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CAPACITACIÓN EN IDIOMA FRANCÉS I

TRAVAIL PRATIQUE N° 4

PARA: Filosofía

TEXTE: Vermeren, Patrice: "Jacques Derrida, la langue française et l’écriture


de la philosophie".
In : www. diplomatie.gouv.fr (consultado el 13/ 03/ 06).
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Jacques Derrida, la langue française et l’écriture de la philosophie

Jacques Derrida, la langue française et l’écriture de la philosophie

Qu’est-ce qu’un philosophe français aujourd’hui ? A cette question intempestive, Jacques Derrida
répond en 1999 : " Un philosophe devrait être sans passeport, voire " sans papiers ", on ne devrait
jamais lui demander son visa. Il ne devrait pas représenter une nationalité, ni même une langue
nationale. ". Car la philosophie appartient à la communauté universelle, au-delà de la citoyenneté, de
l’Etat, et même du cosmopolitique. Mais tout aussi bien et dans le même temps, l’un des philosophes
français les plus connus au monde revendique pour le philosophe d’écrire dans sa langue, et même
d’inventer une langue dans sa langue.

Un parcours paradoxal

Jacques Derrida est né à El-Biar, dans l’Algérie française, en juillet 1930. En 1942, il est exclu de son lycée en
application des lois antisémites du gouvernement français de Vichy. A dix-neuf ans, il vient à Paris pour préparer
l’Ecole normale supérieure. Il y rentre deux ans plus tard, et, après deux séjours à l’étranger, à Louvain
(Belgique) et à Harvard (Etats-Unis), son service militaire comme enseignant en Algérie et un poste d’assistant à
l’université de la Sorbonne, à Paris, devient en 1964 maître-assistant à l’Ecole normale supérieure, poste qu’il ne
quittera qu’en 1984 pour être élu à la prestigieuse Ecole des hautes études en sciences sociales, à une direction
d’études sur les institutions philosophiques créée pour lui.

Une autre biographie possible serait celle, inverse, qui manifesterait tous les obstacles mis à sa reconnaissance
dans la philosophie académique et l’Université en France - il n’obtiendra pas de chaire à la Sorbonne ni au
Collège de France, pas même celle de Paul Ricoeur qui lui était promise à l’université de Nanterre -, tandis
qu’il est le philosophe français le plus connu à l’étranger, des Etats-Unis au Japon et de l’Amérique du Sud à la
Russie. Un destin indissociablement lié à sa posture philosophique : une posture qui ne le place ni dans les
orthodoxies philosophique et universitaire, ni en dehors, mais dans une position " dedans-dehors " qui en
travaille les marges.
Cette posture revendique d’abord - comme d’autres courants dans ce moment philosophique français sans doute
unique de la seconde moitié du xxe siècle, qui va de Sartre à Deleuze et à Badiou, en passant par Bachelard,
Lévi-Strauss, Merleau-Ponty, Lacan et Foucault -, l’invention d’un style propre. La philosophie habite une langue
ou est habitée par elle, il faut faire l’expérience des concepts dans et par l’écriture.

Déconstruire la tradition philosophique européenne

Cette attention portée à la recherche d’une langue qui lui soit propre et à l’expérience d’écriture a pour corrélat
une tentative de remise en question de toute la métaphysique occidentale, que Derrida théorise sous le concept
de " déconstruction ". Qu’est-ce que la déconstruction ? Non pas un système, pas même une méthode, mais le
projet de subvertir la philosophie européenne et de dissocier la pensée critique de la tradition philosophique
institutionnalisée. La déconstruction n’est ni la destruction de Heidegger, ni la dissociation de Freud, elle est
l’analyse des structures sédimentées qui forment le discours de la raison philosophique dans laquelle nous
pensons.

Parti d’une lecture originale de Husserl, Derrida montre ensuite, à partir de Jean-Jacques Rousseau, dans De la
grammatologie (1967), qu’il faut substituer au modèle du logos (qui privilégie, depuis les Grecs anciens et le
christianisme, la parole, la voix, le dire) celui de l’écriture, parce que la forme écrite permet de dissocier un texte
de son contexte d’origine et le rend disponible pour une " déchiffrabilité " et une " lisibilité " infinies.

A partir de là, Derrida va travailler son concept de la déconstruction, à l’épreuve d’une multitude de textes
philosophiques (Platon, Hegel, Heidegger, Aristote, Nietzsche, Kant, Montaigne, Marx, Kierkegaard),
psychanalytiques (Freud et Lacan) et littéraires (Kafka, Blanchot, Leiris, Joyce, Ponge, Bataille, Genet, Cixous,
Celan, Jabès, Artaud, Mallarmé). Il prouve ainsi que, loin d’être une destruction, la déconstruction est au
contraire le geste qui ouvre des possibilités à l’infini de lire un texte autrement que la tradition ne l’a lu.

Il travaille aussi des manières inédites d’écrire. Cette expérience d’écriture polymorphe implique de repenser les
partages convenus de la littérature et de la philosophie. User et abuser ainsi (de) la langue, et donner cette tâche
comme celle de la philosophie, c’est peut-être ce qui rend Derrida intolérable au conservatisme de la philosophie
établie.

Des institutions philosophiques et du droit à la philosophie

La déconstruction derridienne tient aussi sa spécificité de l’intérêt qu’elle porte aux " marges " de la philosophie
ou, si l’on veut, à ses " cadres ". D’où l’attention portée par Derrida aux institutions qui conditionnent la possibilité
de l’écriture des textes : écoles, programmes, structures scolaires et universitaires. Le philosophe n’a jamais
cessé de tenir en tension cette double exigence : défendre inconditionnellement la philosophie et son
enseignement contre tous ceux qui en menacent l’existence, et s’interroger sans cesse sur son origine, sa
destination et ses limites.

En 1974, il fonde, avec des professeurs et des élèves des lycées, le Greph (Groupe de recherche sur
l’enseignement philosophique), qui milite pour élargir l’enseignement de la philosophie et en repenser les formes,
critiquant singulièrement l’exercice de la dissertation. En 1978, il est au premier rang de la tribune des Etats
généraux de la philosophie, qui rassemblent toute la communauté philosophique à la Sorbonne dans une
interrogation inédite d’elle-même sur elle-même.

En 1983, c’est sur une idée régulatrice proprement derridienne : le droit à la philosophie, que se fonde le Collège
international de philosophie, sous condition de l’égalité et de la non-permanence des fonctions. Une institution
qui a sans doute bouleversé les partages de la pensée philosophique en France et dans le monde, qui a encore
aujourd’hui le statut d’une exception dans les communautés philosophiques, et qui, pour demeurer telle, doit
renouveler sans cesse son autofondation, comme geste critique à l’égard des instances académiques de la
philosophie.

La démocratie à venir

Cette politique de la philosophie commande aussi une attitude constante et courageuse dans la politique. Mais
qu’est-ce que faire de la politique en philosophe ? Toute sa vie, Jacques Derrida aura pris position publiquement,
dans la logique de son rapport au présent : " Comme quiconque essaie d’être philosophe, je voudrais bien ne
renoncer ni au présent, ni à penser la présence du présent - ni à l’expérience de ce qui nous les dérobe, en
nous les donnant. "
Dénoncer la répression des dictatures militaires contre les psychanalystes latino-américains, mais aussi, dans le
même temps, interroger les fondements de la psychanalyse ; soutenir les dissidents de l’Est en donnant des
séminaires clandestins à Prague, et se retrouver en prison victime d’une machination policière, mais sans
renoncer à la critique déconstructrice des droits de l’Homme.

Des textes comme Admiration de Nelson Mandela (1986) ou Pour Mumia Abu-Jamal (1996), jusqu’à sa
participation active au Parlement international des écrivains, témoignent qu’il n’aura cessé de lutter pour ce qu’il
nomme la " démocratie à venir ".

Car, pour lui, l’exigence inconditionnelle de justice n’est pas séparable d’une réflexion sur les conditions du droit.
Cela ne supprime pas le droit, mais en est au contraire la condition de possibilité. De sorte que, par exemple,
l’hospitalité conditionnelle offerte à l’étranger dépend de l’hospitalité inconditionnelle et absolue offerte a priori à
tout autre, à tout arrivant quel qu’il soit. La justice contraint le droit. La démocratie se cherche en conséquence,
pour Derrida, à la frontière instable et introuvable entre le droit et la justice : en tant qu’affirmation de la liberté
des différences, elle est au-delà du politique. Ce pourquoi elle est " démocratie à venir ".

Toute sa vie, Derrida n’aura cessé d’en appeler à une responsabilité infinie qui interdit le repos des bonnes
consciences, dans l’espérance d’une démocratie universelle, qui se tienne au-delà de toute structure étatique, de
tout cosmopolitisme et de toute citoyenneté mondiale. Une manière d’assumer la mémoire de la promesse non
tenue de l’Europe des Lumières : celle de l’émancipation.

Pour aller plus loin :

Parmi les quatre-vingts livres et les articles innombrables de Jacques Derrida, on peut lire :

L’Ecriture et la différence, éd. du Seuil, Paris, 1967.

Psyché, inventions de l’autre, éd. Galilée, Paris, 1987.

Le Droit à la philosophie, éd. Galilée, Paris, 1990.

L’Autre Cap, éd. de Minuit, Paris, 1991.

" L’autre nom du Collège ", Rue Descartes, éd. Albin Michel, Paris, 1993.

Politiques de l’amitié, éd. Galilée, Paris, 1994.

Le Droit à la philosophie du point de vue cosmopolitique, éd. Unesco/Verdier, Paris, 1997.

L’Université sans conditions, éd. Galilée, Paris, 2001.

Voyous, éd. Galilée, Paris, 2003.

Le " Concept " du 11 septembre (avec Jürgen Habermas, édité par Giovanna Borradori), éd. Galilée, Paris,
2004.

« Laisser des traces dans l’histoire de la langue française, voila ce qui m’intéresse, confiait Derrida quelques
mois avant sa mort, en juillet 2004. Je vis cette passion, sinon pour la France, du moins pour quelque chose que
la langue française a incorporé depuis des siècles. Je suppose que j’aime cette langue comme j’aime ma vie, et
quelquefois plus que ne l’aime tel ou tel Français d’origine, c’est que je l’aime comme un étranger qui a été
accueilli, et qui s’est approprié cette langue comme la seule possible pour lui. Passion et surenchère. Tous les
Français d’Algérie partagent cela avec moi, juifs ou non. »

Par Patrice Vermeren, Professeur de philosophie à l’Université de Paris-VIII, membre fondateur du Collège
international de philosophie, auteur, récemment, du Rêve démocratique de la philosophie (éd. L’Harmattan,
Paris) et de La Philosophie saisie par l’Unesco (éd. Unesco, Paris).
CAPACITACIÓN EN IDIOMA FRANCÉS I
TRABAJOS PRÁCTICOS

TRAVAIL PRATIQUE N° 4

PARA: Filosofía

TEXTE: Vermeren, Patrice: "Jacques Derrida, la langue française et l’écriture


de la philosophie".
In : www. diplomatie.gouv.fr (consultado el 13/ 03/ 06).

COMPRÉHENSION:
Résumez le texte.

GRAMMAIRE: Analysez les mots soulignés:


- verbes: infinitif, mode et temps;
- adjectifs et pronoms: catégorie, genre et nombre, référence s’il y en a.

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