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Cancer et Nutrition
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Maamri Abdellatif
Université Mohammed Premier
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DIRECTEUR DE LA
PUBLICATION
PR A. MAAMRI
CANCER &
p
NUTRITION
NUMERO 8
VOLUME 1
JUILLET 2016
Edité par Pr A. Maamri
Faculté des Sciences Oujda
OPEN ACCESS
Copyright © Annales des sciences de la santé
Online
http://revues.imist.ma/?journal=A2S
Tous droits réservés
Dépôt légal
ISSN : 2421-8936
Contact : annalesdessciencesdelasante@gmail.comom
N° 8, Vol. 1: 1-11 MAAMRI A., 2016
Cancer et Nutrition
A. MAAMRI
Faculté des Sciences, Département de Biologie, Oujda
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Plusieurs recherches durant les quarante dernières d’un cancer. On suppose aujourd’hui que les
années ont montré l’incrimination de la nutrition graisses alimentaires influent sur le
dans la survenue de certains cancers développement des cancers du sein, du côlon, de
(WCRF/AICR, 2007 in INCa, 2009). Il faut l’ovaire et des reins. Autre exemple : si le cancer
prendre en compte tant la composante ‘apports de l'estomac peut avoir une origine infectieuse, ce
nutritionnels’ que la composante dépenses, en sont plutôt les carences alimentaires en fruits et
particulier la dépense énergétique liée à l'activité légumes et la consommation élevée d'aliments
physique, afin de maintenir un équilibre entre les salés qui seraient à l'origine de bon nombre des
deux. La nutrition recouvre à la fois cas de cancer observés en Asie ou en Afrique.
l’alimentation et l’activité physique, et fait partie
En effet, plusieurs études admettent que
des facteurs comportementaux sur lesquels il est
l’alimentation joue un rôle majeur dans la
possible d’agir pour accroître la prévention des
cancérogenèse, quoiqu’il ne soit pas aussi facile
cancers. Les données convaincantes sur les
de le mettre en évidence que celui d’autres
facteurs qui augmentent le risque de cancer
carcinogènes environnementaux tel le tabac par
concernent principalement le surpoids et
exemple. La relation alimentation-cancer est
l’obésité, la consommation de boissons
complexe, d’une part, parce que le cancer est une
alcoolisées et l’excès de viandes rouges ou de
maladie multifactorielle qui se déroule en
charcuteries (WCRF/ AICR, 2007 in INCa,
plusieurs étapes, d’autre part, parce que
2009).
l’alimentation est un phénomène complexe
mettant en jeu des facteurs de comportement et de
a- Cancer et alimentation
culture, mais aussi parce que l’aliment lui-même
L'alimentation est un facteur environnemental est constitué de très nombreux microconstituants,
souvent cité. Étant donné la diversité des régimes chacun pouvant avoir un rôle à jouer, isolément
alimentaires, il est souvent difficile d’établir ou en synergie. La part de l’alimentation dans la
expérimentalement une relation causale entre un genèse des cancers est estimée à 30 % mais avec
élément donné de l’alimentation et la survenue
une large marge d’incertitude (10 à 60 %) nutrition, 2001) : plus d’un tiers des cancers sont
(Collège des enseignants de nutrition, 2001). évitables par une meilleure maîtrise de
En effet, l’alimentation apporte à l’organisme une l’alimentation, et près de 70 % des cancers
multitude de nutriments et autres micro- colorectaux pourraient être évités dans les pays
constituants qui auront des effets divers. Certains occidentaux en changeant de mode de vie
ont un effet inducteur et/ou promoteur de la (Clavel-Chapelon & Boutron-Ruault, 2005).
cancérogenèse, alors qu’au contraire d’autres ont
un effet protecteur (Collège des enseignant de
Tableau I- Principales relations concluantes entre des facteurs alimentaires ou nutritionnels et le
risque de cancer, mentionnées dans le rapport WCRF/AICR, 2007 cités par INCa (2009).
Augmentation du risque du cancer Diminution du risque du cancer
Facteur alimentaire ou Localisation du cancer Facteur alimentaire ou Localisation du
nutritionnel nutritionnel cancer
Surpoids et obésité Œsophage Activité physique Colon rectum
Pancréas Sein*
Colon rectum Endomètre*
Sein (post ménopause) Fruits Bouche*
Endomètre utérin Pharynx*
Rein Œsophage*
Vésicule biliaire* Poumon*
Boissons alcoolisées Bouche Estomac*
Pharynx Légumes non Bouche*
Larynx féculents Pharynx*
Œsophage Larynx*
Colon rectum Œsophage*
Sein Estomac*
Foie Allaitement Sein
Colon rectum Aliments contenant Colon rectum*
des fibres
Viandes rouges Colon rectum
Charcuteries Colon rectum
Sel Estomac*
Aliments salés Estomac*
Compléments Poumon
alimentaires à base de
béta carotène
* : niveau de preuve probable, pour les autres : niveau de preuve convaincant
De même, les données scientifiques sur la relation la population espagnole (poumon, colorectal,
entre nutrition et tumeurs les plus fréquentes dans prostate, sein et estomac) ont conclu que la
consommation de viande rouge transformée est pour le cancer du sein, 14 % pour le cancer du
positivement associée au cancer colorectal et pancréas, 15 % pour le cancer colorectal, 31 %
probablement à celui de l'estomac (INCa, 2009). pour le cancer du rein, 52 % pour le cancer de
Les graisses animales pourraient être associées au l’endomètre et 55 % pour celui de l’œsophage.
cancer colorectal et probablement à ceux de la De Goursac (2006) rapporte aussi que l'obésité
prostate et du sein. La consommation importante est un facteur de risque reconnu des cancers
d'alcool augmente le risque de cancers colorectal colorectal et du sein chez les femmes
et du sein, tandis que les produits laitiers et le ménopausées, tandis que les aliments à forts
calcium semblent diminuer le risque de cancer index et charge glycémiques pourraient
colorectal (INCa, 2009). augmenter le risque de cancers colorectal et de la
On trouve aussi dans la chaîne de production prostate. A noter que le cancer du côlon et les
alimentaire de nombreux contaminants cancers hormono-dépendants de l’homme
(pesticides, produits chimiques…) susceptibles de (prostate) et de la femme (sein, endomètre,
favoriser l'apparition de cancers. Des soupçons ovaire) sont le plus souvent associés à un type
existent, et parfois même des preuves de toxicité d’obésité bien caractérisé, l’obésité
au niveau cellulaire, mais à ce jour seules des abdominale/viscérale (Collège des enseignant de
études à l'échelle des populations permettent de nutrition, 2001).
mettre en évidence certains liens.
Tableau II- Estimation de l’augmentation du
risque de cancers pour une augmentation de la
b- Cancer et obésité corpulence de 5 points d’IMC pour les
relations jugées convaincantes (INCa, 2009).
Le risque de la cancérogenèse de l’alimentation
Localisation % d’augmentation du
se voit principalement si associé à d’autres risque de cancers pour
une augmentation de
facteurs tels que surpoids et obésité. Il est estimé
l’IMC de 5 kg/m²
qu’en France, pour l’année 2000, le surpoids et Adénocarcinome de 55
l’œsophage
l’obésité ont été responsables d’environ 2300
Endomètre 52
décès par cancer (IARC, 2007). De même WCRF Rein 31
et AICR (2007) précisent dans leur rapport Côlon rectum 15
Pancréas 14
conjoint qu’une augmentation de l’indice de Sein (après 8
masse corporelle (IMC)² (indice de masse ménopause)
La viande rouge (bœuf, porc, mouton et chèvre) en cancérogènes par les bactéries intestinales).
et charcuteries augmentent le risque de cancer du Néanmoins, certains de ces précurseurs ont aussi
côlon et du rectum (WCRF/ AICR, 2007 in INCa, été trouvés dans le poisson et la volaille grillés,
2009). Les données permettent d’estimer une dont la consommation n’augmente pas le risque
augmentation de 29 % du risque de cancer de cancer colorectal.
colorectal par portion de 100 g de viandes rouges Tableau III- Estimation de l’augmentation du
risque de cancers colorectal /portion de
consommée par jour et une augmentation de 21 %
viandes rouges ou de charcuteries pour les
du risque par portion de 50g de charcuteries relations jugées convaincantes (INCa, 2009)
% d’augmentation Taille de la
consommées par jour (WCRF/ AICR, 2007 in
du risque de cancer portion
INCa, 2009). Une méta-analyse du CIRC (2009) colorectal
/portion /jour
exprime un risque relatif (RR) de 1,12 pour les
Viandes 29 100g
viandes, et de 1,36 pour les charcuteries rouges
concernant le cancer du côlon. Cependant, les Charcuteries 21 50g
Tableau IV- Alimentation et cancer adapté par voies aérodigestives supérieures (bouche,
Hill 1995
pharynx, larynx et oesophage). Par exemple, le
Risques Graisses Viandes Fruits et
légumes risque de cancers de la cavité buccale est environ
Pas 3 4 1 six fois plus élevé chez les gros buveurs que chez
d’association
Relation 2 5 0 les abstinents (Bagnardi et al., 2001 ; Corrao et
positive al., 2004 in INCa / NACRe, 2007).
Relation 2 2 5
négative Les études récentes montrent également une
association entre la consommation d’alcool et le
Le rôle des aliments riches en nitrites dans la risque de cancer colorectal dans les deux sexes et
survenue de tumeurs cérébrales a été aussi discuté le risque de cancer du sein chez la Femme (INCa
mais avec des résultats non concordants. Les / NACRe, 2007, PEIN, 2009). Le rapport WCRF/
nitrates ou nitrites (provenant d’aliments fumés, AICR (2007) estime une augmentation du risque
de charcuteries, d’eau de boisson riche en de cancers par verre de boisson alcoolisée par
nitrates) consommés dans des conditions qui jour à 9 % pour le cancer colorectal, 10 % pour le
donnent, après transformation dans l’estomac, des cancer du sein, 25 % pour le cancer de
nitrites et autres composés nitrosés sont classés l’œsophage et 168 % pour le cancer de la bouche,
cancérogènes probables par le CIRC (Afsset, du pharynx et du larynx (Tableau XIV). La
2009). consommation de boissons alcoolisées augmente
également le risque de cancer du foie,
d- Cancer et alcool généralement après développement d’une
Le risque de cancer augmente avec la dose cirrhose alcoolique (dans les populations peu
d’éthanol apportée par les boissons alcoolisées, exposées aux virus de l’hépatite B ou de
sans effet de seuil (INSERM, 2001). En 2002, il a l’hépatite C, comme c’est le cas en Europe)
été estimé qu’en Europe près de 150 000 cas de (Corrao et al. 2004 in INCa / NACRe 2007).
cancers pouvaient être directement attribuables à
l’alcool (Boffetta, 2006 in INCa / NACRe, 2007).
De ce fait, la consommation de boissons
alcoolisées est la seconde cause évitable de
mortalité par cancer, après le tabac
(INCa/NACRe, 2007). Cette consommation
augmente fortement le risque des cancers des
Tableau VI- Estimation du risque de cancers par verre d’alcool consommé par jour pour les
relations jugées convaincantes (INCa, 2009).
plus actifs par rapport aux moins actifs se En France, 63-79 % des adultes de 18 à 74
situe entre 18 et 29 % selon le type ans pratiquent un niveau d’activité physique
d’activité physique considéré ou son équivalent à au moins 30 minutes d’activité
intensité (WCRF/AICR, 2007). Pour physique modérée par jour au moins 5 fois
l’année 2000, il a été estimé qu’en France, par semaine. Un niveau d’activité physique
environ 2200 décès par cancers étaient élevé est pratiqué par 44 à 46 % des adultes.
attribuables à l’inactivité (IARC, 2007). En
Tableau VIII- Estimation de la
plus de la limitation du surpoids, l’activité
diminution du risque du cancer du côlon
physique protège contre le risque du cancer pour les individus les plus actifs par
rapport aux moins actifs pour les
du côlon (- 40 à -50%), du cancer du sein
relations jugées convaincantes (INCa,
surtout après la ménopause (-30 à -40%), 2009)
Types d’activité % de diminution
du cancer de la prostate (-10 à -30%), du
physique du risque de
cancer du poumon (- 30 à -40%) (PEIN, cancer du côlon
pour les individus
2009). Une méta-analyse de Freudenreich et
les plus actifs/aux
al., (2005) réalisée sur 27 études a montré moins actifs
Activité physique totale 23
que la majorité (21 études) suggère une
Activité physique 29
relation inverse entre la pratique sportive et professionnelle
le risque de cancer du sein, 4 ne montrent Activité physique de 18
loisir
aucune relation et deux une relation Intensité de l’activité 20
positive. Cet effet protecteur serait plus physique de loisir
Résumé Abstract
Le cancer est une maladie complexe dont les Cancer is a complex disease with multiple risk
facteurs de risque sont multiples, les stades factors, the evolutionary stages are very varied
évolutifs sont très variés et les mécanismes de and processing mechanisms are highly
transformation sont extrêmement interconnected and now deciphered. The
interconnectés et désormais déchiffrés. La complexity results from the alteration of the
complexité résulte de l’altération de expression of oncogenic sequences and tumor
l’expression des séquences oncogéniques et suppressor genes. Tumors growth requires
des gènes suppresseurs de tumeurs. La passing a cell from a somatic or germ state to
transformation tumorale a besoin du passage an anarchic state in which their divisions
d’une cellule d’un état somatique ou germinal become sun controlled. The development of
à un état anarchique dont leur division devient therapies now possible to specifically target
incontrôlable. Le développement des thérapies cancer cells without altered other normal cells.
ne permettrait désormais de cibler The natural origins of compounds have
spécifiquement les cellules cancéreuses sans demonstrated their ability to overcome these
altérer d’autres cellules normales. Les therapeutic failures.
composés d’origines naturelles sont montrés
capables de surmonter ces échecs
thérapeutiques. Keywords : Cancer, cancerotherapy;
Mots clés : Cancer ; cancérothérapie ; nutritherapy.
Nutrithérapie.
régimes alimentaires sont riches par des sont considérées comme étant
molécules qui modifient l’état épigénétique pharmacologiquement sécuritaires. Cela
soit au niveau de la méthylation d’ADN limite l’utilisation des médicaments de
et/ou par modification des histones synthèse à cause de leur toxicité sur
générant ainsi des expressions aberrantes l’organisme. Parmi les produits qui sont
qui prédisposées à une transformation considérés comme des nutraceutiques
tumorale. antitumoraux, on cite les fruits, les
légumes le thé et certaines épices. Ces
Nutrithérapie anticancéreuse aliments ont été prouvé anticancéreux par
Afin de diminuer les effets secondaires de nombreuses études épidémiologiques.
reliés aux thérapies anticancéreuses et Les études expérimentales in vitro et in
d'augmenter leur efficacité, de nouveaux vivo sont en consonance avec des
axes de recherche dans le traitement du nutraceutiques anticancéreuses. Elles ont
cancer ont vu le jour. Parmi ceux-ci, la montré que l’action antitumorale contre
nutrithérapie. Le concept de nutrithérapie des ces nutriments due essentiellement à
est né suite à l'observation, que des des composés phytochimiques présents
molécules présentent naturellement dans dans ces aliments tels que les polyphénols
les nutriments ont de plus le rôle de (curcuminoïdes, flavonoïdes et catéchines),
molécule de base un effet thérapeutique les composés sulfurés (isothiocyanates et
(Bouyahya, 2016). Dans la thérapie diallylsulphides), les terpènes
cancéreuse, certaines molécules isolées (caroténoïdes et monoterpènes) et les
d’aliments ont induit la mort des cellules saponines (triterpénoïdes et stéroïdes).
cancéreuses d’une manière sélectives, d’où D’autres études très récentes in silico ont
l’idée d’utiliser de ces molécules de façon montré que les interactions entre certains
naturelles via l’alimentation afin d’éviter le nutriments et l’expression génique réduit la
développement ou la progression tumorale. susceptibilité des risques liés au cancer du
L'avantage d’utilisation de ces molécules sein. Modulation est due essentiellement à
réside qu’ils sont contenus dans les la réduction du taux de méthylation des
aliments ce qui rend leur utilisation ilots CpG du promoteur du gène BRCA1 et
quotidiennement possible. En effet, le de superoxide dismutase (Naushadet al.,
développement des maladies du cancer 2016).
La composition totale de ces aliments est En effet, elle a été montrée efficace pour
complexe et très diverse et par conséquent des effets antitumoraux, antioxydants, anti-
ils agissent sur une panoplie des cibles inflammatoires et anti-angiogénique très
thérapeutique (pour guérir des maladies du puissantes. Plus récemment certaines
cancer). Ces composés peuvent en fait études sont focalisées sur l’étude de
présenter une cytotoxicité antitumorale, l’activité de curcumine dans la modulation
inhiber l’angiogenèse, arrêter le cycle de l’expression génique, et elles ont montré
cellulaire et réactiver les réponses du qu’effectivement, cette molécule capable
système immunitaire. Plusieurs aliments de modifier voire moduler l’expression de
dits nutraceutiques sont très riches en certaines protéines y compris Akt, MAPK,
certains composés qui peuvent agit à la fois p53, Nrf2, Notch-1, JAK/STAT, β-
sur plusieurs cibles moléculaires citées. Le catenin, and AMPK (5'-AMP-activated
thé (catéchines), le soja (la génistéine), l'ail protein kinase) (Shehzad et Lee, 2013). La
(diallylsulfide), des fraises (l'acide perturbation dans l’expression de ces
éllagique), les bleuets (delphinidine), les molécules pourrait générer des phénotypes
tomates (lycopène), les raisins très tumoraux. La curcumine capable aussi
(resvératrol), le brocoli (sulforaphane) et le d’arrêter le cycle cellulaire dans les
curcuma (curcumine). Parmi les aliments différentes phases conduisant à l’apoptose
nutraceutiques le curcuma (Curcuma longa de cellule tumorale via une activation
L.); plante de la famille des Zingibéracées. éventuelle des voies dépendantes et/ou
Elle est utilisée en tant qu'épice, mais aussi indépendantes des caspases.
comme agent de coloration de plusieurs Avec l’avancement de la compréhension
aliments, tels que le cari et la moutarde, de moléculaire du processus de la
même que dans la production de transformation tumorale, il est devenu
cosmétiques, de teintures et de assez claire que la perturbation génétique
médicaments. La couleur jaune de cette d’une cellule ne pouvait pas générer une
espèce due à un mélange de pigments autre tumorale. Ce constat a incité les
phénoliques dits les curcuminoïdes, dont la chercheurs de promouvoir la recherche au-
curcumine fait partie. Cette molécule delà de la génétique, par occurrence,
présente des propriétés pharmacologiques l’épigénétique. En utilisant des techniques
les plus intéressantes. sophistiquées y compris OMICS, les
études pharmacologiques ont commencé à chez les cellules normales. Leur activité
cibler certaines voies de modification résulte dans leur effet inhibiteur
épigénétique possible telles que les pleotropiquesur les voies de signalisation
enzymes de méthylation de l’ADN, les des kinases induisant la prolifération
acteurs d’acétylation-méthylation des cellulaire (Russo et al., 2014). La
histones, les protéines Polycomp et quercétine semble avoir un effet sur la
Trithorax et finalement les voies des petits modulation d’expression génique pas
ARNm. En effet, la curcumine était seulement par l’interférence des voies de
montrée capable de moduler le réseau signalisation mais aussi par la modification
épigénétique dans les cellules tumorales. des voies des histones et éventuellement le
Elle réduite en fait l’acétylation des remodelage de la chromatine (Ruiz et al.,
histones via l’inhibition des histones 2007). L’alpigène est une autre molécule
acétyltransférases (HAT), ce type nutritive contenant dans des végétaux et
d’activité a été montré la première fois en des fruits qui a été montrée capable
2004 contre les cellules du cervelet (HeLa) d’induire d’arrêter le cycle cellules
(Baatout et al., 2004). La curcumine inhibe tumorales par une cytotoxicité sélective et
aussi l’acétylation les histones H3 et H4 à d’induire la mort de ces cellules par
la concentration de IC50= 25 μM. Cet effet apoptose via l’activation des caspases
dédié par l’inhibition de l’acétyle effectrices (Cai et al., 2006).
transférase ce qui génère une activité
importante dans la mesure où l’acétyle Conclusion
inhibe la transcription de P53 ce qui bien La recherche dans la thérapie cancéreuse
évidement génère des perturbations dans la est un axe de recherche assez élégante.
réparation de l’ADN (Guoet al., 2015). La D’une part par ce que les cellules
quercétine est un flavonoïde que l’on tumorales sont la résultante des maladies
trouve dans les végétaux qui possède des cellulaires et d’autre part la flexibilité et la
propriétés antioxydantes, anti- plasticité de ces cellules rend le criblage
inflammatoires et antitumorales. Cette pharmacologique déficience d’une
molécule a été montrée capable de sélectivité-spécificité pharmacodynamique.
produire la cytotoxicité chez les cellules Dans ce sens que vient l’importance des
cancéreuse avec une toxicité très limitée aliments fonctionnels ou nutraceutiques
Mots clés : Activités physiques et sportives de Keywords: Physical and sport activities,
maintien, composition corporelle, estime de Leisure, body composition, psychological
soi, qualité de vie, surpoids, obésité. parameters, self esteem, overweight, obesity.
Introduction
consentement éclairé dans lequel les elle regroupait les deux premières activités
objectifs et les mesures à réaliser étaient (jogging + renforcement musculaire).
clairement définis. Le Comité National Mesure de la composition corporelle et des
d’Ethique pour la Recherche Scientifique paramètres psychologiques
du Ministère de la Santé Publique du Le poids, l’indice de masse corporelle
Cameroun a permis la réalisation de cette (IMC), le pourcentage de masse grasse
étude. Les participantes n’ont été soumises (%MG), le pourcentage d’eau (%H2O), la
à aucun régime alimentaire particulier densité osseuse (DO) et la masse
durant la période de l’étude. musculaire (MM) ont été déterminés grâce
b- Protocole expérimental à une balance à impédencemètre de
Programme de travail marque TANITA BC-532 (Tokyo, Japon).
Les participantes ont été soumises à un Les scores d’estime de soi (ES) et de
programme d’entrainement aérobie à qualité de vie (QV) ont été déterminés
raison de quatre séances par semaine de respectivement à l’aide de l’Echelle de
durée d’une heure trente minutes chacune. l’Estime de Soi (EES-10) et du
La première et la quatrième séance étaient Questionnaire MOS Short Form 36 (SF-
consacrées au jogging. La seconde séance 36). Ces variables ont été évaluées au
était réservée au renforcement de certains début du programme (T0) ainsi qu’à la fin
groupes musculaires notamment les bras, du premier (T1), du deuxième (T2) et du
les jambes, les abdominaux, les fessiers et troisième (T3) mois de pratique.
les dorsaux. La troisième séance quant à
Tableau I: variation de la composition corporelle et des paramètres psychologiques
pendant le programme
Paramètres
T0 T1 T2 T3
Poids (kg) 86,38±11,44 84,91 ± 11,30 84,60 ± 11,44 83,28 ± 11,39
IMC (kg/m2) 32,42 ± 4,08 31,81 ± 3,81 31,44 ± 3,84 30,95 ± 3,78
%MG 43,34 ± 3,78 40,85 ± 4,5b 40,21 ± 4,55b 39,12 ± 4,50b
MM 46,06 ± 3,80 47,19 ± 3,54 47,80 ± 3,68 48,51 ± 3,57
DO 2,47 ± 0,19 2,51 ± 0,19 2,55 ± 0,20 2,56 ± 0,17
%H2O 40,39 ± 2,57 41,18 ± 2,83 41,81 ± 2,74 42,02 ± 2,69
b b
ES 25,54 ± 3,10 27,04 ± 3,04 28,93 ± 3,23 30,61 ± 3,12a
b b
QV 90,46 ± 7,31 96,75 ± 4,66 101,07 ± 5,2 104,25 ± 4,46a
a : p<0,001 ; b : p<0,05 ; T0 : début du programme ; %H2O : pourcentage d’eau ; ES : Estime de Soi;
T1 : Fin du premier mois ; T2 : fin deuxième mois ; QV : Qualité de Vie
T3 : fin troisième mois ; IMC : Indice de Masse
Corporelle ; %MG : Pourcentage de Masse Grasse ;
MM : Masse Musculaire ; DO : Densité Osseuse;
Tableau II : variation de la composition corporelle (Poids, IMC, %MG) et des paramètres psychologiques dans chaque classe
d’âge.
Classes C1 C2 C3 C4 C5 C6
TO T3 TO T3 TO T3 TO T3 TO T3 TO T3
Poids (kg) 81,24 78,27 89,28 86,40 87,33 84,12 87,57 84,40 83,30 79,90 93,20 90,18
IMC (kg/m2) 31,22 30,06b 32,97 31,90 b 30,71 29,59 b 32,08 30,92 b 30,99 29,71 b 38,22 34,88 b
%MG 39,56 35,37c 45,13 41,78 c 44,43 38,05 c 44,03 40,77 c 43,23 40,28 c 46,13 42,23 c
ES 26,43 31,14 24,75 28,50 25,83 31,00 26,67 32,00 24,50 31,25 24,50 29,50
QV 90,00 103,71 b 92,50 104,75 b 93,17 104,50 b 95,00 105,33 b 90,25 105,50 b 82,00 102,25 b
T0 : début du programme ; T1 : Fin du premier mois ; T2 : fin deuxième mois ; T3 : fin troisième mois ; b p<0,05 ; c
p<0,0001 ; C : Classe ; C1 : 25 – 29 ans ; C2 : 30 – 34 ans ; C3 : 35 – 39 ans ; C4 : 40 – 44 ans ; C5 :45 – 49 ans et C6 : 50 –
57 ans ; IMC : Indice de Masse Corporelle ; %MG : Pourcentage de Masse Grasse ; ES : Estime de Soi ; QV : Qualité de Vie
tableau II). Cette stabilisation des données psychologiques évaluées (ES et QV) dans
les classes d’âge de notre étude milite en ans tandis que dans le cadre de notre étude,
faveur d’une harmonisation des les sujets étaient âgés en moyenne de
programmes d’entraînement aussi bien 39±10 ans, ce qui pourrait justifier la
chez les jeunes que chez les adultes. différence au niveau des résultats obtenus.
Généralement les motivations de La DO n’a pas montré une variation
fréquentations des centres de remise en significative. Cela pourrait être dû au fait
forme par les femmes sont variées : que les sujets de notre étude avaient
certaines sont préoccupées par le retour dépassé la phase de croissance. L’analyse
d’une silhouette mince en accord avec les effectuée par classe d’âge montre dans
indices de beauté actuels et d’autres chaque classe, des baisses significatives de
préoccupées par des soucis physico l’IMC (p<0,01) et du %MG (p<0,0001) à
thérapeutiques (obésité, surcharge partir de T3 (Tableau II). Ce résultat laisse
pondérale, maladies cardiovasculaires). penser que la variation de l’IMC est
Les conséquences psychologiques de la modulée par l’âge des sujets et, renforcent
pratique des APS seraient alors les mêmes la position de Wong et al. (2008) que des
pour toutes les femmes quel que soit leur bénéfices corporels sont enregistrés à partir
âge. Ces résultats démontreraient du troisième mois de pratique. Par ailleurs,
également qu’une pratique à long terme la QV varie significativement (p<0,05)
des APS n’influerait pas sur les paramètres dans chaque classe d’âge tandis que l’ES
psychologiques concernés (ES et QV). reste inchangée.
En ce qui concerne la MM, contrairement à Le test post-hoc de Tukey réalisé a révélé
Wong et al. (2008) qui ont montré que des différences significatives (p<0,05) sur
l’exercice physique améliore les variables MM et %H2O. Le %MG a
significativement la masse musculaire diminué significativement de 9,7%
maigre, nos résultats n’ont révélé aucune (p<0,001) alors que l’ES et la QV ont
variation significative (p> 0,05), bien que respectivement et significativement
la durée de l’expérimentation soit augmenté de 19,85% et 15,24% (p< 0,001)
sensiblement la même (3 mois et 12 justifiant ainsi les effets de
semaines). Wong et al. (2008) ont l’expérimentation.
investigué sur des sujets âgés de 13 à 14
Les femmes obèses ont trois fois plus de ovocytes chez les femmes en obésité
risques de ne pas concevoir, naturellement morbide, avec un impact défavorable sur la
(Rich-Edwards et al., 1994), ou après qualité des embryons.
assistance médicale à la procréation (AMP) L’obésité est un facteur aggravant des
(Crosignani et al., 1994 ;Zaadstra et al., troubles de l’ovulation chez les patientes
1993). Le poids est aussi associé à une souffrant du syndrome des ovaires
augmentation du risque de fausses couches polykystiques (SOPK), souvent associé à
spontanées (FCS) précoces et de FCS une insulino-résistance (Rotterdam
itératives par rapport aux femmes de poids ESHRE/ASRM, 2003), qui constitue un
normal dans le cadre d’une conception facteur de risque de FCS.
naturelle (Lahsen&Strudee, 2004). Dans le contexte de l’AMP, les femmes
Des études ont retrouvé une association obèses répondent moins bien à la
significative entre obésité et FCS (13,7 vs stimulation ovarienne, ainsi, plus l’obésité
10,9 %) (Boots & Stephenson, 2011). Une est sévère, plus la durée de la stimulation et
méta-analyse sur 16 études démontrait les doses d’hormones sont importantes.
même une augmentation du risque de FCS Egalement, les risques d’annulation ou
dès le surpoids (IMC supérieur ou égal 25 d’hyperstimulation sont augmentés.
kg/m²) (Metwally et al., 2010). 1.1.2- obésité et réceptivité de
Chez les femmes traitées en AMP par FIV l’endomètre :
(fécondation in vitro) /ICSI Afin d’évaluer l’impact de l’obésité sur
(intracytoplasmic sperm injection), un IMC l’endomètre, les études sont
élevé entraine une augmentation du risque réalisées sur le modèle du don d’ovocyte
de FCS, une diminution de nombre qui constitue un modèle particulièrement
d’embryons de bonne qualité, avec une intéressant pour étudier les effets extra-
diminution des taux de grossesses et de ovariens du poids. Plusieurs études
naissances vivantes. montrent une augmentation significative
Le risque de FCS augmente dès le surpoids du risque de fausses couches avec l’obésité
mais est encore plus élevé lorsque la après don d’ovocytes. Ce risque a été
femme est obèse (Rittenberg et al., 2011). multiplié par 4 lorsque l’IMC de la
1.1.1- obésité et qualité des gamètes et receveuse dépasse 29,9 kg/m² (Bellyer et
des embryons : al., 2010).
Des études ont montré une diminution du
nombre et une altération de la qualité des