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par
Massaad Matar .
et
Jean Salençon
Laboratoire de Mécanique· des Solides
Ecole Polytechnique
~ .
38
capacité portante d'une semelle filante
sur. sol purement cohérent d'épaisseur limitée
et de cohésion variable avec la profondeur
par Massaad. MATAR et Jean SALENÇON
NOTATIONS
1. INTRODUCTION
39
2. fONDATION SUR UNE COUCHE DE SOL <Il == a HOMOGENE D'EPAISSEUR LIMITEE
L'étude théorique de la capacité portante d'une et le champ de contraintes a été complété dans les
fondation chargée axialement sur une· couche de sol zones rigides par Salençon [20] ~ Cette solution,
homogène d'épaisseur limitée reposant sur une assise « complète » au sens de Bishop [2], fournit donc la
rigide, fait l'objet d'une bibliographie import~nte. valeur exacte de la capacité portante théorique d'une
,Comme pour tous les problèmes de capacité portante, semelle filante sur couche de sol <Il == 0, d'épaisseur
les méthodes de calcul employées relèvent du calcul limitée reposant avec adhérence totale sur une assise
à la rupture. Dans le cas du sol purement cohérent indéformable; le contact entre la semelle et le sol
(<Il == 0) qui nous intéresse ici, l'interprétation des de fondation y est supposé se faire avec frottement
résultats obtenus ne présente pas de difficulté : le sol maxImal, c'est-à-dire qu'un glissement mobilise toute
est en effet alors représenté par un matériau de la résistance à la cission du sol.
Tresca pour lequel on sait que le principe du travail B désignant la largeur de la fondation et h l'épais-
plastique maximal est acceptable; le calcul à la rupture seur de la couche (fig. 1), cette solution ne prend
s'identifie à la théorie classique des charges limites
(voir par exemple [24]). effet que pour_ B/h ~ V2. Pour B/h ~ V2, la solution
complète du problème est constituée par la solution
Une solution statique, c'est-à-dire la mise en évidence de Prandtl (1923), que l'on peut prolonger dans les
dans tout le système (sol de fondation et interfaces zones non déformées jusqu'à l'interface (1), par la
de contact) d'un champ de contraintes statiquement luéthode de Shield [28] (voir fig. 6) : ainsi pour
admissible et respectant le critère de plasticité (l),
·conduit à une minoration de la capacité portante; B/h ~ V2 l'assise rigide n'a pas d'influence. Avec
les notations usuelles q désignant la surcharge uniforme
Une solution cinématique, c'est-à-dire la mise en de surface, C la cohésion du sol et Pult == F/B la
évidence d'un champ de vitesses cinématiquement et capacité portante, celle-ci a alors la forme classique :
plastiquement admissible dans tout le système, conduit
Pult == q + ('TC + 2) C.
à une évaluation par excès de la' capacité portante.
Mandel et Salençon [15] ont examiné le cas ex-'
D'autre part, s'agissant d'une fondation superficielle trême où le contact entre la couche de sol et l'assise
sur un sol d'angle de frottement interne nul, on démon- rigide se ferait sans frottement, mettant en particulier
tre sans difficulté que le poids spécifique y du sol en évidence une diminution de la capacité portante
n'intervient pas dans l'expression de la capacité por- par rapport au cas du sol homogène, sur une certaine
tante tandis que la surchage q y apparaît sous forme plage de valeurs de B/h.
purement additive (2).
Button [3] a étudié le problème pour la semelle La capacité portante;~ se met alors sous la forme
filante, au moyen de lignes de rupture circulaires; le
résultat obtenu s'interprète donc comme une Inajoration (2.1) 1 Pult = q + CN'c ({-) 1
de la capacité portante.
Meyerhof et Chaplin [14] on~, pour le même pro- L'abaque des valeurs de N'c obtenues par la solution
blème, construit une solution par la théorie des équi- exacte dans le cas où le contact entre sol et assise
libres limites plans; le champ de vitesses corres- rigide est à adhérence totale, et par les solutions de
pondant a été présenté par Johnson et Kudo [11],
Î Bjh
30
///)/////J//J//J///J//7/J///I////J///7/1/////J///////J///I/I///////I/I/////I/////I///J/!J/);
ti i i i i i i i i f~md}{m:ii] 1i i (i i t i i i
i ~Y
10 !h C
1
~/I//////7/////////7//7///7//7/t~/2///////////7///7/I7///I7/I7///J
Fig. 2. - Valeurs de N'c dans le PULt =q +c N~ (*1
cas de l'interface «rugueux» et de
l'interface «lisse ».
O~ "'_"+'..---- -+-I---'---~I-._ 1 1 •
.0 5 10 15 20 25 N'
TT .. 2 o C
40
Mandel et Salencon dans le cas où ce contact se 1
ferait sans frotte~ent, est donné à la figure 2; dans (2.2) N'c (B/h) == n +1+ 2 B/h == 4.1 + 0.5 B/h.
ce dernier cas la partie pointil1€e de la courbe indique Signalons enfin que pour la fondation axisymétrique
que la valeur obtenue pour N' c n'est alors en toute sur une couche de sol <Il == 0 d'~paisseur limitée
rigueur qu'une majoration du facteur de cohésion (on reposant sur tine assise rigide, le calcul de la capacité
se reportera à [ 15] pour une discussion détaillée). portante a été ~ffectué par Salençon, Croc, Michel
Il semble que dans la majorité des cas pratiques, et Pecker [21] en adoptant l'hypothèse de Haar-
il y ait lieu de considérer que le contact entre sol de Karman sur la forme du champ de contraintes; on
fondation et" assise rigide s'effectue avec frottement a ainsi obtenu la valeur de N ' r (B/h) pour la fondation
maximal; c'est donc la seule hypothèse que nous « rugueuse » avec interface « rugueux » mettant en
retiendrons pour la suite. Signalons qu'alors on peut (1), évidence que la majoration de la capacité portante
dans les utilisations courantes, adopter dès que due à la présence de l'assise rigide par rapport au cas
B/ h ~ 2 la représentation asymptotique de N'c (B / h) : du sol illimité (Eason et Shield [6]) est moindre pour
la fondation circulaire que pour la semelle filante.
30
25
cas rU9ueu7-v-cas lisse
maJorations,
(321
Fig. 3. - Fondation sur sol <Il = 0 de
cohésion croissant linéairement avec la 2
/
profondeur.
15 1/
Fig. 4. - Valeurs de Fe dans le cas de
la semelle «rugueuse» et de la semelle
« lisse».
o 50
(1) Cette formule donne une évaluation de N'c (B/h)
dans le sens de la sécurité.
41
solution, incomplète au sens de Bishop, a été complé- La figure 6 représente, à titre d'exemple, le réseau
tée statiquelnent' _dans les zones non déformées par d'écoulement de cette solution avec le prolongement
Davis et Booker [5], et fournit donc la valeur de Shield (1).
exacte de la capacité portante. Celle-ci se met sous
-la forme
(3.65
+
1
et correspond à une pression moyenne sur la fondation
La répartition des contraintes, normales, sous la égale à gO B.
fondation est alors triangulaire de même pente que
le profil de cohésion (fig. 5).
!
Région 1 crzz == gOx crxx == gO X azx == - gO z
Région 2 cr" == gO ( 2 x + ~) cr xx == - gO ( 2 Z + ~) cr zx == 0
Région 5 cr zz == 2 gO x axx == 0 cr zx == 0
3.4. Comparaison entre solution globale
et solution par superposition pour Région 6 azz == 0 axx == + 2 gO z a zx == 0
Co *a Région 7 a zz == 0 axx == 0 a zx == 0
Le milieu homogène de cohésion constante égale
à Co constitue évidemment un cas particulier du ayZ == 0 partout ayy == cr xx
paragraphe 3.2. Pour celui-ci, la valeur bien
connue de la capacité portante :
(3.8) Pult == q + Co (n + 2)
est fournie par la solution de Prandtl complétée
du point de vue des contraintes dans les zones
non déformées, suivant les champs proposés par (1) Les résultats classiq ues concernant la théorie des
Shield [28], Bishop [~] ou Sayir et Ziegler [26] équilibres limites plans seront rappelés au paragraphe 5 au
par exemple. moment de leur utilisation effective.
42
z
Fig. 7. - Semelle filante sur sol de cohésion
C (z) = -
> 1).
gOz; champ de contraintes (tractions ct
1
A A
x
6' l' l '" /
1®.0/, lG) ®
4' 2'
1--
'. ----
t_____ 1
--.. ...-
1 + ~
7' 5' 3'
j®t
1
1cv @
g= g~ + gg
obtenu en additionnant en chaque point les contraintes
produites par les champs gc et gg, qui est évidemment
statiquement admissible, et aussi plastiquement admis- 1
43
Une liaison entre ces deux types de problèmes de la cohésion varie de facon continue mais brutale,
non homogénéité, d'une nature différente de celle qui passant de la valeur C à tine valeur Cl plus élevée.
est l'objet de la - présente étude, a été faite par Cette étude a été menée par la théorie des équilibres
Ostrowska [18] qui a envisagé le cas d'un sol dont limites plans.
\
Ih c(z) = _gOz
1
1 4>=0
t
W///////I///I/I//I/h
On obtient immédiatement une solution statique pour Fig. 10. -..:... Semelle filante sur sol <Il = 0 illi~ité de cohésion
nulle en surface et croissant linéairement avec la profon-
le problème en considérant, dans la couche de sol deur: solution cinématique.
d'épaisseur h, la partie corresporidante du champ de
contraintes, explicité à la figure 7 du cas du sol illimité.
En effet, le seul point à vérifier pour s'assurer du
caractère plastiquement admissible de ce champ dans
le cas présent, se situe au niveau de l'interface : on 4.3. Cohésion non nulle en surface : CO =F 0
voit que quel que soit h, la cdntrainte normale cr zz sur
l'interface est compressive; il n'y a donc pas décol- Considérant maintenant le cas où la cohésion en
lement et l'interface étant à frottement maximal, la surface 'Co est non nulle. l'application de la méthode
cission. éventuelle (en région 1 si h < B/4) est admis- de superposition est immédiate en reprenant le rai-
sible. L'addition d'une surcharge compressive q, conduit sonnement du paragraphe 3.4, et les résultats du
à ajouter une pression isotrope q à l'état de contrainte paragraphe 2 et du paragraphe 4.2.
en tout point et ne modifie pas le raisonnement.
On voit ainsi que la superposition
Il s'ensuit que l'on a ainsi une minoration de la
capacité portante de la semelle filante dans ce cas : • du champ de contrainte de la solution exacte du
1 . paragraphe 2 pour le cas C (z) == Co, épaisseur == h
Pult == q + 4 gO B • et de celui de la solution exacte du paragraphe 4.2
pour le cas C (z) == - gO z, épaisseur == h
D'autre part, on sait que dans le cas du sol illimité,
le mécanisme d'écoulement associé à la solution statique
de la figure 7, et formant une solution complète, est (1) Rappelons que nous avons fait l'hypothèse du «frot-
le mécanisme évanescent, limite quand 0 ~ 0 de celui tement maximal » à l'interface. La conclusion serait à
représenté à la figure 10, où il y a glissement le long modifier pour h < Bj4 s'il n'en était pas ainsi.
44
(~) + -+
fournit un champ de contrainte statiquement et plas-
tiquement admissible pour le cas, (4.3) (Pult)superp. = q + Co N' c go B 1
, C (z) == co - gO z, épaisseur == h.
'1,-'
Ainsi on a la minoration de la capacité portante
C'est cette dernière formule que nous conserverons
obtenue par la méthode de superposition :
en posant N'c (B/h) == 7t + 2 pour B/h ~ Y'2.
• pour B/h ~Y2 : On voit que comme au paragraphe 3.4, le fait que
" 1 la formule (4.3) fournisse une évaluation de la capa-
(4.2) (pult)superp. == q + (7t + 2) Co + 4 gO B
cité portante dans le sens de la sécurité traduit
l'effet majorateur, pour la couche d'épaisseur limitée
• pour B/h ~Y2 : comme pour le sol illimité, du couplage entre cohésion
en surface et gradient de cohésion.
5.1. Introduction 2 f3
On se propose maintenant, comme dans le cas du sol
illimité, de procéder au calcul direct global de la
capacité portante de la semelle filante sur couche de
sol <Il == 0 d'épaisseur limitée dont la cohésion croît Fig. 11. - Matériau de
Tresca en déformation plane:
linéairement avec la profondeur. caractéristiques des contrain-
La solution exacte de ce problème étant connue tes et des vitesses.
pour CO == 0 (voir paragraphe 4.2), il n'y a évidemment
plus à considérer que le cas C°::j::. 0 (cohésion en
surface non nulle).
L'étude du problème va s'appuyer sur la théorie des
équilibres limites plans pour le matériau de Tresca non
homogène, dont nous allons rappeler brièvement les
principaux 'résultats.
Va et Vs étant les composantes de la vitesse le long
5.2. Equilibres limites plans pour le materiau des lignes (a) et (~) elles s'écrivent :
de Tresca non homogène (5.4) dV a - Vs de == 0 ligne (a),
(5.5) dv s + va de == 0 ligne (~),
Les équations régïssant les problèmes de';,déformation De plus, on doit satisfaire la condition de « dissi-
plane pour le matériau de Tresca non homogène onf été pation positive »(1) :
obtenus par Kuznetzov [12]. On' pourra également se oV a oe oV s oe
reporter à Favretti [7], [8] et [9], Olszak, Rychlewski (5.6) - - - v s - - + -.-
oSs a~s OSa
+ V a OSa ~ 0
et Urbanowski [17], Salençon [23].
On utilise les notations clàssiques :
al et 0'2 sont les contraintes principales dans le plan
( 0 et oSs0)
OSa d'"eSlgnant 1es d''''''
.erlvees se1on 1es vecteurs
de la déformation, ici le pian Oxz ; elles sont ordonnées unitaires tangeants aux lignes (a) et (~).
selon al ~ 0'2' tractions positives; Il résulte de ces propriétés que la construction de
On introduit : la solution d'un problème de déformation plane se
ramène à celle du réseau de lignes caractéristiques (a)
) P == - (cr 1 + 0'2)/2 et (~) correspondant, à partir des conditions aux
(5.1)) ~ -')-
( 6 == (Ox, 0"1) limites.
On sait que dans la zone plastique le problème, pour Celui-ci permet ensuite la détermination des contrain-
les contraintes, est hyperbolique quasi-linéaire. tes (d'où, par intégration, des efforts) et des vitesses.
Les lignes caractéristiques sont les lignes de cission
maximale, lignes (a) et (~) inclinées à +
7t / 4 sur la 5.3. Construction de la solution
direction principale al (fig. 11).
Les relations le long des caractéristiques, dans le 5.31. Sol illimité : détail de la solution
cas d'une cohésion C (z) == CO - gO z, s'écrivent
(5.2) d'p + 2 C de + gO dx == 0 ligne (a), La construction du réseau de lignes caractéristiques
(5.3) dp - 2 C de - gO dx == 0 ligne (~). pour la couche de sol <Il == 0 d'épaisseur limitée et
de cohésion linéairement variable s'effectue à partir
Pour les vitesses, le problème dans les zones plas- de la solution du cas du sol illimité et de la même
tiques est hyperbolique linéaire; les lignes caractéris- façon qu'on a construit la solution pour la couche de
tiques sont les lignes (a) et (~) caractéristiques pour sol <Il == 0, homogène, d'épaisseur limitée à partir du
les contraintes; les relations le long des lignes carac- cas du sol homogène illimité (paragraphe 2).
téristiques sont les équations de Geiringer, identiques
à celles obtenues pour le matériau homogène, qui
traduisent la coïncidence des directions principales de (l) A proprement parler la condition À ~ 0 dans la règle
la contrainte et de la vitesse de déformation et l'inva- d'écoulement écrite sous forme usuelle qui s'identifie, pour
riance du volume. le matériau de Tresca, à la posivité de la dissipation.
45
La figure 12 représente le réseau de caractéristiques 5.32. Couche de sol d'épaisseur h ~ ho
construit par Berthet, Hayot et Salençon dans le cas
du sol illimité [1]. On voit alors que si l'on a affaire à une couche de.
sol d'épaisseur limitée h ~ ho, la construction du réseau
de caractéristiques de la fig. 12 peut être reproduite
sans changement (fig. 14).
z
Fig. 12. - Fondation sur sol <I> = 0, Co *- 0, go *- 0, illimité: Fig. 14. - Fondation sur couche de sol <I> = 0, Co *- 0,
réseau de caractéristiques. go r= 0, d'épaisseur h ~ ho'
Ce réseau se compose :
1) d'un champ de Rankine en milieu non homogène,
OAB. Les caractéristiques (ex) et (~) sont des droites. L'écoulement plastique du sol sous la fondation se
'1t
On a e == T ' p == q + CO - gO Z ;
fait suivant le champ de vitesses construit par Berthet,
Hayot et Salençon dans ce réseau de lignes : on a
2) d'un éventail de Prandtl, en milieu non homogène, donc encore affaire à u;ne solution incomplète (de
centré en 0 et d'ouverture 3 '1t/4 : OBC. OB est la type cinématique). p'autre part le prolopgement du
caractéristique (~) rectiligne le long de laquelle champ de' contraintes donné par Davis et Booker peut
l'éventail se raccorde au champ de Rankine; OC est être conservé, en conséquence de l'hypothèse de
la caractéristique (~), curviligne, issue de 0 et tan- frottement maximal à l'interface entre couche de sol
gente à 0'0, base de la semelle, en conséquence de et assise rigide.
l'hypothèse de frottement maximal sous la fondation; Dans le triangle STT' le prolongement du champ de
3) la construction du réseau, est ensuite poursuivie par contraintes par le champ en équilibre et à la limite
1
les caractéristiques (ex) s'appuyant sur OC et les d'écoulement défini par les conditions aux limites ~ur
caractéristiques (~) tangentes à 00'. Le réseau est ST et ST' est admissible : la cission sur TT' y est
symétrique par rapport à l'axe de la fondation et évidemment inférieure ou égale à la cission maximale
est limité par les caractéristiques SCBA (ex) et ST (~) et les contraintes sont compressives. La solution est
(et symétriques) qui s€ coupent sur l'axe de symétrie donc complète.
en un point où e == 0 : en effet par raison de En conclusion: à gO B/Co donné, si h ~ ho il n'y a
symétrie, l'axe de la fondation est nécessairement pas d'influence de l'assise rigide et a capacité portante
direction principale pour les contraintes; cette condi- exacte de la semelle filante est :
tion fixe la longueur OA, et les autres 'dimensions
du réseau, inconnues a priori.
(5.7) Pult == q + Co Fe (go
f
~
B)
En particulier ce réseau s'enfonce dans le sol jusqu'à I
la profondeur ho' La variation de holB en fonction du
facteur sans dimension gO B/Co a été donnée dans
5.33. Couche de sol d'épaisseur h ~ ho
[1] : hol B est une fonction décroissante de go BI CO
(fig. 13) depuis : holB == V2/2 pour gO B/Co == 0 jus- Si l'épaisseur de la couche est inférieure à ho, le
qu'à holB ~ 0 pour gO B/co /' 00 (voir paragraphe réseau de caractéristiques de la figure 12 n'est plus
4.2). utilisable : la présence de l'assise rigide se fait alors
sentir.
ho La construction de la solution s'effectue dans ce cas~
1,5 B comme cela est représenté à la figure 15. Le réseau
étant évidemment symétrique par rapport à l'axe de la
fondation nous n'en décrirons que la moitié :
Fig. 13. - Fondation sur sol <l> = 0,
Co r= 0, go r= 0, illimité: variation de
la hauteur de, la zone perturbée.
OL- ~-------'-----------"I___::_----~__=__----_t>
0,1 10 10 2 103
46
1) OAB est un champ de Rankine en milieu non homo- immobile, il y a discontinuité de vitesse suivant les
gène : e == TC/2, P == q + co - go z ; caractéristiques ST, SR et IBA et glissement le long
2) aBC un éventail de Prandtl en milieu non homogène, de TO et RI, et il y a déformation dans STOABIRS
centré en a et d'ouverture 3 TC/4 ; (et symétriques).
3) la longueur de OA, qui fixe les dimensions des La solution est donc complète et fournit la valeur
réseaux OAB et aBC est déterminée par la condi- exacte de la capacité portante.
tion de tangence de la caractéristique (a) CBA avec Remarque : incidemment, on notera que la mise
l'interface sol-assise rigide; OA == a est une fonction en évidence de la solution complète· ci-dessus pour
de h, de gO et de Co, nécessairement de la forme : h < ho, démontre que la. solution complète présentée
a == h cp (gO h/CO) au paragraphe 5.31 pour le sol illimité est certainement
celle qui correspond au minimum de l'épaisseur per-
mais comme on le verra dans la description de la turbée (rappelons en effet que les théorèmes d'unicité
procédure pratique de construction de la solution, la concernant les solutions complètes d'écoulement plas-
détermination de cette fonctionne se révèle pas tique libre ne sont que partiels).
utile;
4) la construction du réseau au-delà de ces champs 5.34. Construction pratique
(identiques aux champs homologues dans le cas
du sol illimité) se poursuit, à partir de OC et CI La construction du réseau est effectuée numerlque-
en s'appuyant sur les conditions aux limites: ment en intégrant pas à pas les équations (5.2) et (5.3)
a) à l'interface sous la fondation, le frottement est le long des lignes caractéristiques.
maximal, les caractéristiques (~) y sont tangentes; Afin' de limiter le nombre de calculs on procède à
b) à l'interface entre le sol et l'assise rigide, le une analyse préalable du problème : la surcharge q
frottement est maximal et les caractéristiques (a) n'intervenant que de façon additive, les calculs seront
y sont tangentes; effectués pour q == 0; l'analyse dimensionnelle montre
que la solution ne. dépend que de deux paramètres
On a affaire à des problèmes de Goursat et de sans dimensions, par exemple B/h et gO B/Co ou
Riemann dont la résolution pas à pas en suivant B/ h et gO h / Co, tandis que la capacité portante Pult
les caractéristiques est classique. sera à rapporter à une contrainte de référence, soit Co
Le réseau est limité par les caractéristiques SR (a) par exemple.
et ST (~) qui se coupent sur l'axe de la fondation Comme on le verra dans la suite, le premier choix
au point S où e == o. Il est ensuite complété par de paramètres se révèle bon pour la présentation et
symétrie. la discussion des résultats obtenus; ce sont d'ailleurs
Du point de vue des contraintes, le champ peut être ces paramètres qui interviennent dans les deux pro-
complété sans difficulté dans la couche de sol à droite blèlnes de base étudiés plus haut : couche de' sol
de IBA, dans STT' et SRR' par des champs en équi- homogène d'épaisseur limitée d'une part, sol illimité de
libre et à la limite d'écoulement (fig. 16) : cohésion variable d'autre part.
Par contre, le deuxième groupe de paramètres cor-
respond à la façon effective dont est mise en œuvre
la procédure de calcul numérique.
On travaille, en effet à gO h/Co fixé; dans la repré-
sentation graphique cela signifie que le profil de cohé-
sion est fixé ainsi que l'épaisseur de la couche. On. fait
Fig. 16. - Fondation sur couche de sol <1> = 0, Co ~ 0, varier B/ h, c'est-à-dire que, graphiquement, on fait
gO ~ 0, d'épaisseur h ~ ho: prolongement du champ de varier la largeur de la fondation.
contraintes. Partant de B/h == 0, on fait croître B/h. On est
d'abord dans le cas où l'assise rigide n'a pas d'in-
fluence, jusqu'à ce que B atteigne la valeur critique
1) à droite de IBA, le champ défini par les conditions pour laquelle h est l'épaisseur de la zone perturbée
sur Ox et IBA, qui fournit des contraintes compres- correspondant à go B/ Co (fig. 13).
sives sur l'interface, et une cission évidemment Pour l'étude au-delà de cette valeur critique de B,.
inférieure à la cission maximale ; on construit le' réseau de la figure 15 : on part des
2) dans STT' : le champ défini par les conditions sur données sur OB (p et e connus du champ de Rankine)
ST et ST' comme pour le sol illimité; en progressant le long des çaractéristiques (a) que l'on
3) dans SRR' : le champ défini par les conditions sur construit une à une autour de 0, jusqu'à la caracté-
SR et SR' qui fournit également des contraintes ristique (a) tangente à l'interface fixé à la profondeur
compressives à l'interface et une cission inférieure h. On poursuit ensuite la construction de façon systé-
à la cission maximale. matique en progressant encore le long des lignes (a),
à partir de leur point de tangence sur l'interface sol-
La solution est donc statique. assise rigide. On obtient ainsi le réseau indéfini vers la
Du point de vue cinématique, le champ de vitesses gauche (fig. 17), avec sur chaque caractéristique (a)
peut être construit par les équations de Geiringer (5.4) construite, un point où e == O. Ce point représente le
et (5.5) en respectant (5.6); il correspond à un mode point S (fig. 15) pour la fondation dont l'axe passerait
de déformation dqns lequel STT' est rigide et s'enfonce par lui. On explore ainsi, à gO h/Co, fixé, toutes les
verticalement comme la fondation, SRR' est rigide valeurs de B/ h supérieures à la valeur critique.
47
La construction du réseau fournit en même temps la contrainte principale a2 , depuis 0 jusqu'à S situé
les valeurs de P et e aux nœuds et donc le champ de sur l'axe de fondation, en suivant la ligne (S) lieu
contraintes. des points S situés sur chaque ligne (ex) (fig. 17), d'où
avec les conventions de signes :
Pour le calcul de PuIt' il suffit d'intégrer les contrain-
tes connues sur STO et d'en prendre la composante
verticale qui représente, au signe près, Puit X B/2. En
fait, dans la pratique il est plus commode d'intégrer
(5.8)
S
Pult = ~ f o
CJ z dx
selon (S).
où (PuIt- q)supero. est donnée par (4.3) que nous Pour gO B/Co == 0 on a évidemment:
rappelons :
Fe ( ~ , g~oB) = Fc ( ~ , 0) == N' c (~ ),
(4.3) (PuIt- q)superp. == Co N e 1 (B)
h + 41 g~ B d'où:
Nous étudierons les variations de {-te en fonction de
B/h et go B/Co. (6.7) 1 !te (*, 0) = 1 'ïI B/h 1
48
SEMELLE RUGUEUSE - INTERFACE RUGUEUX
.~ __+-__ 1
1
1
~
eh
r
3Q ~_____~_ fl c =
-- î 1+
O ------ --------------
+
i
cp= 0 T
_____{10 __~____.
Pu Lt =q+1l;c (co
l l lh) CO[N'C(JL)+ 9°8'J
4Co
1 h
+
i
1
. L-----'--,,--'----_L__--'-
N'C 20 15 10 TT+2
siB/H / 00
Il résulte alors Çle l'encadrement (6.4) que où les valeurs des coefficients N'e et Ile sont lues
directement ou interpolées.
49
cohésion moyenne, qui pourrait être la moyenne de (7.2) sont plus VOISIns; la concordance se révèle
la cohésion dans la couche (c'est-à-dire la cohésion à même excellente lorsque le point représentatif du
la demi-profondeur). La formule correspondante pour cas étudié dans le plan « gO B/ Co, B/ h » est
Pult serait alors : : éloigné de la courbe séparatrice donnant (B/h)o'
(7.2) Pult = q + N'c (~) CO(l + f~-I (~ )) On disposerait donc dans ce cas d'une méthode de
calcul approchée simplifiée, mais ses conditions d'uti-
lisation en limitent beaucoup l'intérêt. Elle nécessite
Les calculs effectués dans plusieurs cas, tels que les
deux exemples typiques' présentés au paragraphe 8, en effet de disposer de la courbe donnant (B/h)o en
montrent que : fonction de gO B/Co (la courbe donnant N' c (B/h) pou-
vant être remplacée par l'utilisation de la formule
• Dans le cas où B/h < (B/h)o, la formule (7.2) approchée (2.2) qui va dans le sens de la sécurité);
conduit à une surestimation de la capacité portante de plus, pour B/h < (B/h)o on doit 'se reporter au
d'autant plus importante que gO B/Co est grand; calcul global.
ceci se comprend si l'on remarque que, dans ce
cas, la zone plastiqpe qui contribue au calcul de la Compte-tenu de sa facilité d'emploi, il paraît donc
capacité portante (zone déformée) n'intéresse pas préférable d'avoir recours, dans tous les cas, à l'aba-
toute la couche. 1 que de la figure 18, qui a de plus l'avantage de donner
de façon sûre la capacité portante globale.
• Dans le cas où B/h > (B/h)o, les résultats obtenus
par le calcul global et par la formule approchée
8. EXEMPLES DE CALCUL
Par la formule (7.2) on obtiendrait : On voit que cette fois la concordance entre les résul-
tats fournis par les deux calculs est excellente, mais
Pult == 6.25 X 103 X (1 + 50/4) Pa on remarque également que l'utilisation de la formu.1e
d'où: exacte ne présente pas plus de difficultés, voire même
Puit == 8.44 X 104 Pa (== 8.61 t/m2). moins, que l'utilisation de la formule approchée (7.2).
Une telle surestimation est évidemment inacceptable!
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