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Pratiques : linguistique, littérature,

didactique

Les contrats d'édition


Didier Dupont, Jean-Maurice Rosier

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Dupont Didier, Rosier Jean-Maurice. Les contrats d'édition. In: Pratiques : linguistique, littérature, didactique, n°32, 1981. La
littérature et ses institutions. pp. 59-62;

doi : https://doi.org/10.3406/prati.1981.1219

https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_1981_num_32_1_1219

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LES CONTRATS D EDITION

Jean-Maurice
Didier DUPONT
ROSIER

1) Définition : article 48 de la loi du 11 mars 1957.


« Le contrat d'édition est le contrat par lequel l'auteur d'une
œuvre de l'esprit ou ses ayants droit cèdent à des conditions
déterminées à une personne appelée « éditeur » le droit de
fabriquer ou de faire fabriquer en nombre des exemplaires de l'œuvre,
à charge pour elle d'en assurer la publication et la diffusion. *
2) Exemple de contrat d'édition :
CONTRAT

Entre les soussignés :


— M , domicilié à
ci-après dénommé « l'Auteur » d'une part et
— Les Editions R.C. (registre de
commerce) dont le siège social est à ,
représentées statutairement par deux de ses gérants : MM.
ci-après dénommées
« L'éditeur » d'autre part,
il a été convenu ce qui suit :
Le premier nommé cède au second, qui accepte, le droit :
1) de faire publier en une seule tranche dans
le roman inédit intitulé
2) Le second nommé paiera à l'auteur pour la cession des droits
ci-dessus, la somme de (en
chiffres) et ce, dans les huit jours de la réception en ses
bureaux du présent contrat dûment signé par les parties
contractantes.
L'auteur aura droit en outre à dix exemplaires du roman
édité.
Le premier nommé déclare être « l'Auteur » du roman
faisant l'objet de la présente convention, à l'exclusion de tout tiers
ou collaborateur. Il dégage « l'Editeur » de toute responsabilité
et s'engage à se subsister à lui et à subir les conséquences
résultant de toute action judiciaire qui lui serait intentée du chef
de plagiat total ou partiel, visant l'œuvre ci-dessus.
Au surplus, il est expressément convenu que « l'Editeur »
pourra supprimer ou modifier tels passages ou expressions du
texte, qu'il estimerait de nature à déplaire à ses lecteurs, sans
devoir en référer à « l'Auteur ». Ce dernier certifie ne pas avoir
cédé les droits de publication en une seule tranche de ce roman,
même à titre gratuit, à des journaux ou périodiques quelconques.
Il prend l'engagement de ne les céder à des tiers qu'après accord
du second nommé.
Fait à en double exemplaire,
le
Signature de l'Editeur, Signature de l'Auteur,

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3) Démarche pédagogique :
En ce domaine, la démarche a consisté à écrire aux différentes
maisons d'édition. Cette première partie du travail a permis des
exercices d'écriture sur le code épistolier en situation de
communication concrète. En une seconde phase, l'on est passé à l'étude
des contrats éditionnels reçus. L'initiation au vocabulaire juridico-
technique s'est effectuée dans le cadre d'une leçon
interdisciplinaire français /sciences sociales.

4) Commentaires :
Des documents reçus, l'on a reproduit, ci-dessus (en 2),
celui qui paraît par son laconisme constituer le degré zéro en la
matière. Il constitue, en effet, une sorte d'abrégé/condensé de
la relation marchande qui s'instaure entre l'éditeur et l'écrivain.
On note d'emblée que les pôles relationnels : d'une part, une
société éditoriale et d'autre part, un individu, producteur isolé,
montrent à l'évidence que les modalités de la transaction reposent sur
un rapport de force peu favorable à l'écrivain, qui ne garde en
réalité que des droits moraux sur la propriété intellectuelle, fruit
de son travail.
Bien entendu, ce dernier, selon sa dimension symbolico-
économique, obtiendra la modification ou l'ajout de certains
paragraphes du contrat d'édition pour tenter d'intervenir légalement
dans le processus de l'exploitation de l'œuvre littéraire.
Pour ce qui regarde le contrat-type reproduit, il est aisé
de concevoir la lutte de l'auteur s'exerçant sur les points suivants :
a) Refus de la pratique du forfait au bénéfice d'un
pourcentage sur la vente (de 10 à 15 %).
b) Refus de toute censure éditoriale au nom de la défense
de la propriété intellectuelle.
c) Refus de la clause de préférence, laquelle lie
abusivement un auteur à son éditeur. (Elle est limitée à 3 ouvrages en
Belgique, 5 en France).
d) Refus de céder l'intégralité de ses droits pour ce qui
regarde toute adaptation cinématographique de l'œuvre négociée.
e) Refus de la clause du droit de passe (environ 10 % des
livres imprimés sur lesquels l'auteur ne reçoit rien) compte tenu
de l'évolution des techniques d'imprimerie au sens large, lesquelles
aboutissent à réduire fortement le nombre d'exemplaires impropres
à la vente (1).
Bien entendu, dans cette négociation /redistribution en'jre
les agents sociaux : éditeur d'un côté, écrivain légitimé et consa-

(1) Passe : 10 % des exemplaires vendus non soumis au versement des droits
d'auteur, pour rembourser l'éditeur des exemplaires défraîchis, mal façonnée,
envoyés gratuitement au titre du service de presse, ou donnés gratuitement
à raison d'un exemplaire par chaque commande de douze (Magazine littéraire,
n° 111, avril 1976).

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cré de l'autre, il n'est pas question d'accréditer l'idée que la do-
minance du principe économique serait battue en brèche par la
volonté esthético-créatrice ; c'est à une modification du processus
éditorial, lucratif par essence, que l'on a affaire et rien de plus.
En témoignent les exemples suivants :

a) Extrait d'une lettre de Céline à son éditeur Robert De-


noël :
«... Entendu pour le tome premier Mort à crédit, dans huit
mois environ, un an.
Et je vous assure que c'est du pur jus première bourre.
Mais j'attends la lettre que vous savez de vous.
12 % de 1 à 20.000.
15 % de 20 à 40.000.
18 % au-dessus de 40.000.
Toutes traductions, adaptations à moi seul.
Cette lettre au Havre s'il vous plaît. Sinon pas plus de Mort
à crédit que de beurre au cul. » (2).

b) Dans L'homme que l'on croyait (Fayard, Paris, 1981),


Pavlowitch retrace l'affaire Ajar-Gary. Au départ, l'auteur
inconnu se voit imposer la coupure des cinquante pages finales de
son texte par Michel Cournot, directeur littéraire au Mercure de
France. Sur son premier contrat, on peut lire : « Le premier
contrat qu'Emile passa avec les Editions du Mercure de France
était le type de contrat que propose l'éditeur à l'auteur néophyte,
trop content d'être publié pour discuter les conditions. Le 23 avril
1974, Emile Bobo avait accepté ce sacré droit de suite, appelé
pudiquement « droit de préférence », par lequel l'éditeur reste
maître des cinq ouvrages à venir... Ce qui avec le droit de «
passe » achève de donner sa juste dimension au monde de l'édition... »
(p. 81). Mais dès que Gary-Ajar a du succès, il va s'empresser de
renégocier son contrat sur la base de ce nouveau rapport de force.
Ainsi, il obtiendra : un contrat par livre et aucun « droit de
suite » (p. 80), la pleine propriété des droits de publication en langue
anglaise et celle des droits d'adaptation cinématographique (p. 81),
la fin des coupures et le pouvoir de dominer le retravail de son
manuscrit ; il pourra négocier titres, tirages et même dates de
sortie des livres (p. 259)... ».

Dans cette optique de défense de la profession d'écrivain, l'on


débouchera naturellement sur l'étude des organismes qui prennent
en charge les revendications spécifiques de la corporation des gens
de lettres, par exemple : le SELF, la Société des gens de lettres,
l'Union des Ecrivains, le C.N.E., voire le Pen Club International...

L'on envisagera également toutes les tentatives d'unités


d'édition coopératives en France et surtout à l'étranger, lesquelles
travaillant en marge du système ont comme axe soit une librairie,

(2) Magazine littéraire, n° 116, 1976.

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soit une imprimerie, soit un collectif d'auteurs désireux de se
faire connaître. De même, il conviendra d'aborder la situation des
écrivains salariés comme il en existe dans les pays socialistes.

Ainsi, l'étude des contrats d'édition va au-delà de


l'estimation du prix du travail littéraire et du problème de la durée de la
propriété littéraire. Du simple constat que les auteurs doivent
avoir atteint une certaine notoriété pour vivre de leur profession,
on balise un champ problématique plus large, avec au centre de la
réflexion, le statut des artistes et des gens de lettres dans notre
société, ce qui ne va pas sans poser des questions redoutables
comme celle-ci : en tant qu'enseignant, faut-il accréditer chez nos
élèves cette idée qu'il faut renforcer les droits des écrivains ou
au contraire lutter pour que tout un chacun devienne à la fois
lecteur/producteur de textes ? (3).

Bibliographie :
Ecrire, guide pratique de l'écrivain : chez Jean Guénot, 85, rue des
Tennerolles, 92210 Saint-Cloud.
Manuel de Vanti-éditeur, de François Coupry.
La propriété littéraire et artistique de Françon André, P.U.F.,
Paris, 1970.
Etude sur le droit d'auteur, de Dock M.-CL, Pichâlft et Durand,
Paris, 1963.
Manuel de l'auteur-éditeur, éd. Dominique Labarrière, B.P. 241230,
Mur de Sologne.
Sur les tentatives anti-institutionnelles : La Quinzaine Littéraire,
n° 240, septembre 1976 ; n° 246, décembre 1976 ; n° 249 ;
n<> 256, mai 1977...

(3) Dans le cadre d'une étude Institutionnelle de la littérature. II est souhaitable de


mener une recherche historique sur la notion de « propriété littéraire -, mais,
dans ce cas, il faut recourir à des documents autres que les contrats d'édition.

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