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La Stratégie de la bienveillance

Juliette Tournand

Comment initier et entretenir l’écosystème bienveillant dans lequel réussir devient


facile ? Juliette Tournand, auteur de La Stratégie de la Bienveillance (InterEditions,
2007), fait partager au lecteur sa découverte et sa pratique personnelle et
professionnelle du mode de relation donnant-donnant et de cette stratégie de
réussite qui, ne combattant pas l’autre, rencontre très peu de résistance. Les
managers y trouveront des exemples concrets de situations et chacun y découvrira
une grille d’action et de communication applicable quels que soient la situation ou
le degré d’hostilité rencontrés.

Quels sont les fondements de la Stratégie de la bienveillance ?

Les sciences – statistique, stratégie, biologie – ont donné le départ. En effet la Stratégie
de la bienveillance est l’extrapolation à la vie réelle du « Donnant-donnant » – stratégie
championne résistante et durable au-delà de sa divulgation – issu du jeu stratégique
« Dilemme du prisonnier » joué à l’échelle statistique entre 14 puis 62 scientifiques sur
Internet.
Imaginée par Anatol Rapoport, la gagnante offrait à son joueur une victoire à coup sûr
dans la bienveillance, la simplicité et même la cohérence avec… la biologie. Or cette
stratégie n’avait pas été exploitée comme stratégie personnelle. Pourtant voici un joueur
qui gagne parmi 14 puis 64 concurrents bien décidés à gagner, parce que sa conduite
incite ses concurrents à devenir avec lui, plutôt qu’adversaires, partenaires. Voici la trame
de la conduite qui initie l’écosystème bienveillant dans lequel chacun d’entre nous rêve de
fonctionner. Alors comment extrapoler cette performance à la vie réelle ? J’ai extrait de la
stratégie du jeu les enseignements de la science : toute conduite qui respecte
simultanément bienveillance, réciprocité et clarté, initie un microclimat spectaculairement
favorable.
Mais ce qui suffisait au jeu manquait de chair pour la vie réelle.
Avec qui continuer ? Les sciences m’avaient donné le squelette, mais d’où viendrait la
chair ? J’ai pensé au poème biblique, fort de son extraordinaire succès. Certes il divise
mais la psychanalyste Marie Balmary l’avait relu en professionnelle, sans préjugé de
croyance ou non croyance et, écoutant mot à mot l’auteur ou « rêveur biblique », avait
« élevé le texte à 37°, température humaine ».
Or en rapprochant la stratégie de Rapoport du dieu que la psychanalyste avait trouvé dans
le texte fondateur de trois civilisations, je me suis aperçue qu’ils coopéraient !
Et c’est le poème biblique qui m’a offert la cardinale qui me manquait : pour garder
ensemble bienveillance, réciprocité, clarté quand l’existant ne présente pas de solution qui
les satisfasse toutes les trois, plutôt qu’en lâcher une, le stratège y ajoute la liberté
d’innover.
Statistique, stratégie, biologie et psychanalyse du poème biblique : c’est de cette drôle de
coopération et très excitante rencontre qu’a émergé la Stratégie de la bienveillance.

La bienveillance s’oppose-t-elle à la conquête ou à la compétition ?

La bienveillance stratégique accueille pleinement l’esprit de conquête qui anime tout ce


qui vit, en se souvenant que le cadre n’est jamais aussi fermé que dans nos esprits :
regardez l’univers auquel nous appartenons, dont nous sommes les enfants. Il ne cesse
de s’élancer dans un ailleurs dont il fait son espace, il nous enseigne la loi de l’expansion.
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La bienveillance stratégique croit qu’il existe une solution bienveillante aux conquêtes de
chacun : de l’un et l’autre, d’eux deux ensemble et de leur environnement, des individus
qui forment un collectif et du collectif constitué par ces individus. Donc elle cherche cette
solution même quand elle n’apparaît pas encore, dans l’ailleurs qui deviendra ici. Ainsi elle
la trouve même quand il faut la créer.
Quant à l’esprit de compétition, la Stratégie de la bienveillance issue du Donnant-donnant
– la plus compétitive des stratégies en lice dans la compétition du jeu du prisonnier – ne
s’y oppose pas. La Stratégie de la bienveillance s’oppose aux guerres qui se nourrissent
de la destruction de l’environnement, mais pas à la compétition. Elle offre même à l’esprit
de compétition le défi de reconquérir les terrains occupés par les guerres pour que les
humains, plutôt que se combattre, trouvent comment étendre pour longtemps encore le
terrain de coopération entre l’humanité et la planète.

Quelle est la perception dans l’entreprise de la Stratégie de la bienveillance ?

Le rapport de force est ce à quoi, dans une très large majorité et à tous les niveaux de la
hiérarchie, les collaborateurs se sentent soumis à regret et voudraient échapper. Il n’est
pas plus présent en haut qu’en bas de la hiérarchie. Les managers des équipes
dirigeantes ont simplement – consciemment ou naturellement – plus souvent que d’autres
initié et entretenu des alliances.
Les managers comprennent le plus souvent très bien de quoi il retourne avec la Stratégie
de la bienveillance. Ils l’accueillent avec beaucoup de plaisir parce qu’en formalisant ce
qu’ils pratiquent intuitivement quand tout va bien, elle leur permet de retrouver leurs
repères quand les circonstances sont chahutées et de renouer ainsi même dans
l’adversité avec le cap de leur sérénité, de leur efficacité : la Stratégie de la bienveillance
leur apporte une fluidité qui donne plus de résultats durables pour moins d’efforts.
Pour ceux à qui la bienveillance stratégique est moins naturelle, ils en accueillent très
facilement les solutions. Ce qui peut leur être difficile c’est de reconnaître que le
changement qui s’est produit alors résulte bel et bien du fait qu’ils ont adopté une conduite
stratégique. La tentation est alors grande de se dire : je me suis inquiété pour rien, il n’y
avait rien, alors que c’est justement parce que le parcours mené a été stratégique que les
choses ont été faciles au moment de l’action.
Mon expérience de la Stratégie de la bienveillance éclaire ainsi le propos suprême de Sun
Tsu le maître stratège de la Chine ancienne, quand il déclare que les plus grands
généraux gagnent des batailles invisibles parce que gagnées d’avance… et que les plus
belles victoires se gagnent sans verser de sang.

Comment intégrez-vous la Stratégie de la bienveillance dans la gestion d’équipe ?

Je ne rencontre aucun problème d’adhésion quand mon intervention consiste à


accompagner des équipes pour qu’elles regagnent le terrain stratégique : le terrain où ils
sont dans le respect simultané de quatre valeurs fondamentales – la bienveillance, la
réciprocité, la clarté et la liberté d’innover. Pourvu, bien sûr, que je respecte moi-même
ces quatre valeurs dans ma relation avec l’équipe.
Quand je commence par présenter la Stratégie en principe, alors très légitimement, les
équipes adhèrent et se dépêchent de me soumettre les situations qu’en effet elles croient
condamnées au rapport de force. Et dès que nous trouvons ensemble des pistes de
solution dans la Stratégie de la bienveillance, la question de l’adhésion ne se pose plus :
ces solutions leur paraissent évidentes.

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Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans la Stratégie de la bienveillance ?

- Le premier mécanisme est connu de toutes les écoles de pilotage : le pilote va vers ce
qu’il regarde. Alors autant regarder la route plutôt que les fossés et offrir votre attention et
votre énergie à ce que vous appréciez en vous, l’autre, les autres. La bienveillance, choix
humain, décision, commence là et déjà le deuxième mécanisme est en route.
- Le deuxième mécanisme est une loi de la nature présente depuis le mouvement des
électrons autour des noyaux d’atome jusque dans celui des planètes autour de leurs
soleils. C’est la réciprocité, loi du retour. Vous n’y pouvez rien, la réciprocité est. Ce que
vous pouvez, c’est la reconnaître en envoyant à vous et aux autres, la qualité d’énergie
que vous voulez voir revenir : bienveillance ou malveillance ?
- Le troisième mécanisme est la clarté. Clarté qui distingue, tranche, sépare. Qui, par
exemple, vous distingue de l’autre pour vous permettre de conduire une relation entre l’un
et l’autre. Clarté qui distingue ce qui est de ce qui n’est pas et ce qui n’est pas de ce qui
n’est pas encore. Qui distingue aussi le terrain stratégique – favorable – des autres non
stratégiques. Dans la profusion de la vie, entretenir la clarté est un travail, travail humain
qui libère des amalgames et rend à chacun son pouvoir.
- Le quatrième mécanisme est, comme le deuxième, une loi de la nature accessible à
l’humain : la jouissive liberté d’innover que l’univers exerce depuis le tout début des temps
avec la loi de l’expansion.

Quatre mécanismes : trois trouvés dans un jeu scientifique et le quatrième dans le poème
biblique multimillénaire. Deux relèvent de l’humain, deux de la nature.
Et ce méta-mécanisme : l’humain qui, en se situant à leur conjonction, les active
ensemble, trouve sans effort et par co-incidence le concours des humains et de la nature
avec ce qui lui est « bien ».

Comment se répartissent les territoires stratégiques du Je, du Tu et du On ?

J’ai un sens original, défini par l’alignement de mes besoins, qualités et aspirations. Tu as
un sens original aussi, défini par l’alignement de tes besoins, qualités et aspirations.
Le territoire stratégique de Je est celui où J’articule ce que J’ai de qualités, besoins et
objectifs avec ceux que l’environnement présente. L’équation est parfois évidente et
parfois une énigme à résoudre.
Dans tous les cas le territoire stratégique de Je est celui où Je rencontre l’autre – Tu –
pour créer le Nous original et vivant dans lequel Je et Tu, présents, en rencontrant l’autre
se rapprochent de soi-même, s’accomplissent.
Ce territoire bordé de deux limites – celle où Je serais mangé et celle où Tu serais mangé
– s’ouvre à l’infini dans ses deux autres côtés – celui où Je progresse et celui où Tu
progresses.
Pour chacun ce territoire est à construire et à explorer avec une très grande quantité de
Tu. Et chaque Tu est un autre Je…

« On », c’est le pronom personnel de l’usage, constat d’une généralité : « en France on


dîne plus tôt qu’en Espagne et plus tard qu’en Allemagne ». Mais très souvent « on »
prend dans la parole la place de Je (comme dans : «on s’ennuie ici ») et tout le monde
sauf Je (comme dans : « on ne m’écoute jamais »), de Je et d’autres sans toi (ainsi :
« depuis le temps qu’on te dit ça ») et de toi et moi sans les autres (« on n’a qu’à leur
dire… »). Mais à prendre la place de tous les sujets humains, ce « on » les fait disparaître.
Il signe le territoire de la confusion qui noie Je et Tu en substituant à deux originalités
qu’ainsi il paralyse une pesante généralité. C’est celui du système écrasant, des
conventions toutes puissantes, de la crainte du qu’en dira-t-on, de la rumeur et du
malentendu. Terrain anti-stratégique pour l’humain où, personne n’osant plus nommer
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personne, les identités se perdent et avec elles les forces, les pouvoirs et les chances de
désirer, trouver, agir, réussir, jouir.
- Comment en sort-on ?
- « On » n’en sort pas mais Je peux en sortir et Tu le peux aussi.

Comment situer la Stratégie de la bienveillance par rapport à l’état d’esprit positif ?

L’esprit positif invite à se concentrer vers ce qui va bien. La stratégie de la bienveillance va


au-delà puisqu’elle reste présente à qui souffre ou refuse, à l’auteur du « non, je n’aime
pas » sans lequel « oui, j’aime » n’aurait aucune valeur. Et elle l’accompagne jusqu’au
retour d’un vrai « oui, c’est très bon ».

Peut-on considérer la Stratégie de la bienveillance comme un outil de


développement personnel ?

La Stratégie de la bienveillance se situe plus sur le plan de la politique personnelle que sur
celui de l’outil. En effet elle ne se substitue pas aux outils de développement personnel,
elle en guide l’usage. Les outils de développement personnel donnent de la puissance,
mais comme tout ce qui donne de la puissance, la question cruciale est de savoir à quel
résultat ils mènent plus vite et facilement. Est-ce que ça vous sera bon et durablement
bon ? Avec une bonne maîtrise d’un outil de développement personnel, vous pouvez faire
beaucoup de mal autour de vous et vous faire ainsi le centre d’un monde souffrant,
dépendant, appauvri.
La Stratégie de la bienveillance est une ligne de conduite, une colonne vertébrale
structurante et souple qui permet à chacun d’utiliser ses outils de management, de
développement personnel, de communication… les outils de sa discipline quelle qu’elle
soit en vue d’initier et d’entretenir autour de soi l’environnement sain et coopérant –
bienveillant – dans lequel il fait bon vivre, s’épanouir, s’accomplir.

Pour mettre en œuvre la Stratégie de la bienveillance, doit-on revoir profondément


ses valeurs ?

Tout dépend de qui est ce « on » !


Ce qui en nous veut que la « vraie » bienveillance soit spontanée et désintéressée doit
réviser ses valeurs en profondeur pour accueillir la bienveillance stratégique – une
bienveillance réfléchie et conduite pour gagner.
Ce qui en nous voit la bienveillance comme une faiblesse et ne l’exerce qu’en faible doit,
devant plus fort que soi, réviser ses valeurs en profondeur pour y voir une force et
l’exercer en fort.
Mais tout ce qui en nous se sent du côté de la bienveillance et rêve qu’elle l’emporte sur la
malveillance trouve avec cette stratégie une réponse au cœur de ses valeurs.
Et ceux qui attendent d’une stratégie qu’elle les conduise à une position favorable au
moment de l’action même dans l’imprévu, ceux-là n’ont pas besoin de revoir leurs valeurs.

Penser sa réussite dans la bienveillance, vous avez raison, cela bouleverse un peu les
valeurs de tout le monde.
Mais en profondeur, je crois que cela rejoint les valeurs de – presque ? – tous.

Quels freins rencontrez-vous le plus souvent dans cette démarche


d’accompagnement ?

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- La difficulté à reconnaître s’être trompé avec un chemin plus pénible et long que
nécessaire. Certains peuvent préférer ne pas le savoir et continuer de peiner.
- Et la difficulté, une fois les énergies ramassées pour le conflit et les armées mobilisées
prêtes à en découdre, à les renvoyer dans leurs foyers.
Retourner en énergie pour soi l’agressivité contre l’autre n’est pas le plus facile mais c’est
le plus déterminant, l’instant stratégique entre tous et, à la croisée des chemins, celui qui
ne dépend que de soi-même.
C’est toujours difficile de se dire que le combat est en soi plutôt qu’entre soi et les autres,
que le terrain à travailler est le sien. C’est là pourtant qu’est la chance puisque sur ce
terrain, j’ai les pleins pouvoirs.

Comment la Stratégie de la bienveillance permet-elle de repenser l’adversité ?

La route du stratège de la bienveillance est fluide, gratifiante et excitante. Ce que


j’interprétais - avec malveillance - comme des malveillances (mauvaise foi de l’autre), je
peux le voir avec la Stratégie comme autant d’énigmes à ma portée, dont la résolution
peut être délicieuse à chacun.
Il reste que la Stratégie de la bienveillance n’a pas la prétention d’éradiquer la
malveillance qui, jalouse et menacée par les succès de la bienveillance, se tient en
embuscade et parfois attaque. Attaques de l’intérieur, attaques de l’extérieur. Là oui, il y a
combat.
Dans ce combat, le stratège a l’avantage d’avoir augmenté ses forces - stratégiques -
dans des temps de paix longs et sereins où il a appris que la malveillance n’est pas la
norme, qu’il n’est pas obligé de s’y soumettre.
Surtout, grâce à la qualité de son parcours, le stratège de la bienveillance aborde
l’engagement dans des circonstances particulièrement favorables, dans la position de
l’armée victorieuse de Sun Tsu, « victorieuse avant même de chercher le combat1 ».

La Stratégie de la bienveillance constitue-t-elle une révolution pour le


management ?

Oui et non.
Oui, en ce qu’elle présente une vision cartésienne, « scientifique », de ce que les
managers ont du mal à considérer comme une science et qui pourtant obéit à des lois
aussi sûres que la physique, la chimie ou la biologie.
Oui, en ce qu’elle rend accessible aux managers de fibre scientifique, artistique ou
commerciale une même vision des voies de la performance.
Et non, parce que ma Stratégie de la bienveillance formalise et structure un mode de
management qui existe, a toujours existé et j’espère existera toujours : celui qui initie et
entretient entre le collectif et l’individu, entre la relation et le résultat, le double cercle
vertueux grâce auquel chacun atteint grâce à l’autre des résultats inaccessibles sans
l’autre.

Y a-t-il des situations où cette Stratégie de la bienveillance se révèle


particulièrement efficace ?

Oui, lorsque les décisions à prendre se situent à la croisée des chemins, la Stratégie de la
bienveillance aide à élaborer la décision que Je sente bonne :

1
Sun Tsu, L'Art de la guerre, Art. IV, Des circonstances, trad. V.Niquet-Cabestan

5
- quand aucune solution ne paraît satisfaire le cœur et la raison, respecter le réel et
l’idéal,
- quand même ne rien décider revient à prendre une décision
- quand se pose la question de savoir quand combattre et quand ne pas combattre.
- et quand il est stratégique de combattre, pour savoir où et que combattre,
Dans tous ces cas, la présence attentive, constante, simple et puissante de la Stratégie de
la bienveillance est un trésor.

Cet ouvrage est-il destiné aux seuls coachs ou managers ?

Il importe que ceux qui font métier de conduire les autres aient des repères clairs et sûrs
pour se conduire sainement, sûrement et mener aux terrains stratégiques.
Mais les coachs et les managers ne sont pas les seuls à qui se posent des questions
cruciales, à qui s’offrent des choix difficiles dans le monde humain.
Et ils ne sont pas les seuls, bien sûr, à avoir rendez-vous avec le résultat et à viser le
succès…

© Dunod Editeur, février 2007

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