Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Autres ouvrages
DIAGNOSTICS INFIRMIERS, INTERVENTIONS ET RÉSULTATS, par A. PASCAL, E. FRÉCON VALENTIN.
2007, 4e édition, 640 pages.
SOINS INFIRMIERS I : CONCEPTS ET THÉORIES, DÉMARCHE DE SOINS, par B. AMAR, J.-P. GUEGUEN.
Collection Nouveaux Cahiers de l’Infirmière, n° 2. 2007, 4e édition, 264 pages.
CONSTRUIRE SON PROJET PROFESSIONNEL, par C. EYMARD-SIMONIAN. 2007, 3e édition, 96 pages.
GUIDE DU CALCUL DE DOSES ET DE DÉBITS MÉDICAMENTEUX, par D. RISPAIL, A. VIAUX. 2007,
160 pages.
MANUEL DE DIAGNOSTICS INFIRMIERS, par L.J. CARPENITO. Adaptation française par M. LEFEBVRE.
2007, 9e édition, 800 pages.
DICTIONNAIRE MÉDICAL DE L’INFIRMIÈRE, par J. QUEVAUVILLIERS, G. PERLEMUTER,
L. PERLEMUTER et collaborateurs. 2005, 7e édition revue et corrigée, 1 176 pages.
GUIDE PRATIQUE DE L’INFIRMIÈRE, par , L. PERLEMUTER, G. PERLEMUTER. 2006, 1 536 pages.
Collection Démarche soignante
3e édition
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des
pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une
contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé
du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par
le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4,
L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
•••••••••••••••••
La non-pertinence et le manque de détails des transmissions écrites ont motivé certaines équipes
d’infirmières à adopter le modèle de dossier centré sur les problèmes, recommandé par L. Weed vers
la fin des années 60. Il s’agissait d’une structure logique comprenant l’évaluation subjective et objec-
tive du malade et la planification des soins médicaux et infirmiers (SOAP). La rigidité du système ne
permettait pas de relater les incidents, ni les changements ponctuels dans l’état du patient. Conser-
vant cette approche cognitivo-rationnelle, S. Lampe et un groupe d’infirmières de Minneapolis ont
fait le pari d’élaborer une méthode basée sur le processus de soins qui soit à la fois efficace et effi-
ciente. Ce fut la création du dossier ciblé.
Depuis toujours et en tout lieu, les infirmières ont relégué l’écrit au second plan car elles ont l’impres-
sion de voler du temps au malade lorsqu’elles consignent au dossier le fruit de leurs observations ou
le résultat de leurs actions.
C’est peut-être la raison pour laquelle les infirmières françaises ont été séduites par le dossier ciblé ;
les diagrammes permettent de noter rapidement les observations et les actions répétitives et les cibles
facilitent la lecture des informations décrivant l’évolution de la personne soignée. Cependant il est
illusoire de changer le système de transmissions sans avoir d’abord travaillé sur le raisonnement clinique
et thérapeutique.
L’identification des problèmes ou cibles ne procède pas seulement de l’enrichissement du vocabulaire
mais avant tout d’une collecte de données pertinentes, de l’approfondissement des concepts diagnos-
tiques et du développement de la pensée critique et de l’expertise clinique.
Le dossier n’est pas une fin mais un moyen et, faute d’en avoir tenu compte, certaines institutions ont
retrouvé des informations squelettiques et caricaturales dans les dossiers des patients (exemple :
cible : douleur ; données : a mal ; action : antalgique donné ; résultat : peu soulagé).
C’est ce qu’ont compris et démontré les auteurs de cet ouvrage. Pour Florence Dancausse et Élisabeth
Chaumat, l’utilisation du dossier ciblé doit s’inscrire dans un projet d’établissement centré sur le
patient et ce dossier doit permettre d’évaluer les résultats des soins dispensés par les membres de
l’équipe pluridisciplinaire.
En effet la croissance exponentielle des coûts de la santé a mis un terme à une situation confortable
où l’on pouvait dispenser des soins sans se soucier de leur priorité, de leur impact concret sur le bien-
être et sur la qualité de vie des personnes soignées, ainsi que de leurs conséquences économiques.
Les professionnels de santé doivent donc faire preuve de créativité et de rigueur afin d’utiliser des
outils performants centrés sur la qualité des soins dispensés aux patients.
Cécile BOISVERT, infirmière, M. Sc. N.
Formatrice consultante GRIEPS
Présidente du comité international ANADI
Chargée des relations internationales AFEDI
Préface de Jean-Louis Terra
•••••••••••••••••
Assurer la sécurité et la qualité des soins est l’ambition de toute équipe de soins aussi bien pour
répondre aux attentes des patients que pour se conformer aux exigences professionnelles. Le dossier
du patient représente le support documentaire d’une excellence qui doit être l’ordinaire de toute per-
sonne confiant sa santé à un établissement de soins. Délivrer régulièrement les soins appropriés ne
peut se réaliser qu’en disposant d’une technique au sens noble du terme, c’est-à-dire ce dont se dote
l’homme pour prolonger son cerveau et sa main.
Les transmissions ciblées constituent une réponse technique à ce besoin collectif de maîtriser la qua-
lité des soins en proposant une démarche à la fois systématique et productrice de soins « sur
mesure », adaptés à chaque personne. Cette méthode permet de transformer une somme d’actes indi-
viduels en un tout organisé, grâce à l’apport d’une vision claire de l’état de santé du patient et de la
progression de la démarche de soins. De plus, elle permet de répondre à l’exigence de traçabilité qui
n’a jamais été aussi élevée, à ce jour, car elle protège aussi bien les patients que les professionnels.
Un outil est l’émanation de la pensée humaine. Difficile, la phase de conception n’est cependant pas
la plus redoutable. Passer de l’idée à l’action, de l’acceptable en théorie à l’accepté en pratique, sans
freiner et déformer l’attitude du soignant, sont des épreuves où beaucoup d’outils ont déjà échoué
définitivement.
L’expérience acquise par un grand nombre de professionnel(le)s infirmier(e)s, aussi bien en France
qu’à l’étranger, que les auteurs de cet ouvrage, Florence Dancausse et Élisabeth Chaumat ont su syn-
thétiser, est une preuve que les transmissions ciblées sont au stade de la généralisation dans les établis-
sements de santé. Le fait qu’un chapitre soit consacré à leur implantation est un atout qui devrait ser-
vir cet objectif, certes ambitieux mais légitime. Les transmissions ciblées seront ainsi certainement à
mettre au rang des acquis des professionnel(le)s de santé pour mieux « être ensemble successivement »
autour d’une personne souffrante afin de délivrer des soins de qualité cohérents et continus.
Jean-Louis TERRA
Professeur de psychiatrie
Centre hospitalier Le Vinatier (Bron)
Introduction 1
Remerciements
•••••••••••••••••
1. Loi n° 91-748 du 31 juillet 1991 portant sur la réforme hospitalière art R 710-2.
2. Ordonnance n° 96- 346 du 24 avril 1996 portant sur la réforme de l’hospitalisation publique et privée.
Introduction 3
Elle facilite la compréhension de l’aspect La deuxième partie situe le dossier ciblé dans le
méthodologique en abordant : contexte socio-économique de rigueur et de qua-
lité et propose un exemple de stratégie d’implan-
• le principe d’utilisation ; tation ainsi que des recommandations.
• l’organisation des transmissions écrites et La troisième partie offre les perspectives des
orales ; transmissions ciblées dans le domaine de la
• les invariants de la méthode; qualité : leur contribution à la gestion des ris-
• le lien entre les transmissions ciblées et les ques, au management du chemin clinique inter-
autres outils de l’organisation du travail ; disciplinaire à partir d’exemples, à l’évaluation
des pratiques professionnelles et à l’informatisa-
• l’évaluation et le développement des perfor- tion du dossier patient.
mances requises.
Genèse et éléments
de définition
des transmissions ciblées
•••••••••••••••••
1
1 Introduction des transmissions ciblées eut du succès dès le
départ dans sa forme et dans son utilisation. Pré-
conisée par des professionnels, rapidement opé-
rationnelle, chronologique, elle répond de façon
naturelle à la pratique des transmissions. Son
« L’origine des transmissions ciblées remonte
acceptation dans les structures de soins associée
aux années 1980 aux États-Unis, où S. Lampe et
à une écoute attentive des changements nécessaires
A. Hitchcock3 ont proposé lors de la septième
à la culture soignante en France a permis une
conférence de l’ANADI à Saint-Louis Missouri4,
évolution progressive de la méthode qui nous
un dossier de soins utilisant une nouvelle
permet de vous présenter ces différents travaux.
méthode de rédaction des transmissions, le but
Marie-Claude Leng et Françoise Duquesne8 ont
étant d’enrichir les observations infirmières et de
conçu le concept de la macrocible : synthèse
faire apparaître le rôle propre infirmier défici-
organisée des informations à un moment-clef de
taire dans les nombreuses analyses des dossiers
la prise en charge du client.
de soins américains. »5
Elles se réfèrent au modèle bifocal de Lynda
Cécile Boisvert6 fut la véritable ambassadrice des Juall Carpenito9 pour deux types de macro-
transmissions ciblées dans le cadre de la forma- cibles :
tion continue au GRIEPS7 et dans de nombreux
séminaires en lien avec le dossier de soins, les • La macrocible d’admission qui regroupe les
diagnostics infirmiers, les interventions en cinq éléments de la situation de soins et/ou de
soins… Jusqu’alors les formations à la démarche vie à laquelle le patient est confronté : la mala-
de soins n’avaient pas apporté le résultat die, le traitement, l’environnement, le dévelop-
escompté car elles étaient vécues comme trop pement et le vécu familial représenté selon la
théoriques et inadaptées au terrain. La méthode logique du génogramme10.
3. S. LAMPE — « Focus charting : Streamlining Documentation ». In Nursing Management, 16 (7), p. 43-46, 1985.
4. S. LAMPE, A. HITCHCOCK — Documenting nursing diagnosis using focus charting in Proceedings of the
7th Conférence NANDA. Ed A McLane Mosby, p. 377-382, 1987.
5. C. BOISVERT, É. PATRIARCHE, S. TRUCHARD, L. BOYER — Dossier de soins ciblé : du raisonnement cli-
nique infirmier aux transmissions ciblées. Assistance publique des Hôpitaux de Paris/Lamarre/Doin, Paris, 1997.
6. C. BOISVERT, maîtrise en sciences infirmières à Washington, certificat de raisonnement clinique et éthique à
Boston, chargée en cours à l’université de Paris-Nord, formatrice GRIEPS.
7. GRIEPS : Groupe de recherche et d’intervention pour l’éducation permanente des professionnels de la santé.
8. M.-C. LENG, F. DUQUESNE — Stratégies de soins : diagnostics, objectifs, interventions, résultats. Pradel,
Paris, 1995, p. 23.
9. L.J. CARPENITO — Plans de soins et dossier infirmier. De Boeck Université, Paris, J.B. Lippincott Company,
1997, p. 7.
10. M. McGOLDRICK, R. GERSON — « Génogrammes et entretien familial ». In L.M. WRIGHT, M. LEAHEY,
L’infirmière et la famille. InterEditions, Paris, 1995.
8 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
• La macrocible de relais qui caractérise l’évolu- trop fréquemment et faute de moyens de réduire
tion du patient dans les trois champs de responsa- coûte que coûte le temps de travail.
bilité des infirmiers à savoir le rôle délégué, le rôle L’ARTT est trop vite devenu RTT. En effet le
en collaboration, et le rôle propre. « A » de aménagement devait permettre d’identi-
• Élise Patriarche, Suzanne Truchard, Liliane fier les marges de manœuvre organisationnelles, de
Boyer11 ont illustré, par le biais des transmis- repérer les articulations entre les organisations des
sions ciblées, l’application du raisonnement cli- différents professionnels, de porter un regard neuf
nique infirmier pour une réelle prise globale des sur le management et le fonctionnement interne
besoins de la personne soignée. des établissements afin de mieux servir la clientèle.
La course au temps a amené certaines institu-
• Joëlle Charrier et Brigitte Ritter12 ont établi le tions à diminuer ou à supprimer les temps de
lien entre les transmissions ciblées et les plans de
chevauchement entre les équipes et à penser que
soins guides, outils de formalisation de la démarche
ceux-ci pouvaient être remplacés par les trans-
diagnostique dans le cadre d’un projet de soins.
missions ciblées.
Josette Hart a souligné le rôle prévisionnel du Correctement maîtrisées, les transmissions ciblées
diagramme de soins et son intérêt dans les étu- peuvent faire gagner du temps ou plutôt permet-
des de charges en soins. tre de mieux utiliser le temps des relèves ou des
Enfin tous les professionnels « de France et de réunions cliniques. Au chapitre 3, Comment utili-
Navarre » ont fait ce que les transmissions ser à l’écrit et à l’oral les transmissions ciblées ?
ciblées sont actuellement, c’est-à-dire un pro- nous expliquons que des transmissions écrites
cédé en perpétuelle amélioration. Il offre des performantes permettent aux transmissions ora-
possibilités et des perspectives qui ne font que les d’être un moment de concertation entre les
croître si bien que de nombreux hôpitaux fran- professionnels et de prise de décisions de soins en
çais sont formés depuis 10 ans par le GRIEPS. fonction de l’évolution des personnes soignées.
Au cours de cet ouvrage, nous avons retenu la Les transmissions ciblées ne se substituent pas
méthode qui correspond le mieux à notre con- aux relèves orales : elles les servent pour en faire
ception des soins et qui redonne du sens à la pra- un temps qualité.
tique d’outils professionnels au service de la per- Choisir les transmissions ciblées, c’est répondre
sonne soignée. Cette approche n’est pas au « A » de l’ARTT par l’organisation des écrits
exhaustive car elle correspond à l’utilisation et des échanges professionnels.
d’une méthode dans un contexte de soins avec La diminution des plages de coordination entre
des besoins spécifiques, ce qui en fait sa richesse les équipes a pour résultat de réduire les échanges
dans les exemples choisis en situation réelle mais formels et informels. La qualité des soins est
aussi sa limite. remise en question avec des soignants qui ne
prennent plus le temps de réfléchir ensemble sur
les soins à offrir, sur l’organisation pour y parve-
Les transmissions ciblées nir et sur la qualité de vie au travail à se donner.
face au contexte des 35 heures
En 2002, progressivement, les 35 heures se sont
mises en place au sein de notre système hospita- 2 Éléments de définition
lier. D’un ambitieux projet qui avait pour objec-
tifs de « réduire le temps de travail pour donner
plus de qualité de vie au travail, de qualité de vie
personnelle et de qualité de service rendu à Les transmissions écrites sont les informations
l’usager » (Protocole d’accord du 27 septembre apposées au dossier de la personne soignée par
2001 sur la réduction du temps de travail dans l’ensemble des acteurs de soins, sous la respon-
la fonction publique hospitalière), il s’est agi sabilité de l’infirmière.
« Elles permettent à tout moment, de mieux • de débat, de raisonnement, sur les situations
connaître les éléments nécessaires pour dispen- des personnes soignées et de leur entourage,
ser des soins adaptés à l’état de santé de la per- • de choix de stratégies, d’orientation de soins, en
sonne soignée. »13 fonction des attentes, des possibilités et de l’évolu-
« Les transmissions écrites relèvent de l’exercice de tion de l’état de santé de la personne soignée,
la profession d’infirmière qui comporte l’analyse, • d’expression des soignants favorisant la
l’organisation, la réalisation de soins infirmiers et « distanciation » des situations de soins surtout
leur évaluation, la contribution au recueil de don- complexes,
nées cliniques et épidémiologiques et la participa-
• de régulation des pratiques de soins.
tion à des actions de prévention, de dépistage, de
formation et d’éducation à la santé. »14
« L’infirmière note dans le dossier de soins les Définition des transmissions ciblées
observations et les interventions indispensables
à la continuité des soins et les signe. »15 Les transmissions ciblées sont une méthode pour
Depuis septembre 2001, la norme 316 de « qualité organiser la partie narrative du dossier de la per-
en soins infirmiers » sur l’accueil de la personne sonne soignée, pour comprendre rapidement sa
soignée, précise que l’infirmière doit non seule- situation et les soins nécessaires à dispenser. Elles
ment prendre connaissance des éléments contenus répondent à la fois aux exigences professionnelles
dans le dossier à chaque prise de poste et avant et légales en matière de personnalisation des
chaque intervention mais également noter ses soins, mais aussi au confort des soignants en
observations sur l’évolution de l’état de la per- matière de gain de temps. Cette méthode est
sonne soignée et toutes informations utiles à sa conforme au schéma du processus de soins (don-
prise en charge. Elle doit veiller à l’exactitude des nées, interventions, résultats).
informations notées par elle-même, par les AS,
AP, AMP et par les stagiaires du service infirmier.
En 2005, le référentiel du programme des études
des AS, AP décrit les compétences de ces profes-
sionnels en matière de transmission des informa- 3 Les valeurs de référence
tions : appréciation de l’état clinique de la per-
sonne soignée et participation plus active à des transmissions ciblées
l’écrit et à l’oral. Il leur appartient de rechercher,
traiter et transmettre les informations à consi- dans le dossier patient
gner dans le dossier de soins pour assurer la con-
tinuité des soins17. La personne et/ou ses proches sont au centre de
Les transmissions orales entre équipes qui se l’intérêt professionnel de l’équipe interdiscipli-
succèdent, entre professionnels au service de la naire. Le dossier témoigne de la qualité de cette
personne soignée, ont lieu au cours d’un temps préoccupation. Le modèle de soins passe par la
organisé appelé relève. reconnaissance du patient comme un bénéficiaire
Cette relève est un acte prioritaire, car sécuri- ou client qui s’attend à être satisfait par les soins
taire pour les personnes soignées et leur entou- dispensés. Cette approche lui reconnaît la capa-
rage, ainsi que pour les professionnels de santé ; cité de s’exprimer sur ses attentes en matière de
c’est un « temps qualité » : besoins de santé. Le patient devient ainsi le pres-
tataire privilégié des transmissions. Ces dernières
• d’échange d’informations, sont orientées sur les résultats en terme de béné-
fices pour la personne soignée et pas seulement du séjour et des services. Rapidité d’accès aux
sur les résultats des activités de soins réalisées. informations pour une analyse pertinente de
Le dossier devient le reflet de critères de qualité en celles-ci par l’ensemble des acteurs de soins.
matière de soins. Ces derniers sont les suivants :
Sécurité
Satisfaction de l’usager Les prescriptions médicales et infirmières sont
Par la connaissance des données significatives de posées par leurs auteurs et servent à program-
l’histoire de la personne soignée et de son entou- mer, à valider et à assurer la traçabilité de
rage, données qui permettent de comprendre son l’ensemble des soins (anticipation des risques
état de santé et ses attentes face à l’hospitali- potentiels par le repérage des facteurs favorisant
sation. Une des questions principales qui peut les complications).
conclure un entretien de recueil de données est :
« Qu’attendez-vous M. Jean de votre hospitali- Responsabilité légale
sation et que pouvons-nous faire pour vous Le dossier permet de contrôler, qui fait quoi,
aujourd’hui ? » : comme une invitation à être quand, comment, avec quels résultats pour le
acteur de ses soins ! patient.
•••••••••••••••••
2
1 Introduction nue les écrits tout en leur permettant de relater
l’essentiel. Il s’agit du principe de la recherche de
la synergie : en effet deux produits pris isolé-
ment ont moins d’effets qu’utilisés ensemble.
Lors de l’analyse de dossiers de soins utilisant les La représentation de ces outils de base est :
transmissions narratives, les infirmières constatent
que les informations sont pauvres et confuses. Les • Le diagramme de soins qui est une photogra-
données importantes de l’état clinique du patient phie des activités de soins.
sont noyées au milieu des activités de soins pro- • Les observations écrites appelées communé-
grammées pour la journée. ment transmissions ciblées pour des raisons de
facilité et qui sont une photographie de la per-
Les infirmières proposent alors deux outils indis- sonne.
sociables qui, conjugués, offrent une vision claire
Les transmissions ciblées permettent selon
de l’état de la personne soignée sous la forme de
Suzanne Lampe18 de :
mots-clefs — « les cibles » — et une traçabilité
des activités de soins réalisées dans un diagramme • fournir une description complète, concise et,
de soins (figure 1). à jour, de l’état du malade en évitant les retrans-
criptions répétitives,
Le principe des transmissions ciblées repose sur • faire apparaître dans les transmissions écrites
l’utilisation de ces deux outils (cible et dia- le processus de soins (données, interventions,
gramme) qui sont lus et analysés ensemble pour résultats),
redonner du sens au soin à condition qu’ils • faciliter l’activité à l’aide du diagramme de
soient disposés l’un à côté de l’autre dans le dos- soins,
sier de soins ou regroupés au moment de la
relève.
• resituer chacun dans sa fonction, son rôle et
ses responsabilités,
L’image de « l’effet Cocotte-Minute » illustre
bien ce principe de façon concrète. Le couvercle • améliorer la communication intra- et inter-
et la cocotte sont inséparables pour obtenir la équipes, assurer la continuité des soins,
cuisson rapide, efficace, avec les vitamines et la • être utilisées à des fins légales,
saveur nécessaire à un aliment équilibré. Il en est • retrouver facilement et rapidement l’informa-
de même pour les transmissions ciblées et le dia- tion nécessaire pour la recherche et/ou l’évalua-
gramme de soins, c’est l’effet conjoint qui dimi- tion de la qualité des soins.
18. S. LAMPE — « Focus charting : Streamlining Documentation ». In Nursing Management, 16 (7), p. 43-46,
1985.
12 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
FIGURE 1. EXEMPLE DE COMPARAISON ENTRE LES TRANSMISSIONS NARRATIVES ET LES TRANSMISSIONS CIBLÉES (DOCUMENT GRIEPS)
TRANSMISSIONS NARRATIVES
Date Transmissions Signature
23/08/1998 La patiente se fatigue vite, souvent essoufflée. Mme Martin
Conseils donnés pour qu’elle adapte ses efforts à ses possibilités. IDE
Prévention d’escarres +++.
Protection mise au niveau du siège, très rouge cet après-midi.
TA prise. Traitement donné
Urines gardées. A enfin eu des selles. Se sent soulagée
Mise en DLD19 de 17 h à 17 h 45
puis en DLG de 20 h à 20 h 45.
Ne peut pas supporter plus longtemps.
Calciparine (héparine calcique) 0,35 en SC à 20 h 00.
Patiente très bavarde.
Un peu moins essoufflée ce soir lors de la mobilisation
TRANSMISSIONS CIBLÉES
Date Cibles Transmissions Signature
23/08/1998 INTOLÉRANCE À L’ACTIVITÉ D : Se fatigue vite. Souvent essoufflée. Mme Martin
A : Donné conseils pour qu’elle adapte IDE
ses efforts à ses possibilités.
R : Un peu moins essoufflée ce soir lors
de la mobilisation.
19
20. SIIPS : Soins individualisés à la personne soignée, mesure de la charge en soins inventée par M.C. BEAU-
GHON et son équipe. M.C. BEAUGHON, C. DICK DELALONDE, F. PISTRE-P.VORON — La méthode
SIIPS. Indicateurs d’activités en soins infirmiers. Lamarre, Paris, 1999.
PRN : Projet de recherche en nursing : Guide de l’utilisateur de la mesure du niveau des soins infirmiers requis.
Éros, 5e révision, Québec, octobre 1987.
PMSI : Programme de médicalisation des systèmes d’information ; circulaire DH/PMSI 496495 du 6 août 1996
et ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996.
ANAES : Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé.
14 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
répertoriés dans le diagramme standard. Exem- l’équipe peut s’interroger sur ce qui se passe
ple : un soin de colostomie pour une personne pour la personne soignée à ce jour. Exemple :
hospitalisée en médecine interne. pourquoi Mme Anne ne se lève-t-elle pas au
Il signale les actions engagées pour prévenir 3e jour postopératoire ? Les explications seront
et/ou faire face aux complications liées à la traduites sous la forme de cibles. Elle est fatiguée
thérapeutique, à la maladie, à la situation per- par son séjour en réanimation. Quel est l’objec-
sonnelle du patient ; il en permet le contrôle. tif de soins avec cette personne ?
Lorsque les actions n’ont pu être réalisées ou
lorsqu’une explication est nécessaire, les soi-
gnants ajoutent un astérisque ou un codage de
Comment réaliser
couleur pour signifier la présence de transmis- un diagramme de soins ? (figure 2)
sions ciblées à consulter. Exemple : si le
patient présente de la douleur lors de l’aide à
la marche ou si un malaise a empêché un pre- L’essentiel est de s’inspirer de la culture de soins
mier lever. et des pratiques professionnelles qui sont celles
des unités de soins intéressées. Pour cela, il est
Aspect juridique du diagramme important que les acteurs participent à son élabo-
ration.
Extension de la transmission écrite, il fait par-
tie intégrante du dossier de soins ; il est daté et
signé par les professionnels référents du Il suffit de :
patient ; il est la mémoire de l’activité de
l’équipe auprès de la personne soignée et il sert • lister les activités de soins,
de preuve à un niveau juridique ainsi qu’insti- • recenser les activités de soins répétitives et
tutionnel. régulières trouvées dans les transmissions
concernant les patients fréquemment hospitali-
Aspect dynamique du diagramme sés,
Il est l’outil premier de la relève ; il sert à com- • classer ces activités dans les rubriques soins
menter l’évolution de la personne, à analyser la de base, soins techniques et soins relationnels et
situation, à s’interroger en équipe ; il favorise éducatifs,
l’interactivité entre les infirmières, les aides-soi- • ne conserver que les soins vraiment préva-
gnants (AS) et les intervenants divers. C’est pour lents,
cette raison qu’il est préconisé de le laisser dans • laisser deux à trois « tiroirs » à chaque rubri-
le dossier de soins avec la feuille de transmis- que pour individualiser les situations spécifi-
sions ciblées. Cet aspect est détaillé dans le cha- ques.
pitre 3 concernant la relève clinique « Comment
utiliser à l’écrit et à l’oral les transmissions Il faut harmoniser ensuite les diagrammes dans
ciblées ? » (voir page 35). le site, il est inutile de conserver autant de dia-
Les IDE, les AS, les autres intervenants sont grammes que d’unités car un bon diagramme est
amenés en fonction de leurs compétences à celui qui répond le mieux à la standardisation
cocher au niveau de tous les items (ex. : soins dans ses items et à l’individualisation par ses
relationnels pour les AS). tiroirs. Il est préconisé de les optimiser selon la
Dans son utilisation prévisionnelle (soins durée du séjour : diagramme court séjour, dia-
requis)21, il favorise le fait de poser des objectifs gramme long séjour, diagramme ou dans certai-
contractuels avec la personne, objectifs de pro- nes disciplines comme la réanimation, la psy-
grès assortis de délais. C’est dans le décalage chiatrie, la néonatologie qui ont des soins et des
entre les soins prévus et les soins réalisés que rythmes spécifiques.
21. Soins requis : « Soins demandés par le malade » (M.C. BEAUGHON). Notion de « standard dans les règles
de l’art » (ministère de la Santé, 1996), échelle nationale des coûts par groupe homogène de malades : « C’est-à-
dire que les experts se situent dans les conditions satisfaisantes pour réaliser l’acte (pas de pénurie de personnel,
de temps ou de matériel). »
Principe des transmissions ciblées 15
22
FIGURE 2. EXEMPLE DE DIAGRAMME TYPE 22
22. Exemple de codes pouvant être utilisés : C : complet ; P : partiel ; / : soin prévu ; x : soin réalisé ; z : soin
non réalisé mais ciblé.
{ : Soin réalisé et ciblé ; o : soin stoppé, : premier jour opératoire, l’utilisation de cette légende est expliquée
dans le sous-chapitre Comment écrire ? , voir page 35.
16 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
}
T Antérieure Visées des traitements seulement car le nom et la posolo-
Actuelle gie des médicaments sont sur la feuille de prescription (ou
Prévisible ordonnance) médicale. Noter les régimes, les interven-
Thérapeutique
tions médicales et les interventions des IDE
23. Certaines unités de gériatrie et de psychiatrie intègrent dans l’item vécu le génogramme en référence à
McGoldrick et Gerson (op. cit.). Le but est de mieux comprendre l’influence de la dynamique familiale et sociale
sur les problèmes de santé de la personne soignée.
Principe des transmissions ciblées 17
Situation : monsieur G., âgé de 69 ans, entre dans le service le 26 octobre 1999 pour :
Macrocible Transmissions
26/10/99 Maladie Malaises et altération de l’état général sur récidive de cancer ORL, porteur d’une tumeur au
Accueil niveau de la carotide gauche.
Douloureux depuis quelques jours.
Laryngectomisé en novembre 1998 au CHU de T…
Environnement Habite à, L. dans un petit village situé à 20 km sans relais de soins ni officine, marié sans
enfants, sa femme reste avec lui dans sa chambre pour l’aider.
Agriculteur à la retraite.
Développement La perte de l’équilibre perturbe sa mobilisation, ses soins d’hygiène et son autonomie dans
ses activités quotidiennes.
Il a du mal à se concentrer, à se distraire (il joue habituellement de l’accordéon et regarde les
émissions de variétés à la télévision), et à communiquer depuis qu’il a mal. Il est fatigué.
Perturbé par la douleur qui le réveille deux à trois fois par nuit.
Est relativement mince (1,70 m pour 60 kg).
Risque de chute, de dénutrition à anticiper.
S’est adapté aux soins nécessités par la laryngectomie et est porteur d’une « bavette » de
protection.
24. Décret n° 92-329 du 30 mars 1992 relatif au dossier médical et à l’information des personnes accueillies
dans les établissements de santé publics et privés : art. 710-2-1.
18 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Macrocible Transmissions
13 h le 10/10/98 Développement Dame, 76 ans, veuve en début d’année, entourée par ses enfants. Entrée dans le service pour
Sortie sigmoïdite. Pas d’autre antécédent. Était totalement valide et vivait seule chez elle.
L’utilisation des macrocibles : les macrocibles ont un véritable succès dans les équipes
interdisciplinaires car elles permettent de faire des relais rapides, efficaces et sécuritaires si
bien que certaines équipes très créatives ont étendu leur utilisation à des situations
particulières comme :
– le changement brutal de situation d’une personne soignée, exemple de macrocible :
changement de situation;
– la préparation de l’accueil des personnes soignées lors du déménagement d’un site,
exemple de macrocible : préparation d’un déménagement sécuritaire en gériatrie;
– la présentation de la situation d’annonce du diagnostic de cancer (voir chapitre Les
transmissions ciblées et l’organisation par pôle, p. 193).
Thérapeutique Sort uniquement avec anticoagulants encore pendant 8 jours en prévention des phlébites
(cf. PM jointes) L’ablation des points a eu lieu il y a 2 jours.
Vécu Ne pensait pas que cette intervention serait aussi fatigante, de plus est encore triste suite au
deuil récent de son mari.
Environnement Aussi a souhaité aller à C… se reposer avant un retour à domicile. Elle aura la visite
programmée de l’assistante sociale pour une aide à domicile.
Demande d’accord pour la caisse ci-joint.
Remarques : dans cette macrocible sortie, l’équipe a jugé opportun de commencer par les données du développement pour
présenter la patiente à l’équipe soignante qui doit la recevoir en convalescence. L’important est de conserver les items et leur
contenu.
Principe des transmissions ciblées 19
EXEMPLES DE MACROCIBLE :
CHANGEMENT DE SITUATION
Situation : décompensation respiratoire aiguë chez une dame âgée de 73 ans souffrant de bronchite chronique. Inquiétude
familiale.
Macrocible Transmissions
Changement de situation = choc Maladie Difficultés respiratoires majeures sur surinfection pulmonaire.
Le 10/10/98 à 13 h 45 Cyanose, sueurs, dyspnéique, ailes du nez pincées (voir feuille de surveillance).
Frissons, tachycardie, hyperthermie à 40 °C.
Vécu Agitation.
Effroi.
Développement Totalement dépendante pour tous ses soins d’hygiène et ses activités.
Mise en place de mesures de prévention des complications de décubitus.
Macrocible Transmissions
Altération de la communication D 8 h : Stop sédation - Mme X. ventile spontanément.
13/10/98 Elle cherche à nous parler.
R Est calme.
Utilise volontiers l’ardoise.
A un visage très expressif.
20 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
EXEMPLE DE MACROCIBLE :
PRÉPARATION D’UN DÉMÉNAGEMENT
SÉCURITAIRE EN GÉRIATRIE
Le contexte : le centre hospitalier d’Alès, situé avec des professionnels, soit anciens soit novi-
aux pieds des Cévennes, améliore depuis de ces, regroupés sur le même site.
nombreuses années la qualité des soins dispensés
auprès de la clientèle par l’utilisation d’outils et Afin de faciliter le déménagement des résidents,
de méthodes en conformité avec les attentes des de conserver leurs habitudes de vie et leurs rituels,
soignés, des soignants et de l’accréditation. Une les équipes ont eu, lors d’une guidance, une idée
politique d’amélioration de la prise en charge fédératrice : créer une synthèse d’intégration des
gériatrique est mise en place : résidents dans les nouvelles structures. Il était
impossible de reprendre tous les anciens dossiers
• en 2002, le projet de vie a été élaboré en utili- des résidents et de les mettre à jour avec les trans-
sant une méthode participative incluant l’ensem- missions ciblées implantées seulement depuis peu
ble des personnels des différents sites; pour 20 % de professionnels formés.
• en 2003-2006, une formation aux outils et Les soignants ont opté pour une macrocible
aux méthodes au service du projet de vie est ins- relais avec comme spécificité d’y inclure les
taurée pour deux groupes de soignants pour plu- noms de soignants référents, le potentiel et les
sieurs groupes interprofessionnels composés rituels du résident, quelques éléments essentiels
d’un gériatre, de cadres de santé, d’infirmiers(e) de sa vie, son projet de vie (voir exemple ci-des-
s, d’aide-soignant(e) s, d’une assistante sociale et sus) et un pictogramme d’autonomie.
d’une psychologue. Cette formation comprend Les résultats reconnus dans l’équipe interdisci-
le récit de vie, les transmissions ciblées, le picto- plinaire après une année d’utilisation de cette
gramme d’autonomie, les grilles de dépendances synthèse sont les suivants :
comme leviers de formalisation du projet de vie;
• une aide précieuse à l’accueil des résidents et
• en 2004-2005, la construction de nouveaux moins de stress;
bâtiments a pour finalité d’offrir aux personnes
• peu de perturbations dans les habitudes de
âgées une plus grande capacité d’accueil ainsi
vie, d’où un traumatisme de changement de
que des prises en charge diversifiées. Ce projet
milieu des résidents géré;
de restructuration est une source de change-
ment importants pour les soignés et les soi- • un déménagement organisé et sécurisé avec
gnants qui doivent se retrouver sur quatre sites un accueil individualisé des résidents;
différents. Le déménagement a lieu en • une prise en charge facilitée par les agents y
mars 2006, dans plusieurs sites nouveaux compris les soignants du pool gériatrique;
d’USLD et EPAHD. La restructuration des uni- • pas d’augmentation de décès cette année
tés de personnes âgées est également l’occasion 2007 malgré les bouleversements occasionnés
de mettre en place des nouvelles organisations par ces changements pour les personnes âgées.
Principe des transmissions ciblées 21
Situation : exemple d’un résident de 68 ans qui déménage d’un pavillon regroupant 80 résidents de gériatrie vers une unité
avec une aile réservée à des patients de gérontopsychiatrie.
}
épisode de soins
la situation et qui a été repérée soit dès les pre-
Une préoccupation
miers instants de l’hospitalisation dans le cadre
Une modification de com-
de l’analyse de situation de la personne, soit lors
portement
concernant la d’un changement majeur dans l’histoire de l’hos-
Un diagnostic infirmier
personne pitalisation amenant une nouvelle analyse
Un changement dans l’état
soignée débouchant sur de nouvelles cibles.
de santé
La cible événementielle est donc relative à une
Une réaction à la maladie ou
évolution ou une involution de la situation et va
aux soins
permettre aux soignants de témoigner des modi-
L’intervention d’un autre
fications de comportement, de choix ou encore
professionnel ou service
de connaissances de la personne et éventuelle-
Nous ne sommes pas face à : ment de son entourage.
Les interventions proposées par les profession-
• un diagnostic médical, nels dans le cadre de cette cible, vont être réajus-
• un acte de soins infirmier, tées, adaptées et suivies au niveau des résultats
en fonction de l’évolution de la personne.
• un jugement de valeur.
Pour le soigné comme pour le soignant, la cible
Pour suivre une situation, l’équipe garde le événementielle marque donc un stade dans la
même mot cible jusqu’au résultat final et dans résolution d’une cible qui domine.
une dynamique commune. Pour aider à la for- Les exemples suivants illustrent cette proposi-
mulation des cibles et à l’apprentissage de la tion de définition.
méthode, les équipes réalisent souvent une liste
de cibles prévalentes au début de la mise en Exemples de cibles événementielles :
œuvre du projet ou un glossaire des cibles les
plus fréquemment utilisées en fin d’apprentis- 1 - En service de néonatologie, pour un nourris-
sage (voir la classification des cibles selon le son prématuré devant séjourner longuement en
modèle V. Henderson, pages 76-77). incubateur :
Cible qui domine, repérée en amont : haut risque
Exemples de cibles : de perturbation des relations parents-enfant.
Cible événementielle : première sortie de couveuse
– préoccupation ou comportement du malade ou première « mise dans les bras ».
⇒ anxiété, agitation, chagrin, 2 - En service d’oncologie, pour une personne
– changement d’état de santé ⇒ dyspnée, douleur, atteinte d’un cancer du sein et pour laquelle est
– réactions au soin ou au traitement ⇒ allergie, envisagé un traitement par cures successives de
intolérance, chimiothérapie :
Principe des transmissions ciblées 23
tive et l’organisation du travail « tendue » occa- tion des transmissions ciblées horizontale et une
sionnées par la multiplicité des interventions de structuration verticale, page 50).
soins de la médecine hautement technique.
Remarque : c’est pour cette raison qu’il est
recommandé d’utiliser une disposition verticale
Exemples de résultats obtenus dans la douleur
de l’organisation des DAR (Données, Actions,
Résultats) qui favorise la réflexion circulaire et Le patient se dit soulagé et son visage est détendu,
itérative alors que la disposition horizontale des l’échelle numérique est à 0, le patient peut se mobili-
informations enclenche une réflexion linéaire ser, il dort…
(voir Exemple comparatif entre une structura-
Les exemples proposés ci-après relèvent de situations vécues mais qui ne sont que partiellement relatées. Ce sont des extraits
de dossiers, donc ils sont forcément incomplets.
Cibles « simples » : elles restent sans suite car uniques, isolées dans le temps.
A Recouché, TA : 11/7.
Heure du petit déjeuner avancée.
8h R Se sent mieux.
Dit être très matinal et apprécier un petit déjeuner copieux à 6 h 00.
15/09/99 Fatigue D N’a pas voulu se lever pour la toilette. Ne se sent pas encore vaillante. Dit que les
8 h 30 radiographies l’ont épuisée.
A Toilette au lit.
Soins regroupés.
12 h R A redormi 2 heures de 9 h à 11 h.
A pris aisément le déjeuner au fauteuil.
A À surveiller.
Conseillé de boire.
Enlevé tricot de corps sous pyjama en expliquant la nécessité.
17 h 30 R T° : 37,2 °C.
N’a pas remis le tricot bien qu’il lui manque.
Vécu Est très agité, pose de nombreuses questions sur sa perte de poids, dit :
« Cette fois je suis foutu ! »
Environnement Il habite à … chez sa tante depuis la chute de son état général, son père et
sa sœur sont un soutien important.
21 h R Pense être souillé alors qu’il est propre ; est rassuré de le constater ; climat
de confiance instauré.
A Relation d’aide, climat de sécurité établi : un passage toutes les heures, porte Surveillance nuit
ouverte et lumière dans la chambre.
11/10/98 R Passage toutes les heures, n’a plus de selles à partir de 23 h, s’est endormi à
5h partir de minuit sans réveil.
A Établir une stratégie d’alimentation avec M. M., à partir de ses goûts, Stimulation au repas
modification du régime sur PM du Dr, voir avec diététicienne pour régime
z protidiques et z glucidiques, collations à 10, 15 et 22 h, fiche alimentaire
instaurée.
11 h Anxiété D Son père a téléphoné pour savoir comment il avait passé la nuit et lui Information de la famille
transmettre son affection.
R Viendra à 20 h.
Principe des transmissions ciblées 27
Vue par le Dr M. aux urgences qui suspecte un cancer de Perfusée en voie périphérique, à jeun, a eu un antispasmodique pour
l’ovaire confirmé par l’écho avec présence d’ascite. la douleur.
A été informée par le Dr S., en présence de sa fille, de sa Habite à L…, seule dans sa maison, veuve, bien entourée par ses
pathologie et de son intervention probable, elle est très filles qui habitent Br… Une de ses filles travaille à l’hôpital en
inquiète. cardiologie. Elle est d’origine espagnole, a un fort accent mais
comprend bien le français. Elle était agricultrice.
Totalement autonome pour toutes ses activités de vie Alitée depuis quelques jours car très fatiguée et algique.
quotidienne.
Est relativement mince (1,60 m pour 50 kg) mais dit être Ne mangeait presque plus.
une petite mangeuse depuis la mort de son mari, ne
supporte plus la viande.
Ne dort que 6 heures par nuit depuis 20 ans et ne veut Dyspnéique depuis ce jour.
rien pour dormir.
25. À ne pas confondre avec la cible prévalente qui est la cible la plus fréquemment rencontrée pour le plus
grand nombre de patients (ex. : anxiété en phase préopératoire).
28 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Cibles dominantes et DAR (quelles sont les difficultés rencontrées ou potentielles à l’arrivée de cette patiente ?) :
– Incapacité d’effectuer ses soins et de satisfaire ses besoins.
– Douleur aiguë.
– Anxiété.
– Dyspnée.
– Haut risque d’altération cutanée selon le score de Norton26.
Soins de base :
Aide totale à la toilette.
Mise en place d’un matelas anti-escarre et prévention d’escarres toutes les 2 heures.
Soins de bouche.
Position 1/2 assise.
Aide au lever au fauteuil.
Aide installation à l’élimination.
Soins techniques :
Soins et surveillance des perfusions.
Gestion de la douleur.
Injections IVD.
Soins et surveillance de la sonde gastrique.
26. Échelle de Norton : cette grille a été développée pour les personnes âgées. Un score supérieur à 14 indique un risque minimum,
alors qu’un score inférieur à 12 indique un risque élevé de développer une escarre.
Principe des transmissions ciblées 29
Chacun des exercices vise un objectif précis résumé dans le titre de l’exercice.
27
Exercice n° 1 : identifier le concept 27
Indiquez dans la colonne libre s’il s’agit d’une macrocible, d’une cible, d’une donnée, d’une action,
d’un résultat ou d’autres informations ?
S’agit-il d’une cible ?
Écoute et soutien
Deuil dysfonctionnel
Non-observance
Sommeil
Douleur
Admission
Maelena
Sentiment de solitude
Névrose
Irritabilité
suite W
S’agit-il d’une cible ?
Relation d’aide avec la famille
Incapacité de se vêtir
Anorexie mentale
Méfiance
Isolement social
Service social
Diaphorèse
Nursing
Allergie
Anxiété famille
Facilitation de l’expression
Retrait
Psychothérapeute
Hyperactivité
Agitation
Hygiène
?1 D Langue rôtie avec de nombreuses peaux au niveau du palais, difficulté à ouvrir la bouche
car très réfractaire aux soins, respire bouche ouverte.
A Soins de bouche à l’eau oxygénée puis rinçage à l’eau, explication du soin et mobilisation
douce. Soins à renouveler 4 fois/24 h.
R Les peaux se détachent bien, Mme M. avale mieux et participe en ouvrant la bouche si on
lui explique le soin.
?2 D Sécrétions épaisses, tousse beaucoup mais a du mal à décoller les expectorations et est
dyspnéique.
A Aspirations et humidification.
Prescriptions d’aérosols avec fluidifiant.
Soins de bouche déjà planifiés.
?3 D Crie lorsqu’on la touche, montre de l’appréhension pendant les soins, regarde le scope et
les perfusions avec crainte, est très agitée et a de la difficulté à s’endormir.
?4 D Vomissements de son alimentation entérale à trois reprises ce matin, sans douleur, ven-
tre ballonné.
?5 D Résultat du TCA est le triple du temps témoin, a tendance à saigner lors des soins de
bouche mais constantes normales.
A Médecin prévenu et qui a prescrit x les anticoagulants et TCA demain, surveillance clini-
que et des constantes toutes les heures.
?6 D Personne qui était en fauteuil gériatrique une bonne partie de la journée en long séjour,
n’est plus levée depuis 4 jours suite à l’altération de son état général.
R Elle a apprécié mais n’a pas voulu y rester plus d’¼ heure.
➤ Réponses de l’exercice n° 2
Cible 1 = Atteinte à l’intégrité de la muqueuse Cible 3 = Anxiété.
buccale. Cible 4 = Fécalome ou constipation colique.
Cible 2 = Dégagement inefficace des voies respi- Cible 5 = Risque hémorragique.
ratoires. Cible 6 = Premier lever.
32 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Date et Transmissions
heure
5/03/99 Accueil Maladie Mme X. , âgée de 60 ans.
15 h Entre pour céphalées depuis plusieurs jours et hypertension (19/11).
Thérapeutique Reprise du traitement du domicile + anti-HTA, en perfusion…
IRM prévu le…
Bilan sanguin…
Vécu Mme X. est inquiète. Elle dit qu’elle a peur de récidiver. Elle nous parle de sa
déchéance physique, de la perte de ce qu’elle était, son souci au sujet de son
époux, la charge qu’ils représentent pour sa fille.
Environnement Habite R…, mariée. Accompagnée de sa fille.
Vit seule à son domicile depuis l’hospitalisation de son mari.
Développement Mme X. était institutrice. À la retraite, elle se consacre à ses petits-enfants, à des
activités intellectuelles (lecture, mots croisés) devenues difficiles à cause de ses
yeux et de sa fatigabilité.
Hémiplégie gauche en 1992 avec séquelles se traduisant par :
✓ marche avec une canne,
✓ a des difficultés pour lire.
Mme X. est couchée, elle ne se mobilise pas.
Elle voudrait rester seule dans la chambre (maux de tête, besoin de calme).
Principe des transmissions ciblées 33
➤ Réponses de l’exercice n° 7
Date et Transmissions
heure
Le… Accueil Maladie Admission en hospitalisation libre de M.L. âgé de 58 ans pour cure de désintoxi-
à… cation alcoolique.
Éthylisme chronique depuis 10 ans.
Il boit en moyenne 2 litres de vin par jour et de la bière.
Environnement Sans domicile fixe depuis 15 jours, partageait avec deux autres personnes un
appartement au foyer… Était en contrat emploi solidarité.
A tout quitté suite au départ de son amie et a eu une altercation au foyer.
A divorcé trois fois, a un enfant.
28. Décret n° 93-345 du 15 mars 1993 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infir-
mier.
36 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Cocher ce qui est à prévoir, ce qui semble réali- Situation simple de la personne soignée
sable et à proposer à l’équipe suivante /, person- Situation dans un groupe homogène de patients
naliser le diagramme en utilisant les « tiroirs » dont la pathologie peut faire l’objet d’un proto-
(cases laissées libres pour l’écriture d’interven- cole, femme entre 60 et 70 ans, avec un surpoids
tions autres et souvent spécifiques au service). qui nécessite la mise en place d’une prothèse
Autres exemples de codifications utilisées dans totale de hanche sur pathologie arthrosique
des structures de soins : utiliser un surligneur invalidante.
pour les soins prévisionnels, cocher ce qui est Il s’agit de réaliser avec la personne soignée un
réalisé d’une croix, mettre un astérisque à côté plan de soins prévisionnel avec des objectifs
de la croix en cas de cible. contractuels de reprise d’autonomie et d’éduca-
tion qui peut démarrer dès la consultation.
Remarque : toute codification est intéressante Comment noter les objectifs de soins :
pourvu qu’elle soit harmonisée dans l’institution
et déclinée dans un guide d’utilisation. Ce qui • Noter les objectifs à l’issue de la macrocible
signifie que la réalisation du diagramme et celle de situation postopératoire.
du guide sont liées. • Cocher les soins à prévoir au diagramme
selon le délai retenu.
➤ Pour les transmissions ciblées
• Relire les cibles antérieures car il s’agit de ne Exemple
pas les perdre pour garantir la cohérence et la
continuité des soins. Les objectifs poursuivis avec cette patiente sont
de favoriser un retour à l’autonomie et d’éviter
• En fonction des événements, de l’évolution de
les complications postopératoires. Les soins à
la situation et de l’état de santé de la personne
programmer sur le diagramme de soins sont les
soignée :
suivants :
– compléter la clinique concernant les cibles – Premier lever programmé dès le lendemain.
existantes, – Installation au fauteuil à J 2 pendant x jours.
– écrire les actions réalisées et en proposer – Toilette complète pendant 4 jours, puis toi-
d’autres, lette partielle au fauteuil pendant 2 jours.
– garantir les résultats, qu’il s’agisse d’un – Éducation du patient et de sa famille.
non-résultat, d’un résultat intermédiaire, d’un
résultat positif, Situation plus complexe
– apporter des cibles nouvelles.
Situation d’une personne s’éloignant d’une
➤ Pour articuler diagramme cibles et cibles phase aiguë pour tendre vers une reprise d’auto-
diagramme ou comment aller de l’un à l’autre ? nomie. L’équipe s’appuie sur la lecture verticale
du diagramme qui montre une diminution de la
• Sur le diagramme, l’infirmière et l’aide- dépendance aux soins et sur la lecture horizon-
soignante prévoient et notent toutes les interven- tale qui reflète sa progression dans le temps. Les
tions de soins utiles à la personne soignée. Elles résultats des cibles reflètent une évolution clini-
posent des renvois « cibles » en cas d’événements, que suffisamment favorable pour proposer des
d’éléments à écrire aux transmissions ciblées. objectifs d’autonomisation et de retour à domi-
• Sur les feuilles de transmissions ciblées, cile.
l’infirmière et l’aide-soignante préconisent des
interventions de soins [A], en soins immédiats Exemple
ou à venir et elles vont les cocher dans le dia-
gramme des activités de soins. Mme Dupin âgée de 84 ans entre pour occlusion
Dans le dossier de la personne soignée, il est sur bride intestinale. Après 5 jours d’une phase
conseillé de positionner le diagramme avant les aiguë, elle présente des signes de récupération.
feuilles de transmissions ciblées écrites. Les objectifs du retour à domicile passent par
Pour poser des objectifs de soins et utiliser le une reprise de la marche et des gestes des activi-
diagramme de manière prévisionnelle, plusieurs tés quotidiennes. Ils sont posés en soins requis
situations peuvent être décrites : sur le diagramme de soins.
Comment utiliser à l’écrit et à l’oral les transmissions ciblées ? 37
EXEMPLES D’ARTICULATIONS
DIAGRAMMES/CIBLES
Situation en maternité : femme ayant eu une césarienne. Nous sommes au deuxième jour postopératoire.
Exemple n° 1 :
Lecture du diagramme
• Toilette au lavabo / = Vous deviez aider la personne à faire sa toilette au lavabo. Cela n’a pas été possible.
A Soins regroupés.
Toilette au lit.
Temps de repos respecté.
Exemple n° 2 :
Lecture du diagramme
• Objectif = que l’allaitement soit efficace
R Accès possible par bébé qui tête, mais maman a encore besoin d’être aidée aux prochaines tétées.
38 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Cette relève clinique demande des règles de com- tion de communication : assis en cercle autour
munication (voir Valeur de communication dans d’une table.
les transmissions écrites ou orales, page 41), de L’infirmière et l’aide-soignante qui transmettent,
positionnement et des lieux propices à son effi- sont côte à côte, comme l’infirmière et l’aide-soi-
cacité29. gnante qui reçoivent.
Les autres acteurs sont aussi installés autour de
➤ Conditions de réussite la table.
(Qui-Quoi-Quand-Où-Comment) Le soin tout particulier apporté à l’installation
La qualité, le succès de la réunion clinique repo- des personnes est un gage de succès de la relève
sent sur une organisation structurée. Une relève clinique (figure 4).
bien préparée diminue le stress occasionné par Remarque : beaucoup trop de relèves sont faites
l’ambiance tendue des services de soins de plus sur un coin de table uniquement de mémoire
en plus sous pression. entre deux infirmières alors que les aides-soi-
gnantes (près de la porte pour répondre aux son-
Qui est concerné ? nettes ou dans le service) sont peu intégrées dans
ce partage d’informations. L’apport d’un ergo-
Sont concernés : les infirmières, les aides-soi- thérapeute ou d’un kinésithérapeute est encore
gnantes, les professionnels qui interviennent peu courant même dans des objectifs de retour à
auprès de la personne soignée et/ou de son l’autonomie. À cause de la perte d’informations
entourage et le cadre de santé garant de la qua- et des conditions inconfortables, les soignants
lité des soins dans l’unité. repartent souvent avec la sensation « de ne pas
savoir si l’essentiel a été dit ».
Quand se déroule la réunion clinique ?
Trois temps sont essentiellement repérés : Les outils nécessaires sont à portée de main et à
• le matin pour l’articulation des équipes de portée de regard :
nuit avec les premières équipes de la journée, • le chariot avec les dossiers patients,
• en début d’après-midi pour l’articulation • la planification murale.
entre les équipes de matin et de soir,
• en début de nuit pour l’articulation des der- Les dérangements sont gérés par la délégation à
nières équipes de jour avec les équipes de nuit. une personne désignée avant la relève des élé-
ments suivants : téléphone, appels malades, visi-
Le temps imparti à la réalisation de la réunion teurs, ambulanciers, autres.
clinique est précis, avec une heure de début et Le cadre de santé de l’unité prend toutes les dis-
une heure de fin avec un maximum de positions pour minimiser ces dérangements
30 minutes. (organisation générale de l’unité).
Une réunion clinique dérangée, « décousue » est
Où se déroule la réunion clinique ? un soin dangereux et angoissant.
Elle se déroule majoritairement dans la salle de
soins ou le bureau infirmier ou dans une autre Présentation du contenu de la relève
pièce mise à disposition pour cette activité de 1) Si la personne soignée n’est pas ou peu con-
soins. nue de l’ensemble des acteurs présents autour de
Le lieu est calme, les portes sont fermées. la table :
Comment se déroule la réunion clinique ? • présenter la macrocible accueil avec les habi-
tudes de vie de la personne et ses besoins non
La forme de la relève satisfaits,
La forme de la relève est la suivante : les divers • solliciter l’équipe suivante pour enrichir le
acteurs arrivent à l’heure, ils s’installent en posi- recueil de données si cela s’avère nécessaire,
• argumenter sur les cibles prévalentes déclen- • faire la lecture des cibles, les discuter, les croi-
chées à l’entrée et poursuivre en tenant compte ser, les analyser, les préciser.
de ce qui suit.
Les éléments d’analyse prennent en compte les
2) Si la personne soignée est connue de l’ensem- besoins de chaque personne soignée, ainsi que
ble des acteurs : les informations médicales et celles de l’équipe
interdisciplinaire. Ils ont pour but d’aider la per-
• situer l’hospitalisation de la personne dans le
sonne soignée à restaurer sa santé, à conserver,
temps,
recouvrir ou développer son autonomie pour
• ouvrir le diagramme des activités de soins, cela :
• donner la parole à l’aide-soignante qui com-
mente les soins qu’elle a réalisés puis l’infirmière • poser ensemble les objectifs de soins, s’enten-
fera de même. La lecture du diagramme informe dre sur les interventions de soins précochées au
sur les soins délivrés et sur les soins à venir et diagramme,
permet de mesurer le niveau d’autonomie, de • rechercher les résultats obtenus.
dépendance de la personne soignée. Les autres
acteurs interdisciplinaires peuvent être amenés à « L’évaluation des résultats est prévue et réali-
expliquer le suivi de l’évolution de la personne sée, elle permet d’éventuels réajustements avec la
en fonction de leurs observations, participation de la personne soignée. »30
30. Ministère des Affaires sociales et de l’Intégration, Direction des Hôpitaux, Normes de Qualité pour la prati-
que des Soins Infirmiers n° 12, série « Soins infirmiers », BO n° 91/10 bis, 1991, 51 p.
Comment utiliser à l’écrit et à l’oral les transmissions ciblées ? 41
La relève permet de faire le point sur les pres- • respecter les protocoles de prérelève et de
criptions médicamenteuses, la programmation relève pour en garantir l’efficacité ;
des examens à l’aide des fiches de prescription • donner toute leur valeur à ces temps de
médicale et la feuille de température. transmissions, en particulier de la part des
La relève clinique est également un temps de réa- médecins ;
justement des transmissions écrites. Les partici- • garantir la consultation, l’information et
pants ne doivent pas hésiter à retranscrire des l’approbation de la personne soignée au sujet
informations nouvelles dites oralement et qui des choix et orientations qui la concernent.
sont la plupart du temps des éléments essentiels
de la prise en charge relationnelle de la personne La difficulté à réaliser des transmissions orales
soignée ou de ses proches. Ces informations res- efficaces est souvent le fait de mauvaises condi-
tent souvent orales par pudeur, par difficulté de tions d’organisation et de communication. Quel-
formulation ou par crainte d’interprétation des ques équipes de soins ont élaboré une charte de
« dires de la personne ». Un moment de rencon- la réunion clinique ayant pour buts de :
tre interdisciplinaire peut être justement l’occa-
sion de se concerter sur la formulation des élé- • définir les objectifs de la relève ;
ments à retenir pour dispenser des soins • définir les conditions de réussite de la relève
répondant aux attentes de la personne soignée. clinique centrée sur la personne soignée ;
C’est aussi dans cette complémentarité inter-
• diminuer le stress occasionné par des trans-
professionnelle que des situations de difficultés
missions d’informations dans de mauvaises con-
relationnelles soignants-soignés peuvent être
ditions de bruit, de dérangements, de perte
identifiées et évitées, en mettant en place une
d’informations… ;
nouvelle forme de communication :
• poser les recommandations nécessaires afin
• donner la parole et écouter les remarques de que ce temps sécuritaire de rencontre et d’échan-
l’équipe interdisciplinaire qui seront prises en ges entre deux équipes soit respecté, reconnu, et
compte dans le plan d’actions ; efficace ;
• utiliser un langage professionnel reconnu par • améliorer le climat communicationnel de
tous (et non pas des jugements de valeur sur les l’ensemble des acteurs de soins à la relève ;
patients). • informer les médecins, brancardiers, familles
et tous les acteurs concernés par les soins de la
Valeurs de communication nécessité de respecter ce temps de communica-
tion professionnelle ;
dans les transmissions écrites • réfléchir aux rôles et aux positionnements de
ou orales chaque professionnel dans une relève ;
• s’ouvrir à une culture incluant l’interdiscipli-
➤ Communication de qualité narité ;
Que ce soit pour les poser par écrit ou les échan- • situer la relève dans le système de soins en
ger à l’oral, les transmissions exigent que les lien avec l’organisation des soins ;
professionnels du soin s’appuient sur un certain • permettre un temps d’expression des soi-
nombre de valeurs : gnants sur des problématiques majeurs des
• considérer les transmissions comme un temps patients et favoriser l’évacuation du stress.
fondamental pour la personne soignée et pour
toute l’équipe ; ➤ Conclusion de la relève clinique
• respecter chacun dans ce qu’il est et dans sa
La méthodologie des transmissions ciblées est un
fonction ;
levier qui permet de transformer les relèves en
• écouter ; véritables « temps qualité » au service de la per-
• favoriser l’échange de points de vue ; sonne soignée. Les conditions, qui font de ce
• garantir la tranquillité de réflexion et émo- moment un espace sécuritaire pour la prise en
tionnelle par la gestion des dérangements et une charge des personnes soignées, sont de plusieurs
installation confortable ; ordres (figure 5) et visent à :
42 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Pour traiter de la situation d’un résident qui « Le contexte social de la mise en œuvre de la
entre dans la structure, il est important pour réduction du temps de travail au Centre hospita-
l’équipe de se donner les moyens de connaître ce lier de Béziers a conforté la Direction des soins
résident : dans son positionnement au regard de l’organi-
sation du travail.
• Le rythme d’utilisation du diagramme est En fait, la réduction du temps de travail nous a
journalier pendant 8 à 15 jours ou plus selon contraints, dans le choix institutionnel qui a été
l’état de la personne. fait, à diminuer le temps de relève.
• Conjointement, le recueil de données est com- La Direction des soins, fortement engagée dans
plété et des cibles sont posées. une politique d’optimisation des transmissions,
• Il s’agit d’une période d’observation de la poursuit un objectif de formation des personnels
personne. soignants aux transmissions ciblées écrites,
depuis 1999.
La nécessité d’engager une réflexion visant à
maintenir un niveau de qualité des transmissions
orales (à partir des transmissions écrites) s’est
3 Charte de la relève clinique posée rapidement et de manière forte.
L’engagement dans cette voie s’est effectué
autour d’une journée de travail d’un groupe de
Cadres animée par Mme Dancausse.
Les participants, au nombre de 8, ont ressenti le
Introduction besoin, pour les soignants et les différents
acteurs de l’Institution, de valoriser le temps de
Le texte de Mme Nicole Cantet Bailly, Directeur travail consacré aux transmissions entre équipes
coordinateur général des soins, introduit la et de les rendre plus performantes.
charte ci-dessous appliquée au Centre hospita- Cette volonté est concrétisée dans la charte de la
lier de Béziers. relève clinique. »
4 •••••••••••••••••
10 h Suivi plaie D Inflammatoire, coule un peu au point de redon. Fiche de surveillance plaie.
➤ Exemple n° 2
2h R T = 38,2 °C
6h T = 38,8 °C
➤ Exemple n° 3
A Sermonné.
Porte fermée pour que les autres patients puis-
sent se reposer, redonné l’Équanil (méproba-
mate) prescrit.
Ce que ne sont pas les transmissions ciblées 49
➤ Exemple n° 4
➤ Exemple n° 5
0h Chute D Sonne, dit être tombée, est très agitée, Que disent le recueil de données et
confuse. les cibles précédentes ? Quelle
anticipation ? Protocole ?
17 h Vomisse- Après des nausées pénibles, Bain de bouche à l’eau. Se sent soulagée, mais
ments vomit des débris alimentaires Donner réniforme et serviet- reste nauséeuse et se
avec des efforts et des tes en papier. plaint d’avoir « la tête
sueurs. Arrêt des liquides. qui tourne ».
20 h 30 Douleurs Sonne, se plaint de douleurs Examinée par le médecin de Espace libre qui ne
aiguës abdominales, assez violentes garde. doit pas être utilisé
avec des crampes, est en Voir prescriptions, coprocul- ultérieurement.
position antalgique et est en ture faite.
sueurs, sans hyperthermie. Régime alimentaire modifié
pour le lendemain.
W
Ce que ne sont pas les transmissions ciblées 51
Structuration verticale.
Date et Cibles D : Données Réajustements
heure A : Actions TRANSMISSIONS
R : Résultats
16 h Diarrhées D Agitée, a eu des selles très liquides avec des irritations péri-
anales qui ne lui ont pas laissé le temps de rendre aux toilet-
tes, odeur nauséabonde.
Ballonnements et borborygmes.
Se dit très gênée de cette situation et de nous déranger.
suite W
R Informations comprises.
7h Fatigue D A passé une très mauvaise nuit à cause de douleurs et de Les cibles sont « tricotées
vomissements qui l’ont gênée, s’est endormie vers 5 heures. entre elles » pour ren-
Ne souhaite pas déjeuner. voyer l’évolution de la per-
sonne et enrichir les
interventions.
gnante ou remettant en question leur façon et ne diminue pas la densité des écrits. Quand
personnelle d’écrire. Nous pouvons remarquer faut-il utiliser les feuilles de surveillance et
également que le manque de recueil de données quand faut-il utiliser le diagramme de soins ?
et la difficulté dans le processus diagnostique ne Quand note-t-on l’hyperthermie en cible ? Sur
font pas de la personne le centre des préoccupa- la feuille de température ? Comment utiliser la
tions des soignants et réduisent les transmissions planification murale avec les transmissions
à des faits sans lien entre eux. ciblées ? Voici les questions que se posent les
Dans les difficultés, nous pouvons constater professionnels et que nous allons aborder dans
que l’utilisation incorrecte des outils de l’orga- le chapitre suivant (voir Lien entre les trans-
nisation de travail ne favorise pas des transmis- missions ciblées et les outils d’organisation du
sions centrées sur les préoccupations du malade travail, page 56).
Lien entre les transmissions
ciblées et les outils
d’organisation du travail
5
•••••••••••••••••
L’infirmière s’appuie également sur les outils de outils, qu’ils soient d’analyse, de suivi de situa-
transmission fournis par les professionnels de tion et de projet, de surveillance, et de bonnes
l’extérieur qui prennent la personne en charge pratiques, traduit la mobilisation de l’équipe
dans sa vie quotidienne. face à des problématiques de malade qui durent
Au niveau des transmissions ciblées, la macrocible ou qui méritent d’être précisées ou accompa-
accueil permet de réaliser une présentation syn- gnées.
thétique et organisée de la personne. Elle conjugue Le suivi régulier des diagnostics infirmiers et
l’ensemble des éléments d’information et d’ana- donc des décisions de l’équipe et des résultats
lyse repérés sur les outils de recueil de données et pour le malade est noté aux transmissions.
débouche sur l’identification d’un ou plusieurs Afin d’être concret sur ce sujet, nous vous pro-
diagnostics infirmiers (ou cibles) dominants. posons quelques exemples significatifs des liens
Si ces derniers sont suivis au niveau des trans- entre transmissions ciblées et outils de l’organi-
missions ciblées, le recours concomitant aux sation du travail.
3 Exemples de liens
entre les transmissions ciblées et les outils
de l’organisation du travail
Transmissions ciblées et outils de contrôle pour confirmer ou infirmer
un risque
Date Cibles DAR Transmissions Source d’information (Outils)
Heure
10/05/99 Risque de D Les cibles ennui, inappétence, dégoût et refus alimentaire
14 h déficit sont apparues plusieurs fois ces 2 derniers jours.
nutritionnel M. X. a perdu 2 kg depuis son arrivée. Feuille de température avec
courbe de poids/Taille
Renseignée du 10 au 13/05
13/05/99 Risque de R Le bilan des prises alimentaires avec la fiche de suivi nous
17 h déficit permet, en accord avec la diététicienne, de conclure que
nutritionnel M. X. mange suffisamment.
Il apprécie le fractionnement des repas avec des colla-
tions à 10 h et 16 h.
Son frère est venu chaque jour ; il lui a fait installer la
télévision et le téléphone.
M. X. est plus souriant, rarement inoccupé.
Il dit qu’il ne souffre pas.
La fiche aux dates du 12 et, de ce jour, montre une aug-
mentation de la prise alimentaire.
58 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
32. Échelle de Waterlow : B. BARROIS, F. ALLARET, D. COLLIN — Escarres et épidémiologie. Techniques Hospi-
talières, 1996. J. WATERLOW — « Calculating the risk ». Nursing Time, 1987, 2, 324-331 — C’est une échelle des fac-
teurs de risques des escarres élaborée en Grande-Bretagne en 1984.
Lien entre les transmissions ciblées et les outils d’organisation du travail 59
suite W
V N’a pas bien dormi cette nuit.
Pose beaucoup de questions : anxieuse.
A peur de souffrir.
Plus détendue depuis la prémédication.
29/07/99 Retour de M Mammectomie gauche avec curage sous axillaire. Fiche de suivi opératoire renseignée au
15 h bloc niveau peropératoire
Transmissions ciblées
et outil plan de soins Les éléments habituels sont :
ou plan de soins guide
• la répétition d’un problème pour un patient,
33
J. Charrier et B. Ritter écrivent à propos du • son intensité,
plan de soins guide : « Chaque équipe de soins • l’accumulation de cibles,
doit définir les critères qui lui permettront d’iden- • la difficulté pour les soignants de cerner et de
tifier les situations de patient “hors norme” et qui résoudre le problème,
déclencheront l’ouverture de plans de soins. • la durée du problème dans le temps. »
33. J. CHARRIER, B. RITTER – Le plan de soins guide. Un support du diagnostic infirmier, Masson, Paris, 1999.
60 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
22/06/99 Risque élevé R La rencontre avec Mme A. venue avant hier en con-
12 h de sultation a fortement aidé M. V. qui, bien qu’accep-
perturbation tant les visites, a peu parlé de ce qu’il ressent.
de l’image
corporelle
EXEMPLES DE LIENS
ENTRE LES TRANSMISSIONS CIBLÉES
ET LA PLANIFICATION MURALE
Point/évolution plaie abdominale : résultat – prévention de la douleur 30 minutes avant réalisation – injection à 9 h 30
obtenu après 4 jours de soins selon du pansement – pansement à 10 h
protocole et en référence aux notes de la – pansement avec irrigation – avis médical au lit
fiche de suivi de plaie.
62 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
6
• cerner suffisamment le domaine des interven-
1 Au niveau des étudiants tions en soins pour proposer les actions les plus
adaptées,
• évaluer les résultats des actions entreprises.
Les transmissions ciblées ne sont pas toujours
enseignées dans les Instituts de formation en En première année
soins infirmiers qui considèrent que l’enseigne-
ment des diagnostics infirmiers sur trois années
L’enseignement peut partir de situations simples
est suffisant pour comprendre la méthode. Cette
en première année — comme la description de
position est en partie vraie car être formé au dia-
problèmes physiologiques avec des actions de
gnostic infirmier aide à l’apprentissage des
confort et de bien-être — pour devenir plus
transmissions ciblées. D’autres IFSI, en lien avec
complexes en deuxième et troisième années en
les soignants, ont compris qu’ils peuvent dimi-
regard des modules enseignés. Les exercices pro-
nuer le fossé entre l’enseignement théorique de
posés pour les soignants sont tout à fait utilisa-
la démarche de soins et son utilisation pratique
bles par les étudiants et peuvent servir également
dans la prise en charge des personnes soignées
d’outils d’évaluation pour la compréhension de
dans les dossiers de soins. Ils intègrent alors les
la méthode (exercice d’identification des con-
transmissions ciblées dans les modules d’ensei-
cepts ou de recherche de formulation de cible)
gnement comme aide au raisonnement et à la
ou d’un module d’enseignement. (cas concret,
synthèse au cours des trois années. En plus des
macrocible). Pour être capable de faire une
diagnostics infirmiers, l’enseignement propose
macrocible de changement de situation ou de
aux étudiants de rechercher les cibles possibles
sortie, l’étudiant est amené à compiler des con-
en regard de chaque pathologie ou problème de
naissances d’ordre bio-psycho-sociales, de les
santé et de décrire toutes les données et actions à
organiser et de les synthétiser : comme le fait
envisager.
une infirmière sur le terrain.
En effet pour formuler des transmissions ciblées
Ces exercices le rapprochent donc de la réalité
pertinentes, les étudiants doivent :
de la vie professionnelle.
• avoir une approche des soins centrée sur la Il est également possible de partir d’une situation
personne et son entourage, de soins, de faire rechercher aux étudiants les
objectifs de soins à proposer et de précocher le
• posséder une richesse dans le vocabulaire
diagramme de soins en prévisionnel. Les trans-
médical utile à la description clinique,
missions ciblées offrent de multiples possibilités
• décrire précisément les signes cliniques d’un d’enseignement comme celles de faire construire
problème physiopathologique, psycho-émotion- aux étudiants les cibles reflétant la compréhen-
nel ou social, sion du module enseigné et d’enrichir les inter-
• se questionner sur ce que génère cette obser- ventions de soins observées en stage par une
vation clinique pour prendre des décisions, recherche des soins requis face à cette situation.
64 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Cas concret exploité à l’IFSI du centre hospitalier de Troyes afin d’évaluer l’enseignement des transmissions ciblées en pre-
mière année34.
Exercice n° 1
Reporter les éléments du texte dans le tableau ci-joint des transmissions ciblées. (question sur 4 points) :
Le 15/06 à 10 h : Mme T. se plaint de douleurs abdominales qu’elle décrit comme un tiraillement permanent au niveau de sa cicatrice.
Elle dit être très inquiète concernant l’intervention, avoir peur de faire sauter ses fils en toussant ou en bougeant.
Elle est pâle, elle tremble et s’exprime vite et de façon hachée.
L’infirmière lui donne les 2 comprimés de Dafalgan (paracétamol) prescrits et lui explique les exercices de respiration, ainsi
que les gestes à faire pour maintenir la plaie opératoire si elle a besoin de tousser ou de bouger.
À 10 h 30, l’infirmière se rend à nouveau auprès de Mme T. : elle ne ressent plus aucune douleur.
Elle a compris les exercices et les explications données, elle est moins inquiète.
Réponse à l’exercice n° 1 :
• Quelles hypothèses ai-je tendance à faire ? • Quels problèmes rencontrent ces patients ?
• Quel est mon point de vue ? • Quelles difficultés vivent-ils ? Vous m’indi-
quez des actions, mais que pouvez-vous me dire
• Que puis-je élaborer à partir de mes idées ?
de ces difficultés ?
• Quelle est la signification d’une preuve ?
• Quels signes cliniques ont orienté le choix de
Cette étape représente le début du maillage cette cible ?
indispensable au raisonnement critique. La • Quelles sont les données de ce problème ?
35. L.M. CHARTIER, professeur titulaire du département des sciences infirmières, faculté de médecine de l’uni-
versité de Sherbrooke, Québec — Utilité de la psychologie cognitive pour développer les habiletés de raisonne-
ment diagnostique d’infirmières novices, in 9e journées d’Étude européenne, AFEDI, novembre 1999.
36. P. RICHARD en 1992 « C’est l’art de penser à votre pensée pendant que vous pensez, de façon à améliorer
votre pensée, la rendre plus claire, plus précise ou plus défendable. »
Pédagogie du questionnement au service des professionnels et des étudiants 67
2 Peur
5 Risque de chute
6 Altération de la mobilité
10 Extravasation veineuse
11 Devenir
12 Anxiété
13 Choc
suite W
15 A arraché la sonde gastrique
18 Manque de connaissances
19 Isolement social
21 Décès
23 Épuisement de la famille
24 Risque de déshydratation
30 Syndrome dépressif
32 Diabète
33 Difficultés d’endormissement
35 Flash d’antibiotiques
36 Grippe
37 Éruption
38 Intolérance médicamenteuse
39 Psychologue
40 Fin de vie
A:
R:
Allaitement inefficace D: Bébé pleure peu de temps après les tétées. Maman manque de lait.
A:
R:
Malaise D: A 7 heures : a sonné car dit que « cela tourne ». Sueurs et pâleur.
A:
R:
Sentiment de solitude D: Finalement regrette d’avoir voulu une chambre individuelle. S’ennuie et aimerait avoir
quelqu’un à côté d’elle. Sa famille est trop loin pour venir la voir et le téléphone ne suffit pas.
A:
R:
Allaitement inefficace D: Bébé pleure peu de temps après les tétées. Maman dit manquer de lait à 72 h.
A: Vérifier avec elle son désir d’allaiter et ses connaissances en matière d’allaitement.
Rassurer la maman et lui montrer qu’elle a un début de montée laiteuse.
L’encourager à boire 2 litres par 24 heures.
Vérifier qu’elle positionne bien le bébé.
Lui conseiller le repos.
R: Contente de vérifier qu’elle a du lait, se décontracte. Soulagée de constater que tout est normal
mais a encore du mal à positionner son bébé. W
Pédagogie du questionnement au service des professionnels et des étudiants 71
suite W
Malaise D: À 7 heures : a sonné car dit que « cela tourne ». Sueurs et pâleur.
A: Recouché.
Glycémie capillaire (GC) à 0,40 g TA à 11/6, pouls à 82.
Donné boisson sucrée et servi petit déjeuner.
Sentiment de solitude D: Finalement regrette d’avoir voulu une chambre individuelle. S’ennuie et aimerait avoir
quelqu’un à côté d’elle. Sa famille est trop loin pour venir la voir.
R: A pris le téléphone, souhaite de la lecture, finalement préfère rester dans cette chambre.
Exercice n° 3 : cas concret Dit qu’il a mal à sa jambe droite, grimace, dit
que cela est intolérable « comme dans un étau »,
Réorganisez les transmissions infirmières narra- met sa jambe en dehors du lit, est agité et en
tives sous formes de transmissions ciblées (cas sueurs, Π à 120 et pression artérielle à 17/9.
concret issu d’un dossier de soins de chirurgie Surveillance des constantes et clinique de la jambe.
vasculaire). Pose d’un arceau, informations et explications
M. M., âgé de 75 ans, est accompagné par sa sur l’utilisation de la grille analogique d’évalua-
femme, habite à T… dans une maison indivi- tion de la douleur.
duelle avec un jardin qu’il cultive lui-même, hos- Pied chaud et inflammatoire, coloration de la
pitalisé à la demande de son médecin traitant jambe normale.
pour artérite des membres inférieurs, traité par Évaluation de la douleur à 8/10.
vasodilatateurs périphériques oraux chez une per- Sur prescription médicale injection de morphine
sonne fumant 20 cigarettes par jours depuis l’âge 10 mg sous-cutanée à 13 h et pose d’une perfu-
de 19 ans. Il entre le 8 septembre 1999 à sion de 400 mg de Fonzylane (buflomédil) en
20 heures, pour un bilan d’exploration et artério- poche de 120 ml, matin et soir, la première per-
graphie fémorale droite le lendemain, une pres- fusion à 13 heures.
cription de kinésithérapie respiratoire est faite. Évaluation de la douleur à 2/10, est plus calme,
Dans ses antécédents, il est suivi pour hyperten- se dit soulagé, son pied est dans le lit.
sion artérielle et bronchite chronique évolutive. Il 15 heures : sonne plusieurs fois pour connaître
est soulagé d’être hospitalisé car il a des difficul- les résultats de sa radiographie et l’heure de
tés à la marche au bout d’une centaine de mètres venue du chirurgien.
et son pied droit est un peu rouge. L’infirmière de Pose des questions sur l’évolution de sa jambe.
nuit constate une insomnie, il parle de son pied Dit : « Il va falloir m’opérer hein, c’est grave ! »
qui l’inquiète : pouvoir confier ses préoccupa- Le chirurgien fera une contre-visite dans la soirée.
tions lui permet de s’endormir vers 22 heures. 15 heures : ablation du pansement compressif,
Observations : matin du 9 septembre 99. pression artérielle à 14/9 et Π à 98.
Revenu de son artériographie fémorale à 11 heures. Surveillance de l’état clinique de la jambe de M. M.
Il est calme, sa femme est près de lui. Bilan préopératoire fait à 16 heures.
Perfusion en cours. Radiographies données à l’interne.
Sac de sable et pansement compressif à retirer à À 17 heures 30, il sonne car souffre beaucoup,
15 heures. évaluation à 6/10 avec sensation de crampes
TA 15/9, Π à 96. dans la jambe.
Membre chaud, la perception des pouls fémo- Chirurgien prévenu, modifie le traitement.
raux est normale, difficulté pour le pouls poplité 18 heures : veut voir le chirurgien pour avoir
et pédieux très faibles. une explication sur son état et confirmation
Repas donné à 12 h 30. d’une éventuelle opération.
72 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
Venue du chirurgien qui l’informe sur la néces- Visite de l’anesthésiste : prémédication : 1 com-
sité et sur le but d’un pontage fémoro-poplité primé de Rohypnol (flunitrazépam) à 21 heures
le lendemain avec schéma et explication sur les et injection de 1 ampoule d’Atarax (hydroxy-
bénéfices d’une revascularisation pour sa zine) en perfusion de 250 ml de G 5 % à
jambe. 9 heures le lendemain.
18 heures : injection d’antalgiques et prépara- A compris et dit : « Puisqu’il faut y aller, il faut
tion préopératoire faites. y aller… »
➤ Réponse de l’exercice n° 3
12 h 30 Douleur D : dit qu’il a mal à sa jambe droite, grimace, cela est intolérable : « comme dans un étau ».
Est agité et en sueurs, Π à 120 et TA = 17/9.
A : pose d’un arceau et explication sur l’utilisation de la grille analogique de la douleur, surveillance cli-
nique de la jambe.
15 h Anxiété D : sonne plusieurs fois pour connaître les résultats de sa radiographie et l’heure de venue du chirurgien.
Pose des questions sur l’évolution de sa jambe. Dit : « Il va falloir m’opérer hein, c’est grave ? »
A : facilitation de l’expression.
Information sur l’heure de visite du chirurgien vers 18 h.
18 h Anxiété R : veut absolument voir le chirurgien pour être informé et avoir une explication sur son état. Sera-t-il
opéré ?
A : venue du chirurgien qui l’informe de la nécessité d’un pontage fémoro-poplité avec un schéma et
explication sur les bénéfices de l’amélioration de la vascularisation de sa jambe.
R : Il a compris, et dit : « Puisqu’il faut y aller, il faut y aller ! »
Pédagogie du questionnement au service des professionnels et des étudiants 73
Cibles dominantes :
• Risque de déficit nutritionnel et liquidien relié à constipation importante nécessitant un arrêt de
l’alimentation.
• Altération de la mobilité physique reliée à une fatigue importante.
• Anxiété reliée à l’incompréhension de ce qui se passe pour elle, la réapparition d’anciennes peurs, à la
perturbation de son état actuel de son environnement.
• Haut risque d’altération cutanée, de problèmes thrombo-emboliques, d’altération de la muqueuse
buccale…
⇓
Enclenchement du diagramme quotidien au lieu d’un diagramme mensuel tant que le problème aigu
existe avec programmation des soins suivants :
Toilette totale au lit Barrières + attaches
Prévention d’escarres toutes les 3 heures Surveillance perfusion
Changes complets réguliers Injectable transcutané
Changements de positions toutes les 3 heures Soins et surveillance sonde gastrique
Position 1/2 assise et humidification de l’air
Soins de bouche 3 fois Relation d’aide
⇓
Enclenchement d’une feuille de surveillance des entrées/sorties avec :
• surveillance des selles et du transit,
• de la température et des pulsations et de la pression artérielle,
• surveillance de l’irrigation tissulaire périphérique,
• surveillance de la respiration.
39. À partir d’une proposition faite dans un mémoire de fin d’études d’une étudiante en IFSI :
M.L. COURONNE — Le diagnostic infirmier, l’apprentissage de l’étudiant, janvier 1994.
76 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
FIGURE 7. CLASSIFICATION DES CIBLES SELON LE MODÈLE CONCEPTUEL DE V. HENDERSON (LES DIAGNOSTICS INFIRMIERS SONT SIGNIFIÉS EN CARACTÈRES GRAS)
suite W FIGURE 7. CLASSIFICATION DES CIBLES SELON LE MODÈLE CONCEPTUEL DE V. HENDERSON (LES DIAGNOSTICS INFIRMIERS SONT SIGNIFIÉS EN CARACTÈRES GRAS)
Les cibles présentées dans le tableau ci-dessous • Les cibles prévalentes sont une représentation
sont soit des cibles simples de signes cliniques, d’évènements significatifs pour la personne soignée
soit des cibles prévalentes d’évènements impor- ou ses proches, elles recentrent les soignants sur le
tants pour le patient ou ses proches. vécu, la préoccupation, la réaction du patient à sa
maladie mentale. Conséquentes au raisonnement
• Les cibles simples apparaissent dans une clinique, elles permettent de suivre le patient dans
situation de soins où le patient est encore peu la réalisation du projet de soins.40
FIGURE 8. CLASSIFICATION DES CIBLES PRÉVALENTES EN PSYCHIATRIE39 (LES DIAGNOSTICS INFIRMIERS SONT SIGNIFIÉS EN CARACTÈRES GRAS)
A Bizarrerie Dénégation
Blocage Démarche (administrative, sociale…)
Aboulie Dépersonnalisation
Risque d’Accident C Dépréciation
Agitation psychomotrice Désinvestissement
Altération de l’estime de soi Céphalées Risque de Déshydratation
Altération de l’image corporelle Risque de Chute Désorientation temporo- spatiale
Altération de la dynamique familiale Clinophilie Deuil
Altération de l’état cutané Colère Diarrhée
Angoisse Compulsion Difficultés à (communiquer,
Anxiété Conduite addictive s’exprimer, soutenir l’attention.)
Alimentation insuffisante Dissociation
Conflits décisionnels
Alimentation excessive Douleur aigue, chronique
Confusion
Ambivalence Dyskinésie
Attitude régressive, provocatrice, Constipation Dysthymie
obsessionnelle, … Crise clastique
Auto agressivité Crise convulsive E
Automutilation
D Égocentrisme
B Enurésie
Délire Épuisement des proches…
Boulimie Déficit de soins personnels Escarre W
40. Liste réalisée en collaboration avec Suzanne Truchard, Cadre expert à l’hôpital Sainte-Anne.
78 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
suite W
Euphorie M Refus de…
Extravagance Refoulement
Malaise Repli sur soi
F Manipulation
Retrait
Manque de loisirs
Fabulation Réticences
Méfiance
Risque de Fausses routes Rituels (Comportements)
Méconnaissance
Fatigue
Mobilité altérée S
Risque de Fugue
Mutisme
G Sexualité : dysfonctionnement
N sexuel, perturbation de la sexualité
Grossesse ou Risque de Grossesse Méconnaissance de la contraception…
Nausées
Nervosité Somnolence
H
Non-observance Sentiment de rejet
Hallucination Non adhésion au projet de soins Sentiment de culpabilité
Hématome Sentiment d’impuissance
Hétéro agressivité O Sentiment de solitude
Humour Stratégies d’adaptation défensives
Hyper activité Obsession
Syndrome post-traumatique
Hyper- hypoglycémie Opposition
Sublimation
Hyper- hypothermie P Surdosage
Hypochondrie Risque de Suicide, tentative de suicide
Passivité Syndrome extrapyramidal
I Perte de l’élan vital
Syndrome de manque
Perte d’espoir
Idées suicidaires
Perturbation des interactions T
Inappétence
sociales
Incohérence
Perturbation de la communication Tachycardie
Incontinence urinaire, fécale Perturbation des habitudes de Transgression
Incapacité, d’organiser, d’entretenir sommeil
son domicile Traumatisme
Perturbation de l’exercice du rôle Tristesse
Incurie (parental, aidant naturel)
Risque d’infection Troubles mnésiques
Perturbation de la relation parent-enfant
Insomnie Peur Troubles de la vigilance
Intellectualisation Phobie
V
Intolérance à la frustration Plaintes somatiques
Intolérance au sevrage Prise en charge inefficace du Vertiges
Impulsivité programme thérapeutique Vaccination
Isolement social Projection
Violence envers soi
Programme thérapeutique
L Violence envers les autres
R Vomissement
Labilité
Léthargie Raptus anxieux
Autres
Logorrhée Rationalisation
un cas concret. Le but est de faire comprendre le non formées à travers la prise en charge de
principe des transmissions ciblées à des collègues Mme Impatience.
Ce cas concret réalisé de façon ludique par une change en une personne Mme Impatience qui
équipe sur la prise en charge de la plante du cadre reçoit de l’attention et des soins orientés sur ses
de santé pendant son séjour en vacances montre : difficultés de vie ;
• une réaction positive à la formation ; • une réponse créative ludique et attirante
• une compréhension fine de la méthode ; pour faire passer le message à d’autres soi-
• la démonstration concrète qu’une approche gnants, les intéresser, les inviter à poursuivre la
centrée sur le sujet, ici une plante au départ, la formation.
80 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
7
1 Introduction • la possibilité d’une évolution des pratiques de
soins, des outils de transcriptions et d’organisa-
tion,
• la mise en place de mesures correctrices de ce
projet.
Pourquoi évaluer la qualité de la tenue et du Cet état d’esprit permet de fédérer les équipes
contenu des notes d’information transcrites ou autour de la notion fondamentale de la presta-
orales ? Pour améliorer les pratiques soignantes tion de qualité qui est préconisée par la démar-
à partir d’interrogations soulevées par les résul- che d’assurance de la qualité et l’accréditation. Il
tats obtenus à travers les écrits. demande aux soignants d’être pleinement
Les équipes ont vite compris que les transmis- acteurs et non des agents passifs « subissant »
sions écrites et orales sont la source constante qui l’avènement des concepts d’évaluation et
permet de faire une analyse de l’existant à la d’accréditation. Dans la construction de leurs
recherche d’une démarche qualité. L’étude du outils d’évaluation et dans l’autoévaluation, les
contenu des transmissions écrites associée à celle soignants sont auteurs, acteurs, accompagna-
du contenu de la relève donne des indications sur teurs de leur développement professionnel.
la conception de la personne soignée et la qualité
de sa prise en charge. Comme une photographie à
un moment donné, l’évaluation qualitative des
transmissions offre une remise en cause collective
des écrits et des pratiques professionnelles. Si elle 2
est comprise comme une démarche correctrice,
Les outils de l’évaluation
elle sort de la démarche ponctuelle du contrôle
répressif pour devenir démarche globale conti-
nue, gage de progression. L’évaluation est un
fabuleux outil de progression et de management Les outils d’évaluation des transmissions sont
des projets si elle est acceptée et admise par les des grilles préconisées par ANDEM (devenue
acteurs comme une régulation basée sur : ANAES) dans « L’évaluation de la tenue du dos-
sier du malade » de juin 1994. Avec l’implanta-
• une recherche des résultats obtenus sur le ter- tion des transmissions ciblées, les équipes, les
rain après la formation, formateurs du GRIEPS ont réalisé des grilles
• le repérage des réussites et des erreurs en incluant la grille officielle et des critères spéci-
comparaison avec un référentiel ou des normes fiques aux transmissions ciblées. Ces feuilles
institutionnelles, d’évaluation sont recensées le plus souvent dans
• le suivi de l’évolution de l’implantation d’un les guides d’utilisation du dossier ciblé élaborés
projet, par les structures de soins.
82 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
41. Remerciements à Ginette CABAT, infirmière générale et au groupe référent du centre hospitalier de Rodez
(en mai 1998) :
Chantal BERTRAND, Daniel BOUDOU, Jacqueline DOULS, Sabine FALGUIERES, Annie FAYEL, Danielle
IZARD, Marie-Christine LAGARRIGUE, Christine LATAPIE, Anne-Marie NOUYRIGAT, Brigitte PEYRE,
Françoise ROQUES.
42. Remerciements au comité de suivi du centre hospitalier de Rodez (janvier 1999) :
Chefs de projet : Daniel ARIZA, Jean-Pierre BERTIN, Séverine ALIBERT, Isabelle BASTIDE, Chantal BER-
TRAND, Daniel BOUDOU, Martine CHAMBON, Fabienne DURAND, Christine LATAPIE, Florence MAS-
SOL, Anne-Marie NOUYRIGAT, Brigitte PEYRE, Jacqueline POMAREDE, Élisabeth ROUBELAT, Ghislaine
TRANCHARD, Sandrine LATIEULE.
Évaluation des transmissions ciblées 83
45. Le dossier de chaque personne soignée est ouvert à tous les acteurs de soins. ❏ ❏
46. Une liste de cibles prévalentes dans le service est à la disposition des soignants. ❏ ❏
47. Il existe une liste des paraphes et signatures des utilisateurs du dossier de soins ❏ ❏
dans le service.
W
84 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
suite W
II. PRÉSENTATION DU DOSSIER DE SOINS CIBLE
(à remplir pour chaque dossier de l’échantillon)
CRITÈRES D’ÉVALUATION OUI NON COMMENTAIRES
50. Le dossier de soins est identifié au non du service ou de l’unité fonctionnelle (si ❏ ❏
codé : référence possible à la liste).
52. Toutes les fiches du dossier de soins sont en ordre (éléments classés selon une ❏ ❏
logique commune et partagée).
54. Toutes les feuilles d’observations des transmissions ciblées sont paginées. ❏ ❏
55. Les problèmes de la personne soignée sont notés dans la colonne cible. ❏ ❏
56. Les informations permettant de documenter la cible sont rédigées en DAR. ❏ ❏
La méthode est respectée (Données, puis Actions, puis Résultats).
suite W
III. DÉMARCHE DE SOINS INFIRMIERS
CRITÈRES D’ÉVALUATION OUI NON COMMENTAIRES
D. RECUEIL DE DONNÉES
D1. ÉLÉMENTS DE L’ÉTAT CIVIL ET SOCIAL
E. ANALYSE DE LA SITUATION
La lecture des éléments de la macrocible accueil et (ou) tout autre
outil de recueil permet de faire :
E1. ANALYSE DE LA SITUATION DE LA PERSONNE SOIGNÉE
82. Les cibles dominantes sont reprises dès les premiers écrits sur les feuilles de ❏ ❏
transmissions.
83. Les cibles mentionnées sont centrées sur la personne soignée car elles sont ❍ ❍
témoins de :
– un changement dans l’état physique;
– un changement de comportement;
– un événement inattendu ou inhabituel;
– une réaction aux soins ou aux thérapeutiques.;
– une préoccupation de la personne soignée ou de sa famille;
– un diagnostic infirmier;
– un événement significatif en cours d’hospitalisation ou de traitement (macrocible).
(Sur ce critère il n’est pas obligé que tous les éléments présents soient cochés.)
W
88 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
suite W 84. Existe-t-il une formulation erronée des cibles telle que : ❍ ❍
– un diagnostic médical;
– un acte de soins;
– un jugement de valeur;
– un besoin de la personne soignée (élimination, alimentation);
– une régulation de l’équipe.
(Sur ce critère il n’est pas obligé que tous les éléments présents soient cochés.)
86. La lecture successive des cibles renseigne sur l’évolution de l’état de santé de la ❏ ❏
personne soignée.
87. Les cibles « signe » sont croisées pour déboucher sur des cibles diagnostics ❏ ❏
infirmiers.
98. Toute activité repérée par une flèche est expliquée par une cible. ❏ ❏
W
Évaluation des transmissions ciblées 89
suite W 99. Les cases blanches du diagramme sont utilisées pour poser les actes spécifiques ❏ ❏
au service et (ou) à la situation de la personne.
100. Les actions proposées amènent à l’utilisation d’outils de suivi et (ou) de
surveillance (outils sécuritaires) (feuille de suivi : pré-, postopératoire, de plaie,
d’alimentation, d’un diabétique, de posture, autres…).
101. Chaque action est suivie d’un résultat à plus ou moins longue échéance. ❏ ❏
102. Les résultats écrits renvoient que les problèmes sont : ❍ ❍
Résolus.
Partiellement résolus.
Non résolus.
(Sur ce critère il n’est pas obligé que tous les éléments présents soient cochés.)
105. Les réajustements consécutifs aux évaluations des résultats sont notés. ❏ ❏
F7. LES MACROCIBLES
106. Les macrocibles sont une synthèse de situation et de relais avec la personne ❏ ❏
soignée et (ou) son entourage, en équipe pluridisciplinaire.
On retrouve : ❍ ❍
– une synthèse de sortie (au domicile, mutation dans un autre service : interne ou
externe, décès);
– une synthèse liée à un changement de situation (à l’entrée ou en cours
d’hospitalisation : décision opératoire, situation postopératoire, mise en place d’un
traitement lourd, préparation à un examen, aggravation de l’état de santé, fin de
vie).
Une macrosynthèse permet :
– d’identifier et de visualiser la situation considérée,
– de déboucher (si besoin) sur des cibles assurant la gestion des
risques et des complications,
– de gérer la situation.
90 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
43. G. NUNZIATI — « Pour construire un dispositif d’évaluation formatrice », Cahiers pédagogiques, n° 280,
1990, p. 47-64.
44. L. ALLAL — « L’évaluation formative des processus d’apprentissage : le rôle des régulations
métacognitives », in R. HIVON (éd.), L’Évaluation des apprentissages, Sherbrooke (Québec), Éditions du CRP,
1993, p. 57-74.
45. M. VIAL — « L’autoévaluation comme autoquestionnement », Les Cahiers d’Aix, n° 12, 1997, université de
Provence, département des sciences de l’éducation.
46. F. CAMPANALE — « Autoévaluation et transformations de pratiques pédagogiques », Mesure et évaluation
en éducation, vol. 20, n° 1, 1997, p. 1-24.
Évaluation des transmissions ciblées 91
Items Dossiers
1 2 3 1 2 3 total
Feuille de transmissions
6. La description de la personne à l'entrée est notée sous forme de macrocible complète M,T,V,E D.
Transmissions ciblées
9. Les cibles sont centrées sur les réactions du patient à sa maladie, aux soins, à son devenir...
10. Les cibles sont anticipatrices des risques et/ou des complications.
W
92 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
18. Les résultats sont exprimés en termes qualitatifs pertinents et/ou en termes quantitatifs.
20. Globalement, la lecture des transmissions ciblées permet de suivre l'évolution clinique du patient
dans le dossier.
Diagramme
27. Globalement, le diagramme permet la lecture de l'évolution du patient à travers les soins réalisés
ou programmés.
Macrocible de sortie
29. Globalement, le dossier de soin retrace la réflexion soignante de la prise en charge du patient.
Total
Observations :
ORGANISATION DE LA RELÈVE
1. Où se passe la réunion et à quelle heure ?
2. Comment les personnes s’installent-elles dans la salle ? Quel est le positionnement de chacune (plan d’installation) ?
3. La confidentialité des informations est-elle respectée?
4. Qui sont les professionnels présents ?
5. Le groupe subit-il des dérangements pendant la réunion ? Si oui lesquels ?
6. Qui anime la réunion ?
7. Comment se répartit le temps de parole ?
8. Quels sont les supports utilisés ?
9. D’autres thèmes que le traitement des informations de soins sont-ils abordés ?
10. Quelle appréciation faites-vous du climat relationnel entre les participants?
11. Les informations échangées sur les réactions des personnes ou des familles permettent-elles d’envisager des diagnostics
infirmiers, des cibles hypothèses ou potentielles?
ANALYSE DU CONTENU DES INFORMATIONS ÉCHANGÉES
Complète et précise
Diagramme
Ouvert en premier
Cibles
Sont citées :
47. Les informations échangées sur les réactions des personnes ou des familles permettent-elles d’envisager des
diagnostics infirmiers ou des hypothèses ?
Exemple de dossiers ciblés en
psychiatrie, en chirurgie vasculaire,
en long séjour, en hébergement
•••••••••••••••
8
1 années, cette description devient répétitive et
Présentation d’un « dossier redondante et peut masquer d’autres probléma-
ciblé » réalisé en psychiatrie tiques que les symptômes cliniques récurrents.
Les soins prescrits sont notés dans la feuille de
traitement de façon systématique. Par contre les
interventions relevant de la compétence spécifi-
Le contexte que des infirmiers psychiatriques sont peu ou
pas formulées et l’explication donnée par les
Le dossier patient en établissement psychiatri- professionnels est que beaucoup de soins sont
que répond aux mêmes exigences législatives relationnels et sont imprégnés des interactions
que les dossiers des hôpitaux généraux et des cli- soignants – soignés, compliquées à transcrire, si
niques. Cependant, la spécificité et la complexité bien que la traçabilité des projets de soins ou de
des prises en charge en santé mentale ont néces- vie est relativement difficile à suivre rétrospecti-
sité des ajustements pour garantir au soigné et vement. Pourtant, la formulation des résultats
au soignant une relation thérapeutique interac- obtenus à l’aide de ces interventions favoriserait
tive et sécuritaire. (Exemple : la loi du 4 mars la déduction des éléments de construction de
2002). l’avenir du patient et de ses proches. En effet, les
Ce dossier regroupe les informations contenues patients changent souvent d’unité ou de struc-
dans différents sous dossiers (le dossier médi- ture dans le cadre d’un projet, pour rapproche-
copsychiatrique, le dossier social, le dossier ment familial, par épuisement des proches ou
administratif, le dossier psychologique, le dos- des équipes, par manque de place, pour un suivi
sier de soins) pour un même patient. Elles doi- en extrahospitalier…
vent être accessibles dans la structure mais aussi Il est alors nécessaire de rendre compte des inter-
dans le réseau de soins psychiatrique. Donc, ventions, de l’élaboration des décisions, des
comme pour les autres établissements la ques- changements et des commentaires de différents
tion de l’harmonisation des écrits, de l’utilisa- soignants pour assurer un suivi régulier.
tion d’un dossier unique transversal et de l’infor- Certaines équipes ont choisi d’utiliser la
matisation se pose actuellement. méthode des transmissions ciblées pour mettre
La transmission narrative dans les dossiers de en valeur le projet de soins avec la personne soi-
soins en psychiatrie est particulièrement riche gnée et dispenser des soins dans une dynamique
dans le recueil de données, dans l’histoire du soignante cohérente et constante. L’utilisation
patient et dans la description clinique de la du « dossier ciblé interdisciplinaire » est pour
symptomatologie. L’évolution de la personne eux une réponse favorable à une logique spécifi-
soignée étant souvent échelonnée sur plusieurs que et à une structuration adaptée.
96 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
THÉRAPEUTIQUE : Vue par Dr…, traitement et contrat instaurés, certification des 24 heures du HDT.
Ce qui est prescrit au patient Neuroleptique en injectable car refus du traitement.
(ex : injections, traitements per os antérieur
et actuel, entretien, chambre médicalisée,
régime diabétique…)
VÉCU : Elle est mère célibataire d’un garçon de 12 ans. Est née en Algérie en 1962 d’une famille de
Biographie (ex : enfance, famille, mariage, Harki de 4 enfants, départ à l’âge de 3 ans. Lors de leur arrivée en France, ses parents ont
naissance, divorce…) pouvant être illustrée francisé les prénoms pensant faciliter leur intégration. Jamilla est devenue Camille. Elle est la
sous la forme d’un arbre généalogique troisième d’une famille de 4 enfants (ses frères nés en 1958 et 1960 sont mariés et ont des
GÉNOGRAMME enfants qu’elle ne voit pas, sa sœur célibataire en 1967). Sa relation est conflictuelle avec son
père et ses frères, fusionnelle conflictuelle avec sa mère, proche avec sa sœur, très proche de
son fils. Elle a le sentiment que son enfance et sa scolarité ont été sacrifiées pour l’éducation
de ses 2 frères. Elle admire sa sœur car elle a obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur.
(voir figure 9, page 92)
ENVIRONNEMENT : Vit en appartement à L. dans le nord de la France avec son fils de 12 ans dont elle s’occupe
Lieu d’habitation, de travail, environnement beaucoup. Son fils est confié à ses parents qui habitent la même ville.
culturel et social Travaille en usine depuis plusieurs années.
DÉVELOPPEMENT : Scolarité jusqu’au BAC puis fait des petits boulots et trouve une place en usine. Ses activités
Scolarité, habitudes de vie, loisirs sont rythmées par la vie quotidienne de son enfant. Ses habitudes alimentaires sont restées
celles de son mode de vie en Algérie, sans pratique religieuse. Fume un paquet de cigarettes
par jour. Son appartement est quasiment vide car elle s’est séparée de plusieurs meubles, elle
dit « qu’ils lui rappellent trop son passé douloureux et qu’ils ne peuvent pas plaire à l’homme
amoureux d’elle ».
➤ Projets de soins (voir tableau page 97) Synthèse intermédiaire du 30 janvier 2003 :
À l’entrée : du 1er janvier au 30 janvier 2003 : • Établir une relation de confiance avec Camille
• Améliorer l’état clinique et surveiller son évo- pour lui permettre la reconnaissance de ses trou-
lution. bles afin d’envisager leur gestion et la modifica-
• Prévenir une perturbation de la relation tion de son mode de vie avec un suivi du service
d’attachement avec son fils. extra-hospitalier.
Exemple d’un dossier ciblé 97
48
32 44
58 60 62 60 67
85 82 89 90
Appartement à L.
dans le nord
de la France
Injections : IM
Petits soins, pansement W
A Vue par le médecin, explications données sur l’origine de l’HDT : c’est un traitement pour
l’aider et diminuer la conviction délirante.
Établir un climat de confiance.
Négociation avec la patiente pour appliquer le traitement.
Propos délirants 17 h D Pendant l’entretien médical, discours cohérent mais qui se désorganise quand elle parle de
l’homme qui régit sa vie et ses pensées, confusion identitaire.
suite W Perturbation de la 10 h D Exprime beaucoup d’inquiétude pour son fils, pose de nombreuses questions sur le temps
relation mère enfant de séparation, veut savoir si tout se passe bien.
R A téléphoné et a laissé un message sur le répondeur car absent, était déçue et attend son appel.
Une liste de cibles prévalentes en psychiatrie est tionnement au service des professionnels et des
proposée dans le chapitre 6, Pédagogie du ques- étudiants, page 77.
Macrocible accueil
La macrocible est débutée dès les urgences et est recueil de données initiales fait dans les 48 pre-
complétée dans le service pour synthétiser le mières heures.
IDE
Accueil service
AS
N° entrée : NPP :
Date entrée : 21 octobre 1998 Service : chirurgie vasculaire Sexe : M
Nom/Prénom : XXX/yyy
Sit. fam. : marié Njf :
Né(e) le : 29 juin 1927 A: Dépt. : 12
M
Nationalité : Profess. : retraité agriculteur
A
Adresse :
L
A
Accident : Date :
D
Ambulance : Tél. P. à prév. :
E
Pers. à prévenir : 0565XXXXXX
Adresse :
D
Nom/Prénom : ALD :
Bénéfic. :
A
Adresse :
S
S
Employeur :
U
N° de SS :
R
Débiteur 1 :
É
Débiteur 2 :
W
100 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
suite W
Circonstances/motifs/symptômes Adressé par : Dr Xyy
Nécrose du gros orteil du pied droit Adressé à : Yxx
Douleur et inflammation du pied droit
Traitement habituel : cf. feuille
de température :
Antiparkinsonien
Antihypertenseur
M HBPM (Lovenox [énoxaparine sodique])
Vasodilatateurs
Protecteur gastrique
E IDE à d o m i c i l e Tuteur
RESPIRER Normal
SE MOUVOIR Utilisation de cannes. Son épouse l’aide. Se dépla- Périmètre de marche réduit. Et à
H SE VÊTIR çait avec son tracteur pour aller faire ses courses. présent ne peut plus se déplacer.
A
B BOIRE ET MANGER Refus d’aliments mixés bien qu’il n’ait pas de dents. Appétit perturbé par la douleur.
I
ÉLIMINER Normal Urinal à portée de main. Être à
T
deux pour l’amener au WC.
U
M D ÊTRE PROPRE Son épouse l’aidait. Est complètement dépendant.
E
S
COMMUNIQUER Élocution très rapide du fait du Parkinson. Traitement à gérer par l’équipe car
D APPRENDRE A un bon niveau d’information sur l’artérite, le risque de se tromper sans l’aide de
E Parkinson et son traitement pris en charge par son épouse.
son épouse.
V
SE REPOSER Se couche très tard. Dort 5 à
I
DORMIR 6 heures par nuit, se réveille la nuit
E
en raison de la douleur. Met sa jambe
à pendre au bord du lit. Demande à
être soulagé pour pouvoir dormir.
Paramètres : heures
TA
Pouls
Température
suite W
Bilan ) Standard Radiographie
Cardiaque Labstix
Alcoolémie X ECG
X Hémostase Dextro
X Groupe Rhésus
Bijoux Carte de SS
Dentier Divers
Autre :
Risque (D) Immobilité. Ne se lève plus. Troubles circulatoires majeurs. Apports nutritionnels
d’escarre moyens car appétit perturbé.
22/10/98 Décision (M) Douleur et troubles circulatoires. Orteils nécrosés. Coup de pied rouge et chaud
18 h opératoire avec diffusion vers le haut.
(V) Patient informé mais reste un peu tendu et silencieux. N’a pas été choqué car il
s’attendait à l’opération. Exprime que cela le soulagera.
(R) Dit être mieux au fauteuil que couché. Est resté au fauteuil toute la soirée. IDE et AS
Deuil (D) Au cours du lever, a dit combien cela lui « faisait drôle de ne plus avoir sa jambe ».
(A) L’avons écouté, rassuré sur la normalité de son ressenti, avons évoqué son
appareillage à venir.
Douleur (R) Dit avoir mal à type d’élancement dans le moignon. EVA à 5.
16 h
(A) Membre surélevé. Pansement vérifié au niveau compression et saignement.
Donné 2 Dafalgan. IDE
Nuit
Douleur (R) Calmé jusqu’à maintenant, mais recommence à souffrir. EVA à 4
22 h 10 Décrit la même chose qu’à 16 h.
(A) Avons discuté avec lui pour lui expliquer qu’il gagnerait en autonomie s’il était
rééduqué et appareillé et que cela vaut la peine d’essayer.
Lui en reparler.
Confié à la kiné pour verticalisation et repositionnement du genou.
25/10/98 Deuil (D) Pansement refait pour la 1re fois. Le patient a regardé le moignon.
22 h 10 11 h Après réfection du pansement et mobilisation, le patient dit ressentir une douleur au
niveau du moignon. EVA à 7.
11 h 30 (R) Bien calmé et se dit rassuré d’avoir vu le moignon et la plaie , a dit : « C’est mieux IDE
que je ne le pensais ! »
Risque de prise (A) Renforcement de ses connaissances pour le convaincre un peu plus (côté pratique et
en charge esthétique). Le chirurgien lui a aussi parlé dans ce sens.
inefficace de sa Avons aussi discuté du retour à domicile et de la difficulté de l’épouse à le prendre IDE
mobilité future en charge s’il n’est pas appareillé et s’il ne marche pas.
(R) Nous rappelle que c’est son médecin traitant qui l’a informé sur l’impossibilité
d’appareillage, mais il convient que cela se passe plutôt bien et qu’il ne tremble pas.
Douleur (D) Dit avoir une petite douleur. Préfère prendre un analgésique. Serait-il anxieux face à
moignon sa rééducation ? EVA à 5.
(A) Relation d’aide. Donné 2 Dafalgan. Explications sur ce qui peut se faire en rééducation. IDE W
Exemple d’un dossier ciblé 105
suite W 26/10/98 Douleur ? ou (R) Dit avoir encore mal au moignon à type de légers tiraillements et battements EVA à 3
anxiété ?
(R) D’accord, mais trouve que c’est un peu loin de chez lui.
(A) La kiné lui fait toujours la rééducation en lui apprenant la verticalisation et les
transferts lit-fauteuil.
Risque (R) Peau saine à tous niveaux favorisée par mobilisation et levers augmentés. AS
d’escarres ↕
Deuil (R) Regarde le moignon pendant le soin et dit : « C’est bien hein ! on va y arriver… »
Douleur ↕ (R) N’a plus de douleur moyennant calmants avant le pansement. IDE et AS
Macrocible de sortie
• d’appuyer le plan d’actions à mettre en place
à l’arrivée dans le service de rééducation, sur les
La synthèse de sortie est réalisée par l’équipe de
problèmes résolus, partiellement résolus et non
chirurgie pour :
résolus avec la personne soignée,
• permettre à l’équipe de rééducation d’avoir • d’assurer une coordination et une continuité
connaissance de l’évolution de la personne soi- entre les deux unités.
gnée et de ses difficultés pendant son séjour
postopératoire, Quelques jours après :
106 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
49. Centre hospitalier général de Rodez, remerciements aux équipes soignantes du service de chirurgie vas-
culaire et du service de long séjour, et plus particulièrement aux cadres de ces unités : J.-P. Bertin et
C. Latapie pour leur collaboration à ce travail.
108 Document 2 : Fatima T.
Document 3 : Bernadette V. 109
110 Document 3 : Bernadette V.
Document 3 : Bernadette V. 111
112 Document 4 : Émilie R.
Document 4 : Émilie R. 113
114 Document 4 : Émilie R.
Document 4 : Émilie R. 115
116 Document 4 : Émilie R.
Document 4 : Émilie R. 117
118 Document 4 : Émilie R.
Document 4 : Émilie R. 119
120 Document 5 : madame L.
Document 5 : madame L. 121
122 Document 5 : madame L.
Document 5 : madame L. 123
124 Document 5 : madame L.
Document 5 : madame L. 125
126 Document 5 : madame L.
Document 5 : madame L. 127
128 La méthodologie d’utilisation des transmissions ciblées
50. Remerciements aux équipes soignantes de l’hôpital de Pézenas et plus particulièrement au groupe référent :
Jacqueline DEJEAN, Agnès DUBOIS, Line GUILLET, Sophie JAOUL, Montserrat MARIOJOULS, Pascale PEY-
ROLLES, Myriam RIVIÈRE, Odile TEN.
Exemple d’un dossier ciblé 129
permis de mener une réflexion sur l’utilisation de • une coordination infirmières, médico-tech-
ces outils pour faire vivre le projet de vie du rési- niques, aides-soignantes, agents des services
dent. Il a été décidé d’intégrer le pictogramme hospitaliers sur le même support,
d’autonomie dans le diagramme de soins pour : • une information rapide et précise à la lec-
• une visualisation globale du résident dès ture de l’évolution de la personne sur le dia-
son arrivée en lien avec la synthèse d’accueil gramme de soins et à l’aide des cibles
et à chaque relève clinique, événements de la vie du résident,
• la réalisation du bilan d’autonomie sur le • un langage professionnel commun à tous
même support que celui regroupant les activités les soignants.
de soins pour poser les objectifs de soins en lien
avec le projet de vie en équipe interdisciplinaire,
Image de lui très forte, solitaire, exigeant pour lui et les autres. Volontaire et veut se gérer et pour y arriver
V est capable d’une grande discipline. Est capable de formuler ses attentes et ses besoins. Est très organisé.
Expression verbale ou non Dit : « ne pas vouloir partager des activités avec d’autres personnes qui se tiennent très mal ».
verbale du ressenti du résident
ou de sa famille
Aide : toilette, habillage (chaussure orthopédique côté AVC), pour mettre sa prothèse (membre supérieur).
D Repas (couper la viande), couverts adaptés (attentes par rapport à la quantité). Aide pour boire (ne boit
Développement autonomie que le soir) pour aller à la selle.
besoins perturbés risque de… Marche beaucoup (tous les jours par n’importe quel temps).
Autonome pour aller aux WC la nuit. Nécessité d’une chambre seule. Lit beaucoup. Écoute de la musique
classique. N’utilise que ses livres personnels car tourne les pages avec sa bouche. Tape à la machine.
Accorde de l’importance à son allure esthétique et y consacre une partie de son budget.
Objectifs : veut garder son indépendance.
130 Document 6 : diagramme de soins de l’unité d’hébergement
Exemple de projet
d’implantation
••••••••••••••••
9
1 Introduction ➤ Analyse de l’existant :
la réalité actuelle
Cette analyse, conduite dans le cadre du projet
de soins, a servi pour poser le projet des trans-
Avant d’aborder les données théoriques plus missions ciblées. Le recueil de données initial
ou moins abstraites concernant la stratégie relate que :
d’implantation des transmissions ciblées, nous • En 1990, le dossier de soins est mis en place
vous proposons de prendre connaissance du au centre hospitalier de Rodez.
projet conduit au centre hospitalier de Rodez. • En 1991, un guide d’utilisation de ce dossier
Les questions à se poser à chaque étape de la permet à tout soignant de connaître les objectifs
démarche sont clairement repérées dans ce du dossier de soins et les concepts de référence
projet. du projet de soins.
À cette époque, des formations à la démarche
de soins dans quelques sites pilotes ne débou-
chent pas sur une amélioration tangible des
2 La démarche projet transmissions car les feuilles d’observation soi-
gnantes existent sans structuration de l’infor-
des transmissions ciblées au mation.
En juin 1994, dans le cadre de la construction
centre hospitalier de Rodez du projet d’établissement, le service de soins
infirmiers lance officiellement le projet de soins
en initiant une incontournable analyse de l’exis-
Projet intentionnel : tant et une restructuration de sa politique
(figure 10).
que voulons-nous faire ?
L’analyse de l’existant rend compte de deux
À Rodez, la mise en place des transmissions perceptions :
ciblées émanait d’un des plans d’actions du
projet de soins pour répondre à certains de ses • La perception des usagers de soins avec
objectifs. Ces derniers étaient l’affirmation du l’exploitation de 137 questionnaires complétés
rôle propre, la promotion des systèmes par la clientèle.
d’information et de communication internes, • La perception des professionnels et des parte-
la valorisation des pratiques soignantes et le naires internes et externes du service de soins
renforcement des liens avec les partenaires infirmiers avec l’exploitation de 94 entretiens
externes. réalisés auprès d’eux.
134 Stratégie d’implantation des transmissions ciblées
vise
L’homme
La santé
La politique se réfère à
Des valeurs se réfère et les problèmes
de soins des
professionnelles à de santé
conceptions
Des orientations
qui se déclinent en
Actions
L’étude de 138 dossiers de soins a permis de cation montrent que moins d’un soin sur deux
connaître la nature des soins retranscrits et de est planifié et révèle donc une traçabilité de la
souligner la conception de la personne soignée charge en soins inférieure à la réalité.
et des soins de l’époque :
L’étude de l’organisation des soins reflète que
• Vision réductrice où les soins infirmiers sont ceux-ci sont dispensés en série et que les trans-
essentiellement orientés vers la pathologie, où missions orales se font en fin de poste, essen-
le bénéficiaire de soins se remet entre les mains tiellement sur mémorisation, avec peu de parti-
des soignants qui décident pour lui. cipation des aides-soignantes. Le contrôle des
• Vision des soins essentiellement centrée sur soins est faible.
la réalisation des actions prescrites par les Le mode de communication entre les profes-
médecins notées de façon répétitive, les soins sionnels est plutôt cloisonné et avec peu de
de soutien, d’éducation, d’information ne sont coordination entre eux.
que très rarement signifiés. Les cadres se sentent éloignés de leur hiérar-
• Perte d’informations concernant les préoccu- chie, pas assez informés des décisions et enva-
pations du patient et de son entourage face à la his par les tâches administratives. Ils attendent
maladie et à l’hospitalisation. d’être soutenus dans la mise en œuvre du projet
• Peu de synthèses de sortie reflétant l’évolu- et souhaitent un accompagnement interne et
tion du séjour, par manque de résultats obtenus externe. Ils travaillent peu en séances inter-
avec la personne soignée. Les outils de planifi- cadres.
Exemple de projet d’implantation 135
IFSI
• Elle s’engage auprès des personnels à mettre ➤ Les attentes prioritaires du service
en œuvre les plans d’actions prenant en de soins infirmiers sont précisées
compte les spécificités de chaque unité de tra-
vail et à avancer de façon pragmatique et Les attentes sont les suivantes :
cohérente dans le cadre du projet de soins. • Un passage du discours à l’acte pour l’exer-
Elle a prévu d’évaluer les résultats obtenus. cice de la fonction de soins dans toutes ses
dimensions.
L’accompagnement de l’équipe de direction
des soins infirmiers tout au long du projet a • Un professionnalisme soignant centré sur la
conforté l’encadrement supérieur dans ses personne soignée.
missions de management et de pilotage du • Une réponse unique et collective de la part
projet. des soignants à la question unique et indivi-
Exemple de projet d’implantation 137
10
•••••••••••••••••
d’établissement, au projet médical, au projet ment. La figure 12 illustre l’interaction entre les
social et en particulier au projet de soins. En effet projets d’établissement et plus particulièrement le
recourir aux transmissions ciblées est un moyen projet de soins et le développement des transmis-
pour opérationnaliser leurs axes de développe- sions ciblées pour atteindre les objectifs fixés.
POLITIQUE
•
• RÉFÉRENTIEL
•
OBJECTIFS
•
PAP51 Projets
d’établissement
(médical, de soins, social)
Dossier
• • CIBLES patient
• ACTIONS
• • RÉSULTATS
• • AJUSTEMENTS
24 avril 1996 portant réforme de l’hospitalisa- tiers qu’il s’agit d’une stratégie de défense.
tion publique et privée). La gestion de ces éta- Lorsqu’elles sont dans une stratégie de matura-
blissements s’oriente donc vers une adéquation tion de la profession, elles assurent le succès du
entre les moyens à mieux répartir et les résultats projet en l’inscrivant dans la réalité quotidienne.
à mieux évaluer. Les logiques retrouvées sont • Des aides-soignantes qui sont à la recherche
celles : de la valorisation et de la reconnaissance profes-
• Des directeurs : logique de gestion impulsée sionnelle dans le positionnement d’équipe et
par le contexte socio-économique actuel de la dans un diplôme d’État.
santé et par le schéma régional d’organisation Lorsque ces enjeux ne sont pas entendus, ils ali-
sanitaire. mentent « la logique de la plainte chez les desti-
• Des médecins qui ont pour enjeux de déve- nataires de la formation » décrite par Alex Muc-
lopper leurs techniques médicales dans un climat chielli52 et « le jeu de dupes paradoxal dans
de sécurité et de conserver leur indépendance l’institution » identifié par Josette Hart53 dans sa
dans leur unité. Ils tiennent à leur pouvoir de thèse. Ces auteurs mettent en lumière ces problè-
décision dans les changements concernant mes communicationnels et démontrent qu’ils
l’ensemble des personnels. Ils souhaitent que le sont essentiellement liés à des causes structurel-
changement s’effectue sans trop modifier leurs les et culturelles. Le résultat est que la demande
habitudes et leurs organisations. Cependant de changement est caduque puisqu’il s’agit de
quand ils ont repéré l’intérêt du changement, ils « changer sans rien changer ».
sont des collaborateurs précieux. Comme l’écrit Étienne Lissilour54, « l’entreprise
• De la direction de soins infirmiers qui veut peut être considérée comme un maillon d’un
être reconnue à part entière dans les décisions de vaste réseau ou comme un microréseau à elle
l’établissement et plus particulièrement contri- toute seul » ; ce concept s’applique à l’établisse-
buer aux démarches qualité. ment de santé où toutes les logiques d’acteurs
• Des cadres de santé qui souhaitent participer doivent être envisagées dans le projet. Conduire
aux projets avec le moins de bouleversement le changement est une expérience mobilisatrice
possible dans l’unité. Ils sont parfois les avocats où tous les composants ont leur importance
des personnels pour démontrer que le change- dans la réussite de l’implantation. Prendre le
ment est difficile et demande du temps et de la temps de travailler sur le contexte et les logiques
tolérance. Cependant quand ils sont acteurs, ils d’acteurs évite bien des déconvenues, des
sont leaders dans le changement. défaillances, des dysfonctionnements au cours
• Des infirmières qui ont souvent mis en place du projet opérationnel.
les dossiers de soins pour répondre aux textes La synergie, entre l’étude du contexte intégrant
législatifs et pour montrer que les prescriptions l’analyse des logiques d’acteurs et la démarche
médicales sont faites. Elles justifient ainsi projet, autorisera les perspectives de change-
qu’elles ne font pas d’erreur et sont centrées sur ment compatibles avec les exigences du soin cen-
les actions réalisées. Elles reconnaissent volon- tré sur les attentes et les besoins des patients.
••••••••••••••••
11
dualiste. Elles font référence au modèle de soins
centré sur la personne soignée considérée
1 Changement comme cliente. Ces deux points ont pour consé-
quences de provoquer une révolution dans les
valeurs de référence des équipes soignantes. Le
raisonnement clinique est selon Mmes Gordon et
Accompagner le changement consiste à « désaccou- Murphy55 « Un modèle intégré qui comporte
tumer » des professionnels de leurs habitudes trois dimensions, le jugement diagnostique, le
culturelles ancrées et sécurisantes ! jugement thérapeutique pour le choix des inter-
ventions, le jugement éthique pour répondre à
Dans l’implantation des transmissions ciblées, il
une question morale », il exige des infirmières
s’agit d’un changement majeur portant sur :
des concepts de soins adoptés et partagés qui les
• Le savoir, par l’introduction du raisonnement amènent à un positionnement et une pratique
clinique, la maîtrise d’un langage professionnel. réfléchis.
• Les méthodes, par le passage de transmissions Dans l’utilisation des transmissions ciblées, les
narratives écrites en vrac dans les dossiers à des stratégies de changement sont donc de plusieurs
transmissions structurées qui nécessitent une ordres :
démarche rigoureuse, rationnelle et scientifique
ainsi que la modification des méthodes de tra- • Stratégie de changement pour l’organisation
vail. En effet, les transmissions ciblées deman- et la gestion des soins.
dent une organisation du travail concertée et • Stratégie de changement pour l’écriture.
pluridisciplinaire ce qui remet en question cer-
taines organisations des soins obsolètes.
• Stratégie de changement pour les valeurs pro-
fessionnelles.
• Les rôles, par la nécessité de considérer le
malade comme partenaire de sa santé, ce qui
• Stratégie de changement pour l’exercice des
rôles professionnels.
implique de la part des infirmières l’utilisation
de méthodes et d’outils permettant la réalisation Le postulat suivant : « Les individus n’acceptent
du rôle propre ou rôle autonome. Elles ont une pas d’être seulement un outil utilisé pour assou-
responsabilité propre définie et décident de vir les objectifs que se fixent les entités
choix d’interventions spécifiques et adaptées en décisionnelles » illustre l’idée que tout change-
concertation avec la personne soignée. Cette ment des techniques, des processus, des procé-
modification de rôle demande d’adopter une dures, des cultures passe par les personnes et se
nouvelle identité professionnelle. traduit dans les comportements. Il est donc très
• Les valeurs, les transmissions ciblées relèvent important d’expliquer le changement et d’écou-
d’un esprit professionnel collectif et non indivi- ter les personnes concernées car tout change-
ment se prépare et se négocie. L’accompagne- tent aux différents acteurs en s’appuyant sur
ment des personnes est assuré tout au long du l’échéancier et en négociant avec eux les moyens
processus de désaccoutumance des habitudes, pour y parvenir.
transition avec la proposition de méthodes nou-
velles et l’acceptation par l’appropriation de ces
dernières. Cet accompagnement est conduit in
vitro sous forme de formation théorique, in vivo
dans l’unité par la présence soutenue des cadres 2 Dispositif managérial
et des experts.
• Le changement demande une implication des du changement
cadres et une communication soignée de leur
part. Effectivement, le personnel sera acquis au
projet si les cadres impliqués savent « le
vendre » au quotidien. Les objectifs et la straté- Tout changement introduit l’idée d’une modifi-
gie retenus sont matérialisés par un planning cation de méthodes et de comportements qui
opérationnel qui permet aux cadres de mesurer demandent de construire l’accompagnement. Il
les avancées du projet et aux acteurs d’en com- nécessite la mise en place d’une structure organi-
prendre les orientations et l’évolution. Ce plan- sationnelle pour impliquer les acteurs, impulser
ning rend compte des objectifs opérationnels la démarche, capitaliser les productions, diffuser
choisis et des coûts humains, matériels, budgé- l’expérience collectivement acquise.
taires inhérents à l’implantation des transmis- Le dispositif intègre le pilotage, la formation,
sions ciblées. L’inventaire des ressources, des l’appropriation, la production, la démultiplica-
opportunités, des leviers de changement ainsi tion, le suivi et le contrôle par des groupes dans
que des risques, des menaces et des obstacles est un management participatif. Les acteurs de ces
réalisé. Ce repérage constitue le champ dynami- groupes par leurs missions variées et complé-
que de l’intervention. La connaissance de ces mentaires constituent une vaste communauté
éléments permet aux acteurs de cerner ce qu’ils d’apprentissage56 car ils sont issus de services,
risquent de perdre ou de gagner dans cette d’expériences, de niveaux d’expertises et de
« aventure ». positionnements distincts. Coordonnés et
accompagnés par des personnes convaincues et
Un rôle pour chacun, une mission pour tous, des expertes, ils développent des valeurs partagées.
objectifs communs. Pour conduire un projet de mise en place des
transmissions ciblées, il est habituel de s’appuyer
• Les actions ainsi que la façon de les mener et sur un groupe de pilotage, un groupe référent, des
avec quels acteurs, sont les éléments à program- groupes missions thèmes et un groupe de suivi.
mer en lien avec l’analyse du champ dynamique Cependant les possibilités humaines et fonction-
entrevu précédemment. Les indicateurs de résul- nelles de l’établissement de soins influent sur la
tats et les délais d’atteinte des objectifs consti- constitution et la diversité des groupes.
tuent la garantie de la fiabilité de l’implantation
et en assurent le contrôle. L’échéancier visualise
les tâches et leur logique d’enchaînement, leur Rôles et missions des différents
durée. Il offre la possibilité de structurer le groupes et acteurs du dispositif
temps, de contrôler les dérives qui risquent de se
présenter au cours de l’implantation. Le réajus-
tement peut conduire à la modification de Voici, à travers l’exemple ruthénois, le rôle et les
l’échéancier ou à une nouvelle répartition chro- missions que peuvent avoir ces groupes. Des pis-
nologique de certaines tâches. Cette stratégie est tes de propositions d’amélioration sont toutefois
coordonnée par les cadres de santé qui la présen- proposées à la fin de cette partie (Propositions
56. Ph. LORINO — « Management et organisation des entreprises ». In Cahiers français, p. 44 : « Les organi-
sations apprenantes fondées sur des processus ».
Stratégie de changement 143
pour une stratégie de changement optimisée, • de décider, à partir des éléments d’informa-
voir chapitre 13, page 149). tions apportés par le groupe référent élargi, des
thèmes à traiter ;
➤ Le groupe de pilotage • de retenir les membres de chaque groupe
mission en concertation avec l’encadrement
Il est constitué de l’infirmière générale, des
concerné ;
cadres supérieurs infirmiers et une sage-femme,
un cadre expert en mission transversale du dos- • de coordonner et de valider les travaux des
sier de soins. Ce dernier assure la communica- différents groupes ;
tion et la validation des travaux effectués avec la • d’accompagner, par la présence d’un de ses
direction générale. Le management décidé pour membres, les travaux des différents groupes ;
mener ce projet est de type participatif intégrant • de démultiplier la méthode sur le terrain en
la majorité des acteurs. liaison avec le formateur et le cadre expert ;
Ses missions sont de piloter le projet : • de proposer un échéancier, des actions de
changement, des indicateurs de résultats à la
• Il a une vision prospective des conséquences DSSI et au comité de pilotage ;
du changement par la connaissance de la
méthode.
• de participer à l’évaluation des résultats ;
• de constituer la mémoire des travaux par le
• Il choisit une stratégie d’implantation (type regroupement et la gestion des rapports de syn-
généralisation ou pilote, voir Choix de la stratégie
thèse, outils… (base de données) ;
d’implantation, page 144) et le dispositif managé-
rial adapté. • de déterminer le coût et de négocier le budget
des actions de changement à mettre en œuvre.
• Il assure la conduite générale du projet et sa
cohérence avec les autres projets en cours pour
➤ Le groupe référent élargi (GRE)
les soins infirmiers : (cohérence avec les études
de charges en soins, RSSI…). Il est constitué d’une trentaine de personnes
• Il assure l’arbitrage entre les opportunités interdisciplinaires provenant de l’ensemble des
générées par le projet, les événements et les res- secteurs de soins. Ils ont été formés aux trans-
sources disponibles (en moyens humains, maté- missions ciblées dès fin 1995.
riels et financiers). En étroite collaboration avec le cadre infirmier
de son service, le référent est souvent une infir-
• Il représente et garantit la permanence dans le mière qui a pour mission de :
suivi de l’action.
• recueillir les idées, les difficultés des membres
• Il valide les productions. de son équipe à partir des plans d’actions priori-
taires,
➤ Le groupe référent • représenter la courroie de transmissions et
Il est constitué d’un cadre infirmier supérieur être le porte-parole de son unité au niveau du
chef de projet, de cadres infirmiers soignants, groupe référent,
d’un enseignant et d’infirmières. Par la suite, il • faire partie selon les thèmes d’un groupe mis-
est élargi au cadre et aux infirmières de nuit. Il sion,
est formé aux transmissions ciblées en première • transmettre à l’équipe les informations par
intention. Le formateur, en lien avec le chef de rapport à la formation qu’elle a reçue et les
projet, accompagne régulièrement ce groupe démultiplier,
référent pour la mise en place des transmissions • s’engager à tester les productions des diffé-
ciblées ainsi que pour optimiser l’organisation rents groupes missions.
des unités de soins. Ces deux éléments sont
conduits en interactions permanentes. ➤ Les groupes missions-thèmes (GM)
Le groupe référent a pour missions :
Ils travaillent sur délégation du groupe référent et
• d’assurer par le biais du chef de projet la à partir des idées recueillies dans les unités et au
coordination avec le comité de pilotage ; cours des guidances. Ils sont coordonnés par un
144 Stratégie d’implantation des transmissions ciblées
12
•••••••••••••••••
Réussir l’implantation des transmissions ciblées • Il met en évidence le rôle de l’acteur indivi-
passe par la mise en œuvre d’une démarche de duel ou collectif, qui devient auteur de son pro-
projet : cette implantation peut dépendre d’un pre projet. D’une certaine façon, projeter c’est
plan d’actions du projet de soins ou être un pro- toujours se projeter.
jet en soi qui respectera la philosophie et la • Il ordonne à la créativité et à l’innovation et
méthodologie d’une conduite de projet.57 se veut donc un antidote à la répétition et aux
conditionnements. »
Chantal Eymard-Simonian le définit comme un
1 Caractéristiques du projet objet d’anticipation du futur, ancré dans le passé
et la situation présente, dans son ouvrage
S’entraîner à l’élaboration et à la gestion du pro-
jet professionnel (Masson, 1999, 2e édition). Le
projet émerge et prend forme dans l’action.
57. Cette norme a été crée à l’instigation de l’AFITEP, Association francophone de management de projet.
58. Jean-Pierre BOUTINET, professeur à l’Institut de psychologie et sciences sociales appliquées de l’université
catholique de l’Ouest — « Les multiples facettes du projet ». Sciences humaines, n° 39, mai 1993, p. 20 et 21.
La démarche projet 147
RÉDACTION DU PROJET
À CHACUNE DES ÉTAPES
Une fois le projet élaboré, il requiert d’être coor- œuvre, la conjugaison de capacités de décision,
donné, piloté pour générer des résultats et faire d’organisation, d’animation et d’adaptation.
progresser les acteurs vers le changement L’adhésion des acteurs internes par leur appro-
attendu. Il exige pour l’efficacité de sa mise en priation du projet est une condition de réussite.
Propositions pour une stratégie
de changement optimisée
•••••••••••••••••
13
1 Proposition vérifie que les transmissions ciblées permettent
d’apporter des soins de qualité à la personne soi-
pour un changement gnée et à sa famille.
Ce groupe est constitué de cadres de santé, de per-
institutionnel sonnel médico-technique, d’infirmiers, d’aides-
soignants.
Ses fonctions sont celles d’un groupe de pilotage
Création d’un Groupe auxquelles s’ajoutent les suivantes :
• La fonction vigie qui est de prendre la
d’évaluation continue « température » en ce qui concerne les change-
de la qualité (GECQ) ments dans les unités de soins et la réaction des
acteurs à ces changements afin de détecter des
Ce groupe (GECQ) doit être créé dès le début du dysfonctionnements dans la mise en œuvre du
projet d’implantation des transmissions ciblées. projet. Il utilise pour cette fonction les indicateurs
Il se substitue au comité de pilotage et au groupe de résultats qualité préalablement définis par les
référent mis en place pour conduire les projets instances. Il est attentif à la perte de sens dans
sur les transmissions ciblées. Ils deviennent l’implantation des transmissions ciblées ou à un
obsolètes car cloisonnés et limitatifs. Ce groupe ralentissement dans l’utilisation par l’équipe.
intègre en plus les concepts de la qualité et est en • La fonction contrôle validée institutionnelle-
lien avec la direction générale, la direction de ment par l’équipe de direction qui légitime ainsi
soins infirmiers et la cellule qualité. ce groupe. C’est avant tout sa fonction princi-
Cette cellule qualité est introduite dans les éta- pale et, s’il pilote l’implantation des transmis-
blissements dans le but d’aider à la mise en place sions ciblées, c’est avec pour objectif de vérifier
d’un système qualité. En effet, l’assurance de la sur le terrain l’application de la méthode et ses
qualité s’instaure progressivement dans les conséquences. Cette fonction augmente la rigueur
milieux de soins. Elle demande à être réfléchie et dans l’implantation. Pour cela, il pose un cadre
dynamisée pour permettre aux professionnels de normatif à partir d’un référentiel qualité de l’uti-
réagir positivement à cette approche. L’objectif lisation du dossier de soins qu’il a réalisé préala-
principal est l’atteinte d’un résultat conformé- blement et fait valider par la direction.
ment à celui attendu et non simplement la mise • La fonction régulation des pratiques. En se
en place de procédure. questionnant sur les résultats attendus pour le
La finalité de ce comité contrôle qualité est com- patient dans les dossiers de soins, les réussites et
plémentaire aux travaux initiés par la cellule les déficiences sont argumentées précisément par
qualité car il contrôle dès le départ que les résul- des exemples. Ils permettent alors une étude des
tats prévus par la modification des écrits profes- pratiques de soins et, à partir de là, de réaliser
sionnels sont réellement obtenus. Il se centre sur des plans d’amélioration et d’anticipation des
les prestations de soins apportées aux patients et risques. Ce comité peut permettre la réalisation
150 Stratégie d’implantation des transmissions ciblées
de protocoles avec les médecins, la cellule qua- tournable pour réussir le projet. Elle ne repré-
lité ou des groupes missions. sente donc pas seulement l’occasion d’une
• La fonction coordinatrice avec le groupe réfé- conférence ponctuelle mais aussi une phase cru-
rent et le groupe référent élargi qui démultiplient ciale de préparation à la mise en place du projet
la formation. Il est important de constituer ces qui peut se décliner comme suit :
groupes opérants qui donnent la possibilité • Une rencontre avec la direction générale
d’adaptation et de maturation de la méthode d’une part et la direction des soins infirmiers
aux équipes de soins. d’autre part permet de connaître plus précisé-
Ce groupe GECQ donne du poids au service ment le contexte dans lequel va se dérouler
infirmier par la reconnaissance de ses missions l’intervention. Mise au point pour élaborer une
par la direction générale et par les médecins stratégie intégrant les logiques des différents
(dans le cadre du dossier patient). groupes d’acteurs.
Les référentiels qualité issus de la réflexion de ce • L’organisation de conférences sur le projet en
groupe posent un « construit collectif » sécurisant invitant tous les acteurs concernés par le change-
et confortable pour les soignants qui sont au clair ment et en donnant de la valeur à la participa-
avec les attentes en terme de résultats. Les procé- tion de chacun. Un temps spécifique sera
dures correctrices (détection des non-conformités consacré aux médecins pour présenter l’intérêt
et axes de développement) offrent dans la transpa- de la méthode des transmissions ciblées dans
rence, la reconnaissance au droit à l’erreur (qui est l’aide au diagnostic, à l’anticipation des compli-
une conception impossible dans un milieu de cations, au suivi de l’efficacité des thérapeuti-
soins). Ils sortent les soignants de la culpabilité, de ques, à la rédaction des lettres de sortie et du
la peur de l’erreur car l’utilisation de procédure RSS,… L’invitation annonce de façon crédible et
renvoie à une approche systémique de la recher- officielle les enjeux de ce projet.
che des causes et non à une approche individuelle. • Le projet est présenté à la commission médi-
Participer à l’élaboration de référentiels, donc à cale d’établissement par la direction des soins
une formalisation des résultats de sa propre prati- infirmiers ou à l’aide de la convocation. Qu’un
que, donne plus envie de réussir le changement. temps imparti soit consacré à la présentation des
Cette implication active le projet de façon auto- objectifs et des enjeux poursuivis par cette mise
nome dans la structure et est un gage de pérennité. en œuvre du projet est un indicateur de l’impor-
tance accordée au projet !
• L’analyse du contexte de la formation est à
conduire. Une journée de travail entre le forma-
2 teur et la direction de soins infirmiers (DSSI)
Propositions sur les enjeux de la mise en œuvre des transmis-
pour un changement dans sions ciblées dans l’institution est une ouver-
ture sur la possibilité de fonctionner avec le
l’implication des acteurs contexte. Au cours de cette journée, la trans-
formation d’un dossier de soins en dossier de
soins ciblé permet à la DSSI de s’approprier le
Implication réelle contenu et de mesurer les perspectives de chan-
gement sur les pratiques professionnelles
de la direction générale qu’offre l’utilisation de cette méthode. La DSSI
et de la direction sera d’autant plus à l’aise pour exposer les con-
séquences du projet aux instances et aux équi-
des soins infirmiers pes et démontrer que ce n’est pas un effet de
mode mais un moyen :
L’implication des directions est fondamentale
pour accroître les conditions de réussite du pro- – de renforcer la qualité des actions mises en
jet et pour engager les autres acteurs dans le pro- place,
cessus de changement. – d’optimiser la qualité des relèves,
• La stratégie de sensibilisation-information en – d’améliorer la qualité de l’organisation du
présence de tous les acteurs est la phase incon- travail.
Propositions pour une stratégie de changement optimisée 151
59. Définition de la métacommunication : « discours sur la communication qui est en train de se dérouler ».
P. WATZLAWICK, HELMICK, J. BEAVIN, D. JACKSON — Une logique de la communication. Édition du
Seuil, Collection « Points », Paris, 1992, p. 34.
152 Stratégie d’implantation des transmissions ciblées
60. J. HART — « De la crise identitaire aux stratégies de changement d’identité professionnelle chez les
infirmières ». In Gestions hospitalières, avril 1996, p. 301.
61. P. COLLERETTE — La gestion du changement. Fascicule 4, Gouvernement du Canada, formation et per-
fectionnement, Commission de la fonction publique, 1994.
Propositions pour une stratégie de changement optimisée 153
62. L’approche client est une révolution culturelle au sein des entreprises hospitalières. H. AMBLARD, P. BERNOUX,
G. HERREROS, Y.-F. LIVIAN : Les nouvelles approches sociologiques. Paris, Seuil, 1996.
Les nouvelles approches sociologiques des organisations montrent qu’il est la difficile de passer pour l’hôpital
d’un monde domestique (ayant comme principe la relation hiérarchique et la tradition) à un monde marchand
(ayant comme principe la concurrence) ou industiel (dont le principe est la performance et les méthodes scienti-
fiques).
III
Les transmissions
ciblées : un choix
stratégique au service
de la qualité des soins
156 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Introduction
L’ANAES déclare que « l’amélioration continue de la qualité est fondée sur la prise en compte de
l’usager de l’établissement de santé… La qualité est la meilleure adéquation entre l’offre de soins et le
besoin de l’usager. »63 64 65
La qualité est un concept complexe qui exige d’associer deux types de perceptions :
• L’aspect tangible et matériel de la qualité qui consiste « en la mise en œuvre de procédures dans
les domaines préventif, diagnostique et thérapeutique, appropriés à un risque, à une pathologie sup-
posée ou donnée, compte tenu des différentes techniques et du niveau de connaissances acceptées à
un moment donné ».64
• Ces procédures doivent être appropriées également « à une dimension plus immatérielle, qui
rejoint la signification, le sens et les valeurs »65.
Diriger la qualité revient à avoir une démarche centrée sur la satisfaction de l’usager et de ses pro-
ches, démarche qui garantit l’obtention des résultats attendus au meilleur coût. Des deux perceptions
citées ci-dessus, c’est la seconde qui cristallise nos motivations. Mais nous donnons corps avec la pre-
mière au concept qualité et nous favorisons l’aboutissement d’un processus où chaque professionnel
a un rôle.
Cette partie sur la qualité vous invite donc, dans un premier temps, à retourner au contexte législatif
du dossier de soins puis à traverser les fondements et les références du dossier patient dans le manuel
d’accréditation. Nous avons tenu, à travers des exemples concrets d’utilisation des transmissions
ciblées, à faire vivre les composantes de la qualité des soins et mettre en avant les perspectives offertes
par la traçabilité des soins pour optimiser la prise en charge des patients.
63. ANAES — Préparer et conduire votre démarche d’accréditation. Juin 1999, p. 67.
64. M. LAWRYSZ, directeur de la fondation Rothschild (Paris) — « Accréditation, qualité et moyens
humains ». In Objectifs soins n° 60, janvier 1998, Le cahier du management, p. XIV.
65. A. BEAUDET-POUPLIER, infirmière générale, CHU Clermont-Ferrand — « Conforter la qualité dans les
soins infirmiers : une mission pérenne pour l’infirmière générale ». In Objectifs soins, n° 62, mars 1998,
Le cahier du management, p. IV.
De la pluralité des dossiers
au dossier patient
•••••••••••••••••
14
1 Contexte législatif du dossier sier médical individualisé qui contient le dossier
infirmier.
de soins • Le décret du 15 mars 199369 présente le dos-
sier de soins comme l’outil de travail essentiel
pour l’infirmier et pour l’amélioration des pres-
Les infirmières ont l’obligation de constituer des
tations soignantes : « L’infirmière est responsa-
outils de documentation et de transmission des
ble de l’élaboration, de l’utilisation et de la
soins dès 1981. L’évolution du cadre légal fait
gestion du dossier de soins infirmiers. » Ce
passer le dossier de soins infirmiers à un dossier
décret délimite mieux le rôle propre infirmier.
patient individualisé comportant l’ensemble des
La démarche diagnostique y est reconnue :
informations administratives, sociales, médica-
« Dans le cadre du rôle propre, l’infirmier iden-
les ou/et paramédicales du patient. Les princi-
tifie les besoins du patient, pose un diagnostic
paux décrets retraçant cette transformation sont
infirmier, formule des objectifs de soins, met en
les suivants :
œuvre les actions appropriées et les évalue. »
• L’article 1 du décret du 12 mai 198166, pré- • L’ordonnance du 24 avril 199670, précisée par le
cise que : « L’analyse, l’organisation et l’évalua- décret du 7 avril 1997 portant sur la réforme de
tion des soins infirmiers font partie de la fonc- l’hospitalisation publique et privée, est venue ren-
tion infirmière. » forcer la dynamique du service rendu au bénéfi-
• L’article 3 du décret du 17 juillet 198467, ciaire des soins par la mise en place d’une
demande à l’infirmière d’élaborer et de gérer le démarche d’assurance de la qualité. L’article
dossier de soins : « L’infirmière doit veiller à la L 710-1-1 de cette ordonnance pose « la qualité de
bonne organisation des soins et engage sa respon- la prise en charge des patients » comme « un objec-
sabilité en cas d’accident dû à une mauvaise ges- tif essentiel pour tout établissement de santé. »
tion des soins et à une organisation imprudente. » Chacun dans l’hôpital doit être capable de mesurer
Le dossier sert surtout de document légal pouvant le niveau de réponse de son équipe, de son service,
servir de preuve devant les tribunaux. de son établissement aux standards et aux critères
• Le décret du 30 mars 199268, précise que les fixés dans les référentiels nationaux de qualité.
soignants élaborent pour chaque patient un dos- L’article R 710-6-1 de la même ordonnance souli-
gne que le rapport des visiteurs pour l’accréditation Il s’agit donc du passage d’un dossier éclaté
« rend compte de la qualité, de la sécurité des soins reflétant les soins de chaque professionnel à un
et de l’ensemble des prestations [de l’établissement] dossier unique interprofessionnel. Ce dossier
en tenant compte notamment de son organisation unique a pour but de prendre en charge globale-
interne ainsi que de la satisfaction des patients ». ment le patient dans une approche systémique et
Une logique contractuelle, la transparence des pra- humaniste des soins et il assure la délivrance de
tiques et l’accréditation conduisent à fournir des soins de qualité. Désormais, ce n’est plus le
garanties sur la qualité des prestations fournies. patient qui génère un dossier dans chaque unité :
Cette transparence passe par l’évaluation des écrits c’est le dossier qui suit le parcours du patient et
professionnels utilisés pour optimiser les soins qui relate sa prise en charge, dans toutes les uni-
(dossiers de soins, protocoles, planification). tés, par tous les professionnels. C’est un vérita-
ble système d’informations unique et unifié au
service du patient et de tous les professionnels.
2 Dossier patient
3 Droit d’accès du patient
Le manuel d’accréditation des établissements de
santé de février 1999 71 définit clairement le dos-
à son dossier
sier patient : « Le dossier patient est indispensable
à la communication des informations entre les D’autre part, la loi du 4 mars 200272 relative aux
professionnels et constitue un outil de réflexion droits des malades et à la qualité du système de
et de synthèse, de planification, d’organisation et santé redonne aux patients responsabilité et auto-
de traçabilité des soins. Les dysfonctionnements nomie. Cette loi confère à la personne soignée le
dans la gestion des dossiers peuvent entraîner des droit d’accès à son dossier, soit directement, soit
conséquences allant de la simple perte de temps à par l’intermédiaire d’un médecin désigné : le légis-
des défauts majeurs dans la prise en charge des lateur a apporté des aménagements spécifiques
patients et le fonctionnement de l’établissement. pour l’accès au dossier en milieu psychiatrique73.
La gestion des dossiers doit reposer sur une
bonne organisation, des responsabilités définies et « Toute personne a accès à l’ensemble des infor-
l’enregistrement au quotidien, par tous les profes- mations concernant sa santé détenues par les pro-
sionnels, des informations pertinentes. » fessionnels ou établissement de santé, qui sont for-
malisées et ont contribué à l’élaboration et au suivi
Dans ce manuel, sont précisés les fondements et du diagnostic et du traitement ou d’une action de
principes de l’accréditation, qui sont : prévention, ou ont fait l’objet d’échanges écrits
entre professionnels de santé… ». En revanche
• la place centrale du patient, « les informations mentionnant qu’elles ont été
• l’amélioration de la sécurité des soins, recueillies auprès de tiers n’intervenant pas dans la
• l’amélioration continue de la qualité, prise en charge thérapeutique ou concernant de
• l’implication des professionnels exerçant dans tels tiers » ne peuvent être communiquées.
l’établissement.
Il présente également les 12 références qui permet- Cette loi marque une nouvelle étape dans l’évo-
tent d’apprécier la qualité d’un dossier patient ainsi lution de la prise en charge de la personne soi-
que les critères qui rendent l’évaluation objective. gnée en instaurant concrètement une relation
71. Manuel d’accréditation des établissements de santé. Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en
santé, février 1999, p. 45.
72. Loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
73. Article L.1111-7 nouveau du Code de la santé publique précise que « la consultation des informations
recueillies, dans le cadre d’une hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT) ou d’une hospitalisation d’office
(HO), peut être subordonnée à la présence d’un médecin désigné par le demandeur en cas de risques d’une gra-
vité particulière ». En outre « en cas de refus du demandeur, la commission départementale des hospitalisations
psychiatriques est saisie et son avis s’impose au détenteur des informations comme au demandeur ».
De la pluralité des dossiers au dossier patient 159
contractuelle et partenariale entre le patient et • il reflète toutes les étapes du processus de soins,
les professionnels de santé. Le droit à l’informa- • il présente la personne soignée de façon com-
tion de la personne devient une obligation pour plète, concise et à jour de l’état de la personne en
les professionnels de santé. L’esprit de cette loi évitant les répétitions inutiles,
est de renforcer la confiance des usagers dans • il contient les traitements médicaux, les obser-
leur système de santé. vations des infirmières ainsi que les résultats
Il est évident que cette loi a une incidence sur le obtenus après les soins infirmiers et médicaux,
contenu des écrits des professionnels dans des
• il est un outil de communication utile pour les
dossiers qui doivent être mieux élaborés, respec-
professionnels de santé,
tueux du patient et lisibles non seulement par les
professionnels mais également par le patient. • il est un outil d’évaluation,
Dans l’information écrite ou orale, la transpa- • il peut être utilisé à des fins légales.
rence est souvent source d’apaisement si elle
Ce référentiel est un véritable système de docu-
s’inscrit dans un langage professionnel accessi-
mentation des informations sur la personne soi-
ble, réfléchi sans jugement ni accusation.
gnée et des soins. Il nécessite de la rigueur dans
l’écriture et offre ainsi la possibilité aux soi-
gnants de montrer leur compétence et les perfor-
mances dans les soins accomplis. Les transmis-
4 Liens entre les normes sions ciblées répondent complètement aux
normes de qualité du dossier de soins déclinées
de qualité d’un dossier par S. Lampe.
utilisant les transmissions
Que nous dit le manuel
ciblées et les références
d’accréditation et en quoi
du manuel d’accréditation le respect des normes ci-dessus
permet-il aux transmissions
Les normes de qualité ciblées d’y répondre ?
du dossier de soins
Nous avons comparé les normes de qualité du
Nous avons vu que le cadre méthodologique de la dossier de soins et donc des transmissions
gestion des soins part de la demande en soins des ciblées aux références et aux critères du manuel
bénéficiaires, qui permet de programmer et de d’accréditation concernant le dossier patient et
planifier une réponse soignante adaptée. Le dos- l’organisation des soins (figure 14). Nous cons-
sier est le support de l’analyse de cette demande tatons que cette méthode convenablement utili-
et l’outil de sa mesure s’il correspond à certaines sée (voir partie I « La méthodologie d’utilisation
normes de qualité des transmissions écrites. des transmissions ciblées », pages 7 à 130) est
Les transmissions ciblées ont été élaborées pour conforme aux exigences requises et conduit à
améliorer la communication des informations une approche des soins répondant aux fonde-
interprofessionnelles des soignants et garantir de ments de la démarche d’assurance de la qualité.
leur part une prise en charge de qualité de la per- Le lien entre les normes de qualité du dossier de
sonne, reflet de continuité et de complémenta- soins et des transmissions ciblées et les référen-
rité. Pour créer ce système d’informations com- ces du manuel d’accréditation (figure 14) mon-
plet, Suzan Lampe74 a élaboré un référentiel tre leur convergence vers un objectif commun
qualité du dossier de soins qui rappelle que : qui est la démarche d’assurance de la qualité.
Le chapitre 15 se propose d’illustrer, par des
• le dossier doit être conforme à la réglementation, exemples pris dans des dossiers de soins et par
74. C. BOISVERT, É. PATRIARCHE, S. TRUCHARD, L. BOYER — Dossier de soins ciblé : du raisonnement clini-
que infirmier aux transmissions ciblées. Assistance publique des Hôpitaux de Paris/Lamarre/Doin, Paris, 1997, p. 38.
160 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
FIGURE 14. COMPARAISON ENTRE NORMES DE QUALITÉ DU DOSSIER DE SOINS ET DES TRANSMISSIONS CIBLÉES AUX RÉFÉRENCES DU MANUEL D’ACCRÉDITATION
Normes de qualité du dossier de soins Références du manuel d’accréditation
et des transmissions ciblées
1) Le dossier doit être conforme à la DPA.753) Les informations contenues dans le dossier du patient sont soumi-
réglementation. ses au respect des règles de la confidentialité.
DPA.4a) Le dossier du patient comporte l’ensemble des éléments nécessai-
res à son identification. Le dossier est ordonné et classé (DPA.4a).
DPA.4b) Les responsabilités des différents intervenants sur la tenue du dos-
sier patient sont établies par écrit.
DPA.4c) Les prescriptions médicales sont rédigées par le praticien prescrip-
teur, datées et comporte le nom et la signature du praticien.
2) Reflète les étapes du processus de DPA.5b) Le dossier du patient comporte des informations actualisées sur
soins : l’évolution de son état clinique et de la prise en charge du patient.
– évaluation initiale et planification, OPC.4) La prise en charge du patient est établie en fonction d’une évalua-
– mise en œuvre et évaluation des résul- tion initiale et régulière de son état de santé.
tats obtenus après les soins dispensés. OPC.4e) L’état de santé du patient fait l’objet d’évaluations régulières et de
Processus de raisonnement : DAR réajustements de la prise en charge, si nécessaire.
3) Présente la personne soignée de façon DPA.1a) Pour chaque patient, un recueil d’informations permet d’assurer la
complète, concise et à jour : continuité des soins.
– recueil de données initiales et au OPC.4b) Les besoins physiques, psychologiques, sociaux, fonctionnels et
quotidien, nutritionnels du patient sont identifiés et pris en compte.
– macrocible accueil et sortie, OPC.5) Les besoins spécifiques du patient sont identifiés et pris en charge.
– suivi de l’évolution en cibles et sur le DPA.5f) Le dossier du patient comporte, après sa sortie, les conclusions du
diagramme. séjour et les éventuelles modalités de suivi.
4) Il contient les traitements médicaux, DPA.4c) Les prescriptions médicales sont rédigées par le médecin prescrip-
les observations des infirmières. teur, datées, et comportent son nom et sa signature.
DPA.5c) Le dossier patient permet à tout moment de connaître les traite-
ments, les examens et les soins reçus ou devant être reçus par le patient.
5) C’est un outil de communication utile OPC.6a) Des mécanismes de coordination entre professionnels médicaux
pour les professionnels de santé. et paramédicaux permettent d’assurer la prise en charge globale du patient.
Cette méthode permet d’évaluer Ce référentiel montre l’obligation d’évaluer la qualité du contenu
les soins qualitativement et quanti- du dossier patient.
tativement.
l’évaluation de la qualité du contenu des dos- cette méthode des transmissions ciblées à l’amé-
siers de soins sur plusieurs années au centre hos- lioration des pratiques professionnelles.
pitalier de Rodez, les changements apportés par
75. DPA est l’abréviation du Dossier du patient, OPC est l’abréviation de Organisation de la prise en charge des
patients. ANAES — Manuel d’accréditation. Direction de l’accréditation, février 1999, 116 p.
Les transmissions ciblées :
boîte à outils pour la qualité
des pratiques soignantes
•••••••••••••••••
15
1 Introduction professionnels performants sont au clair avec les
bénéfices et les inconvénients liés aux thérapeu-
tiques, aux investigations et aux soins.
76. HCFA adopting surveys as quality measure Hoosp Peer Rev. Private Payer, 18, 140.4, 1993.
77. A. DONABEDIAN — Explorations in Quality Assessment and Monitoring vol I, The definition of quality
and approaches to the assessement. Ann Harbor Health Administation, Press, 1980.
78. Définition de la qualité selon l’Organisation mondiale de la santé (1983), La qualité c’est : « délivrer à cha-
que patient l’assortiment d’actes diagnostiques et thérapeutiques qui lui assurera le meilleur résultat en terme de
santé, conformément à l’état actuel de la science médicale au meilleur coût pour un même résultat, au moindre
risque iatrogène et pour sa plus grande satisfaction en terme de procédures, de résultats et de contacts humains à
l’intérieur du système de soins. »
79. ANDEM — La satisfaction des patients. Service de l’évaluation hospitalière, septembre 1996, p. 12.
162 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Dossier n° 1
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
20 h 45 Douleur D A type de brûlures au niveau du pied droit.
Ne supporte ni drap ni couverture, EVA à 10.
Dossier n° 2
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
19/11/99 Fatigue D Dort mal depuis 10 jours et met de plus en plus de
10 h 45 temps à faire son ménage, sa toilette. La douleur est
toujours présente. Son poignet et son coude droits
sont gonflés, chauds et raidis. Mme C. ne sait plus où elle
en est dans son traitement.
23/11/99 Fatigue D Mme C. dit qu’elle récupère. Sous la douche bien S. Alain
12 h chaude, elle arrive à dérouiller ses articulations. Les
exercices avec le kinésithérapeute lui ont redonné de la
souplesse. Ce matin, elle est capable de dire comment
elle doit gérer son traitement.
Commentaires La sécurité
Dans l’extrait ci-dessus, l’efficacité et la continuité
des soins sont repérables à plusieurs niveaux : Elle est assurée par la gestion des risques et la
documentation des soins, qui permettent la
• Les professionnels s’appuient sur un ensemble
continuité et l’évaluation des soins par les mem-
de savoirs : médical, pharmaceutique, infirmier,
bres de l’équipe.
sciences humaines et sociales.
• Chaque clinicien contribue à la qualité de soins ➤ Dossier n° 3
parce qu’il met ses compétences au service de la
personne soignée et aussi parce qu’il y a compré- Mme D. est âgée de 87 ans ; elle est hospitali-
hension du rôle de chaque professionnel80. sée en traumatologie suite à un accident de la
voie publique. Elle souffre de contusions mul-
Il s’agit d’une stratégie interdisciplinaire. tiples.
80. S. LAMPE — New Tools for Documenting Nursing Effectiveness. Second conference on Nursing Diagnoses,
Interventions and Outcomes, Nouvelle Orléans, 13 et 14 avril 1999.
164 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Dossier n° 3
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
17/09/99 Douleur D Reliée à la mobilisation, EVA à 6.
11 h
A Faire antalgique 30 min avant les soins.
16 h Douleur R EVA à 0.
Ne s’est pas plainte au cours des soins mais exprime la peur
de souffrir.
Risque de perturba- R Tout à fait au clair sur ce qu’elle fait là. Aidée par le fait que D. Lacombe
tion des opérations l’on parle de son devenir : à l’issue de son hospitalisation, sa
de la pensée fille l’accueillera chez elle.
➤ Dossier n° 4
M. A. est accueilli en orthopédie pour une intervention sur la hanche droite : pose d’une prothèse.
Dossier n° 4
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
20/10/99 Risque de dégage- D M. A. a 71 ans, 1,70 m pour 90 kg. Il est insuffisant respiratoire
11 h 15 ment inefficace des chronique ; il était fumeur autrefois. Lors de sa dernière opé-
voies respiratoires ration, il y a 2 ans, sur sa hanche gauche, il a eu un postopéra-
toire difficile avec somnolence prolongée et encombrement.
Actuellement, il est légèrement douloureux : EVA à 3 ; il se dit
fatigué et a du mal à cracher.
21/10/99 Risque de dégage- R M. A. n’a pas souffert cette nuit : EVA à 0 ; il a dormi 6 h. Il a K. Martin
6 h 45 ment inefficace des tenu à se lever dès son réveil : il s’est déplacé doucement sans
voies respiratoires être essoufflé et participe activement à l’évacuation de ses
sécrétions bronchiques.
T 37,2 ; FC à 80 ; FR à 18.
Les transmissions ciblées : boîte à outils pour la qualité des pratiques soignantes 165
Dossier n° 5
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
2/12/99 Risque de contami- D Le dernier prélèvement de trachéotomie fait en réanimation
18 h nation est revenu positif (porteuse de pyocyanique.).
Mme F. est sous corticoïdes. Elle se nourrit peu et est encore
ralentie.
Elle a une voie d’abord périphérique et des prélèvements san-
guins fréquents. Elle n’a pas de température.
03/12/99 Risque de contami- R Mme F. a compris les mesures d’isolement : elle sait que c’est
19 h nation autant pour elle que pour les autres.
Voie d’abord : pas de problème.
Famille qui respecte les mesures de protection.
N’est pas fiévreuse. Appétit encore très moyen.
81. Prévention des escarres, Guide du service infirmier, L’évaluation de la Qualité des soins Infirmiers, n° 4, série
« Soins infirmiers », région Provence-Côte d’Azur, tableau n° 15, Grille des facteurs de risque d’après Norton.
M. ALLARD — Estimation du niveau de risque de chute du bénéficiaire hospitalisé. Mémoire de maîtrise,
Montréal, 1987.
166 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Dossier n° 6
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
3/04/99 Soutien familial effi- D M. D. demande à rester auprès de son épouse pour les deux
16 h cace premières nuits. Il se sentira plus rassuré et pense que son
épouse sera plus calme.
4/04/99 R M. D est allé se reposer chez lui, sa fille est là jusqu’à 19 h 00. Y. Foret
15 h 45 Mme D. a été calme, la présence de sa famille est très structu-
rante.
➤ Dossier n° 7
M. B. est diabétique : l’évolution de sa maladie a nécessité la mise en place d’un traitement par insu-
line, complété par une éducation.
Dossier n° 7
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
13/09/99 Difficulté face à la R L’inquiétude de M. B. a diminué. Il a été beaucoup plus
11 h 30 prise en charge de détendu et réceptif au moment des soins : sa participation
son traitement permet de dire qu’il s’adapte de mieux en mieux. En revan-
che, son épouse me semble préoccupée quand nous parlons
du prochain retour à la maison.
Dossier n° 8
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
12/07/99 Stratégie familiale D Avons levé régulièrement Mme Y. pour les WC, car elle sent
11 h efficace ses envies. Très embêtée, sa fille nous demande de revenir à
la pose des couches car elle ne peut pas lever sa maman à
domicile. Elle explique qu’elle travaille 3 h le matin et autant
l’après-midi et que de vieux amis passent tenir compagnie à
Mme Y. quelques heures ça et là. Mme Y. est d’accord avec cela.
➤ Dossier n° 9
Alex, 14 ans, est hospitalisé en traumatologie, suite à une chute de roller, pour une fracture des deux
poignets et traumatisme crânien. Il est en observation pour 48 heures.
Dossier n° 9
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
12/07/99 Refus D Alex ne veut pas que nous lui fassions sa toilette, ni que nous
11 h le touchions ; il réclame ses parents.
Dossier n° 10
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
20/11/99 Peur/suites D Le chirurgien avait expliqué à M. B. le traitement de sa diver-
16 h opératoires ticulose. Nous pensons que M. B. n’a pas compris le but de la
possible colostomie provisoire car il ne veut plus se faire
opérer de peur d’avoir une colostomie à vie.
Dossier n° 11
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
18/08/99 Relais M Mme R. a 68 ans. Elle est entrée aux urgences pour fracture du cotyle G suite à
12 h 15 un accident de la voie publique le 1er juillet 1999.
Antécédents cardiaques lourds et valve aortique en 1994.
Complications en suites opératoires : anémie et rétention urinaire avec pose
de sonde à demeure retirée au bout de 3 jours.
suite W
D Mme R est dépendante pour la majeure partie de sa toilette : elle s’occupe de D. Dupont
ses soins du visage et de ses soins dentaires à condition d’être bien installée. Kiné.
Elle commence à se remobiliser : elle est restée 30 min assise au bord du lit
pour la première fois hier. A une légère surdité appareillée.
Elle occupe ses journées avec la télévision et la lecture de magazine.
Sa petite-fille vient jouer au scrabble avec elle le week-end et le mercredi.
Les petites plaies occasionnées par les broches lors de la traction sont à surveiller.
Dossier n° 12
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
23/12/02 Évaluation M À gauche, amputation à mi-cuisse réalisée il y a 20 jours : moignon pré-
17 h kiné. sentant une cicatrice sanguinolente, avec œdème modéré ; tendance au
d’entrée flexum, réductible, mais difficulté à tenir la position.
À droite, membre inférieur en flexum global réductible avec déficit mus-
culaire de certains groupes.
V Est non douloureux et dit qu’il a le moral. Est très attentif aux conseils
et aux soins : pose des questions sur l’appareillage à venir.
A Lui rappeler régulièrement de mettre les jambes à plat dans le lit pour le D. Dupont
bon positionnement du moignon et faire les liens avec l’appareillage à venir. Kiné.
suite W
A Mobilisation active en extension. D. Dupont
Poursuivre l’éducation car si le moignon est en flexion fixée, l’appa- Kiné.
reillage serait compromis.
26/12/02 Altération de la R Jambes à plat dans le lit à mon arrivée; a compris l’enjeu.
8 h 30 mobilité
28/12/02 Altération de la D Se sent fatigué; dit qu’on le sollicite beaucoup physiquement : comprend
7h mobilité mais…
A Vu avec lui, ergo. et kiné. pour intervenir en respectant ses repos. Q. Martin
IDE
Dossier n° 13
Date et Cibles DAR Transmissions Signature
heure
22/07/99 1er lever D Mme G. est extubée depuis hier soir. Elle demande à être levée. À la toilette,
9h sécuritaire nous avons vu quelques rougeurs au niveau du siège. Mme G. n’est pas allée à
la selle depuis 3 jours et elle pense que cela s’arrangera si nous la levons.
A Feu vert de l’anesthésiste qui nous dit que Mme G. s’est déjà remise d’une L. Lenoir
situation de santé identique. L’évaluation des capacités de Mme G par le
kinésithérapeute est bonne tant sur le plan respiratoire que physique ; il
faut seulement choisir le moment de la présence des deux équipes pour
faire le lever et emprunter le lève-malade de chirurgie.
15 h R Mme G. est au fauteuil depuis 30 min, elle demande à y rester encore pour X. Huet
que son mari puisse la voir. État respiratoire et paramètres satisfaisants.
Les transmissions ciblées : boîte à outils pour la qualité des pratiques soignantes 171
Critères étudiés
→ les liens entre les habitudes de vie et les besoins perturbés par le problème de santé,
→ le devenir envisagé.
➄ Connaissance de la personne en cours d’hospitalisation :
→ les transmissions observations,
→ les résultats,
→ la synthèse de sortie.
suite W ➄ Sectorisation
➄ Relèves écrites
➄ Rationalisation des outils
III. LES RÔLES PROFESSIONNELS
PÉRIODE RÉSULTATS
CRITÈRES AVANT 1995
1996-1997 1998-1999 QUALITÉ VISÉS
Liens entre habitudes de Les habitudes de vie ne La macrocible « accueil » →12 éq./18. Évaluation initiale, de l’état
vie et besoins perturbés sont pas repérées. permet à 8 équipes sur →8 éq./18 font des liens de santé, des besoins
Quelques besoins pertur- 18 de : qui s’ouvrent sur des physiques, psychologiques,
bés apparaissent. ◗ poser des informations cibles dominantes à sociaux et spirituels,
au niveau des habitudes l’entrée : exhaustive et amenant :
de la personne, ◗ la douleur est très bien ◗ les cibles dominantes à
◗ repérer les besoins per- repérée fin 99 = 18 éq./18, l’entrée,
turbés. ◗ les risques, moins = ◗ l’anticipation des risques,
6 équipes sur 18 font des 10 éq./18. ◗ la gestion de la douleur.
liens entre les deux.
Vécu de la personne et Pas d’information. 10 équipes sur 18 → Mêmes résultats avec Vécu de la personne recher-
approche psycho-émo- s’appuient sur des infor- une nette augmentation ché et pris en compte.
tionnelle à l’entrée mations/vécu. des cibles informant sur Cibles de préoccupation de
5 équipes sur 18 infor- les préoccupations de la la personne psychologi-
ment sur les attentes de la personne et de son ques, socioprofessionnel-
personne face à l’hospitali- entourage (12 éq./18). les, familiales, culturelles,
sation et à ce qu’elle vit. spirituelles suivies.
W
82. L’évaluation a concerné 18 équipes de soins, les résultats obtenus sont notés dans le bilan en fonction de ces
18 équipes, pour « éq. » lire « équipe de soins ». Synthèse réalisée par le comité de suivi et les cadres de santé du
CH de Rodez.
Les transmissions ciblées : boîte à outils pour la qualité des pratiques soignantes 173
suite W Devenir envisagé Pas d’information à 10 équipes sur 18 rensei- → 14 éq./18 Le recueil de données et
l’entrée. gnent les rubriques 7 éq./18 réalisent des les premières cibles per-
« environnement » et macrocibles de situation mettent d’envisager rapide-
« développement » de de la personne. ment le devenir de la
macrocible. Entrée et 12 éq./18 renseignent dès personne en tenant
pointent les difficultés, les le début du séjour des compte de son environne-
attentes par rapport au cibles "devenir". ment familial, social.
devenir de la personne, 15 éq./18 informent sur
en lien avec son entou- les personnes ressources.
rage familial et social.
Les interventions Répétition jusqu’à 5 fois 16 équipes sur 18 ont mis → 17 éq./18 (≈ 80 % des Le diagramme permet de
des éléments de la pres- en place le diagramme soins). poser des objectifs de
cription médicale. des soins, où l’on re- 12 éq./18 posent les soins soins en équipe.
Peu de traces des soins trouve ≈ 60 % de soins relationnels et éducatifs. Il témoigne de l’évolution
relevant du rôle auto- réalisés. → 5 éq./18 et 2 éq./18 de de la personne.
nome de l’IDE. 4 équipes sur 18 posent temps à autre. Il est possible de conduire
les soins prévisionnels des études de charge en
(objectifs) et renvoient soins.
aux cibles (et vice versa).
Les résultats Pas de résultat pour la Les premiers résultats 13 éq./18 ont des résul- L’efficacité des soins est
personne, mais des résul- obtenus avec la méthode tats en terme de bénéfi- systématiquement notée.
tats d’examens, de la transmissions ciblées con- ces pour la personne. Le niveau de satisfaction de
régulation d’équipe. cernent les tâches. Certaines équipes ont la personne est noté.
5 équipes sur 18 notent peu de résultats, car ils Les réajustements sont
des résultats pour la per- sont masqués par les repérables.
sonne. données (mauvaise utili-
sation de la méthode).
5 éq./18 proposent des
réajustements.
Les synthèses de sortie Inexistante 12 équipes sur 18 posent 5 éq./18 concluent le L’état de la personne à la
des informations sur l’après séjour avec des synthèses sortie est repérable et la
hospitalisation en cibles qu’elles photocopient comparaison avec l’état à
« devenir » ou « sortie ». pour les services de suite. l’entrée est possible.
Les résultats obtenus face
aux problèmes suivis sont
notés comme étant réso-
lus, partiellement résolus
ou non résolus. W
174 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
suite W
II. Organisation des soins
Relèves écrites Ecrits réalisés au dernier 6 équipes sur 18 mettent 8 éq./18, en sachant que 2 Les relèves écrites sont un
moment, voire en cours en place la « prérelève » ne le font pas régulière- temps qualité : elles sont
de relève orale. pour renseigner leurs dos- ment. réalisées au cours de pré-
Exclusivité de l’IDE siers en tandem IDE/AS relèves en tandem IDE/AS.
Relèves orales Elles sont variablement 10 équipes sur 18 orga- →15 éq./18. Les relèves orales sont un
réalisées. nisent ce temps : Dans 10 éq./18, les CI temps qualité où les ob-
Elles ne sont pas organi- ◗ installation confortable, animent 2 à 3 relèves par jectifs à poursuivre sont
sées. Elles concernent les ◗ gestion des dérange- semaine. débattus en équipe inter-
IDE, les AS en partie mais ments, disciplinaire.
pas les autres acteurs. ◗ présence de tous les
acteurs qui s’occupent
des personnes soignées
et surtout des AS.
La distribution des soins Quelques unités sectori- 8 équipes sur 18 réajus- → 12 éq./18. La distribution des soins
sées, mais encore beau- tent leur sectorisation et 6 éq./18 mettent en place entre les acteurs se fait en
coup de tâches sérielles. l’organisation du des temps d’organisation regard du profil des per-
travail = valorisation du du travail en début de sonnes soignées, des pro-
tandem IDE/AS postes. jets à conduire.
Outils Dossier de soins mis en Mise en place du dossier ◗ fiche de suivi de plaie, Les outils de suivi et de
place en 1991 sous-uti- de soins ciblé (16 équipes ◗ fiche de détection des coordination des soins
lisé. sur 18). risques (chute, escarre,…), sont sécuritaires :
Réajustement ou dévelop- ◗ amorce d’une réflexion ◗ pour la personne soi-
pement d’outils de suivi et sur la planification murale. gnée, ils garantissent le
de coordination des soins : suivi de ses problématiques
◗ feuille de suivi opératoire, en s’articulant avec les
◗ fiches de suivis divers = transmissions ciblées et les
alimentation, selles, chan- diagrammes de soins,
gements de position, ◗ pour le soignant, car ils
◗ réorganisation de la augmentent le profession-
feuille de température. nalisme et l’efficience dans
les soins proposés.
suite W Infirmier(e)s À travers les écrits, se Mesure l’importance de Augmente son expertise Infirmier(e)s : chef de
présente comme un(e) l’ensemble de ses rôles clinique. l’équipe interdisciplinaire.
auxiliaire médical(e). professionnels et en par-
ticulier de son rôle auto- Contribue aux diagnos- Partenaire de la personne
Solitaire dans sa réflexion nome. tics médicaux. soignée.
professionnelle.
Ouverture aux autres Collaboration avec le
professionnels = collabo- médecin.
ration, complémentarité.
Cadre infirmier Organise essentiellement Favorise et relaie la for- Adapte le projet d’amélio- Chef de projet.
son service autour des mation de son équipe. ration des transmissions
données médicales. d’informations soignantes Est au cœur des liens entre
Développe des outils de à la réalité du service, de les divers projets institu-
Conduit quelques pro- conduite de projet. la clientèle. tionnels, leur cohérence,
jets de façon isolée dans leur évaluation.
son service. Recentre la prestation de Met en place des outils
son équipe sur la per- sécuritaires et conduit les Tient compte des retours
sonne soignée et son auto-évaluations en de satisfaction de la clien-
entourage. s’appuyant sur l’implica- tèle pour diriger son ser-
tion de l’équipe. vice.
Modèle corporatiste et Début de la concertation Continuité des soins clai- Modèle interdisciplinaire avec
individualiste = communi en équipe qui se retrouve rement repérable. des professionnels qui se
cation insuffisante et autour des mêmes pro- Développement des retrouvent sur un même
cloisonnement. blématiques de patient en outils de suivi et de dossier patient.
s’appuyant sur les mêmes liaison entre équipes,
supports et méthodes. entre services.
16
1 Le dossier ciblé professionnels de santé, de leurs objectifs, et
relève d’outils et d’activités de contrôle et de
« une contribution suivi à mettre en place. Face à ces exigences,
nous vous proposons un diagramme des activi-
à la gestion des risques » tés de soins intégrant deux rubriques nouvelles :
la douleur et la sécurité et les risques.
• La rubrique sécurité et risques propose une
Le contexte évaluation des principaux risques et leur
gestion : sont retenus les risques de chute, d’alté-
ration cutanée, de fausses routes, de perturba-
Parmi les perspectives offertes par le dossier de
tions comportementales et cognitives, de danger
soins ciblé, il en est une fondamentale : la contri-
envers soi et/ou les autres et de fugue.
bution à la gestion des risques. La gestion des
• La rubrique douleur, positionnée intentionnel-
risques est, de plus en plus, une exigence de la
lement en tête de diagramme, propose des actes
personne soignée et de son entourage mais aussi
d’évaluation de la douleur et des actes de gestion ;
de l’hôpital dans le cadre de la maîtrise des
elle renvoie le soignant à l’utilisation d’outils
dépenses de santé. Le poids de la contrainte éco-
d’évaluation de la douleur, outils adaptés au pro-
nomique est bien là d’une part et, d’autre part,
fil de l’usager ainsi qu’à la mise en œuvre de plans
la personne soignée ne veut ni ne doit être vic-
de chemins cliniques interprofessionnels et de
time d’une organisation et de professionnels de
protocoles de prescriptions médicales.
santé défaillants. La loi n° 2002-303 du 4 mars
2002 relative aux droits des malades et à la qua-
lité du système de santé, article L.1110-5,
affirme à propos de la personne soignée, que Présentation d’outils
« les actes de prévention ; d’investigation ou de de la gestion des risques
soins ne doivent pas, en l’état des connaissances
médicales, lui faire courir de risques dispropor-
tionnés par rapport au bénéfice escompté » et ➤ Présentation d’un modèle de grille
que « tout fournisseur de produit de santé » est d’anticipation des risques
tenu à « l’obligation de sécurité ». La responsa- Nous avons travaillé un modèle de grille d’anti-
bilité des professionnels de santé est clairement cipation de ces principaux risques ; cette grille,
mise en avant. testée en situation réelle, offre l’intérêt de pou-
Les conduites professionnelles se doivent donc, voir mesurer la présence de plusieurs risques de
d’être rigoureuses, transparentes et sécuritaires, façon concomitante. Proposée à des étudiants en
non seulement pour répondre à la loi, mais aussi soins infirmiers, elle a été perçue comme une
pour contribuer à la tranquillité d’esprit des soi- aide pédagogique face au raisonnement à tenir
gnants et à la valorisation de leurs compétences. dans l’anticipation des risques. Cette grille
Gérer les risques encourus par les personnes demande à être éprouvée, enrichie par les pro-
accueillies fait partie intégrante des missions des fessionnels.
178 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
comportementale
DOMAINES INDICATEURS DE RISQUE À EXPLORER
Fausses routes
Constipation
Perturbation
Altération
ou autres
cognitive
Chute
RESPIRATION Tabagisme 1 2 1 2 1 2
Dyspnée et/ou encombrement 1 2 1 2 1 2
Oxygénothérapie–ventilation non invasive 1 2 1 2 1 2 1 2
Trachéotomie–ventilation assistée 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
DÉFICIENCES Diabète 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
NEUROLOGIQUES ET/ Artériopathies 1 2 1 2 1 2 1 2
OU CIRCULATOIRES Accidents vasculaires–paralysies 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
CHIRURGIE Orthopédie 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
RHUMATOLOGIE Colonne 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
Situation post-opératoire 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
Intervention chirurgicale supérieure à 2 heures 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
THÉRAPEUTIQUES Cytotoxiques 1 2 1 2 1 2 1 2
Corticoïdes anti-inflammatoires 1 2
Somnifères et neuroleptiques 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
Antalgiques lourds 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2
Anti-coagulants
Laxatifs diurétiques 1 2 1 2
I.D.E.
Etiquette
Signatures
A.S.
Année 20 M S N M S N M S N M S N M S N M S N
Jour
Mois :
Evaluation EVA Ì EVS Ì Doloplus Ì
DOULEUR
Mesures/fausses routes
Douche
Chariot-douche
Partielle
Toilette lit
Totale
Partielle
Toilette lavabo
Totale
Soins spécifiques - Soins
bucaux - Pédiluve/Capiluve
Aide partielle
Habillage/Déshabillage
Aide totale
Régulation température Réchauf. Ì Refroidi Ì
Enquête alimentaire
ALIMEN-
TATION
Installation
Repas - Boissons Stimulation
Aide partielle
Aide totale
Evaluation de la continence
NATION
ELIMI-
1 er lever
Mobilisation
/ à faire ➚ non fait, voir cible fait fait, voir cible ➘ jour opératoire // arrêt
Année 20 M S N M S N M S N M S N M S N M S N
Jour
Mois :
Information : Personne Soignée
EDUCATION
Entourage
RELATION
Education
Soins occupationnels
Ecoute et Soutien
Relation
Facilitation de l'expression
Aide à la prise de décision
Réflexion / Bénéfices / Risques
Paramètres vitaux :
SURVEIL-
LANCE
Tracé cardiaque
Bilan Entrées / Sorties
Selles - Urines - Autres
Neurologique
Contrôler la prise
Médicament per os
Aide à la prise Ì Ecraser Ì
Collyre Ì Patch Ì
Pose / Couleur cathéter
Voies Veineuses périphériques
Gestion
Injections : IM - IV - SC
Pose / Gestion
Préparation Pré Opératoire Protocole pour :
Pansements : simple -
complexe - drains
Analyses en service
Définition et contenu
2
du résumé de soins infirmiers
Résumé de soins infirmiers
« C’est un document synthétique permettant de
visualiser, sous forme standardisée, les informa-
tions-clef relatives à la prestation auprès d’un
Introduction client.»
Le résumé de soins infirmiers (RSI), apparu en « Le résumé de soins infirmiers, par son évaluation
France en 1987 et particulièrement encouragé de l’activité de l’unité de soins, permet une analyse
par Catherine Dubois-Fresney83, est le chaînon plus précise, plus fine, de la prise en charge en
manquant d’un courant qui pousse le monde soins et du rôle joué par chaque soignant. »86
infirmier vers plus de professionnalisme.
Comme nous l’avons vu précédemment, cette « En ce qui concerne la protection des informa-
évolution débute en 1978 avec la reconnaissance tions données par la personne et traitées par
du rôle propre, puis par la démarche de soins, informatique, plusieurs textes législatifs assurent
l’introduction des diagnostics infirmiers, la la confidentialité et la sécurité de ces données
mesure des charges en soins en 1991, la taxono- reconnues de nature médicale et adressée avec
mie des interventions et celle des résultats. Il ne les mêmes règles d’anonymat que le RSS.87
manque que l’outil de synthèse qui cristallise
88. G.M. BULECHEK, J.C. McCLOSKEY — Classification des interventions infirmières. Maloine, Paris, 1996, p. 36.
89. M. JOHNSON, M. MAAS. Classification des résultats de soins infirmiers CRSI • NOC. Masson, Paris, 1999.
90. Logiciel SIIPS, Actipidos GRIEPS.
184 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
SB
Toilette complète au lit Dépendance totale
Prévention d’escarres MSN Suppléance totale 20 Malade alité
Changements de positions fréquentes hygiène 20 Incapacité de s'alimenter
Soins de bouche MSN alimentation 20 Prévention de l'état cutané
Aide totale au repas locomotion 20 Surveillance répétée du
Eau gélifiée élimination 4 diabète et des poussées
Aide au lever MS 10 10
hypertensives
SB = 20 Hydratation parentérale
ST
Aide à la prise de médicaments Altération de la
Pansement escarre communication
Prise de TA (8 fois/24 h) Soins légers et courts répétés verbale
Aspirations (x 3) MSN SB ST SRE Stimulation de la
Sondage vésical à demeure conscience
Perfusion pousse-seringues de façon répétée
injections 6 fois/24 h
ST = 10
SRE
Stimulation de la conscience • Chez une femme de 83 ans
de façon répétée Dépendance majeure
Relation d’aide à la vie quotidienne • Accident vasculaire cérébral
Aide de la famille • Aphasie et déficit moteur droit
Amélioration de la communication – Diabétique
SRE < 10
Le calcul des SIIPS fait apparaître pour une prise en charge de 22 jours, soit un temps de soins de 115 heures 30 minutes91 :
La charge en soins du séjour est de 115 heures 30 minutes. Le RSI de Mme Anna T… se présente sous la forme de la figure 16.
91. Le calcul des SIIPS se réalise selon la méthode décrite dans l’ouvrage suivant : M.C. BEAUGHON, C. DICK-DELALONDE,
F. PISTRE, P. VORON — La méthode SIIPS, indicateurs d’activité en soins infirmiers. Lamarre, Vélizy, 1999.
Soins de base = (20 × 7 + 20 × 7 + 20 × 7 + 20 × 1)/22 = 20 pts SIIPS
Soins techniques = (10 × 7 + 10 × 7 + 4 × 7 + 4 × 1)/22 = 7,8 pts SIIPS
Soins relationnels = (10 × 7 + 10 × 7 + 10 × 7 + 10 × 1)/22 = 10 pts SIIPS
Intensité journée = SB + ST + SRE = 37,8 pts SIIPS
Total séjour = (20 + 7,8 + 10) × 22 j = 832 pts SIIPS
Temps de soins = 832 × 8,33 = 6930,56
Temps de soins pour le séjour = 115 heures 30 minutes.
Les perspectives offertes par les transmissions ciblées 185
Nom : T--------------
Prénom : Anna
Date de naissance : 1914
Service : médecine interne
Altération de la communication
Altération de la mobilité
Constipation
Incapacité de s’alimenter
retour à domicile, ces éléments renvoyant à une pour améliorer la qualité des soins en évaluant
orientation vers un hébergement de ces personnes les pratiques professionnelles dans un processus
dans une structure de soins adaptée, etc.) continu (voir chap. 17, p. 200). L’implantation
• Une gestion optimisée des ressources et des de la GPS® demande un changement sur le plan
compétences humaines en comparant les RSI des des habitudes liées aux pratiques de soins et aux
différents sites et en s’interrogeant sur l’intensité modalités de gestion. Il est nécessaire d’en
et les résultats des soins. comprendre la portée, d’en saisir les perspectives
avant de se lancer dans cette aventure commune.
Déjà en 1996, B. Germain92 proposait « d’intégrer
le RSI dans un résumé de soins commun à tous les
professionnels qui gravitent autour du patient. » Le contexte
La perspective d’outils fédératifs est devenue
aujourd’hui une réalité avec l’existence du dossier Le contexte actuel est que les soignants ont pour
patient. Les outils de gestion des soins comme les priorité de laisser le patient au centre de leurs pré-
transmissions ciblées ne sont qu’une étape de cette occupations. L’économie de la santé vise à la dimi-
approche des soins en équipe. La Gestion prévi- nution progressive des coûts. L’ouverture vers les
sionnelle des soins, qui est un renouvellement pro- réseaux de soins demande une culture de soins
fond de la manière de concevoir la distribution des communicatrice et interdisciplinaire. Ces change-
soins, permettra à la culture de l’interdisciplinarité ments remettent en question les méthodes et les
de s’affirmer et de s’épanouir. outils de distribution des soins présents. Les pro-
fessionnels recherchent des outils d’organisation,
de contrôle et de traçabilité des soins démontrant
la qualité et la quantité des soins réalisés.
3 Management Le défi est de faire plus et mieux avec ce que nous
du chemin clinique avons.
cet état par « les soins high-tech ont évolué vers soins dont l’incidence dans l’unité est prépondé-
des soins high-speed ». Ils doivent gérer un sys- rante (comme l’infection, des complications, la
tème d’informations de plus en plus dense. rechute ou la réadmission ou un rétablissement
Ce contexte nécessite de trouver de nouveaux retardé, luxation…). Le choix de la population
modes de fonctionnement comme ceux issus de relevant d’une GPS® est fondamental. Il peut
l’ingénierie, utilisés dans la gestion de projet et s’orienter à partir des données du Programme de
qui consistent à maintenir un équilibre entre les médicalisation du système d’information, dans
objectifs, les prévisions et les ressources. les Groupes homogènes de malades96. Il est étayé
Dans les milieux de soins, nous sommes plus habi- par une analyse de l’existant conséquente, basée
tués à réagir aux événements et pas assez à prévoir, sur l’étude de questionnaires de satisfaction des
d’où des incoordinations entre les professionnels et soignés et des soignants et celle de l’audit des
des conséquences désagréables pour les patients. dossiers de soins.
En plus de la recherche de l’efficacité de la prise
Exemple en charge des patients, ce modèle vise des résul-
tats cliniques optimaux tout en contrôlant les
Pour un patient qui doit être opéré et qui fume, le coûts par une utilisation judicieuse des ressour-
programme opératoire est décalé à cause d’une ces. Il est également une ouverture sur une ges-
consultation en pneumologie non programmée ou tion des patients en amont et en aval de l’hospi-
programmée avec une intervention non réalisée talisation, ce qui le place en lien avec les réseaux
dans les délais prévus. de soins. Les étapes obligatoires d’une GPS®
pour construire des chemins cliniques qui amé-
liorent effectivement la qualité des soins sont
synthétisées par la figure 17.
Définition
FIGURE 17. ÉTAPES ESSENTIELLES D’UNE GESTION PRÉVISIONNELLE DES SOINS
Son origine est aux États-Unis le « Case
Management », au Canada le « suivi systémati- FORMULATION DES RÉSULTATS
que de clientèles » ou « gestion des cas ». OPTIMAUX
Étapes obligatoires
La GPS® ou Management du chemin clinique inter-
disciplinaire est une « méthode de distribution
des soins qui conjugue processus clinique et pro-
cessus de gestion dans une approche interdiscipli-
naire centrée sur un groupe de patients ». ANALYSE DE DOSSIERS
Recherche des problèmes rencontrés
paraison
Prévoir, planifier
Faire
Chemin
CheminClinique
clinique
Plan d’Intervention
Plan d’intervention Interdisciplinaire
interdisciplinaire Plans
Plansdedesuivi
suiviprogrammés
programmés
Synoptique
Synoptiqueabrége
abrégedes
desinterventions
interventions Indicateurs
Indicateursdederésultats
résultats
Parcours
Parcourspatient:
patientarticulation
: articulationetetinterface
interfacedes
destâches
tâches Ordonnances
OrdonnancesPré préétablies
établies
Non
Noncomplétés
complétés Complétés
Complétéspar parles
lesprofessionnels
professionnelssur
surles
lesdocuments
documents
dedesuivi
suiviexistants
existantsou oudossier
dossierspécifique
spécifiquecrée
créé
Validés
Validéspar
parles
lesprofessionnels
professionnelsinterdisciplinaires
interdisciplinaireslors
lorsde
delala
réalisation
réalisationeteten
encas
casde
deréajustement
réajustementdu duplan
plan Validés
Validéspar
parles
lesprofessionnels
professionnelsenentemps
tempsréelréelprévu
prévu
Grilledes
Grille des écarts
écarts
Synthèse des
Synthèse desrésultats
résultats
Une
Unegrille
grillepar
paroutil
outilde
degestion
gestion
Résultats
Résultatscochés
cochésparparles
lesprofessionnels
professionnels
Complétés
Complétéspar parles
lesprofessionnels
professionnelsou
oulelecoordinateur
coordinateur
Utilisée
Utiliséelors
lorsdes
desréunions
réunionscliniques
cliniques
Utilisée
Utiliséelors
lorsdes
desréunions
réunionscliniques
cliniques
Analysée
Analyséeetettraitée
traitéepar
parlelecoordinateur
coordinateurdes
dessoins
soins
Validé
Validéetetanalysé
analysépar
parlelecoordinateur
coordinateurde
desuivi
suivi
Analyser
97. M. RAYNAUD — « Une organisation de la prise en charge innovante au CHU de Montpellier : le projet
chemin clinique », mémoire de l’École nationale de santé publique, 2003.
98. La roue de Deming ou roue de la qualité est l’illustration de la méthode qualité PDCA (Plan, Do, Check, Act)
utilisée dans la gestion de projet. ANAES — « Les méthodes et les outils des démarches qualité pour les établisse-
ments de santé », service d’évaluation en établissement de santé, août 2000.
Les perspectives offertes par les transmissions ciblées 189
Consultation Bloc JO J1 J2 J3
Tests NFS, électrolytes, PT, NFS, électrolytes en salle NFS, électrolytes
Acide Pos., analyse de réveil
d’urine, ECG, radio
pulmonaire
Activités Anesthésie régionale Lever à volonté
Repose au lit 6 à 8 heu-
res
Lever avec aide
Traitements Bas anti-emboliques
Sonde urinaire Diminuer la tension Enlever la sonde
(compression)
Irrigation vésicale
Perfusion IV 24 heures
Médicaments Arrêt de AAS Suppositoire
antispasmodique
Antibiotiques IV × 1 Per os
Antalgique IM Per os
Laxatif
Alimentation Rien per os préopératoire
Normale postopératoire
Liquides 2 L/jour
Planification de Évaluation sociale Référer au service Référer pour
sortie Insister sur la durée du social si nécessaire soins à domicile si
séjour prévue nécessaire SORTIE
Évaluer le mode
de sortie
Enseignement Dépliant Activités Réévaluer la
Vidéo Médicaments compréhension
Soins sonde Reprendre le
contenu
Liquides 2 L/jour
Signes de complication à
surveiller
Résultats Le malade sera capable d’uriner seul après sonde. S’engagera à prendre l l/jour et reconnaîtra les signes de complication
Date d’entrée rapporter Date de sortie Variance
Coordinatrice
Adapté de : Cronin et Macklebust Nursing Management 20 (3) 1989
et de : King ML Inf. Can., avril 1992
99. C. BOISVERT et E. FOSSE — « Utiliser la gestion prévisionnelle des soins pour optimiser la prise en charge », Soins, n° 637,
juil.-août 1999, p. 20-23.
190 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
100. F. DANCAUSSE, M. BLANCHARD, M. ARNAL — « Le chemin clinique, une route vers l’amélioration
continue », Gestions hospitalières, fév. 2006, p. 92.
101. ANAES — « Méthodes et outils des démarches qualité pour les établissements de santé », juil. 2000, p. 127
(le chemin clinique permet de répondre à la référence 46 du manuel d’accréditation de la deuxième procédure de
certification et il est définit comme « un outil de planification quotidienne de la prise en charge de patients pré-
sentant une pathologie bien définie lors de leur séjour dans un établissement de santé »). « Le chemin clinique »
Haute Autorité de Santé, mars 2005 : www.has-santé. fr
102. Histogramme de Gantt : « Méthode qui permet de visualiser l’échelonnement dans le temps des opérations
successives nécessaires d’un projet, à la fabrication d’un produit ou à l’exécution d’une activité d’entreprise ».
G. J.B. PROBST, J.-Y. MERCIER, O. BRUGGIMANN, A. RAKOTOBARISON — Organisation & manage-
ment. Les éditions d’organisation, Paris, 1998, p. 121.
Le planning de PERT (Program Évaluation and Review Technic), « Technique de planification réticulaire qui
permet d’optimiser l’utilisation des capacités dans le temps ». G. J.B. PROBST, J.-Y. MERCIER,
O. BRUGGIMANN, A. RAKOTOBARISON — Organisation & management. Les éditions d’organisation,
Paris, 1998, p. 121.
103. K. ZANDER — « Managed Care within acute care settings : Design and implementation via nursing case
manag ement ». In Health Care Supervisor, vol. 6, n° 2, p. 27-43.
Les perspectives offertes par les transmissions ciblées 191
résultat final : marche dans sa chambre et dans dernières doivent être rédigées par le médecin
le couloir sans inconfort, effectue ses exercices soit classiquement sur l’ordonnance pré-impri-
respiratoires (bouffées de ventoline) correcte- mée, soit sur la feuille prévue à cet effet dans le
ment et sait les réaliser seul. Ils prennent en dossier patient.
compte : les résultats cliniques et biologiques Pour l’équipe de soins, il peut être utilisé comme
attendus, les comportements et réactions obser- référentiel pour organiser les soins ou comme
vables du patient en réponse à une prise en outil de transmissions journalier de suivi du
charge interdisciplinaire. patient. Son informatisation devrait à terme per-
Le chemin clinique répond à une logique prévi- mettre la diminution des saisies aux seuls écarts
sionnelle qui s’interroge sur : constatés pour diminuer les écrits et simplifier la
lecture.
• Qui/quoi/où/comment/quand/pourquoi tra-
vaillons-nous et pour quels résultats ?
➤ La grille des écarts :
• Comment pouvons-nous améliorer nos résul- deuxième outil de base
tats et nos prestations ?
• En quoi sommes-nous compétitifs vis-à-vis C’est un document qui étudie les écarts entre les
d’autres institutions ? résultats escomptés et les résultats obtenus ainsi
que leurs causes. Un écart est un déroulement
Le chemin clinique organise et planifie au jour le non conforme au chemin clinique, qui peut modi-
jour les différentes activités qui sont les suivantes : fier l’utilisation des ressources, la qualité des
résultats cliniques et la date de sortie prévue.
• les examens de laboratoire,
• les consultations, Chaque outil doit contenir nécessairement une
• les investigations, feuille d’enregistrement des écarts quotidiens
• les traitements, même si aucun écart n’est constaté.
• les surveillances, Les variables répertoriées influençant les résul-
• l’alimentation, tats sont :
• l’éducation, • les interventions de soins;
• la préparation à la sortie. • la compétence des soignants;
Il est à noter que le chemin clinique peut être uti- • l’environnement des soins et leur
lisé comme support de réflexion pour l’élabora- organisation;
tion des prescriptions médicales. Toutefois ces • la motivation du patient et de son entourage.
192 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
104. L. BABERGE — Suivi systématique de clientèle. Concept théorique. Centre hospitalier Robert-Giffart, fév.
1998, p. 27, annexe n° 3 : relevé des écarts.
Les perspectives offertes par les transmissions ciblées 193
binôme composé d’un médecin responsable de la En conclusion, la GPS est un plan de « bonnes
prise en charge des patients qui les suit de la pratiques » de soins dans tous les domaines et
consultation à l’hospitalisation, et d’un cadre de dans toutes les dimensions. Elle peut s’inscrire
proximité assisté d’une infirmière de l’unité pour dans une démarche d’optimisation des problè-
la gestion des soins. mes de santé et de son système :
• pour le système de santé : elle commence avant
l’hospitalisation et se termine après; elle est trans-
Conclusion versale et permet le suivi d’un patient dans le sys-
tème de santé à travers une philosophie de réseau;
➤ Les résultats de la mise en œuvre • pour la structure de soins : l’analyse d’un cer-
de la GPS tain nombre d’écarts peut permettre la mise en
évidence de problèmes structurels, organisation-
Les effets évalués en France sont identiques à
nels, communicationnels et lorsqu’il s’agit en
ceux des autres pays (Belgique, Canada, États-
particulier de passer d’une unité à une autre, elle
Unis…) qui utilisent la GPS :
favorise le décloisonnement;
• augmentation de la satisfaction du patient; • pour l’unité : augmentation de la communica-
• diminution de l’apparition des signes clini- tion et amélioration de l’organisation du travail
ques (douleur, infection, escarres…); à partir du questionnement sur les pratiques et
• création d’interventions de soins personnalisées; leur bien-fondé, elle associe l’évaluation des pra-
tiques médicales et paramédicales;
• augmentation de la satisfaction des soignants; • pour le patient et les soignants : amélioration
• diminution de la durée de séjour; de la recherche clinique, enrichissement des
• diminution des coûts. interventions de soins et de la pratique, meilleur
repérage des complications, de la réaction des
En 1999, Cécile Boisvert et Évelyne Fossé ont
patients et possibilité de confrontation des résul-
publié les résultats d’une GPS concernant le
tats obtenus avec ceux attendus.
déroulement d’un projet sur la prothèse totale
Ce sont donc des bénéfices réalisés pour le soi-
de hanche dans une clinique chirurgicale pri-
gné, le soignant et la structure.
vée105. Les résultats montrent une diminution de
la durée de séjour qui passe à moins de 10 jours
pour 72 % des opérés avec résolution des pro-
blèmes de normothermie à la sortie de la salle de
réveil, de douleur gérée au quotidien et diminu- 4 Les transmissions ciblées
tion de l’administration de produits sanguins.
L’éducation des patients est améliorée et notée et l’organisation par pôle
par l’équipe pluridisciplinaire.
D. Borawski et M. Snow, en Caroline du Nord,
ont montré que dans le cas de patients atteints
de pneumonie, la durée moyenne de séjour qui
Le contexte
était de 5 à 7 jours était passée à 3 à 5 jours, les
réadmissions des patients d’une sur quatre à une La mise en place du Plan hôpital 2007 a été
sur 10, les examens radiologiques de 2,9 à motivée par le déficit national du système de
1,4 %, l’oxygénothérapie de 40 à 17 %106. santé (environ 75 % des hôpitaux publics sont
L’antibiothérapie orale à la sortie était passée de en déficit économique) et pour accompagner la
42 à 100 % des patients et des plans d’action modernisation de l’offre de soins rendue néces-
d’éducation étaient réalisés pour tous les saire par l’alliance de la haute technicité, de
patients. Cette méthode s’est depuis largement l’évolution des pratiques de soins et des attentes
étendue à la France. des usagers. Cette réforme issue des travaux de
105. C. BOISVERT et É. FOSSE — « Utiliser la gestion prévisionnelle des soins pour optimiser la prise en
charge », Soins, n° 637, juil-août 1999, p. 20-23.
106. D. B. BORAWSKI et M. D. SNOW, « Pneumonia pathway streamlines care », Nursing Case Management,
sept.-oct. 1996, p. 180.
194 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
la Mission nationale d’expertise et d’audit hos- place de la Haute Autorité de Santé et de la ver-
pitalier (MEAH) initiés par Jean-François Mat- sion 2 de la certification avec les évaluations des
tei (alors ministre de la Santé, de la Famille et pratiques professionnelles, les structures de soins
des Personnes handicapées) passe par une modi- s’orientent vers une certification avec un lien pour
fication du fonctionnement des hôpitaux et de obtenir une autorisation d’activité. Les cadres de
leur mode de financement. santé et leurs équipes savent que la qualité est un
Deux directives suscitent le questionnement des point de réforme prioritaire dans le Plan hôpital
professionnels de santé : la tarification à l’acti- 2007; cela se traduit par des prescriptions écrites,
vité, enlevant pour une part l’effet d’amortisse- un dossier patient unique et une traçabilité des
ment des variations d’activité procuré depuis soins partagée, la reconnaissance des pratiques et
1983 par la dotation globale, et la nouvelle gou- la capitalisation des responsabilités. Dans le Plan
vernance (ordonnance du 2 mai 2005) imposant hôpital 2012, cela correspondra à une accéléra-
la généralisation d’une organisation en pôles tion de l’informatisation du système hospitalier, à
médico-administratifs et marquant surtout la mise en place du dossier médical partagé et à la
l’abandon de la notion de service comme unité sécurisation du circuit du médicament. L’utilisa-
d’appartenance. tion quotidienne des transmissions ciblées dans de
En effet, la nouvelle gouvernance, par son projet nombreux établissements facilite l’informatisation
matriciel, est tournée vers un management plus des données utiles à l’évaluation du suivi du
moderne où l’organisation en pôles d’activités patient mais aussi à l’évaluation des pratiques
doit permettre un décloisonnement de la prise en professionnelles par un audit ciblé du dossier.
charge des personnes soignées et une mutualisa-
tion des ressources. La mise en place de la nou-
velle gouvernance propose donc de faire évoluer
La formation aux transmissions
la culture soignante vers un paradigme politi- ciblées par pôle
que, organisationnel et relationnel. Ce nouveau
modèle intègre une vision associée du soin et du
Les professionnels utilisant la méthode des
management dans une gestion maîtrisée. Le pôle
transmissions ciblées sont déjà dans une dyna-
piloté par un triumvirat (médical, cadre de santé
mique de recherche du sens du travail collectif
et administratif) conduit à une décentralisation
(fondement d’un collectif de travail) à travers la
des ressources et revient à gérer des processus et
recherche de :
non uniquement des territoires.
Pour éviter tout phénomène de • pertinence dans les synthèses interdisciplinai-
« balkanisation », les professionnels de santé res à chaque changement de situation;
doivent participer au développement de l’intelli- • coordination des intervenants lors des relais
gence des collectifs au travail en intervenant à intra- et extra-hospitalier;
trois niveaux :
• choix de cibles prévalentes en lien avec des
• une organisation de type réseau avec une pathologies fréquentes dans l’unité (à la base de
identité d’entreprise fournisseur/prestataire; groupe homogène de séjour) et le suivi des résul-
• un mode de management qui favorise la conver- tats obtenus avec la personne soignée;
gence des savoirs et des actions multiréférentiels; • programmation des diagrammes des interven-
• une coopération interdisciplinaire intégrant tions interprofessionnelles par anticipation des
une communication interprofessionnelle. risques et des complications selon des protocoles
validés;
En parallèle à cette modification, la Haute Auto- • collaboration interdisciplinaire dans le dos-
rité de Santé attend des structures de santé un con- sier et communication interprofessionnelle lors
trôle plus précis de la qualité et une évaluation des des relèves cliniques.
pratiques professionnelles car toutes les entrepri-
ses se soumettent aujourd’hui à l’exigence du con- Le choix d’une formation/action par pôle, utili-
trôle qualité. À l’hôpital, les exigences du patient sant les transmissions ciblées comme levier
sont plus fortes que pour n’importe quel autre d’une stratégie privilégiant les deux fils conduc-
consommateur. Avec la loi Kouchner de 2002 et teurs de la collaboration et de la communication
le droit à l’information du patient, la mise en interdisciplinaires, a été réalisé dans plusieurs
Les perspectives offertes par les transmissions ciblées 195
hôpitaux. Le but est d’initier une démarche où à travers l’auto-analyse du dossier ciblé et de
les acteurs travaillent ensemble sur la dimension l’organisation des soins mis en place;
clinique source commune de l’approche des • questionner la réflexion interdisciplinaire à
patients. Les objectifs poursuivis par ce type de travers les raisonnements cliniques et thérapeuti-
formation peuvent aborder les points suivants : ques repérés dans les dossiers analysés;
• harmoniser la pratique de l’utilisation du dos- • interroger certaines recommandations de
sier patient dans une approche interunités à par- bonnes pratiques pour ces pathologies au regard
tir des problèmes prévalents des patients par des transmissions ciblées repérées comme un
pathologie; écart entre la réalité et l’optimal;
• mettre l’accent sur le rôle de pilotage des • réajuster le choix des interventions interpro-
cadres dans la stratégie d’évolution des trans- fessionnelles en intégrant les recommandations
missions ciblées en favorisant l’interactivité et la de bonnes pratiques médicales et paramédicales
coordination entre unités; et des éléments d’Evidence Base Practice;
• dégager les résultats optimaux interdiscipli- • s’interroger sur les critères d’une sortie orga-
naires sur la même pathologie; nisée et sécurisée;
• prendre conscience d’une prise en charge • amorcer la réflexion interdisciplinaire sur le
hétérogène du patient sur une même pathologie chemin clinique.
Stratégie : choix d’une pathologie ayant une forte prévalence dans l’unité, qui suit un parcours type, en invitant tous les
acteurs concernés par cette prise en charge à analyser leurs pratiques dans une autoévaluation du contenu du « dossier patient
ciblé ». Le souhait de ce groupe est de commencer par un processus simple et d’harmoniser la réflexion sur l’approche de
l’accouchement normal.
La détermination de résultats optimaux postnataux suite à un accouchement normal a été formulée en équipe interdiscipli-
naire et a conduit à identifier les axes suivants :
• besoins et attentes des parents pris en compte (élaboration du projet naissance);
• anxiété verbalisée et diminuée;
• attachement parent-enfant favorisé;
• complications liées à l’accouchement anticipées (douleur résolue, épisiotomie intègre…);
• allaitement maternel ou mode d’alimentation efficace mis en place selon les attentes exprimées du couple;
• implication active de la maman dans l’apprentissage des soins à son bébé et à ses soins de suites de couche;
• mise en confiance des compétences parentales;
• dépression du post-partum ou réactions psychiques postnatales dépistées;
• risques liés au mode de vie anticipés et coordonnés avec la PMI;
• sortie préparée.
Axes d’amélioration : l’analyse du contenu qualitatif du dossier de soins montrait des données incomplètes ne permettant
pas une connaissance exhaustive du projet naissance. Les recommandations à la naissance et à la parentalité (PNP) préconisent
une démarche des professionnels avec la planification de trois évaluations régulières du suivi des femmes. Dans le dossier, cela
pourrait se matérialiser sous la forme de trois synthèses : celle du premier trimestre suite à l’entretien du couple, celle de la
naissance et la macrocible sortie.
Le choix de cette équipe a été d’optimiser en premier lieu la synthèse d’admission de la mère, un outil d’aide pour les équipes
a été réalisé dans ce sens pour accompagner l’ensemble du pôle sur le PNP. Le même travail reste à faire sur l’enfant et est en
cours d’élaboration.
Présentation du masque de macrocible admission de la mère aidant les soignants à recueillir les informations pertinentes pour
le suivi de l’accouchement et ses suites.
196 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
Macrocible Transmissions
Accueil Motif Qui est la femme enceinte? Son âge? Quel est le suivi de la grossesse? Sa situation
(primipare, multipare)? Terme de sa grossesse?
Sémiologie suite à l’examen de la femme notée sur la feuille de surveillance clinique.
ATCD réactualisés en lien avec la maternité et des antécédents obstétricaux mal vécus.
Les données concernant les Vécu Expression du ressenti de la femme. Se sent-elle menacée et par quoi?
tiers sont non Problème de type relationnel, difficulté de communication si langue incomprise, stress et
communicables. épisode dépressif…
Les données concernant les Environnement Niveau de ressources (faible), habitat (commodité, vétusté), existence d’un soutien
tiers sont non familial et social, fratrie, culture, problème de déracinement.
communicables. Précarité, risque social (chômage, parent isolé, rupture familiale, violence domestique).
Présentation des cibles prévalentes rencontrées dans les dossiers ou à améliorer sur le parcours de la prise en charge de la
grossesse et de l’accouchement normal, recherche en groupe (sages-femmes, puéricultrices, auxiliaires de puériculture, cadre
de santé, psychologue, assistante sociale).
Conflit décisionnel (sur le choix du mode Perturbation dans le rôle parental (grossesse non
d’alimentation du bébé, les modalités désirée, déception, absence de modèle,
d’accouchement…) inexpérience…)
Examen clinique normalisé. La La mère se sent en forme Informations sur les suites du
mère se déplace normalement physique et psychologique Pas d’isolement à domicile post-partum comprise
Lactation établie si choix de la La mère s’imagine bien à Besoins d’aide mis en place Information sur la contraception
mère domicile avec son bébé (lesquels?) donnée et comprise
Contexte de la formation action : plusieurs services très différents constituent ce pôle mais tous accueillent et traitent
des patients atteints de cancer. Or dans le cadre du plan cancer, 100 % des patients doivent pouvoir bénéficier d’un pro-
gramme personnalisé de soins et d’une prise en charge multidisciplinaire de type réseau de soins.
Le service d’oncologie est à l’initiative de ce projet car il est demandeur d’un dossier particulier associant les outils du centre
hospitalier, la spécificité des soins oncologiques et les objectifs du plan cancer.
Une meilleure organisation des soins autour du patient nécessite la généralisation d’un « dossier communiquant » facilitant
la transmission entre tous les professionnels des données relatives à la prise en charge du patient, quel que soit le lieu de trai-
tement. Le dossier patient incluant le dossier de soins est l’une des étapes indispensables de la constitution de ce dossier com-
muniquant.
198 Les transmissions ciblées : un choix stratégique de la qualité des soins
La motivation du groupe interdisciplinaire du centre hospitalier général d’Alès dans les Cévennes (médecins, cadres de santé,
infirmières, psychologue, aides-soignantes) a été de réaliser un outil commun à toutes ces unités en aval de la prise en charge
du cancer sous la forme d’une macrocible dispositif annonce du cancer. Ce document est complété en deux temps : d’abord
par le médecin en présence de l’infirmière de l’unité ambulatoire puis par celle-ci pour en faire un feedback.
suite W ENVIRONNEMENT
Réseau de soutien : Oui Non Isolé A des personnes à charge Rupture familiale
Ressources : situation professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Retraite Arrêt de travail Demandeur d’emploi Chômage RMI
Sans ressources Aides déjà mises en place
Lesquelles : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Milieu de vie : Urbain Rural Distance du lieu de soin : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mode de vie : Maison Appartement Caravane Autres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
DÉVELOPPEMENT : SYNTHÈSE
Le patient a retenu et compris les termes utilisés par le médecin : Oui Non
Si non, le complément d’informations a porté sur . . . . . . . . . . . . . . . . . . a nécessité une réorientation vers le médecin
Des documents ont été remis :
Livret d’accueil Fiche en vue de l’hospitalisation Livret sur la chimiothérapie
Livret sur la radiothérapie Liste des personnes ressources avec n° de téléphone :
Liste des associations avec n° de téléphone :
Autres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dépendance physique et risques encourus :
................................................................................................................
Décisions et orientations :
Médecin traitant Assistante sociale Conseils hygiènes diététiques
Psychologue Diététicienne Relaxation sophrologie
Soins esthétiques Associations de malades Relation d’aide
Coiffeur Consultations antidouleur Autres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Projet de prise en charge : devenir
Date de programmation hospitalisation/ambulatoire :
Présentation de l’unité Visite du service
Maison de repos à prévoir Oui Non Assistante sociale
Aide adaptation à la maladie en fonction de la situation du patient :
Mise en place réseau Lequel :
Aménagement environnemental Lequel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adaptation socioprofessionnelle Lequel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17
•••••••••••••••••
107. La loi du 13 août 2004 a rendu obligatoire l’évaluation des pratiques professionnelles pour tous les méde-
cins exerçant à titre libéral (art. L4133-1-1 du Code de la santé publique; arrêté du 13 juillet 2006 portant
homologation des règles de validation de la formation médicale continue). Le décret n° 2006-653 du 2 juin 2006
relatif à l’évaluation des pratiques professionnelles précise le rôle des CRFMC dans l’EPP. Le décret n° 2005-346
du 14 avril 2005 relatif à l’évaluation des pratiques professionnelles _manque_
108. Toutes les professions de santé sont concernées par la mise en place de l’évaluation des pratiques profes-
sionnelles au travers de l’obligation de formation continue (art. L 4143-1, L 4153-1, L 4236-1, L 4227-1, L
4382-1 et L 6155-1 du Code de la santé publique).
Les transmissions ciblées : un levier pour l’analyse, l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles 201
Cette analyse sera d’autant plus efficace que • en interprétant les données collectées, tradui-
les transmissions sont structurées, favorisant tes par des actes sortant de l’habitude, de la
l’émergence des problèmes prioritaires rencon- prescription médicale uniquement.
trés par le patient ainsi que la compréhension
du choix des interventions dispensées tout le Le raisonnement clinique est multidimensionnel :
long du parcours de soins d’où l’intérêt des il comporte la capacité d’intégrer les données, de
transmissions ciblées. Dans sa définition, la générer les hypothèses pertinentes à la situation
cible est déjà une notion d’écart élaboré à par- clinique, de décider du poids à attribuer à chaque
tir du raisonnement clinique. Elle cherche à réponse en fonction de chaque hypothèse, de
provoquer, chez le professionnel qui la pose ou décider des bons diagnostics à valider avec le
la lit, une interrogation sur les interventions patient et l’équipe médico-soignante, de prendre
utiles à sa résolution. les décisions individualisées.
l’équipe interdisciplinaire réalise une analyse criti- une opportunité d’échanges interprofessionnels et
que de son travail et cherche les axes d’améliora- interunités et peut déboucher sur une véritable
tions utiles à la résolution et à la régulation du démarche collective.
problème posé de manière à ce que celui-ci ne se La situation concrète décrite ci-dessous permet
reproduise plus. Cette réflexion devient ensuite de mieux comprendre ce processus.
Mme X., 90 ans, est hospitalisée en orthopédie depuis cinq jours. Elle a bénéficié d’une intervention sur sa hanche droite avec la
mise en place d’une prothèse. Quelques heures après son retour de salle de réveil, Mme X. a présenté des signes de désorien-
tation et d’agitation. Elle est tombée de son lit une première fois sans que l’on puisse retrouver clairement la cible « chute »
dans les écrits. Mme X est seule dans sa chambre, elle a des contentions aux poignets à certains moments de la journée et de la
nuit. Dans les informations portées les jours suivants, Mme X. tombe encore et se fracture de nouveau.
Un courrier de plainte du fils de Mme X. arrive à la direction de l’établissement, auprès du coordonnateur médical et du cadre
supérieur de pôle. Il y est question de « mauvais suivi », de « soins d’une qualité douteuse » et d’un « investissement profession-
nel insuffisant ».
L’analyse des informations portées au dossier de Mme X. est réalisée à partir d’un questionnement afin de comprendre ce qui
s’est passé, de cerner la prise en soins et d’apporter des explications au fils de la patiente.
du projet de Mme X., mais des professionnels qui Mme X. ne sont pas analysés; le personnel est
communiquent dans l’instant, à partir de leur insuffisamment sensibilisé au problème.
point de vue, sur ce qu’ils constatent et font. À
l’entrée, les données sont pauvres, les probléma-
tiques, les risques encourus ne sont pas bien
Diagnostic formulé
posés et n’ont aucune chance d’être relayés par avec l’équipe
les professionnels qui se succèdent. Pourtant, à
la lecture des différentes communications, il est
possible de repérer plusieurs facteurs qui prédis- Ce type de problématique ayant des origines
posent Mme X. à chuter. Mais aucun raisonne- multiples, en synthèse dans la situation étudiée,
ment n’est conduit sur la correction de ces fac- l’arbre des causes donne ce retour :
teurs. • pas de cadrage suffisant de la patiente au
début de la prise en soin;
➤ Quelles compétences repère-t-on? • pas de repérage des risques encourus (pas de
Existe-t-il une complémentarité entre recherche des facteurs de risque);
professionnels dans la prise en charge? • pas d’interprétation des signes;
L’interprétation des signes cliniques n’est donc • pas d’adaptation des soins en fonction de
pas faite; les cibles ne sont pas « tricotées », croi- l’état de Mme X. (par exemple, face à la douleur
sées, ce qui conduit par conséquent à une et pour ne pas aggraver la désorientation, poser
absence de vision globale et d’interprétation de un patch antidouleur); des compétences existent
l’évolution de l’état de la personne âgée. mais elles sont concentrées sur la surveillance et
L’interdisciplinarité n’est pas repérable dans les sur des réponses « au coup par coup »;
écrits; cependant les communications sont four- • pas de professionnel garant de la démarche
nies aussi bien par les IDE que par les AS dans d’ensemble et qui devrait se traduire par le pro-
un travail commun. Les compétences du kinési- jet de développement pour la santé de la per-
thérapeute ne sont pas mises en avant dans cette sonne malade. Les injonctions paradoxales,
prise en charge. comme demander, exiger des comportements de
L’expression verbale de la personne malade n’est la part des professionnels et le fait de ne pas leur
pas relayée ni utilisée à titre de précision et pour en donner les moyens en temps, en référence, en
adapter les soins. organisation et fonctionnement d’équipe, ou
encore ne pas les accompagner par une attitude
➤ Quel est le pilotage? commune, est à proscrire.
Qui garantit l’efficacité des démarches?
Qui exerce le leadership clinique? En conclusion, il n’existe dans ce dossier que
des informations partielles et, de plus, non
C’est essentiellement la lettre de réclamations exploitées. Chacun écrit de son point de vue
qui amène à se poser les questions à propos de sans utiliser et croiser les informations disponi-
qui « surveille » et qui est « garant », qui amène bles.
l’équipe à faire des liens dans la situation Dans la gestion des risques, en plus des facteurs
décrite. structurels, deux facteurs sont à prendre en
Les macrocibles, synthèses de situation pour compte : le facteur organisationnel et le facteur
recentrer l’équipe autour d’objectifs avec la humain.
patiente et sa famille, ne sont pas utilisées. Dans le facteur organisationnel, la durée de
L’analyse du dossier ne permet pas, à un niveau séjour très courte, la difficulté qu’il y a à prendre
de pilotage, de dire comment le cadre travaille du recul lorsque l’on manque de temps, la sépa-
avec les équipes. Les transmissions ciblées mana- ration des dossiers médicaux et de soins ainsi
gées doivent aider les professionnels à aller plus que l’éclatement de certains outils du dossier de
loin dans l’anticipation des risques et des com- soins sont peu favorables à l’analyse des infor-
plications. Or les réunions cliniques interdisci- mations. De même, l’absence d’une personne
plinaires sont rares. Les transmissions d’infor- désignée comme responsable de l’analyse de dos-
mations entre les équipes ne sont pas animées, sier et de la concertation interdisciplinaire nuit à
les événements indésirables comme les chutes de la prévention du risque
204 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Les facteurs humains prédominants seraient cales, les actions du rôle propre IDE sont
dans cette situation : absentes;
• une conception des soins par la prise en • le questionnement insuffisant des pratiques
charge du motif de l’hospitalisation au détri- par l’encadrement (réactualisation ou forma-
ment de la personne; tion professionnelle à développer).
Établissement d’un diagnostic Faire le choix des cibles dominantes dans la situation,
rechercher les causes possibles.
Faire valider ces hypothèses de cibles au patient et à son
entourage, en particulier à la personne de confiance, à
l’équipe interdisciplinaire.
Choix d’activités de soins Faire le choix d’interventions de qualité : actions sur les
problèmes de santé et sur leurs causes.
Mise en place d’interventions par les professionnels rele-
vant de leur compétence et de leur rôle autonome.
Faire appel à des pratiques, à des attitudes professionnelles,
à des procédures valides.
L’évaluation rend compte de l’évolution Utiliser les transmissions ciblées pour communiquer en
du patient, renseigne sur l’efficacité des équipe sur l’évaluation.
soins dispensés et la satisfaction du Faire suivre chaque action d’un résultat qui renvoie à un
patient et/ou de sa famille. problème résolu, partiellement résolu ou non résolu.
Fermer les cibles quand les problèmes sont résolus et arrê-
ter les soins des diagrammes (interventions et surveillance),
mettre à jour la planification.
Réajuster les soins lorsque l’évaluation n’est pas satisfai-
sante (persistance de signes cliniques défavorables).
Énoncer les résultats obtenus lors des relèves.
Les transmissions ciblées : un levier pour l’analyse, l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles 205
Les professionnels Garantir la continuité et la coordination dans la prise S’assurer que les cibles conservent leurs intitulés tout
communiquent entre eux et en charge au long des différents postes de travail.
se coordonnent. Favoriser l’interaction interprofessionnelle. S’il y a un changement que cela soit cohérent avec les
nouvelles données cliniques.
Inviter les personnels paramédicaux à transmettre
leurs informations directement en TC, les faire
participer à une relève par semaine ou à un staff.
L’équipe est fédérée autour Être rassembleur autour de deux ou trois Reprise des cibles en groupe avec leurs résultats, faire
d’objectifs de soins partagés. recommandations validées en équipe et ne passer à le point.
autre chose qu’une fois les choses acquises. Recherche d’interventions complémentaires et
d’acteurs performants si nécessaire.
Animation des relèves.
L’équipe se sent en confiance, Piloter les compétences en exploitant ensemble les Études de situations difficiles à partir de macrocibles
elle accepte la remise en situations, en les comparant, en soulignant ce qui a été d’entrée et de macrocibles synthèse de situation en
question. positif dans les choix proposés et rechercher en cours de séjour.
Elle est valorisée et groupe ce qui n’a pas pu être développé. Analyse et mise en avant des résultats obtenus en
responsabilisée. Reconnaissance du travail par la mise en visibilité des termes d’efficacité de la prise en charge et en termes
Elle est autonome dans son activités et des difficultés. de bénéfices pour le patient.
autoévaluation. Évaluation, régulation de la réflexion tracée dans les Utilisation du diagramme ou de la planification pour
dossiers et objectifs de développement. commenter et rendre lisibles les résultats obtenus et la
Proposer des référentiels, des critères sur les valorisation du travail effectué.
pratiques, des grilles d’autoévaluation faciles Autoanalyse rapide des dossiers avec le « quick audit »
d’utilisation. (voir chap. 7, p. 000)
La réactualisation des savoirs Échanger au quotidien sur le partage des pratiques (du Utilisation de cibles prévalentes.
et la veille professionnelle sont savoir individuel au savoir collectif). Comment les écrits témoignent-ils du respect de la
assurées. Accompagner l’équipe dans la nécessité d’introduire législation : réflexion sur les bénéfices et les risques,
Les professionnels les recommandations de bonnes pratiques de façon place de la personne de confiance, de la gestion des
développent des concrète. risques et des complications?
compétences nouvelles. Favoriser l’actualisation des outils et des méthodes de
la traçabilité en regard de l’évolution des prises en
charge patient.
L’équipe est motivée et se Repérer les compétences individuelles et collectives. Réalisation d’un glossaire de cibles enrichies par
sent performante. Stimuler l’autoévaluation. l’expérience des professionnels présents ayant fait des
Potentialiser les expériences. formations et participant (référent douleur, CLIN,
Partager les expériences et les mettre en réseaux. CLUD, CLAN, groupe gestion des risques…).
Valoriser l’évolution et l’adaptation des personnes, des Diffuser aux autres équipes les travaux réalisés par la
équipes. communication interne via intranet.
Les transmissions ciblées : un levier pour l’analyse, l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles 207
Garantir le repérage des Contenus des actions de formation : études de Recherche des risques notés sur le diagramme des
risques : apprendre à les situation à travers des dossiers de patients. activités de soins ainsi que les mesures
identifier. environnementales : la pose de barrières sur
prescription médicale quotidienne, lits abaissés, fiche
alimentaire.
Renvoi cibles sur le diagramme des activités.
Mesurer les impacts de la Travailler sur la notion de déconditionnement : Cibles risque de chute suivies.
pathologie et des réduction de l’activité, réflexion sur la pertinence Activités portées au diagramme.
traitements sur la personne d’un alitement et de sa durée. Réfléchir su les Cibles partagées par l’ensemble des professionnels et
malade. thèmes suivants : contentions, protections, en particulier le kinésithérapeute sur le post fall
médications, apport nutritionnel. syndrome; proposition d’interventions lors des soins de
Participation de l’entourage aux actions de soins. confort et recherche de bonnes stratégies de transfert;
rôle la diététicienne en lien avec la dénutrition.
Fiche nutritionnelle remplie par les familles qui
participent aux repas.
111. « Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée », Fiche de synthèse http ://www.has-sante.fr/
portail/display.jsp?id=c_272503.
112. L’Evidence Based Medicine (EBM ou médecine factuelle) se définit comme « l’utilisation consciencieuse et
judicieuse des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge personnalisée
de chaque patient » (Sackett, 1996). Ces preuves proviennent d’études cliniques systématiques comme des essais
contrôlés randomisés, des méta-analyses et éventuellement des études transversales ou de suivi bien construites.
208 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Exemple d’un chemin clinique réalisé sur l’analyse du processus de la prise en charge de la déshydratation de la personne âgée
dans le cadre de la préparation d’une EPP pour la deuxième visite d’accréditation. La finalité est l’appropriation des recomman-
dations de bonnes pratiques en équipe interdisciplinaires et d’en mesurer les résultats.
Tableau avec les corrections dans l’exemplaire : il faut intégrer les corrections
Période : J1
Objectifs patient/ Assurer la qualité de l’accueil et de la prise en charge de la personne âgée et informer ses proches de son état clinique
proche
113. « L’évaluation de pratiques professionnelles dans le cadre de l’accréditation des établissements de santé »,
« Chemin clinique », « Revue de mortalité-morbidité », « Revue de pertinence des soins, application aux admissi-
ons et aux journées d’hospitalisation », Haute Autorité de Santé, juin 2005.
http ://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_268581
114. Référence 30 : Des situations nécessitant une prise en charge adaptée sont identifiées; référence 44 : Les
professionnels de santé évaluent la pertinence de leurs pratiques, « Adéquation aux besoins des patients [….] des
durées de séjour, actes et prescriptions. »; référence 45 : Les professionnels évaluent le risque lié aux soins; réfé-
rence 46 : La prise en charge des pathologies et des problèmes de santé principaux fait l’objet d’une évaluation.
Les transmissions ciblées : un levier pour l’analyse, l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles 209
Dès cette étape, il est fondamental de clarifier veillance, les protocoles utilisés pour éviter les
avec l’équipe interdisciplinaire les résultats opti- complications postopératoires, se révèle facilita-
maux attendus avec le patient ainsi que les trice pour décrire étape par étape l’ensemble du
objectifs cliniques poursuivis à travers le chemin programme des tâches quotidiennes du parcours
clinique, comme par exemple : le retour progres- actuel de la prise en charge. En effet, le chemin
sif à l’autonomie antérieure de l’usager face à sa clinique peut se créer à l’aide du logigramme qui
mobilisation pour sa sortie à domicile ou le a pour fonction de représenter l’ensemble du
transfert en rééducation, le contrôle de la dou- processus de la prise en charge et de repérer les
leur, la prévention des complications postopéra- problèmes organisationnels. Ces synoptiques
toires, l’enseignement de départ du patient par aident à la concrétisation du logigramme, ils
rapport à la luxation maîtrisé, l’évaluation des sont à compléter par le récit de la description
besoins de la personne âgée et de ses proches chronologique des tâches les plus importantes
pour un retour sécurisé et adapté. réalisées par les professionnels impliqués dans la
prise en charge de la pathologie choisie.
➤ Contribution des transmissions ciblées à
l’élaboration du chemin clinique La recherche de solutions
Au-delà de la satisfaction du patient et de celle Elle vise à supprimer ou à contrôler les problèmes
des soignants, d’une manière générale, les études identifiés dans les cibles suite à l’analyse de pro-
réalisées sur des dossiers patients conduisent au cessus cliniques et à améliorer les dysfonctionne-
constat suivant : ments repérés lors de l’analyse du processus orga-
nisationnel à partir du logigramme. Une réflexion
• Le recueil de données est incomplet et impré- interdisciplinaire animée sur la base de la collabo-
cis, le milieu de vie, le type d’habitat, le réseau ration et du partage des compétences collectives
de soutien, les ressources financières, l’orienta- autour du parcours patient permet de discuter des
tion ne sont en effet documentés que pour seule- organisations et de négocier une adaptation aux
ment un tiers des patients. Les informations sur contraintes des situations de travail quotidiennes,
les habitudes de vie avant l’entrée et les rensei- quelquefois paradoxales comme par exemple lut-
gnements cliniques ne sont que peu ou pas ren- ter contre la dénutrition par stimulation de l’ali-
seignés. Le recueil de données selon le modèle de mentation orale de la personne âgée et la laisser à
V. Henderson n’est pas utilisé car les soignants jeun le matin plusieurs jours d’affilée pour des
le jugent trop chronophage et pas adapté au type examens complémentaires.
de patient consulté.
• L’analyse des transmissions permet de repérer La recherche documentaire
en cibles les problématiques cliniques (complica-
La recherche documentaire sur les recommanda-
tions, risques, problèmes de santé) ou les réac-
tions de la Haute Autorité de Santé et de l’Evi-
tions humaines du patient à sa pathologie. Les
dence Based Medicine, associée à l’apport des
cibles suivantes sont retenues car les taux
experts seniors (experts nommés et reconnus
d’occurrence sont significatifs, par exemple dans
pour leur formation spécifique, leur expérience
le cas présent : Agitation, Confusion, Altération
dans les structures de soins : le CLIN, le CLUD,
de la mobilité, Insomnie, Douleur, Fatigue,
le CLAN, les référents unité mobile de soins pal-
Hyperthermie, Troubles urinaires et brûlures
liatifs, de gériatrie, de psychiatrie…) aident à la
mictionnelles, Nausées et vomissements, Consti-
prise de décisions consensuelles et à la modélisa-
pation, Escarres, lésions cutanées, Déficit nutri-
tion du chemin clinique en y intégrant les inter-
tionnel, Anxiété patient/famille, Angoisse,
ventions réajustées (suppression des interven-
Chutes, Devenir ou problème d’orientation…
tions obsolètes ou redondantes, intégrations des
Ces cibles sont à analyser sur l’ensemble du par-
interventions recommandées).
cours patient : sont-elles présentes aux
urgences?; à J0?; sur une période de plusieurs
jours et quelles sont les interventions spécifiques La formalisation du chemin clinique
à chaque période? Pour quels résultats attendus? • Elle peut se faire sur trois niveaux en fonction
• C’est à cette étape que l’analyse des soins tra- du choix de l’institution, des orientations des
cés dans les diagrammes d’interventions, de sur- équipes et des moyens disponibles.
Les transmissions ciblées : un levier pour l’analyse, l’évaluation et l’amélioration des pratiques professionnelles 211
Le niveau 1 : synoptique ou feuille de route per- entre les résultats prévus dans le plan d’interven-
mettant de guider la prise en charge, un référen- tions interprofessionnelles et les résultats obtenus
tiel de bonnes pratiques appelé plan d’interven- dans le chemin clinique. Sur ce recueil sont égale-
tions interdisciplinaires (voir p. 000). ment transcrits les éléments « inattendus » surve-
Le niveau 2 : documents spécifiques à intégrer nus au cours de l’hospitalisation avec les interven-
au dossier patient qui remplacent certains élé- tions réajustées. La méthode des transmissions
ments du dossier de soins type : fiche profil de ciblées étant en tout point conforme à cette utilisa-
l’usager (macrocible enrichie), fiches de synthèse tion, elle est transposable dans sa logique et dans
des résultats optimaux et des objectifs cliniques, sa structure dans la réalisation des grilles d’écarts.
le suivi de la prise en charge étant tracé dans le Dans le cas d’utilisations quotidiennes du chemin
dossier actuel et les écarts notés dans les trans- clinique, les transmissions ciblées deviennent la
missions ciblées, fiche de synthèse des résultats. méthode qui permet de transmettre de façon indi-
Le niveau 3 : dossier papier « cœur de métier » vidualisée les préoccupations de la personne soi-
ou informatisé par pathologie : chaque étape, gnée qui a des problèmes sortant du parcours
prétracée, est validée par les acteurs. type. Les transmissions ciblées permettent alors de
Si les transmissions ciblées sont donc une photo- mettre en œuvre un plan de soins spécifique à
graphie de la personne soignée, le chemin clini- cette situation.
que est le scénario par anticipation de la prise en
charge totale de la personne soignée (de la con- Les résultats obtenus avec le chemin clinique
sultation, de l’hospitalisation, de la rééducation, Ils portent sur les problèmes cliniques résolus
jusqu’à la sortie…; ou chez elle dans le cas d’une donc la disparition ou la diminution des cibles
hospitalisation à domicile). Sa valeur repose éga- retenues pour leur taux d’occurrence significatif
lement sur le management du processus et notées dans les écarts, la qualité des presta-
clinique : qui décide? qui réalise? qui évalue? tions reçues avec la satisfaction des usagers et
qui informe? et cela quelque soit le niveau du des soignants lors des enquêtes régulières,
chemin clinique choisi. l’implication des acteurs interdisciplinaires dans
les résultats notés au dossier de soins et com-
➤ Contribution des transmissions ciblées à mentés lors des relèves. Là encore, l’utilisation
l’utilisation du chemin clinique et aux des transmissions ciblées sera une aide précieuse
résultats à l’évaluation du processus de la prise en charge.
Un des outils du chemin clinique est la grille des
écarts : c’est la résultante des variances constatées
Dans cet exemple précis la première modification est d’élaborer un recueil de données sous la forme d’une macrocible profil
de l’usager centré sur les problématiques de la typologie choisie, ce recueil participe à un cadrage ciblé et à une anticipation de
la sortie, d’où un gain de temps substantiel. Cette macrocible originale intègre les particularités de données médicales et
sémiologiques de la pathologie ainsi que son traitement, l’environnement socioculturel et le vécu à prendre en compte suite au
traumatisme de la fracture de la personne âgée, ses habitudes de vie antérieures avec un focus sur ses potentialités dans la
mobilisation et les risques spécifiques cadrés dès l’entrée. L’orientation et le devenir sont envisagés dès le recueil des informa-
tions initiales.
212 Les transmissions ciblées : un choix stratégique au service de la qualité des soins
Deuxième exemple : le synoptique du plan d’interventions interdisciplinaires est en fait un diagramme interdisciplinaire de
toute la prise en charge pouvant être utilisé pour suivre la prise en charge au quotidien et réalisé en prenant en compte les dia-
grammes d’interventions en soins, de surveillance, les protocoles médicaux et paramédicaux, les SIIPS.
115. F. DANCAUSSE, M. BLANCHARD, M. ARNAL – « Le chemin clinique : une route vers l’amélioration continue », Gestions
hospitalières, février 2006.
PLAN INTERVENTIONS INTERDISCIPLINAIRES : PROTHÈSE TOTALE DE HANCHE SUR FRACTURE DU FÉMUR (CENTRE HOS-
PITALIER D’HYÈRES, ÉQUIPE INTERDISCIPLINAIRE D’ORTHOPÉDIE)
Prélèvements Groupe - RAI - NFS Plaquettes - TP TCA 2e déter trans thyrétine NFS - Plaquettes NFS-Plaquettes NFS - Plaquettes NFS - Plaquettes NFS - Plaquettes
Iono - Créatinine - CRP - Fibrine Iono - CRP - Iono - CRP - Urée Iono - CRP - Urée Iono Iono
Urée Créatinine Créatinine CRP - Créatinine CRP - Créatinine
Créatinine
Examens RX bassin - thorax - ECG - Chirurgien prévenu Consultation pré-op Radio de contrôle Radio de contrôle
Consultations Chirurgien
Anesthésiste
Diététique à jeun selon PM et heure d’inter vention à programmer À jeun 0 h Reprise alimentation
Enquête alimentaire Régime riche en fibres, Suivi alimentaire
protides, Collation
caloriques Hydratation
Éducation Information sonde vésicale Éviter les rotations Apprendre à se lever Conseils sur l’aménagement de
Information antalgiques, perfusion Conseils mobilisation l’environnement
Pieds lits surélevés Fiche conseil/Prévention des chutes
•••••••••••••••••
18
1 Introduction ble et utilisé au jour le jour, ce module doit
répondre à un certain nombre de règles applica-
bles aux autres modules. Ces dernières concer-
nent aussi bien la forme que le fond de ces der-
niers.
« L’individu construit ses compétences en com-
binant et en mobilisant un double équipement
de ressources : des ressources incorporées
(connaissances, savoir-faire, qualités personnel- 2 Forme des TC informatisées
les, expériences…) et des réseaux de ressources
de son environnement (réseaux professionnels,
réseaux documentaires, banques de données…).
La compétence qu’il produit est une séquence
d’actions où s’enchaînent de multiples savoir- Il est essentiel que ce soit le logiciel qui s’adapte
faire. »116 à l’homme et non le contraire. Son appropria-
Les transmissions ciblées sont au cœur du sys- tion en sera facilitée. Pour cela, une interface
tème d’information au service de l’interdiscipli- adaptable et modifiable par l’utilisateur doit être
narité (figure 19). envisagée de manière à ce qu’elle soit le reflet
Par leur structure et leur enchaînement logique, des documents qu’il a l’habitude de renseigner,
elles se prêtent à l’informatisation. Le dia- ce support ayant fait ses preuves. Du point de
gramme associé à d’autres outils (prescriptions vue du choix de matériel, les outils présentant
médicales, protocoles de soins, plans de soins actuellement le plus d’atouts sont les tablettes
guide,…) devient un véritable tableau de bord informatiques mobiles. Elles remplacent aisé-
dynamique (car actualisé en permanence) des ment le couple stylo-papier pour ce qui concerne
activités de soin. Des critères de tri en permet- la saisie simplifiée dans des tableaux (croix,
tent une impression personnalisée. cases à cocher). En revanche, elles ne sont
Les transmissions ciblées informatisées consti- actuellement pas adaptées à la saisie rapide de
tuent ainsi un des modules du dossier de soins longs textes, les logiciels de reconnaissance de
informatisé117. Toutefois pour qu’il soit utilisa- caractères manuscrits n’étant pas encore perfor-
mants. Dans l’état actuel des avancées technolo- • connaître l’activité liée aux soins et dégager
giques, les systèmes de reconnaissance vocale des coûts par pathologie et les éléments nécessai-
constituent le compromis le plus performant et res à la comptabilité analytique (voir le « RSI »,
le plus simple d’emploi (les soignants ne sont pas page 182) ;
des dactylos). La saisie par un clavier ou stylet • calculer des statistiques sur les risques et les
de longues descriptions est un frein au gain de complications pour optimiser les soins à travers
temps promis par l’informatisation. des protocoles ;
• construire rapidement des chemins cliniques
en recoupant un dossier documenté et des
enquêtes de satisfaction soignants et soignés.
3 Fond des TC informatisées Toutes les applications issues de l’exploitation
de données informatiques sont envisageables à
condition qu’elles respectent les clauses de confi-
dentialité et les lois relatives à informatique et
Ce module s’intègre dans un ensemble d’autres libertés (voir le « RSI », page 182).
modules (recueil de données, prescriptions, dia- Quels que soient les modules développés, ils doi-
gnostics infirmiers, charge en soins, Résumé de vent répondre à la loi concernant les clauses de
soins infirmiers…) constituant le dossier de libertés informatiques mais aussi de sécurisation
soins auquel il est relié par les données commu- vis-à-vis de la perte d’informations (archivage),
nes (administratives et démographiques). d’accès par des personnes dûment habilitées
L’ensemble des informations saisies dans les dif- (mots de passe, codes de reconnaissance).
férents modules enrichit la base de données ainsi Actuellement les infirmières de santé passent au
générée. Tant par la quantité que par la qualité moins le tiers de leur temps de travail dans de la
et la fiabilité des renseignements qu’elle rend gestion papier pour documenter les soins. Sou-
ainsi disponible facilement et instantanément, la haitons que la diminution des coûts d’achat et
base de données est une inestimable source d’entretien du matériel informatique associée à
d’indications pour tous les partenaires de santé. l’augmentation des performances des matériels
Cette exploitation peut servir pour : et logiciels (tablettes informatiques, reconnais-
sance vocale…) puisse favoriser le développe-
• organiser les soins à partir de planifications ment de tels outils libérant du temps que l’infir-
de soins collectives ou individuelles par catégo- mière pourra consacrer à la personne soignée et
rie de personnel ou par groupe de patients ; à ses proches.
Le dossier patient informatisé 217
Prescriptions Interventions
Plan de soins guide
médicales Codées en
+ PRN ou en
rôle SIIPS Codées en
collaborant PRN ou en
Diagramme SIIPS
Charge de travail
Planification collective
•••••••••••••••••
• Valorisation et autoévaluation de leurs prati- est un support aux contentieux, supports aux
ques par le biais, entre autres, de l’évaluation plaintes, une argumentation pour la recherche.
des dossiers de soins. • Le dossier développe les liens avec les projets
• Visualisation de leurs pratiques grâce à toute institutionnels (livret d’accueil, questionnaire de
la traçabilité des soins. sortie, enquête clientèle, démarche qualité plus
généralement).
• Mise en valeur de leurs compétences, nouvelle
interrogation sur les pratiques professionnelles, • Il offre une communication et partage de
orientation vers une augmentation de l’expertise nombreuses valeurs soignantes (en particulier
clinique, augmentation de leurs capacités de celles concernant le patient et sa famille, parte-
recherche : ce sont des constatations même si ce naires des soins) avec l’ensemble des profession-
ne sont pas des objectifs habituels des transmis- nels de l’institution.
sions ciblées. • Il représente la mémoire du suivi de la per-
Les infirmières se positionnent comme chef sonne soignée : le séjour est relaté, des compara-
d’une équipe au service de la personne soignée. tifs sont possibles avec d’autres hospitalisations.
Il permet de retrouver rapidement comment un
Pour les aides-soignants problème a été réglé et avec quels résultats. Il
favorise la mise en place d’outils transversaux
• Place effective dans le dossier de soins, les pour le suivi des « temps-clefs » de la personne
outils d’organisation et tout particulièrement les
soignée d’une équipe à l’autre, d’un service à
relèves.
l’autre, d’une institution à une autre.
• Augmentation de la collaboration IDE/AS à
travers une relation binaire.
• Il aide à mesurer la charge en soins et les
coûts des séjours.
• Visualisation de leur rôle comme acteur dans
les résultats avec la personne soignée. • Il peut aussi permettre de répondre rapide-
ment et de façon étayée aux plaintes des person-
Les aides-soignantes se positionnent comme col- nes soignées et de son entourage.
laboratrices des infirmières au service de la per-
sonne soignée.
• Il favorise le repérage possible des gaspillages,
de la non-qualité.
Pour les médecins
Le dossier de soins ciblé est un outil de synthèse,
• Mesurer l’activité réelle de l’unité de soins. un outil de communication servant l’image de
• Montrer l’efficacité des soins réalisés dans l’Hôpital à l’intérieur comme à l’extérieur de ses
l’unité. murs.
• Cerner les objectifs et le devenir avec la per-
sonne soignée.
• Anticiper et gérer les risques par des docu-
ments qui reflètent clairement les données clini-
ques et les résultats obtenus. 2 Argumentaire
• Avoir la garantie de cohérence et de conti-
nuité dans les soins dispensés. pour l’étudiant, le formateur,
• Favoriser les liens entre dossier médical uni-
que et dossier de soins ciblé pour constituer le la pédagogie
dossier patient.
Tous ces éléments permettent de démontrer
Les étudiants reconnaissent, lors des bilans de
l’activité du service et constituent une partie du
fin de formation, qu’il est plus aisé et plus sécu-
résumé standardisé de sortie facilement réalisable
ritaire de prendre en charge un secteur de soins
avec un dossier complet et structuré.
dans une unité qui utilise les transmissions
ciblées. Ils ont une perception globale de la per-
➤ Pour l’institution sonne soignée conforme à l’enseignement dis-
• Légalité des dossiers de soins : le dossier permet pensé, l’organisation du travail en est simplifiée,
de donner des réponses précises aux enquêtes. Il les problèmes du jour du patient sont clarifiés.
220 Conclusion
•••••••••••••••••
Pour tester vos connaissances en matière de transmissions ciblées, nous vous remercions de consacrer
encore un peu de temps à répondre au quiz suivant.
Les questions suivantes peuvent faire l’objet d’une réflexion individuelle ou en groupe. Elles trouvent
leurs réponses dans les renvois aux parties proposés à chaque question.
2 Quelle est la valeur essentielle de référence de la méthode des transmissions ciblées ? Méthodologie des
a) La personne et ses proches sont au centre de l’intérêt des professionnels. transmissions ciblées
b) L’efficacité des soins des infirmières.
c) Une obligation légale d’utiliser la méthode.
d) La communication interdisciplinaire.
3 Qui est concerné par la rédaction des transmissions ciblées ? Méthodologie des
a) Le cadre de santé. transmissions ciblées
b) Les IDE et les AS.
c) Tous les partenaires de soins en lien avec la personne soignée et ses proches.
d) La famille.
suite W
5 Comment optimiser une relève à l’aide des transmissions ciblées ? Méthodologie des
a) En enrichissant les écrits au cours de la relève. transmissions ciblées
b) En citant les actions faites. Stratégies
c) En lisant les cibles du jour. d’implantation
d) En utilisant le diagramme de soins en premier pour commenter l’évolution de la
personne, puis en décrivant les problèmes du jour avec les cibles.
8 Quels en sont les bénéfices pour la personne soignée, les soignants, l’équipe interdis- Argumentaire et
ciplinaire, les médecins, les étudiants, les enseignants, la structure de soins ? perspectives des
a) La reconnaissance des besoins de la personne soignée. transmissions ciblées
b) La seule mise en valeur des compétences professionnelles.
c) La démonstration des résultats qualité obtenus après les interventions de soins.
d) Offrir une communication interprofessionnelle.
9 Quelle serait pour vous la meilleure stratégie pour implanter les transmissions Stratégie
ciblées ? d’implantation et des
a) Une stratégie de site pilote avec des personnes volontaires. transmissions ciblées
b) Une analyse de l’existant.
c) Une démarche projet et un dispositif d’accompagnement du changement.
d) Une restructuration du dossier de soins.
10 Quelles sont les perspectives qu’offre l’utilisation de cette méthode pour répondre à Argumentaire et
la démarche d’assurance de la qualité et à l’accréditation ? perspectives des
a) Offrir et maintenir un service de qualité au client. transmissions ciblées
b) L’implication des soignants dans leurs écrits.
c) Une évaluation des écrits professionnels.
d) Satisfaire aux procédures.
Quiz des transmissions ciblées 223
2 Exploitation du quiz
•••••••••••••••••