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Cicéron explique pourquoi il s’est tourné vers la philosophie, De natura deorum, 1, 4, 7

Sin autem quis requirit quae causa nos inpulerit ut haec tam sero litteris mandaremus,
nihil est quod expedire tam facile possimus. Nam cum otio langueremus et is esset rei
publicae status ut eam unius consilio atque cura gubernari necesse esset, primum ipsius rei
publicae causa philosophiam nostris hominibus explicandam putaui, magni existimans
interesse ad decus et ad laudem ciuitatis res tam grauis tamque praeclaras Latinis etiam litteris
contineri. Eoque me minus instituti mei paenitet quod facile sentio quam multorum non modo
discendi sed etiam scribendi studia commouerim. Complures enim Graecis institutionibus
eruditi ea quae didicerant cum ciuibus suis communicare non poterant, quod illa quae a
Graecis accepissent Latine dici posse diffiderent ; quo in genere tantum profecisse uidemur ut
a Graecis ne uerborum quidem copia uinceremur. Hortata etiam est ut me ad haec conferrem
animi aegritudo, fortunae magna et graui commota iniuria ; cuius si maiorem aliquam
leuationem reperire potuissem non ad hanc potissimum confugissem. Ea uero ipsa nulla
ratione melius frui potui quam si me non modo ad legendos libros sed etiam ad totam
philosophiam pertractandam dedissem. Omnes autem eius partes atque omnia membra tum
facillume noscuntur cum totae quaestiones scribendo explicantur ; est enim admirabilis
quaedam continuatio seriesque rerum, ut alia exalia nexa et omnes inter se aptae
conligataeque uideantur.

Si l’on me demande quel motif m’a poussé à écrire si tard sur ces sujets, il n’est rien
que je puisse expliquer aussi aisément. Comme je languissais dans l’inaction et que l’état de
la république rendait nécessaire d’en confier le gouvernement à la capacité de décision et à la
responsabilité d’un seul homme, j’ai pensé qu’avant tout, dans l’intérêt même de la
république, il me fallait exposer la philosophie à nos concitoyens, estimant qu’il importait
grandement au prestige et à la gloire de notre cité que des sujets si graves et si nobles fussent
également traités en latin. Et je regrette d’autant moins mon entreprise que j’ai éveillé chez
beaucoup, je m’en rends compte aisément, le désir d’étudier, mais aussi celui d’écrire. Bien
des gens, en effet, parfaitement formés par l’enseignement des Grecs, ne pouvaient
communiquer leurs connaissances à leurs concitoyens parce qu’ils désespéraient de pouvoir
exprimer en latin les enseignements qu’ils avaient reçus des Grecs ; mais il me semble que
dans ce domaine nous avons fait de tels progrès que les Grecs ne l’emportent plus sur nous,
même pour la richesse du vocabulaire. Ce qui m’a également incité à me consacrer à ce
travail, c’est le chagrin provoqué par un coup du sort, rude et accablant ; si j’avais pu trouver
quelque consolation plus efficace, ce n’est pas à celle-ci de préférence que j’aurais eu recours.
Mais le meilleur moyen d’en tirer parti, c’était justement de me consacrer non seulement à la
lecture mais à l’étude approfondie de la philosophie tout entière. Or la meilleure méthode
pour la connaître dans toutes ses parties et dans toutes ses branches, c’est de traiter par écrit
l’ensemble des questions, car il y a une continuité et une connexion étonnante entre les sujets,
au point qu’ils apparaissent dépendants les uns des autres et tous liés et solidaires entre eux.

Quant à ceux qui veulent savoir quelle est mon opinion personnelle sur chaque sujet, ils
manifestent une curiosité indiscrète ; en effet, dans une discussion philosophique, on doit
accorder de l’importance aux arguments fournis par la raison bien plus qu’à l’autorité. De
plus, l’autorité de ceux qui se posent en maîtres nuit bien souvent à ceux qui veulent
apprendre : ils cessent en effet de juger par eux-mêmes, ils tiennent pour acquis ce qu’ils
voient décidé par celui à qui ils font confiance. À vrai dire, je n’approuve pas la pratique des
pythagoriciens qui, dit-on, quand ils affirmaient quelque chose dans une discussion et qu’on
leur demandait pourquoi, répondaient : « Le maître l’a dit. » Le maître, c’était Pythagore ; si
grand était le pouvoir d’une opinion toute faite que l’autorité prévalait, même sans le soutien
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de la raison.  Quant à ceux qu’étonne le choix de l’école à laquelle j’ai donné ma préférence,
je crois leur avoir suffisamment répondu dans les quatre livres de mes Académiques. Il n’est
pas vrai que je me sois fait l’avocat d’une cause désertée et abandonnée ; en effet, quand les
hommes meurent, les idées ne périssent pas avec eux mais il arrive qu’il leur manque les
lumières d’un garant. C’est ainsi que la méthode philosophique qui consiste à argumenter
contre toutes les thèses sans formuler un jugement explicite sur aucun sujet, méthode issue de
Socrate, renouvelée par Arcésilas et affermie par Carnéade, est restée bien vivante jusqu’à
notre époque. Mais je me rends compte qu’aujourd’hui, même en Grèce, elle est privée de
défenseurs. Cela est arrivé, je pense, moins par la faute de l’Académie qu’en raison de la
lenteur de l’esprit humain. Car s’il est déjà difficile de comprendre les différents systèmes pris
isolément, il est d’autant plus ardu de les comprendre tous. Cela est pourtant nécessaire quand
on décide de parler pour et contre tous les philosophes afin de découvrir la vérité. Je ne
prétends pas avoir mené à bien une entreprise si grande et si difficile, mais je me flatte de
l’avoir tentée. Pourtant, il est impossible que ceux qui adoptent cette méthode philosophique
ne fixent aucun but à leur démarche. J’ai développé ailleurs ce point plus complètement, mais
comme certaines personnes sont rétives et d’esprit lent, il faut, semble-t-il, multiplier les
éclaircissements. Car nous ne sommes pas de ceux qui soutiennent que rien n’est vrai, mais
nous disons que toutes les vérités sont mêlées d’erreurs et que la ressemblance entre elles est
si grande que nul critère ne permet de juger ni de donner son assentiment. Il en résulte aussi
cette conséquence que beaucoup de choses sont probables : sans être perçues ou appréhendées
avec certitude, elles offrent cependant une représentation qui se caractérise par sa clarté et
permettent de guider la conduite du sage.

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