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22-037-P-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 22-037-P-10

Adénopathies cervicofaciales
C de Labrouhe
E Favre
JC Bertrand
Résumé. – Les adénopathies cervicales sont fréquentes et d’étiologie très variée. La confrontation entre les
données cliniques, les explorations biologiques, voire l’examen histologique, permet d’en poser le diagnostic
et d’en indiquer le traitement. Chez l’enfant ou l’adulte jeune, les adénopathies d’origine infectieuse
prédominent. Chez l’adulte après 40 ans, la hantise est celle d’une affection maligne, de pronostic souvent
péjoratif.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : adénopathies, cervicofaciales, chroniques, infectieuses, inflammatoires, malignes.

Introduction ¶ Système vasculaire lymphatique


La lymphe est formée par extravasation de liquide extracellulaire
Les adénopathies cervicales ont de multiples causes. Il s’agit souvent selon des lois de pression hydrostatique. À partir de capillaires [6],
de maladies infectieuses chez l’enfant et l’adulte jeune, mais elles les vaisseaux lymphatiques afférents se drainent dans le sinus sous-
font craindre des pathologies cancéreuses au pronostic souvent capsulaire des ganglions puis, par l’intermédiaire des sinus
péjoratif après 40 ans. À tout âge, la tuberculose reste d’actualité. médullaires, donnent naissance aux vaisseaux lymphatiques
efférents [27]. Ces derniers convergent, puis rejoignent le système
Un interrogatoire rigoureux et un examen clinique soigneux et veineux par le canal thoracique à gauche et la grande veine
systématique permettent souvent une orientation diagnostique. Des lymphatique à droite [27].
examens complémentaires sont pratiqués pour étayer celui-ci et
aider à établir une stratégie thérapeutique adaptée. Le recours au ¶ Formes anatomopathologiques
prélèvement ganglionnaire à visée histologique est souvent Les ganglions lymphatiques ont pour fonction la filtration non
nécessaire à l’affirmation d’un diagnostic précis. spécifique de la lymphe par activité phagocytaire des macrophages,
ainsi que la séquestration et la production des lymphocytes B et T [27].
L’augmentation de volume d’un ganglion est consécutive à
Généralités l’augmentation du nombre de ses cellules, soit par multiplication
intrinsèque, soit par colonisation extrinsèque, soit par les deux
mécanismes [5, 10, 21] :
RAPPELS HISTOLOGIQUES – en réponse à une stimulation antigénique, les lymphocytes se
transforment en grandes cellules blastiques ou en plasmocytes et
¶ Ganglion lymphatique sécrètent des lymphokines amplifiant la réponse locale ; le ganglion
peut rester hypertrophié si l’antigène persiste ;
Les ganglions lymphatiques, amas de lymphocytes groupés en
structures encapsulées et organisées, sont des organes réniformes de – infiltration de cellules inflammatoires (polynucléaires, monocytes)
taille variable situés sur le trajet des gros vaisseaux lymphatiques. d’origine sanguine en réponse à un agent infectieux ;
Les lymphocytes T et B y accèdent par la vascularisation sanguine – prolifération locale de lymphocytes ou de macrophages malins,
et lymphatique afférente [5]. L’aspect histologique d’un ganglion, à ou colonisation par des cellules malignes métastatiques ;
un moment donné, reflète la stimulation antigénique locale et l’état – surcharge macrophagique dans certaines dyslipidémies, stase
immunologique de l’individu [27] . Ainsi, le cortex contient en lymphatique, congestion vasculaire...
proportions variables des follicules lymphoïdes primaires n’ayant
pas subi de stimulation antigénique, contrairement aux follicules
ANATOMIE DU DRAINAGE LYMPHATIQUE
lymphoïdes secondaires dont le centre germinatif clair est constitué
de cellules lymphoïdes à haute activité mitotique [23]. Les ganglions lymphatiques de la tête et du cou se répartissent en
deux grands systèmes [6] : le cercle ganglionnaire péricervical et le
triangle lymphatique cervical.
Corinne de Labrouhe : Chef de clinique-assistant des Hôpitaux.
Estelle Favre : Praticien hospitalier.
¶ Cercle ganglionnaire péricervical
Jacques-Charles Bertrand : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Clinique de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard C’est un réseau horizontal situé à l’union de la tête et du cou. Il est
de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France. constitué par [6, 23] :

Toute référence à cet article doit porter la mention : de Labrouhe C, Favre E et Bertrand JC. Adénopathies cervicofaciales. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Stomatologie,
22-037-P-10, 2000, 10 p.
22-037-P-10 Adénopathies cervicofaciales Stomatologie

– les ganglions occipitaux superficiels et profonds, qui drainent la date et les circonstances d’apparition de l’adénopathie, son caractère
région occipitale et se jettent dans les chaînes spinale et jugulaire asymptomatique ou associé à des signes locaux (douleur provoquée
interne ; ou spontanée, en faveur d’une adénite, aspect cutané, écoulement
– les ganglions mastoïdiens, qui drainent la région temporale et le par une fistule…), voire des signes locorégionnaux (douleurs
pavillon de l’oreille puis rejoignent la chaîne spinale ; cervicales irradiées, otalgies, gêne pharyngée ou dysphagie,
dysphonie), et son évolution dans le temps. Parmi les antécédents
– les ganglions parotidiens sus-aponévrotiques (prétragiens), sous-
sont recherchés une tuberculose, un cancer thyroïdien ou des voies
aponévrotiques (préauriculaire et sous-auriculaire) et
aérodigestives supérieures, une maladie de système, une
intraparotidiens qui drainent la parotide, l’oreille externe et
radiothérapie cervicale, une transfusion sanguine... Sont précisés
moyenne, la région cutanée de la tempe à la lèvre supérieure, les
également l’état sérologique et vaccinal, l’hygiène et le mode de vie
trois quarts externes des paupières. Les ganglions profonds drainent
(profession, consommation de tabac et d’alcool, toxicomanie, contact
les fosses nasales et le voile ; ils rejoignent les chaînes satellites de la
avec des animaux familiers, sexualité non protégée, séjours à
veine jugulaire externe et la chaîne rétroglandulaire, accessoirement
l’étranger, prise médicamenteuse récente [antiépileptiques,
le groupe sous-mandibulaire ;
phénylbutazone]…).
– les ganglions sous-mandibulaires, qui se répartissent en
préglandulaires et rétroglandulaires, prévasculaires et ¶ Examen clinique
rétrovasculaires selon le pédicule facial et inconstamment
intraparenchymateux ; ces ganglions drainent la face du nez au Examen local
menton, la muqueuse jugale, la gencive vestibulaire, les dents et la Il permet de noter le siège de l’adénopathie, son volume, et l’état
base de la langue ; ils aboutissent aux ganglions sous-digastriques, des téguments en regard. Certaines adénomégalies peuvent être
plus rarement sus-omo-hyoïdiens et sous-mentaux ; visibles dès l’inspection. La palpation doit être minutieuse, tête
– les ganglions géniens, inconstants, situés sur le trajet des vaisseaux fléchie en avant pour obtenir un bon relâchement musculaire
afférents sous-mandibulaires ; cervical. Un cou court et gras ou musclé est difficile à examiner
– les ganglions sous-mentaux, qui drainent le menton, la partie correctement. Les aires sous-mentales et sous-mandibulaires sont
antérieure des joues, la pointe de langue et la partie sus-hyoïdienne explorées par un palper bimanuel face au patient : un index sur la
du cou. Ils se jettent dans le ganglion sus-omo-hyoïdien. face cutanée et un index muni d’un doigtier refoulant le plancher
buccal. La région sous-mandibulaire est examinée par des doigts en
¶ Triangle lymphatique cervical crochet en faisant glisser les parties molles sur le rebord basilaire,
Trois chaînes anastomosées entre elles composent ce réseau vertical différenciant ainsi un ganglion non fixé de la glande sous-
en triangle latérocervical. Elles cheminent dans un prolongement de mandibulaire restant en place. Afin d’examiner la chaîne
l’aponévrose cervicale moyenne, entre la voie veineuse et la face jugulocarotidienne, l’examinateur se place derrière le patient dont la
profonde du muscle sterno-cléido-mastoïdien. tête est fléchie vers l’avant et en légère rotation homolatérale. Faire
tousser le patient permet de palper les aires sus-claviculaires [5, 22].
– La chaîne jugulaire interne se décompose par rapport au plan Les autres aires ganglionnaires (axillaires, spléniques,
veineux en ganglions externes et antérieurs. Ces derniers comportent inguinales…) sont également palpées.
un groupe supérieur (ganglion sous-digastrique de Küttner), moyen
Les résultats de cet examen sont consignés sur un schéma daté.
(ganglion de Poirier) et plus rarement inférieur. La majeure partie
de la face est drainée par cette chaîne. Sont ainsi définis :
– La chaîne spinale longe le nerf homonyme au bord antérieur du – le nombre de ganglions perçus ;
trapèze. – leur caractère uni- ou bilatéral ;
– La chaîne cervicale transverse longe le pédicule vasculaire – leur siège d’origine (orientation vers une lésion primitive) ;
homonyme.
– leur volume, mesuré au mètre-ruban, appréciant leur vitesse
Il s’y ajoute des ganglions cervicaux antérieurs, soit la chaîne
d’évolution ;
jugulaire antérieure qui draine la peau cervicale sous-hyoïdienne
vers la chaîne jugulaire interne, soit les ganglions juxtaviscéraux – leur caractéristique douloureuse (quand ils sont inflammatoires)
(prélaryngés, prétrachéaux, récurrentiels) drainant le voile et le ou non ;
pharynx. – leur mobilité par rapport au plan superficiel cutané et aux plans
profonds (musculaire ou vasculaire) ;
¶ Drainage lymphatique lingual
– l’aspect de la peau en regard (inflammatoire, fistulisation,
Le réseau de drainage lingual, système particulier, se répartit en cinq
ulcération, en « peau d’orange ») ;
groupes, fréquemment anastomosés sur la ligne médiane : le
drainage de la pointe de la langue aboutit au groupe sous-mental, – leur consistance ferme, voire dure et ligneuse, élastique ou molle,
puis sous-omo-hyoïdien ; les bords antérieurs de la langue se d’aspect collecté fluctuant.
drainent vers le groupe sous-digastrique ou sus-omo-hyoïdien par
l’intermédiaire des ganglions sous-mandibulaires. Le drainage Examen locorégional
marginal postérieur et central du dos de la langue mobile s’effectue Un examen régional doit rechercher une porte d’entrée microbienne
vers les ganglions sous-digastriques. Leur atteinte bilatérale est potentielle cutanéomuqueuse (rougeur cutanée, ulcération, impétigo,
possible à partir d’une lésion de la base de la langue. folliculite, trace de piqûre d’insecte ou d’aiguille, griffure de chat,
érysipèle ou angine…), ou toute lésion évoquant une tumeur
primitive (cutanée cervicofaciale ou muqueuse de la cavité
Diagnostic positif buccopharyngée). La peau de la face, du cou et du cuir chevelu est
Toute adénopathie requiert une démarche clinique rigoureuse soigneusement examinée. La cavité buccale est examinée sous un
reposant sur un examen clinique rigoureux, lequel oriente bon éclairage, à l’aide de deux abaisse-langue afin de bien déplisser
l’indication des examens complémentaires souvent nécessaires [5]. les muqueuses. À partir de 40 ans, une laryngoscopie indirecte au
miroir doit être systématique, en phonation et en respiration ; cet
DIAGNOSTIC CLINIQUE examen indirect permet également le contrôle du cavum. L’examen
ne doit jamais oublier le toucher pharyngé avec palpation de la base
¶ Interrogatoire de langue et du voile [2, 22].
Il est primordial [2, 5, 12, 14, 23] et précise l’âge et l’état général du patient En l’absence de lésion visible à cet examen clinique simple, une
(asthénie, fièvre, amaigrissement, manque d’appétit, insomnie), la exploration du larynx, du pharynx, des fosses nasales et du cavum

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doit être pratiquée par un spécialiste, avec un bon éclairage et au – Endoscopie sous anesthésie générale, chez tout patient de plus de
mieux à l’aide d’un nasofibroscope [2, 22]. Toute lésion suspecte amène 40 ans alcoolotabagique [14] : elle permet un examen des muqueuses
à pratiquer une endoscopie sous anesthésie générale. du larynx, pharynx et du cavum, avec prélèvements biopsiques au
La glande thyroïde doit être soigneusement palpée. moindre doute. Cet examen est pratiqué en cas de suspicion de
lésion primitive à l’origine de la métastase ganglionnaire.
Examen général – Radiographie thoracique : dans le cadre d’un bilan infectieux
Dans le cadre d’une pathologie générale, outre un examen (tuberculose), de sarcoïdose ou carcinologique.
minutieux des téguments, il faut pratiquer une palpation de toutes – Radiographie standard, à la recherche de calcifications
les aires ganglionnaires (axillaire, inguinales…) et une palpation ganglionnaires ou de lithiase salivaire.
abdominale à la recherche d’une hépatosplénomégalie. Les
adénopathies médiastinales sont appréciées par radiographie – Tomodensitométrie avec injection : elle permet d’apprécier les
thoracique. rapports de volumineuses adénopathies avec les structures
adjacentes, notamment vasculaires et laryngées, à la recherche d’un
Des signes de troubles de l’hémostase doivent être recherchés. envahissement pathologique. Cet examen permet de juger de
l’opérabilité en cas de volumineuse adénopathie.
DIAGNOSTIC PARACLINIQUE – Échographie haute fréquence : elle peut retrouver des
Les examens paracliniques sont indispensables à la confirmation adénopathies infracliniques mais ne peut en apprécier le caractère
d’un diagnostic, mais ils sont demandés en fonction des orientations malin ou bénin. Cet examen peut également éliminer une masse
de l’examen clinique. d’origine salivaire avant un geste de ponction.
– Imagerie par résonance magnétique ou techniques
¶ Examens biologiques d’angiographie : elles ne sont pratiquées que pour des indications
– Numération formule sanguine et vitesse de sédimentation : très particulières.
dépistage d’un processus infectieux (mononucléose, – Sialographie salivaire après des clichés standards sans
hyperleucocytose bactérienne ou neutropénie virale) ou d’une préparation : à faire en cas de suspicion d’origine salivaire à la masse
hémopathie. cervicale.
– Intradermoréaction (IDR) à la tuberculine : tuberculose.
– Tests sérologiques : mononucléose infectieuse, toxoplasmose, virus Diagnostic différentiel
de l’immunodéficience humaine (VIH), syphilis.
Les pièges anatomiques que posent la grande corne de l’os hyoïde,
¶ Examens bactériologiques le cartilage thyroïde et l’apophyse transverse de C2 sont éliminés
Par ponction ganglionnaire du pus, un examen direct et une mise par un bon examen clinique.
en culture peuvent être pratiqués. Avant un tel geste, il est Le problème du diagnostic différentiel se pose surtout devant une
indispensable de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un processus aux masse cervicale unique et isolée, chronique ou persistant depuis plus
dépens du tissu salivaire (glande parotide ou sous-maxillaire), car de 1 mois. En fonction de son siège cervical, de son caractère aigu
alors la ponction est formellement proscrite. Il faut spécifier au ou chronique et du contexte, les diagnostics suivants doivent être
laboratoire les orientations diagnostiques pour le choix d’éventuels éliminés.
milieux spéciaux de culture ou la recherche de parasites [11, 12].
RÉGION SOUS-MENTALE
¶ Examens histologiques
– Kyste dermoïde médian.
– Par ponction cytologique à l’aiguille fine, mais le diagnostic peut
être imprécis ou faussement négatif et a surtout une valeur – Kyste du tractus thyréoglosse : lésion médiane mobile lors de la
d’orientation [5, 21]. déglutition par adhérence à l’os hyoïde.

– Par examen histologique d’une adénectomie chirurgicale fraîche, – Grenouillette sus-hyoïdienne ou processus tumoral de la glande
prélevée sous anesthésie générale : il ne faut jamais pratiquer une salivaire sublinguale.
biopsie en « quartier d’orange » car, s’il s’agit d’une adénopathie
métastatique, on est responsable d’une effraction de la capsule, RÉGION SOUS-MANDIBULAIRE
favorisant la dissémination tumorale ; si le ganglion semble – Pathologie de la glande sous-mandibulaire, infectieuse ou
inextirpable, il est préférable, si possible, de prélever un autre tumorale : la tuméfaction s’étend vers la face interne de l’os
ganglion plus petit [2, 7, 11, 14, 22]. Pour une orientation diagnostique mandibulaire, dont elle reste séparée. L’orifice de Wharton peut
rapide, on pratique alors une empreinte de l’adénopathie sectionnée présenter des signes inflammatoires ou infectieux. La suspicion
en deux et un frottis, avant toute fixation [21]. Il est préférable de d’une pathologie salivaire doit formellement proscrire tout geste
pratiquer l’exérèse de l’adénopathie la plus volumineuse dans sa intempestif de ponction.
totalité, afin de faciliter l’examen histologique et les multiples
techniques de marquage immunohistochimiques permettant de – Cellulite d’origine dentaire : tuméfaction inflammatoire aiguë,
typer les hémopathies malignes. solidaire du rebord mandibulaire le plus souvent, dans un contexte
infectieux général.
Au total, sur une pièce fraîche d’adénectomie, il est impératif de
demander : un examen bactériologique (tube sec et stérile) avec
recherche de tuberculose si nécessaire, une empreinte de la tranche RÉGION LATÉROCERVICALE
de section ganglionnaire (réponse rapide) et un examen – Tumeur du pôle inférieur de la glande parotidienne.
anatomopathologique avec marqueurs immunohistochimiques [11, 14].
Les prélèvements ainsi réalisés sont rapidement transportés aux – Parotidite : signes inflammatoires ou infectieux à l’orifice du canal
laboratoires concernés afin d’éviter tout dessèchement ou altération. de Sténon.
Ne jamais utiliser l’eau ou le sérum physiologique comme fixateur. – Kyste congénital du premier arc.
– Kyste congénital du deuxième arc ou kyste amygdaloïde : bien
¶ Autres explorations
limité et mobile, au bord antérieur et en dedans du muscle sterno-
Certaines de ces explorations cherchent surtout à éliminer un cléido-mastoïdien. En période de surinfection, il peut être confondu
éventuel diagnostic différentiel. avec un adénophlegmon.

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– Lymphangiome kystique. suppurée. Il siège préférentiellement dans la région


– Tumeur du glomus carotidien : pulsatile avec un souffle jugulocarotidienne et expose le patient à de graves complications
auscultatoire. Cette tumeur d’évolution très lente est mobile dans le locales (thrombose vasculaire) ou régionales (diffusion médiastinale,
sens transversal, mais pas dans le sens vertical. L’artériographie est localisation sus-hyoïdienne) [22, 23] (cf infra).
indispensable.
Adénopathie de l’enfant
– Anévrisme carotidien.
L’enfant présente une hyperplasie ganglionnaire plus importante et
– Tumeur thyroïdienne : elle s’ascensionne à la déglutition. Un plus rapide, en réponse à la stimulation antigénique. Les ganglions
nodule latéralisé, proliférant sous le plan musculaire et hypofixant à ne sont pas palpables à la naissance. Le développement du système
la scintigraphie, peut être de diagnostic délicat [11]. lymphatique est maximal entre 4 et 8 ans, puis régresse
– Laryngocèle externe, extériorisée à travers la membrane progressivement après la puberté [10].
thyrohyoïdienne.
Adénopathie tuberculoïde
– Tumeurs nerveuses : de siège plutôt basicervical, elles se
développent aux dépens des branches du plexus cervical ou Cette adénite présente des amas arrondis ou ovalaires de cellules
brachial. Le déficit sensitif ou moteur n’est pas constant. Il peut épithélioïdes dérivées des histiocytes et de cellules géantes [3],
s’agir d’un schwannome, d’un neurofibrome associé ou non à la entourés de lymphocytes et de fibroblastes. Trois orientations
maladie de von Recklinghausen. étiologiques se discutent : tuberculose en présence d’une nécrose
caséeuse (très rarement histoplasmose américaine) ; sarcoïdose ou
– Tumeurs malignes primitives du cou : fibrosarcomes, rhabdo- ou tuberculose en l’absence de toute nécrose ; maladie des griffes du
léiomyosarcomes. chat, pasteurellose ou tularémie en présence d’une nécrose
suppurative [3].

Diagnostic étiologique ¶ Adénopathies d’origine bactérienne

Tuberculose
ADÉNOPATHIES D’ORIGINE INFECTIEUSE
Les adénopathies infectieuses peuvent être d’origine bactérienne, C’est une infection par Mycobacterium tuberculosis hominis surtout et
virale ou parasitaire. Les adénopathies infectieuses sont parfois Mycobacterium tuberculosis bovis.
généralement unilatérales, situées dans le territoire de drainage de L’enquête épidémiologique avec un interrogatoire précis (cf supra)
la porte d’entrée cutanéomuqueuse [5] . Elles peuvent prendre sur le mode de vie est indispensable car il oriente le diagnostic et
différentes formes évolutives : adénite aiguë, adénophlegmon ou permet le dépistage de la maladie chez les proches. Il s’agit le plus
adénopathie chronique. souvent d’adultes jeunes vivant en promiscuité avec de mauvaises
conditions sanitaires, d’une population émigrée, de personnes âgées
¶ Formes cliniques ou immunodéprimées (traitement immunosuppresseur, VIH) [3, 5]. La
tuberculose ganglionnaire reste assez fréquente en Afrique et
Adénite aiguë intéresse une population plus jeune qu’en France [8]. Une tuberculose
pulmonaire ou ganglionnaire correctement traitée est présente dans
L’adénite aiguë présente un premier stade congestif ou séreux avec près d’un quart des cas [3]. Le diagnostic repose sur :
augmentation rapide du volume du ganglion, lequel est
spontanément douloureux et recouvert d’une peau chaude et – l’IDR à 10 unités : test positif (papule supérieure ou égale à 6 mm
érythémateuse. Une zone inflammatoire extraganglionnaire se à la 72e heure), voire phlycténulaire ; en période aiguë (miliaire
constitue, dite périadénite ; elle se traduit par une induration à la tuberculeuse), l’IDR peut être négative [3] ;
palpation et une fixation du ganglion à la peau. Au stade suivant, – des prélèvements : ponction ganglionnaire, crachats, tubage
l’adénite devient suppurée, avec augmentation des douleurs, gastrique. L’examen direct met rarement en évidence des bacilles
adhérences cutanées et fluctuation. En dehors de tout traitement, le acido-alcoolo-résistants à la coloration de Ziehl (BAAR), également
tableau évolue vers une fistulisation ou un adénophlegmon. présents dans la lèpre et l’actinomycose ; la culture sur milieu de
Ces adénites aiguës font partie du tableau clinique de nombreuses Löwenstein est quant à elle spécifique mais demande un minimum
infections de la sphère oto-rhino-laryngologique ou cutanées. Leur de 3 semaines [3].
étiologie est le plus souvent bactérienne banale, streptocoque ou L’examen histologique d’une pièce d’adénectomie note des follicules
staphylocoque selon la porte d’entrée [23]. Au niveau de la cavité de cellules épithélioïdes et de cellules géantes sans nécrose caséeuse
buccale, les lésions responsables peuvent être une péricoronarite de initiale puis avec formation secondaire de caséum [3].
dent de sagesse inférieure, une gingivostomatite ou une parodontite,
mais pas une infection d’origine dentaire (la pulpe dentaire ne La radiographie thoracique de face et de profil systématique est
comporte pas de vaisseau lymphatique) [23]. normale dans près de 50 % des cas [8].
L’hyperleucocytose à neutrophiles et l’accélération de la vitesse de Parfois, le bacille ne peut être isolé ; le diagnostic de tuberculose est
sédimentation sont habituelles. L’évolution d’une adénite aiguë est alors porté sur un faisceau d’arguments posant l’indication d’un
favorable sous traitement adapté, mais l’adénopathie peut rester traitement d’épreuve par antituberculeux [3].
palpable quelques semaines après la guérison [22]. Les adénopathies tuberculeuses présentent plusieurs formes
L’adénite peut évoluer vers la fluctuation par inefficacité ou cliniques [5] :
insuffisance de traitement. À ce stade, un geste local de drainage est – les adénopathies chroniques sont la présentation la plus fréquente,
alors nécessaire, associé au traitement médical par voie générale la primo-infection étant plus ou moins lointaine, voire passée
[22, 23]
. inaperçue. Les ganglions sont multiples, fermes, indolores, de taille
L’adénite subaiguë est d’apparition plus lente et plus atténuée, et inégale et sans périadénite au niveau des chaînes spinale et cervicale
peut évoluer vers une adénopathie chronique. haute, augmentent progressivement de volume, puis évoluent vers
un abcès froid avec ramollissement puis fistulisation permettant la
Adénophlegmon drainage d’un pus grumeleux, le caséum [12, 20] ;
Dans l’adénophlegmon, le processus inflammatoire s’étend au-delà – les adénopathies peuvent accompagner un chancre d’inoculation :
de la capsule ganglionnaire, avec aggravation des signes locaux et petite ulcération superficielle buccale, à fond violacé, à bords minces
généraux. Il peut être primitif ou consécutif à une adénite aiguë et décollés, siégeant surtout sur l’amygdale ou la gencive

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Stomatologie Adénopathies cervicofaciales 22-037-P-10

mandibulaire [14, 21] . Les adénites sont principalement sous- conjonctivite purulente et adénopathies prétragiennes. L’atteinte
mandibulaires, indolores, mobilisables au stade initial puis oropharyngée (contamination par voie orale) associe une amygdalite
progressivement fixées par la périadénite. Elles évoluent également sévère, érythématopultacée unilatérale avec des adénopathies
vers le ramollissement puis la fistulisation avec écoulement d’un pus inflammatoires satellites. La contamination pulmonaire est possible
grumeleux verdâtre ; par voie aérienne (personnel du laboratoire d’analyse) ou par le biais
– l’adénopathie chronique calcifiée, froide et de découverte souvent d’une bactériémie : toux sèche ou douleurs pleurales, infiltrat
fortuite est le témoin d’une ancienne tuberculose guérie ; radiologique inhomogène disséminé. Plus rarement, sont décrites
des formes pseudotyphiques, avec diarrhées et douleurs
– les adénopathies peuvent accompagner des ulcérations abdominales par ulcérations digestives.
tuberculeuses buccopharyngées ou laryngées secondaires chez des
Quelle que soit la forme clinique, la complication la plus fréquente
tuberculeux pulmonaires.
est la suppuration ganglionnaire, même après antibiothérapie.
Le traitement des adénopathies tuberculeuses repose sur
Le diagnostic est affirmé par la bactériologie :
l’association de plusieurs antituberculeux sur une durée de plusieurs
mois. Si des adénopathies résiduelles persistent après un traitement – recherche du germe par ponction d’un ganglion, grattage d’une
médical correctement suivi, un évidement cervical peut être proposé lésion cutanée, hémoculture ou examen des selles... ;
[3, 22]
. Ce geste est d’autant plus difficile que le contexte est
– sérologie (il existe des réactions croisées avec les sérologies de la
inflammatoire.
brucellose et la yersinose) ;
Syphilis – IDR à la tularine, positive dès la deuxième semaine ; elle
déclenche en 48 heures une réaction érythématopultacée, voire
Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible due à un
phlycténulaire [14].
spirochète, Treponema pallidum. L’enquête épidémiologique est
indispensable à l’interrogatoire, à la recherche de rapports non En prévention, il existe un vaccin vivant atténué qui diminue
protégés contaminants. Dans un but de prévention, les partenaires l’importance des manifestations. Le traitement curatif repose sur les
doivent être recherchés pour dépistage et traitement. Le diagnostic aminosides en monothérapie (gentamycine : 2 mg/kg trois fois par
de certitude est bactériologique : jour durant 7 jours, par voie intraveineuse ou intramusculaire). En
présence d’une adénite suppurée, un geste de drainage chirurgical
– tests sérologiques par TPHA (Treponema pallidum est nécessaire.
haemagglutination assay) (hémagglutination passive), VDRL (venereal
disease research laboratory) et FTA (fluorescent Treponema antibody) Maladie des griffes du chat
(immunofluorescence indirecte) ;
C’est une lymphoréticulose bénigne d’inoculation pour laquelle
– prélèvements par ponction du ganglion ou raclage du chancre plusieurs germes ont été suspectés : Chlamydiae, mycobactéries, virus
(sans le faire saigner) pour examen direct au microscope à fond noir et un bacille à Gram négatif du genre Rothia [3, 5]. Actuellement, le
et mise en culture. germe incriminé est Rochalimaea henselae [20, 28].
Lorsque le chancre primaire est absent, ou au stade de syphilis Cette affection survient neuf fois sur dix avant l’âge de 18 ans. Après
secondaire, le diagnostic n’est pas toujours facile. L’étude 2 à 3 semaines, une volumineuse adénopathie subaiguë apparaît,
histologique du produit de ponction du ganglion peut être satellite du point d’inoculation, sous la forme d’une papule rouge et
évocatrice [4] : hyperplasie folliculaire prédominante, plasmocytose indolente ou d’une vésiculopustule [ 1 4 , 2 3 ] . L’évolution est
intense surtout au niveau des zones périfolliculaires et médullaires, spontanément favorable même en l’absence de traitement, parfois
images de vascularite oblitérante, fibrose capsulaire importante. après fistulisation de l’adénopathie. Le pus est jaune verdâtre,
Après une incubation de 20 jours, la syphilis se révèle sous la forme apparemment stérile en culture sur les milieux usuels [20].
d’un chancre primaire, exulcération muqueuse à fond induré [14]. Ce L’IDR est positive à l’antigène spécifique de Reilly, mais elle peut
chancre précède de 8 jours les adénopathies sous-mandibulaires correspondre à une ancienne maladie des griffes du chat passée
groupées, dont une est plus volumineuse, dure, indolore et mobile inaperçue [3, 14].
sans périadénite [4, 5] . Ces polyadénopathies persistent après
cicatrisation du chancre : 2 à 4 mois après traitement et 1 à 2 ans en Sur un plan histologique, l’adénopathie est tuberculoïde
son absence [23]. suppurative.
La syphilis secondaire est beaucoup plus rare depuis la Le traitement repose sur les cyclines [22].
pénicillinothérapie ; elle réalise une micropolyadénopathie
généralisée avec des ganglions fermes, non inflammatoires, mobiles Adénites à mycobactéries atypiques
et indolores, disséminés dans les aires cervicales postérieures Souvent dues à Mycobacterium scrofulaceum, ces adénites surviennent
(occipitales, mastoïdiennes et épitrochléennes) [14]. Plus tardivement surtout chez l’enfant très jeune (65 % avant 3 ans). La porte d’entrée
peuvent apparaître roséole, arthralgies, alopécie. serait cutanée (cuir chevelu, oreille externe ou face [17]) et muqueuse
(voies aériennes supérieures [13, 23]). Après 2 ans, une grande partie
Tularémie des enfants présentent une réaction positive aux sensitines de
Cette infection est une anthropozoonose rare due au germe mycobactéries, d’où l’existence probable de primo-infections latentes
Francisella (Pasteurella) tularensis, coccobacille aérobie strict à Gram immunisantes [17].
négatif. Elle est transmise à l’homme par piqûre d’un insecte vecteur L’adénopathie cervicale est froide, isolée, ferme et mobile, de
(tique principalement), par contact cutané direct ou par ingestion de croissance initiale rapide ; elle évolue en 1 à 2 mois vers la
viande de lièvre contaminée [1, 5]. Elle prédomine dans le centre et suppuration et la fistulisation, avec conservation de l’état général et
l’Est de la France. Les professions exposées sont les bouchers, les absence d’image pulmonaire [13, 17, 23]. Son siège est prétragien et sous-
cuisiniers et les chasseurs. mental, voire sous-angulomandibulaire et cervical supérieur.
Le germe se multiplie au niveau de la porte d’entrée puis est L’évolution est bénigne et reste localisée mais peut durer plusieurs
responsable d’une bactériémie après essaimage ganglionnaire, avec mois avec cicatrisation puis réapparition des fistules. Les séquelles
des atteintes viscérales (poumon et système lymphatique). Après 1 à sont esthétiques.
14 jours d’incubation apparaît un syndrome pseudogrippal puis des Le diagnostic différentiel de tuberculose est parfois difficile à
adénopathies inflammatoires dans le territoire de drainage. Le éliminer mais le jeune âge, la fistulisation rapide et des réactions
chancre d’inoculation apparaît parfois comme une ulcération tuberculiniques faibles sans notion de contage sont en sa défaveur.
légèrement congestive recouverte d’une croûtelle. Les localisations Les sérologies éliminent la tularémie et la maladie des griffes du
oculoganglionnaires (contact avec des doigts souillés) associent chat.

5
22-037-P-10 Adénopathies cervicofaciales Stomatologie

Le diagnostic est posé grâce : Autres adénopathies bactériennes


– aux IDR aux sensitines de mycobactéries atypiques positives dès Elles peuvent être consécutives à une infection comme :
le quatrième jour ; – la pasteurellose : adénopathie tuberculoïde suppurative
– à l’examen direct de la ponction ganglionnaire qui ramène du pus
[3]
;
franc : présence de nombreux BAAR et absence de germe banal ; – la brucellose : adénopathie basicervicale de volume modéré et peu
douloureuse, souvent associée à un ganglion axillaire, avec
– à la mise en culture des prélèvements sur milieu de Löwenstein-
arthralgies, sueurs, asthénie, anorexie et fièvre ondulante ; la biologie
Jensen et de Coletsos ; ce sont des germes, parfois saprophytes de
révèle une leuconeutropénie modérée et une mononucléose. Le
contamination, à croissance lente de 2 à 4 semaines [13, 22, 23], dont la
diagnostic repose sur l’IDR à la mélitine et le sérodiagnostic de
recherche doit être précisée au laboratoire ; les germes isolés sont Wright, positif à partir du 15e jour ; traitement par tétracyclines [14,
Mycobacterium scrofulaceum principalement, mais aussi Mycobac- 23]
;
terium gordonae, kansasii, intracellulare et avium.
– la peste : Yersinia pestis ;
Dans l’attente des résultats, les patients sont souvent placés sous
traitement d’épreuve par antituberculeux en raison de réactions – la diphtérie : Corynebacterium diphteriae.
tuberculiniques souvent positives et de la présence de BAAR à
¶ Adénopathies d’origine virale
l’examen direct du produit de ponction [13, 17] . Un traitement
chirurgical local peut être proposé [23]. Plus rares que les bactériennes, elles ont peu de caractéristiques
spécifiques et le contexte prend toute son importance.
Actinomycose
Mononucléose infectieuse
C’est une affection par Actinomyces, bacille à Gram positif, anaérobie
Cette affection est due à l’Herpèsvirus d’Epstein-Barr. De 15 à 20 %
strict, asporulé et filamenteux, faisant partie de la flore endogène de
de la population seraient des porteurs sains [23] . Elle atteint
Veillon. l’adolescent ou l’adulte jeune (entre 15 et 25 ans), par contamination
L’atteinte cervicofaciale est la plus fréquente (50 à 60 % des cas). La salivaire. Elle débute par une angine érythématopultacée ou
porte d’entrée est endobuccale : soin dentaire, traumatisme oral, ulcéronécrotique, voire pseudomembraneuse, associée à des signes
lithiase salivaire, mauvaise hygiène buccodentaire [20] . Après généraux : fièvre, malaise, asthénie et myalgies [ 5 ] . La
quelques semaines, l’adénopathie apparaît, de siège sous-angulo- polyadénopathie est modérément inflammatoire, sous-mandibulaire
mandibulaire, ligneuse, adhérente, évoluant vers l’abcédation, dans et spinale, avec une discrète splénomégalie [14]. Le diagnostic repose
un contexte apyrétique. La fistulisation laisse sourdre un pus épais sur :
contenant des grains caractéristiques actinomycosiques jaunes, dits – la numération formule sanguine : hyperleucocytose et
« grains sulfures ». Des atteintes thoraciques (20 à 25 %), monocytose ;
abdominales (15 à 20 %) ou pelviennes (5 %) sont possibles.
– le MNI-test (8 % de faux positifs) à confirmer par la réaction de
Le diagnostic est posé d’après les cultures en milieu spécial enrichi, Paul-Bunnell-Davidsohn positive vers le septième jour.
en anaérobiose stricte. À l’examen direct du pus, les grains jaunes et Le traitement de la mononucléose est symptomatique, avec repos
des filaments palissadiques sont caractéristiques. au lit. La guérison est spontanée en 3 à 6 semaines [23]. L’ampicilline
Le traitement repose sur la pénicilline par voie parentérale est contre-indiquée car elle peut provoquer l’apparition d’un
prolongée [20]. érythème morbilloscarlatiniforme [22].

Cas particulier de l’adénophlegmon Syndrome immunodéficitaire acquis (sida)


Les patients atteints par le VIH peuvent développer des
L’adénophlegmon évolue de manière aiguë, sous un aspect
adénomégalies sur toutes les aires ganglionnaires, y compris
pseudotumoral inflammatoire, dans un contexte fébrile avec
cervicales.
altération de l’état général parfois majeure. L’examen clinique note
un empâtement mal limité du cou, très inflammatoire et douloureux, Ces adénopathies sont fermes, indolores et mobiles, persistant dans
au moins deux aires ganglionnaires, souvent d’un diamètre
avec une peau tendue, luisante et hyperhémiée. L’adénophlegmon
supérieur à 1 cm [5]. Au stade de sida avéré, les adénopathies
rétropharyngien (chez le nourrisson surtout) se traduit par une
disparaissent par déplétion lymphocytaire ; leur réapparition doit
dysphagie, une « voix de canard », une dyspnée avec tirage et un
faire suspecter un lymphome, un sarcome de Kaposi lymphonodal
torticolis [23].
ou une infection opportuniste à mycobactéries. D’autres parasites
Chez l’enfant, l’adénophlegmon siège principalement dans la région ou mycoses (toxoplasmose, Pneumocystis carinii, cryptococcose,
sous-angulomandibulaire. Le germe le plus fréquent est le histoplasmose…) peuvent être responsables de tuméfactions
staphylocoque doré, dont l’origine cutanée est habituelle, surtout cervicales chez le patient atteint par le VIH [5, 15].
avant 2 ans [18]. La porte d’entrée n’est pas toujours facile à mettre Un prélèvement ganglionnaire pour étude histologique et
en évidence, car 2 à parfois 8 semaines peuvent s’écouler avant bactériologique est indispensable [15]. Au stade lymphadénopathique,
l’apparition de l’adénophlegmon. Le contexte (absence d’hygiène de les ganglions examinés présentent surtout une hyperplasie de type
l’enfant et de l’entourage) est un élément d’orientation [18]. folliculaire aspécifique, spontanément résolutive. Au stade de
Deuxièmes par ordre de fréquence, chez l’enfant de 2 à 5 ans, sont sarcome de Kaposi, une prolifération de cellules fusiformes d’origine
les adénophlegmons par streptocoques bêtahémolytiques, d’origine endothéliale délimite des fentes vasculaires ; l’atteinte ganglionnaire
pharyngoamygdalienne. Entre 5 et 10 ans, les streptocoques peut être massive ou parcellaire capsulaire [15, 24].
alphahémolytiques d’origine buccodentaire sont responsables [18]. Herpès
Chez l’adulte, l’adénophlegmon est principalement d’origine Il s’agit d’une infection par le virus Herpès simplex hominis de type
buccodentaire, parfois à germes anaérobies. 1, responsable d’une gingivostomatite lors de la primo-infection avec
L’adénophlegmon impose une hospitalisation pour antibiothérapie des adénopathies cervicales hautes bilatérales, une fièvre et une
adaptée par voie intraveineuse et drainage chirurgical ; toute dysphagie en rapport avec les lésions muqueuses érosives.
corticothérapie est formellement contre-indiquée. Lorsque les signes L’évolution est spontanément favorable en 10 à 15 jours.
locaux s’amendent, un relais thérapeutique per os peut être envisagé Lors des récurrences herpétiques, les adénopathies sont
[18, 22]
. classiquement absentes, sauf en présence d’une surinfection.

6
Stomatologie Adénopathies cervicofaciales 22-037-P-10

Rubéole de réactions granulomateuses identiques à celles de la toxoplasmose,


la tuberculose ou la sarcoïdose. Un examen attentif recherche les
Dans cette affection fréquente due à un togavirus , la
[22, 23]
corps de Leishman-Donovan, inclusions cytoplasmiques des
polyadénopathie cervicale rétroauriculaire ou sous-occipitale
macrophages représentant la forme intracellulaire du parasite.
survient 1 semaine avant l’éruption cutanée et peut persister de 2 à
3 mois [5]. Ces adénopathies sont petites, bien mobiles et peu Un traitement médical n’est instauré que dans les formes
sensibles, associées à des arthralgies et une fébricule. viscérales [20].
La numération sanguine révèle une leucopénie avec plasmocytose,
Trypanosomiases
et parfois une mononucléose [14]. Le diagnostic est confirmé par
dosage des anticorps à 15 jours d’intervalle. En Afrique, la maladie du sommeil est due à une piqûre par la
Le traitement est symptomatique. Chez la femme enceinte non mouche tsé-tsé. Une fièvre irrégulière et un érythème circiné
immunisée, on pratique une sérothérapie par gammaglobulines s’associent à des adénopathies cervicales postérieures indurées. Sans
humaines. La prévention est la vaccination des filles séronégatives traitement, la maladie aboutit au décès.
avant la puberté. La maladie de Chagas est due à une piqûre de punaise, souvent sur
la face. Le point de piqûre devient induré, érythémateux et
Rougeole douloureux, avec des adénopathies régionales au bout de 3 jours,
puis une dissémination viscérale, dont le système nerveux central [23].
Dans cette infection par paramyxovirus, les ganglions sont petits et
mobiles, coexistant avec le signe de Koplik à l’ostium des canaux de Ces deux affections doivent bénéficier d’un traitement
Sténon. médicamenteux approprié.

Autres adénopathies d’origine virale Échinococcose

– Cytomégalovirus : tableau proche de la mononucléose infectieuse, Echinococcus granulosus peut exceptionnellement entraîner un kyste
avec des adénopathies moins volumineuses. hydatique du ganglion sous-maxillaire, sa localisation hépatique
étant bien plus fréquente. L’adénopathie est indolore, molle,
– Virus Herpès zoster : adénopathies régionales indolores fluctuante, à contours lisses, bien mobile, de croissance lente et
accompagnant l’éruption métamérique. continue [23].
– Adénovirus : adénopathies de petite taille, peu inflammatoires, La ponction est strictement contre-indiquée en raison du risque de
relativement mobiles, sans tendance à la suppuration. Lors des dissémination. La numération sanguine retrouve une
atteintes kératoconjonctives, les adénopathies sont prétragiennes [23]. hyperéosinophilie. Le diagnostic est affirmé par des tests
– Virus coxsackie et échovirus. d’hémagglutination indirecte et de précipitation.
Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale [23].
¶ Adénopathies d’origine parasitaire
¶ Adénopathies d’origine mycosique
Toxoplasmose – Histoplasmose : lésions granulomateuses avec manifestations
Cette infection très courante passe souvent inaperçue, puisque 90 % cutanéomuqueuses et adénopathie abcédée froide. Par inhalation des
de la population a une sérologie positive à 30 ans. L’agent infectieux spores, les manifestations sont pulmonaires. Diagnostic par examen
est un parasite intracellulaire, Toxoplasma gondii [5, 16, 28]. Le contage direct des prélèvements, mise en culture sur milieu de Sabouraud
se fait par contact avec des déjections de chat ou consommation de ou gélose au sang et IDR à l’histoplasmine [14, 23].
viande contaminée insuffisamment cuite ou de crudités ou légumes – Sporotrichose : pénétration par lésion cutanée avec adénopathie de
souillés. l’aire de drainage.
La primo-infection associe des adénopathies occipitales et spinales
– Coccidioïdomycose : forme pulmonaire, forme cutanée ou forme
(multiples, indolores et mobiles) à un syndrome grippal inconstant.
disséminée. Les atteintes buccales s’accompagnent d’adénopathies
Ces ganglions persistent de 6 à 12 mois, mobiles, fermes et indolores.
abcédées froides.
Chez des patients immunodéprimés, la symptomatologie peut être
plus grave, avec des atteintes neurologiques dont l’encéphalite [16, 23]. – Paracoccidioïdomycose : lésions buccales avec adénopathies
Le diagnostic repose surtout sur le contexte et la sérologie avec rétroauriculaires à fistulisation rapide puis nécrose, de mortalité non
dosage des immunoglobulines (Ig) M présentes dès la première négligeable [23].
semaine et pour quelques mois. Le taux des IgG est maximal vers 1
à 2 mois. En cas d’évolution ganglionnaire depuis plusieurs mois, le ADÉNOPATHIES D’ORIGINE INFLAMMATOIRE
diagnostic de toxoplasmose devient difficile : les IgM ont disparu et IMMUNOALLERGIQUE
les IgG peuvent n’être que le signe d’une infection ancienne ; le
Ce sont des maladies résultant d’une activation du système
contexte prend alors toute son importance pour le diagnostic
immunitaire, avec des adénopathies localisées ou généralisées.
différentiel, notamment avec un lymphome non hodgkinien [16].
¶ Sarcoïdose
Leishmaniose
Encore appelée kala-azar ou fièvre doum doum, la leishmaniose est Dans la sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann, les
une réticuloendothéliose parasitaire transmise par des insectes, les adénopathies cervicales sont sus-claviculaires, fermes, mobiles,
simulies. Cette affection est endémique en Asie, Amérique du Sud, indolores et de petite taille, ne passant jamais au stade de
Afrique et certains pays méditerranéens. La période d’incubation est suppuration [5, 23].
variable, de 1 ou 2 semaines à quelques années [19]. Selon la zone L’histologie est de type tuberculoïde, avec absence de toute nécrose,
d’endémie, les manifestations sont cutanées, muqueuses ou suppurative ou caséeuse [3]. Le diagnostic différentiel en est donc la
viscérales. tuberculose, au stade précaséeux.
La forme chronique de leishmaniose, la plus fréquente chez l’enfant, Le lavage bronchoalvéolaire (hyperlymphocytose alvéolaire de 30 %
est de localisation essentiellement viscérale, contrairement à l’adulte, dont 90 % de lymphocytes T) et le dosage sérique de l’enzyme de
chez qui l’atteinte ganglionnaire peut être isolée et parfois conversion de l’angiotensine, élevé dans 90 % des sarcoïdoses
spontanément résolutive [19]. Le diagnostic est alors histologique sur actives, sont des éléments diagnostiques [3, 14].
un prélèvement ganglionnaire car les examens hématologiques et En fonction du stade de la maladie, une corticothérapie est
sérologiques peuvent rester négatifs. La leishmaniose est responsable proposée [22].

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22-037-P-10 Adénopathies cervicofaciales Stomatologie

¶ Connectivites et maladies auto-immunes de système ¶ Adénopathies malignes hématologiques


Près de la moitié des cas de lupus érythémateux disséminé ont des Les adénopathies malignes hématologiques sont en général mobiles,
adénopathies cervicales diffuses. fermes ou élastiques, indolores et sans aspect inflammatoire.
Un tiers des cas de polyarthrite rhumatoïde ont des adénopathies
axillaires et épitrochléennes [22] . Elles sont plus rares dans la Lymphome hodgkinien
sclérodermie systémique. Il touche surtout l’adulte jeune (de 20 à 30 ans) et débute souvent
par une ou plusieurs adénopathies cervicales basses et superficielles,
¶ Adénite nécrosante de Kikuchi unilatérales, plus ou moins fermes, indolores, sans périadénite et
C’est une affection décrite en 1972 par Kikuchi et Fujimoto, chez des sans signe accompagnateur. L’évolution se fait vers une
jeunes femmes japonaises (30 ans), d’étiologie incertaine : infectieuse bilatéralisation cervicale et une dissémination générale. À un stade
ou auto-immune [27]. plus avancé, apparaissent des signes généraux : fièvre, prurit et
splénomégalie, douleurs lors de l’ingestion d’alcool.
L’adénopathie en contexte fébrile est présente à 85 %, avec parfois
diarrhée, frissons, nausées et vomissements, asthénie, rash cutané La ponction ganglionnaire retrouve parfois des cellules de Sternberg,
aspécifique, douleurs thoraciques ou abdominales. L’adénopathie est mais seule une adénectomie chirurgicale permet un diagnostic
douloureuse, cervicale, unique, parfois thoracique ou abdominale, histologique fiable et précise certains facteurs pronostiques [2, 5].
et évolue vers la guérison en 3 à 6 mois [23, 27]. Un bilan d’extension permet de classer la maladie en quatre stades,
Le diagnostic n’est qu’histologique, proche de certains lympho- en fonction de l’importance et du nombre de territoires atteints : rate,
mes [28]. Les adénopathies contiennent des foyers de nécrose avec foie, poumon, squelette, moelle osseuse [22, 23]. Cette classification
des débris éosinophiles et nucléaires, des nodules confluents de clinique permet d’établir un pronostic et une stratégie thérapeutique
petits lymphocytes et des plasmocytes. associant diversement chimiothérapie, radiothérapie et
corticothérapie.
Il n’y a pas de traitement spécifique et un geste chirurgical d’exérèse
est souvent proposé.
Lymphome non hodgkinien
¶ Autres adénopathies inflammatoires Il touche plutôt l’homme de 50 à 70 ans, avec des manifestations
extraganglionnaires dans 20 à 40 % des cas.
– Lymphadénopathie angio-immunoblastique : par prolifération de
lymphocytes B, parfois confondue avec une maladie de Hodgkin, Les adénopathies sont un signe clinique précoce. Elles sont
mais absence de cellules de Sternberg. C’est une polyadénopathie élastiques, mobiles, multiples, pouvant former une masse
du sujet âgé (après 60 ans), sus-claviculaire ou axillaire, avec fièvre, ganglionnaire plus volumineuse que dans le lymphome hodgkinien.
sueurs, amaigrissement et prurit [23]. Il existe une hyperglobulinémie Elles sont le plus souvent sus-claviculaires. Il existe dans 20 % des
polyclonale, une hypoalbuminémie et une anémie hémolytique. cas une localisation au niveau de l’anneau de Waldeyer, accessible à
la biopsie, sous l’aspect d’une tuméfaction lisse, ferme, recouverte
– Hyperplasie ganglionnaire gigantocellulaire ou maladie de Castelman : d’une muqueuse normale ou violacée [2, 11, 22].
les adénopathies sont surtout médiastinales, rarement cervicales [23].
Dans 10 à 20 % des cas, des signes généraux sont associés : asthénie,
L’étiopathogénie en reste discutée.
fièvre, amaigrissement, sueurs nocturnes, splénomégalie.
– Histiocytose sinusale ou hyperplasie lymphoïde bénigne pseudo- Le type histologique et le bilan d’extension permettent d’évaluer le
tumorale : elle touche l’enfant, avec des adénopathies volumineuses pronostic et d’établir la stratégie thérapeutique. Il existe différents
et indolores, superficielles et bilatérales, rapidement croissantes, des grades de malignité à l’examen histologique.
adhérences pouvant faire évoquer une hémopathie maligne [23, 26]. Le
pronostic est bénin, à guérison spontanée. Leucémies
– Syndrome de Chediak-Higashi : maladie génétique de l’enfant avec En cas de leucémie, la clinique est souvent dominée par des troubles
une dépigmentation de la peau, des cheveux et des yeux par hémorragiques, des infections, une asthénie et de la fièvre. Le
infections récidivantes à staphylocoque doré. Une polyadénopathie diagnostic repose sur l’examen histologique de la biopsie médullaire.
est parfois retrouvée [23]. L’évolution en est toujours fatale avec un
Les adénopathies sont retrouvées surtout dans les leucémies
décès avant l’âge de 4 ans.
lymphoïdes chroniques du sujet de plus de 50 ans ; elles sont
¶ Adénopathies réactionnelles aux médicaments volontiers volumineuses, fermes, élastiques et mobiles, bilatérales et
symétriques, de siège cervical et sus-claviculaire [2, 5]. La numération
Certains auteurs comparent ces adénopathies à un sanguine retrouve une hyperlymphocytose mature, et le
pseudolymphome. Elles apparaissent vers le neuvième jour de la myélogramme montre une infiltration lymphocytaire mature.
prise médicamenteuse, rarement après le quinzième jour. Elles Dans 75 % des leucémies lymphoblastiques aiguës, il existe des
précèdent l’apparition de signes cutanés (éruption morbilliforme, adénopathies diffuses, moins symétriques, indolores, fermes et
prurit) et s’associent à une éosinophilie sanguine, des arthralgies, mobiles.
une hépatomégalie… [20].
Les adénopathies sont plus rares dans les leucémies myéloïdes.
Les médicaments incriminés sont les hydantoïnes, les produits iodés,
Le traitement repose sur des protocoles de chimiothérapie et
la phénylbutazone, la pénicilline, la L-dopa, les antiparkinsoniens,
radiothérapie.
la carbamazépine, les rétinoïdes.
Dans les leucoses aiguës, les adénopathies sont plus rares, souvent
Les adénopathies régressent le plus souvent lors de l’arrêt du
associées à une angine ulcéro-nécrotico-hémorragique faisant parfois
médicament incriminé et récidivent s’il est repris. Des
évoquer une mononucléose [2].
dégénérescences en hématosarcome seraient décrites sous traitement
par diphénylhydantoïne ; ce traitement impose donc une
Macroglobulinémie primaire
surveillance des aires ganglionnaires et arrêt impératif en cas
d’adénopathies [20, 23]. Des adénopathies cervicales sont retrouvées dans 50 % des cas de
maladie de Waldenström chez l’homme de plus de 50 ans. Elles sont
fermes et indolores, sans signe inflammatoire, associées à une
ADÉNOPATHIES D’ORIGINE TUMORALE asthénie, une hépatosplénomégalie. Le diagnostic est affirmé par la
Étant donné la gravité du pronostic, en cas de suspicion présence d’un pic monoclonal d’IgM sur l’immunoélectrophorèse
d’adénopathie tumorale, le diagnostic de certitude doit être le plus des protéines sériques, signe d’une prolifération maligne
rapide possible afin d’établir une stratégie thérapeutique adaptée. monoclonale de lymphocytes B.

8
Stomatologie Adénopathies cervicofaciales 22-037-P-10

Des adénopathies cervicales sont rarement présentes dans le Elles peuvent prendre un aspect inflammatoire en cas de brusque
myélome multiple ou plasmocytome et dans les syndromes poussée évolutive, ou évoluer vers la fluctuation puis la
histiocytaires [22, 23]. fistulisation [23]. L’examen cervical avec mesure de l’adénopathie
dans son plus grand diamètre permet une classification de
¶ Adénopathies malignes métastatiques l’envahissement ganglionnaire (UICC 1987) :
– N0 : absence d’adénopathie clinique ;
Adénopathies métastatiques d’un carcinome épidermoïde
– N1 : adénopathie homolatérale, unique, inférieure ou égale
Les adénopathies malignes métastatiques cervicales sont à 3 cm ;
essentiellement en rapport avec un carcinome épidermoïde des voies
– N2a : adénopathie homolatérale, unique, comprise entre 3 et
aérodigestives supérieures ou un épithélioma malpighien plus ou
6 cm ;
moins différencié. Ce diagnostic est à évoquer systématiquement
devant une adénopathie chez un homme de la cinquantaine, – N2b : adénopathies homolatérales multiples, toutes inférieures
éthylique et tabagique [2]. à 6 cm ;
Une mauvaise hygiène buccodentaire est souvent corrélée à ce – N2c : adénopathie(s) controlatérale(s) unique ou bilatérales,
terrain. Cette dernière ne doit pas être considérée comme facteur inférieure(s) à 6 cm ;
causal, mais doit amener à un examen complet de la cavité buccale – N3 : adénopathie mesurant plus de 6 cm.
à la recherche d’une lésion primitive, ulcérobourgeonnante à base
indurée [11, 14]. Un bilan général est indispensable, afin de rechercher des métastases
viscérales (pulmonaire, osseuse, hépatique, cérébrale) et de préciser
Dans 5 % des cas, l’adénopathie est d’apparence primitive (de la l’état nutritionnel et physique du patient avant toute décision
région sous-digastrique surtout) et motive la consultation [5]. De thérapeutique.
façon plus fréquente, le patient consulte pour une lésion de la cavité
En l’absence d’une lésion primitive, l’adénopathie est d’apparence
buccale et l’examen clinique met en évidence les adénopathies
primitive, soit dans 5 % des cas. Son siège est le plus souvent sous-
cervicales, péjoratives sur le plan du pronostic. L’interrogatoire
digastrique, de croissance rapide avec une évolution vers la
recherche alors des signes associés : otalgie unilatérale, obstruction
fixation [9] . S’il persiste une hésitation diagnostique, on doit
nasale unilatérale, hypoacousie unilatérale par otite séreuse, gêne
entreprendre une adénectomie sous anesthésie générale avec
pharyngée, sialorragie, dysphagie, odynophagie, dysphonie ou
examen extemporané. Il est alors impératif de ne pas provoquer de
épistaxis [2, 11]. rupture capsulaire en prélevant un ganglion intact (ne surtout pas
La cavité buccale est inspectée et palpée soigneusement, site par site, faire de biopsie en « quartier d’orange »). De plus, il faut prévoir
à la recherche d’une lésion et de son induration sous-jacente, en systématiquement la possibilité d’une extension opératoire si
insistant sur les loges amygdaliennes, la région valléculaire (examen l’examen extemporané confirme la nature épidermoïde du ganglion
indirect au miroir), le cavum (rhinoscopie postérieure au métastatique (incision adéquate permettant de s’élargir pour un
nasofibroscope) et l’hypopharynx. Toute lésion ou adénopathie évidement cervical) et en prévenir le patient [14].
isolée impose un examen très minutieux des voies aérodigestives Le pronostic est fonction du siège de la lésion primitive, de
supérieures par endoscopie sous anesthésie générale, permettant de l’histologie et du stade clinique d’extension tumorale ; il est
pratiquer de nombreuses biopsies et de rechercher une autre lésion nettement moins bon en cas d’adénopathie d’apparence primitive,
cancéreuse simultanée [2, 5, 11]. Parfois, malgré les investigations, sans lésion causale retrouvée [7, 9, 21, 23]. Les facteurs pronostiques
l’adénopathie reste isolée, sans lésion primitive retrouvée, on parle péjoratifs, par ordre de gravité croissante, sont : la présence d’une
alors d’adénopathie cervicale maligne d’apparence primitive, sans adénopathie homolatérale à la lésion, la présence d’une adénopathie
porte d’entrée. Celle-ci serait à un stade infraclinique, parfois controlatérale à la lésion, la présence d’une rupture capsulaire à
apparente plusieurs mois après [2]. Avant de conclure à une absence l’examen histologique, l’adénopathie d’apparence primitive [9].
de lésion primitive, il est impératif de réexaminer très Le traitement des adénopathies métastatiques est indissociable de
minutieusement les loges amygdaliennes, le cavum et les sinus celui de la lésion primitive. Le traitement de choix est l’évidement
piriformes [11]. Lors de l’endoscopie sous anesthésie générale, il est cervical lorsque l’extension le permet. Une radiothérapie
préconisé de biopsier à titre systématique, même en dehors de toute complémentaire peut être indiquée, en fonction de l’analyse
lésion visible, la loge amygdalienne homolatérale à l’adénopathie histologique de cet évidement.
d’apparence primitive, à la recherche d’un microfoyer [9].
L’essaimage néoplasique ganglionnaire se fait par voie veineuse ou Adénopathies métastatiques d’autres tumeurs
par voie lymphatique, avec une lymphophilie variable selon le siège
L’adénocarcinome donne des métastases plus volontiers sus-
de la lésion primitive. L’essaimage lymphatique se fait par les claviculaires. La lésion primitive peut être un épithélioma
collecteurs afférents, selon le territoire de drainage vers le premier glandulaire sus- ou sous-diaphragmatique [2].
relais ganglionnaire. Lorsque les capacité de filtration de cette
adénopathie envahie sont dépassées, des cellules néoplasiques En cas d’adénopathie sus-claviculaire (ganglion dit de Troisier), il
partent par les vaisseaux efférents vers le relais ganglionnaire faut se méfier d’une possible lésion primitive thoracique, voire sous-
suivant. L’adénopathie capitale, carrefour du drainage lymphatique diaphragmatique (tube digestif, rein, prostate) [11].
facial, est le ganglion sous-digastrique dit de Küttner ; c’est donc le Le mélanome malin peut donner des métastases ganglionnaires
plus fréquemment envahi. La propagation lymphatique peut cervicales.
néanmoins sauter un relais ganglionnaire ou se faire de façon Une adénopathie cervicale peut également être révélatrice d’une
rétrograde [22, 23]. L’adénopathie peut donner une orientation sur le tumeur thyroïdienne : cancer papillaire, vésiculaire ou médullaire du
site de la lésion primitive, connaissant les réseaux de drainage, mais corps thyroïde [2]. Les cancers thyroïdiens indifférenciés ont un
il faut se méfier des migrations à contre-courant ou croisées [23]. En pronostic redoutable. Une paralysie récurrentielle est à rechercher et
cas d’adénopathie sus-claviculaire, il faut se méfier d’un cancer une scintigraphie thyroïdienne est pratiquée. Le traitement repose
pulmonaire, digestif, mammaire ou testiculaire ; concernant le sur une ablation de la glande, partielle ou totale en fonction du type
ganglion sus-claviculaire gauche ou ganglion de Troisier, il s’agit histologique, et sur un évidement cervical uni- ou bilatéral [21, 22].
souvent d’une néoplasie gastrique [23]. Il existe de très rares cas de tissu salivaire hétérotopique
Les adénopathies suspectes d’envahissement sont dures, ligneuses, intraganglionnaire, susceptible de développer un adénome
indolores et initialement mobiles. Lorsqu’elles augmentent de pléomorphe, tumeur bénigne ; il ne s’agit donc pas là d’une
volume, elles deviennent fixées aux plans superficiels et profonds. métastase, mais c’est un diagnostic piège [25].

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22-037-P-10 Adénopathies cervicofaciales Stomatologie

¶ Adénopathie après irradiation et disparition des follicules. Au deuxième stade, après 24 heures, il
La radiothérapie cervicale, quelle qu’en soit l’indication, modifie y a une repopulation rapide avec réapparition des centres
l’architecture ganglionnaire. germinatifs, et au bout de 8 semaines, présence de mastocytes. Le
Histologiquement, lors d’une irradiation, il y a un premier stade de troisième stade se poursuit sur 9 à 12 mois, avec une déplétion
destruction cellulaire, avec nécrose et dégénérescence lymphocytaire, secondaire et une prolifération fibreuse [23].

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