intégration

de La CFAO directe
au cabinet dentaire

François BOUQUET
DCD, Ex-Assistant à Paris Descartes
Cyril FONTENEAU
DCD

L
mots clés a CFAO directe, c’est la Conception
CFAO directe
et Fabrication Assistée par Ordina-
teur d’éléments prothétiques par le
Empreinte optique
Séance unique praticien, directement au fauteuil.
Restaurations tout céramique Tout le monde en parle ou en entend parler,
mais peu d’entre nous la pratiquent (moins
de 2 % des praticiens en France).
KEY WORDS Il y a les pour, les contre, ceux qui aime-
Chairside CAD-CAM raient bien…
Optical impression Quels aménagements cela suppose-t-il,
Single visit faut-il se former, est-ce à la portée de tout
All-ceramic restorations le monde ?
Nous allons vous exposer, dans cet arti-
cle, comment nous avons intégré la CFAO
directe, avec le système Cerec, dans notre
exercice d’omnipraticiens.
Présentation
du système
et intégration
au cabinet
Le système est constitué d’une unité d’ac-
quisition et d’une unité d’usinage.
L’unité d’acquisition (fig. 1a) comprend
une caméra 3D intrabuccale (fig. 1b) pour
la prise d’empreinte, connectée à un ordi-
nateur dédié. L’ordinateur (PC Windows®)
exploite le logiciel capable d’analyser les
images de la caméra, de les assembler
et permet la conception des restaurations
par le praticien (fig.  2). L’unité d’acquisi-
tion est d’encombrement réduit et mobile
(fig.  3). Elle trouvera sa place naturelle-

243
 1a b 2
Fig. 1 -
a) Unité d’acquisition.
b) Caméra intrabuccale.
Fig. 2 - Modélisation d’un inlay. 4 5
Fig. 3 - L’unité d’acquisition reste disponible
dans la salle de soin.
Fig. 4 - L’unité d’acquisition peut être
déplacée dans une autre salle sans l’éteindre
grâce à l’utilisation d’un onduleur.
Fig. 5 - L’unité d’usinage MCXL.
ment à côté du fauteuil, à portée du praticien. On pourra
y adjoindre un onduleur permettant de partager l’unité
de prise d’empreinte entre plusieurs salles de soins sans
éteindre l’ordinateur (fig. 4).
L’unité d’usinage (fig.  5) est une machine-outil capable
de tailler avec précision dans un bloc de céramique la
pièce prothétique conçue sur le logiciel. La pièce pro-
thétique est usinée par 2 fraises diamantées spécifiques
(fig. 6a) ayant une durée de vie comprise entre 10 et 25
cycles. Leur remplacement est demandé par la machine
en cas de fracture ou d’usure d’une des fraises (fig. 6b).
Un liquide lubrifiant est nécessaire pour éviter l’échauffe-
ment et l’usure des fraises au cours de l’usinage et pour
préserver la durée de vie des moteurs. L’unité d’usinage,
reliée par onde radio (wifi), est volontairement déportée
en dehors de la salle de soin en raison du bruit désagréa-
244
ble de la machine (fig. 7). Elle peut rester accessible pour
en faire un outil de communication avec le patient (fig. 8).
Les consommables nécessaires au bon fonctionnement
du système ne sont pas très encombrants, tout peut pren-
dre place dans un ou deux tiroirs que l’on réservera à la
CFAO (fig. 9) :
• spray de poudrage,
• fraises de rechange et liquide lubrifiant “Dentatec ®” pour
l’unité d’usinage,
• assortiment de blocs de céramique dans des teintes et
tailles variées (fig. 10),
• kit de maquillage (fig. 11).
Il faut également un emplacement pour un four céramique
avec un plan de travail permettant le maquillage et dis-
posant d’un éclairage satisfaisant pour la caractérisation
des pièces prothétiques (fig. 12 et 13).
Formation et installation,
frais d’utilisation
Les praticiens désireux d’acquérir le système peuvent
assister à des séances de démonstration au cours des-
quelles ils manipulent la caméra, utilisent le logiciel et pro-
cèdent à l’usinage de la restauration.
Réalités Cliniques vol. 20 n°4 2009
 6a b 7

8 9 10

11 12 13

Pour le praticien qui vient d’acquérir le système, la « mise en Fig. 6 -

route » est assurée par le fabricant qui effectue les réglages
de la machine et propose une formation « initiale » d’une
journée dispensée par des formateurs agrées.
La maîtrise de la CFAO directe ne présente pas de diffi-
culté majeure car les phases les plus délicates (prépara-
tion et collage) sont déjà connues et intégrées dans notre
exercice quotidien. L’empreinte optique (fig. 14a et 14b)
est très proche de la prise d’une photo et la modélisation
est assistée par un logiciel clair ne demandant aucune
compétence informatique. Il reste néanmoins une phase
d’apprentissage inhérente à toute nouvelle procédure et
il est conseillé aux nouveaux utilisateurs de commencer
par la réalisation d’inlays-onlays avant de se lancer dans
des cas plus complexes de restaurations antérieures.
a) Le bloc de céramique en place avant usinage par deux fraises
diamantées de formes différentes.
b) Le logiciel indique quand une des fraises d’usinage doit être changée.
Fig. 7 - L’unité d’usinage est déportée dans la salle de radiographie
panoramique pour réduire les nuisances sonores liées à son
fonctionnement.
Fig. 8 - La patiente vient assister au début de l’usinage de son inlay.
Fig. 9 - Les consommables pour CFAO directe organisés par tiroirs : blocs
de céramique, nécessaire de maquillage.
Fig. 10 - Différents blocs à usiner (fabricant, taille, teinte et composition).
Fig. 11 - Kit de maquillage et de glaçage (produits VitaR).
Fig. 12 et 13 - Four à céramique et plan de travail pour maquiller dans
une zone suffisamment éclairée.

F. BOUQUET et C. FONTENEAU 245

 14a b 15

16 17
Fig. 14a et b - Utilisation de la caméra pour
la prise d’empreinte au fauteuil.
Fig. 15 - Visualisation des épaisseurs de
céramique.
Fig. 16 - La patiente assiste avec intérêt à la
phase de modélisation de son inlay.
Fig. 17 - L’assistante prépare le dossier
patient pendant l’anesthésie.
Fig. 18 et 19 - L’utilisation de “tubs”
spécifiques permet un gain de temps lors
des séances cliniques.
18 19

De nombreuses formations de perfectionnement (payan- Apports de la CFAO directe

tes) sont organisées tout au long de l’année sur des sujets
spécifiques.
En dehors de l’acquisition de la machine, des frais
annexes sont à prévoir :
• les consommables : blocs de céramique, fraises d’usi-
nage, liquide lubrifiant, nécessaire de maquillage,
• la maintenance logicielle : les mises à jour sont gratuites
la première année puis payantes avec un coût variable
selon l’importance de l’évolution,
• la maintenance matérielle : révision annuelle de l’unité
d’usinage, remplacement tous les 3-4 ans de l’unité cen-
trale dans l’unité d’acquisition,
• assurance : comme pour tout matériel, il faudra décla-
rer le système à votre assurance pour qu’il soit couvert
notamment pour le bris de machine (la caméra est fragile
et très chère à remplacer).
au quotidien
L’organisation des rendez-vous est changée. En effet, ce
nouvel outil apporte des contraintes liées à la durée des
séances de traitement. En un seul rendez-vous allant de
45 minutes à 2 heures selon l’expérience et le cas clini-
que, nous réalisons toutes les étapes de la préparation
à l’assemblage de la pièce prothétique. La CFAO directe
nous permet donc de nous affranchir des étapes de tem-
porisation parfois difficiles à mettre en œuvre et souvent
chronophages.
La diminution du nombre de rendez-vous pour un même
traitement couplée à l’allongement de leur durée, repré-
sente des avantages en termes d’ergonomie. Le cahier
de rendez-vous est allégé, en effet une seule séance par
quadrant est envisageable. Après avoir établi un plan de

246 Réalités Cliniques vol. 20 n°4 2009

 20 21 22
23a b
traitement, nous pouvons planifier des longues séances.
Le temps d’usinage (allant de 7 à 20 minutes selon la com-
plexité de la pièce et le type d’unité d’usinage) sera utilisé
pour la modélisation des autres pièces prothétiques ou la
réalisation d’autres actes (composite, détartrage…).
Les patients sont très sensibles à la diminution du nombre
de rendez-vous qui leur permet de passer moins de temps
dans les transports et en salle d’attente. Tous préfèrent
un seul rendez-vous d’une heure trente à deux rendez-
vous de 45 minutes. Ils mettent en avant la diminution du
nombre d’anesthésies et l’absence de restaurations pro-
visoires, avec leur moins bonne intégration esthétique et
fonctionnelle.
La CFAO directe permet une amélioration de nos traite-
ments. C’est une certitude clinique. L’empreinte optique
est très rapidement convertie en maître modèle virtuel.
Cette image en 3 dimensions fortement grossie à l’écran
(jusqu’à plus de 20 fois) nous permet une analyse critique
de notre préparation. Le tracé des limites de préparation
est d’autant plus facile et rapide que nos limites sont net-
tes et précises.
Très rapidement, le logiciel nous propose une restauration
(par un calcul mathématique issu d’une base de données
dite « Biogénétique ») qu’il est toujours possible de modi-
fier. Sur la pièce prothétique modélisée (fig. 15), le logiciel
indique les zones de trop faible épaisseur en rouge. Il est
également possible d’afficher des coupes de l’élément
F. BOUQUET et C. FONTENEAU
Fig. 20 - Kit de fraises pour préparations d’inlays-onlays céramiques.
Fig. 21 - L’assistante prépare le plateau pour l’assemblage.
Fig. 22 - L’assistante place le bloc dans l’unité d’usinage.
Fig. 23 a et b - Le maquillage des pièces simples peut être délégué à
l’assistante.
céramique. Ainsi, en cas d’insuffisance, la préparation est
retouchée et une nouvelle empreinte optique faite ; tout
ceci sans modifier de façon significative le temps de notre
séance de travail. Plus on pratique la CFAO et plus on
devient exigeant. Cet outil nous permet un “audit” immé-
diat de notre travail et nous incite à perfectionner la phase
la plus délicate de nos traitements tout céramique : la
préparation. Les pièces prothétiques sont extrêmement
précises et surtout prévisibles et reproductibles. Avec un
peu d’expérience, l’essayage n’est plus qu’une formalité.
Les restaurations s’insèrent avec précision, les points de
contacts proximaux et d’occlusion sont identiques à ceux
définis sur le logiciel.
Il est très agréable de constater à quel point les patients
adhérent à cette technique. Ils sont souvent très intéres-
sés et fascinés par la phase de modélisation (fig.  16).
Cette étape laisse un grand champ de discussion et pour
peu que l’on travaille sur des éléments antérieurs, nous
pourrons déterminer ensemble la morphologie la mieux
247
 adaptée à la personnalité de notre patient. Notre image
change. Les patients nous perçoivent comme des profes-
sionnels de santé modernes avec des outils efficaces et
de haute technicité. Nos restaurations sont jugées “confor-
tables et esthétiques”, ce qui correspond à la demande
d’une majorité croissante de nos patients. Les multiples
rendez-vous sont jugés “chronophages” par les patients.
Leurs emplois du temps sont identiques aux nôtres : sur-
chargés et ils apprécient la possibilité offerte d’une ou de
plusieurs dents soignées en un seul rendez-vous.
La CFAO directe permet de réaliser un grand nombre de
nos restaurations unitaires en céramique, du simple inlay
à la couronne périphérique en passant par des facettes.
Nos traitements répondent aux concepts actuels de pré-
servation tissulaire. Cela se traduit au cabinet par une
diminution significative du nombre de couronnes et une
plus grande préservation de la vitalité pulpaire.
EN PRATIQUE
L’installation d’une unité de traitement CFAO au cabinet
dentaire, pour un exercice en omnipratique, implique :
1. une unité d’acquisition (caméra) au fauteuil à portée du
praticien,
2. une unité d’usinage (machine-outil) dans un local ou
pièce séparé pour éviter la pollution sonore, mais acces-
sible pour le patient (communication),
3. un espace bien éclairé avec un plan de travail associé
au four à céramique et un rangement des consommables
dévolus à la CFAO.
Une formation spécifique avec une courbe d’apprentis-
sage progressive est nécessaire.
La CFAO directe au cabinet présente des avantages :
• ergonomiques : diminution du nombre de rendez-vous,
• de précision et de reproductibilité prédictible des pièces
prothétiques,
• de valorisation de l’image du professionnel de santé du
cabinet dentaire.
Le point de vue
des assistantes
C’est une technique très valorisante pour nos cabinets
et pour l’ensemble de l’équipe soignante.
Après la création du dossier patient dans le logiciel
(fig.  17), l’utilisation de «  tubs  » spécifiques (fig.  18)
permet de préparer facilement l’ensemble du matériel
nécessaire (fig. 19 et 20).
Nous assistons nos praticiens pendant la phase de
poudrage et de prise d’empreinte au fauteuil.
Pendant que le praticien dessine la pièce prothétique
sur le logiciel (quelques minutes), nous préparons le
plateau pour l’assemblage ou pour un autre soin prévu
sur le même patient (fig. 21).
Nous plaçons le bloc de céramique, de taille et teinte
adaptées, dans l’unité d’usinage (fig. 22).
Lorsque celui-ci est terminé, le praticien peut nous
confier l’étape du maquillage-glaçage pour laquelle
nous avons suivi une formation (fig. 23 a et b). Avant le
maquillage nous observons (praticien et assistante) les
dents adjacentes et décidons ensemble des maquillants
qui seront utilisés. La CFAO facilite notre travail : pas de
porte-empreinte à nettoyer et stériliser, moins de pâtes
à empreinte à commander, trier et ranger. Pas d’envoi
au laboratoire donc moins d’appels téléphoniques, pas
de feuille de prothèse à éditer, classer...
Cette technique nous a apporté des connaissances
nouvelles en prothèse et nous nous sentons très
impliquées dans le processus d’élaboration jusqu’à la
phase d’assemblage.
Conclusion
La CFAO qui prend une place de plus en plus importante
dans notre «  arsenal thérapeutique professionnel  » doit
rester un outil au service de nos traitements.
L’utilisation de la CFAO directe (aujourd’hui Cerec ® et E4D)
au cabinet n’implique pas de modification importante dans
l’aménagement du poste de travail. Les changements
sont essentiellement organisationnels notamment pour la
gestion de l’agenda.
La prise en main simple de la machine permet d’obtenir
rapidement des restaurations céramiques avec des résul-
tats prévisibles et reproductibles.
La CFAO directe permet de répondre aux attentes de nos
patients en matière d’esthétique, de confort, de longévité
et cela en un seul et même rendez-vous.

1. Baltzer A. All-ceramic single-
tooth restorations: choosing the
material to match the prepa-
ration--preparing the tooth to
match the material. Int J Comput
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bibliographie
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3. Fasbinder DJ. Restorative mate-
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484-487.

248 Réalités Cliniques vol. 20 n°4 2009

 L’outil pour mieux connaître...
...votre patient
Résumé
integration de la cfao
directe
au cabinet dentaire
La CFAO directe prend une place de plus
en plus importante dans nos cabinets.
Quelles sont les nouvelles perspectives
et les alternatives à nos thérapeutiques
traditionnelles que nous offre cet outil ?
Comment les intégrer dans notre pratique
quotidienne ?
Dans cet article, nous avons demandé à
deux cabinets équipés en CFAO directe de
nous faire part de leur expérience.

abstract
INTEGRATING CHAIRSIDE
CAD-CAM IN THE DENTAL
OFFICE
CAD-CAM is becoming of greater and
greater importance in our dental offices.
What are the new perspectives and the
alternatives to our traditional treatments
that this technique offers us? How can we
integrate them into our daily practice?
In this article, we have asked two offices
which are equipped with chairside CAD-
CAM to share their experiences with us.

resumen
INTEGRACIÓN DEL DFAO
DIRECTO EN LA CONSULTA
DENTAL n1 bloc 16,50 E
El DFAO directo toma un lugar cada vez
más importante en nuestras consultas.
n2 blocs 25,50 E
¿Cuáles son las nuevas perspectivas y
las alternativas a nuestras terapéuticas n5 blocs 45,50 E
tradicionales que nos ofrece esta
herramienta? ¿Cómo integrarlas a nuestra
práctica diaria?
n10 blocs 74,50 E
En este artículo hemos solicitado a dos Port inclus
consultoras equipadas con DFAO directo
que compartan con nosotros su experiencia.

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