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Étude des déchets de poissons et de leurs valorisations possibles en Nouvelle-


Calédonie et aux Iles Fidji

Article · January 2012

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3 authors:

Jean-Pascal Bergé Liet Chim


BioThoT Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer
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Catherine Mariojouls
AgroParisTech
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ÉTUDE DES DÉCHETS DE POISSONS
ET DE LEURS VALORISATIONS POSSIBLES
EN NOUVELLE-CALÉDONIE ET AUX ILES FIDJI

Jean-Pascal BERGE, IFREMER, STBM, Nantes


Liet CHIM, IFREMER, DLEA, Nouvelle-Calédonie
Catherine MARIOJOULS, AgroParisTech

Novembre 2012

Projet soutenu par le Fonds Pacifique, Convention 81-1-2010


Sommaire
Résumé _________________________________________________________________________ 4
Summary ________________________________________________________________________ 5
Introduction _____________________________________________________________________ 6
A - La valorisation des co-produits des pêcheries ________________________________________ 7
1- Typologie des déchets, co-produits et sous-produits de la filière pêche _____________________ 7
1.1. Définitions ___________________________________________________________________________ 7
1.2. Situation en Nouvelle-Calédonie et aux Fidji ________________________________________________ 7
2- Panorama des produits dérivés issus des résidus de la filière pêche et de leurs applications _____ 8
2.1. Hachis et Pulpe ________________________________________________________________________ 8
2.2. Huile et Farine de poisson _______________________________________________________________ 8
2.3. Ensilage ______________________________________________________________________________ 9
2.4. Compost _____________________________________________________________________________ 9
2.5. Hydrolysat __________________________________________________________________________ 10
3- Procédés permettant l'obtention de produits dérivés _____________________________________ 11
3.1. Étapes unitaires __________________________________________________________________________ 11
3.2. Quelques exemples de procédés ____________________________________________________________ 12
4- Secteurs d’utilisation _____________________________________________________________ 17
B- Le cas de la Nouvelle-Calédonie __________________________________________________ 18
1- Disponibilité et qualité des ressources en déchets de thons ______________________________ 18
1.1. Les pêches maritimes __________________________________________________________________ 18
1.2. Les déchets __________________________________________________________________________ 18
1.3. Disponibilité spatio-temporelle des déchets _______________________________________________ 19
1.4. Conclusion partielle ___________________________________________________________________ 19
2- Eléments économiques sur le traitement actuel des «déchets» ___________________________ 19
3- Contamination par le mercure _____________________________________________________ 20
4- Les différents débouchés potentiels de la valorisation des déchets en Nouvelle-Calédonie _____ 22
5- Valorisations actuelles des déchets de poisson en Nouvelle-Calédonie _____________________ 23
6- Analyse SWOT __________________________________________________________________ 25
7- Propositions et recommandations __________________________________________________ 26
8- Conclusion _____________________________________________________________________ 27
C. Le cas des Iles Fidji _____________________________________________________________ 29
Introduction ________________________________________________________________________ 29
1- La filière thon au sein de la filière des produits aquatiques aux Iles Fidji : données principales __ 29
2. Le devenir des espèces pêchées ____________________________________________________ 33
3. Les déchets _____________________________________________________________________ 33
3.1. Vue globale _____________________________________________________________________________ 33
3.2. Les différents types de « déchets » et leurs devenirs ____________________________________________ 34
3.3. Éléments économiques sur le traitement actuel des « déchets » ___________________________________ 37
4- Analyse SWOT __________________________________________________________________ 37
5- Propositions et recommandations __________________________________________________ 38

2
5.1. Lien avec le marché local pour l’alimentation humaine __________________________________________ 38
5.2. Voies de valorisation des déchets ____________________________________________________________ 38
5.3. Mise au point technologique, organisation et approche économique _______________________________ 41
5.3. Prospective _____________________________________________________________________________ 41
6- Conclusion _____________________________________________________________________ 42
D – Le cas des PICTs : premiers éléments issus du Séminaire de Nouméa (11 juin 12) __________ 43
Conclusion générale ______________________________________________________________ 45
Références bibliographiques _______________________________________________________ 47
Liste des entreprises et personnes rencontrées ________________________________________ 48
Annexes________________________________________________________________________ 49
ANNEXE 1 : Concentration de mercure dans les produits de la pêche en Nouvelle-Calédonie _______________ 49
ANNEXE 2 : Préconisations de consommation de poissons pélagiques émises par le Gouvernement de Nouvelle-
Calédonie (2011) _____________________________________________________________________________ 49
ANNEXE 3 : Exemples d’unités containeurisées de fabrique de farine de poisson _________________________ 49
ANNEXE 4 : Production des pêches maritimes aux Iles Fidji __________________________________________ 49
ANNEXE 5 : Part des différentes sources de protéines animales dans l’apport calorique aux Iles Fidji _________ 49
ANNEXE 6 : Some details about upgrading strategies for fish byproducts ________________________________ 49
ANNEXE 7: Report about SPC/IFREMER Seminar on fish waste utilization in PICT’s, Noumea, June 11th 2012 __ 49

3
Résumé
La conversion des agro-ressources en produits, notamment alimentaires, génère une quantité non
négligeable de résidus, souvent considérés et traités comme des déchets. Les produits halieutiques
n'échappent pas à ce constat avec un taux moyen de résidus de près de 50% sur la seule base de
leur transformation (tête, arête, peau, viscères...). Dans ce rapport, les activités de pêche, de
débarquement et de transformation de poissons, thons essentiellement, sont étudiées dans deux
territoires (Nouvelle-Calédonie et Iles Fidji) afin d'estimer les quantités de résidus générés et de
proposer des voies de valorisation adéquates et pertinentes compte tenu des contextes (insularité,
volumes, niveau de vie, technicité...). La situation dans les autres PICTs est également brièvement
présentée dans un dernier chapitre, à partir des résultats d’un séminaire international organisé par
la CPS et qui s’est tenu à Nouméa en juin 2012.
Dans une première partie est présentée une sélection de procédés de traitement de résidus de
poisson avec identification des produits qui en résultent (pulpe, farine, hydrolysat, ensilage...) et des
secteurs applicatifs potentiels (agriculture, alimentation animale, alimentation humaine, ...). À
chaque fois, une analyse SWOT détaillée permet de mettre en évidence les avantages et les
inconvénients de chaque procédé afin de donner au lecteur les éléments nécessaires à la réflexion.
Néanmoins, il convient de préciser que des études complémentaires seront absolument
nécessaires dans un contexte donné, en vue de compléter les éléments présentés, et afin de
valider les choix technologiques et économiques à implémenter.
Les deux territoires d'étude sont ensuite présentés successivement selon le même plan : volume,
répartition géographique et devenir des résidus. Pour la Nouvelle-Calédonie, un aparté sur la
contamination au mercure est fait compte tenu des questions posées pour les grands pélagiques
sur leur utilisation en alimentation (animale et humaine). Pour chaque territoire, des propositions et
recommandations sont présentées, accompagnées d'une analyse SWOT spécifique.
Pour la Nouvelle-Calédonie, il ressort qu’à l'exception d'une unité artisanale de fabrication
d'ensilage, aucune stratégie de gestion et de traitement raisonné de ces résidus n'est en vigueur.
Tous ces résidus (1000 à 1500 tonnes/an) sont considérés comme des déchets et traités comme
tels, avec parfois des solutions dont l’impact sur l'environnement n’est pas connu et fort coûteuses.
Compte tenu des très faibles volumes générés dans la Province des Iles, une production artisanale
d'ensilage semble être la solution à privilégier. Sur la Grande Terre, les volumes sont un peu plus
conséquents, mais trop faibles pour la mise en place d'une filière de type farine. Il convient avant
tout de mutualiser tous ces résidus, afin de les traiter adéquatement. La production d'hydrolysats à
des fins aquacoles (crevetticulture) semble la plus pertinente, mais le serait encore plus si l'on
pouvait y adjoindre d'autres résidus comme ceux de la filière viande et éventuellement d'autres
agro-déchets (restauration collective, filières végétales...) afin d'augmenter les volumes et favoriser
les économies d’échelle.
Aux îles Fidji, seule l'analyse de la zone de Suva a été conduite, mais certains éléments majeurs
sont apparus : (i) les résidus des industries halieutiques, en particulier de la filière thonière, sont
déjà pour une part conséquente réintroduits dans la chaîne alimentaire humaine (résidus de
filetage) ; (ii) les volumes de résidus disponibles sont un peu plus conséquents (2500 tonnes/an) et
très localisés. Par conséquent, les stratégies de valorisation à implémenter ne devront surtout pas
détourner de la population ce flux de protéines alimentaires bon marché. En revanche, des efforts
conséquents sont à fournir afin d'améliorer la qualité sanitaire de ces produits. Pour les autres
résidus peu ou mal valorisés, il convient là aussi et comme précédemment de les mutualiser afin de
mettre en place des filières de valorisation pertinentes et plus rentables. Là aussi la piste des
hydrolysats semble être préférentielle.
Cette étude démontre l’importance d’organiser la valorisation des résidus halieutiques sur les deux
territoires étudiés, mais aussi dans nombre de PICTs au bénéfice du développement soutenable de
la filière pêche et des populations locales. Cependant, la mise en place d'études complémentaires à
vocation de démonstration semble nécessaire afin de cerner les meilleures pistes technologiques et
économiques, et convaincre les acteurs politiques et économiques du bien-fondé d’une valorisation
rationnalisée des résidus de poisson.
Summary
By converting agro-sources into products, notably food ones, important quantities of by-products are
generated unfortunately considered usually as wastes and treated like that. This is the case for
marine products where by-products generated during traditional processing (like filetting) account
for 50% more or less (fishbones, viscera, skin...). In this report, fishing, landing and processing's
activities of fish (mainly tuna) are studied in two territories (New Caledonia and Fidji islands) in order
to estimate the quantities of resulting by-products and to propose upgrading strategies by taking into
account particular contexts (insularity, volumes, economic and technical levels...). The situation in
the others PICTs is also briefly presented at the end, based on results collected during an
international seminar organised by SPC (Noumea, June 2012).

In the first part, a selection of fish by-products' processing treatments, resulting derived products
and potential application fields (agriculture, feed, food...) is presented. For each of them, a detailed
SWOT analysis is given allowing to point out positive and negative aspects in order to give to the
reader objective elements to think about. Nevertheless, additional studies would be requested in
each context for completing those elements and validate the technological and economical choices
to implement.

The selected territories (New Caledonia and Fiji islands) are thus presented under the same
procedure: volume, geographical distribution and current uses of residues. For New Caledonia an
additional part dealing with heavy metals in big pelagic fishes and feed/food is presented. For each
territory, propositions and recommendations are listed, in relation to a specific SWOT analysis.

For New Caledonia, expected one artisanal production of fish silage, no upgrading strategies for
those residues are undergone. All residues (1000-1500 tons/year) are considered and treated as
wastes with sometimes a management costly and with little environmental care. Due to the low
amount of those residues into the "Province des Iles", small fish silage production could be the
solution. On the "Grande Terre", even if volumes are more important, there are not enough to allow
a fish meal production. All those residues have first to be centralised before any treatment. Fish
hydrolysates for aquafeed (shrimp) seem to be the strategy to promote but could be reinforced by
adding other kind of agro-wastes, like those from the meat sector or those coming from catering, in
order to increase the volumes and reduce the costs.

In the Fiji Islands, only the SUVA area has been studied but important facts can be noticed: (i)
residues and notably tuna's ones are for a major part already used as food products, (ii) available
amounts of residues are a little bit higher (2500 tons/year) and geographically concentrated.
However, upgrading strategies should keep these cheap food proteins sources available for the
population, and efforts have to be made for improving their sanitary quality. For the rest of the
residues none or less upgraded, they have to be collected altogether as previously indicated for a
better implementation of valuable upgrading strategies. Here also, fish protein hydrolysates seem to
be pertinent.

This study clearly point out the necessity to think about upgrading strategies of those residues
which are not well managed (on the two studied territories but also in numerous PICTs). Additional
studies are requested notably demonstrating ones to identify the best strategies and convince all
stakeholders of the need to implement a better management of those lost valuable resources.

5
Introduction
Le projet faisant l’objet du présent rapport avait pour objectif d’identifier la disponibilité et la
qualité des ressources en déchets de thons et autres poissons, en Nouvelle-Calédonie et
aux îles Fidji, afin de proposer des voies de valorisation pertinentes dans leurs aspects
techniques et compte tenu du contexte socio-économique.

Nous avons réalisé deux missions :


- en décembre 2011 en Nouvelle-Calédonie et aux Iles Fidji, pour des visites et des
rencontres avec les principaux acteurs économiques de la filière thon et produits de la mer,
assurant des opérations de transformation générant des déchets ou co-produits,
- en juin 2012 à Nouméa, pour un séminaire international co-organisé avec la CPS
(Commission du Pacifique Sud) sur les possibilités de valorisation des déchets de produits
aquatiques.

Ce rapport est organisé selon les objectifs suivants :

- présenter la problématique de la valorisation des déchets de produits aquatiques et


les principales voies de valorisation possibles,
- rendre compte de la situation dans les deux pays étudiés, et faire des propositions
pour chacun d’eux,
- présenter les apports du séminaire international qui a réuni des représentants de la
plupart des PICTs et permis d’amorcer une réflexion régionale pour un futur développement
de la valorisation des déchets.

NB : A l’heure où nous terminons ce rapport, nous avons appris qu’en Nouvelle-Calédonie, la


société PDN (Pêcheries Du Nord), située à Koumac, a cessé son activité. L’analyse que
nous présentons dans ce rapport, ainsi que les recommandations et conclusions, devront
être modifiées en fonction de ce changement important de la situation de la filière thonière
calédonienne. D’une situation de double polarité géographique de production de déchets de
poissons, la Grande Terre se trouve donc caractérisée actuellement par un pôle unique,
autour de Nouméa.
A - La valorisation des co-produits des pêcheries

1- Typologie des déchets, co-produits et sous-produits de la


filière pêche
1.1. Définitions
Le terme « déchet » est défini par l’article L541-1 du code de l’environnement : « Est un
déchet tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute
substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son
détenteur destine à l'abandon ». Un déchet (D) ne peut en aucun cas être valorisé en
alimentation animale.

Les termes « co-produit » et « sous-produit » peuvent être utilisés dans le langage courant,
mais selon les filières, ils ne correspondent pas toujours au même produit. On peut retenir
les définitions suivantes :
● Le co-produit (Co) est inévitable et répond à des spécifications définies. Il peut dans
certaines filières être considéré comme un produit à part entière, disposant d’un
marché et d’une cotation (ex : tourteau de colza, son de blé, pulpe de betteraves,...) ;
● Le sous-produit (Sp) est inévitable et a des qualités nutritionnelles variables. Une
préparation ou un traitement sont parfois nécessaires avant valorisation (ex : produit
déclassé, début et fin de production,...).

Ce sont ces définitions qui seront utilisées dans ce rapport et de manière générique, afin de
ne pas obérer une quelconque possibilité de développement. Le terme de résidus sera
employé par défaut.

1.2. Situation en Nouvelle-Calédonie et aux Fidji


Ainsi que nous l’expliquerons en détail dans les deux parties suivantes, sur les 2 territoires
d'étude, si les types de résidus générés par les procédés de transformation sont les mêmes,
leur devenir (et donc leur qualification) diffère fortement (Tableau 1).

Tableau 1: Typologie et usage des résidus en Nouvelle-Calédonie et à FIJI (Suva)


Légende : D : déchet ; Co : co-produit

Procédé Résidus N.C FIJI


Découpe de
longes Tête D Co
Arête centrale + Queue D Co
Peau D D
Chutes de parage D Co, D
Petites arêtes D D
Ligne de sang D Co, D
Copeaux D Co, D
Conserverie Tête - Co
Nageoire - D
Arête centrale + Queue - Co
Résidus cuits - D

Ainsi, cette première série d'observations démontre que l'usage actuel des résidus varie
fortement en fonction de leur nature, mais aussi de leur localisation. Il convient donc
7
d'intégrer ces paramètres d'usage dans toutes les réflexions ultérieures visant à mieux
valoriser ces résidus.

2- Panorama des produits dérivés issus des résidus de la


filière pêche et de leurs applications
De très nombreux produits dérivés de sous-produits de poisson existent de par le monde.
Une liste non exhaustive est donnée en Annexe X. Ici nous ne présenterons que les
quelques produits dérivés qui pourraient être produits sur les 2 territoires d'étude.

2.1. Hachis et Pulpe


Le hachis consiste à broyer plus ou moins finement les résidus pour des finalités
d’alimentation animale, particulièrement le petfood. La pulpe est le produit résultant de la
séparation mécanique de la chair résiduelle qui est laissée sur les résidus (principalement
les arêtes centrales) après les découpes en longe ou en filet. Cette chair est ensuite lavée
puis conditionnée en bloc congelé. La fraîcheur des matières premières conditionne la
qualité de la pulpe et donc son application, en nutrition humaine pour la plus grande qualité,
l'alimentation animale pour les qualités intermédiaires et le petfood pour les plus basses
qualités.

Forces Faiblesses
• Flexibilité du procédé • Les coûts de production
• Possibilité d'utiliser plusieurs peuvent être élevés si le
types d'entrants (tête, arête...) dimensionnement n'est pas
Interne • Grande diversité de produits correct
(catégories de pulpe) • La réglementation sanitaire peut
• La pulpe peut être congelée pour être contraignante
être expédiée ou utilisée sur • Les marchés pour les
place différentes catégories de pulpe
doivent être déjà établis
Opportunités Menaces
• Développement de nouveaux • Concurrence forte (Chine)
marchés (petfood, ingrédients, • Fortes contraintes pour obtenir
Externe nouveaux produits alimentaires) une qualité élevée
• Les résidus (arêtes) peuvent être • Nécessité de développer les
valorisés (gélatine, amendement marchés locaux pour éviter la
agricole...) saturation et donc la chute de la
rentabilité

2.2. Huile et Farine de poisson


Il s'agit très certainement des produits dérivés les plus connus et les plus usités dans le
monde. Le principe du procédé de fabrication est explicité au paragraphe 3.2.5.. Il permet
d'obtenir à partir d'une biomasse (poisson entier ou résidus de poisson) deux produits
distincts à finalité variable: les farines et les huiles.
Les farines sont utilisées en nutrition animale et majoritairement en alimentation aquacole
pour les poissons et les crevettes. Les huiles sont, quant à elles, utilisables en alimentation
animale ou humaine, dans le domaine de l'énergie (comburant ou carburant), et en chimie.

8
Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et • La rentabilité nécessite de grosses
maîtrisée installations
• Marchés établis • Les petites installations sont coûteuses
Interne
• Prix et demande et ne permettent pas une production de
relativement élevés qualité contrôlée
• Qualité médiocre des farines de
résidus (trop grande richesse en
minéraux)
Opportunités Menaces
• La demande • Concurrence forte avec d'autres
Externe
internationale ne cesse sources de protéines
d'augmenter • Maintenir un approvisionnement
• Demande locale suffisant

2.3. Ensilage
L'ensilage de poisson est connu depuis l'antiquité et repose sur le principe d'une liquéfaction
douce de la matière première sous l'action conjointe d'un acide (généralement l'acide
formique) et de bactéries (généralement des bactéries intestinales contenues dans les
viscères de poisson) (voir paragraphe 3.2.3). L'ensilage peut être utilisé dans 2 secteurs
d'application très différents: en agriculture comme fertilisant (incorporation dans le sol) ou
engrais foliaire (pulvérisation) et en alimentation animale (notamment pour les porcs) avec
dans ce cas là souvent une étape de chauffage (70°C - 90°C / 1h) pour dénaturer les
microorganismes.

Forces Faiblesses
• Technologie très simple • Nécessite un traitement
• Coûts de production faibles thermique supplémentaire pour
• Peut traiter une très grande un usage en alimentation
diversité de résidus animale
Interne
• Faible impact environnemental • Qualité peu contrôlée et peu
• Différentes tailles des unités de constante de l'ensilage
traitement: très artisanale à • Grande influence de la qualité
industrielle des entrants
• Grandes quantités d'acide
nécessaire
Opportunités Menaces
• Possibilité d'agrément en Bio • Concurrence avec les autres
• Possibilité de se substituer types d'engrais
partiellement aux facteurs de • Marché applicatif en horticulture
Externe
croissance (nutrition porcine) de taille réduite
• Possibilité de concentrer pour
diminuer les coûts de transport
• Action répulsive sur les insectes
si aspersion foliaire

2.4. Compost
Le compostage est la décomposition contrôlée des biomatériaux en conditions anaérobies
s'accompagnant d'un accroissement de la température ce qui contribue à sa stabilisation. Le

9
compostage de résidus de poisson est possible, mais nécessite un apport conséquent de
matrices végétales. Le compost ainsi obtenu trouve son utilité en agriculture.

Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et maîtrisée • Nécessité d'un apport
• Tous les résidus marins peuvent conséquent de végétaux
être compostés (équilibre C/N)
Interne
• Grande flexibilité de la taille des • Processus long
installations • Faible densité du produit final
• Possibilité d'utilisation en Bio donc coût de transport élevé
• Efficacité culturale prouvée • Grande richesse en N du
produit final
Opportunités Menaces
• Possibilité de planifier une • Concurrence croissante
Externe
valorisation de ces résidus avec • Problème d'odeur parfois
ceux des autres agro-filières
• Substitution aisée à l'enfouissement

2.5. Hydrolysat
Les matrices sont hydrolysées sous l'action de soude, d'acide ou d'enzymes (protéases)
conduisant à leur liquéfaction par l'attaque des protéines. Une séparation mécanique de type
centrifuge permet de récupérer 3 fractions distinctes: de l'huile, une fraction aqueuse riche
en protéines hydrolysées (peptides) et une fraction insoluble riche en protéines, lipides et
minéraux (arêtes). Les applications de ces hydrolysats sont multiples et diffèrent selon les
fractions auxquelles ont s"intéresse. L'huile peut directement être utilisée en alimentation
humaine ou animale et dans le domaine de l'énergie. La fraction aqueuse est généralement
concentrée pour obtenir un sirop ou une poudre (si séchage) et est ensuite utilisée en
alimentation animale (porc et aquaculture notamment) et en nutrition humaine (arôme,
concentré hyper-protéique, complément alimentaire...). Enfin la dernière fraction peut faire
l'objet d'une séparation complémentaire (tamisage) visant à séparer la fraction minérale
(arête, cartilage) du reste (protéines insolubles et lipides). Les minéraux trouvent une
application en agriculture (amendement agricole), en alimentation animale (aviculture) et en
nutrition humaine (complément minéral) tandis que les protéines insolubles et lipides sont
utilisés en alimentation animale (porc, volaille, aquaculture).

10
Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et maîtrisée • Méconnaissance de ce
notamment dans les agro-filières procédé
• Tous les résidus marins peuvent être • A priori de complexité
hydrolysés technologique et de coût
• Grande flexibilité de la taille des associé
installations • Amertume des hydrolysats
• 3 type de produits sont obtenus si l'hydrolyse est trop
Interne (huile, protéines/peptides et poussée
insolubles) avec pour chacun des • Installation moyennement
champs applicatifs très larges complexe nécessitant
• Investissement plus faible que pour la quelques équipements
farine • Nécessite souvent
• Le taux de protéine d'un hydrolysat l'inactivation de l'enzyme
de résidu atteint aisément 85% alors en fin de process
que celui d'une farine ne dépasse
pas 60%

Opportunités Menaces
• Grand intérêt nutritionnel des • Perte de marché par
hydrolysats protéiques (protéines manque de contrôle de la
crues coupées) par rapport aux production
farines (protéines cuites entières) • Compétition directe avec la
Externe
• Possibilité de "décontaminer" des farine
résidus à priori impropres par
concentration des polluants dans une
des 3 phases, permettant aux 2
autres d'être utilisables.
• Multi-valorisation possible

3- Procédés permettant l'obtention de produits dérivés


3.1. Étapes unitaires
Les procédés nécessaires à l'obtention des produits dérivés résultent en un assemblage
d'étapes unitaires faisant intervenir les équipements listés ci- dessous :

Broyeur (A)
Les matières premières entrantes sont grossièrement déstructurées mécaniquement.

Séparatrice (B)
Lors de cette étape intervient une séparation entre les parties dures (arêtes et peaux par
exemple) et les parties molles (chair sous forme de pulpe par exemple).

Réacteur (C)
Il s'agit d'une cuve thermostatée à double enveloppe possédant un système d'agitation. Au
sein de cette cuve peuvent être conduites des réactions de type homogénéisation
eau/matière première, lavage ainsi que des hydrolyses chimiques ou enzymatiques.

Décanteur (D)

11
Lors de cette étape, les fractions liquides et solides sont séparées mécaniquement sous
l'action d'une force centrifuge. En cas de matières premières riches en matières grasses,la
phase liquide se subdivisera en 2: une phase huileuse et une phase aqueuse.

Centrifugeuse (E)
Cette étape permet d'éclaircir des solutions aqueuses (enlèvement des fines particules) et de
pratiquer des séparations liquide/liquide (huile/eau par exemple).

Échangeur thermique (F)


Nécessaire notamment dans le cas d'hydrolyse enzymatique pour inactiver l'enzyme et
arrêter la réaction. Ce "chauffage" peut être réalisé au sein du réacteur (C) si celui est
convenablement équipé en régulation thermique.

Évaporateur/Concentrateur (G)
Cette étape est nécessaire pour minimiser les volumes avant séchage éventuel et pour
stabiliser les produits. Elle peut être conduite dans le réacteur (C) si celui est
convenablement choisi et équipé d'une pompe à vide.

Séchoir (H)
Utilisé pour sécher les fractions solides. Plusieurs techniques existent (à rouleau,
atomisation...). Étape ultime avant le conditionnement, elle doit être réalisée avec soin pour
ne pas dénaturer le produit (température contrôlée, temps de séjour réduit...).

Conditionnement liquide (I)


Il s'agit ici de conditionner les liquides obtenus (huile ou éventuellement fraction aqueuse) en
les préservant de la lumière et de l'air ambiant (pour éviter les phénomènes de photo-
dégradation et d'oxydation).

Conditionnement solide (ensacheuse) (J)


Il s'agit ici de conditionner les fractions solides dans des poches souples.

Four (K)
Il s'agit ici de cuire la matière première.

Presse (L)
Il s'agit ici de presser les matériaux.

3.2. Quelques exemples de procédés


Nota : les étapes de conditionnement I et J ne sont pas mentionnées.

3.2.1. Hachis
Ici l'objectif est de produire un hachis de déchets pour des finalités de nutrition animale et
particulièrement de petfood. L'étape A et éventuellement B sont nécessaires (surtout si l'on
veut produire de la pulpe). En fonction des matrices à traiter, l'étape B seule peut convenir.

12
Résidus Résidus Résidus

A B A

Arêtes
Hachis Hachis B
avec arêtes sans arêtes
Arêtes

Hachis
sans arêtes

3.2.2. Pulpe
Il s'agit ici de produire de la chair lavée dépourvue d'arêtes et partiellement déshuilée pour
des applications en nutrition animale (petfood notamment) et humaine. Les résidus peuvent
entrer en A ou B selon leur nature. Plusieurs produits sont récupérés et valorisables: la
pulpe, les arêtes et l'huile (qui peut être raffinée ultérieurement selon les applications visées).
Les effluents sont chargés en protéines solubles et devront être traités si celles-ci ne sont
pas récupérées. Ils sont parfaitement utilisables en nutrition animale par exemple.

Résidus

Résidus B

Arêtes
Eau C

D
Effluent chargé Huile E Huile raffinée

Pulpe
Effluent très peu
chargé

13
3.2.3. Ensilage
Il s'agit ici de procéder à une liquéfaction des Résidus sous l'action conjointe d'un acide
(généralement formique) et des protéases endogènes (contenu viscéral). C'est un processus
relativement long qui nécessite un stockage. Cet ensilage se présentera sous forme d'un
liquide visqueux qui peut trouver des applications comme fertilisants et/ou en alimentation
animale.
Classiquement les résidus sont broyés et mélangés avec de l'acide puis mis à mature (il
convient d'avoir un apport conséquent de viscères dans le mélange pour avoir des activités
protéolytiques). Une séparation préalable des arêtes et de la chair permet de limiter les
résidus solides qui peuvent être importants autrement. Le processus de maturation peut être
accéléré par apport de protéases exogènes.
Le schéma suivant propose ici un agencement optimal des étapes afin de maximiser le
rendement et minimiser les temps de traitement. Dans le cas d'une utilisation en nutrition
animale, il convient généralement de rajouter une étape de chauffage pour dénaturer
thermiquement les microorganismes (cette étape ne figure pas sur le schéma mais peut être
effectué par rebouclage dans le réacteur C après la phase de maturation)

Résidus

B
Arêtes
Enzymes C

Résidus solides

Ensilage
immature

Ensilage
mature

14
3.2.3. Hydrolysat
Les hydrolysats sont produits par liquéfaction des Résidus sous l'action d'agents chimiques
(acide ou soude) ou enzymatique (protéase). Ici seule la protéolyse enzymatique est
présentée car c'est elle qui permet un meilleur contrôle du procédé et une meilleure valeur
ajoutée pour les produits qui en sont issus.
Cette technologie moyennement complexe permet d'obtenir au moins 4 fractions bien
différenciées: - les arêtes, - une fraction insoluble riche en protéines résistantes à la
protéolyse et en certains lipides (notamment les phospholipides), - une fraction aqueuse qui
contient virtuellement toutes les protéines solubles et celles qui le sont devenues sous
l'action de la protéolyse (sous forme de peptides et d'acides aminés), - une phase huileuse
de très bonne qualité dans le cas de matrices grasses. Chacune de ces fractions, au regard
de ses spécificités, est à même d'être valorisée dans différents secteurs allant de l'agriculture
à la nutraceutique et cosmétique en passant par l'énergie, la nutrition animale et
l'alimentation humaine.
Dans le schéma ci-dessous, nous considérons que les étapes d'inactivation thermique de
l'enzyme (F) et de concentration (G) sont réalisées par rebouclage dans le réacteur, aussi
ne sont-elles pas indiquées.

Résidus

Résidus B
Arêtes

D
Fraction insoluble Huile
Huile E raffinée
Hydrolysat
Effluent très peu
chargé
H

Concentré
protéique

15
3.2.4. Huile et farine de poisson
La farine et les huiles sont produites par cuisson puis séparation des résidus. Le principe est
relativement simple mais les équipements nécessaires sont nombreux et assez onéreux car
généralement de grande capacité.
Les résidus sont tout d'abord broyés puis cuits dans un four. Après cuisson, sous l'action
d'une presse, un résidu solide (gâteau de presse) et une fraction liquide (mélange huile/eau
et particules) sont obtenus. La fraction liquide par fractionnement centrifuge donnera l'huile
qui doit obligatoirement être raffinée avant un quelconque usage en alimentation animale ou
humaine. La farine une fois séchée peut être utilisée.

Résidus

Résidus B
Arêtes

L
Fraction liquide D Fraction liquide
+ particules
Fraction solide
E
Huile à raffiner
H
Effluent très chargés
(eaux de colle)

Farine

16
4- Secteurs d’utilisation

Les secteurs d’utilisation des dérivés de résidus de poissons sont nombreux. On peut les
représenter sous la forme d’une pyramide associée à des axes : en abscisse (ou largeur
du segment de pyramide), la capacité du marché, et en ordonnée, le niveau de profit
permis par ce type de marché, depuis le secteur agricole jusqu’au secteur
pharmaceutique.

Profit unitaire (€/Kg)

Phar
mac

Nutraceu
tique

Aliments
fonctionnels

Aliments santé

Nutrition humaine

Alimentation animale

Energétique

Agriculture

Capacité du marché (Kg)

17
B- Le cas de la Nouvelle-Calédonie
1- Disponibilité et qualité des ressources en déchets de thons
1.1. Les pêches maritimes
Les pêches maritimes en Nouvelle-Calédonie sont composées de deux secteurs :
- la pêche hauturière qui en 2010 a débarqué 2860 tonnes, dont 1940 tonnes de thon
blanc, 505 tonnes de thon jaune, 45 tonnes de thon obèse, 115 tonnes de marlins, et
255 tonnes d’autres espèces pélagiques,
- la pêche récifo-lagonaire qui en 2009 a débarqué 967 tonnes dont 556 tonnes de
poissons, 81 tonnes de crustacés et 17 tonnes de céphalopodes (données
SMMPM1).

1.2. Les déchets


La terminologie « déchet » utilisée ici est la même que définie précédemment : il s’agit des
chutes de filetage et de découpe des industries de transformation et des marchés aux
poissons qui sont jetées (évacuation vers les centres d’enfouissement technique ou essais
de compostage) (cf chapitre A, tableau 1).
Les données présentées ici sont issues du rapport très complet de l’ADECAL/Technopole
(Ducrocq et Colin, 2011)2 ainsi que de notre étude de terrain à l’occasion de la mission
réalisée du 3 au 9 décembre et du 15 au 19 décembre 2011.
En 2011 la quantité de déchets de poisson générée par la Nouvelle-Calédonie, toutes
espèces confondues, était estimée entre 1200 tonnes (2009) et 1350 tonnes (2010). Ces
déchets proviennent de deux activités distinctes : industries de transformation de la pêche
hauturière et vente au détail sur les marchés de produits essentiellement de la pêche
artisanale. Les sources sont, pour l’industrie de transformation, principalement à Nouméa
avec les sociétés Pacific Tuna et Pescana, et à Koumac avec la société « Pêcheries du
Nord » (PDN), avec respectivement 700 tonnes et 300 tonnes de déchets produits
annuellement. Les déchets de la vente au détail concernent principalement le marché de
Nouméa avec un tonnage annuel estimé à 300 tonnes. Notons également une petite
production de déchets à Lifou estimée par l’ADECAL à 24 tonnes/an.
Sur la totalité des déchets générés annuellement, 80% sont issus de thonidés débarqués de
la pêche hauturière. L’étude de l’ADECAL a permis de préciser la part relative des
différentes parties du poisson dans les déchets, qui sont ainsi constitués pour 27% par la
carcasse, 10% de ventrêche, 8% de ligne de sang et 5% de peau. Ainsi donc les déchets
des industries de transformation de poissons en Nouvelle-Calédonie apparaissent
homogènes (thonidés) et peuvent potentiellement être triés pour des transformations
ciblées sur des produits à haute valeur ajoutée.
Cela ne concerne aucunement les déchets générés par le marché de Nouméa qui sont issus
de différentes espèces. La qualité de ces déchets est relativement mauvaise pour deux
raisons essentielles : (i) conservés dans un local non réfrigérés et accessible aux insectes (ii)
contamination par des déchets inorganiques comme des plastiques.

1
SMMPM : Service de la Marine Marchande et des Pêches Maritimes
2
Ducrocq M., Colin F. 2011. Le traitement des sous produits de l’industrie de la pêche en Nouvelle-
Calédonie. Eléments pour l’étude de faisabilité. Rapport ADECAL pp27 (hors annexes)

18
1.3. Disponibilité spatio-temporelle des déchets
Comme nous l’avons vu précédemment les déchets de poisson sont produits principalement
sur deux sites :
(i) Nouméa englobant les deux ateliers installés à Nouville (Pacific Tuna et Pescana)
et le marché et ;
(ii) Koumac avec l’atelier des PDN.

La zone de Nouméa et Koumac produisent respectivement 75-80% et 20-25% des déchets


de poisson générés en Nouvelle-Calédonie.
La disponibilité des déchets dans le temps est fonction des quantités de poissons débarqués
par la pêche hauturière et semblerait relativement constante (Ducrocq et Colin, 2011), avec
trois tonnes par jour dont deux tonnes sur la zone de Nouméa et 1 tonne à Koumac.
Les déchets du marché de Nouméa, comme rappelé précédemment, sont de qualité
médiocre et leur disponibilité est variable, allant de 300 kg à 1200 kg par jour (Ducrocq et
Colin, 2011).

1.4. Conclusion partielle


L’étude de l’ADECAL, confirmée par notre enquête de terrain, nous permet d’émettre les
premières conclusions concernant la disponibilité et qualité des déchets de poissons
disponibles en Nouvelle-Calédonie.
- Eloignement géographique entre les deux principaux sites de production,
respectivement la zone de Nouméa et Koumac.
- Avec 1200 à 1350 tonnes/an, faibles volumes de déchets générés en Nouvelle -
Calédonie comparés par exemple aux Iles Fidji (quantité estimée à 2000 à 2500 tonnes,
uniquement pour la zone de Suva, voir Chapitre C).
- Disponibilité dans le temps relativement constante.
- L’essentiel des déchets (80%) provient du thon et présente donc une qualité
homogène.
- Les déchets des usines de transformation des pêcheries industrielles sont conservés
au frais.
- Les différents déchets (carcasse, ligne de sang, peau, ventrêche) pourraient être triés
et ainsi permettre des valorisations ciblées.
Ces éléments physiques devront être pris en compte pour la définition du projet de
valorisation sur lequel nous reviendrons plus loin. Nous ajouterons comme un élément
important l’intérêt montré par les acteurs rencontrés dans les trois entreprises de découpe de
poissons, en particulier de thons, pour des possibilités de valorisation des résidus
aujourd’hui essentiellement traités comme déchets.

2- Eléments économiques sur le traitement actuel des «déchets»


Les coûts engendrés par l’enlèvement et l’élimination des déchets sont très conséquents
pour les entreprises. Le coût de conservation et d’évacuation vers la décharge des déchets
produits par les deux ateliers industriels de Nouméa se situe en moyenne à 10 Fcp/kg
(Ducrocq et Colin, 2011). Si on applique cette estimation à la totalité des déchets de poisson
générés en Nouvelle-Calédonie, le coût total pour la conservation et l’évacuation des
déchets s’élèverait annuellement à 13 000 000 Fcp. Cela ne comprend pas le coût

19
environnemental qui pourrait être mesuré par des études appropriées : empreinte carbone,
analyse de cycle de vie (ACV).
Ainsi, toute solution de valorisation permettant de diminuer ou supprimer ces coûts
impacterait positivement l’économie des entreprises. Il faudra utilement intégrer ces
économies potentielles à l’étude de faisabilité économique d’une filière de valorisation des
déchets de poisson en Nouvelle-Calédonie.

3- Contamination par le mercure


Sur le chapitre de la qualité des déchets, l’ADECAL (Ducrocq et Colin, 2011 dans son étude
montre un taux de mercure présent dans un échantillon d’ensilage de poisson (espèce non
précisée) fabriqué en 2009 à Lifou, de 1,2 mg/kg, nettement supérieur aux limites maximales
autorisées. Au vu de ce résultat unique et si la contamination par le mercure devait être
confirmée, l’ADECAL suggère, en s’appuyant sur les recommandations du Parlement
Européen (2002/32/CE) et par mesure de précaution, d’abandonner la piste de la nutrition
animale. Dans le même temps, l’ADECAL préconise de pousser plus loin l’étude de la
contamination des déchets par le mercure sous ses différentes formes.
Il nous apparait en effet essentiel, avant toute prise de décision sur les voies de valorisation
des déchets de poissons actuellement disponibles en NC, d’en préciser le niveau de
contamination. Cela pourrait être réalisé par des mesures des concentrations en polluants, et
notamment en mercure, dans les différentes catégories de résidus de filetage de thon (80%
des déchets produits), avant et après transformation pour leur valorisation. En effet, la
distribution du mercure dans les tissus du poisson n’est pas homogène, les concentrations
pourraient être supérieures dans les tissus du système nerveux et les autres tissus gras.
Dans ces conditions, suivant le procédé de transformation, le mercure ne sera pas retrouvé
dans les mêmes proportions dans les différents co-produits finis. Par exemple, l’ensilage doit
logiquement conserver le methyl de mercure des déchets d’origine alors que dans
l’hydrolysat, voire la farine de poisson, la concentration en mercure devrait être inférieure. En
effet et comme vu au chapitre A.3, le procédé de fabrication de l’hydrolysat et de la farine de
poisson élimine une plus ou moins grande partie des matières grasses susceptibles de
concentrer le mercure.
En tout état de cause, les bénéfices nutritionnels, notamment pour les élevages aquacoles et
la consommation humaine qui en résulte, doivent être pesés par rapport aux effets
potentiellement négatifs des polluants tels les métaux lourds. L’essentiel est que la
consommation des produits dérivés des déchets par les animaux se fasse dans les limites
des doses de contaminants admissibles définies par les comités d’experts (FAO/WHO,
2004).
Nous sommes ici face un problème sanitaire potentiel mis en évidence par l’étude de
l’ADECAL. Il apparaît donc essentiel de mieux cerner cette problématique de la
contamination des déchets de poissons pélagiques par les métaux lourds et autres
contaminants et des conséquences sur les co-produits issus de leur valorisation. Sur ce
dernier point, il s’agirait de vérifier, sur un échantillonnage représentatif géographiquement
et dans le temps, le niveau de contamination des déchets de poisson et des produits de leur
valorisations. Cette étude devrait en effet suivre la contamination résiduelle en polluants
dans les co-produits issus de la transformation des déchets par différentes technologies
présentées précédemment : ensilage, farine, hydrolysat, huile…
Il doit être noté que des échantillons de co-produits de quelques kilogrammes peuvent être
aisément obtenus, à des fins d’analyses, à l’échelle d’un laboratoire équipé de matériel de
paillasse. Une telle étude en vue d’évaluer le niveau de contamination par les métaux lourds
des déchets de poisson et des co-produits de leur transformation, ne serait donc pas

20
soumise à la mise en place d’une unité pilote qui pourrait se révéler excessivement
onéreuse.

Déjà, une étude récente3 complète l’information disponible sur le sujet : les enquêtes
menées en 2011 par la Direction des Affaires Sanitaires (DASS) et de la direction des
Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) de Nouvelle-Calédonie sur la présence
de résidus de mercures dans les poissons et son éventuelle conséquence sur la santé
humaine. Le méthyl mercure a été dosé sur 80 prélèvements concernant la vingtaine
d’espèces les plus consommées en Nouvelle-Calédonie, et ont été également pris en
compte les résultats des suivis des produits à l’export en 2011. L’ensemble a permis de livrer
les concentrations suivantes (exprimées en mercure total probablement) par grand type de
produits, en mg/Kg ou PPM :
Céphalopodes 0,031
Crustacés 0,115
Poissons lagonaires 0,081
Grands Pélagiques 0,799

Les résultats par espèce sont présentés en Annexe 1.


Ces résultats sont à comparer aux normes en vigueur dans l’Union Européenne pour les
produits de la pêche : 0,5 mg de mercure total par Kg pour la majorité des espèces, et 1
mg/kg pour les grands prédateurs pélagiques (marlins, espadons, saumons des dieux,
requins, thon). Trois espèces dépassent les normes : marlin, espadon et requin mako.

Pour reprendre le communiqué du Gouvernement (voir Annexe 2) : « Comme ailleurs, les


poissons et plus particulièrement les gros spécimens de plusieurs espèces pélagiques
(marlin, espadon, requin mako) ont révélé des traces de mercure non négligeables. Par
ailleurs, le thon bacchi, le saumon des dieux voire le vivaneau et le wahoo sont aussi
susceptibles d’être plus légèrement contaminés. Enfin, les enquêtes menées sur les
poissons lagonaires, les crustacés ou les céphalopodes révèlent que ces derniers ne
représentent que peu de risque. » Sur cette base, le Gouvernement a émis des
préconisations sur les limites à observer dans la consommation des espèces les plus
contaminées.

En ce qui concerne les thons, qui constituent l’essentiel des débarquements et donc la plus
grande part des résidus de découpe, les concentrations observées dans la chair sont
limitées : thon blanc 0,351 mg/kg ; thon jaune 0,152 mg/kg, et largement inférieures à la
norme UE.
Cependant, les recommandations faites précédemment sur la nécessité de mener une étude
précise sur les résidus, et les produits finaux qui peuvent être élaborés à partir de ces
résidus, restent valables.

3
Anonyme, 20111 : Problématique de la contamination des poissons par le mercure. Enquête conjointe
DAVAR/DASS initiée en 2011. Document PowerPoint 20 diapos.
http://www.gouv.nc/portal/pls/portal/docs/1/16692018.PDF

21
4- Les différents débouchés potentiels de la valorisation des
déchets en Nouvelle-Calédonie
Dans son étude, l’ADECAL a retenu quatre secteurs de valorisation (Ducrocq & Colin, 2011):
- Les élevages d’animaux terrestres, en particulier les élevages avicoles et porcins.
- La nourriture pour animaux de compagnie, notamment les chiens et les chats. Ce
débouché concernerait en particulier les 300 tonnes (estimation 2011) de lignes de
sang et des ventrêches des poissons pélagiques de la pêche hauturière.
- Le secteur minier, activité majeure en Nouvelle-Calédonie, représentant un
débouché potentiellement important car il est grand consommateur de matières
organique pour l’amendement des sols dans le cadre de la revégétalisation des
terrains miniers.
- Enfin le secteur agricole avec des applications en fertilisation : engrais foliaires et
amendements de sol.
Ces quatre secteurs d’applications ont été envisagés pour une valorisation des « déchets de
poissons » pour l’essentiel sous la forme d’ensilage humide ou séché. Rappelons ici que
l’ensilage présente plusieurs points de faiblesse dont le principal est une qualité nutritionnelle
variable (et surtout un très fort taux de dilution qui pénalise son transport et augmente
considérablement les coûts de séchage) rendant difficile son usage en alimentation animale
(cf A2.3). Cependant, pour une raison autre, l’ADECAL écarte a priori les applications
suscitées en nutrition animale par mesure de précaution suite à « ..des suspicions de teneur
élevée en éléments traces dans les sous produits de l’industrie de transformation des
produits de la pêche… » (Ducrocq et Colin, 2011). Dans leur étude, les auteurs n’ont pas fait
mention de la valorisation des co-produits issus de technologies alternatives à l’ensilage :
hydrolysat en particulier mais aussi farine de poisson. Ces deux produits dérivés se
présentent sous la forme de poudres sèches (10% d’humidité résiduelle) très concentrées en
protéines (voir A2.2 et A2.5) aisément incorporables dans les formulations de granulés
alimentaires destinés à la nutrition animale terrestre ou aquatique. En effet, les deux usines
de fabrication de granulés pour les élevages d’animaux terrestres et aquatiques, des
sociétés MSV et SICA/FINAGRO, passent par une technologie dite de « pressage à sec »
utilisant principalement des ingrédients sous la forme de poudres sèches ; l’incorporation de
produits liquides comme l’ensilage y est très limitée.
Ainsi donc, la transformation des déchets actuels des pêcheries en hydrolysat, voire
en farine, ouvrirait une voie de valorisation locale en nutrition aquacole, secteur en
plein développement et de plus en plus significatif pour la Nouvelle-Calédonie.
La diversification et le développement de l’aquaculture en Nouvelle-Calédonie se heurte à
une difficulté car elle repose sur l’importation de protéines animales (farines de poisson en
particulier) et végétales (soja en particulier) pour nourrir les élevages, mais elle représente
une véritable opportunité pour la valorisation des déchets de poissons.

L’aquaculture calédonienne produit annuellement environ 1500 tonnes de crevettes qui sont
nourries avec près de 4000 tonnes de granulés. Toutes les matières premières nécessaires
à la fabrication de ces granulés proviennent de l’importation. Parmi ces matières premières,
la Nouvelle-Calédonie importe annuellement un millier de tonnes de farines de poissons, soit
l’équivalent de 700 tonnes de protéines, ce qui représente, au cours actuel du produit, entre
150 et 200 millions de Fcp.

22
L’augmentation projetée de la production de la crevette au terme de 5 années, la
diversification de l’aquaculture à des espèces de poissons du lagon carnivores (la loche
truite et le pouatte) devraient conduire à une augmentation des besoins pour la farine de
poisson et autres sources de protéines pour nourrir les élevages. Il apparaît donc important
d’envisager le développement de l’aquaculture en réfléchissant sur une production endogène
calédonienne de matières premières riches en protéines pour soutenir les élevages : les
déchets de poissons représentent à ce titre une possibilité qu’il serait dommage de négliger.
Il est clair que cette réflexion doit se faire avec la prise en compte des contraintes sanitaires
(problème de contamination par les métaux lourds) et économiques (rentabilité de la
transformation des déchets). Au niveau sanitaire nous avons vu au chapitre A2.5 que la
transformation des déchets en hydrolysat permet de « décontaminer » des résidus a priori
impropres par concentration des polluants dans une des 3 phases (lipides), permettant aux 2
autres (protéines+polypeptides+acides aminés) d’être utilisables en nutrition animale. Cela
devra être confirmé par la production à l’échelle du laboratoire d’échantillons d’hydrolysat à
partir des déchets disponibles en Nouvelle-Calédonie. Au niveau économique, la hausse du
prix des matières premières, et notamment de la farine de poisson, rendra de plus en plus
probable la faisabilité de transformer en hydrolysat les déchets de poissons disponibles en
Nouvelle-Calédonie pour leur utilisation en aquaculture. A cela, il faut ajouter les coûts
directs actuels générés par les déchets pour leur enlèvement et leur enfouissement et les
coûts indirects de leur impact sur l’environnement.

5- Valorisations actuelles des déchets de poisson en Nouvelle-


Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, la seule valorisation actuelle est assurée par l’entreprise familiale
BioAgri-NC, qui fabrique du fertilisant liquide à partir d’une sélection de déchets de thons.
Implantée à proximité d Nouméa, elle a vu le jour en début d’année 2011 et traite environ 25
tonnes de résidus par an, soit 2% de la production totale de déchets du territoire. Elle
commercialise son produit pour une utilisation dans les jardins des particuliers ou en
maraîchage, produit qui apparemment a trouvé son marché. Elle envisage un
développement de son activité à hauteur d’une transformation de 50 tonnes de matière
première, qu’il conviendra de prendre en compte quelles que soient les voies de valorisation
envisagées pour les déchets générés en Nouvelle-Calédonie
Cas de la Province des Îles
Un essai de transformation des déchets en ensilage pour des applications en culture vivrière
a été réalisé en 2007 sur l’Ile de Lifou, à Wé (McNeill et al., 2008 ). Le service des pêches de
la Province des Îles Loyauté a sollicité le concours de la CPS (Section développement et
formation pêche côtière) qui a organisé un projet pilote de production d’ensilage de poisson
à partir des déchets de la pêche, dans le but d’en faire de l’engrais et/ou un complément
alimentaire pour animaux. L’ensilage de poisson était vite apparu comme la meilleure option,
étant donné que Lifou compte plusieurs fermes d’agriculture biologique. Les agriculteurs y
importaient alors d’importantes quantités d’engrais, dont du poisson ensilé (4 400 litres
vendus 1 000 francs CFP le litre en 2007).
Les principaux objectifs du projet consistaient, d’une part, à rechercher des fournisseurs et à
faire venir les équipements et matériels nécessaires pour effectuer les essais de production
de poisson ensilé, sachant que le produit recherché devait être suffisamment liquide pour
pouvoir être pulvérisé mécaniquement sur les cultures vivrières, et, d’autre part, à conseiller
la Poissonnerie de Lifou et le service des pêches de la Province des îles Loyauté au sujet
des spécifications techniques de la future installation d’ensilage de poisson, y compris des
équipements de transformation, et des procédures à mettre en place pour assurer une
production commerciale à moyenne échelle de poisson ensilé.

23
Le projet a bénéficié d’un financement initial du Fonds de coopération économique, sociale
et culturelle pour le Pacifique (Fonds Pacifique), de la Province des îles Loyauté et de la
CPS. À l’échelon local, les parties prenantes étaient le service des pêches de la Province
des îles Loyauté, le personnel de la Poissonnerie de Lifou et les agriculteurs locaux. Cette
étude avait alors permis d’émettre les conclusions suivantes :
- La faisabilité technique de la construction d’une unité mécanisée de petite
taille pour la fabrication d’ensilage produit localement. Cette échelle de
production semble convenir aux pêcheurs opérant seuls et aux petites
coopératives de pêche sur les îles ;
- La valorisation les déchets de poisson permet de réduire l’impact négatif sur
l’environnement.
- La quantité de déchets générée annuellement à Lifou est modeste (24 tonnes)
et il est donc envisageable de les valoriser totalement sous la forme
d’ensilage pour des applications en agriculture locale (Province des îles) et
pour les autres provinces de la Nouvelle-Calédonie.
A notre connaissance, cette étude pilote n’a pas conduit à une solution pérenne pour le
traitement des déchets de poisson dans les Îles Loyauté. Il serait utile, avant d’envisager un
nouveau travail dans cette province, d’analyser précisément les raisons qui ont empêché la
mise en place d’une production pérenne d’ensilage à partir des 24 tonnes de déchets
disponibles localement.

24
6- Analyse SWOT
A titre de synthèse sur la situation des déchets de thons et plus généralement des déchets
de poisson en Nouvelle-Calédonie, nous présentons ci-après une analyse SWOT.

Forces (Strengths): Faiblesses (Weaknesses)

→ Volume global de déchets (1000 à → Eloignement des principales sources de


1500T) constituant un gisement déchets (Nouméa, Koumac)
valorisable → Quantité insuffisante de déchets pour
→ Qualité de la matière première : certain type de transformation (farine et
conservation des déchets au frais huile de poisson)
→ Gisement quasi-monospécifique (thon) → Manque de concertation professionnelle
→ Développement d’une entreprise privée et d’organisation permettant d’envisager
de production d’ensilage (BioAgri-NC) une mutualisation des traitements
→ Étude pilote de production d’ensilage → Portage mal identifié pour un projet
réalisée en 2007 à Lifou par la CPS et la global
Province des Iles. → Manque d’intervention des Pouvoirs
→ Forte capacité de R&D : Technopole, Publics pour orienter le secteur
CPS, Ifremer, UNC… → Connaissance partielle des coûts (mise
en décharge et coûts environnementaux)
associés aux déchets de poisson
→ Peu de prise en compte des critères
environnementaux sur le territoire
→ Connaissance partielle des marchés pour
des produits de valorisation des déchets
Opportunités (Opportunities) Menaces (Threats)

→ Marché local important pour les différents → Contamination possible de la matière


produits issus des déchets de poissons première par les métaux lourds,
(fertilisant organique, source de → Développement de solutions partielles au
protéines pour l’alimentation animale.. .) niveau de chaque entreprise au dépend
→ Economie possible sur l’importation de d’une solution collective à l’échelle du
fertilisants organiques et de farines de pays.
poisson. → Concurrence des acteurs présents et
→ ADECAL/Technopole projet d’étude futurs de la filière « valorisation des
pilote de l’application de l’ensilage en déchets » pour l’accès à la matière
agriculture. première et pour le marché.
→ Existence de technologies innovantes
pour la valorisation des déchets de
poisson (hydrolysat, acides gras
essentiels,…)
→ Volonté des entreprises du secteur de la
pêche de valoriser les déchets de
poisson afin de diminuer les coûts de
leur mise en décharge
→ Importance croissante des critères
d'impact environnementaux au niveau
international
→ Volonté des collectivités de Nouvelle
Calédonie de trouver une solution
pérenne aux déchets de poisson.
→ Augmentation de la quantité de déchets
(matière première) avec l’augmentation
des prises et/ou le débarquement des
viscères.

25
Les solutions qui pourraient être envisagées aux faiblesses mises en évidence dans cette
analyse SWOT sont :
- L’éloignement entre les deux principales sources de déchets trouverait une solution
soit par la mise en place de deux unités de traitement - une sur chaque site -, soit par
le transport des déchets après broyage vers une seule unité de traitement dont le
positionnement géographique devra être défini pour minimiser le coût de l’opération
globale. La faisabilité d’une unité mobile de traitement qui se déplacerait sur les deux
sites en fonction des besoins doit également être envisagée.
- Le manque de matière première nous fait exclure a priori la transformation des
déchets en farine et huile de poisson. (La plus petite unité de fabrication de farine de
poisson envisageable permet de traiter 1 tonne de déchets par heure, Annexe 3)
alors que la disponibilité en déchets pour toute la Nouvelle-Calédonie est en
moyenne de 3 tonnes par jour). Les autres techniques de valorisation (ensilage,
hydrolysat) peuvent être dimensionnées pour répondre aux faibles quantités des
chutes de filetage disponibles localement à Koumac et à Nouméa.
- L’identification d’un porteur de projet pour la Nouvelle-Calédonie pourrait remédier à
la faiblesse de la volonté publique et organisationnelle nécessaire à la mise en place
d’une solution au niveau du pays. La Technopole/ADECAL qui a été mandatée par
les Collectivités pour la réalisation d’une pré-étude afin de préciser les flux de
déchets produits (Ducrocq et Colin, 2011) pourrait parfaitement jouer ce rôle.
- Préciser le coût économique du traitement actuel des déchets. Réaliser une ACV afin
d’identifier l’impact environnemental de ces déchets. Ces informations sont
essentielles pour les décideurs qui n’ont pas, au jour d’aujourd’hui, toute la lisibilité
sur la situation des déchets organiques en Nouvelle-Calédonie.

Les solutions pour parer aux menaces mises en évidence dans cette analyse SWOT :
- Étude de la contamination des déchets de poisson en métaux lourds et autres
contaminants. Cette étude devra également évaluer la permanence de ces
contaminants dans les co-produits obtenus suite au traitement des déchets par
différentes techniques. Cette étude est essentielle pour permettre de statuer
définitivement sur les secteurs applicatifs de la valorisation des déchets de poisson
produit sur le territoire.
- L’organisation du projet à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie avec un porteur bien
identifié devrait permettre l’émergence d’une solution commune dans l’intérêt du
pays.
- Aider les acteurs privés de la filière en protégeant à terme leur accès à la ressource
en déchets et leurs débouchés en Nouvelle-Calédonie. En se sens, l’établissement
d’un plan de développement d’une filière « valorisation des déchets de poisson »
serait une condition préalable.

7- Propositions et recommandations
Nos propositions et recommandations suite à cette étude peuvent se résumer en 3 points :
a. Étude prospective sur le flux des déchets organiques en Nouvelle-Calédonie
Les projets de valorisation des sous-produits de poisson devront tenir compte des flux
potentiellement disponibles à moyen terme, et long terme si possible, ce qui requiert une
double analyse prospective, sur les pêcheries, et sur la transformation. L’étude très complète
réalisée par l’ADECAL sur le flux des déchets de poisson considère peu l’évolution à terme
des flux de ces déchets. Ces flux peuvent également être augmentés si une décision devait
être prise, moyennant des adaptations techniques, de débarquer les déchets actuellement

26
jetés en mer (viscères) et captures accessoires. Dans ce cadre, il serait également
intéressant d’explorer les possibilités de couplage du traitement des déchets de la filière
thonière avec ceux de la filière viande, c’est-à-dire les déchets animaux issus des abattoirs,
ou d’industries de transformation des viandes (Cf OCEF), voir de réfléchir à une filière de
valorisation de tous les déchets des filières agroalimentaires: filière mer, filières viandes,
filières végétales, supermarchés, restauration hors foyer....

b. Étude de la contamination en métaux lourds et autres contaminants des déchets de


poisson et des produits de leur valorisation en Nouvelle-Calédonie.
Il s’agirait d’analyser dans le temps et sur différents sites les contaminants dans les déchets
produits par les pêcheries. Les mêmes analyses seraient également effectuées sur les
produits issus de la transformation des déchets à l’échelle du laboratoire : farine et huile de
poisson, hydrolysat, ensilage. Cette étude permettra de se déterminer effectivement sur les
secteurs d’application des produits dérivés des déchets de poisson. Nous pensons qu’il est
prématuré à ce stade de nos connaissances de fermer la porte à la valorisation des déchets
en nutrition animale et notamment en aquaculture. Ce dernier secteur est important pour la
Nouvelle-Calédonie et dépend aujourd’hui exclusivement de l’importation des matières
premières pour nourrir les élevages.

c. Étude de faisabilité économique de la valorisation des déchets de poisson


Il s’agira, sur des projets précis, d’évaluer les coûts d’élaboration de co-produits à partir des
déchets de poisson, et d’étudier leur possibilités d’insertion sur le marché local, notamment
en substitution de produits actuellement utilisés dans les différents secteurs de valorisation
envisageables.

d. Mandater un porteur de projet


Enfin il nous parait fondamental de structurer ce projet autour d’un pilote mandaté par les
collectivités locales et la Nouvelle-Calédonie dans la perspective d’une solution globale au
problème des déchets organiques dans le pays. Le rôle de pilote pourrait être
opportunément attribué à la Technopole qui a déjà été mandatée pour réaliser l’étude sur les
flux des déchets de poisson en Nouvelle-Calédonie (Ducrocq et Colin, 2011 ; ADECAL,
2011).

8- Conclusion
Notre étude a permis de mettre en évidence deux étapes à franchir préalablement au choix
technologique et de marché pour la valorisation des déchets de poisson en Nouvelle-
Calédonie :
Une première priorité pour la suite est de mieux connaître les impacts économiques et
environnementaux du devenir actuel des déchets des pêcheries du territoire afin d’en
informer les pouvoirs publics qui pourront alors décider, en connaissance de cause, les
actions à entreprendre et d’y affecter les moyens nécessaires. En effet, les déchets générés
par les pêcheries de Nouvelle-Calédonie représentent un coût direct important estimé à 13
millions Fcp par an et un coût environnemental non évalué, mais certainement important. Ce
faible niveau d’information, que nous découvrons avec cette étude, ne permet pas d’avoir
une idée claire de l’importance du problème et par conséquent de décider la mise en œuvre
des actions appropriées.

27
L’autre priorité est de vérifier le niveau de la contamination des déchets de poisson et des
différents produits dérivés de leur transformation (hydrolysat, farine, ensilage). C’est
seulement sur cette base qu’il sera possible de lever éventuellement la contrainte sanitaire
représentée par la contamination potentielle par les métaux lourds et notamment le mercure.
En effet, dans l’état des connaissances parcellaires sur la question, l’ADECAL préconise
légitimement d’écarter les applications en nutrition animale des produits issus de la
valorisation des déchets de poisson (Ducrocq et Colin, 2011). Une étude complète de la
situation des contaminants permettrait ainsi de statuer définitivement sur les pistes à retenir
de valorisation des déchets de poissons, et notamment celle de l’aquaculture. Ce dernier
secteur se diversifie et se développe fortement en Nouvelle-Calédonie et la production
endogène au pays d’une source de protéines à partir des déchets de poisson contribuerait
significativement à nourrir les élevages et à l’économie de ce développement.

28
C. Le cas des Iles Fidji
Introduction
Suva, la capitale des Fidji située sur l’île principale (Viti Levu), abrite un grand port de pêche
où sont débarquées les captures des pêches hauturières, ainsi qu’une zone halio-industrielle
concentrant l’essentiel des industries de traitement du thon, excepté la grande conserverie
de l’entreprise PAFCO située à Levuka (Ile d’Ovalau).

Grâce à la préparation de Tim PICKERING et Avinash SINGH de la CPS, que nous


remercions sincèrement, notre programme de visites de deux jours à Suva fut
particulièrement dense et intéressant. Ainsi, nous avons visité et rencontré les responsables
de 5 entreprises de transformation de thon (conserverie ou découpe de longes) et d’une
entreprise de découpe de poisson frais. Nous avons également rencontré un responsable du
département des pêches (« Department of Fisheries »), un responsable de ferme d’élevage
de crabes, et deux enseignants-chercheurs de l’Université du Pacifique Sud (voir liste des
personnes rencontrées).

1- La filière thon au sein de la filière des produits aquatiques aux


Iles Fidji : données principales

Le secteur des pêches est très important aux Iles Fidji, tant au niveau de la tradition
l’alimentation qu’au niveau de la richesse créée et de l’économie contemporaine. Il a connu
de fortes évolutions dans les dernières décennies et est confronté aujourd’hui à des défis
majeurs pour se développer durablement (Veitayaki, 1995). En effet, les productions des
pêches et de l’aquaculture aux Iles Fidji se sont beaucoup développées à partir des années
80 (Figure 1), atteignant près de 50000 T en 2007.

Figure 1 : Production des pêches et de l’aquaculture aux Iles Fidji, source FAO
Production of capture fisheries and aquaculture in Fiji Islands, source FAO

Selon la FAO, les captures des pêches maritimes en 2007, qui représentent 41136 tonnes,
placent la République des Fidji en septième position des pays insulaires du Pacifique (ADB
2009 in Gillett 2010, voir Annexe 4) ; si on considère uniquement les prises hauturières
(offshore), avec 14236 T, les Fidji se situent en huitième position.

29
Les iles Fidji se distinguent aussi des autres pays de la région :
- par la répartition équilibrée entre pêche côtière commerciale (9500 T), pêche côtière
de subsistance (17400 T), et pêche hauturière (14236 T),
- par une part faible des pêches hauturières assurées par des pays étrangers dans la
ZEE des Fidji : 492 T sur un total de 14236 T.

Les pêches hauturières visent les thons et débarquent également comme prises accessoires
d’autres espèces de grands pélagiques. Aux Iles Fidji, les débarquements de ces espèces
au cours de la décennie 2000-2009 ont fluctué de 12000 à 18000 T (données FAO, Figure
2). En 2009, avec 11645 T ils représentaient 28% des débarquements des pêches maritimes
du pays.

Figure 2: Captures (en tonnes) de thons et bonites par les Iles Fidji, Source FAO
FishStat
Capture fisheries (mT) of tunas, bonitos and billfishes by Fiji Islands, Source FAO
Fishstat

Les différentes espèces de thon pêchées (voir Tableau 2) représentent 10919 T en 2009,
avec une nette dominance du thon blanc ou germon (albacore en anglais) pour 66%, suivi
par le thon jaune ou albacore (yellowfin) pour 24%, le thon obèse ou patudo (bigeye) pour
6%, et le listao ou bonite à ventre rayé (skipjack) pour 4%. Les prises accessoires de grands
pélagiques totalisent 726 T.

30
Tableau 2 : Production par les Iles Fidji de thons et grands pélagiques en 2008-2009
par espèce et total (Production by Fiji Islands of tunas and large pelagic species in
2008-2009)
Source FAO FishStat

Nom latin Species (english) Espèces (français) 2008 2009


Thunnus alalunga Albacore, longfin tuna Thon blanc , germon 7650 7166
Thunnus albacares Yellowfin tuna Thon jaune, albacore 2807 2564
Thunnus obesus Bigeye tuna Thon obèse, Patudo 671 689
Katsuwonus pelamis Listao, bonite à ventre
Skipjack tuna rayé 536 500
Narrow-barred Spanish Thazard rayé indo-
mackerel pacifique 300 250
Wahoo Thazard-bâtard 180 200
Blue marlin Makaire bleu 154 101
Swordfish Espadon 82 97
Black marlin Makaire noir 62 44
Striped marlin Marlin rayé 27 34
Total Total 12469 11645

Le commerce extérieur des produits aquatiques aux Iles Fiji s’est développé dans les
dernières décennies (voir Figures 3 et 4) et affiche en 2008 une balance positive (E-I) de
14481 tonnes et 47 millions USD (source FAO).
Le groupe des thons et bonites y jouent un rôle prépondérant, comme le montrent les allures
comparables des courbes de ce groupe et de celles de l’ensemble des produits aquatiques.
Ce commerce connaît des fluctuations inter-annuelles, et un changement dans les années
2000, où on constate un fort développement des exportations, en particulier de thons et
bonites, tandis que leur importation, après une forte hausse de 2001 à 2004, retombe en
2007-2008 à leur niveau initial en quantité, avec un moindre impact en valeur.

Figures 3 et 4: Evolution en quantité et valeur du commerce extérieur de produits


aquatiques, et de thons et bonites aux Iles Fidji - Source : FAO– FishStat
Changes in quantity and value of external trade of aquatic products, and tunas,
bonitos and skipjack, in 2008 in Fiji Islands - Source : FAO– FishStat

La filière thonière aux Iles Fidji est largement tournée vers l’exportation et de ce fait
fortement dépendante des conditions économiques générales et du marché international,
31
très concurrentiel, de ces espèces majeures. On remarque une tendance à la baisse des prix
moyens à l’export (Figure 5, en prix moyens courants, non déflatés) dans les années 2000.

Figure 5: Evolutions des prix moyens du commerce extérieur, pour les produits
aquatiques et les thons et bonites aux Iles Fidji – Source : d’après données FAO
FishStat
Changes in current prices (FD/kg) for imports and exports of total aquatic products,
and tunas, bonitos and skipjack (TBS) - After FAO data

En 2008, les thons et bonites représentent 74% en quantité et 62% en valeur du total des
exportations de produits aquatiques. Ainsi, 29340 T sont exportées essentiellement sous
forme de produits congelés (64,4%), de produits frais et réfrigérés (35%), et très peu en
conserves (0,6%). La répartition par espèce montre l’importance des exportations de thon
blanc (albacore) avec 43,1% et 16,5% respectivement en congelé et frais-réfrigéré, suivies
de celles de thon jaune (yellowfin) avec 10,3% et 8,2% respectivement en congelé et frais-
réfrigéré. Les autres espèces occupent une place marginale avec en particulier le thon
obèse (bigeye) frais – réfrigéré (1,2%) et le thon rouge du Pacifique.

Tableau 3 : Commerce extérieur en 2008 de produits aquatiques, et de thons et


bonites aux Iles Fidji (External trade of aquatic products, and tunas, bonitos and
skipjack, in 2008 in Fiji Islands) - Source : FAO– FishStat
Quantité (T) Valeur (1000 USD)
Exportations 39636 87973
Total produits aquatiques Importations 25155 40857
Exportations 29340 55100
Thons et bonites Importations 9502 17623

Le rapport annuel 2007 du Département des Pêches fidjien (in : FAO Fiji Fisheries Sector
Profile, 2009) indique des exportations de thon de qualité sashimi (thons jaune et obèse)
pour 51% vers le Japon et les Etats-Unis et le reste, soit 49%, vers la Chine, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande et l’Union Européenne

On note un flux d’importation important: 9500 T d’espèces non distinguées, composé de


2900 T de thons préparés ou en conserves, sans doute pour le marché local, et 6400 T de
thons congelés probablement destinés aux industries de transformation.

Selon les tables de bilan alimentaire de la FAO, la consommation intérieure des produits
aquatiques dans les Iles Fidji s’est développée au cours des dernières décennies pour
atteindre un maximum de 37 kg/hab/an. En 2007 elle était de 35,8 kg/hab/an. Cette

32
consommation est alimentée principalement par les pêches côtières de subsistance mais
aussi par une partie des pêches hauturières (12,5% des prises selon FAO Fiji Fisheries
Sector Profile, 2009), et des importations.
Le rapport sur le Food Balance Sheet du Ministère de la Santé (Anon. 2009b) montre, à
partir des années 2000, une augmentation de la part des produits aquatiques dans les
apports caloriques issus des produits animaux (voir Annexe 5).

2. Le devenir des espèces pêchées


L’utilisation varie selon les espèces :
- le thon blanc (albacore) est destiné à la conserverie : l’unité la plus importante aux
Fidji est celle de PAFCO (située à Levuka) ; notons que seule cette unité possède
une usine de farine de poisson pour valoriser les déchets. A Suva se trouvent
également plusieurs conserveries. Enfin une partie des thons blancs est directement
exportée pour être transformée dans des conserveries situées aux Samoa, en
Thaïlande ou en Chine ;
- le thon jaune (yellowfin) et le thon obèse sont destinés le plus souvent à une découpe
en longes pour l’exportation, en qualité sashimi ou non ;
- le thon listao (skipjack) a aussi fait l’objet d’une découpe en longes pour l’exportation,
mais actuellement les apports sont très faibles ;
- les autres grands pélagiques, en moindre volume, font l’objet d’une découpe, et sont
destinés à l’exportation ou au marché local.

3. Les déchets
3.1. Vue globale
A Suva, les conserveries de thon (en particulier thon blanc albacore) génèrent des déchets
frais, et des déchets cuits, qui représentent en masse 50% de la matière première, et qui
sont entièrement jetés.
Les industries de découpe de thons jaune ou obèse (yellowfin, bigeye) généraient des
déchets frais (ou congelés frais) pour également 50% de la matière première. Les déchets
jetés représentent aujourd’hui 20 à 25% du poisson traité, en effet la tendance des dernières
années est une valorisation croissante des chutes de filetage en co-produits pour les
marchés locaux et marginalement pour l’exportation (en consommation humaine, et pour
l’alimentation animale en particulier en porcheries, shark-feeding et appâts).

Ainsi, une importante particularité des Iles Fidji, en comparaison du cas de la


Nouvelle-Calédonie, réside dans la valorisation aujourd’hui d’une partie des chutes de
filetage de l’industrie du thon dans l’alimentation humaine, avec un développement
récent de ce débouché sur le marché local dans un contexte économique favorisant la
demande de protéines bon marché.

Du point de vue quantitatif, les déchets issus des industries du poisson à Suva
représenteraient un volume de 2000 à 2500 tonnes par an selon une estimation faite par
le secteur professionnel dans les dernières années. Il est probable, mais pas attesté que ce
chiffre comprenne l’ensemble des chutes de filetage générées, y compris celles qui trouvent
aujourd’hui une valorisation commerciale.
Le Ministère de la Santé fidjien (Anon, 2009 b) indique, dans les utilisations nationales des
produits aquatiques en 2007, un volume de 5798 T de déchets générés, ainsi que 2277 T
valorisées en alimentation animale.

33
3.2. Les différents types de « déchets » et leurs devenirs
Les déchets générés et leurs devenirs varient selon les entreprises de transformation. Nous
présentons ici des éléments d’analyse et de synthèse à partir des informations collectées
durant nos entretiens et visites dans les entreprises de transformation.

Les types de déchets générés varient selon :


- L’espèce de poisson transformé ;
- l’état de la matière première à réception:
o les thons congelés ont été éviscérés, et les branchies retirées, en mer
o les thons frais de pêche locale seraient livrés entiers (non vu).
- le procédé de transformation : mise en conserve de thons, découpe de longes de
thons,
- les stratégies propres de l’entreprise : qualité des produits visés (exemple : parage –
trimming- plus ou moins poussé des longes générant des chutes plus ou moins
importantes), recherche de marchés pour les co-produits ou enlèvement des déchets
pour élimination.

Nous présentons dans le tableau 4 ci-dessous, pour les deux procédés principaux de
transformation du thon, les types de déchets et co-produits générés aux différentes étapes et
leur devenir actuel. Par commodité nous le présentons en anglais.

Tableau 4 : Synthèse des données collectées sur la production de déchets et co-


produits, et leurs devenirs, dans les deux principaux procédés de traitement des
thons - Synthesis of collected data about the production of wastes and byproducts, and
their uses, in the two main process of tuna

Process Operation Produced materials


Type Sold products Dumped
wastes
Local export
market
Loining Heading head X X
tuna Cutting into 4 Loins X
loins back-bone with meat X
tail with meat X
(or: tail, final part) X
De-skinning skin X
Trimming Trims, offcuts X X
De-boning Small bones X
Cutting blood Blood line (red meat) X X
line
Cutting belly belly X
Polishing dust X X X

Canning Heading Head X


tuna
Cutting fins fins X
Cutting in 2 parts back-bone with meat X
tail with meat X
Pre-cooking
Cleaning the
loins Cooked wastes X
Canning Fish cans X X
NB: possible uses of a material may change according to the company, or the time

La lecture du tableau fait apparaître:

34
- en ce qui concerne les produits issus du procédé de conserverie :
o la tête ainsi que l’arête centrale avec chair sont découpées sur le thon congelé
et peuvent être vendues sur le marché local,
o les déchets cuits, issus de la préparation des longes après une précuisson,
sont systématiquement jetés,
- en ce qui concerne les produits générés par le procédé de découpe de longes sur du
thon frais ou congelé :
o la peau, les nageoires, les chutes de parage avec de petites arêtes, sont
systématiquement jetés, ainsi que la ligne de sang, les copeaux et la nageoire
caudale dans certaines entreprises,
o les autres produits, comportant de la chair, sont aujourd’hui fréquemment
vendus sur le marché local ou à l’export : têtes, arête centrale avec chair et
queue avec du muscle, ligne de sang, chutes de parage, copeaux, ventrèche.

Dans le cas des co-produits vendus, les marchés visés sont :

- soit l’alimentation humaine : c’est le cas pour têtes, arête centrale et queue avec de la
chair, chutes de parage, ligne de sang, et ventrèche,
- soit l’alimentation animale : tous les produits trouvent des débouchés en porcheries
ou pour le shark feeding ; les copeaux sont principalement orientés vers les petfood
ou les appâts de pêche.

Le devenir des déchets varie selon les entreprises. Nous avons rassemblé dans le tableau 5
les informations relatives aux pratiques des entreprises visitées. Il apparaît que :

- la part des déchets jetés représente 50% du poisson traité en conserverie, mais cette
part descend à 20-25% dans le procédé de découpe de longes dont les chutes de
filetage peuvent être valorisées en nombreux co-produits,
- le coût d’enlèvement des déchets pour élimination est de 70-75 Fijian dollars par
tonne quand celui-ci est assuré par une société extérieure, et de 45-50 Fijian dollar
par tonne s’il est assuré avec les propres camions de l’entreprise.

Les informations disponibles ne permettent pas de faire un bilan matière complet, et de


déduire la quantité totale de déchets disponibles dans ces entreprises. Il serait nécessaire,
pour cette estimation, de compléter les informations auprès des entreprises visitées, et de
poursuivre cette enquête auprès des principaux opérateurs présents à Suva. On retiendra
donc l’évaluation précédemment citée de 2000-2500 T de déchets générés par la filière
thonière à Suva ; nous ne savons pas cependant si ce volume comprend les co-produits
aujourd’hui vendus sur le marché local.

Les évolutions des techniques de congélation et de la demande du marché peuvent conduire


à des changements significatifs de la production de déchets. Ainsi, le développement de la
congélation à -60°C, en permettant une conservation parfaite d’une haute qualité pendant 3
mois, a ouvert au Japon un nouveau marché pour du thon entier congelé (exemple du thon
jaune entier « super frozen » d’une valeur supérieure aux longes conservées à -35°C). Cette
nouvelle technologie permet d’exporter du poisson sans générer de déchets sur le site de
débarquement et conditionnement.

La plupart des opérateurs rencontrés ont marqué leur intérêt pour la valorisation des
déchets. Certains d’entre eux ont réalisé des essais de valorisation : tannage des peaux,
extraction d’huile, production de farines dans une unité de fabrication de farine de viande
d’un abattoir à Suva.

35
Tableau 5 : Synthèse des données collectées sur les déchets dans les entreprises de transformation visitées
Synthesis of collected data about wastes in visited processing companies
Company Process Raw-material/ « wastes » « wastes » uses Cost for dumping
year Local market export Dumped Dumped quantity and share FD/mT Total
wastes on raw material FD/year
Fresh wastes All wastes Mackerel: (e)10-30 mT/year ;
1 Cannery 500 mt headed (head, guts) 7% 70 (e) 19000
frozen mackerel Cooked wastes Tuna: (e) 250 mT/year ; 50% FD/mT FD/year
500 mt tuna (others, from tuna)
fresh or fz
2 Fishing 1000 mt Defrozen wastes Heads Heads, skin, red 2-3 mt/day 75 (e) for
Loining yellowfin tuna trimmings belly meat, dust, FD/mT max 500
(frozen) some off-cuts T wastes:
back-bone, 37500
fins FD/year
3 Packing Fresh wastes Frozen: head, Fins, guts, tail 1.5 mT/day 3500
fresh Fresh fish, tail, belly, FD/month
fish various species trimmings,
bones, blood
line, collar
Loining 4000 T Mainly wastes from Edible parts dust Skin, bones (+ 800-1000 mT/year 45 (e) 36000
4 Yellowfin tuna frozen tuna given to local other parts not 20-25% FD/mT to 45000
fresh or frozen people taken by by own FD/year
people) trucks
5 Fishing 3000 T Tuna wastes if If loining tuna: 1 mT/week
Loining Yellowfin tuna loining Other fish: few wastes
fresh or frozen No wastes if
Other fish shipping whole
6 Cannery Albacore tuna Fresh wastes Head, All cooked 50% 50
Cooked wastes backbone, tail, wastes FD/mT
Loining Yellowfin tuna Head, Skin and small 25% by own
frozen backbone, tail, bones trucks
trims, blood line,
dust

36
3.3. Éléments économiques sur le traitement actuel des « déchets »
Les coûts engendrés par l’enlèvement et l’élimination des déchets (45 à 75 Fijian dollars par
tonne) sont très conséquents pour les entreprises : les estimations réalisées à partir des
données disponibles montrent qu’ils s’élèvent à 20000 à 40000 Fijian dollars par an. Ainsi, toute
solution de valorisation permettant de diminuer ou supprimer ces coûts impacterait positivement
l’économie des entreprises.

Si de nouvelles voies de valorisation étaient recherchées pour l’ensemble des chutes de


filetage, elles devraient être compétitives par rapport aux débouchés trouvés aujourd’hui pour
les co-produits sur le marché local et l’export. À titre d’information, voici des éléments sur les
prix de vente de co-produits indiqués par les entreprises, ou relevés dans des points de vente à
Suva:
- Têtes de thon, vente par entreprises de transformation (en gros ou demi-gros) : vrac 0,65
FD/kg ; conditionnées et congelées 1,50 FD/kg
- Têtes d’autres espèces pélagiques (mahi-mahi, ogo), congelées , au détail : 2,50 FD/kg
- Chutes de parage, vente par entreprises de transformation (en gros ou demi-gros) : 1 FD/kg
- Chutes de parage, congelées, vente au détail : 2,50 FD/kg
- Copeaux ou morceaux de poisson congelés, vente au détail pour petfood : 1 FD/kg

Le marché local des co-produits ne semble pas montrer de saturation, et présenterait encore
des opportunités, comme l’alimentation aquacole pour de nouvelles productions (crabe,
crevettes d’eau douce,…).
Enfin, de l’avis des opérateurs, un frein important à des solutions extérieures au pays (tannage
des peaux, ou extraction de molécules, dans des pays d’Asie) est le coût du fret pour exporter la
matière première.

4- Analyse SWOT
À titre de synthèse sur la situation des déchets de thons sur la zone de Suva, nous présentons
une analyse SWOT.
Forces (Strengths): Faiblesses (Weaknesses)
→ Volume global de déchets à Suva (est. → Manque de traitement approprié des déchets
2000-2500 T) constituant un gisement valorisable (manque de tri et de stockage au froid) dans
→ Concentration géographique des certaines entreprises
industries → Fluctuations interannuelles des quantités de
→ Gisement quasi-monospécifique déchets disponibles en fonction des variations de la
demande
→ Absence de concertation professionnelle et
d’organisation permettant une mutualisation des
traitements
Opportunités (Opportunities) Menaces (Threats)
→ Intérêt des opérateurs pour des voies de → Nécessité de protéger l’utilisation des
valorisation des déchets, et existence de leaders produits secondaires pour l’alimentation humaine, si
potentiels pour organisation possible en l’améliorant (chaîne du froid, nouvelles
→ Existence de besoins pour le présentations),
développement d’autres activités aux Fiji: → Nécessité d’organiser une filière de
aquaculture, agriculture valorisation commune aux opérateurs de la zone
→ Existence de technologies accessibles Suva
pour valorisations plus intéressantes que farines → Besoins d’une intervention forte des Pouvoirs
et huiles de poisson Publics pour orientation du secteur

37
5- Propositions et recommandations
5.1. Lien avec le marché local pour l’alimentation humaine
Une première remarque doit être de souligner un paradoxe : si la concentration des industries
thonières à Suva crée potentiellement un gisement intéressant de chutes de filetage, il est
apparu qu’une bonne partie d’entre elles est d’ores et déjà valorisée dans l’alimentation humaine
ou animale, sur des marchés locaux ou export.

Ainsi, la question de l’utilisation des « déchets » de la filière thonière aux Iles Fidji ne peut pas
être raisonnée sans tenir compte des besoins de la population locale en produits aquatiques, et
autres sources protéiques, pour son alimentation. Nous avons souligné dans la partie 1
l’importance des produits aquatiques dans l’alimentation des Fidjiens, et son poids croissant.
Nous n’avons pas dans le cadre de cette étude la capacité à faire une analyse complète de
l’évolution de la consommation et des prix des produits d’origine animale, y compris aquatique,
et de l’accessibilité des différents produits selon le pouvoir d’achat. Pourtant il serait hautement
recommandable de mener cette analyse avant de préconiser un développement d’une filière de
valorisation des co-produits de thon pour d’autres usages que la consommation humaine locale,
afin d’éviter de priver des classes sociales à revenu modeste d’une source de protéines bon
marché.

Le séjour très bref que nous avons effectué ne nous permet pas d’avoir une vue complète de la
filière des produits aquatiques aux Iles Fiji. Cependant, nous avons effectué des visites dans
des lieux de distribution du poisson : marché aux poissons de Suva, magasins de vente de
produits surgelés. Nous avons remarqué une faible qualité sanitaire des produits, en particulier
au marché au poisson de Suva (produits frais ou produits décongelés), ainsi que, parfois, dans
des magasins de produits congelés (tête de thon apparemment congelée dans un état dégradé).
L’amélioration de la chaîne de froid et des conditions de distribution du poisson, citée comme un
enjeu majeur en 1995 par Veitayaki, semble encore aujourd’hui une question prioritaire et qui
concerne également les co-produits de la filière thonière.

5.2. Voies de valorisation des déchets


A ce stade de la démarche d’étude des possibilités de valorisation des sous-produits de
poisson, il ne nous semble pas opportun d’indiquer une seule voie, mais plutôt de contribuer à la
réflexion sur ce sujet. En effet, le choix de voies de valorisation dépend de très nombreux
facteurs techniques et économiques sur la matière première et le processus de traitement, de
l’existence et des caractéristiques d’un marché potentiel pour les produits générés, ainsi que
d’aspects organisationnels à l’échelle des entreprises ou de la filière entière. Il serait également
nécessaire d’examiner les aspects réglementaires sur le traitement et les produits finaux.

Le tableau 5 recense les différentes stratégies qui nous semblent potentiellement pertinentes
pour le territoire des îles Fidji. Il s’agit ici d’une première estimation, approximative, à partir de la
bibliographie et des informations disponibles, estimation qui pourrait être discutée. Les
stratégies sont hiérarchisées selon différents critères :
- l’objectif global : réduction, recyclage, production d’énergie, élimination comme déchet,
- les coûts : investissement, coût à la tonne,
- le devenir des produits finaux : produit commercialisable ou pas, marché existant ou à
étudier,
- la portée du marché envisageable,
- la dimension de l’outil de traitement,

38
- et le temps nécessaire pour la mise en place d’un tel traitement.

Chacune des voies de valorisation est explicitée par un court texte en Annexe 6.

En termes d’axes de réflexion pour la valorisation des déchets issus de la zone de Suva :
- Nous préconisons de privilégier la conservation des voies de valorisation pour la
consommation humaine, pour éviter le risque de créer un déficit nutritionnel localement.
Un premier objectif pourrait être de développer des technologies permettant d'améliorer
la valeur ajoutée des produits, mais surtout d’atteindre une meilleure qualité sanitaire,
pour le marché local.
- Par ailleurs, il s'agira d'explorer des stratégies de valorisation pour toutes les fractions
résiduelles qui sont à ce jour des déchets, jetés et entraînant un coût économique et
environnemental.

39
Tableau 5 : Comparaison de différentes options intéressant potentiellement les Fidji pour la gestion des déchets de poisson,
Comparison of different options potentially interesting for Fiji Islands, for fish waste management

Scale of Timescale
End uses facility to establish
Costs required this option
Origin of
Aim Final products Capital Cost per Marketable Available Scope of
wastes
cost tonne product ? markets ? market 0-1 years
low Local Small, 1-2 years
med Yes/No National Medium, 2-3 years
high Needs Investigation Export Large >3 years
heads, tongues, cheeks, fins L L Y Y L S 0-1
roe & milt L L Y Y L S 0-1
Diminution All seafood mince L L Y NI L S 1-2
pulp M M Y NI L S 1-2
Soup, sauce L L Y NI L S 0-1
Fishmeal and oil H M-H Y Y N, E L 1-2
Silage M L-M Y NI L, N S 0-1
Composting M M Y NI L M 1-2
Direct animal feeding
(particularly bait) L L Y Y L S 0-1
All seafood
Fertilizers and soil
conditioners H H Y NI N L 2-3
Recycling
Landspreading (without heat
treatment) L L Y Y L S 0-1
Nutraceuticals & Cosmetics H H Y Y E L >3
Finfish only Fish bones M M Y NI N, E L 1-2
Collagen & gelatine H H Y NI N,E L 2-3
fish protein concentrates H H Y NI N,E L 2-3
fish protein hydrolysates H H Y NI N,E L 2-3
Energy Anaerobic digestion H H Y NI N L >3
recovery Incineration with energy
All seafood
from recovery H H Y NI N L >3
waste Biofuels H H Y Y N L 2-3
Disposal at sea L L N N L S 0-1
Disposal All seafood
Incineration H H N N N L 0-1
40
5.3. Mise au point technologique, organisation et approche économique

La configuration actuelle du secteur, rassemblé à Suva, ainsi que les volumes disponibles,
conséquents sans être très importants, militent en faveur d’une action collective pour mettre
au point de nouveaux procédés de traitement des chutes de filetage sur la zone.

Compte tenu de l’existence de différentes catégories de déchets, propres aux Fidji, il nous
apparaît nécessaire de passer par une phase de mise au point technologique avec pour
objectif à terme de valoriser les mélanges de différentes catégories de déchets de
l’ensemble des entreprises sur un seul site.

Les technologies qui pourraient être prioritairement évaluées, tant au niveau technique
qu’économique, sont :
- pour l’alimentation humaine : la récupération de chair et de pulpe,
- pour les autres usages : l’ensilage et l’hydrolysat (modèles adaptés aussi aux sous-
produits déjà cuits issus des conserveries).
La transformation en farine est exclue de cette réflexion, car cette technologie nécessite des
investissements lourds et un approvisionnement important et constant de matière première
pour être économiquement viable. Par ailleurs la farine produite à partir de déchets de
poissons disponibles à Suva présentera une trop faible teneur en protéines (< 40%) qui
limitera sa valeur économique et son application en nutrition animale terrestre et aquacole.

Cette évaluation technique et économique d’une voie originale de valorisation pourrait se


réaliser dans une unité pilote dont la gouvernance pourrait s’organiser en interaction entre la
R&D publique (organismes nationaux et coopération internationale) et privée (opérateurs
intéressés par la valorisation de leurs déchets et utilisateurs potentiels en alimentation
animale). Une telle unité pilote permettrait de mettre au point dans un premier temps une
voie de valorisation des déchets existants et dans un deuxième temps de poursuivre des
investigations pour développer de nouveaux produits à partir de ces mêmes déchets.
Cette proposition a été considérée lors du séminaire tenu à Nouméa (11 juin 12) et pourrait
se concrétiser à l’échelle régionale, permettant aux PICTs de bénéficier de l’outil pour leur
propre R&D. (voir Chapitre…)

Une fois identifiée la voie technologique la mieux appropriée au contexte, il sera possible de
proposer la création d’une unité de traitement de déchets, pour l’ensemble des entreprises.
Du point de vue organisationnel, elle pourrait relever d’un opérateur privé agissant comme
prestataire de services, mais il est également envisageable pour l’ensemble du secteur de se
doter d’une structure commune, dont il resterait à trouver le support (structure
professionnelle préexistante ou à créer, statut coopératif ou autre).

En termes de disponibilités financières pour le montage d’une unité de traitement, on peut


considérer que les coûts actuels d’enlèvement des déchets non valorisés constituent une
capacité d’investissement potentielle dans un nouvel outil, si celui-ci permet à moyen terme
de supprimer ces coûts.

5.3. Prospective
Les projets de valorisation des sous-produits de poisson devront tenir compte des flux
potentiellement disponibles à moyen terme, et long terme si possible, ce qui requiert une
double analyse prospective, sur les pêcheries, et sur la transformation.

41
Nous avons souligné plus haut les facteurs de variation de la disponibilité en déchets :
fluctuations des captures de thon jaune, changements dans les techniques de conservation
et dans la demande des marchés, peuvent diminuer les quantités de thon jaune (yellowfin)
découpé en longes, et donc la quantité de déchets générés de cette espèce. Pour le thon
germon (albacore), les quantités de déchets générés varient selon le lieu du traitement :
local, ou après exportation.

On peut noter que le Département des Pêches a cité la volonté du gouvernement Fidjien de
développer les flux de thons traités à Suva, où pour l’instant il y a surcapacité industrielle, ce
qui pourrait augmenter à terme la disponibilité en déchets.

Enfin, il serait intéressant d’explorer les possibilités de couplage du traitement des déchets
de la filière thonière avec ceux d’autres filières :
- les déchets de poissons issus du secteur des pêches côtières commerciales, si les
unités de traitement après débarquement sont suffisamment groupées pour
envisager une collecte,
- les déchets animaux issus des abattoirs, ou d’industries de transformation des
viandes.

6- Conclusion

Cette première approche de la valorisation des chutes de filetage de poisson aux Iles Fiji est
restreinte au cas de la zone de Suva, où le secteur de la transformation des thons génère
une quantité de résidus évaluée par le secteur professionnel à 2000-2500 tonnes par an.
Alors que ces chutes de filetage de la découpe ou de la conserverie étaient entièrement jetés
(i.e. déchets), la tendance est à une valorisation croissante, par vente sur le marché local,
pour les morceaux issus de la découpe sur du poisson frais ou congelé, et riches en chair
(i.e. co-produits).

Le développement de la valorisation des chutes de filetage de poisson à Suva implique de


mener une réflexion pour deux objectifs : l’amélioration de leur utilisation pour l’alimentation
humaine, et la mise au point de nouveaux procédés pour les fractions résiduelles. Au plan
technologique, la création d’une unité pilote pourrait permettre de tester des procédés pour
différentes applications, en vue d’un choix raisonné. Une étude de faisabilité sera également
nécessaire pour l’étude des aspects économiques, ainsi que des aspects d’organisation à
l’échelle de la filière.

42
D – Le cas des PICTs : premiers éléments issus du
Séminaire de Nouméa (11 juin 12)
Un séminaire international sur les déchets de poisson a été coorganisé par la Commission
du Pacifique Sud (CPS) et par notre équipe, le 11 juin 2012 à Nouméa. Ayant lieu durant une
semaine de réunions organisées par la CPS et la FAO avec les Responsables des Pêches
des Etats Insulaires du Pacifique (ou PICTs : Pacific Islands Countries and Territories), il a
ainsi pu rassembler les responsables des Départements des Pêches et les responsables
d’associations de pêcheurs, ainsi que des acteurs des secteurs publics et privés des filières
halieutiques de divers pays. Nous avons cofinancé ce séminaire, notamment en invitant des
responsables d’industries de transformation des Iles Fidji à faire une présentation de la
situation des résidus de poisson dans leurs entreprises.

Le rapport de ce séminaire est présenté en Annexe 7. Nous en donnerons ici seulement les
points essentiels.

Ce séminaire a permis de diffuser de l’information au cours d’une série de présentations


dans la matinée :

• Durant la première session, sur les possibilités de valorisation des résidus de


poisson, et sur des cadres généraux de réflexion sur le développement de modes de
valorisation des résidus,
• durant la deuxième session, sur des études d’utilisation de résidus de poisson, à
l’échelle artisanale ou industrielle.
• Les sessions de l’après-midi ont été consacrées à des travaux par ateliers sur la
situation de la production et l’utilisation présente et potentielle des résidus dans les
différents pays représentés, suivis d’une séance plénière de mise en commun et
discussion sur des actions futures.

En ce qui concerne la situation relative aux résidus de poisson dans les différents pays, il
apparaît qu’elle dépend fortement du contexte socio-économique et des caractéristiques de
la filière pêche. En première approximation, il a été proposé une typologie des contextes en
3 catégories, basée sur les caractéristiques suivantes:

Contexte A :
→ Atolls, petites iles, zones côtières éloignées dans grandes îles
→ Ressources limitées, et importance de l’héritage culturel
→ Production de résidus de poissons dispersée et limitée
→ La plupart des types de résidus sont utilisés
→ Les principaux usages sont l’alimentation humaine ou animale, et des fertilisants
→ Généralement pas de valeur commerciale des résidus ou dérivés

Contexte B :
→ Centres urbains à faible niveau de revenu et îles qui sont en lien avec des pêcheries
industrielles (transformation à terre, transbordements)
→ Volume de résidus moyen à élevé, concentrés géographiquement
→ Usage industriel des résidus quand des économies d’échelle sont possibles (pour faire
de la farine de poisson, en général)
→ Certains résidus (têtes, ventreches, queues) sont utilisés pour l’alimentation humaine
→ L’élimination des déchets occasionne un coût

43
Contexte C
→ Centres urbains à fort niveau de revenu et îles qui sont en lien avec des pêcheries
(transformation à terre)
→ Volume de résidus moyen à élevé, concentrés géographiquement
→ Manque d’usage industriel des résidus
→ Conscience croissante du problème des déchets
→ Coût élevé de l’élimination des déchets

Les informations collectées dans les ateliers permettent de proposer une première
classification des PICTs selon ces 3 catégories. Il s’agit cependant d’une première approche
qui demandera à être confirmée par des études plus approfondies.

A B
TIMOR LESTE
FIJI
TONGA COOK
NIUE West. SAMOA
MICRONESIA
Am. SAMOA
PALAU
SOLOMON
VANUATU
KIRIBATI PNG
TUVALU

WALLIS

NEW CALEDONIA
Fr. POLYNESIA

La discussion finale a abouti à des recommandations d’actions visant à améliorer la situation


des résidus des filières halieutiques dans les PICTs :
→ la rédaction d’une note d’information, sous la forme d’un «Policy brief » de la CPS,
→ la réalisation d’une étude régionale sur la situation de la production et des usages des
résidus de poisson dans les PICTs,
→ la mise en place d’un pilote multiproduit et mobile, permettant de tester et caractériser
la transformation de résidus de poisson en divers produits, dans divers contextes,
→ la mise en place de programmes de R&D, notamment sur l’usage de résidus dans
l’alimentation aquacole.

Le rôle important des politiques publiques dans l’amélioration de la prise en charge et


l’utilisation des résidus a été souligné.

Ce séminaire a suscité un réel intérêt chez les participants, et les représentants de plusieurs
pays ont souligné que sa tenue tombait à point nommé compte tenu de l’augmentation des
activités de pêche, transformation, et aquaculture.

44
Conclusion générale
La gestion et l’exploitation durable de la ressource alimentaire marine, dans le
respect de la biodiversité, constitue un véritable enjeu planétaire et il est urgent d’accroître la
mise en valeur de l’intégralité de la biomasse exploitée, tout en respectant l’environnement,
afin de pérenniser la filière mer dans son ensemble4.

Cette étude préliminaire visait à dresser un état des lieux des résidus générés lors de
la transformation des grands pélagiques (principalement le thon) et de leur gestion sur deux
territoires distincts (par leur positionnement géographique et par leur organisation sociétale).
Le constat général est que globalement peu de cas est fait de ces résidus malgré l'intérêt,
notamment nutritionnel, qu'ils revêtent. Qui plus est, lorsque des solutions de gestion sont
mises en place, elles le sont de façon isolée et pour le bénéfice d'un seul acteur.

S'il est difficile sur la base de ces enquêtes préliminaires de tirer des conclusions
quant aux orientations économiques et technologiques à implanter, quelques tendances
communes aux deux territoires peuvent cependant être dégagées:
• la mise en valeur de ces résidus passe obligatoirement par leur mutualisation
afin d'augmenter les volumes et de favoriser les économies d'échelle ;
• même avec cette mutualisation, les volumes restent relativement faibles et
sont insuffisants pour permettre la fabrication de produits de type farine ;
• la qualité de ces résidus est globalement bonne et autorise donc, si elle est
conservée, l'élaboration de produits pour de nombreuses finalités telles
l'agriculture, l'alimentation animale, l'alimentation humaine ;
• les besoins locaux importants, notamment en protéines, pourraient pour partie
être couverts par la mise en valeur de ces résidus.

Fort logiquement des différences territoriales sont apparues, liées notamment au


niveau de vie, aux pratiques alimentaires, aux volumes débarqués et transformés... Ainsi en
Nouvelle Calédonie, exception faite d'une petite unité artisanale de fabrication d'ensilage,
aucune stratégie de mise en valeur des résidus n'a été identifiée et ce malgré des moyens
techniques et économiques conséquents sur ce territoire. Par contre, notre enquête dans la
zone de Suva (Iles Fidji) a révélé que depuis quelque temps, une partie des résidus de
filetage était réintroduite sur les marchés locaux et constituait ainsi une source de protéines
animales bon marché pour les plus démunis. Qui plus est, il nous est apparu que les acteurs
privés de Suva semblaient plus enclins à réfléchir à des solutions (plus) rentables de mise en
valeur de leurs résidus.

Face à ce gaspillage conséquent de matériel biologique qui ne profite à personne et


coûte sur les plans économique et environnemental, il apparaît opportun, voire urgent, de
réfléchir à la mise en place de stratégies concertées et rationnelles de mise en valeur. Cela
passe par la réalisations d'études complémentaires à vocation de démonstration pour cerner
les meilleures pistes, et convaincre les acteurs du bien-fondé d’une telle valorisation de ces
résidus de poisson. Ces actions, si elles étaient conduites, pourraient avoir valeur d'exemple
pour les autres agro-filières qui génèrent elles aussi des quantités conséquentes de résidus.

Tous les acteurs (privés et institutionnels) rencontrés lors de ces enquêtes territoriales, mais
aussi lors du séminaire de Nouméa où étaient présents des représentants des Etats
4
Une part non négligeable des captures marines ne trouve pas de finalité en alimentation humaine. Les rejets (captures
accessoires) représentent à eux seuls 8 millions de tonnes (soit près de 8% du volume des captures). Viennent ensuite les
activités de transformation avec des rendements moyens de 0,5 (50% de filet et 50% de co-produits) puis les pertes
occasionnées lors du stockage et de la distribution. Au final, selon les régions du monde et les pratiques, ce sont entre 30 et
50% des captures qui sont perdues et ne peuvent trouver des finalités alimentaires (Global Food Losses and Food Wastes,
F.A.O, 2011)

45
Insulaires du Pacifique, se disent intéressés voire convaincus. Il ne reste plus aux décideurs
qu’à initier ce chantier qui permettra de renforcer l'image de marque de la filière mer , de
pérenniser voire créer des emplois, de protéger l'environnement et de diminuer la
dépendance, notamment protéique, vis-à-vis de l'extérieur.

46
Références bibliographiques

Nouvelle-Calédonie

ADECAL, 2011 - La technopole de Nouvelle-Calédonie. Assemblée générale du conseil


d’administation du 1er décembre 2011

Anonyme, 2011 - Problématique de la contamination des poissons par le mercure. Enquête


conjointe DAVAR/DASS initiée en 2011. Document PowerPoint 20 diapos.

Anonyme 2011. Quelques chiffres 2010 sur les pêches maritimes. Service de la Marine
Marchande et des Pêches Maritimes, Nouvelle-Calédonie. 1 p.
Ducrocq et Colin, 2011 - Le traitement des sous-produits de l’industrie de la pêche en
Nouvelle-Calédonie – Eléments pour l’étude de faisabilité. Rapport ADECAL Nov 2011, 30
pages
FAO/WHO, 2004 - Evaluation of certain food additives and contaminants : sixty-first report of
the Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives. WHO technical report series ; 922.
McNeill, A, Blanc,M. , Des Rochers, K., 2008 - Lettre d’information sur les pêches #126 –
Juillet/Septembre 2008

Iles Fidji

Anonymous., 2009 a – National fishery sector overview, Fiji. Fishery and Aquaculture
Country profile, Rome, FAO, October 2009, 13 p.
Anonymous, 2009 b : Fiji Food Balance sheet 2007, National Food and Nutrition Center,
Ministry of Health, 2009, 27 p.
GILLETT R., 2010 : Marine fishery resources of the Pacific Islands. FAO Fisheries and
Aquaculture Technical Paper. N° 537. FAO, Rome. 201 0. 58 p.
VEITAYAKI Joeli, 1995 – Fisheries development in Fiji: the quest for sustainability. Suva,
Fiji, Institute of Pacific Studies, The University of the South Pacific. 1995, 233 p.

47
Liste des entreprises et personnes rencontrées

Nouvelle-Calédonie

Nous adressons nos remerciements aux personnes qui nous ont reçus et ont collaboré à
notre compréhension du secteur étudié :
Jessica BOUYE, Pacific Tuna
Pierre DELIGNE, Pescana
David MASSARD, Pêcheries du nord - SOFINOR
Philippe GONTARD, BioAgri-NC
Virginie ROUSSERY, FINAGRO - SOFINOR
Manuel DUCROCQ et Fabrice COLIN, Adecal/Technopole
Michel BLANC, CPS (Communauté du Pacifique Sud)
Julie-Anne KERANDEL, DDTM, Adm. Affaires Maritimes (contact téléphonique et mel)

Republic of FIJI Islands , SUVA

We thank heartfully the people who accepted to meet us and to make us visit their facilities,
helping us to understand the organization of the tuna fisheries and processing in Suva.
Mr K. Saman K. AMARASIHNGHE, Viti Foods Limited (canning)
Dr Khairul AZAM, University of South Pacific
Ms CHERIE – Celtrock (fresh fish processing and packing)
Mr X.J. DU, Golden Ocean Group (fishing, canning, loining)
Mr Russell DUNHAM, Fiji Fish marketing Group (fishing, loining)
Mr Jerome GENODEPA, Crab Company of Fiji Limited (crab farming)
Mr John MOA, Department of Fisheries
Ms Cherie MORRIS, University of South Pacific
Mr Suliasi TAKALAYALE, Toyo Bussan (Fiji) Limited (loining)

48
Annexes

ANNEXE 1 : Concentration de mercure dans les produits de la pêche en


Nouvelle-Calédonie

ANNEXE 2 : Préconisations de consommation de poissons pélagiques


émises par le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie (2011)

ANNEXE 3 : Exemples d’unités containeurisées de fabrique de farine de


poisson

ANNEXE 4 : Production des pêches maritimes aux Iles Fidji

ANNEXE 5 : Part des différentes sources de protéines animales dans


l’apport calorique aux Iles Fidji

ANNEXE 6 : Some details about upgrading strategies for fish byproducts

ANNEXE 7: Report about SPC/IFREMER Seminar on fish waste utilization


in PICT’s, Noumea, June 11th 2012

49
ANNEXE 1 : Concentration de mercure dans les produits de la pêche en
Nouvelle-Calédonie
Source : Anonyme, 2011 : Problématique de la contamination des poissons par le mercure.
Enquête conjointe DAVAR/DASS initiée en 2011. Document PowerPoint 20 diapos.
http://www.gouv.nc/portal/pls/portal/docs/1/16692018.PDF

Rappel : Normes UE pour les produits de la pêche :


0,5 mg de mercure total par Kg pour la majorité des espèces,
1 mg/kg pour les grands prédateurs pélagiques (marlins, espadons, saumons des dieux,
requins, thon blanc et thon jaune…).

Résultats par espèce, en mg/Kg ou PPM

Marlin 2,735

Espadon 2,479
Requin Mako 1,731
Saumon des dieux 0,780
Thon bacchi 0,748
Vivaneau 0,568
Voilier 0,388
Thon blanc 0,351
Wahoo 0,336
Mahi Mahi 0,232
Pouate 0,198
Loche saumonée 0,162
Rouget 0,157
Thon jaune 0,152
Loche grisette 0,123
Bossus 0,116
Crabes 0,115
Tazard du lagon 0,112
Requin de récif 0,076
Maquereau 0,072
Bec de canne 0,050
Poulpe 0,031
Picot (loche) 0,030
Raie 0,028
Perroquet 0,028
Mulet 0,028
Dawa 0,028

50
ANNEXE 2 : Préconisations de consommation de poissons pélagiques émises
par le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie (2011)
suite à l’étude DASS/DAVAR sur la contamination des produits de la pêche par le
mercure

Source :
http://www.gouv.nc/portal/page/portal/gouv/actualites/actualite?p_id=24576489

25/08/11
Le gouvernement émet des préconisations de consommation des poissons
pélagiques.
Les enquêtes de la Direction des Affaires Sanitaires (DASS) et de la direction des Affaires
vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) sur la présence de résidus de mercures dans
les poissons (pélagiques) et son éventuelle conséquence sur la santé humaine ont livré leur
verdict.
D’une part, comme ailleurs, les poissons et plus particulièrement les gros spécimens de
plusieurs espèces pélagiques (marlin, espadon, requin mako) ont révélé des traces de
mercure non négligeables.
Par ailleurs, le thon bacchi, le saumon des dieux voire le vivaneau et le wahoo sont aussi
susceptibles d’être plus légèrement contaminés.
Enfin, les enquêtes menées sur les poissons lagonaires, les crustacés ou les céphalopodes
révèlent que ces derniers ne représentent que peu de risque.

En conséquence, il est préconisé :

Pour les populations sensibles (femmes enceintes ou désireuses de le devenir, enfants de


moins de trente mois) :
- Il est fortement déconseillé de consommer les espèces suivantes :
· Marlins,
· Espadons,
· Requins,
· Thon Bacchi,
· Saumon des dieux.
- Il est fortement conseillé de limiter à un repas par semaine la consommation des
espèces suivantes :
· Vivaneau,
· Thon blanc,
· Thon jaune,
· Wahoo.

Pour les consommateurs en général


- Il est conseillé de limiter à un repas par semaine la consommation des espèces
suivantes :
· Marlin,
· Espadon,
· Requins.

51
ANNEXE 3 : Exemples d’unités containeurisées de fabrique de farine de
poisson

52
53
ANNEXE 4 : Production des pêches maritimes aux Iles Fidji
Source : Gillett R., 2010 : Marine fishery resources of the Pacific Islands. FAO Fisheries and
Aquaculture Technical Paper. N° 537. FAO, Rome. 201 0. 58 p.

54
ANNEXE 5 : Part des différentes sources de protéines animales dans l’apport
calorique aux Iles Fidji

Source : « Fiji Food Balance sheet 2007 », National Food and Nutrition Center, Ministry of
Health, 2009

55
ANNEXE 6 : Some details about upgrading strategies for fish byproducts
Commentaires sur les stratégies de valorisation des co-produits de poisson

 Diminution

Tongues, cheeks, heads, fins...


Tongues and cheeks from fish head can be recovered for direct sale, or for fish mince, re-
formed products, fishcakes, pies... Nowadays, in Fiji overall head is sold on market for local
consumption and no transformation is realised in industry

Mince
Mince is produced by recovering flesh from whole fish or the frames that are left. Several
grades of minces can be distinguished: the upper one made from fresh raw material (such as
belly cavity) is light in color and used for food purpose while the lowest grade produced by
deboning fish frames is a dark coloured one for feed purpose and most of the time petfood
Mechanical separation is preferred to chemical one (higher yield but lower quality), resulting
product is usually frozen in plates and sold as this.

Pulp
Derived from fish mince. Mince obtained as described above is washed with clean water to
eliminate fat and soluble proteins leading to a white product without colour and odour. The
most elaborated product using such strategy is the surimi base entering into surimi process.

Soup, sauce
For food purpose, the process is simple involving boiling seafood with other ingredients and
spices followed by packaging and cold storage (or pasteurization).

 Recycling

Fishmeal and oil


The overall process is: mincing, cooking (80-90°C f or 15-20min) and pressing to lead to liquid
presswater and pressed solid presscake. Presswater is desludged (particles are added to
presscake) and centrifuged to obtain stick water and oil. Presscake is dried and ground to
produce fishmeal.

Silage
The raw materials are grinded, mixed with formic acid (to reach pH 4 or less) and the
liquefaction process occurs (duration up to several weeks) through the internal enzymes
action, leading to a thick and viscous material. Silage is used for animal feeding or fertilizing
purposes.

Composting
Composting is the controlled decomposition of biodegradable materials under managed
conditions that are predominately aerobic. It allows the development of high temperatures (as
a result of biological action) to produce compost. It takes a further 6-8 weeks to produce
stable and sanitary compost. Seafood wastes have a very low C:N ratio which implies their
mixing with high proportion of other wastes, before composting.

Direct animal feeding including bait


There is a range of possible options for direct animal feeding: bait as lures (long line baits,
crab...), maggot farming (sport fishing)...

Fertilizers and soil conditioners


56
There are number of fertilizer and soil conditioner products derived from seafood wastes
resulting from composting, drying and digestion (aero or anaerobic) procedures. Wastes are
broken down into liquids and solid phases which produce a nutrient rich fertilizer. Some
niches exist (horticulture for example) which can lead to high commercial value.

Landspreading
This is not strictly a treatment. Previous (bio)chemical analyzes of soil and wastes are
needed to assess the agricultural and/or ecological benefit. Incorporation into the soil has to
be done as soon as possible to avoid odour nuisance.

Nutraceutical and cosmetics


A range of high value products have been produced from fish and shellfish (concentrated
omega 3 is the most well known). However it is not realistic for individual business as it is a
long and costly procedure. Such development can lead to high added value but will only
concern a small fraction of the overall wastes. It has to be considered as a supplement to
other wastes management strategy.

Fish bones
Bones can be used for gelatine/collagen production, land remediation and mineral
supplementation (soil, feed, food). They are a by-product of a flesh separation such as
mincing or hydrolysis (organic content as to be limited as low as possible) and thus can lead
to additional revenue.

Collagen & gelatine


Collagen can be isolated from skin, bones and fins by dissolving the waste material into
heated dilute acid or salt solution. It has many uses as nutritional supplements, cosmetics,
electronics, food...
Fish gelatine is a derived product from collagen and has same applications as terrestrial
gelatine from pork and beef without their restrictions (BSE, halal, Kascher)

Fish protein concentrate


Fish protein concentrate is a highly nutritious powdered with a protein concentration higher
than the original raw material intended for food or feed purpose. Three grades exist: type A is
a tasteless, odourless white powder, type B retains a fishy flavour and odour, type C is
essentially hygienically produced fishmeal.

Fish protein hydrolysate


Fish protein hydrolysate (FPH) is produced by the use of enzymes (proteases) to break down
fish proteins into peptides and amino acids. The resultant product is highly functional
contributing to whipping, gelling and texturing properties when used as ingredient into feed
and food products. Unlike silage production, specific enzymes are added to raw material to
accelerate proteolysis. Digestion parameters such as time, temperature and pH are tightly
controlled to produce FPH with the desired properties.

 Energy recovering from waste

Anaerobic digestion with energy recovery


Anaerobic digestion is the breakdown of material in the absence of oxygen. The quantity of
biogas produced from fish wastes varies from 50 to 200m3/tonne, it contains 55 to 75%
methane and the remainder is mostly carbon dioxide. Biogas can be used on site for heating
applications or converted into electricity by burning it into engine combining heat and power
unit.

57
Incineration with energy recovery
During incineration waste is combusted and the heat is recovered indirectly through heat
transfer into steam or hot water. However, seafood wastes contain large amount of water and
the organic combustible component is low.

Biofuels
Fat or oil can be used as biofuels for energy producing. The most well known strategy is the
biodiesel production. Biodiesel is made through a chemical process (transesterification)
leading to methyl esters (chemical name for biodiesel) and glycerine. It involves drying of the
oil to remove water, methanol and sodium or potassium hydroxide addition. A much more
simple strategy however exists which is the direct use of oil as biofuels notably in diesel
engine (the one used for fishing fleet). Such strategy is much more economic and rapid as it
does only require water removal and filtration to retain small particles.

 Disposal

Disposal at sea
This is not an upgrading strategy but will avoid some environmental problem if the site is well
chosen based on logistic factors, and physical and biological features. The key factor is the
high assimilative capacity.

Incineration
Waste is combusted into combustion plant with additional fuel. The high moisture content of
fish wastes will increase the cost of incineration but the waste will be reduced to ashes that
can be landfilled or recycled.

58
ANNEX 7
REPORT: SPC/IFREMER Seminar on fish waste utilization
June 11, 2012
Noumea, New Caledonia

Report prepared by:


Catherine Mariojouls1 and Michael Sharp2
1 AgroParisTech
2 Secretariat of the Pacific Community

In June 2012, the Secretariat of the Pacific Community -SPC- (Michel Blanc, Tim Pickering and Michael
Sharp) and the French Research Institute for Exploration of the Sea -IFREMER- (Jean-Pascal Bergé,
Liet Chim) with Catherine Mariojouls –AgroParisTech- organized a seminar that focused on the
problem of under-utilization of fish waste and the potential uses of the waste in the region.

SUMMARY
The seminar provided opportunity for dissemination of information on fish waste utilisation
through a series of presentations, which can be accessed on:
http://www.spc.int/DigitalLibrary/Events/Fish_Waste_2012.
Session 1 focused on the problem of underutilization of fish waste and the potential uses of
the waste, and it introduced a general framework to when considering waste utilisation.
There was also a summary of fish waste production in the Pacific region, which introduced a
typology for categorising producers of fish waste in the region. The typology adopts the
following definitions:

- Category A: remote countries or areas that do not produce a lot of waste;


- Category B: countries and areas that interact with industrial fishing and
processing sectors that produce a lot of waste, but generally utilise it (at least
some of it); and
- Category C: countries and areas that interact with industrial fishing and
processing sectors that produce a lot of waste, but generally do not utilise it.

These categories are used throughout this report.


Session 2 focused on private sector exploitation of fish waste utilization. Examples of small-
scale and large scale utilisers of fish waste were presented along with presentations based
on market opportunities for fish waste, including feed for aquaculture and food for human
consumption.
59
The seminar agenda can be found in appendix 1, with a summary of the key points from each
presentation in appendix 3.

The afternoon sessions provided opportunity for exchange of ideas and brainstorming
among participants. Working groups discussed and documented the present situation and
possible future for fish waste utilisation in their countries, while considering the constraints
for utilisation of fish waste.
These discussions led to developing some recommendations (action items) for improving the
situation of fish wastes utilization in the Pacific Island Countries and Territories. The four key
recommendations are:

→ preparation of a brief about fish waste and its potential uses;


→ conducting a regional survey to determine the special distribution of fish waste
currently produced in the region;
→ establish a multi-product mobile fish waste processing plant to demonstrate
processing techniques throughout the region and to gather data for research and
development programmes; and
→ research the potential for utilisation of fish waste in aquafeed.

The role of public policies was underlined as an important factor to achieving better
utilisation of waste (or reduced waste) in the region.

PARTICIPANTS
The one-day seminar was organized following a week of meetings with Heads of Fisheries
(HOF) of PICTs at the Secretariat of the Pacific Community (SPC) in Noumea, New Caledonia.
This gave opportunity to have an international audience of around 50 people from numerous
countries, gathering representative from public and private sectors. HOF and
representatives from fishing associations from numerous PICTs, regional stakeholders,
private sector, government and non-government organizations and experts in fish waste
utilization all attended and contributed to the recommendations herein. A full list of
participants is provided in appendix 2.

SUMMARY of PRESENTATIONS
130 million tons of fish waste is produced globally on an annual basis (from capture and
aquaculture industries). This consists of by-catch, waste-on-board, home waste and
industrial waste. The waste is often disposed in landfill or dumped at sea, however there are
alternative uses that add economic value.

Mass transformation is one form of utilisation. Some examples of products include: fish
meal, oil, fertilizer and conversion into hydrolysate.
Sorting is another way for adding value to fish waste. Some examples of products produced
by processing after sorting include: liver oil, gelatine, omega 3, protein sports food/drinks,
calcium, cosmetics, biotechnology and pharmaceuticals.

When considering how to manage fish waste, the following framework can be adopted:
→ identify the availability (or production) of fish waste;
→ assess the current use of this fish waste;

60
→ identify the potential application for this by-product; and
→ develop a strategy for exploiting the by-product for environmental and economic
gain.

In the Pacific, there are many producers of fish waste at the industrial and artisanal level.
Some examples of producers include canneries, longliners, purse seiners, small-scale fishers
and processing operations, fish markets and commercial processing companies. In addition
to many producers, there are also many potential utilisers, which range from human
consumption to aquaculture to further refining (sorting) for international marketing.

Generally, the production in the Pacific is not well documented, however it is recognised that
there is a need to find ways to better utilise fish waste for environmental and economic
reasons.

Afternoon Working groups and Discussion


The participants were assigned to three working groups to discuss and document three
general areas in relation to fish waste in the Pacific. This aimed to gather a ‘snapshot’ of fish
waste availability, current use, potential use, and to identify constraints and strategy for
utilizing waste more effectively in the Pacific region. The groups were guided to discuss and
report on the following areas for their respective PICT:
→ fish waste availability and present uses;
→ potential uses of fish waste; and
→ constraints and strategies for future developments.

Then the results were presented to the plenary with open discussion on the future actions
that are needed to improve fish waste utilization in the Pacific.

A summary of the working group outputs is provided below, with detailed outputs for areas
1, 2 and 3 provided in appendix 4, 5 and 6 respectively.

Work-groups output
At the outset, it must be acknowledged that the outputs from the working groups, which are
summarized in this section and detailed in appendix 4, 5 and 6, are the views of the seminar
participants and they do not necessarily represent the actual situation. Although the data
cannot be fully relied upon, the seminar gave opportunity to collate information from
industry experts and present a snapshot of the current status of waste and its’ utilization in
the Pacific.

Snapshot 1: Availability and present uses of fish waste in the pacific


The reports of the working-groups give a first snapshot of the situation in the PICTs, with
contributions from the different participants on the situation for artisanal / subsistence
fisheries, industrial fisheries, and industrial processing.
The information gathered, which is presented in appendix 3, shows the situation for the
different countries. Again, it must be underlined that the presented data were collected
during informal working groups, often with estimations and uncertainty, and cannot be
regarded as accurate and exhaustive. Additionally, the table displays the missing data and
the need for detailed fish waste surveys.
61
The typology proposed in the morning by Mr Michel Blanc (SPC) (refer appendix 3, S1P4) is
pertinent to characterize the main types of situation. The typology is summarized as follows:

Context A – atoll (insignificant waste and almost fully utilized)


Description Small communities with artisanal fisheries, where all fish byproducts are
used
Generally little or no waste
Geography Atolls, small islands, remote coastlines of larger islands
Production Limited and scattered production of waste
Uses Human food, animal feed (pigs or pets), or to make fertilizers
Opportunity Limited commercial value adding potential

Context B – better (moderate waste being used, but not everything)


Description Low income urban centers and islands that interact with industrial fisheries
Intermediate situation with both artisanal and industrial fisheries
Generally already having a specialized plant for processing waste into fish
meal and fish oil
Some use of waste, but not entire use
Geography Urban centers and islands that interact with industrial fisheries (onshore
processing, transshipments)
Production Medium-to-high volumes of waste, geographically concentrated
Uses Industrial use when economy of scale allows (e.g. fish meal)
Some types of waste being used as human food for food security (e.g.
heads, tail trunks, belly flaps)
Some waste not-utilized
Opportunity Moderate value adding potential

Context C – complete (no use of waste – completely wasted)


Description High income urban centers and islands that interact with industrial fisheries
Disposal of waste at sea or landfill
Disposal costs (financial and opportunity cost)
Geography Urban centers and islands that interact with industrial fisheries (onshore
processing, transshipments)
Production Medium-to-high volumes of waste, geographically concentrated
Uses Entirely wasted – no use
Opportunity Increasing awareness on waste issue, driving policy for better use
High cost of discards providing economic incentive for value adding

The situation of each country and/or sub-part of a country has been characterized by the
reporters in appendix 4 using these typologies. As a summary of the findings, the figure
below represents the general context for all participating PICTs.

62
Snapshot 2: potential uses of fish waste in the pacific
It was highlighted that, in some countries (e.g. context A), there is a very small amount of
fish waste and no change is required due to entire use of fish byproducts.
Concerning the potential uses in context B and C, the question has been treated through a
general discussion and not at country level. Appendix 4 summarize the potential uses that
were identified by each working group, which followed the applications that were proposed
in Mr. Jean-Pascal Bergé’s (Ifremer) presentation (refer appendix 3, S1.P1).
Below is a summary of the potential uses of fish waste in the Pacific, as identified by the
working groups.

Application Potential uses of fish waste


Production of fertilizer, fish silage or compost (organic potential)
Agricultural
Production of pesticide (insects)
Produce fish meal and oil for agricultural and aquaculture feeds
Animal feed Use of ‘stickwater’ from fish meal process, which can be added to fish
meal or in the production of hydrolysates
Utilize at-sea discards from tuna transshipment for human
consumption (food security)
Food (human) Produce gelatin with fish waste
Produce tuna ‘stock’ from fish dust – this is similar to beef and
vegetable stocks and is commonly used in Japanese cuisine
Produce collagen for micro-encapsulated medicines in aquaculture
Pharmaceutical
(improves palatability)
Utilize pearl and crustacean shells (e.g. jewelry, calcium)
Bycatch is being used for low-value add activities and should be
allocated to areas that derive higher economic value add (e.g. fish
Other
cakes, jerky)
Potential to explore the use of fish waste for bait for longliners or
game-fishers

63
Snapshot 3: constraining factors to full utilization of fish waste
Participants were asked to identify the constraints to efficient and profitable utilization of
fish waste and bundle these constraints into the following categories: economics, extension
and development, commercial, supply chain organization, fisheries sector, public policies,
and administrative organization.
Appendix 5 provides a full list of the identified constraints for each working group, with the
below presenting a summary of the discussions.

Application Constraints
Upfront investment for efficient use of waste is large
Large scale is needed to be competitive
Operational costs for producing a low value product are high
Economics
There is uncertainty about the production costs and market (price) for
by-products
Public sector subsidies may inhibit private sector investment
Technical expertise for high-technology waste utilization is lacking in
Extension and the region
development Support and awareness around the potential uses for waste in the
region is also lacking
People are generally unaware of the potential applications for fish
Commercial waste
Few market data are available
Collaboration and cooperation is required to get sufficient supplies to
warrant fish waste utilization – this is especially the case for small scale
Supply chain
players who have small volume, wide spread geographic distribution of
organization
fish waste
Efficient collection mechanisms are not available
Policy required to encourages landing of by-catch and incentive to land
Fisheries sector
the guts (for fish silage)
Infrastructure for large scale value adding is lacking in the region
Facilities
Administrative Separate regional administrations resulting in a lack of global strategy
organization
Public policy and legislation hinder use of fish waste (e.g. HACCP,
Public policies
policies that restrict landing of fish guts, etc)

Strategy for future developments


The aim was to formulate strategies to overcome constraints, however only one working
group addressed this component. The following ideas were expressed:
i. Most PICTs are small-scale waste producers;
ii. Technical: SPC, Ifremer and others can facilitate the development of this sector via
introducing network contacts and gathering, reviewing and disseminating information;
iii. Economic analyses is required to decide on the most suitable products that suit the scale of
each location;

64
iv. A summary of the main regional producers, user groups and opportunities for fish waste
utilization is required; and
v. Develop and implement pilot public-private partnerships (public science, private expertise) to
test ideas.

Discussion and follow-up actions


Discussions were held about how best to utilize fish waste in the region and the following
follow-up actions display the identified priorities to achieve this. The follow-up actions are
summarized below:

1. Improve information about the potential applications for fish waste and develop a
decision tool to assist companies (or countries) to compare various waste utilization
alternatives and decide on the most appropriate option
It is proposed that SPC and Ifremer will prepare a short note (e.g. policy brief)
gathering the main information about possible uses, technologies, application
sectors, and the main conditions to consider for the choice of wastes utilization
route. This will incorporate the decision making framework for utilization of this
waste.

2. Conduct a regional survey about fish waste


Beyond the first round of information gathering which has been held in this seminar,
it is considered a priority to paint a picture (as precise as possible) of the fish waste
situation in the PICTs. This should cover: availability (quantity, quality, mapping),
present uses, potential uses and needs and identify opportunities & constraints.

3. Develop a mobile pilot processing plant for testing and demonstrating different
technologies leading to different products.

The choice of a technology for using fish wastes relies on tests for obtaining accurate data to
determine the technical and economic feasibility. It is proposed that a mobile technological
platform is developed at pilot scale, with a series of machines allowing the testing of
different technologies.
The machines could be installed in a shipping container allowing making it available in
different places, countries and contexts. It would be a first tool for research and
development programs and provide a location to demonstrate different fish waste utilization
techniques to major producers of fish waste in the region. It is expected that this facility
would provide data for research and a means to demonstrate fish waste utilizing
technologies that can be adopted by the private sector.

4. Aquaculture feed (aquafeed) production projects from fish waste


Aquaculture development in the region offers market opportunities for the utilization of fish
waste in aquaculture feed applications. Experimental studies are needed to set up adequate
aquafeed.

65
Conclusion
The role of public policy was highlighted as a major step towards better fish waste utilization.
There is a need for research and extension programs that target private sector development
for sustained wholly encompassing fish waste utilization.
Several representatives declared that holding this seminar on “fish wastes” was welcomed as
opportunities to act for lowering this spoilage of valuable resources are now offered,
especially in an environment of increased fish catch and processing in many Pacific Island
Countries and Territories.

66
Appendix 1: seminar program

SESSION 1: 8h30 – 10h00


Introduction: Seminar objectives and programme, Michel Blanc
1/ Seafood waste and possible utilizations: “Everything is good in fish!”
Jean-Pascal BERGE, IFREMER, France - 45 mn
2/ General framework to think about fish waste utilization: a multistep procedure
Catherine MARIOJOULS, AgroParisTech, France – 15 mn
3/ Fish waste production and utilization in the Pacific Islands – information gathered from
pre-seminar questionnaires. Michel BLANC

SESSION 2: 10h30 – 12h00


4/ Examples of fish waste processing and value adding: 1h30
Small-scale unit: fish silage - Bio Agri NC , M. et Mme Gontard
Large-scale unit: a cooperative creating different uses for byproducts: Copalis - JP. Bergé
Feed for Aquaculture: Liet Chim and Tim Pickering
Human feed – Fiji case: Tim Pickering
Cannery waste – PAFCO: Bhan Singh, CEO
Waste from fresh chilled tuna exports – Kiribati Fishing Venture: Li Chang Hong, GM

SESSION 3: 13h30 – 15h00


5/ Working groups: 1h30
Objective: putting together the knowledge of participants (even without detailed data) in
order to build a complete snapshot of the situation starting with the availability of the raw
material, matching this with demand for its possible uses and identifying strategies to
overcome the constraints.
State of fish waste availability in countries (waste forms, quantities, locations, current
disposal) – RAW MATERIAL – PRODUCTION LED DRIVERS;
Moderators: Catherine Mariojouls and Lindsay Chapman
State of local demand for fish byproducts derivatives (human food, animal feed, agriculture
products e.g. fertilizers, fine chemicals) – MARKETS – DEMAND LED DRIVERS
Moderators: Jean Pascal Bergé, Liet Chim, Aliti Vunisea
Identify constraints (15’) to efficient and profitable utilization fish waste processing and
formulate strategies to overcome constraints (15’) – MATCHING PRODUCTION TO DEMAND
- TECHNICAL SUPPORT
Moderators: Tim Pickering and Michel Blanc
SESSION 4: 15h30 – 16h0
6/ Plenary session:
Synthesis of sub-workshops: 30 mn
Discussion on outcomes from working groups: 1h00
Brainstorming for follow-up actions (e.g. what are the priority issues and development needs
to address immediately?)
Interest in a collaborative approach between enterprises to provide scale for improved
utilization of fish waste?

67
Appendix 2: seminar participants from PICTs, partner organisations and SPC
Country representatives
Name Organisation Country
Ray Tulafono Department of Marine and Wildlife American Samoa
Resources
Koroa Raumea Ministry of Marine Resources Cook Islands
Shalendra Singh Ministry of Fisheries and Forests Fiji
Josyane Couratier Délégation de la France auprès de la CPS France
Catherine Mariojouls AgroParisTech France

Mainui Tanetoa Direction des Ressources Marines (DRM) French Polynesia


Tim Adams Nauru Fisheries Nauru
and Marine Resources Authority
Monte Depaune Nauru Fisheries Nauru
and Marine Resources Authority
Abel Cica Confédération des pêcheurs de NC New Caledonia

Nathaniel Cornuet Province Nord – Direction du New Caledonia


Développement
Régis Etaix-Bonnin Service de la Marine Marchande et des New Caledonia
Pêches Maritimes
Bernard Fao Province Sud – Direction du New Caledonia
Développement Rural
Régis Pidjot Province Nord New Caledonia
Christophe Puntonet Province Nord New Caledonia
David Orrukem Bureau of Marine Resources Palau
Weti Zozingao Division of Fisheries & Marine Resources Papua New
Guinea
Joyce Samuelu Ah- Ministry of Agriculture and Fisheries Samoa
Leong

James Teri Ministry of Fisheries and Marine Resources Solomon Islands


Augusto Fernandes National Directorate of Fisheries and Timor-Leste
Aquaculture
Rui Pires National Directorate Environment Timor-Leste
Vilimo Fakalolo Fisheries Division of Ministry of Agriculture Tonga
& Food, Forests and Fisheries
Samasoni Finikaso Ministry of Communication, Transport and Tuvalu
Fisheries
Sompert Gereva Department of Fisheries Vanuatu
Fisheries Research & Aquaculture Division
Graham Nimoho Fisheries Department Vanuatu
Bruno Mugneret Service des Affaires Rurales et de la Pêche Wallis and Futuna

68
Partner organisations
Name Organisation Country
Poroaiti Arokapiti Arama & Associates Cook Islands
Hardyson Lekolo
Artisanal Fishermen's Association of the Solomon Islands
Maenu'u Solomon Islands
Nicolas Guillemot Fisheries and Marine Environments New Caledonia
Nicole Franz Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Carlos Fuentevilla Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Florence Poulain Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Masanami Izumi Food and Agriculture Organization of the Samoa
United Nations (FAO)
Li Chang Hong Golden Ocean Fish Limited Fiji
Prasert Charoensuk International Collective in Support of Thailand
Ravadee Fishworkers (ICSF)
Kazuo Udagawa Japan International Cooperation Agency Suva
(JICA)
Jimmy Langley KANGO Association Kiribati
Catherine Kila Madang Fisheries Cooperative Society Papua New
Guinea
Tupou Naitilima Pacific Islands Tuna Industry Association Tonga
Andrew Smith The Nature Conservancy Australia
Sikela Ulumutu Tuvalu Fishermen’s Association Tuvalu
Helene Jacot des University of the South Pacific (USP) Fiji
Combes
Eric Festa Vanuatu Sport Fishing Association Vanuatu
Graham Marsh Wahoo Enterprises Ltd Niue

The Secretariat of the Pacific Community


Name Organisation Country
Mike Batty SPC New Caledonia
Roy Benyon SPC New Caledonia
Patrick Delhaye SPC New Caledonia
Ian Bertram SPC New Caledonia
Colette Wabnitz SPC New Caledonia
Michel Blanc SPC New Caledonia
Michael Sharp SPC New Caledonia
Jonathan Manieva SPC New Caledonia
William Sokimi SPC New Caledonia
Thimoty Numilengi SPC New Caledonia
Aymeric Desurmont SPC New Caledonia

69
Appendix 3: key points from seminar presentations (Sessions 1 & 2)

SESSION 1

S1.P1: Seafood waste and possible utilizations: “Everything is good in fish!”


• 130 million tons of fish waste is produced on an annual basis from capture and aquaculture
industries.
• What is wasted:
o By-catch: 7-8 million tons is discarded every year
o Waste-on-board: gills, guts, heads, fins
o Home waste: fillets make up only 50% of total weight of fish
o Industrial waste: off cuts, sorting, grading
• What we do with our waste:
o Landfill (worst solution)
o Mass transformation:
 production of fish meal and fish oil
 5.6 million tons of fish meal (from 33 million tons of raw material) are produced
each year (17% of total waste)
 artisanal fish oil is made in Africa – simple processing
 composting and production of silage (fertilizer)
 fish sauce
 conversion into hydrolysate
o Sorting (to add more value):
 cod liver oil; gelatine; omega 3; sports food/drinks; calcium; cosmetics;
biotechnology; pharmaceuticals
• 100% of the biomass must be used.

S1.P2: General framework to think about fish waste utilisation: a multistep procedure
• Availability of fish by-products:
o fresh finfish Who has the product?
o fresh shellfish
o fish canneries
o fish smoking factories
o fish frozen products
} When is it available?
Where is it available?

o other fish processing units


• Current use of by-products:
o food on local markets
o feed on local markets
o processing into fish meal / fish oil / other
o disposal on land or at sea (noting that this activity has costs associated with it)
• Identifying potential uses for fish by-product requires consideration of:
o markets
o legislation
o environmental aspects
• Basic economics of by-product utilization:
o profit maximization objective influencing the decision to add value
o large scale is required to cover the investment costs (high capital cost/low per unit price)
• Developing a strategy:
o conduct a survey of by-product availability

70
o conduct research and development
o identify stakeholders
o project planning, evaluation and comparison of options

S1.P3: Fish waste production and utilization in the Pacific Islands


• Context A:
o remote islands and atolls
o small and scattered production of waste
o most waste is used (food/animal feed/fertilizer)
o generally, no value adding opportunity
• Context B:
o low income urban areas and islands that interact with industrial fisheries
o medium-high volumes of waste that is geographically concentrated
o potential for industrial use where economies of scale are achievable
• Context C:
o high income urban centres / islands that interact with industrialized fisheries
o medium to high volume of waste that is geographically concentrated
o potential for industrial use where economies of scale are achievable
• Cost of the disposal of industrial waste in selected countries:
o Fiji: USD 30/MT
o New Caledonia: USD 100/MT
o French Polynesia: USD 75/MT
o Marshall Islands: USD 27f/MT (mainly fuel for ocean dumping)

S1.COMMENTS:
American Samoa has two canneries, which produce pet food and fish meal from their by-
product with very little being dumped into the ocean. The small scale sector doesn’t have a
lot of waste, but the small amount is not processed and it is thought that majority is fed to
pigs.
American Samoa requested advice on cost of developing fish silage at the artisanal level. In
addition to this, it is viewed that the canneries can add more value to their by-product by
raising protein value.

SESSION 2:
S2.P1: Small-scale unit: fish silage (BioAgri-NC).
• Small scale production unit.
• Source raw material for free from local tuna processing companies.
• Simple production that is reliant on availability of cheap raw materials.
• Heavy competition with inorganic imports.

Comments/questions:
• How much was the investment? Close to CFP 10 million. A new grinder costs CFP 2.5 to 3.5
million (depending on import duty).
• Consideration of operating cost (electricity) is required when planning what size grinder is
required. Low power technology can be adapted to improve energy efficiency.
• Women play an important role in this business.
• Flies and rats are not a problem due to the addition of formic acid, which stabilizes the product.
• Would like to make sausage/fish cakes if legislation permitted.

71
• Can’t use fish guts to replace the formic acid due to legislation that fish guts must be discarded at
sea.

S2.P2: Large-scale unit: a cooperative creating different uses for by-products.


• Cooperative developed between two processors, which eventually grew to 50 members.
• Initially produced fish meal and fish oil.
• Quality control boosted profits.
• The co-op diversified into the nutritional market and began to separate all inputs.
• Now, the coop (company) has two target markets for their products:
i. Mass transformation
ii. Niche production

Comments/questions:
• Diversification achieved by R&D and investment that improved quality and achieved economies
of scale.
• The niche market was created by this company, which took significant risk.

S2.P3: Feed for aquaculture


• Feed for aquaculture is provided in many forms:
o as fresh fish
o as fish meal and fish oil
o as processing or other waste (trimmings, off cuts, offal)
o FIFO (fish-in fish-out) ratio is used to determine the quantity of whole fish needed to
produce sufficient quantity to achieve desired production levels for farmed fish based on
predetermined feed conversion ratios (FCRs). Average of 650kg of fresh fish to produce
1MT of farmed fish was quoted.

Comments/questions:
• Above quoted FIFO average of 650kg seems optimistic.

S2.P4: Human feed – Fiji case


• Fish waste is not a waste, so it should be referred to as a by-product or a co-product.
• There are increasing levels of oceanic catch being landed and consumed domestically in the
Pacific (PNA – no discards rule).
• Tuna frames (heads/skeleton) are sold in Suva (FJD 2.50), however there are presentation, cold
chain and sanitary issues with this.
• Fish dust from canneries/frozen exporters is being sold as a pet food.
• “Soltfish” in the Solomon Islands are fish that do not meet cannery specification and are soaked
in salt brine and stored on-board for sale to the local market.

Comments/questions:
• There is room for improvement in this area, especially in regards to meeting sanitary
requirements for human consumed by-product.

S2.P5: Cannery waste – PAFCO


• Fish waste is used to make meal (poultry and fish feed – 55-58% protein content) and oil, with
90% of the meal going to Malaysia and 10% being sold locally (in Fiji).
• 18MT fish meal is produced each month.
• 800L fish oil is produced per day.
• The fish oil investment was FJD 0.7m (USD 0.38m), which was done in partnership with Solander
Pacific.

72
S2.P6: Waste from fresh chilled tuna exports – Kiribati Fishing Venture (Golden Ocean)
• Fish sawdust and bones are given away to pig farmers, with the remainder going to landfill.
• There is interest in:
o Silage production
o Gelatine production
o Fish meal and fish oil production
• For this to occur, there is a need for:
o Technical advice
o Investment assistance
o Logistical support

73
Appendix 4: availability and present use of fish waste in the pacific
FISHERY TYPE AMOUNT OF WASTE CONTEXT
PROCESSING
COUNTRY CURRENT USE OF WASTE
Artisanal / ACTIVITY Artisanal /
Industrial Industrial A B C
subsistence subsistence
Group 1:
No waste (by- Fish market: guts, skin, and bones – disposal /
American products ocean.
Y 2 x canneries Large X X
Samoa consumed in Industrial: Fish meal & oil, pet food (red meat),
communities) human food (heads) and some dumped at sea
longline landings
Cook Islands
Y in American No waste Pig feed X
(North)
Samoa canneries

Cook Islands
Y Pig feed, fertilizers X
(South)
Artisanal: Feed to pigs and dogs, probably guts
Est. 5000 MT
longline dumped at sea
Est. 2500 MT from
Fiji Y processing 1 x cannery Longline: Heads for local and home X X
per annum longliners; and
companies consumption; fish feed
cannery?
Connery: Fish meal and oil
Project to
Artisanal (bones, guts, skin): bones mostly
establish an
dumped at sea; guts and skins fed to pigs, with
Kiribati Y industrial Est. 1000 MT X X
some used for fertilizer
processing
Industrial: to be determined
facility
Tuna export
Artisanal: no waste, bones fed to pigs
Timor Leste Y company, just Very small X ?
Industrial: to be determined
starting
Artisanal: heads consumed and other waste fed
25,000 MT
Transshipment to pigs and pets
Solomon (based on
Y discards sold on Tuna cannery Est. 600 MT Industrial: Fish meal, large bones and other X X
Islands 100,000 MT
local market wastes dumped at sea; undersized fish sold on
catch)
local market

74
1 export
company: Artisanal: fed to pigs and pets
Vanuatu Y Very small Small X ?
sashimi grade, Industrial: fins only (fish gutted at sea)
fresh whole tuna
3 processing
Artisanal: fed to pigs and pets
Palau Y plants: exporting Very small Small X ?
Industrial: fins only
fresh tuna
Group 2:
Niue Y N Very small 100% used, silage didn't work X
Tonga Y ? Very small 100% used X
Large
(industrial
Canneries; huge fishing
Papua New Fishmeal (4 sites) produced by canneries for
Y Y industrial bycatch) X
Guinea export to SE Asia and Australia
development 40% of waste
(4 x 13000m
MT?)
320 MT waste
Gilled and
Fiji (Tripacific) Loining (per 800 MT Fishmeal? - some projects X
gutted 1000T
fish)
Note: foreign
license with Currently dumped at sea (noting foreign license
Cook Islands Y 2 loining plants X
condition on condition)
food security
Buried in landfill
4 plants before, Fishermen complaints prevent free gift of
Micronesia Y ? X
1 now byproducts (byproduct competing with fishers
on the market)
Samoa
2 processors Pig and tilapia feed, or dumped at sea X X
(western)
Pig feed.
Tuvalu Y N No waste Bycatch is dumped into the lagoon (est. 20-40 X
MT)

75
Group 3:
Wallis Y N N Est. 50 MT Dumped at sea and landfill X
Processing
French plants for sale
Est. 3000-4000
Polynesia Y on local and Y Dumped at sea and landfill X
MT
(Tahiti) international
markets
Abundant
French Pearl (shell, mantle,
Dumped at sea, some muscle consumed locally X
Polynesia farming digestive
gland)
Dumped landfill; small silage production; small
New Caledonia Y Y 3 plants 300 MT 1000 MT X
amount used as feed for aquaculture (lobster)

76
Appendix 5: potential uses of fish waste in the pacific
Application Working group 1 Working group 2 Working group 3
Fertilizers Fish silage, but it needs to be New Caledonia : under study
Organic “pesticides” (ants) marketed (to convince people) and development, fish silage
Silage from wastes or discards production as organic fertilizer;
Agriculture trials currently carried out on
composting
Some current trials in Tahiti to
produce silage as organic
fertilizer and composting
Aquaculture feed Fish meal & fish oil Scheduled trials in NC for mud
PNG has big potential for crab culture
production of fish feed, but fish
Feed
meal is worth more for export
Use of ‘stick water’ from meal
process: add to fishmeal or
make hydrolysates
Discards from tuna Tuna “stock” (Japanese cuisine)
Food (human) transshipment for human from fish dust
consumption
Gelatin
Collagen for micro-encapsulated
Pharmacy
medicines for farmed fish
(vet.)
(improves palatability)
Shells (jewelry), crustaceann Bycatch is undervalued  fish
shells cakes, jerky, etc
Other
Bait for longliners or game-
fishing

77
Appendix 6: constraints for the development of by-product use
Application Working group 1 Working group 2 Working group 3
Initial investment (large scale Accurate costing and scale of Accurate costing according
needed) production technologies available.
Economics
Operational costs Scale of investments needed is Public subsidies may refrain
Scale of operation for viability unknown private initiatives
Technical expertise Technical support Technical expertise for
Extension and
production of products other
development
than silage
Markets Familiarity with the possible Lack of market information
Commercial
products
Companies networking Continuity of supply (to give Scattered sources of waste (e.g.
necessary for the supply of continuity) 400 km from Nouméa to
wastes, collaboration Koumac)
Need collaboration for small
Supply chain
scale actors: limited volume,
organization
spread out; how to collect to
usable amount?
For aquaculture farms: how to
get fish waste?
How to keep on boats and land
Fisheries sector the guts from fish (for silage) &
discarded fish
Lacking infrastructure for large
Facilities scale treatment
Separate regional
Administrative
administrations, lack of global
organization
strategy
Public policy and legislation eg
Public policies HACCP

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