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"Fermer les médias en ligne uniquement parce qu'ils n'ont pas demandé d'autorisation est une
grave violation de la liberté d'expression et de l'accès à l'information. Nous pouvons déjà voir
comment cette annonce a créé la panique et la peur parmi les médias en ligne et entraînera
l'autocensure des médias pour éviter les sanctions. Les médias en ligne sont essentiels pour
informer le public".
Les propriétaires de médias considèrent la décision de la HAAC comme une grave atteinte à la
liberté de la presse. Par un communiqué de presse, ils ont exprimé leur déception quant au
manque de consultation entre la HAAC et les médias.
"Plusieurs médias ont attendu plus d'un an pour que la HAAC leur délivre une autorisation,
alors qu'elle devrait répondre dans un délai de trois mois. Il est inacceptable que maintenant
la HAAC ferme les médias en raison de leur défaillance et lenteur administrative".
"Nous sommes vraiment choqués que la décision de la HAAC crée un climat de peur au sein
des médias en ligne. La fermeture d'un média a un impact sur le droit à l'information" a ajouté
Fatou Jagne Senghore, Directrice Régionale d'ARTICLE 19 Afrique de l'Ouest.
De nombreux autres propriétaires de médias ont exprimé des préoccupations similaires
concernant la décision de la HAAC, qu'ils perçoivent comme une tentative de museler la liberté
d'expression.
"La HAAC doit éviter toute action violente qui menace la liberté des médias. La décision de
fermer les médias en ligne constitue une atteinte grave à la liberté des médias et une forme de
censure qui prive les citoyens de l'exercice de leur droit à la liberté d'expression et à l'accès à
l'information", a déclaré Fatou Jagne Senghore, Directrice Régionale d'ARTICLE 19 Afrique
de l'Ouest.
Dans une déclaration conjointe par le Rapporteur Spécial des Nations-Unies sur la liberté
d'opinion et d'expression, le Représentant de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération
en Europe (OSCE) sur la liberté des médias et le Rapporteur Spécial de l'Organisation des États
Américains (OEA) sur la liberté d'expression déclarent que « Personne ne devrait être tenu de
s'inscrire auprès d'un organisme public ou d'obtenir une autorisation de celui-ci pour exploiter
des services Internet, un site web, un blog ou tout autre système de diffusion d'informations en
ligne, y compris la diffusion sur Internet. Cela ne s'applique pas à l'enregistrement auprès
d'une autorité de noms de domaine pour des raisons purement techniques ou des règles
d'application générale qui s'appliquent sans distinction à tout type d'opération commerciale".
De nombreuses personnes ont demandé à la HAAC de lever la suspension des médias en ligne
car elle viole les droits à la liberté d'expression et à l'accès à l'information tels que garantis par
la constitution du Bénin et les normes et lois internationales relatives aux droits de l'homme.
Lors d'une réunion le 13 août 2020, l'Union des Professionnels des Médias au Bénin (UPMB)
a rencontré le président de la HAAC pour discuter de la levée de cette décision. Tous deux ont
opté pour la régulation du secteur. Selon la présidente de l'UPMB, Mme Zakiath Latoundji, le
président de la HAAC fera tout son possible pour permettre à ces médias qui opèrent en ligne
d'avoir leur autorisation et de pouvoir exercer normalement leurs activités.
Suite à ces réunions visant à lever cette décision, ARTICLE 19 a interviewé le
Regroupement des Promoteurs et Professionnels des Médias Digitaux du Bénin (Repromed) :
"Repromed a noté qu'une série de réunions ont eu lieu depuis le communiqué de la HAAC,
visant à mieux harmoniser la politique de régulation des médias en ligne au Bénin. Nous
apprécions la volonté de toutes les parties de travailler en synergie pour la reconnaissance de
la presse en ligne au Bénin. Les médias en ligne jouent un rôle indéniable dans le paysage
médiatique du pays en termes de collecte, de traitement et de diffusion d'informations crédibles
et fiables" a déclaré Eustache Agboton, président de Repromed.
Afin de trouver des solutions alternatives pour promouvoir la liberté des médias, ARTICLE 19
s'est adressé à un propriétaire de médias qui a préféré garder l’anonymat :
"La HAAC doit soutenir les médias en ligne existants, tout en régulant progressivement le
secteur, elle doit permettre aux médias en ligne existants de continuer à fonctionner, comme le
font actuellement plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest".
La liberté d'expression, d'information et la liberté des médias sont protégées par la Constitution
de la République du Bénin en son article 8.
Le Bénin doit également respecter les engagements internationaux auxquels il a souscrit: la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (PIDCP) et la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH).
Dans une déclaration conjointe de 2011, du Rapporteur Spécial des Nations unies sur la liberté
d'opinion et d'expression, le Représentant de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération
en Europe (OSCE) sur la liberté des médias et le Rapporteur Spécial de l'Organisation des États
américains (OEA), avec le soutien de ARTICLE 19, ont demandé aux Etats de veiller à ce que
les organes de régulation des médias soient indépendants, fonctionnent de manière
transparente, soient responsables devant le public, respectent le principe du champ
d'application limité de la régulation et assurent un contrôle approprié des acteurs privés.
"Les décisions abusives de fermeture de médias par la HAAC sont de plus en plus fréquentes
au Bénin et constituent une atteinte à la liberté des médias. Les autorités du Bénin doivent
veiller au respect des obligations nationales et internationales du pays, protéger la liberté
d'expression et l'accès à l'information et créer un cadre favorable pour garantir la liberté des
médias".