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AGENDA & SERVICES

Congrès

INNOVATION TECHNOLOGIQUE,
CHANGEMENTS
ORGANISATIONNELS : QUELS
ENJEUX POUR LA PRÉVENTION ?
Nancy, France, 29 au 31 mars 2017
Compte-rendu de la conférence scientifique « Innovation technologique,
changements organisationnels : quels enjeux pour la prévention ? »

L’innovation technologique, à travers le développement des technologies


AGNÈS
AUBLET-
de communication, des nouveaux outils d’aide à la production et des dispositifs
CUVELIER, informatiques de gestion de la production et des flux d’information, induit
LAURENT des changements profonds dans l’organisation du travail. Ces évolutions technologiques
CLAUDON, portent en elles autant de leviers d’amélioration de la santé et de la sécurité au travail
BERTRAND que de risques nouveaux pour la santé des travailleurs. Cette conférence scientifique
DELECROIX,
a permis d’en décrypter les enjeux en termes de prévention des risques.
VIRGINIE
GOVAERE,
SANDRINE TECHNOLOGICAL INNOVATION, ORGANISATIONAL CHANGES: THE POTENTIAL IMPACTS
GUYOT, ON PREVENTION – Technological innovation, through the development of communication
ADRIANA technologies, new production support tools and computer-based devices for production
SAVESCU, and information flow management, has caused profound changes in work organisation.
CHRISTIAN
These technological developments are a source of improvement of occupational safet
TRONTIN
INRS,
and health but also present new risks to workers’ health. This scientific conference
département identified the impacts in terms of risk prevention.
Homme au
travail

O
STÉPHANIE rganisée par l’INRS avec le soutien Ces changements s'opèrent dans un contexte de
BOINI du réseau PEROSH  1
, cette confé- concurrence mondialisée, imposant une adapta-
INRS, rence scientifique internationale tion permanente aux besoins du marché.
département avait pour objectif de décrypter les Les évolutions technologiques peuvent contri-
Épidémiologie enjeux pour la santé et la sécurité buer à améliorer la santé et la sécurité au travail
en entreprise au travail de l'innovation technologique et des et favoriser le maintien et le retour au travail,
changements organisationnels associés dans un mais elles sont aussi susceptibles d’être à l’origine
JACQUES contexte d'intensification du travail, d’allonge- d'effets délétères pour la santé des travailleurs,
LEÏCHLÉ ment de la vie active et de vieillissement de la qu’il convient d’analyser et d’anticiper à des fins
INRS, population. de prévention.
département En effet, la miniaturisation, la robotisation et de
Expertise nombreuses autres innovations technologiques Introduction
et conseil préfigurant l’entreprise du futur induisent déjà Lors de la session inaugurale, après le rappel des
technique des changements profonds dans les dimensions enjeux de la conférence par Didier Baptiste, direc-
productives, organisationnelles, managériales et teur scientifique de l’INRS, le professeur Dietmar
relationnelles du travail ; elles forgent des struc- Reinert, président de PEROSH, a évoqué l’ensemble
tures d'entreprises plus complexes et génératrices des activités de recherche menées au sein du
de nouvelles modalités d’organisation. réseau, en lien avec les évolutions technologiques

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et organisationnelles du monde du travail. Plusieurs simplement informés mais non consultés. Thomas
rapports et articles de positionnement de PEROSH Coutrot a ainsi préconisé que les décideurs infor-
éclairent les opportunités que représentent ces ment mieux les salariés concernant les change-
évolutions, mais aussi leurs conséquences poten- ments organisationnels, plus particulièrement les
tielles sur la santé au travail en Europe 2. Favoriser salariés peu qualifiés ; qu’ils les consultent à la fois
la coordination de la recherche et accroître la visibi- collectivement et individuellement. Il a toutefois
lité des actions menées constituent indéniablement mentionné qu’il était préférable de ne pas consul-
des facteurs clés d’une meilleure prise en compte ter les salariés s’ils n’ont pas la possibilité de faire
de la prévention des risques professionnels, dans valoir leur point de vue, compte tenu des effets
un monde du travail constamment évolutif. délétères d’une telle position sur la santé men-
Thomas Coutrot, chef du département Conditions tale. Enfin, il a recommandé de mieux former les
de travail et santé à la Direction de l’animation membres de CHSCT pour améliorer la consultation
de la recherche, des études et des statistiques et la représentation de l’ensemble des salariés de
(Dares) au ministère du Travail et de l’Emploi, a l’entreprise.
positionné les enjeux en santé au travail à partir L’intervention d’Yves Roquelaure, professeur de
des résultats de grandes enquêtes, en particulier médecine et santé au travail à l’université d’An-
l’enquête «  Conditions de travail  » de 2013, en gers et directeur de l’équipe Épidémiologie en
insistant particulièrement sur trois thèmes : l’insé- santé au travail et ergonomie (Irset-Inserm 1085)
curité au travail en tant que facteur de risque pour portait sur le caractère soutenable des actions en
la santé mentale ; les changements organisation- santé au travail dans un monde du travail en évo-
nels comme facteur majeur d’insécurité pour les lution. Il a d’abord rappelé le contexte évolutif
salariés ; et les intérêts et limites de la consulta- caractérisé par les bouleversements du monde
tion directe des travailleurs sur les changements. du travail, l’essor des pathologies de surcharge
L’insécurité au travail perçue est plus élevée pour (troubles musculosquelettiques – TMS, risques
les travailleurs en contrat de courte durée et pour psychosociaux – RPS…) et les défis à relever en
les moins qualifiés. Les changements organisa- matière de prévention : le maintien en emploi
tionnels sont d’autant plus fréquents que l’établis- des personnes atteintes d’affections chroniques
sement est récent, qu’il a été restructuré, qu’il fait dans un contexte de vieillissement de la popula-
partie d’un groupe ou est exposé à une compé- tion active ; les modalités de surveillance médi-
tition internationale. Globalement, la crainte de cale des travailleurs aux parcours professionnels
perdre son emploi est plus fréquente avec l’aug- précaires ; la durabilité des actions de préven-
mentation du taux de chômage local, avec la fluc- tion dans le milieu de l’entreprise soumise à des
tuation de l’activité d’une année sur l’autre dans exigences de flexibilité accrues ; et la politique
l’établissement employeur et l’augmentation des de santé au travail à mettre en œuvre dans un
changements organisationnels au cours de l’année contexte socio-économique difficile. Parmi les
passée, quel que soit le type de contrat. pistes d’amélioration, figurent une meilleure coor-
Cette crainte touche cependant moins les tra- dination des parcours de soins, de réadaptation
vailleurs en contrat à durée indéterminée et les et de prévention, associée à une plus grande
fonctionnaires. Les salariés de tous secteurs ayant mobilisation et une concertation des acteurs du
vécu un changement important au cours des douze maintien en emploi et de l’entreprise. Le déve-
derniers mois sont mieux informés que les autres, loppement d’une politique de prévention globale
mais participent moins directement au processus et intégrée, prônée par l’Organisation mondiale
de changement lorsqu’il existe un CHSCT dans leur de la santé (OMS) nécessite, au moyen d’une
établissement (moins de consultation et moins démarche participative, d’associer un volet de
d’écoute). Ils sont d’autant plus consultés et écou- santé publique, conjuguant actions éducatives et
tés (prise en compte de leurs avis et suggestions) de promotion de la santé, d’une part ; et un volet
que ce sont des hommes, qu’ils sont en contrat de santé au travail comportant des interventions
durable et que leur catégorie socio-profession- en milieu de travail pour agir sur les facteurs de
nelle est élevée. La consultation et l’écoute des risque professionnels en préventions primordiale,
salariés ont lieu plus à propos des changements primaire, secondaire et tertiaire 3, et promouvoir
techniques qu’organisationnels. Les salariés qui la santé au travail, d’autre part. Cette politique
se disent écoutés présentent moins fréquemment suppose de donner les moyens aux travailleurs
que les autres des symptômes dépressifs. À l’in- d’être acteurs à part entière de leur santé, dans
verse, les salariés ni écoutés ni consultés sont les un environnement capacitant, qui leur offre des
plus fréquemment atteints de symptômes dépres- marges de manœuvre individuelles et collec-
sifs. Enfin, les salariés consultés, mais dont l’avis tives. Elle suppose également : de travailler en
n’est pas pris en compte, présentent plus souvent réseau pluri-métiers, pluri-disciplinaires et pluri-
des symptômes dépressifs que ceux qui sont institutionnels  ; d’assurer la pérennisation des q

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structures, moyens et acteurs impliqués ; et d’in- sur la santé sont nombreux : troubles du sommeil,
tégrer les impacts sociaux et sanitaires dans les irritabilité, épuisement professionnel (burnout)...
modèles économiques et managériaux, pour en Mais l’hyper-connexion est-elle le problème, ou
accroître l’efficience à long terme. bien la cristallisation d’un problème sous-jacent ?
La conférence a abordé la prévention des risques D’autres communications ont abordé la gestion
professionnels en lien avec les changements orga- de la messagerie électronique professionnelle.
nisationnels liés aux trois principales familles Des recherches s’attachent en effet à analyser
émergentes d’innovations technologiques  : les l’influence des contenus de messages écrits par
technologies de l’information, les nouveaux outils les encadrants sur les collaborateurs et sur leur
d’aide à la production et, enfin, les dispositifs engagement dans le travail. Selon le mode de lea-
informatiques de gestion de la production et des dership, les messages peuvent être de nature à
flux d’information. motiver ou non les salariés.
L’omniprésence de ces technologies ne se traduit
Technologies de l’information pas pour autant par une disparition de l’usage
et de la communication des autres modes de communications, comme le
Ces technologies ont pour objectif le transfert papier, mais par leur superposition. La multipli-
d’informations aux niveaux individuel et col- cation de ces modes de communication conduit à
lectif, dans différents contextes de travail. Elles accroître le rythme de travail et la charge informa-
recouvrent des outils variés (messagerie, systèmes tionnelle des salariés (opérateurs et encadrants).
de géolocalisation, drones…) et se développent L’ensemble des évolutions abordées dans cette
grâce à l’innovation technologique (cloud, big session transforme les risques professionnels et
data, applications mobiles, Internet des objets…). doit conduire à imaginer de nouveaux modes de
Elles s’inscrivent dans une économie numérique prévention.
en pleine évolution, comme l’a rappelé Patricia
Vendramin, professeur de sociologie à l’Université Nouveaux outils d’aide à la production
catholique de Louvain (UCL). De manière générale, Les outils d’aide à la production et à la conception
ces innovations conduisent à une forte transfor- sont nombreux (robots collaboratifs, exosque-
mation des tâches et des relations d’emploi, avec lettes, outils numériques d’assistance…).
l’expansion de l’externalisation ouverte, le noma- Cette session a permis d’aborder, d’une part, la
disme numérique et le travail sur appel. Le déve- place de la prévention dans la conception de ces
loppement de ces activités représente un défi en outils et, d’autre part, les modifications des risques
matière de préservation des conditions de travail, professionnels liés à l’utilisation de ces outils.
du fait du brouillage des liens de subordination, Patrick Neumann, professeur d’ingénierie méca-
des lieux et durées des temps de travail, du sta- nique et industrielle de l’université Ryerson de
tut de ces nouveaux travailleurs… Ces innovations Toronto, a souligné que l’innovation technolo-
interrogent également sur le devenir du travail gique ne rime pas toujours avec l’amélioration des
humain, à l’aune du développement des « robots conditions de travail et la suppression des risques,
travailleurs  ». Toutes ces innovations nécessitent tant physiques que psychosociaux, auxquels sont
de s’interroger sur les risques qu’elles permettent exposés les salariés. Il a insisté sur l’importance
de réduire voire de supprimer, mais également sur d’intégrer au processus d’innovation les aspects
ceux qui seraient susceptibles d’émerger. Ainsi, relatifs à la santé et la sécurité des opérateurs.
une communication a illustré l’aide que pour- À défaut, cela risque d’induire des coûts considé-
raient apporter ces outils au maintien au travail rables pour remédier à l’émergence de problèmes
de certains salariés en réduisant certains travaux dans l’environnement de travail et proposer une
pénibles ; une autre s’est focalisée sur l’émergence adaptation de l’outil a posteriori. La prise en
de nouveaux risques (liés au guidage à distance compte des dimensions de santé et sécurité au
et aux risques de chutes d’objets par exemple) travail lors de la conception nécessite le partage
avec l’emploi des drones dans le domaine de la d’un langage commun entre les acteurs (futurs uti-
logistique. lisateurs et concepteurs) et la prise en compte des
La connexion permanente permise par ces tech- objectifs et contraintes de chacune des parties.
nologies est un constat récurrent, au point qu’elle Ces principes peuvent être soutenus par des outils
semble être devenue une norme implicite. numériques.
Elle soumet les travailleurs à une tyrannie de Cette approche de conception centrée sur l’homme
l’urgence, les obligeant à répondre aux injonctions a été évoquée par les intervenants via les outils
d’immédiateté et de disponibilité. Elle contribue, mobilisés et les conditions de réussite de la
par ailleurs, à dissoudre les frontières, déjà plus démarche de conception. Plusieurs interventions
ou moins perméables selon les individus, entre ont relaté des expériences de conception fon-
vie personnelle et vie professionnelle. Les effets dées sur l’utilisation de la simulation numérique,

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Congrès

© Serge Morillon/INRS
Démonstration
de l'utilisation
d'un exosquelette.

qui facilite l’anticipation et l’acceptation de l’acti- Les exosquelettes et les robots dits «  collabora-
vité future. Néanmoins, la réussite de ces expé- tifs » pourraient apparaître aujourd’hui comme un
riences est conditionnée par la mise en œuvre moyen de réduire la charge physique de travail,
d’une méthodologie structurée, dans laquelle les notamment dans l’industrie, le BTP ou encore dans
ingrédients essentiels sont le recours à un groupe le secteur agricole.
de travail multi-acteurs (concepteurs, utilisateurs, Si une réduction des sollicitations des muscles
architectes, managers...), l’utilisation de données assistés par l’exosquelette a pu être observée, il
issues du travail réel et la prise en compte des a été montré, a contrario, que d’autres muscles
contextes (actions situées). Plusieurs communica- pouvaient être davantage sollicités par l’utilisa-
tions ont intégré ces éléments comme des condi- tion d’un exosquelette. De même, si une réduc-
tions minimales dans la conception de technologies tion des efforts, des postures contraignantes et de
ou des situations de travail, sans recours à des certaines douleurs a été soulignée lors de tâches
outils de simulation numérique. Ainsi, à partir des «  bras en l’air  », pour d’autres tâches, l’utilisa-
travaux sur le lean management, sur les liens entre tion d’un exosquelette entraîne une dégradation
travail et troubles musculosquelettiques (TMS), ou de l’équilibre, une augmentation de la fréquence
encore sur la conception d’un poste de conduite cardiaque, une limitation des modes opératoires
de tramway, l’importance d’une démarche parti- habituels et génère de l’inconfort. Ainsi, si l’exos-
cipative, la nécessité d’analyser une action située quelette a été conçu pour répondre de manière
et l’intégration en amont de la dimension santé et spécifique à un besoin d’assistance physique, son
sécurité des opérateurs, ont été réaffirmées. usage implique l’étude en amont des spécificités
Un focus sur les risques professionnels liés aux de l’activité, de l’environnement et de l’organisa-
exosquelettes et aux robots collaboratifs a ensuite tion. Une réflexion sur l’adaptation de l’exosque-
été proposé. Le développement de ces outils, pré- lette à l’opérateur et à la tâche, sur la période de
senté par Michiel de Looze, chercheur au TNO4 familiarisation et de formation de l’utilisateur et
(Pays-Bas), s’inscrit dans un contexte de vieillis- sur les risques associés, doit systématiquement
sement de la population, de difficultés de recru- être menée.
tement de main d’œuvre qualifiée et de flexibilité Concernant l’utilisation des robots collaboratifs,
accrue des systèmes de production. Différents peu d’entreprises y ont recours et les implanta-
types d’exosquelettes sont présents sur le mar- tions observées sont encore souvent en phase
ché : les exosquelettes actifs ou passifs (robotisés exploratoire. L’analyse des besoins des entre-
ou non), anthropomorphiques ou non, destinés au prises concernant l’intégration des robots
bas du corps, au haut du corps ou au corps entier. montre que la notion de «  co-activité  » ou de q

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« collaboration » homme-robot couvre une grande plus grande flexibilité, développement d’activi-
diversité de situations de travail. Les entreprises tés artisanales mettant en œuvre des techniques
se concentrent, pour le moment, sur la recherche sophistiquées pour répondre aux carences de la
d’un partage optimal de l’espace de travail entre production de masse, diminution de la créativité
l’homme et le robot. La modification des interac- de la part de travailleurs soumis à une prescrip-
tions homme-robot peut augmenter l’exposition tion du travail trop contraignante, contribution
aux risques physiques (collisions, coupures, pin- de l’intelligence artificielle, marginalisation d’une
cements), aux risques de survenue de TMS, ainsi partie de la population évincée des systèmes de
qu’aux risques liés à une sous-charge ou sur- production classiques vers une « économie de la
charge cognitive. Les questions de santé et sécu- débrouille » plus ou moins encadrée, etc.
rité sont rendues complexes, notamment du fait
du « travail collaboratif » homme-robot qui remet Actions futures de l’INRS : usine du futur, TIC,
en question les dispositifs physiques de sécurité. exosquelettes, cobotique
Ces nouvelles conditions de travail complexifient En clôture de cette conférence, Agnès Aublet-
l’évaluation des risques et nécessitent le déve- Cuvelier, responsable du département Homme au
loppement de nouvelles connaissances, afin de travail à l’INRS, a rappelé les enjeux de préven-
mettre en place une prévention efficace, tout en tion émergents face aux évolutions du monde de
conservant la productivité des entreprises. l’entreprise évoquées tout au long des sessions,
tout en insistant sur la nécessité de favoriser
Dispositifs informatiques de gestion les actions de prévention participatives, multi-
de la production et des flux d’information acteurs et inscrites dans la durée. Il ressort des
Cette session a proposé une réflexion sur la façon travaux présentés que l’innovation technologique
dont les innovations technologiques peuvent est indissociable de la façon dont l’organisation
constituer des ressources pour la santé et la sécu- va permettre de l’implanter, l’ensemble étant un
rité au travail. L’ensemble des communications déterminant fort des futures conditions de travail
réaffirme l’intrication entre organisation et tech- des salariés et de la performance globale de l’en-
nologie : les technologies utilisées sont à la fois treprise. L’immersion dans des situations futures,
déterminantes dans l’organisation dans laquelle permise par les nouvelles technologies, constitue
elles s’insèrent et dépendantes d’elle. De plus, une opportunité supplémentaire d’intégrer la pré-
quelle que soit la technologie envisagée, ses fonc- vention des risques professionnels dans les pro-
tionnalités ne permettent pas de prédire ses effets cessus de conception, le plus en amont possible,
sur les risques professionnels. Les dispositifs en associant les futurs utilisateurs. Les temps
(localisation d’opérateurs, systèmes de détection d’échanges et de réflexion entre scientifiques
d’engins et piétons, EPI intelligents…) sont ins- d’horizons disciplinaires très variés avec les
crits dans des activités et des organisations ; ils préventeurs, les partenaires sociaux et les déci-
s’adressent à des utilisateurs qui effectuent des deurs autour des enjeux de l’entreprise de demain
tâches spécifiques. C’est de la combinaison de s’avèrent indispensables pour construire l’avenir
l’ensemble de ces composantes que vont émerger de la prévention. Les travaux menés par l’INRS sur
la protection ou l’exposition vis-à-vis de certains les changements organisationnels, l’impact des
risques. La session s’est achevée sur une pré- nouvelles technologies sur la santé et la sécurité
sentation succincte de l’exercice de prospective au travail ou encore l’usine du futur, contribuent à
portant sur les évolutions de la production d’ici à alimenter la recherche dans ce domaine et à iden-
2040, réalisé par l’INRS avec d’autres organismes tifier de nouvelles pistes de prévention adaptées
impliqués dans la stratégie économique ou la pré- à ces évolutions, au bénéfice de la santé et de la
vention des risques professionnels. La « logicieli-
sation » (robotisation, automatisation) est apparue
sécurité au travail. •
1. PEROSH : Partnership for European Research
comme un déterminant majeur de la production in Occupational and Safety Research (Partenariat
pour la recherche européenne en santé et sécurité
en France dans l’avenir. Si les chiffres de l’in-
au travail), www.perosh.eu
fluence de ce facteur sur l’emploi sont aujourd’hui
2. Voir les liens : www.perosh.eu/wp-content/
très controversés, des bouleversements profonds uploads/2013/05/Perosh-Research-Challenges_lowres.pdf
pourraient apparaître  : relocalisation possible et : www.perosh.eu/perosh-and-eu-osha-position-papers-
launched
d’une partie de la production pour assurer une
3. L’OMS propose une classification de la prévention selon
le stade de prise en compte du risque, définition reprise
en santé au travail selon trois niveaux : primaire, secondaire,
POUR EN SAVOIR tertiaire. La notion de prévention primordiale suppose
de supprimer les facteurs de risques pour la population
• L’ensemble des présentations et le recueil des résumés générale, qu'elle soit exposée ou non au danger.
sont consultables sur : 4. Netherlands Organization for Applied Scientific
www.inrs-innovorg2017.fr/presentations-powerpoint Research.

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