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Épidémiologie
Mécanismes physiopathologiques
Anamnèse
État antérieur
Examen clinique
Explorations auditives
Iconographie
Épreuves instrumentales
Imagerie
Imputabilité
• les structures de l'oreille interne sont situées dans le rocher, clé de voûte de la base du crâne. L'onde de choc du
traumatisme entraîne souvent des fractures du rocher, des luxations ossiculaires [69] et au minimum un ébranlement de
l'oreille interne ;
• la colonne cervicale est en relation avec l'appareil vestibulaire par des connexions nerveuses et surtout vasculaires.
La tête et la colonne cervicale sont atteintes dans plus de 75 % des accidents automobiles de la
voie publique[52] dont la fréquence reste élevée malgré les mesures renforcées de la prévention
routière, tandis que les accidents des deux roues sont en augmentation.
Les traumatismes professionnels, lors de la chute d'un lieu élevé, représentent environ le quart
des atteintes craniofaciales compliquées d'atteinte cochléovestibulaire.
L'oreille est l'organe sensoriel le plus fréquemment lésé. Les fractures de la base du crâne
représentent près de la moitié des fractures crâniennes et les fractures du rocher environ 25 % de
l'ensemble des fractures du crâne.[2, 60, 63, 64]
Après une étude des mécanismes physiopathologiques, sont successivement évalués les troubles
auditifs et les troubles de l'équilibre séquellaires des traumatismes craniocervicaux. Les données
cliniques et paracliniques permettent alors de conclure à l'imputabilité et d'évaluer le préjudice en
fonction du barème requis.
Mécanismes physiopathologiques
Pour des raisons médicolégales qui sont évoquées, il convient de clairement distinguer les
conséquences ORL faisant suite à des traumatismes crâniens, de celles survenant après des
traumatismes cervicaux isolés. Pour chacun des cas, nous étudions la mécanique traumatique
proprement dite et les conséquences ORL pouvant en résulter.
Fractures longitudinales
(extralabyrinthiques)
Ce sont les plus fréquentes (70 à 80 % des fractures du rocher). À la suite d'un impact latéral,
temporopariétal, l'onde de choc qui épargne le labyrinthe, rompt l'écaille verticale et se poursuit
au niveau de la paroi antérieure de la caisse :
• jusqu'à l'apex (ce trait de fracture passe dans un plan frontal). Ce type de fracture peut léser le ganglion géniculé, et se
prolonger, plus à l'extérieur, jusqu'à l'articulation temporomandibulaire ;
• le trait de fracture peut se poursuivre vers l'écaille rétroméatique et se prolonger jusqu'à la paroi antérieure de la caisse.
Ce trait de fracture est situé dans un plan faisant un angle de 45° avec le plan frontal (donc parfaitement parallèle à l'axe
du rocher) ; il peut léser la troisième portion du nerf facial. Il peut se prolonger vers le foramen lacerum et le canal
carotidien ;
• le trait de fracture peut intéresser uniquement la partie postérieure du rocher ou se limiter à la mastoïde.
Toutes ces fractures sont responsables initialement d'otorragie, de surdité de transmission dues,
d'une part, à l'épanchement de sang dans la caisse qui régressera spontanément et d'autre part, à
une lésion tympano-ossiculaire favorisée par un déplacement relatif du contenu de la caisse. Une
surdité de perception peut s'y associer dans le cadre d'une fistule périlymphatique. Des lésions du
nerf facial s'observent dans 20 % des cas.
Fractures transversales
(translabyrinthiques)
Elles sont plus rares (environ 20 % des cas). À la suite d'un impact occipital ou d'un impact sur le
vertex, l'onde de choc provenant de la base de l'occipital, traverse le foramen jugulaire, se
prolongeant vers l'avant et l'extérieur, atteint la face postéro-interne du rocher, brisant le
labyrinthe osseux. Le trait de fracture intéresse le plus souvent le canal semi-circulaire postérieur
et l'aqueduc du vestibule. Le conduit auditif interne (CAI) et la cochlée peuvent être intéressés si
le trait de fracture est plus antérieur.
Fractures mixtes,
tympanolabyrinthiques
Elles sont nettement plus rares. Le trait de fracture atteint l'écaille sus-méatique et poursuit sa
direction vers le labyrinthe et le CAI.
Fractures partielles
Ce sont soit des fractures de la platine, soit des fractures labyrinthiques au voisinage des fenêtres,
responsables d'une fistule périlymphatique.
Commotion labyrinthique
Plusieurs mécanismes ont pu être évoqués. Pour Ilberg [33] cette commotion labyrinthique serait
due à des troubles de la microcirculation locale responsable d'une hypoxie entraînant des
modifications de l'homéostasie endo/périlymphatique. Pour Schuknecht, l'onde de choc d'un
traumatisme important est susceptible de léser les cellules basales de la cochlée (4 à 8 000 Hz).[55]
Traumatisme sonore
C'est une conséquence possible de l'ouverture des « coussins de sécurité » mais aussi du bruit
engendré par le « crash » lui-même.
Atteintes tympano-
ossiculaires
Elles sont l'apanage des fractures longitudinales. Le mouvement relatif de l'étrier solidaire de
l'oreille interne et du marteau lui-même solidaire du tympan, rend compte des luxations et
fractures ossiculaires.
• Luxations ossiculaires.
○ La luxation incudostapédienne qui est la lésion la plus fréquente (82 % pour Hough [30]). De la simple distorsion
capsuloligamentaire à la perte totale des rapports articulaires normaux, tous les intermédiaires peuvent être observés.
L'apophyse lenticulaire est déplacée généralement en avant et en dehors. À l'origine de cette luxation articulaire, on
évoque la contraction violente et simultanée des muscles de l'étrier et du marteau.
○ La luxation incudomalléaire est retrouvée dans 52 % des cas. Elle est souvent associée à une fracture de la longue
apophyse de l'enclume, à une fracture des branches de l'étrier ou bien à une luxation incudostapédienne. L'enclume,
ayant perdu ses liaisons articulaires, peut subir une rotation de 180° autour de l'axe vertical et être projetée vers le
tympan qui peut être perforé par la longue apophyse.
○ La luxation du bloc incudomalléaire est plus rare (3,7 % pour F. Veillon [65]).
• Parmi les fractures ossiculaires, celle de la branche descendante de l'enclume est la plus fréquente du fait de sa fragilité.
La fracture des branches de l'étrier est plus rare. Elle est souvent associée à une luxation incudomalléaire ou du bloc
incudomalléaire. La fracture de la platine est plus rare encore et est, comme la luxation stapédovestibulaire, en rapport
avec une fracture transversale, le plus souvent, ou bien avec un traumatisme direct. Elle s'accompagne d'une atteinte
labyrinthique. La fracture du col ou du manche du marteau se rencontre dans 10 % des cas.
• Les atteintes tympaniques pures et tubotympaniques sont rares au stade séquellaire.
○ L'hémotympan initial disparaît en 3 ou 4 semaines. Au stade de l'expertise, la persistance d'une hypoacousie de
transmission à tympan normal doit faire évoquer une possible atteinte ossiculaire persistante, initialement méconnue.
○ La perforation tympanique résiduelle pose les problèmes habituels de ce type de lésion.
○ Les cholestéatomes post-traumatiques sont rares[2, 20, 42] et découverts des années après le traumatisme parfois oublié.
La migration épithéliale s'est faite par la perforation tympanique ou par la déhiscence du conduit auditif externe. La
perforation cicatrise souvent rapidement après le traumatisme et enferme les débris épithéliaux dans l'oreille moyenne.
Ces cholestéatomes sont des complications tardives et apparaissent au milieu d'une cavité normalement pneumatisée,
ce qui a une grande valeur médicolégale.
○ Les dysfonctionnements post-traumatiques de la trompe d'Eustache sont parfois évoqués. En effet, la partie osseuse de
la trompe auditive est un canal mesurant 12 mm de long creusé dans l'os temporal. Une fracture de cette portion
pourra entraîner des dysfonctionnements tubaires par obstruction partielle ou complète de la trompe auditive.
• d'une atteinte cochléovestibulaire avec son cortège associant hypoacousie de perception plus ou moins importante,
acouphènes et vertiges. Nous rappelons que la surdité peut récupérer au cours de l'évolution mais dans tous les cas,
nettement moins bien que l'atteinte vestibulaire. Au maximum est réalisé un tableau de destruction complète de la
cochlée et du vestibule avec cophose et aréflexie ;
• de la lithiase isolée des canaux semi-circulaires. En effet, lors du choc, la décélération brutale peut aboutir à une rupture
d'une macule otolithique, avec libération d'otolithes responsables dans un délai variable (en règle 3 à 4 semaines) d'une
canalolithiase. Elle intéresse, le plus souvent le canal postérieur, plus rarement le canal externe. Il s'agit de la cause la
plus fréquente de troubles de l'équilibration post-traumatiques ;
• la fistule périlymphatique[43] est de diagnostic souvent difficile. Elle associe des manifestations auditives fluctuantes et
des troubles de l'équilibre variables avec sensation de pulsion latérale ou antéropostérieure brutale. Les explorations ne
sont pas toujours formelles. L'étude attentive de l'imagerie (TDM avec seuillage) est capitale à la recherche d'une fracture
de la platine avec enfoncement ou angulation ou d'un comblement de la fenêtre ronde ;
• une sténose de l'aqueduc endolymphatique a pu être évoquée par certains devant la constatation d'une surdité
progressive, parfois fluctuante, en rapport avec un mécanisme d'hydrops. Mais la démonstration médicolégale de ce
mécanisme est particulièrement difficile et bien souvent discutable. [1, 30, 69, 70]
Elles peuvent se rencontrer dans tous les mécanismes fracturaires mais avec des niveaux
topographiques différents.[45]
Cependant, le nerf facial est plus fréquemment atteint dans les fractures transversales (dans
environ 50 % de ces fractures) et principalement à deux niveaux : la deuxième portion (le trait de
fracture de la paroi interne de la caisse se poursuit sur la deuxième portion du canal de Fallope),
et la première portion (le trait de fracture peut passer dans le CAI et léser la première portion,
plus rarement le ganglion géniculé). Dans les fractures longitudinales, l'atteinte du nerf facial est
plus rare, mais toujours possible et essentiellement au niveau de la troisième portion.
Tous les types de paralysie faciale (complète ou non, immédiate ou décalée dans le temps)
peuvent se rencontrer.[49] Cela s'explique par le fait que, localement, tous les types de lésions
peuvent également se rencontrer : section complète, section partielle par embarrure ou esquille
osseuse, élongation par déplacement des fragments osseux, compression par oedème secondaire.
Certaines paralysies peuvent évoluer vers l'hémispasme. [10]
Lésions de
voisinage
Elles sont possibles, deux types sont décrits.
• Des lésions méningées résultent d'une déchirure de la dure-mère apparue au moment de la fracture, soit par déplacement
temporaire des deux fragments osseux (brèche ostéoméningée), soit par embrochement d'un spicule osseux
postfracturaire. Le liquide céphalorachidien s'écoule au travers de cette brèche dans l'oreille moyenne puis dans le
conduit auditif externe ou par la trompe d'Eustache, réalisant une otoliquorrhée ou une rhinoliquorrhée.
Traumatismes cervicaux
isolés
Ils posent des problèmes médicolégaux spécifiques parfois délicats concernant les atteintes
séquellaires cochléovestibulaires.[37, 40] Les contusions médullaires ne posent pas trop de difficultés
au niveau ORL car leurs conséquences sont essentiellement du ressort du neurologue.
En revanche, les classiques et très mal nommés « coups du lapin » ont souvent, dans leur
évolution, des doléances séquellaires cochléovestibulaires essentiellement représentées par des
acouphènes et des instabilités.
• la classique canalolithiase s'explique par les contraintes de cisaillement subies par une des macules lors de la
flexion/extension du rachis cervical qui détachent brutalement des otolithes. Elle est incontestable mais de survenue
précoce (4 à 6 semaines, jamais au-delà) ;
• certaines instabilités peuvent s'expliquer par des troubles de la coordination entre les vitesses des yeux et celles de la
tête. Les contractures musculaires résiduelles des muscles cervicaux modifient les contraintes physiques dans un
système préprogrammé, des saccades de rattrapage se produisent avec sensation de « flou visuel » lors des
mouvements de la tête.
Pour les acouphènes, en dehors d'une atteinte prouvée du système vasculaire vertébral (avec
donc pour conséquence une hypoacousie associée), il n'existe aucune explication
physiopathologique ORL acceptable. Ils appartiennent donc encore au syndrome subjectif.
La communication des dossiers médicaux a largement facilité la connaissance des faits initiaux.
Ainsi le compte rendu d'hospitalisation nous informe sur les circonstances et la gravité d'un
traumatisme crânien (Glasgow, durée du coma, polytraumatisme, durée d'hospitalisation, etc.).
Il est malheureusement souvent plus difficile d'obtenir un certificat médical témoignant de la
pathologie clinique initiale ORL. Ainsi, l'examen va souvent porter sur les allégations du patient
(otorragie, otoliquorrhée, acouphènes, baisse de l'acuité auditive, vertiges, etc.). Dans l'idéal nous
pouvons espérer la communication d'un examen tympanique initial (hémotympan, perforation) ou
audiométrique ou tomodensitométrique. Le plus souvent les éléments ORL du dossier médical ne
sont pas répertoriés et la chronologie des dates reste confuse.
Un interrogatoire s'assure d'une éventuelle chirurgie de l'oreille moyenne et exige le compte rendu
opératoire. Enfin, dans tous les cas, il est essentiel de faire préciser l'allure évolutive des troubles
et la stabilité ou la dégradation des seuils auditifs.
État antérieur
Rappelons qu'un des principes du droit de la responsabilité est de réparer tout le dommage, mais
seulement le dommage lié au traumatisme. Il est donc essentiel de rechercher les antécédents
susceptibles d'agir sur l'audition : état auditif postotitique, chirurgie de l'oreille moyenne,
altération des seuils d'origine professionnelle par traumatisme sonore, prise de médicaments
ototoxiques, pathologies otologiques familiales, etc.
Il est évident qu'une audiométrie réalisée avant le traumatisme facilite l'expertise médicolégale.
Nous savons que les antécédents otologiques peuvent aggraver les conséquences de l'accident et
inversement que le traumatisme peut aggraver l'état antérieur.
Il faut émettre une réserve sur la communication sincère de l'état antérieur par la victime et
formuler dans le rapport que la victime ne fait état d'aucune pathologie antérieure susceptible
d'interférer sur les séquelles ORL post-traumatiques, lorsque l'interrogatoire est resté négatif.
Devant la mise en évidence d'un état antérieur le rôle de l'expert est donc :
Recueil des
doléances
Ce recueil des doléances doit s'effectuer avec beaucoup de tact et d'écoute, sans jamais induire
l'interrogatoire. Il doit se borner à faire préciser les doléances émises dans leur intensité, leur
durée, leur évolution, leur retentissement dans la vie quotidienne, familiale, professionnelle, les
loisirs, etc.
Les séquelles de notre discipline ORL s'expriment essentiellement par une baisse de l'acuité
auditive[11] dont il est important de noter le mode d'installation, l'évolution dans le temps, les
troubles de l'intelligibilité, la gêne professionnelle, etc.
Les acouphènes sont analysés en fonction de leur fréquence, de leur caractère intermittent ou
permanent, de leur caractère invalidant avec retentissement sur le sommeil.
L'association à des manifestations vertigineuses doit faire l'objet d'un examen clinique ou
instrumental complémentaire.
Une éventuelle symptomatologie douloureuse (céphalées) peut être exprimée.
La richesse des doléances sait faire dépister une majoration exprimée dans un but de
dédommagement.
Examen clinique
Cet examen est qualitativement essentiel et oriente vers les explorations complémentaires qui
fournissent des renseignements quantitatifs.
Au plan facial sont recherchées des cicatrices du visage associées au traumatisme crânien. Une
paralysie faciale traumatique séquellaire d'une fracture du rocher peut être mise en évidence.
L'interrogatoire et les renseignements fournis par le dossier médical permettent de reconstituer le
mode d'installation d'emblée ou secondaire de la paralysie faciale, la prise en charge chirurgicale
éventuelle et les modalités de la rééducation. Dans la série de HA Brodie et TC Thompson, on
enregistre 58 paralysies faciales pour 820 fractures temporales. [8]
Le facial supérieur est apprécié par l'inocclusion palpébrale, le signe de Charles Bell ; l'atteinte du
facial inférieur est appréciée par le déplacement de la commissure labiale. Le stade séquellaire de
la paralysie faciale est évalué selon la classification de House Brackmann.
L'examen du tympan aidé d'optiques ou du microscope peut mettre en évidence des modifications
tympaniques de deux types : soit séquellaire postotitique avec lésions de tympanosclérose ou
lésions adhésives, soit perforation traumatique résiduelle.
Le reste de l'examen ORL doit être complet avec étude des paires crâniennes, examen des voies
aérodigestives supérieures.
Explorations
auditives [14]
Leur but est de déterminer le type du déficit auditif (perception, transmission ou mixte), de fixer
la perte auditive en décibels et son retentissement sur l'intelligibilité. Elles ont également pour but
de dépister la simulation fréquemment rencontrée lors de l'évaluation de la perte auditive.
Nous disposons de méthodes d'explorations auditives subjectives et objectives, et nous voyons les
limites des résultats obtenus dans la détermination des seuils auditifs en l'absence de coopération
de la victime.
Audiométrie tonale
liminaire
L'audiométrie tonale liminaire subjective constitue l'examen de base dans le calcul du taux
d'incapacité permanente partielle (IPP). Cet examen recherche pour chaque oreille en conduction
aérienne et en conduction osseuse le seuil perçu en décibels pour un son pur sur sept fréquences
(de 125 à 8 000 Hz).
La perte auditive moyenne est calculée sur quatre fréquences avec des coefficients différents en
conduction aérienne.
En pratique ce calcul mathématique ne rend pas compte du déficit psychoacoustique car les
stimuli délivrés sont des sons purs d'une part, et n'explorent pas la totalité de la cochlée d'autre
part.
Nous pouvons citer en exemple les altérations des traumatismes sonores qui lèsent plus
fréquemment le 12 000 Hz que le 4 000 Hz et ne sont pas révélées par cette audiométrie
standard. Par rapport à cette audiométrie classique on peut proposer l'audioscan qui permet
d'appréhender le spectre auditif global, mais qui, en raison de son manque de souplesse
d'utilisation, n'équipe que très peu de cabinets d'audiométries.
Audiométrie hautes
fréquences
C'est pourquoi l'audiométrie hautes fréquences prend place dans l'arsenal audiométrique expertal
puisqu'elle explore des fréquences allant jusqu'au 18 000 Hz. Elle doit cependant être utilisée avec
discernement en raison de sa variabilité avec l'âge nécessitant une étude comparative avec des
courbes obtenues pour des groupes d'âges étudiés statistiquement.
Notons que ces hautes fréquences sont fragiles chez l'homme et donc susceptibles d'être atteintes
préférentiellement au cours des traumatismes.
Audiométrie
vocale
Elle permet une excellente approche médicolégale des troubles auditifs et aide au dépistage des
simulateurs. Elle évalue la capacité de compréhension de la parole et rend compte des fonctions
supérieures neurosensorielles.
L'examen consiste à faire répéter, à des intensités variables, des listes de mots correctement
répétés à une intensité donnée. Ce test s'applique à chaque oreille ou en champ libre. Il peut
s'effectuer avec ou sans prothèse permettant d'apprécier le gain prothétique, et peut encore se
réaliser dans le bruit (la gêne dans le bruit est en effet fréquemment rapportée dans les
doléances). Cette épreuve rend bien compte de la capacité auditive d'un sujet dans la vie
courante.
Nous disposons d'un matériel phonétique utilisant 36 phonèmes de la langue française constitués
de voyelles et de consonnes. Plusieurs listes sont utilisées : les tests phonétiques des listes de
Lafon, et les tests d'intelligibilité de Fournier faisant appel à des listes de mots.
• le seuil d'intelligibilité (intensité à laquelle 50 % des mots sont répétés) (Figure 1B) ;
• le pourcentage maximum d'intelligibilité (niveau auquel 100 % des mots sont répétés) (Figure 1A) ;
La valeur médicolégale de l'audiométrie vocale est essentielle puisque la capacité réelle auditive
physiologique du sujet y est appréhendée de façon globale.
Cependant ce test ne permet pas l'établissement d'un barème fiable d'IPP mais reste pourtant
indispensable pour une approche médicolégale fiable d'une surdité. Son altération viendra corriger
l'IPP évaluée par l'audiométrie tonale liminaire en majorant la perte calculée par le barème.
Il faut encore rappeler que cette audiométrie vocale quel que soit son apport dans l'analyse des
troubles de l'intelligibilité, reste une épreuve subjective.
Impédancemétrie
Complément indispensable à une expertise médicolégale, elle apporte deux données.
• Un tympanogramme qui rend compte de l'impédance de l'oreille moyenne, c'est-à-dire du système tympano-ossiculaire.
Le pic de compliance maximal chez le sujet normal est centré entre - 100 et + 100 daPa. Un fort gradient
tympanométrique unilatéral peut faire évoquer une rupture de chaîne ossiculaire d'autant qu'il s'associe à une
hypoacousie de transmission homolatérale. Ces données doivent être confrontées aux images tomodensitométriques
susceptibles de mettre en évidence les diverses disjonctions ossiculaires.
• L'étude du réflexe stapédien apporte des renseignements déterminants par le niveau des seuils de détection des
stimulations ipsi- et controlatérales. Les seuils moyens obtenus par stimulation controlatérale pour des fréquences 500 à
2 000 Hz sont compris entre 85 et 100 dB tandis que les seuils du réflexe ipsilatéral sont inférieurs, de 2 à 14 dB.
Dans les hypoacousies de transmission le réflexe n'est pas détectable par stimulation
controlatérale sur une oreille moyenne pathologique. Dans les surdités de perception de type
endocochléaire, il existe un pincement entre le seuil audiométrique tonal et le seuil du réflexe
stapédien, mais il faut signaler que le réflexe stapédien peut être détecté dans 50 % des cas des
surdités de 85 dB et dans 10 % des surdités de 100 dB. L'obtention d'un seuil de réflexe stapédien
normal sur une surdité de perception n'est donc pas fiable et ne permet pas d'évaluer la perte
tonale ni de détecter une simulation de cophose. Ainsi dans les surdités de perception post-
traumatiques en règle endocochléaire on retrouve des réflexes à des seuils subnormaux même si
la perte tonale aérienne atteint 60 à 70 dB.
Dans les surdités de perception rétrocochléaire, séquelles très rares, le Decaytest ® montre une
adaptation anormale et apparaît dans 80 % des sujets pathologiques, tandis qu'il existe 15 % de
faux positifs.
Otoémissions acoustiques
provoquées
Elles tentent de répondre au besoin objectif de détermination de la perte auditive, en recueillant
par une sonde externe les sons émis par la cochlée en réponse à une stimulation brève (tone
burst). Ce test est restrictif et explore les fréquences 500 à 4000 Hz. Les otoémissions sont
absentes pour les surdités endocochléaires ayant sur le 1 000 Hz une perte supérieure ou égale à
40 dB et un pourcentage d'intelligibilité en audiométrie vocale inférieur à 44 dB.
Le test permet d'affirmer le bon fonctionnement de l'oreille interne mais l'absence d'otoémissions
ne permet en aucune façon d'extrapoler l'importance réelle de l'hypoacousie. Il s'agit d'une
épreuve objective fiable, simple, rapide qui trouve sa place dans le dépistage des simulations.
Au plan médicolégal, ce test est également valable pour le dépistage des simulations. Son rôle est
également indiscutable dans l'approche des seuils auditifs de l'enfant. Enfin, nous notons une
excellente corrélation entre les PEA évoquant une origine centrale et les lésions IRM altérant le
colliculus inférieur (Jani[34]). Cependant Vitte et al. rapportent deux observations où l'IRM met en
évidence une atteinte du colliculus inférieur, tandis que les PEA sont normaux [66] (Figure 2).
Électrocochléographi
e
L'électrocochléographie, en raison de son caractère invasif et de la nécessité d'une anesthésie
générale, ne peut s'envisager dans le contexte d'une expertise médicolégale.
• avant l'âge de 1 an, on utilise le réflexe d'orientation-investigation (ROI) à l'aide de jouets sonores ;
• à partir de l'âge de 1 an, on fait appel au réflexe d'orientation conditionnée (ROC) qui se réalise en champ libre et permet
d'obtenir des seuils proches des seuils réels psychoacoustiques avec une marge d'erreur de 25 à 30 dB ;
• entre 2 et 5 ans, on peut effectuer une audiométrie type peep show qui permet l'étude séparée de chaque oreille, associée
à une audiométrie vocale ;
• après 5 ans, l'audiométrie est identique à celle pratiquée chez l'adulte et s'adapte au développement psychomoteur du
patient.
Acouphénométrie
La détermination de la fréquence des acouphènes est obtenue par la présentation de bruits blancs
ou en bandes étroites de sons purs et de différentes fréquences. Une reproductibilité des réponses
permet d'évaluer l'acouphène ou d'évoquer une possible simulation.
L'intensité peut également être évaluée au moyen d'un son de même fréquence que l'acouphène
présenté dans l'oreille controlatérale. Enfin la recherche de la masquabilité est également un
paramètre important et une évaluation d'une éventuelle prise en charge thérapeutique.
Rappelons qu'il existe, pour l'exploration d'un patient acouphénique, des questionnaires validés
permettant la mesure du handicap, de la détresse et de la sévérité (rapport ORL 2003 Acouphènes
et hyperacousie).
Il est tenu compte dans l'évaluation du préjudice, des caractéristiques des acouphènes et des
résultats des questionnaires qui peuvent parfois nécessiter, en raison du profil psychologique, un
recours à un neuropsychiatre.
Iconographie
Elle apporte des renseignements fondamentaux sur la nature traumatique des lésions otologiques.
L'examen tomodensitométrique est l'examen de base figurant souvent dans le dossier médical. Il
est habituellement réalisé au décours immédiat du traumatisme initial (Figure 3).
• les fractures du rocher longitudinales extralabyrinthiques dues à un choc temporal de dehors en dedans dont l'onde de
choc est absorbée par l'oreille moyenne. Les cinq types de lésions ossiculaires sont selon P. Mériot [47] : la disjonction
incudostapédienne, la disjonction incudomalléaire, la dislocation de l'enclume, la dislocation du complexe
incudomalléaire et la dislocation stapédovestibulaire ;
• des images en haute résolution permettent de mettre en évidence des fractures isolées au niveau des fenêtres, voire une
fistule périlymphatique. L'iconographie peut être complétée par des radiographies du rachis cervical en cas de « coup du
lapin » responsable d'une symptopathologie vestibulaire ;
• quant à l'atteinte centrale pouvant compliquer des traumatismes crâniens sévères (contusion, hémorragie), elle peut être
explorée, certes par le scanner, mais surtout par l'IRM dont nous avons signalé la corrélation avec les résultats des PEA. [5,
6]
Parmi les patients non hospitalisés, la fréquence de survenue de ces symptômes varie de 15 % [12]
à 40 à 60 %.[21] Ces vertiges surviennent dès la première semaine dans 53 % des traumatismes
crâniens mêmes modérés. On peut observer jusqu'à 18 % de vertiges persistants pendant 2 ans.
C'est dire l'important retentissement sur l'activité professionnelle. [3, 17]
Ces vertiges sont la résultante de pathologies post-traumatiques variées en rapport avec des
lésions centrales (contusions, hémorragies.) ou périphériques (fractures, fistules, vertige
positionnel paroxystique bénin [VPPB]), [5] sans oublier la composante psychiatrique souvent
associée.
L'exploration du patient prend donc ici toute sa valeur et se fixe comme but de rattacher les
symptômes à l'une de ces trois situations. Dans cette démarche, le principal écueil reste le profil
psychologique du patient, la recherche d'un bénéfice secondaire ou l'existence d'une anxiété réelle
n'étant pas exceptionnelle dans ce contexte.
L'anamnèse recueille, décrit les plaintes, leur chronologie et oriente la démarche diagnostique.
Ce temps est rendu difficile dans le contexte post-traumatique tant les symptômes sont à la fois
riches et variés, volontiers majorés par une participation psychologique (syndrome subjectif,
anxiété réactionnelle, etc.) et la recherche d'un bénéfice secondaire (reconnaissance sociale
accrue des symptômes, recherche d'indemnisation).
Le temps de l'interrogatoire reste donc avant tout une étape primordiale pour identifier parmi
toutes les doléances, celles pouvant être en rapport avec un trouble vestibulaire précis.
On recueille donc les plaintes fonctionnelles de type vestibulaire, de même que les signes
cochléaires associés éventuels.
Il est communément admis qu'à l'issue de cette étape primordiale, le diagnostic étiologique est
suspecté dans plus de 80 % des cas et que rares sont les situations où les examens clinique et
paraclinique infirment le diagnostic évoqué initialement. [62] Ceci reste vrai en pathologie
vestibulaire, qu'elle soit traumatique ou non. Mais l'expert en pathologie post-traumatique doit
être suspicieux à l'encontre des dires des patients.
On ne peut en effet dans ce contexte être formel quant à la réalité des symptômes, et il n'est pas
toujours aisé de mettre en défaut les dires d'un patient particulièrement bien informé sur sa
pathologie.
Ainsi, l'idéal serait de disposer de test pathognomoniques, ou tout du moins fiables et objectifs,
pour identifier formellement la réalité et le type d'une atteinte vestibulaire sans avoir
impérativement besoin de cette étape d'interrogatoire dont on ne peut tenir compte ici sans
retenue.
Il se fait après un examen ORL complet (comportant une otoscopie minutieuse) et tient compte du
délai le séparant du traumatisme.
Examen de l'équilibre
postural
Test de Romberg
Il consiste à examiner la position statique du patient sans et avec occlusion palpébrale. Le patient
est debout en position anatomique. On réduit la base d'appui du corps en faisant joindre les pieds
du patient, pointes écartées de 30°. L'occlusion des yeux permet d'éliminer le contrôle visuel de
l'équilibre qui n'est alors régi que par les informations vestibulaires et proprioceptives. En
l'absence de pathologie on ne doit observer ni chute, ni déviation. Des oscillations du corps dont
l'angle ne dépasse pas 2° sont considérées comme normales. Ce test peut être sensibilisé de
plusieurs manières : par le test de Jendrassik, ou bien en mettant un pied devant l'autre
(Romberg sensibilisé), ou enfin en demandant au sujet d'effectuer des rotations horizontales
rapides de la tête, yeux fermés.
Du fait de sa grande sensibilité, ce test perd en spécificité vestibulaire et doit tenir compte de
nombreux facteurs l'influençant, tels que l'âge ou l'état de l'appareil locomoteur, etc.
On considère ce test en faveur d'une atteinte vestibulaire périphérique si le sujet chute ou bien
dévie de façon reproductible du côté lésé. Le sujet simulateur ou de profil hystérique a, dans ces
conditions, tendance à effectuer des chutes spectaculaires non traumatisantes, discordantes avec
les autres tests normaux.
Test de Fukuda
Il consiste à demander au sujet de piétiner sur place les yeux fermés en levant les genoux à 45°
environ. Il s'agit d'un test particulièrement sensible mais qu'il faut savoir effectuer de façon
prolongée (au moins 50 pas), l'observation d'une déviation très tardive n'étant pas rare dans les
déficits vestibulaires modérés. On évalue alors l'angle de rotation et de déviation ainsi que la
déviation latérale en mètres. Le sujet normal reste sur place et dévie en spin de moins de 60°. Là
encore, il convient d'interpréter ce test en fonction de l'âge et de l'appareil locomoteur (inégalités
de longueur des membres inférieurs, coxarthrose, gonarthrose, etc.)
Il existe enfin d'autres tests de posture, que nous ne faisons que citer. Ce sont les tests de
déviation des index, d'indication, de marche aveugle et d'étude de déviation posturale à la
poussée brève.
Multidirectionnel, multisens ou non inhibé par la fixation, il oriente vers une étiologie centrale.
Inhibé, il est en faveur d'une atteinte périphérique, on note alors son degré par la loi d'Alexander.
L'interprétation de la valeur de ce test isolé est controversée ; en pratique on peut l'utiliser pour
majorer un nystagmus spontané difficile à objectiver du fait de sa faible intensité ou d'une
instabilité du regard rendant gênante son observation en condition de repos.
Ce test permet de tester les six canaux semi-circulaires séparément du fait qu'il concerne les
cellules phasiques de type 1, enregistrant les hautes fréquences, qui, à la différence des cellules
de type 2, ne déchargent pas au repos. Cette particularité rend ces cellules incapables d'effectuer
un codage pour les deux sens du mouvement. Un seul canal par plan et sens de réalisation est
donc stimulé et testé. On teste ainsi le canal horizontal en effectuant une rotation horizontale
ipsilatérale, le canal supérieur en le plaçant dans le plan sagittal (30° à 45° de rotation
controlatérale) puis en abaissant la tête en avant, enfin le canal postérieur, toujours placé dans le
plan sagittal (tête en rotation de 30 à 45° homolatérale) en abaissant la tête en arrière.
Nystagmus cervical
Il est recherché en réalisant une stimulation cervicale sans participation vestibulaire ou visuelle.
Le patient est assis dans un fauteuil de type pendulaire, sa tête est fermement maintenue par un
examinateur, pendant qu'un autre réalise une rotation de 60°. Le nystagmus survenant alors est
observé et enregistré sous VNG. Sa présence signe une atteinte des récepteurs proprioceptifs
cervicaux.[22] Ulmer module ce postulat en précisant que le constat d'un nystagmus dans de telles
conditions ne permet d'incriminer le facteur cervical que dans le cas où les tests vestibulaires se
révèlent par ailleurs normaux. On considère alors que la présence de ce nystagmus ne signe que
l'existence d'un conflit entre informations cervicales et vestibulaires.
Recherche de fistule
périlymphatique
La présence de fistule périlymphatique sera suspectée devant l'existence du classique signe de la
fistule ou d'un phénomène de Tullio.[35]
Le signe de la fistule consiste à rechercher l'apparition d'un nystagmus induit par une variation
pressionnelle anormalement transmise au vestibule au travers d'une communication pathologique
entre ce dernier et l'oreille moyenne.
Dans ce dernier cas on peut obtenir ces variations par compression digitale du tragus, par
insufflations à l'aide d'un spéculum de Siegel, ou bien à l'aide d'un impédancemètre.
Avec l'impédancemètre, on impose alors une variation rapide de pression dans le conduit auditif
externe de + 200 à - 400 mmH2O avec enregistrement sous vidéoscopie.[1, 5]
Épreuves caloriques
Systématiques, elles constituent le seul test reconnu comme ne stimulant qu'un seul vestibule à la
fois. Il s'agit d'un test permettant de mettre en évidence un déficit canalaire dans les basses
fréquences. Il n'y a pas de particularité de ce test dans un contexte post-traumatique, sous
réserve d'une otoscopie normale et de l'absence d'épanchement rétrotympanique unilatéral. En
cas de perforation tympanique, ce test sera effectué à l'air.
• la réflectivité : elle est considérée comme normale entre 30 et 122 pour 95 % des sujets normaux. En dehors de ces
limites on parle alors d'hypo- ou d'hyperréflexie. L'aréflexie se situant en deçà de 5 ;
• la prépondérance directionnelle du nystagmus représente la prépondérance d'un sens de nystagmus obtenu après les
quatre épreuves. Elle peut être la conséquence d'un nystagmus spontané mais peut être retrouvée dans des pathologies
telles que les atteintes des voies vestibulaires centrales ou de la formation réticulée pontine. Sa norme est fixée à 11 %.
Elle permet une étude quantitative et qualitative de la réponse oculaire d'un sujet dont la vigilance
est contrôlée. Elle a pour caractéristique de stimuler les deux labyrinthes à la fois et d'être
physiologique.
Son principal avantage reste sa rapidité de réalisation qui permet une comparaison des réponses
droites et gauches pour chaque valeur de la stimulation en deux demi-périodes. Elle reste peu
utilisée en pratique.
Étude du nystagmus
optocinétique
La réponse à la stimulation optocinétique est comparative et recherche une asymétrie de réponse
orientant vers une atteinte centrale ou une destruction vestibulaire récente.
Posturographie
Utilisant l'Equitest® elle permet une étude sophistiquée des interactions visuo-vestibulo-
somesthésiques et prend toute sa valeur dans le suivi des rééducations vestibulaires.
Test otolithiques
Le test RAIG et les potentiels évoqués otolithiques sont des compléments utiles pour objectiver les
atteintes otolithiques indétectables par les épreuves instrumentales précitées et apporter un
substrat médicolégal.
Imagerie
Le dossier médicolégal peut être documenté par une imagerie (scanner, IRM). Les éléments
qu'elle apporte sont variables selon le délai de sa réalisation. En matière de vertige, elle recherche
principalement l'existence d'une fracture du rocher, d'une fistule périlymphatique, enfin des signes
de lésions labyrinthiques (Figure 2) :
• le scanner des rochers peut retrouver un hémotympan post-traumatique, associé au trait de fracture dont l'étude du trajet
fait suspecter une atteinte labyrinthique avec ou sans pneumolabyrinthe ;
• le diagnostic de fistule labyrinthique peut être suspecté au scanner ou à l'IRM devant une atteinte des fenêtres : fracture
des berges de la fenêtre ronde et/ou ovale, fracture ou désinsertion de la platine de l'étrier, rupture du ligament annulaire,
pneumolabyrinthe ;
• l'atteinte du labyrinthe peut être précisée par l'IRM qui recherche un hypersignal spontané d'une hémorragie
intralabyrinthique, une réaction inflammatoire post-traumatique sous la forme d'une prise de contraste après injection de
gadolinium et tardivement une atténuation ou une extinction de signal des liquides labyrinthiques sur les coupes fines
pondérées T2, traduisant la fibrose labyrinthique.
À l'issue du bilan d'un patient présentant une symptomatologie de type vestibulaire dans un
contexte post-traumatique, on peut schématiquement se retrouver dans les situations cliniques
suivantes :
• vertiges positionnels ;
En effet, les VPPB post-traumatiques étant plus volontiers récidivants (cf. supra), le premier
épisode précoce peut passer inaperçu s'il est contemporain de pathologies plus sévères en rapport
avec un polytraumatisme, tout particulièrement en cas de séjour en réanimation par exemple. Sa
découverte se fera alors au cours d'une récidive plus tardive.
Des mécanismes physiopathologiques peuvent également expliquer cette apparition tardive tels
que la dégénérescence lente de l'appareil otolithique après commotion labyrinthique, le blocage
des otoconies au niveau de l'utricule avant leur entrée dans un canal semi-circulaire, ou enfin le
temps nécessaire à plusieurs otoconies pour former une lithiase symptomatique. [6]
Si l'examen clinique ne diffère pas des formes cliniques habituelles, il existe toutefois quelques
particularités en situation post-traumatique. [36] En termes d'épidémiologie, on constate une
population différente. On ne retrouve pas l'habituelle prépondérance féminine du VPPB
idiopathique, (sex-ratio de 1 : 1 pour une valeur habituelle de 2,3 : 1). Les sujets sont
significativement plus jeunes. Dans la présentation clinique on constate une plus forte proportion
de formes bilatérales. L'atteinte du canal postérieur reste nettement majoritaire de façon
équivalente dans les deux groupes, avec une atteinte possible beaucoup plus rare du canal
horizontal dans les mêmes proportions.
Les formes de VPPB post-traumatiques sont plus fréquemment récidivantes et plus résistantes aux
manoeuvres libératoires que dans les situations idiopathiques, ce qui rend leur prise en charge
plus difficile. Cela peut être majoré par le profil psychologique de ce type de patient. Ces
constatations ne rendent pas la prise en charge de ce type de vertige différente de celle admise
pour les formes idiopathiques.
Dans ces situations, on suspecte une dissociation des otolithes englués dans la matrice
gélatineuse entraînant des différences de poids sur le lit maculaire, responsables d'un déséquilibre
entre les deux appareils. Ce type d'atteinte a également été suspecté par des travaux de
centrifugation.[28, 32]
On ne dispose pas de test clinique validé confirmant cette entité, mais Brandt signale dans son
expérience une forte proportion de patients présentant une déviation de la verticale subjective.
Fractures du rocher
On en distingue deux types :
• les fractures longitudinales : elles représentent environ 80 % des fractures du rocher et épargnent généralement le
labyrinthe. Ce type de fracture est plus volontiers responsable de surdité de transmission que de vertiges, toutefois ces
derniers peuvent survenir en cas de commotion labyrinthique ou de fistule périlymphatique associées ;
• les fractures transversales : plus rares, leur gravité potentielle est en rapport avec l'atteinte plus fréquente du labyrinthe
avec survenue alors de vertiges en rapport avec la destruction vestibulaire partielle ou complète. Le vestibule semble
moins vulnérable aux traumatismes que le système auditif et garde plus de chances de récupération. [67] Il est ainsi plus
fréquent de retrouver des situations de cophose avec atteinte vestibulaire absente ou partielle et possiblement résolutive
que l'inverse.[68]
À part, certaines fractures occipitales peuvent s'accompagner de déficit vestibulaire aigu. [18]
Commotion
labyrinthique
Il est possible d'observer des situations de déficit vestibulaire associé à une surdité prédominant
volontiers sur les aigus, et ce en l'absence de toute fracture ou lésion osseuse.
Fistule
périlymphatique
Elle associe classiquement des manifestations auditives à type d'acouphènes, de surdité de
perception fluctuante plus ou moins régressive, à des manifestations vertigineuses ou des troubles
de l'équilibre survenant typiquement au décours de variations de pression interne ou
environnementale. La preuve de son existence peut être difficile à faire, cette fistule pouvant
exister en dehors de toute anomalie clinique ou paraclinique. [15]
La recherche dans un contexte évocateur du signe de la fistule ou d'un phénomène de Tullio est
systématique.
Quelques réserves dans l'interprétation : l'absence d'un signe de fistule n'élimine pas le diagnostic
et sa présence n'est pas pathognomonique. Il est en effet possible d'observer ce signe dans
d'autres circonstances telles que la maladie de Ménière, la syphilis, et dans des cas d'infections de
l'oreille moyenne avec dysfonctionnement tubaire.
Le phénomène de Tullio peut manquer en cas de fistule, mais il peut être également présent en
l'absence de cette dernière. On peut en effet le retrouver dans les labyrinthites, la maladie de
Ménière,[19] certains barotraumatismes,[26] les névrites vestibulaires [41] et les malformations
congénitales du rocher. [39] Il existe enfin des phénomènes de Tullio idiopathiques. [9]
Les explorations n'étant pas toujours formelles, l'étude de l'imagerie (TDM du rocher, IRM) doit
être attentive (cf. supra) tout en gardant à l'esprit la possibilité de bilan négatif amenant alors à
l'exploration chirurgicale en cas de forte suspicion.
Hydrops endolymphatique
retardé
L'apparition d'une surdité progressive et de symptômes vestibulaires évocateurs fait suspecter la
possibilité d'un hydrops retardé pouvant être en rapport avec une sténose de l'aqueduc
endolymphatique survenant dans les suites de commotion labyrinthique ou de fractures du
temporal.[50]
Vertiges
cervicaux
Le classique « coup du lapin » réalisant une hyperextension cervicale brutale peut être associé au
traumatisme crânien. Ce « coup du lapin » peut alors être responsable de lésions articulaires et
musculaires avec dégénérescence secondaire possible des afférences cervicovestibulaires. Il peut
créer des lésions vasculaires allant de la simple contusion à la dissection de l'artère vertébrale
avec possibilité de complications centrales de type Wallenberg, mais également des lésions
médullaires par élongation.
Vertiges vestibulaires
centraux
Ils peuvent survenir en cas de lésion ou de contusion des noyaux ou des voies vestibulaires.
Imputabilité
« Les règles de la causalité juridique applicables à l'indemnisation du dommage corporel exigent,
non seulement la preuve de la réalité du dommage, mais aussi la preuve que ce dommage est
bien imputable à un événement. » Y. Lambert-Faivre.
L'imputabilité est donc la recherche et l'appréciation par l'expert d'un lien de causalité entre un
accident et un dommage corporel, et la clé des problèmes de causalité juridique ayant en charge
la réparation du dommage.
Rappelons qu'il n'existe pas de présomption d'imputabilité en droit commun. Ainsi les éléments de
preuve doivent être apportés par la victime sur la réalité du dommage et sur l'imputabilité à
l'accident.
L'article 75 du Code civil stipule : « celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver.
»
Dans d'autres expertises médicolégales, il est plus difficile d'affirmer le rapport unique, direct et
certain entre le traumatisme initial et le trouble auditif séquellaire en l'absence de communication
du dossier médical initial.
Quelle que soit la situation, il est essentiel de retenir les critères fondamentaux d'imputabilité d'un
trouble auditif à un traumatisme.
• La mise en évidence du trouble auditif post-traumatique doit être réalisée dans un délai de 1 à 2 mois et notée sur les
certificats médicaux. Un bilan spécialisé doit être proposé à la victime au cours de ces 2 mois suivant un traumatisme
crânien bénin. Bien évidemment en cas de polytraumatisme, de coma prolongé, ces délais sont retardés. L'hypothèse
d'une survenue tardive d'une maladie de Ménière post-traumatique est niée par la plupart des auteurs. [58]
• Concernant l'allure évolutive des surdités post-traumatiques, tous les auteurs reconnaissent l'absence d'évolution au-delà
du 12e mois et toute allégation d'aggravation au-delà de 1 an ne peut être imputée au traumatisme initial. Une étude de
G.Segal portant sur 17 245 oreilles confirme la stabilisation des lésions auditives après la première année. [57]
• Il existe des cas particuliers où une chirurgie exploratrice d'oreille moyenne peut se compliquer d'une labyrinthisation
progressive.
La fistule labyrinthique est également une entité à isoler. La surdité post-traumatique est en règle
fortement asymétrique et prédomine du côté de l'impact crânien.
Une autre situation traumatique doit être évoquée : elle est engendrée par l'ouverture des
coussins de sécurité (air-bag) créant un véritable traumatisme sonore laissant des séquelles
auditives.[38]
Nous devons retenir également en faveur de l'origine post-traumatique d'un trouble auditif
l'association d'un trouble de l'équilibration périphérique homolatéral qui doit être exploré
systématiquement.
Concernant l'évaluation de l'état séquellaire vestibulaire, les données fournies par l'examen
clinique et les explorations permettent de schématiser deux situations selon l'existence ou non de
signes objectifs. On retient comme signes objectifs :
• une atteinte vestibulaire périphérique unilatérale post-traumatique, s'exprimant par une aréflexie ou une hyporéflexie.
L'objectif de l'expertise est d'évaluer la qualité de la compensation ;
• une atteinte vestibulaire périphérique bilatérale est en règle iatrogène médicamenteuse et est responsable de troubles de
l'équilibre sévères nécessitant une prise en charge kinésithérapique ;
• un vertige positionnel persistant par canalolithiase du canal semi-circulaire externe ou plus rarement horizontal ;
• une atteinte centrale associée à des lésions neurologiques graves (cérébelleuses, frontales) ;
• une atteinte mixte, périphérique et centrale entraînant des compensations de mauvaise qualité.
Le problème des traumatismes cervicaux isolés est récurrent car les victimes se plaignent
souvent, au décours d'un traumatisme cervical, d'une hypoacousie associée à des acouphènes,
voire à des troubles de l'équilibre. Ces lésions traumatiques cervicales posent le problème de leur
mécanisme physiopathologique. Si une contusion de l'artère vertébrale a été démontrée, compte
tenu des territoires irrigués cette dernière s'associe à des troubles neurologiques du tronc cérébral
aisément mis en évidence.
• la possibilité d'une canalolithiase générée par des contraintes de cisaillements subies par les macules lors de la flexion-
extension du rachis cervical. Sa symptomatologie vestibulaire est imputable au traumatisme cervical en cas de survenue
précoce (avant 1 mois) ;
• les troubles de la coordination des yeux et de la tête avec contractures musculaires résiduelles des muscles cervicaux.
En ce qui concerne les acouphènes, nous avons vu qu'ils ne pouvaient être indemnisés à titre
otologique en dehors d'une perte auditive homolatérale associée exigeant la constatation objective
d'un déficit auditif post-traumatique immédiat et non évolutif. Ainsi en l'absence d'hypoacousie
homolatérale, les acouphènes doivent être intégrés au syndrome subjectif.
• la connaissance du délai d'apparition et de l'aspect évolutif des symptômes.Compte tenu de ces critères, l'expert peut
conclure :
• soit à une imputabilité complète lorsque s'enchaîne de façon certaine et exclusive l'accident, les lésions traumatiques, le
déficit fonctionnel ;
• une absence d'imputabilité lorsque le handicap ne peut avoir scientifiquement une origine traumatique ;
• une imputabilité douteuse lorsqu'il n'est pas possible d'établir un lien de causalité juridique conditionnant l'indemnisation
des séquelles ;
• une imputabilité partielle lorsqu'il est possible de démontrer que l'accident et les lésions traumatiques sont une cause,
parmi une pluralité de facteurs, faisant retenir l'hypothèse d'un état antérieur pathologique.
Évaluation médicolégale du trouble séquellaire auditif
Après avoir constaté par l'examen clinique et les explorations audiologiques que le déficit
séquellaire est en relation certaine avec le traumatisme initial, l'expertise peut déterminer un taux
d'IPP correspondant au déficit fonctionnel. Cette détermination fait appel à différents barèmes qui
sont mis en oeuvre dans le cadre précis de l'expertise (droit commun, accident de travail, fonction
publique, etc.).[13]
En cas de dépistage de lésions ossiculaires, le blessé peut bénéficier d'une chirurgie fonctionnelle
avec reposition ossiculaire permettant un gain auditif. [48] Dans ce cas particulier, l'évaluation des
séquelles doit être retardée d'environ un an après le geste chirurgical.
Le déficit auditif, séquellaire est calculé par le déficit en audiométrie tonale sur quatre fréquences,
en modulant ce taux par les résultats de l'audiométrie vocale.
Ce taux d'IPP doit tenir compte du vieillissement physiologique de l'audition. Ainsi en l'absence
d'état antérieur audiométrique, il est classique de considérer qu'à partir de 40 ans, la perte
auditive moyenne est de 1 dB par année d'âge. L'appréciation de la perte auditive post-
traumatique doit évidemment tenir compte de l'oreille controlatérale dont le vieillissement est
classiquement symétrique.
Lorsqu'il existe un état antérieur connu, l'évaluation de l'IPP sera calculée en tenant compte du
taux antérieur.
Concernant les acouphènes, il est classique de retenir comme taux afférent au déficit auditif un
chiffre de 3 % en droit commun, sachant qu'il peut être utile de prendre un avis
neuropsychiatrique car les acouphènes peuvent participer à une névrose post-traumatique.
Schématiquement nous avons isolé deux cadres cliniques, selon l'existence ou non de signes
objectifs.
Ainsi, une atteinte vestibulaire périphérique unilatérale sera indemnisée sur l'évaluation de la
qualité de la compensation qui permettra de fixer le taux d'IPP.
Devant l'atteinte vestibulaire périphérique bilatérale en règle d'origine iatrogène, l'expert doit
appréhender l'importance des troubles de l'équilibre en évaluant l'importance de la gêne
quotidienne et la nécessité d'une prise en charge spécifique.
Concernant le vertige positionnel par canalolithiase, il faut évoquer une pathologie à part entière
en raison des possibilités de récidive qui ne permettent pas d'affirmer avec certitude la guérison.
En cas d'atteinte centrale avec lésions neurologiques graves, l'expert ORL doit proposer une
concertation neurologique pour l'établissement d'un taux global d'IPP.
Enfin, nous avons vu que l'existence d'une symptomatologie vestibulaire se résumant à des
doléances doit être évaluée dans le cadre du syndrome postcommotionnel en dehors de l'expertise
ORL.
Ainsi, les explorations paracliniques électriques ne sont plus d'aucune utilité à ce stade.
Cette évaluation ne peut être faite que lorsque la consolidation est établie, celle-ci ne saurait être
acquise avant 12 à 18 mois suivant le dommage et/ou la dernière intervention.
Quantification de la gêne
fonctionnelle
La quantification de la gêne fonctionnelle fait appel exclusivement à la clinique. L'expert peut
s'aider des méthodes suivantes.
Testing musculaire de
Freyss
Il aboutit à un score allant de 0 à 30 par l'étude de 10 groupes musculaires distincts. Pour chacun,
une note de 0 (pas de contraction) à 3 (contraction jugée normale) est attribuée. Ce test de
motricité est complété par la recherche de syncinésies et d'hémispasme.
Test de Ross
Il cote la symétrie des traits au repos et en motricité volontaire. Il prend également en compte le
degré de contraction involontaire associé à chaque expression. Il détermine ainsi un score
combiné qui prend en compte l'aspect au repos, la motricité volontaire et les éventuelles
syncinésies.
Grade 2 : atteinte
discrète
• Au repos : symétrie et tonus normaux.
Grade 5 : atteinte
sévère
Quantification du dommage
esthétique
Il fait également appel à une appréciation clinique subjective. Nous rappelons que l'expert doit
apprécier ce dommage in abstracto, c'est-à-dire indépendamment de tout contexte de
retentissement personnel psychologique, social, professionnel ou économique. Ces postes
appartiennent à la réparation et sont appréciés exclusivement par le juge.
Nous signalons que le dommage esthétique n'existe pas en législation des accidents de travail.
En pratique, le dommage esthétique s'évalue selon deux échelles : l'une chiffrée allant de 0 à 7/7,
l'autre verbalisée utilisant des qualificatifs entre nul et très important.
En aucun cas les chiffres de la première échelle citée ne doivent être confondus avec les grades de
la classification de House !
Pour fixer les idées, un consensus d'experts montre que le qualificatif esthétique maximal dans
une paralysie faciale est, en moyenne, de 3,5/7 (soit entre modéré et moyen).
En droit commun, il n'existait initialement, en fait, aucun barème « officiel » qui s'imposait aux
médecins experts tant dans le domaine amiable que sur le terrain judiciaire pour évaluer les
incapacités permanentes. Cependant, au fil du temps, une jurisprudence constante a imposé le
barème dit du « Concours médical » comme référence applicable dans ce domaine. Il a été
entièrement refondu en 2002.
Avant d'aborder le contenu proprement dit de ces deux barèmes, le médecin, au moment de son
appréciation d'évaluation, doit se souvenir de deux points fondamentaux :
• si les barèmes sont dits « indicatifs », cela ne veut nullement dire que l'expert est en droit de les ignorer ou de proposer le
sien propre. Ils font l'objet d'un large consensus dans la profession au niveau national et maintenant européen. Ils sont
dits indicatifs car ils proposent, pour chaque pathologie une fourchette du taux d'IPP ;
• chaque barème s'applique à un domaine précis. Ils ne sont pas interchangeables et ne peuvent, en aucun cas, être
employés l'un pour l'autre.
Nous reproduisons ici le texte officiel de ces deux barèmes, dans leur dernière édition pour les pathologies traitées dans cet
article.
• Évaluation de la perte auditive moyenne (PAM) par rapport au déficit tonal en conduction aérienne mesuré en décibels sur
le 500, 1 000, 2 000 et 4 000 Hz en affectant des coefficients de pondération de 2, 4, 3 et 1. La somme est divisée par 10.
On se reporte au Tableau 1, à double entrée, pour l'appréciation des taux. Il s'agit de taux indicatifs qui doivent être
corrélés à un éventuel état antérieur et au vieillissement physiologique de l'audition.
• Confrontation de ce taux brut aux résultats d'une audiométrie vocale pour apprécier d'éventuelles distorsions auditives
(recrutement en particulier) qui aggravent la gêne fonctionnelle.
Le Tableau 2 propose les taux de majoration qui peuvent éventuellement être discutés par rapport
aux résultats de l'audiométrie tonale liminaire.
Si un appareil auditif a été prescrit, l'expert doit décrire l'amélioration fonctionnelle obtenue.
Celle-ci permet, habituellement, de réduire le taux d'incapacité d'au moins 25 % (Tableau 1,
Tableau 2).
Lésions tympaniques
Une perforation sèche ne justifie aucune IPP spécifique en dehors de celle liée au déficit auditif. En
cas d'otorrhée, un taux de 2 à 4 % peut être retenu en plus de celui entraîné par un déficit auditif.
Acouphènes et hyperacousies
douloureuses
Nous avons vu qu'aucun test ne permet d'objectiver ces troubles. L'expert peut cependant recourir
à une acouphénométrie subjective et à des tests reconnus : questionnaire « DET » (mesure de
DETresse psychologique, questionnaire « SEV » (échelle subjective de SEVérité).
Troubles de
l'équilibration
L'exploration de l'équilibration est indissociable de celle de l'audition. Dans certains cas, un avis
neurologique ou ophtalmologique peut s'avérer nécessaire. L'essentiel pour l'appréciation de la
gêne fonctionnelle n'est pas la mise en évidence d'une lésion, mais la qualité de la stratégie de
compensation développée par le sujet.
Atteinte déficitaire
otolithique
Lorsqu'elle est confirmée par la VNG et les potentiels évoqués otolithiques : 3 à 5 %.
Syndrome vestibulaire
central
Ce diagnostic doit impérativement être confirmé dans un cadre multidisciplinaire : oto-neuro-
ophtalmologique. Il ne peut être proposé un taux spécifiquement ORL.
Explorations complémentaires
négatives
Lorsque toutes les explorations complémentaires sont négatives, l'expert ORL doit rejeter tout
taux d'IPP spécifique. La prise en compte des doléances d'instabilité doit se faire dans le cadre
d'un éventuel syndrome postcommotionnel.
Atteinte de la motricité
faciale
Paralysie
faciale
L'expert peut s'aider de la classification en 6 grades de House et Brackmann pour évaluer le degré
de l'atteinte :
• unilatérale, selon le degré : 5 à 15 % ;
Hémispasme facial
Non améliorable par la thérapeutique, selon l'importance de la contracture et la fréquence des
crises spastiques : jusqu'à 10 %.
Il faut être attentif à la fréquence de la simulation et l'exagération des troubles de l'audition. Leur
dépistage n'est pas toujours aisé. On sera donc parfois amené à répéter les épreuves dites « de
sincérité ».
Acoumétrie phonique
Elle ne peut donner qu'une appréciation grossière de la perte auditive, du fait des conditions de sa
réalisation : inégalité des voix, réflexe d'élévation de la voix en fonction de l'éloignement, qualités
acoustiques du local. La voix chuchotée, en particulier, n'a qu'une valeur d'estimation très limitée,
car elle n'a aucune caractéristique laryngée. Elle modifie les caractères physiques des
phénomènes qui la composent, surtout à l'égard de leur fréquence. C'est pourquoi il convient de
fonder l'estimation de la perte de capacité sur l'audiométrie.
Audiométrie
L'audiométrie doit comprendre l'audiogramme tonal, en conduction aérienne (qui apprécie la
valeur globale de l'audition), et en conduction osseuse (qui permet d'explorer la réserve
cochléaire) et l'audiogramme vocal.
Le déficit moyen en audiométrie tonale sera calculé sur les quatre fréquences de conversation :
500, 1 000, 2 000, 4 000 Hz : en augmentant la valeur sur 1 000 Hz, un peu moins sur 2 000, par
rapport à la fréquence 500 et en donnant la valeur inférieure à la fréquence 4 000.
Lorsqu'il s'agit d'apprécier, dans une surdité mixte, la part qui revient à une surdité cochléaire, le
calcul devra être fait d'après l'audiométrie tonale en conduction osseuse.
Les taux d'IPP selon les pertes calculées sont donnés dans le Tableau 3.
La perte auditive vocale sera la moyenne arithmétique des déficits en décibels au seuil de
l'intelligibilité, relevée sur les axes de 0 %, 50 % et 100 %, des mots compris par rapport à la
normale (la courbe normale étant décalée de moins de 10 dB sur le graphique).
Perte auditive vocale = d 0 % + d 50 % + d 100 %/3 (d : valeur en décibels)
Rappelons que pour certains travailleurs étrangers, l'audiométrie vocale doit être précédée d'une
vérification de la bonne compréhension de la langue française (Tableau 3).
Acouphènes
En général, les acouphènes d'origine traumatique (bourdonnements, sifflements, tintements, etc.)
n'existent pas à l'état isolé, c'est-à-dire en dehors de tout déficit auditif ; mais ils ne sont pas
expressément conditionnés par un déficit important. Souvent, ils échappent à tous contrôles
objectifs : ils ne seront pris en considération que si le sujet a manifesté par ailleurs une bonne foi
évidente au cours de l'examen acoumétrique.
Il est tenu compte, pour l'estimation du taux d'incapacité, de leur durée, de leur intensité, de leur
retentissement sur le sommeil, voire sur l'état général, moral et psychique.
Oreille moyenne
• Perforation du tympan, post-traumatique, sans suppuration, etc. : 3 à 5
%.
• Otorrhée chronique :
○ tubaire unilatérale : 3 à 5 % ;
○ tubaire bilatérale : 5 à 8 % ;
Oreille
externe
Les séquelles portant sur l'oreille externe peuvent affecter le pavillon ou le conduit auditif.
• Déformation, cicatrice ou amputation du pavillon, suivant l'importance de la mutilation : 2 à 10 %. Dans certains cas
particuliers, notamment en ce qui concerne les sujets en relation avec le public, la mutilation pourra être appréciée à un
taux supérieur, compte tenu de la profession.
• Sténose du conduit auditif externe favorisant la rétention dans le fond du conduit, ou entraînant son obstruction
fréquente, sans surdité :
○ unilatérale : 2 à 3 % ;
○ bilatérale : 3 à 6 % ;
○ sténose très serrée entraînant une surdité : il y a lieu de calculer la perte auditive, compte tenu des possibilités
d'audioprothèse.
• Vertiges sans signes labyrinthiques objectifs mais avec petite atteinte cochléaire à type de scotomes sur les aigus,
attestant une légère commotion labyrinthique : 5 %.
• Vertiges s'accompagnant de signes labyrinthiques objectifs tel nystagmus spontané ou de position, ou asymétrie dans
les réponses. Nécessité de certaines restrictions dans l'activité professionnelle et dans la vie privée : 10 à 15 %.
Figure 1 :
Audiométrie vocale.
B. Seuil d'intelligibilité.
C. Pourcentage de discrimination.
Figure 2 :