Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Résumé Abstract
L’infection urinaire chez l’insuffisant rénal est fréquente et Urinary tract infection in case of renal failure is common and needs a
particulière dans sa prise en charge diagnostique et thérapeutique. specific diagnostic and therapeutic approach. It needs rigorous to deter-
Il faut donc être rigoureux pour établir son diagnostic précis. Les mine a precise diagnosis. Urologists often have to take care of antibiotic
prélèvements bactériologiques sont précieux et indispensables. Y treatment for patients with renal insufficiency. A bacteriological diagno-
sont associés les recueils des données anamnestiques et cliniques sis should be performed. Which must be associated with anamnestic
permettant d’affirmer l’infection urinaire et de préciser son tableau and clinical data to suggest urinary tract infection and to clarify clini-
clinique. L’urologue est souvent amené à traiter par antibiotiques cal picture. Before starting antibiotherapy one should characterize the
des insuffisants rénaux. Avant de débuter une antibiothérapie, il stage of renal failure: distinguish between acute or chronic renal failure.
faut s’astreindre à caractériser l’insuffisance rénale : sa réalité, son This should allow to prescribe appropriate antibiotics for different clini-
stade et son caractère aigu ou chronique. Cela doit permettre de cal situations and to avoid iatrogenic complications.
choisir une antibiothérapie adaptée à chaque situation clinique et
d’éviter des incidents iatrogènes. Key-words: Urinary tract infection, Renal insufficiency, Antibiotherapy.
Tableau I : Définition de l’infection urinaire compliquée et du sepsis sévère. ou orthopédique, transplantation rénale,
neutropénie, diabète.
Définition infection urinaire compliquée : Définition sepsis sévère : au moins une
au moins une des caractéristiques suivantes des caractéristiques suivantes
Terrain à risque Dysfonction d’organe
Diagnostic clinique
Enfant, âge > 65 ans, homme, grossesse Hypoxémie Dans la démarche diagnostique d’infection
Diabète, transplantation d’organe, Débit urinaire < 0,5 ml/kg/h
immunosuppression, rein unique, sondage vésical, Coagulopathie
urinaire, il est important d’être systémati-
reflux connu Acidose métabolique que et de se poser les questions suivantes
Infection nosocomiale [4] :
Anomalie fonctionnelle/organique urinaire Hypoperfusion • quel est le site infectieux ?
Uropathie obstructive : lithiase, sténose urétrale ou Acidose lactique
urétérale, hypertrophie prostatique, corps étranger, Oligurie o bas appareil urinaire, haut appareil uri-
tumeur Encéphalopathie aiguë naire ou prostate ;
Autre uropathie : résidu post-mictionnel, vessie • quel est le terrain du patient ?
neurologique, reflux vésico-urétéral
Iatrogène : sonde, geste chirurgical o sexe, âge, grossesse ;
Sepsis sévère Hypotension • quels sont les antécédents médicaux ?
Pression artérielle systolique < 90 mmHg o immunodépression, diabète, transplanta-
Ou diminution d’au moins 40 mmHg des
tion ;
chiffres habituels de pression artérielle
• quels sont les antécédents urologiques ?
o uropathie obstructive, autre uropathie,
néoplasie vésicale, vessie neurologique,
Tableau II : Germes et infection communautaire/infection nosocomiale.
défaut de vidange vésicale ;
Infection nosocomiale : infection absente à • s’agit-il d’un sepsis sévère ?
Infection communautaire : infection acquise
l’admission du patient dans un établissement
hors établissement de soins
de soins o dysfonction multiviscérale, hypotension,
Escherichia coli Escherichia coli tachycardie, marbrures.
Proteus sp Pseudomonas aeruginosa Ces différents paramètres permettent
Klebsiella sp Enterobacter sp de distinguer une infection urinaire sim-
Enterobacter sp Acinetobacter sp ple d’une infection urinaire compliquée
Staphylococcus saprophyticus Staphylococcus saprophyticus (tableau I).
Serratia sp Candida albicans La distinction entre une infection nosoco-
Enterococcus sp Candida tropicalis
miale et une infection communautaire se
fait avant tout grâce à l’identification du
germe en cause et leurs résistances retrou-
Tableau III : Différences entre insuffisance rénale aiguë et insuffisance rénale chronique. vées sur l’antibiogramme (tableau II) [4].
Insuffisance rénale aiguë Insuffisance rénale chronique
eDFG < 60 ml/min/1,73 m2 depuis moins de eDFG < 60 ml/min/1,73 m2 depuis plus de 90 jours
90 jours Spécificité de la prise en
Principaux éléments orientant vers une IRA Principaux éléments orientant vers une IRC charge de l’infection urinaire
Récent scanner injecté Maladie rénale connue (polykystose, néphropathie
Sepsis diabétique, protéinurie) chez l’insuffisant rénal
Prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens Biologie : anémie, hypocalcémie, hyperphosphorémie
Postchirurgical Échographie : reins mal différenciés, de petite taille Rappel sur l’insuffisance
Hypovolémie Antériorité des chiffres de créatininémie rénale
Créatinine antérieure normale
Estimation de la fonction rénale
tomatique avec invasion microbienne et d’infection urinaire. Une leucocyturie Pour déterminer le débit de filtration glo-
inflammation des structures des voies uri- significative peut également être présente mérulaire, c’est-à-dire la fonction rénale,
naires. On parle de colonisation bactérienne seule (sans bactériurie). Il faut contrôler il faut doser la créatinine plasmatique qui
(anciennement bactériurie asymptomati- ces résultats par un second ECBU. L’antibio- permet d’estimer la clairance rénale (Clcr)
que) quand l’ECBU isole un germe chez thérapie est nécessaire dans certaines situa- ou une estimation du débit de filtration
un sujet ne présentant aucun signe clinique tions : grossesse, avant chirurgie urologique glomérulaire (eDFG).
L’insuffisance rénale est définie par : eDFG • clairance de la créatinine selon la formule Les limites d’estimation de la fonction
inférieure à 60 ml/min par 1,73 m2 ou Clcr de Cockcroft et Gault : rénale sont l’âge avancé, l’insuffisance
inférieure à 60 ml/min [5]. Pour estimer la o clairance (ml/min) = k (140 − âge) × poids/ rénale, l’obésité, la dénutrition.
clairance, deux formules sont actuellement créatininémie,
Distinction entre insuffisance rénale
utilisées : o k = 1,23 si homme et 1,04 si femme ; aiguë et chronique
• formule du modification of the diet in renal • avec : créatininémie (mmol/l), âge (ans),
disease (MDRD) : poids (kg). Il faut distinguer l’insuffisance rénale aiguë
o eDFG (ml/min par 1,73 m ) = 186 × créati-
2
La formule du MDRD est celle qui reflète la (IRA) de l’insuffisance rénale chronique
ninémie × 0,0113 − 1,154 × âge − 0,203 ; plus exactement la fonction rénale [6]. (IRC) (tableau III). Cette distinction ne
Hémodia- Dialyse
Classes antibiotiques Modalités d’administration Clairance de la créatinine ml/min/1,73 m2
lyse péritonéale
90–60 60 à 30 30 à 15 < 15
Aminosides
Penicillines Amoxicilline IV 2 à 12 g/24 h 2 à 12 g/24 h 1 à 6 g/24 h 500 mg à 500 mg à 500 mg à
3 g/24 h 3 g/24 h 3 g/24 h
PO 2 à 6 g/24 h 2 à 6 g/24 h 1 à 3 g/24 h 500 à 500 à 500 à
1500 mg/24 h 1500 mg/24 h 1500 mg/24 h
Amoxicilline et IV 2 à 12 g/24 h 2 à 12 g/24 h 1 à 6 g/24 h 500 mg à 500 mg à 500 mg à
3 g/24 h 3 g/24 h 3 g/24 h
ac clavulanique PO 1 g/8 à 12 h 1 g/8 à 12 h 500 mg/8 à 500 à 500 à 500 à
12 h 750 mg/24 h 750 mg/24 h 750 mg/24 h
Ticarcilline IV 15 g/24 h en 5 g/8 h 5 g/12 h 2 g/24 h 2 g/24 h 2 g/24 h
3 à 6 injections
Imipénem + IV 250 à 250 à 250 à 250 à 250 à 250 à
Cilastatine 500 mg/6 à 8 h 500 mg/6 à 8 h
500 mg/8 à 500 mg/12 h 500 mg/12 h
500 mg/12 h
12 h ou 1 g/24 h
Beta lactamine Vancomycine IV 500 à 1000 mg 500 à 1000 mg 500 à 1000 mg 500 à 1000 mg 500 à 1000 mg 500 à 1000 mg
Dose initiale selon taux selon taux selon taux selon taux selon taux selon taux
1 g puis résiduels résiduels résiduels résiduels résiduels résiduels
Glycopeptide PO 200 mg/24 h 200 mg/24 h 200 mg/24 h 200 mg/24 h 200 mg/24 h 200 mg/24 h
Cycline Doxycycline > 60 kg Dose initiale 100 mg/24 h 100 mg/24 h 100 mg/24 h 100 mg/24 h 100 mg/24 h 100 mg/24 h
200 mg puis
PO
< 60 kg
FR : fin rein (fin de dialyse) ; IM : intramusculaire ; SC : sous-cutané ; PO : per os ; ND : non disponible ; IV : intraveineux. Attention : les IM sont contre-indiquées chez le dialysé.
modifie pas la prise en charge thérapeuti- • toxicités rénales : Cette notion est particulièrement impor-
que immédiate de l’infection urinaire. En cas o néphropathies tubulo-interstitielles : ami- tante pour les antibiotiques dont les effets
d’insuffisance rénale chronique, l’adaptation nosides, sulfamides, tétracyclines, secondaires se manifestent pour des taux
de la dose du médicament peut être effec- o hématuries par précipitation tubulaire de plasmatiques voisins des taux thérapeu-
tuée après estimation de la fonction rénale. cristaux : sulfamides, fluoroquinolones, tiques (aminosides et vancomycines). On
En cas d’insuffisance rénale aiguë, il faut o néphrites interstitielles : pénicillines G ; parle de faible fenêtre thérapeutique. Il
contrôler la créatininémie régulièrement • toxicités extrarénales :
pour adapter la posologie des antibiotiques. o formation de métabolites toxiques :
chloramphénicol, Les points essentiels à retenir
Particularité o induction enzymatique : rifampicine,
Le traitement d’une infection urinaire
de la pharmacocinétique o inhibition enzymatique : macrolides,
symptomatique chez l’insuffisant rénal
des antibiotiques o phototoxicité : quinolones, tétracyclines,
requiert des précautions particulières.
chez l’insuffisant rénal Tout d’abord, une mesure adéquate
o hypokaliémie : b-lactamines, fosfomycine, de la fonction rénale par la formule
Les antibiotiques ont deux voies principa- amphotéricine B, MDRD est nécessaire et permet des
les d’élimination : urinaire et/ou biliaire. Les o manifestations neurologiques : signes adaptations posologiques. Dans cer-
médicaments à élimination rénale néces- cochléo-vestibulaires (aminosides), système tains cas et pour certains antibioti-
sitent une adaptation de la posologie à la nerveux central (b-lactamines, quinolo- ques, des mesures des taux d’antibioti-
fonction rénale, contrairement aux antibio- nes), ques dans le sang sont indispensables,
tiques à métabolisme hépatique. évitant le sous-dosage responsable
o cytopénies : b-lactamines, sulfamides,
En cas de non-adaptation des posologies à d’inefficacité, de passage à la chroni-
o manifestations rhumatologiques : quino-
cité ou d’augmentation des résistances
la fonction rénale, il existe un risque de sur- lones,
aux antibiotiques, et parfois le surdo-
dosage des antibiotiques et de survenue de o troubles du rythme cardiaque : érythro- sage responsable d’effets indésirables.
complications [4] : mycine, moxifloxacine.