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LA CHIMIOTHÉRAPIE
NOTES D’ANALYSE
ORALE DU CANCER
EN 2014
L
e cancer demeure la première L’évolution des connaissances, le déve- en plein essor notamment en France où
cause de mortalité en France. loppement étonnamment rapide des son déploiement est activement soutenu.
Les chiffres d’incidence ont innovations médicales et technologiques Les immunothérapies spécifiques du
doublé ces 30 dernières années, ont en effet bouleversé les modes de prise cancer s’installent et viennent encore
en partie du fait de l’augmen- en charge et en particulier la chimiothé- enrichir l’arsenal thérapeutique.
tation et du vieillissement de la popula- rapie du cancer.
tion. En France, trois millions de per- La réalisation du diagnostic moléculaire
sonnes vivent avec ou après un cancer. Le médicament anticancéreux s’inscrit du cancer s’impose désormais dans de
La morbidité est cependant en diminu- actuellement dans de nouveaux para- nombreuses pathologies cancéreuses
tion (plus d’une personne sur deux gué- digmes. Les concepts et les pratiques évo- afin d’identifier les patients susceptibles
rit après un diagnostic de cancer, mais luent rapidement et profondément en de répondre aux thérapies ciblées notam-
les disparités sont importantes selon les cancérologie, en lien avec le développe- ment et d’éviter des traitements inutiles.
types de cancer), grâce notamment à un ment des connaissances scientifiques qui La création en 2006 des plateformes de
accès plus précoce au diagnostic, mais permettent de mieux comprendre la bio- génétique moléculaire 1 en France en a
aussi aux progrès de la prise en charge logie des tumeurs et le rôle de la génétique permis l’essor et en garantit l’égalité d’ac-
thérapeutique. et d’identifier de nouvelles cibles d’action. cès, situation unique au monde.
tions dans des besoins médicaux non LA CHIMIOTHÉRAPIE ORALE années (2010-2014) par l’arrivée rapide
couverts). Le système des Autorisations S’INSTALLE DE FAÇON DYNAMIQUE d’un nombre important de nouvelles
Temporaires d’utilisation (ATU) en permet DANS LA PRISE EN CHARGE DES molécules et ce, pour un nombre croissant
fréquemment un accès précoce. PATIENTS ATTEINTS DE CANCER d’indications autorisées (AMM initiales et
extensions d’indication) : 67 nouveaux
En 2013, de nouveaux médicaments ont L’offre des médicaments anticancéreux est médicaments autorisés et 97 indications
profondément modifié la prise en charge dynamique et se caractérise ces dernières au cours de la dernière décennie. En
et le pronostic de certains cancers ; c’est le
cas notamment des nouveaux traitements
du mélanome métastatique (immunothé-
rapies spécifiques, thérapies ciblées),
maladie quasi orpheline jusqu’en 2011, et
des nouvelles hormonothérapies orales
dans le cancer de la prostate. 9 ; 22 %
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l’arsenal existant. Les anticancéreux par L’ESSOR DE LA CHIMIOTHÉRAPIE premier recours qui peuvent être amenés
voie orale ne sont pas une simple alter- ORALE EST ASSOCIÉ À DES ENJEUX à les gérer.
native à la voie injectable. Mis à part le MAJEURS POUR LE SYSTÈME
cas des quelques molécules cytotoxiques, DE SANTÉ L’ensemble de ces situations nouvelles
il n’y a le plus souvent pas d’équivalent appelle la mise en place d’actions en
injectable des molécules per os. Des enjeux d’organisation et de coordination termes d’organisation et de communica-
des acteurs tion, afin que qualité et sécurité de la prise
LES NOUVELLES THÉRAPIES La prise orale facilite l’administration du en charge ambulatoire soient assurées.
CIBLÉES CONSTITUENT traitement. Pour autant, le développement
DES AVANCÉES THÉRAPEUTIQUES de la chimiothérapie orale a des impacts Des enjeux économiques : elle participe aux
pour les malades et l’ensemble des acteurs coûts élevés et en augmentation des médi-
Au-delà d’une modalité d’administration de la prise en charge : caments du cancer
plus aisée qui permet de réduire les hospi- lLe patient lui-même, qui prend seul la En 2013, les dépenses associées aux trai-
talisations, les anticancéreux per os sont le responsabilité de la prise du traitement tements anticancéreux pour l’Assurance
plus souvent des innovations thérapeu- au domicile et qui peut être confronté à maladie s’élèvent à 2,6 milliards d’euros
tiques ayant démontré un gain d’efficacité, des difficultés ayant des conséquences par an (contre 2,4 milliards en 2012),
soit chez des patients en situation d’échec sur son adhésion au traitement (obser- répartis comme suit (hors dépenses intra
thérapeutique, soit en première ligne de vance) tel un sentiment de solitude face GHS) :
traitement. Certains sont devenus le trai- à la prise en charge du cancer et à la l1,5 milliard lié aux médicaments de la
tement de référence dans l’indication qu’ils survenue d’effets indésirables ou à une liste en sus à l’hôpital 3 ;
traitent : c’est le cas des inhibiteurs de tyro- banalisation de la chimiothérapie. l 200 millions pour la rétrocession 4 dont
sine kinase ciblant ABL dans le traitement lLes professionnels de santé de premier près de 150 concernent les thérapies
de la leucémie myéloïde chronique, mais recours (médecins généralistes, pharma- ciblées ;
aussi des thérapies ciblées dans les cancers ciens d’officine, infirmiers libéraux) qui l 880 millions pour l’officine, soit une aug-
du poumon non à petites cellules ciblant prennent en charge ces patients en ville, mentation de 14 % par rapport à 2012,
les anomalies de ALK. De nouveaux traite- tout en manquant parfois d’une informa- essentiellement portée par les chimiothé-
ments sont dorénavant disponibles pour tion spécifique, dans la mesure où les pres- rapies orales - environ 86 % des montants
des types de cancer qui en étaient quasi- criptions sont réalisées par des médecins - et notamment les thérapies ciblées (avec
ment dépourvus auparavant (exemple du hospitaliers oncologues et où ils sont rare- une part de 54 % et une croissance de
mélanome métastatique). ment confrontés à ces médicaments en +15,7 %).
raison des populations ciblées assez rares.
Notons que vu la fréquence de ces anoma- l Les professionnels hospitaliers enfin, à La part de la chimiothérapie orale dans ces
lies, le nombre de patients concernés reste travers le changement des pratiques, la dépenses est connue pour ce qui concerne
cependant encore faible et fait miroiter diminution des hospitalisations, l’aug- les dépenses de ville (figure 5). Elle repré-
des espoirs parfois encore lointains pour mentation des files actives de patients sente 757 millions d’euros en 2013 soit une
certaines tumeurs conventionnelles. sous traitement, l’augmentation du augmentation de 17,5 % par rapport à 2012
nombre de consultations, la complexité (644 millions d’euros en 2012).
des consultations et du suivi.
Le développement des chimiothérapies
En outre, la fréquence des effets indési- orales a également un impact sur la struc-
rables associés aux anticancéreux per os ture des coûts du traitement des cancers
3. Soit plus de la moitié du montant total de la liste dite (qui sont essentiellement des thérapies dans les établissements de santé, à travers
« en sus » et ce, pour 36 médicaments du cancer, avec une
augmentation du montant consacré à ces médicaments ciblées pour les nouveaux traitements une diminution des séjours hospitaliers et
de +6,7 % entre 2012 et 2013, et avec des particularités autorisés), leurs spécificités et niveaux de la progression des consultations, condui-
notables : des dépenses concentrées sur très peu de ces
molécules- 5 molécules représentant à elles seules près gravité restent élevés ainsi que les inte- sant à une évolution des modes de tarifi-
de 840 millions d’euros de dépenses ; une majoration des ractions médicamenteuses sont particu- cation en cours d’élaboration sous l’égide
coûts liés aux thérapies ciblées de la liste en sus – une
dépense d’environ 1,0 milliard d’euros en 2012 (+5,2 %). lières. Ces toxicités apparaissent le plus du ministère en charge de la santé (Direc-
4. Médicaments délivrés par les pharmacies à usage souvent chez des patients ambulatoires tion générale de l’offre de soins, DGOS) et
intérieur des établissements de santé pour des patients
non hospitalisés. et ce sont les professionnels de santé de en concertation avec les acteurs.
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CONCLUSION
Si le développement de la chimiothérapie anticancéreuse L’arrivée de nouveaux médicaments anticancéreux
par voie orale constitue un axe d’évolution fort de la prise charge à l’efficacité prometteuse récompense les efforts réalisés
médicamenteuse des patients atteints de cancer, dont par l’ensemble de la communauté oncologique (chercheurs,
les nombreuses implications doivent faire l’objet d’une juste industries, professionnels de santé). Ces promesses
reconnaissance et d’un accompagnement, comme le souligne ne pourront cependant être pleinement réalisées que
le Plan cancer 2014-2019, il ne doit pas faire oublier, d’une part, si l’accès à ces nouvelles molécules est garanti à tous
que la plupart des molécules per os mises sur le marché n’ont les patients qui en ont besoin. Enfin, le prix très élevé
pas vocation aujourd’hui à remplacer des spécialités de ces innovations médicamenteuses interroge la capacité
administrées par voie parentérale, mais à s’inscrire dans du système de protection sociale à assurer le financement
un continuum de prise en charge des patients tout au long pérenne de ces nouveaux traitements, dans le cadre
de leur maladie et, d’autre part, qu’un certain nombre des modèles actuels d’accès au remboursement et de fixation
d’innovations médicamenteuses actuelles (anti-PD1 notamment) du prix des médicaments.
ou à venir sont des thérapeutiques intraveineuses.
Cette situation, compte tenu des niveaux de dépenses déjà
Le paysage de la chimiothérapie anticancéreuse est ainsi engagées dans la lutte contre le cancer en général et dans
appelé à se complexifier. Ce qui souligne l’importance les traitements anticancéreux en particulier, impose une action
d’un accompagnement coordonné du patient dans son rapide et déterminée.
parcours de soins.
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Pour plus d’informations
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