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biologie clinique | pratique

Cryoglobulines : méthodes de dosage et interprétations


Décrites en 1933 par Wintrobe et Buell, les cryoglobulines sont associées à de nombreuses pathologies. Leur recherche
suit un protocole rigoureux et leur typage permet une orientation étiologique. L’association cryoglobuline mixte-virus de
l’hépatite C établie en 1990 a permis d’expliquer l’origine de nombreuses cryoglobulines initialement définies comme
essentielles.

Les cryoglobulines sont des immunoglobulines


sériques précipitant à basse température et se
resolubilisant par réchauffement du sérum à
37 °C.

Circonstances de découverte

Circonstances cliniques
Manifestations cutanées
Elles sont fréquentes et révélatrices dans 2/3
des cas. Il s’agit le plus souvent d’un purpura
vasculaire prédominant aux membres inférieurs,
accompagné d’un érythème et de nodules der-
miques ; plus rarement, d’un purpura nécrotique
ou d’une urticaire au froid.

© SPL / BSIP
Manifestations vasomotrices
Parmi les manifestations motrices, sont obser-
vés un phénomène de Raynaud, une acrocyanose
des extrémités, un livedo et/ou des nécroses Manifestations neurologiques sera finalement révélé à 90 G/L après incu-
cutanées. Ce sont principalement des polynévrites sensi- bation de l’échantillon à 37 °C). Par ailleurs,
tives ou sensitivo-motrices ou des neuropathies la vitesse de sédimentation peut fluctuer d'un
Manifestations rénales périphériques. jour à l'autre : normale à la température du
L’atteinte rénale est souvent une manifestation laboratoire (20-21 °C), augmentée à + 37 °C.
tardive, révélatrice d’une cryoglobulinémie ; elle Autres manifestations En biochimie, une cryoglobuline peut entraîner
constitue un facteur de risque majeur de morta- Les autres manifestations, plus rares, sont cardio- des variations inexpliquées de la protidémie ou
lité, représentant dans certaines études jusqu’à vasculaires (péricardites), pulmonaires (hémor- de la concentration sérique en gammaglobu-
30 % des causes de décès. Il s’agit d’une glomé- ragies alvéolaires), digestives, ou un syndrome lines. Sur un échantillon sanguin analysé à une
rulonéphrite membranoproliférative avec protéi- hémorragique. température voisine de 20 °C seront observés
nurie, hématurie microscopique et hypertension une fausse hypoprotidémie, une fausse hypo-
artérielle (HTA). L’examen anatomopathologique Circonstances biologiques gammaglobulinémie et un pic monoclonal
retrouve des dépôts endomembraneux, une La présence de cryoglobuline peut perturber minoré ; ces anomalies seront corrigées sur
prolifération endothéliale et des thrombi dans certains examens biologiques, surtout si la un prélèvement sanguin transmis à 37 °C.
les capillaires glomérulaires ; l’immunofluores- température de précipitation de la cryoglobu- De la même façon, sur une électrophorèse
cence met en évidence la présence d’immu- line est supérieure à la température ambiante des protéines et une immunofixation (IF),
noglobulines identiques à celles composant la du laboratoire où sont effectuées les analyses. une cryoglobuline peut précipiter au point
cryoglobuline. En hématologie, peuvent être observées une de dépôt ; il conviendra de refaire ces exa-
pseudoleucocytose, une pseudothrombocytose mens après dépolymérisation par un agent
Manifestations articulaires ou une pseudomacrocytose globulaire, ces réducteur (bêta2 mercapto-éthanol ou
Elles sont fréquentes : ce sont des arthralgies des anomalies pouvant fluctuer lors du comptage dithiothréitol).
grosses articulations (mains et genoux) bilatérales, par un automate à une température voisine de Enfin, peuvent être observées, chez un patient
symétriques, non déformantes, non migratrices. 20 °C (par exemple, une thrombopénie peut ayant une cryoglobulinémie, une hypocom-
Le diagnostic différentiel doit être fait avec une être masquée par une cryoglobulinémie : un plémentémie (C4 diminué, C3 normal, CH50
polyarthrite débutante. compte de plaquettes initialement à 190 G/L variable) et un facteur rhumatoïde positif.

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Modalités pré-analytiques un aspect compact, non dispersible par agita- dans le précipité (la gamme étalon utilisée est une
La recherche d’une cryoglobuline s’effectue tion ; il convient dans ce cas de s’assurer que solution de gamma-globulines purifiées).
chez un patient à jeun depuis 12 h ; en effet, un le prélèvement a bien été réalisé dans un tube Toutefois, il s’agit de dosages non-spécifiques ; il
aspect trouble peut conduire à une interpréta- sans anticoagulant et que le patient n’était pas existe une perte de protéines au cours de la puri-
tion erronée. sous traitement anticoagulant (l’héparine in vivo fication et le choix de la protéine étalon (albumine
Le prélèvement et le traitement du sang doivent empêche une bonne coagulation in vitro). bovine ou gammaglobulines humaines purifiées)
être effectués à une température la plus proche • La présence de lipides donne un aspect trouble ne reflète pas toujours la composition protéique
possible de 37 °C, avec un matériel préchauffé à du sérum ; vérifier que le patient était bien en de la cryoglobuline étudiée.
37 °C (aiguille, tube…), dans 3 tubes secs de 5 mL jeûne lipidique lors du prélèvement.
(ou 2 tubes de 7 mL) sans gel activateur (bouchon • En cas d’oubli de l’antiseptique, une contami- Détermination du cryocrite (volume occupé par
rouge), pour obtenir un volume de sérum d’envi- nation bactérienne pendant la conservation du la cryoglobuline dans le sérum)
ron 5 mL. Les tubes doivent être immédiatement sérum à + 4 °C peut gêner la lecture, en donnant La cryoglobuline peut aussi être quantifiée en
transportés au laboratoire dans des conditions qui l’aspect d’un fin précipité qui ne disparaît pas déterminant le cryocrite. Cette technique simple
les maintiennent à 37 °C, dans une valisette ther- à +37 °C. et peu coûteuse, est imprécise, surtout pour les
mostatée ou une bouteille thermos contenant de • Enfin, la présence d’une hémolyse rend l’inter- faibles quantités de cryoprotéines. Elle suit ces
l’eau à 37 °C. Il convient d’éviter une température prétation difficile voire impossible. différentes étapes :
> 40 °C qui entraîne une hémolyse complète et • remplir un tube Westergreen à macrohémato-
rend la recherche, impossible. Si le résultat est négatif mais la clinique fortement crite avec le sérum ;
Au laboratoire, les tubes doivent être placés immé- évocatrice, il convient de répéter la recherche à • laisser précipiter à + 4 °C la cryoglobuline, au
diatement dans une étuve à +37 °C jusqu’à coa- plusieurs jours d’intervalle (une cryoglobuline peut minimum 7 jours ;
gulation complète (pendant au moins 2 h), sans être un phénomène intermittent). • centrifuger ;
dépasser 24 h (ce qui entraînerait, de la même • mesurer le volume occupé par la cryoglobuline
façon, une hémolyse des échantillons). Isolement et purification dans le sérum en lisant la hauteur du précipité ;
Après coagulation complète, les tubes primaires Les échantillons sont centrifugés à + 4 °C, puis • exprimer le résultat en % du sérum total.
sont centrifugés à 2 100 g pendant 15 min à placés dans la glace ; les réactifs sont conservés
37 °C dans une centrifugeuse thermostatée. Le à + 4 °C. Interprétation
sérum est décanté dans 2 tubes en verre longs Des lavages successifs du précipité sont réalisés Le seuil de signification clinique est estimé à
et étroits (tubes de Félix) avec 100 μL d’antisep- dans une solution de chlorure de sodium isoto- 50 mg/L. Une variation est considérée comme
tique (azide de Na) : un tube Félix est placé à 4 °C nique à + 4 °C, puis celui-ci est dilué dans un significative au-delà de 30 %.
(noter le volume en mL) au moins 7 jours et le volume minimum déterminé de sérum physiolo-
second est placé à l’étuve à 37 °C, permettant la gique. La dissolution du cryoprécipité est effectuée Typage immunochimique
réalisation éventuelle d’un bilan complémentaire pendant une nuit à + 37 °C. Immunofixation (IF)
avec une électrophorèse des protéines sériques, Cette méthode sensible, rapide et en partie auto-
des dosages d’immunoglobulines IgA, IgG, IgM, du Quantification matisable, est souvent utilisée dans les labora-
complément (C1q, C2, C3, C4, CH50), du facteur Dosage des protéines totales du sérum toires polyvalents.
rhumatoïde et/ou une recherche d’auto-anticorps Le dosage différentiel des protéines sériques
antinucléaires. avant et après soustraction de la cryoglobuline est Immunoélectrophorèse
une méthode très imprécise de quantification de C’est la méthode de référence, mais le délai de
Recherche d’une cryoglobuline : la cryoglobuline ; elle est aujourd’hui abandonnée. réponse est long et la technique, difficilement
modalités analytiques automatisable, nécessite une grande expertise
Dosage des protéines du cryoprécipité pour sa réalisation et son interprétation.
Lecture Il est effectué après avoir isolé et purifié la
Le tube de sérum placé à + 4 °C est observé quoti- cryoglobuline à partir d’une quantité donnée du Immuno-empreinte sur nitrocellulose
diennement. Le résultat est rendu négatif lorsqu’au- sérum ; le résultat est exprimé en g/L. Cette technique, beaucoup plus sensible, est
cun dépôt visible n’est apparu au bout de 7 jours ; Le dosage est effectué par mesure de l’absor- réservée à des laboratoires spécialisés, car elle
le sérum doit être clair et fluide. Un résultat positif bance à 280 nm des noyaux aromatiques ou est artisanale et nécessite la parfaite maîtrise du
correspond à l’apparition de cristaux, de flocons bien par méthode colorimétrique (technique Western blot.
ou d’un gel, ceux-ci se dispersant en « volutes de du Biuret inverse, technique au rouge de pyro-
fumée » par retournement du tube, sauf en cas de gallol, méthode de Bradford ou de Lowry, etc.). Interprétation
cryogel pris en masse au fond du tube. Par exemple, le dosage colorimétrique par une En IF, la présence d’une Ig monoclonale se traduit
méthode similaire à la méthode de Lowry (réactif par une bande étroite révélée avec un antisérum
Difficultés de lecture Biorad DC Protein Assay®) donne une coloration anti-chaînes lourdes (anti-␥, -␣ ou -␮) associée
• La présence de fibrinogène est évoquée si, bleue dont l’intensité est directement proportion- à une bande étroite révélée avec un antisérum
en retournant délicatement le tube, subsiste nelle à la concentration en cryoglobuline (en g/L) anti-chaînes légères (anti-␬ ou -␭). Les Ig poly-

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clonales sont révélées sous forme d’un précipité Tableau 1 - Étiologies des cryoglobulinémies.
diffus, plus ou moins large.
Hémopathies malignes lymphoïdes B
Un cryoprécipité bien purifié contient moins de
5 % d’albumine. Myélome multiple
Le typage immunochimique permet de distinguer Maladie de Waldenström
trois types de cryoglobulines Cryoglobulines Plasmocytome
Hémopathies
de type I ou II
Type I : cryoglobulinémies monoclonales Lymphome B non hodgkinien
Il s’agit par ordre décroissant de fréquence d’une Leucémie lymphoïde chronique
IgM > IgG > IgA ou, rarement, d’une chaîne Leucémie à tricholeucocytes
légère libre (CLL).
Virales : hépatites chroniques B et C, hépatite virale aiguë A, VIH, EBV,
La concentration de la cryoglobuline est élevée,
CMV, Adénovirus
de 1 à 30 g/L, et le précipité apparaît rapidement.
Type II : cryoglobulinémies mixtes Bactériennes : endocardite subaiguë, surinfection de shunt
Le plus souvent, il s’agit d’une IgM monoclonale atrioventriculaire, syphilis, maladie de Lyme, brucellose, Fièvre
Maladies infectieuses
associée à des IgG polyclonales (souvent une boutonneuse méditerranéenne, glomérulonéphrite aiguë post-
IgM avec activité facteur rhumatoïde, anti-IgG) ; streptococcique, lèpre lépromateuse
rarement, d’une IgG monoclonale avec des IgG
polyclonales ou d’une IgA monoclonale avec des Parasitaires et fungiques : paludisme, schistosomiase, leishmaniose
Cryoglobulines
IgG polyclonales. La concentration de la cryoglo- de type II ou III
viscérale, échinococcose, coccidioïdomycose
buline est comprise entre 1 et 5 g/L.
Syndrome de Gougerot-Sjögren, lupus érythémateux disséminé,
Type III : cryoglobulinémies mixtes polyclonales
dermatomyosite, sclérodermie, thyroïdite auto-immune, cirrhose biliaire
Ce sont fréquemment une IgM et une IgG (très
primitive, hépatites auto-immunes, maladie coeliaque, périartérite
souvent IgM anti-IgG) polyclonales, rarement une Maladies systémiques
IgA avec une IgM et une IgG, de concentration noueuse, granulomatose de Wegener, polyarthrite rhumatoïde, purpura

< 1 g/L et dont la cryoprécipitation est plus lente. rhumatoïde, maladie de Behçet, sarcoïdose, pemphigus vulgaire, fibrose
endomyocardique, fibrose pulmonaire idiopathique
Les concentrations les plus élevées de cryoglo- Cancers : sein, nasopharynx, œsophage
Autres
bulinémies sont observées dans les cryoglobu-
linémies de type I consécutives à un myélome
et les plus faibles, dans les cryoglobulinémies
de type III. cliniques. Dans 10 à 30 % des cas, il n’y a pas (cyclophosphamide), voire des échanges plasma-
Il n’y a pas de corrélation entre la concentration de cause retrouvée (cryoglobulinémies mixtes tiques ou du rituximab pour les formes sévères.
plasmatique de la cryoglobuline et la sévérité des essentielles). Les cryoglobulinémies mixtes asymptomatiques
manifestations cliniques, toutefois un cryocrite seront simplement surveillées.
élevé est associé à un pronostic défavorable. Évolution
En revanche, une amélioration clinique est cor- La présence d’une cryoglobuline devrait être sur- Conclusion
rélée à une diminution de la cryoglobulinémie. veillée régulièrement. L’évolution des types I est La recherche d’une cryoglobuline dépend du res-
Néanmoins, il convient de retenir que la concen- liée à l’hémopathie maligne ; les types II et III sont pect rigoureux des conditions pré-analytiques ;
tration plasmatique de la cryoglobuline peut de pronostic variable, leur évolution étant associée son typage permet une orientation diagnostique.
varier sensiblement chez un malade donné, sans à la fonction rénale, à l’extension de la maladie ou Enfin, il ne faut pas oublier les anomalies biolo-
aucune modification de la situation clinique. à une hypertension artérielle. La survie à 5 ans giques associées. |
est estimée à 90 % sans atteinte rénale et à 50 %
Liens d’intérêts : l’auteure déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Étiologies des cryoglobulinémies avec atteinte rénale. Les causes de décès sont une
L’orientation étiologique d’une cryoglobulinémie insuffisance rénale, une complication vasculaire
est en grande partie déterminée par son type (hémorragie cérébrale, insuffisance cardiaque / CAROLE EMILE
biologiste, rédactrice scientifique
immunochimique (Tableau 1) [1]. infarctus), une infection, une insuffisance hépa- Carole.emile@biomnis.com
Les causes prioritaires à rechercher sont une tique ou un syndrome lymphoprolifératif.
hémopathie lymphoïde et une hépatite C, surtout source
D’après une communication de Natalia ERMAK (hôpital Cochin,
pour les types II, et une connectivite (syndrome de Traitement Paris), lors des 60e Journées de biologie clinique Necker Pasteur,
Gougerot-Sjögren et lupus). Dans les infections En premier lieu, il faut éviter l’exposition au froid. 17 janvier 2018.

bactériennes, les cryoglobulines sont souvent Le traitement étiologique doit être adapté (chimio-
transitoires ; dans les maladies auto-immunes, thérapie / hémopathies, traitement antiviral / HCV), référence
[1] Cacoub P. Les cryoglobulinémies. Revue de médecine interne,
elles peuvent apparaître avant les symptômes associé à des corticoïdes et immunosuppresseurs 2008;29:200-8.

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