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LE CONCEPT DE CRISE : UN PARADIGME EXPLICATIF OBSOLÈTE ?

UNE
APPROCHE SEXOSPÉCIFIQUE

Natacha Ordioni

De Boeck Supérieur | « Mondes en développement »

2011/2 n°154 | pages 137 à 150


ISSN 0302-3052
ISBN 9782804165123
Article disponible en ligne à l'adresse :
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DOI : 10.3917/med.154.0137

Le concept de crise :
un paradigme explicatif obsolète ?
Une approche sexospécifique
Natacha ORDIONI1

L a chute des cours des marchés boursiers américains de l’été 2007 et les
récessions économiques qui ont suivi ont contribué à la montée en
puissance de la réflexion et des discours médiatiques sur la "crise économique
et financière", émanant pour la plupart d’économistes et de journalistes (annexe
1). Ce travail prend naissance dans l’interrogation suivante : comment
comprendre la forte fréquence des références à "la crise" dans le discours
économique et politique, alors que nombre de disciplines, qu’elles relèvent des
sciences sociales ou des sciences du vivant, privilégient d’autres paradigmes ? La
fréquente référence au concept de crise ne se limite pas au champ médiatique :
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les institutions internationales ont également mis l’accent sur la nécessité
d’analyser l’impact des "crises mondiales combinées (énergétique, alimentaire,
économique, financière…)" (Unesco, 2010) sur les populations des pays en
développement (PED), une attention particulière se voyant accordée aux
répercussions de "la crise" sur la situation des femmes, plus vulnérables à
l’égard du chômage et de la pauvreté. En effet, depuis 1979, l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes s’est constituée en
domaine d’intervention prioritaire des politiques de développement. C’est dans
cette perspective, qu’en 2000, les États membres de l’ONU ont identifié
"l’égalité entre les sexes" comme l’un des huit Objectifs du Millénaire pour le
développement, à atteindre d’ici 2015.
Le succès rencontré par le paradigme du genre est étroitement associé à sa
capacité à réconcilier deux logiques en apparence contradictoires, l’éthique et la
performance économique : de nombreux travaux ont mis au jour l’influence
décisive des femmes sur la sécurité alimentaire de la famille, le niveau
d’éducation des filles, et plus globalement sur le potentiel d’avenir de la société
toute entière. En conséquence, le taux de pauvreté des PED est fortement
corrélé au statut social, économique et juridique des femmes (Ordioni, 2005b,

1
Babel, Université du Sud Toulon-Var. ordioni@univ-tln.fr

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93) : "choisir d’ignorer les inégalités fondées sur le genre entraîne des pertes
énormes, tant au plan humain que social, empêche les nations de prospérer
adéquatement" (Banque mondiale, 2001, XI).
Notre analyse se déroulera en deux étapes. La première partie s’attache à décrire
et à expliquer l’évolution des usages et les significations du concept de crise
dans différents champs disciplinaires. Prenant appui sur l’exploration d’un
corpus constitué de textes officiels émanant de différentes institutions
internationales sur le thème de l’impact de "la crise" dans les PED, la seconde
partie examine quelques processus qui accompagnent la référence au concept
de crise. Il apparaît que l’inflation de ses usages va de pair avec sa
personnification et son instrumentalisation, notamment en contribuant à diluer
la chaîne des responsabilités engagées. En matière de genre, la référence au
paradigme explicatif de crise permet d’attirer l’attention sur des variables
exogènes au processus de domination masculine et d’euphémiser la
conflictualité inhérente aux rapports sociaux de sexe. En outre, son actualité
dans le champ des sciences économiques, alors que nombre de disciplines l’ont
abandonné de longue date au profit d’autres paradigmes, traduit l’omniprésence
d’une logique qui prône l’efficacité d’une régulation marchande présentée
comme la seule capable de restaurer un état antérieur et mythique d’équilibre :
elle contribue de ce fait à renforcer sa légitimité.

1. LA CRISE : DE L’EXTENSION À L’INFLATION DE


SES USAGES
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1.1 Les transformations sémantiques du concept
1.1.1 Étymologie
Du latin krisis, le mot "crise" est issu du vocabulaire médical où il représente
l’étape charnière, le moment paroxystique d’une maladie, qui peut en ce point
"critique" évoluer vers la guérison comme vers la mort. Le médecin joue un
rôle central : en observant les signes, il doit prendre une décision (krinein) à
propos du traitement du malade. Cette connotation déborde le champ médical.
Dans La Guerre du Péloponnèse, l’historien Thucydide d’Athènes affirme que les
combats auraient permis de "rendre la crise", c’est-à-dire de prendre une
décision, de trancher, au sein d’un conflit entre Perses et Grecs (Starn, 1971). Il
reste que le terme demeure longtemps utilisé principalement dans le domaine
médical, son extension métaphorique à d’autres sphères se déroulant en
plusieurs étapes (Grand Robert), entre le XVIIe (période de crise) et le XIXe
siècles (crise financière, économique, politique, psychologique). Cette inflation
des usages est allée de pair avec la transformation sémantique du mot “crise”,
qui ne véhicule plus qu’accessoirement la dimension d’examen, de jugement et
de décision, et se limite désormais à désigner des moments de rupture et des
périodes graves. Par extension, le terme de crise désigne, à partir du XIXe siècle,
l’état de dysfonctionnement d’un système, devenu incapable d’assurer ses

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fonctions, que cette incapacité résulte du retournement de la conjoncture ou


bien de ses caractéristiques intrinsèques. La généralisation de l’usage médical de
la crise à une multitude d’horizons participe de l’audience croissante rencontrée
par le paradigme organiciste, qui établit une analogie entre les sociétés et des
organismes vivants2.

1.1.2 Expurger les substances pathogènes : du corps humain au corps social


La notion de crise s’inscrit dans la tradition humorale de la médecine inaugurée
par Hippocrate, qui associe le corps humain à quatre substances liquides (les
"humeurs"), la maladie se voyant définie comme une altération de leur bon
équilibre. Si ce modèle, qui a traversé le temps, associe "la crise" à une étape
clef, c’est parce qu’elle constitue un épisode aigu en mesure de faire disparaître
les substances toxiques à l’origine des troubles : "Pendant la période d’état, il y
a, pour ainsi dire, balance entre les forces d’attaque (microbes) et les forces de
résistance du corps ; si ces dernières l’emportent, il arrive un moment où, les
microbes étant presque tous tués, leurs toxines et les cellules détruites sont
emportées dans une débâcle qui constitue la crise"3.
Dans cette perspective, la notion de crise évoque un imaginaire de rejet,
d’élimination, qui va progressivement se diffuser à l’ensemble du corps social.
Assimilée à un corps malade, la société expurge grâce à "la crise" "les principes
vicieux que la faiblesse de l’autorité y avait laissé introduire" (Bonald, in Starn,
1971, 7).
La représentation pathologique de la crise n’est pas toujours de nature
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nostalgique. C’est ce qu’illustre l’approche de l’historien J. Burckhardt, qui
définit "la crise" comme "un expédient de la nature semblable à la fièvre (…) :
les crises déblaient le terrain. Elles nous débarrassent tout d’abord d’une infinité
de formes extérieures depuis longtemps dénuées de vie, et qu’il aurait été
impossible de faire disparaître à cause de leur droit historique" (Ibid., 8).
C’est à travers les écrits marxistes, à la fin du XIXe siècle, que la connotation
positive de la crise prendra toute sa résonance. Dans cette perspective utopique,
"la crise" ouvre en direction d’une nouvelle ère associée à la fin du capitalisme
et se transforme en étape vers un meilleur équilibre social. Au XXe siècle, tandis
que la conscience de la crise est aiguisée par la Première Guerre mondiale et la
dépression économique, ses approches analytiques se développent parmi les
historiens et les économistes.

2
Incarné par le sociologue anglais Hubert Spencer et la théorie du darwinisme social.
3
Entrée Crise, Larousse du XXe siècle, 1929, 582.

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1.2 La crise dans les différents champs disciplinaires


1.2.1 La crise et les historiens
En un premier temps, l’analyse historique des crises économiques met l’accent
sur un facteur déclencheur central : la mauvaise récolte, à l’origine de la crise
agraire qui se propage ensuite à l’industrie. La crise démographique viendra
progressivement compléter ce tableau. Tous les groupes sociaux ne sortent pas
perdants de la crise ; par exemple, ceux qui disposent d’importantes quantités
de céréales s’enrichissent en les vendant à un prix élevé. C’est l’époque où,
prenant appui sur des données historiques empiriques, l’analyse cyclique des
crises voit le jour, tandis que se multiplient les articles et théories sur les crises
économiques dans l’histoire (Simiand, Labrousse, Abel).
En dépit du foisonnement de ses usages, "pour les historiens, le mot "crise" a
souvent constitué un cliché prêt-à-porter pour désigner les processus et les
points de pression dramatiques de l’histoire" (Starn, 1971, 12). Il demeure
néanmoins un outil analytique central de la science historique, comme le
confirment les cinq pages de l’article sur la crise du Dictionnaire des sciences
historiques. Son succès renvoie à sa flexibilité analytique qui permet de prendre
des distances à l’égard des approches en termes de "structure" et de "système"
et d’éviter une perspective déterministe, dans la mesure où son issue demeure
réservée. Ceci implique, cependant, de s’interroger préalablement sur le sens du
mot et sur les intérêts de son emploi (Starn, 1971, 22).

1.2.2 La crise et les économistes


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Les économistes partagent avec les historiens un intérêt pour l’étude empirique
des crises dans l’histoire. Le constat de leur caractère récurrent a donné
naissance à une théorie des fluctuations et des cycles économiques (Jevons,
1878 ; Juglar, 1860). Toutefois, les cycles sont de durées diverses (cycles
majeurs de Juglar, mineurs de Kitchin, longs de Kondratieff) et parfois
spécifiques à certains secteurs d’activité. Les explications des cycles sont
également multiples et contradictoires (anticipations, sous-consommation,
surcapitalisation…).
"La crise" constitue un concept ambigu et polémique, qui se voit en premier
lieu niée par les économistes : la "loi des débouchés" de Say s’attache à
démontrer son impossibilité puisque "les produits s’échangent contre les
produits". Cette "loi" ne sera totalement réfutée que dans les années 1930, avec
l’émergence et la validation du concept keynésien de "demande effective", qui
s’érige en paradigme dominant après la Deuxième Guerre mondiale. Et même
si la notion de "main invisible" a laissé la place à celle d’intervention
stabilisatrice des pouvoirs publics, l’idée selon laquelle "la crise" peut être évitée
demeure omniprésente jusqu'au milieu des années 1970 : "dans l’état actuel des
connaissances et des idées, une crise prolongée serait impossible" (Brochier,
1976, 76).

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Par la suite, les mécanismes étatiques de régulation ayant progressivement vu


leur efficacité régresser, plusieurs approches théoriques de la crise sont à
nouveau déclinées, de celle l’associant à l’intervention excessive de l’État à la
version de "la crise du capitalisme" (et de sa fin promise), en passant par une
multitude de variantes idéologiques. Le concept de crise systémique globale est
apparu récemment pour désigner la situation née du découplage des sphères
économique et financière.

1.2.3 La crise et la sociologie


Le concept de crise est très peu utilisé en sociologie, ce que reflète le Dictionnaire
critique de la sociologie qui ne prévoit pas d’entrée "crise" dans l’index, seules les
"crises sociales" se voyant mentionnées et associées à d’autres concepts. Trois
principales séries de raisons peuvent être évoquées.
En premier lieu, et à la différence de l’économie, la sociologie n’identifie pas tous
les comportements déviants à des indicateurs de "crise". Par exemple, un
"suicide" ou un "crime" n’est pas un "événement" sociologique. Au contraire,
"classer le crime parmi les phénomènes de sociologie normale, (…) c'est
affirmer qu'il est un facteur de la santé publique, une partie intégrante de toute
société saine. (…) Le crime est normal parce qu'une société qui en serait
exempte est tout à fait impossible" (Durkheim, 1986, 66-67). Par conséquent, la
transgression d’une norme morale ou légale ne constitue pas une situation de
rupture, dans la mesure où ce processus est inscrit dans la régularité statistique.
Le caractère accidentel et conflictuel d’un phénomène sociologique ne
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s’appréhende pas au travers du fait qu’il constitue une perturbation, qu’il
incarne une rupture ou un déséquilibre dans le cours des choses. L’indicateur de
la rupture est, à l’inverse, dans le fait de sortir des régularités statistiques : si un
suicide ou un crime n’est pas un évènement, une vague de suicides ou leur
baisse soudaine seraient, en revanche, considérés comme "anormaux". En
conséquence, le faible potentiel de généralité statistique du phénomène de crise,
qui relève de l’ordre de l’évènement, constitue, sans doute, un premier facteur
explicatif du peu d’intérêt porté par les sociologues à la question de la crise : les
sociologues américains n’ont quasiment rien écrit sur la crise de 1929
(Wieviorka, 2009).
Une deuxième hypothèse explicative de ce désintérêt réside dans le rapport au temps
nécessaire à la mise au jour de régularités statistiques. Le temps des sociologues
n’est pas celui des économistes et ne se confond que rarement avec l’évènement
ou "la rupture", qui se doivent, en revanche, d’inspirer une mise à distance
critique en leur qualité de représentations sociales. Il est vrai que le "fait social",
objet de la discipline, est caractérisé par une propriété centrale : il existe en
dehors des consciences individuelles (Durkheim, 1986, 18). A contrario, "la crise"
n’existe que par la conscience que certains acteurs en ont et relève, par
conséquent, de l’ordre de la représentation.
Enfin, l’encastrement initial dans le modèle biologique a laissé des traces : à
partir de la fin du XIXe siècle, le souci permanent de se démarquer de

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l’organicisme a conduit la sociologie à prendre ses distances à l’égard des


causalités exogènes, des processus prétendument "naturels" et des formules mal
délimitées et passe-partout : "cette notion, en se généralisant, s’est comme vidée
de l’intérieur (…). Le mot sert désormais à nommer l’innommable : il renvoie à
une double béance : béance dans notre savoir (au cœur même du terme de
crise) ; béance dans la réalité sociale elle-même où apparaît la "crise" " (Morin,
1976, 149).
Par ailleurs, dans la mesure où la plupart des sciences sociales a abandonné
l’hypothèse d’une identité immuable, d’une essence, au profit d’une approche
non statique de l’identité, associée au changement et au mouvement, est-il
légitime d’utiliser la notion de crise si elle ne constitue plus un moment
passager, mais tend, au contraire, à durer, jusqu’à devenir un état permanent ?
Penser une période à l’aide du concept de crise, c’est "croire en une identité
fictive qui n’a jamais existé (…). L’enjeu premier d’une philosophie de
l’évènement consiste donc à penser l’évènement comme événement et non
comme crise, début de ou fin de quelque chose" (Durand, 2007, 54). Ceci
explique que la "crise" ait quitté de nombreux champs de la recherche, dont
celui de la santé d’où elle était issue.

1.2.4 La crise et les sciences du vivant


"Un système vivant est toujours en crise sinon il est mort" (Choukroune, 2007),
c’est la raison pour laquelle le géologue n’utilise pas le terme de crise : "on parle
d’état stable, d’état instable, d’état de métastabilité" (Ibid.).
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En physique, le mot "crise" n’est pas davantage employé. En effet, parler de
"crise" impliquerait de disposer de méthodes de calcul capables de définir avec
suffisamment de précision les conditions initiales. Aussi le constat même de
"crise" résulte souvent d’une mauvaise définition de ces conditions. Le concept
"d’effet Papillon" (Lorenz, 1972, 181) nous rappelle que des données infiniment
petites sont souvent ignorées, alors même qu’elles entraînent des conséquences
considérables (Pantaloni, 2007). L’usage du mot "critique" (masse, point, état,
température) est, en revanche, plus répandu.
En médecine, le terme aurait également quasiment disparu du vocabulaire
médical : "Les outils qui nous permettent aujourd’hui de comprendre les
maladies, et secondairement de les expliquer, tournent plutôt autour des
concepts de régulation et d’emballement, et proviennent aussi de manière très
importante de la théorie de l’information : le fonctionnement d’une cellule
repose sur des signaux ; il peut y avoir interruption de la communication entre
des éléments de la cellule qui devraient communiquer et qui communiquent mal
(…). À aucun moment le concept de crise ne m’est utile pour comprendre ce
qui se passe" (Eisinger, 2007).
Au cours des dernières décennies, en même temps qu’il s’infiltrait dans les
moindres interstices de notre quotidien et de notre conscience, le mot "crise"
s’est vidé de tout contenu analytique. Symptôme majeur de l’ère de la défiance,
l’inflation de ses usages incarne notre inquiétude et notre incapacité croissante à

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comprendre le monde qui nous entoure. La production d’une représentation


dramatisée et alarmiste traduirait l’accroissement de la complexité des sociétés,
devenues impuissantes à se décrire autrement qu’en termes pathologiques
(Luhmann, 1984). Dans cette perspective, le discours sur la crise doit être
analysé comme un instrument idéologique et stratégique. Ceci permet de
comprendre pourquoi, alors qu’il a été abandonné par de nombreuses
disciplines, il demeure un instrument interprétatif central des champs
économique et politique, qui s’incarne dans les discours et les rapports des
institutions internationales, soucieuses d’évaluer notamment son "impact
genré". Le paradigme de la crise constitue-t-il un outil analytique efficace dans
ce contexte ? Est-il à l’origine de politiques favorables à l’amélioration de la
situation des populations des PED, et en particulier des femmes, qui
représentent 70% des pauvres dans le monde (AWID, 2010) ?

2. L’INSTRUMENTALISATION DU CONCEPT DE
CRISE
2.1 La dilution de la chaîne des responsabilités
En mettant l’accent sur l’influence négative de variables exogènes, l’usage
personnifié du mot "crise" aboutit à diluer la chaîne des responsabilités
engagées. L’exemple de la "crise climatique", quand elle conduit à souligner que
les victimes des inondations sont beaucoup plus fréquemment des femmes, du
fait de leur mobilité restreinte (PNUD, 2008), illustre ce processus. Au-delà du
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facteur climatique, la "crise" reflète ici l’absence de prise en compte de la
dimension de zone inondable dans la construction de logements, ou bien le fait
que certaines valeurs culturelles conduisent à ne pas enseigner la nage aux
femmes. La question est celle de l’absence de prise en compte d’un risque, ou le
poids de la coutume, à l’origine de cette vulnérabilité, et non "la crise
climatique".

2.1.1 L’euphémisation des rapports sociaux de sexe


Dans cette perspective, l’idée de crise véhicule le présupposé selon lequel la
situation actuelle des femmes pourrait être interprétée dans le cadre d’un temps
"court" (Braudel, 1958), celui de l’évènement, alors que les démographes ont
analysé de longue date la "ceinture patriarcale" qui irait de l'Afrique du Nord à
l'Asie du Sud (Caldwell, 1982). Kandiyoti (1988) distingue, quant à elle, deux
idéaltypes du patriarcat : celui de la domination masculine caractérisant
l’Afrique subsaharienne et celui de l’Asie et du Moyen-Orient, qui recouvre la
"ceinture patriarcale" de Caldwell. Plus récemment, le sociologue australien
Connell (2005) a développé le concept de "masculinité hégémonique" en vue de
mettre au jour les différentes modalités de la reproduction des rapports sociaux
de sexe qui garantissent la position dominante des hommes et la subordination
des femmes. L’efficacité du modèle hégémonique est, de surcroît, étroitement
associée à l’intervention de l’État qui institutionnalise son fonctionnement sous

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la forme d’un "régime de genre" et en assure la reproduction. C’est pourquoi la


matrice cognitive des politiques "anti-crise" s’avère rarement neutre du point de
vue du genre, le contexte de "crise" se transformant souvent en opportunité
pour exercer une pression sociale supplémentaire sur les femmes. Un exemple
est celui de la "crise économique" asiatique de 1997, en Corée du Sud, où dans
un contexte où les femmes sont sept fois plus nombreuses que les hommes à
être licenciées, le gouvernement coréen lance un slogan national : "Regonflez
votre mari" (Tauli-Korpuz, 1998). Il s’agit d’inciter les femmes à absorber et à
amortir l’effet de "la crise financière" sur des hommes décrits comme dépressifs
et suicidaires, sans aucun égard envers leur situation personnelle. La politique
"anti-crise" de l’État contribue alors à légitimer et à maintenir la position
patriarcale dominante des hommes.
Le discours des institutions internationales concourt également au
renforcement de "l’ordre de genre" (Ordioni, 2010) à travers un processus de
personnification de la crise, qui conduit notamment à associer à "la crise
financière" l’augmentation du risque d’exposition des femmes à la violence
conjugale et à la traite sexuelle (Nations unies, 2009). Il apparaît pourtant que la
violence à l’égard des femmes s’inscrive dans un temps long et n’ait pas attendu
"la crise" pour se manifester, qu’elle prenne la forme des 60 millions de
"femmes manquantes" en Chine, résultat de trente années d’avortements
sélectifs, des milliers de victimes de la violence intégriste dont l’Algérie est le
théâtre à partir de 1991, ou de la violence conjugale ordinaire.
Si le cadre normatif du paradigme de la crise participe à la dilution de la chaîne
des responsabilités engagées, il contribue, en outre, à légitimer la mise en œuvre
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de politiques qui révèlent l’ambiguïté des discours des institutions
internationales sur la crise.

2.1.2 La rhétorique de la crise


La représentation du phénomène de crise comme d’une évidence
incontournable4 résulte d’un long travail d’inculcation symbolique auquel les
médias participent activement. Cette imprégnation insidieuse amène à intégrer
de multiples présupposés idéologiques (Bourdieu, 1982). Ce processus s’appuie
sur l’imposition d’un lexique commun fondé sur la rhétorique : "Pour annoncer
qu'une entreprise va débaucher 2 000 personnes, on parlera du "plan social
courageux d’Alcatel" " (Bourdieu, 1996).
C’est ainsi que le discours actuel sur la crise atteste que l’heure est grave, que
tout choix est impossible et que les peuples se doivent d’assumer les
conséquences des mouvements spéculatifs, même s’ils n’en sont pas les auteurs.
Ceci prend la forme de la réduction des salaires, des licenciements, du
désengagement économique de l’État et de la réduction de la protection sociale,

4
Selon la théorie de la performativité, les croyances (qu’elles soient "vraies" ou "fausses")
sont à l’origine des comportements, et le langage s’apparente à un "acte" (Austin, 1991).

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qui se déroulent dans le cadre des États-Nations ou des plans d’ajustement


imposés par les institutions internationales.
En outre, le discours sur la crise encourage la résurgence d’une figure politique
mythique, celle du sauveur providentiel (Girardet, 1990), dont la force
d’attraction réside dans la potentialité à fournir une réponse aux espoirs et
aspirations irrationnelles des populations.
Enfin, l’utilisation généralisée du mot "crise" pour désigner "la crise financière
et économique" nous amène à réduire toute la réalité à sa dimension
marchande. Elle charrie dans le même temps un ensemble de principes
présentés comme allant de soi, par exemple l’idée que la croissance économique
est l’objectif ultime de toutes les sociétés humaines. Dans cette perspective, la
notion de crise et les politiques qu’elle inspire s’apparentent à un instrument
central de la régulation marchande, comme l’incarnent les deux exemples
développés ci-dessous.

2.2 L’ambiguïté du discours des organisations


internationales
2.2.1 Santé et espérance de vie
Plusieurs rapports et communiqués récemment publiés par la Banque mondiale
ont attiré l’attention sur le fait que dans les PED, les femmes "sont
particulièrement exposées aux effets de la crise financière" (2009a). "La crise"
n’épargne pas les enfants : entre 2009 et 2015, elle pourrait accroître le nombre
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des décès d’enfants de moins d’un an de 200 000 à 400 000, les filles étant les
plus vulnérables (2009b). En Afrique subsaharienne, "la crise" menacerait les
progrès réalisés en matière de réduction du fossé entre les sexes dans l’accès à
l’éducation.
Alors que les avancées en matière de lutte contre la mortalité infantile sont
directement corrélées à l’augmentation des services de santé offerts par les
États - "grâce à une augmentation des dépenses publiques pour la santé au Sri
Lanka, les femmes de ce pays peuvent maintenir espérer vivre presque aussi
longtemps que les Allemandes, malgré des revenus dix fois inférieurs"
(Marriott, 2009, 2) - un récent rapport de l’ONG OXFAM révèle que plusieurs
organisations internationales s’attachent à promouvoir activement une politique
de privatisation des soins de santé. C’est le cas de l’Agence des États-Unis pour
le développement international (USAID), du département pour le
développement international du Royaume-Uni (DFID) et de nombreuses autres
institutions, qui ont dépensé des millions de dollars dans des programmes ayant
pour objectif de transférer les services de santé à des prestataires privés. En
Afrique, selon la Société financière internationale (SFI), plus de la moitié des
soins de santé serait déjà assurée par le privé. Or, "dans les pays pauvres, la
vaste majorité des prestataires de soins de santé privés est constituée de petits

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commerçants sans qualification qui vendent des médicaments périmés"


(Oxfam, 2009)5.
La référence à la crise comme paradigme explicatif révèle ici pleinement son
ambiguïté et les contradictions qui la traversent. Essentialisée dans le discours
des organisations internationales qui la présentent comme l’élément causal de la
dégradation de la situation sanitaire des pays les plus pauvres, elle légitime de
façon insidieuse des politiques de privatisation qui s’apparentent aux causes
réelles de la dégradation de l’état de santé des populations. La même
ambivalence peut être relevée entre les discours et les pratiques de lutte contre
"la crise alimentaire".

2.2.2 La sécurité alimentaire


En mai 2008, en vue de faire face aux besoins immédiats des populations
subissant "la crise alimentaire", la Banque mondiale lance un nouveau
"mécanisme d'intervention rapide" d’un montant de 1,2 milliard de dollars. Il
s’agit, selon son président R. Zoellick, d’améliorer la sécurité alimentaire
immédiate, et d’introduire des instruments d’assurance et de gestion du risque
sur le long terme6.
Un examen plus approfondi révèle que la "crise alimentaire" légitime des
pratiques profondément contradictoires avec les objectifs déclarés. C’est le cas
de plusieurs rapports qui démontrent que ces dernières années ont été le théâtre
d’un processus croissant d’accaparement des terres, en particulier dans les pays
les plus pauvres du continent africain. Par exemple, en 2008, le gouvernement
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chinois a investi 5 milliards de dollars dans la prospection de terres agricoles
fertiles en Afrique7. L’inventaire réalisé par l’ONG Grain laisse apparaître que
des investisseurs privés étrangers se seraient déjà emparés de 50 millions
d’hectares de terres agricoles dans les PED (Mittal et Shepard, 2010, 1).
Plusieurs études empiriques du rapport mettent également en lumière le fait
qu’en profonde contradiction avec son rôle revendiqué dans la lutte contre "la
crise alimentaire", la Banque mondiale participe au processus d’accaparement
des terres mis en œuvre par certains États et investisseurs privés. C’est dans cet
objectif que la SFI, filiale du groupe, organise des programmes d’investissement
et d’assistance technique visant à faciliter la capacité des investisseurs étrangers
à acquérir des terres, notamment en faisant pression sur les États afin qu’ils
modifient leur législation foncière (Ibid., 13).

5
http://www.oxfam.org/fr/pressroom/pressrelease/2009-02-12/les-pays-riches-doivent-
cesser-de-promouvoir-privatisation-des-soins-de-sante, dernière consultation le 20 mai 2011.
6
http://go.worldbank.org/AGCZZUM6A0, dernière consultation le 19 février 2011.
7
http://allafrica.com/stories/200804230844.html, dernière consultation le 5 mai 2010.

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Le concept de crise : un paradigme obsolète ? 147

2.2.3 De l’État Providence aux Femmes Providentielles


Plus globalement, les politiques "anti-crise" et de lutte contre la pauvreté mises
en œuvre par les institutions internationales incarnent de nouvelles méthodes
de gestion du risque social fondées sur une logique de type individualiste où
l’individu "responsable" accumule différentes dotations (pouvant être délivrées
sous la forme d’associations d’entraide ou de voisinage) et où la charité joue un
rôle central. La voie privilégiée d’accès des femmes à l’empowerment réside
aujourd’hui dans la microfinance (Ordioni, 2005a) : au Maroc, par exemple, en
2005, le secteur du microcrédit concernait 400 000 clients dont 70% de femmes
(Jaïdi, 2007). Face au désengagement de l’État, femmes et mères sont incitées à
remplacer les hommes "défaillants" en vue d’une meilleure efficacité, tant au
plan familial que dans l’activité économique : les "mères sociales" se substituent
à l’État social (Mestrum, 2003, 71).

CONCLUSION
En dépit de l’inflation de ses usages et du brouillage conceptuel qui en résulte,
la crise demeure un concept explicatif central des sciences économiques et des
discours qui s’en inspirent.
À l’inverse, nombre de disciplines scientifiques ont abandonné l’usage du
concept de crise, interprétée comme inhérente aux systèmes vivants. En effet, la
notion de rupture qu’elle véhicule réactive le mythe d’un retour à un équilibre
antérieur, à un âge d’or perdu, ou laisse, à l’inverse, espérer en des jours
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meilleurs et en un sauveur providentiel. Dans les deux cas, la notion de crise est
fondée sur l’hypothèse d’une identité fictive, qu’elle soit inscrite dans le passé
ou dans l’avenir. L’analyse laisse apparaître que la place spécifique du concept
dans le champ économique prend sans doute racine dans les bases mêmes de la
discipline, qui s’appuie sur l’hypothèse d’un marché autorégulé. Dans cette
perspective, la référence à la crise réactive l’illusion d’une régulation spontanée
et invisible qui ramènerait le système économique à un état stable imaginaire,
dont les dysfonctionnements devraient être interprétés en termes de crise.
Le discours sur la crise s’est transformé en un instrument idéologique et
stratégique qui imprègne nos consciences et légitime des politiques "anti-crise".
Au-delà des normes d’action qu’elles préconisent, ces politiques véhiculent des
modes d’interprétation du monde fondés sur des sentiments d’inquiétude et
d’impuissance. Le discours sur la crise joue également un rôle central dans la
régulation marchande internationale. Devenue un élément incontournable de la
scène internationale depuis une quarantaine d’années, la question des femmes
dans les PED n’y échappe pas. Nous avons souhaité démontrer dans ce travail
que le discours relatif à l’analyse des "conséquences" de "la crise" sur la
situation des femmes pouvait aboutir à masquer le fondement même de la
dynamique des rapports sociaux de sexe. Il permet aussi de légitimer
l’accaparement des terres agricoles par les investisseurs étrangers et la mise en
œuvre de politiques de privatisation et de désengagement de l’État en matière

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d’éducation et de santé. Ceci contribue sans doute à expliquer pourquoi la


multiplication des institutions, des conférences, des conventions et des projets
n’est pas parvenue à faire régresser notablement la pauvreté et les
discriminations de genre.

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Annexe

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