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Afrique
Francois, Jay . Le Cercle Les Echos ; Paris (Oct 29, 2019).
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Dans le domaine des affaires, les capitaux ont souvent du mal àfranchir la barrière du «risque africain ». François
Jay et Alessandro Gnavi imaginent, dans une tribune, des solutions pour rassurer les investisseurs et satisfaire les
partenaires publics. Explications.
Près de 300 millions d'Africains n'ont toujours pas accès àl'eau potable, 600 millions àl'électricité courante.
L'assainissement est encore plus embryonnaire. La mobilité est un défi permanent dans toutes les grandes villes.
Déjà insatisfaits, les besoins en infrastructures en Afrique continuent àcroître : 70 milliards d'euros sont investis
chaque année alors qu'il en faudrait le double.
Comment un investisseur peut-il surmonter le fameux «risque africain », àl'instar de fonds comme Meridiam ou
Africa50 ? Image de corruption des décideurs, d'instabilité politique, de clients publics mauvais payeurs, de
contreparties publiques dans les «PPP »peu fiables dans la durée… l'Afrique n'a le monopole d'aucun de ces
risques, mais un groupe international renoncera plus facilement aux marchés africains - rarement stratégiques -
qu'à des activités chinoise, européenne ou américaine.
Pour attirer des capitaux extérieurs, l'Afrique doit compenser la faible taille de ses marchés en rassurant sur ses
pratiques. Les entreprises doivent d'abord revisiter leur appréciation du risque. Peut-on encore entendre des
investisseurs évoquer des «paybacks »de trois, voire quatre ans, au prétexte qu'il s'agit d'environnements «risqués
»? Ils vont eux-mêmes creuser la tombe de leur partenariat dans une spirale autoréalisatrice : l'exigence de
«payback »accéléré conduit àdes conditions léonines, qui amènent àdes comportements mortifères de la partie
publique et donnent raison in fine àceux qui avaient prophétisé des difficultés !
Partenariat positif
Une clé est la conclusion d'accords de partenariat transparents entre privé et public conçus par les deux parties
pour durer au service d'objectifs partagés. C'est ce que nous appelons le «partenariat positif ». Même en position
de force, une entreprise devrait chercher la satisfaction de son partenaire public, ainsi que celle de son
environnement. Car le monde a changé. Il n'est plus possible d'abuser d'une position de force, de se contenter de
proximités politiques ou de mépriser la fierté nationale. Communautés, syndicats, société civile, cadres dans
l'administration et ONG pèsent désormais dans la vie des entreprises.
La démonstration négative est facile àfaire par de nombreux exemples. Récemment, deux groupes français ont
perdu des contrats de longue durée, faute d'avoir pris en compte l'écosystème de ce qui aurait dû être un
partenariat. Les bonnes relations de l'un avec la présidence de la République n'ont pas suffi àassurer le
renouvellement de sa concession. Un autre s'est retrouvé seul face àdes clients publics ne payant plus leurs
factures se réfugiant derrière des investissements non réalisés (ce qui était devenu vrai, vu l'accumulation des
arriérés). Ce dernier aurait mieux vécu cette relation si d'autres acteurs dans le pays avaient eu intérêt àun bon
recouvrement…
A contrario, reprendre la main sur la durée, c'est retrouver des marges de négociation et inverser cette spirale par
un partenariat durable qui, in fine, diminue le risque. Il faut créer les conditions pour que l'autre partie, et son
environnement, aient de plus en plus intérêt àce qu'il se poursuive. Il n'est jamais trop tard pour évaluer et remettre
en ordre un contrat : Ivan Glasenberg, le PDG de Glencore, a su renoncer en juin 2018 àplus de 5 milliards de
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