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Créolisation et créolité

Guadeloupe Informations

Peut-on parler
d'identité
guadeloupéenne ? Créolisation et créolité
Le créole, le parler «
créole »

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Ce programme est cofinancé par l'Union Européenne au titre du FEDER et par le Conseil Régional de Guadeloupe
Créolisation et créolité

Le créole est plus qu'une langue, c'est aussi une façon de vivre, celle d'un peuple riche d'une
histoire qui rappelle l'esclavage et l'Afrique. Mais quand on pense « créole », c'est un art de
vivre qui vient à l'esprit, un art de vivre où la fête, la musique et la danse tiennent une grande
place, un art de vivre à qui la mer, le soleil et la beauté des îles donnent ses couleurs et sa
spécificité. C'est sur ces composantes qu'est né le concept de créolité qui est à la fois la
réalité et la conscience d'un peuple.

Tout le monde s'entend sur l'origine du mot « créole » : le mot vient du portugais « criolho » ou de
l'espagnol « criollo ». A l'origine, ces mots ont été forgés pour désigner les enfants des Blancs nés
dans les colonies que ces enfants soient issus de femmes blanches, amérindiennes ou africaines. Le
terme a donc désigné les Blancs, les Noirs et les métis de Blancs, de Noirs et d'Amérindiens nés en
Amérique, même s'il a très vite désigné les métis, ceux-ci étant devenus majoritaires.

Dans une conférence qu'il a donnée le 7 mai 2004 sur la culture créole, Raphaël Confiant explique
que, pendant longtemps, seuls les hommes émigraient aux amériques. Les colons européens furent
bien obligés de s'allier à des femmes autochtones, puis à des Africaines « donnant naissance à ce
formidable métissage qui caractérise aujourd'hui les Antilles et l'Amérique du sud ». Raphaël
Confiant précise encore que le mot créole a fini par toucher tous les ordres du réel (une banane
créole, un cochon créole, la musique créole...) et qu'il a de ce fait désigné un processus d'adaptation
dans le nouveau monde, encore appelé processus de créolisation.

Le processus de créolisation a concerné aussi le domaine de la langue et le sens du mot « créole »


s'est appliqué à un parler, le parler créole. Au 17 siècle , les colons français qui débarquent aux
Antilles débarquent des provinces du nord de la France et parlent le normand, le picard, le
breton...autant de dialectes de la langue d'oïl pratiquée à cette époque dans le nord de la France
(langue d'oc au sud). Le français en tant que langue n'existe pas à cette époque.

Les colons ne possèdent pas une langue unifiée qui leur permettrait de communiquer entre eux et
que par ailleurs ils pourraient imposer aux indiens caraïbes et aux esclaves africains. Dans la
cacophonie linguistique qui régnait en Guadeloupe comme dans le reste des Antilles, apparut
d'abord un langage minimal, un sabir, formé d'éléments hétérogènes, qui a permis une
communication sommaire entre les différents groupes de population. C'est ce sabir qui a posé les
bases du créole.

En 50 ans à peine , le créole, né du contact entre Amérindiens, Blancs et Noirs d'Afrique s'est
imposé comme nouvelle langue et fut d'emblée la langue maternelle des premiers enfants créoles. Et
comme le dit encore Raphaël Confiant, « La langue créole n'est que la colonne vertébrale d'une
culture construite et partagée par Blancs et Noirs, »puisque « en même temps que la langue
apparurent progressivement une cuisine créole, une musique créole, une pharmacopée créole, une
architecture créole... ».

Ce sont les « habitations », c'est-à-dire les plantations de canne à sucre qui furent le creuset où
naquirent la langue et la culture créole, car c'est là que Blancs , Noirs et Mulâtres, puis les Hindous,
furent obligés de travailler ensemble. On comprend ainsi que la musique créole comporte à la fois
des éléments d'origine africaine (le « bel air » par exemple) et des éléments d'origine européenne
(tel le quadrille). Il en va de même pour tous les domaines de la culture.

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Créolisation et créolité

C'est au début du 20 siècle que se fait sentir la nécessité de défendre la langue créole (et donc la
culture créole) déjà reniée une première fois à la fin du 17 siècle par les Blancs-créoles et les Békés,
puis au 19 siècle par les Mulâtres et à présent même par la petite bourgeoisie noire. Cette langue
plusieurs fois reniée était menacée car elle restait une langue orale. La défense de la langue
exprimait le besoin de définir une identité, à savoir la créolité. Ce concept de créolité est né dans un
mouvement littéraire dont les initiateurs furent Jean Chamoiseau, Jean Bernabé et Raphaël Confiant.
Mais, c'est par d'autres auteurs que les bases de ce concept ont été au préalable posées : Aimé
Césaire, l'initiateur de la Négritude, et Edouard Glissant, l'inventeur des concepts d'antillanité et de
créolisation qu'il définit comme une ouverture au monde. Les deux ont insisté sur la prise en compte
de la totalité de la culture caraïbe.

Le concept de « créolité » se définit donc d'abord par rapport à la langue, le parler créole qui est le
vecteur de la culture. Le parler créole repose sur une base de vieux français mêlé de mots anglais ,
ou espagnols, et d'autres empruntés aux langues indigènes, le tout s'appuyant sur une syntaxe
dérivée des langues africaines.

Il y a différents dialectes créoles qui varient d'une île à l'autre dans les Caraïbes mais ils reposent
tous sur les mêmes principes. Même si le français est la langue officielle, le créole reste une langue
bien vivante, la langue de tous les jours, celle qui exprime le mieux l'âme du peuple. C'est la langue
de l'intimité, celle des poètes et celle de la musique antillaise. C'est la langue commune à toutes les
Caraïbes, de Sainte Lucie à Haïti, de ce fait les habitants d'îles françaises, anglaises ou
hollandaises, séparées par des milliers de kilomètres et qui ont des langues officielles différentes, se
comprennent et arrivent à communiquer.

Le créole fut au départ une langue presque exclusivement orale, presque car les premiers écrits
créoles datent du 17 siècle. Ce fut à l'origine une langue orale car elle est issue d'une tradition orale.
Le parler créole a été ainsi le vecteur de la culture créole qui est d'abord une culture populaire. Une
culture transmise par la mère à travers les contes, les comptines et devinettes, mais aussi à travers
des histoires de zombies et des récits fabuleux qu'on racontait au cours des veillées et qui
appartiennent aujourd'hui au folklore guadeloupéen.

Quelle que soit sa condition sociale, quel que soit son niveau d'études, chaque Guadeloupéen a
grandi avec ces histoires, c'est de cette culture -là dont il est imprégné, cette culture qui a forgé une
identité commune à tous les Guadeloupéens, et même tous les antillais, par delà les différences de
classe et de couleur de peau. La défense de la langue ne pouvait se faire qu'à condition que celle-ci
passe la barrière de l'écrit, c'est à quoi s'attelèrent les créolistes (voir plus loin les créolistes
guadeloupéens dans la liste des personnalités ayant marqué la culture guadeloupéenne).

Il faut ajouter qu'en tant que langue, le créole est une langue pleine de saveurs, de couleurs, de
rythme. A l'oral, il est tout en voyelles, lisse, sans aspérité, chantant ; les « R » se transforment en «
w » à la fin des mots et les prolongent ainsi un instant, donnant à l'ensemble une intonation
langoureuse.

C'est une langue qui s'adresse aux sens, qui véhicule des images et qui suscite l'émotion, quel que
soit le niveau, oral ou écrit, auquel on l'appréhende.

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