Droit Administratif – Cours 1 – 03/10/2018

INTRODUCTION GENERALE

I – Approche historique

Un auteur nous dit que le droit administratif français est né d'un miracle. Il consiste en la
soumission au droit de l'état souverain. Aucune force matérielle pour contraindre l'état comme on
contraint une personne physique. Mais l’État par le biais du droit administratif consent à une auto-
limitation et se soumet à la règle de droit. Pour que ce  « miracle » se produise et dure, diverses
conditions doit être remplies qui tiennent à la forme de l'état, au prestige du droit et des juges, et à
l'esprit du temps. Le droit admin Français ne peut pas être détacher de son histoire politique dans
laquelle il puise son ancrage.

A – Apparition du droit administratif entre la RF et la fin du Second Empire

On retrouve avant la RF les prémices d'une administration moderne, et on retrouve aussi l'origine de
certains concepts importants comme les conseillers du roi et l'apparition d'organes consultatifs. C'est
surtout à partir de la révolution que s'esquisse les traits dominants du droit admin fr. Apparition des
juridictions administratives, soumission de l'administration à des règles différentes de celles du droit
privée. Administration échappant au contrôle des juges judiciaires après la RF. Administration
soustraite au contrôle des juges judiciaires et apparaît UNE FORME de juridiction administrative
mais interne à l'administration. Les juridictions de l'ancien régime avaient mené une guerre contre
l'exécutif quand il avait voulu moderniser l'administration (=> Peur du gouvernement des juges
judiciaires). Peur qui a conduit la constituante de la RF à voté des lois des 16 et 24 Août 1790 pour
empêcher les tribunaux de s'occuper des affaires de l'état. Le décret du 16 Fructidor An 3 vient
également confirmer cette règle. Protection de l'administration contre l'ingérance des juges, ça
fonde le droit administratif français. A ce moment là, l'administration n'est plus contrôlée. Les
actions de l'administration étaient alors jugées par l'administration elle même, ce qui pose un
problème de prise de partie. (Système du ministre-juge).

On a l'apparition d'organes spécifiques, notamment sous Napoléon qui vont être chargé d'examiner
les réclamations faites à l'administration. Avec l'An 8 et sa constitution on a le Conseil d’État,
encore à l'époque Conseil Juridique du Gouvernement, c'est le ministre qui rend la décision mais le
Conseil d’État prépare la décision. En plus de sa fonction consultative il acquiert peu à peu une
fonction de juge. Ajouté à ça la loi de 28 Pluviose l'An 8 qui créer les conseils de préfecture chargée
de statuer sur les litige de l'administration sous la présidence du Préfet (Préfet = Administration).
C'est une compétence d'attribution, car ces conseils ne sont compétent que sur une liste de domaine.
La juridiction administrative est née au sein de l'administration, les liens sont donc très fort et on les
retrouve aujourd'hui avec la nomination au Conseil d’État d'une majorité de sortant de l'ENA.

B – Période classique

Elle s'ouvre plus clairement avec la loi du 24 mai 1872 qui donne au Conseil d’État la justice
déléguée. Le Conseil d’État statue désormais au nom du peuple Français. Apparition d'une forme de
libéralisme politique et économique. Décision CADOT (1889) qui réinstitue le tribunal des conflits
pour traiter les conflits de compétence entre le juge judiciaire et administratif. Des textes vont
donner à l'administration son assise moderne, notamment par rapport à la reconnaissance des
grandes libertés (presse (1880), association, fixation des rapports entre exécutif et législatif).
Jurisprudence abondante pour poser les grands principes du droit admin. Le tribunal des conflits va
poser à ce moment les bases de la matière avec l'Arrêt BLANCO (Dispo GAJA, 1873).
De l'ordre de la doctrine on a l'apparition d'auteurs qui vont analyser ces arrêts du Conseil d’État
(La ferrière, Maurice Aurioul ?). Les commissaires du gouvernement à travers leurs conclusion ont
rendu le droit admin célèbre, ont participé à son prestige (Léon BLUM). Le Commissaire du
gouvernement est une personne particulière au sein de la juridiction administrative qui propose les
décisions au juge après l'instruction d'une affaire (Aujourd'hui c'est le rapporteur public). Les
conclusions de ces commissaires sont devenu célèbres. Entre 1870 et 1914, le droit administratif
prend une nouvelle ampleur sur la base de dogme nouveau qui vont être fondateurs. C'est une
époque où s'affirme la primauté de l'individu face à l'état et l'affirmation de droits humains naturels
et imprescriptible. Le citoyen doit donc être protéger face à l'état et plus particulièrement face au
gouvernement et à l'exécutif. On a une méfiance envers le pouvoir exécutif. La loi qui est
l'expression de la volonté générale, on ne peut pas imaginer que le juge censure la loi. « Du
parlement il n'y a rien à dire sauf qu'il pouvait faire ce qu'il voulait. Du gouvernement on précisait
qu'il agisse mais qu'il observe la loi et répare les dommages causés par son action ».

On a aussi l'apparition du service public, c'est le deuxième mythe fondateur du droit admin français.
Le service public, à la française, qui apparaît au passage de l'état gendarme à l'état providence et
entraîne une évolution de la mission d'intérêt général. On passe en quelque sorte du pouvoir de
commander au devoir d'intervenir, à la mission de service. Et la mission de service devient le cœur
du droit administratif. On considère alors que tout ce qui est lié au service public caractérise en
quelque sorte le droit administratif. Les jurisprudence montre que certaines actions même menées
par des particuliers sont des missions de service public et sont donc de la compétence du juge
administratif. Principe d'égalité du service public, principe de continuité du service public, principe
de mutabilité du service public. Notion qui permet d'étendre les pouvoirs de l'administration. Et elle
ira toujours de paire avec le concept de puissance publique. Volonté de protéger les libertés des
individu mais l'administration doit usé d'un certain pouvoir de commandement.

C – La crise de croissance du droit administratif

Après la période classique, on rentre dans une crise de croissance du droit admin. Le service public
s'est développé et d'une certaine façon l'Etat est tant intervenu dans de nombreux domaines
économiques (nationalisation de l'industrie aéronautique, de l'électricité et du gaz, de la SNCF)
qu'on en vient à dire que le droit administratif ne pouvait pas régir légitimement tout ces domaines.
C'est à ce moment là que se développe le concept du service public, industriel et commercial.
Certaines missions sont caractérisées comme publique car sont d'intérêt général mais elles
s'apparente aux intérêt d'un industriel ordinaire, et donc on ne les soumet pas totalement au droit
administratif mais également au droit privé ce qui mène à une crise du droit admin et qui entraîne à
une distinction entre le droit administratif et le droit de l'administration (plus large que le droit
administratif car sujet aussi au privé). Régime complexe avec des appartenances à plusieurs droits.
Période de complexité du droit et de confusion pour les juges.

D – Un droit en mutation

Le paysage institutionnel se sont largement renouvelé mais aussi développer. Exemple avec les
intercommunalités. Le paysage normatif s'est renouvelé. Le conseil d'état doit s'articuler avec cette
jurisprudence. On est dans une période de dialogue des juges. Les méthodes mêmes du droit
administratif évoluent. Évolution vers plus de transparence, et plus de participation des citoyens.

II – Tentative de définition du droit administratif

Étymologiquement, le mot administration vient du latin administrare qui signifie « servir ». Deux
idées, celle d'une fonction au service d'une mission (celle d'intérêt générale), ou celle d'une
organisation destinée à prendre en charge ces missions. Le gouvernement dispose de
l'administration pour exécuter ses politiques. C'est une organisation servante mais qui n'en est pas
moins noble puisqu'elle agit pour la réalisation de l'intérêt général qui est voulu au dessus de
l'intérêt privée. Dans le langage courant, administration renvoi à une approche organique, renvoyant
à l'état et l'organisation et non pas la mission. En droit l'action administrative est définie dans une
premier temps et de manière générale comme l'ensemble des activités prises directement en charge
par les personnes publiques ou assurées sous leur contrôle par des personnes privées ayant pour but
la satisfaction de l'intérêt général et le maintient de l'ordre public. Conciliation entre le nécessaire de
la mission et la protection des administrés. Il existe en France des juridictions particulières en
France composés de tribunaux administratifs, de cours administratives d'appel, et le Conseil d'Etat.
Le juge administratif apprécie la régularité de l'action administrative, sa légalité, et il condamne
éventuellement la puissance publique à réparer les dommages qu'elle cause. Elle va appliquer pour
se faire les sources du droits administratif.

Le droit administratif français a une double particularité mise en lumière par la jurisprudence
BLANCO (1873 ,Tribunal des conflits) qui a révélé l'autonomie du droit administratif et le
dualisme de juridiction. La petite Agnès BLANCO est la fille d'une ouvrier de la manufacture des
tabacs de la gironde et est blessée sur le site de la manufacture par un wagonnet utilisé dans le cadre
de la gestion de ce service. La question posée au tribunal des conflits était de savoir quelle était la
juridiction compétente, pour savoir si l'état devait réparer les dommages. Le préfet de la gironde
estime que le juge judiciaire n'est pas compétent au contraire du juge administratif en application
des lois des 16 et 24 Août 1790 et le décret du 16 Fructidor An 3 qui interdit au juge judiciaire de
s'immiscer dans les affaires de l'administration. Trois apports de l'arrêt BLANCO.

1 - Un apport relatif à la responsabilité de l'état, puisque jusque là la responsabilité de l'état n'était

admise que si elle était prévu par un texte ou pour « l'état gestionnaire ».

2 - Un apport relatif à l'application d'un droit autonome, responsabilité de l'état ni générale ni

absolue. Règles spéciales qui varie selon les besoins du service et la nécessité de concilié droits de
l'état avec besoins du service. Apparition des règles de droit différentes du droit privé car État n'est
pas un particulier et sa mission est soumise à des règles spéciales. Droit exorbitant de droit
commun. Consécration de l'autonomie du droit admin par rapport au droit privée et l’utilisation de
ce type de droit au conflit administratif. Ne veut pas dire que les règles du droit admin ont toujours
été énoncé a l'opposé du droit civil. Ce n'est pas toujours construit au opposition du droit civil. Ne
veut pas dire que l'administratif s'est construit au détriment des administrés. Le juge administratif a
aussi participé à la protection des administrés.

3 – Apport capital qui renvoi aux lois de 1790 et au décret du 16 Fructidor An 3. On vient à dire que
la compétence du juge se déduis de l'application à un litige de règle de droit administratif. « La
compétence suit le fond ».

Droit applicable aux personnes publiques et aux personnes privées chargées d'une mission de
service publique. D'après une approche matériel, le droit admin est davantage l'action
administratives. Le droit administrative est traditionnellement décrit comme un droit de prérogative
et de privilège, mais on peut aujourd'hui tempérer ce caractère. C'est un droit prétorien,
fondamentalement jurisprudentiel mais il faut nuancer car après l'arrêt BLANCO il n'y avait pas
beaucoup de textes mais aujourd'hui les textes sont plus nombreux et incontournables.

Première partie du cours sur les acteurs du droit administratifs. Deuxième partie du cours sur les
missions de l'administration (service public, police administrative). Troisième partie sur le cadre
juridique de l'action administrative. Quatrième partie du cours sur les moyens de l'administration
pour accomplir ses missions (actes et contrat administratif). Cinquième partie sur le contrôle de
l'administration.