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CULTURE GÉNÉRALE ET EXPRESSION

Corrigé-type 4

Ce devoir 4, à réaliser après l’étude du module sur le thème « À toute vitesse », avait pour but de
vérifier les capacités à analyser plusieurs documents différents, à les confronter et à en faire une
synthèse qui réponde aux normes exigées pour cet exercice. Il s’agissait aussi d’évaluer l’aptitude
à argumenter sur la base d’une problématique imposée dans un développement personnel, tout en
en respectant les diverses techniques.

Sujet
Première partie (40 points)
 Vous rédigerez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants.

Deuxième partie (20 points)


 La marche à pied permet-elle vraiment la découverte de soi ?
Vous répondrez à cette question de façon argumentée, en vous appuyant sur les documents du
corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

Supports utilisés
Document 1 : « Le sens de la marche », Héloïse Lhérété, Sciences Humaines, août-septembre 2012
Document 2 : « Éloge de la Lenteur », David Le Breton, Libération, 1er juin 2014. Tribune
Document 3 : « Voyager à pied », Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre IV, 1782
Document 4 : « Randonnée sur l’échappée Jurassienne », Stéphane GODIN, Jura-tourisme.com

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Première partie : préparation de la synthèse de documents
40 points
Remarques sur le corpus
Le corpus est constitué de quatre documents, conformément aux épreuves de BTS lors des examens :
les deux textes argumentatifs initiaux offrent une trame précieuse pour la construction du devoir. Il
conviendra donc de s’appuyer sur leur analyse pour dégager les axes importants de la synthèse et
la bâtir ensuite de façon efficace. Il sera utile de déterminer la spécificité de chaque auteur sur la
question abordée, tout en notant les points de ressemblance. Le troisième document est un extrait
littéraire, de la fin du XVIIIe siècle, et, comme toute œuvre artistique, il se lira avec l’éclairage préa-
lable des documents fondamentaux qui seuls permettent de dégager une problématique pertinente
pour le dossier. Enfin, le dernier document est une photographie qu’il s’agira aussi de confronter
avec les axes que les documents pivots auront permis de dégager.

1.1. Analyse du corpus 10 pts


Nous allons donc ici procéder par des analyses détaillées et successives des documents du corpus.
Cela peut donner le résultat suivant.

1.1.1. Analyse du document 1


Ce premier document du corpus est extrait d’un article paru dans une revue mensuelle Sciences
Humaines, en 2012. Il s’agit d’un texte argumentatif qui s’interroge sur le sens de la marche au-
jourd’hui. Le texte est particulièrement bien construit et il est tout à fait possible de s’appuyer sur
sa structure pour en faire une analyse détaillée.
Au brouillon, vous avez dû noter les éléments suivants :

genre = article, source = Sciences Humaines (revue ou magazine), date = 2012


auteur = Héloïse Lhérété

Une première lecture soignée de l’article a dû vous conduire à dégager le propos directeur suivant
(ou un autre bien sûr approchant) : Héloïse Lhérété s’interroge sur le sens que revêt la marche à
pied aujourd’hui et les vertus qu’elle possède dans un monde marqué par la vitesse.

Paragraphes 1 et 2 (de « La marche recèle » à « nos vies hypermodernes »)


Les deux premiers paragraphes constituent une seule et même partie qui envisage les avantages
de la marche à pied. Notons au passage la construction rigoureuse du texte. En effet, la première
phrase de chacun des paragraphes annonce clairement la démarche de l’auteur : recherche des
« vertus » et des « qualités » de la marche qui font de cette activité l’une des plus en phase avec
notre temps. Les qualités sont alors répertoriées par l’auteur avec une symétrie de construction
tout à fait remarquable : énoncé de la vertu, explication puis illustration. La marche est ainsi tout
d’abord intéressante d’un point de vue financier car elle ne coûte rien, ce qui est fort appréciable
en temps de crise. Elle s’avère en outre particulièrement efficace pour lutter contre la pollution
puisqu’elle n’émet presque aucun CO2. Enfin, conséquence des deux précédents avantages, la marche
est conforme aux exigences croissantes d’un tourisme plus moral qui cherche à concilier respect
de l’environnement, des populations et de la santé. Car, autre avantage notable, la marche à pied
promeut la santé de l’individu, incitant chacun à se bouger selon ses possibilités.

Ces trois qualités semblent insuffisantes cependant pour expliquer un tel engouement. Une autre
explication, plus intime et plus secrète, vient éclairer ce phénomène : la satisfaction personnelle que
l’on éprouve à dépasser sa « fatigue », son « essoufflement », ses « douleurs ». L’auteur s’appuie alors
sur des références littéraires qui offrent des témoignages conformes à ses propres affirmations,
Lacarrière, Tesson, de Romilly ou encore Sansot, tous écrivains voyageurs. Ces auteurs mettent
en avant les autres bienfaits de la marche à pied, à savoir le plaisir sensoriel qu’elle procure et les
rencontres qu’elle occasionne. Dès lors, on comprend mieux que l’intérêt de la destination s’efface

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au profit du parcours lui-même, dont la richesse subjugue. L’auteur traduit cette impression avec
une accumulation de pluriels particulièrement significative de la multitude de bienfaits dont cette
tendance actuelle est porteuse : panoramas, bruits, saveurs, odeurs, visages. Tous les sens du mar-
cheur sont ici en éveil, de l’ouïe à l’odorat ! La marche permet une rencontre inouïe avec la nature
elle-même, qu’elle nous invite à re-découvrir avec un œil nouveau. La marche est ainsi présentée
en lien avec la vraie vie, celle dont nos pratiques quotidiennes aliénantes nous ont éloignés.

Paragraphes 3, 4 et 5 (de « Offrant un autre » à « connexion permanente »)


Les trois paragraphes suivants abordent une même thématique : la marche introduit un nouveau
rapport au « temps ». Si le rapport avec l’espace est assez immédiat, le rapport au temps qu’introduit
la marche semble plus complexe. Cette tendance n’est pas nouvelle car l’être humain est, depuis
ses origines, poussé à toujours se déplacer, d’où l’expression utilisée dans le texte, homo viator,
littéralement l’homme qui se déplace. Tout le paragraphe 3 contient le champ lexical du temps :
temps, rythme, lenteur, perpétuelle, depuis… C’est la décélération qui est ici mise à l’honneur, avec
des adjectifs mélioratifs : calme, régulier.

Autre argument avancé comme une boutade, mais toujours en corrélation avec la thématique
temporelle, celui de l’allongement de la « durée de vie », puisque la marche étirerait le temps ou,
du moins, la perception que nous en avons. Cette idée est appuyée par une citation qui oppose la
« respiration » apportée par la lenteur, à la saturation que procure la vitesse. Ainsi, la lenteur se
trouve valorisée face à la vitesse.

L’auteur évoque enfin les différents types de marches dans une énumération quasi exhaustive (pro-
menade, randonnée, pèlerinage, trek, flânerie) et leur point commun : la déconnexion qu’ils offrent
à celui qui s’y adonne. La marche se présente donc comme une rupture avec l’agitation ambiante,
avec les codes d’une société fondée sur la réactivité et la connexion permanente.

Paragraphes 6 et 7 (de « En s’immisçant » à la fin du texte)


Les différentes formes de déconnexion sont ensuite évoquées, dans un paragraphe fortement
structuré avec des connecteurs logiques explicites : d’abord, ensuite. Deux types de déconnexion
sont identifiés. La rupture est matérielle, puisque sont écartés tous les outils habituels de nos acti-
vités quotidiennes, grâce au champ lexical dominant : ordinateur, téléphone portable, réseau, écran
d’ordinateur. Les verbes utilisés sont particulièrement explicites et renvoient tous à la notion de
rupture : éteint, débranche, ne capte plus, quitte, barré par l’écran d’ordinateur. La marche apparaît
dès lors comme une possible libération, d’autant qu’elle permet une autre forme de déconnexion,
qualifiée de « spirituelle », dans le sens où elle libère l’esprit. Toutes les images du texte convergent
vers cette impression d’élargissement, cette possibilité de « voir plus loin ». Elle offre même une
« parenthèse » dans la succession des « fatigues anciennes », « malaises de la vie quotidienne » et
« soucis personnels et professionnels ». Et le témoignage de P. Sansot, philosophe et marcheur, vient
apporter le contrepoint sensuel nécessaire. Il se présente comme une invitation à renouer avec les
plaisirs simples de la nature : le soleil, l’inclinaison du sol, odeurs, contact tactile, prendre le large.

Enfin, le dernier paragraphe va encore plus loin. La marche est, en fin de compte présentée comme
une « subversion » dans un monde où tout va très vite. Autrement dit, elle est une forme de résistance
aux tendances de la société, une façon de contester et de remettre en cause ce développement de
la vitesse généralisée. En ce sens, la marche est bien une attitude philosophique, un choix de vie,
et s’oppose à l’immense majorité des individus du monde moderne.

1.1.2. Analyse du document 2


Le second document du corpus est encore un texte d’idées, à forte composante argumentative. Il s’agit
d’une tribune, autrement dit d’une page dont dispose un auteur dans un journal pour prendre position
sur une question donnée. Ici, David Le Breton, sociologue, propose, comme le titre l’indique expres-

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sément, un éloge de la marche dans les pages du quotidien Libération. Le texte prend donc position
très clairement, dès son titre. Il se compose de 3 paragraphes qui serviront d’appui pour l’analyse.

Éléments notés au brouillon :


genre = article, source = Libération, date = 2014, auteur = David Le Breton.

Propos directeur : à travers l’éloge de la lenteur dans un monde qui se précipite, David Le Breton
valorise la marche qui est un moyen de respecter cette lenteur bienfaisante et de résister à la fré-
nésie actuelle.

Paragraphe 1
Le premier paragraphe comporte toute une série d’oppositions. Ainsi, dans la première phrase,
les termes « frénésie », « vitesse », « rendement » s’opposent aux verbes « ralentir » et « calmer le
jeu ». De la même manière, dans les phrases suivantes, la « lenteur » vient contredire « l’éjaculation
précoce » contemporaine. Enfin, les expressions « slow food » et « slow cities » contrecarrent la
« fièvre ambiante ». Ces antithèses structurent le texte et soulignent le fait que la marche est une
forme de résistance aux tendances contemporaines. En quelque sorte, elle naît de l’absurdité d’un
système que les marcheurs veulent, indirectement, dénoncer. Mais, au centre du paragraphe, se
développe une phrase fluide, qui énumère toutes les activités dans lesquelles la lenteur est une
qualité capitale  : amour, tendresse, conversation, attention à l’autre, érotisme, jouissance d’exister.
Ainsi, la lenteur s’avère indispensable à la qualité de nos relations interpersonnelles. Revenons sur
l’expression contradictoire « l’exultation de l’éjaculation précoce ». Le terme « exultation » exprime
un intense sentiment de joie, tandis que « l’éjaculation précoce » renvoie à un plaisir prématuré.
Avec cette expression péjorative, l’auteur entend dénoncer une société avide de plaisir immédiat et
trop vite satisfaite. Contrairement à la vitesse, la lenteur procure un bonheur profond dont l’auteur
développe les différents aspects dans la suite du texte.

Paragraphe 2
Le second paragraphe découle logiquement du premier avec une articulation logique nettement
identifiable. C’est la frénésie ambiante qui engendre, paradoxalement, une volonté de ralentir. Cette
tendance est forte puisque l’auteur évoque des « centaines de millions » de marcheurs et que le terme
« engouement » suggère une passion excessive !
La marche introduit surtout un nouveau rapport au temps. Elle permet tout d’abord une rupture
avec le temps imposé à tous, celui de « l’horloge » qui est un temps précis, mesurable, rationnel,
mais extérieur au rythme humain. La marche libère donc l’homme du temps aliénant de la société.
En conséquence, l’homme se retrouve « disponible » c’est-à-dire libre de disposer de son temps
comme il l’entend. Il peut donc librement flâner ou improviser, bien loin des contraintes habituelles.
Les termes « flâner » et « improvisation » renvoient à la même idée, celle du bon vouloir de chacun
et suggèrent une liberté retrouvée. Grâce à cet affranchissement, le marcheur accède à une tem-
poralité nouvelle, difficilement mesurable, plus longue (durée qui s’étire, temps ralenti), voire qui
s’abolit (suspension du temps, hors du temps). Ainsi, le marcheur accède au « rythme du monde »,
un temps plus naturel, plus conforme à sa nature profonde, mais aussi à un temps plus personnel
(temps intérieur, en leur temps). C’est un temps vécu, personnel, intériorisé, harmonieux. C’est un
temps libéré pour d’autres richesses que sont les échanges avec les autres (conversant) ou avec
soi-même (méditant). La marche s’affirme aussi comme une résistance à la société de la vitesse
(vitesse, urgence, disponibilité) et une façon de renouer avec la joie de vivre. La devise de Le Breton
pourrait bien être cette phrase centrale : la marche « ne consiste pas à gagner du temps, mais à le
perdre avec élégance » puisqu’elle devient « occupation pleine du temps ». Le marcheur se retrouve
en phase avec ce qui l’environne, à « hauteur des choses », adopte l’allure qui lui convient, avec des
arrêts possibles et doit se montrer attentif car, contre toute attente, la marche demande de regarder
le monde, de le contempler, d’être perméable aux aléas du parcours lui-même !

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Paragraphe 3
Dans ce dernier paragraphe de l’extrait, l’auteur envisage les rapports entre la marche et le corps.
D’une part, la marche à pied permet une réelle synchronisation du temps et du corps : ils sont en
harmonie. Par ailleurs, la marche permet de renouer avec la nature : le corps prend alors le temps
de percevoir le monde, comme le suggère le champ lexical de la nature particulièrement abondant
(aube, coucher du soleil, nuit, terre, herbe, pierres, collines, montagnes, eau, pluie, vent). La lenteur
de la progression à pied invite à mieux regarder le monde, à le découvrir dans ses détails les plus
anodins et à en dénicher les merveilles. En ce sens, la marche conduit à une forme d’émerveille-
ment devant un monde qui nous subjugue. Pour conclure, l’auteur écarte donc définitivement la
notion de performance ou de quête de l’exploit : la marche nous propose une activité adaptée à nos
ressources individuelles. En ce sens, elle est juste, en parfaite adéquation avec le rythme du monde
et de l’homme.

Bilan intermédiaire
La lecture et l’analyse de ces deux premiers documents permettent déjà, à cette étape, de dresser
un tableau comparatif afin de croiser les informations délivrées. La première colonne du tableau se
déduit des deux autres : ainsi les axes des parties se dégagent-ils à cette étape du travail.
Il s’agit de déterminer les caractéristiques de la marche selon les différents auteurs, puis de s’inter-
roger sur les différentes ruptures qu’ils abordent. Enfin, grâce en particulier au texte fondamental
de Lhérété, il s’agira d’examiner les avantages qu’apporte cette nouvelle pratique.

Axes de recherches Document 1 Document 2


Références du document Titre : « Le sens de la marche ». Titre : « Éloge de la lenteur ».
Source : Sciences Humaines, 2012. Source : Libération, 2014 ;
Auteur : Héloïse Lhérété. Auteur : David Le Breton.
Type de document Article de revue. Article de journal.

Position de l’auteur Analyse l’engouement pour la marche à Évoque la marche comme une attitude
pied et les avantages qu’elle procure. subversive face à l’accélération de la
société.
Caractéristiques de la marche : des Promenade, randonnée, trek, La marche se caractérise avant tout par
formes variées. ­pèlerinage. L’homme renoue avec ses son allure, plus naturelle.
origines : homo viator.
Caractéristiques de la marche : une Marche solitaire mais en com­munion C’est un phénomène de mode
activité solitaire. avec la nature et soumise aux aléas des ­généralisé.
rencontres.
Caractéristiques de la marche : en La marche conçue comme une rupture Elle s’oppose à la frénésie ambiante.
réaction à un certain contexte. par rapport à nos soucis ­quotidiens et
professionnels.

Ruptures introduites par la marche : C’est surtout un dépaysement senso- La marche assure un dépaysement
rupture spatiale. riel : nouvelles sensations, nouvelles bucolique, apaisant. Se recentrer sur
façons de voir le monde. l’essentiel, sur la nature.
Ruptures introduites par la marche : Réveil de nos habitudes primitives Éloge de la lenteur, respect de son
rupture temporelle. d’êtres errants. rythme intérieur. Déconnexion avec la
mesure traditionnelle du temps.
Ruptures introduites par la marche : L’étirement temporel est tel qu’il donne Voyage hors du temps, avec un temps
rapport au temps ­renouvelé. l’impression de vivre plus longtemps. paradoxalement mieux rempli.

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Axes de recherches Document 1 Document 2
Avantages de la marche : un avantage Activité économiquement avantageuse, Ralentissement bon pour la planète et
social. bonne pour l’environnement. exemple intéressant des slow cities.

Avantages de la marche : un ­nouveau Être disponible aux autres, possibilité Réalisée à plusieurs, la marche est un
rapport aux autres. de faire de belles rencontres. temps d’échange privilégié. On organise
son temps comme bon nous semble.
Refus de l’accélération du monde et
forme de résistance.
Avantages de la marche : des satisfac- Bénéfice pour la santé mais aussi pour Renouer avec les valeurs fondamen-
tions personnelles. le cheminement spirituel de chacun. tales (amour).

1.1.3. Analyse du document 3


Ce troisième document est extrait d’une célèbre œuvre littéraire, l’autobiographie de Rousseau, Les
Confessions. Ce texte, publié en 1782, relate l’expérience que l’écrivain a de la marche à pied, lui qui
fut le premier à parcourir la France de cette façon et à en faire un thème littéraire.

Éléments notés au brouillon :


genre = extrait autobiographique, source = Les Confessions, date = 1782,
auteur = Jean-Jacques Rousseau.

Propos directeur : à travers la relation qu’il fait de ses très nombreuses marches à pied, Rousseau
dégage les bienfaits de ce mode de déplacement.

D’emblée, l’auteur considère le voyage à pied comme une expérience unique, digne d’être présentée
dans son journal. C’est pourquoi il regrette de ne pas avoir pris de notes lors de ses expériences
successives de marche à pied. Ce regret initial ouvre la réflexion de l’auteur sur cette thématique
et sur les bienfaits de la marche à pied. D’abord, le voyage s’avère être une expérience solitaire
(seul) et ne prend vraiment d’envergure que s’il est réalisé à pied, autrement dit l’auteur renonce
au confort habituel des voitures à chevaux pour mieux choisir son rythme et apprécie de voyager
seul. La force de cette expérience se traduit par les intensifs répétés quatre fois (tant) et dans l’énu-
mération : pensé, existé, vécu, été moi. C’est une véritable expérience existentielle qui transforme
littéralement l’écrivain car l’intensité de sa vie va de pair avec l’intensité de sa réflexion. Contre toute
attente donc, marcher rime avec « penser » ; une activité physique équilibrée a pour conséquence
un épanouissement intellectuel total. Ainsi se trouvent mêlés les champs lexicaux du mouvement et
de la réflexion : penser, idée, penser, esprit / marche, anime, avive, en place, en branle. Le mouvement
régulier de la marche convient parfaitement au rythme de la réflexion.

Le promeneur évoque indirectement tous les bienfaits qu’il retire de ses voyages à pied : l’esthétique
(agréables), la variété des paysages (succession), les vertus sanitaires (bonne santé, grand appétit,
grand air), l’affranchissement des contraintes (la liberté), l’oubli des tracas quotidiens (éloignement
de… ma dépendance) et du tragique de sa condition humaine (ma situation). Cette énumération
culmine avec l’expression « tout cela » par laquelle la phrase atteint son paroxysme : s’ensuivent
alors les avantages personnels (mon, me, me, me) qu’en retire l’auteur. Et l’expérience atteint un
niveau spirituel (âme, penser) mais aussi social (l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir,
me les approprier) : seule la marche à pied a le pouvoir de faire naître le sentiment d’être maître de
soi et du monde. D’ailleurs, l’auteur avoue savourer ce plaisir nouveau de s’approprier la nature
même, dans une symbiose inédite. C’est une véritable histoire d’amour fusionnel (mon cœur… s’unit,
s’identifie) entre lui et le monde. Une expérience sensorielle aussi puisque tous ses sens sont convo-
qués : images charmantes, s’enivre. Et le plaisir est bien là (cœur, délicieux, unit) dans cette union
parfaite avec la nature.

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Reste à l’auteur à garder la trace de ses voyages (les fixer), et, à cet effet, il a besoin d’en conserver
un tableau intérieur. Il utilise pour cela le champ lexical de la peinture (images, décrire, pinceau,
coloris, expression) car il s’agit bien de donner à voir. Le plaisir esthétique qu’il en retire est évident
et transparaît avec les exclamations finales et les tournures répétées en rythme ternaire (quelle
vigueur, quelle fraîcheur, quelle énergie). Et s’il exprime pour finir le même regret initial, celui de ne
pas avoir tenu le journal de ses voyages, du moins sa nostalgie est-elle plus apaisée en songeant
que c’est au fond toute son œuvre qui est irriguée par ces expériences de marche à pied et que
ces dernières colorent, d’une teinte particulière mais indélébile, ses œuvres majeures (de tout cela
dans mes ouvrages). L’extrait s’achève sur une réflexion littéraire qui montre à quel point la vie de
l’auteur et le contenu de ses œuvres sont mêlés. Il suggère aussi la beauté extraordinaire de ses
voyages, beauté à jamais enfouie dans ses propres souvenirs, à défaut d’être vraiment retranscrite
dans son journal.

1.1.4. Analyse du document 4


Ce dernier document du corpus est une photographie, tirée du site web de l’Office de tourisme du
Jura. Elle est donc destinée à informer et attirer d’éventuels touristes sur la région concernée. Elle
met en scène deux randonneurs, de dos, qui parcourent un paysage verdoyant, en été. Elle comporte
un titre : « Randonnée sur l'échappée jurasienne ».

Éléments notés au brouillon :


genre = photographie, source = site web de l’Office du tourisme du Jura, date = non renseignée,
auteur = Stéphane Godin.

Propos directeur : cette photographie vise à promouvoir les atouts du Jura en été, notamment pour
les amateurs de randonnées à pied.

Les deux personnages, centraux, sont présentés de dos, ce qui est loin d’être anodin. En effet, même
si l’on peut identifier un homme et une femme, les visages ainsi dissimulés permettent au lecteur
de se projeter plus aisément dans cette situation. Et il s’agit bien de donner envie aux touristes de
découvrir cette belle région. Les deux personnages avancent sur un sentier à peine tracé, équipés de
bâtons de marche, de chaussures appropriées et de lourds sacs à dos. On est ici dans une situation
de découverte de la nature environnante, mais il s’agit d’une aventure bien préparée et organisée.
Les deux personnages progressent à travers un paysage naturel, sans aucune habitation visible, ce
qui est fort propice au dépaysement, aux belles rencontres et au ressourcement. La solitude semble
revendiquée pour goûter avec plus d’intensité au plaisir de découvrir la région et sa nature abondante.

Quant au paysage, présenté en toile de fond, il évoque une nature sauvage, avec un sentier en flanc de
coteau, une pente qui, sans être vertigineuse, nécessite une certaine attention, une falaise abrupte.
Le ciel d’un bleu immaculé, les collines d’un vert profond, tout suggère une nature riche. Enfin, le
sentier suivi par les marcheurs, offre une ligne de fuite dans ce tableau champêtre et suggère que la
progression physique des marcheurs peut aussi être une escapade en amoureux, un chemin de vie
à parcourir à deux, voire une quête plus spirituelle. La marche ainsi présentée est donc communion
avec la nature mais exige quelques efforts de volonté.

1.2. Confrontation des documents du corpus 10 pts


Après avoir étudié les deux derniers documents, il convient de compléter le tableau synoptique
commencé avec les deux premiers documents. L’étude des deux derniers documents confirme
nettement les trois grands axes dégagés par l’analyse des deux premiers : caractéristiques de la
marche à pied, les ruptures qu’elle permet et, enfin, ses bienfaits. On aboutit au résultat suivant
(à titre indicatif).

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Axes de
Document 1 Document 2 Document 3 Document 4
­recherches
Références du docu- Titre : « Le sens de la Titre : « Éloge de la Titre : « Voyager à Titre : « Randonnée
ment marche ». lenteur ». pied ». sur l’échappée juras-
Source : Sciences Source : Libération, Source : Les Confes- sienne ».
Humaines, 2012. 2014 ; sions, 1782. Source : site web de
Auteur : Héloïse Auteur : David Le Auteur : Rousseau. l’Office de tourisme du
Lhérété. Breton. Jura.
Auteur : Stéphane
Godin.
Type de document Article de revue. Article de journal. Extrait d’autobiogra- Photographie illustra-
phie. tive.

Position de l’auteur Analyse l’engouement Évoque la marche Évoque la satisfac- Met en scène un
pour la marche à comme une attitude tion profonde de se couple de randon-
pied et les avantages subversive face à déplacer à pied et la neurs dans un paysage
qu’elle procure. l’accélération de la communion avec la attrayant.
société. nature et l’écriture.
Caractéristiques de la Promenade, randon- La marche se caracté- La marche à pied, une Marche récréative, aux
marche : des formes née, trek, pèlerinage. rise avant tout par son aventure qui aurait beaux jours.
variées. L’homme renoue avec allure, plus naturelle. dû être fixée dans ses Loisir.
ses origines : homo Mémoires.
viator.
Caractéristiques de la Marche solitaire mais C’est un phénomène Aime la marche car Tourisme vert, nature
marche : une activité en com­munion avec la de mode généralisé. elle se pratique en préservée, isolement
solitaire. nature et soumise aux solitaire. Solitude qui mais pas solitude.
aléas des rencontres. permet l’analyse de
soi.
Caractéristiques de la La marche conçue Elle s’oppose à la La marche pour Activité librement
marche : en réaction à comme une rupture frénésie ambiante. s’affranchir du monde choisie et prépa-
un certain contexte. par rapport à nos et des contingences. rée. S’affranchir du
soucis quotidiens et Forme de liberté. quotidien, s’ouvrir aux
professionnels. grands espaces.
Ruptures introduites C’est surtout un dé- La marche assure un Suggère des pay- Équipement spécial
par la marche : rup- paysement sensoriel : dépaysement buco- sages extraordinaires, pour affronter la
ture spatiale. nouvelles sensations, lique, apaisant. Se expressifs. nature brute, marche
nouvelles façons de recentrer sur l’essen- volontaire.
voir le monde. tiel, sur la nature.
Ruptures introduites Réveil de nos habi- Éloge de la lenteur, Le mouvement de la Loin du monde du
par la marche : rup- tudes primitives respect de son rythme marche à pied rythme travail mais aussi
ture temporelle. d’êtres errants. intérieur. Déconnexion sa réflexion, épanouit des sentiers battus.
avec la mesure tradi- sa vie intérieure. Chemin à peine tracé,
tionnelle du temps. équipement néces-
saire.
Ruptures introduites L’étirement temporel Voyage hors du Élargissement de la Photographie en
par la marche : est tel qu’il donne temps, avec un temps vision, sensation de plongée qui maîtrise
rapport au temps l’impression de vivre paradoxalement mieux dominer le monde. le paysage, le sur-
renouvelé. plus longtemps. rempli. plombe.
Avantages de la Activité économique- Ralentissement bon Rousseau fuit ses La marche, conçue
marche : un avantage ment avantageuse, pour la planète et contemporains et comme un loisir at-
social. bonne pour l’environ- exemple intéressant les comprend mieux tractif. Couple éloigné
nement. des slow cities. quand il s’en éloigne. de la fièvre sociale.
Avantages de la Être disponible aux Réalisée à plusieurs, La relation est ainsi La marche permet
marche : un n
­ ouveau autres, possibilité de la marche est un facilitée avec les une intimité, un
rapport aux autres. faire de belles ren- temps d’échange autres, ce qui semble rapprochement, des
contres. privilégié. On organise paradoxal. échanges en comité
son temps comme bon restreint.
nous semble. Refus
de l’accélération du
monde et forme de
résistance.
Avantages de la Bénéfice pour la santé Renouer avec les La marche favorise Cheminement dans un
marche : des satisfac- mais aussi pour le valeurs fondamentales la réflexion, la vie de environnement pur et
tions personnelles. cheminement spirituel (amour). l’esprit. Marche liée à sain.
de chacun. l’écriture. Marcher = respirer.
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Remarque
Les entrées en gras dans la colonne de gauche correspondent aux trois axes dégagés, donc aux
trois parties. Les entrées en caractères normaux (fins), toujours dans la colonne de gauche, cor-
respondent aux futurs paragraphes internes à la synthèse. Nous avons donc 3 grandes parties et 9
mini-thèmes ou futurs paragraphes internes à la synthèse.

1.3. Élaboration d’un plan 6 pts


Les regroupements en grandes parties coulent de source à partir de la visualisation du tableau.
Nous avons trois grands axes transversaux, donc trois parties.

I. Les différentes caractéristiques de la marche


§ 1. Les formes diverses de la marche
§ 2. Une activité plutôt solitaire
§ 3. Une forme de résistance au monde actuel (Cette partie exploite tous les documents.)

II. Les ruptures engendrées par la marche


§ 1. Une rupture spatiale
§ 2. Une rupture temporelle
§ 3. Un nouveau rapport au temps (Cette partie exploite tous les documents.)

III. Les bénéfices de la marche


§ 1. Une activité « écologique »
§ 2. Une ouverture aux autres
§ 3. Une expérience quasi-spirituelle (Cette partie exploite tous les documents.)

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1.4. Rédaction 14 pts
Remarque
Quelques indications sont placées en gras et entre crochets ; elles sont destinées à vous aider, mais
sont bien sûr interdites dans vos copies personnelles.

La marche à pied connaît un engouement sans précédent dans nos sociétés avides de retour à
la simplicité et à la nature. [Accroche pour amorcer le thème : la marche à pied] Quatre documents
s’interrogent d’ailleurs sur ce phénomène. Dans un article publié en 2012 dans la revue Sciences
Humaines et intitulé « Le Sens de la marche », Héloïse Lhérété propose une analyse précise de cette
tendance et souligne les nombreux avantages qu’en retirent les adeptes. Le sociologue David Le
Breton, quant à lui, dans un article titré « Éloge de la lenteur » et publié dans le journal Libération
en 2014, voit surtout dans la marche à pied une forme de résistance individuelle salutaire face à une
société en pleine accélération. Mais c’est le célèbre J.J. Rousseau qui, au XVIIIe siècle, évoque déjà
dans son autobiographie Les Confessions, la satisfaction personnelle profonde qu’il retire de ses
déplacements à pied en solitaire qui, seuls, lui permettent de véritablement communier avec la nature
et de se réconcilier avec le monde. Enfin, l’office de Tourisme du Jura, dans sa brochure publicitaire,
propose une photographie alléchante aux touristes en mal de nature et met en scène, à cet effet, un
couple de randonneurs dans un paysage naturel et attrayant. [Présentation des différents documents
et des positions respectives des auteurs]. Comment le corpus de documents interprète-t-il cette
nouvelle tendance ? [Énoncé de la problématique sous forme de question] Nous verrons quelles
sont les caractéristiques de la marche selon les différents documents, puis les types de rupture que
cette pratique engendre, et enfin les bienfaits que tout un chacun peut en retirer. [Annonce du plan
de la synthèse en trois parties]

[On saute une ligne après l’introduction.]

À travers les documents du corpus, la marche est présentée avec des caractéristiques récur-
rentes. [Accroche à la partie 1]
Tout d’abord, la marche prend des formes variées et Lhérété en énumère les possibilités, de la
promenade tranquille à la randonnée plus ardue ou au trek aventurier, en passant par le pèlerinage
religieux. D’ailleurs, la marche se pratiquait déjà aux origines de l’humanité et définissait même
essentiellement l’« homo viator ». L’homme est donc foncièrement conçu pour se déplacer sur ses
pieds. Quant à Le Breton, c’est surtout le rythme de la marche qu’il valorise, une progression plus
adaptée à notre allure naturelle, en harmonie avec notre moi profond. D’ailleurs, elle n’est pas for-
cément aisée, demande une réelle concentration pour tracer son cheminement personnel hors des
sentiers battus. Surtout, elle permet des pauses nombreuses, au gré de notre volonté et des aléas
de la route. C’est déjà cet aspect très individuel qui plaisait tant à Rousseau dès le XVIIIe siècle, lui
qui considérait la marche comme un moyen de voyager à part entière, une façon d’aller d’un lieu à un
autre. La marche devient chez lui une véritable aventure, digne de figurer dans ses Mémoires. Enfin,
l’Office du Tourisme du Jura, de son côté, propose avant tout une marche récréative, qui se déroule
aux beaux jours, dans les meilleures conditions possibles, un moment de loisir en comité restreint,
une parenthèse dans une vie bien remplie.
Ensuite, la marche est présentée comme une activité solitaire ou en comité restreint. Si le Jura
offre aux touristes des chemins balisés pour des randonnées en moyenne montagne, pour autant
il veut donner l’image d’une nature préservée, avec un tourisme vert maîtrisé : seul un couple de
randonneurs arpente le paysage jurassien, ce qui permet une relative solitude. La marche permet
de se retrouver et d’être disponible aussi à l’autre. Quant à Rousseau, son amour pour la marche
s’explique justement par son goût de la solitude déjà très romantique : l’écrivain revendique cette
solitude qui est propice à l’analyse de soi et permet d’être à l’écoute des mouvements de son cœur.
Pour Le Breton, en revanche, la marche relève d’un phénomène de mode actuel et concerne de plus
en plus d’individus dans le monde qui y voient un bon moyen de fuir leurs réalités, alors que Lhérété
fonde sa réflexion essentiellement à partir de témoignages de marcheurs solitaires et réputés, qui
ont laissé des traces écrites de leurs voyages. La marche est certes une activité solitaire, mais en

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communion avec la nature et soumise aux aléas des rencontres. Le véritable voyageur sait improviser,
organiser une halte, à son gré.
Enfin, tous les documents convergent pour présenter la marche comme une activité en réaction
à un certain contexte. En effet, l’attraction qu’elle exerce est proportionnelle à l’agitation habituelle
dans laquelle nous évoluons. Autrement dit, la marche est une façon de ralentir face à l’accélération
ambiante ; elle exprimerait même une forme de résistance naturelle des individus en situation stres-
sante. Ainsi, Lhérété affirme que la marche est en contraste avec nos activités quotidiennes et nos
soucis personnels ou professionnels. Dans une société hyperconnectée, la marche offre ainsi une
oasis relativement préservée, mais elle peut aussi être revendiquée comme un moyen volontaire et
radical de s’opposer aux tendances de la société. C’est surtout Le Breton qui met en scène l’oppo-
sition entre la frénésie d’une société obsédée par la vitesse et la volonté affirmée des marcheurs
souhaitant renouer avec une certaine lenteur. Même Rousseau recherche dans la marche une forme
d’affranchissement, un oubli de sa condition et une solution pour se libérer de toutes ses formes
de dépendance. Quant aux touristes, ils se livrent à une activité librement choisie sur leur temps de
loisir et s’affranchissent de la routine quotidienne pour affronter la nature et les grands espaces.

[On saute une ligne entre les parties.]

Non seulement la marche revêt des formes variées, mais elle introduit toute une série de rup-
tures dans nos vies pressées. [Accroche à la seconde partie]
La marche offre tout d’abord, et de façon presque évidente, une rupture spatiale en particulier
lorsqu’elle se réalise dans des lieux différents de notre quotidien. C’est ce qui se produit pour les
randonneurs du Jura qui s’astreignent à une marche volontaire à travers les montagnes, équipés
spécialement pour affronter cette épreuve sans prendre de risque. Les paysages traversés consti-
tuent ainsi une expérience nouvelle, inédite et la photo est construite de sorte à susciter l’envie de
futurs adeptes désireux de se dépayser. Quant à Rousseau, il ne décrit pas les lieux qu’il traverse,
mais suggère des paysages extraordinaires, expressifs, dignes d’une toile de maître et susceptibles
de figurer dans ses Mémoires. Pour Lhérété, en revanche, c’est le dépaysement sensoriel qui est
mis en avant : nouvelles sensations, nouvelles façons de voir le monde, la marche procure d’infinis
plaisirs. Le Breton, pour sa part, évoque un dépaysement bucolique qui apporte la paix. Selon, lui,
la marche nous permet de renouer avec les éléments naturels et essentiels, de nous recentrer sur
la nature brute. Il rejoint ainsi Lhérété qui souligne que le marcheur redécouvre les paysages, les
matières et les odeurs naturelles.
Mais la rupture la plus notable que la marche introduit dans nos vies est d’ordre temporel. Tous
les documents du corpus s’accordent à noter le ralentissement induit par cette nouvelle pratique.
Le Breton ne veut-il pas faire l’éloge de la lenteur ? Il s’agit pour lui de s’opposer à l’accélération du
monde afin de retrouver le plaisir de vivre en harmonie avec son rythme intérieur. Il réclame d’ail-
leurs une déconnexion avec la mesure traditionnelle du temps, l’horloge qui nous impose un rythme
social inapproprié. Lhérété le rejoint sur ce point en rappelant que la marche réveille nos habitudes
primitives d’êtres errants, celles de l’« homo viator », qui se définit justement par le mouvement
lent de son corps. Les randonneurs, pour leur part, ont aussi choisi de ralentir : non seulement ils
sont en rupture avec la pression du monde du travail, mais ils ont pris de petits chemins où la pro-
gression est forcément ralentie, difficile même puisqu’ils utilisent du matériel approprié. De plus,
la photo suggère une excursion estivale, donc, par définition un moment particulièrement propice
au ralentissement. Rousseau, de son côté, revendique le mouvement, mais uniquement celui de la
marche à pied en solitaire, qui lui permet de mieux s’approprier le paysage environnant, de mieux
goûter à l’intensité de la vie intérieure ainsi plus épanouie.
La rupture temporelle peut d’ailleurs aller encore plus loin. Lhérété et Le Breton évoquent
tous deux un rapport au temps renouvelé. Ainsi, le sociologue parle de voyage hors du temps, para­
doxalement non pas vidé de la notion temporelle mais mieux rempli : il présente alors la marche
comme une bonne manière de vivre un temps plein, de gagner en profondeur. En marchant, le rythme
essentiel du corps entre en harmonie avec le temps réellement vécu. Lhérété, quant à elle, va jusqu’à
affirmer que l’étirement temporel est tel qu’il donne l’impression de vivre plus longtemps, puisque le

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rapport subjectif au temps est modifié. Le temps ainsi ressenti, Rousseau le perçoit implicitement,
lui qui parvient à mieux penser quand il marche, à mieux comprendre les autres et à mieux saisir
son environnement : cet élargissement lui confère même l’impression de dominer le monde ! Et nul
doute que la photographie, prise en plongée sur le paysage environnant et presque du point de vue
des marcheurs, vient, elle aussi, souligner cette impression d’emprise sur le paysage, de maîtrise
sur ce qui est finalement essentiel.

[On saute une ligne entre les parties.]

Si la marche à pied provoque toute une série de ruptures, elle comporte en outre des avantages
que tous les auteurs soulignent ou suggèrent. [Accroche à la dernière partie.]
Tout d’abord, la marche est avantageuse pour la société. Lhérété souligne en effet le faible coût
financier qu’engendre une telle activité en période de crise, puisque le matériel nécessaire pour la
pratiquer n’atteint pas des sommes exorbitantes. De plus, la marche à pied est respectueuse de
l’environnement, émettant peu de rejets dans l’atmosphère. Elle correspond tout à fait à la montée en
puissance d’un tourisme vert soucieux du devenir de la planète et aux tendances actuelles de toute
une société en pleine mutation. Cette idée est d’ailleurs reprise par Le Breton qui rappelle la volonté
affirmée par toute une société de ralentir, en particulier avec les « slow cities » qui apportent une
réponse politique et globale aux préoccupations contemporaines. Les randonneurs du Jura illustrent
bien ce mouvement social naissant, puisque la marche, choisie comme loisir, malgré les efforts
demandés, est devenue attractive aux yeux des jeunes. Éloigné des villages, parcourant les campagnes
verdoyantes, le couple recherche un environnement naturel épargné par la fièvre consommatrice.
La marche permet en outre un nouveau rapport aux autres. Parce qu’elle déconnecte du monde
stressant du travail, la marche à pied nous rend disponibles aux autres. Rousseau lui-même, réputé
pour son caractère solitaire, avoue que la marche a ce pouvoir extraordinaire de faciliter sa relation
avec ses contemporains : elle lui permet, en effet, de mieux comprendre les hommes, car la marche
et le mouvement éclaircissent la réflexion de l’auteur et lui permettent de résoudre ses conflits. Parce
qu’elle peut se réaliser à plusieurs, la marche permet aussi de discuter, comme le suggèrent la
photo et le texte de Le Breton, puisqu’elle ménage un temps à soi, qu’on peut organiser comme bon
nous semble. La photographie pour sa part, avec le couple de randonneurs en premier plan, donne
l’image d’une microsociété harmonieuse où les individus marchent ensemble et peuvent échanger
quand bon leur semble. Rousseau, lui, s’accommode d’une alternance de temps personnels et de
temps sociaux. Quant à Lhérété, elle évoque plutôt la possibilité de faire de belles rencontres tout
au long de son chemin, d’être disponible à tout ce qui peut arriver. La marche peut aussi être un
moyen politique de résister ou d’exprimer collectivement, avec d’autres, le refus d’une accélération
du monde, ce sur quoi insiste le sociologue.
Mais surtout, la marche à pied procure des satisfactions très personnelles. Lhérété souligne
l’indéniable bénéfice que la marche apporte sur le plan de la santé, autrement dit la forme physique
de chacun, la possibilité de progresser dans un environnement sain et pur est aussi prônée par la
photographie de l’office du tourisme, qui met en avant la nature préservée et envisage la marche
comme une forme de respiration. Le Breton souligne lui aussi le décrochage que la marche auto-
rise, nous permettant de renouer avec toutes les valeurs qui nous fondent profondément, comme
l’amour ou la jouissance d’exister. Car marcher est une véritable expérience existentielle déjà au
XVIIIe siècle pour Rousseau qui note cette intensité salvatrice que prend sa personnalité en marchant.
On est alors bien éloigné de toute idée de performance, et le marcheur peut se centrer sur lui, sur
ses ressources propres et accéder à un épanouissement dont il est d’ordinaire privé. La marche
accroît ainsi ses capacités réflexives, lui permet d’être disponible à lui-même et à ses préoccupations
intérieures. Ainsi, elle conduit à la méditation, ouvre la voie à une réelle spiritualité. D’ailleurs, la
marche n’est-elle pas aussi une métaphore du cheminement de chacun d’entre nous dans sa vie,
comme le suggère Lhérété ?

[On saute une ligne avant la conclusion.]


La marche à pied revêt ainsi des formes variées, allant de la flânerie à la randonnée exigeant de

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réels efforts ; elle est toutefois une activité qui privilégie la solitude ou du moins les comités restreints
et elle peut s’inscrire comme une réaction au contexte actuel, une forme de résistance à notre monde
trop pressé. Elle offre en effet une rupture avec les lieux que nous fréquentons habituellement, une
rupture avec le temps qui peut aller jusqu’à l’expérimentation d’une autre temporalité, plus proche
de notre « moi profond ». Elle comporte enfin de nombreux avantages puisqu’elle est à la portée de
tous et qu’elle respecte l’environnement ; elle permet de s’ouvrir à la nature mais aussi à Autrui, par
le biais de rencontres par exemple et peut conduire à une authentique expérience spirituelle. [Bilan
objectif à la synthèse sans ajout de nouvelles idées et sans aucun jugement personnel.]

Critères d'évaluation de la synthèse


Les critères d’évaluation sont les suivants.

Question Attentes Indicateur Barème


1.1. Analyse du COMPRENDRE LE CORPUS/LES DOCU- Lecture attentive des idées essentielles 10
corpus MENTS (sans attendre un relevé exhaustif).
- Compréhension de chaque document. Pas de contresens.
- Sélection des idées pertinentes en lien Pas d’opinion personnelle.
avec l’unité thématique du corpus.
1.2. Confrontation UTILISER ET CONFRONTER DE ­FAÇON Présence de liens entre les idées portées 10
des documents du OBJECTIVE DES ­DOCUMENTS par les documents.
corpus - Exploitation de tous les documents Appui sur plusieurs documents par partie
référencés et sans ajout. (et non nécessairement par sous-partie).
- Mise en relation des documents en lien Tous les documents sont exploités équi-
avec la problématique en évitant la juxta- tablement. Document icono­graphique non
position d’analyses ou de résumés. négligé.
1.3. Élaboration STRUCTURER/ORGANISER Plan en 3 parties avec au moins deux 6
d’un plan Mouvement dynamique de la composition. sous-parties chacune.
Présence d’une ligne directrice.
Pas de référence à des éléments étran-
gers aux documents proposés.
1.4. Rédaction RÉDIGER/ REFORMULER Tout est entièrement rédigé : pas de 14
- Reformulation attestant des ­qualités de titres, pas de liste, pas de recopiage de
concision requises. texte ni de citations (avec ou sans guille-
- Expression claire et personnelle. mets).
- Respect des usages normés de la Présentation en paragraphes distincts qui
langue écrite, en fonction de sa lisibilité rende le plan bien visible.
et de sa compréhension par le lecteur. L’introduction énonce la problématique et
un parcours.
Caractère lisible et compréhensible (y
compris au regard de la langue et de
l’orthographe).
Chaque pensée est bien rapportée à
l’auteur qui la formule.
Indication des références des documents
(sans formalisme).
Pas de longueur contraire à l’esprit de la
synthèse.

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Deuxième partie : le développement personnel 20 points
2.1. Étude du sujet 3 pts
Rappel du sujet : la marche à pied permet-elle vraiment la découverte de soi ?
Rappel de la question : rédiger en quelques lignes ce que le sujet exprime (ce qui est en jeu) et
comment vous comptez le traiter.

Le sujet proposé à votre réflexion ne pose pas, à proprement parler, de difficultés de compréhension.
Il est formulé sous forme de question, ce qui facilite votre travail. Ainsi, la problématique apparaît
clairement : il s’agit de savoir si la marche permet de se découvrir soi-même. Cette question est
justifiée par le fait que la marche est une activité physique qui impose un rythme de progression
très personnel. Elle se pratique en général dans la nature et, à ce titre, permet plutôt au marcheur
de s’ouvrir au monde. C’est du moins la première réponse qui peut être faite. Nous la retiendrons
donc comme première thèse. Il conviendra ensuite d’examiner la position inverse et de se deman-
der comment la marche peut effectivement déboucher sur une meilleure connaissance de soi. La
question posée par le sujet est totale et, par sa nature, elle exige une réponse en deux temps qui
peut se matérialiser de la façon suivante : la marche permet évidemment de découvrir le monde,
mais elle conduit inévitablement à une meilleure connaissance de soi. Le sujet vous incite donc à
fouiller dans deux directions : la marche comme possibilité de découvrir le monde (et les autres)
ou la marche comme opportunité pour se découvrir soi-même !

Au brouillon, il vous faudra chercher des arguments pour appuyer ces deux positions apparemment
contraires. Il s’agira alors de varier les points de vue pour apporter des preuves plus convaincantes
mais aussi de chercher des exemples pertinents qui viendront illustrer efficacement le devoir.

2.2. Élaboration d’un plan 2 pts

Partie 1. La marche, un moyen de découvrir le monde et les autres


§ 1. La marche offre l’opportunité de regarder autour de soi
§ 2. Elle favorise les rencontres
§ 3. Elle est une leçon d’humilité qui rend attentif

Partie 2. La marche comme découverte de soi


§ 1. La marche favorise la concentration
§ 2. Elle fait travailler corps et sens.
§ 3. Elle est aussi une expérience spirituelle

Remarque
Ce plan est donné à titre indicatif et correspond à l’exemple rédigé ci-dessous. D’autres plans,
notamment au niveau des sous-parties, sont bien sûr recevables.

2.3. Mobilisation des références 5 pts


Rappel de la question. De façon claire, indiquer quels documents du corpus et quelles références
personnelles peuvent être utilisés dans le développement et justifier vos choix.

Il est très difficile d’offrir un corrigé type pour une question aussi personnelle, puisqu’elle mobilise
vos expériences personnelles, vos propres connaissances littéraires, cinématographiques, etc. Donc
la façon dont vous argumentez et illustrez votre développement sera laissée à l’appréciation de votre
correcteur qui est le seul apte à évaluer la logique et la richesse de vos idées.

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Voici toutefois les références de ce qui figurera dans l’exemple de développement rédigé qui suivra.
I. Dans une société dominée par la vitesse, la marche à pied constitue avant tout un bon moyen
de découvrir le monde qui nous entoure
1. La marche à pied offre du temps pour regarder autour de soi : effectuée dans des milieux
plus naturels, elle nous invite à une curiosité sans cesse renouvelée. Exemple : Rousseau dans les
Rêveries du promeneur solitaire s’extasie devant les paysages contrastés des Alpes qu’il traverse.
2. La marche à pied permet de se lier avec les autres ou de partager et procure de la convivialité :
autres marcheurs, rencontres hasardeuses, retrouvailles familiales pour marcher. Exemple : les
clubs de marcheurs, les promenades en famille le dimanche.
3. La marche à pied rend l’homme plus vulnérable, l’invite à rester humble : il regarde autour
de lui, il reste en éveil, attentif. Exemple : Julien Gracq dans ses Carnets du grand chemin, raconte
comment il repère l’écureuil furtif.

II. Mais la marche à pied constitue un moyen extraordinaire pour se connaître soi-même
1. La marche favorise la création intellectuelle car elle permet la concentration. Exemples : les
philosophes antiques et l’école péripatéticienne, Nietzsche qui composa Ainsi parlait Zarathoustra
en marchant.
2. La marche favorise notre apprentissage par le corps et les sens. Exemple : les Compagnons
du Tour de France qui deviennent maîtres en leur art grâce au voyage.
3. La marche, en particulier dans le pèlerinage, permet une vie intérieure plus riche et un épa-
nouissement spirituel. Exemple : les pèlerins d’aujourd’hui et leur quête individualisée de sens.

2.4. Rédaction 10 pts

La marche à pied connaît actuellement un engouement inédit et certaines études affirment


que plus de cinq millions de Français la pratiquent régulièrement. Cette activité s’avère en effet
très attractive, car peu onéreuse et accessible à chacun selon ses possibilités physiques. Mais
il semble bien que nos contemporains cherchent aussi, à travers cette pratique, une forme de
réalisation plus personnelle, une révélation de leur identité profonde. [Thème rappelé] Pour
autant, la marche à pied permet-elle vraiment la découverte de soi ? [Rappel de la probléma-
tique] S’il semble évident que cette pratique en vogue permet de nouer des liens nouveaux avec
le monde qui nous entoure, elle conduit indéniablement à un rapport à soi plus approfondi et à
une meilleure connaissance de soi. [Annonce du plan]

[On saute une ligne.]

Dans une société dominée par la vitesse, la marche à pied offre évidemment l’opportunité
de créer de nouveaux rapports avec son environnement. [Accroche à la 1re partie]
Tout d’abord, la marche à pied permet de se déconnecter de la frénésie de la vie moderne.
Comme cette pratique se réalise au rythme de nos pas, elle nous impose un ralentissement
par rapport aux autres moyens de transport, plus rapides, et elle invite à trouver le temps de
regarder autour de soi. Marcher à pied, c’est avant tout accorder de l’importance au parcours
et mettre la destination au second plan. De plus, la marche à pied s’effectue habituellement
dans des lieux plus naturels, moins urbanisés et par conséquent, propose un véritable dépay-
sement spatial. Ainsi, elle offre de grands espaces et une nature à admirer, elle suscite notre
curiosité, éveille nos sens. La pratique de la marche à pied permet donc de mieux regarder notre
environnement, de le découvrir avec d’autres yeux, avec la possibilité, au cours d’une flânerie
improvisée, de trouver des plantes rares, de croiser des animaux sauvages, de se confronter
au vent et aux aléas climatiques. Déjà au XVIIIe siècle, Jean Jacques Rousseau avouait, dans
Les Rêveries du promeneur solitaire, trouver dans la marche une opportunité pour traverser
des paysages charmants ou effroyables, depuis les gorges abruptes des Alpes jusqu’aux plages
reposantes des lacs savoyards.

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De plus, la marche offre la possibilité de partager avec les autres, de vivre une expérience
collective qui nous transforme. En effet, actuellement, les marcheurs se constituent volontiers
en clubs pour des marches organisées. Il n’est pas question ici d’errances hasardeuses, mais
de parcours bien balisés, reconnus au préalable, étudiés, encadrés, et qui sont propices aux
échanges. Dans l’effort collectif, les marcheurs partagent leurs difficultés, éprouvent leurs per-
formances corporelles, et, sans pourtant rivaliser, comparent leurs impressions respectives, leur
fatigue, leurs limites. La marche peut même se pratiquer en famille et offre ainsi un moment
où l’on a plaisir à se retrouver et à marcher ensemble. La rapidité de certains et la nonchalance
des autres n’enlève rien à la convivialité. Comme le rythme de marche est aisément modulable,
chaque groupe de marcheurs s’adapte aux réalités du terrain et aux capacités de chacun. La
marche à pied s’avère donc un bon moyen pour vivre une expérience collective riche, que ce
soit le dimanche après-midi après un bon repas ou le week-end en haute montagne pour une
course plus sportive en club ou en équipes.
Enfin, l’expérience de la marche décentre de soi-même, restaure notre relation, souvent
perdue, au monde, inscrit l’homme dans ses limites. Le marcheur ne développe pas l’arrogance
de l’automobiliste ou du passager en avion, il reste à hauteur d’homme, il ressent sans cesse
sa propre fragilité et, ainsi, reste humble. Sa vulnérabilité l’incite à la prudence et à l’ouverture
à l’autre. En permanence, il exprime son souci de mieux comprendre sa place dans le monde
et ses relations avec les autres. Le marcheur cherche souvent à se documenter sur les lieux
qu’il va traverser, sur la flore et la faune qu’il sera amené à rencontrer. Il exerce son œil et son
oreille pour être à l’écoute du monde. L’écrivain Julien Gracq, dans Carnets du grand chemin,
est tellement familier de la nature par ses contacts répétés, qu’il raconte comment il est capable
de repérer le bruit d’un écureuil, rien qu’en entendant la chute inopinée d’une pomme de pin.
La marche se révèle donc être une véritable bibliothèque du vivant, elle offre des expériences
variées qui nous construisent. La marche est bien une ouverture au monde et à chaque instant
elle nous invite à le saisir dans sa fugacité et dans son épaisseur.

[On saute une ligne.]

Si la marche à pied est l’occasion de s’ouvrir aux autres et au monde qui nous entoure, elle
constitue un moyen extraordinaire pour se découvrir soi-même. [Accroche à la seconde partie}
En effet, la marche en extérieur favorise et stimule la création intellectuelle. Le rythme
ralenti du corps convient parfaitement au développement de la pensée qui nécessite de la régu-
larité, loin de la frénésie du monde contemporain. Il permet aussi une meilleure concentration,
selon des études récentes effectuées sur des élèves, finalement plus productifs en mouvement
qu’assis à un bureau. Les philosophes grecs antiques l’avaient bien compris, eux qui privilé-
giaient la déambulation, plus favorable à la discussion et à la construction de leurs diverses
théories. Aristote lui-même fonda une école dite « péripatéticienne », autrement dit « qui aime
se promener » et construisait pour ainsi dire sa réflexion pas à pas. Plusieurs penseurs ont
expérimenté la justesse de cette stimulation. Ainsi, Nietzsche affirme : « Les seules pensées
valables viennent en marchant ». Le rythme du corps, en balancement régulier mais aussi le
déplacement qui conquiert un espace, tout favorise le cheminement de la pensée et la plénitude
de la réflexion. Ce même philosophe avoue avoir écrit Ainsi parlait Zarathoustra exclusivement
lors de ses nombreuses pérégrinations : la pensée demande à s’exprimer dans un espace tou-
jours renouvelé et dans un mouvement corporel épanouissant.
En outre, la marche est un formidable moyen d’apprendre. Elle est un outil idéal de forma-
tion personnelle, d’apprentissage par le corps et par tous les sens. Le marcheur développe son
observation à la manière d’un ethnologue, à la recherche de signes et apprend par tous les sens :
odeur d’une fleur, cri d’un animal, douceur d’une feuille, goût d’un fruit sauvage. Cet éveil des
sens correspond à un apprentissage par le corps qui complète une démarche plus intellectuelle.
D’ailleurs, dans certaines conceptions pédagogiques, la marche a été intégrée à la formation,
comme c’est le cas chez les scouts, mais surtout chez les compagnons du Tour de France.
Ainsi, l’apprenti s’initie aux pratiques différentes selon les régions traversées et apprend des
techniques locales qui lui permettront de maîtriser son métier, littéralement de devenir maître.

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Il ne s’agit pas seulement d’affiner un métier : le Tour vise à former l’homme, à l’initier à la dif-
férence, à cheminer sur la route de la connaissance, à le forger à la vie pratique, à le façonner
dans sa conscience civique et morale. Le Tour des apprentis se veut un véritable rite de passage
et accouche d’un homme nouveau, capable lui aussi de fonder un foyer et d’ouvrir son atelier.
Mais la marche permet surtout d’accéder à une autre conscience de soi, à une reconnexion
avec notre moi profond. En marchant, nous laissons venir à nous des pensées qui n’auraient
sans doute pas pu accéder à notre conscience en temps normal. Le marcheur accède à une
intériorité plus riche. Cette tendance était déjà perceptible dans les pèlerinages : autrefois, les
pèlerins partaient sur les routes, affrontaient les périls du voyage et des mauvaises rencontres
pour se rendre en un lieu sanctifié à leurs yeux par la présence divine. Même si les pèlerinages
actuels ont perdu de leur ferveur religieuse, même s’ils ne sont plus l’affirmation ostentatoire
d’une foi, ils expriment une forme de quête personnelle de spiritualité, au sens large du terme.
Il ne s’agit plus d’affirmer une dévotion, mais de renouer avec une forme de sacré, de constituer
une temporalité et une expérience intimes et personnelles. Ces chemins de la foi deviennent
chemins de sens et chaque pèlerin y met un contenu très personnel. Le chemin devient alors
une forme déambulatoire de la spiritualité individuelle  : le pèlerin recherche recueillement,
humilité, patience, autrement dit une vie plus intense, plus vraie et plus originale. Ainsi, la
marche permet d’ouvrir aussi un chemin en soi, de parcourir les sinuosités du monde en même
temps que les siennes propres.

[On saute une ligne.]

Pour conclure, la marche à pied permet, avant tout et de façon évidente, de découvrir le
monde. Cette pratique offre une alternative à la frénésie ambiante et propose un ralentissement
propice à la découverte de notre environnement. Le dépaysement spatial éveille perpétuellement
notre curiosité par des nouveautés mais permet aussi de renouer avec une certaine convivialité,
que ce soit celle des rencontres inopinées ou celle des marcheurs qui partagent la même activité.
La marche, en nous décentrant de nous-même, invite à mieux penser notre relation au monde
et à réfléchir à notre fragilité et à nos relations aux autres. Cette appréhension accrue du monde
n’est d’ailleurs pas incompatible avec une meilleure connaissance de soi. La marche favorise en
effet l’intellect et de nombreux auteurs avouent la pratiquer régulièrement pour pouvoir mieux
penser. Elle est aussi l’occasion d’apprendre, par le corps et les sens et d’aborder le monde
différemment. Elle peut même, notamment par les pèlerinages encore bien vivaces aujourd’hui,
exprimer une forme de spiritualité personnelle. La pratique de la marche à pied constitue donc
une expérience riche aussi bien pour notre exploration plus approfondie du monde que pour la
connaissance de soi.

Critères d'évaluation du développement


Les critères d’évaluation sont les suivants.

Question Attentes Indicateur Barème


2.1. Étude du sujet S’ENGAGER EN RÉPONDANT À LA QUES- Certains arguments peuvent être repris 3
TION POSÉE du corpus.
- Énonciation témoignant d’une prise de
position personnelle (même sans emploi
du « je »).
- Prise en compte de la question posée
en développant plusieurs arguments ou
idées pertinents.

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Question Attentes Indicateur Barème
2.2. Élaboration STRUCTURER Plan construit en deux parties, elles- 2
d’un plan - Organisation de l’argumentation avec un mêmes organisées en au moins deux
raisonnement mené à son terme. paragraphes internes.
- Progression cohérente quelle qu’elle Lien explicite entre exemple et argument.
soit.
2.3. Mobilisation CONVOQUER DES RÉFÉRENCES Manifestation de connaissances sur le 5
des références (MOBILISER SA CULTURE) thème en rapport avec la question posée.
- Adéquation et pertinence des références Références au thème étudié dans l’année.
en fonction de la problématique.
- Réinvestissement du corpus proposé,
mais aussi des lectures et connaissances
de l’année, de sa culture personnelle.
2.4. Rédaction RÉDIGER Langage courant, clair et adapté (pas 10
- Expression correcte ; formulation de familiarité ; langue et orthographe
d’appréciations personnelles. lisibles).
- Respect des codes de la langue écrite, Chaque paragraphe comporte un exemple
en fonction de sa lisibilité et de sa com- à l’appui de l’idée développée.
préhension par le lecteur. Introduction en trois temps et conclusion
en deux temps.

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