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Revue néo-scolastique

Essai d'une démonstration mathématique de l'existence de Dieu


H. Hallez

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Hallez H. Essai d'une démonstration mathématique de l'existence de Dieu. In: Revue néo-scolastique. 15ᵉ année, n°59, 1908.
pp. 410-414;

doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1908.2173

https://www.persee.fr/doc/phlou_0776-5541_1908_num_15_59_2173

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Mélanges et Documents.

m.

Essai d'une démonstration mathématique de l'existence de Dieu.

On a proposé un grand nombre d'arguments pour démontrer


l'existence de Dieu. Il n'entre point dans notre intention de les
soumettre à la critique ni même de les rapporter.
Nous voudrions seulement fournir à tout esprit cultivé, de la
manière qui nous semble la plus simple et la plus sûre, une
connaissance de Dieu laquelle pour être élémentaire n'en soit pas
moins rigoureusement scientifique. Cette connaissance sera
élémentaire, car elle n'aura pas d'autre objet que l'existence de Dieu et sa
distinction d'avec ce qui n'est pas Lui, mais elle sera véritablement
scientifique, mathématique. Elle ne laissera place à aucun doute.
Elle sera ainsi plus parfaite, plus certaine que celle que les
savants en général ont de la science qu'ils cultivent spécialement,
et cela pour deux motifs.
D'abord, parce que la connaissance scientifique de Dieu ne dépend
pas do celle des faits de sens commun, tels, par exemple, que
l'existence des corps, tandis que la plupart des sciences :
Mécanique, Physique, Chimie, Biologie, etc., ne peuvent subsister sans
la connaissance de l'existence des corps, et cependant tous les
savants (ou du moins presque tous) sont incapables de justifier
scientifiquement leur croyance à cette existence.
En second lieu, la connaissance philosophique ou scientifique de
Dieu est plus parfaite que celle que fournissent les sciences
physiques, pour cet autre motif que les définitions sur lesquelles elle
s'appuie sont en très petit nombre et les premières parmi les
premières. Pour cela, elles sont aussi les moins incomplètement connues
de la généralité des hommes, et les axiomes qui en découlent et
dont nous aurons à nous servir, sont parmi ceux que tout homme
connaît le mieux.
Il ne peut cependant être question de démontrer sans autre
préparation l'existence de Dieu. Le théorème de l'existence de Dieu
MELANGES ET DOCUMENTS

repose en effet sur d'autres théorèmes qu'il faut démontrer au


préalable.
Mais avant tout nous a\ ons à établir une notion très importante,
celle d'ipséité.
Axiome : Tout objet est l'objet que cet objet est ; autrement : tout
objet est l'objet qu'il est ; tout objet est lui-même.
Définition : J'appelle ipséité d'un objet le caractère ou l'attribut
que cet objet a d'être l'objet qu'il est, d'être soi-même. Ainsi, par
exemple : l'ipséité de Pierre, c'est le caractère qu'il a d'être Pierre ;
l'ipséité de la blancheur, c'est être la blancheur, et en général
l'ipséité d'un objet A, c'est être A.
Il existe quelque chose, à savoir mes pensées. Tel est le fait
fondamental.
Je dis qu'il existe quelque chose A qui vérifie la formule suivante :
A n'existe pas n'implique pas contradiction (I).
En effet, aucune de mes pensées n'a toujours existé. Done chacune
de mes pensées vérifie la formule (I). Soit en effet A une quelconque
de mes- pensées actuelles ; elle vérifie la formule : A n'existe pas
n'implique pas contradiction, car si A n'existe pas implique
contradiction, A ne peut avoir commencé, ni ne peut cesser d'exister.
Donc A n'existe pas n'implique pas contradiction.
Soit maintenant S l'ensemble de tous les objets existants dont
chacun vérifie la formule (I) ; je dis que leur somme vérifie
également la formule (I). En effet, soit a l'un quelconque de ces objets,
la proposition a n'existe pas implique S n'existe pas. Car aucune
somme ne peut exister si l'un quelconque de ses termes n'existe
pas. Il s'ensuit que si S n'existe pas implique contradiction,
a n'existe pas implique contradiction (car si A implique B et B
implique 0, A implique 0). Mais si a n'existe pas implique
contradiction, a ne vérifie pas la proposition (I), ce qui est contraire à
la supposition. Puis donc que a vérifie la formule (I), il s'ensuit
que S vérifie également la formule (I).
Je dis maintenant que S vérifie la formule A existe > A est A (lbis},
car puisque A existe implique A est A (car A non A existant implique
contradiction),il est donc impossible que la formule .4 existe < A est A
(II) soit jamais vérifiée. Donc elle n'est pas vérifiée par S.
D'autre part, si S vérifie la formule A existe = A est A (III),
comme la négation de A est A implique contradiction, il s'ensuit
que la négation de A existe implique contradiction. Mais on vient
de démontrer que S vérifie la formule I et par conséquent que
S n'existe pas n'implique pas contradiction. Donc S ne vérifie pas
la formule III. Ne vérifiant ni la formule H ni la formule III,
MÉLANGES ET DOCUMENTS

S vérifie donc la formule Ibis, et ainsi l'existence de S, étant j)lus que


l'ipséité de S, implique quelque chose que n'implique pas l'ipséité
de S ou S. Or S implique chacun des objets existants qui vérifient
la formule (I). Donc l'existence de S implique quelque chose d'autre
que chacun des objets existants qui vérifient la formule (I). Et
puisque S existe, il existe quelque chose d'autre que chacun des
objets existants qui vérifient la formule (I). Donc il existe quelque
chose qui ne vérifie pas la formule (I). Donc il existe quelque chose
dont la non-existence implique contradiction. Or on appelle dieu
un objet dont la non-existence implique contradiction. Donc un
dieu existe.
Je dis maintenant qu'un dieu ne peut être composé. Car tout
composé n'existe pas nécessairement. Donc tout composé vérifie la
formule (I) ; sans cela aucun de ses éléments ne pourrait exister sans
lui. Mais un dieu ne vérifie pas la formule (J) (par définition). Donc
un dieu ne peut être composé.
De même il est impossible que l'ipséité d'un dieu soit composée.
Car alors elle pourrait ne pas exister, elle vérifierait la formule (1).
Mais alors aussi son sujet ou ce dieu vérifierait la formule (I), ce
qui est impossible. Donc l'ipséité d'un dieu est simple.
Il s'ensuit qu'il ne peut exister qu'un seul dieu.
En effet, un dieu vérifie nécessairement la formule A est A —
A existe. Car si la proposition A n'existe pas implique contradiction,
la proposition Ce qui est A n'existe pas implique contradiction.
Donc être A implique exister ; donc A est A implique A existe.
C'est-à-dire ou bien A est A = A existe ou bien A est A > A existe.
Mais la seconde formule est impossible ; donc la première est vraie,
donc A est A — A existe, et ainsi un dieu vérifie nécessairement
cette formule. Donc être dieu, c'est exister. L'ipséité d'un dieu
est donc existence. S'il y a deux dieux, X et Y, l'ipséité de X est
existence, il en est de même de celle de Y ; or par hypothèse
elles sont distinctes. Donc l'une des deux se distingue par un
caractère que l'autre n'a pas, et ainsi l'une d'elles est composée
du caractère d'exister qui ne peut les distinguer et d'un autre
caractère qui les distingue. Mais si elle est composée, elle n'est pas
l'ipséité d'un dieu, ce qui contredit la supposition. Donc il est
impossible qu'il y ait plusieurs dieux. Ainsi dieu est un nom propre,
et il n'y a qu'un dieu : Dieu.
Remarque. — On pourrait aussi faire remarquer simplement que
s'il y a plusieurs dieux leur somme, est dieu, et ainsi un dieu est
composé, ce qui est impossible. i
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Toutes les formules suivantes sont parfaitement équivalentes :


Etre A, c'est exister.
A est A = A existe.
A n'existe pas implique contradiction.
De sorte qu'on peut poser :
(Être A , c'est exister) = (A est A = A existe) = (A n'existe pas
implique contradiction) .
Chacune de ces propositibns implique en effet chacune des autres,
comme nous l'avons démontré dans le cours de nos raisonnements.
D'ailleurs, tous les caractères ipséitaires de Dieu sont identiques
entre eux et identiques à son ipséité. En effet, si un caractère
ipséitaire de Dieu était distinct de son ipséité, il serait un élément
de son ipséité et l'ipséité serait composée. Ainsi, par exemple,
si l'ipséité de Dieu implique un caractère <* distinct de cette ipséité,
le caractère a n'implique pas l'ipséité de Dieu (sans cela, il lui
serait identique, car deux caractères qui s'impliquent mutuellement
sont identiques). Donc l'ipséité de Dieu impliquerait, outre a, un
caractère P non impliqué par a (et c'est pour cela que a
n'impliquerait pas l'ipséité, et ainsi l'ipséité de Dieu serait a -\- p, ce qui est
impossible, car l'ipséité de Dieu est simple.
Puis dont* que tout caractère ipséitaire de Dieu est équivalent
à son ipséité, tout caractère ipséitaire de Dieu est absolument,
exclusivement propre à Dieu et peut à la rigueur servir à
définir Dieu.
Dieu est donc le seul être à ipséité existence, ou à ipséité simple,
ou à éternité ipséitaire, et ainsi de fous les caractères qu'on peut
tirer de l'ipséité de Dieu. Mais parmi tous ces caractères le
principal est celui-ci : l'ipséité de Dieu est existence et c'est ce
qu'exprime le nom qu'il a révélé comme étant le sien : Jehovah, c'est-
à-dire Celui q'ui est ou Celui qui existe.
Résumé de la démonstration. — II existe quelque chose, à savoir
mes pensées : or toutes mes pensées peuvent ne pas exister.
Soit U tout ce qui peut ne pas exister et qui existe. L'ensemble U
peut ne pas exister et existe. Donc U vérifie la formule A existe >
A est A. Car il ne peut vérifier A existe < A est A, formule qui est
absurde ; il ne peut non plus vérifier A existe = A est A, car alors
l'existence de A lui est nécessaire au même titre que d'être A.
Donc U vérifie A existe > A est A ou A existant > A. Or U
comprend chacun des objets existants qui peuvent ne pas exister.
Donc U existant implique quelque chose d'autre que chacun des
êtres existants qui peuvent ne pas exister : donc un être existant
qui ne peut ne pas exister.
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Or un tel être a une ipséité simple, car si elle est composée, elle
peut ne pas exister. Mais elle ne peut ne pas exister; donc elle
est simple.
Ayant une ipséité simple, un tel être est unique, car une ipséité
qui est exister étant simple, ne peut comprendre d'autre caractère
que celui d'exister. Or s'il y en avait deux, une au moins serait
composée. Donc l'ipséité simple est unique ; donc il n'y a qu'un
Dieu. ' .
La brève étude qui précède, tout élémentaire qu'elle soit, nous
met en mesure d'apprécier à leur juste valeur les fameux systèmes
philosophiques du Matérialisme, du Panthéisme et du Positivisme.
Le Matérialisme admet comme premier principe existant par lui-
même ou par ipséité (et par conséquent éternel), la matière...
Mais la matière est composée, tandis que l'être à existence ipséi-
taire est simple.
Le Panthéisme identifie Dieu, soit avec le monde, mais le monde
est évidemment composé ; soit avec l'existence du monde, mais
l'existence du monde est composée, son existence actuelle est autre
que celle d'un instant quelconque du passé car il a changé depuis ;
soit enfin avec la substance du monde, mais la substance de cet
objet-ci est distincte de celle de cet objet-là et la substance* du
monde est évidemment composée de celle du soleil, de celle de la
lune, etc., etc.
Quant au Positivisme, il est condamné par les conclusions
auxquelles nous avons dû souscrire ; il méconnaît I'Êtke éminemment
positif, Dieu.
Dr Hallez.

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