Вы находитесь на странице: 1из 4

D I P L O M AT I E

Terrorisme : le Soudan
libéré de la liste noire
américaine
Par Célian Macé(https://www.liberation.fr/auteur/6841-celian-mace) —
14 décembre 2020 à 18:05

Manifestation à Khartoum, en avril 2019. Photo Ozan Koze. AFP

Un an et demi après la révolution qui a renversé


Omar el-Béchir, Washington a levé les sanctions
pesant sur Khartoum, promettant une bouffée d'air
économique au pays.

Enfin extirpés de cette liste maudite. Le chef de la diplomatie américaine,


Mike Pompeo, a confirmé lundi que le Soudan avait été officiellement retiré
de la liste des Etats soutenant le terrorisme,(https://www.state.gov/state-
sponsors-of-terrorism/) sur laquelle il était inscrit depuis vingt-sept ans.
Les Etats-Unis avaient imposé ces sanctions à Khartoum en 1993, après
avoir accusé le président Omar el-Béchir d’entretenir des relations avec des
organisations jihadistes, en accueillant notamment sur son sol Oussama ben
Laden. Les attentats de 1998 contre les ambassades américaines du Kenya
et de Tanzanie (plus de 200 morts), revendiqués par Al-Qaeda, puis les
atrocités commises par les forces soudanaises et leurs supplétifs pendant la
guerre du Darfour, avaient enfoncé le Soudan dans la catégorie des Etats
parias pour les Etats-Unis.

À LIRE AUSSI
Les nombreuses terreurs d’Omar el-
Béchir(https://www.liberation.fr/planete/2019/04/11/les-nombreuses-terreurs-d-omar-el-
bechir_1720854)

Un rapprochement entre Washington et Khartoum s’était toutefois amorcé


après l’indépendance du Soudan du Sud, en 2011, bientôt renforcé par une
coopération discrète entre la CIA et les services de renseignement soudanais
dans le domaine de la lutte antiterroriste. Mais c’est la révolution populaire
qui a chassé El-Béchir du pouvoir,
(https://www.liberation.fr/planete/2019/05/03/soudan-tout-le-pouvoir-
de-la-revolution-est-sur-cette-place_1724841) l’an dernier, qui a
véritablement changé la donne. Pourquoi en effet faire payer aux nouvelles
autorités soudanaises – un exécutif de
transition(https://www.liberation.fr/planete/2019/08/19/au-soudan-la-
transition-devient-presque-realite_1746076) tiraillé entre un gouvernement
civil et un Conseil souverain dominé par l’armée – les errements de l’ancien
régime militaro-islamiste ?

Concession majeure de la part de Khartoum


Pas question de cadeau pour autant. Donald Trump, obsédé par son «deal
du siècle» au Proche-Orient, un plan de paix reposant sur une série
d’accords «transactionnels» entre des Etats arabes et Israël, s’est servi de la
pression de cette liste infamante pour obtenir une concession majeure de la
part de Khartoum. En octobre, le Soudan a en effet a ouvert la porte à une
normalisation de ses relations avec l’Etat hébreu,
(https://www.liberation.fr/planete/2020/10/25/entre-le-soudan-et-israel-
un-rapprochement-fragile_1803426) évoquant sobrement la «fin de l’état
de belligérance». Un trophée diplomatique que s’est empressé d’agiter le
président américain. En 1967, c’est à Khartoum qu’avait été signée la
résolution historique de la Ligue arabe disant «non à la paix avec Israël,
non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël».

À LIRE AUSSI
Le Soudan appelle au financement participatif de sa
révolution(https://www.liberation.fr/planete/2020/06/25/le-soudan-appelle-au-
financement-participatif-de-sa-revolution_1792307)

Les autorités soudanaises ont nié tout «chantage» de la part de


l’administration américaine, mais ce n’est qu’après cet accord que Trump a
effectivement notifié au Congrès le retrait du pays de la liste noire. Pour
Khartoum, l’urgence économique est absolue. Les restrictions financières,
bancaires et commerciales liées à l’inscription sur la liste américaine barrent
la route aux investisseurs étrangers et empêchent surtout l’Etat d’obtenir un
allégement de sa dette ou d’emprunter sur les marchés mondiaux. Lundi, le
secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a d’ailleurs
immédiatement dit vouloir travailler avec le Soudan «pour l’aider à
éponger ses arriérés auprès des institutions financières internationales».

Profonde crise économique


«Félicitations au peuple soudanais ! a posté le président du Conseil
souverain, le général Abdel Fattah al-Burhane, sur Twitter. C’est une tâche
qui a été accomplie par les Soudanais dans l’esprit de la révolution.» La
deuxième tête de la transition, le Premier ministre civil, Abdallah Hamdok,
a également exprimé son soulagement : «Nous sommes de retour au sein de
la communauté internationale […]. Cela va aider le gouvernement
transitoire à favoriser l’investissement et le transfert d’argent et les jeunes
à trouver du travail», a-t-il commenté. L’inflation dépasse aujourd’hui les
200% et la profonde crise économique à l’origine du soulèvement qui a
conduit au renversement d’El-Béchir fait toujours des ravages. Sans
amélioration notable de la situation, la transition démocratique est
directement menacée, jugent ses dirigeants.

Célian Macé (https://www.liberation.fr/auteur/6841-celian-mace)

Вам также может понравиться