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MINISTERE DE L'AGRICULTURE DE L’ALIMENTATION DE LA

PECHE ET DES AFFAIRES RURALES


_____________________________
ECOLE NATIONALE
DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT
DE STRASBOURG

UNIVERSITE LOUIS PASTEUR STRASBOURG

ECOLE NATIONALE DES ARTS ET INDUSTRIES


DE STRASBOURG

« Simulation de l’hydrodynamique des réacteurs biologiques


à culture libre»

Mémoire réalisé du 17/02/2003 au 05/09/2003 et présenté pour l’obtention du:


• Diplôme d’Ingénieur des Travaux Ruraux de l’ENGEES
• DEA « Mécanique et Ingénierie », option « Sciences de l’eau »

Promotion
Présenté par Pierre TANGUY
PUY-DE-DOME (2000-2003)

Organisme d’accueil
ENGEES
MAITRE DE STAGE :
SYSTEMES HYDRAULIQUES URBAINS

M. l’Ingénieur Divisionnaire des Travaux Ruraux


1, quai Koch - 67000 STRASBOURG
ANTOINE-GEORGE SADOWSKI
: 03.88.24.82.00
Stage de DEA Travail de fin d’étude

REMERCIEMENTS

Les travaux qui ont fait l’objet de ce stage de DEA ont été effectués au sein du Laboratoire des
Systèmes Hydrauliques Urbains (SHU) de l’ENGEES à Strasbourg.

Je tiens à remercier :
Monsieur Antoine-Georges SADOWSKI, directeur du laboratoire SHU, pour m’avoir accueilli
dans son laboratoire, pour m’avoir encadré durant 6 mois, et pour m’avoir fait partager sa
connaissance scientifique, et m’avoir prodigué ses conseils avisés, souvent avec humour.
Monsieur Christian BECK, maître de conférence, pour avoir accepté de bien vouloir juger mon
travail, et y avoir contribué par ses remarques et ses corrections.
Monsieur José VASQUEZ, maître de conférence, pour son aide et ses conseils utiles
Monsieur Ghislain LIPEME, étudiant en doctorat en deuxième année, pour sa disponibilité et
son aide précieuse, notamment en ce qui concerne l’utilisation du code de calcul.

Je remercie également le service de la bibliothèque de l’ENGEES, pour sa gentillesse et son efficacité.

J’adresse aussi mes remerciements à toutes les personnes, qui, de près ou de loin, ont contribué à
l’élaboration de ce document.

Je tiens enfin à remercier ma femme, pour son soutien, et pour avoir accepté la tâche difficile de
relecture de mon rapport.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 2


Stage de DEA Travail de fin d’étude

RESUME
Simulation de l’hydrodynamique des réacteurs biologiques à culture libre
Le bassin d’aération, ou réacteur biologique aéré, est l’élément majeur d’une station d’épuration à
boue activée. Son fonctionnement conditionne la qualité du traitement, la filière boue et la dépense
énergétique. La bonne connaissance de l’hydrodynamique de ces réacteurs est un enjeu essentiel pour
améliorer leur conception et donc pour optimiser leur fonctionnement.
Notre étude s’intéresse à l’utilisation du code de calcul FLUENT® pour la simulation des écoulements
dans des bassins, où les fonctions d’aération et de brassage sont dissociées. Ce logiciel utilise la
méthode des volumes finis pour résoudre les équations de Navier-Stockes en régime turbulent.
L’objectif final réside en la définition de dispositions techniques visant à améliorer le fonctionnement
de l’ouvrage.
Premièrement, nous validons le modèle pour les écoulements monophasiques (eau seule) à l’aide des
mesures de vitesses disponibles. Cette phase met en évidence la capacité du logiciel à reproduire
fidèlement la réalité, compte tenu de la finesse de la modélisation.
Deuxièmement, nous étudions l’influence du positionnement des agitateurs sur la vitesse horizontale
de circulation dans le bassin. Nous pouvons alors optimiser l’orientation de l’hélice pour assurer une
vitesse de circulation maximale. L’influence de la hauteur d’eau, à volume constant ou non, est
également étudiée.
Enfin, des simulations sont effectuées en diphasique (eau + bulles d’air) à l’aide du modèle eulérien-
eulérien. Elles mettent en évidence l’influence de l’aération sur les vitesses de circulation et les
phénomènes de convection ascendante de l’eau (spiral-flows), responsables d’une diminution du
transfert d’oxygène dans le bassin. L’impact d’une vitesse horizontale sur certains types de spiral-
flows est étudié. Les grands spiral-flows disparaissent totalement à partir d’une vitesse de 0,3 m.s-1.
Ces simulations sont menées pour différentes géométries de bassins.
Les résultats trouvés concordent avec l’expérimentation et les modélisations déjà menées dans ce
domaine.

Mots-clés : réacteur biologique, chenal d’oxydation, simulation, hydrodynamique, vitesse horizontale


de circulation, rétention gazeuse, transfert d’oxygène, aération, agitation, spirals-flow

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 3


Stage de DEA Travail de fin d’étude

ABSTRACT

Flow simulation of oxidation ditches by Computational Fluid Dynamics

Oxidation ditches are the most important equipments in an activated sludge system. Wastewater
treatment quality, sludge treatment and energy costs are strongly linked with their behaviour. A good
understanding of their hydrodynamic is therefore usefull to optimise their design and then the sewage
treatment.
This study deals with the use of the CFD software FLUENT® for flows predictions in aeration tanks.
This sofware relies on the finite volume method to solve the Navier-Stockes equation for turbulent
flows. The final aim is to provide some technical information to improve aeration tank processing.
Firstly, in order to validate the model, experimental data of water velocity are compared with
simulated results in the case where there is no aeration. Considering the model precision, there is a
good agreement between experimental and simulated velocities.
Then, simulations are carried out to study the effect of several mixing system configurations on the
mean circulation velocity, without aeration. By this way, we can optimise the mixing system
configuration, in order to improve this velocity.
Finally, the eulerian-eulerian multiphase (water +air bubbles) model predicts quite well the spiral-
flows phenomenon, which is responsible for the gas hold-up and the oxygen transfer decrease. Large
spiral-flow between air diffusers are totally removed for velocities of about 0.3 m.s-1.The influence of
aeration on the mean circulation velocity is also studied. All these simulations are carried out for
several tank configurations.
This work is in agreement with earlier CFD predictions, and experimental studies.

Key-words : biological reactor, oxidation ditches, simulation, hydrodynamics, CFD, mean circulation
velocity, gas hold-up, oxygen transfer, aeration, mixing, spiral-flow

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 4


Stage de DEA Travail de fin d’étude

SOMMAIRE
LISTE DES SYMBOLES..................................................................................................................................... 8

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS..................................................................................................... 10

LISTE DES FIGURES ....................................................................................................................................... 11

LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................................................... 12

A INTRODUCTION...................................................................................................................................... 13
A - I PROBLÉMATIQUE .................................................................................................................................. 13
A - II OBJECTIFS ............................................................................................................................................ 13
A - III CADRE DE L’ÉTUDE .......................................................................................................................... 14
B BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................... 15
B - I THÉORIE SUR L’HYDRODYNAMIQUE ..................................................................................................... 15
B.I.1 Equations de l’hydrodynamique en monophasique......................................................................... 15
B.I.1.1 Etablissement des équations de Navier-Stockes ..................................................................................... 15
B.I.1.1.1 Equation de continuité ou équation locale de conservation de la masse ............................................ 15
B.I.1.1.2 Equation de la quantité de mouvement .............................................................................................. 15
B.I.1.1.3 Expression du tenseur des contraintes ............................................................................................... 16
B.I.1.1.4 Equations de Navier-Stockes ............................................................................................................. 16
B.I.1.1.5 Cas d’un fluide incompressible soumis à son poids........................................................................... 16
B.I.1.2 Equations en régime turbulent ................................................................................................................ 16
B.I.1.2.1 Nombre de Reynolds ......................................................................................................................... 16
B.I.1.2.2 Notions de turbulence ........................................................................................................................ 17
B.I.1.2.3 Equations pour l’écoulement turbulent d’un fluide incompressible................................................... 17
B.I.2 Equations de l’hydrodynamique en diphasique .............................................................................. 19
B.I.2.1 Forces s’exerçant sur une bulle d’air isolée............................................................................................ 19
B.I.2.2 Fraction volumique................................................................................................................................. 19
B.I.2.3 Equations de continuité pour la phase q ................................................................................................. 20
B.I.2.4 Equation de la conservation du moment................................................................................................. 20
B.I.2.5 Equations en régime turbulent ................................................................................................................ 20
B.I.3 Conclusion ...................................................................................................................................... 20
B - II THÉORIE SUR LE TRANSFERT D’OXYGÈNE ............................................................................................ 21
B.II.1 Transfert de matière d’un gaz vers un liquide................................................................................. 21
B.II.1.1 Origine du terme KLa.............................................................................................................................. 21
B.II.1.2 Expression de KL .................................................................................................................................... 22
B.II.1.3 Expression de « a »................................................................................................................................. 22
B.II.1.3.1 Diamètre des bulles ........................................................................................................................... 22
B.II.1.3.2 Rétention gazeuse.............................................................................................................................. 23
B.II.1.4 Détermination du KLa............................................................................................................................. 23
B.II.2 Facteurs influençant le coefficient KLa ........................................................................................... 25
B.II.2.1 Influence sur l’aire interfaciale spécifique.............................................................................................. 25
B.II.2.2 Influence sur le KL .................................................................................................................................. 25
B.II.2.3 Correction du KLa en fonction de la température ................................................................................... 25
B.II.3 Conclusion ...................................................................................................................................... 26
B - III ETAT DES CONNAISSANCES ACTUELLES ........................................................................................... 26
B.III.1 Le brassage................................................................................................................................. 26
B.III.1.1 L’agitation mécanique ............................................................................................................................ 26
B.III.1.1.1 Grandeurs caractéristiques de l’agitation mécanique ....................................................................... 26
B.III.1.1.2 Aspects énergétiques........................................................................................................................ 27
B.III.1.2 Exemple de dysfonctionnement du brassage .......................................................................................... 28
B.III.1.2.1 Bassins « faux chenaux »................................................................................................................. 28
B.III.1.2.2 Mauvais positionnement des aérateurs par rapport aux mobiles d’agitation .................................... 29
B.III.1.3 Les réponses apportées ........................................................................................................................... 29
B.III.1.3.1 Concernant le calcul des vitesses de brassage.................................................................................. 29
B.III.1.3.2 Concernant les agitateurs ................................................................................................................. 30

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 5


Stage de DEA Travail de fin d’étude

B.III.1.3.3 Concernant les bassins ..................................................................................................................... 30


B.III.1.4 Conclusion.............................................................................................................................................. 31
B.III.2 L’aération ................................................................................................................................... 31
B.III.2.1 Mesure de la performance de l’aération en conditions standards ........................................................... 31
B.III.2.2 Facteurs d’influence de l’oxygénation.................................................................................................... 32
B.III.2.3 Influence de la conception du couple agitation-aération......................................................................... 33
B.III.2.3.1 Le débit d’air par diffuseur .............................................................................................................. 33
B.III.2.3.2 La configuration du dispositif d’aération ......................................................................................... 33
B.III.2.3.3 Influence de la vitesse horizontale ................................................................................................... 34
B.III.2.3.4 Influence couplée du débit d’air et de la vitesse horizontale............................................................ 36
B.III.2.3.5 Influence de la vitesse au fond sur le transfert d’O2 ......................................................................... 36
B.III.2.3.6 Influence de la hauteur d’eau ........................................................................................................... 36
B.III.2.4 Conclusion.............................................................................................................................................. 36
B - IV CONCLUSION SUR L’ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE ................................................................................ 37
C SIMULATION 3D DES BASSINS D’AÉRATION-MATERIEL ET METHODE .............................. 38
C - I ETUDE EN MONOPHASIQUE ................................................................................................................... 38
C.I.1 Présentation du code de calcul ....................................................................................................... 38
C.I.1.1 Architecture du logiciel .......................................................................................................................... 38
C.I.1.2 Modèle de turbulence utilisé................................................................................................................... 38
C.I.1.2.1 Principe de la modélisation k-ε.......................................................................................................... 39
C.I.1.2.2 Domaine de validité et pertinence du modèle K-ε.............................................................................. 39
C.I.1.3 Etapes de calcul ...................................................................................................................................... 40
C.I.1.3.1 Intégration des équations de transport ............................................................................................... 40
C.I.1.3.2 Discrétisation spatiale........................................................................................................................ 40
C.I.1.3.3 Couplage pression vitesse.................................................................................................................. 41
C.I.1.3.4 Convergence ...................................................................................................................................... 42
C.I.2 Choix des conditions aux limites ..................................................................................................... 42
C.I.2.1 Cas des parois......................................................................................................................................... 42
C.I.2.1.1 Condition sur la paroi ........................................................................................................................ 43
C.I.2.1.2 Condition sur la sous couche visqueuse (laminaire) et la couche intermédiaire ................................ 43
C.I.2.1.3 Prise en compte de la rugosité ........................................................................................................... 44
C.I.2.2 La surface libre....................................................................................................................................... 44
C.I.2.3 Conditions limites autour de l’agitateur.................................................................................................. 44
C.I.3 Données et méthode utilisée pour la validation du modèle............................................................. 45
C.I.3.1 Présentation de la station de Mommenheim ........................................................................................... 46
C.I.3.1.1 Le bassin d’aération........................................................................................................................... 46
C.I.3.1.2 L’agitation ......................................................................................................................................... 47
C.I.3.2 Présentation des données recueillies....................................................................................................... 47
C.I.3.3 Représentation et maillage du bassin d’aération..................................................................................... 48
C.I.3.3.1 Géométrie .......................................................................................................................................... 48
C.I.3.3.2 Le maillage ........................................................................................................................................ 49
C.I.3.4 Conditions aux limites utilisees .............................................................................................................. 50
C.I.3.5 Convergence des calculs......................................................................................................................... 50
C - II ETUDE EN DIPHASIQUE ......................................................................................................................... 51
C.II.1 Le modèle Fluent en diphasique..................................................................................................... 51
C.II.2 Choix des conditions limites............................................................................................................ 51
C.II.2.1 La surface libre....................................................................................................................................... 51
C.II.2.2 Les diffuseurs ......................................................................................................................................... 51
C.II.3 Modélisation du bassin d’aération en diphasique........................................................................... 52
C.II.3.1 Dispositif d’aeration existant.................................................................................................................. 52
C.II.3.2 Représentation et maillage...................................................................................................................... 52
C.II.3.2.1 Géométrie .......................................................................................................................................... 52
C.II.3.2.2 Le maillage........................................................................................................................................ 53
C.II.3.2.3 La convergence ................................................................................................................................. 53
C - III CONCLUSION.................................................................................................................................... 54
D PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ..................................................................................................... 55
D - I ETUDE EN MONOPHASIQUE ................................................................................................................... 55
D.I.1 Validation du modèle ...................................................................................................................... 55
D.I.1.1 Vitesses dans le plan de mesure............................................................................................................. 55
D.I.1.2 Autres résultats obtenus.......................................................................................................................... 57
D.I.1.2.1 Vitesses dans le plan de l’agitateur.................................................................................................... 57
Pressions hydrostatiques relatives et dynamiques dans le plan horizontal ............................................................ 57
D.I.1.2.3 Profil d’énergie cinétique turbulente dans le plan horizontal............................................................. 58

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 6


Stage de DEA Travail de fin d’étude

D.I.1.3 Conclusion sur la validation du modèle.................................................................................................. 58


D.I.2 Influence de la conception du bassin d’aération sur la qualité du brassage .................................. 59
D.I.2.1 Inclinaison horizontale des hélices ......................................................................................................... 59
D.I.2.2 Hauteur d’eau dans le bassin .................................................................................................................. 60
D.I.2.3 Inclinaison verticale des hélices ............................................................................................................. 60
D.I.2.4 Influence d’une nouvelle géométrie du bassin d’aération....................................................................... 61
D.I.2.5 Conclusion des simulations en monophasique ....................................................................................... 63
D - II ETUDE EN DIPHASIQUE ......................................................................................................................... 63
D.II.1 Couplage aération-vitesse de l’eau................................................................................................. 63
D.II.1.1 Influence de l’aération sur les vitesses de circulation............................................................................. 63
D.II.1.2 Influence de la vitesse de circulation sur les spiral-flows....................................................................... 64
D.II.1.3 Influence de la vitesse horizontale sur les panaches gazeux................................................................... 67
D.II.1.4 Influence de la vitesse sur le transfert d’o2 ............................................................................................. 68
D.II.2 Influence de la conception du couple agitation/aération ................................................................ 69
D.II.2.1 Positionnement de l’aération par rapport à l’agitation............................................................................ 69
D.II.2.2 Modification de la géométrie du bassin d’aération................................................................................. 69
D.II.3 Conclusion des simulations en diphasique...................................................................................... 70
E CONCLUSION ET PERSPECTIVES ..................................................................................................... 71
E-I CONCLUSION ........................................................................................................................................ 71
E - II PERSPECTIVES ...................................................................................................................................... 72
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES.......................................................................................................... 73

LISTE DES ANNEXES ...................................................................................................................................... 76

ANNEXES………………………………………………………………………………………………………..77

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 7


Stage de DEA Travail de fin d’étude

Liste des symboles


• Lettres latines

Symbole Signification Dimension


a Aire interfaciale spécifique L-1
A Surface de l’interface liquide/gaz L2
C Concentration molaire d’oxygène locale Mol.L-3
Ci Concentration molaire d’oxygène à l’interface Mol.L-3
Cs Concentration molaire d’oxygène locale à saturation Mol.L-3
D Diffusivité du gaz L2.T-1
d Diamètre de l’hélice L
Dequ Diamètre équivalent d’un chenal L
db Diamètre équivalent d’une bulle L
dbs Diamètre de Sauter L
e Epaisseur du film liquide où existe la diffusion de gaz L
EZ Coefficient de dispersion longitudinal L2.T-1
f Forces de volume M.L.T-2
Fq Forces extérieures s’appliquant sur la phase q, par unité de masse L.T-2
FVM,q Force de masse ajoutée s’appliquant sur la phase q, par unité de masse L.T-2
g Accélération de la pesanteur L.T-2
G Poussée axiale de l’agitateur M.L.T-2
It Intensité turbulente (-)
k Energie cinétique turbulente L2.T-2
kg Coefficient de transfert coté gaz L2.T-2
kL Coefficient de transfert coté liquide L2.T-2
ks Coefficient de rugosité standard L
K Coefficient de transfert local L.T-1
K’ Coefficient de proportionnalité M.L-1
KL Coefficient de transfert global L.T-1
Ks Coefficient de rugosité de Strickler L1/3.T-1
KL.a Coefficient de transfert d’oxygène T-1
KL.aT Coefficient de transfert d’oxygène à la température T T-1
L Echelle de longueur caractéristique du milieu fluide L
m& pq Transfert de masse de la phase p à la phase q M.L-3.T-1
N Vitesse de rotation T-1
NG Flux molaire par unité de surface Mol L-2.T-1
Ns Flux molaire spécifique Mol L-3.T-1
NP Nombre de puissance (-)
NQC Nombre de circulation (-)
Nqp Nombre de pompage (-)
p Pression locale du fluide M.L-1.T-2
p’ Pression fluctuante en régime turbulent M.L-1.T-2
P Pression locale moyenne du fluide en régime turbulent M.L-1.T-2
PB Puissance brute absorbée M.L2.T-3
Pe Nombre de Péclet (-)
PN Puissance nette absorbée M.L2.T-3
PS Puissance spécifique dissipée par l’agitation M.L-1.T-3
PW Puissance dissipée par l’agitation M.L2.T-3
QC Débit de circulation L3.T-1
QE Débit d’entraînement L3.T-1

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 8


Stage de DEA Travail de fin d’étude

Symbole Signification Dimension


QP Débit de pompage L3.T-1
Qair Débit d’air insufflé L3.T-1
Re Nombre de Reynolds (-)
Rpq Force d’interaction entre la phase p et la phase q, par unité de volume M.L-2.T-2
S Terme puits/source M.L-3.T-1
T Echelle de temps T
uτ Vitesse de frottement L.T-1
U Vitesse du fluide L.T-1
v Vitesse du fluide L.T-1
vq Vitesse de la phase q L.T-1
vi Composantes des vitesses en régime turbulent L.T-1
vi' Composantes de la partie fluctuante des vitesses en régime turbulent L.T-1
V Volume L3
VC Vitesse moyenne de circulation L.T-1
Vi Composantes de la vitesse moyenne en régime turbulent L.T-1
VL Volume total du liquide L3
Vg Volume total de gaz L3
Vq Volume total de la phase q L3
vpq Vitesse par unité de volume L-2.T-1
y Distance à la paroi L

• Lettres grecques

Symbole Signification Dimension


αq Fraction volumique de la phase q (-)
Λ Macro-échelle de turbulence L
∆C Variation de concentration molaire Mol L-3
ε Taux de dissipation d’énergie cinétique turbulente L2.T-3
εg Taux de rétention gazeuse (-)
ρ Masse volumique M.L-3
ρq Masse volumique de la phase q M.L-3
ρL Masse volumique du liquide M.L-3
ρq Masse volumique du gaz q M.L-3
τ Contraintes au sein du fluide M.L-1.T-2
τq Contraintes de la phase q M.L-1.T-2
τW Contrainte de paroi M.L-1.T-2
ν Viscosité cinématique L2.T-1
µ Viscosité dynamique M.L-1.T-1
νt Viscosité turbulente cinématique L2.T-1
µt Viscosité dynamique turbulente M.L-1.T-1
θ Facteur correctif en température du KLa (-)
Φ Grandeur physique (vitesse, pression…)
σ Tension superficielle M.T-2
δ ij Symbole de Kronecker (-)
Γ Diffusivité du gaz M.L-1.T-1

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 9


Stage de DEA Travail de fin d’étude

Liste des sigles et abréviations


AH : Apport Horaire

ASB : Apport Spécifique Brut

ASN : Apport Spécifique Net

IMF : Institut de mécanique des fluides

CEMAGREF : Centre d’Etudes du Machinisme Agricole du Génie Rural et des Eaux et Forêts

CFD : Computational Fluid Dynamics

CO : Capacité d’Oxygénation

CTGREF : Conseil Technique du Génie Rural des Eaux et Forêt

FNDAE : Fond National pour le Développement des Adductions d’Eau

MES : Matières En Suspension

RANS equations : Reynolds Averaged Navier-Stockes equations

RO : Rendement total d’Oxygénation

ROS :Rendement Spécifique d’Oxygénation

SHU : Systèmes Hydrauliques Urbains

SIMPLE : Semi-Implicit Method for Pressure Linked Equations

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 10


Stage de DEA Travail de fin d’étude

Liste des figures

Figure 1 : Courbe de réoxygénation en eau claire................................................................................. 24


Figure 2 : Vitesse horizontale de l’eau dans un « faux » chenal, sans aération..................................... 28
Figure 3 : Fonctionnement normal du couple agitation/aération........................................................... 29
Figure 4 : Dysfonctionnement du couple agitation/aération ................................................................. 29
Figure 5 :Petits et grands spiral-flows ................................................................................................... 34
Figure 6 : Influence de la vitesse horizontale sur le transfert d’O2....................................................... 34
Figure 7 : Contournement hydraulique des raquettes............................................................................ 35
Figure 8 : Schéma itératif de Fluent, avec l’algorithme SIMPLE ........................................................ 41
Figure 9 : Localisation de Mommenheim ............................................................................................. 46
Figure 10 : Bassin d’aération de Mommenheim ................................................................................... 46
Figure 11 : Agitateurs Flygt .................................................................................................................. 47
Figure 12 : Mesures de vitesse et courbes iso-vitesse ........................................................................... 48
Figure 13 : Représentation du bassin de Mommenheim ....................................................................... 49
Figures 14 : Représentation du maillage (22 510 mailles) .................................................................... 49
Figure 15 : Courbe des résidus .............................................................................................................. 50
Figure 16 : Diffuseurs à l’arrêt et en activité......................................................................................... 52
Figure 17 : Représentation du bassin de Mommenheim en (diphasique).............................................. 53
Figure 18 : Représentation du maillage (97551 mailles)....................................................................... 53
Figure 20 : Comparaison des vitesses mesurées (à gauche) et calculées (à droite)............................... 55
Figure 21 : Contour des vitesses dans le plan des agitateurs y=1.7 m .................................................. 57
Figure 22 : Contour des pressions hydrostatique (gauche) et dynamique (droite) ................................ 57
Figure 23 : Contour d’énergie cinétique turbulente ............................................................................. 58
Figure 24 : Débit et vitesse de circulation en fonction de la hauteur d’eau .......................................... 60
Figure 25 : Boucles de circulations dans un plan perpendiculaire à l’écoulement................................ 64
Figure 26 : Boucles de circulations dans un plan parallèle aux parois.................................................. 65
Figure 27 : vecteurs vitesse sans agitation ............................................................................................ 66
Figure 28 : vecteurs vitesse, Vc=0,1 m.s-1............................................................................................. 66
Figure 29 : vecteurs vitesse, Vc=0,25 m.s-1........................................................................................... 66
Figure 30 : vecteurs vitesse, Vc=0,35 m.s-1........................................................................................... 66
Figure 31 : Panaches gazeux sans agitation ......................................................................................... 66
Figure 32 : Panaches gazeux avec agitation .......................................................................................... 67
Figure 33 : Panache de bulles Vc=0 m.s-1 ............................................................................................. 67
Figure 34 : Panache de bulles Vc=0,10 m.s-1 ........................................................................................ 67
Figure 35 : Panache de bulles Vc=0,25 m.s-1 ........................................................................................ 67
Figure 36 : Panache de bulles Vc=0,35 m.s-1 ........................................................................................ 67
Figure 37 : Influence de la vitesse horizontale de circulation sur la rétention gazeuse......................... 68

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 11


Stage de DEA Travail de fin d’étude

Liste des tableaux


Tableau 1 : Influence de l’aération sur la vitesse horizontale ............................................................... 30
Tableau 2 : Facteurs influençant l’oxygénation .................................................................................... 32
Tableau 3 : Constantes utilisées par Fluent pour le modèle k-ε. ........................................................... 40
Tableau 4 : Dimensions du bassins d’aération ...................................................................................... 46
Tableau 5 : Caractéristiques des mobiles d’agitation ............................................................................ 47
Tableau 6 : Résultats bruts du CEMAGREF-vitessses en cm.s-1 .......................................................... 47
Tableau 8 : Ecart relatif entre vitesses calculées et vitesses mesurées .................................................. 56
Tableau 9 : Influence de l’orientation horizontale des hélices sur le débit de circulation..................... 59
Tableau 10 : Influence de l’orientation verticale des hélices sur le débit de circulation....................... 60
Tableau 11 : Géométrie des bassins étudiés et conditions limites utilisées........................................... 61
Tableau 12 : Influence de la géométrie des réacteurs sur les débits et vitesses de circulation.............. 62
Tableau 13 : Influence de l’aération sur la vitesse et le débit de circulation......................................... 63
Tableau 14 : Conditions limites imposées sur les agitateurs et débits de circulation résultants............ 65

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 12


Stage de DEA Travail de fin d’études – Introduction

A INTRODUCTION

A-I PROBLEMATIQUE
Le procédé de traitement par boues activées consiste à favoriser le développement de micro-
organismes agglomérés sous forme de flocs maintenus en suspension (culture libre) dans un bassin,
ou réacteur biologique alimenté en eaux usées à traiter.

Ce bassin d’aération est l’élément clef d’une station de traitement des eaux en boues activées. Au
sein de cet ouvrage doivent être assurés la couverture des besoins en oxygène liés à la dégradation
bactérienne aérobie et la maîtrise de la nitrification et de la dénitrification. Ce poste représente, dans
une installation normalement chargée, 60 à 80 % de la dépense énergétique totale de fonctionnement,
cette dernière étant usuellement considérée comme constituant le tiers du coût total de fonctionnement.

Les performances biologiques des réacteurs à cultures libres (boues activées) sont intimement liées
aux conditions d'échange entre le substrat, la biomasse active et l'oxygène fourni au milieu. Une
conception rigoureuse du bassin d’aération, au travers des installations de brassage et d’aération
notamment, est donc primordiale.

Un brassage de bonne qualité permet d’homogénéiser la boue dans le réacteur, d’éviter les dépôts et
donc de limiter le risque de développement d’organismes filamenteux. Ces derniers influeraient de
façon négative sur la qualité de l’effluent traité (problèmes de décantation dans le clarificateur) ainsi
que sur la qualité mécanique des boues biologiques. Il assure également un mélange efficace des
différents fluides (effluent à traiter, boues recirculées, liqueur mixte). Enfin, il contribue au micro-
mélange de la boue et donc à la mise en contact de la biomasse active avec le substrat, les divers
nutriments et l'oxygène dissous introduit. Il permet éventuellement la remise en suspension rapide de
la boue décantée après arrêt du système d’agitation.
L’aération doit permettre la fourniture en oxygène aux micro-organismes vivant en milieu aérobie,
qui pourront alors dégrader la matière organique (pollution carbonée) contenue dans les eaux usées.

Ces opérations de brassage et d’aération doivent être réalisées au moindre coût énergétique. En ce
sens, la connaissance de l’hydrodynamique des bassins d’aération, et en particulier de son influence
sur l’efficacité d’oxygénation est un moyen pour répondre à cet impératif économique.

A - II OBJECTIFS
L’objectif de l’étude, à long terme, est de définir des règles de construction concrètes pour les
bassins d’aération. Ces dispositions constructives pourront concerner le positionnement des modules
d’agitation, la forme des réacteurs, l’implantation des diffuseurs d’air ou la gestion des entrées et des
sorties des différents fluides présents. Les règles édictées iront dans le sens d’un meilleur
fonctionnement en terme de qualité de traitement, et d’un meilleur rendement énergétique de la
station.
L’étude de l’hydrodynamique des réacteurs en eau claire et en présence de l’aération est un
préalable indispensable pour la réalisation de cet objectif. Il s’agit précisément du but de ce stage.
L’étude présentée dans ce mémoire permettra de dégager les premières informations sur l’impact du
positionnement des agitateurs, des diffuseurs d’air, ainsi que sur l’influence de la géométrie des
réacteurs.

Nous nous appuierons sur des méthodes numériques. Des simulations seront réalisées à partir de
FLUENT®, modèle numérique tridimensionnel commercial en volumes finis utilisant les équations de
Navier-Stockes

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 13


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Introduction

L’objectif de notre étude est donc triple :

• Nous simulerons la vitesse de circulation en monophasique dans un réacteur de type chenal


annulaire. Cette simulation sera comparée à des mesures sur site réel, afin de valider le modèle
numérique.
• Ensuite, en monophasique, nous ferons varier certains paramètres du bassin d’aération
(positionnement des agitateurs, des diffuseurs, forme du réacteur, hauteur d’eau) pour dégager les
premières information liées à la conception de ces ouvrages .
• Nous étudierons enfin l’impact de la vitesse de circulation dans le réacteur sur le transfert
d’oxygène dans le milieu.

Ce mémoire est articulé comme suit :


• Dans un premier temps, nous ferons le point sur les équations qui régissent l'hydrodynamique des
systèmes monophasiques et diphasiques dans des réacteurs dits parfaitement mélangés. Nous
évoquerons également la théorie du transfert d’oxygène. Nous présenterons des conclusions
d’études apportant des informations sur les écoulements monophasiques et diphasiques dans les
réacteurs biologiques.
• En second lieu, nous développerons la méthodologie retenue pour les simulation (présentation du
code de calcul, modèle de turbulence utilisé, validation du modèle et site expérimental retenu).
• La dernière partie sera consacrée à la présentation des résultats obtenus en milieu monophasique et
diphasique et à la définition de quelques prescriptions techniques pour la conception des réacteurs
biologiques.

A - III CADRE DE L’ETUDE


Notre étude s’intéresse uniquement au cas de bassins équipés de diffuseurs « fines bulles » destinés à
la fourniture en oxygène et de mobiles à axe horizontal assurant l’agitation du milieu. L’utilisation
des brosses de surfaces ou turbines, qui assurent simultanément la fonction de brassage et d’aération,
n’est pas envisagée.
Au vu de l’expérience actuelle et des diverses études réalisées [Fauquet T., 1988], les fonctions
d’aération et de brassage ont en effet tout lieu d’être dissociées. La mise en place d’un dispositif de
brassage indépendant des équipements d’aération permet d’assurer un meilleur transfert de l’oxygène
en tout point du réacteur et d’améliorer l’activité biologique grâce à un meilleur contact entre la
pollution et la biomasse active floculée. Cette configuration assure une meilleure homogénéité et
minimise également la présence de dépôts. Enfin, les temps d’aération sont limités aux besoins stricts
de la pollution à dégrader, et ceci indépendamment des contraintes de brassage associées à la
concentration de la biomasse dans le réacteur.
Les diffuseurs « fines bulles », membranes souples en EPDM, sont actuellement le moyen d’aération
le plus efficace. Ce système, dont la technologie est maîtrisée, est donc le plus utilisé dans nos
contrées, pour les stations neuves.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 14


Stage de DEA Travail de fin d’études – Bibliographie

B BIBLIOGRAPHIE

B-I THEORIE SUR L’HYDRODYNAMIQUE

B.I.1 EQUATIONS DE L’HYDRODYNAMIQUE EN MONOPHASIQUE

B.I.1.1 ETABLISSEMENT DES EQUATIONS DE NAVIER-STOCKES


Ces équations s’obtiennent à partir de l’équation de continuité, de l’équation de la quantité de
mouvement et de la définition du tenseur des contraintes. Il est uniquement question dans ce chapitre
de rappeler les équations qui régissent l’hydrodynamique des systèmes, sans chercher à les démontrer.
B.I.1.1.1 Equation de continuité ou équation locale de conservation de la masse
Au sein d’un volume élémentaire autours d’un point M, pendant un laps de temps donné, la variation
de la masse est égale au flux de matière entrant dans ce volume moins le flux sortant, additionné de la
matière créée ou détruite dans ce volume (terme puits/source S (kg.m-3.s-1)).
L’équation de continuité s’écrit :
∂ρ r
+ div( ρv ) = S (1)
∂t
r
avec ρ masse volumique du fluide (kg.m-3) et v sa vitesse (m.s-1)
B.I.1.1.2 Equation de la quantité de mouvement
Au sein d’un volume élémentaire autour d’un point M, pendant un laps de temps donné, la variation de
la quantité de mouvement est égale au flux de quantité de mouvement entrant dans ce volume moins le
flux sortant, additionné de la somme des forces agissant sur ce volume. Ces forces sont les forces dues
r
à la pression p (Pa), de viscosité, et les forces de volume f telles que le poids.

L’équation de quantité de mouvement s’écrit :


r rr r
∂ ( ρv ) rr r
+ div( ρv v ) = − grad p + div τ + f (2)
∂t
rr
- τ est le tenseur des contraintes ( en Pa) dû à la viscosité du liquide.
rr rr
- ρv v représente le tenseur de quantité de mouvement, et donc div( ρv v ) est le bilan flux
entrant/sortant de quantité de mouvement pour le volume élémentaire.

Cette équation peut également s’écrire (en l’absence de terme source dans l’équation de continuité) :
r rr r
Dv r
ρ = − grad p + div τ + f (3)
Dt
D
où est la dérivée particulaire associée à la description eulérienne du mouvement.
Dt

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 15


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

B.I.1.1.3 Expression du tenseur des contraintes


Il a été montré que le tenseur des contraintes dû à la viscosité du liquide s’écrit :
rr rr r rr r 2 r rr
τ = µ ( grad v + t grad v ) − div v I d (4)
3
r
- Id (-) est le tenseur unité et µ ( Pa.s) est la viscosité dynamique du liquide
B.I.1.1.4 Equations de Navier-Stockes
En intégrant l’expression du tenseur des contraintes dû à la viscosité du fluide, nous obtenons les
équations de Navier-Stockes ((3)+(4)) qui s’écrivent alors :
r
Dv rr rr r t rr r 2 r rr r
ρ = − grad p + div( µ ( grad v + grad v ) − div(v ) I d ) + f (5)
Dt 3

B.I.1.1.5 Cas d’un fluide incompressible soumis à son poids


Nous nous intéressons à l’eau, fluide incompressible ( ρ constant) soumis à une unique force de
volume qui est son poids, au sein duquel il n’y a ni destruction, ni création de matière.
L’équation de continuité (1) se réduit donc à :
r
div(v ) = 0 (6)
r s s
En considérant µ constant, et avec f = ρg , g étant l’accélération de pesanteur (m.s-2), l’équation de
Navier-Stockes (5) devient
r r
Dv ∂v rr r r r
ρ =ρ + ρ div(v v ) = − grad p + ρg + µ ∆v (7)
Dt ∂t

B.I.1.2 EQUATIONS EN REGIME TURBULENT

B.I.1.2.1 Nombre de Reynolds


Ce nombre adimensionnel exprime le rapport entre les forces de viscosité et les forces d’inertie. Sa
valeur permet de caractériser l’écoulement, qui est alors soit laminaire, soit turbulent.
Il s’exprime comme suit :
ρUL
Re = (8)
µ

L (m) est une échelle de longueur caractéristique de la géométrie du milieu. U (m.s-1) est la vitesse du
fluide

Pour les bassins d’aération de type chenal circulaire, nous pouvons assimiler L au diamètre équivalent
Dequ (m) du chenal :

S urface
Dequ=2* (9)
Π
Son ordre de grandeur est de10 m.
U étant de l’ordre de 0,1 à 1 ms-1, la valeur de Re pour un écoulement d’eau dans un chenal d’aération
10 3 *10 −1 *10
peut être estimé à Re ≈ −3
≈ 10 6 . Cette forte valeur de Re montre que le régime
10
d’écoulement dans le bassin d’agitation est turbulent.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 16


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Il est donc nécessaire de réécrire les équations de Navier-Stockes pour un écoulement turbulent.
Rappelons tout d’abord les notions de turbulence.
B.I.1.2.2 Notions de turbulence

B.I.1.2.2.1 Définition
La définition de la turbulence est proposée par Hinze : « Le mouvement turbulent d’un fluide
représente une condition irrégulière de l’écoulement, dans lequel les diverses grandeurs présentent
des variations aléatoires dans l’espace et dans le temps, de telles sorte que des valeurs moyennes
statistiquement distinctes puissent être évaluées ». Cette définition s’applique pour un écoulement
turbulent pleinement développé.
r
Les composantes vi du vecteur vitesse v peuvent donc s’écrire vi = Vi + vi' où vi' représente la
partie fluctuante de la vitesse et Vi la vitesse moyenne indépendante du temps.
1 T
T ∫0
Vi = 1 T '
T ∫0
Par définition vi dt et vi' = vi dt =0.
Le terme T représente un laps de temps suffisamment long pour que les valeurs moyennes soient
indépendantes du temps.

Pour la pression p, nous avons une définition analogue : p = P + p ' avec P pression moyennée dans
le temps et p’ pression fluctuante.

On peut définir l’intensité turbulente It (-) par la relation suivante [Graff W. H., 1995]:
3 2
1
3
∑v
i =1
'
i

It = r ( 10)
v

B.I.1.2.2.2 Aspects énergétiques


Un écoulement turbulent contient un grand nombre de tourbillons dont les dimensions couvrent un
large spectre allant des grosses structures ordonnées et cohérentes à de petites structures aux propriétés
statistiquement isotropes. La taille et l’orientation des grosses structures sont fixées par l’écoulement
moyen. Ces gros tourbillons donnent naissance à de plus petits tourbillons qui produisent à leur tour
des tourbillons encore plus petits. A chaque étape, l’axe de rotation des tourbillons est de moins en
moins lié à l’écoulement. La répartition de l’axe de rotation pour les tourbillons les plus petits est donc
isotrope.
Au niveau énergétique, il est montré [Chatellier P., 1991] que l’énergie de turbulence est produite au
niveau des gros tourbillons et dissipée dans les petits tourbillons (échelle pour laquelle les forces
visqueuses deviennent actives et dissipent l’énergie). Un transfert d’énergie des grosses vers les petites
structures s’opère donc. Ce phénomène est appelé « cascade d’énergie ».

On définit donc l’énergie cinétique turbulente k (J.kg-1)qui s’écrit


1
k= (v ' i v ' i ) (11)
2
On introduit également le terme ε (J.kg-1.s-1) qui représente le taux de dissipation d’énergie cinétique
turbulente intervenant dans les petits tourbillons.
B.I.1.2.3 Equations pour l’écoulement turbulent d’un fluide incompressible
En régime turbulent, il est pratiquement impossible de résoudre les équations de Navier-Stockes
lorsque les inconnues sont le champ instantané de vitesse et de pression. Cela conduirait en effet à des

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 17


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

temps de calcul trop longs. Une solution consiste à réécrire ces équations en considérant le champ
moyen de vitesse et de pression. Il faut donc pour cela réécrire les équations de Navier-Stockes, puis
les moyenner sur une petite échelle de temps. Par des transformations appropriées, on obtient les
équations de Navier-Stockes pour les champs moyens de vitesse et de pression.

Réécrivons dans un premier temps les équations instantanées de continuité et de Navier-Stockes en


utilisant la convention d’Einstein dans le cas d’un fluide incompressible, sans terme source.

• Equation de continuité :

∂ (v i )
=0 (12)
∂xi

♦ Equation de Navier-Stockes : (à partir de (5))

Dvi ∂v ∂ (v i v j ) ∂p ∂ 2 vi
ρ =ρ i +ρ =− + ρg i + µ (13)
Dt ∂t ∂x j ∂xi ∂x j ∂x j
Lorsque l’on réécrit ces équations en faisant intervenir les champs moyens de vitesse Vi et de pression
P, nous obtenons :
♦ Equation de continuité :
∂ (Vi )
=0 (14)
∂xi
♦ Equation de Navier-Stockes
∂ (ViV j ) ∂Vi
En remarquant que pour un fluide incompressible = Vj , il vient :
∂x j ∂x j

DVi ∂Vi ∂Vi ∂P ∂ 2Vi ∂ (v i v j ) ' '

ρ =ρ + ρ Vj =− + ρg i + µ −ρ (15)
Dt ∂t ∂x j ∂xi ∂x j ∂x j ∂x j

Ces deux nouvelles équations (« Reynolds-averaged » Navier-Stockes (RANS) equations) ont la


même forme générale que les équations de continuité et de Navier-Stockes en régime instantané, mais
dans la nouvelle équation de Navier-Stockes moyennée, il apparaît une nouvelle inconnue. Ce terme
vi' v 'j est appelé tenseur de Reynolds.
La résolution des équations ainsi obtenues impose donc la connaissance de cette nouvelle inconnue.
Nous utilisons l’approche Boussinesq (1877) qui propose de relier ce tenseur à la vitesse moyenne Vi,
et d’introduire la notion de viscosité turbulente ν t (m2.s-1) par la relation :

∂Vi ∂V j 2
− vi' v 'j = ν t ( + ) − kδ ij (16)
∂x j ∂xi 3

L’estimation du tenseur de Reynolds repose donc sur la détermination de la viscosité turbulente.


Plusieurs modèles de turbulence permettent d’évaluer cette grandeur physique, et donc de résoudre
les équations moyennées. Ces modèles reposent sur le constat qu’il faut introduire de nouvelles
équations, dites « de fermeture », pour pouvoir déterminer toutes les inconnues.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 18


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Nous expliquerons, dans la partie C, en justifiant notre choix, le modèle de turbulence retenu pour la
résolution des équations de Reynolds.

B.I.2 EQUATIONS DE L’HYDRODYNAMIQUE EN DIPHASIQUE


Notre milieu diphasique est constitué d’un milieu continu, l’eau, dans lequel se meuvent des bulles
d’air. Il existe une interaction forte entre l’eau et l’air. Les équations de conservation de la masse et de
la quantité de mouvement doivent donc prendre en compte ce couplage.
L’approche utilisée est une approche eulérienne-eulérienne. En tout point du domaine qui nous
intéresse, nous souhaitons connaître les champs de pression, de vitesse, de turbulence, ainsi que la
fraction volumique de chaque phase. Nous ne nous intéressons pas à suivre la trajectoire d’une
particule d’air (approche eulérienne-lagrangienne).
Pour pouvoir écrire les équations en diphasique, nous devons tout d’abord recenser les nouvelles
forces en jeu.

B.I.2.1 FORCES S’EXERÇANT SUR UNE BULLE D’AIR ISOLEE


• Son poids

• La poussée d’Archimède : Cette force, dirigée verticalement vers le haut, résulte de la non
uniformité du champ de pression hydrostatique autour de l’interface air/eau.

• La force de traînée
Si la bulle possède une vitesse différente de celle de l’eau, une force de traînée FD se créée, assimilable
à une résistance au déplacement. Elle résulte de la non uniformité du champ de contraintes de
frottement autour de l’interface et est donc l’intégration du frottement interfacial. Elle dépend du
coefficient de traînée CD qui lui-même dépend du nombre de Reynolds de l’écoulement. Plusieurs
définitions de ce coefficient existent, avec chacune leur domaine de validité.

• La force de portance
L’origine de cette force, due au gradient de vitesse de la phase continue, est la même que pour la force
de traînée. La non uniformité du champ de contraintes autour de l’interface induit une force résultante
avec une composante parallèle à l’écoulement (la traînée) et une composante perpendiculaire à
l’écoulement (la portance).

• La force de masse ajoutée


Elle naît du fait de l’accélération relative de la phase air par rapport à la phase eau. Pendant leur
accélération, les particules d’air peuvent être ralenties par l’inertie du fluide porteur et subir ainsi une
force dite de masse virtuelle. On dit que le conflit entre l’inertie de la masse de l’eau et l’accélération
des bulles exerce une masse virtuelle sur les bulles.

• La force de Basset (histoire)


Dans le cas d’un écoulement infini non stationnaire et à faible nombre de Reynolds, la force de traînée
subit une augmentation matérialisée par la force de Basset.

Dans notre cas, l’hydrodynamique du bassin d’aération est essentiellement contrôlée par le poids, la
poussée d’Archimède, la force de traînée et la force de masse ajoutée [Cockx A. 1997], [F.Mudde
R., Simonin O., 1999], [Simon S. 2000]. Dans ce qui suit, nous négligerons donc les autres forces.

B.I.2.2 FRACTION VOLUMIQUE


La description des écoulements multiphasiques fait appel à la notion de fraction volumique notée αp.
αp (-) représente l’espace occupé par chaque phase. α1 est la fraction volumique relative à l’eau et α2
la phase relative à l’air.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 19


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Les lois de conservation de la masse et de moment (quantité de mouvement) doivent être satisfaites
par chaque phase prise individuellement.
On a, avec Vq (m3) volume total de la phase q :
2
Vq = ∫ α q dV avec ∑α
q =1
q =1 (17)
V

B.I.2.3 EQUATIONS DE CONTINUITE POUR LA PHASE q

∂ (α q ρ q ) r 2
+ div(α q ρ q v q ) = ∑ m& pq (18)
∂t p =1

m& pq représente le transfert de masse (kg.m-3.s-1) de la pième phase à la qième phase.


& 12 = m& 21 et m& pp =0.
- On a m
- ρq est la masse volumique ( kg.m-3) de la phase q et vq sa vitesse (m.s-1).

B.I.2.4 EQUATION DE LA CONSERVATION DU MOMENT


L’équation d’équilibre de la quantité de mouvement pour la phase q, en ne prenant en compte que les
forces significatives, donne :
r
∂ (α q ρ q v q ) r r r rr 2 r r r r
+ div (α q ρ q v q v q ) = −α q .gra d p + div τ q + ∑ ( R pq + m& pq v pq ) + α q ρ q ( Fq + FVM ,q ) (19)
∂t p =1

avec
rr
- τ q : tenseur des contraintes (Pa) de la qième phase
r
- Fq : forces extérieures de volume (N.kg-1) (poids, poussée d’Archimède)
r
- FVM ,q : force de masse ajoutée (N.kg-1)
r r r
- R pq : force d’interaction (N.m-3) à l’interface obéissant aux propriétés suivantes : R12 = - R21 et. Elle
inclue la force de traînée.
r r r r r
& pq > 0 et v pq = v q si m& pq < 0
- v pq (m-2.s-1) est définie par v pq = v p si m

B.I.2.5 EQUATIONS EN REGIME TURBULENT


En milieu diphasique, dans le cas des bassins d’aération, le régime d’écoulement est également
turbulent. Il convient donc de réécrire les équations de conservation de la masse et de la quantité de
mouvement en tenant compte de la turbulence. Cela ne sera pas effectué dans ce mémoire. Nous
pouvons simplement signaler que l’approche utilisée est la même que celle développée en milieu
monophasique (cf. partie C).

B.I.3 CONCLUSION
Nous avons cerné les équations régissant les écoulement, d’abord en milieu monophasique, puis
diphasique. En monophasique, nous avons retrouvé les équations de Navier-Stockes à partir de
l’équation de continuité et de la quantité de mouvement. Le régime d’écoulement étant turbulent, nous
avons transformé ces équations en tenant compte de ce phénomène pour obtenir les équations de
Reynolds. Elles comportent un nouveau terme, le tenseur de Reynolds, et ne suffisent plus pour
déterminer toutes les inconnues. Il est donc nécessaire de modéliser ce tenseur en choisissant un
modèle de turbulence approprié. Cela permettra la « fermeture » du système d’équation, c’est à
dire l’obtention d’un nombre d’équations égal au nombre d’inconnues.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 20


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

En milieu diphasique, nous avons cerné les forces agissant sur une bulle d’air immergée en
mouvement dans l’eau, puis nous nous sommes contentés, par une approche eulérienne-eulérienne
de rappeler les équations de conservation de la masse et de la quantité de mouvement pour chaque
phase, qui tiennent compte de l’interaction eau/air.

B - II THEORIE SUR LE TRANSFERT D’OXYGENE

B.II.1 TRANSFERT DE MATIERE D’UN GAZ VERS UN LIQUIDE


L’efficacité du transfert de matière entre le gaz et le liquide dépend du terme KLa, appelé coefficient
de transfert.

B.II.1.1 ORIGINE DU TERME KLA


Dans un fluide, sitôt qu’existe une hétérogénéité de concentrations d’une matière donnée, on observe
une évolution spontanée vers l’uniformité de ces concentrations. L’homogénéisation s’effectue grâce à
la diffusion moléculaire, due au mouvement brownien des particules, et à la diffusion turbulente,
induite par l’existence de tourbillons à l’intérieur du fluide.

La Loi de Fick exprime ce phénomène :


r r
N G = − D ∇C (20)
r
avec - N G : flux molaire du composé, par unité de surface de diffusion (mol.s-1.m-2)
- D : diffusivité du gaz (m2.s-1)
- C : concentration locale (mol.m-3)

Dans le cas d’un transfert unidirectionnel, au travers d’un film d’épaisseur e ( m), au sein duquel est
concentré toute la variation de concentration ∆ C, le flux molaire devient :
D
NG = ∆C = K∆C (21)
e
D
avec K = : coefficient de transfert local (m.s-1).
e
Dans le cas du transfert de O2 entre une bulle d’air et l’eau, le film d’épaisseur « e » est à l’interface
eau/air. Le coefficient K est donc celui de l’interface. Il exprime la résistance au transfert de O2 de la
phase gazeuse à la phase liquide. Cette résistance s’exerce du côté du gaz (kG) et du côté du liquide
(kL). K est donc fonction de ces deux termes. Cependant, il est admis que la résistance coté gaz est
négligeable devant celle se produisant coté liquide. On peut donc dire que K=kL.

On a donc la relation :
NG=kL(Ci-C) (22)
où Ci et C représentent respectivement la concentration d’oxygène dissous à l’interface et la
concentration d’oxygène dissous dans l’eau (mol.m-3).
Il est difficile de mesurer la concentration de O2 à l’interface. On remplace donc le coefficient local kL
par un coefficient global KL qui exprime la résistance au transfert de l’oxygène de la phase gazeuse à
la phase liquide. La relation précédente devient donc NG=KL(Cs-C) où Cs (mol.m-3) est la
concentration d’O2 dissous dans l’eau à saturation.

On peut également exprimer la relation reliant le flux spécifique Ns, qui est égal au flux total N à
travers une interface d’aire A (m2) rapportée au volume de liquide aéré V (m3).

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 21


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

L’équation est :
A
NS = KL (C S − C ) = K L a (C S − C ) (23)
V
avec - Ns : flux molaire spécifique (mol.s-1.m-3)
- KL : coefficient de transfert global (m.s-1)
- a=A/V : aire interfaciale spécifique(m-1)
- Cs : Concentration à saturation en O2 dissous dans l’eau
KLa est le paramètre global usuellement utilisé dans le traitement de l’eau. Il est appelé coefficient de
transfert d’oxygène. Il inclut donc le coefficient de transfert global coté eau KL et l’aire interfaciale
spécifique « a ». Il s’exprime couramment, dans le domaine du traitement de l’eau, en h-1.

B.II.1.2 EXPRESSION DE KL
Dans la littérature, il existe de nombreux modèles théoriques pour évaluer KL. Les modèles du double
film (LEWIS et WHITMAN-1924), de la pénétration (HIGBIE, 1935), du renouvellement de
l’interface (DANCKWERT, 1951) sont les principales approches théoriques. L’analyse
dimensionnelle permet également d’évaluer le paramètre KL.

La plupart des auteurs associent au transfert d’oxygène dans l’eau le modèle du double film.
Ses hypothèses sont les suivantes :
- l’équilibre thermodynamique est réalisé à l’interface
- le gradient de concentration est linéaire et localisé dans le film liquide, où règne un
régime laminaire
- la diffusion moléculaire s’opère en régime stationnaire

L’expression de kL(=KL) est alors donnée par la relation :


D
KL = (24)
e

B.II.1.3 EXPRESSION DE « a »

B.II.1.3.1 Diamètre des bulles


L’aire interfaciale spécifique « a » dépend entre autre de la taille des bulles. Dans l’eau, elles ne sont
pas forcément sphériques. On suppose alors qu’elles forment un ellipsoïde de révolution de hauteur h
(m), de longueur l (m).
Le diamètre équivalent db (m) d’une bulle en forme d’ellipsoïde est alors défini par
1

d b = (h l )
2 3
(25)

Une relation [Gillot S., 2000] permet d’évaluer le diamètre des bulles en fonction du diamètre d0 (m)
de l’orifice des diffuseurs et de la tension superficielle σ (N.m-1) de l’eau. Elle s’écrit :
⎛ 6σd 0 ⎞
db = ⎜ ⎟ (26)
⎜ g(ρ − ρ ) ⎟
⎝ L g ⎠

ρL et ρg représentent respectivement la masse volumique ( kg.m-3) du liquide et du gaz.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 22


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Expérimentalement, la technique photographique permet d’évaluer le nombre de bulles dans un


mélange diphasique. On peut alors définir le diamètre moyen de Sauter dbs (mm) de la façon suivante :

∑n d
3
i bi
d bs = i
(27)
∑n d
2
i bi
i

avec - dbi : diamètre équivalent d’une bulle (mm)


- ni : nombre de bulles de diamètre dbi
B.II.1.3.2 Rétention gazeuse
La rétention gazeuse εg (-), proportion de gaz contenu dans l’émulsion gazeuse s’écrit :
Vg
εg = (28)
VL + V g

où Vg et VL (m3) représentent respectivement le volume de gaz et de liquide dans l’émulsion.

L’aire interfaciale spécifique « a » peut alors être calculée en fonction du diamètre de Sauter et de la
rétention gazeuse [Roustan M. et Line A., 1996]:
6ε g
a= (29)
d bs (1 − ε g )

B.II.1.4 DETERMINATION DU KLA


Quelques études, [Méziane A., 1988], [Rachid-Sally L., 1984], ont tenté de relier le coefficient KLa
aux caractéristiques des dispositifs d’aération et de brassage ( diamètre et type de mobile d’agitation,
débit d’air injecté, vitesse de rotation du mobile).
Plus récemment, ABUSAM A., [Abusam A., 2001], a proposé une méthode pour évaluer, en eau
claire, le paramètre k= KLa.VA, où VA représente le volume du bassin effectivement aéré. L’étude part
en effet sur l’hypothèse qu’un bassin d’aération n’est pas homogène en terme de concentration de O2,
et que seule une partie de celui-ci (VA) bénéficie des effets de l’aération. Dans ses travaux, ABUSAM
modélise le bassin d’aération comme étant une succession de réacteurs parfaitement mélangés, dont
certains sont aérés et d’autre non. A partir de ce modèle, il a pu calculer le coefficient k, puis déduire
l’apport horaire AH (kg d’O2/h) et le comparer avec des valeurs expérimentales. En eau claire, les
résultats de cette nouvelle approche se sont révélés satisfaisants et plus précis que les méthodes
précédemment employées.

Actuellement, le KLa se détermine encore le plus souvent de façon expérimentale. La méthode la plus
souvent utilisée et reconnue en France, Allemagne, Angleterre et Etats-Unis est celle de la
réoxygénation en eau claire.

Elle est décrite ci-dessous :

L’eau est d’abord privée d’oxygène par dissolution en excès de sulfite de sodium, en présence d’un
catalyseur (Cobalt), puis réoxygénée avec les équipements d’aération existants. La concentration en
oxygène vérifie l’équation suivante :
dC (t )
= K L a (Cs − C (t )) (30)
dt

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 23


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Elle évolue donc en fonction du temps depuis CO = 0 mg/l jusqu’à la concentration à saturation CS,
comme le montre la courbe ci-dessous :

9
Cs
8
7
mg d'O2/L 6
5
4
3
2
1 K La
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4
Temps en heures

Figure 1 : Courbe de réoxygénation en eau claire

En intégrant la relation précédente, nous obtenons


C(t) = Cs- (Cs-CO). e-KL*a*t (31) ou Ln(Cs-C) = KL*a*t + Ln (Cs-CO) (32)

En relevant les concentrations en fonction du temps, lors de l’essai de réoxygénation, puis en traçant la
courbe C=f(t) sur papier semi-log, nous obtenons, par ajustement une droite dont la valeur absolue de
la pente est KLa.

Pour pouvoir comparer différents dispositifs d’aération entre eux, il est nécessaire de réaliser les
mesures dans des conditions bien définies, dites « standards ».
Elles sont les suivantes : - eau propre
- concentration en O2 dissous nulle,
- température de 10° C (20°C aux USA)
- pression atmosphérique de 1013 mbar.

Avec cette méthode, il n’est pas possible d’évaluer séparément KL et a. Il serait intéressant de pouvoir
le faire afin d’imputer la variation du KLa à l’un des deux paramètres, selon les conditions régnant
dans le bassin. Cela contribuerait à une meilleure connaissance des phénomènes mis en jeu.

BOUMANSOUR B.E [ Boumansour B.E., Ounais F., Roche N., Vasel J.L , 1999] a essayé d’évaluer
le paramètre KL seul à l’aide d’un dispositif expérimental constitué d’un réacteur à membrane. Les
échanges d’oxygène se font à travers cette membrane (il n’y a pas de bulles). Le facteur « a » est donc
connu et la mesure de KLa peut alors fournir une mesure de KL.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 24


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

B.II.2 FACTEURS INFLUENÇANT LE COEFFICIENT KLA


Le transfert d’oxygène dépend de la capacité de transfert global de l’oxygène de la phase gazeuse vers
la phase liquide (terme KL) et de la surface spécifique (terme a) des bulles d’air dans le milieu
diphasique. Les facteurs physico-chimiques agissant sur l’un des deux paramètres influencent donc le
paramètre global de transfert d’oxygène.

B.II.2.1 INFLUENCE SUR L’AIRE INTERFACIALE SPECIFIQUE


Celle-ci, nous l’avons vu, dépend du diamètre des bulles d’air. La taille des bulles d’air à la sortie du
diffuseur est donc un paramètre essentiel.
Deux phénomènes, à effet antagoniste, peuvent par la suite affecter la géométrie des bulles : la
coalescence et le cisaillement.

La coalescence est le phénomène de fusion des bulles d’air, contribuant à l’augmentation du diamètre
des bulles, et, ainsi, à la diminution de l’aire interfaciale spécifique. La coalescence est d’autant plus
élevée que la concentration en bulles est forte, et que la viscosité dynamique du liquide est élevée. Elle
est d’autant plus faible que la concentration en électrolytes dans le milieu est élevée (diminution de la
tension superficielle).

Le cisaillement est la division d’une bulle de gaz en de multiples bulles plus petites. La conséquence
est une augmentation de l’aire interfaciale spécifique et pour corollaire une augmentation du terme
KLa. Le cisaillement est la conséquence de la déformation des bulles d’air. La force de tension
superficielle tend à garder la bulle sphérique, la contrainte de cisaillement due à la viscosité du liquide
augmente la résistance à la déformation, alors que les forces de cisaillement dues à la turbulence du
milieu tendent à la déformer. La déformation peut aller jusqu’à la rupture de la bulle, et ainsi donner
naissance à des éléments plus petits. Le cisaillement diminue donc lorsque la viscosité dynamique du
liquide augmente.

Par ailleurs, il a été montré que l’occurrence du phénomène de cisaillement est une fonction croissante
de la viscosité dynamique du gaz.

L’aire interfaciale dépend également de la forme des bulles. Pour un même volume de bulle, l’aire
d’échange eau/gaz peut être différente. La forme dépend essentiellement de la turbulence du milieu.

Enfin, nous voyons, à l’aide de la formule 29, que l’aire interfaciale spécifique « a » est une fonction
croissante de la rétention gazeuse εg.

B.II.2.2 INFLUENCE SUR LE KL


Le principal facteur influençant le KL est la présence de tensio-actifs dans les boues. Ceux-ci
entraînent une augmentation de la résistance au transfert coté liquide (kL) et donc une diminution du
facteur KLa. Comme nous nous intéressons principalement au transfert d’O2 en eau claire, nous
considérons que la variation de l’aire interfaciale spécifique est la seule responsable de la variation du
facteur global KLa.

B.II.2.3 CORRECTION DU KLA EN FONCTION DE LA TEMPERATURE


Une élévation de la température accélère les échanges gaz-liquide et cela se traduit par une
augmentation du coefficient de transfert suivant la relation :
K L aT ' = K L a T θ ( T ' − T ) (33)
avec : - KLaT : coefficient de transfert (s-1) à la température T =10°C
- KLaT’ : coefficient de transfert (s-1) à la température T’
- θ : facteur correctif de température (habituellement, θ=1,024)

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 25


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

B.II.3 CONCLUSION
En nous appuyant sur la théorie du transfert d’oxygène, nous avons rappelé l’origine du terme KLa,
paramètre clé pour la détermination de la capacité d’oxygénation d’un bassin d’aération. Nous avons
ensuite rappelé la méthode de mesure sur site la plus usitée de ce paramètre. Enfin, nous avons évalué
les facteurs physico-chimiques pouvant influer sur le KLa.

B - III ETAT DES CONNAISSANCES ACTUELLES

B.III.1 LE BRASSAGE

B.III.1.1 L’AGITATION MECANIQUE

B.III.1.1.1 Grandeurs caractéristiques de l’agitation mécanique

Un agitateur est caractérisé par plusieurs paramètres qui sont les suivants :

♦ La forme et le diamètre d (m) de l’hélice et sa vitesse de rotation N (tr/min)

♦ Le débit de pompage Qp (m3.s-1) défini par la relation


Q p = N qp * N * d 3 (34)

avec NQP : nombre de pompage


Le débit de pompage est le débit de liquide qui passe effectivement dans l’agitateur.

♦ La poussée axiale G (N) : Il s’agit de la force de réaction de l’agitateur sur le fluide.

♦ Son nombre de Reynolds Re (-) :

ρ * N *d2
Re = (35)
µ

Ce nombre est défini par analogie avec le nombre de Reynolds en conduites (équation 8).
Pour l’agitateur, la vitesse U est en effet égale à N.d et correspond à la vitesse en périphérie de
l’hélice. Re définit un régime d’écoulement laminaire (Re<10) ou turbulent (Re>104).

Nous pouvons également définir les grandeurs suivantes, non liées directement aux caractéristiques de
l’agitateur, mais à ceux du bassin d’aération. Elles sont les suivantes :

♦ Le débit de circulation Qc
L’agitateur en fonctionnement dans un chenal va induire un débit de circulation qui est la somme du
débit de pompage et du débit d’eau entraînée par le mobile d’agitation.
On a donc
QC = QE + QP avec QE : débit d’entraînement (m3.s-1)

Qc (m3.s-1) peut s’écrire ainsi :


QC = N QC * N * d 3 (36)

NQC (-) est le nombre de circulation. Il dépend fortement du rapport entre le diamètre de l’hélice et
celui du réacteur.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 26


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

♦ Le nombre de Péclet Pe

Un état de mélange dépendra


- des différentes vitesses le long des trajectoires de circulation
- des longueurs différentes de ces trajectoires
- des phénomènes de diffusion moléculaire et turbulente

Tous ces effets peuvent être caractérisés par un coefficient de dispersion longitudinal Ez (m2.s-1) et
donc par le nombre de Péclet Pe (-) :
Vc L
Pe = (37)
EZ
avec : - Vc : vitesse moyenne de circulation (m.s-1)
- L : longueur de la boucle (m)

Plus Pe est élevé, plus l’écoulement est piston. Cela est obtenu pour des hélices de diamètre important,
occupant une grande partie de la section d’écoulement [Simon S.,2000].
B.III.1.1.2 Aspects énergétiques

B.III.1.1.2.1 Puissance dissipée


Pw (W) est définie par la relation
Pw = N p * ρ * N 3 * d 5 (38)

NP (-) est le nombre de puissance représentant le coefficient de traînée de l’agitateur dans le liquide

B.III.1.1.2.2 Relation entre la puissance et la vitesse de circulation


L’agitateur doit assurer la mise en circulation horizontale de la masse d’eau dans le bassin d’aération.
Dans le cas d’un chenal, la vitesse de circulation Vc peut être mise en relation avec les caractéristiques
de l’agitateur et du chenal:

4 * N qp * d 2 * N
VC = (39)
π * Dequ
Dequ est le diamètre équivalent d’un chenal, défini par l’équation (9)

Cette vitesse Vc peut aussi être reliée à la puissance dissipée

Avec l’expression de P donnée ci-dessus, on arrive à :


Pw = K '*VC3 (40)

⎛π ⎞
3
⎛ N p ⎞⎛ Dequ
3

avec K ' = ρ⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎜ ⎟ (41)
⎝4⎠ ⎜ N 3 ⎟⎜ d ⎟
⎝ qp ⎠⎝ ⎠
La puissance dissipée est donc proportionnelle au cube de la vitesse moyenne de circulation

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 27


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

B.III.1.1.2.3 Relation entre la puissance spécifique, la vitesse et la géométrie du chenal


En posant Lm, la et H respectivement la longueur moyenne, la largeur et la hauteur liquide du chenal,
Pw
la puissance spécifique ( en W.m-3) s’écrit :
V
3 1 1
Pw ⎛π ⎞2 ⎛ N ⎞⎛ H ⎞ 2 ⎛ I a ⎞ 2 ⎛ VC3 ⎞
= ρ ⎜ ⎟ ⎜ 3P ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ (42)
⎝ 4 ⎠ ⎜⎝ N QP ⎟⎜ Lm ⎟ ⎜ Lm ⎟ ⎜ d ⎟
V ⎠⎝ ⎠ ⎝ ⎠ ⎝ ⎠
Cette puissance spécifique est donc fonction des caractéristiques du mobile d’agitation, de la
géométrie du bassin, et de ses rapports géométriques, de la vitesse de circulation, et est inversement
proportionnelle au diamètre du mobile d’agitation.

B.III.1.1.2.4 Critère d’efficacité d’un agitateur


L’efficacité du système de brassage créant la vitesse horizontale de courant a été étudiée sur la base
Vc2
d’un critère global d’efficacité proposé par DUCHENE P. et HEDUIT A. [Duchène P. et Héduit
PS
A., 1990]. Ps représente la puissance spécifique exprimée en W.m-3 de réacteur, et Vc est la vitesse
moyenne horizontale de circulation dans le réacteur. Plus ce rapport est important, plus le brassage est
performant.

B.III.1.2 EXEMPLE DE DYSFONCTIONNEMENT DU BRASSAGE


En présence d’une vitesse horizontale d’eau insuffisante, des volumes de dépôt non négligeables
peuvent se former en fond de bassin. La qualité du brassage n’est alors pas satisfaisante. Cela peut être
dû à un équipement de brassage pas assez puissant, ou à une configuration particulière de bassin,
pouvant créer des zones mortes avec des vitesses très faibles. Deux exemples de configurations de
bassin défavorables à l’agitation sont présentés ci-dessous. Ils sont tirés de l’étude du Fond National
de Développement et d’Adduction en Eau (FNDAE) [FNDAE 2002].
B.III.1.2.1 Bassins « faux chenaux »

Les bassins qualifiés de « faux chenaux » sont caractérisés par un faible diamètre du bassin intérieur,
comme le montre la figure suivante :

Le gradient des vitesses selon le rayon est


important. Les vitesses trop faibles à l’intérieur
influent de façon négative sur les capacités
d’oxygénation du système

Figure 2 : Vitesse horizontale de l’eau dans un « faux » chenal, sans aération

Par rapport à un vrai chenal (zone centrale plus importante), il va falloir dépenser plus d’énergie pour
l’obtention de vitesses de circulation satisfaisantes en tout point.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 28


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Lorsque l’aération est en marche, les choses s’aggravent du point de vue hydraulique. Les vitesses les
plus faibles diminuent, entraînant un déplacement des flux liquides vers l’extérieur. Les vitesses en
périphérie extérieure, déjà trop élevées, sont encore accrues, sans effet positif sur le brassage.
B.III.1.2.2 Mauvais positionnement des aérateurs par rapport aux mobiles d’agitation
Un mauvais positionnement de l’agitation par rapport à l’aération peut être néfaste à un brassage de
bonne qualité. L’exemple suivant suffit pour s’en convaincre.

En situation normale, la montée des bulles d’air crée un courant d’eau ascendant à l’amont de la
première raquette produisant un contre courant en surface et un co-courant au fond.

Figure 3 : Fonctionnement normal du couple agitation/aération


En situation de mauvais brassage, lorsque l’agitateur est placé trop près du dispositif d’aération, le
cône de poussée peut ne pas intercepter la surface avant l’émergence des bulles.

La probabilité est alors très forte pour qu’en partie interne du chenal, le courant de retour en surface ne
soit pas inversé et qu’il vienne créer le défaut hydraulique schématisé à la figure suivante :

Figure 4 : Dysfonctionnement du couple agitation/aération


Un contre courant de surface non négligeable prend naissance et créé une boucle parasite courte de
circulation vers l’agitateur. La vitesse horizontale moyenne est alors très affectée, ce qui peut favoriser
l’accumulation de dépôts.

B.III.1.3 LES REPONSES APPORTEES


Les dépôts doivent être évités à tout prix. Ils sont responsables de désordres biologiques (croissance
de bactéries filamenteuses ) pouvant gravement altérer le fonctionnement du clarificateur et donc
diminuer le rendement épuratoire de la station. De plus, les boues ainsi produites sont moins
facilement déshydratées et conditionnées, ce qui met en danger toute la filière d’élimination des boues.
Quelques études se sont penchées sur cet important problème et ont apporté des réponses :
B.III.1.3.1 Concernant le calcul des vitesses de brassage
• [Méziane A., 1988] a exprimé la vitesse de circulation dans le chenal, en fonction de la vitesse de
chute de la particule, nécessaire pour éviter les dépôts. Cette étude a été réalisée dans un chenal
pilote, et avec des particules sensées modéliser le comportement des boues activées.
• L’étude de CHATELIER P. [Chatelier P., 1991], a montré que pour différents types de chenaux
(circulaires et oblongues), la vitesse moyenne de circulation pouvait être déterminée de façon
satisfaisante, en utilisant la méthodes semi-empirique de la quantité de mouvement, ou l’approche

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 29


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

de type agitation. Cependant, il est à noter que ces résultats ne sont valables que si l’écoulement ne
présente pas de sources particulières de perte d’énergie et n’ont été validés que pour un milieu
monophasique.
B.III.1.3.2 Concernant les agitateurs
• Un mobile d’agitation peut produire une action de pompage (mise en mouvement global d’une
masse d’eau à une vitesse donnée) ou une action de turbulence. Suivant la forme ou le type de
mobile, les proportions relatives de turbulence et de débit de pompage peuvent varier
considérablement. Dans un bassin d’aération, on cherche à mettre la masse d’eau en mouvement
pour éviter les dépôts et améliorer le transfert d’oxygène en supprimant les mouvements de
rotation dans le plan vertical de l’eau (spiral-flow). Le choix des concepteurs se porte donc,
naturellement, sur un agitateur disposant d’un débit de pompage élevé, avec une poussée axiale
importante, et, par contre, une action de cisaillement et de turbulence faible. Des mesures du
CEMAGREF [CEMAGREF, 1989] sur site réel montrent très nettement que les agitateurs lents à
grandes pales (diamètre de l’ordre de 2 m ou plus), occupant une fraction significative et si
possible maximale (avec 0,5 m de garde par rapport aux interfaces) d’une section du chenal étaient
à peu près quatre fois plus efficaces énergétiquement que les agitateurs rapides de faible diamètre
(diamètre de quelques dizaines de cm, vitesse de quelques centaines de t/min). Le rapport v2m/Ps,
mesuré sur quelques chenaux annulaires est en effet de 400 pour les agitateurs lents, contre 100
pour les rapides dans le cas de chenaux. En conclusion, les agitateurs à axe horizontal, à
grandes pales et à vitesse lente, ayant une poussée axiale et un débit de pompage élevé, mais
une action de cisaillement et de turbulence faible sont les mieux adaptés pour les bassins
d’aération, du point de vue hydrodynamique et énergétique.
• L’étude de Patrice CHATELIER P. [Chatelier.P, 1991], pour un milieu monophasique, a montré
que l’écartement des hélices de l’agitateur, dès lors qu’elles sont suffisamment loin du fond et de
la surface du chenal n’influe pas sur la vitesse de circulation. Le bon fonctionnement du chenal
est obtenu dans le cas où les axes des hélices sont parallèles et où l’hélice intérieure est
tangente au bord intérieur du canal.
• Dans ses travaux de thèse, MEZIANE [Méziane A., 1988] a étudié l’influence des bulles d’air sur
la vitesse de circulation dans un chenal pilote de 1m3. Bien que le dispositif d’aération utilisé n’est
plus d’actualité (insufflation d’air à l’aide d’un tuyau et dispersion de ce gaz à l’aide d’une hélice),
les résultats sont intéressants dans la mesure où ils mettent en évidence une diminution de cette
vitesse par les bulles d’air. Une étude plus récente [Da Silva-Deronzier G., 1994] annonce les
valeurs de perte de vitesse dues à la rétention gazeuse dans un bassin d’aération. Elles sont
présentées ci-dessous :

Perte de vitesse
En valeur absolue Relativement à la
Pour une vitesse sans aération comprise :
(m.s-1) vitesse en eau claire (%)

0.01 m.s-1 Entre -2 et -3% Entre 0.35 et 0.5 m.s-1


0.02 m.s- Entre -6 et -10% Entre 0.2 et 0.35 m.s-1
0.03 m.s-1 Entre –15 et –20% Entre 0.15 et 0.2 m.s-1
Tableau 1 : Influence de l’aération sur la vitesse horizontale
Ces valeurs obtenues à partir du site expérimental mettent en évidence une influence
extrêmement faible de la phase gazeuse sur les vitesses horizontales. Connaissant la précision
de l’appareil de mesure des vitesses (5% à 10 % pour un micro-moulinet), nous pouvons
considérer cette influence négligeable.

B.III.1.3.3 Concernant les bassins


Les guides d’eau, parois semi-cylindriques à l’extrémité de la cloison centrale d’un bassin d’aération
oblong, diminuent fortement le temps de circulation du fluide dans le chenal. Sans ces guides, des

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 30


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

petits tourbillons et recirculations au niveau des arrondis retardent l’eau dans son mouvement. Pour un
chenal de 1m3 ; l’étude de RASCHID-SALLY L. [Raschid-Sally L., 1984] montre que la présence de
guides d’eau réduit le temps de circulation jusqu’à 40% par rapport à un chenal sans ce dispositif.

B.III.1.4 CONCLUSION
Nous avons dans un premier temps rappelé les quelques notions sur le brassage mécanique qui nous
seront utiles par la suite. Puis nous avons mis en exergue le problème des dépôts, principaux
responsables des dysfonctionnements sur une station d’épuration à boues activées. Il apparaît que les
caractéristiques des agitateurs jouent un rôle fondamental, les dispositifs à grandes pales et rotation
lente étant les plus performants. La géométrie des bassins, ainsi que la position relative des hélices par
rapport au bassin sont également très importantes. L’influence de l’aération sur les vitesses
horizontales d’eau est discutable. Selon DA SILVA-DERONZIER G., elle est négligeable. Cependant,
l’aération peut créer des boucles de recirculation néfastes à l’obtention d’une vitesse horizontale
suffisante. Ce point reste donc à vérifier. En tout état de cause, il est difficile de préconiser a priori une
vitesse minimale pour éviter les dépôts. En condition réelle, elle dépend de nombreux facteurs, tels
que la concentration en matières en suspension (MES), et plus généralement la qualité de la boue. Un
ordre de grandeur des vitesses moyennes en boue de 0,2 à 0,3 ms-1 est cependant à retenir (valeurs
CEMAGREF).

B.III.2 L’AERATION
Nous avons pu déterminer les principaux facteurs physico-chimiques ayant un impact sur le transfert
d’oxygène. Nous nous intéressons maintenant au cas où le transfert de matière s’effectue au sein d’une
station de traitement des eaux, dans le bassin d’aération. La conception d’un système d’aération influe
sur les paramètres physico-chimiques régnant dans le systèmes diphasique, en particulier au niveau
des bulles d’air. Elle a donc une influence directe sur le transfert d’O2. L’efficacité du transfert d’O2
dans un bassin d’aération est mesurée à l’aide de paramètres définis dans l’ouvrage du Conseil
Technique du Génie Rural des Eaux et Forêt [CTGREF 1980]. Il convient maintenant de les rappeler.

B.III.2.1 MESURE DE LA PERFORMANCE DE L’AERATION EN CONDITIONS STANDARDS

En notant V : volume d’eau du bassin d’aération (m3)


PB : puissance brute absorbée (kW)
PN : puissance nette absorbée (kW)
Qair : débit d’air insufflé dans le bassin d’aération (m3.h-1)
% O2/air : pourcentage massique d’O2 contenu dans l’air (-)
ρair : masse volumique de l’air (kg.m-3)

• Capacité d’oxygénation CO (kg O2.m-3.h-1) : quantité d’oxygène dissous par heure et par m3
CO = K L a ∗ C S ∗ 10 −3 (43)

• Apport horaire AH (kg O2.h-1) : quantité d’oxygène dissous par heure


AH = K L a ∗ V ∗ C S ∗ 10 −3 (44)

• Apport spécifique brut ASB (kg O2.kWh-1) : quantité d’oxygène dissous par unité de puissance
brute consommée
AH
ASB = (45)
PB

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 31


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

• Apport spécifique net ASN (kg O2.kWh-1) : quantité d’oxygène dissous par unité de puissance
nette consommée
AH
ASB = (46)
PN
• Rendement total d’oxygénation RO (-) : pourcentage de la masse d’O2 effectivement dissous par
rapport à la masse d’O2 insufflée dans le système à air surpressé.
AH ∗ 100
RO = (47)
Qair ∗ % massique O 2 / air
Qair est exprimé en normo-m3.h-1 (Nm3.h-1), c’est à dire par rapport aux conditions normales
(Pression=Patm, Température=273 K). Il en est de même pour le pourcentage massique d’O2 dans
l’air. Il est de 0.300kg/Nm3 d’air.

• Rendement spécifique d’oxygénation ROS (-) : pourcentage de la masse d’O2 effectivement


dissous par rapport à la masse d’O2 insufflée dans le système à air surpressé, par hauteur Hi (m)
d’immersion des diffuseurs.
RO
ROS = (48)
Hi

B.III.2.2 FACTEURS D’INFLUENCE DE L’OXYGENATION


Après avoir défini la façon dont l’efficacité d’un système d’épuration peut être pris en compte, nous
énumérons dans ce qui suit les paramètres influençant le transfert d’oxygène. Pour un même paramètre
KLa, le transfert d’oxygène peut être réalisé de façon plus ou moins efficace suivant le temps passé par
la bulle d’air dans l’eau et l’écart de concentration entre l’air et l’eau.

Globalement, le transfert d’oxygène est donc directement lié au KLa ou indirectement, par
l’intermédiaire du temps de séjour dans l’eau, ou de l’écart de concentration entre l’air et l’eau. Ces
paramètres sont eux même liés à l’hydrodynamique du milieu diphasique eau-air qui dépend
évidemment de la conception du couple agitateur-bassin. Dans le tableau suivant sont résumés les
principaux paramètres influençant le transfert d’O2.
influencée par

La surface d’échange est La taille des bulles d’air qui La taille des bulles d’air à la
d’oxygénation

fonction de : est fonction de sortie du diffuseur


Le phénomène de coalescence
Capacité

Le phénomène de cisaillement
le KLa

La forme des bulles d’air qui La turbulence du milieu


est fonction de
Le temps de transfert est La vitesse de montée des La taille des bulles d’air
fonction de : bulles d’air qui est fonction de La vitesse des bulles d’air à la
Capacité d’oxygénation
influencée par d’autres

sortie du diffuseur
Les mouvement de convection
facteurs que le KLa

verticaux de l’eau (spiral-


flows)
La hauteur d’immersion des diffuseurs

L’écart de concentration La concentration en O2


d’O2 entre l’air et l’eau est L’agitation du milieu (turbulence)
fonction de
Tableau 2 : Facteurs influençant l’oxygénation

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 32


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

B.III.2.3 INFLUENCE DE LA CONCEPTION DU COUPLE AGITATION-AERATION


A partir de ces données, il est intéressant de relier les paramètres de conception du système
d’agitation et d’aération, avec les paramètres physico-chimiques et hydrodynamiques du bassin.
Cela permet de déduire l’influence de la conception d’un bassin d’aération sur l’efficacité du transfert
d’oxygène.

Dans son travail de thèse, DA-SILVA DERONZIER [Da Silva-Deronzier G., 1994], a œuvré en ce
sens, en travaillant sur le chenal circulaire de Milly-La-Forêt. Les résultats qui suivent sont donc
largement tirés de son étude1. Les paramètres de conception sont passés en revue, leur influence
étudiée, et interprétée, par des considérations hydrodynamiques et physico-chimiques.
B.III.2.3.1 Le débit d’air par diffuseur
Le RO diminue lorsque le débit d’air par diffuseur augmente. Cette propriété est vérifiée de façon
expérimentale. Les expériences ont été menées pour différentes vitesses de circulation. Néanmoins,
pour une faible vitesse de circulation n’assurant plus une bonne homogénéisation du bassin, cette
propriété n’est plus valable. Cela est sans doute dû à une plus grande incertitude de mesure de la
concentration d’O2. Ces résultats ont été confirmés de façon expérimentale, sur le même site par
GILLOT S. ET HEDUIT A.[Gillot S, Héduit A., 2000].

Cette diminution de rendement peut s’expliquer par une aire interfaciale plus faible lorsque le débit
d’air par diffuseur augmente, la taille des bulles pouvant être plus grande à la sortie des diffuseurs. Par
contre, il semblerait que les phénomènes de coalescence et de cisaillement ne soient pas influencés par
le débit d’air.

Cette propriété peut également être interprétée par une diminution du temps de transfert offert à
l’oxygène. Le calcul de la vitesse limite d’une bulle de diamètre compris entre 1,5 et 4 mm, en
ascension libre dans l’eau au repos, [Haberman, 1954], montre que la taille influe de façon négligeable
sur le temps de transfert. C’est plutôt l’augmentation de la vitesse verticale de l’eau, induite par la
montée des bulles, qui est responsable de la diminution du temps de transfert. Or, il a été montré,
[Fujie K., 1992 ], que la vitesse verticale de l’eau est une fonction croissante du débit d’air.
B.III.2.3.2 La configuration du dispositif d’aération
Le mouvement des bulles d’air provenant des diffuseurs induit un mouvement vertical ascendant de
l’eau. Cette eau redescend ensuite vers le fond du bassin. Ce phénomène est appelé « Spiral-flow ».
Dans son travail de thèse, DA SILVA-DERONZIER G distingue trois sortes de spiral-flows :
- les grands spiral-flows : Ils se produisent entre les rampes ou raquettes de diffuseur
- les petits spiral-flows :Ils se produisent entre diffuseurs
- les micro spiral-flows : Ils interviennent entre orifices des diffuseurs (entre les
bulles)

1
Les conclusions issues de cette étude sont annoncées sans référence à l’auteur. Quelques résultats provenant
d’autres auteurs viennent enrichir cette partie. Lorsque cela est le cas, ces données complémentaires sont
référencées

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 33


Stage de DEA Travail de fin d’études – Bibliographie

Figure 5 :Petits et grands spiral-flows

Ces spiral-flows ont pour conséquence la diminution du temps de séjour des bulles dans l’eau et donc
une diminution des possibilités de transfert d’O2 dans l’eau.

La configuration du système d’aération dépend du positionnement des raquettes ou rampes de


diffuseurs d’une part, et de la densité des diffuseurs sur chaque rampe ou raquette d’autre part.

B.III.2.3.2.1 Influence de la densité des diffuseurs


A même débit d’air par diffuseur, plus la densité de diffuseurs est importante, meilleur est le
RO.
Cela s’explique en considérant les petits et micro spiral-flows. Plus la densité de diffuseurs est
élevée, moins l’eau dispose d’espace, entre les bulles d’air, pour redescendre au fond du bassin. Celle-
ci freine alors les bulles d’air ascendantes et augmente leur temps de séjour. Une densité importante de
diffuseurs réduit donc l’effet néfaste des petits et spiral-flows.

B.III.2.3.2.2 Influence du positionnement des raquettes


Il semblerait que le positionnement des raquettes de diffuseurs ait une influence sur le transfert
d’oxygène. Dans le cas où les diffuseurs ne couvrent pas tout le radier, DA SILVA-DEZONZIER a
montré qu’un regroupement des raquettes favoriserait l’efficacité de l’aération (augmentation de
l’AH).
Cela s’explique par la présence de grands spiral-flows qui diffèrent selon la disposition des raquettes.
L’idéal est de répartir uniformément les diffuseurs sur tout le radier du bassin. Cela favorise le
transfert d’oxygène, par suppression ou atténuation des grands spiral flows.
B.III.2.3.3 Influence de la vitesse horizontale
DA SILVA-DEZONZIER a montré que l’apport horaire AH est une fonction croissante
asymptotique de la vitesse moyenne horizontale de circulation. Le graphe suivant montre qu’en
chenal et en eau claire la mise en rotation de l’eau comprise entre 0,35 et 0,48 ms-1 accroît le transfert
d’oxygène de 40 à 50 %.

Figure 6 : Influence de la vitesse horizontale sur le transfert d’O2


[Da Silva-Deronzier]

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 34


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

Des études du CEMAGREF rapportées par le FNDAE [FNDAE,2002] ont confirmé que le gain
d’apport horaire en O2 lorsque la vitesse passe de 0 à 0,40 m.s-1 est de l’ordre de 40% pour les chenaux

La vitesse horizontale pourrait agir sur le renouvellement de la couche limite liquide autour de
la bulle d’air, par des phénomènes de turbulence, favorisant les écarts de concentration d’oxygène et
donc le transfert. Cependant, il a été montré que l’action de la vitesse horizontale autour de la couche
limite est faible. L’accroissement de l’AH ne peut donc être expliqué par ce biais.

Cet accroissement pourrait être par contre expliqué par une évolution de l’aire interfaciale, lieu
de transfert d’O2. La déformation de la bulle d’air, sous l’action de la vitesse de circulation, peut
expliquer au plus une augmentation de 6% de l’AH.

Elle pourrait aussi être expliquée par le phénomène de cisaillement des bulles naissantes au
niveau des diffuseurs. Celles-ci, plus petites, offriraient une surface d’échange plus importante.
Par contre, les phénomènes de coalescence, de cisaillement des bulles d’air en ascension ne seraient
pas favorisés par la vitesse horizontale, et n’expliqueraient pas la variation de l’AH.
Ces hypothèses sont infirmées en partie par les travaux de GILLOT S. [Gillot S., 1999]. Des mesures
réalisées sur pilote n’ont pas permis de confirmer l’absence d’effet de coalescence induite par la
vitesse horizontale, et n’ont pas mis en évidence une diminution de la taille des bulles d’air par
cisaillement à la naissance. La circulation d’eau, favorisant la rencontre de bulles d’air, induirait plutôt
un accroissement de leur taille. Ce phénomène reste donc à confirmer.

Le gain en AH s’explique aussi par un accroissement du temps de contact entre la bulle d’air et
l’eau. S’il a été prouvé que la force de l’eau n’a aucune influence directe sur la vitesse verticale des
bulles (par rapport à un milieu au repos), les spiral-flows, induits par la montée des bulles d’air, sont
atténués, voire supprimés en présence d’une vitesse horizontale. DA SILVA-DERONZIER a montré
que cette vitesse de circulation agissait principalement sur les petits et micro spiral-flows dont l’axe de
rotation est perpendiculaire au courant. Elle n’aurait pas d’action sur les grands spiral flows.

Il est aujourd’hui admis et traduit dans la modélisation hydraulique [Roustan M. et Line A., 1996],
[Cocks A. ET Al. , 2000] que des vitesses horizontales supérieures à 0,3 m.s-1 annulent l’effet des
petits spiral-flow sur la vitesse ascensionnelle des bulles.

• Remarque 1 :

Un cas particulier est celui des bassins circulaires, qui ne possèdent pas de zone centrale. Le flux
hydraulique n’est pas contraint de se déplacer dans un chenal circulaire plus ou moins étroit. Lors
du fonctionnement simultané de l’aération et de l’agitateur, les courants créés contournent
majoritairement les raquettes de diffuseurs. La figure suivante illustre ce processus.

Figure 7 : Contournement hydraulique des raquettes

La mise en mouvement horizontale de l’eau influe donc peu sur l’augmentation du transfert
d’oxygène, puisque l’effet sur les spiral-flows est limité. Ainsi, l’augmentation de l’AH n’est que
de 10 % [FNDAE, 2002].

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 35


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

• Remarque 2

L’AH est une fonction croissante du KL.a (équation 44). Ce coefficient est lui-même lié à la
rétention gazeuse εg dans le réacteur (équation 29) par le biais de « a ». En supposant que le
diamètre des bulles reste constant, ainsi que tout autre paramètre, nous déduisons de ces relations
que l’AH est une fonction croissante de la rétention gazeuse. La mise en rotation horizontale de
l’eau, puisqu’elle augmente l’AH, augmente donc également la rétention gazeuse εg.
Cette propriété est vérifiée expérimentalement par SIMON S. [Simon S., 2000] sur un chenal
oblong de 1 m3, doté de diffuseurs fines bulles et d’un agitateur horizontal. La CFD [Simon S.,
2000], [Cockx A., 2001] a également pu rendre compte de ce phénomène.
B.III.2.3.4 Influence couplée du débit d’air et de la vitesse horizontale
GILLOT S. [Gillot S., 1999] a étudié, sur le chenal de Milly La Forêt, l’influence couplée du débit
d’air et de la vitesse horizontale sur le transfert d’oxygène et vient ainsi compléter l’étude de DA
SILVA-DERONZIER G. Il s’avère que la mise en rotation de l’eau, réduisant les effets néfastes
des spiral-flow, réduit l’impact d’une augmentation du débit d’air par diffuseur sur la
diminution du RO.
B.III.2.3.5 Influence de la vitesse au fond sur le transfert d’O2
Cet aspect intéresse les bassins de grande profondeur. La problématique est de déterminer l’influence
de la profondeur des agitateurs. Est-il préférable d’installer les agitateurs au fond, près des diffuseurs,
pour assurer une forte vitesse au fond, ou en position médiane ? A ce jour, la question n’a pas été
étudiée.
B.III.2.3.6 Influence de la hauteur d’eau
A priori, une grande hauteur d’eau favorise l’obtention d’un bon rendement puisque le temps de séjour
de la bulle d’air dans l’eau sera plus élevé. PÖPEL H.J., WAGNER M., WEIDMANN F, [Pöpel H.J.,
Wagner M., Weidmann F., 1996], en étudiant l’influence de la pression sur les paramètres Cs, KL, a,
ont montré qu’à débit d’air injecté constant, le rendement total d’oxygénation RO augmente,
alors que le rendement d’oxygénation spécifique ROS diminue avec la hauteur d’eau, par suite de
l’appauvrissement de la bulle d’air en oxygène.

B.III.2.4 CONCLUSION
Après avoir rappelé les grandeurs capables de juger de l’efficacité d’un dispositif d’aération, nous
avons mis en évidence l’influence de la mise en œuvre du dispositif d’insufflation d’air et d’agitation
sur l’efficacité de l’oxygénation. Pour tenter d’expliquer cette influence, nous avons au préalable cerné
les phénomènes élémentaires mis en jeu ayant une influence sur l’oxygénation.

Les principales conclusions sont les suivantes :

• Avec un dispositif d’insufflation d’air, le transfert d’oxygène sera donc optimisé s’il existe une
vitesse horizontale de circulation. Les études montrent que cette vitesse doit être au moins de 0,3
m.s-1 en moyenne en eau claire pour que ses effets soient perceptibles. L’AH sera amélioré de 40 à
50% en eau claire, pour des bassins de type chenaux. Pour des bassins circulaires l’accroissement
n’est que de 18% environ [FNDAE, 2002].
• Ce transfert d’oxygène dépend également fortement de la configuration des dispositifs
d’insufflation d’air. Pour un débit d’air donné fourni au bassin d’aération, il est préférable d’avoir
une forte densité de diffuseurs et un faible débit d’air par diffuseurs. Si possible, le dispositif
d’insufflation d’air devra être installé sur tout le radier du bassin. Dans le cas contraire, il est
préférable de regrouper les raquettes, plutôt que de les répartir uniformément sur le bassin.
• La profondeur du bassin a également une influence sur l’oxygénation puisque le RO croît avec la
hauteur d’eau.
• Enfin, l’influence de la profondeur d’immersion des agitateurs n’a pas été étudiée à ce jour.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 36


Stage de DEA Travail de fin d’étude - Bibliographie

• En terme d’efficacité d’oxygénation, avec un dispositif d’aération fines bulles et un brassage avec
agitateur, l’ASB doit être supérieur à 3kg d’O2/kWh.

B - IV CONCLUSION SUR L’ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE


Cette étude bibliographique a permis l’établissement des équations régissant l’hydrodynamique et le
transfert d’oxygène dans les bassins d’aération.
Elle a également mis en évidence le couplage extrêmement important entre le brassage et
l’aération. Le brassage dont le rôle premier est d’éviter les dépôts permet également d’accroître le
transfert d’oxygène, par le biais des divers mécanismes évoqués plus haut. Inversement, de part la
position relative des agitateurs et des diffuseurs d’air, l’aération influence fortement la qualité du
brassage.

Les écoulements diphasiques en bassin d’aération sont donc d’une extrême complexité. Or, l’efficacité
des bassins d’aération ne peut être appréhendée que par une bonne connaissance de l’hydrodynamique
des systèmes monophasiques (eau claire), diphasiques (eau + gaz) et triphasiques (eau+gaz+boues).

Pour répondre à ce besoin, la mécanique des fluides numériques ou « Computational Fluid


Dynamics (CFD) est aujourd’hui un outil indispensable. L’intérêt principal de la CFD est qu’elle
permet d’essayer “ virtuellement ” différents scénarios de réhabilitation d’une installation existante ou
de conception d’un nouveau réacteur et de choisir la solution optimale en terme de performances et de
coûts. Nous utiliserons donc cet outil pour étudier l’influence de la position des agitateurs et des
aérateurs sur l’hydrodynamique et le transfert d’oxygène dans les bassins biologiques.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 37


Stage de DEA Travail de fin d’études – Matériel et méthode

C SIMULATION 3D DES BASSINS D’AERATION-


MATERIEL ET METHODE
Nous présentons dans cette partie la méthodologie et le matériel qui ont été utilisés pour mener à bien
notre étude, en distinguant les écoulements monophasiques et diphasiques.

C-I ETUDE EN MONOPHASIQUE


Nous présentons le logiciel de CFD retenu pour la modélisation, en particulier le modèle de turbulence
utilisé. Le choix des conditions limites est également un point très important que nous développerons.
Avant d’effectuer des simulations des écoulements en monophasique, nous devons nous assurer de la
validité du modèle. Pour cela, nous devons comparer les résultats de nos calculs avec des mesures
connues. Le dernier paragraphe de cette partie présente donc le site expérimental choisi, les mesures
obtenues et insiste sur la méthodologie employée pour la simulation, notamment en ce qui concerne la
représentation de l’ouvrage, le maillage du domaine.

C.I.1 PRESENTATION DU CODE DE CALCUL


Pour réaliser nos simulations, nous avons choisi d’utiliser le code de calcul commercial FLUENT que
nous présentons dans cette partie.

C.I.1.1 ARCHITECTURE DU LOGICIEL


Comme tout logiciel de CFD, il est composé de trois éléments : le préprocesseur, le solveur et le
postprocesseur.
• La définition du problème à résoudre s’effectue à l’aide du préprocesseur GAMBIT. Il permet de
représenter la géométrie du système, de définir le type de conditions limites aux frontières du
domaine, de spécifier le type de matériau (fluide ou solide). Il fournit aussi la possibilité de
discrétiser le domaine, en proposant plusieurs algorithmes de maillage suivant sa géométrie.
• Le solveur permet de définir numériquement les conditions opératoires (gravité, pression ) dans
lesquelles est effectuée la simulation, ainsi que la spécification des conditions aux limites. Enfin, il
permet de choisir le processus itératif, en proposant notamment plusieurs schémas numériques
pour la discrétisation spatiale et temporelle, et pour le couplage de la vitesse et de la pression. Il
offre également une interface permettant de contrôler à tout moment l’état d’avancement des
calculs.
• Le postprocesseur est l’élément qui permet de visualiser la géométrie et le maillage du domaine,
mais surtout d’afficher les résultats obtenus. Il est ainsi possible de visualiser les champs du
vecteur vitesse, les champs de pression, de turbulence ainsi que toutes les autres grandeurs
calculées sur un segment, une section du domaine ou sur tout le volume. Il offre aussi la possibilité
de tracer des courbes et de visualiser les lignes de courant ou la trajectoire de particules.

Fluent, code largement utilisé dans l’industrie aéronautique, automobile, offre une interface
sophistiquée qui facilite son utilisation. Ces raisons ont motivé notre choix pour l’utilisation de ce
logiciel.

C.I.1.2 MODELE DE TURBULENCE UTILISE


Les écoulements dans les bassins d’aération sont turbulents, et nous devons résoudre les équations
moyennées de Reynolds. Nous devons donc recourir à un modèle de turbulence.
Fluent en propose plusieurs. Nous choisissons d’utiliser le modèle de turbulence k-ε, élaboré par
Jones et Laudner en 1974 et largement utilisé depuis. Nous rappelons son principe ci-dessous, son
domaine de validité et justifions notre choix.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 38


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

C.I.1.2.1 Principe de la modélisation k-ε


Ce modèle calcule la viscosité turbulente en faisant intervenir l’énergie cinétique turbulente k et le
taux de dissipation de l’énergie cinétique turbulente ε.

La viscosité turbulente νt ( m2.s-1) est calculée comme suit :


µt k2
νt = = Cµ (49)
ρ ε
avec C µ constant (-).²
Il est donc nécessaire de calculer localement les valeurs de k et de ε. Il faut pour cela résoudre les
équations de transport de k et de ε.

C.I.1.2.1.1 Equation de transport de k résolue par Fluent

⎛⎛ µ ⎞ ∂k ⎞⎟
∂⎜⎜ ⎜⎜ µ + t ⎟⎟
∂ ( ρk ) ∂ ( ρkVi ) ⎝ σ k ⎠ ∂xi ⎟⎠
+ = ⎝ + µt Ω − {
ρε (50)
∂t3 ∂xi ∂xi {
12 1
424 3 144 42444 3 IV V
I II III

C.I.1.2.1.2 Equation de transport de ε résolue par Fluent

⎛⎛ µ ⎞ ∂ε ⎞⎟
∂⎜⎜ ⎜⎜ µ + t ⎟⎟
∂ ( ρε ) ∂ ( ρεVi ) ⎝ σ ε ⎠ ∂xi ⎟⎠ ε ε2
+ = ⎝ + C1 µ t Ω − C 2 ρ (51)
12 ∂t3 ∂x ∂x k 3 1 k
I
1
42i4 3 144 42i444 3 1424 424 3
II III IV V

avec
∂Vi ∂V j
Ω = 2S ij S ij (52) et 2S ij = + (53)
∂x j ∂xi

σ k , σ ε , C1 et C2 : constantes empiriques sans dimensions

Dans ces équations, I représente le taux de variation de k (resp. ε) en fonction du temps, II représente
le transport de k (resp ε) par convection, III représente le transport de k (resp ε) par diffusion
moléculaire et turbulente, IV est le taux de production de k (resp. ε) et V est le taux de destruction de k
(resp. ε).
C.I.1.2.2 Domaine de validité et pertinence du modèle K-ε
Le modèle k-ε est le plus simple des modèles complets dits à deux équations. Il s’agit d’un modèle
semi-empirique. Il permet de calculer k, ε, ν t , le tenseur de Reynolds, les composantes Vi de la
vitesse et le champ de pression P en tout point du domaine considéré.

Ce modèle n’est applicable que dans le cas d’une turbulence pleinement développée, homogène et
isotrope. Il s’applique lorsque les effets de la viscosité moléculaire sont négligeables, c’est à dire loin
des parois.
Des constantes empiriques Cµ, σ k , σ ε , C1 et C2 sont utilisées dans le modèle k-ε. Selon leur valeur,
les résultats de calcul peuvent différer. Cela constitue la faiblesse de ce modèle. Cependant, les auteurs

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 39


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

admettent le plus souvent les mêmes valeurs. Ainsi, les valeurs utilisées par CHATELLIER P. sont
les mêmes que celles fournies par défaut dans le code Fluent.

Elles sont les suivantes :

Cµ, σk σε C1 C2
0.09 1.0 1.3 1.44 1.92
Tableau 3 : Constantes utilisées par Fluent pour le modèle k-ε.

Malgré ses limitations et défauts, ce modèle est très largement utilisé en ingénierie. Il est en effet
robuste, économique en temps de calcul et suffisamment précis pour une large gamme d’écoulements
turbulents. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’utiliser ce modèle pour nos simulations
d’écoulement.

C.I.1.3 ETAPES DE CALCUL


Nous décrivons les étapes du calcul en régime permanent.
C.I.1.3.1 Intégration des équations de transport
Fluent est un logiciel utilisant la méthode des volumes finis. Il résout les équations de transport de la
matière (14) (=équation de continuité), de la quantité de mouvement (15), de l’énergie cinétique
turbulente (50) et du taux de dissipation d’énergie cinétique turbulente (51).
L’expression générale de ces équations est
r
div( ρφU ) = div(Γgradφ ) + S φ (54)
1424 3 142 4 43 4 {
I II III

I représente le bilan entrée /sortie de la quantité φ dans le volume de contrôle V (de contour A, de
r
normale sortante à la surface n ) dû à la convection ; II représente la variation de φ due à la diffusion
et III est le terme puits/source.

Ces équations sont intégrées sur un volume de contrôle dV et leur forme intégrale devient alors :

∫ n.( ρφU )dA = ∫ n.(Γgradφ )dA + ∫ Sφ dV


A A
V
(55)

Cette méthode des volumes finis est dérivée de celle des éléments finis. Elle présente l’avantage d’être
facilement compréhensible par rapport à d’autres méthodes telles que celles des éléments finis ou la
méthode spectrale. Elle a été, de plus, largement validée.
C.I.1.3.2 Discrétisation spatiale
Les équations de transport de φ sont ensuite discrétisées sous la forme :
a Pφ = ∑ a nbφ nb + b (56)
nb

où nb représente les indices des cellules voisines. Le nombre de cellules voisines dépend de la
topologie du maillage (6 cellules voisines pour un maillage hexaédrique).
Cette équation est à écrire pour chaque cellule de centre P du domaine. Le système d’équations aux
dérivées partielles est donc transformé en un système algébrique représenté sous forme de produit de
matrices comprenant un grand nombre de coefficients nuls.

Fluent propose deux schémas de discrétisation :


• Schéma amont du premier ordre : Ce schéma permet une certaine stabilité dans les calculs mais
est responsable de diffusion numérique.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 40


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

• Schéma amont du second ordre : L’utilisation de cette méthode permet de minimiser la diffusion
numérique mais peut faire diverger le calcul.
Ces schémas « amont » sont adaptés aux écoulements à caractère fortement convectif, tels que ceux
dans les bassins d’aération. Ils « reconnaissent » le sens de l’écoulement dans le domaine considéré et
donnent de meilleurs résultats que d’autres schémas tels que celui des différences centrées.
D’autres schémas d’ordre supérieur sont disponibles dans Fluent mais ils ne nous sont pas utiles.
C.I.1.3.3 Couplage pression-vitesse
L’utilisation d’un algorithme pour corriger la pression et la vitesse afin que ces grandeurs vérifient
l’équation de continuité est nécessaire.
Cet algorithme stipule l’existence d’une relation entre les vitesses corrigées et les pressions corrigées.
Nous utilisons l’algorithme SIMPLE, acronyme pour « Semi-Implicit Method for Pressure Linked
Equations » pour résoudre le système d’équations discrétisées.

Le schéma représentatif de ce processus itératif est le suivant :


DEBUT

Hypothèses initiales φ* = p*, u*,v*,w*, k*,ε*

Etape1
Résolution des équations discrétisées de la
quantité de mouvement

u*,v*,w*

On Etape 2
fixe : Résolution de l’équation de correction de la
p*=p pression (à partir de l’équation de continuité)
u*=u
v*=v
w*=w p’
k*=k Etape 3
ε*=ε Correction des pressions et de la vitesse

p,u,v,w,k*,ε
*
Etape 4
Résolution des autres équations de transport

φ = p, u,v,w,

NON Convergence

OUI

FIN

Figure 8 : Schéma itératif de Fluent, avec l’algorithme SIMPLE

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 41


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

A l’issue de l’itération n, les valeurs φ sont obtenues. Pour éviter d’apporter des corrections trop
grandes à ces grandeurs, et ainsi diminuer les risques de divergence du calcul, les nouvelles valeurs de
φ utilisées pour l’itération n+1 sont calculées comme suit :
φ * = αφ + (1 − α )φ ( n −1) (57)
φ(n-1) est le résultat de l’itération n-1. α est le facteur de sous relaxation. Il est compris entre 0 et 1.
C.I.1.3.4 Convergence
A chaque itération, Fluent permet de juger de l’état de convergence par le biais du calcul des résidus.
Le résidu R φ correspond au déséquilibre de l’équation 56 sommé sur toutes les cellules du domaine. Il
s’écrit donc sous la forme :

Rφ = ∑ ∑a
cellulesP nb
nb φ nb + b − a pφ p (58)

En général, il est difficile de juger de la convergence à partir de ce résidu car il dépend de la taille du
système. Fluent adimensionnalise le résidu en utilisant un facteur d’échelle représentatif du débit de φ
sur le domaine. Ce résidu relatif est défini par :

∑ ∑a nb φ nb + b − a pφ p
φ
R = cellulesP nb
(59)
∑a φ
cellulesP
p p

Pour les équations de quantité de mouvement, le dénominateur apφp est remplacé par apVp où Vp est la
norme de la vitesse au point P.

Pour l’équation de continuité, la définition du résidu est différente :


Rc = ∑ taux de création de matière dans la cellule P
cellulesp
(60)

C
et le résidu relatif est calculé à partir du résidu maximal Ritération 5 sur les 5 premières itérations :

c
RitérationN
Rc = c
(61)
Riteration 5

Fluent propose par défaut l’utilisation de ces résidus relatifs, et c’est la méthode que nous utiliserons
pour juger de la convergence des calculs.

C.I.2 CHOIX DES CONDITIONS AUX LIMITES


Une fois que nous avons représenté la géométrie du système étudié, nous devons fixer des conditions
r
aux limites du système sur les valeurs de la pression p, de la vitesse v , de l’énergie cinétique
turbulente k et du taux de dissipation d’énergie cinétique turbulente ε.

C.I.2.1 CAS DES PAROIS


Les écoulements turbulents sont affectés de façon significative par la présence de parois. Au contact
de celles-ci, la vitesse du fluide est nulle. A proximité, la turbulence est fortement amortie et les
phénomènes dus à la viscosité moléculaire du milieu y sont prépondérants. La turbulence augmente
très rapidement lorsque l’on s’éloigne des parois.
Les équations développées ci-dessus (modèle k-ε) ne sont donc plus valables près des parois car
l’écoulement n’y est pas pleinement turbulent. Il est donc nécessaire de modéliser l’écoulement près
des parois de façon différente. La théorie classique décrivant l’écoulement près des parois en régime

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 42


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

turbulent est décrite en annexe N°1. Le code de calcul Fluent propose deux approches s’inspirant de
cette théorie.

• La première, semi-empirique, utilise une fonction appelée « wall function » qui permet de relier
le mur à la couche extérieure, pleinement turbulente. Il existe deux options d’utilisation. La
première « standard wall function » est proposée par défaut par le code Fluent. La seconde « Non
equilibrium function » est particulièrement adaptée pour les écoulements complexes, soumis, à de
forts gradients de pression.
• La deuxième approche consiste à modifier le modèle de turbulence pour le rendre compatible
avec l’écoulement aux parois. Elle nécessite un raffinement du maillage le long de celles-ci..

Dans la plupart des écoulements à fort nombre de Reynolds, ce qui est notre cas, l’approche semi-
empirique est justifiée. Elle est économique en temps de calcul, en ressources informatiques et est
suffisamment précise. Aussi, cette méthode, que nous présentons ci-après sera celle utilisée lors de nos
simulations.
C.I.2.1.1 Condition sur la paroi
r r
v =0 (62) et k=0 (63)

C.I.2.1.2 Condition sur la sous couche visqueuse (laminaire) et la couche intermédiaire


Au lieu d’utiliser les paramètres y+ et u+ définis en annexe N°1, Fluent utilise y* et u* définis par les
relations :

y p C µ1 / 4 k 1p/ 2 ρ V p C µ1 / 4 k 1p/ 2 ρ
y* = (64) et V * = (65)
µ τw
où Vp représente la vitesse moyenne du fluide au point P, situé à la distance yp du point au mur.

Dans la couche la plus éloignée de la paroi, la loi de paroi est


1
V* = ln( Ey*) (66)
κ

Pour la couche la plus proche de la paroi (y*>11.225) , la loi de paroi devient V*=y*.

Pour la turbulence, l’équation de transport de k est résolue dans tout le domaine, y compris les cellules
adjacentes au mur, avec comme condition limite au mur :
∂k
=0 (67)
∂n
En revanche, l’équation de transport du taux de dissipation de l’énergie cinétique turbulente ε n’est
pas résolu dans les cellules adjacentes au mur. ε est calculé dans cette zone à partir de la formule

C µ3 / 4 k p3 / 2
εp = (68)
κy p

Cette modélisation concernant les parois est basée sur les études de Launder et Spalding (1974).

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 43


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

C.I.2.1.3 Prise en compte de la rugosité


Fluent permet de prendre en compte la rugosité des parois par l’intermédiaire du coefficient ks (m)
appelé rugosité standard, rugosité de grain de sable ou rugosité équivalente selon Nikurasde.
Il est d’usage d’évaluer la rugosité à l’aide du coefficient Ks (m1/3.s-1) de Strickler. La littérature
[Hager W.H., Sinniger O. R, 1998] propose une relation entre Ks et ks valable pour les écoulements à
surface libre, turbulents et rugueux qui est :

K s ⋅ ks = 8 .2 ∗ g
1/ 6
(69)

Il est ainsi possible, à parti des valeurs connues de Ks de calculer ks et de l’introduire dans le code de
calcul.

C.I.2.2 LA SURFACE LIBRE


Si l’on ne prend pas en compte la déformation de la surface libre (pas de phénomènes de vortex), les
conditions limites imposées sont les suivantes :
La composante de la vitesse perpendiculaire à la surface libre est nulle, soit
r r
v .n = 0 (70)
r
avec n vecteur sortant normal à la limite. Cela signifie qu’il n’y a pas de flux convectif à travers la
surface libre.

La dérivée normale des composantes de la vitesse, ainsi que celle de k et ε est nulle soit
∂Φ
=0 (71)
∂n
pour Φ = vi , k ou ε . Le flux diffusif de ces grandeurs physiques est donc nul, à travers cette limite.

La plupart des travaux effectués dans le domaine de la mécanique des fluides numérique [Chatellier
P., 1991], [Moureh J., 1992], [Djebbar R., 1996], [Naude I., 1998] utilisent ce type de conditions
limites pour modéliser le comportement du milieu à l’interface eau/air. Cela implique que la surface
libre soit non déformée, ce qui n’est pas forcément le cas.

Nous modélisons, sous Fluent, la surface libre comme étant un plan de symétrie au travers
duquel les flux convectifs et diffusifs sont nuls.

C.I.2.3 CONDITIONS LIMITES AUTOUR DE L’AGITATEUR


La plupart des études de CFD modélisent l’agitateur selon une approche de type « boite noire ». Cette
approche consiste à ne pas représenter l’hélice et à la remplacer par un volume autour duquel nous
fixons des conditions limites.
Quelques études [Chatellier P., 1991], [Cockx A., 2000] assimilent l’hélice à un jet de section
rectangulaire. Puis, avec des moyens de calculs plus performants, l’agitateur est remplacé par un
volume cylindrique, qui est précisément celui balayé par les pales du mobile [Moureh J., 1992],
[Djebbar R., 1996], [Naude I., 1998]. Aux limites de ce volume sont imposés des profils de vitesse qui
doivent correspondre, selon ROUSTAN M.[Roustan M., 1996], à la moyenne temporelle de la vitesse
induite par l’agitateur. Ces profils de vitesse peuvent être fournis par le constructeur des hélices,
déduits des caractéristiques du mobile (débit de pompage), ou déterminés expérimentalement.

Des études, [Chatellier P., 1991], [Simon S., 2000] ont montré que les conditions limites sur k et ε
fixées autour des agitateurs modifient peu l’hydrodynamique du bassin. En effet, la turbulence dans le
bassin est essentiellement générée dans une zone périphérique autour des jets, où existe un
cisaillement important. Cependant, il est nécessaire, sous Fluent, de fournir des valeurs numériques
pour ces grandeurs.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 44


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CHATELLIER P. [Chatellier P., 1991] utilise une relation empirique pour déterminer l’énergie
cinétique turbulente k à partir de la vitesse U du jet, en sortie de mobile. Elle est la suivante :
k = 0.003 * U 2 (72)

Il est également possible d’accéder à cette donnée de façon expérimentale.

Le taux de dissipation d’énergie cinétique turbulente est alors déterminé par la relation
3
k2
ε =6 (73)
d
où d (en m) représente le diamètre du jet.

ROUSTAN M. donne la relation


3
2
k
ε =C (74)
Λ
avec C constante et Λ la macro-échelle de turbulence pouvant être reliée empiriquement à la
géométrie de l’agitateur (diamètre ou hauteur des pales). Les deux relations (73 et 74) sont donc
similaires.

L’agitateur est donc remplacé par un cylindre, composé d’une face avant, arrière et d’une face
latérale sur lesquelles sont imposées des conditions de vitesse et de turbulence.

Le niveau de performance des moyens de calcul actuels permet d’envisager une modélisation plus fine
de l’agitateur. On représente la géométrie exacte du mobile. Fluent peut alors calculer l’écoulement
autour des pales du mobile, par des algorithmes de repère tournant ou de maillage glissant. Ces
techniques sont plus coûteuses en temps de calcul mais elles ne nécessitent aucune information
empirique, contrairement à l’approche « boite noire ». Cependant, ces méthodes ne sont pertinentes
que si l’on s’intéresse de façon détaillée à l’écoulement autour des pales du mobile.

Les points faibles de l’approche « boîte noire » sont les incertitudes liées à la définition des profils de
vitesse et de turbulence autour de l’agitateur. Elle nécessiterait l’acquisition de valeurs expérimentales.
Malgré cela, nous choisirons cette méthode. Outre les raisons liées au temps de calcul, les études déjà
effectuées, [Chatellier P., 1991], ont montré que, hormis pour la zone située près de l’agitateur,
l’écoulement dans un bassin d’aération est correctement décrit par cette modélisation.

C.I.3 DONNEES ET METHODE UTILISEE POUR LA VALIDATION DU MODELE


Cette partie présente les données et la méthodologie mise en œuvre qui permettront de valider le
modèle et ensuite d’effectuer d’autres simulations en changeant la configuration du bassin d’aération.
Les mesures que nous utilisons sont celles obtenues sur la station de traitement des eaux de
Mommenheim.
La validation du modèle n’est effectuée qu’en milieu monophasique. En effet, nous ne disposons pas
de mesures effectuées avec l’aération en fonctionnement.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 45


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

C.I.3.1 PRESENTATION DE LA STATION DE MOMMENHEIM

C.I.3.1.1 Le bassin d’aération

Mommenheim est village situé à 26 km au


nord de Strasbourg (cf. carte ci-contre).

Figure 9 : Localisation de Mommenheim

Cette station possède un réacteur biologique en


forme de chenal circulaire Il est représenté ci-
contre.

Ses dimensions sont les suivantes :

Capacité Volume Hauteur φ int φ ext


Nominale total d’eau max (m) (m) (m)
(EH) (m3)
6000 1580 4.2 6.5 22.9
Tableau 4 : Dimensions du bassins d’aération

Figure 10 : Bassin d’aération de Mommenheim

C.I.3.2

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 46


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C.I.3.2.1 L’agitation

Ce bassin est équipé de deux agitateurs à grandes


pales et à rotation lente, autour d’un axe dans le
plan horizontal, à 1,7 m du radier. L’agitateur
extérieur est dirigé suivant un angle de 10° par
rapport à son axe de fixation et l’agitateur intérieur
suivant un angle de 20° (cf. figure N°10).
Figure 11 : Agitateurs Flygt

Leurs caractéristiques sont les suivantes :

Référence φ des Vitesse de Poussée des Débit de pompage Puissance absorbée


pales (m) rotation (tr.mn-1) agitateurs (N) (m3.h-1) (kw)
Flygt type SR4410
2,5 27 2*1700 2*9277 2*3,20
CB 400
Tableau 5 : Caractéristiques des mobiles d’agitation

C.I.3.3 PRESENTATION DES DONNEES RECUEILLIES


En monophasique nous nous intéressons aux vitesses horizontales régnant dans le bassin d’aération.
Ces mesures ont été effectuées le 11/09/97 par le CEMAGREF d’Anthony, en eau claire, et sans
aération. La hauteur d’eau dans le bassin était alors de 4,15 m, soit un volume de 1569 m3.
Les 20 mesures ont été effectuées à l’aide d’un micro-moulinet, sur 5 verticales et 4 profondeurs. Le
plan vertical de mesures est matérialisé sur la figure N° 10. Les incertitudes de mesure auxquelles
nous pouvons nous attendre varient, dans le meilleur des cas, entre 5% et 10%.

Les résultats de mesure, ainsi que les courbes iso-vitesse sont présentées ci-dessous.

Moyenne
Distance du des
0,5 2,25 4 5,75 7,5
bord ext (m) horizontales
(cm,s-1)
surf, –0,67m 56,56 48,88 48,34 45,60 29,52 45,78
Fond, +2,5 m 59,84 53,91 50,16 42,67 22,58 45,83
Fond, +1,5 m 59,84 61,85 56,92 42,86 21,12 48,52
Fond, +0,5 m 47,79 60,21 59,48 54,36 33,54 51,08
Moyenne des Moyenne :
56,01 56,21 53,72 46,37 26,69
verticales 47,80
Tableau 6 :Résultats bruts du CEMAGREF-vitessses en cm.s-1

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 47


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0.7 1.75 1.75 1.75 1.75 0.5

B 0.67
O 0.30 0.46 0.48 0.49 0.57
R
D
0.98

I 0.23 0.43 0.50 0.54 0.60


N
T 0.1 0.2 03 0.40 0.45 0.50
E 4.15 0.55 1.0
R 0.60
0.21 0.43 0.57 0.62 0.60
I
E
U 1.0
R
0.34 0.54 0.59 0.60 0.48
0.5

8.20

Figure 12 : Mesures de vitesse et courbes iso-vitesse

Nous pouvons constater que les vitesses maximales sont localisées près de la paroi extérieure. Les
vitesses sont assez hétérogènes dans la section de mesure. La vitesse moyenne pondérée est de 0,48
m.s-1. L’annexe N°2 fournit le détail des calculs.

C.I.3.4 REPRESENTATION ET MAILLAGE DU BASSIN D’AERATION

C.I.3.4.1 Géométrie
A l’aide du préprocesseur GAMBIT utilisé dans Fluent, nous représentons le bassin d’aération sous la
forme d’un tore de section carré. Son diamètre intérieur est de 6,5 m, son diamètre extérieur de 22,9m
et sa hauteur de 4,15m. Les agitateurs sont représentés par des cylindres (diamètre : 2,5 m, épaisseur :
0,35 m). Aux limites de ces volumes, nous imposerons des conditions correspondant aux
caractéristiques des agitateurs. L’écoulement n’est pas résolu à l’intérieur de ces cylindres, et le
domaine de calcul est en fait le tore évidé de deux volumes cylindriques situés à l’emplacement des
agitateurs ( cf. figure 13).

La géométrie est extrêmement simplifiée. Ainsi, pour l’étude monophasique, nous ne représentons pas
les rampes de diffuseur afin, notamment, de faciliter l’opération de maillage.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 48


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Figure 13 : Représentation du bassin de Mommenheim

C.I.3.4.2 Le maillage
L’opération de maillage est très importante. De sa qualité dépend la précision des calculs. Un nombre
de mailles insuffisant fera diverger les calculs ou sera responsable d’une diffusion numérique trop
importante. Il faut trouver un compromis entre le nombre de mailles et le temps de calcul qui
augmente considérablement avec le raffinement de la discrétisation du domaine.
Nous choisissons de diviser le domaine de calcul en deux parties. Celle près des agitateurs est maillée
à l’aide d’un maillage non structuré tétraédrique. L’autre partie, d’un volume plus important, est
maillée à l’aide d’un maillage curviligne hexaédrique, qui « suit » l’écoulement.
Ce découpage permet d’utiliser au maximum les mailles de forme hexaédrique ayant la propriété de
posséder des facettes parallèles ou perpendiculaires à l’écoulement. Cette particularité permet de
minimiser les erreurs d’approximation des dérivées partielles issues de la discrétisation des équations
de transport. Le risque de divergence ou de diffusion numérique s’en trouve alors amoindri.

Une étude de sensibilité au maillage a été effectuée. Nous avons réalisé plusieurs simulations avec
des tailles de maille différentes (environ 20 000, 50 000 et 100 000 mailles). Il s’avère que les trois
simulations effectuées donnent à peu près le même résultat. Comme le montre l’annexe N°3, la
diffusion numérique n’est pas plus importante dans le cas où le nombre de mailles est minimum (cela
se constate notamment au niveau du cône de poussée de l’agitateur). Nous choisissons donc de simuler
les écoulements en monophasique pour la validation du modèle à l’aide d’un domaine de calcul à 22
510 mailles, tel que représenté ci-dessous. Suivant les configurations (hauteur d’eau, position des
agitateurs) qui seront ensuite étudiées, le nombre de maille pourra évoluer entre 20 000 et 45 000.

Figures 14 : Représentation du maillage (22 510 mailles)

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 49


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C.I.3.5 CONDITIONS AUX LIMITES UTILISEES


La surface libre est supposée indéformable et nous pouvons de ce fait imposer une condition de
symétrie sur cette limite.
L’agitateur est représenté par un cylindre. Une vitesse constante est imposée sur la face avant de celui-
ci. Cette vitesse d’entrée (0,525 m.s-1) est calculée à partir du débit de pompage des agitateurs (9277
m3/h). La vitesse radiale est supposée négligeable. Nous indiquons donc une condition « mur » sur la
face latérale du cylindre. Nous spécifions une vitesse de sortie sur sa face arrière. Sa norme est égale à
celle de la vitesse d’entrée. Dans le code, nous affectons cette valeur d’un signe « moins » pour
spécifier que, sur la face arrière, l’eau sort du domaine. Avec cette méthode, le flux d’eau aspiré à
l’arrière de l’hélice est bien égal au flux refoulé par celle-ci par le devant. Des profils constants de
turbulence (k=0,0008 et ε =0,000057), calculés selon les équations 72 et 73, sont également imposés
sur les faces avant et arrière du cylindre.
La rugosité des parois latérales du bassin est estimée à K=70 m1/3.s-1, soit une hauteur de rugosité
(selon l’équation 69) de 2,44 mm. Nous estimons que le radier du bassin est moins lisse. Cela permet
de tenir compte des rampes de diffuseurs qui obstruent légèrement l’écoulement. Nous prenons donc
K=60 m1/3.s-1 soit ks =6,15 mm.

C.I.3.6 CONVERGENCE DES CALCULS


Pour s’assurer de la convergence des calculs, nous nous aidons de deux critères visuels. Le premier
consiste à observer les courbes des résidus définis par les équations 59 et 61, tracées par Fluent, en
fonction des itérations. Lorsque les résidus sont faibles (inférieurs à 10-3 au moins) et que les courbes
deviennent plates comme illustrées ci-dessous, nous pouvons considérer que la solution est atteinte.

Figure 15 : Courbe des résidus

Un autre critère consiste à suivre l’évolution des champs de vitesse, de pression, au fur et à mesure des
itérations. Lorsqu’ils n’évoluent plus, cela signifie que le calcul a convergé.

En combinant ces deux critères visuels, nous avons déduit que la solution était obtenue au bout de
10000 itérations.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 50


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

C - II ETUDE EN DIPHASIQUE
Cette partie a pour but de préciser la méthode employée pour l’étude de l’hydrodynamique sur la
station de Mommenheim en diphasique. Nous n’avons pu valider le modèle en diphasique car nous ne
disposions pas des mesures nécessaires.

C.II.1 LE MODELE FLUENT EN DIPHASIQUE


Fluent propose plusieurs modèles de résolution des écoulements diphasiques. Nous avons choisi le
modèle eulérien-eulérien qui résout l’équation de continuité, les 6 équations des vitesses de l’eau et
de l’air et l’équation de la fraction volumique de l’air.
Dans cette approche eulérienne-eulérienne, Fluent propose trois modèles de turbulence reposant
essentiellement sur le modèle k-ε. Par souci de concision et de clarté, les équations résolues par Fluent
ne sont pas présentées.
Le choix du modèle de turbulence dépend de l’importance de la turbulence générée par la seconde
phase dispersée. Un modèle de dispersion ( Dispersed Turbulence Model), proposé par Fluent, est
utilisable dans le cas où la concentration de la seconde phase est faible. Dans ce cas, les collisions
entre particules sont négligeables. Ce modèle est applicable lorsqu’il y a clairement une phase
primaire continue et une phase secondaire dispersée et diluée.
Cela correspond exactement au cas d’un bassin d’aération. La phase continue est l’eau. La phase
dispersée est représentée par les bulles d’air diluées dans l’eau. La littérature montre en effet que la
fraction volumique de l’air dans de tels ouvrages dépasse rarement, en moyenne, la valeur de 1%.
Nous choisissons donc ce modèle qui ne calcule la turbulence que pour la phase continue. Fluent
résout donc deux équations supplémentaires pour la turbulence (équations de transport de k et ε pour
l’eau). En choisissant ce modèle de turbulence, nous économisons deux équations supplémentaires
(équations de transport de k et ε pour l’air).

Fluent résout donc au total 10 équations. Le schéma itératif suivi est le même qu’en monophasique (cf.
figure N°8). L’obtention de la convergence à l’aide de ce modèle n’est pas aisée. Le maillage utilisé
doit être raffiné sous peine de divergence des calculs. La nécessité d’une discrétisation fine, associée
au grand nombre d’équations résolues à chaque itération, rend ce modèle eulérien-eulérien très
gourmand en temps et en capacité de calcul.

Cependant, après examen des autres modèles plus simples proposés par Fluent, nous nous sommes
rendu compte qu’il s’agit du seul modèle diphasique applicable pour le cas que nous voulons étudier.

C.II.2 CHOIX DES CONDITIONS LIMITES


Seule la condition limite utilisée pour la surface libre diffère de celle utilisée pour les écoulements
monophasiques. Pour la prise en compte des diffuseurs, nous utilisons une nouvelle condition limite.

C.II.2.1 LA SURFACE LIBRE


En écoulement diphasique, notre domaine de calcul sera constitué d’un volume d’eau et d’un volume
d’air situé dans la partie supérieure du bassin. Aucune contrainte ne sera fixée au niveau de la
surface libre, qui pourra donc se déformer.
La condition limite sera imposée sur la partie supérieure du domaine, constituée d’air et soumise à
la pression atmosphérique. Elle sera donc définie comme étant une pression de sortie.

C.II.2.2 LES DIFFUSEURS


Les diffuseurs se présentent sous forme de plateaux assemblés sur des rampes (cf. figures 10 et 16 ).
Ils sont constitués de membranes percées d’orifices, qui, sous la pression de l’air injecté, laissent
passer des bulles.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 51


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

Figure 16 : Diffuseurs à l’arrêt et en activité

Les plateaux de diffuseurs seront donc modélisés comme étant des aires situées au niveau du
radier et dont la surface est égale à l’emprise des plateaux sur ce radier. Sur ces aires, nous
imposons un profil constant de vitesse d’entrée d’air, de telle sorte que le volume réel d’air
injecté soit respecté. La géométrie 3D des diffuseurs est simplifiée et remplacée par une géométrie
2D. Les rampes sur lesquelles sont fixés les diffuseurs ne sont pas représentées.
Pour la prise en compte de l’interaction entre les phases eau/air, nous spécifions un diamètre
constant de bulles d’air, calculé à partir du diamètre réel des orifices sur les diffuseurs, à l’aide de
l’équation 26. La population de bulles est donc considérée comme homogène et constante. Les
phénomènes de cisaillement et de coalescence, décrits dans la partie bibliographique, ne sont pas pris
en compte. Conformément à ce qui est indiqué dans la partie bibliographique (paragraphe B-1.2.1 ),
les forces s’exerçant sur les bulles se limitent aux forces de traînée et de masse ajoutée.

C.II.3 MODELISATION DU BASSIN D’AERATION EN DIPHASIQUE

C.II.3.1 DISPOSITIF D’AERATION EXISTANT


L’aération est assurée par 144 paires de diffuseurs, de type Flexazur-GVA Elastox P, en forme
de plateaux, répartis sur 8 rampes disposées tous les 30°(cf. figure N° 10). Le débit fourni par le
surpresseur est de 2500 Nm3/h et la surpression est de 5500 Pa.
Nous supposons que le diamètre des orifices dans la membrane est de 1 mm, ce qui donne un diamètre
de bulles de 3 mm, selon l’équation 26 .

C.II.3.2 REPRESENTATION ET MAILLAGE

C.II.3.2.1 Géométrie
Nous ajoutons deux éléments au bassin représenté pour l’étude en monophasique :

Un volume d’air cylindrique de hauteur 0,5 m et situé au dessus du volume d’eau est rajouté. Nous
représentons également le système d’aération par des aires situées dans le plan du radier. Leur nombre
est égal au nombre de paires de diffuseurs (144). Chaque aire a une longueur et largeur respective de
1,732 m et 0,2 m, soit une surface unitaire de 0,3464 m2. La surface totale d’injection d’air est donc de
49,88 m2.
L’air sera donc injecté sous formes de bulles de 3 mm de diamètre, à un débit de 2500 Nm3h-1, soit à
une vitesse d’entrée de 0,014 m.s-1.

La nouvelle géométrie pour l’étude diphasique est représentée ci-dessous :

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 52


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

Figure 17 : Représentation du bassin de Mommenheim en (diphasique)

C.II.3.2.2 Le maillage
Compte tenu de la présence des diffuseurs et d’une hauteur de bassin supplémentaire (0,5 m), le
maillage du bassin est plus complexe. Nous utilisons des mailles tétraédriques près des agitateurs,
comme en monophasique, mais également en fond de bassin, près des diffuseurs. Les mailles
hexaédriques sont utilisées dans le reste du domaine.
Par ailleurs, nous pouvons nous attendre à une déformation de la surface libre et à une élévation de son
niveau. Pour pouvoir visualiser correctement ce phénomène, nous avons donc resserré les mailles au
niveau de l’interface eau/air.
Pour la simulation des écoulements diphasiques de la station de Mommenheim, nous utilisons un
modèle à 97 551 mailles, tel que représenté ci-dessous. Suivant les configurations qui seront ensuite
étudiées (hauteur d’eau, position des agitateurs), le nombre de mailles évoluera autour de 100 000.

Figure 18 : Représentation du maillage (97551 mailles)

C.II.3.2.3 La convergence
Lors des simulations, la convergence des calculs a été difficile à obtenir. Les courbes des résidus
concernant les composantes des vitesses de l’air dans le plan horizontal présentent de fortes
oscillations. Il est alors plus difficile de se rendre compte si les calculs ont bien convergé.
Dans tous les résultats de simulations, le bilan matière n’est pas strictement bouclé. D’une part,
l’augmentation niveau de la surface libre dans le bassin, due à la présence de bulles d’air dans l’eau,

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 53


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Matériel et méthode

n’est pas bien représentée. D’autre part, une faible quantité d’eau (de l’ordre de quelques kg/s, à
comparer avec les 1659 tonnes d’eau dans le bassin) entre dans le domaine par la face supérieure. Cela
ne correspond bien sûr en rien aux phénomènes physiques que l’on cherche à présenter.
Le maillage a été raffiné, passant ainsi de 50 000 à 100 000 mailles environ. Cela a permis d’améliorer
les résultats obtenus, sans toutefois éliminer les incohérences relevées.
Compte tenu des moyens de calcul à notre disposition, il n’a pas été possible d’aller plus loin dans le
raffinement du maillage.
Certains résultats en diphasique présentés ci-après sont entachés d’une incertitude qu’il conviendrait
de lever en validant le modèle par des mesures expérimentales, et en améliorant le modèle.

C - III CONCLUSION
Nous avons tout d’abord présenté et justifié le choix du code Fluent, utilisé pour mener à bien nos
simulations. Cela a permis une meilleure compréhension des calculs mis en œuvre, notamment en ce
qui concerne les processus itératifs et de discrétisation spatiale.

Pour pouvoir modéliser l’hydrodynamique des bassins d’aération, nous devons effectuer trois choix
fondamentaux, en distinguant le cas des écoulements monophasiques et diphasiques.
Ces choix concernent
• le modèle de turbulence
• les conditions aux limites
• la représentation de la géométrie du bassin d’aération et le maillage du domaine de
calcul.

La validation du modèle à partir de données réelles permettra ensuite de s’assurer de sa validité.


Nous pourrons alors étudier différentes configurations du couple agitateur/aération, ce qui est le but de
notre travail.
Dans la partie suivante, nous présentons les résultats de validation du modèle en monophasique, puis
nous étudierons l’influence de la conception du réacteur biologique sur la qualité du brassage et de
l’aération.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 54


Stage de DEA Travail de fin d’études – Résultats

D PRESENTATION DES RESULTATS

D-I ETUDE EN MONOPHASIQUE


Nous présentons les résultats de validation du modèle ci-après. Une fois que le modèle est validé,
nous pouvons étudier l’influence de la configuration du couple bassin/agitateurs sur les
écoulements.

D.I.1 VALIDATION DU MODELE

D.I.1.1 VITESSES DANS LE PLAN DE MESURE


Le détail de tous les calculs figurent dans l’annexe N°2 .

Les vitesses simulées sont présentées ci-dessous dans un tableau et sous forme graphique.

Vitesses (ms-1)
extérieur
intérieur

0.34 0.44 0.45 0.43 0.39


Bord
Bord

0,30 0,46 0,45 0,44 0,39


0,27 0,45 0,46 0,45 0,39
0,34 0,43 0,43 0,42 0,33
Tableau 7 : vitesses simulées

Vitesse moyenne simulée: 0.41 ms-1

Figure 19 : Contour des vitesses dans le plan de mesure

Nous pouvons désormais comparer les vitesses calculées et expérimentales, à l’aide de graphes
présentant les courbes iso-vitesses dans le plan de mesure.

B
O
R
D 0.45
0.30 0.40
I
0.1 0.20 0.46
N 0.2 0.30
T 0.4 0.4 0.5 0.55 0.10
E 0.60
R
I
E
U
R

Figure 20 : Comparaison des vitesses mesurées (à gauche) et calculées (à droite)

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 55


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

Le tableau ci-dessous permet de visualiser la différence relative entre les vitesses expérimentales et
calculées.

Ecart relatif des vitesses ponctuelles (par rapport à la vitesse mesurée)

extérieur
intérieur

13,33% -4,35% -6,25% -12,24% -31,58%

Bord
Bord

30,43% 6,98% -10,00% -18,52% -35,00%


28,57% 4,65% -19,30% -27,42% -35,00%
0,00% -20,37% -27,12% -30,00% -31,25%
Tableau 8 : Ecart relatif entre vitesses calculées et vitesses mesurées

ªLes commentaires que nous pouvons apporter sont les suivants :


• La vitesse moyenne Vc simulée est de 0,41 m.s-1 (débit de circulation/section d’écoulement) contre
0,48 m.s-1 pour celle obtenue expérimentalement. La différence relative entre les deux valeurs
est de 14 %. Ce résultat est assez moyen.
• De plus, les valeurs et la répartition des vitesses sur le plan de mesure diffèrent. La simulation
donne un champ de vitesse beaucoup plus homogène. Le dernier tableau montre en effet que le
calcul minimise les vitesses près du bord extérieur et surestime les vitesses près du bord intérieur.
Les courbes iso-vitesse font état de valeurs et de répartitions différentes des vitesses calculées et
simulées : La vitesse maximale calculée est de l’ordre de 0,46 m.s-1 alors que celle mesurée est de
0,62 m.s-1. De plus, la vitesse calculée maximale se trouve au centre du chenal tandis
qu’expérimentalement, elle se situe plutôt en périphérie extérieure.

ªLes différences constatées peuvent s’expliquer, d’une part, en admettant que notre modélisation est
imparfaite et, d’autre part, en considérant qu’il existe des erreurs sur la mesure des vitesses ou le
calcul de la vitesse expérimentale pondérée.
• La géométrie du bassin que nous avons représenté est extrêmement simplifiée. Nous n’avons
pas pris en compte les canalisations d’alimentation en air, ni les barres de guidage des rampes de
diffuseurs situées près de la paroi intérieure. Leur présence a pour effet de ralentir l’écoulement
près de la paroi interne, et par conséquent de l’accélérer en périphérie extérieure. Ils accroissent
donc les hétérogénéités de vitesse. De plus, les rampes de diffuseurs, également non représentées,
sont de hauteur non négligeable (15 cm), et font obstacle à l’écoulement en fond de bassin. La
section du chenal s’en trouve diminuée d’autant (4%), ce qui peut expliquer en partie que la
vitesse moyenne réelle soit supérieure à la vitesse simulée.
• La vitesse en sortie de l’agitateur a été calculée d’après son débit de pompage. Cette donnée a été
recueillie sur des plans effectués lors de l’exécution du projet. Les profils de turbulence (k-ε) ont
été calculés à partir d’équations fournies dans la littérature. Nous avons cherché à confirmer ces
informations auprès de Flygt, le fournisseur des mobiles d’agitation, mais notre demande est restée
sans réponse. Il existe donc une incertitude sur les valeurs de nos conditions limites autour
des agitateurs.
• La précision du micro moulinet est, dans le meilleur des cas, de 5% et peut expliquer en parti
la différence entre les vitesses moyennes. Par contre, la différence d’hétérogénéité des vitesses
ne peut être expliquée par ce biais. Cela impliquerait en effet que la courbe d’étalonnage du micro-
moulinet soit fausse, ce qui n’est pas envisageable (sous-estimation des vitesses à faible rotation
de l’hélice du micro-moulinet dans les zones de faible courant, et inversement).
• Le calcul de la vitesse moyenne pondérée dépend du découpage du plan de mesure en sections
élémentaires de vitesse constante.
.
ª Les différences entre simulation et expérimentation sont plutôt dues à des imprécisions dans
la modélisation. Il apparaît erroné de les imputer à des erreurs de mesure.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 56


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

D.I.1.2 AUTRES RESULTATS OBTENUS

D.I.1.2.1 Vitesses dans le plan de l’agitateur

Figure 21 : Contour des vitesses dans le plan des agitateurs y=1.7 m


Nous pouvons assez nettement observer des vitesses faibles près des parois, le cône de poussée des
deux agitateurs où règne une vitesse élevée ainsi qu’un secteur plus calme dans une zone proche de la
paroi interne. Le débit de circulation dans le chenal est de 14,04 m3.s-1.
D.I.1.2.2 Pressions hydrostatiques relatives et dynamiques dans le plan horizontal

Figure 22 : Contour des pressions hydrostatique (gauche) et dynamique (droite)

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 57


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

Les pressions sont conformes à celles que l’on est en droit d’attendre. La pression statique relative
croît avec la profondeur d’eau, jusqu’à une valeur de 4 104 Pa environ, ce qui correspond à une
immersion de 4m. La pression dynamique, exprimée en mètres de colonne d’eau (mce), évolue bien
suivant les vitesses, selon la formule.
V2
Pdyn = (75)
2g

D.I.1.2.3 Profil d’énergie cinétique turbulente dans le plan horizontal

Figure 23 Contour d’énergie cinétique turbulente

Le champ d’énergie cinétique turbulente observé est conforme aux études antérieures [Chatellier P.,
1991]. La turbulence est générée essentiellement à la périphérie des jets produits par les
agitateurs, dans une zone à fort cisaillement, puis convectée dans le reste du bassin.

D.I.1.3 CONCLUSION SUR LA VALIDATION DU MODELE


Cette partie avait pour but de valider notre modèle de bassin d’aération en monophasique en
s’appuyant sur des données expérimentales. Nous avons mis en évidence une correspondance
moyenne entre la vitesse moyenne calculée et la vitesse moyenne expérimentale dans la section
mesurée. De plus, la répartition des vitesses ponctuelles n’est pas la même dans les deux cas. Pour
expliquer la plus grande hétérogénéité du champ de vitesse expérimental, nous retenons surtout
l’extrême simplification de notre représentation du bassin d’aération. Les erreurs commises lors des
mesures ne sauraient expliquer la différence entre vitesse mesurée et vitesse calculée.
L’examen du champ d’autres grandeurs physiques (pression, énergie cinétique turbulente) concorde
avec les données fournies dans la littérature et prouvent que le modèle élaboré est tout de même
représentatif de la réalité.
Nous pouvons affirmer, au vu des remarques précédentes, que notre modélisation 3D d’un
bassin d’aération en monophasique est malgré tout satisfaisante et donc validée. Cela nous
permet de présenter ci-après les simulations effectuées pour l’étude de l’influence de la conception du
bassin d’aération sur le brassage.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 58


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

D.I.2 INFLUENCE DE LA CONCEPTION DU BASSIN D’AERATION SUR LA


QUALITE DU BRASSAGE
Cette partie de l’étude est consacrée aux écoulements monophasiques, et plus précisément à l’étude de
la répartition des vitesses de circulation dans les bassins d’aération. Nous devons cependant garder à
l’esprit que des vitesses élevées et homogènes permettront un mélange efficace en milieu triphasique
(eau+air+boues).
Nous considérons donc qu’un brassage de bonne qualité sera obtenu pour un débit et une vitesse de
circulation maximale et pour des zones mortes ou de faibles vitesses minimisées ( vitesses d’eau
homogènes). L’étude bibliographique a montré que les vitesses moyennes en boue de 0,2 à 0,3 m.s-1
étaient convenables. En monophasique, nous considérons donc que la vitesse minimale requise est
de 0,3 m.s-1.

D.I.2.1 INCLINAISON HORIZONTALE DES HELICES


Nous avons cherché à déterminer l’orientation horizontale optimale des agitateurs, en terme de débit
de circulation et de vitesse moyenne. Nous faisons varier les angles (définis sur la figure N°10 ) des
agitateurs. Tous les autres paramètres (hauteur d’eau, section du bassin) restent constants.

Les résultats sont les suivants :


Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4 Cas 5 Cas 6
(existant)
Orientation
de l’hélice 10 50 43 25 25 5
extérieure (deg)
Orientation
de l’hélice 20 50 50 40 30 15
intérieure(deg)
Qc (m3.s-1) 14,04 12,52 13,02 13,86 13,94 13,67
-1
Vc (m.s ) 0,41 0,37 0,38 0,41 0,41 0,40

Tableau 9 : Influence de l’orientation horizontale des hélices sur le débit de circulation


Nous observons que le cas N° 1 correspond à l’orientation horizontale idéale des agitateurs. Les cas
N° 2 et N°3 ne sont pas à recommander car des zones importantes de faibles vitesses (< 0,3 ms-1)
existent à la périphérie extérieure du bassin ( cf. annexe N°4). De plus, le jet produit par l’hélice la
plus en amont (hélice extérieure) est aspiré en partie par l’hélice intérieure, en aval, ce qui diminue la
quantité de mouvement transmise à l’ensemble du fluide du bassin.

Le cas N°2 correspond à une configuration pour laquelle les axes des hélices sont parallèles et l’axe de
l’hélice intérieure est tangent à la paroi interne. Nos résultats semblent contredire ceux de
CHATELLIER P.[Chatellier P., 1991] puisqu’il avait estimé que ce positionnement était optimal. En
fait, la configuration qu’il avait étudiée était différente de la nôtre : les hélices qu’il avait utilisées
étaient à petites pales et leurs jets n’interféraient pas . Mes résultats ne contredisent donc pas ceux de
cet auteur.

ª La position existante des hélices est donc celle qui permet d’obtenir une vitesse et un débit de
circulation maximum (respectivement 0,41 m.s-1 et 14 m3.s-1).

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 59


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

D.I.2.2 HAUTEUR D’EAU DANS LE BASSIN


Nous avons cherché à étudier l’influence de la hauteur d’eau sur les vitesses de circulation dans le
chenal, en gardant, par ailleurs, la même configuration que celle existante. Il est intéressant de
déterminer la hauteur d’eau à partir de laquelle deux agitateurs ne permettent plus l’obtention d’une
vitesse suffisante. Les résultats de simulation sont présentés sous forme de graphique :

24 0,45
Débit de circulation (m3/s)

22

Vitesse moyenne (m/s)


0,4
20

18 0,35

Débit de circulation
16 0,3
(m3/s)
14 Vitesse moyenne
(m/s) 0,25
12

10 0,2
4 5 6 7 8
Hauteur d'eau (m)

Figure 24 : Débit et vitesse de circulation en fonction de la hauteur d’eau

Le débit de circulation augmente régulièrement avec la hauteur d’eau et la vitesse de circulation


décroît lentement en fonction de cette hauteur.

Jusqu’à 6 m de hauteur d’eau, les vitesses moyennes sont acceptables. Au delà, elles le sont aussi, bien
que les zones de faibles vitesses (<0.3 ms-1) près de la paroi intérieure augmentent de volume (cf.
annexe N°5).
ª Le système d’agitation existant, conçu pour une hauteur d’eau de 4,15m pourrait donc
convenir pour des profondeurs de bassin allant jusqu’à 8m.

D.I.2.3 INCLINAISON VERTICALE DES HELICES


Nous étudions l’influence de l’inclinaison verticale des hélices sur les vitesses et les débits de
circulation, pour les hauteurs d’eau importantes. Les agitateurs sont donc inclinés vers le haut d’un
angle de 10°, dans les bassins de 6 m, 7 m et 8 m de haut. Leur orientation horizontale, ainsi que tous
les autres paramètres, sont ceux d’origine.
L’objectif de ces simulations est de déterminer si ce nouveau positionnement permet d’améliorer la
circulation de l’eau dans le cas des grandes profondeurs d’eau.
Un tableau comparatif illustre ci-dessous les modifications de l’hydrodynamique dans les bassins.

Cas 1 Cas 2 Cas 3


Hauteur d’eau (m) 6 7 8
Qc (m3/s) 18,57 20,79 22.88
Angle vertical nul Vc (m/s) 0,38 0,36 0.35
Qc (m3/s) 18,69 20,88 22.99
Angle vertical 10°
Vc (m/s) 0,38 0,36 0.35
Augmentation relative de Qc (%) 0,6 % 0,4 % 0,5 %
Tableau 10 : Influence de l’orientation verticale des hélices sur le débit de circulation

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 60


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

Il résulte de ces simulations que le fait d’incliner verticalement les agitateurs a une influence
négligeable sur les débits de circulation. Le gain en terme de vitesse moyenne de circulation est
imperceptible.
Nous pouvons mentionner le fait que, sur site réel, les agitateurs orientés de cette façon peuvent créer
un cône de poussée risquant d’intercepter et de déformer la surface libre. Une perte d’énergie à ce
niveau est donc probable. Or, notre modélisation de la surface libre (indéformable) ne peut prendre en
compte cette dissipation d’énergie. Toute l’énergie fournie par les agitateurs est utilisée pour la mise
en mouvement horizontale de la masse d’eau. Il est donc possible que la simulation, dans cette
configuration, surestime les débits de circulation.

ª Compte tenu de ces remarques, il n’est pas justifié, en monophasique, d’incliner


verticalement les hélices.

D.I.2.4 INFLUENCE D’UNE NOUVELLE GEOMETRIE DU BASSIN D’AERATION


A volume d’eau identique et à puissance d’agitation constante, il est intéressant de déterminer la forme
du réacteur la plus intéressante, en terme de valeurs et d’homogénéité de vitesses et de débit de
circulation.
Nous modéliserons donc un réacteur d’une hauteur d’eau de 8 m. La justification de notre choix se
trouve dans l’étude bibliographique : les grandes hauteurs d’eau favorisent le transfert d’oxygène dans
l’eau. Ces bassins profonds présentent aussi l’avantage, non négligeable en terme urbanistique, d’offrir
une emprise au sol minimisée.
Nous effectuons quatre simulations menées sur des bassins de forme identique. Ils ne diffèrent que par
la forme et la position des agitateurs. Dans le cas N°1, les agitateurs, de diamètre 2,5m sont
superposés. Dans les cas 2 et 3, ils sont situés tous les deux au fond du bassin, mais avec des
orientations horizontales différentes. Le cas 4 correspond au cas 2 avec les agitateurs rehaussés de 1m.
Compte tenu de la nouvelle largeur restreinte du chenal, le diamètre des 2 agitateurs au fond du bassin
passe de 2,5 m à 2 m. La représentation des bassins figure en annexe N°6 .
Remarque :
En faisant l’hypothèse que des agitateurs de même débit de pompage mais de diamètre différent,
consomment la même puissance, nous supposons implicitement que la puissance consommée n’est
que fonction du débit de pompage, ce qui est faux a priori. Cela n’est vrai, d’après les équations
Np
(34) et (38), que si le rapport * N 2 * d 2 est identique pour les deux agitateurs. Nous
N qp
supposerons cette condition vérifiée par la suite.

Le tableau ci-dessous reprend les paramètres caractéristiques des 5 cas étudiés :


Cas existant Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4
Cf. partie Volume: 1569 m3,hauteur: 8 m, φ int : 6,5 m, φ ext : 17,09 m,
Géométrie du bassin
C-I.3.1 Largeur chenal : 5,295 m, section d’écoulement : 42,36 m2
Diamètre (m) 2.5 2.5 2 2 2
Débit de pompage (m3.h-1) 2*9277
Positionnement par rapport int : 1,7 basse : 1,7 int : 1,7 int : 1,7 int : 2,7
au radier (m) ext :1,7 haute : 5.05 ext : 1,7 e ext : 1,7 ext : 2,7
Dispositif int : 20° basse : 10° int : 0° int : 15° int : 0°
d’agitation Orientation horizontale
ext : 10° haute : 10° ext : 0° ext : 0° ext : 0
(2 hélices)
% de la section
29 % 23% 15% 15% 15%
d’écoulement occupée
% de la largeur de la section
61% 47% 76% 76% 76%
d’écoulement occupée
Conditions Vitesse (m.s-1) 0,525 0,525 0,821 0,821 0,821
limites pour k (J.kg-1) 0,0008 0,0008 0,002 0,002 0,002
les agitateurs ε (J.kg-1.s-1) 0,000053 0,000053 0,000273 0,000273 0,000273
Tableau 11 : Géométrie des bassins étudiés et conditions limites utilisées

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 61


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

Les résultats de ces 4 simulations sont comparés avec le cas existant à Mommenheim (hauteur d’eau
de 4,15 m) et présentés ci-dessous :

Pour juger de l’homogénéité des vitesses dans les bassins, nous avons étudié la répartition des vitesses
dans toutes les cellules du bassin. Les histogrammes de répartition de vitesse sont présentés en annexe
N°6 . A partir des valeurs numériques de ces graphiques, nous avons calculé la moyenne et l’écart-
type de ces vitesses. Nous pouvons également déterminer le pourcentage de cellules du domaine pour
lequel les vitesses de circulation sont inférieures à la vitesse limite admissible de 0,3 m.s-1.

Cas existant Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4


3 -1
Qc (m .s ) 14,04 15,64 21,62 19,94 22,01

Vc (m3.s-1) 0,41 0,37 0,51 0,47 0,52


Moyenne des
0,42 0,37 0,52 0,49 0,53
vitesses (m.s-1)
Ecart-type des
0,06 0,08 0,13 0,13 0,12
vitesses (m.s-1)
% de cellules où
7,17 18,6 6,31 9,20 4,37
Vc<0,3 m.s-1
Tableau 12 : Influence de la géométrie des réacteurs sur les débits et vitesses de circulation
Nous pouvons constater que la modification de la géométrie des bassins influe significativement sur la
répartition des vitesses. Pour une même puissance d’agitation, le débit de circulation dans un bassin
profond est supérieur à celui d’un bassin classique (hauteur d’eau de 4,15m).

La position des agitateurs est également primordiale. En effet, la différence de résultats entre les cas 1
et 2,3,4 ne s’explique que par un emplacement différent des agitateurs. La superposition des agitateurs,
dans le cas 1, influe négativement sur les vitesses de circulation. Dans les cas 2, 3, et 4, des hélices,
occupant une grande partie de la largeur d’écoulement, permettent un accroissement très significatif
des vitesses et des débits de circulation. Dans le cas 2, la vitesse et le débit de circulation sont
supérieurs de 38% à ceux du cas 1.
Des bassins profonds avec des agitateurs occupant au maximum la largeur de la section d’écoulement
(tels les cas 2, 3 et 4) permettent donc d’obtenir des vitesses de circulation bien supérieures à celles du
bassin existant.
L’examen des écarts-type montre que les vitesses sont plus homogènes pour le cas existant. Cette
condition d’homogénéité est donc satisfaite lorsque les agitateurs occupent au maximum la section
d’écoulement.
Enfin, les zones de faibles vitesses sont beaucoup plus importantes dans le cas 1 que dans les 4 autres
cas. La meilleure configuration, à cet égard, est celle représentée par le cas N°4.
Si l’on privilégie l’homogénéité des vitesses, il convient de choisir un bassin pas trop profond avec des
agitateurs occupant au maximum la section d’écoulement (cas existant).
Si la priorité est axée sur l’obtention d’une vitesse et d’un débit de circulation maximum ainsi que sur
une zone de faibles vitesses minimale, des bassins profonds, possédant des agitateurs près du radier et
occupant toute la largeur de la section d’écoulement, doivent être choisis (cas 2,3 et 4).

Le choix est difficile à effectuer. L’hydrodynamique du bassin doit permettre un bon mélange des
matières solides (boues) avec l’air et l’eau. Il convient donc de déterminer les paramètres
hydrodynamiques permettant un bon mélange triphasique. Faut-il un champ de vitesses homogènes,
ou, au contraire, des gradients de vitesse plus élevés permettant une dispersion plus efficace ? Cette
question ne peut être résolue que dans une étude des bassins d’aération en milieu triphasique.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 62


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

ª Nous pouvons seulement dire à ce stade que le cas N°4 semble le plus approprié. Les vitesses
de circulation dans le bassin sont les plus fortes, elles sont assez hétérogènes, ce qui est favorable
à la dispersion, et les zones de faibles vitesses sont peu importantes.

ª Par ailleurs, l’utilisation de bassins profonds, avec des agitateurs superposés, n’occupant pas
au maximum la section d’écoulement, est à éviter (cas 1).

D.I.2.5 CONCLUSION DES SIMULATIONS EN MONOPHASIQUE


Les simulations effectuées en monophasique ont permis de tirer quelques enseignements permettant
d’optimiser la répartition des vitesses d’eau dans le bassin. Les principaux résultats à retenir sont les
suivants :
• Les jets des hélices ne doivent pas interférer entre eux, ni s’écraser contre l’une des parois du
réacteur. En d’autres termes, les jets doivent se développer librement. L’orientation horizontale
des hélices a donc une très grande importance, et il convient de la choisir de telle sorte que la règle
précédente soit vérifiée.
• L’axe de rotation de ces mobiles doit être maintenu dans le plan horizontal.
• Les vitesses de circulation diminuent lentement lorsque la hauteur d’eau (et donc le volume)
augmente. Des hélices utilisées dans le bassin de Mommenheim pourraient donc convenir pour
des bassins plus volumineux, de même surface au sol mais de hauteur d’eau supérieure. Ce résultat
surprenant serait à vérifier expérimentalement. S’il était validé, son application en ingénierie
présenterait un intérêt économique certain.
• A volume et puissance d’agitation constants, des bassins profonds permettent d’obtenir des
vitesses de circulation plus importantes minimisant le risque de dépôts. Dans ce cas, les agitateurs
devront être placés dans le même plan horizontal et occuper au maximum la largeur de la section
d’écoulement. Si des vitesses homogènes sont privilégiées, une configuration telle que celle de
Mommenheim est préférable.
Ces résultats, obtenus pour des écoulements monophasiques, doivent être confirmés en diphasique.

D - II ETUDE EN DIPHASIQUE
Nous étudions dans un premier temps, à partir des données de la station de Mommenheim, les
phénomènes de couplage existant entre les deux phases eau/air. Les résultats obtenus sont
comparés à ceux provenant de la littérature (résultats expérimentaux ou simulation).
En deuxième partie, nous modifions la géométrie existante du bassin pour étudier l’influence de celle-
ci sur l’interaction existante entre les deux phases. Nous essayerons de dégager des prescriptions
techniques permettant d’optimiser les écoulements en régime diphasique.

D.II.1 COUPLAGE AERATION-VITESSE DE L’EAU

D.II.1.1 INFLUENCE DE L’AERATION SUR LES VITESSES DE CIRCULATION


Nous avons simulé l’hydrodynamique de la station de Mommenheim en régime monophasique puis
diphasique et avons étudié l’influence de l’aération sur la vitesse et le débit de circulation, dans les
conditions de fonctionnement existantes.
Le tableau suivant compare les résultats de simulation avec les données de la littérature (tableau N°1) :

Simulation Littérature
Variation absolue Variation relative Variation relative
Monophasique Diphasique
de Vc ou Qc de Vc ou Qc de Vc
Qc (m3.s-1) 14,04 12,02 -2,02
-14%
Vc (m.s-1) 0,41 0,35 -0,06 Entre - 2 et -3%
Tableau 13 : Influence de l’aération sur la vitesse et le débit de circulation

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 63


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

ª Les simulations montrent que l’impact de l’aération sur les débit et vitesse de circulation sont
non négligeables. Ceux-ci chutent en effet de 14% lorsque l’aération est en route.
Ces résultats semblent contredire ceux de DA SILVA DERONZIER qui, sur le site expérimental de
Milly La Forêt, avait trouvé que l’influence de l’aération sur la vitesse horizontale était négligeable.
En fait, les conclusions de cet auteur ne peuvent être généralisées. Il a bien étudié un chenal circulaire,
mais celui-ci diffère de celui de Mommenheim par sa largeur de chenal, par le type et le
positionnement des hélices, ainsi que par la répartition des diffuseurs.

Nos résultats devraient être vérifiés par des mesures en site réel, lorsque l’agitation est en marche,
puisque les données expérimentales et bibliographiques ne nous permettent pas de nous assurer la
validité des simulations.

ª L’étude de l’influence de l’aération sur les vitesses horizontales de circulation est donc encore
un point à approfondir.

D.II.1.2 INFLUENCE DE LA VITESSE DE CIRCULATION SUR LES SPIRAL-FLOWS


• Nous avons dans un premier temps simulé l’hydrodynamique du réacteur avec l’aération seule en
fonctionnement, puis examiné les champs de vitesse résultants dans deux sections perpendiculaires à
l’écoulement :

Œil de circulation Œil de circulation

Figure 25 : Boucles de circulations dans un plan perpendiculaire à l’écoulement

Nous pouvons observer des mouvements de convection ascendants. Ils s’apparentent à des petits
spiral-flows, se produisant, non entre les diffuseurs (maillage pas suffisamment précis), mais entre les
diffuseurs et les parois internes et externes. Deux boucles de recirculation par section verticale sont
donc observables, l’une importante, située sur la partie extérieure du bassin, et l’autre plus petite, sur
la partie intérieure.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 64


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

• Nous avons également visualisé le champ de vitesse sur une section verticale, cylindrique, parallèle en
tout point aux parois du bassin :
.

Œil de circulation

Figure 26 : Boucles de circulations dans un plan parallèle aux parois

Sur cette section, nous observons les grands spiral-flows se produisant entre les raquettes de
diffuseurs.

Ces deux types de spiral-flows diffèrent par leur axe de rotation. Les spiral-flows observables dans
des sections verticales perpendiculaires à l’écoulement possèdent un axe de rotation parallèle à
l’écoulement. Les grands spiral-flows ont, quant à eux, un axe de rotation perpendiculaire à
l’écoulement.

Compte tenu de la finesse de notre simulation, il ne nous a pas été permis de modéliser tous les types
de spiral-flows décris par DA SILVA DERONZIER (micro, petits et grands spiral-flows).

• Nous avons ensuite augmenté graduellement la vitesse en sortie des agitateurs, jusqu’à la vitesse
nominale de 0,525 m.s-1.

Le tableau suivant indique les conditions limites utilisées au niveau des agitateurs (toutes autres
conditions limites étant égales par ailleurs), ainsi que le débit et la vitesse horizontale de circulation
résultants dans le bassin :

Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 5


-1
Vagit (m.s ) 0 0,2 0,4 0,525
k agit 0 1,2 10-4 4,8 10-4 8 10-4
ε agit 0 3,15 10-6 2,5 10-5 5,7 10-5
Qc (ms-1) 0 3,54 8,61 12,02
Vc (ms-1) 0 0,10 0,25 0,35
Tableau 14 : Conditions limites imposées sur les agitateurs et débits de circulation résultants

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 65


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

L’objectif de ces simulations est de déterminer l’influence de la vitesse horizontale sur les deux types
de spiral-flows que nous venons de mettre en évidence, et de confronter les résultats obtenus aux
données bibliographiques.

L’impact de la vitesse sur les grands spiral-flows (observables dans une section parallèle aux parois
verticales), pour des raisons de lisibilité, est présenté en annexe N°7 .

Nous observons que les grands spiral-flows se déforment, s’amenuisent puis disparaissent, lorsque la
vitesse horizontale de circulation augmente. Près des agitateurs, la composante verticale de la vitesse
de l’eau subsiste, même pour des vitesses de circulation de 0,3 m.s-1. Partout ailleurs, la vitesse de
l’eau est horizontale.

L’impact de la vitesse horizontale sur les petits spiral-flows dont l’axe de rotation est parallèle à
l’écoulement (spiral-flows observables dans des sections verticales perpendiculaires à l’écoulement)
est visualisé ci-dessous :

Figure 27 : vecteurs vitesse sans agitation Figure 28 : vecteurs vitesse, Vc=0,1 m.s-1

Figure 29 : vecteurs vitesse, Vc=0,25 m.s-1 Figure 30 : vecteurs vitesse, Vc=0,35 m.s-1

Nous remarquons que les petits spiral-flows, à l’instar des grands spiral-flows, persistent malgré la
mise en rotation horizontale de la masse d’eau. La vitesse de circulation n’a pour effet que de déplacer
leur centre de rotation.

ª Nos simulations rejoignent les observations expérimentales et numériques de DA SILVA-


DERONZIER G., COCKX A., la mise en rotation horizontale de l’eau n’a qu’un effet sur les
spiral-flows dont l’axe de rotation est perpendiculaire à l’écoulement. Des vitesses comprises
entre 0,25 et 0,35 m.s-1 sont nécessaires pour assurer une disparition quasi totale de ce type de
spiral-flows.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 66


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

D.II.1.3 INFLUENCE DE LA VITESSE HORIZONTALE SUR LES PANACHES GAZEUX


Nous présentons ci-dessous la déformation du panache de bulles, sous l’action de la vitesse
horizontale, dans un plan vertical cylindrique, parallèle à l’écoulement.

Figure 31 : Panaches gazeux sans agitation Figure 32 : Panaches gazeux avec agitation

ª La simulation effectuée modélise correctement le déplacement vers l’aval du panache de


bulles sous l’action de la vitesse horizontale.

La déformation des panaches est aussi observable dans des plans perpendiculaires à l’écoulement.

Figure 33 : Panache de bulles Vc=0 m.s-1 Figure 34 : Panache de bulles Vc=0,10 m.s-1

Figure 35 : Panache de bulles Vc=0,25 m.s-1 Figure 36 : Panache de bulles Vc=0,35 m.s-1

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 67


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

ª Lorsque la vitesse de circulation augmente, le panache tend à se décaler vers la paroi interne
du bassin d’aération. Ce phénomène simulé rejoint les observations effectuées sur pilote par
SIMON.S.

D.II.1.4 INFLUENCE DE LA VITESSE SUR LE TRANSFERT D’O2


D’après l’étude bibliographique, la rétention gazeuse εg est une fonction croissante de la vitesse de
circulation Vc.
Nous avons également observé, à l’aide de nos simulations, que la composante verticale de la vitesse
de l’eau décroît lorsque Vc augmente (suppression de certains spiral-flows). Ce phénomène permet
d’augmenter le temps de contact entre les phases gazeuses et liquides et donc la rétention du gaz dans
le liquide.
Nous avons essayé de retrouver directement ce résultat dans nos simulations. Nous pouvons accéder
avec Fluent au volume total d’air contenu dans l’eau, ce qui permet de calculer la rétention gazeuse εg.
L’influence de la vitesse horizontale de circulation sur εg est présentée ci-dessous :

Rétention gazeuse=f(Vc)

0,85
0,8
Rétention gazeuse (%°)

0,75
0,7
0,65
0,6
0,55
0,5
0,45
0,4
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4
Vc (m/s)

Figure 37 : Influence de la vitesse horizontale de circulation sur la rétention gazeuse

ª Les résultats ne nous permettent pas de conclure, avec des données chiffrées, sur l’influence
de la vitesse de circulation sur la rétention gazeuse, aucune tendance nette ne pouvant être
dégagée.

Cela peut s’expliquer par le fait que notre modèle ne prend pas suffisamment bien en compte
l’élévation de la surface libre due à la présence d’inclusions gazeuses dans l’eau. La variation de
volume entre la masse d’eau aérée (émulsion eau+bulles d’air) et la masse d’eau non aérée (eau seule)
devrait correspondre au volume des bulles d’air présentes dans l’émulsion. Notre modèle n’a pas été
assez précis pour représenter correctement ce phénomène. Il simule bien une élévation du niveau de
l’eau mais apparemment sans que le bilan global de matière soit bouclé.

Une modélisation plus fine, à l’aide d’un maillage resserré, au niveau de l’interface notamment,
devrait permettre de résoudre le problème. Compte tenu de la limite de nos capacités de calcul, cela
n’a pu être possible.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 68


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

D.II.2 INFLUENCE DE LA CONCEPTION DU COUPLE AGITATION/AERATION

D.II.2.1 POSITIONNEMENT DE L’AERATION PAR RAPPORT A L’AGITATION


Il existe une règle empirique censée permettre le positionnement correct des mobiles d’agitation par
rapport à l’aération.

Elle est la suivante : - La distance entre la première raquette amont et l’agitateur doit être supérieure à
la hauteur d’eau soit 4,15 m
- La distance entre l’agitateur et la première raquette aval doit être supérieure à la
largeur du bassin soit 8,2 m

La configuration de Mommenheim ne vérifie pas ce critère. Pour vérifier le bien-fondé de cette


prescription technique, nous effectuons une simulation la respectant.
Par rapport à la situation existante, nous reculons donc les agitateurs de 5 m vers l’amont et examinons
les champs de vitesse résultants.

Nous constatons que le nouveau débit de circulation de la masse d’eau est de 13,9 m3.s-1, soit une
augmentation de 16% par rapport à celui de la situation existante de Mommenheim (Qc=12,02 m3.s-1
avec aération). La vitesse de circulation est à peu près de 0,41 m.s-1.

Le positionnement des agitateurs est donc très important. Pour l’obtention de vitesses de
circulations maximales, nous aurons donc intérêt à placer les mobiles d’agitation suffisamment
loin des premières rampes de diffuseurs.

ª La règle empirique ci-dessus peut donc trouver sa justification par des considérations de
vitesse de circulation.

Remarque
Dans cette configuration, l’impact de l’aération sur les vitesses de circulation devient négligeable,
puisque nous obtenons avec aération, un débit de 13,9 m3.s-1 contre 14,04 m3.s-1 sans aération, soit une
diminution de 1%. Cela rejoint les observations réalisées par DA SILVA-DERONZIER (présentées
dans le tableau N°1) concernant l’impact de l’aération sur la vitesse de circulation
Ainsi, l’influence de l’aération sur les vitesses de circulation est fortement corrélée à la conception du
bassin d’aération, et, notamment, comme c’est le cas ici, à la position relative de l’agitation par rapport
à l’aération. Cela confirme le fait que les résultats de DA SILVA-DEZONZIER ne peuvent être
généralisés.

D.II.2.2 MODIFICATION DE LA GEOMETRIE DU BASSIN D’AERATION


A volume d’eau et puissance d’agitation constante, nous modifions la géométrie du bassin existant de
Mommenheim. Le nouveau réacteur possède une hauteur d’eau de 8m. Sa surface au sol est réduite en
conséquence. Nous reprenons la configuration étudiée en monophasique qui donnait le meilleur débit
de circulation. Elle correspondait au cas où les agitateurs étaient situés à une même hauteur, à 2,7m du
fond (cas 4 de la partie D – I.2.4).
Le nombre de diffuseurs est moins important. Il en existe maintenant 88 paires, au lieu de 144. Pour
conserver un débit d’air de 2500 Nm3.h-1, la nouvelle vitesse de l’air en sortie de diffuseur doit être de
23 cm.s-1.

Nous examinons les champs de vitesse résultant de ces modifications et les comparons au cas existant.

Le débit et la vitesse de circulation trouvés, lorsque l’aération est en route, sont respectivement de
16,03 m.s-1 et 0,38 m.s-1, soit une diminution de 27%.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 69


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Résultats

Dans le cas des bassins de grande profondeur, l’impact de l’aération sur les vitesses de circulation
semble donc plus important et sont sans rapport avec les valeurs annoncées par DA DILVA
DERONZIER.
Cette forte influence de l’aération peut s’expliquer en observant le champ des vecteurs vitesse. Il
existe en effet de fortes zones de courant inverse, ce qui a une influence non négligeable sur la vitesse
moyenne de circulation. L’hydrodynamique du réacteur, dans cette configuration, est profondément
modifiée et plus complexe. Il existe des zones importantes à faible vitesse (<0,3 m.s-1).

Par contre, la rétention gazeuse est améliorée. Elle avoisine les 10%, le maximum simulé sur la station
de Mommenheim étant de 8%. Cette configuration améliorerait le transfert d’oxygène.

ª En conclusion, l’hydrodynamique dans ce type de réacteur semble moins intéressante que


dans des bassins moins profonds du type de celui de Mommenheim. En effet, les vitesses de
circulation sont fortement affectées par l’aération. Les zones à faible vitesse sont plus
importantes. Par contre, le rétention gazeuse semble améliorée. Seule l’étude triphasique
permettra de trancher quant au bien fondé de cette configuration.

D.II.3 CONCLUSION DES SIMULATIONS EN DIPHASIQUE


Nous avons dans un premier temps étudié le couplage entre l’eau et l’air au sein des réacteurs
biologiques, à partir de la géométrie existante du bassin de Mommenheim. Les enseignements à en
tirer sont les suivants :
• La mise en route de l’aération est responsable d’une diminution de la vitesse de circulation
dans le bassin. Ce résultat est à considérer avec précaution car il contredit certaines données
expérimentales. Il est, en tout état de cause, à valider par des mesures sur site.
• La mise en rotation horizontale de l’eau n’a d’effet bénéfique que sur la suppression des
spiral-flows dont l’axe de rotation est perpendiculaire à l’écoulement. La vitesse de rotation
nécessaire est comprise entre 0,25 et 0,35 m.s-1.
• La vitesse horizontale de l’eau influe sur la répartition du gaz dans le bassin : elle décale les
panaches vers l’aval et a tendance à les ramener vers la paroi intérieure du bassin. Ce phénomène
a été observé expérimentalement.
• Par contre, le phénomène d’augmentation de la rétention gazeuse, dû à l’accroissement de la
vitesse horizontale de circulation, n’a pu être directement reproduit dans nos simulations. Il
s’agit pourtant d’une propriété universellement reconnue. Une modification de notre modèle devra
donc être apportée pour une meilleure prise en compte de ce phénomène.

Dans un second temps, à partir de la station existante de Mommenheim, nous avons modifié certains
paramètres de conception et étudié l’influence de ces changements. Il ressort de cette étude les points
suivants :
• La modification du positionnement de l’agitation par rapport à l’aération, suivant la règle
empirique décrite ci-dessus, nous apprend que celle-ci est fondée. Sa mise en application
améliore les vitesses de circulation horizontale dans le bassin.
• Enfin, la modification de la hauteur d’eau du bassin, à volume et puissance d’agitation
constants, dégrade fortement la qualité de la circulation horizontale de l’eau, mais améliore
la rétention gazeuse.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 70


Stage de DEA Travail de fin d’études – Conclusion et perspectives

E CONCLUSION ET PERSPECTIVES

E-I CONCLUSION
Notre étude était centrée sur l’utilisation du code de calcul Fluent pour l’étude de l’hydrodynamique
des réacteurs biologiques en régime monophasique et diphasique. Elle s’inscrit dans le cadre d’une
étude plus large visant à définir des règles de constructions destinées à améliorer le
fonctionnement des réacteurs biologiques, en terme de rendement épuratoire et de rendement
énergétique.
Nous avons utilisé pour cela le code de calcul Fluent®. Dans un premier temps, il a fallu valider ce
modèle numérique à l’aide de mesures expérimentales effectuées sur le réacteur biologique de la
station d’épuration de Mommenheim (67). Nous avons comparé les mesures de vitesses acquises
expérimentalement sur le site avec celles simulées à l’aide de Fluent®. Il a été montré que le modèle
du réacteur biologique pouvait être validée. Fluent reproduit correctement donc les écoulements dans
un réacteur biologique rempli d’eau claire.
Nous avons ensuite utilisé ce modèle pour étudier l’influence de la configuration des bassins
d’aération sur l’hydrodynamique en monophasique. En faisant varier certains paramètres de
conception, tels que l’orientation des agitateurs, la forme des réacteurs, ou la hauteur d’eau, nous
avons pu tirer les enseignements suivants :
• Le choix des mobiles d’agitation ainsi que de leur orientation influe fortement sur les débits et
vitesses de circulation. Il n’existe pas d’orientation horizontale optimale des agitateurs dans
l’absolue. Elle dépend en effet de la taille des hélices, de leur positionnement relatif, ainsi que de
leur dimension par rapport à la largeur du chenal. Nous pouvons seulement indiquer la condition
nécessaire à l’obtention d’une vitesse de circulation optimale : les cônes de poussée issus des
agitateurs se développent sans contrainte et sans interférence mutuelle.
• Le fait d’orienter verticalement, d’un léger angle, les hélices vers la surface libre n’améliore pas
l’hydrodynamique au sein du réacteur.
• Les hélices utilisées sur la station de Mommenheim, qui possède une hauteur d’eau de 4,15m,
pourraient être utilisées sur des réacteurs plus volumineux, avec de plus grandes hauteurs d’eau.
L’application de ce résultat, s’il était confirmé, présente des avantages économiques indéniables.
• La forme des réacteurs est également primordiale. A puissance d’agitation et à volume d’eau
constants, des réacteurs profonds à chenal étroit permettent de maximiser les débits et vitesses de
circulation, par rapport à des chenaux moins profonds tels que celui de Mommenheim. Dans ce
type de chenaux, la position des hélices est très importante. Des mobiles d’agitation, placés en
fond de bassin et occupant au maximum la largeur de la section d’écoulement permettront
d’obtenir des débits et vitesses de circulation maximum.

Le code a ensuite été utilisé pour représenter les écoulements diphasiques. Nous avons pu
reproduire la plupart des phénomènes liés à l’interaction entre les phases liquides et gazeuses. Ainsi,
nous avons conclu que l’aération est responsable d’une diminution non négligeable des vitesses de
circulation dans le bassin. Par ailleurs, nous avons mis en évidence l’influence de la phase gazeuse
sur la phase liquide. La montée des bulles d’air entraîne des mouvements d’eau ascendants, appelés
« spiral-flows » qui sont, d’après l’étude bibliographique, responsables de la diminution de la rétention
gazeuse et du transfert d’oxygène entre les bulles d’air et l’eau. L’influence de la vitesse horizontale
sur ces spiral-flows a été mise en évidence. Certains types de spiral-flows (les grands spiral-flows)
disparaissent presque totalement pour des vitesses comprises entre 0,25 et 0,35 m.s-1. Ce résultat est
conforme à ce qui est annoncé dans la littérature. Par contre, notre modélisation n’a pu mettre en
évidence l’accroissement de la rétention gazeuse dans le réacteur, lié à la suppression des spiral-
flows.

Nous avons enfin étudié l’influence de la conception des bassins d’aération sur l’hydrodynamique en
diphasique et tirés les enseignements suivants :

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 71


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Conclusion et perspectives

• Le positionnement des agitateurs par rapport aux diffuseurs influe sur les vitesses horizontales de
circulation. Pour maximiser ces dernières, les diffuseurs doivent être placés suffisamment
loin des agitateurs. Le dispositif d’aération placé trop près des hélices empêche en effet le bon
établissement de l’écoulement.
• L’impact de l’aération dans les bassins de grande profondeur est important. Les vitesses de
circulation sons considérablement réduite. Des zones de contre-courant existent, et les zones de
faibles vitesses deviennent non négligeables. Par contre, la rétention gazeuse semble plus
importante dans ce type de bassins. Face à ces conclusions antagonistes, seule une étude en
triphasique permettra de trancher sur le bien fondé des bassins profonds.

Cette étude a donc jeté les bases d’une meilleure connaissance des écoulements dans les bassins
d’aération, par l’intermédiaire de l’utilisation du code de calcul Fluent®.

E - II PERSPECTIVES
Certains de nos résultats sont fragiles et méritent d’être consolidés :

En écoulement monophasique, nous avons validé le modèle, sans chercher véritablement à le caler
sur des mesures expérimentales. Cela serait souhaitable. Pour ce faire, il est nécessaire de disposer
de nombreuses mesures expérimentales sur site réel ou sur pilote. Il pourrait s’agir de mesures de
vitesses sur site réel, en plusieurs sections d’écoulement. Des mesures de vitesse en sortie d’hélice
pourraient également être utilises ainsi que des mesures de turbulence associées (mesure de k).
Concernant la représentation des agitateurs, une approche différente que celle abordée dans ce
mémoire pourrait être développée. Fluent autorise en effet la représentation exacte des mobiles
d’agitation qui permettrait de s’affranchir des conditions limites fixées autour de ceux-ci.
Les résultats que nous avons obtenus en monophasique doivent donc être confirmés en comparant les
résultats de nos simulations avec des mesures sur pilote ou sur site réel. Ils peuvent aussi être
complétés par d’autres études, telles que l’influence de la hauteur d’immersion des agitateurs
sur la vitesse horizontale de circulation.

En écoulement diphasique, le modèle n’a pas été validé. Nous ne disposions en effet d’aucune valeur
de vitesse sur site réel ou sur pilote. De plus, la convergence des calculs a été assez difficile à obtenir.
Nous nous sommes contentés, à partir du cas monophasique, de construire un modèle reproduisant
divers phénomènes physiques propres aux milieux diphasiques constitués d’une phase liquide et d’une
phase gazeuse dispersée et diluée. Cependant, tous les phénomènes, recensés dans l’étude
bibliographique, n’ont pu être modélisés.
Il est donc indispensable de reprendre cette étude et de valider le modèle en écoulement diphasique
à l’aide de mesures réelles de vitesse en présence de l’aération. Les problèmes liés à la convergence
pourront probablement être résolus en raffinant et adaptant le maillage du domaine. Cela n’a pas été
possible, dans notre étude, car nous avions déjà atteint les limites de capacité de calcul. Lorsque le
modèle diphasique sera validé, de nouvelles simulations devront être entreprises pour déterminer la
configuration optimale du réacteur biologique.

Enfin, l’étape ultime de cette étude est la modélisation des écoulements en triphasique, incluant la
boue. Ce modèle devra, lui aussi être validé et calé à partir de mesures expérimentales. Les
simulations permettront enfin de définir des règles de construction concrètes pour les bassins
d’aération. Il ne faudra pas oublier que les conclusions acquises lors des deux premières étapes de
l’étude (écoulements monophasiques, écoulements diphasiques) devront être systématiquement
validées pour les écoulements triphasiques.

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 72


Stage de DEA Travail de fin d’études – Références bibliographiques

Références bibliographiques
• Documents cités dans le mémoire

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Pierre Tanguy ENGEES/ULP 73


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• Autres sources d’information intéressantes

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Pierre Tanguy ENGEES/ULP 74


Stage de DEA Travail de fin d’étude – Références bibliographiques

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Pierre Tanguy ENGEES/ULP 75


Stage de DEA Travail de fin d’études – Annexes

Liste des annexes


ANNEXE N°1

DESCRIPTION DES ECOULEMENTS PRES D’UNE PAROI

ANNEXE N° 2

CALAGE DU MODELE

ANNEXE N° 3

INFLUENCE DE LA DENSITE DU MAILLAGE

ANNEXE N °4

INFLUENCE DE L’ORIENTATION HORIZONTALE DES HELICES


SUR LA REPARTITION DES VITESSES DANS LE BASSIN

ANNEXE N° 5

INFLUENCE DE LA HAUTEUR D’EAU SUR LA REPARTITION DES


VITESSES DANS LE BASSIN

ANNEXE N° 6

BASSINS UTILISES POUR L’ETUDE DE L’INFLUENCE DE LEUR


GEOMETRIE SUR LA REPARTION DES VITESSES ET
HISTOGRAMMES DE REPARTITION DES VITESSES

ANNEXE N° 7

INFLUENCE DE LA VITESSE DE CIRCULATION HORIZONTALE


SUR LES GRANDS SPIRAL-FLOWS

Pierre Tanguy ENGEES/ULP 76


ECOLE NATIONALE DU GENIE DE L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT DE STRASBOURG

UNIVERSITE LOUIS PASTEUR STRASBOURG

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES ARTS ET INDUSTRIES DE STRASBOURG

MEMOIRE DE FIN D'ETUDES ENGEES

MEMOIRE DE DEA « Mécanique et Ingénierie »-Option « Sciences de l’eau »

Promotion 2000/2003
Auteur : TANGUY Pierre PUY de DOME

Titre
Simulation de l’hydrodynamique des réacteurs
biologiques à culture libre Année de publication :

Tittle 2003
Flow simulation of oxidation ditches by
Computational Fluid Dynamics

Nombre de pages : 96 Nombre de références bibliographiques : 45

Structure d'accueil :

ENGEES
Unité Propre de Recherche : Systèmes Hydrauliques Urbains
1, quai Koch
67070 STRASBOURG Cedex

Résumé

A l’aide du code de calcul FLUENT®, nous simulons les écoulements dans les réacteurs biologiques des
stations d’épuration à boue activée. Ce logiciel utilise la méthode des volumes finis pour résoudre les
équations de Navier-Stockes en régime turbulent. L’objectif final réside en la définition de dispositions
techniques visant à améliorer le fonctionnement de ces ouvrages.
Nous validons le modèle en régime monophasique puis nous déterminons la configuration optimale du
bassin d’aération, en terme de vitesse horizontale de circulation.
En diphasique, nous reproduisons les phénomènes de couplage entre l’eau et l’air pour différentes
conceptions de bassins.
Mots-clés : réacteur biologique, chenal d’oxydation, simulation, hydrodynamique, vitesse horizontale de
circulation, rétention gazeuse, transfert d’oxygène, aération, agitation, spiral-flow

Key-words : biological reactor, oxidation ditches, simulation, hydrodynamics, CFD, mean circulation
velocity, gas hold-up, oxygen transfer, aeration, mixing, spiral-flow

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