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THÉORIES ET MÉTHODOLOGIES

THEORIES AND METHODOLOGIES

MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :
IMPLICATIONS THÉORIQUES
ET MÉTHODOLOGIQUES
DANS LE DOMAINE DU STRESS
ET DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

par N. RASCLE et S. I RACHABAL*

SUMMARY

MEDIATORS AND MODERATORS : THEORETICAL AND METHODOLOGICAL IMPLI-


CATIONS IN STRESS AND HEALTH PSYCHOLOGY RESEARCH

The concepts of mediators and moderators are often confused in psychological research.
Most empirical studies use these two terms interchangeably and analyse their effects using the
same statistical approaches. Nevertheless, it is very important to distinguish between their
properties as it permits the conceptualization of complex theoretical models and different
levels of analysis. In the domain of stress research, the distinction between these two types of
variable is also essential because it underscores the historical evolution of different models.
The earliest behavioural models of stress (stimulus-response) were simple interactional
models, where by negative consequences of stress could be explained jointly by environmental
and personal variables, and above all by their incompatibility. In this context, moderators
play an important role. Numerous personal variables (personality traits) and environmental
variables (social support) serve as of buffers between stressors (work, life events) and
outcomes (well-being, illness). Although these interactional models are important for
emphasizing individual vulnerability to stress, they do not explain the underlying
psychological processes at work. For this reason, the evolution of models requires the
identification of psychological and/or biological mediators that explain how predictive
variables (environment and personality) have an impact on individual health. The
transactional model of stress is an example of such neo-behavioural models. The
identification of distinct models and variables with specific properties also requires the
selection of appropriate statistical analyses. Testing the effects of moderators does not use the
same kind of analysis as for testing the effects of mediators. ANOVA and hierarchical
regression analyses are the most appropriate methods for testing moderator effects, while path
analyses with Lisrel allow for the examination of mediator effects of a given variable
relative to two other variables. Finally, the clarification of these different issues has value
beyond the domain of stress theory.
Key words : Mediator, Moderator, Methodology, Stress, Health.

* Université de Bordeaux 2, Laboratoire de psychologie, équipe de Psychologie de la santé,


3 ter, place de la Victoire, 33071 Bordeaux, Cedex ; e-mail : Nicole.Rascle@ps.u-bordeaux2.fr ;
Sandrine.Irachabal@ps.u-bordeaux2.fr
Le Travail Humain, tome 64, no 2/2001, 97-118
98 N. Rascle et S. Irachabal

Depuis quelques années, des publications internationales dans des


domaines variés de la recherche en psychologie sont parues, dont l’objet
consistait à montrer l’intérêt de distinguer un modérateur d’un médiateur,
aussi bien au niveau conceptuel que méthodologique (Baron & Kenny,
1986 ; Shadish, 1996 ; Taylor & Aspinwall, 1996 ; Vollrath, Banholzer,
Caviezel, Fischki, & Jungo, 1994). Prenant appui sur l’utilisation de
méthodes statistiques « innovantes » (les pistes causales avec Lisrel ou la
régression hiérarchique), les auteurs démontrent que la distinction de ces
deux notions rend compte de l’évolution des modèles du comportement
humain. C’est également pour des raisons méthodologiques que, trop
longtemps sans doute, on s’est contenté de tester des modèles simples de
type « stimulus → réponse » (cf. Fig. 1a), où l’impact d’une variable mani-
pulée sur la variable à prédire est direct et unique. Dans ce cas, c’est
l’influence du contexte ou des caractéristiques individuelles qui prédisent
un comportement.

Variable Variable
indépendante dépendante

Fig. 1a. — Effet direct d’une variable indépendante sur une variable dépendante
Main effect of the independent variable on the dependent variable

Nous sommes là dans une démarche béhavioriste ou déterministe.


L’évolution des modèles de psychologie a permis ensuite d’envisager
l’intervention d’une troisième variable : c’est la conception interaction-
niste de l’homme dans son contexte, où l’on envisage conjointement les
rôles respectifs du contexte et des caractéristiques environnementales
dans l’explication des comportements. Enfin, une troisième voie a permis
d’expliquer l’impact du contexte ou des caractéristiques individuelles sur
le comportement humain par l’intervention d’une variable psychologique
qui décrit plutôt le processus sous-jacent : c’est le modèle transactionnel
avec identification de la « boîte noire ».
Passant de modèles relativement simples à des modèles multifactoriels
très complexes, les chercheurs ont éprouvé le besoin de préciser le statut
de certaines variables psychologiques sans y parvenir de façon unanime
(Parkes, 1994). C’est ainsi que l’on voit encore utilisés indifféremment les
termes modérateur et médiateur pour une même variable psychologique
(Vollrath et al., 1994).
Afin d’atténuer ces confusions et d’éclaircir les notions de médiateur et
de modérateur, nous commencerons par souligner leurs différences. Puis
nous montrerons comment ces variables s’intègrent dans les modèles de la
psychologie de la santé et de la psychologie du travail. Enfin nous tente-
rons d’expliquer les méthodes d’analyse quantitative susceptibles de tester
leurs effets respectifs.
Médiateurs et modérateurs 99

I. MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :
I. IMPLICATIONS THÉORIQUES

I. 1. DIFFÉRENCES FONDAMENTALES

Un médiateur décrit un processus à travers lequel la variable indé-


pendante est susceptible d’influencer la variable dépendante (Baron
& Kenny, 1986). Dans ce cas, la variable indépendante est à l’origine du
déclenchement de l’action d’un médiateur ou de son intensité, qui lui-
même influence la réponse (variable dépendante). Par contraste, un
modérateur est plutôt une variable de nature qualitative (sexe, race,
contexte...) ou quantitative (niveau de revenu...) affectant la direction ou
l’intensité de la relation entre la variable indépendante et la variable
dépendante. C’est le principe de l’interaction statistique où des variables
indépendantes peuvent isolément avoir un effet différent de leur effet
combiné (cf. Fig. 1b).

Variable Variable
indépendante dépendante

Variable
modératrice

Fig. 1b. — Effet modérateur


Moderator effect

Cette différence renvoie à des problématiques de recherche souvent


complémentaires : avec les modérateurs, l’intérêt est avant tout descriptif,
alors qu’il est exploratoire quand on aborde des médiateurs. En fait, la
mise en évidence statistique d’une interaction entre deux variables indé-
pendantes ne suffit pas à expliquer ce qui provoque cet effet. C’est le cas
par exemple des résultats relatifs au rôle modérateur du soutien social sur
la santé1 . A contrario, l’existence d’un médiateur renvoie à l’intervention
d’une variable active de l’organisme entre le stimulus et la réponse
(cf. Fig. 1c). Comme l’expriment Baron et Kenny (1986), si les variables
modératrices déterminent dans quel cas certains effets se déclarent, les
variables médiatrices expliquent comment ou pourquoi ils apparaissent.

1. L’étude de Ell et al. (1992) montrait en effet que, pour les femmes atteintes d’un cancer du
sein, un soutien social perçu comme satisfaisant était un facteur protecteur significatif. Or, com-
ment expliquer cette relation sinon par la prise en compte de variables intermédiaires ? Le soutien
social réduirait par exemple la détresse des patients, influencerait l’observance de leurs traitements
ou modifierait leur fonctionnement neuro-immuno-endocrinien.
100 N. Rascle et S. Irachabal

Variable Variable Variable


indépendante médiateur dépendante

Fig. 1c. — Effet médiateur


Mediator effect

Cette distinction prend tout son sens dans le domaine de la


psychologie de la santé ou plus précisément de la psychologie du
stress. MMM

I. 2. IMPLICATIONS EN PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

Les termes de modérateurs et de médiateurs renvoient à deux modèles


théoriques du stress distincts : le modèle interactionniste et le modèle
transactionnel. Ils s’appliquent à des variables possédant un statut diffé-
rent dans le modèle multifactoriel de la psychologie de la santé (Bruchon-
Schweitzer & Dantzer, 1994). Historiquement, ces deux modèles cohabi-
tent, bien que le deuxième soit apparu plus récemment (Lazarus & Folk-
man, 1984).

I . 2 . A. L’approche interactionniste
En ce qui concerne les théories du stress, le renouveau est lié à la prise
en compte des différences interindividuelles (Cox & Ferguson, 1991).
C’est bien la relation « personne-environnement » qui est au cœur du phé-
nomène de stress et il convient par conséquent de la prendre en compte
dans les modèles explicatifs. Toutefois, cette relation peut être décrite de
multiples façons de telle sorte que plusieurs modèles, bien distincts quant
à leurs hypothèses et résultats, peuvent revendiquer également le qualifi-
catif d’ « interactionniste »1. Pour notre part, nous proposons de dis-
tinguer les conceptions interactionnistes élémentaires et complexes.
L’apparition des premières s’effectue à l’occasion d’études de nature épi-
démiologique qui mettent en lumière l’existence de types de personnalité
plus ou moins sensibles à certaines situations stressantes. Dans ce cadre
théorique, et c’est à la fois l’intérêt et la limite de cette première concep-
tion, l’interaction « personne-environnement » se trouve bien au centre
des modèles mais demeure statique dans la mesure où aucun des deux
termes de l’interaction n’est décrit comme modifiant l’autre.
Dans le cadre des premières théories interactionnistes du stress, les
variables individuelles et situationnelles et leurs relations participent à

1. Les termes d’interaction et de transaction ne font pas référence dans ce cas aux échanges
dans un groupe ou aux relations interhumaines mais à un type de relation statistique envisagée
entre deux variables de nature différente Plutôt que d’interactionnisme, en l’occurrence, il
conviendrait de parler selon nous d’interdépendance lorsque les modèles explicatifs du stress posent
seulement l’existence d’une relation statique (en termes d’écart) entre la personne et l’envi-
ronnement sans décrire les modifications qu’implique une telle relation.
Médiateurs et modérateurs 101

Stresseurs

Problèmes
d’ajustement

Personnalité

Fig. 1d. — Modèle interactionniste du stress


Interactional model of stress

l’explication des difficultés d’ajustement (Bruchon-Schweitzer, 1994).


C’est généralement la conjonction entre certaines caractéristiques de
l’environnement et de la personne qui constitue un « facteur de risque »
(cf. Fig. 1d). En fait, ce qui est étudié, c’est la capacité de résistance (ou a
contrario la vulnérabilité) individuelle à l’égard d’un stresseur. Ainsi, cer-
taines dimensions de la personnalité moduleraient la relation entre les
stresseurs et l’ajustement ultérieur. En effet, si l’on reprend la définition
évoquée précédemment (Baron & Kenny, 1986), on peut supposer que,
dans le cadre d’une hypothèse modératrice, le stresseur n’a d’effet sur des
difficultés d’ajustement qu’en présence de certaines caractéristiques de
personnalité. On peut dans ce sens tout à fait supposer que les effets indé-
pendants du stresseur ou de la personnalité sur les problèmes de santé ou
d’ajustement soient différents de leurs effets combinés. De plus, il est tout
à fait envisageable d’avoir des effets d’interaction significatifs entre les
variables prédictives (contexte × personnalité) sans que les effets indépen-
dants ne soient vérifiés statistiquement.
Dans le cadre d’un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé,
on peut distinguer deux types de modérateurs (cf. Taylor & Aspinwall,
1996) : les modérateurs internes, comme les traits de personnalité, et les
modérateurs externes, comme le temps, le sexe, le statut socio-écono-
mique, le soutien social.
Examinons par exemple le rôle modérateur de certains facteurs de
personnalité.

L’affectivité négative (facteur de vulnérabilité émotionnelle)

L’affectivité négative a été définie comme une dimension disposition-


nelle de l’humeur par Watson et Clark (1984). Elle est constituée d’un
certain nombre d’états émotionnels négatifs, tels que la colère, le mépris,
la culpabilité, la peur et la dépression.
102 N. Rascle et S. Irachabal

Bien qu’émergée comme un concept nouveau, l’affectivité négative


apparaît plus ou moins similaire à d’autres facteurs de personnalité
déjà connus et étudiés isolément : le névrosisme, l’anxiété-trait et le
pessimisme.
L’affectivité négative a été identifiée comme un facteur de vulnérabi-
lité au stress et à la détresse émotionnelle. Elle s’est avérée, en effet, forte-
ment corrélée aux symptômes et aux plaintes somatiques. Cependant
même si certains la considèrent comme une « disease-prone personality »,
c’est-à-dire une dimension stable de la personne qui prédispose les indivi-
dus à développer des troubles physiques, d’autres l’envisagent comme un
simple biais cognitif, c’est-à-dire une tendance à évaluer les situations
négativement. De plus, les personnes possédant une forte affectivité néga-
tive ont tendance à rapporter l’existence de symptômes somatiques et à
utiliser les services de soins même en l’absence de troubles effectifs. Pour
autant, on ne peut pas simplement considérer l’affectivité négative comme
un simple biais.
Une synthèse de Vandervoot (1995) conclut que, si l’affectivité néga-
tive est liée fortement à la santé auto-évaluée, une relation non négligeable
est observée entre ses composantes (notamment la dépression) et le risque
de développer certaines maladies « effectives » (comme les cancers et les
maladies cardio-vasculaires). Une étude de Moyle (1995) sur le rôle de
l’affectivité négative dans le processus de stress montre non seulement
que l’effet parasite de l’affectivité négative n’est que partiel (les corréla-
tions entre les différentes variables auto-évaluées sont quasiment identi-
ques après avoir contrôlé celles-ci), mais surtout que cette dimension de la
personnalité joue un rôle modérateur entre différents stresseurs profes-
sionnels (quantité de travail, autonomie, orientation future) et le bien-
être. Ici, une affectivité négative élevée vient amplifier l’impact des stres-
seurs professionnels sur le bien-être des sujets.

Le lieu de contrôle
Le lieu de contrôle désigne « la croyance généralisée de l’individu dans
le fait que le cours des événements et leur issue dépendent de ses efforts,
de son aptitude ou plutôt d’influences extérieures comme la chance, le
hasard ou les autres » (Rotter, 1966). Ainsi, pour Dubois (1984), la
croyance en un contrôle des événements se rattache à une dimension
stable de la personnalité, selon laquelle une personne perçoit ou non une
relation causale entre son propre comportement et les résultats qui en
découlent. Cette dimension bipolaire distingue donc un lieu de contrôle
externe (ce qui m’arrive ne dépend pas de moi mais de forces que je ne
contrôle pas, telles que le hasard, la chance, le destin) et un lieu de con-
trôle interne (ce qui m’arrive dépend de mon comportement, de mes
capacités, de mes efforts). Selon certaines études, un contrôle interne
jouerait un rôle protecteur et un contrôle externe, un rôle fragilisateur
(Spector & O’Connell, 1994).
Krause et Stryker (1984) démontrent à partir d’une étude longitudi-
nale (2 000 hommes âgés de 45 à 54 ans en 1966) que les externes éprou-
vent plus de détresse face aux stresseurs professionnels et économiques
Médiateurs et modérateurs 103

que les internes, notamment si cette internalité est modérée. Une interna-
lité extrême est en effet associée comme chez les externes à une plus
grande détresse en raison de leur tendance à s’attribuer également leurs
échecs et donc à se culpabiliser. Plutôt qu’une relation directe entre les
stresseurs professionnels et les critères de non-ajustement, les auteurs
concluent au rôle modérateur du lieu de contrôle.
Dans une étude portant sur 80 sujets hospitalisés pour un premier pro-
blème cardio-vasculaire, Helgeson (1992) observe l’effet modérateur du
lieu de contrôle sur la relation entre différents stresseurs médicaux et
l’ajustement émotionnel et psychosocial évalué trois mois après. Par
exemple, la réhospitalisation apparaît être un facteur prédictif d’un mau-
vais ajustement émotionnel excepté lorsque le sujet possède une interna-
lité élevée (cf. Fig. 2).

Détresse
5

4 réhospitalisé

non réhospitalisé
3

-1
nulle léger moyen important

Lieu de contrôle interne


Fig. 2. — Interaction du lieu de contrôle interne et de la réhospitalisation sur la détresse
Interaction between internal locus of control and hospitalisation on distress

Le type A

Mis en évidence par Friedman et Rosenman (1974) dans le cadre de


vastes enquêtes épidémiologiques, le « Coronary Prone Behavior Pattern »
est un ensemble structuré d’ « actions-émotions » décrivant chez le sujet
un sens permanent de la pression du temps, un effort incessant pour
accomplir le maximum de choses en un minimum de temps, un sens
constant de la compétition et de la concurrence, de l’hostilité envers les
autres et enfin un niveau élevé d’aspiration à la réussite. Considéré parfois
104 N. Rascle et S. Irachabal

comme un style d’interaction entre la personne et son environnement, le


type A se manifesterait seulement dans un environnement déterminé. On
connaît peu les caractéristiques environnementales qui stimulent le com-
portement de type A : il semblerait qu’un contexte compétitif privilégie ce
genre de comportements. Mais il est souvent difficile de distinguer une
situation « réelle » de défi, d’une situation simplement perçue comme
telle. Ce pattern comportemental est censé être associé à un risque de car-
diopathie. S’appuyant sur une revue de la littérature, Matthews et Haynes
(1986) concluent que seule la dimension « hostilité » est un bon prédicteur
des maladies coronariennes.
L’individu de type A se caractériserait par le besoin de contrôler
l’environnement afin de réduire son incertitude. Considéré par certains
comme dimension stable de la personnalité ( « type A personality » ) et par
d’autres comme style comportemental ( « type A behavior » ), le type A est
censé modérer la relation entre divers stresseurs et l’issue adaptative indi-
viduelle. Ivancevich, Matteson et Preston (1982) ont démontré l’effet
modérateur du type A dans la relation entre le stress professionnel (charge
de travail quantitative et qualitative, absence de progression de carrière,
relations hiérarchiques, conflits de rôle) et différentes manifestations de
stress (satisfaction professionnelle et mesures physiologiques) chez des
directeurs d’entreprise et des infirmières. Ainsi les individus possédant
une personnalité de type A apparaissent plus affectés par la quantité de
travail qui est alors associée à une satisfaction professionnelle inférieure et
à un taux de cholestérol et une tension artérielle supérieurs à ceux des
autres sujets.
Des modérateurs externes peuvent également faire varier la relation
entre le stress et la santé. C’est le cas notamment du rôle du soutien
social.

Le soutien social
Largement étudié dans le cadre des premiers modèles interactionnistes
du stress professionnel (Person-Environment Fit par exemple, French,
Rodgers, & Cobb, 1974), le soutien social est une ressource psychosociale
censée protéger l’individu et l’aider dans les situations stressantes. Le sou-
tien social joue un rôle complexe et n’est pas défini de façon univoque
(Rascle, 1994). En général, le soutien social semble avoir des effets directs
bénéfiques sur le bien-être et la santé, mais aussi des études spécifiques
ont cherché à montrer le rôle tampon du soutien social entre des stres-
seurs divers et les issues adaptatives. L’aspect bénéfique du soutien social
serait lié non seulement à sa nature (émotionnelle, matérielle, d’estime,
informative, matérielle), mais aussi à son origine sociale : entourage
immédiat et quotidien de la personne (membres de la famille, amis ou col-
lègues de travail), personnes ou groupes spécialisés dans l’aide sociale,
médicale et psychologique. Mais, plus que le soutien social reçu dans ses
diverses modalités, c’est l’évaluation de celui-ci par l’individu qui semble
jouer un rôle important face à des événements stressants. Le soutien social
perçu est défini comme « la perception que l’individu a de la disponibilité
de son entourage familial, amical et professionnel, par rapport aux diffi-
Médiateurs et modérateurs 105

cultés rencontrées et la satisfaction qu’il peut anticiper de ce soutien »


(Cohen & Syme, 1985).
Dans une étude expérimentale sur la réactivité cardio-vasculaire des
femmes au stress, l’effet direct et l’effet tampon du soutien social reçu
sont démontrés (Gerin, Milner, Chawla, & Pickering, 1995). La fré-
quence cardiaque et la tension artérielle sont évaluées chez 26 étudiantes
durant une tâche (jeu sur ordinateur) dans des conditions plus ou moins
stressantes (l’expérimentateur incite le sujet à aller plus vite ou le laisse
jouer à son rythme). La présence d’un compagnon qui encourage le sujet
diminue les réactions cardio-vasculaires indépendamment du niveau de
stress, ceci va dans le sens d’un effet direct du soutien. Cependant, il
existe bien une interaction entre le niveau de stress et le soutien reçu,
ce qui va dans le sens d’un effet tampon du soutien. Le soutien diminue
particulièrement les réactions cardio-vasculaires uniquement dans la
condition expérimentale stressante.
Chez des patients atteints d’un cancer, Rodrigue et Park (1996) obser-
vent l’effet modérateur du soutien marital perçu sur l’ajustement à la
maladie. Les hommes rapportant un soutien marital faible souffrent plus
de complications physiques et d’anxiété que les autres patients hommes
ou femmes également mariés. En définitive, c’est l’adéquation entre un
type de soutien provenant d’une certaine source et les besoins des indivi-
dus qui explique son aspect bénéfique.
Toutes ces variables individuelles (ressources personnelles et sociales)
seraient donc des facteurs de vulnérabilité (ou de résistance). Elles sont
antécédentes à l’expérimentation du stresseur. Elles atténueraient ou
aggraveraient l’impact des situations stressantes sur l’ajustement ultérieur
des individus.
Il s’agit donc d’une interaction statique puisque c’est la congruence ou
l’incongruence entre un type de situation et de personnalité qui explique
l’ajustement individuel et non l’interaction dynamique impliquant leur
modification réciproque.
Des modèles théoriques se sont basés sur cette hypothèse d’interaction
ou de congruence entre la personne et son environnement pour expliquer
les effets du stress. Le plus connu dans le champ du stress professionnel
est le modèle « Person-Environment Fit » de l’École de Michigan (French
et al., 1974). Selon ce modèle, les variables environnementales objectives
n’ont pas d’effet pathogène sur les travailleurs. Il y a stress professionnel
dans le cas où les variables contextuelles (charge de travail, conflit de rôle)
et individuelles (motivations, aptitudes) sont incompatibles entre elles.
C’est l’écart entre ces dimensions qui constitue l’indice de stress (Bru-
chon-Schweitzer et al., 1997). Pour évaluer cet écart, on soumet générale-
ment aux individus une liste de caractéristiques professionnelles (charges
de travail, responsabilités, aptitudes, rôles...), liste devant être évaluée de
deux façons par chacun (ce qu’attend l’organisation, d’une part, ce que
souhaite ou fait l’employé, d’autre part). Un écart important entre ces
deux évaluations P et E (P : personne, E : environnement) correspondrait
à un stress professionnel élevé, se manifestant par une insatisfaction pro-
fessionnelle et diverses pathologies somatiques et psychologiques. Issu de
cette conception interactionniste du stress professionnel, le modèle
106 N. Rascle et S. Irachabal

d’Ivancevich et Matteson (1984) envisage le rôle modérateur du type A


sur la relation entre les stresseurs et les réactions de stress. D’après ces
auteurs, l’apparition du stress chez un individu de type A est lié à
l’inadéquation durable entre type A et contexte professionnel (absence de
compétitivité, ambiguïté des rôles, impossibilité de contrôle).
Malgré l’intérêt théorique représenté par ce modèle P-E Fit et ses
développements, il faut malheureusement déplorer ses opérationnalisa-
tions ambiguës. E est par exemple évalué subjectivement au même titre
que P, ce qui constitue une limite sérieuse aux objectifs explicatifs de ce
modèle.

I. 2 . B. L’approche transactionnelle

À l’opposé, le modèle transactionnel du stress se place dans une


conception néobéhavioriste (S-O-R), et envisage la relation entre
l’individu et son contexte comme un véritable processus au cours duquel
ils se modifient réciproquement. En effet, dans cette relation avec un envi-
ronnement toujours changeant, l’individu est un agent actif, car il peut, en
interprétant la situation et en agissant sur elle, la modifier en retour. Dans
ce sens, la variable médiatrice n’intervient que dans le cadre strict de la
transaction personne-environnement. Elle transforme l’évaluation pre-
mière de l’événement stressant et l’émotion qui l’accompagne (effet feed-
back). Le processus de stress peut donc se concevoir comme une juxtapo-
sition de variables médiatrices en action sous l’influence des variables
indépendantes (dispositionnelles et situationnelles), et produisant des
conséquences plus ou moins nocives sur la santé.
Les variables médiatrices principales sont le stress perçu, le contrôle
perçu et le coping.

Le stress perçu
Selon Lazarus et Folkman (1984, p. 19) : « Le stress est une relation
particulière entre la personne et l’environnement, relation qui est évaluée
par l’individu comme excédant ses ressources et menaçant son bien-être. »
Selon cette conception, il convient de distinguer très nettement les carac-
téristiques objectives de l’environnement, ou stresseurs, des caractéristi-
ques environnementales perçues comme menaçantes par un individu, ou
stress perçu, d’une part, et des conséquences dysfonctionnelles éventuel-
les de ces facteurs ou ajustement ultérieur de cet individu, d’autre part.
Les mesures de « stress perçu », comme on pouvait s’y attendre, se
sont avérées plus fortement associées à divers troubles psychiques et/ou
somatiques ultérieurs que les évaluations objectives du stress (gravité, fré-
quence, intensité, durée).
Dans le cadre d’un programme de recherche sur le rôle de l’évaluation
cognitive dans les processus de stress, Lazarus et Folkman (1984) ont
enregistré la détresse subjective et les perturbations du système nerveux
autonome (fréquence cardiaque et réponses électrodermales) chez des
sujets qui regardent au même moment des films concernant les mutila-
Médiateurs et modérateurs 107

tions subies pendant des rites primitifs, des accidents du travail, etc. En
manipulant l’évaluation du sujet, soit en l’encourageant à interpréter les
situations comme préjudiciables et douloureuses, soit à les voir de
manière détachée (ceci par le biais de la bande sonore du film et de la pré-
sentation qui est faite de celui-ci juste avant de le projeter), il est possible
d’affecter les niveaux de réponses de stress physiologiques et subjectives.
Lazarus en conclut que les processus d’évaluation cognitive sont des
médiateurs des niveaux de réponses de stress.
Dans une étude portant sur 145 employés travaillant dans une entre-
prise du secteur industriel, l’ajustement différentiel à une situation de
mutation professionnelle est apparu médiatisé par l’évaluation de la situa-
tion. En effet, le stress perçu joue un rôle médiateur dans la relation entre
le soutien social et, d’une part, l’anxiété et, d’autre part, la performance
perçue. Ainsi le sentiment de ne pas être soutenu par ses collègues ou son
supérieur hiérarchique dans le cadre de son nouveau travail engendre du
stress perçu, ce qui augmente de manière significative l’anxiété et diminue
la performance auto-évaluée (Rascle, 2000).

Le contrôle perçu
Les résultats expérimentaux disponibles chez l’animal et chez l’homme
montrent que la possibilité d’influencer le cours des événements a des
conséquences favorables notamment en diminuant les réactions de stress
(Dantzer, 1989). Wallston (1989) démontre que seul le fait de savoir que
l’on dispose de réponses spécifiques pour faire face à la situation, même si
ces réponses ne sont pas effectivement utilisées, contribue à réduire
l’impact du stress et à atténuer l’état de détresse émotionnelle des indivi-
dus. Ce qui est important, c’est la perception de contrôle ou contrôle
perçu. Le contrôle perçu repose sur l’évaluation relative de la menace et
des ressources personnelles. Les effets bénéfiques du contrôle perçu repo-
seraient non seulement sur l’évaluation que l’individu fait de la situation
aversive, mais aussi sur la certitude qu’il a de disposer de réponses com-
portementales qui seront efficaces. Si les possibilités de contrôle induites
par l’environnement semblent faciliter l’ajustement, elles peuvent égale-
ment avoir des effets défavorables s’ils sont inadéquats avec les caractéris-
tiques personnelles des sujets. On envisage donc aujourd’hui le contrôle
perçu comme le résultat d’une interaction entre les caractéristiques de la
personne (notamment ses possibilités et besoins de contrôle) et les carac-
téristiques de la situation (apport d’informations, suggestions comporte-
mentales ou décisionnelles).
Dans le cadre d’une méta-analyse portant sur 88 études, Spector
(1986) a montré que des degrés élevés de perception de contrôle étaient
associés positivement à un bon ajustement au travail (satisfaction profes-
sionnelle, implication dans le travail, performance) et négativement à des
conséquences dysfonctionnelles (troubles somatiques, détresse émotion-
nelle, absentéisme et turnover).
L’effet médiateur du contrôle perçu a par ailleurs été montré sur une
population de personnes souffrant de lombalgies chroniques (Maxwell,
Gatchel, & Mayer, 1998). Les patients rapportant une absence de con-
108 N. Rascle et S. Irachabal

trôle perçu sur leurs symptômes font l’expérience de troubles dépressifs


importants.
Triemstra et al. (1998) observent que le même niveau d’incapacité
engendrée par la maladie évaluée dans une population de 711 hémophiles
affaiblit moins les patients qui se perçoivent comme détenant le contrôle
de leur maladie. Ici, la perception de contrôle joue le rôle de médiateur de
la relation entre l’incapacité engendrée par la maladie et l’évaluation de
celle-ci.

Le coping
Deux approches distinctes se sont historiquement succédé. L’une envi-
sageait le coping comme une prédisposition stable, l’autre comme un pro-
cessus dynamique dépendant des situations. Ces deux conceptions coexis-
tent actuellement, montrant l’aspect multidirectionnel du processus
adaptatif de coping (Zeidner & Endler, 1996). Les premières définitions du
coping le conceptualisaient comme une prédisposition stable à répondre au
stress d’une manière particulière, quelle que soit la situation (Terry, 1994).
À la fin des années 1970, cette conception fut abandonnée en faveur d’une
approche considérant le coping comme un processus dynamique.
Dans le cadre de la théorie transactionnelle du stress, le coping est
défini comme « l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux desti-
nés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui
menacent ou dépassent les ressources d’un individu » (Lazarus & Folk-
man, 1984).
Deux grands types de coping sont apparus dans la littérature comme
des invariants : le coping centré sur le problème qui vise à contrôler ou
modifier directement la situation stressante (esprit combatif, confronta-
tion, mise en œuvre de plan d’action) et le coping centré sur l’émotion qui
vise à diminuer la tension émotionnelle induite par la situation (évite-
ment, réévaluation positive, recherche de soutien).
Pour la conception transactionnelle du stress, il n’y a pas de stratégie
de coping efficace en soi, indépendamment des caractéristiques person-
nelles et perceptivo-cognitives du sujet et des particularités des situations
stressantes. Ainsi les stratégies centrées sur l’émotion sont plus efficaces à
court terme ou lorsque l’événement est incontrôlable, alors que les straté-
gies centrées sur le problème seraient plus adaptées pour faire face à long
terme et si l’événement est sous le contrôle du sujet.
Dans une étude semi-prospective menée auprès de 75 femmes attein-
tes d’un cancer du sein, les stratégies de coping jouent un rôle médiateur
dans la relation entre la personnalité des sujets et leur qualité de vie deux
ans après la confirmation du diagnostic de cancer. Les patientes possé-
dant une anxiété-trait élevée et qui ont tendance à réagir au diagnostic par
une stratégie de type « désespoir » ont ultérieurement une plus mauvaise
qualité de vie. L’effet médiateur de cette stratégie est également mis en
évidence dans la relation entre la santé physique antérieure et la qualité de
vie (Cousson-Gelie, 2000).
L’effet médiateur du coping a également été démontré dans le
contexte du stress professionnel. Dans une situation de mobilité profes-
Médiateurs et modérateurs 109

sionnelle, la croyance de l’individu en sa propre capacité de contrôle des


événements (lieu de contrôle interne) favorise l’adoption de stratégies de
coping de type « vigilant », ce qui augmente la satisfaction professionnelle
et la performance auto-évaluée. De même, l’absence de soutien perçu
engendre l’utilisation d’un coping « évitant », ce qui génère de l’anxiété et
diminue la performance perçue (Rascle, 2000)1 .
Il s’agit donc d’une conception dynamique dans la mesure où elle pri-
vilégie le rôle actif de la variable médiatrice en tant qu’elle modifie la
situation stressante et les cognitions ou affects associés (Folkman & Laza-
rus, 1988). Dans ce sens, on peut difficilement dire qu’une stratégie de
coping est efficace en elle-même (contrairement aux traits de personna-
lité). Elle ne l’est qu’en fonction des caractéristiques de la situation et des
processus d’évaluation-réévaluation avec lesquels elle interagit.
Dans un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé, modéra-
teurs (antécédents, personnalité) et médiateurs (stress perçu, coping) sont
pris en compte pour expliquer l’ajustement individuel (cf. Fig. 3). Il est
donc nécessaire de les différencier conceptuellement et de leur appliquer
des méthodologies différentes.
PRÉDICTEURS MÉDIATEURS CRITÈRES
D’AJUSTEMENT

Caractéristiques de
l’environnement :

§ Stresseurs
Soutien social
Stress perçu
♦ Somatiques
Stratégies Comportementaux
de coping Émotionnels
Caractéristiques Contrôle perçu Cognitifs
individuelles :

§ Pathogènes
Protectrices

Fig. 3. — Un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé


A multifactorial model of health psychology

II. MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :


II. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

II . 1. L’EFFET MODÉRATEUR

Le principe d’une variable modératrice est de modifier la relation entre


un prédicteur et un critère. Stern, McCants et Pettine (cités par Baron et
Kenny, 1986) font apparaître, par exemple, un impact différentiel des

1. Issus d’une autre typologie (Suls & Fletcher, 1985), les termes de coping « évitant » et
« vigilant » désignent le degré d’attention que porte le sujet à la situation. Deux possibilités
s’ouvrent à lui : détourner son attention de la source de stress (stratégie d’évitement) ou la focaliser
sur celle-ci (stratégie vigilante).
110 N. Rascle et S. Irachabal

changements de vie sur la survenue de maladies. Selon le pouvoir contrô-


lable (divorce) ou non de l’événement (décès du conjoint), l’issue s’en
trouve modifiée, dans le sens d’une réduction des risques de maladie,
dans le cas d’événements contrôlables. Ainsi le prédicteur (changement
de vie) ne suffit pas à prédire la survenue d’une maladie (ou sa sévérité).
C’est également son caractère contrôlable (modérateur) qui permet de
l’expliquer.
D’une manière générale, selon la nature de la variable modératrice
(qualitative ou quantitative), différentes analyses peuvent être utilisées
pour vérifier un effet modérateur :
— comparer les corrélations prédicteur-critère entre différents groupes
ayant un score élevé ou faible sur le modérateur ;
— faire une analyse de variance ;
— utiliser un terme multiplicatif (prédicteur × modérateur) dans une
régression multiple ;
— utiliser un terme multiplicatif (prédicteur × modérateur) dans une
piste causale.

Comparaison de corrélations
Lorsque les variables indépendantes et dépendantes sont continues et
que la variable modératrice est de nature dichotomique (sexe, par ex.), on
utilise cette méthode. On divise la population en deux selon son score sur
le modérateur (ou selon son sexe) et on effectue une régression sur cha-
cune de ces deux populations entre les prédicteurs et le critère. Suivant la
signification conceptuelle de ce modérateur (amplificateur de la perturba-
tion ou réducteur tampon), le sens de la corrélation sera modifié d’un
groupe à l’autre. C’est le cas, par exemple, d’une étude menée auprès
d’un groupe de cadres (Howard, Cunningham, & Rechnitzer, 1986) qui
cherche à mettre en évidence l’impact différentiel de stresseurs profession-
nels (ambiguïté de rôle) sur des indicateurs de risque coronariens selon la
personnalité des sujets (type A, type B). L’analyse des résultats montre
que la corrélation entre l’ambiguïté de rôle et certains indicateurs physio-
logiques comme la pression artérielle est plus élevée chez les sujets de
type A1 .

Analyse de variance à deux facteurs


Pour tester un effet modérateur, l’analyse de variance à deux facteurs
est la méthode la plus traditionnellement utilisée. Lorsque le prédicteur et
le modérateur sont des variables qualitatives et la variable dépendante de
nature continue, on peut tester l’effet d’interaction entre ces deux varia-
bles indépendantes (cf. Fig. 4). Le principe consiste à évaluer les effets
principaux des deux variables indépendantes sur le critère, ainsi que leur
interaction. Cette dernière doit avoir un effet significatif. C’est le cas du

1. Pour la population de type A, la corrélation entre l’ambiguïté de rôle et la pression arté-


rielle est de 0,43, alors qu’elle n’est que de – .08 pour les individus de type B. Ces résultats sont
confirmés avec d’autres indicateurs physiologiques.
Médiateurs et modérateurs 111

Critère
(mauvais ajustement)
modérateur
(soutien social faible)

modérateur
(soutien social élevé)

prédicteur
(stresseur)
Fig. 4. — Changements de l’effet d’un prédicteur sur un critère
en fonction des modalités d’une variable modératrice
Ways in which the moderator changes the effect of a predictor on a criterion

soutien social vu comme un modérateur de la relation stress-maladie


(Rascle, 1994). L’issue adaptative dépend en fait de l’intensité des deux
variables indépendantes. Selon l’intensité du soutien social disponible,
l’impact d’événements stressants sera plus ou moins nocif pour l’individu.
Ce qui signifie, dans ce cas, que l’effet de l’une des variables indépendan-
tes n’agit qu’en fonction de l’intensité de l’autre. Nous avons affaire à un
véritable effet d’interdépendance (ou interaction mécanique).
De nombreuses études ont utilisé cette méthode dans le but de
démontrer un effet modérateur (House, 1981 ; Seers, McGee, Serey,
& Graen, 1983).

Régression multiple avec terme multiplicatif

Il s’agit dans ce cas de construire une nouvelle variable qui sera le pro-
duit de deux prédicteurs (personnalité × stresseur par exemple ou stresseur
× soutien social), puis d’effectuer une régression multiple hiérarchique.
Lorsque l’on choisit la méthode pas à pas, il convient de commencer par
entrer dans l’équation les variables prédictives, puis, en dernier, le produit
de ces variables (variable modératrice). L’effet modérateur est vérifié
lorsque le changement de R2 (son augmentation) est significatif après
l’entrée de cette variable d’interaction. Dans l’étude déjà citée de Helgeson
(1992), la variable d’interaction (lieu de contrôle spécifique à la
santé × réhospitalisation) prédit significativement l’ajustement de patients
atteints de pathologies cardio-vasculaires. Lorsque cette variable est intro-
duite dans l’équation de régression, le R2 (ou % de variance expliquée)
augmente significativement de 5 % (β = – 0,21 ; p < .05), alors que la
réhospitalisation ne prédit pas à elle seule l’ajustement (β = 0,03).
112 N. Rascle et S. Irachabal

L’analyse des pistes causales ou régression partielle


Un autre moyen de tester l’effet d’interaction entre deux prédicteurs
sur un critère consiste à utiliser les modèles structuraux (Lisrel, par ex.).
Autre méthode de régression, l’analyse des pistes causales (régressions
partielles) appartient à cette catégorie. Cette méthode fournit des coeffi-
cients d’influence directe, indirecte et totale de toutes les variables expli-
catives sur les critères. Ce sont des coefficients de régression partielle car
ils ne prennent en compte que le poids réel de la relation entre deux varia-
bles une fois contrôlé celui des autres variables du modèle et les erreurs de
mesure (dues à la non-fidélité des mesures, à l’échantillonnage, à la nor-
malité des distributions).
Dans un exemple illustratif de la méthode employée, Li, Harmer,
Duncan, Duncan, Acock et Boles (1998) testent un modèle dans lequel
deux variables prédictives prises isolément (niveau de compétence et
d’autonomie) sont associées à une variable latente (produit des deux)
pour expliquer le critère (motivation à faire des exercices physiques).
L’effet d’interaction est dans ce cas démontré sans qu’il soit contaminé
par celui des autres variables (voir Fig. 5).

Niveau
de compétence 0,40

Variable
0,29 dépendante
Niveau
d’autonomie
0,26

Niveau de compétence
×
Niveau d’autonomie

Fig. 5. — Analyse de pistes testant un effet modérateur (in Li et al., 1998)


Path analysis testing a moderator effect

II. 2. L’EFFET MÉDIATEUR

Rappelons qu’un médiateur est une variable qui amplifie la relation


entre le prédicteur et le critère. Alors que le modérateur ne doit pas être
nécessairement corrélé avec le prédicteur, le médiateur doit l’être pour
prétendre à ce statut. Dans un cas idéal, l’effet du prédicteur sur le critère
doit être nul, lorsqu’on supprime l’effet du médiateur.
Médiateurs et modérateurs 113

Deux méthodes d’analyses statistiques sont envisageables pour évaluer


le rôle d’un médiateur : l’analyse des pistes causales Lisrel (si cette rela-
tion est envisagée sur plus de trois variables) ou régression partielle et la
régression multiple hiérarchique.

La régression partielle ou piste causale


Lorsqu’on ne peut utiliser la méthode Lisrel, on peut tout de même
étudier un effet médiateur en effectuant une régression partielle entre
trois variables, c’est-à-dire en contrôlant l’effet de la variable médiatrice
dans la relation entre le prédicteur et le critère (cf. Fig. 6). À l’aide des
coefficients d’influence indirecte entre les prédicteurs et le critère, nous
pouvons savoir si l’effet d’un médiateur est significatif. Plusieurs condi-
tions sont nécessaires pour confirmer le rôle médiateur d’une variable
intermédiaire :
— d’une part, l’effet indirect entre le prédicteur et le critère doit passer
par la variable médiatrice (la relation entre prédicteur et médiateur
puis entre médiateur et critère doit toujours être significative) ;
— d’autre part, cet effet indirect (g1 × b) entre le prédicteur (VI) et le cri-
tère (VD) doit être significatif (à p < .10)1 ;
— enfin l’effet indirect doit être supérieur à l’effet direct (g1 × b > g2).
Dans le cadre d’une recherche menée auprès de professionnels en
situation de mobilité professionnelle, nous avons cherché à mettre à
l’épreuve le modèle transactionnel du stress (Rascle, 2000). Les résultats
ont montré que les deux processus initialement prévus (évaluation de la
situation ou stress perçu et stratégies de coping) jouent effectivement un
rôle médiateur dans l’explication de l’ajustement professionnel à une
situation de changement de travail : le stress perçu est le médiateur de la
relation entre le soutien social et l’ajustement des employés (l’anxiété-état
et la performance professionnelle perçue) ; le coping évitant est le média-
teur de la relation entre le soutien social et l’ajustement émotionnel
Prédicteur

γ1 γ2

β
Médiateur Critère
Fig. 6. — Analyse de piste testant un effet médiateur

Path analysis testing a mediator effect

1. Effet indirect = (effet direct de VI sur VM) × (effet direct de VM sur VD).
114 N. Rascle et S. Irachabal

(anxiété-état, satisfaction professionnelle) ; le coping vigilant est le média-


teur de la relation entre les ressources personnelles (lieu de contrôle) et
l’ajustement (satisfaction professionnelle et performance perçue)1. Dans
le cadre d’une recherche qui portait sur le stress d’une population de
cadres, Terry, Longe et Callan (1995) avaient également montré l’effet
médiateur des stratégies de coping en utilisant la méthode Lisrel. Par ce
type d’analyse, on peut faire apparaître une succession de médiateurs
(stress perçu, coping) qui sont autant de chemins par lesquels le processus
individuel de stress fait son œuvre.

La régression multiple hiérarchique

Cette analyse consiste à évaluer l’effet total (cumulé) des variables


explicatives sur un critère. La méthode s’effectue en plusieurs étapes.
Tout d’abord, il s’agit de tester l’effet du prédicteur sur le médiateur à
l’aide d’une régression partielle simple. Puis il faut tester les autres rela-
tions (prédicteur → critère ; prédicteur, médiateur → critère). Dans ce
cas, on utilise une régression multiple hiérarchique. Il s’agit d’entrer pro-
gressivement dans l’équation de la régression les variables explicatives : en
commençant par les prédicteurs (1er pas), puis les médiateurs (2 e pas).
Lorsqu’on assiste à une augmentation du R2 après avoir entré le média-
teur, on peut supposer l’effet de ce médiateur dans la relation entre le pré-
dicteur et le critère. Mais, pour confirmer cet effet, il faut effectuer une
seconde régression, en mettant cette fois en premier pas le médiateur, afin
de le contrôler, puis en second pas le prédicteur. Lorsque dans le
deuxième cas, on a contrôlé le médiateur, la relation entre les prédicteurs

TABLEAU 1
Résumé des analyses de régression multiple hiérarchique testant le modèle médiateur
sur le critère : troubles psychosomatiques (in Vollrath et al., 1994)
Summary of hierarchical multiple regression analyses testing the mediation
model on a criterion : psychosomatic problems

Équa-
tion Pas Variables entrées DR2 F b p

1a 1 Sexe 0,05 8,94 0,21


2 Névrosisme 0,17 40,85 0,42
3 Stratégies de coping 0,07 3,29
1b 2 Stratégies de coping 0,17 8,10 < .01
3 Névrosisme 0,06 16,23 0,31 < .001
Équation totale (1a + 1b) 0,28 10,18 < .001

1. L’effet indirect du soutien social sur l’anxiété-état est de – 0,15 (p < .0,10) ; il est de 0,14
(p < .0,10) sur la performance perçue. L’effet indirect du lieu de contrôle interne est de 0,16
(p < .0,05) sur la performance perçue et de 0,15 (p < .0,10) sur l’absentéisme.
Médiateurs et modérateurs 115

et le critère doit être plus faible (l’entrée du prédicteur après le médiateur


fait baisser le R2). C’est donc le changement de R2 (significatif) qui déter-
mine l’existence du médiateur. C’est ainsi que Vollrath et al. (1994) tes-
tent l’effet médiateur du coping (cf. Tab. 1). Par cette méthode, les
auteurs montrent par exemple que des stratégies de déni médiatisent la
relation entre certains traits de personnalité (le névrosisme ou le niveau de
conscience) et deux critères (des comportements délinquants, des trou-
bles psychosomatiques).

III. CONCLUSION

Nous avons montré combien pouvait être essentielle la distinction


entre les propriétés d’un médiateur et celles d’un modérateur dans le
champ de la psychologie sociale du stress. Loin de refléter une simple
querelle méthodologique, cette problématique renvoie à l’identification
de modèles théoriques qui se distinguent par leur pouvoir explicatif. Seu-
les certaines méthodes d’analyses statistiques de données, comme les
méthodes structurales (Lisrel), sont actuellement en mesure de rendre
compte de la complexité de ces problèmes. Comme nous l’avons exposé,
les deux types de variables, que sont le modérateur et le médiateur, ne
s’excluent pas l’une l’autre dans un modèle multifactoriel du stress, mais
elles jouent chacune un rôle différent. Les modérateurs représentent plu-
tôt des caractéristiques internes ou externes qui sont antécédentes au
processus étudié, alors que les médiateurs révèlent celui-ci dans sa
dimension temporelle. C’est pourquoi il est essentiel d’envisager l’étude
du processus de stress dans le cadre d’investigations longitudinales, où
les mesures des variables modératrices et médiatrices sont séparées dans
le temps.
La généralisation de cette problématique à d’autres champs théoriques
de la psychologie nous semble tout à fait nécessaire et mérite l’attention
de chacun.

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RÉSUMÉ

Afin d’atténuer les confusions relatives à l’utilisation par les chercheurs en psychologie
des notions de médiateur et modérateur, nous nous proposons d’exposer leurs propriétés res-
pectives. Nous montrons comment ces variables s’intègrent dans les modèles de la psy-
chologie de la santé et plus précisément dans l’explication du stress. Nous distinguons dans ce
sens les modèles déterministes, des modèles interactionnistes simples et complexes. Par
des exemples issus de recherches empiriques dans le champ du stress professionnel notamment,
nous exposons le rôle de chacune de ces variables psychologiques sur la santé des individus.
Enfin, nous expliquons les méthodes d’analyse quantitative susceptibles de tester leurs effets
respectifs.
Mots-clés : Médiateur, Modérateur, Méthodologie, Stress, Santé.

Manuscrit reçu : janvier 2000.


Accepté après révision : janvier 2001.

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