il faut reprendre la
sés visibles au C .C .G ., sinon évidents clinique patiente par voie haute et effectuer une opération
m ent : si l'hystérectomie doit être totale, une fixa de suspension-soutènement avec hystérectomie
tion du fond vaginal restant doit être effectuée ; si sub-totale. A la limite chez des fem m es âgées,
l’hystérectomie est sub-totale, une fixation du col dont la suspension abdominale s’est én orm ém ent
restant (après s’être assuré de sa parfaite intégrité distendue, l’accès vagino-périnéal et l’hystérecto-
cytologique) évitera la trachéloptose ultérieure. mie sont possibles.
- Les colpocèles postérieures apparues après un • O n associera les temps com plém entaires déjà
geste chirurgical pelvi-périnéal antérieur doivent largement décrits.
PROLAPSUS 225
• Il est plus rare que l’opération précédente soit A u niveau de la paroi vaginale antérieure et du
une promonto-fixation (Fig. 190). Nous en avons segment vésico-ttréthral.
observé quelques cas accompagnés parfois d'une Nous avons évoqué le problèm e redoutable d'un
élytrocèle. Presque to ujours il s'agissait d'une p ro col utérin ou d'un moignon cervical bloqué sous la
monto-fixation simple, non consolidée par une symphyse pubienne par une colpectomie an té
prothèse sous-vésicale. La fixation a lâché au rieure excessive. Le prolapsus utérin est p erm a
niveau du m yom ètre, en traînan t la récidive. Il faut nent et irréductible, le callus cicatriciel peut être
donc reprendre et com pléter le m ontage, ce qui en douloureux, le vagin a perdu sa profondeur, la
général ne souffre pas de difficultés. dyspareunie est fréquente. Sur le plan urinaire les
• Ailleurs il s'agit d'une cystocèle et d ’une hys choses sont variables :
téroptose récidivée, après un temps de colporra
phie antérieure associée ou non à une amputation - Il n'y a ni incontinence, ni dysurie.
du col et à des ligamentopexies. La paroi vaginale - U ne fuite apparaît à l’effort dès la moindre
antérieure est souple, peu cicatricielle. Le prolap tentative de remise en place du col utérin à la
sus se laisse bien réduire. Il n'est pas logique de faveur d ’une o uverture de l’urèthre par la cicatrice
reprendre une voie basse à moins que la p erm é ab i rétractile.
lité vaginale puisse être sacrifiée. Il est donc licite - Il existe des phéno m ènes rétentionnels par
là encore de refaire notre opération par voie haute blocage de la jonction vésico-uréthrale par le col
et d ’y associer une colpopexie rétro-pubienne utérin.
même en l’absence d'incontinence urinaire. - Les fuites urinaires apparaissent au moindre
effort ou sont quasi perm anentes.
C'est une ancienne opérée de prolapsus par voie
Le colpocystogramme nous donnera une image
basse qui vient consulter pour une incontinence
rie généralem ent très significative de ces situa
urinaire d'effort isolée. Les parois vaginales sont
tions. L 'étude uro-dynam ique nous apportera des
souples et non cicatricielles, les éléments de p ro
éléments intéressants sur la pression de clôture de
lapsus sont nuls ou négligeables, on rem onte faci
l'urèthre au repos, à l'effort et à la contraction du
lement à l'examen clinique la jonction vésico-
plancher pelvien, ainsi que sur le taux de transmis
uréthrale, l'examen uro-dynamique, le colpocysto
sion. Il serait également intéressant de voir ce que
gramm e confirment la clinique. La colpopexie
donnerait l’étu de du sphincter strié uréthral à
rétro-pubienne est l’opération indiquée, sous
l’E .M .G .
réserve que le Retzius n'ait pas été disséqué, elle
se fait en règle sans difficultés particulières. - Il est difficile de laisser des malades dans cette
situation sans rien tenter, m ême si les résultats
obtenus ne sont pas toujours brillants. Des am é
Les situations com plexes. — On ne saurait tou liorations partielles sont toujours les bienvenues.
tes les décrire. Un fait domine les rem aniem ents et - Le prem ier objectif à atteindre est de redon
distorsions cicatriciels : la fréquence des troubles ner à la paroi antérieure du vagin une amplitude
urinaires associés. autant que possible voisine de la normale
(Fig. 191, 192, 193, 194). D ans un prem ier temps,
il faut réséquer largement le callus fibreux sous-
uréthral qui bloque le col utérin. La dissection doit
être poursuivie ju s q u ’en tissu souple. Un défect
im portant de la paroi vaginale antérieure exposant
la jonction uréthro-vésicale et la base de la vessie
apparaît. Il faut le combler. Nous n'avons pas p ra
tiqué en pareil cas de greffes libres, qui ne sont pas
suffisamment épaisses, elles n 'am èn ent aucun tissu
bien vascularisé et ne se prêtent pas à la mise en
place d'un so utènem en t sous cervico-vésical telle
une fronde. Nous avons recours à un large lam
beau pédiculé, cutanéo-graisseux labial gauche.
Ce procédé nécessite 8 ou 15 jours avant une épi
lation électrique du lambeau. Celui-ci passe sous
la petite lèvre au ras de la branche ischio-
F ig . 190 — L achage d'une promonto-fixation non consolidée pubienne. Il est suturé sans difficultés aux bords
par une prothèse de mersilène. de la perte de substance. L’aspect esthétique après
PROLAPSUS
226
p o u r avoir quelque chance d 'am é lio rer la situa cu tané sera soigneusem ent reconstitué. Le tam
tion. A près libération souvent laborieuse des p o n n em en t vaginal est indispensable. Il y aura
ad h érences, la rem ise en place de bandelettes croi parfois, par la suite, in térêt à guider la cicatrisa
sées évite en principe la reproduction de celle-ci au tion et à faciliter la calibration p ar un m andrinage
niveau du col vésical (page 184). en m ousse de plastique et à associer su rto u t chez
les fem m es m énopausées un traitem en t œ strogéni-
Dans d'autres circonstances, certaines polyopé-
que local et général avant la reprise des rap p o rts
rées consultent p o u r des fuites incontrôlées non
sexuels.
sy stém atiquem ent liées à l’effort. Les pressions de
En cas de dyspareunie superficielle liée à une
clôture et la transm ission sont à des taux très bas.
su tu re cu tanée excessive, il faut p ratiq u er une
D es contractions anorm ales du d étru so r accom
plastie locale, sectio n n er largem ent la bride,
pag n en t parfois ces anom alies. Sur les clichés de
décoller la paroi vaginale p o stérieu re et transver-
profil, u rèth re et vessie sont figés. Ces cas laissent
saliser la suture m uco-cutanée. Les résu ltats sont
peu d ’espoir à une solution satisfaisante. Il est
g én éralem en t bons. N ous avons d éjà fait allusion
logique d ’en tre p re n d re d 'ab o rd des traitem ents
aux rép aratio n s des d élab rem en ts profonds du
m édicaux, soit p o u r te n te r d 'am é lio rer le com por
p érin ée et à l’utilité q u ’il p o u rra it y avoir à consoli
tem en t du d étru so r, soit pour consolider la clô
d er cette région en reco u ran t à un m atériau com
ture. Ils sont gén éralem en t, et p o u r cause, peu
p lém entaire : laçage par lanière cu tanée ou tissu
efficaces.
synthétique résorbable.
Ce n ’est que dans les situations très invalidantes
et à la dem ande expresse des m alades, q u ’une te n - T o u t tra je t fistuleux enfin doit être mis à plat,
tative chirurgicale p eu t être envisagée. E lles doit la rép aratio n p érin éale ne p o u v an t être effectuée
logiquem ent co m prendre : q u 'à une date u lté rieu re, un à trois mois en
• un e libération rétro -p u b ien n e avec résection m oyenne.
m axim ale du tissu cicatriciel, - Les volumineuses cystocèles après amputation
• une attitu d e identique p a r voie basse, en du rectum s'associent à une destruction totale du
n ’h ésitan t pas à passer au ras de la m uqueuse plan ch er pelvien et du p érin ée p o stérieu r. Les
u réth rale, voire à p ratiq u er la résection d ’une tro u b les u rinaires sont la règle. La situation de ces
ellipse scléreuse de la paroi u réth rale ; le canal est p atien tes peut être am éliorée p ar des procédés
reco n stitué au fil fin résorbable, com plexes associant, chaque fois qu e possible,
une rem ise en place du com biné génito-urinaire
• il est indispensable d ’assurer un app o rt vascu p ar voie hau te à une reconstruction du p érin ée à
laire com plém entaire. N ous recourons gén érale l'aid e d ’un lam beau m usculaire ou m usculo-cutané
m en t à une greffe de M artius. U ne plastie m uscu g én éralem en t du d ro it in tern e (Fig. 195, 196 et
laire d ’un muscle voisin de la cuisse ou un lam beau 197).
ép ip lo ïque pédiculé sont p eu t-être des suggestions
à exploiter,
• nous préférons to u jo u rs consolider le m on
tage, soit p a r un sim ple rectangle ap onévrotique B IB L IO G R A P H IE
sous la greffe de M artius fixée in situ, soit p ar une
fronde de fascia lata fixée p a r voie rétro-pubienne [1] R i c h t e r K. a n d A l b r i c h W . — L ong term
m ais sans aucune tension. resu lts follow ing fixation o f th e v agina on the
N ous avons o b te n u to u t de m êm e chez ce type sacrospinal ligam ent by the vaginal ro u te (vagi-
de m alades environ 40 % de résultats en co u ra nae fixatio sacro spinalis vaginalis), A m . J. O b s-
geants. tet. G y n e c o l., 141, 811, 1981.
[2] In g e lm a n S u n d b e r g A . — E xtra-vaginal plastic
Les lésions graves du périnée postérieur chez les re p a ir o f pelvic flo o r p ro lap se o f b la d d e r n eck ;
polyopérées doivent être traitées en fonction de la new m eth o d to o p e ra te fo r stress incon tin en ce of
situation loco-régionale. u rin e in w om en. G y n e c o lo g ia 1947, 123, 242-254.
- U ne dyspareunie to tale liée à une périnéorra-
phie p ostérieu re tro p serrée im pose la réin terv en
tion. S’il s’agit d ’une suture tro p serrée des plans
m usculo-aponévrotiques profonds, il faut re p re n
d re le clivage inter-recto-vaginal et sectionner à la
d em an de le bloc fibreux ou la bride sous le con
trôle d ’un doigt rectal. L ’affrontem ent muco-
PROLAPSUS 229
Leur étude mérite d ’être dissociée des lésions contro-latéral soit absent. Le tableau peut réaliser
urétérales après hystérectomie élargie qui posent une anurie (page 305).
des problèm es supplémentaires (voir p. 270). Ce peut être aussi, après une intervention diffi
Ces obstructions urétérales peuvent se voir cile et offensante pour le conduit, le résultat d'une
après césarienne, chirurgie gynécologique prati recherche de principe car les obstructions urété ra
quée par voie haute ou par voie basse. les ne donnent pas toujours un retentissement cli
Elles sont dues le plus souvent à un traum atisme nique.
provoqué par l’acte o pératoire :
• œ dèm e de la paroi urétérale,
• compression par hém atom e,
• ligature totale ou partielle du conduit,
• plicature de l’uretère attiré par un point lors
de la péritonisation (Fig. 198),
• rétrécissement succédant à une dévascularisa
tion.
L 'intervention ne fait parfois q u ’aggraver une
obstruction existant déjà avant l'opération. C ’est
dire la nécessité de pratiquer une urographie intra
veineuse pré-opératoire chaque fois que les lésions
gynécologiques sont susceptibles d 'en traîn er un
retentissement urétéral.
E n clinique, l'attention est généralem ent attirée
dans les jours ou les semaines qui suivent l'inter
vention par des douleurs lombaires. Leur intensité
va d'un simple endolorissement à une crise de coli
ques néphrétiques. L’exam en clinique perçoit
rarem ent un gros rein. Mais la symptomatologie
peut être moins nette, réduite à une reprise reta r
dée du transit, à des douleurs abdom inales diffu
ses, à une fièvre inexpliquée ou encore à une insuf
fisance rénale. Il faut dans ce dernier cas que
l’autre uretère ait subi lui aussi un traum atisme
chirurgical ou que la valeur fonctionnelle de F ig . 198 — Sténose de l'uretère droit par le surjet de la périto
l’autre rein soit mauvaise ou encore que le rein nisation.
OBSTRU CTIONS U R É T É R A L E S PRÉCOCES 231
Si l’on y pense, le diagnostic est facilement fait Elle peut être provoquée p ar un hém atom e que
par une échographie rénale suivie, après dosage confirment le toucher vaginal et l’échographie pel
de la créatinémie, d ’une urographie intraveineuse. vienne. Le drainage secondaire peut être néces
L échographie m ontre la dilatation pyélo-cali saire p our éviter l’apparition d ’une sclérose qui
cielle que l'on chiffre, le retentissement sur le enserrera tardivem ent l'uretère.
parenchyme et inconstamment la dilatation de la
- Tardive, elle a beaucoup plus de chances
partie haute de l’uretère.
d ’être définitive et de correspondre à un rétrécis
L 'urographie intraveineuse pratiquée en
sement d'origine ischémique ou à une sclérose
seconde intention confirme les données p récéden
péri-urétérale.
tes mais apporte des renseignements irremplaça
bles concernant le siège et l'étendue de l’obstruc
tion urétérale. Le contexte : un syndrom e infectieux peut tra
Lorsque l’urographie ne donne pas d'im age duire un abcès, ou une cellulite sous-péritonéale
valable on doit utiliser d'autres moyens d'investi dont le drainage fera disparaître la dilatation uré
gation : térale.
• la pyélographie transcutanée, dont le risque L’aspect : une sténose localisée totale ou très ser
infectieux est minime, fournit une image de l'obs rée est vraisemblablement due à une ligature qui
tacle urétéral, perm et de drainer le rein, et sou doit être enlevée sans retard.
vent de descendre une sonde urétérale, en tout cas U n e coudure peut être la conséquence d ’une
de différer un acte chirurgical qui n'a pas toujours bride qui va céder progressivement ou d'un h ém a
intérêt à être pratiqué en urgence, tom e localisé qui régressera.
• l’urétéro-pyélographie rétrograde donne aussi
La localisation de l’obstruction peut aider à préju
d'excellentes images. Mais le risque infectieux est
ger de son mécanisme, com pte tenu du contexte et
tel q u ’il faut, dans le m ême temps, lever l’obstacle
des difficultés opératoires qui ont pu se produire
en m ontant une sonde urétérale ou intervenir chi
au niveau de la ligature du ligament lombo-ova-
rurgicalement.
rien ou de celles de l'artère utérine et des cervico-
N ous avons vu l’intérêt des investigations endos-
vaginales lors d ’une hystérectomie totale ou au
copiques lorsque le rein paraît unique (voir
cours des dissections dans la chirurgie des prolap
p. 117).
sus.
L’attitude à ado p ter devant une obstruction uré
térale post-opératoire est fonction de deux élé - si on pense que l’obstruction urétérale peut
ments : récupérer spontaném ent (œ dèm e, hém atom e,
- le retentissement rénal ; une souffrance rénale traction par bride), il faut se con tenter de drainer
ne saurait se prolonger surtout si la valeur fonc le rein en m ontant une sonde ou en pratiquant une
tionnelle du rein opposé est médiocre ; néphrostom ie per-cutanée.
- les chances de régression de l'obstacle urété
- si l'on considère au contraire que l'obstruction
ral.
a toute chance d ’être définitive, il est préférable
Mais le drainage du rein quelle q u ’en soit la d ’intervenir rapidement.
rrçodalité perm et à l'heure actuelle de passer un
Line sténose localisée peut être dilatée avec suc
cap difficile et d ’apprécier la récupération de la cès par voie endoscopie. En fait, le plus souvent il
fonction rénale.
faut pratiquer une urétérolyse suivie de calibrage
Certaines notions sont im portantes à préciser.
sur sonde urétérale ou encore une résection ou
La date à laquelle est découverte l'obstruction une réimplantation.
urétérale : Les obstructions urétérales secondaires après
- Précoce, elle peut être due à un simple chirurgie gynécologique pour lésion bénigne sont
œdèm e. Les urographies intraveineuses systémati en fait rares. Mais chaque fois que les circonstan
ques pratiquées en post-opératoire immédiat ces per-opératoires ou que des signes survenus
après hystérectomie pour lésion bénigne banale dans les suites le font craindre, il ne faut pas hési
ont m ontré la fréquence des dilatations urétérales ter à faire une échographie rénale et une urogra
spontaném ent régressives. phie intraveineuse.
LÉSIONS PER-OPÉRATOIRES DE L’URETÈRE
Le risque de léser un uretère en chirurgie gyné que. recense 1 lésion haute pour 15 lésions basses
cologique est indéniable mais il ne faut pas en exa dont 3 juxta-vésicales.
gérer la fréquence qui se situe entre 0,5 et 3 % des Le risque im portant d 'atteinte bilatérale impose
interventions gynécologiques pelviennes. de vérifier systém atiquem ent les 2 côtés lorsque
l'on fait la cure secondaire d ’un traum atism e uré
téral.
Type de la lésion
- D ans les hystérectomies transversales conti techniques sont à connaître, ils peuvent rendre
nues, la deuxième pince, mal placée et partant service en cours d ’intervention.
obliquem ent en direction du param ètre, peut le En débutant une opération gynécologique, le
traumatiser. repérage du conduit est un geste de routine. On
- Certaines circonstances rares, telle une dupli arrive le plus souvent avec un peu de patience à le
cité urétérale. peuvent trom per l’opérateur. voir repter sous le péritoine depuis le détroit s upé
rieur ju squ 'à son entrée dans les param ètres lors
D ans les hystérectom ies élargies pour cancer, le que les lésions ne masquent pas le petit bassin et
risque est beaucoup plus important que lors de la que les mésos ne sont pas trop gras.
chirurgie bénigne, pour plusieurs raisons. Q u an d on le voit mal, on peut le rechercher en
D ’abord, parce que l'uretère a fréquem m ent subi extra-péritonéal. Il suffit d'inciser le péritoine le
une irradiation, ensuite parce que l’on est obligé long des vaisseaux iliaques suivant un tracé qui va
de le dégager du péritoine sur une certaine lon du bord externe du pédicule lombo-ovarien au
gueur et de le cliver de tout l'appareil génital. La ligament rond. A près avoir placé une pince trian
dissection est souvent difficile, hém orragique. La gulaire sur le bord interne de la section péritonéale
dévascularisation peut être provoquée par la liga et décollé au doigt ou aux ciseaux mousse le péri
ture de certaines artères urétérales provenant de toine du tissu cellulaire pelvien, on voit l'uretère
l’hypogastrique, de l’utérine, des vésico-vaginales chem iner plus bas d'arrière en avant, accolé à la
ou des vaisseaux sous-urétéraux. Les risques sont face interne du péritoine. Ses m ouvem ents péris-
maxima dans la chirurgie du col restant en raison taltiques perm ettent de l'individualiser avec certi
de la fibrose post-opératoire. tude. Quelquefois le bassin est profond, on a du
mal à le retrouver. Il faut alors pincer le péritoine
D ans la chirurgie par voie basse, lorsque l'uté tendu par la pince entre l’index placé dans le
rus descend peu dans les hystérectomies vaginales, décollement intra-péritonéal et le pouce placé sur
le refoulement de la vessie n ’éloigne pas toujours la face interne de la séreuse. En rem o ntant p ro
autant qu'il faudrait l’uretère des bords utérins. Le gressivement, on perçoit à un m om ent e ntre pouce
conduit peut être coudé et pris dans la ligature et index le conduit accolé au péritoine qui bride,
d'un pédicule vasculaire en particulier utérin, sur tend et échappe.
tout en cas de reprise d'une ligature qui a lâché. Si Q u an d ces manœuvres ne sont pas possibles, il
l'on enlève les annexes par voie vaginale, l'uretère faut l’aborder au niveau du croisement avec les
court un risque certain lors de la ligature du pédi vaisseaux iliaques. Le plus souvent, l’uretère droit
cule lombo-ovarien. croise l'artère iliaque externe à deux centimètres
Le conduit peut être blessé pendant la dissection de sa naissance et l'uretère gauche croise l'artère
d'un e volumineuse cystocèle. Il peut être pris dans iliaque primitive à deux centim ètres de sa term i
des points de plicature vésicale que certains prati naison. Mais ces repères sont schématiques et ne
quent pour réduire la cystocèle. correspondent pas toujours à la réalité. Ne pas
hésiter, en cas de difficulté, à pratiquer un court
décollement colo-pariétal qui perm et de le recher
En o b stétriq u e, il est exceptionnel que l'uretère cher plus haut. L'incision de la gouttière parréto-
soit lésé dans les circonstances de pratique habi colique le long du bord externe du cæcum ou du
tuelles ou m ême au cours d'un accouchem ent p ro colon pelvien est toujours en dehors du conduit,
longé, d'un forceps difficile, d'une césarienne. Les on le retrouve en décollant ces viscères et la partie
traum atismes urétéraux, obstétricaux se voient voisine de leur méso de la paroi postérieure, il
pratiquem ent exclusivement pendant les césarien longe en dehors les gros vaisseaux. Il ne reste plus
nes suivies d'une hystérectomie, interventions p ra qu'à le suivre dans l'excavation pelvienne.
tiquées souvent dans des hém atom es importants, Lorsqu'il n'est pas individualisable, il est préfé
avec des rapports anatom iques modifiés par rable, plutôt que de prendre un risque, de m onter
l’am pliation du segment inférieur. une sonde en p er-opératoire, soit par voie end os
copique, soit après ouverture de la vessie (voir
p. 283).
Prévention Il est essentiel de connaître la vascularisation
urétérale pour pouvoir la respecter (voir égale
La prévention d ’un traum atisme urétéral impli ment p. 23).
que de savoir repérer l’uretère, de le ménager et Huit fois sur dix le réseau anastom otique adven
de respecter sa vascularisation. Certains artifices ticiel courant le long de l'uretère lui assure une
234 L É S IO N S P E R - O P É R A T O I R E S D E L 'U R E T È R E
avoir lié l'utérine, on prend le temps de dégager, coudé, voire em broché. Vérifier sa place, en parti
de refouler en dehors et en bas avec le dos des culier au niveau des ligaments lombo-ovariens, au
ciseaux les pédicules cervico-vaginaux. Cette besoin le dégager légèrement du péritoine s’il est
m anœuvre repousse l'uretère en dehors, donne de attiré par un point.
la place aux pinces prenant les pédicules cervico-
vaginaux et en facilite la ligature (Fig. 200).
D ans la chirurgie par voie basse, bien am orcer
Lors d'un clivage vésico-vaginal poussé com me
le clivage vésico-utérin sur la ligne m édiane, refou
on le pratique lors de la mise en place d'un triangle
ler p rudem m en t, latéralement et en dehors la ves
de Mersilène, com m encer par le clivage vésico-
sie. Lier les pédicules vésicaux au ras de la région
vaginal sur la ligne médiane et continuer la térale
isthmique, les couper, les refouler vers le haut, ce
ment le décollement avec le dos des ciseaux
qui dégage bien la vessie et fait rem onter la jo n c
ju sq u ’à percevoir une résistance qui correspond à
tion vésico-urétérale avant de com m encer la liga
celle des piliers de la vessie q u ’il ne faut pas e n ta
ture des pédicules cervico-utérins (Fig. 203).
m er et sur lesquels on ne peut placer des points
Faire de multiples prises successivement d ’un
que de façon extrêm em ent superficielle po ur évi
côté et d'un autre et bien tirer sur l'utérus : cela
ter de léser l’uretère.
éloigne progressivement l'uretère du bord latéral
Lorsque l’on veut aborder le disque lombo-sacré
du viscère. Se méfier en plaçant la pince utérine
pour une pexie ou une section du nerf pré-sacré,
droite : c’est de ce côté que se produisent presque
se méfier toujours en incisant le péritoine situé à
toujours les lésions. Ceci est fort compréhensible :
droite du pied du mésocôlon pelvien. L 'uretère est
la main droite doit croiser la main gauche pour
quelquefois beaucoup plus interne qu'o n ne le
aller m ettre la pince, ce qui nuit à la précision du
pense. S’efforcer toujours de le voir à travers le
geste et personnellem ent nous plaçons la pince
péritoine avant d ’inciser celui-ci. O n contrôlera le
utérine droite avec la main gauche après avoir saisi
trajet du conduit avant de lier tout pédicule pré
la pince de traction utérine avec l'autre main.
sacré chez la femme obèse.
En m ettant les pinces sur les utéro-sacrées ne
Lors des douglassectomies, l'incision périto
pas trop prendre de péritoine : en haut, l’uretère
néale ne doit être faite qu 'après repérage de l'ure
n'est pas loin.
tère.
Si l’on enlève les annexes, placer la pince au ras
Lors des péritonisations pelviennes, toujours
de l'ovairè pour ne pas prendre l’uretère lors de la
penser que l’uretère peut être très p roche, bridé et
ligature du pédicule lombo-ovarien.
Ne pas effectuer de plicature ou de bourse sur la
base vésicale.
- Dans les prolapsus très extériorisés l'uretère
peut faire un coude aigu dans les lames vésico-
vaginales. Il est toujours prudent de le repérer en
le pinçant. O n le perçoit com me une corde qui file
sous le doigt (Fig. 201, 202).
F i g . 201 — Coude de l'uretère dans les prolapsus antérieurs F i g . 203 — La protection urétérale dans les hystérectomies
extériorisés. vaginales pour grands polapsus extériorisés. L a partie infé
rieure de la lam e vésico-vaginale est prise dans la pince au
ras du col utérin. La ligature est repoussée vers le h au t, les
u téro-sacrés et cervico-vaginaux sont pédicules et souvent
pris dans la m êm e pince. La vessie est refoulée vers le h au t,
le cul-de-sac vésico-utérin est ouvert et une valve de Breiski
soulève la vessie vers le haut. L e s'p é d ic u le s utérins et
annexiels peuvent ê tre clam pés en to u te sécurité au contact
du bord utérin. La boucle de l'u re tè re est refoulée loin vers
le haut.
sonde perm et d'élim iner une sténose, c'est un Q u an d il y a une perte de substance ou quand la
geste de prudence en cas de contusion urétérale plaie est vaste et difficile à suturer, faire une réim
dont il est difficile d'apprécier la gravité exacte. plantation urétéro-vésicale. O n peut pratiquem ent
toujours réim planter dans une vessie un uretère
lésé au cours d 'un e intervention gynécologique, au
besoin en s’aidant d ’un artifice tel que la vessie
Traitement psoïque (voir p. 260). Il est exceptionnel que l'on
ait à utiliser un lambeau vésical tubulé (voir
Deux circonstances font la difficulté du traite p. 261). U ne bipartition vésicale peut se discuter
ment des traum atismes urétéraux. Ils surviennent en cas de lésion bilatérale (voir p. 260).
en général, com me nous l'avons vu. au décours En cas de nécessité de term iner rapidement
d'interventions difficiles mais toute dissection l'intervention, on peut à la rigueur faire une urété
hâtive ou à l'aveugle peut com prom ettre l'état du rostomie cutanée ou une urétérostomie in situ.
conduit. Pour cela, introduire une sonde dans le bout uré
O n connaît d 'au tre part exceptionnellement téral supérieur et la laisser ressortir par voie extra-
l'état de l'autre rein parce que l'on ne dispose s ou péritonéale. L 'avantage de cette technique est de
vent pas d'une urographie intraveineuse pré-op é perm ettre ultérieurem ent une réparation facile.
ratoire, n'ayant pas toujours prévu que l'interven
tion ferait courir un risque à l'uretère.
La néphrectom ie ne peut être envisagée que sur Pronostic des plaies urétérales
un rein en mauvais état et quand on est certain de
la valeur du rein opposé. Il est relativement bon :
O n ne peut procéder a la ligature de l'uretère • 74 % de résultats initiaux favorables,
qu'au-dessous d'un rein fonctionnellement • 17 % de bons résultats en deux temps,
détruit, sinon elle risquerait d 'e n tra în e r dans les • 9 % d'échecs.
suites une distension aiguë urétéropyélocalicielle. D ans les suites des sténoses urétérales secondai
La néphrostom ie ne peut être faite que sur un res sont possibles, ("est dire la nécessité de suivre
rein dilaté. Elle draine incomplètem ent les urines ces malades. U ne urographie intraveineuse sera
et n'em pêche pas une fistule s'il n'y a pas de geste toujours dem andée huit jours après l’ablation de
concomitant pratiqué sur les lésions urétérales. la sonde puis trois mois après ; un nouveau con
D ans la majorité des cas, on doit faire une inter trôle sera fait neuf mois après l'intervention. Une
vention réparatrice. Q uand les bouts viennent au sténose peut en effet appa raître de m anière tar
contact sans traction, au besoin après un petit dive et être asymptomatique.
décollement, on peut pratiquer une urétérorraphie
sur sonde. Cette intervention bien faite (avec des
matériaux résorbables : points séparés totaux de
catgut 000 chromé) après une petite dilatation et
ep taillant en biseau les extrémités urétérales,
BIBLIOGRAPHIE
donne de bons résultats. Ne pas hésiter à la prati
quer s'il y a une contusion grave, en particulier la
prise de l'uretère par une pince. [I] P e t r o v i c k — Sur une statistique de 130 cas de
Si la contusion, sans être grave, est préoccu plaies urétérales après opérations gynécologi
pante, m o nter une sonde urétérale. ques : J. Urol. Néphrol., 1965, 71, 17-25.
20
La fréquence des traum atismes vésicaux en chi - Les solutions de continuité touchant toute
rurgie gynécologie est difficile à chiffrer. La plu l'épaisseur de la vessie peuvent être plus ou moins
part guérissent sans séquelles et ne sont pas im portantes. Mais il nous paraît plus intéressant
publiés. Pour la m ême raison, les traum atismes de distinguer les plaies franches des plaies sur une
vésicaux en obstétrique ne peuvent pas être colli- paroi vésicale abrasée. Les premières sont dues à
gés et les publications ne relatent que des d élabre une section nette par coups de ciseaux ou de bis
ments vésicaux apparus en milieu sous-médicalisé. touri. Les bords sont épais et facilement sutura-
bles. Les deuxièmes se voient à la suite des diffi
cultés de dissection et lorsque la paroi vésicale a
Type de la lésion été progressivement entam ée, amincie jusqu'à
aboutir à une effraction. Les bords sont ici sans
- Le traum atism e vésical peut se réduire à une épaisseur, fragilisés, ils se déchirent sous les fils de
simple contusion. Elle est fréquente au cours des suture et doivent être excisés ju s q u ’à ce que l'on
interventions gynécologiques ou obstétricales dif ait une paroi vésicale suffisamment épaisse pour
ficiles. L'apparition d'urine rosée au cours ou perm ettre la réparation.
après une intervention ne doit pas inquiéter. Si
l’on s’en aperçoit en per-opératoire, l’étanchéité
vésicale doit être vérifiée par une épreuve au bleu,
Lieu de la lésion
si l'on s’en aperçoit à la fin de l’intervention, il faut
laisser une sonde vésicale d ’un calibre suffisant et
Toutes les localisations sont possibles aussi bien
bien vérifier sa perméabilité dans les heures qui
au niveau de la calotte que du trigone.
suivent. L ’hém orragie cesse en général rapide
ment ; si elle persiste, il faut rechercher une autre - Au niveau de la calotte, les lésions sont extra-
cause. péritonéales ou intra-péritonéales.
- La transfixion par aiguille est sans gravité si le • Les lésions extra-péritonéales se situent dans
trou est de petit, diam ètre (aiguille sertie) et si la le Retzius. Elles sont rares mais peuvent se voir
paroi vésicale n ’est pas prise dans un nœud. Le lorsque l'on intervient sur une vessie pleine ou
drainage de la vessie par sonde s'impose alors sans soulevée par une masse pelvienne.
autre précaution. Par contre, si l'orifice fait par • Les lésions intra-péritonéales sont plus sérieu
l'aiguille est plus important (aiguille de Reverdin), ses. Elles succèdent souvent à un clivage difficile
il est préférable d ’adjoindre, à la mise en place de d'adhérences inflammatoires ou néoplasiques avec
la sonde, un point de suture de fil résorbable col un tissu vésical de mauvaise qualité dont la suture
matant la brèche. est aléatoire. Il faut extra-péritoniser cette suture
- La plaie peut être superficielle, ne léser que le p our éviter toute fuite d'urine intra-péritonéale.
détrusor et respecter la m uqueuse. Il est essentiel - Les plaies du trigone se voient après les cliva
de le vérifier en faisant une épreuve au bleu sous ges vésico-vaginaux ou vésico-utérins difficiles.
faible pression : on voit alors bo m ber la Elles peuvent intéresser l'orifice urétéral. Leur
m uqueuse. U ne suture du détrusor avec un bon suture est quelquefois délicate, elle ne doit pas
drainage vésical donne toutes chances de guérison. être au contact direct de la lame de drainage de
L É S IO N S P E R -O P É R A T O IR E S D E L A V E S SIE 239
l'hystérectomie. Le drainage du bas fond vésical Par voie basse, le clivage vésico-vaginal est quel
doit être ici particulièrement minutieux. quefois difficile dans les vieux prolapsus m ainte
Au total, il faut bien distinguer les plaies de la nus longtemps par un pessaire où, malgré un trai
partie haute et celles de la partie basse de la vessie, tem ent œ strogénique pré-opératoire, la vessie
les plaies dont les bords sont de bonne qualité de adhère intimem ent au vagin ou à l'utérus.
celles dont les bords sont altérés et enfin les plaies - La dissection peut être difficile dans les petites
de la zone extra-péritonéale. De ces particularités cystocèles où la vessie descend mal, où l'ouverture
d épendent la facilité du drainage, de la suture et la du cul-de-sac vésico-utérin est dangereuse. Dans
possibilité de fuites intra-péritonéales ou vagina les am putations du col, les cerclages, la vessie peut
les. être menacée. Enfin, dans les clivages effectués
pour malformations congénitales du vagin, la ves
sie peut être lésée.
- Depuis l'avènem ent de l'obstétrique moderne,
on ne voit presque plus de lésions vésicales après
Causes de la lésion
accouchem ent naturel ou instrumental ou après
césarienne vaginale.
Elles découlent des difficultés de clivage et des - Les lésions se voient après césarienne abdom i
modifications anatom iques engendrées par les cir
nale surtout dans le cas de césarienne itérative où
constance pathologiques. le clivage peut être difficile malgré l'imbibition
- Les interventions antérieures ayant déjà com gravidique, d 'auta nt que le cul-de-sac vésico-uté
porté un clivage vésical (hystérectomie, m yom ec rin est rem onté, que la vessie se vide mal malgré la
tomie, Pestalozza, césarienne) entraîn ant une sonde quand la tête est plongeante.
sclérose quelquefois inextricable qui rend la dis
section hasardeuse. Prévention de la lésion
- Dans les annexites, les pelvipéritonites, les
adhérences sont difficiles à disséquer. La paroi On doit connaître un certain nom bre de princi
vésicale est souvent épaisse, lardacée. fragilisée. pes et de manœuvres susceptibles d ’éviter les
Mais il s’agit plus souvent d ’une cellulite sous-péri lésions vésicales.
tonéale que d 'une altération proprem ent dite du - T oute chirugie pelvienne y compris la cœlios
détrusor. C'est le cas aussi des adhérences dues copie doit être faite après mise en place d'une
aux hématocèles, à l’endom étriose. Par contre, sonde vésicale qui évacue la vessie. La seule
dans les processus néoplasiques, il peut y avoir un exception pour nous est la chirurgie par voie basse
envahissement véritable du réservoir en profon où l’on voit mieux la vessie et où on la dissèque
deur. plus facilement lorsqu’elle n ’est pas com plètem ent
- Les modifications anatom iques entraîn ées par vide.
certaines lésions congénitales, par certaines - L’ouverture du péritoine sous-ombilical doit
tum eurs (fibromes antérieurs, kystes sous-périto- se faire sous l’ombilic surtout dans les grosses
néaux, tum eurs du vagin) peuvent induire en tum eurs pelviennes et après les laparotomies itéra
erreu r et gêner considérablement. On a q uelqu e tives où le cul-de-sac vésico-utérin peut être ascen-
fois intérêt à p ratiquer une ponction ou une myo sionné.
mectomie première. - Lorsque la vessie rem onte haut et gêne pour la
- Les risques de lésion vésicale augm entent mise en place de la valve sus-pubienne, faire deux
naturellem ent avec l'importance des clivages et traits de refend latéraux en bas de l’incision périto
l'élargissement des interventions depuis l’annexec- néale, cela diminue les tractions de la valve sur la
tomie, ju sq u ’à l'hystérectomie subtotale, totale et vessie.
élargie. - En cas de lésion bénigne, dans les décolle
- Dans toutes ces interventions, la vessie peut ments urogénitaux, il faut bien repérer le cul-de-
être lésée lors de la péritonisation, lors de la liga sac vésico-utérin pour trouver d ’em blée le bon
ture d'une corne vésicale, lors de la section au bis plan de clivage et ne pas passer trop près du plan
touri électrique du col ou du vagin, m anœ uvre à vésical. Mais il faut savoir q u'à l'inverse, lorsque
proscrire. l'on a tendance à em piéter sur le tissu utérin, le
- La cœlioscopie mérite une place à part. Les plan de clivage est moins net et devient plus
lésions peuvent survenir au cours de la mise en hém orragique.
place du trocard ou de gestes endoscopiques o p é - O n trouve plus facilement ce plan de clivage
ratoires. vésico-utérin en allant de dehors en dedans : ne
240 L É S IO N S P E R -O P É R A TO I R ES D E L A VESSIE
pas chercher à inciser le cul-de-sac vésico-utérin - Mais une plaie vésicale est quelquefois diffi
sur la ligne médiane. Sectionner les ligaments cile à voir. Il ne faut pas hésiter, au cours d'une
ronds, le tissu cellulaire du ligament large s'ouvre intervention gynécologique où le clivage a été dif
tout seul et perm et de trouver facilement la face ficile, à la rechercher systém atiquem ent par une
postérieure de la corne vésicale qu e l'on refoule en épreuve au bleu.
avant, puis la face postérieure de la vessie en se - Il faut toujours p enser à une lésion urétérale
portant plus en dedans. O n arrive ainsi dans le bon associée lorsque la topographie de la lésion peut le
plan. Une manœuvre analogue peut être faite de faire craindre.
l'autre côté. Il reste alors une adhérence médiane
verticale entre la face postérieure de la vessie et du Traitement des lésions vésicales
vagin qu'il est facile de sectionner lorsque le cli
vage a déjà été fait de chaque côté. Nous avons déjà vu que la mise en place d 'une
- La face antérieure du vagin est exposee p.*• sonde suffit à traiter une contusion vésicale. En
dissection avec de gros ciseaux à bouts ronds que cas d 'hém aturie, faire des lavages et adjoindre des
l'on manie com m e une spatule en refoulant pro hémostatiques.
gressivement par petits coups la vessie en avant. Trois principes président au bon résultat du trai
Les ciseaux légèrement entrouverts coupent les tement d ’une plaie vésicale :
tractus vésico-vaginaux sans risquer de sectionner • une suture de bonne qualité,
la vessie. Mais si sur la ligne médiane on peut des • un bon drainage de la plaie,
cendre très bas sur le vagin, latéralement on est • une vacuité du réservoir pendant le temps de
bridé par les éléments vasculaires des lames cicatrisation.
vésico-vaginales, que l'on peut repousser en
dehors avec le dos des ciseaux sans faire saigner si
La su tu re. — Elle doit être faite sur du tissu de
on le fait doucem ent. Lorsque la dissection est dif
bonne qualité, sans traction, avec du fil résorbable
ficile il ne faut pas hésiter à faire gonfler la vessie
pou r éviter les lithiases.
pour mieux trouver le plan de clivage.
- En cas de difficulté extrêm e, ne pas hésiter à - Lorsque la paroi est trop amincie, on a intérêt
décoller la vessie du Retzius, à faire une cystoto à la réséquer économ iquem ent jusq u 'à trouver du
mie verticale à ce niveau. En tirant avec une pince tissu sain qui ne se coupe pas sous les fils.
triangulaire placée sur la partie postérieure de la - Nous faisons une suture en deux plans : surjet
cystotomie, on tend la paroi vésicale, on voit la ou points séparés de catgut 000 sur la muqueuse,
face interne de la vessie et on peut contrôler la dis points séparés de catgut 00 chromé sur le détrusor.
section à vessie ouverte. On peut em ployer également du fil résorbable syn
- Il se peut que, malgré la mise en place d'une thétique de très faible calibre.
sonde vésicale, la vessie contienne encore de - Dans les plaies basses, la suture peut être faci
l'urine, q u ’elle ne se vide pas malgré la mobilisa litée en la faisant par voie endo-vésicale, par cysto
tion de la sonde et gêne le clivage vésical. Si la tomie médiane extra-péritonéale. C ette voie per
malade n ’est pas en position de double équipe, met de plus le repérage des orifices urétéraux et la
perm ettant un changem ent de sonde, ne pas hési montée d 'une sonde.
ter à faire une ponction de la face antérieure de la - 11 peut arriver, en cas d ’infection, que le tissu
vessie après décollement du Retzius. L 'o uverture vésical soit tellement lardacé qu'il ait tendance à se
haute extra-péritonéale de la vessie ne fait courir couper sous les fils. O n peut alors recouvrir la
aucun risque si le Retzius est drainé, m ême si la suture d'épiploon. N aturellem ent, on laissera au
sonde se bouche, alors q u'u ne plaie basse de la contact un drainage par lame intra-péritonéale
vessie ne tolère pas la moindre imperfection de sortant par une contre-incision.
suture ou de drainage.
Le drainage péri-vésical. — Il peut se produire
un petit suintem ent urineux au niveau de la suture.
Cet épanchem ent doit être drainé.
Détection de la plaie vésicale - C'est facile pour les plaies de la face antéro-
supérieure de la vessie. Elles sont drainées par
La détection en cours d'intervention d ’une plaie une lame placée dans le Retzius et sortant par une
vésicale est une chose essentielle parce que, recon contre-incision iliaque. Si les urines sont stériles et
nue et bien traitée, elle a beaucoup de chances de la suture de bonne qualité un simple drain de
guérir sans séquelles. Redon peut suffire.
L É S IO N S P E R -O P É R A T O IR E S D E L A V E SSIE 241
- C ’est plus difficile pour les plaie intra-périto- - O n peut m ettre une sonde de Pezzer de petit
néales de la face postérieure du réservoir. O n peut calibre placée en trans-vésico-pariétal latéral.
ad m ettre qu 'une petite plaie intrapéritonéale, Nous préférons un drain de R edon ou une sonde
nette, bien suturée, peut échapper à la règle. de Foley. Ce drainage constitue une soupape de
Mais dès q u ’une plaie a une certaine im por sécurité si la sonde se bouche. Il sera laissé douze
tance, on doit la d rainer par voie extra-périto jours environ.
néale. Pour cela, il faut extra-péritoniser la suture,
et drainer l'espace ainsi créé par une lame passant Faut-il laver les so n d e s? — Le lavage ne doit
dans l’espace sous-péritonéal et sortant par une être fait que po ur s’assurer de la perméabilité de la
contre-incision iliaque. En général, le décollement sonde. Nous sommes contre les lavages systémati
du péritoine se fait suffisamment bien p our qu'il ques faits par un personnel quelquefois non
ne soit pas nécessaire de recourir aux artifices que entraîné. En utilisant trop de liquide, on peut m et
nous avons décrits dans les voies d ’ahord à propos tre la vessie en distension et rom pre la suture. En
de l’extrapéritonisation (voir p. 20). aspirant trop fortem ent, on peut altérer cette d e r
- En cas de plaie de la face sous-péritonéale de nière, surtout si elle se trouve devant les trous
la vessie, com me au cours d'une hystérectomie d'aspiration. Il nous semble opportun que le chi
totale par exemple, il faut m ettre en place un drai rurgien fasse lui-même un lavage par jo u r avec dix
nage vaginal qui draine le suintement sous-périto centim ètres cube de sérum en laissant ressortir le
néal de l’hystérectomie. L'hémostase doit être liquide spontaném ent ou sous aspiration douce.
rigoureuse pour éviter un hém atom e. Le drainage La présence du R edon perm et, en instillant p ru
vaginal ne doit pas être aspiratif. Le mieux est dem m ent du sérum , de voir si le liquide revient
d'em ployer deux lames sortant par le vagin. Ces bien par la sonde.
lames doivent être souples et ne doivent pas tra u
matiser la suture. Il faut recouvrir la suture du Faut-il m o n ter des sondes u ré té ra le s? — Si la
détrusor d'un lambeau de péritoine pédiculisé si plaie vésicale est proche des orifices urétéraux,
possible po ur protéger la suture du contact de la cette précaution est certainem ent nécessaire. Cela
lame. évite une sténose des orifices lors de la suture. Si la
- Dans la chirurgie par voie basse, drainer le plaie vésicale est déclive et si cette plaie est dilacé-
décollement vésico-vaginal par un faisceau de rée et sa suture médiocre, on a aussi intérêt à m on
crins ou une petite lame souple passant à quelque ter deux sondes qui assèchent en grande partie le
distance de la suture vésicale. réservoir. Ces deux sondes doivent être de calibre
suffisant (n° 14-7, multitrous à bout coupé) Elles
D rainage du réservoir vésical. — Toute plaie ressortent de la vessie en trans-vésico-pariétal et
vésicale, si petite soit-elle, doit être suivie d'une son fixées à la peau en repérant la sonde droite et
mise au repos du réservoir par drainage vésical. la sonde gauche (voir p. 283). D ans les autres cas,
Cette sonde est laissée ouverte au bocal et enlevée il nous semble plutôt nuisible de placer des sondes
au bout de quinze jours, vingt et un jours maxi qui peuvent être difficiles à m on te r et traum atiser
mum si la paroi vésicale était de mauvaise qualité. l'u re tè re ; elles risquent d'infecter le rein, de se
- Le calibre n ’a pas besoin d ’être important boucher et nécessitent une surveillance supplé
puisqu’il n'y a pas saignem ent : un calibre n° 20 mentaire.
Charrière est suffisant.
- II faut par contre une sonde assurant bien la
vacuité vésicale. U ne sonde de Malecot, Pezzer,
Couvelaire ou béquillée multitrous est excellente à Pronostic des plaies vésicales
condition qu'elle soit bien en place, bien m ainte
nue, bien surveillée (voir p. 282). Il est bon quand la plaie est bien suturée, la ves
sie bien drainée et le drainage bien surveillé. Les
U ne cystostom ie est-elle n écessaire? — Un ennuis ne se voient pratiquem ent que dans les ves
drainage par sonde tel que nous venons de le sies irradiées où il est nécessaire de renforcer la
décrire peut suffire. Par contre, si l’on n ’est pas sûr suture par une épiplooplastie (voir p. 247). Le pro
de la surveillance post-opératoire, surtout s’il blème essentiel est de les reconnaître : ne jamais
s’agit d ’une plaie basse ou intrapéritonéale de la hésiter à faire gonfler la vessie en per-opératoire
vessie, il est préférable d'adjoind re une cystosto pour vérifier l’intégrité du réservoir. Si une plaie
mie a minima. m éconnue en per-opératoire est diagnostiquée
242 L É S IO N S P E R - O P É R A T O I R E S D E L A V ESSIE
dans les jo urs suivant l'intervention, on peut réo- topographie de la plaie : fistule vésico-cutanée peu
pérer la malade rapidem ent et faire la suture. grave, fistule vésico-vaginale invalidante, uro-
Négligée, les conséquences sont variables selon la péritoine pouvant être dramatique.
21
FISTULES GÉNITO-URINAIRES
FISTULES V É SI C O -V A G IN A L E S
Incision de la m uqueuse vésicale sur le p o u rto u r D issection du plan vésico-vaginal. S uture en 2 plans.
de la fistule.
F k ;. 204
F IS T U L E S G É N IT O - U RINA IR E S 247
F ig . 206 — Clivage vésico-vaginal en s ’aidant de l'abord F ig . 207 — Hemi-section de la vessie jusqu'à la fistule.
intra-péritonéal.
A près dissection on peut exciser en ovale le la perte de substance est im portante ou lorsque les
pou rto ur de l'orifice fistuleux. tissus sont dévitalisés.
U ne fois la suture faite com me précédem m ent
Le lambeau vésical (Fig. 208). Küss et Chate-
par voie endovésicale on réadosse la vessie et le
lain [3] ont décrit une cystoplastie par lambeau.
vagin et on péritonise.
Le lambeau est taillé aux dépens de la face pos-
Prolongation de la cystotomie jusqu'à la fistule téro-latérale de la vessie le long de l'incision verti
(Fig. 207). cale qui va j u sq u ’à la fistule. Si le la m beau est long
C ette technique impose tout d'abord une extra son extrémité libre descend facilement jusqu'au
péritonisation de la face postérieure de la vessie p ourtour de la fistule auquel il est suturé.
(voir page 20).
O n incise ensuite verticalement la vessie à ce L'épiplooplastie (Fig. 209). Elle nécessite de
niveau, depuis la cystotomie ju sq u ’à la fistule. prolonger l’incision au-dessus de l'ombilic. On
L ’exposition est bien meilleure. Le clivage et doit à Kiricuta [4] d ’avoir souligné l’intérêt trophi-
l’excision sont très facilités, mais il faudra à la fois que du grand épiploon et son application dans les
ferm er la fistule et la cystotomie. fistules vésico-vaginales.
La zone extra-péritonisée doit être drainée par - après décollement colo-épiplooïque, on libère
une lame sortant par une contre-incision iliaque. l'arcade gastro-épiplooïque.
- Le diam ètre de l’artère gastro-épiplooïque
droite est en général supérieur à celui de l’artère
S u tu re de la fistule. — La brèche vésicale doit gastro-épiplooïque gauche, ce qui incite à pédicu-
toujours être fermée en deux plans de points sépa liser l'épiploon en gardant son pédicule nourricier
rés de catgut 00 pour le détrusor et de points sépa droit.
rés de catgut chromé 000 p our la m uqueuse. O n Mais ce type de vascularisation n'est pas cons
peut là aussi em ployer des fils synthétiques à tant et, avant toute section, il faut toujours clam-
résorption lente de fin dia m ètre. C o m m e nous per les deux pédicules séparém ent en vérifiant les
l'avons déjà souligné, il est préférable de laisser la battem ents des artères épiplooiques.
brèche vaginale partiellement ouverte, ce qui évite - L’épiploon descend en général facilement
un hém atom e. O n la rétrécit un peu par quelques dans le petit bassin sinon il peut être allongé en fai
points de catgut 00 chromé qui rapprochent les sant des incisions en chicane respectant la vascula
berges de la fistule et diminuent la traction sur la risation.
suture, - Sort extfértlité peut aitlsl être ititfoduité dans
le clivage vésico-vaginal et suturée par quatre
Plusieurs ressources sont possibles pour fermer points en U à la face externe du détrusor autour de
les grandes fistules vésicales par voie haute lorsque la fistule.
248 F IST U L E S G É N IT O -U R I N A IR E S
L ib ératio n de l’ép ip lo o n qui est pédiculisé sur son pilier M ise en place du lam beau ép ip lo o ïq u e dans le clivage
d ro it. vésico-vaginal. -
F i g . 209 — Epiplooplastie
F IS T U L E S G É N IT O - U RIN A IR E S 249
- La fistule est fermée com m e précédem m ent. bables. Ils s'enlèvent facilement par voie endosco
Si c’est possible, l'épiploon assure seul l’occlusion pique.
de cette dernière à condition que les urines soient
parfaitem ent bien drainées.
- Il est prudent de fixer l’épiploon au colon pour
éviter toute possibilité d ’occlusion.
Les voies basses
D rain age. — Il est essentiel de bien drainer la
E xposition des lésions. — Une exposition satis
vessie. Cela peut se faire par une sonde de Pezzer
faisante de la fistule et de son environnem ent est la
ou de Malecot de fort calibre (N° 20). Personnel
condition sine qua non de tout traitem ent chirurgi
lement, nous utilisons une sonde béquillée multi
cal par voie basse. De plus, les dissections et les
trous adaptée avec soin et fixée à la vulve. Ces
sutures s’effectuent sans que l'on ait la possibilité
types de sonde sont préférables à une sonde à bal
de repérer les orifices urétéraux ; cela implique le
lonnet. Le ballonnet surélève en effet l'orifice de
cathétérism e bilatéral de sécurité. Les sondes
vidange de la sonde même lorsqu'il est peu gonflé.
devront rester en place au moins pendant la durée
- O n a intérêt à y adjoindre une cystostomie à
de l’intervention, parfois pendant la durée de la
minima (nous em ployons dans ce but un drain de
cicatrisation.
R edon passé en transvésicopariétal). Elle consti
Les conditions anatom iques locales vont guider
tue une soupape de sécurité.
la conduite à tenir.
- Si deux sondes urétérales ont été placées, elles
- Dans le cas d 'une petite fistule chez une multi
ressortent également en transvésicopariétal.
pare encore relativement jeune dont les tissus sont
- La prescription d'anti-cholinergiques vise à
souples sans rem aniem ent cicatriciel im portant et
supprim er les contractions vésicales.
dont la vulve s'ouvre bien, l'exposition de la fistule
avec un jeu de valve bien adap té peut s'avérer suf
Soins post-opératoires. — Il faut surveiller avec fisante p our autoriser une dissection et des sutures
soins les sondes en post-opératoire. dans des conditions correctes (Fig. 210).
Il ne faut pas q u ’elles soient coudées. Il faut les - Pour abaisser la fistule, on peut disposer des
passer sous la cuisse pour que les drainages soient fils tracteurs aux quatre points cardinaux ou intro
déclives. Nous préférons la chute libre dans un duire dans la vessie par l’orifice une sonde à bal
bocal plutôt que le branchem ent dans un réservoir lonnet que l'on gonfle et sur laquelle on tire.
fermé. Il n ’est pas toujours possible de procéder de
- Nous nous contentons d ’un lavage quotidien cette façon : il faut alors ou bien renoncer à la voie
les premiers jo urs p our éviter tout risque de caillo basse, ou bien élargir son champs o pératoire par
tage. Mais ce lavage doit être fait avec grandes un débridem ent vulvo-vaginal et accéder à la dis
précautions par le chirurgien lui-même en ne section par une colpotomie médiane postérieure.
dépassant pas 10 à 20 cc de sérum par lavage. Les voies d'ab o rd utilisées s’inspirent p our la plu
- G a rd e r les sondes urétérales pendant 10 à part de l’incision proposée par C u neo et Picot,
12 jours. Ne pas hésiter à les enlever plus tôt si reprise par Couvelaire précisément pour les fistu
elles ont te ndance à se boucher. les vésico-vaginales. (Fig. 211, 212, 213, 214, 215,
- O n peut enlever la sonde vésicale vers le 216).
16e jour. Mais si la suture n'était pas de très bonne La malade est placée en position dite périnéale
qualité, s’il s’agissait d'une récidive ou si la fistule inversée : siège légèrement d éb ord ant, un coussin
était volumineuse, nous n'hésitons pas à la laisser sous les fesses, table très discrètement déclive.
21 jours. Les petites lèvres sont fixées au voisinage des
- La sonde de cystotomie est retirée deux jours plis génitocruraux.
après la sonde vésicale après des essais de clam L'incision est arciforme d 'une région ischiatique
page. à l'autre. A sa partie m oyenne, elle se rapproche
- D ans les suites, traiter naturellem ent une de la commissure vulvaire. O n procède d'em blée
infection urinaire. au décollement rectovaginal que l'on poursuit au-
- Il paraît utile de prescrire des œstrogènes à delà du Douglas ju sq u ’au voisinage de la fistule;
trophicité vaginale. on l’étend largement sur les côtés.
- U ne cystoscopie sera faite trois mois après U n e valve refoule alors le rectum en arrière et
l'intervention pour vérifier l’absence de lithiase l’on procède à la section médiane postérieure du
sur fil qui peut m ême s’observer sur des fils résor- vagin aux ciseaux droits.
250 F IS T U L E S G É N IT O -U R I N A IR E S
Il est rare que par cette technique l’abord soit ser à travers lui un drain de Redon dans la vessie
insuffisant et que l'on soit contraint d ’entam e r ou que l’on fait sortir en transvésico-pariétal afin
d ’inciser l’un ou les deux releveurs. d ’assurer un drainage com plém entaire de sécurité
D ’autres types de débridem ents sont possibles de la vessie.
telle la voie d ’abord de Schuchardt (voir La suture vésicale est réalisée en deux plans :
page 25). Elle est moins bien adaptée à notre avis • points séparés de catgut 000 chromé sur la
au traitem ent des fistules vésico-vaginales. muqueuse,
• points séparés de catgut 00 sur la musculeuse.
L ’utilisation de fils synthétiques résorbables est
Clivage et su tu re. — Le vagin est incisé circulai- une alternative qui a la préférence de certains chi
rem ent au petit bistouri au p o u rto u r de la fistule. rurgiens.
Les deux parois sont clivées ju s q u ’à l’arrivée en L ’étanchéité de la suture vésicale sera contrô
tissu souple. Les portions scléreuses sont excisées lée. La suture vaginale se discute parce qu'il faut
en restant économ e du côté vésical. On peut à ce éviter tout risque d 'h ém a to m e entre le plan vagi
mom ent profiter de l’orifice de la fistule pour pas nal et le plan vésical.
F IS T U L E S G É N IT O -U R I N A IR E S 251
connexions inférieures au voisinage des corps rédhibitoires. Pour les petites fistules faciles à
érectiles. Son extrémité est passée sous la petite exposer, la technique de Chassar-M oir est sûre
lèvre puis sous la paroi vaginale. Il viendra s'appli ment séduisante par sa simplicité.
quer sur la suture vésicale. Cet artifice technique a Un contingent im portant de fistules peut sûre
déjà été décrit page 186 à propos des incontinen ment être traité avec succès aussi bien par voie
ces urinaires. haute que par voie basse. Dans une certaine
En cas de perte de substance vaginale, on peut mesure, le choix peut dépendre des habitudes de
recourir à un procédé voisin par un lambeau cuta- l'opérateur. Il ne saurait cependant être question
néo-graisseux périnéo-labial pour com bler le de s'engager dans le traitem ent d ’une fistule
défect. U n e épilation électrique est un préalable génito-urinaire sans posséder des notions et une
indispensable. pratique gynéco-urologique suffisamment com
plète et polyvalente.
L am beaux m usculaires et m usculo-cutanés
(hig. 196 et 197). — Le muscle droit interne peut
constituer un m atériau intéressant pour le com ble Les fistules trigonales. — Elle sont le plus sou
ment d ’une fistule par voie basse. vent facilement réparables par voie basse. Le ris
- A près avoir isolé le muscle par une incision à que urétéral doit être égalem ent pris en com pte
la face interne de la cuisse, on l'introduit dans une tant pour ce qui concerne des explorations que le
épisiotomie postéro-latéraie profonde. L ’extré traitem ent chirurgical lui-même.
mité libre de ce muscle est fixée à la paroi vésicale
au contact de la suture. Si cela s'avère utile, on Fistules cervico-trigonales. — Elles sont de deux
peut effectuer une transposition musculo-cutanée sortes :
en m énageant les connexions vasculaires des p er * Celles que l’on observe en M étropole sont
forantes au niveau d ’une pastille cutanée recou petites, succèdent à des interventions pour p rolap
vrant le muscle et destinée à com bler une perte de sus ou incontinence.
substance vaginale. Ce procédé est voisin de celui Leur traitement s'effectue facilement par voie
décrit et illustré page 195 à propos de la recontruc- basse. A la suture vésicale habituelle en 2 plans,
tion de périnée. on adjoint une suture des tissus péri-cervicaux par
- Des lambeaux musculaires ont été également des points en U de fil fin non résorbable d ’où la
utilisés avec le grand droit et le couturier. nécessité de mener loin latéralement le clivage
Ces procédés sont surtout utilisés dans les pays vésico-vaginal. L'utilisation d'u n lambeau de tissu
où l'on observe encore d'én o rm es fistules d 'o ri graisseux provenant de la petite lèvre com m e le
gine surtout obstétricale. décrit Martius am ène un plan supplémentaire et
améliore la vascularisation. Le drainage vésical se
D rainage et soins p o st-opératoires. — Ils sont fait préférenciellement par cystostomie.
analogues à ceux utilisés dans le traitem ent d'une Le vagin est suturé partiellement et l’espace de
sfistule vésico-vaginale par voie haute. décollement est drainé par un drainage filiforme.
On peut utiliser aussi la technique de Chassar-
Moir.
Choix de la voie d'abord * Les fistules observées en milieu obstétrical,
après accouchem ent dystocique, sont souvent
- L'indication d 'u ne voie basse n'est concevable étendues et peuvent s’accom pagner de lésions uré
q u'en l'absence certaine d'incidence urétérale térales ou uréthrales. L eur traitem ent com porte
associée. T oute suspicion à cet égard doit imposer tout d'ab o rd un temps de ferm eture vésicale sous
une voie transvésicale. couvert d 'une cystostomie. Ceci nécessite un large
- A vant de s’engager vers un abord vaginal ou dégagem ent de la vessie derrière le pubis pour
périnéo-vaginal il faut tenter de prévoir d 'après les gagner du tissu vésical. Ce geste peut être fait par
conditions anatom iques locales et le contexte clini voie basse mais nécessite parfois un abord sus-
que les possibilités d ’une exposition correcte par pubien associé.
un débridem ent vulvo-périnéal uni ou bilatéral. Il Il faut ensuite adosser l’urèthre à la vessie loin
coule de source q u ’en cas d ’échec d ’une première de la suture vésicale et procéder à une trocardisa-
tentative par cette voie, une reprise chirurgicale tion secondaire. La réparation bénéficie d'une
par la même technique n ’est a priori pas enga plastie du grand droit ou du droit interne qui
geante. D 'autres cas peuvent paraître d ’emblée am ène un tissu de soutien bien vascularisé.
254 F IS T U L E S G É N IT O -U R I N A I R E S
Si l’urèthre est détruit, sa réfection peut se faire Goebell Stockel lors de la cure de la fistule.
en effectuant une tubulisation vésicale ou par une D 'a u tres préfèrent différer le temps opératoire de
plastie vaginale. O n a intérêt dans ce dernier cas à l'incontinence et ne le faire secondairem ent que
y adjoindre une plastie des corps caverneux ou à s’il est nécessaire en pratiquant plutôt une cervico-
utiliser la technique de Martius. D ans ce type de suspension rétro-pubienne. Q uelquefois les
lésions le risque d ’incontinence p ost-opératoire est lésions uréthro-cervico-vésicales sont si im portan
majeur. tes que l’on est forcé de recourir à une dérivation
Certains auteurs n'hésitent pas à pratiquer une définitive des uretères.
suspension aponévrotique du col vésical selon
FISTULES U R É T É R O - V A G I N A L E S
Pendant longtemps, l’apparition d 'une fistule les par l'obésité des malades ou les modifications
urétéro-vaginale avait com m e conséquence la anatom iques entraînées par les lésions.
perte du rein sus-jacent. A ctuellem ent, surtout Mais il faut bien distinguer la chirurgie pour
lorsqu'il n'y a pas eu d'irradiation, le traitement de lésion bénigne, compliquée parfois d 'un e cellulite
cette lésion donne de bons résultats. sous-péritonéale, d'une endom étriose ou d'une
intervention antérieure, et la chirurgie pour lésion
maligne. D ans cette dernière l’uretère est successi
Fréquence vem ent irradié et disséqué avec le risque que cela
com porte pour sa vascularisation.
Il semble que la fréquence globale des fistules
urétéro-vaginales ait tendance à diminuer. Cette
baisse est due à l’amélioration des techniques obs
tétricales, gynécologiques et radiothérapiques. Prévention
Fig. 218 — Fistule urétéro-vaginale gauche. Fk;. 220 — Fistule urétéro-vaginale bilatérale.
F IS T U L E S G É N /T O - U R I N A / R E S 257
tule vésico-vaginale et on tente de m onter une l'uretère en direction de la partie externe du liga
sonde qui représente le premier temps du traite ment rond que l'on coupe. En décollant la
ment. séreuse, toujours s’efforcer de ne pas dilacérer le
On doit pratiquer un examen cytobactériologi- péritoine pour pouvoir le suturer correctem ent et
que des urines, mais un prélèvement de l’écoule séparer ainsi la grande cavité péritonéale de la
ment vaginal a plus de chances de correspondre à suture urétérale et vésicale.
l'infection urinaire de l’uretère fistulisé. - A b o rd e r l'uretère en territoire sain, le décol
Il ne faut pas négliger l'examen clinique de la ler du péritoine avec son méso sur une courte dis
paroi abdom inale et du petit bassin : les touchers tance pour pouvoir l'am ener jusqu'à la vessie sans
pelviens apprécient la souplesse de la cavité pel traction. Le sectionner en zone saine.
vienne et éliminent l'existence d'une collection - Dégager la paroi vésicale. Pour cela faire une
que peut confirmer l'échographic. courte cystostomie frontale, introduire un doigt en
crochet dans la vessie. Cette manœuvre perm et de
la tendre et en facilite la dissection.
Traitement - La cystostomie doit être agrandie. Elle perm et
de voir l'intérieur de la cavité vésicale et de choisir
Il est rarem ent possible de faire une urétérorra- l'orifice de pénétration de l'uretère dans la vessie.
phie. Si on y arrive, la p ratiquer après un petit Il doit être bas, le plus près possible de l’ancien
décollement urétéral perm ettant une exérèse des orifice, pour que le système antireflux soit efficace
extrémités nécrosées et une suture sans traction et que l’uretère ne soit pas coudé quand la vessie
des conduits coupés en biseau. Le plus souvent il se remplit.
faut faire une réim plantation urétérale.
F ig . 221 — Réimplantation urétérale avec antireflux (Leadbetter). A près avoir traversé le d é tru
sor, l'u re tè re p arco u rt un tra je t sous-m uqueux de 2 cm.
- Cathétériser doucem ent l’uretère avec une - Fixer par des points superficiels l'uretère à la
sonde n° 14 multiperforée. Vérifier q u ’elle est en face externe du détrusor autour de l'orifice de
bonne place dans le bassinet (la longueur intro pénétration.
duite est de 20 à 24 cm suivant la hau teur de la - Passer la sonde urétérale en transvésicoparié
lésion, le liquide de lavage coule régulièrement et tal en la faisant sortir du côté opposé, pour q u ’elle
revient bien q u and on l'aspire). ne soit pas coudée, et l’attacher à la paroi.
- Bien drainer par une lame sortant par une
- C ontinuer la suture entre le p ourtour de l'u re
incision iliaque la zone extra-péritonéale. S'assu
tère et le reste de l'incision muqueuse par des
rer que le péritoine est bien étanche ou le suturer.
points séparés prenant la muqueuse vésicale et
- La fermeture de la paroi vésicale, le drainage
l'uretère en totalité.
de la vessie ne posent pas de problèm e particulier.
- F erm er l'orifice muqueux correspondant à la - La paroi est fermée com me d'habitude par des
partie haute du clivage. fils à résorption lente.
F IS T U L E S G É N IT O -U R I N A I R E S 259
Réimplantation urétéro-vésicale par trompe être utilisée dans certains cas de vessies irradiées
(Fig. 222) de bonne capacité avec moins de risques de fistule
q u ’une réimplantation de technique habituelle.
Il s'agit d'une intervention presque aband onnée - A près avoir dégagé la corne vésicale, ponc
parce qu'elle donne à longue échéance de mauvais tionner au bistouri le réservoir à l’endroit le plus
résultats par suite du reflux quasi constant. favorable pour la réim plantation. Le diamètre de
Elle mérite néanm oins d'être connue. Elle ne l'orifice doit correspondre au calibre urétéral.
nécessite en effet q u'une toute petite ouverture - M onter une sonde dans l'uretère. Introduire
vésicale par laquelle est glissé l’uretère. Elle peut dans l’extrémité de cette dernière une alêne de
R edon. Passer la pointe de l’alêne dans l’orifice L e lam beau vésical tuhule de Boari-Küss [6, 7]
vésical, transpercer la paroi avec l’alêne et sortir la (Fig. 225)
sonde en transvésicopariétal.
- Introduire ensuite une sonde canelée dans
Il donne encore plus d'étoffe. Il consiste à trans
l’orifice vésical sur une profondeur de 2 cm.
form er en un tube un lambeau rectangulaire de
- Avec un fil de catgut triple zéro monté sur une
vessie prélevé sur la face latérale du réservoir. Il
aiguille droite, traverser la paroi vésicale de
perm et une anastom ose facile au détroit supé
dehors en dedans, 3 cm en avant de l'orifice. Faire
rieur. Mais les suites peuvent être compliquées de
glisser l'aiguille dans la sonde canelée. La récupé
fistules, de sténoses et surtout le reflux est cons
rer en dehors de la vessie. Prendre l'extrémité
tant si l'on ne fait pas de montage antireflux.
inférieure de l'uretère avec le fil. Repasser
- A près avoir dégagé la face antéro-supérieure
l’aiguille dans la sonde canelée en la faisant glisser
et latérale de la vessie, placer qu atre fils aux angles
dans sa gouttière et ressortir l'aiguille à côté de
du lambeau qui doit faire 3 cm de large, 10 cm de
l’endroit où elle avait pénétré.
long et dont la base de reto urn em en t correspond à
- En serrant ce point et en faisant glisser la
l'extrémité supérieure de la corne vésicale. Tenir
sonde urétérale on attire l'extrémité inférieure de
com pte dans son tracé de la vascularisation vési
l’uretère dans la vessie. Si l’on a été minutieux,
cale.
l’orifice vésical correspond au diamètre de l'ure
- A près l’avoir découpé et fait une hémostase
tère.
soigneuse des bords, le rabattre vers le haut. Le
- Il est plus prudent de fixer par trois points
tubuler en suturant l’un à l’autre les deux bords
l’adventice urétéral au détrusor auto ur de l’orifice.
longitudinaux par des points séparés de catgut
- Le drainage vésical et celui de l’espace extra-
double zéro.
péritonéal n'ont rien de particulier.
- O n obtient ainsi un tube auquel peut être
E tant donnée la perte de substance urétérale,
suturé l’uretère en termino term inal. P our éviter le
on a quelquefois des difficultés à am ener le bout
reflux, il est préférable de faire passer le conduit
supérieur de l'uretère jusqu'à la vessie. Plusieurs
dans un décollement sous m uqueux com me nous
artifices peuvent être utilisés.
avons vu précédem m ent.
- Le décollement du rein et son abaissement. Il
- La réim plantation se fait sur une sonde urété
peut être inefficace quand un vaisseau rénal le
rale sortant en transvésicopariétal. La cystostomie
limite et peut être dangereux parce que l'on doit
restante est fermée par des points séparés de cat
décoller l'uretère et son méso sur toute sa lon
gut double zéro.
gueur.
- Le drainage de la vessie et de l'espace sous-
- Les techniques les plus intéressantes sont la
péritonéal est effectué com m e d ’habitude.
vessie psoïque et le lambeau vésical tubulé.
La vessie psoïque
(Fig. 223 et 224)
Bipartition vésicale
Elle consiste à dégager la calotte vésicale et, en (Fig. 226)
gagnant sur le tissu ainsi obtenu, à faire m onter un
cône de vessie que l'on fixe au psoas. Lorsque l'on veut faire une réimplantation bila
- Pour cela, cliver la face antérieure de la ves térale, on peut em ployer une bipartition. Cette
sie, du plan rétro pubien, la face latérale de la intervention consiste à sectionner en deux la ves
paroi pelvienne et la face postérieure du péritoine. sie dans le plan sagittal après l’avoir extrapéritoni-
- Faire une incision transversale du détrusor. sée.
Introduire le doigt en crochet dans la vessie. O n suture ensuite les bords antérieurs aux bords
R em on ter le fond vésical le plus haut possible et le postérieurs correspondants de l'incision et l’on
fixer par un point en U de catgut I extram uqueux obtient ainsi deux cônes vésicaux qui m o n te n t plus
au psoas. haut que la vessie originelle .et dans lesquels on
- O n gagne ainsi beaucoup en hauteur et la peut pratiquer les réim plantations avec un m o n
réim plantation urétérale peut être faite facilement tage antireflux.
avec un montage antireflux. O n suture longitudi Les deux cônes ainsi obtenus peuvent être fixés
nalement l’incision vésicale. au psoas pour les maintenir plus haut.
FISTULES GÉNITO-URINA IRES 261
Fig. 223 — Vessie psoïque. La face latérale de la vessie isolée de la paroi est ou v erte tran sv ersale
m ent puis rem o n tée et fixée au psoas et su tu rée sagitalem ent.
Viléoplastie
corne de la vessie et l'uretère, on résèque ce d er
(Fig. 227, 228)
nier ju sq u ’en zone saine. Ceci perm et d'avoir une
idée précise de la longueur d ’iléon à prélever. Une
L ’iléoplastie consiste à utiliser un pontage sonde est m ontée dans l’uretère.
d'iléon com me intermédiaire entre la vessie et - Choisir une portion d ’iléon dans sa partie dis-
l’uretère pour com bler la perte de substance urété tale, mais en évitant la zone toute term inale qui est
rale. mal vascularisée.
- L ’opération se pratique par médiane. - Vérifier par transillumination que le pédicule
- A près incision horizontale du péritoine pel nourricier est de bonne qualité et se prêtera bien à
vien en direction du ligament rond, on dégage la son isolement.
262 F IST U L E S G É N IT O -U R I N A IR E S
F ig . 225 — Réimplantation urétérale par l'intermédiaire d ’un lambeau vésical tubule (Boari-Küss).
A p rès isolem ent des faces su p érieu re et latérale de la vessie, un lam beau rectan g u laire, bien vas
cularisé, est taillé aux d épens de la face su p érieu re de la vessie. Il est ensuite tubulé et an asto
m osé su r so n de à l’u re tè re .
FISTULES U R É T H R O - V A G I N A L E S
D ans les pays de niveau médical élevé, il est des traitements des prolapsus ou au cours de
devenu exceptionnel d ’observer des dystocies au l'excision de diverticules uréthraux. Les fistules
cours du travail, tout au moins pendant un délai liées à la résection ou à l'électrocoagulation du col
tant soit peu prolongé. Aussi les fistules vésico- vésical dans les obstructions uréthrales ou dans les
vaginales et uréthro-vaginales, liées à cette p a th o uréthrites chroniques représentent un facteur é c o
génie, sont devenues extrêm em ent rares. logique tout à fait exceptionnel.
La plupart des fistules uréthro-vaginales sont Il en est de m ême pour les lésions traum atiques
des complications de la chirurgie vaginale au cours secondaires à la rétention d'un corps étranger dans
266 F IS T U L E S GÉMITO- U RINA IR E S
le vagin. J ’en ai cependant observé cinq cas, qui mécanisme sphinctérien. Il est toujours important
présentaient des fistules im portantes avec disten d ’évaluer l’état fonctionnel du sphincter juste au-
sion cicatricielle provoquée par une ulcération au dessus de la fistule. La mise en évidence d ’une
contact du corps étranger. Ces lésions avaient été fuite urinaire par la fistule et l’évaluation de
provoquées par l’introduction intra-vaginale d'un l’importance du tissu cicatriciel d onneront une
objet métallique au cours d'ébats sexuels. Dans la indication du degré et de l’éten due des lésions
plupart des cas, les fistules donnant lieu à une sphinctériennes. Les fistules suivant l’excision
incontinence urinaire sont situées au niveau de la d ’un diverticule uréthral sont en général accom pa
partie moyenne ou de la partie proximale de gnées d'une altération moins im portante du
l’urèthre. Les fistules du tiers inférieur ne s’accom sphincter mais elles peuvent présenter un trajet
pagnent pas en général d ’incontinence. La diffé tortueux et difficile à m ettre en évidence. Chez de
rence entre ces deux groupes est essentielle à la telles malades, il est toujours im portant de recher
com préhension et au traitem ent de ces fistules. En cher la présence d'autres diverticules, car ceux-ci
effet si une fistule uréthrale provoque une inconti peuvent être multiples et les diverticules latéraux
nence, celle-ci est liée à son retentissement sur le peuvent être une source d'infection.
mécanisme sphinctérien proximal ou bien au fait
que celui-ci a été endom m agé.
U n e fistule distale, située loin du mécanisme
sphinctérien, ne provoquera pas l'incontinence et
Examens complémentaires
sera une découverte fortuite à l'occasion d'un exa
men vaginal au spéculum. E n conséquence, la res
E xam en bactériologique. — Il est essentiel de
tauration de la continence urinaire dépen dra à la
traiter toute infection urinaire et de vérifier la sté
fois de la ferm eture de la fistule et de la réfection
rilité des urines avant toute tentative chirurgicale.
du mécanisme sphinctérien. Les altérations du
Si l’infection persiste et ne répond pas au traite
mécanisme sphinctérien sont beaucoup plus
ment médical, il faudra évoquer soit la présence
im portantes que ne le supposerait la taille de la fis
d ’un matériel non résorbable restant ou l’existence
tule.
d ’un autre diverticule-
L 'évaluation du problèm e avant l'in terv en tio n .
C ystom étrie de rem plissage et d éb itm étrie. —
L'histoire clinique de ces malades, qui peuvent
La première exploration ne doit pas être négligée
présenter une incontinence sévère, doit être bien
car des anomalies du com portem ent vésical sont
explicitée. Il faudra la com pléter par un examen
présentes dans un bon tiers des cas. Ces anomalies
physique et fonctionnel, minutieux et détaillé,
persisteront m ême après la fermeture étanche de
s’étendant à tout le bas appareil urinaire. Un cer
la fistule, aussi les malades doivent être averties de
tain nom bre de points importants doivent être
la persistance d ’une symptomatologie en rapport
soulignés.
avec un problèm e vésical pré-existant. La débit
L'anamnèse. Les malades avaient en général des métrie est en général dans les limites de la n o r
troubles urinaires précédant l’accident qui a pro male.
voqué la fistule. Aussi est-il toujours très utile de
préciser la pathologie pré-existante à la fistule, en Le profil u réth ral. — C ’est là l’investigation fon
ce sens q u ’elle est susceptible d ’affecter ultérieure dam entale car elle perm et de localiser le siège de
ment le contrôle des urines. Il peut s’agir d'une la fistule le long de l'urèthre et elle fournira une
infection chronique ou d ’une faiblesse sphincté indication concernant la gravité de l'atteinte de
rienne uréthrale. La symptomatologie précédant l’appareil sphinctérien. Ainsi il arrive que l’on
la fistule peut ainsi constituer un guide précieux. constate l’absence de toute force occlusive sur une
longueur importante de l'urèthre.
Examen physique. Les deux points im portants à
préciser sont la topographie de la fistule et C ysto-uréthroscopie. — Il peut être nécessaire
l’importance du tissu cicatriciel de l’environne de l’effectuer sous anesthésie générale. Les points
ment. Si la fistule siège au niveau du col vésical et principaux à préciser seront :
s’étend à la jonction trigono-uréthrale, la malade * La présence ou l’absence d ’une pathologie
sera totalem ent incontinente com me si elle avait vésicale. Si la fistule siège au niveau du col vésical,
une fistule vésico-vaginale. Les lésions de la partie il faudra préciser sa situation par rapport aux orifi
moyenne de l’urèthre intéressent en général le ces urétéraux.
F IS T U L E S G É N IT O -U R I N A I R E S 267
à prévenir l'apparition de tissus scléreux. Enfin la afin que les modifications positives de pression
greffe aponévrotique libre agira com me une véri contribuent à fermer l’urèthre grâce au support du
table fronde p our surélever l'urèthre et contri patch aponévrotique.
buera à la transmission de la pression abdominale
Les fistules vésico-utérines sont les plus rares Les formes latentes sont exceptionnelles, de dia
des fistules génito-urinaires dont elles représen gnostic hystérographique.
tent environ 4 % . Elles surviennent généralem ent C ette symptomatologie s’explique par le sens de
dans les suites d ’une césarienne et sont exception l’écoulem ent d ’urine :
nelles : pas plus de 120 cas ont été décrits dans la - à sens unique il s'agit soit d'un passage des uri
littérature. nes dans l'utérus d'où l'incontinence, soit d ’un
passage du sang des règles dans la vessie en tra î
Etiologie nant am én orrh ée et « règles vésicales » ;
- à double sens, la symptomatologie est mixte.
Le plus souvent les F .V .U . succèdent à une Le sens de l’écoulement dépend de plusieurs
plaie vésicale, que celle-ci ait été reconnue et trai facteurs :
tée lors de la césarienne ou qu'elle soit passée ina • le siège des orifices : soit sur l’utérus au-dessus
perçue ; parfois la vessie est prise dans un point ou au-dessous de l’isthme, soit sur la vessie sur la
transfixiant. partie fixe ou mobile.
Mais la survenue d'une F .V .U . n'im plique pas • le trajet direct ou sinueux ;
obligatoirement une blessure vésicale ; elle peut • la dimension des orifices.
être la conséquence d'un abcès inter-vésico-utérin L'incontinence est favorisée par un orifice large
ou d ’une nécrose ischémique secondaire de la sous-isthmique sur l’utérus et sur la portion fixe de
paroi vésicale : quelle q u'en soit Pédologie elles la vessie avec un trajet direct.
sont plus fréquentes lors des césariennes itératives
où les dissections vésicales sont plus laborieuses.
Diagnostic
C O N C L U SIO N
Evolution
Les hystérectomies radicales créent des d élabre sie et de l'uretère. Nous ne détaillerons que les
ments pelviens im portants. Elles com portent complications qui surviennent dans les suites
l'exérèse de l'appareil génital, des p aram ètres, des secondaires ou tardives des hystérectomies radica
lames utéro-sacrés et de la portion haute du vagin. les.
Elles sacrifient une part im portante de la vascu
larisation de l'uretère pelvien et de la vessie en
supprim ant l’irrigation provenant de l'artère u té
rine et des rameaux vésico-vaginaux. C O M P L IC A T IO N S S E C O N D A IR E S
Cette dévascularisation est maxima dans la cel-
lulectomie totale qui com porte la ligature des
branches de l'hypogastrique et qui n'est pas com Nous groupons dans ce chapitre les complica
patible avec la conservation du bas appareil uri tions qui surviennent après l’intervention et dans
naire quand elle est bilatérale. les mois qui suivent.
Les exérèses larges p erturben t l'innervation Il peut s’agir de manifestations urétérales ou
vésicale en lésant le plexus pelvi-viscéral. essen vésicales.
tiellement contenu dans les lames génito-sacrées.
La dissection de la vessie se fait au plus près
com m e celle de l'uretère avec des risques de Complications urétérales
lésions de l'adventice urétéral.
Les décollements sont importants, exposant à Elles com pren nent des dilatations avec ou sans
des épanchem ents hém atiques pelviens qui p e u sténoses et des fistules.
vent s’infecter malgré le drainage.
A près les curages ganglionnaires, la lymphos- D ilatations avec ou sans sténose
tase est difficile à obtenir malgré l'emploi de liga
tures ou de clips, d'où la possibilité de lymphor- Elle régresse une fois sur deux en trois mois. Au
rhée, de lymphocèle, d ’ép anchem ents lymphati 6 e mois, 4 uretères sur 5 ont repris un aspect n o r
ques. mal (Fig. 230 et 231).
Ces dissections jointes à l'attrition importante U n e fois sur dix cette dilatation urétérale est
du tissu cellulaire sous-péritonéal favorisent im portante au début. Elle n ’est pas forcément
l'apparition d'une sclérose pelvienne que vient d'un mauvais pronostic. N éanm oins, c’est surtout
encore aggraver la radiothérapie. dans ces cas que la dilatation a tendance à persister
T outes ces conditions expliquent la relative fré plus longtemps et doit être suivie de plus près par
quence des complications vésicales et urétérales. des clichés urographiques et des échographies
Nous n'envisagerons pas dans ce chapitre les rénales répétées. Sur les clichés successifs on voit
complications immédiates qui ont déjà été décrites en général le rétrécissement urétéral pelvien dimi
lors de l’étude des lésions traum atiques de la ves nuer de longueur, le conduit perdre son aspect
COMPLICATIONS UROLOGIQUES APRÈS HYSTÉRECTOMIES
271
figé, tandis q u ’il reprend sa tonicité, Quelquefois pelvien infecté et plus tard de son englobem ent
peut persister une sténose de la jonction urétéro- par la sclérose.
vésicale avec une petite dilatation sus-jacente qui Les compressions par lymphocèle constituent un
reste bien tolérée sans retentissement rénal mais cas particulier (Fig. 232). Il existe des lymphocèles
que l’on doit tout de même surveiller régulière im portantes qui refoulent la vessie, et parfois
ment. m êm e com prim ent et étirent l’uretère. Q u an d
Ce qui com pte en effet en ttjatière de dilatation cette lymphocèle est enkystée depuis plusieurs
et de rétrécissement urétéral post-opératoires, ce mois et provoque un retentissement urologique, il
rk’est pas l’aspect de l'uretère mais le retentisse faut drainer cette poche et la mettre à plat en
m ent rénal. Il est en général minime. De fait on sachant le risque d'une lymphorrhée prolongée.
voit peu de pyélonéphrites et d ’insuffisance rénale
dans les suites post-opératoires précoces. Lorsque
Fistules urétérales
le rétrécissement urétéral régresse le rein récu
père. Aussi, on est eti droit d'atten d re plusieurs Elles sont de fréquence variable après lympho-
semaines sous corticoïdes et antibiotiques, au colpo-hystérectomie élargie.
besoin en s’aidant d ’une montée de sonde urété Certains auteurs publient des séries sans inci
rale perdue ou sous couvert d ’une néphrostom ie dent, d'autres des séries avec 15 % de fistules.
per-cutanée. N éanmoins, un acte chirurgical peut Leur fréquence varie suivant l’habitude et la
être nécessaire en cas de rétention urinaire infec minutie de l’o péra teu r, l’existence d ’une irradia
tée (néphrostom ie), ou après trois ou quatre rrjois tion préalable et l’étendue de l’exérèse.
de persistance de dilatation rénale im portante C erbon net, lors du 6 2 e Congrès de Chirurgie, a
(urétérolyse et réim plantation). Ces aspects sont insisté sur ce fait : « le curage ganglionnaire pas
souvent la conséquence de la dénervation du plus que l’exérèse de l’aileron sus-urétéral, ne
conduit, de sa stagnation dans un épancherttent m ettent en péril la vitalité du conduit ». Nous par-
272 COMPLICATIONS UROLOGIQUES APRÈS HYSTÉRECTOMIES
souvent la cystoscopie est difficile dans la période nous préférons attendre un minimum de deux
post-opératoire parce que le trigone est basculé et mois, si une rétention infectée ne nous oblige pas à
déformé par l’œdèm e. intervenir. Ceci pour trois raisons:
Avant l’intervention une urétéropyélographie - la p rem ière : nous avons vu des fistules se fer
rétrograde bilatérale doit absolument être prati m er sans séquelle,
quée parce que la fistule peut être bilatérale et ne - la deuxième : le résultat nous semble meilleur
pas apparaître telle sur l’urographie. On peut lorsque l'on intervient dans une atm osphère moins
d'autre part très bien observer un uretère normal infectée, sur des tissus de meilleure qualité,
au-dessus de la fistule et un uretère contro-latéral - la troisième : c’est parce q u ’il existe qu elq u e
sténosé sans fistule. Il faut donc se méfier des fois un rétrécissement urétéral du côté opposé
inform ations erronées que peut fournir l'urogra dont il est difficile de prévoir le devenir et à propos
phie (Fig. 234). duquel une attitude thérapeutique précoce a d é
Q uelquefois la fistule se ferme spontaném ent. quate n'est pas facile à déterm iner.
Mais une fistule qui se tarit, peut correspondre à
Mais il faut au cours de cette période d ’attente
un arrêt de la sécrétion rénale et non pas à une
suivre avec soin la malade sur le plan clinique
guérison. Devant toute disparition de l'écoule
(douleurs lombaires, fièvre), sur le plan échogra-
m ent, la prescription d'une urographie intra-vei-
phique (tous les dix jours) et sur le plan urographi-
neuse s'impose.
que (tous les mois). Et il ne faut pas hésiter à inter
L orsqu’on arrive à m onter une sonde, il faut
venir et à pratiquer une néphrostom ie per-cutanée
contrôler par la suite le résultat lointain par des
si le retentissement s’aggrave ou si une infection se
urographies intra-veineuses répétées pour ne pas
manifeste.
m éconnaître une sténose secondaire.
Le traitem ent dépend évidem m ent de l’état du
Le plus souvent la fistule persiste, la sténose
rein opposé, dont la défaillance oblige à une
associée expose à une dilatation rénale et une
conservation. Mais d ’une m anière générale, il faut
infection. Un acte chirurgical est nécessaire.
être conservateur au maximum car le pronostic
Classiquement, il faut opérer rapidem ent pour
lointain de l’autre rein est toujours hypothéqué
éviter un retentissement rénal. Personnellement.
par la possibilité de lésions urétérales qui peuvent
ap paraître tardivement.
Schém atiquem ent, on peut envisager une
néphrectom ie si le rein est détruit quand on voit la
malade p o u r la première fois, quand la maladie
néoplasique a un mauvais pronostic et que l’on
veut éviter une hospitalisation prolongée ou en tre
prendre une cobalthérapie post-opératoire dans
les plus brefs délais.
On peut envisager de préférence une n éphrosto
mie per-cutanée lorsque l’on a affaire à un rein
dilaté et infecté que l’on veut conserver. Elle p er
met en outre une réparation secondaire dans de
bonnes conditions.
Dans les autres cas, il faut pratiquer l’un des
modes de réim plantation que nous avons déjà vu,
ou en cas d'impossibilité une urétérostom ie cuta
née. L'utilisation d'une anse iléale ne peut se
concevoir que si elle ne retarde pas la mise en
route d 'un e radiothérapie.
Complications vésicales
dans les lames sacro-recto-génitales et le plexus • le résidu est faible à trois mois,
péri-viscéral. • pratiquem ent nul à six mois,
Ces lésions sont responsables de troubles du • on arrive à obtenir des urines stériles ;
fonctionnement vésical qui sont proches de ceux • la capacité est variable, augm entée chez cer
observés dans les neurovessies de types périphéri taines malades, mais souvent un peu diminuée.
que avec une perte de la sensibilité vésicale, une Surtout lorsqu'il y a eu de la radiothérapie. Elles
capacité a ugm entée et une absence de contraction. ont alors une pollakiurie discrète ;
Mais les lésions de l’appareil urinaire sont sou • la dysurie persiste souvent minime, mais la
vent plus complexes, surtout s’il y a une irradia débitmétrie m ontre une chute du débit mictionnel
tion. A l'énervation s’ajoute en effet la radiolé et un aspect polyphasique de la courbe de mictio-
sion, la contusion opératoire, la cellulite pelvienne graphie : chaque élévation du débit mictionnel
post-opératoire, les troubles de la statique pel correspondant à une poussée abdom inale. Il n'y a
vienne avec, le plus souvent, bascule postérieure plus de contraction vésicale vraie com m e le m on
de la vessie. tre la cystomanométrie ;
Il en résulte des troubles variables com me en • la sensibilité vésicale dem eure ém oussée p e n
témoigne une série de courbes cystomanométri- dant des mois et des années. Même si les malades
ques que nous avons faites six mois après traite perçoivent l'envie d 'uriner, cette envie est plus
ment radiochirurgical pour cancers de l'utérus. On vague et n'est plus com me avant.
y trouve de grandes vessies atones dénervées, et Q u ant à l'incontinence urinaire secondaire à
de petites vessies rétractées. L'urographie intra une chirurgie pelvienne élargie avec ou sans
veineuse confirme ces aspects. radiothérapie, elle doit être considérée u priori
A u point de vue pratique : La malade garde une com me différente de l'incontinence urinaire
sonde vésicale pendant les dix jours post-opératoi d'effort. Elle peut correspondre d'ailleurs à des
res. A près l’ablation, certaines malades restent en mictions par regorgement.
rétention complète. Ce qui se voit dans notre Ces fuites urinaires doivent être évaluées par
expérience surtout chez les femmes jeunes. des explorations urodynam iques radiologiques :
Cela peut d urer plusieurs semaines. Mais nous urographie, colpocystogramme ou cystographie à
n ’avons pas eu personnellement de cas où cette l'effort et cysto-urétrographie mictionnelle. Seuls
rétention ait été définitive, bien que cette é ve ntua ces examens perm ettent de juger des possibilités
lité ait été signalée et que certaines malades aient thérapeutiques qui sont parfois minimes devant
dû être soumises à des sondages bi-quotidiens une des lésions de sclérose avancée. Nous donnons
fois rentrées chez elles. une certaine valeur test à l'amélioration de la
A près un délai variable les mictions reprenn ent, continence par un tam pon vaginal. Dans ces cas
mais ce sont parfois des mictions par regorgement. une cervico-suspension peut être envisagée. Elle
Le résidu peut être latent par suite des troubles de doit toujours être p rud ente, utilisant peu de m até
la sensibilité vésicale. Il faut donc systém atique riel avec un montage souple. Telle une cervico-
ment le rechercher par sondage. Il peut être suspension indirecte type Burch qui nous a donné
im portant, infecté, risque d ’en tra în er un reflux. Il de bons résultats plutôt qu 'à une bandelette sous
faut alors rem ettre une sonde et attendre. Les uréthrale type Goebell-Stoeckel trop rigide, qui
troubles s'am end eront progressivement. peut en tra în er des rétentions définitives.
D ans la majorité des cas, le résidu n'est pas Mais bien souvent les causes d'incontinence sont
im portant. C ar si la malade ne sent plus l'envie associées, réunissant une sclérose vésicale, une
d ’uriner et a une vessie'qui spontaném ent se vide insuffisance sphinctérienne, une rigidité uréthrale
mal, elle peut faciliter ses mictions par la poussée et un trouble de la statique avec, non seulement un
abdom inale, l'expression manuelle sus-pubienne col qui peut descendre en-dessous de l’enceinte
et la prise de parasympathicom imétiques. des pressions abdom inales, mais une bascule pos
Les malades doivent être surveillées par des térieure de la vessie. Il vaut mieux alors renoncer à
débitmétries, des échographies rénales, des uro tout geste chirurgical qui risque d ’aggraver ces
graphies, des exam ens cytobactériologiques d 'u ri malades, et ten ter une rééducation vésicale et
nes et de la fonction rénale, des recherches de périnéale est susceptible de les améliorer.
résidu. Il ne faut pas m éconnaître chez elles un
obstacle du bas appareil qui risquerait de les
Fistules vésico-vaginales (Voir page 243).
décompenser.
Progressivement, les choses ont tendance à Elles sont la conséquence de la dévascularisa
s’arranger : tion vésicale et de la radiothérapie. Elles sont
COMPLICATIONS UROLOGIQUES APRÈS HYSTÉRECTOMIES 275
C O M P L IC A T IO N S T A R D IV E S
roplastie risquée. Toutefois en prenant une anse sténose de l'urèthre après sondage ou irradiation,
assez haute, loin de la zone la plus irradiée, quand mais aussi à une récidive.
l'intestin a bon aspect et que la dose d'irradiation
n'excède pas 50 grays, certains ont recours à un
greffon iléal-inter-urétéro-vésical ou à une urété
rostomie cutanée trans-iléale (ce qui n'implique
C O N C L U SIO N S
qu'un seul orifice cutané) mais on prend un risque
mortel de fistule du grêle. Aussi plutôt que de
faire une urétérostomie cutanée, peut-on placer L'un des problèm es majeurs posé par les lésions
une sonde urétérale en double J par u rétérotom ie. tardives est celui d ’une récidive. Lorsque la réci
Q u an d la malade n'a pas été irradiée, on a toute dive est ouverte, que la lésion est visible au spécu
latitude pour réim planter l'uretère, em ployer un lum ou en endoscopie, le simple aspect macrosco
greffon iléal, il nous semble donc absolument pique fait quasiment le diagnostic que confirment
nécessaire de faire une laparotomie qui en plus des frottis ou une biopsie. C ’est le cas des lésions
perm et de vérifier s'il n'existe pas de récidive. vésicales.
Faut-il encore savoir que la lésion néoplasique
peut être nécrotique et que la biopsie peut ne pas
Complications vésicales tardives trancher, d'où la nécessité de la repratiquer après
traitem ent désinfectant local. D 'a u tre part, il ne
C ystites radiques. — Elles sont étudiées au cha faut pas abuser des biopsies sur les lésions irra
pitre 23 traitant des complications de la radiothé diées parce qu'elles peuvent aggraver une radiolé
rapie. Elles peuvent naturellem ent survenir après sion.
une lympho-colpo-hystérectomie élargie qui a été Q u and les lésions sont profondes, ce qui est sou
irradiée. Elles posent des diagnostics difficiles vent le cas des lésions urétérales, le diagnostic est
quelquefois avec les envahissements vésicaux. plus difficile et n ’aboutit fréquem m ent q u ’à une
présomption.
Fistules vésico-vaginales. — Elles surviennent L'apparition d'une sténose urétérale après un
souvent après un passé de cystites, d'hém aturies intervalle libre, n'est pas un argum ent, car les
ou de cystalgies. lésions post-radiothérapiques peuvent mettre un
Elles peuvent être secondaires à un envahisse an ou plus à se constituer.
ment vésico-vaginal com me le confirme la biopsie ; U n e sténose urétérale étendue sortant des limi
Elles peuvent être l’aboutissement d 'un e cystite tes de l'acte chirurgical et du volume cible de la
radique im portante. radiothérapie est un argument de valeur. Si le
Elles peuvent d ébuter b rutalem ent, quelquefois rétrécissement rem onte très haut ju sq u ’au bassi
prendre une allure extensive. en particulier après net, il y a toutes chances qu'il s'agisse d ’une cellu
biopsie vaginale ou vésicale. Penser toujours au lite néoplasique rétro-péritonéale.
retentissement urétéral associé. U n aspect de tum eu r de l'uretère peut simuler
Lorsque l’on a éliminé une récidive avec certi une exceptionnelle métastase urétérale. Les d o u
tude, il faut attendre plusieurs mois avant de les leurs radiculaires sciatiques sont très suspectes.
opérer. Leur dissection peut, en effet, aggraver la La consistance des lésions peut fournir des élé
nécrose. ments de suspicion. L orsqu'on trouve au toucher
Leur traitem ent est difficile. Il a été amélioré rectal un arceau ferme, régulier, lisse, allant d'une
par l’épiplooplastie, mais souvent la vessie est épine sciatique à l'autre, encadrant le rectum qui
rétractée, insensible, non contractile, avec un col est souvent rétréci circulairement, il s'agit souvent
sclérosé et inutilisable. d 'une lésion post-radique. Alors que la récidive
O n est d 'autre part souvent privé d'une iiéoplas- néoplasique est plus asymétrique, plus irrégulière,
tie d'assèchem ent et quelquefois le seul traitement plus dure et refoule le rectum plus qu'elle ne
possible est l’urétérostom ie cutanée bilatérale. l'enserre et quelquefois déjà l'envahit.
O n ne saurait attendre une vitesse de sédim en
tation augm entée, une altération de l'état général,
un ganglion sus-claviculaire, des métastases gan
Complications uréthrales tardives glionnaires latéro-aortiques objectivées par scan
ner ou échographie.
Elles se manifestent par une dysurie, des Mais il est difficile d'avoir des arguments de ce r
uréthrorragies. Elles peuvent correspondre à une titude, la cytoponction elle-même n'a pas de
COMPLICATIONS UROLOGIQUES APRÈS HYSTÉRECTOMIES 277
valeur lorsqu’elle est négative, et on est obligé de O n doit toujours en plus des touchers pelviens,
proposer une intervention exploratrice en sachant exam iner la fosse lombaire et juger de la limpidité
qu'il est difficile de mettre une étiquette sur un des urines.
glacis rétro-péritonéal car une sclérose radique Ce simple exam en clinique renseigne déjà b ea u
peut être confondue avec la lymphangite néoplasi coup sur la possibilité d'une rétention vésicale
que et que l'examen extem porané lui-même est im portante et infectée, mais il ne saurait suffire et
trom peur. Ce n ’est que l’examen anato m opatho- il doit être complété par des examens paraclini-
logique définitif qui peut trancher, encore a-t-il ques.
fallu que les prélèvements p o rtent en zone p ath o - Des urographies doivent être dem andées le
logique. 15e jo u r et le 3 e mois. Elles jugent de l’état des
uretères et de la vidange vésicale. La surveillance
doit être continuée tous les six mois pendant deux
ans. Lorsque l’urographie est normale, une écho
graphie peut suffire p ar la suite ; elle permet
d ’espacer les clichés. .
- Les examens cytobactériologiques seront
SU R V E IL L A N C E POST O P É R A T O IR E répétés tant q u ’il y a un résidu.
- Les épreuves fonctionnelles rénales ne sont
D 'U N E L Y M P H O -C O L P O -
pas réitérées si l’urographie est normale.
H Y ST É R E C T O M IE É L A R G IE - La débitmétrie perm et de suivre facilement les
troubles mictionnels. Elle évite dans la mesure du
possible de rechercher un résidu par sondage qui
U ne surveillance urologique régulière s'impose peut toujours infecter la malade.
après les lympho-colpo-hystérectomies élargies Cette surveillance p eut paraître lourde, mais
dans le but de dépister les récidives et surtout les elle est nécessaire. Un résidu, une sténose urété
complications iatrogènes susceptibles d 'en traîn er rale peuvent e n tra în e r progressivement et à bas
une insuffisance rénale. bruit une insuffisance rénale.
Elle repose tout d 'abord sur la recherche de Elle doit être appliquée d ans tous les cas. Il n'est
signes cliniques : pas concevable de prendre le risque de laisser
- rythme des mictions diurnes et nocturnes, mourir d ’insuffisance rénale une malade guérie de
- incontinence ou miction impérieuse, son cancer.
- récupération de la sensibilité vésicale, L'urographie intraveineuse est l’examen irrem
- dysurie avec nécessité de poussées ab d o m in a plaçable dans la surveillance des lympho-colpo-
les pour pouvoir uriner, hysterectomies élargies. A elle seule elle assure le
- crise de cystites qui signent une infection uri dépistage non seulem ent des incidences urologi
naire mais aussi la récupération de la sensibilité ques de cette opéation mais elle peut encore révé
vésicale, ler d ’autres complications post-opératoires telle
- signes cliniques de reflux, douleurs lombaires, une lymphocèle com me l'illustre ces clichés
- hém aturies, accès fébriles. (Fig. 232a et b).
23
COMPLICATIONS UROLOGIQUES DE LA
RADIOTHÉRAPIE
La cystite radique tardive com prend deux ombilicale ce qui a supprimé les hém aturies sans
tableaux : (Fig. 236). Le prem ier se caractérise par en tra în er de séquelles. Ce geste nous paraît préfé
une cystite sub-aiguë apparaissant six mois à deux rable à une ligature de l'artère hypogastrique.
ans après l'irradiation. Elle se manifeste par un La cystite chronique est plus redoutable parce
œ d èm e bulleux auquel font suite des ulcérations qu'elle est irréversible. Elle est provoquée par
de la région du trigone. l'endartérite oblitérante et la sclérose rétractile du
Elle se traduit par des hém aturies dont l'ab o n tissu conjonctif qui engendrent une petite vessie.
dance peut être dram atique et qui peuvent se rép é Elle survient un à cinq ans après l'irradiation.
ter avec une fréquence variable. Elle est b eaucoup plus rare qu'après l'irradiation
La cystoscopie m ontre des lésions d 'œ d è m e , d 'u n e tum eur vésicale.
d'ulcération, de nécrose muqueuse, des télangec- Sa symptomatologie est représentée par une
tasies. Ces lésions siègent au niveau du trigone ou pollakiurie avec incontinence urinaire en général
en arrière de lui. Elles peuvent prendre un aspect sans signe de cystite ni d ’hématurie.
pseudo-tum oral. Les frottis sont difficiles à inter L'urographie m ontre une petite vessie rétractée,
préter. La biopsie est dangereuse. La répétition de faible capacité avec parfois un retentissement
des cystoscopies aide à faire le diagnostic. sus-jacent (Fig. 237).
En général l'évolution est favorable en quelques Le traitem ent utilise des anti-inflammatoires,
mois aidée par le traitem ent médical : désinfec des anti-spasmodiques. Mais les lésions sont sou
tion, instillations de nitrate d'argent au 500e, de vent irréversibles. Aussi, si la capacité est trop
vitamine A , d'hydrocortisone. Certains ont petite on préfère un traitem ent chirurgical,
employé avec succès des instillations de formol à connaissant les risques de la chirurgie d ’agrandis
4 % en solution saline, laissées 20 minutes. Il nous sement par greffon intestinal chez les malades irra
est arrivé de voir, malgré ces traitements, des diés, on est parfois forcé de se co n tente r d'une
hém aturies se rép éter m ettant en danger la vie de dérivation urétérale.
la malade. Nous avons fait emboliser l'artère
Complications urétérales
Les m éthodes de dérivation urinaire s’utilisent sondes à bout olivaire béquillées en caoutchouc.
dans deux circonstances : p our drainer des urines On risque moins de faire une fausse route.
en rétention au-dessus d'un obstacle ou à la fin - C'est le cas du sondage d 'une femme avec cys
d 'u n e pelvectomie antérieure. tocèle extériorisée provoquant une rétention. Il
faut sonder ces malades verticalement de haut en
bas avec la courbure de la sonde dirigée vers la
partie inférieure de la cystocèle en essayant de
C O M M E N T D R A IN E R U N E V E SS IE ? refouler à l'intérieur du vagin le col vésical.
anse entre les petites lèvres et la cuisse. Les sondes favorise i infection m êm e si l'on prend la précau
à double courant perm ettent un lavage continu de tion de bien désinfecter à chaque fois l’extrémité
la vessie mais n'ont guère d'intérêt en urologie de la sonde et du fausset.
gynécologique. Faut-il d onner une couverture antibiotique à
une malade ayant un drainage vésical ? Les avis
sont partagés. Pendant longtemps, on a d onné une
Le cathétérisme sus-pubien chimiothérapie quotidienne aux malades p o rteu
ses de sonde. Cela n’em pêche pas l'infection à lon
Il peut être fait par nécessité ou par principe. gue échéance et favorise la résistance des germes.
Pour notre part, nous ne prescrivons pas systéma
- Certains auteurs accusent avec raison le c a thé
tiquement d'agents anti-infectieux chez les mala
ter uréthral d'infecter plus souvent et plus rapid e
des qui ont une sonde vésicale et 1111 appareil uri
ment les urines que le cathéter sus-pubien, ce qui
naire sain (suites d'hystérectomie, de prolapsus).
explique leur préférence pou r ce dernier. En fait,
Nous nous contentons de traiter les infections rési
quel que soit le mode de drainage, s'il est p ro
duelles après ablation de la sonde. Il nous paraît
longé, il est toujours facteur d'infection et la
par contre important de traiter systématiquement
grande facilité du cathétérism e uréthral chez la
selon les données de l’antibiogramm e les malades
femm e le fait plus souvent préférer au ca th é té
porteuses d'u ne sonde vésicale avec haut appareil
risme sus-pubien.
urinaire dilaté. Q uan d aux malades ayant des son
Ce dernier est obligatoire lorsque l'on arrive pas
des au long cours avec un haut appareil normal,
à sonder une femme en rétention. Il est aussi pré
férable lorsqu'une lésion u réthrale, vulvaire ou tri nous ne leur prescrivons pas de traitem ent, sauf
lors des changem ents de sonde ou en cas d 'a p p a ri
gonale rend la sonde difficile à supporter. Il ne
tion de signes clinique d ’infection (fièvre).
peut se faire que sur vessie pleine. Il faut donc
s’assurer de la présence d'un globe. A près avoir
rasé et désinfecté la paroi sus-pubienne, on fait Faut-il faire des lavages de so n d e s? — Cela
une anesthésie locale au point de pénétration qui nous semble peu nécessaire en cas de sonde vési
est situé à un travers de doigt au-dessus du pubis. cale. Le calibre de la sonde est suffisamment gros
On introduit verticalement le trocard. O n sent pour qu'elle ait peu tendance à se boucher. Mieux
parfaitem ent bien la résistance de la paroi abd om i vaut la changer un peu plus fréquem m ent. Mais si
nale puis de la vessie. On retire le mandrin, et la sonde a tendance à s'obstruer, la laver avec du
l'urine s’écoule. O n enfonce à sa place le cathéter sé rum (dix centim ètres cube contenant un désin
dans la gaine. fectant local).
O n enlève cette dernière et l'on fixe le cathéter
qui souvent com prend un ballonnet intra-vésical
qui le maintient. Il existe des plateaux stériles à
usage unique pour ponction sus-pubienne. En cas C O M M E N T D R A IN E R UN U R E T È R E ?
d'urgence, lorsqu’on ne dispose pas d'un tel m a té
riel, on peut se co n tente r d ’une aiguille longue à
mandrin qui perm et de vider partiellement la ves Le drainage urétéral peut se faire par ca thé té
sie en attend ant le matériel approprié. risme, par dérivation externe ou par dérivation
Quel que soit le m ode de drainage utilisé, il ne interne. La m éthode la plus simple consiste à m on
faut pas vider rapidement une vessie en rétention ter une sonde par voie endoscopique. Il est préfé
pour éviter une hém aturie a vacuo. La sonde peut rable d'enlever la sonde vésicale la veille, s'il y en
être branchée à un collecteur d ’urines stérile dont a une, l’œ dèm e trigonal q u ’elle provoque gêne le
il existe de nom breux modèles. Les plus pratiques repérage des orifice urétéraux.
sont ceux com portant un système de vidange qui En cours d'intervention, on peut m on ter une
évite les m anutentions et l’infection. N aturelle sonde à vessie ouverte.
m ent, le sac collecteur doit toujours rester à un
- Les orifices urétéraux sont en général facile
niveau inférieur à celui de la vessie po ur éviter un
ment repérables de chaque côté de la barre inter-
reflux des urines.
urétérale. Pour mieux les voir, on a intérêt à
Pour perm ettre à la malade de se déplacer, lors déplisser le bas fond vésical avec un tam pon
que la vacuité parfaite de la vessie n’est pas néces monté. C ette m anœ uvre doit être douce p o u r ne
saire, on peut boucher l’orifice de la sonde avec un pas faire saigner la muqueuse vésicale. A ttendre
fausset et l’ouvrir toutes les trois heures, mais cela patiem m ent une éjaculation urétérale. Si l’orifice
284 D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NES
ne peut être repéré, faire injecter en intra-veineux la sonde droite et obliquement le bout de la sonde
du bleu de méthylène ou de l'indigo carmin qui gauche.
colore les urines ou du furosémide qui accroît la O n peut laisser à dem eure une sonde urétérale
diurèse. perdue dans la vessie ce qui évite parfois une uré
- Lors du cathétérism e, se rappeler que l'ure térostomie cutanée. Il faut la changer tous les deux
tère arrive de façon tangentielle dans la vessie et mois environ mais les sondes perdues ont te n
que la sonde doit être introduite presque horizon dance à se déplacer. On dispose m aintenant de
talem ent et dirigée en dehors et en arrière. Si elle sondes dites en double J. Ces sondes sont en sili-
bute après deux ou trois centimètres, ne pas for cone, mieux supportées et se changent moins sou
cer. Essayer de tendre indirectement l’uretère en vent. Leur extrémité est enroulée sur elle-même.
refoulant en arrière la partie basse de la corne On les monte avec un m andrin qui les rend rectili-
vésicale avec un tam pon monté. gnes puis on retire le mandrin. En s'enroulant,
- On choisit en général une sonde urétérale elles se bloquent dans le bassinet et n'ont pas te n
n° 14 à bout biseauté. Lorsque ce type de sonde dance à descendre (Fig. 240).
bute, utiliser une sonde à bout olivaire. Nous verrons que le drainage urétéral peut aussi
- La longueur à introduire est de vingt-huit cen se faire directem ent par urétérostomie cutanée
timètres environ chez une femme de taille (voir page 290), par l'intermédiaire d ’un greffon
moyenne. iléal (voir page 292) ou urétérostomie transiléale.
= La sonde est en bonne place quand l’urine O n peut encore réim planter l’uretère directem ent
s’écoule en gouttes pressées après avoir franchi dans la vessie ou par l’intermédiaire d'un greffon
l’obstacle et lorsque les lavages que l'on pratique iléal ou d ’une prothèse (voir page 264). Depuis de
avec cinq centim ètres cube de sérum reviennent en nom breuses années, les prothèses urétérales sont
totalité à l'aspiration. Si l'on a un doute on peut à l'étude. L'utilisation des silicones a permis de
faire un contrôle radiologique sur table en injec passer de la phase expérimentale à la phase clini
tant un milieu de contraste dans la sonde. que.
On dispose de prothèses droites et spiralées. au moyen d 'u n e aiguille fine (21 Ci ou 22G), par
Ces dernières sont préférables, non pas tellement ponction directe du bassinet (voie postérieure) ou
parce que leur souplesse leur donne indirectement d'un calice (voie postérolatérale). L 'o p é rate u r se
une certaine « motricité » mais surtout parce guide par l’échographie et par la radioscopie. Ceci
q u ’elles sont moins rigides et tiraillent moins les perm et un repérage précis des cavités et une vue
anastom oses urétérale et vésicale. Les prothèses de l'état de l'arbre urinaire au-dessus de l'obstacle
sont mises en place par voie extra-péritonéale. La (Fig. 241, 242, 243, 244, 245).
partie supérieure com prend un petit cylindre qui Le drainage lui-même s’effectue toujours par
intube l'uretère. Ce dernier est fixé sur une colle voie postéro-latérale. la patiente étant installée en
rette située à la base de ce cylindre. L'extrémité décubitus ventral. O n aborde ainsi le rein par sa
inférieure est glissée par une courte cystotomie convexité afin de limiter les risques de fuite uri
dans la vessie et fixée à cette dernière par l'inter naire et de lésion du pédicule rénal. Deux m é tho
médiaire d'un petit disque suturé à la paroi vési des sont possibles : la prem ière utilise un trocard
cale. placé dans les cavités, par lequel on introduit un
La tolérance immédiate est le plus souvent p a r ca thé ter multiperforé ; la seconde, qui a notre p ré
faite. Se méfier de ne pas m ettre de prothèse trop férence surtout si les cavités ne sont pas très dila
longue qui aurait tendance à couder l'uretère sur tées. dérive des techniques d'angiographie selon
son extrémité supérieure. Des migrations partiel
les de prothèse ou de collerette dans la vessie ont
été décrites. Mais le gros ennui est représenté par
le reflux qui est quasi constant. Il est moins impor
tant q uand on a pu garder une certaine longueur
d ’uretère supérieur. Ce reflux aboutit à une infec
tion latente qui entraîne une pyélonéphrite c hroni
que mais il peut quelquefois aussi déclencher une
infection aiguë obligeant à l'ablation de la
prothèse. Avec les silicones, la lithiase est un acci
dent rare, personnellement nous en avons vu.
Malgré ces inconvénients, il y a des malades qui
supportent parfaitement leur prothèse depuis plu
sieurs années. L'indication peut se poser en cancé
rologie chez des malades pour lesquelles tout
autre moyen est impossible et qui refusent une
urétérostom ie cutanée. Mais ces prothèses ne p e u F k ;. 241 — Echographie rénale droite. C o u p e transversale
vent être anastom osées que sur des vessies de m o n tra n t la dilatation du bassinet.
bonne qualité, non rétractées, n ’ayant donc pas
subi d ’irradiation importante.
C O M M EN T D R A IN E R UN R E IN ?
ISephrostomie per-cutanée
Néphrostomie chirurgicale
- La malade est placée en position de lom boto ser le doigt dans l’orifice ainsi créé, effondrer les
mie : couchée sur le côté opposé, le bassin m ain dernières fibres aponévrotiques et décoller au
tenu par deux appuis. L'avant-bras est surélevé doigt la graisse de la paroi de la loge lombaire.
horizontalement au-dessus de la tête et maintenu - R e p re n d re l'incision successive du grand obli
par une bande à l'arceau des anesthésistes. Un bil que et du petit oblique dans la même direction. Se
lot placé sous la fosse lombaire opposée casse la méfier en incisant le transverse du douzième pédi
malade et déplie la fosse lombaire à opérer cule inter-costal qui passe à sa surface.
(Fig. 246). L'incision se fait dans l'axe de la d o u - Même q uand la côte est longue, on n'en résè
zième côte, depuis la pointe de la douzième si elle que que le tiers externe, la plèvre ne court donc
est courte, ou en m ordant sur son tiers externe si aucun risque. Si l'on doit s'agrandir vers le haut, il
elle est longue. Dans ce dernier cas. on a intérêt, à faut disséquer avec précaution le tissu fibreux du
la dépérioster avant d ’effectuer la section des mus cul-de-sac diaphragm atique en le décollant de la
cles larges de l'abdom en. O n retrouve mieux les côte et du pédicule (Fig. 248).
différents plans et on évite plus facilement le d o u - A près avoir mis un écarteur, on peut inciser
zième pédicule inter-costal qui longe le bord infé sans crainte le tissu cellulofibreux du fascia de
rieur de la côte (Fig. 247). G ero ta qui est au fond de l'ouverture et le disso
- Ensuite, à partir de la pointe de la côte et dans cier au doigt, ce qui mène sur la face postérieure
son prolongem ent, inciser sur trois centimètres, du pôle inférieur du rein.
successivement, de la p rofondeur à la superficie, le Pour faire une néphrostom ie, on peut procéder
grand dorsal, le petit oblique et le transverse. Pas- de deux manières : traverser le parenchym e de
dedans en dehors, ou de dehors en dedans.
Lorsque le rein est très dilaté avec un p a re n
chyme aminci et que le bassinet est très difficile à
ab orde r, on peut faire une néphrostom ie de
dehors en dedans.
- Pour cela, avec une aiguille, on pique le
parenchyme aminci, on s'assure qu'il s’écoule bien
de l'urine, on incise au bistouri électrique le long
de l’aiguille de quoi passer une sonde perforée
multitrous n° 16 ou de quoi introduire une sonde
de Pezzer tendue sur un mandrin. Elle sera atta
chée au rein par un catgut.
Le plus souvent, la dilatation est nette, mais le
parenchym e rénal est encore épais. Il est alors
F ig . 246 — Un billot déplie la fosse lombaire à opérer. L 'inci dangereux de perforer à l'aveugle le rein qui peut
sion est généralement faite dans l'axe de la douzième cote. saigner. Il faut faire une néphrostom ie transpyéli-
que qui a en outre l'avantage de perm ettre la mise
en place d'une sonde de drainage qui tiendra
mieux.
Fig. 250 — Néphrostomie transpyélique. U n fil passé au som m et du calice in férieur attire l’ex trém ité de la sonde à travers le
paren ch y m e.
D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NES 289
- Prélever éventuellem ent de l'urine dans un Pour la changer, placer la malade en decubitus
but bactériologique puis passer le petit doigt par latéral. R etirer la sonde en notant la longueur
l'incision pour repérer la direction du calice infé introduite. C athétériser l'orifice en direction du
rieur. Perforer de dedans en dehors le p a re n pôle inférieur du rein avec une sonde en plastique
chyme rénal au niveau du som m et du calice infé à bout coupé dont le calibre correspond au calibre
rieur avec un clamp fin et recourbé. Saisir dans ses de la sonde initiale et la longueur à celle qui a été
mors un fil que l'on attire à travers le parenchyme notée. Quelquefois ce cathétérism e est difficile.
en retirant la pince. C'est ce fil qui va perm ettre de Utiliser alors une sonde béquillée, multitrous dont
faire passer la sonde de dedans en dehors. Pour la courbure est dirigée vers le haut. En cas de sai
cela, prendre une sonde de Pezzer n° 16 à 20 selon g nem ent, attendre un quart d 'heure avant de faire
la dilatation du calice inférieur. En couper l'extré une nouvelle tentative. La sonde peut être ap p a
mité distale en biseau. A ttacher cette extrémité à reillée avec un collecteur d'urine m aintenu par une
la partie du fil sortant par le bassinet. Tirer l'autre ceinture.
extrémité sortant de la convexité rénale. La sonde
pénètre ainsi dans le rein. Se méfier lorsque son C om plications. — En cas de sortie accidentelle
capuchon passe dans l'ouverture du bassinet de ne de la sonde, la rem ettre sans attendre avant que le
pas le déchirer. Placer si possible le capuchon dans trajet se sténose, ce qui peut se produire rapide
le calice inférieur si ce dernier l'adm et, mais il ne ment.
faut pas qu'il soit recroquevillé à l'intérieur. L'infection, la lithiase seront prévenues dans
- Il faut em ployer une sonde en latex qui a une certaine mesure par des changem ents de
l'avantage de mieux faire l'hémostase de la traver sonde répétés, un traitem ent anti-infectieux, des
sée du parenchym e rénal. Si le rein saigne un peu. lavages à faire tous les jours avec du sérum addi
co m prim er le parenchyme sur la sonde. tionné d'antibiotique. La chirurgie per-cutanée
- Vérifier par un lavage que la sonde est per perm et d'aller chercher des calculs. Mais ces deux
méable. R eferm er la pyélotomie par des points complications sont inévitables et aboutissent tôt
séparés de catgut triple zéro. Le point de sortie ou tard à la perte du rein, ce qui explique les indi
pariétal de la sonde doit être choisi avec soin. Elle cations de la m éthode.
doit avoir une courbure harm onieuse depuis le
pôle inférieur du rein, ne doit pas être coudée lors
que la malade sera décassée et la paroi fermée. Indications. — A titre tem poraire, la néphrosto
Enfin, elle ne doit pas sortir trop en arrière pour mie est une bonne intervention qui perm et de
ne pas être com prim ée dans le lit lorque la malade drainer un rein en rétention de m anière efficace.
sera couchée. Elle n'est tout de m ême pas toujours facile à réali
- La sonde est fixée avec grand soin à la peau ser. Elle ne dérive pas totalem ent les urines et
par des fils et du sparadrap sans la com prim er, ni n'assèche donc pas une fistule urétérale.
la couder. A titre définitif, il s’agit d ’une mauvaise inter
- Des soins locaux (lavage au sérum avec anti vention com prom ettant la vitalité rénale, mais elle
biotique) seront faits chaque jour pendant les sui- est parfois nécessaire lorsqu'il n'y a pas d ’autre
tçs opératoires immédiates. moyen de drainage du rein et que le rein doit être
- Ne pas changer la sonde avant un mois et conservé. Ses indications tendent à devenir moins
demi. Elle sera changée ensuite tous les mois si fréquentes depuis que l'on dispose de la néphros
l'on veut garder la néphrostom ie. tomie per-cutanée.
290 DR A I N A G E E T D É R I V A T I O N D ES URI NE S
D R A I N A G E D E S U R IN E S A P R È S U N E PE LVECTOMI E
ANTÉRIEURE
Après pelvectomie antérieure, plusieurs techni Le lieu d 'abo uc hem e nt de l'uretère sur la paroi
ques de dérivation des urines sont possibles : doit donc être choisi avec soin. Le mieux est de le
rechercher la veille, sur la malade debout. Le
- soit l’abouchem ent direct des uretères à la
meilleur niveau est situé à trois ou quatre travers
peau,
de doigt en dehors de l'ombilic, à mi-distance
- soit leur abouchem ent cutané par l'interm é
entre l'épine iliaque antéro-supérieure et le rebord
diaire d'un greffon iléal,
costal. Il faut tenir com pte de la ptôse abdom inale
- soit encore l'abouchem ent des uretères dans le
et de l’état de la peau qui ne doit pas être cicatri
rectum.
cielle, pour que l'appareillage adhère bien.
Nous ne faisons plus de vessie rectale.
A b o rd de l'u re tè re . — L 'uretère est en général
facilement retrouvé, puisqu'il est dilaté. Ne pas
L'urétérostomie cutanée hésiter à le ponctionner en cas de doute. O n le sec
tionne le plus bas possible en territoire sain,
C'est le moyen le plus simple de drainage d'un com pte-tenu de la maladie originelle. A près liga
uretère. Sa réalisation exige une technique p a r ture du bout inférieur au catgut (ce qui n'est pas
faite. Mais elle com porte une infirmité définitive indispensable en cas de difficultés), on décolle le
car difficilement réparable. conduit en m énageant son adventice.
Elle peut être faite par voie iliaque extra-périto-
néale, par médiane extra- ou intra-péritonéale. La M ise en place d 'u n e so n d e. — On m onte une
voie iliaque est la plus com m ode et la plus pratica sonde dans l’uretère jusqu'au bassinet. Compte-
ble après radiothérapie. La voie médiane perm et tenu de ce q u'un uretère normal mesure 28 cm
d 'a b o rd e r les deux uretères, surtout lorsqu'elle est environ, il faut, en général, la m onter de 23 cm.
intra-péritonéale. Elle perm et en plus, dans cette On s'assure que la sonde draine bien le rein :
éventualité une exploration intra-abdominale inté
l'urine s'écoule en gouttes pressées, les lavages
ressante en cancérologie.
ram è n en t la totalité du liquide injecté (5 cm ' ou
plus selon que le rein est plus ou moins dilaté).
Choix de l'em placem ent de la stom ie (Fig. 251). U ne fois qu'elle est en place, lier le bout supérieur
De sa bonne place dépend le confort de la malade. de l'uretère sur la sonde par un fil gardé long.
\\ /
i
n
F k ;. 252 Fk;. 255
292 D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NES
tous les 15 jours, pendant 6 mois, puis ensuite ment anastom oser l’uretère. Le plus fin sur l'ure
tous les mois. Lorsque l’uretère n'est pas dilaté, il tère le plus dilaté. Cette m éthode est séduisante
est préférable de garder une sonde. Mais il faut mais dangereuse car elle peut provoquer des sté
bien la maintenir. Le mieux est de l’attacher par noses et des fistules et risque de com prom ettre les
l’intermédiaire de deux brins de lin, noués en deux reins.
croix, au ras de la stomie (Fig. 253), et dont les L 'u rétérostom ie cutanée constitue un moyen de
extrémités sont fixées à la peau par du collant. Il dérivation des urines, facile à pratiquer. Le risque
faut la changer tous les deux mois environ. Si en est l'infection urinaire prévenue, dans une cer
l'uretère est fin, essayer au cours de ces change taine mesure, par un traitem ent désinfectant
ments d'au g m e n ter le calibre de la sonde. Si ce continu, et surtout par un bon drainage des urines,
calibre est faible, faire faire un lavage deux fois d'où la nécessité de bien surveiller les sondes si on
par semaine avec du sérum contenant des antibio en garde, et de pratiquer des urographies intra
tiques. veineuses, une fois par an, pour contrôler l'état du
rein.
adapté à celui du conduit. Les sondes sont en Isolement de l'anse iléale. Il faut choisir une zone
bonne place si l'urine s'écoule régulièrement en bien vascularisée par deux pédicules, longue de
gouttes pressées et si la totalité du sérum de lavage 15 cm environ, allant sans traction de l’uretère
revient bien par aspiration dans la seringue. Se gauche ju sq u ’à l’orifice choisi sur la paroi abdom i
rappeler que le bassinet est généralem ent dilaté et nale, en passant derrière le cœcum. L ’anse la meil
que la quantité de sérum doit être alors au moins leure est une des dernières anses iléales, mais il ne
de 5 à 10 c m 3. faut pas utiliser la dernière dont la vascularisation
Fixer l’extrémité inférieure de l'uretère sur la est précaire. Deux fils passés superficiellement sur
sonde par un catgut noué et laissé long. Placer le le bord antim ésentérique de l’intestin servent de
bout distal de la sonde dans un gant fixé sur les repères et perm ettent de contrôler .si le choix de
cham ps, en dehors de l'incision. Ceci perm et l'anse est correct, si le pédicule vasculaire est satis
d'éviter de souiller la cavité abdom inale par les faisant. On peut s'aider de la transillumination
urines et de les recueillir pour noter leur quantité. pour voir la vascularisation du méso et choisir le
Pour être réim planté dans le greffon iléal, l'ure tracé des sections mésentériques, en fonction de la
tère gauche doit être am ené à droite de la racine disposition vasculaire.
primitive du mésocôlon pelvien. Pour cela, on fore Il reste à sectionner à l'endroit choisi le méso du
un trou au doigt dans la zone avasculaire qui existe greffon, en faisant une hém ostase soigneuse. Puis,
en tre le bord postérieur du méso du côlon pelvien après avois mis en place deux clamps de copros-
et la face antérieure du prom ontoire. L 'uretère est tase peu serrés, on sectionne l’intestin. Le rétablis
passé dans ce décollement et sort alors à droite du sem ent de la continuité est fait im m édiatem ent par
mésocôlon. points séparés après hém ostase des tranches. O n a
donc un greffon iléal, isopéristaltique dont on n et
Décollement du cœcum. On décolle le cœco-
toie l'intérieur par une com presse imbibée de
ascendant et le péritoine adjacent ju sq u ’au niveau
désinfectant.
de l’endroit choisi pour l'orifice. Se repo rtant sur
la face superficielle de la paroi, on enlève à cet Anastomose urétéro-iléale gauche (Fig. 257). On
endroit une pastille de 3 cm de peau puis une pas la fait à 2 cm de l’extrémité libre du greffon sur le
tille analogue d ’aponévrose. Les muscles sous- bord antim ésentérique. Pour cela retourner en
jacents sont dissociés et on vérifie que l’on passe manchettes la paroi iléale sur une pince de Chaput
largement deux doigts dans le trajet. Les p o u r placée à cet endroit. D écoup er une petite rondelle
tours des orifices aponévrotiques superficiels et de muqueuse de quelques millimètres au niveau
profonds sont solidarisés par 3 points, ce qui évite de la saillie soulevée par la pince. Passer par cet
leur glissement et le cisaillement du greffon. On orifice une pince fine qui dissocie la musculeuse et
peut ainsi à ce m om ent avoir une notion précise de la séreuse et permet d 'attirer par l’orifice ainsi
la longueur du greffon iléal qui sera nécessaire. obtenu la sonde et le fil qui fixe l’uretère sur la
294 D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NE S
Fig. 257 — Les anastomoses urétéro-iléales sont faites sur sondes. La gauche après retournem ent en manchette de l'iléon ; la
droite directem ent en term ino-latérale.
sonde. L 'uretère doit venir sans se tordre, ni se Lors de la constitution des sutures urétérales, il
couder. Lorsqu'il se trouve à l'endroit souhaité faut éviter de couder ou de tordre les uretères
pour l’anastom ose, on sectionne la moitié de la cir dont l’adventice doit avoir été ménagé. Il faut leur
conférence du conduit que l’on suture, par trois do n n er une courbe harmonieuse. S'ils sont trop
points séparés de catgut triple 0, à la m uqueuse, la fins, les sectionner obliquement pour les spatuler.
sous-muqueuse et la partie adjacente de la muscu-
Mise en place du greffon (Fig. 258). On a intérêt
leuse intestinale. Puis, on sectionne l'autre hém i
à fixer les sondes au bout iléal distal, après avoir
circonférence que l'on suture de manière analogue
vérifié qu'elles fonctionnent bien. Cela évite
à l'iléon. O n fixe l'adventice urétéral à la séromus-
qu'elles glissent lors des manœuvres ultérieures.
culeuse intestinale autour de l'orifice de sortie de
L 'extrémité distale du greffon doit en effet être
l'uretère, par trois points de fil à résorption lente.
passée derrière le cœcum. puis derrière le péri
On introduit ensuite la sonde urétérale dans le
toine pariétal dans la gouttière pariéto-colique
greffon en la faisant sortir par l’extrémité distale.
pour sortir sans traction. La séromusculeuse du
On note avec soin le nom bre de centim ètres inclus
greffon est fixée par q uatre points de fil résorbable
dans l'uretère.
à l'aponévrose, après s’être assuré que le greffon
Suture urétéro-iléale droite. O n ponctionne la
n'est ni tordu, ni étranglé dans la traversée parié
paroi intestinale sur une pince de Bengolea passée
tale. O n fait un petit re tou rnem ent, en m anchet
dans la lumière et faisant saillir le bord antim ésen
tes, de la m uqueuse qui est fixée à la peau par des
térique au point choisi (à 10 cm environ de l'extré
points séparés de fil non résorbable. Les sondes
mité externe du greffon). On attire par ce trou le
sont ensuite solidement fixées à la peau.
fil et la sonde urétérale. Ôn fait la recoupe urété
rale nécessaire et on anastom ose par 6 points de Péritonisation. Elle doit être très soigneuse pour
catgut triple 0 chrom é l'épaisseur totale de l'ure éviter toute incarcération d'anse. On com mence
tère à la m uqueuse, la sous-muqueuse et la partie par la péritonisation de la brèche m ésentérique
voisine de la m uqueuse intestinale. Trois points de créée par le prélèvem ent du greffon. O n peut en
fils à résorption lente solidarisent l’adventice et la général facilement, après pelvectomie an térieure,
séreuse iléale a utou r de l'orifice de pénétration de recouvrir le greffon. Le colôn pelvien sera étalé
l'uretère dans l'iléon. R e to u rn e r sur le bord g au vers la gauche et vers l'avant, son bord libre sera
che du greffon. Vérifier que la sonde urétérale suturé au péritoine pariéto-latéral et antérieur, le
gauche est toujours à la même place et fermer en cæcum, à droite contribuera généralem ent à fer
deux plans l’extrémité gauche (surjet de catgut tri mer la brèche. Le petit bassin est drainé largement
ple 0 sur la m uqueuse, points séparés de fil lente par deux lames vaginales souples sortant par le
ment résorbable sur la muqueuse). vagin.
D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NES 295
- Dans les jours préopératoires la malade est de catgut 000, nous perforons la bandelette 2 cm
mise à un régime sans résidu. U ne préparation plus bas et nous la faisons ressortir par l'orifice en
colique est instituée. la glissant dans la sonde. Avec cette aiguille, nous
prenons le bord inférieur de l'uretère, dont on a
Choix du lieu de l'implantation. A près la pelvec fait une recoupe convenable. N ous introduisons
tomie an térieure, les deux uretères ont été section de nouveau l'aiguille dans l'orifice colique, en la
nés près de la vessie. Leur adventice a été ménagé. glissant dans la gouttière de la sonde canelée.
Leur décollement a été réduit au strict nécessaire. Nous la ressortons de la paroi colique à côté du
Ils sont intubés par deux sondes à bout coupé mul point où elle avait pénétré. Ce fil passé en U nous
titrous n° 14 ou n° 16. (Les sondes de ce calibre se perm et d ’attirer l’uretère dans la lumière intesti
bouchent moins pendant les suites opératoires). nale quand on serre le nœ ud pratiqué entre les
Des lavages vérifient leur mise en place correcte. deux chefs qui sortent de la bandelette.
Il importe de choisir avec soin le lieu de la réim L 'uretère doit être introduit sur une faible lon
plantation. Pour ce faire, étaler le sigmoïde dans gueur dans le côlon, 1 cm pas plus, le fil n ’étant
le bassin, com me il se présentera lors de la périto destiné q u 'à l’attirer dans la lumière colique. Des
nisation. C ette dernière utilise le colon pelvien points séparés de catgut chromé 000 fixent
placé en auvent au-dessus de la cavité pelvienne et l'adventice urétéral à la muqueuse. A près s’être
les lambeaux p éritonéaux que tapissaient les fosses assuré de l'hém ostase, l'uretère est couché dans le
para-vésicales et les parties latérales de la face pos clivage, entre muqueuse et musculeuse, les deux
térieure de la vessie. II faut chercher où peuvent berges musculeuses sont suturées au-dessus du
venir s’im planter les uretères sur une bandelette conduit par des points séparés de fils à résorption
colique, sans coudure ni traction, en tenant lente. Trois points de fil fin non résorbable fixent
com pte de la trophicité de leur extrémité. G é n é ra l'adventice urétéral à l’extrémité de l'incision mus
lement, le niveau le meilleur se situe un peu au- culeuse. Un point en X de fil non résorbable
dessous du croisement avec l'artère iliaque prim i enfouit le nœ ud du point en U. Deux écueils doi
tive. A gauche, l'im plantation est relativement vent être évités : celui de resserrer l'uretère dans
haute dans le sigmoïde ; à droite, elle est par con un orifice m uqueux trop petit et surtout celui de
tre, beaucoup plus basse. co m prim er l'uretère dans le lit musculo-muqueux.
Avant de faire l'im plantation du côté droit pour
Implantation proprement dite. O n a décrit de laquelle on procède de la m ême manière, la sonde
multiples manières de réim planter l'uretère dans urétérale gauche est fixée à la marge de l'anus.
le colon, avec des améliorations techniques visant
à éviter le reflux du contenu colique dans l'ure Péritonisation. Se pratique com m e après une
tère. Certaines de ces techniques ont l'inconvé colpohystérectomie utilisant le colon pelvien qui
nient d ’exiger des colotomies. D ans un petit bassin recouvre le petit bassin. Les sutures urétérocoli-
qui, en post-opératoire, est le siège d'un épanche- ques sont ainsi extra-péritonéales. La cavité pel
ment lym pho-hém atique infecté, ceci m ajore, à vienne est drainée par des lames molles sortant par
notre sens, le risque de fistule et nous nous le vagin.
contentons de faire une réimplantation par voie
exocolique com m e l'a décrit Coffey.
Nous pratiquons une incision longitudinale de
S u ites post-opérâtoi res
2 cm de la musculeuse sur la bandelette, en res - La malade est mise à un régime sans résidu.
pectant la muqueuse, nous clivons un peu la mus L ’ablation de la sonde rectale se fait le 5 e jour.
culeuse de la muqueuse sous-jacente, pour créer - La perméabilité des sondes urétérales est
un lit dans lequel nous pourrons coucher l’uretère, en tretenue par un lavage aseptique quotidien fait
au point inférieur de l’incision, nous ponctionnons par le chirurgien lui-même. N aturellem ent, les
la muqueuse. Nous glissons dans cet orifice le bout lavages seront plus fréquents si les sondes ont te n
d ’une sonde urétérale que nous faisons descendre dance à se boucher.
dans le colon, puis dans le rectum, elle sort dans la Elles sont retirées, l'une le 16e et l’autre le
lumière d ’un gros drain, préalablem ent placé dans 18e jo u r, après injection de corticoïdes. Huit jours
l'anus. En la tirant, nous accompagnons l'uretère après leur ablation, on fait une urographie intra
dont nous faisons pén é trer l’extrémité inférieure veineuse qui sera répétée trois mois après
dans l'orifice de la lumière colique. Pour cela, (Fig. 261). Un bilan hydroélectrolytique, sur
nous introduisons une sonde canelée dans l’ou v er lequel nous reviendrons, est pratiqué huit jours
ture muqueuse. Avec une aiguille droite, enfilée après l’ablation des sondes, puis un mois après. La
298 D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D E S URI NE S
Tardives
- L'incontinence anale ne devrait pas se voir, si
on a pris soin de tester correctem ent le sphincter
anal avant l'intervention.
- Sténose de l'abouchem ent urétéral. Elle peut
ap p a raître tardivem ent, d'où la nécessité de suivre
les malades le premier trim estre, puis le premier
semestre après l'intervention, puis tous les ans.
Elle nécessite une nouvelle réim plantation, une
urétérostom ie cutanée ou une néphrectom ie selon
l'état du rein opposé.
- Les troubles métaboliques : Les anastomoses
urétérocoliques prédisposent à des troubles m é ta
boliques secondaires à la présence ou à la stase des
urines au contact de la muqueuse intestinale. La
simple présence des urines dans la lumière intesti
nale provoque une réaction inflammatoire de la
muqueuse qui suffit à induire ces troubles. Plus le
temps de contact se prolonge plus les troubles
métaboliques s'intensifient. Ils peuvent apparaître
des semaines, des mois ou des années après l'inter
F ig . 261 — Intervention de Coffey. vention. P endant la période post-opératoire, la
stase peut être la conséquence d ’un iléus paralyti
malade est soumise à une désinfection urinaire que. Plus tardivem ent, la principale cause de
quotidienne. rétention urinaire est l’absence de mictions fré
quentes et régulières.
Complications La traduction biologique de ces anomalies le
Immédiates plus fréquem m ent observées com prend : une aci-
dose métabolique hyperchlorém ique, une hypoka
- l’œ dèm e urétéral, lors de l'ablation des son
liémie, une élévation de l'urée sanguine sans élé
des, peut e n tra în e r une oligo-anurie qui cède, en
vation de la créatinémie.
général, avec la prescription de corticoïdes, asso
ciée à une antibiothérapie. Il est exceptionnel que - L'acidose métabolique résulte d 'une réabsorp
l'on ait besoin de faire une néphrostom ie perc u ta tion de chlorure d 'am m oniu m et d'une élimination
née, accrue de bicarbonates. Les indosés anioniques
- fistule urinaire par nécrose urétérale. sont norm aux dans le schéma typique et peuvent
s'élever si une insuffisance rénale aiguë ou un état
Elle se manifeste par *un écoulement vaginal
d'urines. de choc sont associés (voir p. 300). L ’état fonc
A près quelques jours d 'atten te , parce que la fis tionnel rénal peut également jouer un rôle dans la
tule peut se ferm er sp ontaném ent si les sondes fréquence d ’apparition de cette acidose, puisque
sont to ujours en place, il faut le plus souvent réin ce type de dérivation expose aux pyélonéphrites et
tervenir (urétérostom ie cutanée ou n éph recto à une insuffisance rénale chronique.
mie). - L ’hypokaliémie est secondaire essentielle
L'identification du côté fistulisé est difficile. ment à l'exagération de pertes en potassium, au
L'urographie intra-veineuse ne le m ontre pas to u niveau de la muqueuse colique.
jours avec netteté, d 'au ta nt que l’autre côté peut - L'élévation du taux d ’urée sanguine est liée à
très bien être dilaté sans être fistulisé. C ’est là que la réabsorption des produits azotés, urée et am m o
la pyélographie transcutanée descendante peut niaque principalement. La créatinémie reste stable
d onner des renseignem ents irremplaçables. tant que la fonction rénale n'est pas altérée.
D R A I N A G E E T D É R I V A T I O N D ES U RI NES
INSUFFISANCE R É N A L E EN C H I R U R G IE PE LVIENN E
La survenue d ’une insuffisance rénale aiguë dien de la diurèse au décours d'une intervention
après une intervention chirurgicale pelvienne est chirurgicale est une pratique routinière. Les for
toujours le témoin d'une erreur ou d ’une insuffi mes oligo-anuriques, où la diurèse est de 400 ml
sance de la réanim ation per et post-opératoire e t / par 24 heures en m oyenne, peuvent se discuter
ou d 'un e complication de l'acte chirurgical lui- avec l'oligurie par anti-diurèse et anti-natriurèse.
même. La mortalité chez ces malades reste élevée habituelle au décours de toute intervention abdo-
puisqu'elle dépasse 50 %. L'amélioration du p ro mino-pelvienne. Le dosage de la créatinine plas
nostic ne peut venir de progrès dans le traitem ent matique élevé dans le prem ier ças, normal dans
de l’insuffisance rénale aiguë constituée, mais seu l'anti-diurèse post-opératoire, perm et la distinc
lement de progrès dans le traitem ent de la maladie tion. Ce dosage est préférable à celui de l'urée
causale et de ses complications justifiant que tout plasmatique dont le taux peut s’élever à 14 mmol/1
soit mis en œuvre pour prévenir l'insuffisance (0,80 g/l) en l'absence de tout déficit des fonctions
rénale aiguë post-opératoire. rénales du fait de la réduction du volume urinaire
qui abaisse sa clairance et d'un e production accrue
D éfinition de l'insuffisance rénale aiguë. — par la m ajoration du catabolisme azoté post-opé-
L'insuffisance rénale aiguë est définie com me une ratoire.
défaillance brusque de la fonction rénale. Elle est Le diagnostic des formes à diurèse conservée est
caractérisée par Une élévation rapide de la créati plus difficile et de ce fait plus tardif en général. Il
nine plasmatique. Cette élévation peut être asso repose exclusivement sur les examens biologiques
ciée à une réduction extrême du volume urinaire : - dosage de la créatinine et de l'urée plasmatique -
I.R .A . oligo-anurique. Le volume de la diurèse qui doivent être dem andés par le chirurgien ou
quotidienne peut rester normal ou être élevé : l'anesthésiste chaque fois qu'en per e t /o u post
I.R .A . à diurèse conservée; le pourcentage de opératoire, survient un élément pathologique -
cette dernière variété se situe dans un intervalle de m êm e bénin en apparence - susceptible de créer
25 à 50 % .dans la littérature mondiale des derniè une insuffisance rénale aiguë.
res années. La surveillance du débit urinaire est insuffisante
po u r reconnaître toutes les I.R .A . post-opératoi
D iagnostic de P I.R .A . post-o p érato ire. — Le res, en particulier, les I.R .A . à diurèse conservée.
diagnostic de l'I.R .A . anurique ou oligo-anurique Le dosage de la créatinine plasmatique, préférable
est facile puisque la surveillance du volume q uoti à celui de l'urée, doit être systém atiquem ent effec-
I NS U FF I S A N CE R É N A L E A I G U Ë 301
tué chaque fois qu'un év é nem en t per e t / o u post L 'h y p erk aliém ie relève de plusieurs mécanis
opératoire est susceptible d 'enge ndre r un déficit mes : défaut d'élimination rénale du potassium,
brutal des fonctions rénales. Cette attitude doit libération accrue de potassium dans l'organisme,
réduire le nom bre des I .R .A . à diurèse conservée d 'au ta n t plus im portante que le catabolisme azoté
diagnostiquées tardivement devant l'apparition de est éleve, apports exogènes de potassium si
manifestations cliniques souvent alarm antes, tou l'I.R .A . n’a pas été diagnostiquée. Le risque est
jours déroutantes en rapport avec la perte du co n accru lorsqu'elle est associée - ce qui est habituel -
trôle rénal de l'homéostasie du milieu intérieur. à une acidose métabolique qui favorise la sortie du
potassium intra-cellubire.
Le risque d ’hyperkaliémie est plus élevé dans les
formes oligo-anuriques que dans les formes à diu
C O N D U IT E A T E N IR L O R S Q U E L I R A. rèse conservée où la persistance d 'une diurèse sou
vent im portante, facilite dans une certaine mesure
EST R E C O N N U E le contrôle du bilan acido-basique et hydro-élec-
trolytique.
Le diagnostic d ’hyperkaliémie repose sur le
C onfronté à une situation d ' I . R . A . . le médecin dosage au laboratoire du potassium plasmatique et
doit rapidem ent être capable : sur l'analyse au lit du patient, du tracé électrocar
De juger du risque vital qui résulte pour le diographique sur lequel la modification la plus
malade des conséquences de la défaillance des caractéristique est une augm entation de l'ampli
fonctions rénales mais aussi de perturbations de tude de l’ond e T qui devient pointue et symétri
l'hém odynam ique et de l'hémostase liées à la que.
pathologie causale. Le risque engendré par l’hyperkaliémie est celui
de la mort subite par arrêt cardiaque brusque ou
De préciser le type de l’I. R .A . qu'il est com m ode après passage en fibrillation ventriculaire. L 'hypo
de classer en a) insuffisance rénale fonctionnelle calcémie accroît le risque cardiotoxique de
ou pré-rénale b) insuffisance rénale parenchym a l’hyperkaliémie. Le traitem ent de l'hyperkaliémie
teuse (la tubulonéphrite interstitielle aiguë ou représente une urgence mais il s’inscrit dans un
T .N .I .A .) , c) insuffisance rénale post-rénale ou ensemble de mesures thérapeutiques avec lesquel
obstructive. De ce type en effet, dépend en grande les il sera envisagé.
partie le choix du traitem ent initial et le transfert
ou non du malade en milieu spécialisé. L 'acidose m étabolique est due à un défaut d'éli
mination urinaire des acides fixes dont la produc
De connaître l'étiologie de / ' I.R .A . lorsque celle-
tion est sim ultanément accrue p a r un catabolisme
ci n'a pu être précisée simplement par l'étude de
azoté élevé et éventuellement une défaillance cir
l'anam nèse.
culatoire. D ans certains cas, les pertes de liquide
L ’ensemble de ces inform ations doit être ras
digestif - liquide iléal, diarrhée - aggravent l’aci
semblé dans un délai très bref au term e d 'une a n a
dose métabolique. A l'inverse, les vomissements
lyse m éthodique basée sur des examens les moins
ou une aspiration gastrique a b onda n te peuvent en
iflvasifs possible, dont le résultat doit être connu
attén ue r l'importance. Le seul symptôme clinique
rapidem ent. Cet objectif ne peut être atteint que
de l'acidose métabolique est une polypnée qui,
par une collaboration étroite entre médecins, chi
dans une situation post-opératoire com pliquée, est
rurgiens, radiologistes et biologistes.
difficile à interpréter. Son diagnostic repose en
pratique sur l’abaissement du taux des bicarbona
Le risque vital en rapport avec l'insuffisance tes plasmatiques. Cette baisse n'est pas compensée
par une élévation de la chlorémie. Il apparaît alors
rénale aiguë une augm entation des indosés anioniques (IA )
que l'on peut calculer par la formule (Na + + K +)
Il est dominé par l'hyperkaliémie et l’acidose — (Cl~ + C O ? H " ) en mmol/1. On dit alors q u ’il
métabolique. Les désordres hydro-électrolytiques existe un trou anionique qui correspond à la réte n
engendrés par l'insuffisance rénale et la th é ra p eu tion de phosphates et de sulfates.
tique administrée, peuvent être à l'origine de com Dans les I.R .A . à diurèse conservée, l'acidose
plications hém odynam iques ou cérébrales m ortel métabolique est moins intense, le trou anionique
les surtout chez les patients ayant des lésions viscé moins important, ce qui fait apparaître une hyper
rales pré-existantes. chlorémie.
302 INSUFFISANCE R É N A L E AIG UË
L 'h yp erh y d ratatio n extra-cellulaire est la consé quand elle n ’est pas effondrée, qui est significa
quence d'une élimination très réduite d 'eau et de tive. Dans certains états de choc, souvent les plus
sodium , alors que les apports parentéraux sont sévères, la tension artérielle peut être élevée,
poursuivis. C'est donc une complication exclusive supérieure à ses valeurs habituelles. C ette poussée
des formes oligo-anuriques liées à une thé ra p eu ti hypertensive précède souvent de peu un effondre
que inadaptée qui constitue une menace vitale par ment tensionnel brutal. Les perturbations de
œ dèm e aigu pulm onaire et défaillance cardiaque. I'hém odynam ique générale se traduisent aussi par
L ’augm entation du poids, de la tension artérielle une accélération du pouls, une polypnée sans
sans baisse de la natrém ie, la diminution des proti cause respiratoire, un refroidissement des extrém i
des sanguins et de l'hém atocrite sont les premiers tés, des m arbrures cutanées. Les veines périphéri
symptômes observés avant l’apparition des consé ques sont effacées dans le choc hypovolémique ;
quences les plus dramatiques. elles sont au contraire turgescentes avec des veines
jugulaires distendues lorsque le choc est cardiogé
L 'h y p erh y d ratatio n globale résulte d'apport nique. La mesure de la pression veineuse centrale,
hydrique excessif, sans ou supérieur aux apports si elle est faite, fournit des valeurs basses dans le
sodés dans les I.R .A . oligo-anuriques. Elle peut prem ier cas, élevées dans le second.
en tra în e r la survenue, sans prodrom e clinique le L 'appréciation de la gravité des modifications
plus souvent, de crises convulsives localisées ou hém odynam iques repose en pratique sur la recher
généralisées et peut être une cause de mort. La che et l'analyse d'un ensemble de symptômes clini
prise de poids et l’abaissement de la natrémie sont ques et non sur la seule prise de la tension arté
les deux symptômes qui perm ettent de la diagnos rielle.
tiquer.
Son etiologie principale : le choc hypovolémique position des urines dans la N .T .I.A . est donc en
par spoliation sanguine. tout point différente de celle qui est observée dans
Son traitement est basé sur l'expansion volémi- l’I .R .A . fonctionnelle mais n'est significative
que (sang, plasma, substitut du plasma). q u'en l'absence de l'administration de diurétiques
Son pronostic en général est excellent. L'em ploi - mannitol, furosémide - qui élève la natriurèse et
de diurétiques est illogique et dangereux. abaisse l'urée urinaire.
L ’étiologie dominant la N .T .I.A . est un état de
choc et principalement un choc toxi-infectieux
dont le point de départ peut être une infection vei
Diagnostic anatomophvsiologique d'une I.R.A. neuse sur cathéter, une infection urinaire favorisée
par le sondage vésical post-opératoire, une infec
tion au niveau de la zone opératoire faisant r ed o u
U /P U /P U Na + U Na +/K +
ter une complication pouvant imposer une réinter
U réf. O s m o le s M m o l/ l
vention. L'hémolyse par incompatibilité sanguine
> 1 <30 > 1 dans les sous groupes ou erreur transfusionnelle
I.R . fonctionnelle : > 10
est une étiologie classique mais rare. L 'I .R .A .
s'installe dans un tableau dram atique associant
Néphropathie tubulo-
< 10 = 1 >60 > 1 une hémolyse massive et un état de choc. Les sép-'
interstitielle aiguë :
ticémies post-abortum à B. perfringens qui asso
ciaient infection et hémolyse étaient une cause fré
quente de N .T .I.A . Elles ont a u jo u rd ’hui disparu.
U n e cause toxique doit être recherchée lorsque la
néphrite tubulo-interstitielle s’installe à bas bruit
en l’absence de tout événem ent hém odynam ique ;
IN S U FF IS A N C E R É N A L E A IG U Ë peuvent être en cause : les produits anesthésiques
PARENCHYM ATEUSE (m éthoxyflurane), les antibiotiques administrés
dans la période post-opératoire : colistine et autres
N é p h r o p a t h ie tu b u lo -in terstie lle aiguë polymyxines, gentamycine, céphaloridine, ampho-
(- N .T . I . A . -) téricine, etc. Certains médicaments non néphro-
toxiques peuvent être responsables de N .T .I.A .
par atteinte rénale immuno-allergique telles
i’ampicilline, la méticilline, la rifampicine, la phé-
nindione. les sulfamides, etc. -
D ans un tableau clinique bruyant ou dram ati L ’évolution de la N .T .I.A . est cyclique. Dans
que, les signes de l'atteinte rénale se résument les formes oligo-anuriques. la période pendant
habituellement à des douleurs lombaires bilatéra laquelle le volume de la diurèse reste inférieur à
les, parfois très vives mais inconstantes et à une 400 m l/jo u r a une durée moyenne comprise entre
chute brusque de la diurèse. U ne diurèse de 7 et 15 jours. P endant cette période, le recours
volume très réduit peut persister les jours suivants aux techniques de dialyse qui se substituent te m
- forme oligo-anurique - . La réapparition d ’un porairem ent à la fonction rénale est nécessaire
volume urinaire dans les 48 heures qui suivent le pour assurer le contrôle de l’homéostase. Les
début de l’I .R .A . est caractéristique des formes à moyens de surveillance et de traitem ent nécessi
diurèse conservée d o n t le pourcentage semble tent l’hospitalisation des patients en service spécia
accru par l'administration précoce de diurétiques lisé de réanimation néphrologique où leur trans
(furosémide 200 mg à 1 g par jour). La composi fert doit être effectué dans les délais les plus brefs
tion des urines est dans la phase précoce de la à partir du m om ent où la N .T .I.A . a été reconnue.
tubulopathie très caractéristique (tableau 1). La En dépit des progrès réalisés dans la réanimation
concentration uréique urinaire est basse en dépit et l’application de la dialyse prophylactique, la
d'un taux plasmatique qui s'élève rap idem ent et le mortalité dem eure élevée - 50 % -. Les décès ne
rapport U / P urée est inférieur à 10. La valeur de sont plus le fait de l’insuffisance rénale aiguë, mais
l'osmolalité urinaire est proche de Posmolalité liés à l’affection causale et à ses complications. A
plasmatique et le rapport U / P osmole peu diffé la période oligo-anurique, succède la phase de
rent de l'unité ; la concentration du sodium uri reprise de la diurèse qui n'est pas celle de la fonc
naire est élevée, voisine de 60 mmol/1 avec un rap tion rénale qui reste déprim ée, pouvant obliger à
port Na + / K + urinaire supérieur à l'unité. La com poursuivre le traitem ent p ar dialyse mais à un
NS U F F I S A NC E R É N A L E A I G U Ë 305
rythme moins fréquent en général. C ette période Les causes de l’I .R .A . obstructive après chirur
reste critique s’il persiste un état infectieux sévère gie pelvienne sont peu nom breuses : la classique
ou si les conséquences de l'insuffisance rénale ligature du ou des uretères est signalée pour
aiguë ont été mal contrôlées pendant la période m émoire ; l’œ dèm e des uretères dans leur portion
oligo-anurique. Le plus souvent, la phase de intra-murale peut être en cause si un cathétérisme
reprise de la diurèse coïncide avec le début d ’une urétéral a été effectué lors de l'intervention afin de
amélioration clinique rapide. les repérer. Dans les tum eurs malignes du petit
Les N .T .I.A . à diurèse conservée ont un p ro bassin, l'envahissement rétro-péritonéal crée un
nostic plus favorable car la conservation d'un obstacle extrinsèque com prim ant la voie excré
volume urinaire souvent élevé facilite le contrôle trice, gén érateu r d'insuffisance rénale, pouvant
médical de l’homéostase. C e penda n t, le recours avoir l’apparence d'une I .R .A . mais en fait celle-ci
aux m éthodes de dialyse est parfois nécessaire. était préexistante et son diagnostic aurait dû être
fait avant l'intervention par les dosages biologi
ques de l’urée, de la créatinine. l'urographie intra
veineuse, l'échographie rénale.
Le traitem ent de ce type d'insuffisance rénale
IN S U F F IS A N C E R É N A L E A IG U Ë
aiguë nécessite la collaboration d'un urologue. Le
O B S T R U C T IV E principe en étant de créer une dérivation des uri
nes, en situation aiguë, et en l’absence d 'un e a n a
lyse précise de la situation anatom ique, il faut p ré
C ’est le mécanisme d 'I .R .A . auquel on doit sys férer les procédés de dérivation tem poraire ne
té m atiq uem ent penser dans le cadre de la chirur c o m p ro m ettan t pas les chances ultérieures de
gie pelvienne en présence d 'un e anurie. Les explo conservation d ’un chem inem ent de l’urine vers la
rations nécessaires pour confirmer le mécanisme vessie.
sont : la radio simple de l'appareil urinaire, l'u ro La néphrostom ie par ponction percutanée si les
graphie intra-veineuse faite en dépit de l'insuffi cavités sont dilatées, la m ontée par voie endosco
sance rénale, utilisant de fortes doses de produit pique de sondes urétérales, si elle est possible,
de contraste et la prise de clichés tardifs, 12, 18, r épond ent à ces objectifs. Les autres techniques de
voire 24 heures après. L'échographie tend à re m dérivation des urines doivent être envisagées en
placer l'urographie intra-veineuse dans de telles seconde intention.
circonstances. Les indications des explorations L ’usage d'anti-inflammatoires stéroïdiens ou
rétrogrades sont devenues exceptionnelles et elles non peut être discuté si l'obstacle est un œ dèm e de
ne sont pratiquem ent effectuées qu'ap rès le dia l'uretère intra-mural.
gnostic établi, im m édiatem ent avant la levée de L ’évolution de ce type d 'I . R . A est favorable
l’obstacle par voie endoscopique ou chirurgicale. après levée d'obstacle qui rétablit une diurèse sou
Le diagnostic d ’I .R .A . obstructive est plus diffi vent très abondante exposant à des troubles
cile à établir lorsque la diurèse est conservée. Les hydro-électrolytiques sévères, voire dramatiques
urines sont alors abondantes, faiblement concen chez les patients âgés en l’absence de réanim ation
trées. La concentration uréique urinaire est basse ; précise. Le piège q u ’il faut éviter est la com pensa
les natriurèses sont également basses. Ces formes tion abusive des pertes urinaires qui contribue à
correspondent à différents mécanismes associés : en tretenir ou à m ajorer la polyurie.
- obstacle et infection aiguë du rein ; Parfois, en dépit de la levée d ’obstacle, le
- obstacle et choc toxi-infectieux selon le p ro patient reste oligo-anurique. Cette constatation
cessus schématique suivant : infection aiguë du traduit l’existence de lésions parenchymateuses
rein en am ont de l’obstacle qui devient le point de intra-rénales de type N .T .I.A . Le plus souvent,
départ d'un choc infectieux retentissant, sur le rein l'évolution ultérieure sera favorable. L'absence de
contro-latéral dont la voie excrétrice est libre, récupération des fonctions rénales est possible et
déterm inant une N .T .I.A . ; doit faire évoquer des lésions rénales profondes et
- obstacle incomplet de la voie excrétrice lais irréversibles.
sant persister une diurèse mais élevant les pres
sions dans la voie urinaire, élévation modifiant D eux notions méritent d'être soulignées :
I'hém odynam ique intra-rénale et conduisant à * Malgré les relations étroites entre les voies uri
l'insuffisance rénale avec accumulation dans naires basses et la chirurgie gynécologique, l'I. R .A .
l'organisme d ’urée, de créatinine, d ’eau et de de mécanisme obstructif n'est pas la seule éventua
sodium. lité.
306 I N S U FF I S A N CE R É N A L E A I G U Ë
GROSSESSE
La gravidité en traîne des modifications m o rp h o che. L'origine de cette dilatation paraît relever de
logiques et fonctionnelles im portantes de l'arbre deux causes principales :
urinaire. Ces modifications peuvent retentir sur
toute pathologie urologique présenté au cours - une cause mécanique : compression de l'uretère
d'une grossesse. Inversem ent toute incidence u ro par l’utérus gravide au niveau du détroit supé
logique peut avoir des conséquences maternelles rieur. C ’est l’étiologie la plus anciennem ent
ou fœtales. a d m is e ..
plus grande partie est destinée au produit de natale, ce qui correspond à la proportion retro u
conception. vée chez les femmes non enceintes du m ême âge.
La gravidité en elle-même n'est pas facteur
L'osmolalité totale chute de 10 milliosmosles envi d'infection. Il est possible que la dilatation des
ron, cette diminution se maintient pendant toute
voies excrétrices crée une stase relative. Mais
la grossesse. Elle est en rapport avec la baisse des celle-ci est en fait surtout fonctionnelle et n'a rien
bicarbonates et la diminution du taux du sodium à voir avec l'obstruction organique d'un calcul par
plasmatique. exemple. Elle varie avec l'activité et la posture.
Balance sodée. Malgré la chute du sodium plas L 'accouchem ent, le cathétérism e uréthral créent
m atique. le rein maintient une balance sodée posi des traum atism es du bas apparareil urinaire p o u
tive de 500 à 900 Mcq. de sodium réparti entre le vant favoriser une infection ascendante. O n a éga
produit de conception et le liquide extra-cellulaire lement avancé que l'élimination de certains nutri
m aternel grâce à une réabsorption tubulaire mas ments : vitamines, glucose, etc., pourraient favori
sive. qui com pense une excrétion glomérulaire de ser la multiplication des germes. Si les mécanismes
5000 à 10000 Mcq p a r 24 h. C ette régulation de l'infection urinaire au cours de la grossesse ne
rénale est essentielle et se maintient pendant toute sont pas clairement établis, les conséquences de
la grossesse. Elle est sous la dépendance d 'influen l'infection peuvent en être sévères.
ces diverses : L 'augm entation de la filtration glo La séquence bactériurie asym ptom atique non
mérulaire de la sécrétion accrue de progestérone traitée, cystite puis pyélonéphrite, est fréquente,
favorisent la fuite sodée urinaire ; l'hyperactivité imposant un traitem ent au départ d ’autant qu'elle
du système rénine - angiotensine aldostérone et les ne disparaît pas spontaném ent au cours de la gros
œ strogènes favorisent au contraire la rétention sesse.
sodée. L'incidence des pyélonéphrites pré- ou post-par
tum chez des femmes ayant eu une bactériurie
asym ptom atique non traitée varie de 13,5 à
Excrétion des nutriments. La réabsorption tu b u
36,6 % suivant les statistiques alors que d'autres
laire de nutriments variés, tels des vitamines
travaux n'ont m ontré q u ’une incidence de 1,4 à
hydrosolubles, des amino-acides, et certaines p ro
4,5 % chez les malades non traitées.
téines est diminuée. Ces substances passent dans
le sang à des taux an orm alem ent élevés. U ne gly
cosurie est notée dans 40 % des grossesses. Elle
Etude bactériologique
est due à l'augm entation de la quantité de glucose
filtré au niveau des glomérules, et à une dim inu
- L'infection urinaire est primitivement m o n o
tion de la réabsorption tubulaire du glucose. II est
microbienne.
possible que certaines glycosuries avec un seuil
- Les agents pathogènes rencontrés sont les
normal de tolérance aux hydrates de carbone
mêmes que ceux retrouvés en dehors de la gros
soient en rapport avec une néphropathie chroni
sesse. L ’E. Coli est largement prédom inant (voir
que antérieure ignorée.
page 83).
- Chez les malades ayant eu des antécédents
urologiques, les agents microbiens sont souvent
différents : pseudom onas aerogènes, klebsiella,
IN F E C T IO N U R I N A I R E Serratia.
- La découverte éventuelle d'un streptocoque
du groupe B est à prendre en com pte à titre de
L'infection urinaire est d'une grande fréquence prévention et de dépistage d'une infection néo-
pendant la grossesse. Elle doit être systématique natale. .
ment dépistée car elle est souvent asym ptom atique - Des études récentes semblent prouver que le
et m éconnue, et peut m ême dans ces cas provo chlamydia trachomatis responsable de syndromes
quer des complications maternelles et fœtales. uréthraux est impliqué dans la morbidité péri
natale essentiellement dans les pneum opathies. Il
en serait de m êm e pour le mycoplasme hominis et
Etiopathogénie l’uréoplasme uréalyticum. Des insuffisances p o n
dérales fœtales, des avortem ents spontanés à r é p é
Environ 6 à 7 % des femm es ont une bactériurie tition et des morts in utéro o nt été signalés chez
non symptomatique à la première visite p ré des femm es infectées par ces organismes.
310 GROSSESSE
Prélèvement et numération des bactéries. Ces Les cystites. — Elles associent des douleurs sus-
problèm es ont déjà été étudiés à propos de l'infec pubiennes, des brûlures mictionnelles, de la polla
tion urinaire ; voir page 83. Les conclusions des kiurie et parfois de la fièvre. Les cystites s’accom
travaux de Kass sont to ujours suivies. pagnent généralem ent d ’une infection bactérienne
Le prélèvem ent doit avoir lieu après désinfec à taux multiplicatif. L'inflammation de l'urothé-
tion vulvaire sur un échantillon d'urine en milieu lium vésical est en général patente, mais pas tou
de miction. L'infection est considérée com me jours corrélée avec la symptomatologie clinique.
significative si la bactériurie atteint au moins 10''
germes par ml. U ne numération intermédiaire Les pyélonéphrites aiguës. — Elles revêtent des
entre 104 et 103 germes réclame un nouveau prélè formes de gravité variable. Leur incidence globale
vement et une évaluation des éléments figurés. est d'environ 1%.
L ’existcnce d 'u ne hém aturie microscopique au
cours de la grossesse ou d 'une leucocyturie doit Dans les form es de gravité courante. Le début
tenir com pte d 'une légère excrétion physiologique est généralem ent brusque avec des signes infec
des éléments figurés. D 'a u tre part il est d 'a u th e n ti tieux : fièvre, frissons, lombalgies, douleurs dans
ques infections urinaires au cours de la grossesse l'angle costo-vertébral. L'analyse urinaire révèle
avec moins de 3 leucocytes par champ. typiquement une pyurie avec bactériurie. La
L'existence d 'une bactériurie asymptomatique menace d'une septicémie à G ram - doit être to u
est actuellement prise en considération par pres jours prise en compte.
que tous les spécialistes en raison du risque p o te n Le tableau clinique est loin d 'être toujours évo
tiel q u ’elle présente pour la conception et pour cateur, car certaines pyélonéphrites peuvent ne se
l'avenir fonctionnel du rein maternel. manifester que par une symptomatologie du bas
appareil.
Les form es sévères. Elles sont presque toujours
Facteurs de risques liées à un obstacle sur les voies excrétrices en par
ticulier à une lithiase. Elles revêtent le tableau
U n certain nom bre de conditions présumées d'un choc septique gravissime avec collapsus,
facilitatrices ont été étudiées, elles sont dans insuffisance rénale aiguë, décom pensation polyvis-
l’ensemble peu déterm inantes. cérale - coagulation intra-vasculaire disséminée.
Le traitement de ces formes relève de services de
L'âge et la parité. Les études sont discordantes et
réanimation spécialisés. Il va sans dire que le p ro
n’aboutissent à aucune corrélation certaine.
nostic vital se pose pour la mère com me pour
Le statut socio-économique. L ’infection urinaire l’enfant mais une néphropathie de cette gravité
paraît plus fréquente dans les couches de popula n ’est rencontrée q u ’à titre exceptionnel chez la
tion les moins favorisées. femme enceinte.
A statut socio-économique égal les facteurs
raciaux ne paraissent pas intervenir. Il a seulement Les infections rénales in ap p aren tes. — L ’infec
été noté la fréquence des pyélonéphrites dans les tion du rein est dans bien des cas silencieuse, chro
globulopathies à hém aties falciformes de la race nique et inapparente. Elle rentre dans le cadre
noire. assez mal défini des néphrites interstitielles. Ce
Le diabète est un facteur très favorisant. type d ’infection ne pourrait être décelable que par
des recherches topographiques ou par des é p re u
Les antécédents d’infection urinaire. Il apparaît ves fonctionnelles affinées. Ces formes revêtent
que les bactériuries significatives chez les femmes probablem ent une grande importance, parce que
enceintes sont deux fois plus fréquentes chez celles trop souvent méconnues et parce q u ’elles sont sus
ayant eu des antécédents d'infection urinaire. ceptibles d 'e n tra în e r des complications m aternel
les ou fœtales, autrem ent inexpliquées.
Aspects cliniques
- L ’infection uréthrale peut être difficile à iden . un antibiogramm e direct à partir de l'urine
tifier par le prélèvement urinaire. Malgré tout, si peut être tenté.
la symptomatologie est patente, il y aura lieu de Des hémocultures de départ devront être effec
traiter la malade (cf. syndrome uréthral p. 96). tuées, elles seront répétées en cas d'accès fébriles
- La conduite à tenir vis-à-vis d ’une infection à ou de frissons. Le traitem ent sera entrepris aussi
chlamydia et mycoplasme est difficile à trancher, tôt avant les résultats des prélèvements urinaires
étant donné que la doxycycline et d 'u n e façon et sanguins. Le choix des produits dépendra de
générale les tétracyclines doivent être recusées au leur action connue sur la flore urinaire, de leur
cours de la grossesse en raison de leur hépatoxicité concentration dans l'urine et de leur néphro-toxi-
et de la coloration jau ne de la den tu re fœtale cité.
q u ’elles provoquent dans la moitié des cas. La voie orale est valable p our les atteintes a p p a
L 'érythrom ycinc est généralem ent aussi efficace rem m ent légères la voie intra-veineuse est le plus
sans présenter ces inconvénients. souvent préférée ; on s'adresse en général à
l'ampicilline ou à l’amoxycilline.
T raitem en t des rechutes et des réinfeetions. — Ce traitement sera poursuivi habituellement
U n e rechute peut être liée à un traitem ent mal quinze jours à 3 semaines et ne sera interrompu
adapté au d épart, il faut le reprendre éventuelle que si les urines sont stériles.
ment avec de nouveaux produits et sous contrôle Des cas particuliers peuvent se présenter :
d ’un nouvel antibiogramm e. U n e réinfection, sur
venant après une stérilisation des urines, n'est sou • Si une bactériémie est suspectée, il vaut mieux
vent plus m ono-microbienne. D 'autres agents utiliser 2 antibiotiques, par exemple une /3-lacta-
infectieux que E. Coli peuvent être trouvés, le mide et un aminoside.
traitem ent devra être modifié en conséquence. • Chez les maldes ayant eu d'autres infections et
U ne surveillance bactériologique périodique sera des antécédents urologiques, les agents pathogè
poursuivie pendant toute la grossesse. Il est préfé nes peuvent être différents (Pseudom onas, Kleb-
rable en cours de grossesse d'effectuer en cas seilla, Serratia) ; il est utile de connaître les anti
d ’infection récidivante des cures discontinues de 8 biotiques déjà utilisés.
à 10 jours à dose normale, plutôt qu'u n traitement • Les aminoglucosides hémisynthétiques et les
quotidien avec un seul produit, tant que la bacté céphalosporines de 2 e ou 3 e génération peuvent
riologie ne s’est pas négativée. Toute infection dif être une alternative précieuse.
ficile à contrôler devra évoquer une atteinte orga A près guérison de l’épisode aigu des contrôles
nique du haut appareil et faire e ntre pre nd re les urinaires périodiques sont nécessaires pour la p ré
recherches nécessaires compatibles avec l'état gra vention des récidives infectieuses. En l'absence
vidique pour la m ettre en évidence et la traiter. d'antécédents urologiques et d'anomalies structu
rales, les pyélonéphrites sans bactériurie résiduelle
n ’entraînent pas m ême à long term e d'atteinte de
T raitem en t des pyélonéphrites aiguës. — Il la fonction rénale.
s'agit toujours d'un problèm e sérieux nécessitant
une bonne méthodologie thérapeutique. Les for T raitem en t des pyélonéphrites graves avec choc-
mes courantes sont les plus fréquentes, elles ne sep tiq u e. — Elles nécessitent une étroite collabo
sont pas en général liées à une lésion organique. ration entre les équipes de réanimation spéciali
Les formes sévères engagent le pronostic vital. sées et les chirurgiens urologues. Elles peuvent
Elles sont en général liées à une néphropathie o bs découler d ’une lithiase surinfectée et imposer un
tructive en particulier à une lithiase. acte urologique en urgence.
M A L FO R M A T IO N U R IN A IR E ET
H É M A T U R IE A U C O U R S D E LA GROSSESSE
GROSSESSE
COMPLICATIONS N É P H R O L O G I Q U E S D E LA GROSSESSE
par des mesures thérapeutiques précises, d ’où Les valeurs de l'urée et de la créatinine plasma-
l'intérêt d'une surveillance ad équate qui seule p e r tiques sont trouvées normales, mais cette constata
met un dépistage précoce des manifestations tion est en soi anorm ale puisque leur taux doit être
pathologiques. abaissé dans le déroulem ent d ’une grossesse n or
Il s’agit d ’une néphropathie spécifiquement liée male. A ce stade, on note une hyperuricémie dont
à la grossesse, appelée néphropathie gravidique la signification pronostique est certaine dès qu elle
ou encore gestose. Elle s'observe dans 5 % des s’élève au-delà de 450 //mol/1. Correctem ent
grossesses principalement chez les primipares jeu traité, ce syndrom e prééclamptique est susceptible
nes. Son mécanisme est complexe et bien des de régresser p e rm e tta nt l’accouchem ent d ’un
inconnues persistent dans la connaissance de sa enfant viable. L'indication d'une césarienne doit
physiopathologie. être discutée en fonction de chaque cas. En
Le rôle de l’ischémie placentaire parait p ré p o n l'absence de traitem ent ou en cas d ’inefficacité
dérant. La diminution de 50 % du flux plasmati thérapeu tiq ue, on voit app a raître le tableau typi
que utéroplacentaire est en rapport direct avec les que de l’éclampsie qui associe des manifestations
perturbations de la clairance métabolique de la neurosensorielles diverses : vertiges, b o u rd o n n e
déhydroépiandrostérone. Les autres facteurs en ments d ’oreilles, mouches volantes, céphalées,
cause sont une hypovolémie efficace avec une douleurs épigastriques en barre avec ou sans
chute relative de l’activité rénine plasmatique, de vomissement, am aurose, crise convulsive localisée
l'angiotensine II, de l’aldostérone et une aug m en ou généralisée, et parfois état de mal épileptique.
tation de la réactivité vasculaire à l'angiotensine U n e aggravation des manifestations précédentes
exogène. Les troubles de l'hém ostase suggèrent un avec protéinurie massive, syndrome œ dém ateux
rôle à une coagulation intra-vasculaire dans la cir important. O n observe toujours dans ce même
culation glomérulaire secondaire à l'ischémie pla contexte une insuffisance rénale aiguë, une hyper
centaire et à la libération de thromboplastines tension artérielle sévère systolo-diastolique, des
d ’origine placentaire. troubles de l’hémostase à type de coagulation
Les lésions observées à partir des observations intravasculaire disséminée avec augm entation du
faites sur des biopsies rénales précoces sont glo- taux plasmatique des produits de dégradation de
mérulaires et artériolaires. la fibrine qui sont également retrouvés dans les
Les lésions glomérulaircs associent un œdèm e urines.
des cellules endothéliales, une hypertrophie La conséquence obstétricale de la toxémie est
mésangiale, des dépôts sous endothéliaux de p ro l’éclampsie. La mortalité fœtale reste im portante
duits dérivés de la fibrine ou du fibrinogène. T o u (50 % ) même dans les formes correctem ent trai
tes ces lésions sont réversibles, à la différence des tées. La mortalité maternelle est comprise entre 10
lésions artériolaires associées, dont l’origine est et 15 % dans les formes négligées.
inconnue. La toxémie gravidique ne contre-indique pas le
Le tableau clinique est par contre assez schém a déroulem ent d ’une grossesse ultérieure au cours
tique. Les troubles apparaissent chez une jeune de laquelle les risques de récidives sont faibles. Si
femm e primipare, sans antécédent vasculaire ou une récidive se produit ces signes apparaissent
'r é n a l . Les deux premiers trimestres de la gros plus précocem ent dans le déroulem ent de la gros
sesse se sont déroulés norm alem ent. D 'autres fois sesse et sont plus sévères. Chez une multigeste la
cependan t, si la femme a été l'objet d 'une surveil survenue itérative de récidive a plus de chances
lance attentive, on peut retrouver pendant cette d ’être en rapport avec une néphropathie préexis
phase de la grossesse, une protéinurie m odérée e t/ tante aggravée, q u ’avec une néphropathie gravidi
ou une tension artérielle qui n’est pas aussi basse que vraie récidivante.
qu'elle doit l’être à cette période, un taux d ’uricé La survenue d ’une néphropathie gravidique
mie supérieur à 300 /xmol/1. C'est au cours du troi implique obligatoirem ent la réalisation 3 ou
sième trimestre à une date plus ou moins proche 6 mois après d ’un bilan approfondi com portant la
du te rm e qu'apparaissent rapidem ent les signes de m esure à plusieurs reprises couché et deb out de la
l’état prééclamptique. tension artérielle, la recherche et si elle est posi
tive, l’analyse de la protéinurie, un fond d ’œil, une
- augm entation de poids brusque et im portante, radiothoracique, un électrocardiogram m e, des
- augm entation de la tension artérielle à des épreuves fonctionnelles rénales, une urographie
valeurs supérieures à 140/80 mm Hg., intraveineuse ; éventuellem ent une angiographie
- apparition ou réapparition d ’une protéinurie numérisée et une ponction biopsie rénale. Le dia
dont le débit est im portant. gnostic de néphropathie gravidique ne peut être
316 GROSSESSE
Le pronostic dépend ra de la précocité et de - une hém opathie com prenant : une anémie
l'efficacité du traitem ent. L'hom éostasie sera assu hémolytique, une throm bop énie avec purpura,
rée par dialyse péritonéale ou par hémodialyse une coagulopathie de consom m ation,
jusq u'au retour d 'u n e fonction rénale satisfai - un aspect histologique caractérisé par une
sante. throm bose des artères préglomérulaires, une
ischémie des glomérules en aval et des dépôts de
- Les I.R .A . secondaires à des pyélonéphrites fibrine sous endothéliaux.
aiguës par infection ascendante sont beaucoup
plus rares. Leur pronostic d épen dra là encore de La mortalité au stade aigu reste élevée. Le cap
la réponse au traitem ent et de l’état pré-existant critique passé, les patientes doivent être placées
de la fonction rénale car ces pyélonéphrites p eu sous hémodialyse chronique.
vent évoluer sur des reins préalablem ent lésés. L 'I .R .A . de l'éclampsie est rare. Elle ne
- Les I .R .A . secondaires à une infection am n io s'observe que chez les malades mal suivies ou
tique. incorrectement traitées. Elle relève de l'associa
tion de l'hypovolémie préexistant à la crise et
d ’une hém orragie même m odérée.
En fin de grossesse :
Conclusion :
L 'I .R .A . relève généralem ent d 'une hypovolé
mie aiguë p ar spoliation sanguine de cause obsté L 'I .R .A . reste grave au cours de la grossesse.
tricale provoquant une insuffisance fonctionnelle C e p en d a n t, le jeune âge des malades explique le
pré-rénale. Il s'agit avant tout : pronostic en général plus favorable que les I.R .A .
- d'un hém atom e rétroplacentaire, médicales ou chirurgicales. Du type des lésions, de
- d 'un e hém orragie de la délivrance, leur étendue et des troubles associés dépend l'évo
- beaucoup plus exceptionnellement : lution im médiate et le pronostic rénal à long
• d 'u n e hém orragie par rupture vasculaire term e. Les I .R .A . obstétricales sont de moins en
(veine pelvienne ou vulvo-vaginale), moins fréquentes actuellement.
• d 'u ne hém orragie accom pagnant l’hypovolé-
mie de la pré-éclampsie.
Si le traitem ent est rapide, la situation se rétablit
d 'auta nt plus vite que le rein était antérieurem ent
normal. Sinon, il faudra craindre la nécrose tu b u
laire aiguë et si l'ischémie se prolonge, la nécrose S U R V E IL L A N C E DES G RO SSESSES À
corticale.
R ISQ U E R É N O -V A S C U L A IR E
La nécrose corticale s'observe surtout dans les
hém atom es rétro-placentaires. Elle se traduit par
une anurie persistante. Dans la genèse des lésions Les femmes auxquelles s’adresse cette surveil
rénales, plusieurs facteurs joue nt un rôle : l’état de lance sont celles :
choé, non com pensé assez rapidem ent et assez
com plètem ent, les troubles de coagulation intra- - qui ont des antécédents néphrologiques ou
vasculaire auxquels la grossesse prédispose et p a r hypertensifs,
fois la prescription mal venue d'antifibrinolyti- - qui ont eu lors d ’une grossesse antérieure un
ques. L ’insuffisance rénale peut être définitive si la accident réno-vasculaire,
nécrose corticale est totale et bilatérale. Les for - chez qui le prem ier exam en, généralem ent le
mes partielles sont compatibles avec une reprise troisième mois révèle une anomalie : protéinurie
des fonctions rénales laissant persister un déficit p erm anen te recherchée et dosée dans les urines de
proportionnel à l’étendue des territoires détruits. 24 heures ou hypertension artérielle. L ’examen
clinique doit régulièrement com porter une prise
de la tension artérielle en décubitus latéral gauche
La m icro-angiopathie du post partu m .
et en position debout. Dans les trois premiers
Elle est rare et survient quelques jours ou quel mois, la tension artérielle doit être égale ou infé
ques semaines après la grossesse et un accouche rieure à 110/80 mm de Hg en postition couchée et
ment normal. Son étiologie est inconnue. Elle la tension artérielle systolique ne doit pas s’élever
associe une I.R .A . a v e c: de plus de 20 mm de Hg.
- une hypertension artérielle maligne. Les contrôles doivent p orter sur :
318 GROSSESSE
Le poids, noté chaque semaine. T oute prise de Les indications médicales d'un avortem ent thé
poids im portante et rapide est un signe d'alarm e rapeutique sont exceptionnelles, et relèvent b e a u
surtout en fin de grossesse. coup plus de raisons psycho-sociales que de la
maladie elle-même dans la mesure où une surveil
La tension artérielle prise en position allongée et
lance rigoureuse et un traitem ent correct mettent
debout au moins une fois par mois ; la fréquence
la mère à l’abri d ’accidents graves.
des contrôles doit être plus grande en cas d ’évolu
tion anormale.
Le dosage mensuel de la protéinurie des 24 h.
Ce contrôle sera plus fréquent dès q u ’on constate
une anomalie. Le contrôle mensuel du sédim ent G R O SSE SSE - H Y PE R T E N SIO N
urinaire sur des urines prélevées sans sondage. A R T É R IE L L E - N É PH R O PA T H IE -
Le dosage mensuel de la créatinine plasmatique IN S U FF IS A N C E R É N A L E C H R O N IQ U E
et de l’uricémie dont le taux cours des deux p re
miers trimestres de la grossesse doit rester infé
rieur à 250 //m ol/l. L ’élévation de l’uricémie à La grossesse peut être l'occasion de découvrir
300 /xmol/1 est un signe d'alarm e. Au-dessus de une hypertension artérielle ou une néphropathie
450 /xmol/1 l’uricémie a une signification pronosti préexistante m éconnue. Le premier examen systé
que réelle. matique de la femme enceinte doit donc être parti
Le rythme auquel les contrôles cliniques et bio culièrem ent sérieux puisque c'est lui qui perm ettra
logiques sont effectués dépend de la sévérité de de m ettre e n -évidence les anomalies cliniques et
chaque cas ; il est raisonnable d ’en rapprocher la biologiques révélatrices. Un diagnostic étiologique
fréquence en fin de grossesse. La surveillance est difficile à p orter étant donné les contre-indica
fœtale : échographie, rythme cardiaque est néces tions à l’utilisation des investigations nécessaires,
saire. Des retards de croissance sont possibles. en particulier radiologiques. L'objectif que doit se
fixer le médecin est d'établir un traitem ent symp
tom atique, si nécessaire, un program m e de sur
veillance tel qu'il est développé plus loin (surveil
C O N T R A C E P T IO N E T A V O R T E M E N T lance des grossesses à risque vasculorénal),
d'im poser après l’interruption de la grossesse ou
après l'accouchement, un bilan néphrologique
La pose d'un stérilet sera envisagée avec p ru approfondi. La grossesse est en effet la situation à
dence chez les femmes ayant une infection urinaire l'occasion de laquelle se révèlent l’hypertension
satellite d ’une uropathie malformative ou non. La artérielle essentielle ou secondaire à une maladie
présence d'un corps étranger peut en effet favori dysplasique de l'artère rénale, une glomérulo-
ser une infection gynécologique à l’origine éven pathie lupique, une pyélo-néphrite secondaire à
tuelle d ’une contam ination urinaire. La remise en une uropathie.
place d'un stérilet doit être également déconseillée
chez les femm es ayant bénéficié d'une transplanta L 'insuffisance rénale ch ro n iq u e, de sévérité
tion rénale et qui sont de façon perm a nen te sous moyenne perm et en général un déroulem en t sans
traitem ent im m unodépresseur. problèm e de la grossesse, en l'absence d 'h y p e rte n
La prescription d'œsjroprogestatifs n'est pas sion artérielle associée. La seule précaution
souhaitable chez les femmes atteintes de n éphro concerne le régime dont il faut vérifier qu'il ne
pathie compliquée d'insuffisance rénale e t /o u com porte pas une restriction protéique trop sévère
d'hypertension artérielle. Chez ces femmes, la et injustifiée.
contraception par progestatifs seuls trouve une La grossesse est rare dans les insuffisances rén a
excellente indication. Par contre des signes urinai les de plus grande sévérité, en raison d'une dimi
res isolés protéinurie, hém aturie, etc. ne sont pas nution de la fertilité. Q uelques rares grossesses
une contre-indication à l’utilisation des œ stropro- ont été menées à term e chez des patientes en
gestatifs. hémodialyse périodique. La grossesse peut être
Dans les cas de néphropathies particulièrement actuellement autorisée chez certaines malades
sévères avec insuffisance rénale et surtout hyper ayant bénéficié d'une transplantation rénale sous
tension artérielle mal contrôlée avec retentisse réserve d'un avis néphrologique autorisé. La p o u r
ment polyviscéral, on peut discuter d ’une stérilisa suite du traitem ent im m unodépresseur semble
tion définitive. sans inconvénient pour le fœtus.
GROSSESSE 319
L’hypertension artérielle essentielle ou secon seur qui pourra être poursuivi pendant au moins
daire constitue en fait la seule situation dans six mois de la stabilisation du chiffre tensionnel. Il
laquelle le déroulem ent d'une grossesse peut com est indispensable d'ob tenir la soumission de la
porter des risques pour la mère et l'enfant. Les ris femm e au traitem ent, dont la mesure essentielle
ques pour la mère découlent de l'aggravation de indiscutée est l’arrêt du travail et le repos en décu
l'hypertension artérielle et de la survenue possible bitus latéral gauche de préférence pendant au
d 'u n e toxémie surajoutée. La mort du fœtus et les moins 15 heures par jour. Il faut s'assurer que la
hémorragies de la délivrance, les retards de crois surveillance telle q u ’elle est exposée plus loin,
sance in utéro sont également plus fréquents chez pourra être faite tout au long de la grossesse. Il
ces patientes. faut prévenir la femme d'une aggravation telle
Avant d ’autoriser le déroulem ent d 'un e gros qu'u ne interruption de grossesse devienne néces
sesse chez une femm e hypertendue, il est souhaita saire, ce qui est rare en pratique.
ble d'avoir o btenu par un traitem ent antihyperten-
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Base plate de H u tc h , 34 et 35. Col vésical.
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Les références de pages imprimées en italique renvoient — physiologie, 13.
aux chapitres principaux. — rad io lo g ie. 66.
324 I N D E X A L P H A B É T I Q U E DES MA TIÈ RES
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I N D E X A L P H A B É T I Q U E D ES M A T I È R E S 325
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113, 274, 308. T ro p h ic ité u ré th ra le , 76.
IN D E X A L P H A B É T I Q U E DES MA TIÈ R ES 327
Photocomposition : Pierre-Émile
782225 803444