n°48

 
OCTOBRE-NOVEMBRE 2018 6,90 €

HORS-SERIE

MÉDITER
AVEC
SES 5 SENS

LES CLÉS
DE L’ÉNERGIE
Nos conseils pour retrouver votre vitalité
Alimentation, médecine chinoise, yoga,
autohypnose, gym suédoise, huiles essentielles…
+ Test : qu’est-ce qui vous épuise?
 ÉDITO
H O R S - S É R I E
PSYCHOLOGIES MAGAZINE

L’énergie au cœur
2-8, rue Gaston-Rébuffat, 75019 Paris
Tél. : 01 44 65 58 00. e-mail : magazine@psychologies.com
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de nos vies
DIRECTION
Directeur : Jean-René Lore

RÉDACTION
Directrice de la rédaction : Laurence Folléa (58 17)

ONT CONÇU ET RÉALISÉ CE HORS-SÉRIE

Rédactrice en chef : Sophie Bartczak
Directrice de création : Stéphanie Ponge-Pécout (58 52)
Maquettiste : Tomah Pantalacci, Valérie Fraigneau
Secrétaire générale de la rédaction : Camille Dallier (58 07)

A
Secrétariat de rédaction : Mahalia Rouilly
u minuscule brin d’herbe, elle donne l’élan
Ont collaboré à ce numéro : Aurore Aimelet, Christophe André, Isabelle
Artus, Ségolène Barbé, Sophie Bartczak, Odile Chabrillac, Maureen Diamant, pour sortir de terre ou braver le bitume.
Charlène Favry, Hélène Fresnel, Michelle Guerci, Marie-Laurence Grézaud,
Ariane Le Febvre, Laurence Lemoine, Catherine Maillard, Flavia Mazelin Salvi, Au vieux chêne, cette force immuable et
Sylvain Michelet, Érik Pigani, Agnès Rogelet, Pascale Senk,
Isabelle Taubes, Audrey Tropauer, Patrice van Eersel, Élyane Vignau, tranquille. Selon son intensité, le vent sera
Illustration de couverture : Bahar/Caroline Maréchal
Illustrations : Sylvie Faur, Irina Kruglova, Inès Longevial douce brise, bourrasque, ou tempête et elle
DIFFUSION ET COMMUNICATION ira jusqu’à strier le ciel ou résonner dans
Directrice de la diffusion : Sibylle de Faucamberge (58 08)
sdefaucamberge@psychologies.com un tonitruant tonnerre. C’est auprès d’elle
avec Mélissa Kromah (58 28) melissa@psychologies.com
Responsable de la communication et des développements de marque : également que puisent les femmes du monde entier lors
Lison Guillard (58 23) lison.guillard@psychologies.com
de l’accouchement. Elle encore qui donne au nouveau-né
PUBLICITÉ PRESSE ET DIGITAL
Directrice commerciale : Véronique Dusseau (58 15) ce ressort pour pleurer ou crier autant pour un si petit
veronique@psychologies.com
corps! Et plus tard au jeune enfant la soif et la joie de
ADMINISTRATION ET FINANCES
Directrice administrative et financière : Audrey Cahan (58 05) tout, une vitalité sans faille. Elle aussi qui gomme
Responsable des ressources humaines : Sylvia Simoneau (58 02)
Chef de fabrication : Thibaut Lefebvre (59 22) toute fatigue chez l’amoureux auprès de l’être aimé. Elle
VENTE AU NUMÉRO
qui conduit le sportif à la victoire au moment de l’ultime
Responsable des ventes : Isabelle Fargier (58 16)
isabelle.fargier@psychologies.com
effort, ou qui guide les mains de l’artiste, abolissant, dans
Commande anciens hors-séries et reliures : 03 20 12 86 01
Distribution : MLP
l’élan créatif, toute notion de temps et d’espace. Elle qui
Imprimeur : Imaye Graphic (53)
Dépôt légal : octobre-novembre 2018
nous fait déplacer les montagnes pour défendre une cause
ISSN : 0032-1583 Commission paritaire : 0618 K 83442
Origine géographique du papier : Suède. Taux de fibre recyclée : 0 %.
juste, et encore elle dans le regard vif et espiègle de cette
Certification : PEFC. Eutrophisation : le PTOT est de 0,01 kg/T.
vieille dame croisée au coin de la rue…
SERVICE ABONNEMENTS Alors que nous nous plaignons d’être fatigués, l’énergie
Psychologies, service abonnements,
19, rue de l’Industrie, BP 90053, 67402 Illkirch Cedex est partout. Elle est notre essence profonde. Il suffit de
Tél. : 03 88 66 11 21. e-mail : psychologies@abopress.fr
la cueillir dans ces petites choses qui nous reconnectent
PSYCHOLOGIES MAGAZINE EST ÉDITÉ PAR
SASU Groupe Psychologies à la nature, à la vie, à notre humanité. À ce qui fait sens.
Siège social : 2-8, rue Gaston-Rébuffat, 75019 Paris
Présidente : Brigitte Mortier De vraies relations, de vrais aliments, le contact avec
Directeur général et directeur de la publication : Jean-René Lore
Actionnaire : 4 B Media les arbres, l’eau, les plantes, une maison harmonieuse,
Psychologies magazine is a registered trademark Copyright 2002
ou encore la remise en mouvement de notre corps et le
retour à l’instant présent.

• Sophie Bartczak

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 3

 SOMMAIRE

1
3 Édito : L’énergie au cœur
de nos vies
CHAPITRE 1
6 Notre énergie,
une complicité du corps
et de l’esprit Retrouvez
12

16
TEST Qu’est-ce qui
vous épuise?
La trousse de secours,
18 conseils anti-fatique
votre élan vital
26 Vaincre la lassitude
express
30 Nos relations : vampiriques ou nourricières?
34 « Accepter sa fatigue n’est pas un aveu
I L L U S T R AT I O N S I R I N A K R U G LOVA , I N È S LO N G E V I A L

n°48
 
OCTOBRE-NOVEMBRE 2018 6,90 € de faiblesse », avec Maurice Tran Dinh Can
HORS-SERIE

40 La force vient du ventre

MÉDITER
AVEC

44 L’ayurvéda, thérapie de l’équilibre

SES 5 SENS

Illustration 48 Les réponses de la médecine chinoise

LES CLÉS
DE L’ÉNERGIE Bahar/ 52 Faites-vous une maison feng shui
Caroline
Nos conseils pour retrouver votre vitalité
Alimentation, médecine chinoise, yoga,

3 rituels pour se connecter à sa puissance féminine

autohypnose, gym suédoise, huiles essentielles…
+ Test : qu’est-ce qui vous épuise?

Maréchal 56
60 L’autohypnose pour se vitaliser

4 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 3
C AHIER
SPÉCIAL

CHAPITRE 2 Méditer avec

Réveillez ses 5 sens
votre corps
120 Comment éveiller ses sens?
121 Six exercices pour se réapproprier
ses sens
124 Réveiller ses yeux
64 La vitalité au menu
125 Retrouver le goût
68 Buvons de l’herbe,
mangeons des 126 Développer le toucher
pousses! 128 Aiguiser l’odorat
72 Cures de vert 129 Affûter l’ouïe
et jus revigorants
130 Se reconnecter à la nature,
76 Notre besoin faites appel à tous vos sens
d’hiverner
82 Les arbres nous

2
ressourcent
86 Méthode Kneipp :
l’eau froide
fait des miracles
90 La bonne énergie
est dans les fleurs
94 À chaque faiblesse
son remède naturel
102 J’ai testé la gym
suédoise
106 Réveiller son corps,
oxygéner
son esprit
114 Pour une mine
reposée

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 5

 Notre énergie,
une complicité du corps
et de l’esprit
Un coup de fil de l’être aimé, et nos batteries sont rechargées.
Notre vitalité est liée à nos émotions, mais aussi
à notre alimentation, nos hormones, notre environnement…
Enquête sur une mystérieuse source de vie.
• Par Sylvain Michelet et Patrice van Eersel

C
aroline mène une vie saine et, pourtant, ce soir,
elle se sent épuisée. Allongée sur son lit, elle est
KO, physiquement vidée. Une nuit ne sera pas de
trop pour recharger ses accus. Soudain, le télé-
phone sonne. À demi groggy, elle tend le bras
pour répondre… Une décharge parcourt tout
son corps. L’homme qui l’appelle, alors qu’elle va
s’endormir, est celui dont elle attend un coup de fil depuis
huit jours : il l’invite à sortir! Caroline se précipite sous
la douche, s’habille, se maquille, court à l’autre bout de la
ville et passe une soirée endiablée. D’où lui est donc venue
cette énergie? Qui prétendra qu’elle repose uniquement
sur les calories que son corps avait stockées prudemment?
Celles-ci sont indispensables : rien de plus concret. Mais
G E T T Y I M A G E S /J E N A A R D E L L
Aux origines de la force
Quelle est cette force psychique qui a soudain mobilisé
toutes les forces de Caroline? C’est l’amour, ou plus exac-
tement le désir – et son exemple semble donner raison à
Freud, pour qui ce désir est avant tout sexuel. Mais qu’en
est-il pour le voyageur qui, à moitié endormi par un long
trajet, se réveille pour courir vers la file de taxis à la sortie
du train? Éric Albert, psychiatre et fondateur de l’Institut
français d’action sur le stress, ne conteste pas l’importance
de la sexualité dans notre énergie de vie, mais ajoute : « Le
désir sexuel ne reflète pas le vaste champ des émotions
que nous vivons, de la culpabilité à l’envie, en passant
par l’anxiété, l’impatience, la surprise, la colère ou la joie.

Caroline ne se réduit pas à une machine brûlant glucides,
lipides et protides, comme un moteur consomme de l’es-
sence. Chez elle, comme en nous tous, l’assimilation, la
transformation et la libération de l’énergie sont soumises à
d’autres régulations, notamment psychologiques. Dès lors,
de quoi parle-t-on en usant du mot « énergie »?
Selon l’approche cognitiviste, ces émotions sont bien plus
essentielles, elles déterminent nos comportements, nos
attitudes »… et notre tonus. Conciliant, il ajoute : « Pour
moi, les deux visions se complètent : Freud donne à l’éner-
gie une source presque physiologique. J’ajoute une source
émotionnelle plus proche du vécu. » ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 7

 NOTRE ÉNERG IE , UNE COMPLICITÉ DU CORPS ET DE L’ ESPRIT
³ Une question d’hormones
Si l’on ne sait pas mesurer la « consommation en carbu-
rant » d’une émotion spécifique, on sait aujourd’hui, mieux
qu’à l’époque de Freud, comment et à quel point l’émotion-
nel agit sur notre corps. « Physiologiquement, explique
Éric Albert, les émotions produisent et diffusent dans l’or-
ganisme – via le système thyroïdien, les glandes surrénales,
l’hypophyse et les gonades – des neurotransmetteurs et
des hormones qui interviennent soit sur un organe, soit sur
l’ensemble du métabolisme. » Ainsi, Caroline comme notre
voyageur pressé ont mobilisé instantanément leurs forces
grâce à une sécrétion réflexe d’adrénaline, qui accélère le
rythme cardiaque et augmente le tonus musculaire.
Et tandis que la jeune femme a eu recours à beaucoup de
dopamine pour pouvoir jouir de sa soirée, le voyageur, s’il
trouve son taxi, vivra la version discrète de la même expé-
rience : un soulagement passager. Sinon, son impatience
pourrait se transformer en anxiété : une baisse de séroto-
nine le rendrait alors incapable de transformer en un plan
d’action efficace l’énergie que l’adrénaline vient de mobili-
ser en lui, et nous le verrions tourner en rond, fin prêt pour
une colère ou une phase d’abattement, émotions très com-
plexes engageant plusieurs ingrédients. Car l’énergie non
consommée se retourne contre nous.
L’influence de l’alimentation
Notre forme serait-elle dépendante de notre état psy-
chique? Jacques Fricker 1 , nutritionniste, n’est pas loin de
le penser : « Dans notre mode de vie, 30 % seulement des
deux mille cinq cents calories brûlées dans une journée
sont liées à une activité physique. Le reste – dont 20 % pour
le cerveau – sert au métabolisme de base, qui nous main-
tient en vie. » Si l’on compare avec les huit mille calories
quotidiennes dépensées par un cycliste professionnel, nul
doute que, pour la majorité d’entre nous, la vie psychique
consomme beaucoup plus d’énergie que l’effort physique!
L’anorexie et la boulimie – comme la dépression (on mange
et dort beaucoup, mais on reste sans ressort) – le prouvent :
l’action de notre psychisme sur l’assimilation de l’énergie
est énorme. Ou plutôt l’interaction, comme le démontre
Jacques Fricker : « Pourquoi ressentons-nous l’effet éner-
gétique des sucres lents bien avant qu’ils soient assimilés?
Parce que notre organisme anticipe, grâce à la réserve qu’il
8 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Trois approches
Scientifique, psychique ou spirituelle, il existe
différentes conceptions de l’énergie.
Selon la physique : E = mc 2
Posée par Albert Einstein, cette formule établit
l’équivalence entre matière et énergie. Quatre
forces (électromagnétique, nucléaire faible,
nucléaire forte et gravitationnelle) assurent la
cohésion de la matière. L’énergie disponible
sur Terre provient essentiellement du Soleil,
et nous ne recevons que 30 % des ondes
électromagnétiques qu’il nous envoie.
Selon la psychanalyse : la libido
D’après Sigmund Freud, l’énergie vitale émane
de la sexualité. Répondant au principe de plaisir,
le désir (libido en latin) crée une tension
psychique accumulée dans le ça. Wilhelm Reich
en déduisit l’hypothèse de l’orgone, base
de l’énergie naturelle, sexuelle et cosmique.
Selon la tradition spirituelle orientale :
la “kundalini”
Ce mot sanskrit désigne l’énergie vitale, figurée
par un serpent femelle enroulé sur lui-même
au niveau de notre sexe. Cette énergie, qui coule
le plus souvent goutte à goutte, peut, grâce à
certains exercices, circuler bien plus puissamment
et se déployer de chakra en chakra, jusqu’à
traverser le haut du crâne, reliant la personne
à l’énergie universelle.
garde toujours pour le cerveau. Dès que celui-ci apprend,
par la perception ou la pensée, que des calories vont arriver,
la réserve est libérée. » Autre exemple de cette interaction :
certains mangent mal parce qu’ils vont mal, mais l’inverse
est aussi vrai : on va mal parce qu’on ne mange pas bien.
Difficile donc de faire la part du psychique et du physique…
Brillant endocrinologue devenu apôtre de la médecine psy-
chosomatique aux États-Unis, le célèbre médecin indien
Deepak Chopra tire des leçons radicales de ces jeux d’in-
teraction. Dans le premier de ses best-sellers mondiaux 2 ,
il décrit les règles permettant de vaincre la fatigue ou de
dominer le stress : après avoir « défini sa personnalité »
(grâce à l’ayurvéda, voir p. 44), il faut « contrôler son éner-
gie par une gymnastique », « aménager son lieu de vie »,
« profiter des bienfaits des aliments les plus énergétiques »,
mais aussi « apprendre à capter les flux d’énergie circulant ³
 NOTRE ÉNERG IE , UNE COMPLICITÉ DU CORPS ET DE L’ ESPRIT
³ dans la nature » en « ouvrant notre conscience à la véri-
table texture de l’univers », qui est faite de pure énergie,
condensée ici et là en matière. À la question : « Pourquoi les
vagues, le vent, la faune ou la flore ne sont-ils jamais fati-
gués, alors que les humains le sont si souvent? », le méde-
cin répond : parce que nous n’acceptons pas sereinement
le monde tel qu’il est. Si nous y parvenions, nous devien-
drions aussi infatigables que la houle de l’océan. De tels
discours irritent. Certaines personnes s’insurgent contre
cet anthropocentrisme appliqué aux « flux d’énergie natu-
relle ». Mais Deepak Chopra n’est pas le seul à nous avoir
initiés, ces dernières décennies, à la conception orientale
de l’énergie. Yoga, arts martiaux ou shiatsu aidant, beau-
coup d’entre nous ont entendu parler du prana indien, du
ki japonais ou du qi chinois.
« L’énergie, au niveau le plus général, vient de l’énergie
cosmique qui emplit l’univers, écrit Pierre Crépon, fon-
dateur des éditions Sully, dans son Dictionnaire pratique
de l’acupuncture et du shiatsu (2013). Elle est en quelque
sorte la vibration élémentaire, le fondement de toute vie
phénoménale, et ne peut être saisie que dans ses manifes-
tations extérieures. » « Dans le corps humain, cette éner-
gie originelle procède de cinq sources, précise Nadia Volf 3 ,
acupunctrice : celle reçue des parents à la naissance, les
aliments, l’oxygène de l’air, les hormones, l’environnement
naturel. Elle est distribuée dans l’organisme à travers ce
que l’acupuncture appelle les méridiens, qui se répar-
tissent les fonctions (digestive, respiratoire…). »
Les bienfaits de la joie
Faute de pouvoir la mesurer autrement que par ses effets, la
science occidentale peine à intégrer cette force de vie qui
semble échapper à l’équation énergétique la plus célèbre du
monde : E = mc 2 . D’après certains scientifiques, la biologie
fondamentale suggère cependant que les cellules commu-
niquent entre elles via des ondes. Une voie est ouverte pour
expliquer l’acupuncture : peut-être manquons-nous d’appa-
reils assez sensibles pour détecter les courants électrochi-
miques traversant le système de distribution énergétique
que constituent les méridiens? Il a fallu longtemps pour
comprendre les mécanismes – électrochimiques eux aussi –
de l’influx nerveux, pourtant bien ressentis lorsqu’on se
cogne le coude! On y revient toujours : à mesure que nous la
cernons, cette énergie nous échappe. On pense à l’inconce-
vable force originelle accompagnant le big bang. Ou à l’élan
vital dont parlaient les philosophes, justement appelés vita-
10 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
À LIRE
3 Minutes pour
comprendre
les 50 notions
fondamentales
dans le domaine
de l’énergie,
Brian Clegg
(Le Courrier
du livre, 2018).
La Santé
et le bien-être,
Dr Deepak
Chopra
(J’ai lu, 2017).
listes, pour qui la nature est imprégnée de « germes de vie »
porteurs de l’énergie divine. Les Orientaux auraient-ils
compris ce que nous ne parvenons toujours pas à élucider?
« Le qi n’est pas une sorte d’énergie solaire qu’il s’agirait de
capter, rétorque en souriant le docteur Liu Dong, ex-méde-
cin des présidents chinois, aujourd’hui professeur aux États-
Unis et maître de qi gong en France. Le but d’une pratique
énergétique n’est pas d’apporter un carburant, mais de com-
muniquer avec le cosmos pour produire de la joie. »
Pensée orientale ou universelle? En tout cas, n’est-ce pas
quand nous sommes joyeux que nous débordons d’éner-
gie? Une équation mathématique de la joie sera-t-elle éta-
blie un jour? Ridicule. Car il s’agit de la sentir monter du
fond de nous, d’harmoniser nos désirs, nos valeurs, notre
place dans le cosmos en un même alignement. La question
de l’énergie et du combat contre la fatigue devient alors :
comment vivre dans la joie intérieure, quel que soit le
contexte dans lequel nous évoluons? Nous ne sommes pas
égaux devant elle. Et bien des mystères de cette source de
vie restent à élucider. Les progrès de la science et les tra-
ditions spirituelles ouvrent des pistes accessibles à chacun.
Tous les domaines de notre vie sont mobilisés. Ce précieux
capital est de notre responsabilité. O
1. Auteur de Bien maigrir en bonne santé avec la méthode 2-4-7
(Odile Jacob, 2016).
2. Cette énergie qui est en vous (Marabout, 1999).
3. Auteure du Miracle de la guérison (Marabout, 2018).
 TEST

Qu’est-ce qui
vous épuise?
Trop sollicité pour faire une pause, trop préoccupé
pour rêver, trop stressé pour vous reposer.
Découvrez ce qui vous met à plat et surtout ce qui vous booste.
• Par Flavia Mazelin Salvi, avec Béatrice Millêtre, psychologue et psychothérapeute

P
as le temps, pas les moyens, pas la tête à ça…
Nous collectionnons très facilement les excuses
pour ne pas ouvrir notre esprit, ne pas le laisser
vagabonder au gré de ses envies et à son rythme.
Or, ces pauses où notre imaginaire et notre
inconscient affleurent à ciel ouvert sont indis-
pensables à notre équilibre psychique, assure
Béatrice Millêtre. Ce sont des respirations que chacun
devrait s’accorder, à son rythme et selon ses besoins, pour
se ressourcer mais aussi pour reprendre contact avec son
être profond. En théorie, ces voyages gratuits sont à la
portée de tous. En pratique, rares sont ceux qui pensent à
se les offrir régulièrement. « Nombreuses sont les raisons
qui nous poussent à ne pas nous accorder ces moments
d’évasion, analyse la psychologue, mais toutes ont un point
commun : l’incapacité de s’écouter. Nous n’écoutons plus
nos intuitions, nous sommes coupés de notre corps, de
ses besoins, donc de notre esprit. » S’écouter dans ce que
l’on a de plus singulier – ses envies, son tempo personnel
– est pour elle le point de départ d’une « bonne évasion ».
« Cela suppose aussi que l’on prenne le temps de s’interro-
ger sur ce qui fait barrage à cette écoute et à ce légitime
soin de soi », ajoute-t-elle. C’est dans cette perspective que
nous avons élaboré ce test, pour débusquer nos freins et
apprendre à les lever en douceur.
Béatrice Millêtre, docteure en psychologie et psychothérapeute,
est l’auteure du Livre des bonnes questions à se poser pour avancer
dans la vie (Payot, 2018).
Parmi les quarante affirmations suivantes,
cochez celles qui vous correspondent vraiment.
1. Je tiens à mes petites habitudes.
2. J’ai du mal à débrancher.
3. J’ai tendance à me faire passer derrière les autres.
4. Je ne sais pas ne rien faire.
5. J’ai tendance à tout analyser.
6. Je déteste que l’on me fasse perdre mon temps.
7. De manière générale, je n’aime pas le changement.
8. Je ne suis pas du genre à me chouchouter.
9. Dans mon travail, je prends toujours de l’avance.
10. Je ne vois aucune raison de changer ce qui
a fait ses preuves.
11. L’ennui est mon pire ennemi.
12. Je réfléchis longuement avant de prendre
une décision.
13. Je ne m’accorde jamais de pauses au travail.
14. Je ne (me) dis jamais que je suis fatigué.
15. Je ne suis pas intuitif.
16. Je suis attaché aux petits rituels du quotidien.
17. J’ai du mal à prendre des décisions.
18. Je n’oserais jamais sécher une réunion.
19. J’ai toujours un projet ou une activité d’avance.
20. Je me méfie de mes impulsions et de mon
enthousiasme.
21. Je ne suis pas attiré par l’activité physique.
22. Je ne supporte pas d’être en retard.
23. Je suis très impatient.

12 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 24. Je ne prends que rarement du temps pour moi.
25. J’évite de demander de l’aide.
26. Je ne peux pas rester longtemps immobile,
il faut que je bouge.
27. Je n’aime pas du tout improviser.
28. Je ne suis pas du tout du genre rêveur.
29. J’aime faire plusieurs choses à la fois.
30. Je suis souvent perdu dans mes pensées.
31. Je ne suis pas du genre à m’écouter ni à me plaindre.
32. Je ne me projette jamais dans une autre vie.
33. Je me plains et critique rarement.
34. Rien ne m’emballe moins qu’un programme
« farniente ».
35. Je dépense plus facilement pour mes proches
que pour moi.
36. J’ai du mal à pratiquer l’« ici et maintenant ».
37. Je suis plus analytique que créatif.
38. Traîner, rêvasser, cela me culpabilise.
39. Je ne supporte ni d’être pressé ni d’être ralenti.
40. J’éprouve rarement le besoin de récupérer.

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G E T T Y I M A G E S /A L E X A N D L A I L A

Pour chaque affirmation cochée, entourez votre réponse. Faites votre total de A, B, C et D,
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³
A B C D B D A C C A D B D C B A A C D B B A D C C D A B D B C A A D C B B C A D

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 13

 QU ’ EST - CE QUI VOUS ÉPUISE  ?
³ MAJORITÉ DE A
Vos habitudes
La routine a une fonction structurante, elle nous donne
des repères et nous permet d’économiser notre énergie.
Mais elle peut devenir un mode exclusif de fonctionnement
et finir par générer un sentiment d’étouffement. Les « il faut »
et « je dois » remplacent les « j’ai envie » ou « j’ai besoin ».
L’impression que l’on ne peut que suivre des rails l’emporte
sur le désir d’explorer des chemins de traverse, ou simplement
de faire une pause. Les « pousse-à-la-routine » sont
nombreux : peur du changement, peur de l’ennui…
Les pistes pour décoller : la première chose à faire est de
remettre en perspective le vrai but derrière nos obligations.
Une fois que l’on dissocie ce but de la contrainte, nous
pouvons sortir de la routine physique et mentale et changer de
tempo. Reste à choisir une évasion sur mesure, l’activité la plus
« ressourçante » pour soi, en commençant par la plus facile et
la plus accessible, histoire de ne pas céder à la procrastination.
La prescription : acceptez de vous laisser porter par
l’inspiration du moment, mais aussi par celle des autres
pour sortir des sentiers battus. Goûtez et cuisinez des plats
nouveaux, tenez le journal de bord de vos découvertes,
remplacez les « comme d’habitude » par des « pourquoi pas? ».
MAJORITÉ DE B
Vos pensées
Réfléchir, comparer, anticiper… Un mental qui fonctionne ni en
surrégime ni en sous-régime est notre outil le plus précieux. En
revanche, un mental en surchauffe navigue sans cesse du passé
au futur sans jamais faire halte dans le présent. L’anticipation
devient projection anxieuse, et la réflexion, rumination amère.
Vivre dans ses pensées revient à se couper de ses émotions
présentes, mais aussi de son corps. Or, c’est ce dernier qui
nous dit : « Stop, j’ai besoin de détente. » La tension nerveuse
est la rançon d’une activité mentale incessante. Les raisons
qui poussent à vivre dans sa tête sont diverses : peur du futur,
difficulté à s’accorder le droit à l’erreur…
Les pistes pour décoller : prendre conscience de ses
réussites passées. Il suffit de se remémorer les épreuves
que l’on a dépassées, seul ou avec l’aide d’un tiers. Cette
activation de la mémoire permet d’appréhender l’avenir avec
davantage de confiance et d’investir son énergie psychique
dans des solutions concrètes plutôt que dans l’élaboration de
scénarios imaginaires. Une fois libérés d’un passé et d’un futur
anxiogènes, nous pouvons enfin nous accorder le luxe de nous
évader pour nous ressourcer, nous divertir ou nous inspirer.
La prescription : sollicitez le plus souvent possible vos cinq
sens, en faisant des pauses de pleine conscience pour être
dans vos sensations présentes au lieu d’être dans vos pensées,
en bougeant le plus possible (marche, danse, natation…).
14 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
MAJORITÉ DE C
Votre culpabilité
Un fort sentiment de culpabilité conduit à étouffer tout ce
qui pourrait procurer du plaisir. Parce qu’on a le sentiment de
ne pas le mériter, on se prive, consciemment ou non, de ce
qui pourrait nous faire du bien. La culpabilité se traduit par la
propension à faire passer son bien-être et ses intérêts après
ceux des autres. Cette posture est très coûteuse à long terme,
surtout si l’on estime être injustement traité par les autres
ou par la vie. De nombreux adultes marqués par la culpabilité
ont été des enfants manquant d’espace pour vivre ce qui
les épanouissait; d’autres se sont sentis « en trop » dans leur
famille. Dans tous les cas, la culpabilité est un frein puissant.
Les pistes pour décoller : veiller au bien-être des autres est
déjà une preuve de sa valeur personnelle. Cette posture exige
empathie et générosité, deux qualités majeures. Mais il faut
garder à l’esprit que l’on n’aime jamais aussi bien les autres
que lorsque l’on se traite bien soi-même. Cette capacité nous
permet d’éviter de dépendre totalement des proches.
La prescription : à chaque oui que vous accordez aux autres,
accordez-vous un oui pour vous faire plaisir, à vous. Tenez
votre agenda des petits et grands plaisirs. Dressez la liste de
vos envies et cochez-les à chaque réalisation. Notez aussi
les plaisirs que vous faites aux autres et qui vous privent, cela
vous aidera à vous libérer.
MAJORITÉ DE D
Votre hyperactivité
L’hyperactif ne connaît que des temps forts. Cette propension
à l’action est l’expression d’un tempérament aussi énergique
qu’anxieux. Car il revient à tout faire pour ne pas se retrouver
seul avec soi. C’est pourquoi l’hyperactif entreprend beaucoup
et finit rarement. Peur du vide et crainte de l’échec sont ses
deux moteurs inconscients. Sa passion du faire et, souvent, du
« faire voir » le coupe de son intériorité. Épuisement, accidents
ou somatisations diverses l’obligent à arrêter malgré lui, faute
de carburant. Chez lui, évasion mentale rime avec objectif
à atteindre; autant dire que ces répits ne sont source ni de
détente ni de récupération.
Les pistes pour décoller : simplement ralentir. Se fixer
comme but de ne rien faire est une mission impossible. En
revanche, mettre de la conscience et de la lenteur dans ses
déplacements et ses gestes permet d’ouvrir une voie vers
l’intériorité. Quand on ralentit, les sensations et les émotions
deviennent plus conscientes, les vrais besoins et désirs aussi.
La prescription : pendant une semaine au moins, fixez-vous
une activité ou un projet par jour. Pas davantage. En vous
investissant pleinement et en l’assumant du début à la fin.
Imposez-vous des plages de déconnexion totale, laissez le plus
souvent possible votre portable chez vous. O
 C AHIER PR ATIQUE

La trousse de secours
18 conseils
anti-fatigue express Automassages, mantras, yoga, tisanes, musique…
Il suffit parfois de gestes simples et de remèdes à la portée
de tous pour nous redonner un coup de fouet.
• Par Aurore Aimelet, Isabelle Artus, Ségolène Barbé, Odile Chabrillac, Charlène Favry, Ariane
Le Febvre, Catherine Maillard, Flavia Mazelin Salvi, Érik Pigani, Agnès Rogelet, Pascale Senk

1
Illustrations Sylvie Faur

Un exercice pour se recentrer

O
n prête peu attention à nos petites
chutes de vitalité, préférant pour-
suivre notre route en vaillants petits
soldats. Mais pour la médecine orien-
tale traditionnelle, qui ne sépare pas
le corps de l’esprit, ces brèches dans
notre vitalité sont le signe que le
qi, notre énergie, est perturbé, que des émotions
créent des blocages en nous. Pour ne pas accumuler
les « mauvais points » énergétiques, mieux vaut agir
au moment où nous sentons notre vitalité flancher.
Shiatsu, yoga, réflexologie… Retrouvez les rituels,
recettes ou exercices de nos experts pour combattre
les coups de mou du quotidien.
1. Observez. Sur un siège, jambes étendues et talon
avec le sol, soupirez bruyamment, relâchez la nuque
à rien… Et respirez. Sentez-vous votre énergie desce
sol? Votre respiration ralentir? Redressez-vous ensu
vous étiez sur le qui-vive, jambes fléchies et poids du corps sur les
orteils. Exagérez posture et inspiration : êtes-vous re
2. Percevez. Assis en position neutre, orientez la main gauche vers
le ciel, doigts écartés. Joignez les extrémités des doigts de la main
droite et, en les pointant au-dessus de l’autre main (sans la toucher),
tournez-les dans le sens des aiguilles d’une montre. Recommencez
en jouant sur la distance et la vitesse de rotation.
Conseil de Benjamin Delisle, auteur de Mon taï-ji au quotidien
(Chariot d’or, 2011).

16 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Une détox di

2
« Il y a un véritable
technologies sur notre état de bien-être, affirme François
Duforez, médecin du sport et du sommeil et fondateur
de l’European Sleep Center. Les patients mettent un
certain temps à comprendre ce qui les épuise vraiment :
à savoir le fait que leur cerveau soit toujours en éveil
face aux écrans d’ordinateur, de smartphone, de tablette.
D’autant que ces sollicitations constantes empiètent
sur la sphère privée, qui est théoriquement celle du
repos. L’étude de la plasticité cérébrale n’en est encore
qu’à ses débuts, mais on sait que ces nouveaux vecteurs

4
de fatigue mentale nécessitent une récupération plus
importante que la fatigue purement physique. Et que
les lumières LED (bleues) dégagées par les écranss ont
une influence négative sur notre sommeil, en bloq quant
la sécrétion de mélatonine. Nos biorythmes sont
désynchronisés, et, forcément, le cadre explose! »» La
solution? Débranchez! Si vous devez rester conneecté
pendant les heures de travail, offrez-vous une déétox
digitale en coupant portables et écrans matin, mid di,
soir et week-end pendant une semaine. Vous pourrriez
par exemple « oublier » votre téléphone au travaill.

Des ions négatifs

Savez-vous pourquoi vous vous sentez ons spirituelles orientales utilisent des
particulièrement bien au bord de la mer, après un hantés pour leurs vertus vibratoires.
orage ou devant un feu de cheminée? Parce que e plus célèbre : le « om » bouddhiste.

3
l’air y est chargé d’ions négatifs, véritables vitaminnes
lors que, dans nos espaces pollués,
t informatisés, les ions positifs dominent,
nt suspectés de causer fatigue et migraine.
notre énergie. Pour rendre l’atmosphère
rique, il existe des appareils distributeurs
tifs. Pensez également à « prendre l’air »
ent. Car on trouverait huit mille ions
centimètre cube en haute montagne,
e en mer, trois mille en forêt, mille deux
ampagne, deux cents en ville, vingt
eau parisien et quatorze… en voiture!
debout, jambes et bras légèrement écartés,
paumes des mains vers le ciel. Pendant cinq minutes
au réveil, chantez votre prénom sur n’importe quel air
joyeux, insistez sur les consonnes et articulez
bien chaque voyelle. En chantant, balancez-vous
en déplaçant votre poids d’un pied à l’autre.
La conscience du poids du corps favorise l’ancrage
terrestre, tandis que le chant aide à lâcher prise sur
le mental. La vocalisation de son prénom recentre et
permet à l’énergie vitale de circuler dans tout le corps.
Conseil de Philippe-Nicolas Mélot, professeur de chant
et coach vocal.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 17

 L A TROUSSE DE SECOURS ANTI - FATIGUE
5 7
Les espaces silencieux attireraient les mauvaises
énergies et les mauvais esprits. Le bruit serait une
excellente méthode pour purifier les lieux. C’est
pourquoi les Chinois adorent les feux d’artifice.
Chez eux, ils n’hésitent pas à applaudir bruyamment,
utiliser des tambours ou même des carillons pour
chasser les mauvaises vibrations. Essayez chez vous :
munissez-vous de cloches et de bols tibétains,
ou applaudissez en disant zàijiàn (au revoir) à cette
mauvaise énergie qui encombre votre intérieur.
Une pierre amie
Transparent et clair, le cristal de roche ressemble
à de la glace lorsqu’il se présente en morceau
pointu. En lithothérapie – méthode de soin par
les pierres –, il est considéré comme l’allié tout-
terrain : il purifie et redonne de l’énergie. Pour
preuve, toutes les pierres peuvent être rechargées
à son contact : il amplifie leurs propriétés lorsque
le soleil vient à manquer. Tout comme il aide
à se relever d’une épreuve et à sortir de grosses
6
fatigues, il offre sa force aux projets naissants.
« Les Romains de l’Antiquité avaient l’habitude
de se rafraîchir les mains en manipulant
des boules de cristal de roche poli, parce
ressemble à de la glace qui ne fond pas »,
Martine Pelloux, auteure des Pierres et cri
qui font du bien (Leduc.s éditions, 2018). S
aspect « clarificateur » est d’ailleurs tout a
bénéfique pour se « rafraîchir » les idées e
ses perceptions. Pierres qu’on peut lui as
la fluorine pour intensifier la clarté de l’es
en cas de travail intellectuel. La calcédoin
quand il s’agit de produire des discours c
L’œil de fer en cas de compétition sportiv
18 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Un grand nettoyage
Le space clearing permet de se libér
énergies véhiculées par les objets q
à la maison. Cela ressemble assez à
de printemps. On commence par fa
jette, on vend ou on donne tout ce
plus, tout ce qui est cassé, obsolète,
ce que l’on ne « sent » plus vraiment, ce qui ne
nous procure plus de plaisir. Ensuite, on nettoie, on
range, on répare, on dépoussière, on organise pour
se concocter un foyer harmonieux. Le désordre dans
la maison restreint le flux d’énergie positive et peut
entraîner une pensée désordonnée Le rangement
8
er des séances de relaxation
es, faites une pause musicale de vingt
cace, à condition de sélectionner les
aux et de les enchaîner correctement.
« Il faut avant tout choisir une musique que l’on
apprécie et qui résonne avec nos émotions du
moment, explique le Dr Stéphane Guétin, chercheur
à l’Inserm. On commence par des rythmes lents, qui
induisent la détente, puis on monte progressivement
vers des pulsations plus rapides, qui redynamisent
le corps et l’esprit. » Un exemple de playlist proposée
par le chercheur : une sonate pour piano sur
G E T T Y I M AG E S / W E S T E N D 6 1
un rythme adagio, suivie d’un quatuor à cordes
accompagné d’un piano sur un tempo moderato et,
pour sortir définitivement de la torpeur, un orchestre
symphonique sur une partition allegro. À adapter
selon ses goûts et son ressenti.
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 19
 L A TROUSSE DE SECOURS ANTI - FATIGUE

9 11 e shiatsu
du plexus solaire (au milieu
c le poing, par une friction
puis celle des reins avec le dos
retournés (trente secondes à une
zone). Massez ensuite, avec le
le point situé au milieu du sternum.
Terminez en vous plaçant debout, genoux un peu
fléchis, et secouez tout votre corps pendant une
minute, très relâché, comme un pantin suspendu
par une corde. Inspirez et expirez profondément
et lentement trois ou quatre fois de suite.
Conseil du Dr Denis Lamboley, auteur de Shiatsu
et Les Bases de la réflexologie et du massage du pied
(Marabout, 2013 et 2018).
Une pression de l’auriculaire
Pressez, au rythme d’une pression par seconde,
l’extrémité du petit doigt, de part et d’autre de l’ongle
auriculaire. Faites-le au minimum une dizaine de fois
atigue, une soixantaine de fois en cas
mulation de ce point est très efficace
nt, le chagrin, la neurasthénie.

10 Un “mudra”
On prête à ce « 
énergétiques, ag
qui ont leur term
Selon la médecin
organe peut être traité en massant ou en appuyant
le doigt ou la partie de la main leur correspondant.
Ce mudra active globalement les énergies et lutte
ainsi contre les coups de barre. Pour le réaliser :
posez le pouce de la main gauche sur l’ongle du
majeur et glissez le pouce droit entre ces deux
doigts. Les mains sont au niveau de la poitrine,
les avant-bras étant en position horizontale.
Après une vingtaine de respirations, changez
Une séance de po
Également appelé yoga

le hatha yoga que l’on p

de rythme! Pour mesure
ashtanga, vous réalisere
en quatre-vingt-dix min
chacune d’elles, contre
1
12
le corps et l’esprit. Atte

le même laps de temps pour le hatha. Impressionnant

de main en inversant la position. par ses figures physiques, le power yoga peut
Conseil de Gertrud Hirschi, professeure de yoga néanmoins être pratiqué par tout le monde. À terme,
G E T T Y I M AG E S /J A S M I N A 0 0 7

et auteure de Mudras de bien-être pour le corps, l’âme
et l’espritt (Le Courrier du livre, 2018).
il développe l’endurance et la résistance. Il donne
de l’énergie, oxygène la peau, renforce les abdominaux,
les fessiers et développe des muscles félins. C’est
un yoga joyeux. Mais qui, mal pratiqué, peut être
dangereux… Un bon professeur est nécessaire.

20 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 21
 L A TROUSSE DE SECOURS ANTI - FATIGUE

15 vos
e petit
é
yeux.
n
ssèchent

Trouvez un endroit calme à l écart du bruit du quotidien.
Utilisez votre huile de massage habituelle ou une huile
de sésame, à laquelle vous rajoutez quelques gouttes
d’huile essentielle de lavande, pour la détente. Comptez
cice
suivant toutes les deux heures environ. Pincez vos
sourcils en formant un gros bourrelet de peau entre
votre pouce et votre index. Soulevez l’épiderme
en prenant appui sur la structure osseuse de l’arcade.
Partez de l’extrémité du sourcil et remontez jusqu’à
sa base, en effectuant de gros pincements un peu
lâches, très lentement et tout le long de l’arcade.
Durant tout l’exercice, gardez votre regard dirigé
vers le bas. Cette position contribue en effet
à décontracter les yeux. Veillez à les baisser devant
votre écran plutôt que de les lever, ce qui aggrave
leur assèchement. Bougez-les régulièrement – leur
bien-être passe par le mouvement –, essayez le
plus souvent possible de regarder autre chose que

13
1
une dizaine de minutes par jour. Commencez à masser l’écran, et ce à différentes distances. La relaxation
les orteils : la pulpe du gros orteil passe aussi par les cils : clignez des yeux
réflexe de l’hypophyse (pour stim fréquemment afin d’humecter la surface oculaire.
les autres orteils, de l’extrémité jus Chaque cillement permet de répartir le liquide
se fait sur la zone réflexe des nerf lacrymal sur l’œil, le nettoie, le masse et le détend,
ensuite la zone du plexus solaire tout en lui procurant un instant d’obscurité relaxant.
cercles ou en effectuant de petite Conseil de Petra Kunze, ophtalmologue.
zone. Cela permet de libérer les
Conseil de Carole Jacob, réflexolo

14
Une tisane énergétique

1
16
En plus des tonifiants réput
l’éleuthérocoque ou la sarri
d’une à deux tasses par jou
ant recette très énergétique : u
ut se pratiquer dans l’avion comme au de cannelle, une pincée de
me au coucher. Et sans se dévêtir! Passez et un tiers de gousse de va
os, fermez les poings et remontez-les, si d’eau fumante.
vous le pouvez, au niveau des omoplates, mais surtout ne faites Conseil de Michel Pierre, res
rien en force. Tout en expirant, martelez les deux côtés de l’Herboristerie du Palais Roya
la colonne vertébrale en progressant vers le sacrum (méridien de Ma bible des secrets de l’h (
de la vessie). Puis remontez en sens inverse. Donne du tonus. en librairies le 16 octobre 2018).

22 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Une boisson indienne
À LIRE
Ce stimulant cérébral contient du brahmi, un champignon connu
dans la tradition hindouiste pour tonifier le système nerveux,
apaiser l’anxiété et l’hypertension. Cette décoction calme le corps
et l’esprit, renforce la vigilance ainsi que la mémoire à court
et long terme, tout en soulageant la fatigue mentale.

17
Pour 500 ml Guérir par
• 75 g de noix l’énergie,
• 3 dattes dénoyautées Nathalie Julien,
• 1 c. à c. d’extraits de vanille ou (Eyrolles, 2018).
les grains d’1/2 gousse de vanille
• 1/2 c. à c. de cannelle en poudre
• 2 c. à c. d’extrait de brahmi
• 500 ml d’eau filtrée ou minéral
Passez les ingrédients au mixeur Le Grand Livre
et ajoutez lentement l’eau jusqu’ du shiatsu et du
ce que le mélange soit homogèn do-in, Hervé Ligot,
Filtrez à travers une passoire (Leduc.s, éditions,
à mailles fines pour obtenir 2018).
une consistance plus liquide.
Consommez ce tonifiant tout d
suite ou mettez-le au réfrigérate
jusqu’à dégustation. Il se conser
Je fais le plein
deux jours.
d’énergie,
Recette tirée du livre Thés, tisanes
Alia Cardyn
& tonifiants de Rachel de Thample
(Jouvence, 2018).
(Synchronique éditions, 2018).

L’Énergie qui
Un bain au sel guérit : traité de

118
digitopuncture,
Le sel d’Epsom est un composé naturel de magnésium et de sulfate
Jacques Staehle
qui nous vient d’Angleterr
(Pocket, 2018).
Ses propriétés relaxantes e
détendre en profondeur e
vous pèse. Quand on con
on ne peut qu’être enthou
en profiter. Bye bye raideu Le Grand
En pratique, faites-vous co Livre des soins
de sel d’Epsom. Attendez énergétiques :
dans l’eau. Profitez de ce m le reiki, Guy
de minutes. Rincez-vous à Brassecassé
Attention, l’usage externe (Leduc.s éditions,
si vous souffrez de problè 2018).
cardiaques, d’hypertensio
Conseil de Julia Simon, nat

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 23

C H A P I T R E
1

Retrouvez
votre
élan vital
Identifier les relations qui vous dynamisent et vous
nourrissent, appliquer les conseils anti-fatigue des
médecines chinoises et ayurvédiques, faire le plein de
bonnes ondes avec le feng shui ou encore se connecter
à son ventre… Autant de pistes pour retrouver votre
énergie intérieure, celle qui, au cœur de nos vies, nous
donne l’envie, la force, la joie et le rayonnement intérieur.
• Illustration Irina Kruglova

24 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 Vaincre la lassitude
Les signes d’usure mentale sont à prendre au sérieux.
Nos pistes pour les distinguer de l’épuisement
physique et en venir à bout.
• Par Isabelle Taubes

L
es policiers sont fatigués, la moitié des dirigeants
de PME le sont aussi, les profs sont épuisés, de
même que les étudiants. Selon un sondage réa-
lisé en  2018, plus de sept Français sur dix se
considèrent fatigués, et seulement 5  % affir-
ment se lever frais et dispos. La fatigue est une
expérience humaine universelle, mais certaines
époques semblent étonnamment usantes… À la fin des
années  1990, le sociologue A lain Ehrenberg, auteur
de La Fatigue d’être soi (Odile Jacob, “Poches”, 2010),
avait enquêté sur la lassitude de l’individu contempo-
rain, soumis au culte de la performance, se battant non
pas pour être le meilleur, mais juste pour rester dans la
course et éviter l’exclusion. Plus de vingt-cinq ans plus
G E T T Y I M AG E S / W E S T E N D 6 1
que nous constatons que l’horizon des possibles semble
bouché. Le monde change très vite et nous aussi devons
changer, même si nous ne le souhaitons pas. Nous nous
épuisons à nous demander ce qui est possible et ce qui ne
l’est pas. Beaucoup d’entre nous sont proches du burn-out. »
Votre travail vous mine?
Le fait est que le burn-out, défini par l’Académie natio-
nale de médecine comme un « état d’épuisement psycho-
logique, cognitif et physique », est en passe de devenir
l’une des pathologies les plus connues. Décrit pour la pre-
mière fois dans les années 1970, alors qu’il atteignait plus
particulièrement les soignants et les travailleurs sociaux

tard, Emmanuel Delcourt, psychopraticien, constate que
la fatigue psychique est devenue un motif récurrent de
plainte chez ses patients. Lui-même, il l’avoue, pâtit de ce
symptôme : « Nous sommes fatigués de devoir nous poser
en permanence en autoentrepreneurs dynamiques alors
ravagés par le constat de leur incapacité à guérir ou à
aider efficacement leurs patients, il se répand aujourd’hui
dans tous les milieux professionnels. Le psychiatre et
psychanalyste Christophe Dejours met directement en
cause les conditions de travail dans les entreprises qui, ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 27

 VAINCRE L A L A SSITUDE

³ obéissant à une logique de pur

profit, obligent les salariés à
ef fectuer des tâches bâclées,
“L ’essentiel est de s’autoriser
approximatives. Or celles-ci se
répercutent négativement sur
l’estime de soi. Survient alors
à s’écouter, d’arrêter
une forme d’épuisement mental
aux antipodes de la saine fatigue,
qui résulte de l’effort accompli
de prendre sans cesse sur soi”
dans le travail bien fait, source de EMMANUEL DELCOURT
fierté.
Proche du burn-out, la fatigue
«  compassionnelle  » atteint quant à elle les bénévoles “panne” de se transformer en moment fécond pour inven-
d’associations humanitaires ou de protection animale. ter des solutions nouvelles – pour vivre et travailler autre-
Déprimés par l’impossibilité de parvenir à des résultats ment. L’essentiel est de s’autoriser à s’écouter, d’arrêter de
satisfaisants, ils finissent – pour ne pas sombrer totale- prendre sans cesse sur soi. »
ment – par se réfugier derrière un masque d’indifférence.
Cette fatigue psychique, de plus en plus présente dans
notre quotidien, David Le  Breton, chercheur et ensei- La déprime vous guette?
gnant en sociologie à Strasbourg, l’attribue également à la La fatigue est d’abord une sensation, un état que nous per-
perte de sens et de repères. « Si nos conditions de vie sont cevons d’emblée comme anormal, une baisse d’énergie.
sans doute meilleures que celles de nos ancêtres, elles ne Elle est un message du cerveau à l’ensemble de l’organisme
dédouanent pas de l’essentiel, qui consiste à donner une pour signifier : « Attention danger, quelque chose de louche
signification et une valeur à son existence, à se sentir relié altère cette totalité psychosomatique qu’est l’individu. »
aux autres, à éprouver le sentiment d’avoir sa place », écrit- Qu’elle soit brutale ou qu’elle s’installe progressivement,
il. L’individu s’épuise en outre à être joignable en perma- elle ne doit jamais être négligée dès lors qu’elle ne disparaît
nence, à être hyperconnecté. Il faut être disponible pour pas avec quelques bonnes nuits de sommeil et se prolonge
l’entourage, les enfants, les collègues, ne jamais se débran- dans le temps. Il n’est pourtant pas si simple de distinguer
cher totalement. D’où, selon le chercheur, l’émergence du l’asthénie (terme médical pour désigner la fatigue) de la
besoin de s’effacer : envie de disparaître dans le sommeil psychasthénie (la fatigue psychique) car, même purement
ou la nature, de se donner des vacances, de se quitter pen- mentale, conséquence de stress répété, d’événements émo-
dant quelque temps ou de couper les ponts radicalement. tionnellement éprouvants, elle se traduit par des manifes-
« Cette volonté d’impuissance, pour reprendre l’expres- tations corporelles : des tensions musculaires, un mal-être
sion de David Le Breton, peut être salutaire, commente diffus. On constate toutefois que la fatigue liée à une infec-
Emmanuel Delcourt. Car le meilleur remède à cette tion ou à un dérèglement biologique croît au cours de la
fatigue socialement produite est de décrocher un moment, journée. Tandis que la fatigue psychique apparaît dès le
de prendre des distances. Le temps de permettre à cette réveil, s’accompagnant d’irritabilité, d’une difficulté à se
concentrer, d’un sentiment de découragement devant les
tâches à accomplir, et diminue au fil des heures. Au moment
de se coucher, souvent, elle a disparu. Il n’est d’ailleurs pas
rare que le repos l’aggrave.
La preuve d’une confusion toujours possible entre épui-
sement psychique et fatigue organique nous est fournie
par le « syndrome de fatigue chronique ». Longtemps, les
médecins ont cru que ce mal inclassable, aux manifesta-
tions plurielles et hétéroclites – lassitude permanente

28 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

avec sentiment de faiblesse, pertes de mémoire, insomnies,
crampes, lombalgies, tendinites, allergies, maux de gorge,
frissons, suées nocturnes –, était d’origine névrotique. Son
origine infectieuse est désormais avérée. Christine, 42 ans,
en a souffert il y a dix ans et se souvient que son médecin
la prenait pour une hystérique : « À l’époque, il n’existait
pas d’examens pour le détecter. Le toubib me disait : “Vous
êtes angoissée et déprimée, consultez un psy.” Forcément
je l’étais : à force de ne pas savoir ce que j’avais, d’être tou-
jours épuisée et jamais prise au sérieux. Je ne boudais pas
les plaisirs, contrairement aux déprimés, qui n’ont envie
de rien – je le sais, ma mère a fait une dépression. Mais
je m’épuisais si rapidement que toute visite ou invitation
sympathique tournait vite à l’épreuve de force. En tout,
cinq années de ma vie mises entre parenthèses. »
Votre élan vital vous quitte?
Psychanalystes et psychosomaticiens se montrent très
attentifs lorsque leurs patients se plaignent de lassi-
tude extrême. Pour les freudiens, une fatigue persistante
sans cause physique est en effet l’un des symptômes de
la névrose d’angoisse. « Je suis fatiguée en permanence,
confie Paule, 47 ans. Ma vie amoureuse est plutôt heu-
reuse, j’ai un travail intéressant. Mais c’est irrépressible,
dès que je suis seule, je pars dans mes pensées pour les dis-
séquer. Je me torture l’esprit à douter du bien-fondé de mes
choix. Je passe des heures à recréer le passé en imagina-
tion : “Si j’avais répondu ça plutôt que ça quand nous nous
sommes disputés, mon compagnon et moi, que se serait-il
SUR
LE WEB
VOUS SENTEZ-VOUS
FATIGUÉ ?
Répondez à nos questions
et découvrez le plan d’action
pour retrouver votre énergie.
Rubrique « Tests » sur
Psychologies.com
À LIRE
Le Burn-out
pour les nuls,
Marie Pezé
(First éditions,
2017).
Trouver son élan
vital, 10 clés pour
rebondir après
une épreuve,
Ariane Calvo
(First éditions,
2018).
passé?”, etc. » En fait, pour lutter contre son anxiété diffuse,
elle s’use à exercer un hypercontrôle sur ses pensées, ses
émotions, son environnement. Aux patients sujets à ce genre
de ruminations, les psys conseillent généralement de se fixer
des priorités, de ranger ses idées comme on range ses pla-
cards, de rédiger des listes de choses à faire.
Ce combat perpétuel – et improductif, s’il se poursuit
indéfiniment – risque de déboucher sur une dépression,
car l’énergie, l’élan vital, au lieu de se déployer à l’extérieur,
au service de la création et de l’action, restent enkystés.
« Lutter contre la fatigue psychique passe donc par l’exa-
men lucide de ce qui se passe en nous, et par le repérage des
émotions qui nous animent », affirme Emmanuel Delcourt.
D’ailleurs, nous avons tout intérêt à les regarder en face :
nous ne serons jamais assez puissants pour les enfouir à
jamais et calmer nos tensions internes. O
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 29
 Nos relations :
vampiriques ou nourricières?
Certaines personnes nous épuisent, d’autres nous
dynamisent. Comment éloigner les premières et cultiver
le lien avec les secondes? Le psychiatre Christophe André
nous aide à décrypter ce qui se joue dans nos échanges.
• Par Michelle Guerci

Christophe André
Psychiatre et
psychothérapeute,
N
ous con na issons tous Savoir ce qui nous donne de l’énergie
cette sensation d’être ou nous en enlève, décrypter les com-
nourri, renforcé par une portements par lesquels nous épui-
relation. Comme, à l’in- sons notre entourage, nous permet
verse, celle d’être vidé, d’avancer sur la voie de l’équilibre.
asséché. Mais, selon les Christophe André cerne pour nous
sit uations, chacun de ce qui est en jeu dans les relations
nous peut, tour à tour, être énergé- qui vampirisent et dans celles qui
tique ou devenir énergivore. « Nous nourrissent.
sommes tous des vampires poten-
GE T T Y IMAGES/ WESTEND 61 , SERVICE DE PRESSE

il est l’auteur,
entre autres, de
tiels, car notre tendance naturelle est
d’attendre tout de l’autre, de vouloir
La Vie intérieure le dévorer, explique le psychiatre et
(L’Iconoclaste, 2018) psychothérapeute Christophe André.
et de Trois Minutes Mais l’intelligence relationnelle et la
à méditer maturité nous aident à comprendre
(L’Iconoclaste, 2017). peu à peu que c’est une mauvaise solu-
tion pour nous attacher autrui, qu’on
va l’épuiser, le faire fuir. »
Les relations vampiriques
On les reconnaît au degré d’épui-
sement qu’elles engendrent. Parce
qu’elles ne nous apportent rien et
mettent à mal notre équilibre émo-
tionnel. On peut dégager plusieurs
portraits de dévoreurs d’énergie (à
fréquenter avec parcimonie).

30 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 Les plaintifs chroniques. Ils nous
vampirisent, parce que leur demande
affective est sans fin et que nous
sommes impuissants à la combler
ou à la faire évoluer. Alors qu’ils
nous investissent du rôle du sauveur
– même si nous n’en avons ni la capacité
ni l’envie –, ces éternels plaintifs nous
mettent en situation d’échec car, en
réalité, ils ne sont pas dans l’état d’es-
prit voulu pour recevoir nos conseils.
Les dépendants. Ils réclament en
permanence des preuves d’amour,
nous sollicitent pour la moindre déci-
sion… En s’accrochant à nous comme
des enfants, ils nous placent dans
une position de parents et font peser
sur nos épaules une responsabilité
écrasante. Et dès que nous voulons
prendre nos distances, la culpabilité
nous envahit.
Les hypersensibles. Leur sensibilité
exacerbée nous oblige à être en per-
manence sur nos gardes. Car, avec eux,
tout est sujet à interprétation, à justifi-
cation, et est susceptible de provoquer
un drame. Ils nous condamnent ainsi
à un self-control permanent.
Les conflictuels. Pour eux, la résolu-
tion des problèmes passe par l’agressi-
vité, ce qui ne leur coûte rien, puisque
le conflit est leur mode de fonctionne-
ment. En revanche, ce type de relation
est cher en émotions pour la personne
agressée qui, elle, en sortira vidée.
Les hors-la-loi. Leur rôle et leur ter-
ritoire ne sont jamais clairement défi-
nis, ce qui oblige à des renégociations
incessantes. Comme les règles ne sont
pas établies une fois pour toutes, cha-
cun empiète sur le terrain de l’autre.
CE QUE L’ON PEUT FAIRE :
savoir mettre des limites
Dans les relations vampiriques, il est
important d’établir la juste distance
pour ne pas se laisser happer. Nous ris-
quons en effet de nous soumettre à la
pathologie de l’autre et de devenir sa
victime, puis de sombrer dans la ran-
cœur. Nous devons nous méfier de notre
tendance à endosser le rôle du sauveur.
Si l’on peut souvent aider, on peut rare-
ment sauver. Quand l’énervement nous ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 31
 NOS REL ATIONS : VAMPIRIQUES OU NOURRICIÈRES ?
³ envahit, deux questions s’imposent :
suis-je la bonne personne et dois-je être
la seule personne? Nos émotions sont le
meilleur signal d’alarme : un sentiment
de malaise qui s’installe nous indique
qu’il faut dire stop!
Les relations nourricières
Sans que nous sachions pourquoi, elles
nous rassérènent, nous réconfortent.
Et agissent parfois comme des eupho-
risants. Petit tour d’horizon de ces rela-
tions aux bénéfices certains.
Les petits riens qui font du bien. Le
compliment d’un inconnu, la sympa-
thie d’un voisin qui s’enquiert de notre
travail, la gentillesse d’un ami sont
autant de signes que notre existence a
un intérêt – même minime – pour les
autres. Nous avons tendance à sous-
estimer ces gestes, à les réduire à des
automatismes. Pourtant, ils augmen-
tent notre sentiment d’être apprécié.
Nous avons tous besoin de plusieurs
niveaux de relations, et ces liens super-
ficiels comptent autant que les rap-
ports intenses d’amour ou d’amitié.
Les personnes âgées, par exemple, qui
entretiennent des rapports superficiels
mais réguliers avec les commerçants, y
puisent de l’énergie vitale.
La dynamique de l’échange. Les rela-
tions reposant sur un échange véri-
table nous nourrissent parce que nous
entrons dans une dynamique de créa-
tion réciproque. Chacun s’invente
en s’ouvrant au monde de l’autre.
L’échange suppose qu’il n’y ait ni sou-
mission ni domination, mais égalité et
réciprocité. Si quelqu’un nous confie
sa souffrance et est disposé à nous
entendre, il nous gratifie parce qu’il
nous a choisi. Et le dialogue noué sera
pourvoyeur d’énergie pour les deux.
32 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
À LIRE
Le don, une façon idéale de recevoir.
Quand nous sommes en position de
donner du temps, de l’amour, de l’aide,
nous diffusons de l’énergie positive.
Les gratifications que nous recevons en
retour rehaussent notre estime de soi.
Et notre bénéfice est à la hauteur de
celui retiré par l’autre personne.
La transmission, une satisfaction. Avoir Imparfaits, libres
la preuve que ce que l’on fait a un sens et heureux,
décuple notre énergie. Quand un Christophe André
maître réussit à apprendre à lire à un (Odile Jacob, 2018).
élève en difficulté, il en sort «  énergé-
tisé ». Pédagogiques ou thérapeutiques,
les relations de transmission sont très
gratifiantes  : elles renforcent notre
sentiment d’utilité et d’efficacité. À
chaque fois que nous pouvons adopter
un comportement en accord avec nos
valeurs, nous en retirons de l’énergie  :
assumer nos responsabilités à l’égard
d’un vieux parent, soutenir quelqu’un
qui subit l’opprobre général nous dyna- Petits Pénibles
mise parce que nous nous sentons en et gros casse-pieds,
règle avec nous-même. Christophe André,
(Seuil, 2007).
CE QUE L’ON PEUT FAIRE :
renouveler son énergie
Nous devons nous nourrir à plusieurs
sources. Les nourritures quotidiennes
sont procurées par nos proches. Mais
nous avons aussi besoin de relations qui
« décoiffent », nous transforment. Elles
correspondent à des attentes – souvent SUR
inconscientes –, à des possibilités en
nous inexploitées jusque-là. Certaines LE WEB
personnes – agressives, provocatrices –
peuvent nous agacer ou nous déplaire,
mais elles nous permettent d’avan-
cer, de grandir. Ces relations inconfor- TROIS CONSEILS
tables sont parfois le meilleur moyen de POUR PRATIQUER
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renouveler notre énergie. O RELATIONNELLE
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Gaston Rébuffat à Paris (75 019) est responsable de traitement et collecte des données afin de permettre votre abonnement au magazine Psychologies sur la base de la relation contractuelle établie. Si vous ne fournissez pas l’ensemble des champs obli-
gatoires marqués par un astérisque, vous ne pourrez pas recevoir votre abonnement. Vos données pourront être transmises à d’autres organismes (de presse, de VAD, du caritatif…) et sont conservées pendant 5 ans à partir de votre désabonnement. Vous
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tité. Le Groupe Psychologies dispose d’un délégué à la protection des données pouvant être contacté à 2-8 rue Gaston Rébuffat 75 019 Paris ou par email dpo@psychologies.com. À tout moment vous pouvez introduire une réclamation auprès de la CNIL.
 “Accepter sa fatigue
n’est pas un aveu de faiblesse”
La fatigue est mal vue. Nous la traînons ou nous la combattons,
mais nous n’en tenons pas compte, déplore le médecin acupuncteur
Maurice Tran Dinh Can. Et si nous arrêtions de culpabiliser?
• Propos recueillis par Flavia Mazelin Salvi

Psychologies : Qu’elle soit nerveuse de distinguer fatigue physique et fatigue

Maurice Tran Dinh Can
Médecin acupuncteur,
il est l’auteur de
Comment retrouver
toute son énergie,
la fatigue n’est pas
une fatalité (Éditions
du Rocher, 2016).
Depuis plus de trente-
cinq ans, il traite la
ou physique, la fatigue est sans doute nerveuse, mais en réalité, la fatigue dont la
le trouble le plus courant. Comment grande majorité des gens souffre est céré-
définissez-vous cette affection? brale, c’est-à-dire totale. Elle est psychique,
Maurice Tran Dinh Can : La fatigue est la physique, intellectuelle, voire sexuelle, à des
résultante d’une somme de causes diverses degrés divers, selon le parcours et les points
qui agissent de manière singulière sur une faibles de chacun.
personnalité donnée à un moment précis.
Chaque perception de la fatigue est unique. Notre mode de vie produirait-il
Ce qui me fait dire qu’il y a autant de fati- une forme de fatigue particulière?
gues que de fatigués. Sur le plan psychique, M.T.D.C. : C’est incontestable. Nous vivons
la fatigue est caractérisée par un sentiment dans une société de production, de consom-
d’impuissance, de découragement; sur le mation et de performance. Ce qui signifie
plan physique, par une impression de péni- que nous sommes conditionnés depuis notre
SERVICE DE PRESSE

fatigue et les troubles bilité dans les tâches à accomplir. Mais il naissance pour être –  ou du moins pour
psychosomatiques à l’aide existe aussi une fatigue liée à la maladie, à paraître – actifs et battants. Du coup, nous
d’un point d’acupuncture laquelle il faut bien sûr penser afin de l’éli- nous dépensons sans compter et sans nous
crânien : le paé roé. miner dans un diagnostic. On a coutume écouter pour être reconnus et avoir notre

34 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

place dans la société. Le message est clair : il
faut être productif, sous peine d’être sociale-
ment exclu. Nous n’avons ni le droit au repos,
ni le droit à la fatigue. Notre société nous a
déprogrammés – alors que la nature a mis des
millions d’années à élaborer un programme
d’équilibre interne que respectent toutes les
autres espèces – et nous a reprogrammés en
imposant des critères et des valeurs qui sont
à l’opposé de notre bien-être. Je suis persuadé
que ce conflit entre ces deux impératifs – l’un
naturel, l’autre culturel – est à la source de
notre mal de vivre. Celui-ci s’exprime par
des tensions internes très fortes qui se réper-
cutent sur notre organisme.
Une fatigue qui s’accumule
serait donc source
de somatisation?
M.T.D.C. : Je ne suis pas le seul à
“Il faut oser réviser ses valeurs,
le penser, les neurosciences vont
dans ce sens. Le cerveau, qui nous
gère en totalité, a besoin d’équi-
quitte à écorner l’image de
libre nerveux pour mener à bien
son rôle d’ordinateur central. Si
le repos est insuffisant, l’équilibre
battant que l’on veut donner”
est rompu, car l’organisme est en
« surchauffe ». L’hyperactivité, sans repos
en contrepartie, installe l’organisme dans ce
déséquilibre. Le cerveau a de plus en plus de
mal à fonctionner, ce qui occasionne des per-
turbations qui vont se traduire par le dysfonc-
tionnement de certains de nos organes : c’est
cela que l’on appelle somatiser.
Comment combattre la fatigue
de manière saine?
M.T.D.C. : Personne n’aime la fatigue, nous
voulons tous nous en débarrasser, et c’est
légitime. Mais il y a une bonne façon de la
combattre et une mauvaise. La mauvaise
consiste à la nier, à la refuser ou à la refouler.
On continue alors à puiser dans nos réserves
pour avancer coûte que coûte, ou on prend des
médicaments « coups de fouet », qui font dis-
paraître les symptômes sans agir sur la cause.
Pour combattre sainement sa fatigue, il faut
tout simplement commencer par l’accepter!
Cela veut dire admettre que l’on a besoin de
se reposer, et le faire sans tarder. De la même
façon que l’on mange ou que l’on boit quand
on ressent la faim ou la soif. La fatigue est
un signal physiologique vital auquel on doit
répondre au moment où on le perçoit.
Concrètement, il faudrait privilégier le repos
à la demande : une sieste, une grasse matinée,
des pauses dans la journée… Dès que l’on se
sent en baisse de régime, il faut accorder à notre
organisme le break qu’il réclame. Et puis il faut
aussi oser réviser ses valeurs, quitte à écorner
l’image de battant que l’on veut donner de soi.
Nous avons tous besoin de temps de récupé-
ration, ce n’est ni un aveu de faiblesse ni une
forme de paresse. Se reposer, c’est prendre soin
de soi, ce n’est ni du temps perdu, ni du temps
gaspillé. Ce n’est pas un hasard si aux États-
Unis ou au Japon, dans les grandes entreprises,
la sieste fait partie de la journée de travail.
Reposé, on est plus performant!
Les enfants n’échappent pas à ce mal
du siècle : eux aussi se disent très souvent
fatigués. Comment réagir?
M.T.D.C.  : Il est impératif de prendre au
sérieux la fatigue chez l’enfant, ne serait-
ce que parce qu’elle peut être le symptôme ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 35
“ACCEPTER SA FATIGUE N ’EST PA S UN AVEU DE FAIBLESSE ”

leurs constaté que les parents surmenés et

“Un enfant doit pouvoir fatigués avaient des enfants très actifs, ner-
veux, et tout aussi fatigués qu’eux.

ne rien faire sans que le Un mauvais sommeil serait-il la

principale cause de fatigue aujourd’hui?
M.T.D.C.  : Afin de comprendre ce qu’est

parent le lui reproche” un mauvais sommeil, il est nécessaire de

définir le « bon sommeil ». Un bon sommeil,
c’est avant tout un bon réveil. C’est se réveil-
ler naturellement, en ayant l’impression
d’être « remis à neuf ». Les réveils difficiles,
³ d’une maladie parfois grave. Certains de comme les endormissements difficiles, sont
mes patients s’étonnent qu’un enfant jeune toujours le signe d’un sommeil de mauvaise
puisse être fatigué. Mais il suffit de s’attar- qualité, source permanente de fatigue. Mon
der sur le planning de leurs journées pour travail de médecin acupuncteur consiste
comprendre que la fatigue prend sa source aujourd’hui principalement à travailler sur
dans leur mode de vie. Les enfants ont un point appelé paé roé (lire ci-dessous) pour
besoin d’un bon sommeil, d’activités phy- agir sur les troubles du sommeil, qui sont à la
siques raisonnables et d’un emploi du temps fois la cause et la conséquence de la fatigue.
qui ne ressemble pas à celui d’un ministre! Il est aujourd’hui plus que jamais essentiel
Un enfant doit pouvoir traîner, ne rien faire d’apprendre à vivre en bonne intelligence
quand il en ressent le besoin, sans que le avec notre fatigue. Notre bien-être physique,
parent lui reproche son oisiveté. J’ai d’ail- psychique et émotionnel est à ce prix. O

Paé Roé : une stimulation réparatrice

Le paé roé (« cent réunions » en
français) est un point minuscule,
pas plus gros qu’une tête
d’épingle, situé au sommet du
crâne, au centre d’une petite
dépression. Depuis 1974, la
pratique de l’acupuncture du
docteur Maurice Tran Dinh Can
est tout entière concentrée
sur la stimulation de ce point.
Difficile à localiser, ce point se
situe à quelques millimètres de
son opposé, le point anti-paé roé,
dont la stimulation génère des
effets inverses. « Le paé roé
englobe plusieurs points crâniens
qui rééquilibrent et harmonisent
l’activité cérébrale, explique
le médecin acupuncteur. Leur
stimulation agit sur les troubles
du sommeil, donc sur la fatigue
et les maladies psychosomatiques
qui en découlent. »
Il faut compter de dix à vingt
séances, suivant l’état général du
patient, pour que l’énergie circule
à nouveau dans l’organisme et que
le sommeil redevienne réparateur.
Lors de la première stimulation
du point paé roé par Maurice Tran
Dinh Can, on éprouve (nous
l’avons testé) une irrépressible
envie de dormir. Et au bout
de trois séances, la fatigue
accumulée semble s’échapper
par tous les pores de la peau.
Le sommeil devient plus
profond, les réveils plus faciles,
et la capacité à se concentrer dans
la journée est renforcée. Connu
depuis cinq mille ans, le point paé
roé pourrait bien être le plus
avant-gardiste des remèdes
antifatigue.
- Audrey Tropauer

36 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

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 La force vient
du ventre
Les Japonais l’assurent : notre ventre ou hara est
une source de vitalité inestimable. Apprenons à l’écouter
pour gagner en assurance et sérénité.
• Par Catherine Maillard

S
tress, insomnie, ma l de
dos, problèmes diges-
Adopter la bonne posture “Digérer” nos émotions
ti fs sont notre lot quo- Comment reconnaître une personne Se recentrer sur notre ventre peut
t i d i e n . D i r e c t e u r d u centrée sur son hara? « Elle est soli- aussi nous aider à mieux communi-
Centre Dürckheim, dédié dement ancrée sur terre  », observe quer avec les autres et à gérer nos émo-
à la méditation, Jacques Jacques Castermane. tions. « Une vraie conversation doit
Castermane l’affirme : « La À l’inverse, un individu décentré mani- être menée “de ventre à ventre”, et pas
plupart de nos maux ont pour origine feste un déséquilibre  : poitrine en seulement de bouche à oreille, suggère
la perte de contact avec notre hara. » avant, ventre rentré, épaules contrac- Jacques Castermane. Les individus
Ce hara ou « rayonnement de notre tées. Chez lui, la tête domine. La fonc- irritables, qui se montent la tête facile-
force vitale  » se situe trois doigts tion intellectuelle prime sur l’instinct. ment, portent souvent le ventre “haut”.
sous le nombril, de l’abdomen au bas- Déconnecté de son bassin, un simple Une personne au ventre “bas” ne réagit
ventre. Une zone dont nous pour- choc peut alors l’ébranler. Qu’il soit pas si vivement. »
rions tirer force et sécurité. Bonne physique ou émotionnel. On peut en Concrètement, lorsqu’une contra-
nouvelle : ceux qui arborent un petit faire soi-même l’expérience dans les riété nous conduit à nous échauffer,
ventre bombé posséderaient la géomé- transports. Si une simple bousculade ou à simplement hausser le ton, une
trie idéale pour le cultiver! nous fait vaciller, il y a de grandes bonne maîtrise du hara permettrait
Ce sont les Japonais qui ont le plus chances pour que nous ne soyons plus de « tasser cette énergie dans la région
développé la conscience du hara. en harmonie avec notre hara. des hanches afin d’éviter qu’elle nous
G E T T Y I M AG E S /C O B A LT

Aussi appelé « océan de l’énergie », il La plupart des enfants adoptent natu- déborde  ». Attention  : il n’est nulle-
est considéré par eux comme le centre rellement la posture parfaite. À 2 ou ment question de refouler nos émo-
de la vie instinctive et intuitive, dont 3 ans, assis par terre, ils se tiennent tions, mais de leur offrir un espace
dépendent toutes nos fonctions phy- souvent droit, sans effort ni fatigue, corporel adapté pour pouvoir les
siologiques, comme psychologiques. comme mus par une force intérieure. observer sans se laisser submerger.

40 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Fortifier notre “hara”
La plupart d’entre nous ressentent de
la fatigue après une journée de travail,
à celle-ci s’ajoute aussi aussi le fait que
nous ne sommes pas dans notre hara.
En nous appuyant sur les seules forces
de l’ego, du mental, nous nous sommes
coupés des forces profondes de notre
être. Le zazen ou le shintaïdo peuvent
nous aider à retrouver notre centre.
La posture zazen
En position seiza (assis sur les talons,
les genoux plus bas que le bassin, dos
bien droit, épaules détendues), la res-
piration devient calme et se déroule
jusque dans l’abdomen. Une gageure
pour nombre de personnes qui ne
respirent que par le haut du corps.
Or, en amenant la respiration sous
le diaphragme, on nourrit naturel-
lement notre centre énergétique. Le
bénéfice est immédiat : une sensation
de vitalité accompagnée d’un grand
calme. En se concentrant pleinement
sur le moment présent, l’énergie du
hara s’accroît. Au début, la posture est
difficile à tenir. Mais plus on se montre
assidu, plus l’équilibre, physique et
psychologique, augmente. ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 41
 L A FORCE VIENT DU VENTRE
³ Le shintaïdo
« Dès les premiers cours, j’ai été encou-
ragé à ouvrir les hanches et le ventre,
mais aussi la poitrine, les mains et la
bouche  », témoigne Hugues, 32  ans,
comédien. Dans la galaxie des arts mar-
tiaux japonais, le shintaïdo est la seule
discipline à faire appel à cette nécessité
d’ouverture.
La technique est exigeante en raison
notamment des sauts qui en font sa spé-
cificité. Paumes de main ouvertes, tout
comme le bassin, la bouche et les yeux,
notre corps s’arc-boute dans une totale
ouverture. Ces exercices ont pour but
d’ouvrir le hara, de renforcer le bas du
corps, de l’assouplir, mais aussi d’in-
En pratique
LES PIEDS SUR TERRE
Pour s’épanouir, le hara a besoin
d’un appui solide  : les jambes.
Il est donc nécessaire de bien poser
les pieds sur terre.
Le matin, pieds nus, marchez
lentement en déroulant vos pieds
sur le sol. Commencez par le talon,
la plante des pieds, puis les orteils.
Faites-le en conscience.
Au bureau, bien assis dans votre
bassin, faites glisser vos pieds sur
des petits rouleaux de massage en
bois. Mais pas de façon mécanique :
focalisez toute votre attention
sur ce geste.
Le soir, prenez votre pied gauche
dans votre main droite. Doigts
de pied et doigts de main croisés,
écartez vos orteils et utilisez
votre paume pour relancer la
circulation dans la voûte plantaire.
Recommencez avec l’autre pied.
42 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
À LIRE
fluer sur notre environnement. Cadre
dans une compagnie aérienne, Mario,
38 ans, confirme : « J’étais un chef de
service assez tyrannique. Depuis que je
pratique le shintaïdo, mes relations pro-
fessionnelles se sont nettement amé-
liorées : je suis devenu plus souple. »
Ainsi pourra-t-on dire d’un responsable
d’entreprise qu’il a le hara « ouvert » s’il Hara, centre vital de
laisse se développer des réseaux d’affi- l’homme, Karlfried
nité et favorise l’autonomie de ceux qui Graf Dürckheim
travaillent avec lui. Considérer son col- (Le Courrier
lègue de bureau comme un partenaire du livre, 2005).
et non un adversaire, c’est également,
selon la philosophie du shintaïdo, une
affaire de hara. O
LA DÉTENTE
Comment peut-on
Difficile de développer son hara
être zen?, Jacques
le ventre noué par le stress. Apprenez
Castermane,
à vous détendre. Pour faire le vide
(Marabout, 2015).
et chasser les tensions, répétez
cet exercice : une main sur la poitrine,
l’autre sur l’abdomen, inspirez en
gonflant le ventre et expirez en
dégonflant. Puis haussez les épaules,
en inspirant (par le buste). Maintenez
quelques secondes, et relâchez
en expirant (par le ventre). Cinq fois.
Où pratiquer?
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SEPTEMBRE 2018

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 L’ayurvéda,
thérapie de l’équilibre
Plus qu’un soin “made in India”, c’est une véritable médecine
traditionnelle qui soigne le corps sans oublier l’esprit.
Nous pouvons en suivre les principes jour après jour pour
rester en bonne santé.
• Par Agnès Rogelet

F
aire une cure ayurvédique au Kerala pour se puri- Ayurvedic Medicine and Surgery, diplôme universitaire
fier, l’idée nous semblait un peu bobo, ironise Lisa, indien, ou d’un diplôme admis en équivalence », explique
41 ans, qui est allée dans le sud de l’Inde avec une Kiran Vyas, fondateur des centres de cure Tapovan 1 . Ce
copine. Réveil à 5h30, yoga, soins, collations diété- qui correspond, pour une pratique « bien-être », à un mini-
tiques… Ce fut une retraite stricte mais envoûtante, mum de cinq cents heures de formation. Cette médecine se
pleine de couleurs et de parfums d’épices. » Retour base sur un diagnostic précis, tenant compte de la qualité
en France. Le marketing s’empare de la tendance : de la voix (aiguë, profonde), de la morphologie, de la per-
spas et lieux de cure dans l’esprit ayurvédique émergent un sonnalité, des modes de vie, de l’entourage… Incompatible
peu partout, invitation à la découverte de cette Inde fantas- donc avec l’automédication! Cette thérapie holistique, qui
mée, qui mêle sensualité et sagesse. En sanskrit, ayur signi- replace l’homme dans sa dimension à la fois physique et spi-
fie « force vitale », et veda « connaissance ». rituelle, incite à adopter, selon Kiran Vyas, des habitudes
moins énergivores.

Une science de la vie Chacun porte en lui les énergies qui régissent l’univers : la
terre, l’eau, le feu, l’air, et une cinquième, l’éther, qui sym-
G E T T Y I M AG E S /J U P I T E R I M AG E S

Cette « science de la vie » prend sa source dans les textes bolise l’espace. Mais dans des proportions différentes, qui
sacrés de l’Inde antique. De là est née une médecine tradi- déterminent sa constitution à la fois physique, mentale
tionnelle dont les principes sont ceux de la médecine natu- et spirituelle, appelée dosha (« humeur »). L’air et l’éther
relle et dont la pratique reste vivace en Asie du Sud. dominent? La personne est vata, comme le vent, plutôt
En France, la formation laisse parfois à désirer. « Les bons légère et mince, vive, irrégulière (appétit, sommeil, moti-
praticiens sont généralement titulaires du Bachelor of vation…). Une nature pitta (feu et eau) montre de l’entrain, ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 45

 L’AY URVÉDA , THÉR APIE DE L’ ÉQUILIBRE
Corps et esprit sont
de véritables éponges,
autant leur faire
absorber des bonnes choses
³ une tendance à la colère, est sujette à la transpiration
ou aux inflammations. Un individu kapha (terre et eau)
se reconnaît à sa silhouette charpentée, sa modération,
voire sa lenteur. Le dosha, bien sûr, n’est pas figé; une per-
sonne peut être vata pitta, vata kapha, etc. Il évolue en
permanence, sous l’effet du climat, de l’alimentation, des
émotions, de l’âge… Les pluies d’automne augmentent
la tendance kapha. Le feu de la jalousie accroît l’humeur
pitta… Ces dérèglements fatiguent l’organisme. Pour se
rapprocher de son dosha d’origine, il s’agira d’influer sur
la diététique et sur sa façon de vivre et de penser. L’idéal?
Suivre une cure annuelle d’une ou deux semaines dans un
centre ayurvédique, ou plusieurs courts séjours.
Se nourrir de bon et de beau
Corps et esprit sont de véritables éponges, autant leur
faire absorber des bonnes choses. Sur le plan corporel, les
nutriments entrent dans le cycle de transformation des
sept dhatu, les « tissus » qui composent le corps humain.
Chaque dhatu influence le suivant jusqu’à produire l’ojas,
cette « lumière » qui procure éclat, sérénité, immunité. Le
tissu primaire, rasa (le plasma), est le jus nourricier issu
de ce que l’organisme a digéré. Il se transforme en fluide
vital, le rakta (le sang), qui fournit lui-même les nutri-
46 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
ments nécessaires au mamsa (les muscles). Puis se suc-
cèdent le meda (les tissus graisseux), l’asti (les os, ongles,
poils et cheveux), le maja (la moelle osseuse) et, enfin, le
shukra et l’artav (les ovules et le sperme). Ces sept maillons
d’une même chaîne sont les garants de la forme physique
et d’une bonne aura. Leur équilibre passe par une alimen-
tation de qualité, bio si possible, à base de fruits frais et
secs, de graines germées, de laitages, et par la régulation
du sommeil et la contemplation (par exemple, admirer un
coucher de soleil).
Éliminer les excès
Il est impossible cependant de remplir un verre déjà plein.
Aliments mal digérés, surcharge de liquides, température
corporelle trop haute ou trop basse…, il importe d’éliminer
l’excès pour que l’énergie puisse circuler. Les mala, les « rési-
dus » provenant de notre alimentation, sont principalement
les selles, l’urine et la transpiration. Pour chasser ces sub-
stances encombrantes, on peut pratiquer une activité phy-
sique, comme la marche, la natation, s’exercer à la respiration
abdominale, faire un bain de vapeur facial ou se masser avec
des huiles aux extraits d’herbes drainantes. Les mala s’éva-
cuent par l’ensemble des orifices, y compris la bouche, les
oreilles et les yeux. Éternuer, bâiller, pleurer… rien ne doit être
réprimé! De la même façon, on éliminera les pensées para-
sites, en zappant les images terrifiantes diffusées à la télévi-
sion et en éloignant les sources sonores… Les techniques de
relaxation et le yoga nidra peuvent aider à cette prise de recul.
Entretenir les “feux”
L’ayurvéda conseille aussi d’allumer le « feu »! Nommée
agni, cette énergie présente dans le corps, symbolise la
force. C’est elle qui assure le tri de ce qui doit être trans-
formé ou rejeté. Elle qui nous maintient en vie. Si sa
 À LIRE
Le Grand
Guide de
flamme faiblit, la maladie survient. La médecine ayurvé-
l’ayurvéda,
dique distingue treize agni. Capital, le feu digestif active le
Kiran Vyas
métabolisme et permet de digérer les émotions négatives.
(Marabout,
Avant d’équilibrer les doshas, il suffit parfois de le raviver
2016).
pour retrouver sa vitalité. De sa puissance dépendent les
cinq feux des éléments (celui de l’air stimule la respiration,
celui de la terre, le renouvellement cellulaire…) et aussi L’Ayurveda
les sept feux des dhatu qui déclenchent la chaîne de trans- pour les nuls,
formation du sang, des muscles, etc. Comment l’attiser? Angela Hope-
En adoptant certaines habitudes : ne pas manger la nuit, Murray et Laurent
s’allonger vingt minutes sur le côté gauche après le repas, Laget (First
boire un verre d’eau cuivrée à jeun (garder de l’eau dans éditions, 2018).
un récipient en cuivre pur toute une nuit), consommer des
rondelles de gingembre frais assaisonnées de citron vert et
de sel de roche, ou se masser le corps cinq à trente minutes, Ma petite
s’offrir un massage de la plante des pieds au bol kansu. pharmacie
ayurvédique,
Vinod Verma
Stimuler le souffle vital (Dauphin,
La médecine chinoise a le qi. L’indienne a son équivalent, 2018).
le prana. Ce souffle vital circule à travers soixante-douze
mille canaux, les nadi, parmi lesquels figurent les douze
méridiens de l’acupuncture. L’énergie subtile se concentre
aussi dans sept chakras principaux, disques en rotation
perpétuelle, situés le long de la colonne vertébrale. L’un
d’eux, localisé tout en bas, contient l’énergie de vie (kun-
dalini ), dont le flux, même faible, procure santé et joie.
Comment faciliter cette circulation énergétique? En prati-
quant le hatha yoga, grâce à un massage du dos, ou en ayant Cultiver l’enthousiasme
recours à un soin à base d’huile, que le praticien fait couler Si subsiste la sensation d’être vidé, il est important de jouer
en filet sur les trajets énergétiques (shirodhara ou pizzi- également sur le levier affectif. Dans la typologie ayurvé-
chili). Mais on peut aussi stimuler les marma, points de dique, il correspond au « vital ». Mobiliser cette énergie, en
contact entre la conscience (le subtil) et le corps (muscles, relation avec son idéal, dynamise la guérison comme la réa-
nerfs, tendons…) : pour cet exercice, privilégier les mas- lisation des projets. Faire jaillir cet enthousiasme passe par
sages des pieds, des mains et du pourtour de l’œil. l’esthétique (activité artistique, visite de musée…). Et par
le contact avec les cinq éléments : jardiner, nager, regarder
la flamme d’une bougie, prendre un bol d’air sont autant
d’activités bénéfiques; quant à la méditation ou à l’écoute de
chants sacrés, ils reconnectent à l’éther et stimulent l’éner-
gie mentale. L’ayurvéda se défend de pouvoir donner des
recettes universelles, tant les doshas fluctuent d’un moment
à l’autre. Mais certains sages indiens ont trouvé la bonne for-
mule : cumuler une alimentation équilibrée, un sommeil pai-
sible, des mouvements ou des exercices appropriés, y ajouter
un mental et un affectif en paix. Rien que du bon sens! O
1. Centres Tapovan : tapovan.com.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 47

 Les réponses de la
médecine chinoise Les Chinois nomment l’énergie vitale le qi.
Le moindre déséquilibre provoque un épuisement.
Si le traitement de fond nécessite l’œil du spécialiste,
certains remèdes préventifs sont à notre portée.
• Par Marie-Laurence Grézaud

L
a fatigue est l’archétype du syndrome transversal, lère exagérément, elle n’a pas le temps de se stabiliser. La
présent dans de nombreux déséquilibres », explique circulation d’énergie est entravée pour des raisons externes
Olivier Hebting, spécialiste de médecine tradition- (froid, vent, humidité, chaleur), internes (émotions, stress),
nelle chinoise (MTC), acupuncteur et praticien de ou les deux (épidémies). Ce qui rompt un autre équilibre fon-
qi gong et tai-chi. Si la médecine allopathique, telle damental en MTC : celui du yin et du yang. L’excès de yang
qu’on la pratique en France, distingue les fatigues et l’insuffisance de yin entraînent chaleur et sécheresse
physiologiques et chroniques (ses causes sont orga- (transpiration, agitation, bouche sèche). L’inverse entraîne
niques ou psychiques), la MTC opère différemment. Pour elle, des manifestations de froid et d’humidité, ainsi qu’un ralen-
la fatigue se manifeste par un épuisement toujours physique, tissement dans l’organisme.
dont les causes sous-jacentes sont très variables (hérédité,
surmenage, émotions, alimentation, activité ou inactivité…).
Elle est le symptôme d’un déséquilibre du qi. Rate, foie, poumons, cœur :
Le qi recouvre à la fois l’énergie de l’univers qui nous consti-
des organes à renforcer
G E T T Y I M AG E S / V I E W S TO C K

tue en tant qu’humains, et l’énergie vitale qui nous anime (le

souffle) en circulant dans les méridiens 1 et en nourrissant Nous l’avons vu, un vide de qi dans un organe l’affaiblit,
chaque cellule, chaque tissu, chaque organe. Si cette énergie engendrant de la fatigue. Lorsqu’elle est déséquilibrée, la rate
se bloque ou est ralentie dans une partie du corps, elle s’y entraîne bien souvent l’estomac dans son sillage, ou le foie,
accumule et vient à manquer dans une autre; si elle s’accé- qu’un surpoids ou un excès de déchets dans le sang peuvent

48 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

épuiser. Les poumons peuvent aussi être responsables de la
fatigue lors d’une infection respiratoire, état de fatigue qui
peut se manifester par de la lassitude et de la tristesse… et
perturber le bon fonctionnement du cœur. « Insuffisance
ou blocage du qi n’entraînent pas les mêmes traitements »,
insiste Josette Chapellet2 , diétothérapeute.
Comment distinguer les différents types de fatigue? La
consultation d’un thérapeute est souvent nécessaire. Il pro-
cède à plusieurs examens : l’observation de la personne, sa
démarche, sa posture, l’éclat de son regard, de son teint, la
façon dont elle serre la main (avec ou sans force). La langue
fait ensuite l’objet d’une analyse scrupuleuse (forme, cou-
leur, enduit) : est-elle étalée, pâle…? Il palpe aussi les pouls
pour savoir s’ils sont sans force, glissants, mous, flottants,
rapides, noués… Leur prise – avec trois doigts et non deux, et
sur plusieurs points du corps – sert à ressentir la qualité du
son, révélateur des insuffisances du qi, donc des désordres
énergétiques. Du sommet du crâne aux orteils, les points
d’acupuncture sont aussi passés en revue. Le thérapeute
écoute la voix du patient (si sa respiration est exempte de
toux et s’effectue sans sifflement…) et note les odeurs corpo-
relles (haleine, transpiration…).
Tout l’art de la médecine chinoise consiste à décoder ce
qui entrave la circulation d’énergie et à rétablir un flux
harmonieux grâce aux différents outils dont elle dispose :
l’acupuncture, le massage, la diététique, les plantes et les
postures de qi gong.
1. En MTC, des canaux reliés aux organes distribuent l’énergie vitale
(qi) dans le corps. Lorsqu’il constate un déséquilibre, le praticien agit
sur eux à l’aide de méthodes comme l’acupuncture ou le shiatsu.
2. Auteure d’À la découverte de la diététique chinoise
(Guy Trédaniel éditeur, 2017). ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 49
LES RÉPONSES DE L A MÉDECINE CHINOISE
Trois ordonnances coup de pouce
La fatigue émotionnelle
Les symptômes  : vertiges, difficulté de concentration,
perte d’appétit, essoufflement. Cette fatigue est aggravée à
l’effort et aux changements de saison. La MTC ne dissocie
pas le physiologique du mental. Une émotion persistante
perturbe l’énergie d’un organe : la colère/le foie, la joie/le
cœur, les soucis/la rate, la tristesse/les poumons, la peur/
les reins, et toutes troublent le cœur, qui abrite l’esprit.
Le traitement : tonifier le qi, nourrir le sang.
Dans l’assiette  : évitez le grignotage, les repas riches
et sucrés, les aliments de nature froide ou chaude 1, de
saveur piquante et salée. Prenez vos repas à heures régu-
lières, mastiquez bien les aliments de saveur douce et
salée : céréales complètes, légumineuses, peu de viande,
fruits secs.
Les points à stimuler : guan yuan, en cas de fatigue géné-
ralisée, qui se situe sur la ligne centrale de la face du
corps, à un travers de main sous le nombril. Qi hai en
cas d’anxiété, sur la ligne centrale de la face du corps, à
mi-chemin entre le nombril et le point guan yuan. Ming
men pour calmer l’esprit (shen), sur la ligne centrale de la
partie dorsale du corps, entre les deuxième et troisième
vertèbres lombaires, entre les reins.
Les plantes à associer  : l’astragale ou la racine d’angé-
lique, à prendre en décoction quotidienne. Glissez des
jujubes dans vos plats, ils calment les émotions.
1. En diététique chinoise, la « nature » d’un aliment est son énergie,
c’est-à-dire l’effet de froid et de chaleur généré dans le corps
quand nous le mangeons. La menthe, de nature fraîche et froide,
abaisse la température du corps, tandis que les épices et l’alcool,
de nature tiède et chaude, l’augmentent. Très important pour
équilibrer le yin et yang.
50 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
La fatigue post-infection
Les symptômes : frilosité, sensation de froid dans le dos,
difficultés de concentration, pertes de mémoire, nyc-
turie (envie d’aller uriner plusieurs fois dans la nuit, ce
qui perturbe le sommeil). Cette fatigue, qui traduit une
insuffisance de yang, est aggravée par l’effort.
Le traitement : tonifier le qi, réchauffer le yang, renforcer
la rate et les reins.
Dans l’assiette : évitez les produits laitiers, les aliments
sucrés, difficiles à digérer, de nature fraîche et froide, de
saveur amère (refroidissante), piquante (dispersante).
Privilégiez les cuissons longues, au four ou à l’étouffée,
les protéines (en petite quantité), les aliments de saveur
douce et de nature tiède (gruau 1 , quinoa, lentilles, pleu-
rotes, poireaux, fenouil, brocolis, chou-fleur, rognons,
crevettes, poulet, agneau, mouton, caille, moules, gin-
gembre, ciboule chinoise, cannelle, sésame, baies de
goji, noix, châtaignes).
Le point à stimuler : da zhui, situé sous la septième cer-
vicale (la proéminence à la base de la nuque). Il régule
l’ensemble des méridiens yang, tonifie le qi, et disperse
les attaques externes (rhumes, toux, bronchites…).
Les plantes à associer : la racine d’astragale, à la saveur
douce et à la nature tiède, harmonise et tonifie le qi tout
en soutenant le yang, en décoction ou en soupe. Si la
fatigue s’accompagne de frilosité, ajoutez du gingembre
sec et/ou de la cannelle.
1. Une mesure de riz dans douze mesures d’eau froide, puis laisser
mijoter deux bonnes heures à feu très doux.

La fatigue digestive
Les symptômes  : sensation de lourdeur après les repas,
envie de dormir, souffle court. Cette fatigue est amélio-
rée par l’exercice physique. En MTC, il s’agit d’humidité
causée par l’accumulation de liquides, qui se chargent en
déchets et entravent la circulation du qi.
Le traitement : éliminer l’humidité, tonifier la rate.
Dans l’assiette  : évitez les aliments riches et gras (fri-
ture, charcuteries, excès de viande), les aliments crus de
nature froide (salade, algues, tomates, citrons, pommes,
mangues, pamplemousse, thé vert), la saveur acide (pro-
duits laitiers ou à base de blé), les sucres, l’excès de sel.
Privilégiez les cuissons «  sèches  » au four, au grill, à la
braise, les aliments de nature neutre et tiède, de saveur
douce pour renforcer la rate (riz, maïs, lentilles, tofu,
haricots verts, courges, fenouil, asperges, patates douces,
navets, topinambours, cèpes, champignons parfumés,
thé pu’er) et de saveur piquante (ail, ciboule, poireau,
aneth, badiane, gingembre) pour mobiliser le qi. Ne
buvez pas froid avant le repas.
Les points à stimuler : zu san li, situé sur le méridien de
l’estomac, à un travers de main sous l’articulation des
genoux, sur la face extérieure de la jambe, entre tibia et
péroné.
Ou plus simple : passez votre sèche-cheveux en modulant
la chaleur sur la zone du bas-ventre entre le nombril et le
haut du pubis. Idéal pour gagner en énergie dès le matin.
Les plantes à associer  : contre la sensation de gonfle-
ment survenant après le repas, une infusion de graines
de fenouil. Pour relancer la circulation du qi, de l’écorce
de mandarine séchée en infusion, en décoction, ou direc-
tement dans un plat.
2018 : une loi à l’étude
Une proposition de loi pour la reconnaissance
et l’intégration de la médecine traditionnelle
chinoise (MTC) est en cours de préparation
par la Commission des affaires sociales
au Sénat. L’objectif  : encadrer la profession
et sécuriser sa pratique.
Consulter un spécialiste : jusqu’à présent,
le patient s’appuyait sur le bouche à
oreille ou la consultation de l’une des neuf
organisations professionnelles (FNMTC,
UFPMTC, OSMC, SFMC…). La Délégation
pour l’intégration et la reconnaissance de
la médecine chinoise (DIRMéCH 1) fédère
désormais ces organisations et crée des ponts
avec la médecine conventionnelle. Elle est
à l’origine de l’Usaméch (association des
Usagers de la médecine chinoise), qui aide
à trouver un sinopraticien sérieux.
1. dirmech.org.
À LIRE
La Médecine
traditionnelle
chinoise pour
les nuls, Jean
Pélissier (First
éditions, 2018).
À la découverte
de la diététique
chinoise,
Josette Chapellet
(Guy Trédaniel
éditeur, 2017).
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 51
 Faites-vous une maison
feng shui
Envie de frais, besoin de renouveau? Pourquoi ne pas relancer
l’énergie de votre maison? En jouant avec la lumière,
les couleurs et les plantes, tout en suivant quelques règles de base
de cet art ancestral chinois. Travaux pratiques.
• Par Flavia Mazelin Salvi

O
uvrir grand les fenêtres et savourer la douce Choisissez vos tableaux. Soyez vigilants avec les tableaux
brise du dehors, mettre de la lumière et de la qui ornent vos murs. Couleurs tristes, formes agressives,
couleur, faire le plein d’une énergie nouvelle, atmosphère nostalgique et autres scènes de bataille sont
toute fraîche. Sans tout chambouler. Sans tout à proscrire. Ils imprègnent et conditionnent les lieux de
bousculer, juste quelques (mauvaises) habi- leur énergie particulière. Pour les mêmes raisons, évitez
tudes. Le feng shui, littéralement « vent » et d’exposer, dans la chambre des enfants, des peluches qui
« eau » en chinois, est l’art ancestral de faire représentent des bêtes féroces, les épées de chevaliers et
circuler l’énergie vitale (chi) de manière optimale pour pro- pistolets de cow-boys que l’on peut ranger dans un coffre.
duire harmonie et abondance. De cette science complexe
nous n’avons gardé que quelques conseils tout simples, Arrondissez les angles. Les formes tranchantes ou poin-
mais qui peuvent tout changer. tues sont, en langage feng shui, appelées les «  flèches
secrètes  », car elles génèrent des vibrations agressives.
Chassez les mauvaises vibrations Aussi, les couteaux doivent-ils être soigneusement rangés
dans les tiroirs, et les poignées de porte aux formes arron-
Limitez les poutres apparentes. Dans la plupart des mai- dies seront préférées à celles en forme de lame.
sons ou appartements anciens, des poutres visibles tra-
G E T T Y I M AG E S / P I E T E R E S T E R S O H N

versent le plafond. Leur charme est trompeur, elles Énergisez votre chambre. Le lit est un lieu ressources qui doit
coupent en deux l’énergie vitale d’une pièce. La mauvaise nous recharger en énergie. Sauf… si le pied ou la tête de celui-
idée? Placer un lit sous une poutre. Fatigue, sommeil ci sont dirigés vers une porte ou une ouverture (déperdition
agité et cauchemars à la clé. L’espace sous une poutre doit d’énergie, perte de sécurité), ou si un miroir est placé devant :
rester vierge, ni sièges ni tables donc. Si vos plafonds en cela « double » l’énergie et fatigue le dormeur. Autre mauvaise
sont truffés, vous pouvez renforcer l’énergie par des jeux idée : la petite fontaine dont le clapotis berce le dormeur; avec
de couleurs, de matières, ou suspendre un mobile. l’eau, c’est aussi votre énergie vitale qui s’écoule. ³

52 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 53
HORS-SÉRIE+++PSYCHOLOGIES
 FAITES - VOUS UNE MAISON FENG SHUI

³ Sélectionnez les bonnes plantes.

Attention aux plantes agressives,
celles qui sont dotées de feuilles
La lumière doit
rigides en forme de couteau ou
d’épée, mais aussi de pics comme
les cactus aux longs piquants. Les
envahir tout notre espace
bonsaïs, parce qu’ils contiennent
l’énergie emprisonnée des grands
arbres, même s’ils apportent une
vital pour le dynamiser
touche zen, ne dispensent pas de
bonnes énergies. Enfin, si vos plantes sont malades ou
mourantes, soignez-les ou remplacez-les. Pour les mêmes
raisons, ne gardez pas chez vous des bouquets de fleurs
séchées ou des couronnes. Ce sont des symboles de mort.
Et pour bénéficier des vertus des plantes d’intérieur, Les couleurs
placez-les à l’endroit sud-est de l’habitation, qui symbo-
lise la prospérité.
bonne humeur
Les couleurs sont yin ou yang. Il faut donc
Triez! Jetez ou remplacez  : la vaisselle ébréchée, les cas- veiller à leur équilibre dans chaque pièce
seroles bosselées, les ustensiles rafistolés ou les robots de la maison en tenant compte de leur énergie
ménagers en panne. Ils bloquent l’énergie vitale de votre dominante. Si une pièce est trop yin
intérieur. ou trop yang, utilisez-les pour la rééquilibrer.
Les couleurs ont aussi une symbolique
Revisitez vos rideaux. Changez vos rideaux rayés. Les propre, qu’il est important de connaître pour
rayures sont des barreaux symboliques, ils nous empri- éviter les mélanges malheureux.
sonnent et font obstacle au chi qui vient de l’extérieur.
Aux rideaux lourds et sombres, préférez des tissus légers Orange : yang. Énergie rayonnante.
et lumineux. Enthousiasme, curiosité.
Favorise les changements de cycle.
Économisez l’énergie. Pensez à bien éteindre vos appareils
électriques et écrans, dont les ondes (yang) perturbent Rouge : yang. Énergie de l’action
la circulation du chi. Pour le téléphone fixe, rééquilibrez concrète. Sensualité, ardeur.
avec un apport de yin. Favorise les échanges passionnés.

Mettez du feng shui jusque dans vos toilettes! Ce n’est
pas simplement un geste de courtoisie, mais baisser
l’abattant des toilettes évite une importante déperdition
de chi dans la maison.
Jaune : yang. Énergie du renouveau.
Transformation, libération. Favorise
le travail intellectuel.
Vert : yin. Énergie de sérénité. Quiétude,
abondance. Favorise les initiatives justes.

Bleu : yin. Énergie spirituelle.

Sérénité, intuition. Favorise l’ouverture
de la conscience et du cœur.

Marron : yin. Énergie d’ancrage. Confort,

sécurité. Favorise la réflexion pragmatique.

54 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 À LIRE
Faites circuler les ondes positives
Respectez l’équilibre yin-yang. Le yang symbolise l’agir. Feng Shui,
Le yin, le lâcher-prise. Pour qu’il y ait harmonie, un équi- le guide
libre entre les deux principes est nécessaire. Les formes et de référence,
les matériaux sont yin ou yang. De leurs choix et mariages collectif
dépend la qualité énergétique d’une pièce. (Éditions
Les matériaux  : les matières dures, lisses et brillantes Contre-dires,
(verre, acier, marbre…) sont yang, les matières lourdes 2017).
(bois, étoffes épaisses…) sont yin.
Les formes : les courbes sont yin (excepté le cercle), tandis Ma maison,
que les droites sont yang.
mon bien-être,
faites de votre
Faites place à la lumière. Idéalement, nos lieux d’habita- habitat votre
tion devraient bénéficier d’une généreuse lumière natu-
meilleur allié,
relle. Grande pourvoyeuse de chi, elle doit littéralement
Céline Charron
envahir tout notre espace vital pour le dynamiser. Mais
(Mango, 2018).
souvent, constructions en vis-à-vis ou arbres viennent
Le Feng Shui
lui faire barrage. Le feng shui préconise quelques
au quotidien
leurres qui compensent facilement ce déficit énergé-
pour les nuls,
tique. Si votre domicile est sombre, veillez à laisser, dans
Agnès Dumanget
au moins une ou deux pièces, les lumières allumées.
et David
Dans les pièces qui ne «  vibrent  » pas (peu éclairées,
D. Kennedy (First
dotées d’un plafond un peu bas, encombrées…), pensez,
éditions, 2017).
pour renforcer l’effet lumineux, à ajouter des touches de
couleur : coussins, jetés de canapés, poufs. Vous pouvez
aussi remonter l’énergie d’une pièce en y diffusant de la
musique tonique.

Allégez votre entrée. Comme nous, le chi utilise la porte

d’entrée. Pour ne pas le bloquer, ne l’accueillez pas avec
des vêtements suspendus, des chaussures accumulées ou
en lui faisant barrage avec un meuble volumineux. Le chi
doit avancer par grands mouvements circulaires sans se
heurter à des obstacles qui le ralentissent. L’entrée de la
maison doit toujours être bien éclairée; sombre, elle fait
retomber les énergies toutes fraîches qui y pénètrent.
Nettoyez et rangez! Poussière et désordre sont deux
grands consommateurs d’énergie vitale. Faites la chasse
aux vieux journaux, aux papiers inutiles, videz régulière-
ment corbeilles et poubelles. Après avoir fait le ménage,
n’oubliez pas d’ouvrir grand les fenêtres (même l’hiver!)
pour profiter de l’énergie de la lumière et de l’air. Un
petit détail, mais qui a son importance : la surface de vos
miroirs doit être irréprochable, et, idéalement, les car-
reaux de vos fenêtres devraient étinceler!
Harmonisez la table des repas. Pour une communication
fluide et une ambiance paisible, veillez à installer une
lampe au-dessus de la table où vous prenez vos repas et,
autour, des sièges en nombre toujours pair, cela apporte
bonheur et harmonie dans la famille.
Installez un mobile au plafond. Si vous ne parvenez pas
à vous détendre dans une pièce pourtant lumineuse,
colorée et peu meublée, pourquoi ne pas y installer un
mobile? Ces ensembles d’éléments suspendus et articulés
ont un effet calmant  : ils neutralisent les énergies néga-
tives qu’ils éparpillent et rétablissent l’équilibre dans les
pièces au plafond très haut.
Procédez à tous ces petits changements pièce par pièce,
en écoutant aussi vos envies (plus de plantes, de couleurs,
de lumière…) et en commençant par votre « pièce de vie »,
celle où vous et votre famille passez le plus de temps. O

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 55

 C AHIER PR ATIQUE
3 rituels pour se connecter
à sa puissance
féminine
Renouer avec sa nature sauvage, célébrer le féminin sacré, reconquérir
son corps. De nouveaux rituels invitent à expérimenter une
féminité affranchie des diktats sociaux, de l’autocensure. En voici trois.
• Par Flavia Mazelin Salvi
C
larissa Pinkola Estés, psychanalyste jungienne,
a de quoi se réjouir. Plus de vingt ans après la
parution de son ouvrage devenu culte, Femmes
qui courent avec les loups (Le Livre de poche,
2008), les livres et les associations consacrés
aux rituels célébrant « le féminin sauvage »
ou le « féminin sacré » se multiplient. « Une
femme saine est comme une louve, écrivait-elle : robuste,
pleine comme un œuf, débordante de vitalité, consciente
de son territoire, donneuse de vie, inventive, loyale, bou-
geant beaucoup. Séparée de la nature sauvage, sa per-
sonnalité s’affaiblit, s’étiole, devient spectrale. Quand
la vie des femmes est en état de stase ou pleine d’ennui,
il est temps qu’émerge la femme sauvage.  » Émeline
Decaesteker, 33 ans et mère de trois enfants, est facili-
tatrice de Tentes rouges, ces nouveaux rassemblements
féminins qui se tiennent un peu partout en France. La
révélation a eu lieu en 2010 lors de sa « première Tente
rouge ». Des femmes de tous âges, une parole qui circule
librement, une écoute sans jugement, Émeline sent et sait
56 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
• Illustrations Sylvie Faur
qu’elle a trouvé ce qu’elle cherchait confusément : un lieu
et un moyen de se reconnecter à son corps et de reconqué-
rir sa puissance personnelle.
Elles sont des milliers à pratiquer des rituels plus ou
moins inspirés de la tradition chamanique, et à faire l’ex-
périence de la sororité. La psychologue et psychanalyste
jungienne Flore Delapalme 1 voit dans ces pratiques « un
mouvement profond, également mouvement de survie
dans un monde de plus en plus dématérialisé, de retour
à l’intime du féminin ainsi qu’à l’incarnation du monde.
Ces femmes sentent ce qu’il faut faire aujourd’hui pour se
retrouver au centre et au cœur de soi, et c’est cela qu’elles
honorent. Ces rituels sont aussi un moyen de retrouver ce
que l’on a d’unique en soi, en tant que femme et en tant
qu’humain. Jung considérait que ce genre de regroupe-
ments, les sociétés secrètes, étaient un échelon sur le
chemin de l’individuation ». C’est dans cet esprit que
nous vous proposons trois rituels pour se connecter à son
essence et à sa puissance féminine.
1. Auteure du Sentiment de vide intérieur (Eyrolles, 2016).
Convoquer
q la
sauvage en s
1
Pour Judy Reeves, qui anime des groupes
d’écriture et enseigne à l’université de
San Diego (Californie), les femmes « ont
à exprimer leur nature sauvage et
authentique ». Mais elles doivent d’abord
se reconnecter à cette facette de leur être,
tapie sous la surface de la vie quotidienne.
Pour ce rituel, choisissez chez vous
un endroit où vous pouvez écrire
au calme, sans être dérangée. Ce peut être
la table de la cuisine ou de la salle à manger,
un bureau. Déposez-y un objet qui, pour
vous, symbolise votre nature sauvage (une
pierre, un morceau de bois, un végétal,
une figurine…), puis allumez une bougie
pour honorer le moment et passer
d’un espace-temps profane à un espace-
temps sacré.
Placez un cahier devant vous et faites la
liste de vos qualités de femme sauvage
(authentique, courageuse, libre, joyeuse,
passionnée, intuitive, créative…) en laissant
venir les images qui y sont associées et en
lâchant la bride à votre imagination (je cours
pieds nus et m’envole au-dessus de la mer…).
Pendant deux ou trois minutes (voire cinq),
faites courir votre plume sur le papier sans
vous censurer ni vous juger.
Ensuite, à partir de ces images, créez
des messages adressés à vous-même
(tu peux t’envoler quand tu veux…) et
placez-les en vue afin qu’ils vous rappellent
votre nature sauvage. Puis, à l’aide de
votre liste de qualités, décrivez chaque jour
dans votre journal de bord, en écriture
libre, une facette de votre nature sauvage.
Conseil de Judy Reeves dans Révélez la femme
sauvage qui est en vous (Vega, 2016).
Découvrir son énergie intérieure
« Votre territoire est la source à laquelle vous pouvez
abreuver la femme sauvage, votre lieu de refuge
en elle, avec elle. Vous pouvez y plonger vos racines,
vous y arrimer afin que la fleur du soi sauvage puisse
rayonner », affirment les auteures Isabelle Gueudré
et Catherine Maillard. Cet espace aide à se recentrer,
à se ressourcer et à retrouver son énergie sauvage.
Pour ce rituel, vous aurez besoin de plantes,
de tissus, de coussins, de tapis et d’une bougie.
À l’intérieur ou à l’extérieur de chez vous, tracez un cercle
imaginaire autour de vous et placez un objet symbolisant
le sauvage (votre talisman) devant vous. Délimitez
concrètement votre territoire avec des coussins et/ou
des plantes par exemple, et un tapis au centre.
Asseyez-vous en vous connectant à votre bassin,
puis prenez une grande inspiration. Attrapez votre
talisman et fermez les yeux en laissant venir une image
représentant la force indomptable de la femme sauvage.
En vous reliant à la terre dans votre assise et au ciel
2
au-dessus de votre tête, contractez plusieurs fois vos
muscles, serrez vos mâchoires et relâchez-les. Sentez
l’énergie qui monte et imaginez que vous devenez un
animal sauvage. Faites ensuite le tour de votre territoire
à quatre pattes, laissez-vous guider par votre corps,
laissez monter en vous une sensation de sécurité.
Lorsque vous sentez le moment venu, placez-vous
au centre et allumez la bougie.
Refermez votre espace en joignant les mains
devant votre cœur puis au-dessus de votre tête
et, enfin, posez-les sur votre ventre – votre territoire
intérieur, lieu de votre entière sécurité. Remerciez
l’énergie de votre animal sauvage de vous avoir
accompagnée pendant le rituel.
Conseil d’Isabelle Gueudré et Catherine Maillard
dans Rituels de femmes pour s’éveiller au féminin sauvage
(Le Courrier du livre, 2016).
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 57
 3 RITUEL S POUR SE CONNEC TER À SA PUISSANCE FÉMININE

Penser dans son ventre

3
et se relier à son énergie créatrice
Pour Ève Fouquet, ex-infirmière, art-thérapeute et artiste
peintre, « être une femme source, c’est suivre le flux de
ses rythmes, laisser partir l’ancien et accepter la vie en soi
comme source permanente de renouveau ». Dans le rituel
de la calebasse, il s’agit de penser dans son ventre pour
rester connectée à l’immense faculté de création qu’est le
féminin. « Ce rituel vous remet dans l’intelligence du ventre,
permet la connexion à celui-ci tout en drainant les mémoires
négatives et en favorisant la bonne circulation de l’énergie. »

Pour ce rituel, vous aurez besoin d’une calebasse

(courge séchée et évidée, facilement disponible sur Internet)

À LIRE
de vingt-cinq à trente-cinq centimètres, ainsi que d’un
long foulard. Mettez-vous nue sous une jupe (pas de
pantalon). Installez-vous confortablement dans votre espace
sacré (calme, talisman, bougie), puis fermez les yeux.
Dirigez votre conscience et vos ressentis vers votre ventre. Rituels de
femmes pour se
Visualisez-vous depuis votre enfance à chacun des reconnecter à la
moments qui ont marqué l’histoire de votre ventre : femme source,
premières règles, accouchement, sexualité, ménopause… Ève Fouquet
Sentez votre ventre, écoutez ses bruits, sentez sous (Le Courrier du
vos mains sa chaleur, ses mouvements, sa tension. Ouvrez livre, 2016).
les yeux. Levez-vous puis posez la calebasse sur votre ventre
en la fixant avec un foulard. Circulez, marchez, dansez. La Puissance
Si cela est difficile, ôtez la calebasse, secouez-la (pour du féminin,
évacuer les énergies négatives), puis remettez-la sur votre Camille Sfez
ventre. Reprenez la marche, la danse, célébrez dans A venir (Leduc.s
la joie votre féminité, délectez-vous du fait d’être femme. Pratique,
2018).
Une fois ce temps achevé, faites vivre votre calebasse,
mangez, buvez dedans, entreposez-y les objets qui vous
sont chers (secrets, trésors). Peu à peu, la relation à cette
coupe sacrée vous reliera à votre énergie créatrice. Quand
vous ne vous en servez pas, placez-la dans un endroit précis.

58 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

NOUS SOMMES TOUTE L’ANNÉE
AUX CÔTÉS DES FEMMES
ET ENCORE PLUS AVEC

OCTOBRE
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(1) Cette campagne a pour objectif de mobiliser les femmes et leur

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contrôle technique du Groupe SGS s’engagent en tant que bienfaiteur
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campagne Octobre Rose.
 C AHIER PR ATIQUE

L’autohypnose
pour se vitaliser
Davantage de confiance, de dynamisme, de légèreté…
Grâce à la visualisation créatrice, chacun peut
transformer sa vie, se ressourcer et retrouver l’énergie
qui est en soi, explique la psychologue Lise Bartoli.
• Par Flavia Mazelin Salvi
• Illustrations Sylvie Faur

L
a visualisation créatrice consiste
à se projeter dans notre imagi-
naire afin de nous connecter à
notre potentiel de réalisation.
«  Cet outil de transformation
nous aide à la fois à nous décon-
necter d’un présent insatis-
faisant ou épuisant, et à activer nos
ressources inconscientes, expose la psy-
chologue Lise Bartoli, afin de modifier
notre réalité en changeant de “logiciel
mental”. » Pour opérer les changements
désirés, il est important de pratiquer la
écran intérieur. Avec la pratique et la
confiance, les freins intérieurs vont se
lever et la visualisation gagner en clarté
et en intensité. » Pour Psychologies, Lise
Bartoli a élaboré deux exercices de visua-
lisation créatrice, et précise que leur
impact est aussi puissant que si nous les Lise Bartoli,
faisions dans la réalité, car l’inconscient psychologue clinicienne,
enregistre ces informations comme si hypnothérapeute et
elles étaient réelles. formatrice, est l’auteure
Pour s’initier à ces pratiques, mieux vaut de Dis-moi comment
choisir un endroit calme et une position tu es né, je te dirai qui tu
favorable à la détente musculaire : assis es et de Se libérer par
SERVICE DE PRESSE

visualisation créatrice avec régularité. ou à demi allongé, par terre, sur un siège l’hypnose, dix exercices
« Mais il ne faut pas se décourager si l’on ou sur un lit. Une fois maîtrisée, la visuali- d’autohypnose à tester
ne voit rien. Il suffit simplement de vivre, sation peut être pratiquée partout et dans pour aller mieux
de ressentir ce que l’on projette sur son n’importe quel contexte. (Payot, 2018 et 2010).

60 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

1 2
Dépolluez-vous dans
un bain de lumière
Une ambiance tendue ou conflictuelle,
présence d’une personne négative, un
éjour dans un milieu stressant… Autant
e polluants psychiques qui altèrent
otre bien-être et consomment notre
nergie vitale. Pour se débarrasser de ces
mauvaises énergies, rien de tel qu’une
onne douche de lumière.
Assis ou allongé, les yeux fermés,
ommencez par expirer profondément.
uis entamez un cycle de
profondes et douces (ins
nez, expiration par la bou
sez-vous dans votre lieu • Visualisez-vous ensuite
ce cascade d’eau lumineuse
À pratiquer lorsque l’on se sent fatigué, découragé, argentée ou dorée).
englué dans la routine, envahi par la tristesse • Sentez l’« eau-lumière »
ou écrasé par un sentiment d’impuissance. crâne, votre visage, et su
• Fermez les yeux, relâchez les muscles de votre parcours jusqu’à vos orte
corps, puis placez vos mains sur le ventre. Sentez-les intérieurement comme ce
monter à l’inspiration et descendre à l’expiration. lumière » (que vous pouv
Une fois ce mouvement installé, savourez la détente nettoie, vous dépollue en
qui envahit votre corps et votre esprit. et vous régénère.
• Posez-vous cette question : « De quoi ai-je besoin • Restez sous cette casca
actuellement? » Joie, paix, inspiration, repos, vitalité, ce que vous vous sentiez
concentration…
• Une fois ce besoin clarifié, projetez-vous dans
un endroit, existant ou imaginaire, qui symbolise
pour vous la paix, l’inspiration, le repos, la joie, etc.
• Peu importe que vous ne le voyiez pas avec
précision, l’essentiel est de le ressentir. Si un élément
de ce lieu ne vous convient pas, modifiez-le.
• Demandez ensuite à votre inconscient, à ce lieu
À LIRE
« magique », à votre guide (peu importe l’appellation), Je m’initie à
comme vous demanderiez à un ami, de vous fournir l’autohypnose,
en abondance tout ce dont vous avez besoin. guide visuel,
Que ces besoins soient connus ou inconnus de vous. Jean-Michel
• Habitez pleinement votre lieu. Savourez Jakobowicz
ses couleurs, sa température, les éléments qui le (Leduc.s Pratique,
composent. Sentez combien il vous ressource, 2018).
vous apaise et vous revitalise en profondeur…
• Lorsque vous vous sentez à la fois détendu
et rechargé, revenez en douceur dans votre présent.
Respirez amplement, ouvrez les yeux, étirez-vous
si vous en ressentez le besoin.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 61

C H A P I T R E
2

Réveillez
votre
corps
62 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Il suffit parfois d’un rien pour retrouver bonne humeur
et vitalité. Une assiette ressourçante, une plante amie,
un bain de lumière, une pause respiration, une remise
en mouvement du corps avec une posture tonique de
yoga ou de qi gong, ou simplement des retrouvailles
avec la nature au contact de l’énergie des arbres…
• Illustration Irina Kruglova
64 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
 La vitalité
au menu
C’est dans la nourriture que notre corps puise force et
dynamisme. Quels ingrédients privilégier? Comment les cuire
et les associer? Martine Fallon, naturopathe et auteure
de plusieurs ouvrages sur la cuisine énergétique, nous éclaire.
• Par Marie-Laurence Grézaud, avec Maureen Diament

L
’aliment est un carburant vital et nécessaire
que réclament notre corps et notre tête. Outre
notre plaisir à déguster des produits frais, locaux
et de saison, les nutriments qu’ils apportent
construisent les parois cellulaires, nourrissent
les fibres musculaires et entretiennent notre cer-
veau. Certains de nos comportements – manger
trop, trop vite, trop souvent sucré, salé, trop gras, mais éga-
lement le cocktail stress-café-tabac-alcool – « grignotent »
notre quotient de vitalité. « Mais il est facile, en dix jours,
d’en récupérer une bonne part », assure Martine Fallon,
naturopathe et consultante en diététique, pour qui cuisi-
ner énergétique est surtout un apprentissage gourmand.
GE T T Y IMAGES/LUZIA ELLERT
Ni trop cuit ni trop cru
Perte en minéraux, enzymes et vitamines, protéines abî-
mées : la cuisson n’est pas l’alliée de la vitalité. Plus un pro-
duit est de saison, fraîchement cueilli et peu cuit, plus il est
susceptible d’apporter des enzymes – boosters d’énergie – à
l’organisme. Faut-il s’adonner au cru afin de récupérer un
maximum de nutriments? Pas forcément, car si la cuisson
les détruit en partie, elle les rend, en revanche, plus digestes.
Le cru et le froid fatiguent, ballonnent et nous font perdre de
l’énergie, notre métabolisme cherchant à réchauffer l’aliment
avant de le digérer. En sollicitant moins le système digestif,
nous nous économisons. C’est souvent le cas l’hiver, puisque

Il suffit de passer le cap en composant de belles assiettes
débordantes de produits de saison, peu transformés, de
cuire «  bien  » les aliments, de les consommer au bon
moment, enfin de déguster un repas en conscience dans
le plaisir et la gourmandise… Autant de gestes simples qui
nous renforceront.
notre appétence naturelle s’oriente vers des aliments tièdes
ou chauds, qui réchauffent la zone d’assimilation et facilitent
la digestion. « Nous rechercherons donc l’équilibre entre le
cru et le cuit, en commençant si possible par le premier, afin
de faire profiter de ses enzymes vivantes au second », résume
Martine Fallon. Idéalement, l’aliment est cuit à l’extérieur et ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 65

 L A VITALITÉ AU MENU

À LIRE
Stop à la
³ cru à l’intérieur. Une cuisson douce l’abîmera moins : al dente, fatigue avec
cuisson vapeur, hypocuisson au four (80 °C maximum pour la naturopathie,
un temps de cuisson prolongé) ou cuisson instantanée au Stéphane Tétart
wok. Pour un déjeuner rapide sur un coin de bureau, la natu- et Vanessa Lopez
ropathe conseille de sortir sa lunch box du réfrigérateur une (Leduc.s éditions,
heure avant et de parsemer son menu d’épices « chaudes », 2017).
comme le curcuma et le gingembre.
Manger mieux
Attention à l’acidité pour vivre
mieux, James
Notre organisme fonctionne sur le fragile équilibre entre Wong (Hachette
les bases et les acides. Trop d’acidité le fatigue puisqu’il doit, pratique, 2017).
pour la neutraliser, puiser dans les cellules et les os, engen-
drant une déminéralisation. Pour rétablir l’équilibre acido-
basique, il suffit de réduire la consommation d’aliments
acides et de privilégier celle des « alcanisants ». Attention, Plus jamais
leur caractère acide ou doux n’est pas lié à la perception gus- fatigué
tative, mais à leur forme, une fois digérés par l’intestin. Le en mangeant
citron, par exemple, contient de l’acide citrique, mais aussi mieux!,
des sels minéraux qui le rendent « alcanisant ». L’indice Marie Borrel
Pral ( potential renal acid load ou « charge rénale acide (Ellébore, 2016).
potentielle ») permet de connaître le potentiel acidifiant ou
alcanisant d’un aliment. Et incite à limiter la consomma-
tion de sucres raffinés, de graisses saturées et d’acides gras
« trans » : céréales blanches, margarine, fromage, yaourts
sucrés, viandes, boissons industrielles, certains alcools,
cacao, eaux gazeuses, thé noir, pâtes raffinées… Et à privi-
légier les aliments alcanisants – légumes verts et colorés, lentilles, azukis…) nous offrent des protéines végétales de
jaunes d’œufs, huîtres, graines germées, fruits de saison, qualité. À éviter aussi : des produits laitiers ou des légumi-
châtaignes, bananes, fruits secs (amandes, raisins, dattes…), neuses avec des protéines animales.
avocats, boissons végétales…

Les bonnes associations
Nos baisses d’énergie sont bien souvent provoquées par une
difficulté à assimiler ce que nous mangeons. La plupart du
temps, cela provient des aliments eux-mêmes – ou plutôt
de la façon dont nous les associons – qui fermentent et nous
ballonnent. « À terme, l’intestin “déguste” et notre immu-
nité pique du nez, prévient Martine Fallon. Lorsqu’elles
sont mal combinées, les enzymes qu’il contient risquent
de se neutraliser. » Par exemple : la pepsine (acide), néces-
saire pour prédigérer les protéines animales, neutralise la
ptyaline (alcaline), que nous produisons pour assimiler les
céréales. Ainsi éviterons-nous d’associer ces deux catégories,
leur préférant des céréales et légumes au déjeuner, et des
protéines et légumes au dîner, afin de diminuer les risques
d’encrassement. Céréales et légumineuses (pois chiches,
Les superaliments
Certains aliments sont de véritables bombes énergétiques
naturelles. Ils rechargent l’organisme en douceur sans le
déséquilibrer. Ce sont tous les légumes et fruits de saison
bio, dont la culture date de moins de trois jours. Les légumi-
neuses et les fruits secs apportent aussi leur quota d’énergie.
Sans oublier les véritables tonifiants que sont l’ail, l’oignon,
les échalotes, les herbes aromatiques fraîches et les épices.
Pour recueillir le plus d’énergie possible, Martine Fallon
conseille de se faire des cocktails de jus frais : pomme-
carotte-cumin, pomme-fenouil-persil-gingembre, pomme-
orange-betterave… Et de parsemer dans ses salades ou de
mixer dans ses soupes des graines germées, du ginseng (sauf
en cas d’hypertension), de l’aloe vera, des graines de goji, des
fruits rouges, de l’élixir de grenade, du jus de blé ou d’orge
germé (jus d’herbe appelé Green Magma) ou du maca. O

66 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE


Retrouver l’énergie,
tout ^DjlfL[L\L^j
#jechoisisd’êtrebien
%
15 des
Français
sont victimes Difficultés à vous lever le matin,
de fatigue manque de tonus ou envie de
hivernale* rester sous la couette… En hiver,
il est parfois délicat de garder
la forme et le moral. Le froid et le manque de
lumière demandent beaucoup d’efforts à notre
corps qui fonctionne au ralenti. Il est possible
d’agir naturellement pour retrouver l’énergie
grâce à quelques astuces bien-être.
Pour prendre soin de notre équilibre intérieur et
renforcer notre capital santé, Léro vous propose
deux astuces “vitalité” :
Optez pour une cure de ginseng : plante
médicinale très renommée en Asie, la médecine
chinoise la considère comme un tonifiant du
Qi, la source de notre “élan vital”. Adaptogène,
Léro, un laboratoire
engagé pour la santé
et le bien-être
de chacun.
“Nous sommes convaincus de l’importance
d’une prise en charge plus globale et naturelle
de la santé et du bien-être de chacun,
associant aux thérapeutiques habituelles,
des approches préventives et curatives plus
douces.
C’est pourquoi, nous développons dans le
respect de l’homme et de son environnement,
des compléments alimentaires ciblés, produits
en France selon des principes de qualité et
de sécurité stricts et distribués en pharmacie
afin que chacun puisse bénéficier du conseil
associé d’un professionnel de santé.”
Anne CHAUDER
Présidente du Groupe Dômes Pharma
La gamme Léro est disponible en pharmacie
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COMMUNIQUÉ
elle est efficace aussi bien pour une personne
en bonne santé dans une optique préventive,
que pour faciliter le rétablissement des fonctions
de l’organisme, dans une optique curative.
Pratiquez la respiration dynamique :
modifiez votre état énergétique grâce à votre
respiration ! Debout, les pieds parallèles,
les genoux légèrement fléchis, prenez une
profonde inspiration en amenant les bras
tendus au-dessus de la tête. Fermez les
yeux, puis bloquez l’air dans la gorge en
contractant vos abdominaux. Fléchissez
les coudes de chaque côté de la tête puis,
d’un coup, expirez l’air par la bouche en
relâchant le haut du corps et les bras vers
le sol. À pratiquer 5 fois tous les matins pour
dynamiser votre journée.
Envie d’aller plus loin et de
prendre soin de votre capital
santé pour plus de vitalité ?
En trois semaines, Léro Base vous aide à
retrouver durablement votre énergie en vous
apportant les micronutriments nécessaires
à votre équilibre naturel :
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des oméga-3 naturels, des vitamines du groupe B,
du fer et du chrome,
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énergétique de la cellule : du magnésium, de la
vitamine C et du manganèse,
• Et pour un effet tonus, du Ginseng.
Pour la prise, c’est simple…
2 capsules par jour sur 3 à 6 semaines.
BAT-09/18
#jechoisisdêtrebien
 Buvons de l’herbe,
mangeons des pousses!
Verts, frais et croquants, comme un concentré
de printemps, jus d’herbe et graines germées
nous invitent à tourner le dos à la fatigue hivernale
qui pointe son nez. Prêt à tenter l’expérience?
• Par Odile Chabrillac

G
raines germées et jus d’herbe de blé, sont des
aliments « vivants », souvent recommandés
par les thérapeutes de santé naturelle pour
compenser les carences de notre alimentation.
Véritables petites centrales énergétiques, ils
apportent des nutriments essentiels à l’orga-
nisme et l’aident à se purifier. On peut les ache-
ter déjà préparés… ou les cultiver soi-même. De nouvelles
saveurs à parsemer ici et là dans nos menus quotidiens.
Détoxifiant : le jus d’herbe de blé
tout en favorisant sa détoxication et sa revitalisation. Des
centres prestigieux de remise en forme « naturopathique »,
comme l’institut Hippocrate, en Floride, en ont fait leur
boisson fétiche. Plus vert que vert, au goût assez neutre et
légèrement sucré, on le recommande particulièrement aux
personnes qui ne consomment pas assez de légumes. Inutile
néanmoins de s’écœurer, une petite quantité quotidienne de
jus suffit tant il est concentré en bienfaits.
Sans gluten
Extrait des jeunes pousses vertes du blé avant que la tige
n’apparaisse, ce jus est totalement dénué de gluten et n’a
G E T T Y I M AG E S / W E S T E N D 6 1

C’est le jus d’herbe de blé qui connaît la plus grande renom-
mée, même s’il existe quelques jus d’orge et de luzerne.
Purifiant, oxygénant, antioxydant : peu d’aliments peuvent
se vanter de conjuguer autant de qualités. Le jus d’herbe
de blé lutte aussi contre l’acidité excessive de l’organisme,
donc pas les inconvénients du blé, parfois difficile à digérer.
Des réactions intestinales peuvent toutefois être obser-
vées chez des personnes extrêmement sensibles, liées à
l’importante concentration en protéines et aux effets puri-
ficateurs du produit.

68 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Trois semaines pour
se mettre au vert
Pour vous détoxifier tout en vous revitalisant,
faites une cure de jus d’herbe de blé pendant trois
semaines. Vous pouvez en saupoudrer une
cuillerée à café (poudre d’herbe de blé ou d’orge
en poudre en boutique bio) sur vos aliments,
la mélanger à de l’eau ou à du jus de légumes
(un petit verre par jour). Ou encore opter pour
du jus frais en vous le procurant, par exemple,
sur le site nourriturevivante.fr (60 € les
30 capsules glacées livrées via Chronofreeze avec
19,50 € de frais de transport). Si vous êtes équipé
d’un extracteur à jus, le site livre aussi de l’herbe
de blé fraîche (20 € pour une semaine) ou
encore des kits de culture d’herbe de blé (40 €).
Hypervitaminées : les graines germées
Des vitamines, des oligoéléments, des minéraux, des
enzymes, de la chlorophylle… Les graines germées
contiennent tout cela, et plus encore. Comment expliquer
une telle profusion de nutriments? La phase de germina-
tion est un moment d’intense activité de transformation de
la graine, qui a besoin de toute son énergie pour se méta-
morphoser en plante. À cette étape clé, la quantité de vita-
mines est multipliée par un coefficient variant de trois à
douze fois (selon le type de graine), puis elle diminue. D’où
l’idée de profiter nous aussi d’une telle richesse.
Enzymes, minéraux, protéines, oligoéléments…
Les graines germées sont nombreuses et chaque famille a
ses atouts santé. Les germes de céréales – blé, épeautre, sar-
rasin, millet – sont riches en enzymes digestives, en vita-
mines et en sucres simples issus de l’amidon. Les germes de ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 69
 BUVONS DE L’ HERBE , MANG EONS DES POUSSES !
³ légumineuses – soja vert (aussi appelé haricot mungo), pois,
arachides, petits pois – apportent des protéines d’excel-
lente qualité. Les germes d’oléagineux – tournesol, courge,
lin, sésame – sont bien pourvus en vitamines et minéraux,
mais aussi en acides gras essentiels. Les germes de plantes
– luzerne (ou alfalfa), trèfle, ortie, moutarde, quinoa – sont
les plus riches en chlorophylle, minéraux et oligoéléments
rares. Toutes les graines de plantes comestibles sont uti-
lisables, sauf celles des végétaux dont les feuilles sont
toxiques (tomate, aubergine). Comme elles sont riches en
vitamines, mieux vaut ne pas les consommer le soir, sur-
tout si l’on a le sommeil léger. Les personnes souffrant de
colites devront aussi s’en méfier (elles sont riches en fibres).
En salade ou en tartine
Vertes et croquantes, les graines germées n’ont pas toutes
le même goût, mais laissent en bouche une sensation de
fraîcheur. Elles se savourent le plus souvent crues (la cuis-
son dégrade leurs vitamines et leurs enzymes). Sauf celles
qui ont une enveloppe dure (graines de pois chiche, de riz
paddy, de soja jaune, de haricot rouge), qui doivent être
cuites, à feu doux ou à la vapeur, pour être plus digestes.
Les graines germées sont délicieuses en salade. Vous
pouvez en ajouter une ou deux cuillerées dans votre salade
verte, ou mélangez différentes variétés pour réaliser une
entrée originale : graines de soja, de blé et de lentilles ger-
mées avec un peu de citron, de sel, d’huile d’olive et un petit
oignon cru coupé en dés. Elles aromatisent aussi tartines
et sandwichs (parsemez des graines de moutarde ger-
mées sur une tartine de tapenade), relèvent les soupes de
légumes (quelques graines de radis ou de fenugrec germées
apportent une légère touche épicée), mais aussi les ome-
lettes, les pâtés végétaux, les jus de légumes.
Cure vitalité
Rien de tel qu’une cure pour rebooster toute la famille en
période de fatigue ou de surmenage. Pendant deux à trois
semaines, consommez les germes crus en les mastiquant
bien, à jeun, avant le petit déjeuner ou le déjeuner; ou au
déjeuner, mêlés à une entrée de crudités. Commencez en
douceur avec une cuillerée à café par jour, puis augmen-
tez progressivement la quantité jusqu’à trois cuillerées
à soupe par jour. Vous pouvez renouveler cette cure plu-
sieurs fois dans l’année. O
70 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Faites-les pousser
En boutiques bio ou grandes surfaces, vous
trouverez facilement des graines déjà germées.
Prenez-les le plus fraîches possible pour profiter
de tous leurs bienfaits. Vous pouvez également
choisir de les faire pousser vous-même
à condition d’avoir une hygiène irréprochable.
Pour cela, vous aurez besoin d’un germoir
(en plastique, en verre ou en terre cuite). Un
simple bocal en verre, fermé par de la gaze
ou de la toile à moustiquaire, peut aussi faire
l’affaire. Choisissez des graines bio faciles
à faire pousser (luzerne, radis, moutarde) ou des
mélanges de graines tout aussi savoureuses.
Faites-les tremper une nuit dans de l’eau de
source. Rincez-les en jetant l’eau et laissez-les
à température ambiante (pas trop exposées
à la lumière). Rincez-les ensuite tous les jours,
matin et soir. Vous pourrez les manger dès que
le germe apparaîtra (trois ou quatre jours plus
tard). Rincez-les une dernière fois, juste avant
de les préparer. Quand le germe atteint la taille
de cinq centimètres, il est trop tard pour profiter
de toutes ses vertus.
À LIRE
Les Graines
germées de
A à Z, Carole
Dougoud-
Chavannes
(Jouvence
éditions, 2017).
Graines
germées,
Valérie Cupillard
(La Plage, 2014).
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et jus revigorants
Avec les premiers frimas, le tonus commence à manquer et le
corps puise dans ses réserves de vitamines et minéraux.
Misez sur les superaliments comme les jus, la spiruline et l’ortie.
• Par Sophie Bartczak, Odile Chabrillac, Marie-Laurence Grézaud

• Illustrations Sylvie Faur

Spiruline : régénérant complet
Ce micro-organisme est une bombe
énergétique. Il est riche en
oligoéléments, antioxydants, vitamines
A, E et du groupe B. Selon le Dr Jean-
Louis Vidalo 1, trois cuillerées à soupe
de poudre de spiruline contiennent
autant de calcium que trois verres de
lait, autant de fer que trois bols
d’épinard, et l’équivalent de dix-huit
carottes en bêtacarotène… Elle
renferme aussi des oméga-6, le tout
pour une faible teneur en calories.
Outre son pouvoir nutritif, des études
1
et humeur)… Sous forme de poudre,
elle se mange dans une compote,
une salade, une sauce vinaigrette
ou une soupe. Vous pouvez également
la trouver en comprimés.
Bien choisir
O Optez pour les formes brutes
(poudre, paillettes, comprimés),
et évitez les gélules et les ampoules.
O Soyez attentif à la provenance et
préférez la spiruline d’origine française.
Évitez les zones polluées (eau riche
4 août 2017, la spiruline peut en effet
receler des toxines, des bactéries ou des
éléments métalliques (plomb, mercure,
arsenic) après une contamination lors
de la culture et du séchage. On a ainsi
retrouvé des cyanobactéries dans
des extraits venus des lacs kényans et
des métaux lourds dans des productions
originaires du Tchad ou de Cuba,
susceptibles d’entraîner des effets
indésirables (allergie, troubles digestifs,
atteintes musculaires…).
Ne dépassez pas 5 grammes par jour
G E T T Y I M AG E S / Y U J I K A Z A K I

attestent de son effet positif sur le
système immunitaire, le foie, les reins,
le cholestérol, l’anémie, la rhinite,
l’oxygénation des muscles, la peau, les
cheveux, ou encore le cerveau (stress
en métaux lourds) et la spiruline
chinoise (les méthodes de production
dénaturent les produits). Selon l’avis de
l’Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation (Anses) délivré le
(une cuillerée à café). Une cure de
deux mois est généralement conseillée.
1. Auteur de Spiruline, l’algue bleue
de santé et de prévention, et de La Santé
cellulaire (Dauphin, 2015 et 2018).

72 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 73
 CURES DE VERT ET JUS RE VIGOR ANTS
2
Ortie : fortifiant naturel
Reine des mauvaises herbes, l’ortie
est un aliment revitalisant, tonique et
reminéralisant par excellence grâce à sa
teneur exceptionnelle en antioxydants,
chlorophylle, protéines, vitamines et
sels minéraux. Elle est particulièrement
adaptée aux sportifs, convalescents et
anémiques (riche en fer particulièrement
assimilable) et pour toutes les fatigues.
Ses effets sont rapides. On conseille
généralement une cure de deux ou trois
semaines à raison de 50 grammes par
jour si elle est sèche ou 200 grammes
lorsqu’elle est fraîche. Durant cette cure
drainante, optez pour une alimentation
légère, exempte d’alcool et de tabac.
Le plus simple pour consommer ces
quantités : préparer une soupe. Dans un
demi-litre d’eau, faire bouillir deux ou
trois pommes de terre avec un oignon
et les orties (50 grammes sèches ou
200 grammes fraîches, à ajouter durant
les deux dernières minutes afin d’en
conserver toutes les propriétés). Mixez.
74 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Jus haute vitalité
Les fruits et légumes sont des alliés incontournables pour
lutter contre la fatigue. Ils reminéralisent le corps et le gorgent
de nutriments énergisants : zinc, fer, calcium, magnésium,
vitamines C, B6 et B9. La goyave, par exemple, contient
énormément de vitamine C, cinq fois plus que l’orange.
Les adopter à l’arrivée de l’hiver, au quotidien ou en cure,
permet d’augmenter sa ration de vitamines et minéraux,
et de remonter son niveau de vitalité.
3
Signor Raplapla y Flagada : le jus anti-fatigue
Ingrédients : 1/2 papaye, soit 650 g environ, 1 pomme, 1 feuille
kale, 2 brins de menthe en option, 1/2 de citron.
ez et épépinez la papaye.
z la nervure centrale du chou kale, ce qui évite
me. Le chou kale peut être remplacé par des feuilles
d, de bette ou de chou vert.
z la peau de la pomme si elle est bio.
actez bien les feuilles de menthe entre deux morceaux
si vous pratiquez la centrifugeuse; sinon, elles risquent
r dans le bac d’alimentation.
z et ajoutez éventuellement le morceau de citron
à la fin dans l’appareil.
eil de Sandra Ericson : « Cette recette contient une
paye pour la vitamine C, le magnésium et les enzymes,
mme avec la peau pour la quercétine, une feuille de
e, également bonne source de magnésium et de calcium
nt assimilable. N’hésitez pas à ajouter à vos jus deux
menthe, une bonne source de zinc, fer, magnésium
et vitamine B. »
Psychologue clinicienne, psychothérapeute, Sandra Ericson
est l’auteure de Ces jus qui vous rendent heureuxx et de Ma bible
des jus santé et bien-être (Leduc.s éditions, 2017 et 2016).
 4
Starters du matin
Vous n’avez pas faim au lever? Ou vous
vous sentez fatigué et éprouvez le besoin
de vous purifier? Ce repas 100 % liquide
réveillera votre organisme tout en douceur.
La philosophie : il y a quarante ans,
l’Américaine Ann Wigmore, passionnée
par les méthodes alternatives de
santé, développait l’approche « haute
vitalité » basée sur une alimentation
essentiellement crue, végétale et
biologique. Selon elle, l’ingestion
prématurée d’aliments solides en début
de journée perturbe le système digestif.
Sa recommandation : des jus frais,
jusqu’au milieu de la matinée, pour
éliminer les toxines accumulées pendant la
nuit; et ensuite, on poursuit par des fruits.
Ingrédients : pour le premier jus,
léger : un concombre (ou un quart de
pastèque). Pour le deuxième jus, plus
consistant : 3 c. à soupe de pousses de
céréales (alfalfa, pousses de blé) et 300 g
de légumes de saison (carotte, céleri,
betterave) ou de pommes, à épicer selon
votre goût. Ces jus sont peu sucrés.
Comment les préparer? L’idéal est
de réaliser ces jus vous-même à l’aide
d’extracteurs à jus spécifiques, qui
mâchent les aliments pour en retirer la
quintessence. Mais vous pouvez boire
des jus tout faits les jours où vous êtes
pressé. À condition qu’ils soient bio.
Soutenir la thyroïde
et les glandes surrénales
Au changement de saison, et particulièrement à l’automne, pour
mieux s’adapter au froid, il est important de soutenir la thyroïde.
« C’est la chaudière de l’organisme. Elle influe sur la température
du corps, observe le Dr Jean-Christophe Charrié, médecin et
phytothérapeute, mais elle n’arrive pas toujours à s’adapter aux
changements climatiques ni à régler la température au bon
moment. Cela explique les bouffées de chaleur ou la frilosité
excessive. » Le médecin conseille de soutenir aussi les glandes
surrénales, ou glandes adaptatives, afin d’augmenter notre
capacité à nous adapter aux variations de température.
Les aliments qui soutiennent la thyroïde  : flocons d’avoine,
gingembre, fruits de mer, algues comme la laminaire, fucus…
Les aliments qui soutiennent les glandes surrénales  : herbes
et végétaux (sarriette, thym, romarin, cannelle), et fruits riches
en vitamine C (agrumes, fruits de saison) ou persil.
La recette réveille-matin  : porridge de flocons d’avoine.
Tous les matins pendant trois à dix jours, faites frémir deux
à trois cuillerées à soupe de flocons d’avoine versées dans
du lait d’avoine ou de l’eau. Ajoutez une cuillerée à soupe de miel
foncé et de la cannelle. Les bienfaits  : idéal pour soutenir
la thyroïde lorsqu’elle est un peu faible et retrouver l’énergie!
À LIRE
Encyclopédie des
super aliments,
boostez votre
équilibre!,
Émilie Laraison,
(Flammarion,
2017).
L’Ortie, une
panacée oubliée,
Jean-Francois
Astier, préface de
Bernard Bertrand
(Éditions du
terran, 2017).
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 75
 Notre besoin
d’hiverner
Difficultés à se lever le matin, envie de somnoler
en journée… Qui n’a jamais eu envie de traîner
au lit? Comment expliquer cet état et
le vivre du mieux possible? Les réponses de
Claude Gronfier, chronobiologiste.
• Par Élyane Vignau

J
’ai dormi tout le week-end, et pourtant, je suis
encore à plat  », «  Impossible de sortir de la
couette ce matin »… Dès l’automne, nous sommes
nombreux à nous plaindre de fonctionner « au
ralenti ». De dormir plus, mais jamais suffisam-
ment. Et de ne rêver que d’une chose : rester chez
nous, au chaud, pour nous reposer et paresser. Ne
G E T T Y I M AG E S / S T E P H E N S W I N T E K

serait-ce pas là le signe que nous avons besoin d’hiberner,

comme tant d’autres animaux? « On a longtemps pensé
que l’homme était vraiment différent des autres mam-
mifères, qu’il n’avait pas de comportements saisonniers,
explique Claude Gronfier, chercheur à l’Inserm, au sein du
Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Mais on
sait aujourd’hui que c’est faux. Cela dit, sur ce point, nous
sommes, parmi les mammifères, plus proches de l’ours
que de la marmotte. Celui-ci n’hiberne pas, il hiverne. La ³

76 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

PHOTO

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 77

 NOTRE BESOIN D ’ HIVERNER

³ nuance est fine : l’ours ralentit son fonc-

tionnement, en hiver, mais ne plonge
Les études le prouvent :
pas totalement dans la léthargie. Il
conserve toujours une petite activité. »
à partir d’un certain point,
Origine physiologique
en dormant plus, on dort
ou psychologique?
Aurions-nous donc physiologiquement
moins bien
besoin de ralentir et de dormir davan-
tage à l’approche et pendant les mois d’hiver, à l’instar des uns, véritable besoin physiologique de sommeil pour les
plantigrades? « C’est plus compliqué que cela, nuance le autres… Nous ne sommes effectivement pas tous égaux
chronobiologiste. Chez certains individus, le besoin de face à ce manque de lumière. La raison : des prédisposi-
sommeil peut revêtir un aspect psychologique. Pourquoi? tions qui favoriseraient notre réceptivité aux variations
Parce que nous avons effectivement tendance à être moins saisonnières. « Il y a des causes de type génétique. Par
gais en hiver et que, pour beaucoup, dormir reste un refuge. exemple, chez certains individus souffrant d’un polymor-
D’ailleurs, on ne va pas toujours avoir envie de dormir phisme de certains photorécepteurs au niveau de la rétine,
davantage, mais simplement de rester au lit plus longtemps. on a découvert que la lumière était moins bien transmise
En revanche, certaines personnes vont effectivement avoir au cerveau, au centre qui régule les rythmes biologiques.
besoin de dormir plus. Parmi elles, on trouve notamment Résultat : ils développent plus régulièrement des troubles
tous ceux qui sont sujets à la dépression hivernale. » Dans affectifs pendant l’hiver. D’autres études pointent aussi le
ce cas, il n’est plus question de simple fatigue ou de manque rôle de la production de la sérotonine. Ceux qui présentent
de sommeil, mais bel et bien d’une véritable maladie qui déjà des taux un peu faibles en temps normal vont souvent
appelle un traitement adapté. « Si l’on pense être atteint ressentir un plus grand besoin de sommeil. »
de ce trouble, il faut impérativement aller consulter un
médecin, recommande Claude Gronfier. Sans se dire “je
n’ai qu’à patienter jusqu’au retour des beaux jours”, car
la dépression hivernale peut poser de graves problèmes
dans la vie quotidienne, autant d’un point de vue profes-
sionnel que familial. » Les signes de la
dépression saisonnière
L’accusé : le manque de lumière Il y a d’abord une grande fatigue physique et
Comment expliquer que l’hiver bouleverse autant cer- un réel ralentissement psychologique, ressentis
tains d’entre nous? Qu’il perturbe à ce point notre rythme, chaque année, chaque hiver. Il y a aussi
notre forme et parfois même nos envies? Nous savons une consommation exagérée de sucre (pas
aujourd’hui que c’est le manque de lumière qui est en cause. forcément en compulsion, mais plutôt une
« La luminosité joue énormément sur notre organisme et prise de sucre plus importante à chaque repas).
notre forme, rappelle le spécialiste. Or en hiver, la photo- Et enfin, une envie de dormir envahissante
période, c’est-à-dire le temps de luminosité, est beaucoup avec des difficultés à se lever le matin.
plus courte qu’en été. Le seul fait que le soleil se lève plus
tard, notamment, affecte considérablement nos rythmes
biologiques internes, provoquant des troubles dépres-
sifs plus ou moins forts. » Simple ralentissement pour les

78 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 À LIRE
En finir avec
Dormir plus ou dormir mieux? le blues de
Heureusement, le manque de lumière se contente souvent l’hiver, Laurent
de nous mettre un peu plus « à plat ». Mais que faire alors? Chneiweiss et
Devons-nous changer notre rythme pour nous adapter à Claude Gronfier
celui de la saison? Ou, au contraire, lutter pour rester actif (Marabout,
et en forme? Bonne nouvelle, pour le chronobiologiste, “Poche”, 2014).
céder à « l’appel de la couette » aurait du bon. « Mon conseil,
avant tout, c’est de ne pas lutter contre le sommeil le soir, Dormez!, sous
et d’éviter d’utiliser des écrans (smartphone, tablette, ordi- la direction de
nateur, télé) qui inhibent la somnolence, explique-t-il. En Patrick Lemoine
règle générale, nous avons tous une dette de sommeil, et (Hachette, “Bien-
cela nous ferait beaucoup de bien de dormir une heure ou être”, 2018).
deux de plus chaque nuit. » Pas de quoi pour autant nous
transformer en marmotte jusqu’à l’été! Car après nos
premières longues nuits, on risque très vite de se rendre
Le Pouvoir de la
compte que notre sommeil devient moins dense, plus per-
lumière, à l’aube
turbé. Et les études le prouvent : à partir d’un certain point,
d’une nouvelle
en dormant plus, on finit par dormir moins bien. « Quand
médecine,
l’on sent que notre sommeil se fait plus fragmenté, de moins
Anadi Martel
bonne qualité, mieux vaut reprendre un rythme et une
(Guy Trédaniel
hygiène de sommeil proche de ceux que l’on a en été. Et si
vous êtes réveillé le matin, levez-vous plutôt que de traîner
éditeur, 2016).
au lit! » Un conseil vitalité qui implique bien évidemment
de faire une croix sur nos grasses matinées. Trop dur?

Recaler notre horloge biologique

Pour Claude Gronfier, plus que notre quantité de sommeil,
c’est surtout la lumière, une fois encore, qui peut nous aider
à bien passer l’hiver. « On le sait aujourd’hui, la luminosité
active également des cellules qui sont impliquées dans la
veille, la cognition, la consolidation des connaissances et
aussi l’humeur. Tout cela à travers des mécanismes phy-
siologiques qui dépendent de notre horloge biologique
interne. » Voilà pourquoi quand celle-ci est perturbée
l’hiver, ce n’est pas seulement notre sommeil qui en pâtit,
mais aussi nos journées, nos états d’âme et notre concen-
tration notamment. Pour le chronobiologiste, inutile donc
de recourir à un traitement médicamenteux, avec d’un
côté des pilules pour mieux dormir la nuit et, de l’autre,
des substances pour se tenir éveillé en journée. La solu-
tion réside tout simplement dans une bonne hygiène lumi-
neuse afin de mettre à profit les effets de la lumière sur
notre organisme « pour « recaler » notre horloge biologique
interne. Résultat : on bénéficiera d’un meilleur état de
veille pendant la journée, et d’un meilleur sommeil la nuit,
ni trop tôt ni trop tard. » En cas de troubles légers, augmen-
ter l’intensité lumineuse dans les pièces où l’on se trouve,
et augmenter son exposition à la lumière solaire durant le
jour. Mais attention, en cas de dépression saisonnière ou de
troubles affectifs plus graves, il faut consulter un médecin.
Car, pour que le traitement par photothérapie soit efficace,
il doit être impérativement suivi à la lettre, tous les jours, à
un moment spécifique qui dépend de son chronotype (ses
horaires de sommeil), avec une intensité lumineuse pré-
cise, et pendant au moins trois semaines. O

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 79

4 - 10 novembre 2018
25 novembre -
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à d’autres organismes (voyagistes…) et sont conservées pendant 3 ans à partir du dernier contact avec le Groupe Psychologies. Vous pouvez exercer vos droits d’accès, de rectification, de limitation, de portabilité,
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82 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
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nous ressourcent
Cela fait trente ans que Patrice Bouchardon travaille avec
l’énergie des arbres. Il perçoit leurs messages, capte leur force
et délivre leurs enseignements à l’occasion de stages.
Il en est convaincu : la vie qui émane d’eux nous aide à retrouver
notre dynamisme. Il vient de publier À l’écoute des arbres,
je me suis rencontrée (Leduc.s éditions, 2018).
• Par Catherine Maillard

D
ebout, l’oreille contre le tronc, j’écoute, comme
le faisaient autrefois les Indiens avec la terre.
Sept litres d’oxygène pour nous tonifier
L’expérience donne à découvrir des chuin- « Allez vous adosser contre un arbre qui vous inspire, déten-
tements, des bourdonnements, des bruits de dez-vous et concentrez-vous sur votre respiration, propose
ville », raconte Idalgo, 42 ans, pourtant doté Patrice Bouchardon à ses stagiaires. D’où part-elle? De votre
d’un esprit cartésien. Ce matin, la forêt est le ventre? De votre gorge? » Cette exploration attentive du
théâtre de curieuses expériences. Une ving- souffle a pour effet immédiat une sensation de tonus retrouvé
taine de personnes écoutent, touchent, hument en chœur qui s’explique : les arbres ont une influence positive sur la
les arbres! Derrière cette activité, parfois jugée insolite, se qualité de notre atmosphère. « Ce sont eux qui transfor-
cache un homme jovial, Patrice Bouchardon, dont le nou- ment l’oxyde de carbone en oxygène, si précieux pour notre
G E T T Y I M AG E S /AC P R O D U C T I O N S

veau livre, À l’écoute des arbres, je me suis rencontrée, se pré- vitalité », rappelle Jacques Fleurentin, docteur ès sciences
sente comme un roman initiatique. Cet ingénieur devenu pharmaceutiques. En forêt, chaque arbre en produit environ
animateur de « stages et formations nature » a toujours sept litres par jour. Plus qu’il n’en faut à l’homme, dont les
nourri un vif intérêt pour ces majestueux végétaux, qui l’a besoins quotidiens tournent seulement autour d’un demi-
conduit à une réflexion sur notre rapport à la nature. En litre. De plus, cet oxygène naissant au sortir de la feuille est
quoi ce contact contribue-t-il à notre équilibre? « anionisé », c’est-à-dire qu’il est accompagné d’ions négatifs. ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 83

 LES ARBRES NOUS RESSOURCENT
³ Ces derniers présentent trois caractéristiques majeures : ils
favorisent la dilatation des vaisseaux sanguins, améliorent
l’oxygénation des tissus et luttent contre le stress. Pendant
une séance de respiration avec un arbre, nous pouvons en
quelque sorte prendre rendez-vous avec notre vitalité d’une
manière plus « végétale ».
Quatre étapes pour éveiller nos sens
Quand le corps est noué, nos sens ne remplissent plus leur
mission et nous avançons dans la vie comme des robots.
Dans la forêt, narines et oreilles ouvertes, nos gestes perdent,
au contraire, de leur automatisme : une étape importante
pour mettre le mental au repos. Patrice Bouchardon l’as-
sure : « Les arbres peuvent nous aider à ouvrir nos portes
sensorielles afin de mieux habiter notre corps. » D’où les
quatre exercices qu’il propose.
Tentez l’expérience
Choisissez un arbre qui vous attire, en forêt
ou dans votre jardin, dans un square… Embrassez-le
et écoutez, yeux fermés, les sensations que cela
déclenche en vous. Vous prendrez conscience qu’on
peut entendre autrement qu’avec les oreilles.
Les mains à plat contre le tronc, écartez-les
lentement et remarquez les picotements,
la chaleur, etc., dans vos paumes  : vous rencontrez
les zones énergétiques de l’arbre.
Comme pour une fleur, apprenez à sentir
l’arbre. À chaque inspiration, identifiez les odeurs
(sucrées, amères, boisées, etc.) et déterminez
précisément ce qu’elles vous inspirent.
Adossez-vous contre lui et prêtez attention
à tout ce qui vous arrive : des pensées, des
images, des émotions, des souvenirs. Renouvelez
l’expérience auprès d’autres arbres.
84 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
1. Élargir son champ de vision
« Déroulez vos pieds sur le sol et plongez votre regard dans le
feuillage de l’arbre en amoureux du “voir” », suggère l’« ani-
mateur » forestier. Notre vue est tellement sollicitée que
nous regardons souvent sans voir. « Au début, mon regard
s’arrêtait au premier rideau d’arbres, témoigne Inès, 37 ans.
En découvrant les espaces entre les arbres et les feuilles, j’ai
compris que l’on pouvait aiguiser sa vue et aller au-delà des
obstacles. Comme dans la vie. »
2. Explorer le toucher
Notre peau possède deux millions de récepteurs sensoriels.
Malgré cela, le toucher est devenu tabou dans notre société :
comme nous n’établissons souvent qu’un contact visuel,
l’image mentale prédomine sur la sensation. Pour rendre la
place qu’il mérite au premier des sens, l’exercice consiste à
occulter la vue. « Yeux fermés, mains tendues, j’ai parcouru
le tronc, enjambé les racines… Ça m’a rappelé mon enfance »,
raconte Carlos, 26 ans. C’est vrai, ces retrouvailles sont
souvent de l’ordre d’une jubilation enfantine. Mais ce n’est
pas seulement pour raviver nos souvenirs que Patrice
Bouchardon encourage ce contact, c’est aussi « pour renouer
avec la spontanéité de l’enfance et reprendre confiance dans
ses capacités physiques ».
3. Apprendre à sentir
Sentir au lieu de penser, serait-ce le secret? Respirez le tronc
d’un arbre, les bourgeons, les feuilles. Identifiez les odeurs.
Derrière chacune se cachent des images, donc des émotions.
« Le cerveau de l’olfaction, appelé aussi rhinencéphale, fait
partie du système limbique, le siège de nos émotions et du
plaisir », explique Benoist Schaal, directeur de recherche au
CNRS. « Un jour, dans un verger de pommiers, mon corps
s’est mis à pétiller, raconte Thérèse, 45 ans. Quand je suis
morose, je me replonge dans cette sensation. »
4. Ouvrir ses oreilles
Aujourd’hui, nous ne prenons conscience d’un son que
lorsqu’il nous agresse! « Si vous posez votre oreille contre
un arbre, c’est bouleversant… » Patrice Bouchardon parle
de mille bruits différents : des craquements graves, sourds
ou aigus. Premier bénéfice : la détente cérébrale. Le mental
encombrant et trop bavard est congédié, laissant la place à
notre sensibilité et à notre réceptivité. Pratiquée régulière-
ment, cette technique permet d’être davantage à l’écoute de
soi et des autres.
 À LIRE
De l’énergie des
arbres à l’homme,
les 9 étapes de la
La forêt : la pharmacie rencontre avec soi,
du chaman Patrice Bouchardon
(Le Courrier
Anthropologue de la santé, spécialiste de la haute du livre, 2017).
Amazonie, Jean-Patrick Costa, ancien de
Pharmaciens sans frontières, a publié plusieurs Au bonheur
ouvrages sur les Indiens jivaros et les médecins des arbres,
traditionnels, notamment Les Chamans hier et comment ils nous
aujourd’hui (Pascal Galodé, 2016). Il explique ressourcent et
comment les médecins shuars utilisent l’arbre nous font du bien,
à des fins thérapeutiques. Pour le chaman, collectif (Terre
dont le savoir repose sur le pouvoir de la nature, vivante, 2018).
la pharmacie est la forêt. Il sait, ressent, qu’il
peut échanger avec l’arbre. Pour se ressourcer, Ces arbres
il pratique le hug tree, une respiration énergétique qui nous
auprès de l’arbre, sorte de méditation. veulent du
bien, Laurence
Pourquoi l’arbre est-il “guérisseur”? Monce (Dunod,
Les Shuars pensent que les âmes de leurs ancêtres 2018).
se sont réincarnées dans les arbres. Ils font appel
à ces esprits pour être guidés dans leurs chants et
dans leurs danses de guérison. Pendant ces rituels,
ils utilisent l’énergie de l’arbre, tantôt vivifiante,
tantôt apaisante selon le tempérament de l’ancêtre
réincarné, pour rééquilibrer celle de l’homme.

Mille et un messages pour
résoudre nos blocages
En poursuivant ses travaux, Patrice Bouchardon s’est rendu
compte que les arbres pouvaient agir sur nos désordres émo-
tionnels : « Chacun d’entre eux possède une qualité parti-
culière, assure-t-il. Sa mission : l’éveiller en nous. » Ainsi, le
bouleau nous inviterait à abandonner la lutte pour plus de
douceur et d’harmonie. Le noyer susciterait l’autonomie et
le sens de la responsabilité, et serait efficace en cas de deuil
difficile… Michèle, 24 ans, se rappelle avoir tourné la page
avec son ex-mari lors d’un exercice avec une vieille souche
de noyer. Pensée magique? Déjà, phytothérapie et élixirs flo-
raux nous apportaient des « médicaments » pour le corps et
l’esprit, alors… O
Quand le mental
s’emballe
Parmi les végétaux, Patrice Bouchardon
a identifié neuf antidotes (il les nomme
«  ressources  ») à neuf poisons produits par
notre mental, qui parasitent notre bien-être
physique et psychique. Les quatre qui
suivent chassent la fatigue et contribuent
à relancer le dynamisme.
Le pin : combat le jugement, la critique.
Favorise la lucidité, la lumière, l’énergie.
Le hêtre : combat la peur. Favorise
la confiance en soi, la force intérieure.
L’aubépine : combat la dispersion. Favorise
le recentrage, le sens de l’essentiel.
Le noyer : combat l’apathie. Favorise
l’autonomie, la responsabilité, l’engagement.
- Flavia Mazelin Salvi

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 85

 Méthode Kneipp :
l’eau froide fait des miracles
Pape de la médecine naturelle en Allemagne depuis
plus de cent ans, l’abbé Kneipp reste méconnu chez nous.
Son credo : l’eau froide, c’est bon pour la santé!
Mode d’emploi d’une méthode toute simple qui revisite
l’art du bain et de la douche.
• Par Agnès Rogelet

L
e sourire est enfoui, les épais sourcils noirs, en
broussaille et les cheveux blancs, domptés par une
calotte. En Allemagne, l’effigie de Sebastian Kneipp
figure sur tous ses produits de soin (huiles de bain,
tisanes, etc.). Tout a commencé en 1847. Sebastian
Kneipp, 26 ans, atteint de tuberculose et déclaré
incurable, tombe sur une publication du docteur
Hahn : « De la force et des effets de l’eau fraîche sur le corps
humain. » N’ayant plus rien à perdre, il s’administre un trai-
tement. Au programme : course à pied deux fois par semaine
sur les bords du Danube et plongeons dans une eau à 5 °C! Un
« remède de cheval » qui le guérit en quelques mois. Il décide
alors de poursuivre ses recherches sur l’hydrothérapie et
soigne – avec succès – son entourage. Accusé de charlata-
nisme, il est envoyé en Bavière par les autorités ecclésias-
tiques, au monastère des dominicains de Bad Wörishofen. Il y
remplace le curé. En 1886, il publie son premier traité sous le
titre Ma cure d’eau. Surnommé le « docteur de l’eau », il enri-
chit sa méthode pour en faire une véritable hygiène de vie qui
considère le corps dans sa globalité. Et finira par soigner le
pape Léon XIII, alors âgé de 80 ans. Mieux vaut prévenir que
guérir, pensait l’abbé. « Ceux et celles qui ne réservent pas
quotidiennement un peu de temps pour leur santé devront
un jour consacrer beaucoup de temps à leur maladie. » Bains
partiels, douches écossaises… « S’il existe pour moi un seul
remède, ce sera l’eau », déclare Sebastian Kneipp.
De l’eau entre 0 et 18 °C
Selon lui, il faut endurcir l’organisme pour prévenir la mala-
die. L’eau froide est idéale pour « rétablir l’ordre dans le
corps ». Elle ôte la chaleur superflue (dont la transpiration)
tout en obligeant l’organisme à générer sa propre énergie
calorifique pour éliminer les éléments « inutiles et insa-
lubres » (« graisses et mauvaises humeurs »!). L’eau chaude
ne doit intervenir que pour seconder l’organisme incapable
de produire sa chaleur naturelle (quand on se sent frigorifié)
ou pour intensifier le bénéfice de l’eau froide. « Le contraste

86 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 chaud-froid dilate et contracte les vaisseaux sanguins, ce qui
réactive le système neurovégétatif (cœur, foie, estomac…),
mais aussi le système hormonal et immunitaire », explique
Joachim Bohmhammel, ostéopathe (également directeur de
la physiothérapie au Sebastianeum, centre de soins et école
de formation à Bad Wörishofen, en Allemagne).
Des applications localisées
S’il s’agit d’entretenir sa forme, entre une et trois douches
froides d’une minute au lever par semaine suffiront. Sinon,
on trempe ou on arrose bras, genoux, visage ou coudes,
G E T T Y I M AG E S /O L E H S LO B O D E N I U K
selon le problème. Les applications d’eau localisées décon-
gestionnent la zone traitée, mais, curieusement, agissent
sur d’autres endroits par un effet dérivatif (comme le font
l’acupuncture et la réflexologie). Ainsi, un bain de pieds
froid soulage les cerveaux en ébullition : pour lutter contre
le froid, le cerveau envoie du sang vers les pieds, ce qui nous
allège la tête.
Une cure d’eau à domicile
L’avantage de la méthode Kneipp est sa simplicité. Un lavabo
ou une douche, et le tour est joué. Sebastian Kneipp recom-
mandait la modération. Inutile d’abuser de ses cent vingt
types de bains! Identifiez d’abord votre problème (migraine,
insomnie, jambes lourdes, etc.), puis pratiquez le soin appro-
prié jusqu’à complet rétablissement. Pour ne pas attraper
froid, veillez à ce que la température de la pièce soit suffi-
samment élevée. Les parties du corps non mouillées doivent
être couvertes. Surtout, ne vous essuyez pas. Séchez-vous en
agitant les bras ou les pieds, mouvements qui induisent une
chaleur naturelle et prolongent la réaction de l’organisme.
Sous la douche
Réglez la pomme de douche sur la pluie la plus douce.
Dirigez le jet de biais, à dix-quinze centimètres de la peau,
le temps que l’épiderme rougisse. ³
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 87
 MÉTHODE KNEIPP : L’E AU FROIDE FAIT DES MIR ACLES
³ Pour lutter contre le stress. Un ruissellement froid sur les
cuisses apaise l’anxiété, mais aussi la gueule de bois des
lendemains de fête. Il traite également la cellulite et les
jambes lourdes.
Pour alléger les jambes. Remontez du gros orteil à l’inté-
rieur des genoux. Insistez sur le creux derrière l’articula-
tion, riche en ganglions lymphatiques. Puis redescendez
le jet par le bord opposé jusqu’à la cheville. Recommencez
l’affusion en allant stimuler la rotule. Ce soin soulage les
jambes lourdes, et a un effet secondaire sur la zone du tho-
rax, des abdominaux et sur les organes urinaires.
Pour faire passer la migraine. Adaptez un tuyau en caout-
chouc sur le robinet du lavabo. Baladez un jet d’eau tout
autour du visage en dessinant un cercle, puis insistez sur
le front et terminez par deux secondes sur chacun des
yeux clos. Laissez réagir un peu avant de tamponner déli-
catement avec une serviette. Miraculeuse sur les maux
de tête, la douche du visage efface également les boutons
d’acné et lisse les mines fatiguées.
Dans un bain
Rassurez-vous, les plongeons dans l’eau froide restent tou-
jours fugaces (trente secondes maxi).
Contre l’insomnie. Le bain de pieds avec de l’eau jusqu’à
mi-mollets allège les esprits encombrés et ainsi faci-
lite l’endormissement. De trois à sept soirs par semaine.
Durée : trente secondes.
Contre les maux de ventre. Le bain de siège recouvre le
haut des cuisses et le nombril. Pris quotidiennement
durant sept jours avant les règles, il les promet moins
douloureuses. Il combat aussi les hémorroïdes, les len-
teurs digestives. Durée : d’une à dix secondes.
Contre les coups de pompe. Le bain de bras jusqu’aux
biceps donne un coup de fouet à l’organisme, régule la
tension, soulage les vertiges et les maux de tête. Durée  :
trente secondes.
88 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Les cinq piliers
de la méthode
L’eau : froide ou chaude, en bain ou en douche,
elle stimule la circulation sanguine et aide
le métabolisme à éliminer les toxines.
Les plantes : la nature est notre meilleur
médecin, pensait Kneipp. Il préconisait tisanes,
massages aux huiles essentielles, inhalations,
sels de bain… À sa mort, son ami pharmacien
Leonard Oberhaüsser obtint le droit exclusif
de continuer à fabriquer des produits selon la
méthode et les principes de l’abbé.
L’alimentation : opposé aux régimes stricts
et aux produits transformés, Kneipp prônait
les légumes (pas trop bouillis), les fruits, les
poissons, les céréales. Mais aussi les délices
du terroir, qui permettent d’être en harmonie
avec la terre.
Le mouvement : l’activité physique idéale
est celle qui nous apporte du plaisir et que
l’on peut pratiquer en plein air : la natation, le
vélo, la marche nordique (avec deux bâtons,
c’est un exercice complet qui affine et favorise
l’élimination des toxines).
L’équilibre corps-esprit : spiritualité,
techniques de détente (yoga), psychothérapie
corporelle… La palette est large. « Ce n’est
qu’après avoir pris l’âme en compte que j’ai
obtenu des résultats positifs », assurait Kneipp.
Où suivre une cure Kneipp
En Allemagne. De nombreuses régions proposent des cures
intégrant les soins Kneipp. La plus connue, Bad Wörisho-
fen, lieu historique où exerçait Kneipp, existe depuis cent
vingt ans. De multiples forfaits et cures y sont proposés
dans plus de cent soixante-cinq cliniques et hôtels, et dans
les bains thermaux soulageant les douleurs articulaires
chroniques et les troubles circulatoires.
Plus d’informations sur germany.travel/fr.
En Suisse. De nombreux spas ou stations thermales
intègrent des équipements Kneipp. Plus d’informations
sur myswitzerland.com. À découvrir sur place : le bain de
foin revitalisant. On reste allongé sur un lit d’eau, enfoui
dans un mélange d’herbes et de plantes revitalisantes. La
chaleur humide de ce « bain de foin » accélère la circulation
sanguine et détofixie (aucun risque d’allergie, les pollens
sont neutralisés en chauffant le foin à la vapeur). O
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90 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
 La bonne énergie est dans
les fleurs
Les élixirs floraux relancent la vitalité, à condition de savoir
identifier nos fragilités émotionnelles. Notre questionnaire
vous aidera à découvrir les vôtres.
• Par Marie-Laurence Grézaud

F
atigue, baisse de forme, manque d’entrain, fra- tiques. Or, il existe une méthode d’autoguérison « douce »,
gilité émotionnelle… L’automne et l’approche de issue de la nature, peu coûteuse, capable de (re)créer l’har-
l’hiver sont toujours des périodes de l’année déli- monie intérieure et de libérer nos énergies, avec, en prime,
cates. Plus nous approchons de l’hiver, plus les obs- une plus grande connaissance de soi.
tacles du quotidien paraissent pesants, difficiles à
surmonter. Ils nous sensibilisent et nous rendent
aussi particulièrement perméables aux déborde-
Le Dr Bach, un visionnaire
ments émotionnels, qui pompent le peu d’énergie qu’il nous « Tout ce qui nous stresse, nous bouleverse, nous ferme,
reste et nous laissent comme une coquille vide. « Dès que nous éteint ou nous épuise peut être apaisé, rééquilibré
l’on ressent une émotion négative, qu’elle s’installe en nous ou revitalisé avec les fleurs de Bach », témoigne notre col-
et nous imprègne, elle brise l’harmonie, bloque nos énergies laboratrice Flavia Mazelin Salvi, spécialiste en psycholo-
et peut devenir toxique », confirme Martine Menanteau, flo- gie et développement personnel, dans son livre Les Vrais
G E T T Y I M AG E S / D E YA N G EO R G I E N

rathérapeute en région parisienne. La florathérapie est une Pouvoirs des fleurs de Bach. Elle y raconte les subtilités de
méthode thérapeutique basée sur les élixirs de fleurs qui, cette médecine florale mise au point il y a plus d’un siècle
associés aux émotions de la personne peuvent contribuer à par un médecin anglais visionnaire, le docteur Edward
son mieux-être. Notre état émotionnel peut entraîner des Bach. Une thérapie qui s’appuie sur l’utilisation d’élixirs
dysfonctionnements à tous les niveaux de notre corps, aussi élaborés à partir de trente-huit f leurs sauvages, dont
bien physiques, physiologiques, fonctionnels que soma- chacune correspond à une émotion particulière : holly ³

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 91

 L A BONNE ÉNERG IE EST DANS LES FLEURS
³ (« houx ») pour la colère ou la jalousie, impatiens (« impa-
tience ») pour les nerveux, honeysuckle (« chèvrefeuille »)
pour ceux qui vivent trop dans le passé… Il s’agit de choisir
un ou plusieurs élixirs en fonction de notre état du moment,
puis, plusieurs fois par jour, d’en prendre quelques gouttes,
jusqu’à ce que nous n’en ressentions plus le besoin.
Le succès de la florathérapie
Depuis 1986, date de leur apparition en France, les élixirs
floraux connaissent un succès grandissant. Si les florathéra-
peutes (ou conseillers en fleurs de Bach) sont de plus en plus
nombreux, psychologues, homéopathes, kinésithérapeutes
préconisent aussi les Fleurs de Bach en complément de leur
pratique. Les boutiques vendant les élixirs se multiplient
et les déclinent en crèmes, pastilles, soins du corps, par-
fums… « Au point de nous faire oublier l’esprit pionnier de
cette médecine “corps et esprit” du docteur Bach, sa dimen-
sion foncièrement spirituelle et le travail sur l’ouverture de
conscience qu’elle implique », regrette Flavia Mazelin Salvi.
À LIRE
Votre équilibre
avec les fleurs de
Bach, Dr Claudine
Luu et Anne-
Marie Pujol (Terre
vivante, 2018).
Les Vrais
Pouvoirs des
fleurs de Bach,
Flavia Mazelin
Salvi (Presses du
Châtelet, 2012).
92 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Choisissez, mélangez,
adaptez
Testez-les. Il existe en France de nombreuses
marques qui fabriquent leurs propres élixirs
(Fleurs de Bach original, Laboratoire Deva, Elixirs
& co…). Testez-en un qui correspond à votre
« état d’esprit dominant » sur plusieurs marques
afin de faire votre choix.
Ne vous dispersez pas. Évitez d’utiliser plus
de six élixirs à la fois. Si vous avez du mal à
cerner vos difficultés, prenez Rescue (« remède
d’urgence » composé de plusieurs fleurs) pendant
une semaine, à raison de quatre gouttes plusieurs
fois par jour pour vous apaiser.
Faites un cocktail. Pour prendre plusieurs élixirs
à la fois, il suffit de les réunir en cocktail : dans
un flacon de trente millilitres en verre teinté muni
d’une pipette, déposez deux gouttes de chaque
élixir, puis remplissez-le d’eau de source et
d’une demi-cuillerée à café de cognac ou de
vinaigre de fruits.
Variez la posologie. Pour un problème chronique,
prenez quatre gouttes de la préparation au moins
quatre fois par jour. Pour une situation de crise,
deux gouttes toutes les dix minutes jusqu’à
amélioration. Attention : les élixirs floraux
ne se substituent pas à un traitement médical,
il l’accompagne.
Pour le docteur Bach, la maladie physique ou psychique
étant un signal d’alarme de nos souffrances, il nous faut
identifier les émotions qui bloquent la libre circulation de
l’énergie vitale et nous empêchent de nous sentir bien. Ainsi
Edward Bach invitait-il ses patients à effectuer un travail
d’introspection en s’interrogeant : « Qu’est-ce que je res-
sens vraiment dans cette situation? » Car ce n’est pas l’évé-
nement qui est à interroger, mais les émotions qu’il génère
en nous. Un licenciement, par exemple, pourra déclencher
du désespoir chez l’un (élixir gorse, « ajonc »), de la colère
doublée d’une envie de se venger chez l’autre (holly, « houx »).
Un état de grande fatigue pourra résulter d’un manque de
motivation (hornbeam, « charme »), d’un surmenage (olive,
« olivier »), ou encore d’une résignation face à l’adversité
(wild rose, « églantine »). Pour retrouver vitalité et harmo-
nie intérieure, il est essentiel d’identifier et de nommer les
émotions négatives qui non seulement nous vident de toute
énergie, mais nous coupent de notre nature profonde. O
 LE QUESTIONNAIRE

Quel élixir pour apaiser vos émotions?

Quatre types de manifestations émotionnelles peuvent parasiter votre énergie si elles
s’installent durablement : l’épuisement psychologique et physique, le découragement
ou la perte de motivation, l’angoisse ou l’anxiété, les énervements ou la colère. Cochez
les affirmations qui vous correspondent le mieux en vous limitant à six élixirs.

Vous êtes épuisé parce que :
Vous vous êtes surmené intellectuellement
et physiquement : olive/olivier.
Vous n’arrivez jamais à lâcher prise : oak/chêne.
Vous vivez dans la peur – d’un malheur, d’une maladie,
d’un coup dur : mimulus/mimule.
Vous subissez les injustices de la vie et cela vous rend
amer : willow/saule.
Vous avez vécu un choc particulièrement violent
(accident, annonce de maladie) : star of Bethlehem/
étoile de Bethléem.
Vous avez refait la même erreur et ne savez plus comment
sortir de l’impasse : chestnut bud/bourgeon de marronnier.
Vous devez continuer à faire « comme si » alors que vous
vous sentez au bout du rouleau : agrimony/aigremoine.
Vous êtes sur tous les fronts et vous dépensez
sans compter : impatiens/impatience.
Vous êtes découragé parce que :
Ceux qui vous entourent sont incompétents : beech/hêtre.
Vous ne vous sentez plus la force d’assurer au quotidien :
hornbeam/charme.
Vous vous heurtez à un obstacle que vous jugez
insurmontable : gentian/gentiane.
Vous êtes à nouveau victime d’un coup de déprime :
mustard/moutarde.
Vous doutez de vos capacités à réussir : larch/mélèze.
Vous n’êtes jamais satisfait de vous : pine/pin sylvestre.
Vous êtes encore une fois victime d’ingratitude :
chicory/chicorée.
Vous êtes angoissé parce que :
Vous n’avez pas confiance en vous : cerato/plumbago.
Vous êtes victime d’une peur précise et obsédante
(maladie, abandon, faillite…) : mimulus/mimule.
Vous êtes en permanence rongé par l’indécision :
scleranthus/scléranthe.
Vous n’avez plus l’énergie ni la motivation pour accomplir
les tâches du quotidien : hornbeam/charme.
Vous avez l’impression de répéter encore et encore les
mêmes erreurs : chestnut bud/bourgeon de marronnier.
Vous avez l’impression de ne pas disposer d’assez de
temps pour tout mener à bien : impatiens/impatience.
Vous avez l’impression de ne rien faire de bien
et de n’arriver à rien : pine/pin sylvestre.
Vous êtes énervé parce que :
Rien ni personne ne va assez vite : impatiens/impatience.
Votre hyperlucidité vous fait remarquer tout ce qui
ne va pas : beech/hêtre.
Vous vous épuisez à trouver des solutions que personne
ne suit : vervain/verveine.
Vous vous éparpillez sans résultat : wild oat/folle avoine.
Vous prenez sur vous alors que rien ne va : agrimony/
aigremoine.
Vous ne demandez rien à personne, mais on vous sollicite
à l’excès : water violet/violette d’eau.
Vous n’arrivez jamais à dire non : walnut/noyer.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 93

 C AHIER PR ATIQUE

À chaque faiblesse
son remède naturel
Il existe une solution pour tous nos maux. Mais laquelle est efficace
et pour qui? Coup de fouet, mode d’emploi.
• Par Sophie Bartczak, Odile Chabrillac, Marie-Laurence Grézaud, Érik Pigani

•
Illustrations Sylvie Faur

1 uisement. Le pollen et l
après jour, vous vous sentez grignoté de l’intérieur
ous n’arrivez plus à récupérer.
x remèdes de choc : le pollen et la gelée royale. Oubliez les cures
ollen sec en pelotes (immangeable!), il en existe du frais, doux et
ant comme du miel. Antiseptique, régénérant de la flore intestinale,
alisant, protecteur cardio-vasculaire, c’est aussi un antioxydant
e en sélénium. Il s’utilise en cure de trois à six semaines, à raison d’une
erée à soupe par jour. Quant à la gelée royale, énergétique et
tress, on la consommera en cure de trois à neuf semaines, à raison
d’un gros pois par jour à laisser fondre sous la langue, à jeun. En cas
de terrain allergique, demandez l’avis d’un spécialiste. En cas de cancer
ou d’antécédent évitez la gelée royale.

94 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 2 4
Entrée dans l’hiver. L’eau
Vous avez déjà usé les ressources am
cet été. Comme chaque année à la
période, vous vous traînez.
Très riche en minéraux et en oligoél
l’eau de mer est reminéralisante et ré
Ses nutriments sont particulièremen
biodisponibles, ce qui signifie que n
les assimilent facilement. Filtrée, l’eau de mer
se présente sous forme d’ampoules, à boire le
matin à jeun durant quatre à douze semaines.
Destinée aux enfants comme aux adultes, elle
est à éviter si vous êtes sujet à l’hypertension
ou l’hyperthyroïdie.
3 5
oid. L’échinacée
Toux, rhume, grippe, angine : l’hiver ne vous
épargne rien. Votre sphère ORL comme
votre système immunitaire sont affaiblis.
En Amérique du Nord, d’où l’échinacée
est originaire, c’est le remède naturel le plus
vendu, utilisable à tout âge. Grâce à son
activité antivirale, elle prévient et traite
les rhumes et les grippes, mais soigne aussi
les dermatoses ou les mycoses rebelles.
On la trouve sous forme de gélule ou d’extrait
fluide. À utiliser à titre préventif, en cures
courtes et régulières de dix jours par mois;
et à titre curatif en doublant les doses, afin de
diminuer l’intensité et la durée de l’infection.
Stress. L’acérola
Pollué, speedé… et en plus vous
du « stress du citadin », vos rése
menacées. Vous avez besoin d’un sérieux coup de booster.
Idéale cette cerise d’Amazonie e
en vitamine C (de 1000 à 5000 mg de vitamine C pour
100 g de fruits frais), loin devant l’orange (50 mg) ou
le kiwi (25 mg). Très douce, elle est peu agressive pour
l’estomac et n’empêche pas de dormir. Il suffit d’en prendre
un à deux comprimés par jour. Ne pas hésiter à l’associer
à une autre cure si nécessaire.
Fringales. Le
Vous compensez votre fatigue en vous ruant le soir
sur le saucisson, les chips ou le chocolat. Conséquence :
votre foie et votre estomac sont épuisés eux aussi.
D’origine asiatique, le shiitaké est un champignon
immunostimulant (il booste le système immunitaire)
et hypocholestérolémiant (il lutte contre le mauvais
cholestérol). Autrefois qualifié d’« élixir de vie », il fait
aujourd’hui l’objet de recherches, en France comme
en Asie, dans le but d’améliorer l’état général des malades
hospitalisés. On le trouve séché dans les magasins
exotiques, à préparer grillé, en omelette ou en salade,
ou sous forme de complément. En cas de compulsion
sucrée (souvent dans l’après-midi), prenez une ampoule
d’oligoélément de chrome au moment de la fringale.
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 95
 À CHAQUE FAIBLESSE SON REMÈDE NATUREL

Déprime. Le mille
Le manque de lumière v

6
vos idées grises aussi… Depuis plus de vingt ans,
le millepertuis est reconn
le ministère de la Santé p
le traitement de l’anxiété
aux individus d’humeur s
Elle peut se consommer en infusion, mais mieux

8
vaut la prendre en gélules assez dosées pour
une meilleure efficacité.

7 e concentration.
na
on, votre mémoire, votre vigilance
us avez des périodes de somnolence
mances cognitives s’en ressentent…
rouge amazonien est la plante qui
us forte teneur en caféine du règne
végétal : elle en contient deux à trois fois plus
qu’un grain de café. Elle comporte aussi des tanins
permettant à cette substance de se libérer
lentement dans l’organisme sans provoquer un état
de surexcitation immédiat comme celui généré
par le café. Il a fait l’objet de nombreuses études
scientifiques prouvant notamment son effet
sur la fatigue et la vigilance : il stimule le système
nerveux central, contribuant à combattre la
somnolence et à accroître l’attention d’une manière
beaucoup plus « douce » qu’avec le café. Une prise
régulière de guarana aide aussi à améliorer les
performances cognitives (concentration, mémoire,
perception), et agit sur l’humeur. En cure, on
conseille généralement une gélule ou une cuillerée
à café diluée dans une boisson froide le matin
pendant un mois renouvelable deux mois
de tonus. Le moringa
oralement et physiquement, vous
ncé, en convalescence ou dans une
e vie qui sollicite toute votre énergie
enceintes, senior, enfants en croissance,
sportifs…).
e des vallées de l’Himalaya, cet « arbre
ès résistant est un véritable booster
cognitif et gardien immunitaire, il est idéal en cas
de fatigue mentale et physique. La médecine
ayurvédique lui reconnaît plus de trois cents
vertus. D’abord celle de nourrir des populations
locales, grâce à sa richesse en protéines, en fer,
en vitamines B et C (quinze fois plus que dans
l’orange) et bêtacarotène (dix fois plus que dans
les carottes), en calcium (dix-sept fois plus que
dans le lait) et autres minéraux. Sa teneur en
antioxydants en fait un excellent tonique cérébral.
Ses acides aminés permettent la synthèse
de neurotransmetteurs impliqués dans l’attention,
le stress et l’humeur. Le fer agit sur la production
de globules rouges et sur l’oxygénation des
muscles et du cerveau. Enfin le moringa réduit la
fatigue aussi en réactivant la digestion et stimulant
le système immunitaire. Il ne perd pas sa richesse
G E T T Y I M AG E S / L I N DA L E W I S

supplémentaires. De par sa puissante concentration
en caféine, il peut être contre-indiqué aux
personnes souffrant de maladies cardiaques,
d’insomnies, d’hypertension, d’ulcères gastriques
ou de troubles anxieux.
en antioxydant une fois séché. Il se trouve sous
forme de feuilles séchées (à parsemer en cuisine)
ou de complément alimentaire pour des actions
ciblées (énergie, immunité, mémoire, transit),
souvent associé à d’autres plantes.

96 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 97
 À CHAQUE FAIBLESSE SON REMÈDE NATUREL

9
uthéroco
Survolté, vous menez tout de front. Sans réaliser que
vous êtes vidé! Le ginseng chinois et son cousin sibérien,
l’éleuthérocoque, augmentent la résistance à l’effort,
au froid, aux phénomènes inflammatoires, au stress
psychologique, tout en stimulant libido, mémoire,
concentration. Le ginseng convient mieux aux hommes
l’éleuthérocoque, plus doux, aux femmes. Quant à la

100
posologie, elle diffère selon le mode de présentation.
À savoir : il vaut mieux achever sa cure en douceur, un arrêt
brutal pouvant provoquer une baisse de tension.
À éviter par prudence en cas de cancer ou antécédent.

e SOS oligoéléments
z L’oligothérapie est valable à tous les âges de la vie
fatigué suite à un traitement médicamenteux. en cure de deux à trois semaines. La posologie  : une
Vous avez besoin de drainer en douceur votre dose de l’oligoélément adéquat au moins quatre fois
corps pour le revitaliser. Particulièrement riche en par semaine. Sa prise s’effectue généralement par
minéraux et en oligoéléments, l’argile verte voie sublinguale (une à deux minutes), le matin à jeun.
possède une action revitalisante incontournable. À Mais pour restaurer notre énergie, nous devons
la fois détoxifiante et reminéralisante, elle participe d’abord identifier notre type de fatigue.
à l’équilibre des fonctions vitales de l’organisme. Le matin (épuisé au réveil, la forme revient petit
Pour préparer le lait d’argile : le soir, remplissez un à petit en cours de journée)  : manganèse.
verre d’eau minérale aux trois quarts, ajoutez-y Le soir (abattu en fin de journée, on compte les
G E T T Y I M AG E S / N E I L F L E T C H E R E T M AT T H E W WA R D

une cuillerée à café rase d’argile verte (en magasins
de diététique) et agitez le mélange énergiquement.
Laissez reposer toute la nuit. Buvez l’eau claire
le matin, à jeun, en laissant l’argile au fond du verre.
Poursuivez cette cure pendant vingt et un jours.
Si le goût légèrement terreux vous insupporte,
il existe des gélules d’argile verte surfine.
Attention! L’argile absorbée par voie interne n’est
pas recommandée si vous suivez un traitement
médical, en cas de constipation ou d’hypertension.
minutes pour aller dormir)  : manganèse-cuivre.
Coup de barre (hypoglycémie et coups de stress
intenses)  : zinc-nickel-cobalt.
Baisse de tonus (en cas de surmenage physique
ou intellectuel)  : zinc-cuivre ou manganèse-cuivre.
Suite à infections récidivantes : cuivre-or-argent.
LES COMPLÉMENTS
Nervosité : phosphore en complément d’un remède
de base.

98 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 99
 À CHAQUE FAIBLESSE SON REMÈDE NATUREL

L’essentiel des
huiles essentielles

Fatigue passagère, réveils

difficiles, stress avant • HE de cannelle de Ceylan (Madagascar) : 1 goutte
• HE de citron bio : 2 gouttes
un examen… Les huiles Je conseille souvent ce mélange aux étudiants en
pharmacie ou médecine à deux doigts de lâcher lors d’une
essentielles sont les alliées thèse difficile. Relancés, ils réinvestissent leur projet et le
mènent jusqu’au bout. Durant une ou deux semaines (pas
des situations exceptionnelles. plus), ce mélange donne une forme olympique! À diluer
Les conseils de Françoise avec une cuillerée à soupe d’huile d’olive ou de sirop
d’agave. Après le petit déjeuner. Veillez à ne pas dépasser
Couic-Marinier, pharmacienne les doses d’HE de cannelle : une goutte ce n’est pas deux!
Une goutte de cannelle équivaut approximativement
et aromathérapeute. à soixante-quinze bols de tisane! Contre-indiqué chez les
femmes enceintes et allaitantes, les enfants de moins de
• Par Sophie Bartczak
• Illustrations Sylvie Faur 12 ans, épileptiques et hypertendus.

100 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Confiance et concentration
Une échéance importante? Un rapport à finir?
Des examens? Une présentation devant le public?
Un entretien de recrutement? Voici un mélange
Réveil matinal tonique
à respirer pour vous soutenir et vous accompagner Coup de barre ou difficulté à vous lever?
durant ces moments qui requièrent toute votre acuité. Respirez de l’HE de menthe poivrée!
• HE de laurier noble : 8 gouttes (confiance en soi) Son effet tonique vous réveillera et vous
• HE d’encens : 8 gouttes (créativité) éclaircira les idées.
• HE de romarin à cinéole : 8 gouttes (mémoire À éviter en soirée. Tenir hors de portée
mathématique) des enfants et contre-indiqué aux moins
• HE de menthe poivrée : 8 gouttes de 6 ans, femmes enceintes, allaitantes,
(psychostimulant) ou HE lavande officinale : hypertendus et épileptiques.
8 gouttes (pour se concentrer et se relaxer).
Déposer la formule dans un stick inhalateur vierge
(en vente en pharmacie ou sur Internet) ou
3 gouttes du mélange sur vos poignets et respirez
très profondément, aussi souvent que nécessaire.

À LIRE
Le Guide Terre
vivante des huiles
Formule longue durée essentielles,
Françoise Couic-
• HE d’épinette noire : 30 gouttes Marinier (Terre
• HE de thym saturéoïde ou à bornéol : 30 gouttes vivante, 2018).
• HE de menthe poivrée : 30 gouttes
• HV de noyau d’abricot : qsp 50 ml
Pour vous booster dès le matin, massez le bas du dos Mes créations
au niveau des surrénales avec 3 gouttes de ce mélange, aux huiles
quatre à cinq fois par semaine tant que la fatigue est essentielles,
là. Ce mélange est très proche de celui que je conseille Françoise Couic-
à de nombreux sportifs pour courir, sauter ou pagayer Marinier (Terre
plus vite ou plus longtemps. vivante, 2018).
Contre-indiqué en cas de maladie rénale, chez
les enfants de moins de 6 ans, les épileptiques
et les femmes enceintes et allaitantes.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 101

 J’ai testé la
gym suédoise
Et s’il suffisait de s’amuser pour rester fidèle à une activité physique?
Suivant ce credo, la gym suédoise, désormais Swedish Fit, joue
sur l’énergie positive du groupe. Témoignage et conseils d’une adepte.
• Par Agnès Rogelet

T
rouver « son » sport ressemble parfois à la quête
de l’âme sœur… Une suite d’expériences infruc-
tueuses, avec engagement sincère, lassitude, éloi-
gnement et nouvel élan de confiance. En pleine
« errance sportive », j’étais à la recherche du bon-
heur de bouger. Un après-midi à la piscine, j’ai
surpris une conversation entre deux jeunes filles,
à propos de la Swedish Fit (ou gym suédoise) : « Ça donne
la pêche. On bouge sur des chansons et on travaille tout. »
En France, depuis vingt ans, le bouche-à-oreille assure le
succès de cette méthode. Sa philosophie reprend celle du
Suédois Per Henrik Ling, à l’origine de la kinésithérapie et,
dès 1811, du « sport-santé pour tous ». Sa popularité date de
1978, quand, à Stockholm, l’association Friskis & Svettis met
sur pied des chorégraphies combinant mouvements simples
et musiques entraînantes. L’enthousiasme de mes nageuses
s’est révélé contagieux. Depuis deux ans, je suis conquise.
pée d’enceintes et de spots de discothèque, et une trentaine
d’habitués l’encerclent. « Bienvenue à la gym suédoise. Je
m’appelle Stéphanie. On va faire un cours standard. Y en
a-t-il parmi vous qui viennent pour la première fois? » La
formule est rituelle. À ceux qui lèvent la main, les consignes
paraissent simples : « Si vous n’arrivez pas à coordonner bras
et jambes, laissez tomber les bras. Ne vous interrompez pas,
mais trottinez. » Et c’est parti pour une heure! James Brown
entame Sex Machine, et nous, des balancements de côté en
tapant des mains. Chaque moniteur concocte sa playlist :
variétés des années 1970, ballades irlandaises, rythmes
afro-cubains, pop, rap, rock… Tout y passe! Stimulés, nous
mettons plus d’ardeur dans nos levers de genoux ou nos
abdos-fessiers. Les regards amusés s’entrecroisent. Enrôlée
dans cette ronde de corps gracieux, atones ou malhabiles, je
me laisse emporter par un flot de chansons qui dissipe l’effort.

Y a d’la joie!
Deux à trois fois par semaine, je file avec allégresse au fond
d’une cour d’immeuble dans le 9 e arrondissement de Paris.
La monitrice se dirige en souriant au centre de la salle, équi-
Un travail de fond
À raison de quatre ou cinq exercices par morceau, impos-
sible de s’ennuyer. « Dérouillage » des articulations, flexions,
sauts, petit trot, pompes, ciseaux en position allongée, bas-
cules sur un pied pour l’équilibre… Rien de compliqué, mais

102 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 une alternance d’accélérations et de ralentissements du
rythme cardiaque où l’organisme en voit de toutes les cou-
leurs : dix minutes d’échauffement cardio-vasculaire, récu-
pération active avec musculation, reprise plus soutenue
du travail « cardio », retour au calme, stretching, et deux
minutes de relaxation. Je finis, au bout d’une heure, les
joues rubicondes, lessivée mais redynamisée. Avec la pra-
tique (c’est fou comme on progresse vite), le corps se met en
pilotage automatique pour la coordination. Je peux alors
me concentrer sur le placement du bassin ou des épaules
et donner de l’ampleur à mes mouvements. En l’absence de
miroirs pour s’observer, l’esprit vagabonde ou se branche
sur les sensations. En l’espace de deux années, j’ai non seu-
lement perdu une taille de vêtements, mais également gagné
du tonus musculaire, du souffle, des heures de sommeil, de
l’entrain, une saine addiction à l’activité physique et un véri-
table défouloir en cas de stress intense.
G E T T Y I M AG E S / H E R O I M AG E S
Des mouvements très étudiés
Aucun « coach métronome » ne scande des « et un, et deux,
et trois… ». Le moniteur signale l’exercice suivant d’un
« hey » ou d’un claquement de mains. Et chacun l’imite
sans avoir à mémoriser la chorégraphie. Seul hic : il ne cor-
rige pas la position. « Se concentrer sur un geste au milli-
mètre près empêcherait de profiter de la joie qu’il procure.
Nos enchaînements sont donc conçus selon un cahier des
charges précis, afin de ne pas se blesser, même si on les exé-
cute mal », explique Daniel Coury, directeur technique de
la Fédération de gym suédoise. Les animateurs, supervi-
sés par l’équipe de formation (médecins, ostéopathes…),
piochent dans une banque de sept cents mouvements
actualisés par des kinés. Et comme ils sont souvent des ex-
participants, ils nous ressemblent. Ne serait-ce pas aussi ce
sentiment d’appartenir à ce joyeux réseau non virtuel qui
nous rend tous accros? O
Où pratiquer
Cours à 10 € l’unité. Forfaits de 25 à 42 € par
mois, 70 à 105 € par trimestre ou 210 à 345 €
par an avec, pour le plus cher, un accès illimité
à tous les cours et les salles existant en France
(Ile-de-France, Provence, Bordeaux, Nantes,
Lyon, Toulouse, Reims, Strasbourg).
Rens. : gymsuedoise.com.
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 103
 Sauter
pour être en bonne santé
Sur le parquet, sur un minitrampoline ou à l’extérieur,
renouer avec cette allégresse enfantine est bénéfique.
À la clé : joie de vivre et vitalité.
• Par Marie Anne Garcia-Bour

I
l ne s’agit pas de s’élancer vers le ciel et de retom-
ber lourdement sur le sol, mais de sauter tout en
douceur. Épaules relâchées, pieds écartés à leur
largeur, dos bien droit, sautez en souplesse sur
la partie avant du pied. Commencez par trois
minutes quotidiennes. Au bout de quelques jours,
augmentez progressivement : cinq minutes, puis
dix, et si vous le pouvez quinze. Ne cherchez pas à
vous élever très haut. Pour vous recevoir en douceur,
faites au contraire de petits sauts. Portez des chaus-
sures de jogging, de simples tennis ou restez pieds nus.
Privilégiez les surfaces les moins dures, herbe à l’ex-
térieur, parquet ou moquette si vous êtes chez vous.
Il existe aussi des minitrampolines, faciles à ranger
G E T T Y I M AG E S / S O U T H AG E N CY
Soulevez seulement les talons en rythme, comme
pour secouer le corps. Cette alternance d’étirements
et d’impacts produit des pressions sur les ligaments
et sur les os qui renforcent l’ensemble du squelette,
contrairement aux sports dits « portés », comme la
natation, et préviennent l’ostéoporose. Par ailleurs,
les sauts stimulent tous les muscles qui travaillent
en harmonie, accentuent la circulation du sang
et de la lymphe, entraînant un véritable drainage
des toxines.
Enfin, sauter ravive un sentiment d’euphorie, le
souvenir de l’enfant qui éprouvait du plaisir à cou-
rir comme un dératé et à se dépenser sans comp-

sous un lit, dont l’usage apporte encore plus de plaisir
grâce à une réception tout en souplesse.
Si votre dos est sensible, ou si vous êtes en surpoids
et craignez pour vos genoux, vous pouvez faire l’exer-
cice sans décoller les pointes des pieds.
ter. «  Les exercices brefs et très intenses comme
la course ou les sauts permettent la libération de
dopamine, hormone de l’action et du plaisir, ce qui
donne de l’énergie pour agir », conclut Martine Du-
clos, chef du service de médecine du sport au CHU
de Clermont-Ferrand. O

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 105

 C AHIER PR ATIQUE

Réveiller son corps,

oxygéner son esprit
Se remettre en mouvement à l’intersaison offre un nouveau
souffle à l’organisme. Nos exercices pour être au diapason.
• Par Isabelle Artus, Hélène Fresnel,
Laurence Lemoine, Flavia Mazelin Salvi, Agnès Rogelet

• Illustrations Sylvie Faur

N
os ac t iv it és quot id ien nes
et le stress n’offrent aucun
répit hiver na l au cor ps,
coincé entre le froid énergi-
vore et une lumière naturelle
peu revitalisante. Pourtant,
bouger peut l’aider à se régé-
nérer. « Les mouvements, les massages,
un travail sur le souff le et l’esprit s’ac-
compag nent d’un ef fet détox if ia nt à
tous les niveaux : organes, tissus corpo-
rels, psychisme  », explique Dominique
Casaÿs, kinésithérapeute et président de
l’association Les Temps du corps, centre
de culture chinoise à Paris. Contre cette
sensation que nous avons parfois d’être
coupés en deux – nuque, trapèzes et dos en
béton d’un côté, ventre ballonné et jambes
ramollies de l’autre –, une gestuelle efficace
peut nous « réunifier ». Selon la médecine
chinoise, le froid est yin, la chaleur yang.
Leur équilibre assure une bonne santé
physique et mentale. « Or, l’énergie ascen-
dante yin, trop épuisée, stagne en bas et fait
obstacle à l’énergie inverse du yang, qui, ne
pouvant descendre, remonte et concentre
les tensions en haut », poursuit Dominique
Casaÿs. Pour relancer le processus, il faut
dynamiser les circulations sanguine, lym-
phatique et énergétique capables d’évacuer
les déchets tout en apportant l’oxygène
nécessaire à la fabrication de cellules
saines. Le mouvement « aère » le corps de
l’intérieur, comme les premiers vents du
printemps chassent les nuages pour laisser
place au ciel bleu.

106 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

1 rer
er un bon é
une serviett
acue les tox
et aux liqu
vestir les es
t du relâch

ice : « che
» (qi gong
t, inspirez e
s tournées v
le bassin, et pench
du corps vers l’arriè
les bras et le regard
arrivent au niveau
les épaules, tourne
l’extérieur et expirez en écartant les bras
amplement. Ne les tendez pas complètement et ne forcez pas
sur la colonne vertébrale. Poursuivez le cercle, bras sur les côtés
et paumes vers le sol. Enchaînez tout en fluidité en relâchant
le bassin, afin de vous pencher vers l’avant jusqu’en bas, comme
pour cueillir la lune dans l’eau. Puis inspirez en fléchissant
les genoux et déroulez les lombaires pour vous redresser, les
bras toujours en arrondi, afin d’effectuer encore deux fois
le mouvement.
Qi gong :
l’art du laisser-faire
Des mouvements tout en souplesse
et en fluidité pour faire circuler notre
énergie vitale. Les Chinois disent :
« Enlever les cailloux de la rivière
pour que l’eau chante joyeusement. »
En Chine, où l’on doit avant tout
« prendre soin de son enveloppe
physique pour que l’âme ait envie
de l’habiter », le qi gong fait partie
du quotidien. Postures, massages,
exercices respiratoires, mouvements :
tout, dans cette discipline, est destiné
à mieux capter l’énergie vitale (qi
signifie « énergie », gong, « travail »)
dans l’air ou dans la nourriture, et à la
faire circuler harmonieusement dans
tout le corps, le long de canaux subtils
appelés méridiens. Pour la médecine
chinoise, la mise en mouvement
de cette énergie stimule les organes
et les fonctions essentielles de l’être;
en évitant les blocages responsables
des maladies, elle garantit une
Pourquoi il régénère? La phase montante de cet étirement meilleure santé physique et psychique.
stimule l’énergie yin, symbolisée par la lune ascendante. Le qi gong appréhende le corps avec
Elle additionne sa force à celle, apaisante, de la mer pour nourrir le plus grand respect, et les notions
l’avant du corps (le côté yin). Vous évacuez les toxines par de souplesse et de naturel sont au
les pieds et les doigts. Puis le yang circule à la descente en ôtant cœur de sa pratique.
les tensions du dos et de l’arrière des jambes (côté yang).
Où pratiquer : Les Temps du corps, spécialisé dans
l’enseignement et la formation aux techniques énergétiques
chinoises (qi gong, Tai Ji Quan, kung-fu…), 10, rue de
l’Échiquier, 75010 Paris, tempsducorps.org.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 107

 RÉ VEILLER SON CORPS , OX YG ÉNER SON ESPRIT

2 er
chaleur corporelle booste le métabolisme en accélérant les échanges cellulaires.
liée à l’exercice d’endurance permet d’éliminer les toxines par les pores et de
qui favorise la rétention d’eau.

le Double Leg Stretch (méthode Pilates)

ous sur le dos. Relevez la tête et les épaules (base des omoplates au sol), rentrez
epliez les jambes sur la poitrine et posez les mains sur les chevilles. Sur une
evez en même temps les jambes et les bras au plafond. Le corps forme un « U »
comme les mains sont joints. Retenez votre respiration deux à trois secondes.
Puis, en expirant, ouvrez les bras sur les côtés (attention à ne pas aller trop en arrière). À la fin
du demi-cercle, rabattez plus rapidement les jambes en reposant les mains sur les chevilles.
Enchaînez cinq à dix séquences avec fluidité.
Pourquoi il régénère? Dynamique, cet exercice échauffe le corps et favorise la sudation.
De plus, en verrouillant la zone des abdominaux (du périnée jusqu’aux côtes flottantes),
des fessiers et des lombaires, il provoque un massage des viscères du système digestif.
Enfin, en étirant les membres vers le haut, il accélère la circulation du sang vers le cœur,
ce qui facilite l’oxygénation sanguine.
En savoir plus : Fédération des professionnels de la méthode Pilates, fpmp.fr.

ESSAYEZ AUSSI…
Le sauna : à raison d’une séance hebdomadaire. Réaliser trois séances de dix minutes
en veillant après chacune d’elles à prendre une douche froide. Puis enveloppé d’un peignoir,
prenez un temps de repos au moins équivalent au temps de sauna qui a précédé.
Idéal pour transpirer rapidement et activer la circulation sanguine.
La bonne adresse : Le Centre tout naturellement, 83 bis, rue La Fayette, 75009 Paris,
lecentrenaturo.com. Le sauna dans les règles de l’art sous les conseils avisés
de deux naturopathes.

108 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 3
Masser
Exercer une pression sur les organes de l’abdomen relance la
circulation énergétique dans les méridiens, facilitant l’éliminat
des toxines et la digestion.

L’exercice : la demi-torsion vertébrale (yoga Ardha

Matsyendrasana)
Assis par terre, dos droit et jambes allongées, repliez sur une
inspiration profonde la jambe gauche par-dessus la droite, d
façon à poser le pied à plat au sol, à l’extérieur et contre le g
droit. Plaquez l’abdomen vers la cuisse et gardez la jambe d
étirée, pied en flexion. Effectuez une rotation du buste en p
le bras droit tendu au-dessus du genou gauche, et saisissez
le bord interne du pied gauche ou le mollet. À l’opposé, l’autre bras
est tendu en arrière, la main repoussant le sol. Les épaules restent
Réussir sa mise
basses, la colonne vertébrale redressée, les fessiers en contact avec en route
le sol et le regard tourné vers l’arrière. Respirez et revenez de face
sur une inspiration pour effectuer la posture de l’autre côté. Dosez vos efforts :  pour ne
Pourquoi il régénère? En compressant les organes internes, pas dépenser trop d’énergie,
cet exercice favorise l’irrigation sanguine, particulièrement dans modulez votre activité
les zones digestives. De plus, il a un effet massant sur les muscles en fonction de votre âge
abdominaux, mais aussi sur le plexus solaire. La torsion de la taille (on a moins de réserves
stimule les énergies des reins, de la vésicule biliaire et de l’estomac. à 40 ans qu’à 20 ans) et de vos
P ll ll d l d l’ b l habitudes. Si vous n’avez pas
ucoup de sport cet hiver,
ez-vous d’une demi-
activité tonique (nage,
deux fois par semaine.
ent, pratiquez une
uce un quart d’heure
, ou pendant une heure
de deux ou trois fois
aine.
z un soupçon d’intention  :
ctuant votre gestuelle
espirant, visualisez que
us gorgez de bons
ts et que vous éliminez
st impur.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 109

 RÉ VEILLER SON CORPS , OX YG ÉNER SON ESPRIT

Respirer

4
Nous n’utilisons généralement qu’un tiers
de nos capacités respiratoires, alors
qu’une bonne respiration permet au corps
d’éliminer 70 % de ses t
ou la relaxation, elle b
(foie, pancréas, estom
échanges sanguins da

EXERCICE 1 : la ma
Sur terrain plat, en mar
inspirez par le nez sur l
pas, retenez l’air dans le
quatrième, puis expirez
pas suivants. Enfin, res
poumons vidés, sur le d
dit 3/1/3/1). Enchaînez
de base dix fois, puis in
séries sur un rythme 4
et expiration sur quatre
d’air uniquement poum
les deux derniers pas.
autant d’inspirations qu
sans rétention d’air : 3/
la raideur de la pente.
Pourquoi il régénère
son souffle sur le rythm
l’ensemble du corps. L
à pleins poumons aug
d’échanges sanguins, c
l’oxygénation du corps
l’expiration apaise le cœur.
De plus, l’effet mécanique de la marche
accélère le retour veineux, et l’endurance
modérée relance le métabolisme, favorisant EXERCICE 2 : la douche céleste (qi gong)
l’élimination des graisses. Position de départ : debout, jambes légèrement
En savoir plus : marche afghane, écartées, genoux à peine fléchis, dos droit et nuque
marche-afghane.com. allongée (imaginez un fil reliant le dessus de la tête
au plafond). Les bras sont le long du corps, les coudes
très légèrement décollés du buste.
Inspirez en pivotant les paumes des mains vers l’avant
et montez les bras de chaque côté, paumes et regard
vers le ciel. Lorsqu’ils sont à la verticale, fixez un point
devant vous à l’horizontale, puis cassez les poignets,
et orientez les paumes vers le sommet du crâne.
Expirez en relâchant épaules et coudes, en pliant
les genoux. Les mains descendent et passent devant

110 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 EXERCICE 3 : corps tonique
À quatre pattes, les bras dans l’alignement des
épaules, inspirez en creusant le dos et en relevant
la tête. Expirez en arrondissant le dos et en
abaissant la tête contre le sternum, à un rythme
soutenu pour hyperventiler le corps. Répétez
une dizaine de fois.
Pourquoi il régénère? Cet exercice réveille
la colonne vertébrale et le système nerveux,
améliore la circulation sanguine, assouplit les
muscles et prépare à l’activité de la journée en
oxygénant le cerveau. Vous pouvez aussi le faire
en fin de journée pour vous détendre. Exécutez-
le alors très lentement, pour allonger le plus
possible la respiration et apaiser ainsi le corps
et l’esprit. Il se pratique dès 3 ans.

ESSAYEZ AUSSI…
La respiration yoguique : allongez-vous,
les mains sur l’abdomen, et observez les trois
premières amplitudes de votre ventre. Puis
gonflez-le progressivement sur l’inspiration et
expirez normalement par le nez. Répétez dix fois.
Puis recommencez l’exercice en posant vos mains
sur le thorax et sur les clavicules. Entre les
la tête, puis devant le buste, paumes vers le sol.
exercices, faites trois respirations spontanées.
Imaginez une cascade de lumière ou une douche
Pour finir, inspirez en faisant monter l’air dans les
fraîche qui traverserait le corps de haut en bas
trois niveaux (cinq fois) puis en ajoutant une
et le purifierait.
rétention d’air de deux secondes (cinq fois).
Ouvrez à nouveau les mains vers le ciel lorsqu’elles sont
Cette technique permet d’utiliser 90 % de sa
à la hauteur du bas-ventre, et recommencez la
capacité respiratoire.
respiration une dizaine de fois. Pratiquez cet exercice
le matin au réveil pour aborder la journée sereinement,
ou le soir pour chasser les tensions et le stress.
Pourquoi il régénère? Cette respiration est destinée
à capter l’énergie positive dans le corps et à chasser
l’énergie négative (soucis, tensions, colère) vers la terre.

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 111

 RÉ VEILLER SON CORPS , OX YG ÉNER SON ESPRIT

5
À LIRE
Yoga attitude!
100 postures
et conseils anti-
stress à pratiquer
partout, Mathilde
Piton (Larousse,
2017).

Petit ABC
Rustica du yoga,
S’inverse tai chi & qi gong,
Fabrice Delage et
Voir le mond Vincent Meunier
sous un autre (Rustica éditions,
Quand on place le bassin au-dessus de la tête, 2018).
l’afflux rapide
les systèmes Mon cahier
immunitaire, Pilates, sculptez
Idéal pour ret et affinez votre
et concentration. corps!, Soasick
L’exercice : rafraîchir le cerveau Delanoë (Solar,
(hatha yoga, posture du chien tête en bas) 2017).
Mettez-vous à quatre pattes à angle droit,
les paumes de main à plat dans l’alignement
des épaules et des genoux. Les orteils sont Et si vous
dépliés. Levez les fessiers en inspirant puis tirez respiriez un peu
les talons vers le sol en expirant. Bien tendus, mieux? L’art
le dos, les coudes et les jambes écartées de la de vivre Aïki,
largeur des hanches dessinent un triangle. Jean-Philippe
Les mains et les pieds sont tournés vers l’avant. Desbordes (First
Maintenez la nuque dans le prolongement Éditions, 2018).
du dos. Tant pis si vos talons ne touchent
pas terre, dirigez-les vers le sol sans forcer. Le Cahier
Respirez calmement et restez ainsi durant Pilates pour les
deux à trois minutes. Pour revenir, arrondissez nuls, Floriane
le dos et agenouillez-vous. Garcia (First
Pourquoi il régénère? Quand le mental Éditions, 2018).
est perturbé, excité, nous sentons souvent
une chaleur dans le cerveau. Pour le calmer,
il faut le rafraîchir. Cette posture apporte
soulagement, apaisement des esprits Les Vertus de
« échauffés », relâchement, extension des la respiration
G E T T Y I M AG E S /C O L I N A N D E R S O N

muscles du dos, de la nuque et des côtes. consciente

Édouard Stacke
(Guy Trédaniel
éditeur, 2018).

112 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 113
 C AHIER PR ATIQUE

Pour une mine reposée

En plus d’adopter une vie saine, certains petits gestes,
massages et masques nous aident à retrouver une peau
éclatante et un teint moins brouillé.
• Par Valérie Bauhain, Charlène Favry, Maud Gontier, Ariane Le Febvre

• Illustrations Sylvie Faur

Gym faciale
Les modelages à sec, type pincements Jacquet,
qui stimulent le métabolisme cellulaire, drainent
les toxines et gomment les traces de fatigue.
Un domaine dans lequel excelle Annie Puigbo,
esthéticienne : « C’est une sorte de gym faciale
que l’on peut faire à la maison via quelques
gestes simples, par exemple en tirant la langue
très fort et en formant des O et des X très
exagérés. » Mais notre (très chère) enveloppe
externe se soigne aussi de l’intérieur.
« Les neurosciences nous éclairent sur un point :
quand le cerveau va bien, la peau va bien,
explique le consultant en cosmétologie Gérard
Redziniak. Il est en effet capable de sécréter des
substances calmantes qui détendent la peau via
les récepteurs de l’épiderme. » Autre élément
1
à retenir : plus l’organisme est sédentaire, par
exemple en position assise devant un écran
toute la journée, plus la peau perd en éclat et
« se rouille ». « L’eau et l’air doivent rester
en mouvement, en vibration dans l’organisme,
afin de maintenir une bonne communication
intercellulaire. Le chant, le sport ou même de
simples respirations profondes sont capables
de créer ces flux internes bienfaiteurs. Les “om”
du yoga sont tout sauf anodins », souligne
le cosmétologue. En bout de chaîne, la peau
bénéficie de cette fluidité interne : elle
récupère mieux, elle est plus douce, plus
fraîche. Autant de pistes et d’outils qui prouvent
qu’avoir bon teint, bonne mine, est largement
à notre portée…
G E T T Y I M AG E S /C O F F E E A N D M I L K

114 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 115
 POUR UNE MINE REPOSÉE
Ré
2
et cryothérapie maison
Réveil matinal
« Pulvérisez une eau thermale ou
une eau florale », conseille Joëlle
Ciocco, épidermologue. Préférez
une eau florale de bleuet pour
décongestionner les yeux gonflés
ou une eau florale de menthe pour
redonner de l’éclat à votre teint.
«Tapotez la peau vigoureusement
avec vos doigts quand elle est encore
mouillée. Le geste se répète sur
deux minutes. Faire ce mouvement
sur une peau humide permet
de retrouver la tonicité du visage. »
Cryothérapie maison
« Mettez un gant de toilette ou
un linge au réfrigérateur quelques
instants. Une fois qu’il est refroidi,
déposez le tissu sur votre visage
par tapotements », explique Joëlle
Ciocco. Le choc de température
rosit les joues, resserre les pores
et favorise la microcirculation
sanguine.
116 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
6 massages
g pour
p chasser les cernes
et réveiller le visage
Lorsque les nuits sont plus courtes, cernes et poches sous les yeux
peuvent apparaître. En cause? Une mauvaise circulation du sang.
Ces massages permettent de les diminuer.
1. Pompez pour drainer. Avec le talon ou la paume de main
pressez (action de pompage) dix fois au-dessus et au-dessous
des clavicules et sous les oreilles
2. Drainez le contour des yeux. Avec vos index, réalisez des pressions
glissées sur le contour des yeux, au-dessus, sur et sous les sourcils, ainsi
qu’au-dessous des yeux pour activer le drainage de leur contour.
3. Illuminez votre regard. En réalisant des tapotements
sous les yeux avec la pulpe de vos doigts, vous accélérerez
3
la circulation sanguine.
sez les rides. Afin de stimuler les fibroblastes pour tonifier
u contour des yeux, pincez-relâchez doucement la peau
u des rides de la patte d’oie.
ez votre regard. Pincez-relâchez les sourcils en les
nt vers le front pour ouvrir le regard et stimuler la circulation
ur des yeux, mais aussi la production de collagène
ne par les fibroblastes.
ulez la circulation. En pinçant-relâchant la peau des joues,
z stimuler la circulation de cette zone ainsi que de tout le
e geste relance l’activité des fibroblastes, donc la production
ène et d’élastine, permettant à la peau de retrouver éclat
é.
tirés du livre Automassages express de Julia Lemétais
(Leduc.s éditions, 2018).

Masque
q régénérant
g
à la spiruline
« La spiruline protège les
mitochondries, réservoirs d’énergie
de la peau, indique Caroline Nègre,
directrice de la communication
scientifique de Biotherm, qui utilise
l’algue dans sa gamme Skin Oxygen.
En agissant sur le renouvellement
cellulaire, elle réoxygène les cellules
et a également un rôle protecteur. »
• 1 feuille de papier absorbant
• 1 c. à s. rase de spiruline en poudre
• 1 c. à s. de crème fraîche
• 1 c. à c. de farine d’avoine
• 2 gouttes d’huile essentielle de
lavande vraie ou d’ylang-ylang
Dans le papier absorbant, découpez
des trous pour les yeux, le nez,
la bouche. Dans un bol, mélangez
la spiruline, la crème fraîche et
5
la farine d’avoine jusqu’à obtenir une
pâte homogène (versez un peu d’eau
si la consistance est trop compacte).
e essentielle et appliquez
Recouvrez de la feuille
ur éviter les coulures.
quinze à vingt minutes.
claire. Terminez par une
au de rose et appliquez
bituel.
te des Algues, nos alliées
é de Sylvie Hampikian,
eers et Olivier Degorce
2013).
4
Masque éclat au miel
Un peu de miel, un peu de poudre d’amandes : appliquée
du bout des doigts, cette recette maison très nature réveille
le teint et adoucit la peau. Mélangez une cuillerée à café de
miel fluide et une autre de poudre d’amande (tous deux bio
de préférence). Après avoir nettoyé votre visage et mis un
bandeau sur vos cheveux pour bien les protéger, appliquez
le mélange miel-amandes sur l’ensemble de la face – évitez
le contour des yeux – en commençant par la ligne médiane
(front, nez, menton) et en étalant vers les côtés. Faites de
même sur le cou. Le miel forme un film collant. Travaillez-le
du bout des doigts, ce qui va amener le sang à la surface
de la peau, stimuler la microcirculation, aspirer les toxines
et décoller les cellules mortes. Effectuez des pressions très
rapides – comme si la peau brûlait – avec la pulpe de trois
doigts (index, majeur, annulaire). Commencez par le centre
du front vers les côtés, puis le nez, les joues et le menton.
Pour tonifier l’ovale, vous pouvez vous aider de vos deux
paumes, alternativement. Terminez par le cou. La durée
se détermine selon l’épaisseur et la fermeté de votre peau.
Trois à cinq minutes pour une peau fine, cinq à dix, si elle
est plus épaisse, terne et encombrée. Peaux sensibles ou
couperosées s’abstenir. Rincez à l’eau tiède avec une
éponge, un gant de toilette ou, mieux encore, une serviette
démaquillante seconde peau (Kanebo). Purifiant,
adoucissant, cicatrisant et régénérant, le miel ne laisse pas
la peau indifférente. Après votre soin, observez-vous dans
le miroir : une mine fraîche, un teint vivifié et oxygéné,
en même temps qu’une peau incroyablement douce.
Ce bon geste peut être renouvelé une fois par semaine,
de préférence le matin, car l’éclat qu’il procure perdure
toute la journée et permet de se passer de maquillage.
Merci à Sonia, esthéticienne au spa Six Senses, à Paris.
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 117
 C AHIER SPÉCIAL

Méditer
avec
ses 5 sens
La plupart du temps, nous ne sommes pas vraiment là où notre corps se trouve.
Pris dans le mouvement et dans la ronde de nos pensées, nous traversons souvent les
émotions et les situations en n’étant qu’à moitié présents, attentifs et conscients. Coupés
de nos sensations, distraits par notre environnement, nous avons du mal à habiter notre
corps, et donc à vivre pleinement l’instant.
Caresser un galet, se laisser bercer par le chant d’un oiseau, savourer un
chocolat… Ces petits riens du quotidien, lorsqu’ils sont faits en conscience, sont aussi
une façon de méditer. Et de se retrouver, corps et esprit enfin réunis.
Si nous sommes de plus en plus persuadés des bienfaits de la méditation sur la santé
et l’équilibre émotionnel, nombre d’entre nous restent convaincus qu’elle exige des
compétences particulières. C’est un tort, car méditer n’est pas une activité intellectuelle
réservée à une élite, elle est à la portée de chacun.
Il suffit de s’accorder une pause quotidienne pour que les tensions musculaires et
nerveuses se dissipent, et que l’esprit se libère de tout ce qui l’encombre. Véritable trait
d’union entre le corps et l’esprit, une méditation accomplie « débranche » le mental en
faisant participer nos cinq sens. Voir, entendre, toucher, sentir et goûter en conscience
sont en soi des pauses méditatives.

• Par Flavia Mazelin Salvi

• Illustrations Inès Longevial

118 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

MÉDITATION
Comment éveiller
ses sens?
La vue, le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe, il est possible de les stimuler
et de raviver ainsi tout son être charnel.
Suivez les recommandations de nos experts en sensations.
N
ous naissons avec une attention extrême et
quasi permanente à tout ce que nous per-
cevons par chaque pore de notre peau. Il en
va de notre survie. Et de notre apprentis-
sage du monde, qui se laisse d’abord décou-
vrir, très primitivement, par ses odeurs, ses
saveurs, ses bruits et ses images. Puis, au fi l
des années, notre vigilance s’amenuise. Par nécessité :
rester sans cesse disponible à toutes les informations
reçues par nos sens serait sans aucun doute invivable!
Mais aussi par facilité et par négligence, avec l’idée, plus
ou moins consciente, que la vue nous suffi rait presque, à
l’ère du « tout images ». Cette hiérarchie des cinq sens
n’est pas propre à notre époque. Les penseurs occiden-
taux ont toujours eu tendance à déconsidérer l’odo-
rat – « de tous les sens, celui qui paraît contribuer le
moins aux connaissances de l’esprit humain 1 », note
Condillac –, l’ouïe ou le goût, au bénéfice de la vision.
Depuis Platon, qui nous exhorte à sortir de la téné-
breuse caverne pour accéder aux idées claires, penser et
voir semblent être les deux dimensions d’un même mou-
vement. Des exceptions existent cependant, aussi sen-
sorielles que spirituelles, tels Montaigne le glouton – «
120 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
Je mords ma langue, parfois mes doigts, de hâtivité 2 » –,
Nietzsche le mélomane, accusant les philosophes du
passé d’avoir eu « de la cire dans les oreilles 3 », ou encore
Lévinas, chez qui la caresse, parce qu’elle consiste à
« ne se saisir de rien » tout en cherchant quelque chose,
devient un moyen d’accéder à une autre réalité : « Elle
transcende le sensible 4 . » Des penseurs à lire et à relire,
comme autant d’invitations au réveil des sens. Pas seule-
ment par plaisir, mais parce que, comme le dit le maître
zen Jacques Castermane 5 en citant Karlfried Graf
Dürckheim, « les sens sont les portes qui s’ouvrent sur
notre propre essence ». Voici quelques façons simples de
vous reconnecter à chacun des vôtres.
1. Dans Traité des sensations de Condillac (Fayard, 1984).
2. Dans les Essais, vol. I et II de Montaigne
(Classiques Garnier, 2018).
3. Dans Le Gai Savoir de Friedrich Nietzsche (Le Livre de
poche, “Les classiques de la philosophie”, 2008).
4. Dans Totalité et infini, essai sur l’extériorité d’Emmanuel
Lévinas (Le Livre de poche, “Biblio essais”, 2009).
5. Auteur de La Sagesse exercée (Le Relié, 2013).
 Six exercices pour se
réapproprier ses sens
1 Redécouvrez la main
Par Éric Pireyre, psychomotricien
« Tout en la bougeant lentement, portez toute votre
attention sur votre main : regardez sa forme, sa consti-
tution, sa texture, ses mouvements… Efforcez-vous de
percevoir toutes ses sensations : variation de chaleur,
souplesse ou raideur… Cet exercice de redécouverte
visuelle peut être appliqué à différentes parties du corps.
Ensuite, prenez un sèche-cheveux, approchez le souffle
de votre main et ressentez chacune des sensations que
cela vous procure. Ou demandez à une autre personne de
tenir le sèche-cheveux et de se mettre à l’écoute de ce que
vous ressentez. Le plus souvent, cela ravivera des sensa-
tions positives, mais il faut aussi être prêt à voir remonter
des émotions plus complexes, selon l’histoire de chacun. »
2 Jouez avec les épices
Par Patty Canac, olfactothérapeute
« Lors d’un dîner entre amis, disposez sur la table
des pots contenant des herbes fraîches et des épices
entières  : cumin, basilic, persil, menthe… Et laissez
chacun en agrémenter son plat, en utilisant un mortier
ou des ciseaux : les aromates vont immédiatement révéler
leur puissance odorante, que l’on ignore habituellement
au bénéfice de leur saveur. Tentez ensuite, à la dégusta-
tion, de retrouver chaque épice dans vos bouchées : que
reste-t-il de son parfum? Comment s’est-il modifié? Puis
ressentez sa forme, sa texture, ses effets sur les autres
ingrédients… Cela permet de prendre conscience qu’odo-
rat et goût sont dépendants l’un de l’autre. »
3 Devenez chasseur de sons
Par Cécilia Jourt-Pineau, musicothérapeute
« Transformez vos trajets du matin en trajets de
découvertes sonores  : bruits, sons, voix, musiques…
Qu’entendez-vous? Soyez plus attentif et pleinement
présent dans l’écoute de ce paysage sonore qui fait votre
quotidien et vous accompagne tous les matins. Si vous
avez des enfants, partagez avec eux vos découvertes, ils
adorent; ce sont de véritables chasseurs de sons! »
4 Ressentez votre corps avec une balle
dans le dos
Par Jacques Castermane 1, kinésithérapeute,
maître zen disciple de Karlfried Graf Dürckheim
et directeur du Centre Dürckheim 2
« Allongez-vous sur le dos, une balle souple d’environ huit
centimètres de diamètre posée à côté du bassin. Sentez
le contact avec le sol, sans modifier votre position, dans
le but, par exemple, d’y coller votre région lombaire. Ce
processus mystérieux qu’est l’acte de sentir vous permet
rapidement de différencier les zones de votre corps qui
appuient vraiment sur le sol et celles qui, au contraire,
semblent l’effleurer ou ne sont pas en contact avec lui.
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 121
MÉDITATION

122 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

 “À chacun de découvrir
les effets de ce passage
de « l’idée d’un corps que
l’on a à l’expérience du corps
que l’on est »”
JACQUES CASTERMANE
Ensuite, placez la balle sous votre sacrum. Restez allongé
dessus pendant quinze minutes dans une parfaite immo-
bilité. N’ayant rien à faire – rien à faire, mais à fond! –,
accueillez l’acte d’inspirer qui se présente à ce moment-
là à travers la sensation, puis l’acte d’expirer de la même
façon. Et, à l’occasion de chaque expiration, posez-vous
sur la balle un petit peu plus. Si vous souffrez de dou-
leurs lombaires, ne forcez pas! Quand le quart d’heure
est atteint, retirez la balle en roulant légèrement sur un
côté et, aussitôt, laissez-vous retomber sur le dos, sans
modifier votre posture. Commence alors l’expérience qui
est le but de cet exercice : se sentir allongé sur le sol et
accueillir toute sensation. Il n’est pas rare d’être étonné
par la présence d’un vécu intérieur inhabituel. Je m’in-
terdis de le nommer. À chacun de découvrir les effets de
ce passage de “l’idée d’un corps que l’on a à l’expérience
du corps que l’on est” en s’impliquant dans l’exercice et
l’expérience du sentir. »
1. Auteur de plusieurs ouvrages sur la psychomotricité,
le corps et son image, dont le dernier 19 situations cliniques
en psychomotricité, collectif (Dunod, 2018).
2. centre-durckheim.com.
5 Voyagez dans vos émotions
olfactives
Par Patty Canac, olfactothérapeute
« En marchant dans la rue, portez votre attention sur ce
que vous sentez, sans chercher à nommer précisément
l’odeur : à quelle catégorie appartient-elle? Alimentaire,
industrielle…? Quel souvenir ravive-t-elle? À quelle
période? Avec qui étiez-vous? Et, progressivement,
tentez d’entrer dans ce souvenir comme dans une vidéo.
Le sens olfactif a, plus que tout autre, le pouvoir de nous
faire voyager dans un espace-temps émotionnel où
revivent l’ensemble des sens. »
6 Ravivez votre mémoire sonore
Par Cécilia Jourt-Pineau, musicothérapeute
«  Mieux écouter, c’est aussi mieux travailler sa
mémoire sonore et musicale. Mémoire qui perdure très
tard en âge, même chez les patients atteints de la mala-
die d’Alzheimer. Voici trois façons de travailler cette
mémoire sonore.
1. Tentez de vous souvenir d’une musique de votre
enfance. Commencez par la chantonner dans votre tête,
puis fredonnez-la. Ensuite, faites la comparaison avec la
version originale. Plus vous vous entraînerez, meilleurs
seront vos résultats.
2. Rappelez-vous d’un bruit ou d’un son plaisant de
votre enfance. Quelles sensations cela déclenche-t-il en
vous? Souvent, ce sont des souvenirs particulièrement
prégnants, un peu comme des madeleines de Proust
sonores.
3. Osez communiquer avec votre entourage au sujet de
vos trésors sonores, ces sons que vous aimez, ceux qui
vous ramènent en enfance, ceux que vous avez décou-
verts récemment – on le fait souvent pour la musique,
mais très peu pour les sons –, et soyez curieux en leur
demandant les leurs. »
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 123
 MÉDITATION
Pour développer sa concentration
Réveiller ses yeux
F
ixer la flamme d’une bougie (tratak, en sanskrit,
signifie « observer intensément ») est un exer-
cice pratiqué en raja et hatha yoga. Il est parti-
culièrement conseillé dans les périodes de stress,
d’agitation, de dispersion mentale. Pour prati-
quer, vous aurez donc besoin d’une bougie et d’un
petit meuble pour la placer à hauteur de vos yeux
lorsque vous êtes assis. Avant de commencer, étirez-vous
124 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
et bâillez, afin de bien vous détendre. Une fois assis, faites
trois ou quatre respirations conscientes avant d’observer
la pointe de la flamme. Gardez votre regard fixé sur elle
pendant au moins 1 minute sans cligner des yeux. Fermez
ensuite les yeux et visualisez cette flamme. Sentez comme
elle consume vos pensées parasites et éclaircit votre esprit.
Lorsqu’elle disparaît, rouvrez les yeux et fixez de nouveau
la flamme réelle. Pratiquez 3 minutes.
Retrouver le goût
P
our cet exercice, un petit aliment est néces-
saire comme un raisin sec. Si vous n’en avez
pas sous la main, un morceau de fruit ou de
légume fera l’affaire. Prenez-le entre vos doigts
et regardez-le, dans tous ses détails de forme,
de couleur, de texture… Reniflez-le… A-t-il une
odeur? Passez-le sur vos lèvres pour voir si de
premières saveurs s’en dégagent… Puis ouvrez la bouche,
posez-le sur votre langue, et refermez la bouche. Ne le
mâchez pas, pas tout de suite… Promenez d’abord l’objet
dans votre bouche. De nouvelles saveurs commencent-
elles à apparaître? À un moment donné, vous allez prendre
la décision de mordre, une seule fois, dans l’objet. Allez-y…
Que se passe-t-il maintenant? Prenez le temps d’explo-
rer les nuances des saveurs qui viennent d’arriver dans
votre palais… attendez que leur intensité diminue avant
de donner un nouveau coup de dent. Prenez le temps de
mastiquer lentement, à l’aff ût des goûts dégagés par le tra-
vail de vos molaires. Prenez ensuite, en toute conscience,
la décision d’avaler. Observez comment s’y prennent votre
langue et votre bouche pour faire descendre cet aliment
dans votre corps. Restez encore un moment à observer
le fantôme de l’aliment dans votre bouche, la persistance
de sa saveur. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, ou presque
plus rien… Avant de vous resservir, de continuer à manger,
écoutez votre corps : que vous dit-il? Stop ou encore?
Exercice extrait de 3 minutes à Méditer,
de Christophe André (L’Iconoclaste, 2017).
Pour se recentrer
 MÉDITATION
Pour se libérer du mental

126 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

Développer
le toucher
D
ans nos existences qui se dématérialisent
progressivement, le toucher est sans doute
notre sens le plus négligé. C’est aussi celui
qui nous rappelle que nous sommes avant
tout des êtres de contact.
Pour cette méditation du toucher, vous aurez
besoin d’un morceau de tissu, d’un galet, d’un
objet en bois et d’un autre en métal. Asseyez-vous confor-
tablement, muni du premier support choisi et posez les
mains sur les genoux. Le dos droit, les épaules relâchées,
expirez et inspirez par le nez, profondément, sans forcer.
Pendant environ 30 secondes, les yeux fermés, manipulez
minutieusement chaque objet en portant votre attention
sur vos sensations. Faites-le glisser entre vos mains, pas-
sez-le sur vos joues, effleurez-le de votre bouche. À la fin de
l’exercice, posez tous les objets sur vos genoux et, toujours
les yeux fermés, palpez-les en passant rapidement de l’un
à l’autre, pour les « lire » du bout des doigts.

C’est le sens qui nous

rappelle que nous
sommes des êtres
de contact
HORS-SÉRIE PSYCHOLOGIES MAGAZINE 127
 MÉDITATION
Pour amplifier ses émotions
Aiguiser l’odorat
L
’odorat est le seul de nos cinq sens qui soit relié
au cerveau limbique, siège des émotions. C’est
pourquoi la méditation olfactive a une influence
immédiate sur nos états d’âme. Le meilleur
support méditatif est l’encens, car sa grande
variété de parfums permet de choisir avec pré-
cision l’essence associée à l’humeur recherchée
(apaisants : santal, lavande, cèdre; dynamisants : can-
128 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE
nelle, menthe, vétiver…). Asseyez-vous, allumez un bâton
d’encens et posez-le devant vous. Déroulez votre colonne
vertébrale puis installez-vous dans une respiration nasale,
ample et légère, tout en fixant la volute de fumée qui
s’échappe du bâtonnet. Une fois détendu et présent à vous-
même, fermez les yeux et portez toute votre attention sur
le parfum de l’encens. Concentrez-vous sur lui, savourez-
le avec le nez et le palais, baignez-vous dans sa fragrance.
 Affûter l’ouïe
L
’univers chante et nous n’entendons rien, affi r-
ment les sages indiens qui pratiquent le yoga
surat shabda. Surat signifie « âme » en sanskrit
et shabda « verbe », au sens de vibration primor-
diale, le son à l’origine de l’univers. Habitués à
vivre dans un vacarme incessant, nous n’en-
tendons plus grand-chose. Or, pour entendre
les sons les plus subtils, il faut commencer par prêter
une oreille attentive à tous les bruits qui nous entourent.
Asseyez-vous, détendez-vous et amorcez une respiration
nasale, ample et profonde, puis fermez les yeux.
Ouvrez grand vos oreilles aux sons environ-
nants, les plus proches comme les plus éloignés.
Veillez à ne pas les classer selon les catégories
« agréable » ou « désagréable »; recevez-les et
détaillez-les sans porter aucun jugement de
valeur ni les associer à des pensées. Écoutez
juste les sons. Entraînez progressivement votre
ouïe à percevoir de plus en plus loin, jusqu’aux
sons les plus éloignés et les plus subtils.
Pour entendre le monde vibrer
MÉDITATION

Se reconnecter à la nature
Faites appel
à tous vos sens
• Par Christophe André (extrait de 3 Minutes à méditer)

O
n peut simplement s’allonger sur le sol et
contempler la variété de ce qu’on nomme,
par de pauvres termes génériques, « herbes »
ou «  insectes  ». On découvre la merveil-
leuse richesse silencieuse et inaperçue de
ce petit monde. Ne rien penser : s’allonger,
observer, s’immerger dans cet univers dis-
cret, foisonnant d’activités… On peut prendre le temps
d’écouter longuement les bruits du soir : cris d’oiseaux
et d’enfants, bavardages dans le lointain, passages de
moments de paix et de silence… On peut contempler la
nuit et les étoiles, évidemment. Prendre conscience que
cette beauté époustouflante du ciel nocturne nous appa-
raît parce que la lumière du soleil s’est éteinte. C’est un
de rose ». La vie moderne nous éloigne souvent de l’aube :
soit nous nous levons trop tard, soit nous nous levons tôt,
mais c’est pour partir travailler, pas pour contempler.
Les dimanches et les vacances sont une occasion unique
de redécouvrir le lever du soleil. Nous pouvons bien nous
lever tôt : il nous restera toujours la sieste! Alors, dans
le calme de la nuit finissante, nous pourrons contem-
pler l’illumination progressive du ciel : lueurs pâles au
levant alors que le couchant est encore sombre, arrivée
de la lumière, percée des premiers rayons, réchauffement
progressif du monde.

À LIRE
beau message à méditer, pour toute notre existence :
sans la disparition du soleil, nous ne verrions jamais les
étoiles. Et ainsi, ce qui dans notre vie ressemble parfois
à un retrait, à une perte, à une disparition, n’est peut- 3 Minutes à méditer
être qu’un prélude au dévoilement de joies plus grandes Christophe André,
encore que celles que nous avons perdues… On peut (L’Iconoclaste, 2017).
enfin, et c’est mon exercice préféré, méditer face au soleil
levant, face à ce qu’Homère appelait « l’aurore aux doigts

130 PSYCHOLOGIES MAGAZINE HORS-SÉRIE

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