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La finalité de la form ation est de perm ettre à l infirm ier d assum er chacun de ses
rôles en tenant compte des aspects éthiques et juridiques de sa profession. Deux rôles
sont notam m ent reconnus à l infirm ier, un rôle prescrit et un rôle propre. Ce dernier
est m is en uvre à l initiative de l infirm ier et recouvre les soins liés aux fonctions
d entretien et de continuité de la vie et visant à compenser une diminution
d autonom ie d une personne. [2]L apprentissage de ces rôles passe par une
alternance de cours théoriques à l I.F.S.I. et de stages dans des spécialités diverses.
Le program m e des études de 1992 insiste sur le concept de polyvalence de l infirm ier,
lequel doit bénéficier d une « meilleure reconnaissance sociale grâce à un savoir lui
perm ettant d affirm er une réelle professionnalisation. [3] Les principes pédagogiques
de ce programme visent le « développement de la créativité et de la faculté
d adaptation en adéquation avec la diversité des lieux d exercice et avec l évolution
des sciences, des techniques et des besoins de santé ». Toutefois, la lecture de
plusieurs projets pédagogiques d Instituts de Form ation en Soins Infirm iers (I.F.S.I.)
nous apprend que les m odalités d application de ces principes diffèrent grandem ent
d un institut à l autre.
La population d étudiants infirmiers est très hétérogène. Elle regroupe des personnes
de 17 à 50 ans, m ajoritairem ent fém inines (80 à 90 % de fem m es), d origines
diverses : des « primo-étudiants » qui viennent de passer le baccalauréat, des
personnes ayant suivi des études ou formations diplômantes ou non, des
professionnels de santé (Aides-soignants, auxiliaires de puériculture) ou ayant exercé
dans des secteurs très variés (commerce, industries, ...). Tous possèdent une identité
personnelle propre et une conception de la profession en rapport avec leur identité,
leur culture, leurs expériences, leur histoire de vie ... Selon Bourgeois, [4] « Tout
individu qui arrive en formation dispose de représentations, conceptions et
connaissances préalables qui auront une influence importante sur les acquisitions
ultérieures ». Les étudiants vont donc évoluer individuellement de façon différente au
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cours de la formation. Ils ont une identité personnelle, reconnue par les autres [5] et
ils vont égalem ent rechercher la reconnaissance de cette nouvelle identité qu ils
visent ; l identité m ontre effectivem ent deux pôles [6] :
Identité pour soi : ensem ble de caractéristiques que l individu reconnaît comme
siennes, qui résulte d une dialectique entre l identité héritée (de sa fam ille d origine)
et l identité visée ;
Identité pour autrui : il s agit des attitudes que ce collectif prend à l égard de
l individu.
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Pour synthétiser, il s agit bien d une dialectique, d un m ouvem ent entre deux
processus opposés :
Un processus d assim ilation ou d identification ;
Un processus de différentiation appelé aussi identisation, [9]qui devrait survenir
avec l affranchissem ent progressif de l étudiant infirm ier ; Cette dernière phase
survient avec l autonom isation de l étudiant infirm ier et devrait l am ener à
questionner sa pratique, à devenir auteur de son identité professionnelle.
Un travail paru en 1996 m et en évidence trois dom aines qui influencent l acquisition
de l identité professionnelle infirm ière : le cham p de l étudiant, celui des
professionnels et celui des compétences spécifiques [10] Mais quelle identité a donc le
groupe infirm ier auquel l étudiant s identifie ?
Pour com prendre l identité infirmière, com me le paradigm e infirm ier [11]), il est
im portant de connaître notam m ent la culture, les m odèles dans laquelle il s insère et
l histoire de la profession. Freud dirait, il faut « connaître les murs de sa maison pour
s y cogner m oins ». En effet, les origines de la profession infirmière sont
chaotiques. [12]De l antiquité au m oyen âge, avec l accord im plicite de la société, la
femme exerce des soins à partir de savoirs empiriques, [13]non transmis par écrit, car
les fem m es ne m aîtrisaient pas l écriture. Ensuite, les pratiques de ces fem m es vont
être diabolisées par l Eglise qui va contrôler les soins corporels. Le groupe
professionnel des infirm ières n a vu le jour qu à la fin du XIXèm e siècle. [14]
Héritier d un lourd passé religieux, il lui a fallu organiser la relève. Les initiatives
privées (notamment par la Croix Rouge) dépassent souvent les efforts publics. Le
personnage infirm ier laïc n apparaît donc qu à la séparation de l Eglise et de l Etat.
Pensée com m e une fonction devant servir le m édecin, l infirm ière voit donc le jour
par et pour le médecin. Les caractéristiques attendues de cette nouvelle fonction
d infirm ière resteront longtemps ancrées dans la culture [15] : : être capable de
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relayer le m édecin, être d une m orale irréprochable, être laïque, être dévouée au
médecin et au malade, être une femme, être vecteur de promotion sociale.
Certains pensent que l infirm ier ne relève plus de cet inconscient collectif qui
l assim ile à un cliché de dévouement et de soum ission au m édecin [18]Mais l identité
reconnue par les textes et la littérature débutante prouvent-ils cela ? Il faudra du
tem ps pour que le savoir infirm ier relégué au profit d une science médicale toute-
puissante puisse être explicité et valorisé.
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Depuis plus de vingt ans on entend parler de crise identitaire ou d équilibre instable.
Il est vrai que l identité ne devient une préoccupation et un objet d analyse que
« lorsqu elle ne va plus de soi, que le sens com m un n est plus donné d avance et que
les acteurs n arrivent plus à s accorder sur la signification de la situation et les rôles
qu ils sont censés tenir. » [19] Le changement de repères dans un système en
constante évolution, la perte de modèles antérieurs provoquent une certaine
incertitude, un déséquilibre. En dem andant l instauration officielle d un rôle propre,
les infirm iers cherchaient la reconnaissance d une zone d autonom ie voire
d indépendance dans leur exercice. Mais aujourd hui, les infirm iers ont toujours une
autonomie limitée : du point de vue juridique comme sociétal, le pouvoir est resté
m édical. Pourtant, l autonom ie sem ble être l une des finalités de la
professionnalisation, en tous cas, celle voulu par les professionnels. Nous avons
interrogé trente-cinq professionnels de santé (infirmiers en soins généraux
hospitaliers et extra-hospitaliers, infirmiers spécialisés, masseurs-kinésithérapeutes,
aides-soignants, cadres de santé) pour qu ils nous précisent com m ent, selon eux, se
construit l identité du professionnel. Un classement des réponses parmi celles
proposées était demandé. Les résultats sont les suivants :
1 Par l appropriation du rôle propre
2 Par le partage de mêmes valeurs
3 Par le développem ent d une attitude professionnelle en fonction de l éthique
4 Par l élaboration d un raisonnem ent
5 Par la connaissance de techniques à utiliser en fonction des pathologies Ainsi, les
étudiants infirmiers, pour devenir professionnels, doivent apprendre à prendre des
initiatives, à s ém anciper pour prendre seul des décisions adaptées. Il sem ble évident
qu à l intérieur d un domaine spécialisé tels que les soins infirmiers, on ne peut
s adapter et créer sans posséder déjà le savoir-faire technique. Or tout soin est
singulier et unique alors ne devient-on pas infirm ier en m êm e tem ps qu on devient
adaptable et créatif ?
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Notes :
[1] Magnon R.. Les infirmières : identité, spécificité et soins infirmiers, le bilan d un siècle, éditions Masson, Paris, 2001
[2] Décret 2004-802 du 27 juillet 2004 - Code de la santé publique
[3] Annexe à l arrêté du 23 mars 1992 modifié, modifiée par l annexe à l arrêté du 28 septembre 2001, Recueil des
principaux textes, Formations de santé, référence 531 001, éditions Berger-Levrault.
[4] Bourgeois E. (1996). Identité et apprentissage. Education Permanente n°128, 3ème trimestre,
[5] Sainsaulieu R. (1988). L identité au travail. Références académiques. Presses de la Fondation Nationale des
Sciences Politiques, 3ème édition Presses de Sciences Po, 1996.
[6] Dubar C. (2003). Se construire une identité, Former Se former Se transformer. Revue Hors série Sciences humaines
n°40, pp.44-45.
[7] Dubar C. (1991). La socialisation : construction des identités sociales et professionnelles, Paris : éditions Armand
Colin.
[8] Hugues cité par Dubar ibidem
[9] Tap P. (1998). Marquer sa différence, Entretien avec Pierre Tap. L identité. L individu, le groupe et la société,
coordonné par Jean-Claude Ruano-Borbalan, éditions Sciences humaines.
[10] Becouze et Chaudon cités par Schindelholz P. (février 2006). L identité infirmière existe-t-elle ? Revue Soins Cadres
n°57
[11] Marchal A., Psiuk T. (2002). Le paradigme de la discipline infirmière en France. Comprendre, pratiquer, enseigner
et apprendre. Paris : éditions Seli Arslan.
[12] Poisson M. (1998). Origines républicaines d un modèle infirmier, histoire de la profession infirmière en France.
Editions Hospitalières.
[13] Catanas M. (2002). Evolution socio historique de la fonction cadre de santé. Analyse des éléments d influence des
problématiques actuelles. Portail internet :
cadredesante.com.http://www.cadredesante.com/spip/article.php3 ?id_article=53
[14] GRIPI (Groupe de recherche inter-professionnel sur la profession de l infirmière) (1986). L identité professionnelle
de l infirmière. Paris : éditions du Centurion.
[15] Debout C. (novembre 2005). La profession infirmière en France : du projet médical à l émergence d un projet
disciplinaire infirmier. Revue Soins n°700, p.36.
[16] Magnon R.. Les infirmières : identité, spécificité et soins infirmiers, le bilan d un siècle, éditions Masson, Paris, 2001
[17] Hesbeen W. (2002). Prendre soin à l hôpital. Concept : la qualité du soin, inscrire le soin infirmier dans une
perspective soignante, Paris : Inter éditions Masson.
[18] Schindelholz ibidem
[19] Pollack M. (1990). L expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l identité sociale, Métailié.
[20] Ardoino J. (2000). Les avatars de l éducation, problématiques et notions en devenir. Education et Formation,
pédagogie théorique et critique. Paris : Presses Universitaires de France.
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