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Francois Bourguignon
Ecole d'économie de Paris
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All content following this page was uploaded by Francois Bourguignon on 23 March 2016.
François Bourguignon*
ce, le seuil de pauvreté absolue peut varier d’un pays à l’autre, même
après correction de la parité du pouvoir d’achat pour la pauvreté-reve-
nu, de même qu’il peut varier, pour un même pays, sur de longues
périodes.
1) On peut aussi de définir la pauvreté en combinant les définitions de la pauvreté relative et de la pau-
vreté absolue - voir Foster (1998), Atkinson et Bourguignon (2000) ou Ravallion (2003a).
Pauvreté absolue
et réduction
de la pauvreté
“Stratégie de développement”
Distribution et Niveau de revenu
changements agrégé et croissance
distributifs
2) Cette décomposition a été abordée en détail dans Datt et Ravallion (1992) et Kakwani (1993). Voir
aussi Fields (2002) et Bourguignon (2003).
DOSSIER
distribution
Nous traiterons ici de la relation réciproque entre la croissance et la
distribution. Nous savons que la croissance modifie la structure de
l’économie et peut donc influencer la distribution des revenus et le
bien-être, mais cette évolution est-elle modélisable ? Autre question
3) En utilisant un panel non équilibré de données dans les pays en développement, Bourguignon et
Morrisson (1998) montrent que si l’hypothèse du U inversé se vérifiait probablement dans les années
1970, ce n’était plus le cas ensuite, puisque d’autres pays ont été inclus dans l’échantillon d’origine.
4) Voir notamment Atkinson et Brandolini (2000) pour une analyse critique de ces données.
5) Pour d’autres études de cas de ce type, voir Bourguignon, Ferreira et Lustig (2003) ainsi que la dis-
cussion d’ordre général du document de Bourguignon (2004).
Ces modèles ne nous disent rien quant à l’origine de ces fortes inéga-
lités, mais ils laissent supposer qu’elles peuvent durer indéfiniment,
entraînant une production inefficiente et un ralentissement de la
croissance. La même économie afficherait des taux de croissance dif-
férents s’il était possible de redistribuer les richesses sans aucun coût.
Mais tous les arguments théoriques ne vont pas dans la même direc-
tion. De fait, il est impossible de rejeter a priori l’ancien argument de
Kaldor selon lequel la redistribution des riches vers les pauvres risque
de réduire le taux d’épargne globale dans l’économie.
pas probantes.
Quels enseignements peut-on tirer de tout cela pour définir des poli-
tiques économiques ou, plus précisément, une politique de redistri-
bution ? A première vue, ces arguments devraient déboucher sur un
8) A cet égard, il n’est pas évident de savoir si les valeurs retardées d’inégalités et de croissance utilisées
dans les estimations par la méthode des moments généralisés (MMG) sont des instruments valables. Elles
pourraient aussi être influencées par les mêmes variables non observées comme les inégalités et la crois-
sance contemporaines.
une redistribution autoritaire des terres. Ils reposent plutôt sur des
opérations subventionnées sur le marché foncier. En général, la terre
est achetée à de gros propriétaires à un prix estimé comme étant le
prix du marché. Elle est ensuite vendue aux paysans sans terre ou à
de petits propriétaires, avec la mise en place d’un plan de crédit sub-
ventionné. Globalement, l’opération se situe entre un transfert de
richesses et un transfert de revenu. Les impôts prélevés (en général
sur l’ensemble de la population) pour financer les subventions de cré-
dit sont un transfert typique de revenu avec effets de distorsion évi-
dents. La part de subvention dans le crédit contribue nettement à
l’accumulation des richesses chez les paysans pauvres9.
9) Pour une analyse complète des réformes agraires, voir la Banque mondiale (2003b).
Nous voyons bien ainsi, à la lumière des nouvelles théories sur les
coûts sociaux des risques non assurés et des inégalités n’ayant pas fait
l’objet de traitement social, que nous devons approfondir notre com-
préhension des transferts ciblés pour pouvoir répondre à cette ques-
tion : étant donné les obstacles auxquels sont confrontés les pays à
faible revenu, une redistribution efficace peut-elle fonctionner dans la
réalité ? De nombreux constats vont dans le sens des arguments théo-
riques avancés plus haut, mais des recherches complémentaires sont
nécessaires.
Nous avons beaucoup appris au cours des dernières années sur l’éco-
nomie politique de la redistribution des actifs. La redistribution peut
être nécessaire pour la croissance. Sans transferts de la part des classes
à fort revenu et politiquement actives, les coûts fixes d’éducation et
les contraintes de liquidité empêchent les pauvres d’accéder à l’ins-
truction. Mais il est peu probable que les pauvres arrivent à se mobi-
liser pour exiger davantage de transferts. La participation politique
dépend du niveau d’éducation ou de revenu des acteurs économiques.
Les conditions initiales sont elles aussi importantes. Les niveaux ini-
tiaux de revenu par habitant (inégalités initiales de revenu) jouent
positivement ou négativement sur la probabilité de démocratisation
d’un pays et sur son taux de croissance moyen dans un délai donné.
Les niveaux initiaux de revenu par habitant influencent positivement
ou négativement le rythme de la démocratisation (achevée) des pays
qui connaissent une transition démocratique.
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