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REVUE MUSICALE

Author(s): P. Scudo
Source: Revue des Deux Mondes (1829-1971) , 15 FÉVRIER 1853, SECONDE SÉRIE DE LA
NOUVELLE PÉRIODE, Vol. 1, No. 4 (15 FÉVRIER 1853), pp. 804-812
Published by: Revue des Deux Mondes

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(1829-1971)

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804 REVUE DES DEUX MONDES.

peine en effet s'il leur a accordé quelques-unes des nombreuses


leur avait promises lorsqu'il avait si grand besoin de leur conco
d'hui il espère leur donner le change en les berçant de l'espoir
leurs frères, les raïas de la Turquie d'Europe. On a vu en effet qu
lachich, serviteur zélé, depuis deux ans en disgrace, mais dont
aujourd'hui nécessaire pour produire l'effet voulu, c'est à Jellac
a donné le commandement du corps d'armée chargé de surveiller
ottomane. L'Autriche néanmoins ne saurait trop éviter d'inter
armes dans les troubles qui agitent en ce moment une partie d
Jouer avec une insurrection quelconque, c'est jouer avec le feu,
pays qui ne puisse pas se permettre ce jeu-là sans danger, c'e
l'Autriche. En déclarant, par l'organe de la Gazette de Vienne
sion du prince de Leiningen était une mission pacifique et con
gouvernement de l'empereur François-Joseph a donné un gage
ration intelligente qu'il continuera de porter, on aime à le cro
rapports avec la Turquie.
A Constantinople, la publication du nouveau firman relatif à l
tion du pays a causé d'abord de vives inquiétudes. On a craint,
mier moment de surprise, que la charte de Gulhané ne fût men
principes mêmes. La politique incertaine que le ministère suit
ques mois entre les idées du parti de la réforme et celles du vie
semblait justifier ces craintes. Le nouveau firman n'a pas cepen
tère fâcheux qu'on s'était trop pressé de lui attribuer. 11 n'a po
centraliser l'action du pouvoir et de resserrer les forces des adm
provinciales, jusqu'alors trop éparpillées et sans unité. Il profit
aux gouverneurs des provinces, qui tiendront désormais sous le
les agens secondaires de leur ressort, et à l'autorité centrale, de
les gouverneurs seront seuls responsables pour leurs propres fa
pour celles de leurs agens. En un mot, une plus grande unité r
l'administration, et la responsabilité, en se simplifiant, deviendra
Tels sont les points saillans du nouveau firman. Pour en juger
il faut en attendre les conséquences. Puisse-t-il servir à répare
qui ont été commises depuis quelques mois en Turquie !
CH. DE MAZADE.

REVUE MUSICALE.

La saison musicale se développe, cette année, avec une grande richesse


d'incidens. Une fièvre de distractions s'est emparée de la société parisienne.
Les réunions des gens de loisir et de goût, vivant des mêmes idées, aspirant
au même but, se multiplient. On s'assemble, on cause, on s'entend, et, en se
voyant, en si nombreuse compagnie, participer aux mêmes jouissances de
l'esprit, on se raffermit dans cette pensée, que rien de grand et de durable ne
peut se faire en France en dehors des classes éclairées, qui sont les déposi-
taires de la civilisation européenne.

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REVUE. - CHRONIQUE. 805
L'Obéra s'est enfin passé la fantaisie de la Louise Miller d
la première représentation avait été retardée indéfinimen
pu retarder encore sans grand dommage pour l'art et les p
Traduit en français par un homme d'esprit qui a l'habitude
trahisons , comme dit le proverbe italien, l'ouvrage du co
moùtain, bien loin de gagner à ce changement de climat
ques-i^nes des qualités qu'il possède dans la langue où il a
ne retiendrons pas sur la musique et le sujet de Louise Mi
avonß déjà apprécié le mérite et signalé les faiblesses. Il no
ter aujourd'hui que, dans la grande salle de l'Opéra, l'œuvr
produit un effet encore plus fâcheux qu'au Théâtre-Italien,
difficile au trop célèbre maestro de réparer le double éch
prouver à Paris. Tout le monde a été frappé de la pauvreté
violente et de courte haleine, qui ne révèle ni l'originalité d
la main d'un vrai maître. C'est une très mauvaise imitatio
mande et particulièrement du Frey schütz de Weber, qui est
Corneille est à Crébillon. L'exécution est très imparfaite. M
Morelli crient et hurlent à l'envi l'un de l'autre, et, quant
est chargée du rôle de Louise, c'est une cantatrice sur le ret
de soprano aigu manque de timbre dans les cordes du méd
fatigue dans le registre supérieur par une vibration qui tou
Du reste, Mme Bosio est une artiste de mérite qui a du feu
dans l'organe. Elle a fait ressortir certaines parties de son rô
velli avait complètement négligées. On peut se demander ce
bien nécessaire d'engager une cantatrice nouvelle pour cha
Louise, et si Mrae Tedesco, avec sa belle voix limpide et fr
glace, n'aurait pas suffi à l'entreprise. Que faites-vous donc d
jeune et jolie personne que vous laissez se morfondre ave
vigoureusement trempée, et qui n'a pu se produire jusqu'ic
errant , qui ne marche plus, ou dans Robert , pour rempl
temps Mlle Poinsot, dont vous aimez tant les intonations
criarde?
Depuis que Marco Spada a pris possession de son succès, qui est loin de
s'épuiser, le théâtre de l'Opéra-Comique, dont on ne peut que louer l'acti-
vité, a donné un tout petit acte, le Miroir, dont la musique est de M. Gastinel,
grand prix de Rome, qui vient de faire avec distinction ses premières armes.
Le Sourd ou V Auberge pleine, cette grosse facétie du comédien Desforges, qui
remonte à l'année 1790 et qui a été arrangée depuis pour tous les théâtres
de Paris, vient aussi de prendre le masque d'un opéra-comique en trois actes.
La musique de cette bonne plaisanterie de carnaval a été accommodée avec
esprit et adresse par M. Adam, qui était là dans son véritable élément.
M. Sainte-Foy, dans le rôle de Danières, est d'un comique achevé. Mlle Lemer-
cier rend aussi avec malice l'accent et les allures d'une franche Provençale.
Un succès de meilleur aloi est celui que vient d'obtenir un charmant petit
opéra en un acte, les Noces de Jeannette . Le sujet de cette pièce, qui n'est pas
sans présenter à l'esprit quelque rapport lointain avec le Champí et les au-
tres fables paysanesques de Mme George Sand, a été choisi avec goût et leste-

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ment mené par MM. Carré et Barbier, les auteurs du poèm


de Galatée. Jean, un joyeux compagnon de village, vient de
il a failli se marier! Mais au moment de signer le contrat,
que, et il se sauve comme un conscrit qui préfère la libert
la gloire. Rentré chez lui, Jean ne se sent pas d'aise de se ret
court comme devant; mais Jeannette n'est pas de cet avis
demander raison de l'outrage qu'on lui a fait. Elle s'établit
chaumière de son fiancé rebelle, et par un tissu de petites
d'agaceries et de bons sentimens, elle parvient à changer
libertines de son amant, qu'elle enlève au célibat, au grand
Jean lui-même. Telle est la donnée de cette petite pièce, q
un peu risqués et une scène de brusquerie maritale un peu fo
pas d'être écoutée avec plaisir. La musique est de M. Vict
déjà par deux autres ouvrages qui ont eu dù succès, la Ch
Galatée. L'ouverture, composée d'un seul motif qui n'a rien
commence par une sonnerie de cloches qui annonce le mar
complir, et qui ne mérite pas autrement d'être remarquée
détails heureux dans le premier air que chante Jean en se
encore garçon, et la première romance de Jeannette est ag
sortir toutefois des banalités du genre. Les couplets bachi
Jean derrière la coulisse ont de la couleur. C'est le morceau le mieux réussi
de tout l'ouvrage, en y ajoutant la charmante petite romance qui s'échappe
du cœur de Jeannette pendant qu'elle raccommode la veste de son futur. L'air
un peu prétentieux et tout rempli de vocalises par lesquelles Jeannette agace
le cœur de son mari, en luttant avec le rossignol, ressemble à tous les mor-
ceaux de bravoure possibles qui n'ont d'autre mérite que de faire briller la
flexibilité d'organe de la cantatrice. Ce petit ouvrage, sans rien ajouter à la
réputation que M. Massé s'est honorablement acquise comme musicien gra-
cieux, qui a plus de distinction que de force et d'originalité, la confirme en
laissant subsister le doute si, dans un cadre plus grand, le jeune maestro
serait aussi heureux. A la place de M. le directeur de l'Opéra-Comique, nous
engagerions M. Massé à ne point se hâter de quitter le rivage fleuri de l'idylle,
et à rester encore quelque temps dans un genre modeste et limité. Un ou deux
actes tout au plus doivent suffire à la muse délicate de M. Massé, qui a besoin
d'apprendre beaucoup de choses : à varier son style et ses couleurs,. à ren-
forcer ses mélodies par un meilleur choix de la seconde phrase complémen-
taire, partie délicate de la composition où échouent tant de musiciens qui
visent à chanter le vainqueur des vainqueurs de la terre. Et puisque nous
engageons M. Massé à contenir son ambition et à retarder de quelque temps
encore son vol dans une sphère plus élevée, mais plus dangereuse, qu'il nous
permette de lui signaler un sujet qui conviendrait à son agréable talent. Nous
voulons parler du roman de Mme Sand, André, d'où l'on pourrait tirer deux
actes d'une fine et charmante comédie qui serait, ce nous semble, une heu-
reuse continuation de Galatée et des Noces de Jeannette, fort bien jouées
par M. Coudère et par Mlle Miolan, qui chante comme un ange.
Le Théâtre-Italien se débat toujours au milieu d'inextricables difficultés.
Après Luisa Miller , dont les représentations ont été brusquement interrom-

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REVUE,

pues, on a repris il Proscritto ,


actes, dans lequel Mlle Cruvel
de la jeune cantatrice qui est
compositeur italien n'ont ret
c'est que le temps marche vite
ne sont ni les enfans du gén
directeur, M. Corti, qui est u
que le public de Paris n'est pa
de Milan, a voulu porter un g
de Mozart. Nous ne ferons p
grec, et nous nous abstiendro
longtemps au nombre des ra
permettrons seulement de di
tition de Mozart exige, pour
premier ordre, un grand spec
nés. Excepté M. Calzolari, qui
il mio tesoro , excepté le tri
ensemble, tout le reste de cet
que d'un petit nombre d'initi
ginerait jamais quels gestes,
Mlle Cruvelli a prêtés au cara
Pardonnez-leur, Seigneur, car
Au troisième théâtre lyrique,
on vient de représenter une s
pour servir de prétexte aux e
a quitté l'Opéra avec armes et
de jouer beaucoup trop du vio
encore plus que de son archet
éprouver à voir ces espèces de
seurs venir grimacer sur une
moins indécentes qui n'exprim
rieuse et noble qui sied à l'hom
dans lesquelles brille surtout
mérite que d'avoir mis en év
Mme Guy-Stephan, qui s'y est
La. Société des Concerts a ina
son existence. La Symphonie
perfection accoutumée, sauf l'i
le chef d'orchestre, semble dis
mens de YArmide de Gluck, u
cuté avec un rare talent les C
composition, où il a su groupe
ment. M. Altès, qui est élève d
de son maître. La séance s'est
Beethoven, Christ au mont des
ment dramatique. La secoñde
le dimanche 23. La symphonie

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808 REVUE DES DEUX MONDES.

mier numéro du programme. Cette composition colossale, où


avoir voulu fondre dans une même conception tous les st
formes musicales connues, depuis le récitatif dramatique j
grâce, et dans laquelle il offre le spectacle d'une imaginati
la fantaisie adorable de l'Arioste s'unissant à la fougue idé
cette neuvième et dernière symphonie a été exécutée avec
semble dont le public commence à comprendre la grande
devons ajouter que le scherzo a été pris trop lentement p
communique à tout ce qu'il touche son flegme désespéran
d'Haydn, exécuté par les instrumens à cordes, morceau ex
des idées autant que par la clarté de l'harmonie, Mme Lab
Incarnatus est de Mozart avec accompagnement obligé de
basson, qui est aussi peu digne du nom qui l'a signé que de la
certs qui l'a choisi. Il faut honorer les maîtres dans les œu
qu'ils ont laissées et couvrir leurs faiblesses d'un silence r
l'auteur (X Athalie, de Britanniens et d' Andromaque qu'adm
non pas celui des Frères ennemis et d' Alexandre, Le goût
rée comme la nôtre ne doit se laisser fasciner par aucun
il faut juger les choses dans leur essence et conformémen
chœurs des génies de Y Oberon de Weber, qui ont été chan
d'ensemble et de justesse, et l'ouverture de Guillaume Tel
programme de cette belle fête de l'art. Le troisième conce
6 février, a commencé par une agréable symphonie de M.
renferme quelques parties estimables, entre autres Y andante
qué le thème élégant, qui rappehe fortement la manière d
David est un musicien distingué, un homme de goût qui, san
nombre d'idées nouvehes, tire assez bon|parti de son inspi
avec grâce dans les limites très étroites de son empire. A
YEuryanthe de Weber, dont M. Girard a encore méconnu
mouvement, la scène s'est terminée par la symphonie en
La Société de Sainte-Cécile, fondée et dirigée par M. Se
grands pas sur les traces de la Société des Concerts, son a
Dans un premier concert en dehors de l'abonnement, on y
ensemble parfait la cinquante et unième symphonie d'H
Ave, verum, pour voix de ténor et chœurs de M. Gounod
remarquable par la nouveauté de la mélodie que par le sty
gieux dont il est empreint. Les deux concerts d'abonneme
ont été aussi très brillans, et le public a pris définitivem
tion cette réunion d'artistes courageux qui, sous la directi
et tenace, ont élevé presque une institution publique qui m
l'attention du gouvernement.
A côté de ces deux grandes sociétés consacrées à l'exéc
rables poèmes de la musique instrumentale, il est juste de
vailTans virtuoses, MM. Maurin, Chevillard, Mas et Sab
voués à l'interprétation (le mot est ici parfaitement à sa p
grands quatuors de Beethoven. Est-il nécessaire de rappel
'œuvre immense de Beethoven, ce génie aussi fécond que

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REVUE. - CHRONIQUE. 809
dix-sept quatuors pour instrumens à cordes, dont les cinq de
ment de telles difficultés et de telles hardiesses d'harmonie, qu
à peu près incompris jusqu'à nos jours? A Vienne et presque
de Beethoven, on essaya vainement de les déchiffrer d'une man
ment intelligible, en sorte que les uns considéraient ces terr
comme le dernier effort d'un génie grandiose, mais affaibli
infirmités, tandis que les autres y voyaient la révélation d'u
velle de la musique instrumentale. La vérité, comme on le pen
dans aucune de ces opinions extrêmes, et, grâce à l'exécutio
remarquable de MM. Maurin, Chevillard, Mas et Sabattier,
apprécier maintenant avec plus de confiance quelle est la v
nières compositions du sublime symphoniste. Comme tous les
rieurs qui ont beaucoup écrit et que la Muse a visités de bonn
hoven a modifié son style et ses idées en suivant l'impulsion
temps. Après avoir procédé d'Haydn et de Mozart, il s'est b
dégagé de la tradition de ses maîtres en donnant l'essor à so
et en produisant les grandes conceptions de sa maturité, qui s
qu'en 1820. A partir de cette époque, Beethoven entre dans
voie; il conçoit des combinaisons plus hardies, entrevoit des
plorés, il veut enfin produire des œuvres qui ne ressemblent
déjà connues. La neuvième symphonie avec chœurs dont no
plus haut, les cinq derniers grands quatuors et quelques sona
sont le résultat de cette détermination un peu systématique. Sa
les détails techniques dont nous pourrions appuyer notre jug
affirmer que le caractère général des dernières compositions
c'est la hardiesse parfois excessive des combinaisons harmo
dédain des formes consacrées non-seulement par la théorie,
les œuvres des maîtres. Pour résumer notre opinion sur les
quatuors de Beethoven, nous dirons franchement qu'à côté de
parablement belles, on y remarque des étrangetés, des bizarr
blent plutôt le résultat d'un système arrêté que le libre épan
inspiration nouvelle. Il y a des parties merveilleuses qui ne r
rien de ce qu'on connaît et où chaque instrument s'agite da
immense, et comme s'il était chargé de la partie dominant
manque de proportions et de cette coordination des idées seco
le signe indélébile des conceptions vraiment belles. Quoi qu
l'opinion qu'on peut avoir de ces quatuors, ce qu'il y a de m
c'est d'aller les entendre exécuter par les quatre artistes coura
qui attirent à leurs séances tout ce qu'il y a à Paris d'amateur
Depuis que la symphonie a été créée par Haydn, admirabl
par Mozart et agrandie par le génie prodigieux de Beethoven
compositeurs s'est éprise d'un attrait bien dangereux pour c
prême de la musique instrumentale. Sans parler de l'Allema
produit un grand nombre d'imitateurs, parmi lesquels Mend
contestablement le plus distingué de tous, la France a vu na
ques compositeurs de mérite qui se sont essayés avec plus ou m

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810 REVUE DES DEUX MONDES.

dans la musique instrumentale. MM. önslow, Reber, Berlioz,


ont fait des symphonies qui ont trouvé des appréciateurs plu
leureux, mais que la grande masse du public éclairé a laissé p
y prendre garde. (Test qu'il en est un peu de la symphonie com
épique : s'il n'est exquis, s'il ne reflète pas les vives et puissant
passion et du génie, il n'a pas de raison d'être. Pour un Ho
Virgile, pour un Dante, un Tasse, un Arioste, un Milton, un Ca
land, etc., que de miniers de prétendus poèmes ont été fab
souvenir ne s'est conservé que dans le catalogue des bibliom
jours encore, et malgré le naufrage de la Henriade , n'a-t-o
hommes d'esprit conserver l'illusion du poème épique, et ch
gages littéraires du poids énorme d'une Philippéide! Rediso
phonie n'est point une conception ordinaire qu'il soit permis
terreur. Elle suppose de- la part de l'artiste la plus grande a
plus hautes facultés de l'esprit, et c'est pourquoi il n'est don
petit nombre d'êtres privilégiés d'y réussir.
M. Théodore Gouvy est un jeune compositeur français qu
magne et qui cultive avec suceès la musique instrumentalo. D
delssohn, comme le sont presque tous les symphonistes modern
est plus facile d'imiter un maître qui a plus de savoir que dé gé
s'est fait connaître par une symphonie qui a été exécutée p
Sainte-Cécâe il y a deux ans. Celle qu'il a fait entendre cette
concert qu'il a donné le 10 janvier renferme de très bonnes
ghetto, par exemplé, et lé scherzo, qui a de la grâce. Une s
instrumens à cordes, qui remplissait le troisième numéro du
est aussi un morceau agréable, rempli d'émotion et d'élégan
qu'on pourrait désirer plus d'invention dans la musique de M. G
ques-unes de ces témérités qui font pardonner bien des faute
tails ingénieux, de la clarté dans le plan général, de là sobriét
l'onction et de la grâce dans les mélodies, sont des qualités se
rencontre souvent dans les compositions de M. Gouvy, et qui
son nom à la critique sérieuse. N'èst-il pas curieux aussi dé
femme parmi le très petit nombre de musiciens français qui se
la musique instrumentale? Farrenc, professeur de piano
toire, est sans contredit ime artiste dè distinction. Élève d
l'harmonie et le contre-point, M*"*' Fàrrenc a composé des son
un septuor pour instrumens à vent, et trois symphonies, dont
sol mineur, a été exécutée dans la salle Herz le 14 janvier.
bonnes choses dans cette symphonie, et le scherzo surtout es
tails piquans, déduits avec beaucoup d'adresse et ramenés au t
sûreté de main vraiment remarquable, et dont beaucoup d
célèbres pourraient être jaloux.
Deux célèbres violonistes', MM. Vîéuxtemps et Sivori, se trou
ment à Paris. Ml Yieuxtemps, dont nous avons déjà appréc
donné deux concerts qui ont été fort suivis, et puis il s'est fait
fois à l'Opéra, où il a: produit moins d'effet que dans la sall

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REVUE. - CHRONIQUE. 811
appropriée à la nature de son talent, plus énergique que tend
M. Vieux temps, qui est sans contredit un virtuose de premier
les plus rares qualités du violoniste sévère, un style grandiose
sonorité, une justesse remarquable et une netteté parfaite dans
les plus ardues. Son coup d'archet est vraiment magistral; il s
noblesse sur la corde frémissante, qui chante toujours et ne c
effets de la double corde accompagnés de pizzicato , les sons h
plus aigus, les grands arpèges qui embrassent presque simult
et trois octaves, enfin tous les artifices du mécanisme semble
sous les doigts de l'artiste. Au milieu de ces prodiges d'exécutio
de ne pas trouver chez M. Vieuxtemps une sensibilité plus ex
pénétrante, une imagination plus colorée, quelques rayons d
néité divine qui est le signe des vocations supérieures. Les co
M. Vieuxtemps, sans atteindre, ainsi qu'on a osé l'affirmer ét
hauteur de la musique des maîtres, se font remarquer cependan
lités solides. Le Concerto en ré mineur qu'il nous a fait enten
soirées renferme des parties excellentes, Y andante religioso et
l'on peut dire que dans M. Vieuxtemps le compositeur et le vi
et se complètent d'une manière tout à fait remarquable.
M. Sivori est Italien. Il est de Gênes, de la ville même qui a vu
nini, dont il est l'élève. Aussi, de tous les violonistes qui se
s ur les traces de l'admirable virtuose, M. Sivori est-il celui q
plus de son modèle. De la fougue, du brio, de la passion, une
quise, une bravoure extraordinaire, et tout cela avec une jus
ime désinvolture vraiment incroyables, telles sont les princip
talent de M. Sivori. 11 chante, il pleure, il rit sur son violon
démon. Il faut lui entendre jouer le grand concerto en si mineu
Paganini. Quel charme, quelle bonne humeur, quelle gaieté fran
11 y a du poète dans l'imagination de M. Sivori, quelque cho
lumineux et enfantin qu'on trouve dans l'Arioste ou dans les fa
M. Sivori est né violoniste, et il joue tout aussi bien la musiqu
de Beethoven que celle des Gorelli, des Tartini, des Viotti et
MM. Vieuxtemps et Sivori sont aujourd'hui les deux plus habile
bres violonistes qu'il y ait en Europe. Un jeune allemand nom
qui est venu à Paris en 1849, qui a longtemps habité Leipzig,
maintenant à la cour de Weimar, ne tardera pas à s'élancer au
rière, où il ne sera pas facile de le vaincre et de lui disputer le
auquel aspire son ambition.
Bien que né en Belgique, M. Vieuxtemps est un violoniste d
çaise, dont il possède les qualités les plus saillantes, tandis qu
saurait récuser l'Italie pour sa mère, qui l'a nourri de ses mam
S'il nous fallait caractériser en quelques mots ces deux artist
pays qu'ils représentent, nous dirions que l'un joue du violon
fesseur et en musicien consommé, l'autre en enfant gâté de la
doué des dons lesplus précieux. Lutteurs intrépides tous les d
de leur instrument, ils s'en servent chacun d'une manière différen

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812 REVUE DES DEUX MONDES.

temps ne vous laisse jamais oublier qu'il joue du violon,


de mécanisme qu'il accomplit sous vos yeux sont de la p
culté et lui ont coûté bien de la peine, tandis que M. Sivor
qu'il tient à la main l'un des instrumens les plus compliqu
il vous chante comme une Malibran ou comme un fanciul

Che piangendo e ridendo pargoleggia.


P. Scudo.

REVUE LITTÉRAIRE.

L'HISTOIRE ET LA LITTÉRATURE EN DANEMARK.

Nous avons signalé tout récemment (1) quel ascendant avait acquis en
Danemark, pendant l'année qui vient de s'écouler et pendant celles qui l'ont
précédée immédiatement, les études d'archéologie et de statistique. La litté-
rature religieuse, et celle qu'on peut appeler la littérature d'imagination,
c'est-à-dire le poème, le roman, le théâtre, n'y sont pas restées stériles. Sin-
cèrement protestante, la presse danoise publie chaque année un grand
nombre de dissertations théologiques, de sermons et d'exégèses, sans égaler
pourtant sous ce rapport l'activité un peu diffuse des presses américaine et
anglaise. Cette littérature religieuse a surtout produit dans les dernières
années les nombreux ouvrages de MM. Kierkegaard et Martensen, le premier
animé d'une foi profonde et appliquant la méthode socratique à l'enseigne-
ment d'un dogme rigoureusement observé, le second se rapprochant davan-
tage des méthodes du rationalisme, tous deux ennemis des systèmes scepti-
ques de l'Allemagne et tous deux popularisant leurs idées par le charme d'un
style pur et élevé. Avec ces deux écrivains de talent, des hommes de mérite,
comme le fougueux M. Grundtvig et le vénérable évêque de Copenhague,
M. Mynster, donnent à la parole évangélique en Danemark la dignité et
l'éclat. L'histoire religieuse, étudiée par de nombreux théologiens, y produit
de nombreux mémoires, destinés soit aux différens recueils théologiques,
soit à la section historique et philosophique des Actes de la société royale
danoise . C'est dans ce dernier recueil qu'a paru tout récemment, pour être
ensuite publié à part, un beau travail de M. Scharling, professeur de théo-
logie à l'université de Copenhague, sur les doctrines, l'influence et la vie si
peu connues de Molinos (2).
Le livre de M. Scharling mérite qu'on s'y arrête. Les luttes religieuses de
l'époque dont il s'occupe ont été trop rarement étudiées. Lexvie siècle avait
été pour l'église une époque d'agitations et de déchiremens : le siècle suivant

(1) Voyez la livraison du 15 janvier.


(2) Michael de Molinos , Et Billede fra det 17 de Aarhundredes Kirke Historie (Michel
de Molinos , Épisode de l'Histoire ecclésiastique du dix-septième siècle ), in-4°, Copen-
hague, 1852.

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