Fervent admirateur de Voltaire, Constantin Chasseboeuf aurait pris le
nom de Volney vers 1785, au retour de son voyage au Moyen-Orient. Issu de la bourgeoisie de robe, il vécut surtout à Paris où le récit de son périple fit sensation. Engagé dès 1788 dans la vie politique, il consacra des pamphlets fracassants en faveur de la misère populaire. Remarqué pour ses idées d'avant-garde, l'Anjou reconnut sa valeur en l'élisant aux Etats Généraux. En rédigeant "La loi naturelle ou le catéchisme du citoyen" qu'il présentait comme "un code du bon sens et des honnêtes gens", il précha en particulier pour le développement de l'hygiène et de l'instruction à une époque où les épidémies et l'analphabétisme étaient monnaie courante.
Admis à l'Institut en 1798 pour développer la coopération entre
les savants et les érudits du monde entier, il rejeta le despotisme impérial dès 1804. Partisan du "savoir bien et non du savoir beaucoup", professeur d'histoire à l'Ecole normale de Paris inaugurée en 1795, il côtoya les génies de son temps. "Le rêveur philosophique" méprisé par Napoléon auquel il avait résisté, prôna l'émancipation "des jeunes gens sans aisance, condamnés à l'ignorance". Emu de ce dénuement éducatif, il finança à Craon la création d'une école (1818-1821). Son succès, battu en brèche par le nouveau pouvoir, lui valut cependant la reconnaissance de la ville. Philanthrope et précurseur de la démocratie, comte et pair de France, il est désormais reconnu comme le grand homme de Craon.