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ARTICLE IN PRESS
Journal de Chirurgie Viscérale (2019) xxx, xxx—xxx
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
ARTICLE ORIGINAL
a
Digestive surgery and liver transplantation department, Toulouse-Rangueil university
hospital, 1, avenue du Pr. Jean Poulhès, 31059 Toulouse Cedex 9, France
b
Department of radiology, Toulouse-Rangueil university hospital, 1, avenue du Pr.
Jean-Poulhès, 31059 Toulouse Cedex 9, France
c
Department of oncology, Toulouse-Rangueil university hospital, 1, avenue du Pr. Jean
Poulhès, 31059 Toulouse Cedex 9, France
https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2019.09.008
1878-786X/© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Conclusion. — Les trois stratégies étaient réalisables et il n’existait pas de différences en termes
de survies globales et sans récidive entre les trois approches. Il existait plus de complications
sévères dans le groupe « combiné », sans meilleurs résultats oncologiques malgré une maladie
hépatique moins importante et des gestes de résection hépatique plus limités.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS Summary
Colorectal liver Aim of the study. — Fourteen to seventeen percent of patients suffering from colorectal cancer
metastasis; have synchronous liver metastases (sCRLM) at the time of diagnosis. There are currently three
Neoadjuvant possible strategies for curative management of sCRLM: ‘‘classic’’, ‘‘combined’’, and ‘‘liver-
chemotherapy; first’’. The aim of our research was to analyze the effects of the three surgical management
Hepatectomy; strategies for sCRLM on postoperative morbidity and mortality and overall and recurrence-free
Synchronous; survival.
Metastasis; Patients and methods. — Patients treated for sCRLM between October 2000 and May 2015 were
Liver resection included. We defined three groups: (1) ‘‘classic’’: surgery of primary tumor and then surgery of
sCRLM; (2) ‘‘combined’’: combined surgery of primary tumor and sCRLM: and (3) ‘‘liver-first’’:
surgery of sCRLM and then surgery of primary tumor.
Results. — During this period, 170 patients who underwent 209 hepatectomies were included
(‘‘classic’’: 149, ‘‘combined’’: 34, ‘‘liver-first’’: 26). The rate of severe complications was
higher n the ‘‘combined’’ group compared to the ‘‘classic’’ group (35% vs. 12%, P = 0.03), and the
‘‘liver-first’’ group (35% vs. 19%, P = 0.25), while there were significantly fewer liver resections.
Overall survival at 5 years in our cohort was 46%, without significant differences between the
groups, and a median survival of 54 months. Recurrence-free survival of the patients in our
cohort was 24% at 5 years, with a median survival time without recurrence of 14 months, without
significant differences between the groups.
Conclusion. — All three strategies were feasible and there were no differences regarding overall
and recurrence-free survivals between the three approaches. The ‘‘combined’’ strategy group
had significantly more severe complications and did not provide better oncological results,
despite less aggressive liver disease and more limited liver resections.
© 2019 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
avec une chimiothérapie dans l’intervalle. L’avantage de métastases hépatiques synchrones était toujours connu au
cette option réside dans le fait que le patient est mis moment de la chirurgie.
à l’abri des complications liées à l’évolutivité du primi-
tif. L’inconvénient principal est le risque de complications Groupes
postopératoires de la chirurgie colorectale, qui peuvent
retarder la prise en charge des métastases hépatiques et Chaque patient était classé dans un des 3 groupes de
conduire à une progression, pouvant rendre celles-ci non l’étude : stratégie « classique », stratégie « combinée » ou
résécables ; stratégie « foie premier ».
• la stratégie « combinée » [10], qui consiste en une
chirurgie simultanée de la tumeur primitive et des méta- Données recueillies
stases hépatiques. Cette stratégie présente l’avantage
d’éviter les chirurgies multiples et a été principalement Pour chaque patient, les paramètres préopératoires
utilisée pour traiter les cancers du colon droit asso- incluaient : âge, taille, poids, IMC, diabète, antécédents de
cié à des hépatectomies mineures [11]. L’inconvénient chirurgie hépatique ou de geste interventionnel hépatique,
de cette stratégie serait représenté par l’augmentation chimiothérapie néoadjuvante, évaluation radiologique, pro-
de la morbi-mortalité postopératoire et le retard jet d’hépatectomie en deux temps, stratégie chirurgicale
d’administration de la chimiothérapie adjuvante ; proposée en RCP (réunion de concertation pluridiscipli-
• la stratégie « foie premier » [12], qui consiste en une chi- naire), localisation du primitif et date de traitement,
rurgie première des métastases hépatique puis dans un biologie préopératoire.
second temps en la prise en charge de la tumeur primitive Les paramètres peropératoires incluaient : durée
après une chimiothérapie d’intervalle. d’intervention, type d’intervention, nombre de segments
réséqués, pertes sanguines estimées, transfusion peropéra-
Cette attitude est souvent réservée aux patients avec toire, cœlioscopie, drainage, clampage ou non du pédicule
une maladie métastatique hépatique importante et une hépatique et durée de clampage.
tumeur primitive asymptomatique. En effet, le pronostic Les paramètres postopératoires incluaient : la surve-
oncologique étant dominé dans ce cas-là par les métastases nue d’une complication grave ou non grave (selon la
hépatiques. De plus, pour le cancer rectal, la résection de classification de Dindo et Clavien [17]), L’insuffisance hépa-
la tumeur primitive peut induire une altération de la qua- tocellulaire postopératoire était définie selon le critère
lité de vie dans le cas des résections basses, ce qui est un 50—50 au 5e jour post-opératoire [18], la mortalité à
risque qui ne doit pas être pris si la maladie métastatique 30 jours, la réintervention, la complication biliaire et le drai-
hépatique ne peut pas être contrôlée. nage percutané, la durée de séjour, la mise en route d’une
Seulement 5 études ont comparé les résultats de ces chimiothérapie postopératoire et le type de chimiothérapie.
différentes prises en charge thérapeutiques, incluant une Les données histologiques étaient : le nombre de lésions
méta-analyse et une revue de la littérature [8,13—16]. sur pièce opératoire, les marges de résection (une résec-
Cependant, ces séries [13—16] comportent de nombreux tion était considérée comme R0 si la marge microscopique
biais et sont majoritairement constituées de faibles effec- minimale était supérieure ou égale à 1 mm), le poids de
tifs, avec des périodes d’inclusion étendues sur plusieurs la pièce opératoire, la présence d’embols et le grade de
dizaines d’années ce qui entraîne une grande hétérogénéité différenciation de la tumeur.
tant sur le plan chirurgical que médical. Les données de suivi incluaient : la date des dernières
Ce travail a pour but d’analyser l’impact des 3 stratégies nouvelles, la date de décès (si applicable), la date de réci-
de prise en charge chirurgicale des métastases hépatiques dive (si présente).
synchrones d’origine colorectale sur la morbidité et la mor-
talité postopératoire ainsi que sur la survie globale et sans Critères de jugement
récidive.
Les critères de jugement utilisés étaient : la survie glo-
bale à 3 ans et 5 ans de la chirurgie ; la survie sans
récidive ; la survenue de complications post opératoire à
Méthodes 90 jours. Les complications post-opératoires étaient classées
en 2 groupes et reposaient sur la classification de Dindo et
Patients Clavien [19] : complications non graves (Clavien-Dindo I et
II) et complications graves (Clavien-Dindo ≥ III).
Tous les patients consécutifs du Centre Hospitalo-
Universitaire de Toulouse qui ont eu une chirurgie pour
métastases hépatiques synchrones (métastases découvertes Réunion de concertation pluridisciplinaire
au diagnostic ou dans les 3 mois après le diagnostic) entre
Tous les dossiers étaient présentés en réunion de concer-
octobre 2000 et mai 2015 ont été inclus.
tation pluridisciplinaire d’oncologie digestive, en présence
d’au moins un radiologue interventionnel, un chirurgien
Critères d’inclusion hépatique, un oncologue digestif et un médecin anatomo-
pathologiste.
Le diagnostic de métastases hépatiques synchrones est La résection curative était réalisée soit anatomiquement
défini par la présence de lésions hépatiques au moment selon Couinaud, soit par résection atypique non anatomique,
du diagnostic de la tumeur primitive (ou dans les 3 mois soit par radiofréquence peropératoire, afin d’épargner le
après le diagnostic) ou la présence de lésions hépatiques parenchyme hépatique. La prise en charge chirurgicale des
ayant conduit à la découverte de la tumeur primitive. Les patients par une des 3 procédures (« classique », « foie
patients pour lesquels le primitif avait été réséqué dans premier » ou « combiné ») était validé en réunion de
un autre centre étaient également inclus. Le diagnostic de concertation pluridisciplinaire selon les recommandations
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4 L. Raoux et al.
françaises de bonne pratique clinique [20] et les données dans le service de chirurgie digestive de l’hôpital Toulouse
de la littérature sur la stratégie « foie premier » [12]. Rangueil.
Les variables quantitatives ont été décrites par leur
Technique chirurgicale moyenne, écart-type, médiane et valeurs extrêmes. Les
variables qualitatives ont été décrites à l’aide de fréquences
Les résections chirurgicales pouvaient être réalisées en 1 ou et pourcentages. Selon la nature des variables et de leur dis-
2 temps, quelle que soit la stratégie choisie, en ayant tribution, une comparaison inter-groupes a été faite à l’aide
recours si besoin à une embolisation portale percutanée pré- du test de Student ou du test des rangs signés de Wilcoxon
opératoire si le volume de futur foie restant était insuffisant. dans le cas des variables quantitatives, du test du 2 ou du
Les résections chirurgicales étaient effectuées après une test exact de Fisher dans le cas des variables qualitatives.
échographie peropératoire systématique. La transsection La survie globale et la survie dans récidive ont été esti-
hépatique était réalisée à l’aide de l’Erbejet (Erbejet, mées selon la méthode de Kaplan-Meier. Le test du log-rank
RBE Elektromedizin GmbH, Waldhornlestrasse, Tübingen, a été utilisé pour la comparaison entre les groupes.
Germany) ou du dissectron (Dissectron, Satelec Medical, Un modèle de Cox a été utilisé pour déterminer les fac-
Mérignac, France) sous clampage pédiculaire total intermit- teurs significativement associés avec la survie et la survie
tent ou sélectif selon l’appréciation du chirurgien. sans récidive des patients opérés de MHsCCR. La survie a
La radiofréquence per opératoire était réalisée par un été étudiée en analyse univariée et multivariée. Les varia-
radiologue formé à cette technique. Sous guidage échogra- bles significatives au seuil de 10 % (p ≤ 0,1) en univarié ont
phique, une électrode de 15 Gauge reliée à un générateur été introduites dans un modèle multivarié. Une sélection
(RITA® Medical Systems, Inc., California, USA) était intro- des variables entrées dans le modèle a été effectuée, afin
duite directement dans le foie puis les baleines étaient d’éviter de conserver des facteurs colinéaires. Une sélection
déployées progressivement dans la tumeur. La thermo- de type « backward » a été utilisée afin de ne conserver que
ablation était ensuite effectuée sur une durée variable en les facteurs significativement associés à la survie globale et
fonction du volume tumoral. Un scanner de contrôle était la survie sans récidive, au seuil de 5 % (p < = 0,05). Les ana-
réalisé à 8 semaines afin de s’assurer de la stérilisation de lyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel R
la lésion. (version 3.1.2). Le package ‘survival’ (version 2.37-7) a été
utilisé pour l’analyse de survie.
Éthique
Les analyses étaient réalisées sur des données cliniques Résultats
anonymes. Chaque patient a donné son accord pour le trai-
tement par consentement écrit. Entre octobre 2000 et mai 2015, 756 hépatectomies ont
été pratiquées dans le service de chirurgie digestive de
Analyses statistiques l’hôpital Rangueil. Durant cette période, 170 patients ont eu
209 hépatectomies pour métastases hépatiques synchrones
Les données ont été extraites d’une base de données en ligne d’un cancer du côlon ou du rectum.
sécurisée, monocentrique, saisie de manière prospective Trois groupes de patients ont été isolés en fonction de la
depuis octobre 2000, et regroupant tous les patients pris en stratégie chirurgicale proposée en RCP : 149 patients (71 %)
charge pour une hépatectomie (toutes causes confondues) dans le groupe « classique », 34 patients (16 %) dans le
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Impact de la stratégie de traitement curatif des métastases hépatiques 5
groupe « combiné » et 26 patients (13 %) dans le groupe moins de clampage. En cas de clampage, celui-ci était
« foie premier » (Fig. 1). significativement moins long dans le groupe « combiné ».
Caractéristiques préopératoires
Caractéristiques postopératoires
Il n’y avait pas de différence significative sur le nombre
La mortalité à un mois était de 0,4 % : un patient de 73 ans
de lésions hépatique et leur caractère bilobaire ou non
dans le groupe « foie premier » opéré par hépatectomie
(Tableau 1). Les patients des groupes « classique » et « foie
gauche élargie aux segments 5, 8 et 1 après embolisation
premier » avaient significativement plus de chimiothérapie
portale a développé une insuffisance hépatocellulaire post-
néoadjuvante (CNA) que ceux du groupe « combiné », et ils
opératoire (Tableau 3). L’analyse anatomopathologique de
avaient deux fois plus de cure de CNA ainsi que plus de bithé-
la pièce opératoire ne montrait pas de lésions hépatiques
rapie cytotoxique associée à de la thérapie ciblée. Dans le
de chimiothérapie dans le foie non-tumoral.
groupe traitement « combiné », il y avait significativement
Le taux de complications postopératoires était de 35 %
moins de répondeur radiologique à la chimiothérapie, moins
(n = 74). Les complications étaient graves dans 49 % des cas.
d’embolisation portale, et moins de ré-hépatectomie.
Les différences de complications non graves entre les
3 groupes n’étaient pas statistiquement différentes. Celles-
Caractéristiques peropératoires ci étaient représentées par : 5 collections intra-abdominales
traitées médicalement, 4 abcès de paroi, 6 drainages
Le geste d’exérèse hépatique était moins important dans prolongées, 6 iléus postopératoires, 6 complications
le groupe « combiné » puisqu’il y avait significativement cardio-vasculaires (fibrillation atriale paroxystique, throm-
moins d’hépatectomies majeures (Tableau 2). Il y avait bophlébite, et surcharge cardiaque ventriculaire gauche) et
aussi un plus faible nombre de segments réséqués et 12 complications infectieuses (infections urinaires, de voie
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6 L. Raoux et al.
de segments réséqués, moins de clampage, des pièces opé- par manœuvre de Pringle. En effet, des auteurs ont mon-
ratoires plus petites et un nombre de métastases plus tré que la manœuvre de Pringle n’était pas corrélée avec
faible à l’analyse anatomopathologique. Malgré cela, il y l’apparition de complication ou de fistule anastomotique
a dans le groupe « combiné », d’une part, un taux de chez les patients traités par la stratégie « combinée »
complications graves qui sont significativement plus élevés, [11,22].
et, d’autre part, des survies qui ne sont pas meilleures Aucun consensus n’est actuellement établi sur la stra-
que dans les 2 autres groupes. Il semble donc que la tégie chirurgicale curative à adopter devant des MHsCCR.
stratégie « combinée » ait un impact péjoratif, avec des Notre série est l’une des plus importantes de la littérature
suites immédiates graves plus élevés qui péjoreraient la après celle de Mayo et al. [13] (qui incluait 1004 patients).
survie. De plus, ces complications mènent au retard de Les séries les plus importantes [13—15] incluaient des
l’instauration de la chimiothérapie adjuvante, impactant patients entre 1982 et 2011, ce qui induit des biais majeurs
négativement le pronostic de ces patients [21]. De façon du fait des progrès de la chimiothérapie et de la chirurgie
controversée, ces complications ne pouvaient pas être expli- hépatique dans cet intervalle de temps très long.
quées par l’augmentation du taux de fistule anastomotique La survie globale à 3 et 5 ans de notre population
ou d’œdème muqueux intestinal induit par le clampage était respectivement de 68 % et 45 %, respectivement.
10
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Tableau 6 Principales études comparatives récentes qui comparent les 3 stratégies de prise en charge des MHsCCR.
Complications sévères Mortalité à 90 jours Récidive aux dernières
(Clavien-Dindo ≥ III) nouvelles
Référence Total Classique Combiné Foie Total Classique Combiné Foie p Total Classique Combiné Foie p Total Classique Combiné Foie p
pre- (%) (%) (%) pre- (%) (%) (%) pre- (%) (%) (%) pre-
mier mier mier mier
(%) (%) (%)
Mayo et al., 1004 647 329 28 113 74 (11) 39 (12) 0 (0) > 0,05 30 (30) 21 (3) 9 (3) 0 (0) > 0,05 556 373 171 12 (43) > 0,05
2012 [13] (11) (55) (60) (53)
Brouquet 142 72 43 27 22 (15) 12 (17) 8 (19) 2 (7) > 0,05 5 (4) 2 (3) 2 (5) 1 (4) > 0,05 93 (65) 51 (71) 23 (53) 19 (70) > 0,05
et al., 2010
[14]
Van der Pool 57 29 8 20 5 (9) 4 (14) 0 (0) 1 (5) > 0,05 NA NA NA NA NA 42 (74) NA NA NA NA
et al., 2010
[15]
MHsCCR : Métastases hépatiques synchrones de cancer colorectal ; NA : Non analysé.
L. Raoux et al.
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Impact de la stratégie de traitement curatif des métastases hépatiques 11
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