pouvoir sclérosé, un président au pouvoir depuis trente ans, un appareil militaro-
sécuritaire très répressif et des conditions économiques difficiles, notamment un taux de
chômage des jeunes très important ». Toujours selon ce chercheur, la baisse du taux de fécondité, la hausse de l'alphabétisation et les liens tissés entre les peuples via les réseaux sociaux sur Internet ont favorisé ces troubles alors que les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak avaient permis aux régimes autoritaires de renforcer leur emprise. Selon Alain Gresh, « on peut noter aussi que la lutte contre Israël, qui offrait souvent aux régimes du Proche-Orient un argument pour maintenir leur emprise – au nom de l’unité contre l’ennemi sioniste –, ne semble plus suffire. » Les soulèvements sont parfois comparés au Printemps des peuples de 1848. De la même façon que les monarchies conservatrices d'Europe se concertaient pour contrer les révolutions, les pays membres de la Ligue arabe se sont réunis en urgence, lundi 15 février, afin de prévenir la chute d'un troisième gouvernement, qui pourrait complètement déstabiliser la région. Afin de prévenir de nouvelles révoltes, les gouvernements se sont mis d'accord pour accroître la coopération économique. La théorie des dominos appliquée au Maroc est énoncée début février 2011 en tant que « mythe de la contagion » dans l'hebdomadaire marocain Le Temps.
4.1 Révolution égyptienne
La révolution égyptienne de 2011 (ou révolution du 25 janvier), est une série
d'évènements (manifestations, grèves, occupation de l'espace public, destruction de bâtiments et symboles du pouvoir, affrontements avec les forces de l'ordre) ayant abouti à la démission du président Hosni Moubarak et à une libéralisation du régime, le pouvoir étant toujours aux mains de l’armée. Elle a commencé par des manifestations le 25 janvier 2011. Tout comme la révolution tunisienne, Elle s'est déclenchée en réponse aux abus des forces de police égyptiennes, à la corruption, mais aussi à l'état d'urgence permanent et à ses procédures expéditives. Les facteurs démographiques structurels, le chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des produits de première nécessité et le manque de liberté d'expression sont également des causes importantes des manifestations, ainsi que les conditions de vie urbaines très dégradées pour les classes populaires. Les grèves et manifestations de plus en plus fréquentes (266 en 2006, 614 en 2007, 630 en 2008 et de 700 à 1000 en 2009) voire plus pour Bárbara Piazza (3000 de 2004 à 2009), avec pour symbole la grève de l'usine textile de Mahalla Al Koubra en décembre 2006 (20 000 grévistes). Les revendications touchent tous les sujets, toutes les classes sociales : les pharmaciens sont en grève à 80 % en 2009 (ainsi que d’autres professions libérales), et les manifestations prennent toutes les formes (défilé, sit-in, rassemblement, grève, pétition, occupation), sont devenues routinières, et servent tout type de revendications. L’année 2010 a semble-t-il été « prérévolutionnaire », le seul mois d’avril comptant 111 mouvements sociaux, et un nouveau mode d’action, le blocage de routes, faisant son apparition. Les partis traditionnels, ainsi que les Frères musulmans, sont absents de ces mouvements, ou interviennent à la marge. Les vrais moteurs de ces protestations sont des collectifs autonomes et des organisations de la société civile, non-dédiées à la revendication.
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