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LesPhéniciens
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Lapremièreéditiondececatalogue
aétépubliéeàl'occasiondel'exposition
LesPhéniciens
auPalazzoGrassiàVenise, 1988
©1997RCSLibri5.p.A.
@1997,ÉditionsStock
pourlaprésenteédition
Dépôtlégal:novembre1997
54-40-4819-01/6
ISBN:2-234-04819-2
@1988GruppoEditorialeFabbri,Bompiani,
Sonzogno,EtasS.p.A.,Milan
0 1989Belfond-LeCheminvert, Paris
pourlatraductionfrançaise
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Les Phéniciens
Direction scientifique
SabatinoMoscati
Professeur àl'université deRome
Président del'Union académiquenationale italienne
et Directeur del'Institut d'études duProche-Orient
Stock
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Sommaire
Premièrepartie Deuxièmepartie
LacivilisationdesPhéniciens Lesgrandesaires
phéniciennesetpuniques
8 Unecivilisation 168 Phénicie
redécouverte AntoniaCiasca
SabatinoMoscati 185 Chypre
17 QuiétaientlesPhéniciens? VassosKarageorghis
SabatinoMoscati 199 AfriqueduNord
20 Leterritoire MH ' amedH.Fantar
etlesimplantations 231 Sicile
SabatinoMoscati VincenzoTusa
23 LesoriginesenOrient 251 Lamonnaiedans
Sand.roFilippoBondi laSicilepunique
30 Lamarchedel'historié AldinaCutroniTusa
SandroFilippoBondi 254 Malte
47 Lacolonisation AntoniaCiasca
delaMéditerranée 259 Sardaigne
SahatinoMoscati EnricoAcquaro
57 L'empirecarthaginois 277 Lamonnaiedans
SabatinoMoscati laSardaignepunique
66 L'aventured'Hannibal EnricoAcquaro
GiovanniBrizzi 279 Espagne
84 Lesnaviresetlanavigation MariaEugenia
PieroBartoloni AubetSemmler
92 Lecommerceetl'industrie
PieroBartoloni
101 Laquestiondel'alphabet
GiovanniGarhini
120 Lescroyances
etlaviereligieuse
SergioRihichini
153 L'organisation
politiqueetadministrative
SandroFilippoBondi
160 L'armée,lamarine
et laguerre
PieroBartoloni
Lesymboleesuividun°depage
renvoitàl'illustration
encouleurs
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Troisièmepartie Quatrièmepartie
Lemondedel'art LesPhéniciensetlesautres
306 Artet artisanat 580 Substratsetadstrats
SabatinoMoscati SabatinoMoscati
311 L'urbanismeet 591 PhéniciensetEgyptiens
l'architecture SergioPernigotti
SandroFilippoBondi 611 PhéniciensetÉtrusques
349 Lastatuaire EnricoAcquaro
SabatinoMoscati 618 LejeunehommedeMotyé
355 Lessarcophages VincenzoTusa
SabatinoMoscati 622 L'artorientalisant
360 Lereliefenpierre SabatinoMoscati
SabatinoMoscati 628 Li'magedesPhéniciens
364 Lesstèles danslemondeantique
SabatinoMoscati FedericoMazza
380 Lesfigurinesenterrecuite 654 LalégendedeDidon
AnnaMariaBisi SergioRibichini
406 Lesmasquesetles 657 LesPhéniciens
protomes enAmérique?
AntoniaCiasca MariaGiulia
418 Lesbijoux AmadasiGuzzo
GiovannaPisano
445 Lesamulettesetles 661 Bibliographiegénérale
scarabées MariaTeresaFrancisi
EnricoAcquaro
456 Lesobjetsenos
etenivoire
MariaLuisaUberti
472 Lesbronzes
EnricoAcquaro
491 Lescoupesenmétal
SabatinoMoscati
500 Lapeinture
MariaGiulia
AmadasiGuzzo
508 Lesœufsd'autruche
SabatinoMoscati
524 Lesmonnaies
EnricoAcquaro
536 Leverre
MariaLuisaUberti
562 Lacéramique
PieroBartoloni
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LaMéditerranée
àl'époque
del'expansion
phénicienne
Afindepermettreunemeilleurelocalisationdessitesarchéologiques
mentionnésdansleslégendes, nouslesavonsfait suivredunom
dupaysoudela régionoùilssetrouventaujourd'hui.
Deplus,pourquelquesobjetsreproduitsdanscetouvrage,
desdatationsdifférentespeuventapparaîtreentreleslégendes
etletextequilesmentionne. Nousavonseneffetutilisépour
ceslégendeslesdatesindiquéesparlesmuséesd'oùproviennent
lesobjetsreprésentés, toutenlaissantledroitauxauteurs
destextesd'apprécierdifféremmentcesdatations
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Pour ce qui est des sources indirectes, la situation
était meilleure. En effet, tant du côté égyptien que
mésopotamien,nouspossédions des chroniques rela-
tives aux rapports avec les villes phéniciennes et,
dans les sources assyriennes en particulier, sur leur
conquête. Le témoignage de l'Ancien Testament
pouvait être considéré commeplus vaste et significa-
tif, spécialement sur les contacts avecTyràl'époque
de Salomon, puisque l'on yapprend que Hiram, le
roi de cette cité, fit construire le Temple de
Jérusalem. Lesrelations entreles rois d'Israël et ceux
de Tyr y sont également évoquées, révélant des
faits religieux comme l'influence du polythéisme
phénicien sur Israël.
Quant à l'archéologie, les fouilles en Phénicie lais-
saient apparaître deslacunes considérables. Il existait
bien de riches témoignages, tels que ceux d'Ugarit et
de Byblos, et, plus tardifs, ceux de l'époque gréco-
romaine. Mais les cités phéniciennes proprement
dites étaient peu connues, ou, plus exactement, la
périodephénicienne decelles-ci :deTyr,par exemple,
nous ne possédions pour ainsi dire que les monu-
mentsromains. Il yavaittoutefois desvestiges impor- Statuette
tants fournis parles villes environnantes qui reflétaient le rayonnement dedivinité
de l'artisanat phénicien : ainsi, les coupes métaliques et les ivoires, deprovenance
d'une facture certainement phénicienne, découverts à Chypre et en syrienne
Mésopotamie. Vilfsiècle
Pourcequiest del'Occident méditerranéen, onsavaitinfinimentplus av.J.-C.
bronzeetargent
dechoses sur Carthage, d'après des milliers d'inscriptions, maisil ne 20cm
s'agissait pour la plupart que de dédicaces votives répétant les noms Paris, Musée
des divinités les plus importantes et fournissant un témoignage sur duLouvre
leurs auteurs. Elles nedévoilaient quepeudechoses des croyances et •p. 33
des rites, et rien des événements historiques. Il est probable qu'une
historiographie carthaginoise aexisté, cela estmêmecertain autravers
decequenousenrapportent les auteurs classiques, maisil nenousen
reste rien.
Parcontre,ladocumentationlittéraire étaitriche, principalementliéeau
grand affrontement qui opposales Carthaginois auxGrecs enSicile, et
auxRomainsdanstoute la Méditerranée. Il s'agit bien sûr d'unehisto-
riographie partiale, venant d'ennemis qui tendaient a donner des
Carthaginois uneimagedéfavorable, exagérant leur cruauté, leur attri-
buant une prétendue perfidie et mile autres défauts. L'appréciation
semblecependant différente pourHannibal, dumoinsenpartie :l'hos-
tilité àl'égard duplus grand ennemideRomeest enfait accompagnée
d'une tendance à reconnaître, voire même accentuer sa valeur, pour
mieuxjustifierles défaites subies.
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Vueaérienne
dela zone
archéologique
deSidon, Liban
Ruinespuniques
surlacolline
deByrsa
àCarthage
Tunisie
Larégionducap
Bonaveclestrois
forteresses
puniques
deKélibia
RasFortass
etRased-Drek
Tunisie
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Parvenus àcepoint, il est donc aisé de comprendre pourquoi, au début
des années soixante, l'existence proprement dite et la consistance d'une
zone d'études globalement «phénicienne »était discutable. Lesépigra-
phistes considéraient les inscriptions sur le seul plan de leur caractère
sémitique, sansporter intérêt àl'espace archéologique ; deleur côté, les
archéologues faisaient des fouilles dans le monde punique en recher-
chant principalement les témoignages classiques, les seuls sur lesquels
ils fussent compétents. Qui s'y connaissait en écriture ne s'y entendait
pas en archéologie, qui connaissait l'archéologie ne s'y entendait pas en
écriture.
Lit en ivoire
provenant
dela tombe n° 79
àSalamine, Chypre
Vifsiècle av.].-C
Nicosie, Cyprus
Museum
du proche pays d'Amourrou, en sont la cause, ils incitèrent ses propres Plaquette
d'ivoireavec
sujets à la rébellion. Rib-Adda rapporte que : « Abdi-ashirta a dit aux scènedetribut
hommes de la ville dA ' mmiya : "Tuez vos seigneurs et devenez comme provenant
nous, alorsvousaurezlapaix!"», etil conclut :«Voici,lamoitiédela cité deMegiddo,
aimeles fils d'Abdi-ashirta et l'autre aimemonSeigneur». Israël
xIIf-Xlfsiècles
Mais la dépendance politique ne signifie pas la fin des cités-États qui, à av.J.-C.
cetteépoque,conservèrent, toutaumoinspourlaforme,leurs prérogatives Jérusalem
d'autonomieinstitutionnelle. Elles seront égalementle siège demanifesta- Rockefeller
Museum
tions culturelles d'une grande portée, notamment avec la recherche de epp. 38-39
méthodes graphiques plus fonctionnelles que celles enusageenÉgypte et
enMésopotamie, quiserépandront dansl'aire syro-palestinienne.
ÀUgarit, un système alphabétique est créé, il est réalisé en caractères
cunéiformes,enraisondesliensexistantaveclesrégionsquiadoptèrent ces
signes : l'Anatolie et la Mésopotamie. Après l'expérience graphique con-
nue sous le nom de « pseudo-hiéroglyphes de Byblos », des tentatives
seront faites ausud, sousl'évidente influence égyptienne ;elles annoncent
la grandeinvention del'alphabet phénicien auxXIIIe-XIIesiècles av.J.-C.
Aupoint devueartisanal, c'est Ugarit, qui, àl'ÂgeduBronzerécent, four-
nit les indications les plus intéressantes sur la manière dont sefera le lien
avec la production phénicienne proprement dite, à l'époque suivante,
livrant parlà-mêmeuntémoignagedeses origines syriennes.
Ainsi, la splendide coupe en or d'Ugarit, ornée d'une scène de chasse
royale, annonce la production phénicienne des coupes en or ou argent
repoussé, tandis que les stèles votives, amplement répandues dans la
Phénicie du Ier millénaire et encore plus dans les colonies puniques
d'Occident, sontreprésentéesparla célèbrestèlereprésentantledieuBaal.
Letravail del'ivoire, l'un despluscaractéristiques del'artisanat phénicien,
est également attesté àUgarit dans quelques pièces d'une facture exquise.
Ugarit nous fournit également une documentation appréciable concer-
nant la continuité de la vie religieuse : les textes mythologiques témoi-
gnent de la présence et, dans quelques cas, de la prédominance de divi-
nités qui seront particulièrement vénérées dans le milieu phénicien,
comme les dieux El, Baal et Reshef, et les déesses Anat et Ashtarté.
Ugarit représente d'ailleurs un précédent certain de la Phénicie du
Iermillénaire, mêmepourcequiconcernele commerceàlonguedistance :
les rapports étroits qu'elle entretint avec le monde égéen et, en parti-
culier, avec Chypre, peuvent être considérés comme les prémisses de
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C'estauXIesiècleav.J.-C. quecommencelapériodehistoriquequel'on
peut appelerphénicienne. Peutouchée parl'invasion desPeuples dela
mer,la Phénicie sedifférencie, àpartir decette époque, desterritoires
adjacents, etmontreenmêmetempsuneforte cohésioninternepource
quiestdelalangue, delareligion, del'art et del'organisation politique.
Laconnaissancedesévénementshistoriquesdépendtoutefoislargement
dela documentation ennotrepossession. Ladisparition presque totale
dela littérature phénicienne et les difficultés dela recherche archéolo-
gique dues au fait que les plus importants sites antiques se trouvent
recouverts parl'habitat moderne,nousobligent àfonderles reconstitu-
tions presque intégralement sur des sources indirectes. Parmi ces
sources, l'Ancien Testament prend un relief particulier parce que ses
témoignages proviennent d'un milieu proche du milieu phénicien et
remontent en général à des époques très voisines de celles qui nous
intéressent.
D'autres sources proche-orientales, notamment mésopotamiennes et
égyptiennes, ne sont pas moins importantes. Les premières sont
constituées pour la plupart de comptes rendus des expéditions mili-
taires conduites par les souverains assyriens contre les cités de la
Phénicie. Lessecondesnousfournissent lerécitparticulièrementinté-
ressant du voyage d'Ounamon, dans lequel la situation interne de la
Phénicie et ses rapports avecl'Égypte auXIesiècle av.J.-C. sont mis
enévidence.
Une contribution décisive à la connaissance de l'histoire phénicienne
nousestenoutreapportéeparleshistoriensgrecsHérodote,Diodorede
Sicileet Arrien, auxquelsnousdevonsla plus grandepartie denosren-
seignements sur la période qui précède immédiatement la conquête
d'Alexandrele Grand. Unautre écrivain, leJuifFlaviusJosèphe, néau
Iersiècle denotreère, nousdonnedesréférencessur denombreuxfaits
d'une époque plus ancienne, utilisant, commeil le dit lui-même, des
documentsofficiels rédigésenlanguephéniciennequel'on aappelésles
AnnalesdeTyr.
Cette remarquenousmontrequ'unehistoriographiephénicienne asans
douteexisté, bienqueriennenoussoit parvenudanssaformeoriginale.
Les rares sources phéniciennes - des inscriptions royales pour
l'essentiel - nous offrent à peine plus que des fragments d'histoire.
Elles relatent quelques épisodes, alors considérés commeimportants,
del'activité des souverains, mais se font très rarement l'écho d'événe-
mentsréellementhistoriques.
Nous ne nous étonnerons donc pas que le premier épisode relatif à
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L'airesyro-
palestinienne
auxXe-VIIf
sièclesav.J.-C.
Statuettededivinité
deprovenancesyrienne
vilfsiècleav./.-C.
bronzeetargent,20cm
Paris,MuséeduLouvre
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Groupedestatuettesvotives
provenantdeByblos,Liban
bronzerecouvertdefeuilled'or
16cm
Beyrouth,MuséeNational
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«Déessemaîtressedesanimaux» StèledudieuBaal
sculptéesurcouvercle provenantd'Ugarit,Syrie
depyxideprovenantd'Ugarit,Syrie XIXe-XVIfsièclesav.].-C
XIVesiècleav.J.-C, ivoire, 13,7cm calcaire, 142cm
Paris,MuséeduLouvre Paris,MuséeduLouvre
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Plaquetted'ivoire
avecscènedetribut
provenantdeMegiddo, Israël
xIIf-Xlfsièclesav..-C.
Jérusalem, RockefellerMuseum
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Détaild'un bas-relief
dupalaisdeSargonàKhorsabad
Iraq, avecscènedetransport
deboisduLiban
VIIfsiècleav..-C.
Paris. MuséeduLouvre
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paiement en faisant don d'un certain nombre de villes au roi Hiram.
Nous trouvons dans l'Ancien Testament une seconde série de renseigne-
ments encore plus intéressants, relatifs aux epéditions commerciales
maritimes des deux souverains unis. Lepremier livre des Rois rapporte
que«Salomonconstruisit desnavires àEzion-Gaber, près d'Elath, surles
bords de la mer Rouge, dans le pays d'Edom. Et Hiram envoya sur ces
navires, ses propres serviteurs, des marins connaissant la mer, auprès des
serviteurs de Salomon. Ils allèrent àOphir et yprirent del'or, quatre cent
vingt talents qu'ils apportèrent au roi Salomon ». Dans un autre passage,
on apprend queles marchandises récoltées au cours des expéditions, qui
duraienttrois ans, consistaientenor,argent, ivoire, boisdesantalet pierres
précieuses, ainsi qu'en singeset enpaons.
Noustirons decestextes deséléments qui nouspermettent d'évaluer l'or-
ganisation politique et économique de la cité phénicienne de l'époque.
L'administration du palais détenait le contrôle des secteurs décisifs de
l'économie citadine, elle disposait des matières premières, utilisait une
main-d'œuvrenombreuseetspécialiséequiétait directementàsonservice,
et prenait des initiatives économiques de grande envergure comme les
importantes expéditions commercialesversl'étranger.
Les lignes fondamentales de la politique extérieure de Tyr semblent se
confirmeravecles successeurs d'Hiram, dontFlaviusJosèphenous donne
lesnomset les dates jusqu'à 745 av.J.-C. Lesbons rapports existant entre
les monarques de la ville et les souverains d'Israël se poursuivirent; c'est
ainsi que le roi Ithobaal Ier (887-856 av.J.-C.) donna sa fille Jézabel en
mariage àAchab, fils duroi Omri. Onattribue aumêmeIthobaal la fon-
dationdedeuxcolonies,uneauLibanetl'autreenAfrique.L'engagementsur
la voiedel'expansion devint deplus en plus explicite, et la fait queFlavius
Josèpheappellecesouverain«roidesTyrienset desSidoniens»indiqueque
lacitédeTyravait réussiàétendresurSidonunesorte d'hégémonie.
Cependant, c'est également l'époque où la pression militaire del'Assyrie,
engagée dans une politique de conquête de la région syro-palestinienne,
s'accentuera. AssurnasirpalII (883-859av.J.-C.) conduisit plusieurs expé-
ditions militaires danscettezoneet soumitlessouverainsdeplusieurs cités
commeTyr,Sidonet Byblos.
Sonsuccesseur, SalamanazarIII (858-824av.J.-C.), reprendra l'actionmili-
taire, ce qui amènera les États syriens à se coaliser contre l'Assyrie. Les
petits royaumes phéniciens, qui n'étaient évidemment pas en mesure de
mobiliserdesarméesnombreusesenraisondel'exiguïté deleurbaseterri-
toriale, conclurent unealliance quifut, danscertains cas, tout justesymbo-
lique :aucoursdupremierengagement,lecontingentd'Aradosseraformé
seulement de deux cents hommesarmés. Salmanazarremportera des suc-
cèsnotoires àlasuited'unesériedecampagnesconduitesentre 852et 837,
et il contraindra les plus importantsÉtats dela régionàpayeruntribut.
Dans ce contexte, les Phéniciens commencèrent à rechercher plus systé-
matiquementd'autres marchéscommerciaux.Etc'est en814av.J.-C., sous
le règne de Pygmalion (820-774 av. J.-C.), que quelques émigrés tyriens
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Scènedetribut
surlaporte
deSalmanazarIII
àBalawat,Iraq
IXesiècleav.J.C.
Paris,Musée
duLouvre
Laroute
méridionale
La route
septentrionale
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Carte
des implantations
grecques
etphénico-puniques
en Italie
Plandes
fortifications
deRased-Drek
enTunisie
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Vueaérienne
de l'acropole
de l'implantation
punique
deMonteSirai
Sardaigne
d'HippoAcra(Bizerte), quelquestombesontétémisesaujouraucapZebib.
EnAlgérie, ontrouve Hippo Régius (Bône) oùdes découvertes ont per-
mis de commencerà dégagerles murspuniques. ÀCirta (Constantine),
on adégagé un tophet avecnombre de stèles duIIesiècle av.J.-C., voire
plus tardives. La nécropole de Chullu est elle aussi du IIIesiècle, alors
qu'Igilgili (Djidjelli) a restitué des tombes que certains datent du
VIesiècle, d'autres duIIIe. D'Icosium (Alger) onconnaît surtoutles mon-
naies. Tipasapossède une importante nécropole qui remonte sans doute
auVIesiècle av.J.-C.
Toujours en Algérie, à l'ouest, on trouve : loi (Cherchell) et Gunugu
(Guraya), avec des nécropoles assez tardives où étaient déposés un
grandnombre d'œufs d'autruche peints ; LesAndalouses, avecunhabi-
tat et une nécropole du IVesiècle av.J.-C.; l'île de Rachgoun, avec une
nécropole riche de pièces du VIesiècle av.J.-C.; Mersa Madakh, avec
desmursd'enceinte et denombreuses céramiques aumoinsduVIesiècle
av.J.-C.
Sur le territoire marocain, apparaissent : Rusaddir (Melilla) avec une
nécropole des IVe-Ille siècles av. J.-C. ; Emsa, avec des restes d'habita-
tions et de céramique un peu plus tardifs ; Sidi Abdselam el-Bahri,
avec des traces d'implantation et de céramique du Vesiècle av.J.-C. ;
Tamuda, centre habité important maistardifIIesiècle av.J.-C.) ;Tanger
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où, par leurs bijoux et la céramique, les nécropoles indiquent une date
plus ancienne, allant jusqu'au VIIIE siècle av. J.-C. Sur la côte atlantique
on trouve : Lixus (Arcila), déjà rappelée pour son ancienneté légendaire
mais non moins attestée dès le VIle siècle ; Sala, avec des céramiques de
la même époque ; et enfin Mogador, avec des bijoux et des inscriptions
de la même époque.
Surles îles face àla côte africaine, entre Carthage et la Sicile, Malteprésente
Plande des traces phéniciennes remontant au VIE siècle av. J.-C. comme le
la' cropole montrent certaines céramiques oules découvertes du sanctuaire deTasSilg.
deMonteSirai En Sicile occidentale, la colonisation phénicienne fut dense et ancienne.
Sardaigne Le plus grand centre et le plus connu est Motyé, où cette présence est
RuinespuniquessurlacollinedeByrsa, Tunisie
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s'étaient accrus bien au-delà du territoire africain. Les informations
ultérieuresconcernentl'Italie etlaSicileoùlegénéralcarthaginoisMalcos
intervintversl'an550av.J.-C.Il sebattitvictorieusementcontrelesGrecs
etsoumitunepartiedel'île- àl'évidencelazoneoccidentaleoùexistaient
déjàles coloniesphéniciennes deMotyé,Palermeet Sélinonte. Entre545
et 535 av.J.-C., Malcos pénétra en Sardaigne ou, toutefois, la présence
d'autres coloniesphéniciennes (Cagliari, Nora,Bithia, Sulcis,Tharros)ne
suffitpasàlesauverdeladéfaite.
Malcosestunnoménigmatique.Il signifie«roi»etpeutdoncavoirindi-
quéla fonction plutôt quela personne. Cependant, toujours d'après les
sources, la défaite en Sardaigne eut des répercussions à Carthage d'où
Malcosetsonarméefurentbannis. Il serévolta, assiégeaCarthageet s'en
empara. Maisson pouvoir dura peu : accusé detyrannie, il fut mis à
mort. Magonlui succédaet fondaunedynastie qui allait gouvernerde
nombreusesannées.
EncequiconcernelapolitiqueextérieuredeCarthage,l'année535av.J.-C.
demeuresignificative.LesCarthaginoisalliésauxÉtrusquesvainquirentles
Grecs aucours de la bataille d'Alalia, sur la côte orientale dela Corse.
C'était là le signe d'une nouvelle dimension de la politique méditer-
ranéenne, d'une alliance contre les
Grecsd'oùsurgitunedivisionenzones
d'influence :l'Italie continentale- sauf
la Grande-Grèce- aux Étrusques, les
grandes îles et l'Occident mé-
diterranéen aux Carthaginois. Lesym-
boleleplus évident del'alliance étrus-
co-carthaginoise nous vient de Pyrgi,
sur la côte tyrrhénienne, au nord de
Rome. Dans ce centre portuaire
étrusque,unroideCerveterifitgraveret
dédieràladéessephénicienneAshtarté
Feuillesd'or (Uni pour les Étrusques) trois plaques d'or, deux en étrusque et une en
avecdesinscriptions phénicien. La réaction grecque eut lieu en Afrique où, en 510 av.J.-C., le
enphénicien
etenétrusque Spartiate Dorieus conduisit la contre-offensive. Il fut repoussé, mais son
trouvées action démontre pour la première fois la portée que pourrait revêtir une
àSantaSevera, guerre menée sur le territoire métropolitain de Carthage. Dorieus alla
Italiedébutdu ensuite en Sicile, autre lieu de confrontation entre Carthaginois et Grecs :
Vesiècleav.J. C. là aussi il fut battu, mais là aussi il montra l'orientation de l'affrontement.
19,3cm,18,5cm
19,2cm C'est alors que Carthage porta son regard sur la puissance naissante de
Rome,Museo Romeet, naturellement, noua avec elle une alliance contre les Grecs.
NazionaleEtrusco Onydéfinit les zonesd'influence respectives :le territoire latin auxRomains,
diVilaGiulia
•p. 73 unepartie del'Afrique et dela Sicile auxCarthaginois. Letexte dePolybeen
est untémoignage:«Àdetelles conditions, il yaura amitiéentre lesRomains
et leurs alliés, et les Carthaginois avec leurs alliés. Ni les Romains ni leurs
alliés ne devront naviguer au-delà du promontoire dit "Beau" à moins
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qu'ils n'y soient contraints par une tempête ou par des ennemis.
Quiconque yserait contraint par la force ne devra rien acheter sur le
marché,niprendreplusquelestrict nécessaireauravitailement dele' m-
barcationouàlacélébrationdessacrifices;ildevraenoutres'éloignerdans
les cinqjours. [...] SiunRomainvadanscette partie dela Sicile détenue
parles Carthaginois, il yseratraité avecles mêmesdroits quelesautre.
Àleurtour,lesCarthaginoisneferontaucuntortauxpopulationsd'Ardée,
Antium,Laurente,Circé,Terracine,ni d'aucuneautreville
desLatins assujettie auxRomains».
En 480 av. J.-C., un événement décisif témoigne d'un
retournementdurapport deforces. AHimère,surla côte
septentrionale dela Sicile, les Grecsinfligèrent unelour-
dedéfaiteàl'arméecarthaginoiseet, aucours delamême
année,battirent lesPerses àSalamine. Certainshistoriens
lièrent les deux faits en supposant qu'il yaurait eu une
alliance entre Carthaginois et Perses contre les Grecs.
Les historiens modernes n'admettent guère cette hypo-
thèse dans laquelle ils voient un reflet de la propagande
grecque. En tout cas, la victoire d'Himère marque le
début d'unelonguepériode desilence quiprendra fin en
409 av. J.-C. avec l'ouverture d'une nouvelle phase
d'affrontements en Sicile.
En409et 406av.J.-C., les Carthaginois prirent l'offensive
en conquérant Himère au nord, Sélinonte, Agrigente et
Géla au sud. Les Grecs réagirent àleur tour avec l'expé-
dition deDenysl'Ancien qui, en397, arrivajusqu'àMotyé
dont il s'empara. En367, àla mort de Denys,la frontière
sestabilisalelongdesfleuvesAlicosetHimère,sibienque
lesCarthaginoisserendirentmaîtresdutiers occidental de
l'île et les Grecs du reste. Peu de temps après fut conclu
undeuxièmetraité entreRomeetCarthage,contenantuneinnovationpar Monnaie
rapportauprécédent :désormaisCarthagecontrôleraitlaSardaigne,men- punique
en argent
tionnéeparmisespossessionsaumêmetitre quel'Afrique. émission
Lesaffrontements entre Carthaginois et Grecs en Sicile se répétèrent au sicilienne
coursdela deuxièmemoitiéduIVesiècle av.J.-C. :entre342et 339, sur au droit
uneinitiative deTimoléondeCorinthequifutrepoussélorsdelabataille Héraclès-Melqart
couvert
deCrimisos,puis entre318et305,surcelle d'AgathocledeSyracusequi, d'unepeau
défait et assiégé dans saville, réalisa l'audacieux dessein, déjàformépar de lion, et au
Dorieus,d'assaillir Carthagesursonpropreterritoire. Unpassagesignifi- reversprotome
decheval
catifdeDiodoredécritcommentlesGrecsvirentlesalentoursdeCarthage, et palmier
dévoilantlagrandeprospéritéd'unerégionjusqu'iciprotégéedelaguerre 300-280av. J.-C.
toujoursfaiteàl'extérieur :«Leterritoireintermédiairequ'ilfallaittraver- Parme, Palazzo
ser était parsemédejardins et d'arbres fruitiers detoutes sortes, carplu- delta Pilotta
sieursruisseauxétaientcanalisésetirriguaientleslieux. Unesuccessionde
maisonsapparaissaientdanslacampagne,toutesluxueusementconstruites
etblanchiesàlachaux,signesévidentsdelarichessedeleurspropriétaires.
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Vueduport Structuresduport
deCarthage, Tunisie deCarthage, Tunisie
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Les villas débordaient de tout ce qui contribue aux
plaisirs dela vie, puisque les habitants avaient mis de côté
unegrande quantité de biens aucours d'une longue pério-
de de paix. La terre était plantée de vignes, d'oliviers et
d'autres arbres fruitiers. Surles terrains restant, des bœufs
et des brebis paissaient dans la plaine. Il y avait là une
opulence variée car les Carthaginois les plus nobles y
avaient leurs biens et pouvaient jouir des plaisirs de la vie
grâce àleurs ressources ».
Profitant de l'effet de surprise, Agathocle connut tout
de suite le succès :il conquit plusieurs villes africaines et
s'allia, enEgypte, avecles successeurs d'Alexandre. Maisen Sicilela guerre Platavecéléphant
tourna àson désavantage et il fut contraint de rentrer et de conclure, en harnaché
pourlaguerre
305 av. J.-C., une paix qui ramena les frontières aux fleuves Himère et provenant
Alicos. Entre temps, en 306, les Carthaginois avaient signé un troisième deCapena,Italie
traité avec Rome. Il y en eut un quatrième en 279, pour une défense IIIesiècleav.J.-C.
mutuellecontreledernierassautgrec,celuidePyrrhus, roid'Épire, quidut Rome,Museo
NazionaleEtrusco
abandonnerlaSicileen276.Parailleurs, cedépart desGrecspréparaitl'af- diVilaGiulia
frontement entre Carthage et Rome qui débuta en 265, lorsque les •p. 74
Carthaginois marchant sur Messine, les Mamertins qui l'occupaient
demandèrent del'aide auxRomains.
Dansle cadre denotre exposé, il n'est pas possible d'entrer dansle détail
desguerrespuniquessurlesquelleslesauteursromainsnousfournirentune
profusion d'informations. Sur la première (264-241 av. J.-C.), il serait
intéressant desavoirsi lesRomainsavaientprévu- et jusqu'à quelpoint -
le développementdecetaffrontementous'ils l'avaient résolumentpréparé.
Àce qu'il semble, les choses ne sepassèrent pas selon ce dernier schéma. Droitdemonnaie
L'appeldesMamertinsdut plongerle Sénatdansl'embarras bien qu'il s'at- puniqueenargent
tendît àuneguerre courte etlimitée. Celle-ci débutaavecunesérie desuc- émiseenEspagne
considéréecomme
cèspourleconsulAppiusClaudiusCaecusquidébarquaàMessineet arriva leportrait
àAgrigente en 262 av.J.-C. Leproblème de la guerre maritime se posa d'Hannibal
alors aux Romains, car les Carthaginois y étaient déjà bien entraînés. 237-218av..-C.
Polybenousenalaisséuntémoignage:«Ils étaientdetrès loin supérieurs, 22,5g
Gabinete
tant pour la vitesse de leurs navires et leur construction, quepour l'expé- Numismdtico
rienceetl'habileté desmarins. Sicertains d'entre euxétaient repousséspar deCataluna
l'ennemi, ils se retiraient sans courir aucun risque car ils
pouvaient manœuvrer avec agilité et prendre le large.
L'ennemi avançait-il pour les prendre en chasse? Ils se
retournaient, virevoltaient autour de lui ou l'attaquaient
de flanc sans répit, alors que le navire romain pouvait à
peine virer de bord à cause de sa lourdeur et du peu
d'expérience de l'équipage. Cela fut la cause d'un grand
nombre de naufrages. »
Mais les Romains s'adaptèrent vite en construisant une
flotte pourvue d'inventions originales, commele corbeau,
sorte de passerelle qu'on lançait sur les embarcations
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97-XI
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