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Catherine Mariojouls
AgroParisTech
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Novembre 2012
2
5.1. Lien avec le marché local pour l’alimentation humaine __________________________________________ 38
5.2. Voies de valorisation des déchets ____________________________________________________________ 38
5.3. Mise au point technologique, organisation et approche économique _______________________________ 41
5.3. Prospective _____________________________________________________________________________ 41
6- Conclusion _____________________________________________________________________ 42
D – Le cas des PICTs : premiers éléments issus du Séminaire de Nouméa (11 juin 12) __________ 43
Conclusion générale ______________________________________________________________ 45
Références bibliographiques _______________________________________________________ 47
Liste des entreprises et personnes rencontrées ________________________________________ 48
Annexes________________________________________________________________________ 49
ANNEXE 1 : Concentration de mercure dans les produits de la pêche en Nouvelle-Calédonie _______________ 49
ANNEXE 2 : Préconisations de consommation de poissons pélagiques émises par le Gouvernement de Nouvelle-
Calédonie (2011) _____________________________________________________________________________ 49
ANNEXE 3 : Exemples d’unités containeurisées de fabrique de farine de poisson _________________________ 49
ANNEXE 4 : Production des pêches maritimes aux Iles Fidji __________________________________________ 49
ANNEXE 5 : Part des différentes sources de protéines animales dans l’apport calorique aux Iles Fidji _________ 49
ANNEXE 6 : Some details about upgrading strategies for fish byproducts ________________________________ 49
ANNEXE 7: Report about SPC/IFREMER Seminar on fish waste utilization in PICT’s, Noumea, June 11th 2012 __ 49
3
Résumé
La conversion des agro-ressources en produits, notamment alimentaires, génère une quantité non
négligeable de résidus, souvent considérés et traités comme des déchets. Les produits halieutiques
n'échappent pas à ce constat avec un taux moyen de résidus de près de 50% sur la seule base de
leur transformation (tête, arête, peau, viscères...). Dans ce rapport, les activités de pêche, de
débarquement et de transformation de poissons, thons essentiellement, sont étudiées dans deux
territoires (Nouvelle-Calédonie et Iles Fidji) afin d'estimer les quantités de résidus générés et de
proposer des voies de valorisation adéquates et pertinentes compte tenu des contextes (insularité,
volumes, niveau de vie, technicité...). La situation dans les autres PICTs est également brièvement
présentée dans un dernier chapitre, à partir des résultats d’un séminaire international organisé par
la CPS et qui s’est tenu à Nouméa en juin 2012.
Dans une première partie est présentée une sélection de procédés de traitement de résidus de
poisson avec identification des produits qui en résultent (pulpe, farine, hydrolysat, ensilage...) et des
secteurs applicatifs potentiels (agriculture, alimentation animale, alimentation humaine, ...). À
chaque fois, une analyse SWOT détaillée permet de mettre en évidence les avantages et les
inconvénients de chaque procédé afin de donner au lecteur les éléments nécessaires à la réflexion.
Néanmoins, il convient de préciser que des études complémentaires seront absolument
nécessaires dans un contexte donné, en vue de compléter les éléments présentés, et afin de
valider les choix technologiques et économiques à implémenter.
Les deux territoires d'étude sont ensuite présentés successivement selon le même plan : volume,
répartition géographique et devenir des résidus. Pour la Nouvelle-Calédonie, un aparté sur la
contamination au mercure est fait compte tenu des questions posées pour les grands pélagiques
sur leur utilisation en alimentation (animale et humaine). Pour chaque territoire, des propositions et
recommandations sont présentées, accompagnées d'une analyse SWOT spécifique.
Pour la Nouvelle-Calédonie, il ressort qu’à l'exception d'une unité artisanale de fabrication
d'ensilage, aucune stratégie de gestion et de traitement raisonné de ces résidus n'est en vigueur.
Tous ces résidus (1000 à 1500 tonnes/an) sont considérés comme des déchets et traités comme
tels, avec parfois des solutions dont l’impact sur l'environnement n’est pas connu et fort coûteuses.
Compte tenu des très faibles volumes générés dans la Province des Iles, une production artisanale
d'ensilage semble être la solution à privilégier. Sur la Grande Terre, les volumes sont un peu plus
conséquents, mais trop faibles pour la mise en place d'une filière de type farine. Il convient avant
tout de mutualiser tous ces résidus, afin de les traiter adéquatement. La production d'hydrolysats à
des fins aquacoles (crevetticulture) semble la plus pertinente, mais le serait encore plus si l'on
pouvait y adjoindre d'autres résidus comme ceux de la filière viande et éventuellement d'autres
agro-déchets (restauration collective, filières végétales...) afin d'augmenter les volumes et favoriser
les économies d’échelle.
Aux îles Fidji, seule l'analyse de la zone de Suva a été conduite, mais certains éléments majeurs
sont apparus : (i) les résidus des industries halieutiques, en particulier de la filière thonière, sont
déjà pour une part conséquente réintroduits dans la chaîne alimentaire humaine (résidus de
filetage) ; (ii) les volumes de résidus disponibles sont un peu plus conséquents (2500 tonnes/an) et
très localisés. Par conséquent, les stratégies de valorisation à implémenter ne devront surtout pas
détourner de la population ce flux de protéines alimentaires bon marché. En revanche, des efforts
conséquents sont à fournir afin d'améliorer la qualité sanitaire de ces produits. Pour les autres
résidus peu ou mal valorisés, il convient là aussi et comme précédemment de les mutualiser afin de
mettre en place des filières de valorisation pertinentes et plus rentables. Là aussi la piste des
hydrolysats semble être préférentielle.
Cette étude démontre l’importance d’organiser la valorisation des résidus halieutiques sur les deux
territoires étudiés, mais aussi dans nombre de PICTs au bénéfice du développement soutenable de
la filière pêche et des populations locales. Cependant, la mise en place d'études complémentaires à
vocation de démonstration semble nécessaire afin de cerner les meilleures pistes technologiques et
économiques, et convaincre les acteurs politiques et économiques du bien-fondé d’une valorisation
rationnalisée des résidus de poisson.
Summary
By converting agro-sources into products, notably food ones, important quantities of by-products are
generated unfortunately considered usually as wastes and treated like that. This is the case for
marine products where by-products generated during traditional processing (like filetting) account
for 50% more or less (fishbones, viscera, skin...). In this report, fishing, landing and processing's
activities of fish (mainly tuna) are studied in two territories (New Caledonia and Fidji islands) in order
to estimate the quantities of resulting by-products and to propose upgrading strategies by taking into
account particular contexts (insularity, volumes, economic and technical levels...). The situation in
the others PICTs is also briefly presented at the end, based on results collected during an
international seminar organised by SPC (Noumea, June 2012).
In the first part, a selection of fish by-products' processing treatments, resulting derived products
and potential application fields (agriculture, feed, food...) is presented. For each of them, a detailed
SWOT analysis is given allowing to point out positive and negative aspects in order to give to the
reader objective elements to think about. Nevertheless, additional studies would be requested in
each context for completing those elements and validate the technological and economical choices
to implement.
The selected territories (New Caledonia and Fiji islands) are thus presented under the same
procedure: volume, geographical distribution and current uses of residues. For New Caledonia an
additional part dealing with heavy metals in big pelagic fishes and feed/food is presented. For each
territory, propositions and recommendations are listed, in relation to a specific SWOT analysis.
For New Caledonia, expected one artisanal production of fish silage, no upgrading strategies for
those residues are undergone. All residues (1000-1500 tons/year) are considered and treated as
wastes with sometimes a management costly and with little environmental care. Due to the low
amount of those residues into the "Province des Iles", small fish silage production could be the
solution. On the "Grande Terre", even if volumes are more important, there are not enough to allow
a fish meal production. All those residues have first to be centralised before any treatment. Fish
hydrolysates for aquafeed (shrimp) seem to be the strategy to promote but could be reinforced by
adding other kind of agro-wastes, like those from the meat sector or those coming from catering, in
order to increase the volumes and reduce the costs.
In the Fiji Islands, only the SUVA area has been studied but important facts can be noticed: (i)
residues and notably tuna's ones are for a major part already used as food products, (ii) available
amounts of residues are a little bit higher (2500 tons/year) and geographically concentrated.
However, upgrading strategies should keep these cheap food proteins sources available for the
population, and efforts have to be made for improving their sanitary quality. For the rest of the
residues none or less upgraded, they have to be collected altogether as previously indicated for a
better implementation of valuable upgrading strategies. Here also, fish protein hydrolysates seem to
be pertinent.
This study clearly point out the necessity to think about upgrading strategies of those residues
which are not well managed (on the two studied territories but also in numerous PICTs). Additional
studies are requested notably demonstrating ones to identify the best strategies and convince all
stakeholders of the need to implement a better management of those lost valuable resources.
5
Introduction
Le projet faisant l’objet du présent rapport avait pour objectif d’identifier la disponibilité et la
qualité des ressources en déchets de thons et autres poissons, en Nouvelle-Calédonie et
aux îles Fidji, afin de proposer des voies de valorisation pertinentes dans leurs aspects
techniques et compte tenu du contexte socio-économique.
Les termes « co-produit » et « sous-produit » peuvent être utilisés dans le langage courant,
mais selon les filières, ils ne correspondent pas toujours au même produit. On peut retenir
les définitions suivantes :
● Le co-produit (Co) est inévitable et répond à des spécifications définies. Il peut dans
certaines filières être considéré comme un produit à part entière, disposant d’un
marché et d’une cotation (ex : tourteau de colza, son de blé, pulpe de betteraves,...) ;
● Le sous-produit (Sp) est inévitable et a des qualités nutritionnelles variables. Une
préparation ou un traitement sont parfois nécessaires avant valorisation (ex : produit
déclassé, début et fin de production,...).
Ce sont ces définitions qui seront utilisées dans ce rapport et de manière générique, afin de
ne pas obérer une quelconque possibilité de développement. Le terme de résidus sera
employé par défaut.
Ainsi, cette première série d'observations démontre que l'usage actuel des résidus varie
fortement en fonction de leur nature, mais aussi de leur localisation. Il convient donc
7
d'intégrer ces paramètres d'usage dans toutes les réflexions ultérieures visant à mieux
valoriser ces résidus.
Forces Faiblesses
• Flexibilité du procédé • Les coûts de production
• Possibilité d'utiliser plusieurs peuvent être élevés si le
types d'entrants (tête, arête...) dimensionnement n'est pas
Interne • Grande diversité de produits correct
(catégories de pulpe) • La réglementation sanitaire peut
• La pulpe peut être congelée pour être contraignante
être expédiée ou utilisée sur • Les marchés pour les
place différentes catégories de pulpe
doivent être déjà établis
Opportunités Menaces
• Développement de nouveaux • Concurrence forte (Chine)
marchés (petfood, ingrédients, • Fortes contraintes pour obtenir
Externe nouveaux produits alimentaires) une qualité élevée
• Les résidus (arêtes) peuvent être • Nécessité de développer les
valorisés (gélatine, amendement marchés locaux pour éviter la
agricole...) saturation et donc la chute de la
rentabilité
8
Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et • La rentabilité nécessite de grosses
maîtrisée installations
• Marchés établis • Les petites installations sont coûteuses
Interne
• Prix et demande et ne permettent pas une production de
relativement élevés qualité contrôlée
• Qualité médiocre des farines de
résidus (trop grande richesse en
minéraux)
Opportunités Menaces
• La demande • Concurrence forte avec d'autres
Externe
internationale ne cesse sources de protéines
d'augmenter • Maintenir un approvisionnement
• Demande locale suffisant
2.3. Ensilage
L'ensilage de poisson est connu depuis l'antiquité et repose sur le principe d'une liquéfaction
douce de la matière première sous l'action conjointe d'un acide (généralement l'acide
formique) et de bactéries (généralement des bactéries intestinales contenues dans les
viscères de poisson) (voir paragraphe 3.2.3). L'ensilage peut être utilisé dans 2 secteurs
d'application très différents: en agriculture comme fertilisant (incorporation dans le sol) ou
engrais foliaire (pulvérisation) et en alimentation animale (notamment pour les porcs) avec
dans ce cas là souvent une étape de chauffage (70°C - 90°C / 1h) pour dénaturer les
microorganismes.
Forces Faiblesses
• Technologie très simple • Nécessite un traitement
• Coûts de production faibles thermique supplémentaire pour
• Peut traiter une très grande un usage en alimentation
diversité de résidus animale
Interne
• Faible impact environnemental • Qualité peu contrôlée et peu
• Différentes tailles des unités de constante de l'ensilage
traitement: très artisanale à • Grande influence de la qualité
industrielle des entrants
• Grandes quantités d'acide
nécessaire
Opportunités Menaces
• Possibilité d'agrément en Bio • Concurrence avec les autres
• Possibilité de se substituer types d'engrais
partiellement aux facteurs de • Marché applicatif en horticulture
Externe
croissance (nutrition porcine) de taille réduite
• Possibilité de concentrer pour
diminuer les coûts de transport
• Action répulsive sur les insectes
si aspersion foliaire
2.4. Compost
Le compostage est la décomposition contrôlée des biomatériaux en conditions anaérobies
s'accompagnant d'un accroissement de la température ce qui contribue à sa stabilisation. Le
9
compostage de résidus de poisson est possible, mais nécessite un apport conséquent de
matrices végétales. Le compost ainsi obtenu trouve son utilité en agriculture.
Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et maîtrisée • Nécessité d'un apport
• Tous les résidus marins peuvent conséquent de végétaux
être compostés (équilibre C/N)
Interne
• Grande flexibilité de la taille des • Processus long
installations • Faible densité du produit final
• Possibilité d'utilisation en Bio donc coût de transport élevé
• Efficacité culturale prouvée • Grande richesse en N du
produit final
Opportunités Menaces
• Possibilité de planifier une • Concurrence croissante
Externe
valorisation de ces résidus avec • Problème d'odeur parfois
ceux des autres agro-filières
• Substitution aisée à l'enfouissement
2.5. Hydrolysat
Les matrices sont hydrolysées sous l'action de soude, d'acide ou d'enzymes (protéases)
conduisant à leur liquéfaction par l'attaque des protéines. Une séparation mécanique de type
centrifuge permet de récupérer 3 fractions distinctes: de l'huile, une fraction aqueuse riche
en protéines hydrolysées (peptides) et une fraction insoluble riche en protéines, lipides et
minéraux (arêtes). Les applications de ces hydrolysats sont multiples et diffèrent selon les
fractions auxquelles ont s"intéresse. L'huile peut directement être utilisée en alimentation
humaine ou animale et dans le domaine de l'énergie. La fraction aqueuse est généralement
concentrée pour obtenir un sirop ou une poudre (si séchage) et est ensuite utilisée en
alimentation animale (porc et aquaculture notamment) et en nutrition humaine (arôme,
concentré hyper-protéique, complément alimentaire...). Enfin la dernière fraction peut faire
l'objet d'une séparation complémentaire (tamisage) visant à séparer la fraction minérale
(arête, cartilage) du reste (protéines insolubles et lipides). Les minéraux trouvent une
application en agriculture (amendement agricole), en alimentation animale (aviculture) et en
nutrition humaine (complément minéral) tandis que les protéines insolubles et lipides sont
utilisés en alimentation animale (porc, volaille, aquaculture).
10
Forces Faiblesses
• Technologie éprouvée et maîtrisée • Méconnaissance de ce
notamment dans les agro-filières procédé
• Tous les résidus marins peuvent être • A priori de complexité
hydrolysés technologique et de coût
• Grande flexibilité de la taille des associé
installations • Amertume des hydrolysats
• 3 type de produits sont obtenus si l'hydrolyse est trop
Interne (huile, protéines/peptides et poussée
insolubles) avec pour chacun des • Installation moyennement
champs applicatifs très larges complexe nécessitant
• Investissement plus faible que pour la quelques équipements
farine • Nécessite souvent
• Le taux de protéine d'un hydrolysat l'inactivation de l'enzyme
de résidu atteint aisément 85% alors en fin de process
que celui d'une farine ne dépasse
pas 60%
•
Opportunités Menaces
• Grand intérêt nutritionnel des • Perte de marché par
hydrolysats protéiques (protéines manque de contrôle de la
crues coupées) par rapport aux production
farines (protéines cuites entières) • Compétition directe avec la
Externe
• Possibilité de "décontaminer" des farine
résidus à priori impropres par
concentration des polluants dans une
des 3 phases, permettant aux 2
autres d'être utilisables.
• Multi-valorisation possible
Broyeur (A)
Les matières premières entrantes sont grossièrement déstructurées mécaniquement.
Séparatrice (B)
Lors de cette étape intervient une séparation entre les parties dures (arêtes et peaux par
exemple) et les parties molles (chair sous forme de pulpe par exemple).
Réacteur (C)
Il s'agit d'une cuve thermostatée à double enveloppe possédant un système d'agitation. Au
sein de cette cuve peuvent être conduites des réactions de type homogénéisation
eau/matière première, lavage ainsi que des hydrolyses chimiques ou enzymatiques.
Décanteur (D)
11
Lors de cette étape, les fractions liquides et solides sont séparées mécaniquement sous
l'action d'une force centrifuge. En cas de matières premières riches en matières grasses,la
phase liquide se subdivisera en 2: une phase huileuse et une phase aqueuse.
Centrifugeuse (E)
Cette étape permet d'éclaircir des solutions aqueuses (enlèvement des fines particules) et de
pratiquer des séparations liquide/liquide (huile/eau par exemple).
Évaporateur/Concentrateur (G)
Cette étape est nécessaire pour minimiser les volumes avant séchage éventuel et pour
stabiliser les produits. Elle peut être conduite dans le réacteur (C) si celui est
convenablement choisi et équipé d'une pompe à vide.
Séchoir (H)
Utilisé pour sécher les fractions solides. Plusieurs techniques existent (à rouleau,
atomisation...). Étape ultime avant le conditionnement, elle doit être réalisée avec soin pour
ne pas dénaturer le produit (température contrôlée, temps de séjour réduit...).
Four (K)
Il s'agit ici de cuire la matière première.
Presse (L)
Il s'agit ici de presser les matériaux.
3.2.1. Hachis
Ici l'objectif est de produire un hachis de déchets pour des finalités de nutrition animale et
particulièrement de petfood. L'étape A et éventuellement B sont nécessaires (surtout si l'on
veut produire de la pulpe). En fonction des matrices à traiter, l'étape B seule peut convenir.
12
Résidus Résidus Résidus
A B A
Arêtes
Hachis Hachis B
avec arêtes sans arêtes
Arêtes
Hachis
sans arêtes
3.2.2. Pulpe
Il s'agit ici de produire de la chair lavée dépourvue d'arêtes et partiellement déshuilée pour
des applications en nutrition animale (petfood notamment) et humaine. Les résidus peuvent
entrer en A ou B selon leur nature. Plusieurs produits sont récupérés et valorisables: la
pulpe, les arêtes et l'huile (qui peut être raffinée ultérieurement selon les applications visées).
Les effluents sont chargés en protéines solubles et devront être traités si celles-ci ne sont
pas récupérées. Ils sont parfaitement utilisables en nutrition animale par exemple.
Résidus
Résidus B
Arêtes
Eau C
D
Effluent chargé Huile E Huile raffinée
Pulpe
Effluent très peu
chargé
13
3.2.3. Ensilage
Il s'agit ici de procéder à une liquéfaction des Résidus sous l'action conjointe d'un acide
(généralement formique) et des protéases endogènes (contenu viscéral). C'est un processus
relativement long qui nécessite un stockage. Cet ensilage se présentera sous forme d'un
liquide visqueux qui peut trouver des applications comme fertilisants et/ou en alimentation
animale.
Classiquement les résidus sont broyés et mélangés avec de l'acide puis mis à mature (il
convient d'avoir un apport conséquent de viscères dans le mélange pour avoir des activités
protéolytiques). Une séparation préalable des arêtes et de la chair permet de limiter les
résidus solides qui peuvent être importants autrement. Le processus de maturation peut être
accéléré par apport de protéases exogènes.
Le schéma suivant propose ici un agencement optimal des étapes afin de maximiser le
rendement et minimiser les temps de traitement. Dans le cas d'une utilisation en nutrition
animale, il convient généralement de rajouter une étape de chauffage pour dénaturer
thermiquement les microorganismes (cette étape ne figure pas sur le schéma mais peut être
effectué par rebouclage dans le réacteur C après la phase de maturation)
Résidus
B
Arêtes
Enzymes C
Résidus solides
Ensilage
immature
Ensilage
mature
14
3.2.3. Hydrolysat
Les hydrolysats sont produits par liquéfaction des Résidus sous l'action d'agents chimiques
(acide ou soude) ou enzymatique (protéase). Ici seule la protéolyse enzymatique est
présentée car c'est elle qui permet un meilleur contrôle du procédé et une meilleure valeur
ajoutée pour les produits qui en sont issus.
Cette technologie moyennement complexe permet d'obtenir au moins 4 fractions bien
différenciées: - les arêtes, - une fraction insoluble riche en protéines résistantes à la
protéolyse et en certains lipides (notamment les phospholipides), - une fraction aqueuse qui
contient virtuellement toutes les protéines solubles et celles qui le sont devenues sous
l'action de la protéolyse (sous forme de peptides et d'acides aminés), - une phase huileuse
de très bonne qualité dans le cas de matrices grasses. Chacune de ces fractions, au regard
de ses spécificités, est à même d'être valorisée dans différents secteurs allant de l'agriculture
à la nutraceutique et cosmétique en passant par l'énergie, la nutrition animale et
l'alimentation humaine.
Dans le schéma ci-dessous, nous considérons que les étapes d'inactivation thermique de
l'enzyme (F) et de concentration (G) sont réalisées par rebouclage dans le réacteur, aussi
ne sont-elles pas indiquées.
Résidus
Résidus B
Arêtes
D
Fraction insoluble Huile
Huile E raffinée
Hydrolysat
Effluent très peu
chargé
H
Concentré
protéique
15
3.2.4. Huile et farine de poisson
La farine et les huiles sont produites par cuisson puis séparation des résidus. Le principe est
relativement simple mais les équipements nécessaires sont nombreux et assez onéreux car
généralement de grande capacité.
Les résidus sont tout d'abord broyés puis cuits dans un four. Après cuisson, sous l'action
d'une presse, un résidu solide (gâteau de presse) et une fraction liquide (mélange huile/eau
et particules) sont obtenus. La fraction liquide par fractionnement centrifuge donnera l'huile
qui doit obligatoirement être raffinée avant un quelconque usage en alimentation animale ou
humaine. La farine une fois séchée peut être utilisée.
Résidus
Résidus B
Arêtes
L
Fraction liquide D Fraction liquide
+ particules
Fraction solide
E
Huile à raffiner
H
Effluent très chargés
(eaux de colle)
Farine
16
4- Secteurs d’utilisation
Les secteurs d’utilisation des dérivés de résidus de poissons sont nombreux. On peut les
représenter sous la forme d’une pyramide associée à des axes : en abscisse (ou largeur
du segment de pyramide), la capacité du marché, et en ordonnée, le niveau de profit
permis par ce type de marché, depuis le secteur agricole jusqu’au secteur
pharmaceutique.
Phar
mac
Nutraceu
tique
Aliments
fonctionnels
Aliments santé
Nutrition humaine
Alimentation animale
Energétique
Agriculture
17
B- Le cas de la Nouvelle-Calédonie
1- Disponibilité et qualité des ressources en déchets de thons
1.1. Les pêches maritimes
Les pêches maritimes en Nouvelle-Calédonie sont composées de deux secteurs :
- la pêche hauturière qui en 2010 a débarqué 2860 tonnes, dont 1940 tonnes de thon
blanc, 505 tonnes de thon jaune, 45 tonnes de thon obèse, 115 tonnes de marlins, et
255 tonnes d’autres espèces pélagiques,
- la pêche récifo-lagonaire qui en 2009 a débarqué 967 tonnes dont 556 tonnes de
poissons, 81 tonnes de crustacés et 17 tonnes de céphalopodes (données
SMMPM1).
1
SMMPM : Service de la Marine Marchande et des Pêches Maritimes
2
Ducrocq M., Colin F. 2011. Le traitement des sous produits de l’industrie de la pêche en Nouvelle-
Calédonie. Eléments pour l’étude de faisabilité. Rapport ADECAL pp27 (hors annexes)
18
1.3. Disponibilité spatio-temporelle des déchets
Comme nous l’avons vu précédemment les déchets de poisson sont produits principalement
sur deux sites :
(i) Nouméa englobant les deux ateliers installés à Nouville (Pacific Tuna et Pescana)
et le marché et ;
(ii) Koumac avec l’atelier des PDN.
19
environnemental qui pourrait être mesuré par des études appropriées : empreinte carbone,
analyse de cycle de vie (ACV).
Ainsi, toute solution de valorisation permettant de diminuer ou supprimer ces coûts
impacterait positivement l’économie des entreprises. Il faudra utilement intégrer ces
économies potentielles à l’étude de faisabilité économique d’une filière de valorisation des
déchets de poisson en Nouvelle-Calédonie.
20
soumise à la mise en place d’une unité pilote qui pourrait se révéler excessivement
onéreuse.
Déjà, une étude récente3 complète l’information disponible sur le sujet : les enquêtes
menées en 2011 par la Direction des Affaires Sanitaires (DASS) et de la direction des
Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) de Nouvelle-Calédonie sur la présence
de résidus de mercures dans les poissons et son éventuelle conséquence sur la santé
humaine. Le méthyl mercure a été dosé sur 80 prélèvements concernant la vingtaine
d’espèces les plus consommées en Nouvelle-Calédonie, et ont été également pris en
compte les résultats des suivis des produits à l’export en 2011. L’ensemble a permis de livrer
les concentrations suivantes (exprimées en mercure total probablement) par grand type de
produits, en mg/Kg ou PPM :
Céphalopodes 0,031
Crustacés 0,115
Poissons lagonaires 0,081
Grands Pélagiques 0,799
En ce qui concerne les thons, qui constituent l’essentiel des débarquements et donc la plus
grande part des résidus de découpe, les concentrations observées dans la chair sont
limitées : thon blanc 0,351 mg/kg ; thon jaune 0,152 mg/kg, et largement inférieures à la
norme UE.
Cependant, les recommandations faites précédemment sur la nécessité de mener une étude
précise sur les résidus, et les produits finaux qui peuvent être élaborés à partir de ces
résidus, restent valables.
3
Anonyme, 20111 : Problématique de la contamination des poissons par le mercure. Enquête conjointe
DAVAR/DASS initiée en 2011. Document PowerPoint 20 diapos.
http://www.gouv.nc/portal/pls/portal/docs/1/16692018.PDF
21
4- Les différents débouchés potentiels de la valorisation des
déchets en Nouvelle-Calédonie
Dans son étude, l’ADECAL a retenu quatre secteurs de valorisation (Ducrocq & Colin, 2011):
- Les élevages d’animaux terrestres, en particulier les élevages avicoles et porcins.
- La nourriture pour animaux de compagnie, notamment les chiens et les chats. Ce
débouché concernerait en particulier les 300 tonnes (estimation 2011) de lignes de
sang et des ventrêches des poissons pélagiques de la pêche hauturière.
- Le secteur minier, activité majeure en Nouvelle-Calédonie, représentant un
débouché potentiellement important car il est grand consommateur de matières
organique pour l’amendement des sols dans le cadre de la revégétalisation des
terrains miniers.
- Enfin le secteur agricole avec des applications en fertilisation : engrais foliaires et
amendements de sol.
Ces quatre secteurs d’applications ont été envisagés pour une valorisation des « déchets de
poissons » pour l’essentiel sous la forme d’ensilage humide ou séché. Rappelons ici que
l’ensilage présente plusieurs points de faiblesse dont le principal est une qualité nutritionnelle
variable (et surtout un très fort taux de dilution qui pénalise son transport et augmente
considérablement les coûts de séchage) rendant difficile son usage en alimentation animale
(cf A2.3). Cependant, pour une raison autre, l’ADECAL écarte a priori les applications
suscitées en nutrition animale par mesure de précaution suite à « ..des suspicions de teneur
élevée en éléments traces dans les sous produits de l’industrie de transformation des
produits de la pêche… » (Ducrocq et Colin, 2011). Dans leur étude, les auteurs n’ont pas fait
mention de la valorisation des co-produits issus de technologies alternatives à l’ensilage :
hydrolysat en particulier mais aussi farine de poisson. Ces deux produits dérivés se
présentent sous la forme de poudres sèches (10% d’humidité résiduelle) très concentrées en
protéines (voir A2.2 et A2.5) aisément incorporables dans les formulations de granulés
alimentaires destinés à la nutrition animale terrestre ou aquatique. En effet, les deux usines
de fabrication de granulés pour les élevages d’animaux terrestres et aquatiques, des
sociétés MSV et SICA/FINAGRO, passent par une technologie dite de « pressage à sec »
utilisant principalement des ingrédients sous la forme de poudres sèches ; l’incorporation de
produits liquides comme l’ensilage y est très limitée.
Ainsi donc, la transformation des déchets actuels des pêcheries en hydrolysat, voire
en farine, ouvrirait une voie de valorisation locale en nutrition aquacole, secteur en
plein développement et de plus en plus significatif pour la Nouvelle-Calédonie.
La diversification et le développement de l’aquaculture en Nouvelle-Calédonie se heurte à
une difficulté car elle repose sur l’importation de protéines animales (farines de poisson en
particulier) et végétales (soja en particulier) pour nourrir les élevages, mais elle représente
une véritable opportunité pour la valorisation des déchets de poissons.
L’aquaculture calédonienne produit annuellement environ 1500 tonnes de crevettes qui sont
nourries avec près de 4000 tonnes de granulés. Toutes les matières premières nécessaires
à la fabrication de ces granulés proviennent de l’importation. Parmi ces matières premières,
la Nouvelle-Calédonie importe annuellement un millier de tonnes de farines de poissons, soit
l’équivalent de 700 tonnes de protéines, ce qui représente, au cours actuel du produit, entre
150 et 200 millions de Fcp.
22
L’augmentation projetée de la production de la crevette au terme de 5 années, la
diversification de l’aquaculture à des espèces de poissons du lagon carnivores (la loche
truite et le pouatte) devraient conduire à une augmentation des besoins pour la farine de
poisson et autres sources de protéines pour nourrir les élevages. Il apparaît donc important
d’envisager le développement de l’aquaculture en réfléchissant sur une production endogène
calédonienne de matières premières riches en protéines pour soutenir les élevages : les
déchets de poissons représentent à ce titre une possibilité qu’il serait dommage de négliger.
Il est clair que cette réflexion doit se faire avec la prise en compte des contraintes sanitaires
(problème de contamination par les métaux lourds) et économiques (rentabilité de la
transformation des déchets). Au niveau sanitaire nous avons vu au chapitre A2.5 que la
transformation des déchets en hydrolysat permet de « décontaminer » des résidus a priori
impropres par concentration des polluants dans une des 3 phases (lipides), permettant aux 2
autres (protéines+polypeptides+acides aminés) d’être utilisables en nutrition animale. Cela
devra être confirmé par la production à l’échelle du laboratoire d’échantillons d’hydrolysat à
partir des déchets disponibles en Nouvelle-Calédonie. Au niveau économique, la hausse du
prix des matières premières, et notamment de la farine de poisson, rendra de plus en plus
probable la faisabilité de transformer en hydrolysat les déchets de poissons disponibles en
Nouvelle-Calédonie pour leur utilisation en aquaculture. A cela, il faut ajouter les coûts
directs actuels générés par les déchets pour leur enlèvement et leur enfouissement et les
coûts indirects de leur impact sur l’environnement.
23
Le projet a bénéficié d’un financement initial du Fonds de coopération économique, sociale
et culturelle pour le Pacifique (Fonds Pacifique), de la Province des îles Loyauté et de la
CPS. À l’échelon local, les parties prenantes étaient le service des pêches de la Province
des îles Loyauté, le personnel de la Poissonnerie de Lifou et les agriculteurs locaux. Cette
étude avait alors permis d’émettre les conclusions suivantes :
- La faisabilité technique de la construction d’une unité mécanisée de petite
taille pour la fabrication d’ensilage produit localement. Cette échelle de
production semble convenir aux pêcheurs opérant seuls et aux petites
coopératives de pêche sur les îles ;
- La valorisation les déchets de poisson permet de réduire l’impact négatif sur
l’environnement.
- La quantité de déchets générée annuellement à Lifou est modeste (24 tonnes)
et il est donc envisageable de les valoriser totalement sous la forme
d’ensilage pour des applications en agriculture locale (Province des îles) et
pour les autres provinces de la Nouvelle-Calédonie.
A notre connaissance, cette étude pilote n’a pas conduit à une solution pérenne pour le
traitement des déchets de poisson dans les Îles Loyauté. Il serait utile, avant d’envisager un
nouveau travail dans cette province, d’analyser précisément les raisons qui ont empêché la
mise en place d’une production pérenne d’ensilage à partir des 24 tonnes de déchets
disponibles localement.
24
6- Analyse SWOT
A titre de synthèse sur la situation des déchets de thons et plus généralement des déchets
de poisson en Nouvelle-Calédonie, nous présentons ci-après une analyse SWOT.
25
Les solutions qui pourraient être envisagées aux faiblesses mises en évidence dans cette
analyse SWOT sont :
- L’éloignement entre les deux principales sources de déchets trouverait une solution
soit par la mise en place de deux unités de traitement - une sur chaque site -, soit par
le transport des déchets après broyage vers une seule unité de traitement dont le
positionnement géographique devra être défini pour minimiser le coût de l’opération
globale. La faisabilité d’une unité mobile de traitement qui se déplacerait sur les deux
sites en fonction des besoins doit également être envisagée.
- Le manque de matière première nous fait exclure a priori la transformation des
déchets en farine et huile de poisson. (La plus petite unité de fabrication de farine de
poisson envisageable permet de traiter 1 tonne de déchets par heure, Annexe 3)
alors que la disponibilité en déchets pour toute la Nouvelle-Calédonie est en
moyenne de 3 tonnes par jour). Les autres techniques de valorisation (ensilage,
hydrolysat) peuvent être dimensionnées pour répondre aux faibles quantités des
chutes de filetage disponibles localement à Koumac et à Nouméa.
- L’identification d’un porteur de projet pour la Nouvelle-Calédonie pourrait remédier à
la faiblesse de la volonté publique et organisationnelle nécessaire à la mise en place
d’une solution au niveau du pays. La Technopole/ADECAL qui a été mandatée par
les Collectivités pour la réalisation d’une pré-étude afin de préciser les flux de
déchets produits (Ducrocq et Colin, 2011) pourrait parfaitement jouer ce rôle.
- Préciser le coût économique du traitement actuel des déchets. Réaliser une ACV afin
d’identifier l’impact environnemental de ces déchets. Ces informations sont
essentielles pour les décideurs qui n’ont pas, au jour d’aujourd’hui, toute la lisibilité
sur la situation des déchets organiques en Nouvelle-Calédonie.
Les solutions pour parer aux menaces mises en évidence dans cette analyse SWOT :
- Étude de la contamination des déchets de poisson en métaux lourds et autres
contaminants. Cette étude devra également évaluer la permanence de ces
contaminants dans les co-produits obtenus suite au traitement des déchets par
différentes techniques. Cette étude est essentielle pour permettre de statuer
définitivement sur les secteurs applicatifs de la valorisation des déchets de poisson
produit sur le territoire.
- L’organisation du projet à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie avec un porteur bien
identifié devrait permettre l’émergence d’une solution commune dans l’intérêt du
pays.
- Aider les acteurs privés de la filière en protégeant à terme leur accès à la ressource
en déchets et leurs débouchés en Nouvelle-Calédonie. En se sens, l’établissement
d’un plan de développement d’une filière « valorisation des déchets de poisson »
serait une condition préalable.
7- Propositions et recommandations
Nos propositions et recommandations suite à cette étude peuvent se résumer en 3 points :
a. Étude prospective sur le flux des déchets organiques en Nouvelle-Calédonie
Les projets de valorisation des sous-produits de poisson devront tenir compte des flux
potentiellement disponibles à moyen terme, et long terme si possible, ce qui requiert une
double analyse prospective, sur les pêcheries, et sur la transformation. L’étude très complète
réalisée par l’ADECAL sur le flux des déchets de poisson considère peu l’évolution à terme
des flux de ces déchets. Ces flux peuvent également être augmentés si une décision devait
être prise, moyennant des adaptations techniques, de débarquer les déchets actuellement
26
jetés en mer (viscères) et captures accessoires. Dans ce cadre, il serait également
intéressant d’explorer les possibilités de couplage du traitement des déchets de la filière
thonière avec ceux de la filière viande, c’est-à-dire les déchets animaux issus des abattoirs,
ou d’industries de transformation des viandes (Cf OCEF), voir de réfléchir à une filière de
valorisation de tous les déchets des filières agroalimentaires: filière mer, filières viandes,
filières végétales, supermarchés, restauration hors foyer....
8- Conclusion
Notre étude a permis de mettre en évidence deux étapes à franchir préalablement au choix
technologique et de marché pour la valorisation des déchets de poisson en Nouvelle-
Calédonie :
Une première priorité pour la suite est de mieux connaître les impacts économiques et
environnementaux du devenir actuel des déchets des pêcheries du territoire afin d’en
informer les pouvoirs publics qui pourront alors décider, en connaissance de cause, les
actions à entreprendre et d’y affecter les moyens nécessaires. En effet, les déchets générés
par les pêcheries de Nouvelle-Calédonie représentent un coût direct important estimé à 13
millions Fcp par an et un coût environnemental non évalué, mais certainement important. Ce
faible niveau d’information, que nous découvrons avec cette étude, ne permet pas d’avoir
une idée claire de l’importance du problème et par conséquent de décider la mise en œuvre
des actions appropriées.
27
L’autre priorité est de vérifier le niveau de la contamination des déchets de poisson et des
différents produits dérivés de leur transformation (hydrolysat, farine, ensilage). C’est
seulement sur cette base qu’il sera possible de lever éventuellement la contrainte sanitaire
représentée par la contamination potentielle par les métaux lourds et notamment le mercure.
En effet, dans l’état des connaissances parcellaires sur la question, l’ADECAL préconise
légitimement d’écarter les applications en nutrition animale des produits issus de la
valorisation des déchets de poisson (Ducrocq et Colin, 2011). Une étude complète de la
situation des contaminants permettrait ainsi de statuer définitivement sur les pistes à retenir
de valorisation des déchets de poissons, et notamment celle de l’aquaculture. Ce dernier
secteur se diversifie et se développe fortement en Nouvelle-Calédonie et la production
endogène au pays d’une source de protéines à partir des déchets de poisson contribuerait
significativement à nourrir les élevages et à l’économie de ce développement.
28
C. Le cas des Iles Fidji
Introduction
Suva, la capitale des Fidji située sur l’île principale (Viti Levu), abrite un grand port de pêche
où sont débarquées les captures des pêches hauturières, ainsi qu’une zone halio-industrielle
concentrant l’essentiel des industries de traitement du thon, excepté la grande conserverie
de l’entreprise PAFCO située à Levuka (Ile d’Ovalau).
Le secteur des pêches est très important aux Iles Fidji, tant au niveau de la tradition
l’alimentation qu’au niveau de la richesse créée et de l’économie contemporaine. Il a connu
de fortes évolutions dans les dernières décennies et est confronté aujourd’hui à des défis
majeurs pour se développer durablement (Veitayaki, 1995). En effet, les productions des
pêches et de l’aquaculture aux Iles Fidji se sont beaucoup développées à partir des années
80 (Figure 1), atteignant près de 50000 T en 2007.
Figure 1 : Production des pêches et de l’aquaculture aux Iles Fidji, source FAO
Production of capture fisheries and aquaculture in Fiji Islands, source FAO
Selon la FAO, les captures des pêches maritimes en 2007, qui représentent 41136 tonnes,
placent la République des Fidji en septième position des pays insulaires du Pacifique (ADB
2009 in Gillett 2010, voir Annexe 4) ; si on considère uniquement les prises hauturières
(offshore), avec 14236 T, les Fidji se situent en huitième position.
29
Les iles Fidji se distinguent aussi des autres pays de la région :
- par la répartition équilibrée entre pêche côtière commerciale (9500 T), pêche côtière
de subsistance (17400 T), et pêche hauturière (14236 T),
- par une part faible des pêches hauturières assurées par des pays étrangers dans la
ZEE des Fidji : 492 T sur un total de 14236 T.
Les pêches hauturières visent les thons et débarquent également comme prises accessoires
d’autres espèces de grands pélagiques. Aux Iles Fidji, les débarquements de ces espèces
au cours de la décennie 2000-2009 ont fluctué de 12000 à 18000 T (données FAO, Figure
2). En 2009, avec 11645 T ils représentaient 28% des débarquements des pêches maritimes
du pays.
Figure 2: Captures (en tonnes) de thons et bonites par les Iles Fidji, Source FAO
FishStat
Capture fisheries (mT) of tunas, bonitos and billfishes by Fiji Islands, Source FAO
Fishstat
Les différentes espèces de thon pêchées (voir Tableau 2) représentent 10919 T en 2009,
avec une nette dominance du thon blanc ou germon (albacore en anglais) pour 66%, suivi
par le thon jaune ou albacore (yellowfin) pour 24%, le thon obèse ou patudo (bigeye) pour
6%, et le listao ou bonite à ventre rayé (skipjack) pour 4%. Les prises accessoires de grands
pélagiques totalisent 726 T.
30
Tableau 2 : Production par les Iles Fidji de thons et grands pélagiques en 2008-2009
par espèce et total (Production by Fiji Islands of tunas and large pelagic species in
2008-2009)
Source FAO FishStat
Le commerce extérieur des produits aquatiques aux Iles Fiji s’est développé dans les
dernières décennies (voir Figures 3 et 4) et affiche en 2008 une balance positive (E-I) de
14481 tonnes et 47 millions USD (source FAO).
Le groupe des thons et bonites y jouent un rôle prépondérant, comme le montrent les allures
comparables des courbes de ce groupe et de celles de l’ensemble des produits aquatiques.
Ce commerce connaît des fluctuations inter-annuelles, et un changement dans les années
2000, où on constate un fort développement des exportations, en particulier de thons et
bonites, tandis que leur importation, après une forte hausse de 2001 à 2004, retombe en
2007-2008 à leur niveau initial en quantité, avec un moindre impact en valeur.
La filière thonière aux Iles Fidji est largement tournée vers l’exportation et de ce fait
fortement dépendante des conditions économiques générales et du marché international,
31
très concurrentiel, de ces espèces majeures. On remarque une tendance à la baisse des prix
moyens à l’export (Figure 5, en prix moyens courants, non déflatés) dans les années 2000.
Figure 5: Evolutions des prix moyens du commerce extérieur, pour les produits
aquatiques et les thons et bonites aux Iles Fidji – Source : d’après données FAO
FishStat
Changes in current prices (FD/kg) for imports and exports of total aquatic products,
and tunas, bonitos and skipjack (TBS) - After FAO data
En 2008, les thons et bonites représentent 74% en quantité et 62% en valeur du total des
exportations de produits aquatiques. Ainsi, 29340 T sont exportées essentiellement sous
forme de produits congelés (64,4%), de produits frais et réfrigérés (35%), et très peu en
conserves (0,6%). La répartition par espèce montre l’importance des exportations de thon
blanc (albacore) avec 43,1% et 16,5% respectivement en congelé et frais-réfrigéré, suivies
de celles de thon jaune (yellowfin) avec 10,3% et 8,2% respectivement en congelé et frais-
réfrigéré. Les autres espèces occupent une place marginale avec en particulier le thon
obèse (bigeye) frais – réfrigéré (1,2%) et le thon rouge du Pacifique.
Le rapport annuel 2007 du Département des Pêches fidjien (in : FAO Fiji Fisheries Sector
Profile, 2009) indique des exportations de thon de qualité sashimi (thons jaune et obèse)
pour 51% vers le Japon et les Etats-Unis et le reste, soit 49%, vers la Chine, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande et l’Union Européenne
Selon les tables de bilan alimentaire de la FAO, la consommation intérieure des produits
aquatiques dans les Iles Fidji s’est développée au cours des dernières décennies pour
atteindre un maximum de 37 kg/hab/an. En 2007 elle était de 35,8 kg/hab/an. Cette
32
consommation est alimentée principalement par les pêches côtières de subsistance mais
aussi par une partie des pêches hauturières (12,5% des prises selon FAO Fiji Fisheries
Sector Profile, 2009), et des importations.
Le rapport sur le Food Balance Sheet du Ministère de la Santé (Anon. 2009b) montre, à
partir des années 2000, une augmentation de la part des produits aquatiques dans les
apports caloriques issus des produits animaux (voir Annexe 5).
3. Les déchets
3.1. Vue globale
A Suva, les conserveries de thon (en particulier thon blanc albacore) génèrent des déchets
frais, et des déchets cuits, qui représentent en masse 50% de la matière première, et qui
sont entièrement jetés.
Les industries de découpe de thons jaune ou obèse (yellowfin, bigeye) généraient des
déchets frais (ou congelés frais) pour également 50% de la matière première. Les déchets
jetés représentent aujourd’hui 20 à 25% du poisson traité, en effet la tendance des dernières
années est une valorisation croissante des chutes de filetage en co-produits pour les
marchés locaux et marginalement pour l’exportation (en consommation humaine, et pour
l’alimentation animale en particulier en porcheries, shark-feeding et appâts).
Du point de vue quantitatif, les déchets issus des industries du poisson à Suva
représenteraient un volume de 2000 à 2500 tonnes par an selon une estimation faite par
le secteur professionnel dans les dernières années. Il est probable, mais pas attesté que ce
chiffre comprenne l’ensemble des chutes de filetage générées, y compris celles qui trouvent
aujourd’hui une valorisation commerciale.
Le Ministère de la Santé fidjien (Anon, 2009 b) indique, dans les utilisations nationales des
produits aquatiques en 2007, un volume de 5798 T de déchets générés, ainsi que 2277 T
valorisées en alimentation animale.
33
3.2. Les différents types de « déchets » et leurs devenirs
Les déchets générés et leurs devenirs varient selon les entreprises de transformation. Nous
présentons ici des éléments d’analyse et de synthèse à partir des informations collectées
durant nos entretiens et visites dans les entreprises de transformation.
Nous présentons dans le tableau 4 ci-dessous, pour les deux procédés principaux de
transformation du thon, les types de déchets et co-produits générés aux différentes étapes et
leur devenir actuel. Par commodité nous le présentons en anglais.
34
- en ce qui concerne les produits issus du procédé de conserverie :
o la tête ainsi que l’arête centrale avec chair sont découpées sur le thon congelé
et peuvent être vendues sur le marché local,
o les déchets cuits, issus de la préparation des longes après une précuisson,
sont systématiquement jetés,
- en ce qui concerne les produits générés par le procédé de découpe de longes sur du
thon frais ou congelé :
o la peau, les nageoires, les chutes de parage avec de petites arêtes, sont
systématiquement jetés, ainsi que la ligne de sang, les copeaux et la nageoire
caudale dans certaines entreprises,
o les autres produits, comportant de la chair, sont aujourd’hui fréquemment
vendus sur le marché local ou à l’export : têtes, arête centrale avec chair et
queue avec du muscle, ligne de sang, chutes de parage, copeaux, ventrèche.
- soit l’alimentation humaine : c’est le cas pour têtes, arête centrale et queue avec de la
chair, chutes de parage, ligne de sang, et ventrèche,
- soit l’alimentation animale : tous les produits trouvent des débouchés en porcheries
ou pour le shark feeding ; les copeaux sont principalement orientés vers les petfood
ou les appâts de pêche.
Le devenir des déchets varie selon les entreprises. Nous avons rassemblé dans le tableau 5
les informations relatives aux pratiques des entreprises visitées. Il apparaît que :
- la part des déchets jetés représente 50% du poisson traité en conserverie, mais cette
part descend à 20-25% dans le procédé de découpe de longes dont les chutes de
filetage peuvent être valorisées en nombreux co-produits,
- le coût d’enlèvement des déchets pour élimination est de 70-75 Fijian dollars par
tonne quand celui-ci est assuré par une société extérieure, et de 45-50 Fijian dollar
par tonne s’il est assuré avec les propres camions de l’entreprise.
La plupart des opérateurs rencontrés ont marqué leur intérêt pour la valorisation des
déchets. Certains d’entre eux ont réalisé des essais de valorisation : tannage des peaux,
extraction d’huile, production de farines dans une unité de fabrication de farine de viande
d’un abattoir à Suva.
35
Tableau 5 : Synthèse des données collectées sur les déchets dans les entreprises de transformation visitées
Synthesis of collected data about wastes in visited processing companies
Company Process Raw-material/ « wastes » « wastes » uses Cost for dumping
year Local market export Dumped Dumped quantity and share FD/mT Total
wastes on raw material FD/year
Fresh wastes All wastes Mackerel: (e)10-30 mT/year ;
1 Cannery 500 mt headed (head, guts) 7% 70 (e) 19000
frozen mackerel Cooked wastes Tuna: (e) 250 mT/year ; 50% FD/mT FD/year
500 mt tuna (others, from tuna)
fresh or fz
2 Fishing 1000 mt Defrozen wastes Heads Heads, skin, red 2-3 mt/day 75 (e) for
Loining yellowfin tuna trimmings belly meat, dust, FD/mT max 500
(frozen) some off-cuts T wastes:
back-bone, 37500
fins FD/year
3 Packing Fresh wastes Frozen: head, Fins, guts, tail 1.5 mT/day 3500
fresh Fresh fish, tail, belly, FD/month
fish various species trimmings,
bones, blood
line, collar
Loining 4000 T Mainly wastes from Edible parts dust Skin, bones (+ 800-1000 mT/year 45 (e) 36000
4 Yellowfin tuna frozen tuna given to local other parts not 20-25% FD/mT to 45000
fresh or frozen people taken by by own FD/year
people) trucks
5 Fishing 3000 T Tuna wastes if If loining tuna: 1 mT/week
Loining Yellowfin tuna loining Other fish: few wastes
fresh or frozen No wastes if
Other fish shipping whole
6 Cannery Albacore tuna Fresh wastes Head, All cooked 50% 50
Cooked wastes backbone, tail, wastes FD/mT
Loining Yellowfin tuna Head, Skin and small 25% by own
frozen backbone, tail, bones trucks
trims, blood line,
dust
36
3.3. Éléments économiques sur le traitement actuel des « déchets »
Les coûts engendrés par l’enlèvement et l’élimination des déchets (45 à 75 Fijian dollars par
tonne) sont très conséquents pour les entreprises : les estimations réalisées à partir des
données disponibles montrent qu’ils s’élèvent à 20000 à 40000 Fijian dollars par an. Ainsi, toute
solution de valorisation permettant de diminuer ou supprimer ces coûts impacterait positivement
l’économie des entreprises.
Le marché local des co-produits ne semble pas montrer de saturation, et présenterait encore
des opportunités, comme l’alimentation aquacole pour de nouvelles productions (crabe,
crevettes d’eau douce,…).
Enfin, de l’avis des opérateurs, un frein important à des solutions extérieures au pays (tannage
des peaux, ou extraction de molécules, dans des pays d’Asie) est le coût du fret pour exporter la
matière première.
4- Analyse SWOT
À titre de synthèse sur la situation des déchets de thons sur la zone de Suva, nous présentons
une analyse SWOT.
Forces (Strengths): Faiblesses (Weaknesses)
→ Volume global de déchets à Suva (est. → Manque de traitement approprié des déchets
2000-2500 T) constituant un gisement valorisable (manque de tri et de stockage au froid) dans
→ Concentration géographique des certaines entreprises
industries → Fluctuations interannuelles des quantités de
→ Gisement quasi-monospécifique déchets disponibles en fonction des variations de la
demande
→ Absence de concertation professionnelle et
d’organisation permettant une mutualisation des
traitements
Opportunités (Opportunities) Menaces (Threats)
→ Intérêt des opérateurs pour des voies de → Nécessité de protéger l’utilisation des
valorisation des déchets, et existence de leaders produits secondaires pour l’alimentation humaine, si
potentiels pour organisation possible en l’améliorant (chaîne du froid, nouvelles
→ Existence de besoins pour le présentations),
développement d’autres activités aux Fiji: → Nécessité d’organiser une filière de
aquaculture, agriculture valorisation commune aux opérateurs de la zone
→ Existence de technologies accessibles Suva
pour valorisations plus intéressantes que farines → Besoins d’une intervention forte des Pouvoirs
et huiles de poisson Publics pour orientation du secteur
37
5- Propositions et recommandations
5.1. Lien avec le marché local pour l’alimentation humaine
Une première remarque doit être de souligner un paradoxe : si la concentration des industries
thonières à Suva crée potentiellement un gisement intéressant de chutes de filetage, il est
apparu qu’une bonne partie d’entre elles est d’ores et déjà valorisée dans l’alimentation humaine
ou animale, sur des marchés locaux ou export.
Ainsi, la question de l’utilisation des « déchets » de la filière thonière aux Iles Fidji ne peut pas
être raisonnée sans tenir compte des besoins de la population locale en produits aquatiques, et
autres sources protéiques, pour son alimentation. Nous avons souligné dans la partie 1
l’importance des produits aquatiques dans l’alimentation des Fidjiens, et son poids croissant.
Nous n’avons pas dans le cadre de cette étude la capacité à faire une analyse complète de
l’évolution de la consommation et des prix des produits d’origine animale, y compris aquatique,
et de l’accessibilité des différents produits selon le pouvoir d’achat. Pourtant il serait hautement
recommandable de mener cette analyse avant de préconiser un développement d’une filière de
valorisation des co-produits de thon pour d’autres usages que la consommation humaine locale,
afin d’éviter de priver des classes sociales à revenu modeste d’une source de protéines bon
marché.
Le séjour très bref que nous avons effectué ne nous permet pas d’avoir une vue complète de la
filière des produits aquatiques aux Iles Fiji. Cependant, nous avons effectué des visites dans
des lieux de distribution du poisson : marché aux poissons de Suva, magasins de vente de
produits surgelés. Nous avons remarqué une faible qualité sanitaire des produits, en particulier
au marché au poisson de Suva (produits frais ou produits décongelés), ainsi que, parfois, dans
des magasins de produits congelés (tête de thon apparemment congelée dans un état dégradé).
L’amélioration de la chaîne de froid et des conditions de distribution du poisson, citée comme un
enjeu majeur en 1995 par Veitayaki, semble encore aujourd’hui une question prioritaire et qui
concerne également les co-produits de la filière thonière.
Le tableau 5 recense les différentes stratégies qui nous semblent potentiellement pertinentes
pour le territoire des îles Fidji. Il s’agit ici d’une première estimation, approximative, à partir de la
bibliographie et des informations disponibles, estimation qui pourrait être discutée. Les
stratégies sont hiérarchisées selon différents critères :
- l’objectif global : réduction, recyclage, production d’énergie, élimination comme déchet,
- les coûts : investissement, coût à la tonne,
- le devenir des produits finaux : produit commercialisable ou pas, marché existant ou à
étudier,
- la portée du marché envisageable,
- la dimension de l’outil de traitement,
38
- et le temps nécessaire pour la mise en place d’un tel traitement.
Chacune des voies de valorisation est explicitée par un court texte en Annexe 6.
En termes d’axes de réflexion pour la valorisation des déchets issus de la zone de Suva :
- Nous préconisons de privilégier la conservation des voies de valorisation pour la
consommation humaine, pour éviter le risque de créer un déficit nutritionnel localement.
Un premier objectif pourrait être de développer des technologies permettant d'améliorer
la valeur ajoutée des produits, mais surtout d’atteindre une meilleure qualité sanitaire,
pour le marché local.
- Par ailleurs, il s'agira d'explorer des stratégies de valorisation pour toutes les fractions
résiduelles qui sont à ce jour des déchets, jetés et entraînant un coût économique et
environnemental.
39
Tableau 5 : Comparaison de différentes options intéressant potentiellement les Fidji pour la gestion des déchets de poisson,
Comparison of different options potentially interesting for Fiji Islands, for fish waste management
Scale of Timescale
End uses facility to establish
Costs required this option
Origin of
Aim Final products Capital Cost per Marketable Available Scope of
wastes
cost tonne product ? markets ? market 0-1 years
low Local Small, 1-2 years
med Yes/No National Medium, 2-3 years
high Needs Investigation Export Large >3 years
heads, tongues, cheeks, fins L L Y Y L S 0-1
roe & milt L L Y Y L S 0-1
Diminution All seafood mince L L Y NI L S 1-2
pulp M M Y NI L S 1-2
Soup, sauce L L Y NI L S 0-1
Fishmeal and oil H M-H Y Y N, E L 1-2
Silage M L-M Y NI L, N S 0-1
Composting M M Y NI L M 1-2
Direct animal feeding
(particularly bait) L L Y Y L S 0-1
All seafood
Fertilizers and soil
conditioners H H Y NI N L 2-3
Recycling
Landspreading (without heat
treatment) L L Y Y L S 0-1
Nutraceuticals & Cosmetics H H Y Y E L >3
Finfish only Fish bones M M Y NI N, E L 1-2
Collagen & gelatine H H Y NI N,E L 2-3
fish protein concentrates H H Y NI N,E L 2-3
fish protein hydrolysates H H Y NI N,E L 2-3
Energy Anaerobic digestion H H Y NI N L >3
recovery Incineration with energy
All seafood
from recovery H H Y NI N L >3
waste Biofuels H H Y Y N L 2-3
Disposal at sea L L N N L S 0-1
Disposal All seafood
Incineration H H N N N L 0-1
40
5.3. Mise au point technologique, organisation et approche économique
La configuration actuelle du secteur, rassemblé à Suva, ainsi que les volumes disponibles,
conséquents sans être très importants, militent en faveur d’une action collective pour mettre
au point de nouveaux procédés de traitement des chutes de filetage sur la zone.
Compte tenu de l’existence de différentes catégories de déchets, propres aux Fidji, il nous
apparaît nécessaire de passer par une phase de mise au point technologique avec pour
objectif à terme de valoriser les mélanges de différentes catégories de déchets de
l’ensemble des entreprises sur un seul site.
Les technologies qui pourraient être prioritairement évaluées, tant au niveau technique
qu’économique, sont :
- pour l’alimentation humaine : la récupération de chair et de pulpe,
- pour les autres usages : l’ensilage et l’hydrolysat (modèles adaptés aussi aux sous-
produits déjà cuits issus des conserveries).
La transformation en farine est exclue de cette réflexion, car cette technologie nécessite des
investissements lourds et un approvisionnement important et constant de matière première
pour être économiquement viable. Par ailleurs la farine produite à partir de déchets de
poissons disponibles à Suva présentera une trop faible teneur en protéines (< 40%) qui
limitera sa valeur économique et son application en nutrition animale terrestre et aquacole.
Une fois identifiée la voie technologique la mieux appropriée au contexte, il sera possible de
proposer la création d’une unité de traitement de déchets, pour l’ensemble des entreprises.
Du point de vue organisationnel, elle pourrait relever d’un opérateur privé agissant comme
prestataire de services, mais il est également envisageable pour l’ensemble du secteur de se
doter d’une structure commune, dont il resterait à trouver le support (structure
professionnelle préexistante ou à créer, statut coopératif ou autre).
5.3. Prospective
Les projets de valorisation des sous-produits de poisson devront tenir compte des flux
potentiellement disponibles à moyen terme, et long terme si possible, ce qui requiert une
double analyse prospective, sur les pêcheries, et sur la transformation.
41
Nous avons souligné plus haut les facteurs de variation de la disponibilité en déchets :
fluctuations des captures de thon jaune, changements dans les techniques de conservation
et dans la demande des marchés, peuvent diminuer les quantités de thon jaune (yellowfin)
découpé en longes, et donc la quantité de déchets générés de cette espèce. Pour le thon
germon (albacore), les quantités de déchets générés varient selon le lieu du traitement :
local, ou après exportation.
On peut noter que le Département des Pêches a cité la volonté du gouvernement Fidjien de
développer les flux de thons traités à Suva, où pour l’instant il y a surcapacité industrielle, ce
qui pourrait augmenter à terme la disponibilité en déchets.
Enfin, il serait intéressant d’explorer les possibilités de couplage du traitement des déchets
de la filière thonière avec ceux d’autres filières :
- les déchets de poissons issus du secteur des pêches côtières commerciales, si les
unités de traitement après débarquement sont suffisamment groupées pour
envisager une collecte,
- les déchets animaux issus des abattoirs, ou d’industries de transformation des
viandes.
6- Conclusion
Cette première approche de la valorisation des chutes de filetage de poisson aux Iles Fiji est
restreinte au cas de la zone de Suva, où le secteur de la transformation des thons génère
une quantité de résidus évaluée par le secteur professionnel à 2000-2500 tonnes par an.
Alors que ces chutes de filetage de la découpe ou de la conserverie étaient entièrement jetés
(i.e. déchets), la tendance est à une valorisation croissante, par vente sur le marché local,
pour les morceaux issus de la découpe sur du poisson frais ou congelé, et riches en chair
(i.e. co-produits).
42
D – Le cas des PICTs : premiers éléments issus du
Séminaire de Nouméa (11 juin 12)
Un séminaire international sur les déchets de poisson a été coorganisé par la Commission
du Pacifique Sud (CPS) et par notre équipe, le 11 juin 2012 à Nouméa. Ayant lieu durant une
semaine de réunions organisées par la CPS et la FAO avec les Responsables des Pêches
des Etats Insulaires du Pacifique (ou PICTs : Pacific Islands Countries and Territories), il a
ainsi pu rassembler les responsables des Départements des Pêches et les responsables
d’associations de pêcheurs, ainsi que des acteurs des secteurs publics et privés des filières
halieutiques de divers pays. Nous avons cofinancé ce séminaire, notamment en invitant des
responsables d’industries de transformation des Iles Fidji à faire une présentation de la
situation des résidus de poisson dans leurs entreprises.
Le rapport de ce séminaire est présenté en Annexe 7. Nous en donnerons ici seulement les
points essentiels.
En ce qui concerne la situation relative aux résidus de poisson dans les différents pays, il
apparaît qu’elle dépend fortement du contexte socio-économique et des caractéristiques de
la filière pêche. En première approximation, il a été proposé une typologie des contextes en
3 catégories, basée sur les caractéristiques suivantes:
Contexte A :
→ Atolls, petites iles, zones côtières éloignées dans grandes îles
→ Ressources limitées, et importance de l’héritage culturel
→ Production de résidus de poissons dispersée et limitée
→ La plupart des types de résidus sont utilisés
→ Les principaux usages sont l’alimentation humaine ou animale, et des fertilisants
→ Généralement pas de valeur commerciale des résidus ou dérivés
Contexte B :
→ Centres urbains à faible niveau de revenu et îles qui sont en lien avec des pêcheries
industrielles (transformation à terre, transbordements)
→ Volume de résidus moyen à élevé, concentrés géographiquement
→ Usage industriel des résidus quand des économies d’échelle sont possibles (pour faire
de la farine de poisson, en général)
→ Certains résidus (têtes, ventreches, queues) sont utilisés pour l’alimentation humaine
→ L’élimination des déchets occasionne un coût
43
Contexte C
→ Centres urbains à fort niveau de revenu et îles qui sont en lien avec des pêcheries
(transformation à terre)
→ Volume de résidus moyen à élevé, concentrés géographiquement
→ Manque d’usage industriel des résidus
→ Conscience croissante du problème des déchets
→ Coût élevé de l’élimination des déchets
Les informations collectées dans les ateliers permettent de proposer une première
classification des PICTs selon ces 3 catégories. Il s’agit cependant d’une première approche
qui demandera à être confirmée par des études plus approfondies.
A B
TIMOR LESTE
FIJI
TONGA COOK
NIUE West. SAMOA
MICRONESIA
Am. SAMOA
PALAU
SOLOMON
VANUATU
KIRIBATI PNG
TUVALU
WALLIS
NEW CALEDONIA
Fr. POLYNESIA
Ce séminaire a suscité un réel intérêt chez les participants, et les représentants de plusieurs
pays ont souligné que sa tenue tombait à point nommé compte tenu de l’augmentation des
activités de pêche, transformation, et aquaculture.
44
Conclusion générale
La gestion et l’exploitation durable de la ressource alimentaire marine, dans le
respect de la biodiversité, constitue un véritable enjeu planétaire et il est urgent d’accroître la
mise en valeur de l’intégralité de la biomasse exploitée, tout en respectant l’environnement,
afin de pérenniser la filière mer dans son ensemble4.
Cette étude préliminaire visait à dresser un état des lieux des résidus générés lors de
la transformation des grands pélagiques (principalement le thon) et de leur gestion sur deux
territoires distincts (par leur positionnement géographique et par leur organisation sociétale).
Le constat général est que globalement peu de cas est fait de ces résidus malgré l'intérêt,
notamment nutritionnel, qu'ils revêtent. Qui plus est, lorsque des solutions de gestion sont
mises en place, elles le sont de façon isolée et pour le bénéfice d'un seul acteur.
S'il est difficile sur la base de ces enquêtes préliminaires de tirer des conclusions
quant aux orientations économiques et technologiques à implanter, quelques tendances
communes aux deux territoires peuvent cependant être dégagées:
• la mise en valeur de ces résidus passe obligatoirement par leur mutualisation
afin d'augmenter les volumes et de favoriser les économies d'échelle ;
• même avec cette mutualisation, les volumes restent relativement faibles et
sont insuffisants pour permettre la fabrication de produits de type farine ;
• la qualité de ces résidus est globalement bonne et autorise donc, si elle est
conservée, l'élaboration de produits pour de nombreuses finalités telles
l'agriculture, l'alimentation animale, l'alimentation humaine ;
• les besoins locaux importants, notamment en protéines, pourraient pour partie
être couverts par la mise en valeur de ces résidus.
Tous les acteurs (privés et institutionnels) rencontrés lors de ces enquêtes territoriales, mais
aussi lors du séminaire de Nouméa où étaient présents des représentants des Etats
4
Une part non négligeable des captures marines ne trouve pas de finalité en alimentation humaine. Les rejets (captures
accessoires) représentent à eux seuls 8 millions de tonnes (soit près de 8% du volume des captures). Viennent ensuite les
activités de transformation avec des rendements moyens de 0,5 (50% de filet et 50% de co-produits) puis les pertes
occasionnées lors du stockage et de la distribution. Au final, selon les régions du monde et les pratiques, ce sont entre 30 et
50% des captures qui sont perdues et ne peuvent trouver des finalités alimentaires (Global Food Losses and Food Wastes,
F.A.O, 2011)
45
Insulaires du Pacifique, se disent intéressés voire convaincus. Il ne reste plus aux décideurs
qu’à initier ce chantier qui permettra de renforcer l'image de marque de la filière mer , de
pérenniser voire créer des emplois, de protéger l'environnement et de diminuer la
dépendance, notamment protéique, vis-à-vis de l'extérieur.
46
Références bibliographiques
Nouvelle-Calédonie
Anonyme 2011. Quelques chiffres 2010 sur les pêches maritimes. Service de la Marine
Marchande et des Pêches Maritimes, Nouvelle-Calédonie. 1 p.
Ducrocq et Colin, 2011 - Le traitement des sous-produits de l’industrie de la pêche en
Nouvelle-Calédonie – Eléments pour l’étude de faisabilité. Rapport ADECAL Nov 2011, 30
pages
FAO/WHO, 2004 - Evaluation of certain food additives and contaminants : sixty-first report of
the Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives. WHO technical report series ; 922.
McNeill, A, Blanc,M. , Des Rochers, K., 2008 - Lettre d’information sur les pêches #126 –
Juillet/Septembre 2008
Iles Fidji
Anonymous., 2009 a – National fishery sector overview, Fiji. Fishery and Aquaculture
Country profile, Rome, FAO, October 2009, 13 p.
Anonymous, 2009 b : Fiji Food Balance sheet 2007, National Food and Nutrition Center,
Ministry of Health, 2009, 27 p.
GILLETT R., 2010 : Marine fishery resources of the Pacific Islands. FAO Fisheries and
Aquaculture Technical Paper. N° 537. FAO, Rome. 201 0. 58 p.
VEITAYAKI Joeli, 1995 – Fisheries development in Fiji: the quest for sustainability. Suva,
Fiji, Institute of Pacific Studies, The University of the South Pacific. 1995, 233 p.
47
Liste des entreprises et personnes rencontrées
Nouvelle-Calédonie
Nous adressons nos remerciements aux personnes qui nous ont reçus et ont collaboré à
notre compréhension du secteur étudié :
Jessica BOUYE, Pacific Tuna
Pierre DELIGNE, Pescana
David MASSARD, Pêcheries du nord - SOFINOR
Philippe GONTARD, BioAgri-NC
Virginie ROUSSERY, FINAGRO - SOFINOR
Manuel DUCROCQ et Fabrice COLIN, Adecal/Technopole
Michel BLANC, CPS (Communauté du Pacifique Sud)
Julie-Anne KERANDEL, DDTM, Adm. Affaires Maritimes (contact téléphonique et mel)
We thank heartfully the people who accepted to meet us and to make us visit their facilities,
helping us to understand the organization of the tuna fisheries and processing in Suva.
Mr K. Saman K. AMARASIHNGHE, Viti Foods Limited (canning)
Dr Khairul AZAM, University of South Pacific
Ms CHERIE – Celtrock (fresh fish processing and packing)
Mr X.J. DU, Golden Ocean Group (fishing, canning, loining)
Mr Russell DUNHAM, Fiji Fish marketing Group (fishing, loining)
Mr Jerome GENODEPA, Crab Company of Fiji Limited (crab farming)
Mr John MOA, Department of Fisheries
Ms Cherie MORRIS, University of South Pacific
Mr Suliasi TAKALAYALE, Toyo Bussan (Fiji) Limited (loining)
48
Annexes
49
ANNEXE 1 : Concentration de mercure dans les produits de la pêche en
Nouvelle-Calédonie
Source : Anonyme, 2011 : Problématique de la contamination des poissons par le mercure.
Enquête conjointe DAVAR/DASS initiée en 2011. Document PowerPoint 20 diapos.
http://www.gouv.nc/portal/pls/portal/docs/1/16692018.PDF
Marlin 2,735
Espadon 2,479
Requin Mako 1,731
Saumon des dieux 0,780
Thon bacchi 0,748
Vivaneau 0,568
Voilier 0,388
Thon blanc 0,351
Wahoo 0,336
Mahi Mahi 0,232
Pouate 0,198
Loche saumonée 0,162
Rouget 0,157
Thon jaune 0,152
Loche grisette 0,123
Bossus 0,116
Crabes 0,115
Tazard du lagon 0,112
Requin de récif 0,076
Maquereau 0,072
Bec de canne 0,050
Poulpe 0,031
Picot (loche) 0,030
Raie 0,028
Perroquet 0,028
Mulet 0,028
Dawa 0,028
50
ANNEXE 2 : Préconisations de consommation de poissons pélagiques émises
par le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie (2011)
suite à l’étude DASS/DAVAR sur la contamination des produits de la pêche par le
mercure
Source :
http://www.gouv.nc/portal/page/portal/gouv/actualites/actualite?p_id=24576489
25/08/11
Le gouvernement émet des préconisations de consommation des poissons
pélagiques.
Les enquêtes de la Direction des Affaires Sanitaires (DASS) et de la direction des Affaires
vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) sur la présence de résidus de mercures dans
les poissons (pélagiques) et son éventuelle conséquence sur la santé humaine ont livré leur
verdict.
D’une part, comme ailleurs, les poissons et plus particulièrement les gros spécimens de
plusieurs espèces pélagiques (marlin, espadon, requin mako) ont révélé des traces de
mercure non négligeables.
Par ailleurs, le thon bacchi, le saumon des dieux voire le vivaneau et le wahoo sont aussi
susceptibles d’être plus légèrement contaminés.
Enfin, les enquêtes menées sur les poissons lagonaires, les crustacés ou les céphalopodes
révèlent que ces derniers ne représentent que peu de risque.
51
ANNEXE 3 : Exemples d’unités containeurisées de fabrique de farine de
poisson
52
53
ANNEXE 4 : Production des pêches maritimes aux Iles Fidji
Source : Gillett R., 2010 : Marine fishery resources of the Pacific Islands. FAO Fisheries and
Aquaculture Technical Paper. N° 537. FAO, Rome. 201 0. 58 p.
54
ANNEXE 5 : Part des différentes sources de protéines animales dans l’apport
calorique aux Iles Fidji
Source : « Fiji Food Balance sheet 2007 », National Food and Nutrition Center, Ministry of
Health, 2009
55
ANNEXE 6 : Some details about upgrading strategies for fish byproducts
Commentaires sur les stratégies de valorisation des co-produits de poisson
Diminution
Mince
Mince is produced by recovering flesh from whole fish or the frames that are left. Several
grades of minces can be distinguished: the upper one made from fresh raw material (such as
belly cavity) is light in color and used for food purpose while the lowest grade produced by
deboning fish frames is a dark coloured one for feed purpose and most of the time petfood
Mechanical separation is preferred to chemical one (higher yield but lower quality), resulting
product is usually frozen in plates and sold as this.
Pulp
Derived from fish mince. Mince obtained as described above is washed with clean water to
eliminate fat and soluble proteins leading to a white product without colour and odour. The
most elaborated product using such strategy is the surimi base entering into surimi process.
Soup, sauce
For food purpose, the process is simple involving boiling seafood with other ingredients and
spices followed by packaging and cold storage (or pasteurization).
Recycling
Silage
The raw materials are grinded, mixed with formic acid (to reach pH 4 or less) and the
liquefaction process occurs (duration up to several weeks) through the internal enzymes
action, leading to a thick and viscous material. Silage is used for animal feeding or fertilizing
purposes.
Composting
Composting is the controlled decomposition of biodegradable materials under managed
conditions that are predominately aerobic. It allows the development of high temperatures (as
a result of biological action) to produce compost. It takes a further 6-8 weeks to produce
stable and sanitary compost. Seafood wastes have a very low C:N ratio which implies their
mixing with high proportion of other wastes, before composting.
Landspreading
This is not strictly a treatment. Previous (bio)chemical analyzes of soil and wastes are
needed to assess the agricultural and/or ecological benefit. Incorporation into the soil has to
be done as soon as possible to avoid odour nuisance.
Fish bones
Bones can be used for gelatine/collagen production, land remediation and mineral
supplementation (soil, feed, food). They are a by-product of a flesh separation such as
mincing or hydrolysis (organic content as to be limited as low as possible) and thus can lead
to additional revenue.
57
Incineration with energy recovery
During incineration waste is combusted and the heat is recovered indirectly through heat
transfer into steam or hot water. However, seafood wastes contain large amount of water and
the organic combustible component is low.
Biofuels
Fat or oil can be used as biofuels for energy producing. The most well known strategy is the
biodiesel production. Biodiesel is made through a chemical process (transesterification)
leading to methyl esters (chemical name for biodiesel) and glycerine. It involves drying of the
oil to remove water, methanol and sodium or potassium hydroxide addition. A much more
simple strategy however exists which is the direct use of oil as biofuels notably in diesel
engine (the one used for fishing fleet). Such strategy is much more economic and rapid as it
does only require water removal and filtration to retain small particles.
Disposal
Disposal at sea
This is not an upgrading strategy but will avoid some environmental problem if the site is well
chosen based on logistic factors, and physical and biological features. The key factor is the
high assimilative capacity.
Incineration
Waste is combusted into combustion plant with additional fuel. The high moisture content of
fish wastes will increase the cost of incineration but the waste will be reduced to ashes that
can be landfilled or recycled.
58
ANNEX 7
REPORT: SPC/IFREMER Seminar on fish waste utilization
June 11, 2012
Noumea, New Caledonia
In June 2012, the Secretariat of the Pacific Community -SPC- (Michel Blanc, Tim Pickering and Michael
Sharp) and the French Research Institute for Exploration of the Sea -IFREMER- (Jean-Pascal Bergé,
Liet Chim) with Catherine Mariojouls –AgroParisTech- organized a seminar that focused on the
problem of under-utilization of fish waste and the potential uses of the waste in the region.
SUMMARY
The seminar provided opportunity for dissemination of information on fish waste utilisation
through a series of presentations, which can be accessed on:
http://www.spc.int/DigitalLibrary/Events/Fish_Waste_2012.
Session 1 focused on the problem of underutilization of fish waste and the potential uses of
the waste, and it introduced a general framework to when considering waste utilisation.
There was also a summary of fish waste production in the Pacific region, which introduced a
typology for categorising producers of fish waste in the region. The typology adopts the
following definitions:
The afternoon sessions provided opportunity for exchange of ideas and brainstorming
among participants. Working groups discussed and documented the present situation and
possible future for fish waste utilisation in their countries, while considering the constraints
for utilisation of fish waste.
These discussions led to developing some recommendations (action items) for improving the
situation of fish wastes utilization in the Pacific Island Countries and Territories. The four key
recommendations are:
The role of public policies was underlined as an important factor to achieving better
utilisation of waste (or reduced waste) in the region.
PARTICIPANTS
The one-day seminar was organized following a week of meetings with Heads of Fisheries
(HOF) of PICTs at the Secretariat of the Pacific Community (SPC) in Noumea, New Caledonia.
This gave opportunity to have an international audience of around 50 people from numerous
countries, gathering representative from public and private sectors. HOF and
representatives from fishing associations from numerous PICTs, regional stakeholders,
private sector, government and non-government organizations and experts in fish waste
utilization all attended and contributed to the recommendations herein. A full list of
participants is provided in appendix 2.
SUMMARY of PRESENTATIONS
130 million tons of fish waste is produced globally on an annual basis (from capture and
aquaculture industries). This consists of by-catch, waste-on-board, home waste and
industrial waste. The waste is often disposed in landfill or dumped at sea, however there are
alternative uses that add economic value.
Mass transformation is one form of utilisation. Some examples of products include: fish
meal, oil, fertilizer and conversion into hydrolysate.
Sorting is another way for adding value to fish waste. Some examples of products produced
by processing after sorting include: liver oil, gelatine, omega 3, protein sports food/drinks,
calcium, cosmetics, biotechnology and pharmaceuticals.
When considering how to manage fish waste, the following framework can be adopted:
→ identify the availability (or production) of fish waste;
→ assess the current use of this fish waste;
60
→ identify the potential application for this by-product; and
→ develop a strategy for exploiting the by-product for environmental and economic
gain.
In the Pacific, there are many producers of fish waste at the industrial and artisanal level.
Some examples of producers include canneries, longliners, purse seiners, small-scale fishers
and processing operations, fish markets and commercial processing companies. In addition
to many producers, there are also many potential utilisers, which range from human
consumption to aquaculture to further refining (sorting) for international marketing.
Generally, the production in the Pacific is not well documented, however it is recognised that
there is a need to find ways to better utilise fish waste for environmental and economic
reasons.
Then the results were presented to the plenary with open discussion on the future actions
that are needed to improve fish waste utilization in the Pacific.
A summary of the working group outputs is provided below, with detailed outputs for areas
1, 2 and 3 provided in appendix 4, 5 and 6 respectively.
Work-groups output
At the outset, it must be acknowledged that the outputs from the working groups, which are
summarized in this section and detailed in appendix 4, 5 and 6, are the views of the seminar
participants and they do not necessarily represent the actual situation. Although the data
cannot be fully relied upon, the seminar gave opportunity to collate information from
industry experts and present a snapshot of the current status of waste and its’ utilization in
the Pacific.
The situation of each country and/or sub-part of a country has been characterized by the
reporters in appendix 4 using these typologies. As a summary of the findings, the figure
below represents the general context for all participating PICTs.
62
Snapshot 2: potential uses of fish waste in the pacific
It was highlighted that, in some countries (e.g. context A), there is a very small amount of
fish waste and no change is required due to entire use of fish byproducts.
Concerning the potential uses in context B and C, the question has been treated through a
general discussion and not at country level. Appendix 4 summarize the potential uses that
were identified by each working group, which followed the applications that were proposed
in Mr. Jean-Pascal Bergé’s (Ifremer) presentation (refer appendix 3, S1.P1).
Below is a summary of the potential uses of fish waste in the Pacific, as identified by the
working groups.
63
Snapshot 3: constraining factors to full utilization of fish waste
Participants were asked to identify the constraints to efficient and profitable utilization of
fish waste and bundle these constraints into the following categories: economics, extension
and development, commercial, supply chain organization, fisheries sector, public policies,
and administrative organization.
Appendix 5 provides a full list of the identified constraints for each working group, with the
below presenting a summary of the discussions.
Application Constraints
Upfront investment for efficient use of waste is large
Large scale is needed to be competitive
Operational costs for producing a low value product are high
Economics
There is uncertainty about the production costs and market (price) for
by-products
Public sector subsidies may inhibit private sector investment
Technical expertise for high-technology waste utilization is lacking in
Extension and the region
development Support and awareness around the potential uses for waste in the
region is also lacking
People are generally unaware of the potential applications for fish
Commercial waste
Few market data are available
Collaboration and cooperation is required to get sufficient supplies to
warrant fish waste utilization – this is especially the case for small scale
Supply chain
players who have small volume, wide spread geographic distribution of
organization
fish waste
Efficient collection mechanisms are not available
Policy required to encourages landing of by-catch and incentive to land
Fisheries sector
the guts (for fish silage)
Infrastructure for large scale value adding is lacking in the region
Facilities
Administrative Separate regional administrations resulting in a lack of global strategy
organization
Public policy and legislation hinder use of fish waste (e.g. HACCP,
Public policies
policies that restrict landing of fish guts, etc)
64
iv. A summary of the main regional producers, user groups and opportunities for fish waste
utilization is required; and
v. Develop and implement pilot public-private partnerships (public science, private expertise) to
test ideas.
1. Improve information about the potential applications for fish waste and develop a
decision tool to assist companies (or countries) to compare various waste utilization
alternatives and decide on the most appropriate option
It is proposed that SPC and Ifremer will prepare a short note (e.g. policy brief)
gathering the main information about possible uses, technologies, application
sectors, and the main conditions to consider for the choice of wastes utilization
route. This will incorporate the decision making framework for utilization of this
waste.
3. Develop a mobile pilot processing plant for testing and demonstrating different
technologies leading to different products.
The choice of a technology for using fish wastes relies on tests for obtaining accurate data to
determine the technical and economic feasibility. It is proposed that a mobile technological
platform is developed at pilot scale, with a series of machines allowing the testing of
different technologies.
The machines could be installed in a shipping container allowing making it available in
different places, countries and contexts. It would be a first tool for research and
development programs and provide a location to demonstrate different fish waste utilization
techniques to major producers of fish waste in the region. It is expected that this facility
would provide data for research and a means to demonstrate fish waste utilizing
technologies that can be adopted by the private sector.
65
Conclusion
The role of public policy was highlighted as a major step towards better fish waste utilization.
There is a need for research and extension programs that target private sector development
for sustained wholly encompassing fish waste utilization.
Several representatives declared that holding this seminar on “fish wastes” was welcomed as
opportunities to act for lowering this spoilage of valuable resources are now offered,
especially in an environment of increased fish catch and processing in many Pacific Island
Countries and Territories.
66
Appendix 1: seminar program
67
Appendix 2: seminar participants from PICTs, partner organisations and SPC
Country representatives
Name Organisation Country
Ray Tulafono Department of Marine and Wildlife American Samoa
Resources
Koroa Raumea Ministry of Marine Resources Cook Islands
Shalendra Singh Ministry of Fisheries and Forests Fiji
Josyane Couratier Délégation de la France auprès de la CPS France
Catherine Mariojouls AgroParisTech France
68
Partner organisations
Name Organisation Country
Poroaiti Arokapiti Arama & Associates Cook Islands
Hardyson Lekolo
Artisanal Fishermen's Association of the Solomon Islands
Maenu'u Solomon Islands
Nicolas Guillemot Fisheries and Marine Environments New Caledonia
Nicole Franz Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Carlos Fuentevilla Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Florence Poulain Food and Agriculture Organization of the Italy
United Nations (FAO)
Masanami Izumi Food and Agriculture Organization of the Samoa
United Nations (FAO)
Li Chang Hong Golden Ocean Fish Limited Fiji
Prasert Charoensuk International Collective in Support of Thailand
Ravadee Fishworkers (ICSF)
Kazuo Udagawa Japan International Cooperation Agency Suva
(JICA)
Jimmy Langley KANGO Association Kiribati
Catherine Kila Madang Fisheries Cooperative Society Papua New
Guinea
Tupou Naitilima Pacific Islands Tuna Industry Association Tonga
Andrew Smith The Nature Conservancy Australia
Sikela Ulumutu Tuvalu Fishermen’s Association Tuvalu
Helene Jacot des University of the South Pacific (USP) Fiji
Combes
Eric Festa Vanuatu Sport Fishing Association Vanuatu
Graham Marsh Wahoo Enterprises Ltd Niue
69
Appendix 3: key points from seminar presentations (Sessions 1 & 2)
SESSION 1
S1.P2: General framework to think about fish waste utilisation: a multistep procedure
• Availability of fish by-products:
o fresh finfish Who has the product?
o fresh shellfish
o fish canneries
o fish smoking factories
o fish frozen products
} When is it available?
Where is it available?
70
o conduct research and development
o identify stakeholders
o project planning, evaluation and comparison of options
S1.COMMENTS:
American Samoa has two canneries, which produce pet food and fish meal from their by-
product with very little being dumped into the ocean. The small scale sector doesn’t have a
lot of waste, but the small amount is not processed and it is thought that majority is fed to
pigs.
American Samoa requested advice on cost of developing fish silage at the artisanal level. In
addition to this, it is viewed that the canneries can add more value to their by-product by
raising protein value.
SESSION 2:
S2.P1: Small-scale unit: fish silage (BioAgri-NC).
• Small scale production unit.
• Source raw material for free from local tuna processing companies.
• Simple production that is reliant on availability of cheap raw materials.
• Heavy competition with inorganic imports.
Comments/questions:
• How much was the investment? Close to CFP 10 million. A new grinder costs CFP 2.5 to 3.5
million (depending on import duty).
• Consideration of operating cost (electricity) is required when planning what size grinder is
required. Low power technology can be adapted to improve energy efficiency.
• Women play an important role in this business.
• Flies and rats are not a problem due to the addition of formic acid, which stabilizes the product.
• Would like to make sausage/fish cakes if legislation permitted.
71
• Can’t use fish guts to replace the formic acid due to legislation that fish guts must be discarded at
sea.
Comments/questions:
• Diversification achieved by R&D and investment that improved quality and achieved economies
of scale.
• The niche market was created by this company, which took significant risk.
Comments/questions:
• Above quoted FIFO average of 650kg seems optimistic.
Comments/questions:
• There is room for improvement in this area, especially in regards to meeting sanitary
requirements for human consumed by-product.
72
S2.P6: Waste from fresh chilled tuna exports – Kiribati Fishing Venture (Golden Ocean)
• Fish sawdust and bones are given away to pig farmers, with the remainder going to landfill.
• There is interest in:
o Silage production
o Gelatine production
o Fish meal and fish oil production
• For this to occur, there is a need for:
o Technical advice
o Investment assistance
o Logistical support
73
Appendix 4: availability and present use of fish waste in the pacific
FISHERY TYPE AMOUNT OF WASTE CONTEXT
PROCESSING
COUNTRY CURRENT USE OF WASTE
Artisanal / ACTIVITY Artisanal /
Industrial Industrial A B C
subsistence subsistence
Group 1:
No waste (by- Fish market: guts, skin, and bones – disposal /
American products ocean.
Y 2 x canneries Large X X
Samoa consumed in Industrial: Fish meal & oil, pet food (red meat),
communities) human food (heads) and some dumped at sea
longline landings
Cook Islands
Y in American No waste Pig feed X
(North)
Samoa canneries
Cook Islands
Y Pig feed, fertilizers X
(South)
Artisanal: Feed to pigs and dogs, probably guts
Est. 5000 MT
longline dumped at sea
Est. 2500 MT from
Fiji Y processing 1 x cannery Longline: Heads for local and home X X
per annum longliners; and
companies consumption; fish feed
cannery?
Connery: Fish meal and oil
Project to
Artisanal (bones, guts, skin): bones mostly
establish an
dumped at sea; guts and skins fed to pigs, with
Kiribati Y industrial Est. 1000 MT X X
some used for fertilizer
processing
Industrial: to be determined
facility
Tuna export
Artisanal: no waste, bones fed to pigs
Timor Leste Y company, just Very small X ?
Industrial: to be determined
starting
Artisanal: heads consumed and other waste fed
25,000 MT
Transshipment to pigs and pets
Solomon (based on
Y discards sold on Tuna cannery Est. 600 MT Industrial: Fish meal, large bones and other X X
Islands 100,000 MT
local market wastes dumped at sea; undersized fish sold on
catch)
local market
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1 export
company: Artisanal: fed to pigs and pets
Vanuatu Y Very small Small X ?
sashimi grade, Industrial: fins only (fish gutted at sea)
fresh whole tuna
3 processing
Artisanal: fed to pigs and pets
Palau Y plants: exporting Very small Small X ?
Industrial: fins only
fresh tuna
Group 2:
Niue Y N Very small 100% used, silage didn't work X
Tonga Y ? Very small 100% used X
Large
(industrial
Canneries; huge fishing
Papua New Fishmeal (4 sites) produced by canneries for
Y Y industrial bycatch) X
Guinea export to SE Asia and Australia
development 40% of waste
(4 x 13000m
MT?)
320 MT waste
Gilled and
Fiji (Tripacific) Loining (per 800 MT Fishmeal? - some projects X
gutted 1000T
fish)
Note: foreign
license with Currently dumped at sea (noting foreign license
Cook Islands Y 2 loining plants X
condition on condition)
food security
Buried in landfill
4 plants before, Fishermen complaints prevent free gift of
Micronesia Y ? X
1 now byproducts (byproduct competing with fishers
on the market)
Samoa
2 processors Pig and tilapia feed, or dumped at sea X X
(western)
Pig feed.
Tuvalu Y N No waste Bycatch is dumped into the lagoon (est. 20-40 X
MT)
75
Group 3:
Wallis Y N N Est. 50 MT Dumped at sea and landfill X
Processing
French plants for sale
Est. 3000-4000
Polynesia Y on local and Y Dumped at sea and landfill X
MT
(Tahiti) international
markets
Abundant
French Pearl (shell, mantle,
Dumped at sea, some muscle consumed locally X
Polynesia farming digestive
gland)
Dumped landfill; small silage production; small
New Caledonia Y Y 3 plants 300 MT 1000 MT X
amount used as feed for aquaculture (lobster)
76
Appendix 5: potential uses of fish waste in the pacific
Application Working group 1 Working group 2 Working group 3
Fertilizers Fish silage, but it needs to be New Caledonia : under study
Organic “pesticides” (ants) marketed (to convince people) and development, fish silage
Silage from wastes or discards production as organic fertilizer;
Agriculture trials currently carried out on
composting
Some current trials in Tahiti to
produce silage as organic
fertilizer and composting
Aquaculture feed Fish meal & fish oil Scheduled trials in NC for mud
PNG has big potential for crab culture
production of fish feed, but fish
Feed
meal is worth more for export
Use of ‘stick water’ from meal
process: add to fishmeal or
make hydrolysates
Discards from tuna Tuna “stock” (Japanese cuisine)
Food (human) transshipment for human from fish dust
consumption
Gelatin
Collagen for micro-encapsulated
Pharmacy
medicines for farmed fish
(vet.)
(improves palatability)
Shells (jewelry), crustaceann Bycatch is undervalued fish
shells cakes, jerky, etc
Other
Bait for longliners or game-
fishing
77
Appendix 6: constraints for the development of by-product use
Application Working group 1 Working group 2 Working group 3
Initial investment (large scale Accurate costing and scale of Accurate costing according
needed) production technologies available.
Economics
Operational costs Scale of investments needed is Public subsidies may refrain
Scale of operation for viability unknown private initiatives
Technical expertise Technical support Technical expertise for
Extension and
production of products other
development
than silage
Markets Familiarity with the possible Lack of market information
Commercial
products
Companies networking Continuity of supply (to give Scattered sources of waste (e.g.
necessary for the supply of continuity) 400 km from Nouméa to
wastes, collaboration Koumac)
Need collaboration for small
Supply chain
scale actors: limited volume,
organization
spread out; how to collect to
usable amount?
For aquaculture farms: how to
get fish waste?
How to keep on boats and land
Fisheries sector the guts from fish (for silage) &
discarded fish
Lacking infrastructure for large
Facilities scale treatment
Separate regional
Administrative
administrations, lack of global
organization
strategy
Public policy and legislation eg
Public policies HACCP
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