Вы находитесь на странице: 1из 5

pratique

Incontinence urinaire chez la


femme âgée : que faire au cabinet ?

L’incontinence urinaire (IU) est fréquente chez la femme âgée,


mais reste rarement abordée en consultation générale. Pourtant,
elle est associée à de nombreuses conséquences sur la santé,
particulièrement chez les patientes polymorbides, et à des coûts
conséquents. Le médecin de famille est idéalement placé pour
dépister et prendre en charge cette problématique. Cet ar-
ticle propose une démarche pour guider le choix des investi-
gations et traitements à envisager en présence d’une inconti-
nence urinaire chez une femme âgée.

introduction
L’incontinence urinaire touche jusqu’à 55% des femmes de
Rev Med Suisse 2015 ; 11 : 2104-9
plus de 60 ans, tous type et sévérité confondus.1-5 Au-delà de
75 ans et en long séjour, ce sont même neuf femmes sur dix
V. Ernst qui sont concernées, mais seule la moitié aborderait spontané­
ment cette question avec leur médecin.4,5 Les obstacles existent
L. Saïah tant du côté de la patiente (gêne, banalisation, crainte) que de
Y. Cerantola son médecin (banalisation, nihilisme thérapeutique). Pourtant,
les conséquences de l’incontinence urinaire sont importantes
W. Bosshard Taroni pour le patient (problèmes cutanés, chutes, fractures, dépen-
N. Haftgoli dance, dépression, diminution des activités sociales et de la
qualité de vie), comme pour la société (institutionnalisation,
C. Büla coûts de santé).1,3,5-9 Cet article propose une démarche pour
aborder et prendre en charge l’incontinence urinaire d’une
femme âgée au cabinet.

Urinary incontinence in older women : vignette clinique


what can a GP do ?
Urinary incontinence (UI) is frequent in older
Mme P., âgée de 76 ans, est connue pour une hypertension. Elle consulte son
women but remains often neglected when
they consult their physician. It is associated
médecin traitant en raison de pertes d’urine de plus en plus fréquentes (1-3 x/
with numerous health and social conse­quen­ jour). Elle décrit de la peine à retenir les urines dès qu’elle ressent le besoin
ces that impact on these older persons’ qua- d’uriner, mais aussi lorsqu’elle tousse. Elle vit seule à domicile, craint mainte-
lity of life, as well as on their health care costs. nant ces accidents et limite ses sorties. Elle n’a plus consulté de gynécologue
Primary care physicians should become more depuis huit ans, suite à une hystérectomie.
familiar with this frequent condition. A clini-
cal pathway is proposed to guide them in
diag­nosing and managing of this debilitating
condition. dépistage
L’incontinence urinaire est définie par une perte involontaire d’urine, objecti-
vement démontrable et à l’origine d’un problème social ou d’hygiène pour le pa-
tient et/ou son entourage. C’est le motif de consultation de Mme P., une situation
relativement rare. Plus souvent, l’incontinence doit être recherchée activement,
et un dépistage systématique est recommandé chez les femmes dès 75 ans. Des
questions simples permettent de confirmer la suspicion, orientent sur le type
d’incontinence, et augmentent la probabilité d’une prise en charge :4,5,10
• «Avez-vous des difficultés à retenir les urines ou des sentiments d’urgence ?»
(incontinence d’urgence) ;

2104 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015

12_17_38842.indd 1 05.11.15 08:56


Tableau 1. Causes d’incontinence urinaire aiguë cile à différer, et souvent associée à une nycturie. Le méca-
DIAPERS : signifie protection en anglais. nisme le plus fréquent est une hyperactivité du détrusor
et/ou une diminution de la compliance vésicale. Elle peut
• Délirium, état confusionnel aigu cependant aussi révéler la présence d’une tumeur, d’un
• Infection urinaire
calcul ou d’un urétérocèle, en particulier lorsque des troubles
• Atrophie de la muqueuse génitale
• Psychologique et comportement (état dépressif)
irritatifs (pollakiurie, algurie, faux besoins) l’accompagnent.
• Pharmacologique (psychotropes, opioïdes, diurétiques, IEC, anti­ 3. L’incontinence par regorgement est plus fréquente chez
cholinergiques, alphabloquants, anti-COX 2, antiparkinsoniens, anti­ l’homme âgé et se caractérise par des impériosités miction­
calciques, agonistes alpha-adrénergiques, glitazones, alcool, caféine) nelles, ainsi que des fuites au lever, et se confond souvent
• Excès de diurèse et Endocrine (hyperglycémie, hypercalcémie, excès
avec une incontinence mixte. En raison du risque d’infection
d’apports liquidiens, café, thé, vin blanc)
• Restriction de la mobilité et d’insuffisance rénale, elle doit être référée d’emblée.5
• Selles (constipation, fécalome) 4. L’incontinence fonctionnelle résulte le plus souvent de dif-
ficultés de mobilité ou liées à l’environnement, avec ou
sans anomalie vésico-sphinctérienne.
• «Avez-vous des pertes d’urines lors d’effort, de rire ou
de toux ?» (incontinence de stress) ;
• «Devez-vous porter des protections ?». examen clinique
Le status ciblé recherche des facteurs aggravants poten-
tiels, fréquents chez la personne âgée (fécalome, atrophie
anamnèse et type d’incontinence
de la muqueuse génitale, prolapsus). II comprend l’examen
urinaire abdominal avec la vessie pleine, du périnée, des muqueu­
Lorsque le dépistage est positif, l’anamnèse vise à pré- ses, l’épreuve de Valsalva (incontinence de stress), le toucher
ciser la chronologie (incontinence récente, aiguë, chroni­ rectal et idéalement vaginal pour en évaluer la trophicité
que), l’impact pour la patiente, à relever les antécédents et exclure une cause évidente à référer (tableau 3). L’exa-
et symptômes afin d’orienter vers les origines potentielles men général évalue les capacités fonctionnelles, neurolo-
de l’incontinence, souvent multifactorielles chez la person­ giques et psychocognitives influençant la gestion ou la sur-
ne âgée. Un calendrier mictionnel peut être utile à cette venue d’une incontinence urinaire.
étape s’il n’y pas de troubles cognitifs importants.
L’étiologie d’une incontinence aiguë est souvent liée à
des facteurs potentiellement réversibles (tableau 1).1,6-8 investigations
Lors d’incontinence chronique, le diagnostic étiologique Les examens complémentaires sont individualisés en
s’oriente vers l’une des quatre formes principales observées fonction du type d’incontinence identifié, de l’examen cli-
chez les personnes âgées. On les regroupe sous l’acronyme nique et des souhaits de la patiente. Ils sont orientés dans
SURF pour Stress, Urgence, Regorgement, et Fonctionnelle (ta- le but de traiter des causes potentiellement réversibles
bleau 2).5,6 Chez la femme âgée, l’incontinence est le plus d’incontinence. En cas d’incontinence nouvelle ou de péjo­
souvent mixte, associant composantes d’urgence et de stress. ration récente d’une incontinence chronique, un stix urinaire
1. L’incontinence de stress (ou d’effort) représente une perte permet de rechercher une infection et peut également ré-
d’urine par augmentation de la pression abdominale, sans véler une hématurie nécessitant l’avis du spécialiste. Des
être précédée d’un besoin mictionnel. examens sanguins sont nécessaires en cas de polyurie (gly-
2. L’incontinence d’urgence se manifeste par une perte d’urine cémie, calcémie), de suspicion d’insuffisance rénale aiguë
accompagnée ou précédée d’un besoin irrépressible, diffi- ou de péjoration d’une insuffisance rénale chronique (créa-

Tableau 2. Caractéristiques des différents types d’incontinence urinaire observés chez les personnes âgées

Types Nombre de Circonstances Sensation de Quantité Relation avec Causes


d’incontinence mictions/jour vessie vide l’effort
après miction

Normal 5-7 x Selon besoin Présente Variable Indépendante

Stress Normal ou A l’effort Présente Petite à Systématique et Gynéco-obstétricale (ménopause,


légèrement (toux, rire, en moyenne simultanée prolapsus, chirurgie), urologique,
augmenté se levant) obésité, constipation, BPCO

Urgence Très augmenté Par impériosité Souvent absente Variable, Pas systématique Urologique, chirurgicale, métabo-
souvent grande et retardée par lique, neurologique, cognitive,
rapport à l’effort médicaments

Regorgement Très augmenté En continu, Souvent absente Variable Le plus souvent • Neurogène : vessie atone
goutte à goutte indépendante • Mécanique : lésion urétrale,
sclérose du col postradique,
cystocèle, prolapsus

Fonctionnelle Normal Selon besoin Présente Variable Indépendante Troubles de la marche, visuels,
cognitifs, etc.

2106 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 2105

12_17_38842.indd 2 05.11.15 08:56


Tableau 3. Critères pour référer une situation Tableau 4. Interventions comportementales pouvant
d’incontinence urinaire au spécialiste influencer l’incontinence urinaire
ECBU : examen cytobactériologique des urines.
Mesures comportementales
Situations à référer
• Altération de la phase mictionnelle (dysurie, jet faible, en Habitudes de vie Stop tabac, activité physique régulière, alimenta-
arrosoir, haché, hésitant ou par poussées, sensation de tion équilibrée et suffisante (malnutrition)
vidange incomplète) Hydratation Boire 1,5-2 l/jour, limiter les boissons le soir
• Résidu postmictionnel important (L 200 ml) (2,5 dl au souper), éviter les boissons pouvant
• ECBU pathologique (autre qu’infection) irriter le détrusor (café, thé, alcool)
• Infections urinaires récidivantes associées
Transit intestinal Traitement de la constipation, alimentation riche
• Hématurie en fibres, respecter le besoin
• Prolapsus
• Suspicion de fistule Schéma WC Aller aux WC à heures fixes et avant de sortir
• Douleurs vésicales ou pelviennes
• Insuffisance rénale postrénale
liste, ils ne sont pas abordés ici même s’ils peuvent être
• Radiothérapie ou chirurgie uro-gynéco-pelvienne
• Pathologie ou signes neurologiques une option chez certaines patientes âgées.
• Echec de traitement
Traitement conservateur
Les mesures comportementales (tableau 4) doivent être
tininémie). Enfin, le bilan idéal comprend la mesure du ré- systématiquement discutées, quel que soit le type d’in-
sidu postmictionnel (RPM) à la recherche d’une rétention, continence. Elles peuvent diminuer les épisodes d’incon-
plus rare chez les femmes que chez les hommes âgés, mais tinence et en améliorer la gestion.1-3,5,6,11,12 Elles sont par-
qui contre-indique dans les deux cas l’utilisation d’anticho- ticulièrement importantes chez les patientes atteintes de
linergiques. La mesure du RPM au cabinet n’est cependant troubles cognitifs chez lesquelles les médicaments sont sou­
pas évidente (ultrason, cathétérisme) et reste donc le plus vent contre-indiqués.
souvent l’apanage du spécialiste.7 Pour tout type d’incontinence, l’atrophie des muqueu­ses
génitales (vaginite/urétrite postménopausique) est traitée
L’anamnèse de Mme P. suggère une incontinence mixte avec par une préparation locale peu dosée en œstrogènes, avec
nycturie. L’examen clinique est sans particularité hormis un effet en quelques semaines (tableau 5). Ce traitement
une atrophie des muqueuses génitales. L’aggravation est contre-indiqué en cas de cancer hormono-dépendant.
récente de la symptomatologie est investiguée par un Les patientes motivées et sans trouble cognitif peuvent
stix (infection ?) qui est négatif. Le laboratoire de rou- aussi bénéficier d’une physiothérapie périnéale.5
tine (calcium, glycémie, créatinine) est dans les nor­mes. Lors d’incontinence fonctionnelle et pour les patientes
atteintes de démence, des mesures d’ergothérapie concer-
nant l’habillement (velcro à la place de bouton) et l’amé-
nagement du domicile (accès facilité aux WC, barres d’ap-
prise en charge et traitement pui) peuvent suffire à améliorer la situation.1,8
La prise en charge doit être individualisée en fonction
des souhaits de la patiente, de son état fonctionnel, de ses Le médecin propose à Mme P. d’essayer d’établir un
capacités cognitives, de mobilité et des médicaments con­ «horaire WC», discute la répartition des boissons au cours
comitants. Selon les interventions proposées, de l’aide for- de la journée, introduit un œstrogène local, et change le
melle et informelle (entourage) peut être nécessaire. traitement diurétique pour un autre antihypertenseur.
A l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus validé sur Après deux mois, elle rapporte une nette diminution
la prise en charge de l’incontinence urinaire chez les fem­ des épisodes de nycturie et de fuites à l’effort, mais
mes âgées, mais l’approche combine trois modalités prin- reste invalidée la journée par des besoins impérieux. Sa
cipales de traitement : 1) conservateur ; 2) médicamenteux et 3) fille l’accompagne désormais pour les sorties et lui rap-
palliatif et moyens auxiliaires.5,9 pelle de passer aux WC avant de sortir. L’accès aux WC a
Les traitements chirurgicaux sont du ressort du spécia-

Tableau 5. Traitements œstrogéniques locaux disponibles


Œstrogène local Gel cutané Applicateur intravaginal Anneau
intravaginal
Marque Œstrogel Divigel Blissel gel Œstro Gynaedron Vagifem Estring
Fréquence et dosage 1 x/jour 1 mg 1 x/jour 1 x/jour pendant 1 x/jour pendant 10 ou 25 mgr 1 x/3 mois
3 semaines 1 semaine 1 x/jour pendant
2 semaines
Particularité Sur les bras/épaules, A adapter entre Puis 2 x/semaine Puis 2-3 x/semaine Puis 2 x/semaine
large surface (jamais 0,5 et 1,5 mg/jour
sur les seins)

2106 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 2107

12_17_38842.indd 3 05.11.15 08:56


Tableau 6. Comparaison des traitements anticholinergiques disponibles pour traiter l’incontinence sur
instabilité du détrusor
IR : insuffisance rénale définie ici par clairance l 30 ml/min ; IH : insuffisance hépatique (sévère = Child Pugh C) ; ttt : traitement concomitant ; GI : gastro-
intestinal ; HBP : hyperplasie bénigne de la prostate ; NNT : number needed to treat.

Médicaments Oxybutynine Toltérodine Trospium Solifénacine Darifénacine Fésotérodine


Marque Ditropan Kenetra Detrusitol ret/ Spasmex 20 mg Spasmo- Vesicare 5 et Emselex ret Toviaz ret
5 mg patch Toltérodine urgénine 10 mg 7,5 et 15 mg 4 et 8 mg
3,9 mg/24 h ret 2 et 4 mg 20 mg
Indications Incontinence urinaire d’urgence, impériosités, pollakiurie (vessie neurogène, hyperactive)
Dosage, 1 cp 2- 1 patch 4 mg/jour, 2 x/jour, si IR : 2 x/jour 5-10 mg 1 x/jour, 7,5 mg à 15 mg/ 4-8 mg 1 x/jour
initiation 3 x/jour à 2 x/sem 2 mg si IR ou 1 x/2 jour à si IR ou IH jour après (IR ou IH légère :
max 4 x/jour IH 1 x/jour (le soir) modérée : 2 semaines 4 mg/jour)
5 mg/jour
NNT (IC 95%) 6 10 Pas significatif 6 9 10
pour améliorer (4-11) (7-24) (4-10) (6-18) (7-18)
l’incontinence
NNT (IC 95%) 9 12 9 9 Pas de données 8
pour obtenir (6-16) (8-25) (7-12) (6-17) (6-11)
continence
Contre- Glaucome à angle fermé, tachy-arythmie, myasténie, troubles de la miction d’origine organique (rétention urinaire, sténose des
indications voies urinaires, HBP), dysfonction GI sévère (rétention gastrique, iléus paralytique, mégacôlon toxique, colite ulcéreuse grave),
pollakiurie et nycturie d’origine cardiaque ou rénale
Pas de Prudence si Prudence Ttt fort Ttt fort inhibiteur Ttt fort inhibiteur
données IR, IH si IR, IH inhibiteur du CYP3A4 ou du CYP3A4 ±
pour IR, IH CYP3A4 + IR CYP2D6, IH IR/IH sévère
ou IH sévère sévère
Effets Sécheresse buccale, constipation, inconfort gastro-intestinal, vision trouble, état confusionnel/delirium, tachycardie ; effets
indésirables indésirables diminués avec les formes retard
Prix en CHF 0,85.– à 16,45.–/ 2,15.– ; 0,30 (si IR) à
   1,50.– 1,80 à 3,55.– 2,15.– (pour les 2,10 à 4,20.–
par jour 1,30.– semaine resp 1,70.– 1,20.– 2 dosages)
(ou 2,35.–/
jour)

sent parfois une continence complète (NNT de 8 à 12). Ils


été facilité et Mme P. porte des pantalons plus faciles à
génèrent des effets secondaires fréquents, peut-être
défaire.
moindres avec le trospium et les formes retard.9 Le dosage
A ce stade, selon les souhaits de Mme P. et l’expérience
le plus faible possible est préféré, mais les taux d’adhé-
de son médecin, un médicament peut être proposé d’em-
rence rapportés à six mois et un an sont seulement de 50
blée ou après avis du spécialiste.
et 25%, respectivement. Une adaptation à la situation indi-
viduelle doit toujours être tentée. Par exem­ple, l’oxybuty-
Traitement médicamenteux nine de courte durée d’action au coucher peut être suffi-
Si le traitement conservateur ne permet pas d’améliorer sante chez une patiente avec nycturie, mais qui gère bien ses
suffisamment la situation, divers traitements pharmacolo- mictions la journée. En cas d’intolérance, on peut changer
giques peuvent être tentés. de molécule, mais en cas d’échec ou de rétention urinaire,
Les anticholinergiques ont une efficacité modérée lors un avis spécialisé est recommandé.
d’incontinence d’urgence et mixte après cinq à huit se­mai­ Plus récemment, un agoniste des récepteurs adrénergi­
nes (tableau 6).5 Ils diminuent les épisodes d’incontinence ques bêta-3, permettant un relâchement du muscle détrusor
(number needed to treat (NNT) allant de 6 à 8) et rétablis­ durant la phase de remplissage, a été mis sur le marché. Le

Tableau 7. Définition de la sévérité de l’incontinence urinaire (IU) selon la liste des moyens et appareils (LIMA)
Sévérité de Volume des Définitions selon la LIMA
l’incontinence pertes d’urine
selon la LIMA
Légère l 100 ml/4 h IU d’effort. Perte d’urine en petites quantités dans certaines situations de surcharge comme éternuements,
toux, rire, sports
Modérée 100-200 ml/4 h IU par pression (urge-incontinence), IU mixte. Evacuation de quantités moyennes à importantes à inter-
valles irréguliers en cas de charge et de forte pression sur la vessie avec incontinence incontrôlable
Grave L 200 ml/4 h IU par pression, IU réflexe (neurogène, réflexe spinopathologique, insensibilité́ à la pression sur la vessie).
IU soudaine, avec de grands volumes jusqu’à la vidange complète de la vessie

2108 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 2107

12_17_38842.indd 4 05.11.15 08:56


mirabégron (Betmiga 25-50 mg/jour) a montré une efficacité charge plus invasive peut être discutée lors d’incontinence
similaire aux anticholinergiques tant pour l’amélioration de de stress (bandelettes, injection/ballonnets para-urétraux,
l’incontinence (NNT 9 ; IC 95% : 6-17) que pour le rétablis­ colposuspension) et d’urgence (neuromodulation électrique,
sement de la continence (NNT 12 ; IC 95% : 7-29).5 Un avan- toxine botulinique, chirurgie).
tage est l’absence d’effet anticholinergique ainsi que sur la
qualité de la contraction du détrusor. Les effets indési-
rables principaux sont une hypertension, une nasopharyn- Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec
gite, et possiblement des infections urinaires.11,13 cet article.

Traitement palliatif et moyens auxiliaires Implications pratiques


Les mesures palliatives concernent les situations où au-
cune amélioration supplémentaire ne peut être obtenue ou > L’incontinence urinaire est très fréquente chez la femme
lorsque les patients renoncent à une prise en charge médi- âgée et doit être recherchée systématiquement dès 75 ans
camenteuse. lors d’une consultation
Afin de minimiser l’impact sur la qualité de vie, les pro- > Des examens cliniques et complémentaires simples peuvent
tections sont adaptées en fonction du degré d’incontinen­ préciser le type et l’étiologie de l’incontinence
ce, des capacités cognitives (praxies et fonctions exécutives
en particulier). Une aide par les soins à domicile peut être > De nombreuses mesures non pharmacologiques permet­tent
nécessaire. Certaines marques comme Tena et Hartmann une amélioration et sont à discuter avec chaque patiente
proposent des panoplies de produits adaptés. Le matériel
> Les traitements pharmacologiques ont une efficacité modé-
de gestion de l’incontinence moyenne et sévère est rem- rée mais peuvent parfois rétablir une continence lors d’in-
boursé par l’assurance-maladie suisse avec des sommes continence d’urgence
maximales fixées par degré de sévérité (tableau 7). La de-
mande doit être accompagnée d’une ordonnance et d’un
diagnostic. Pour les cas plus légers, seul le matériel pour Adresses
une incontinence secondaire à une maladie, par exemple Drs Virginie Ernst,1 Yannick Cerantola,2 Lila Saïah,4
neurologique, sera remboursé. Wanda Bosshard Taroni,5 Nader Haftgoli 6
Finalement, chaise percée, urinal et vase sont des moyens et Pr Christophe Büla3
1 Service de médecine interne
auxiliaires susceptibles de rétablir une continence noctur­ne 2 Service d’urologie
chez certaines patientes.1,8 3 Service de gériatrie et réadaptation gériatrique

CHUV, 1011 Lausanne


4 Centre de traitement et réadaptation Chamblon
quand référer à un spécialiste ? EHNV
1436 Chamblon
Si la majorité des prises en charge relèvent du médecin 5 Réadaptation gériatrique
de famille, certaines situations sont à référer d’emblée au Hôpital de Lavaux
spécialiste (gynécologue ou urologue) pour un bilan plus 1096 Cully
complet (calendrier mictionnel, mesure du RPM, débitmé- 6 Médecine interne générale

Cabinet médical
trie, test quantifiant l’incontinence d’effort, examen urody- 1400 Yverdon-Les-Bains
namique, cystoscopie, CT-scan) (tableau 3).5-7 virginie.ernst@hospvd.ch
En cas d’échec du traitement conservateur, une prise en

Bibliographie
1 Bosshard Taroni W. Comment gérer l’incontinen­ce A clinical practice guideline from the American College 10 Rohr G, Christensen K, Ulstrup K, Kragstrup J. Re-
urinaire quand il n’y a pas de traitement curatif ? Forum of Physicians. Ann Intern Med 2014;161:429-40. producibility and validity of simple questions to identify
Médical 2012;3:23-6. 6 * Frank C, Szlanta A. Office management of urinary urinary incontinence in elderly women. Acta Obstet
2 Renard J, Iselin CE. Prise en charge initiale de l’in- incontinence among older patients. Can Fam Physician Gynecol Scand 2004;83:969-72.
continence urinaire chez la femme par l’interniste gé- 2010;56:1115-20. 11 Wolff GF, Kuchel GA, Smith PP. Overactive bladder
néraliste. Rev Med Suisse 2014;10:2322-7. 7 Kassouha A, Gogniat V, Vuagnat H, Meriah H, in the vulnerable elderly. Res Rep Urol 2014;6:131-8.
3 Erdem N, Chu FC. Management of overactive ­Iselin C. Démarche d’amélioration de la qualité des 12 Becher K, Oelke M, Grass-Kapanke B, et al. Impro­
bladder and urge urinary incontinence in the elderly soins liés à l’incontinence urinaire. Rev Med Suisse ving the health care of geriatric patients. Z Gerontol
patient. Am J Med 2006;119:29S-36. 2013;9:2289-93. Geriat 2013;46:456-64.
4 Wenger NS, Roth CP, Shekelle PG, et al. A prac- 8 Yap P, Tan D. Urinary incontinence in dementia – 13 Boldini M, Cerantola Y, Jichlinski P, Valerio M.
tice-based intervention to improve primary care for A practical approach. Austral Fam Phys 2006;35:237-41. Urologie. Rev Med Suisse 2015;11:143-7.
falls, urinary incontinence, and dementia. J Am Geriatr 9 Amarenco G, Gamé X, Petit AC, et al. Recomman-
Soc 2009;57:547-55. dations concernant l’incontinence urinaire de la per-
5 ** Qaseem A, Dallas P, Forciea MA, et al. Nonsur- sonne âgée : construction et validation de l’algorithme * à lire
gical management of urinary incontinence in women : décisionnel GRAPPPA. Progr Urol 2014;24:215-21. ** à lire absolument

2108 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 11 novembre 2015 2109

12_17_38842.indd 5 05.11.15 08:56

Вам также может понравиться