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Tableau 9
Mécanisme 1 Mécanisme 2 Concentration résultante
Transferrine Inflammation a Carence martiale b Transferrine normale
Haptoglobine Inflammation b Hémolyse IV a Haptoglobine normale
Orosomucoïde Inflammation b Fuite urinaire a Orosomucoïde normale
Fibrinogène Inflammation b Fibrinolyse a Fibrinogène normal
C3 Inflammation b Activation C3 a C3 normal
CRP Inflammation b Hypercatabolisme (LED) a CRP normale
Tableau 10. Profil protéique inflammatoire : déficit isolé en IgA, le plus fréquent, touche
orientation diagnostique 1/500 individus ;
Orientation – l’agammaglobulinémie congénitale liée au sexe, ou
CRP Orosomucoïde
diagnostique maladie de Bruton ;
Réaction inflammatoire – l’hypogammaglobulinémie transitoire du nourris-
+++ ++
débutante
son, ou tardive de l’enfant jeune ;
Réaction inflammatoire
+++ +++
aiguë – l’hypogammaglobulinémie transitoire postvirale
+ +à++
Réaction inflammatoire (EBV, CMV, herpès) ;
chronique
– les fuites digestives ou rénales (syndrome néphro-
Réaction inflammatoire
± +
régressive tique) ;
– les déficits iatrogènes (corticothérapie, immuno-
suppresseurs, D-pénicillamine, phénytoïne, sels
Le marqueur idéal de l’inflammation n’existant pas, il d’or, radiothérapie).
a semblé souhaitable de définir une association de plu-
sieurs marqueurs répondant à différents critères : • les augmentations des immunoglobulines :
• dépendance exclusive de la réaction inflammatoire ; – augmentation polyclonale, affectant 1 à 3 classes
d’immunoglobulines (hépatites autoimmunes ou
• indépendance de l’étiologie clinique de l’inflamma- virales, VIH, parasitoses, cirrhose, certains cancers,
tion (infections, nécroses, tumeurs, traumatismes, maladies systémiques) ;
maladies immunitaires) ;
– des anomalies quantitatives peuvent évoquer une
• cinétique rapide de l’évolution ;
gammapathie monoclonale à caractériser par
• variation significative au cours d’une réaction inflam- électrophorèse et immunofixation des protéines
matoire modérée. sériques. Ce profil peut être utilisé pour le suivi de
L’association retenue comprend une protéine à ciné- ces pathologies (hémopathies malignes : LLC, mala-
tique rapide (CRP) et une protéine à cinétique lente dies des chaînes légères, lymphome).
(orosomucoïde).
Ce profil protéique inflammatoire permet de diagnosti- — Profil protéique hémolytique
quer, d’authentifier et de dater le syndrome inflamma-
Il est représenté par le dosage de l’haptoglobine associé
toire : en effet, la CRP, synthétisée par le foie dès la
à celui d’une protéine de l’inflammation (oroso-
6e heure du processus inflammatoire, atteint sa concentra-
mucoïde).
tion maximale de 24 heures. L’orosomucoïde est décalée
d’environ 24 heures par rapport à la CRP. La CRP se nor- En l’absence d’inflammation, le diagnostic d’hémolyse
malise la première à J + 4, avant l’orosomucoïde à J + 9. est posé lorsque l’haptoglobine est inférieure à 50 % de
La demi-vie de la CRP étant très courte, sa diminution sa valeur médiane.
permet de juger de l’efficacité d’un traitement anti- Dans un contexte inflammatoire, le taux d’hapto-
biotique et/ou anti-inflammatoire. La normalisation de globine peut être « faussement » normal (au lieu d’être
l’orosomucoïde constitue un élément de guérison. abaissé) ; dans ce cas, l’hémolyse peut être affirmée
Chez les patients souffrant d’insuffisance hépato- lorsque l’écart entre l’haptoglobine et l’orosomucoïde,
cellulaire, l’inflammation peut être plus difficile à diag- exprimées en pourcentages par rapport à la médiane,
nostiquer, car la CRP peut être la seule protéine à obéit à la règle suivante :
augmenter (tableau 10). HPT % < (ORO % × 1,3) – 150.
Ce profil permet d’explorer tous les états d’hémolyse :
— Profil protéique immunitaire
• hémolyses intravasculaires entraînant une chute
Il est représenté par le dosage simultané des immuno- importante de l’haptoglobine ;
globulines G, A et M dans le sérum.
• hémolyses extra-vasculaires ou tissulaires n’entraî-
L’étude du profil protéique immunitaire permet de nant une chute de l’haptoglobine que dans les formes
mettre en évidence : sévères par association à une hémolyse intravascu-
• les déficits immunitaires humoraux, dont les princi- laire ;
paux sont : • hémolyses interstitielles, à la fois intra- et extra-
– les déficits isolés en immunoglobulines ; ainsi, le vasculaires.
— Profil protéique nutritionnel • de surveiller l’efficacité d’une réalimentation ;
La dénutrition est un état fréquemment observé dans • d’établir une valeur pronostique (la dénutrition accroît
les âges extrêmes de la vie (prématurés, vieillards), chez la morbidité et la mortalité de certaines pathologies).
les malades hospitalisés et chez les brûlés. Il est à noter que chez l’hémodialysé, la préalbumine et
Le profil protéique nutritionnel de base associe deux la RBP s’élèvent en raison de l’insuffisance gloméru-
protéines de la nutrition (préalbumine et albumine) et laire, la chute de l’albumine restant dans ce contexte
une protéine de l’inflammation (orosomucoïde). le seul signe de dénutrition. Par ailleurs, au cours de
l’anorexie mentale de la jeune femme, l’hyper-
La préalbumine ou transthyrétine, dont la demi-vie est androgénie fonctionnelle (aménorrhée) peut masquer la
de 2 jours, est sensible à tout changement nutritionnel chute de la préalbumine.
et diminue rapidement en cas de dénutrition. Sa dimi-
nution est proportionnelle à l’importance de l’atteinte. Enfin, on observe une diminution des protéines nutri-
Cette protéine est préférée à la RBP dont la cinétique tionnelles dans l’insuffisance hépatocellulaire ; cepen-
est proche, mais qui est influencée par l’état rénal. dant, l’élévation constante des IgA, IgM et/ou IgG dans
les hépatopathies permet le diagnostic différentiel.
L’albumine, dont la demi-vie est de 19 jours, diminue
Pour évaluer le statut nutritionnel et inflammatoire, un
tardivement et reflète la chronicité et la sévérité de
index pronostique a été proposé par Ingenbleek, le PINI
l’atteinte.
(Pronostic Inflammatory and Nutritional Index), regrou-
L’orosomucoïde permet de mettre en évidence une pant deux protéines sensibles aux variations de l’état
inflammation susceptible d’entraîner, en dehors de nutritionnel : l’albumine (ALB), la préalbumine (PAB), et
toute dénutrition, une diminution de la préalbumine et deux protéines représentatives de l’inflammation :
de l’albumine. l’orosomucoïde (ORO) et la protéine C réactive (CRP) :
En effet, deux formes de malnutrition doivent être dis- PINI = ORO (mg/l) × CRP (mg/l)
tinguées : ALB (g/l) × PAB (mg/l)
• la dénutrition « exogène », qui est une forme pure de L’interprétation de cet index est la suivante :
malnutrition sans pathologie inflammatoire, causée • ≤ 1 : patients non infectés et non dénutris ;
par un défaut d’apport alimentaire exogène (carence
• 1 à 10 : risque de mortalité faible ;
d’apport chez les personnes âgées, malabsorption,
anorexie mentale) ; dans cette situation, l’organisme • 11 à 20 : risque moyen ;
s’adapte en diminuant la synthèse hépatique des • 21 à 30 : risque majeur ;
protéines nutritionnelles : albumine, transferrine, • > 30 : risque de mortalité important.
préalbumine, Retinol Binding Protein (RBP), Cependant, l’interprétation du PINI est délicate en rai-
somatomédine C ou IGF 1 ; son des variations importantes et rapides de la CRP.
• la dénutrition « endogène », mécanisme connu dans Le diagnostic de dénutrition ne doit pas être négligé,
les cancers, en chirurgie, en cas de brûlures étendues, car la dénutrition accroît la morbidité et la mortalité ;
dans les infections et maladies inflammatoires chro- or elle est particulièrement sous-estimée en milieu hos-
niques, dans lesquelles malnutrition et inflammation pitalier. Sa prise en charge améliorera le pronostic de la
sont associées ; dans ce cas, l’augmentation des pro- maladie causale.
téines de l’inflammation (protéine C réactive, oroso-
mucoïde…), stimulées par les cytokines (Il6, TNF-α)
se fait au détriment des protéines nutritionnelles ☞ Albumine, Électrophorèse des protéines sériques, Haptoglo-
(albumine, préalbumine, IGF-1). bine, IgA, IgG, IgM, Macroglobuline (α 2-), Orosomucoïde,
Préalbumine, Protéine C réactive, Retinol binding protein
Le profil protéique nutritionnel permet donc :
• de dépister des dénutritions débutantes ou infra- ( Bach-Ngohou K, Bettembourg A, Le Carrer D, Masson D, Denis M.
Évaluation clinico-biologique de la dénutrition.
cliniques ; Ann Biol Clin 2004 ; 62 : 395-403.
• d’apprécier l’importance et l’ancienneté de la dénu- Giraudet P.
Concept et intérêt clinique des profils protéiques.
trition ; Feuillets Biol 1992 ; 33/188 : 61-69.