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Journal de Traumatologie du Sport 24 (2007) 93–98

Mise au point

Place du traitement médicamenteux et des infiltrations dans la prise


en charge médicale des lésions de la coiffe des rotateurs

Role of drugs and intra-articular injections for the medical management


of rotator cuff injuries
I. Ballnera,*, M. Peyrea, M. Grocb, J.-P. Duprea, S. Bescha, A. Azriac
a
Service de médecine physique et traumatologie du sport, hôpital national de Saint-Maurice, 14, rue du Val-d’Osne, 94410 Saint-Maurice, France
b
Service de chirurgie orthopédique de la Pitié-Salpêtrière, 91, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France
c
Service de rhumatologie, hôpital Bicêtre, 94, avenue Charles-Gide, Kremlin-Bicêtre, France

Résumé

L’un des objectifs essentiels du traitement médical des lésions de la coiffe est d’atténuer les douleurs afin de permettre à chaque patient
d’accéder à la rééducation fonctionnelle. Le repos relatif est souhaitable en supprimant les gestes sportifs nocifs. Les antalgiques : la question
se pose de savoir s’il ne serait pas justifié de les utiliser davantage ; compte tenu que le caractère inflammatoire des tendinopathies de la coiffe
des rotateurs n’a pas été clairement établi. L’efficacité des AINS dans cette indication est en partie liée à leur action antalgique propre. Leur
prescription doit donc rester prudente et limitée à quelques jours, d’autant que leurs effets indésirables sont conséquents. Les anti-inflammatoires
stéroïdiens per os n’ont en principe pas d’indication dans les tendinites. Les myorelaxants pourraient être utiles en cas de contracture musculaire
associée. Si le patient est insuffisamment soulagé, une infiltration de corticoïdes peut être envisagée en respectant les contre-indications et les
règles d’antisepsie, et en ayant connaissance des effets secondaires éventuels.
© 2007 Publié par Elsevier Masson SAS.
Abstract

One of the main objectives of medical treatment of rotator cuff lesions is to attenuate or totally relieve pain and allow the patient to access the
next phase of functional rehabilitation. Relative rest is desirable. Harmful sports movement should be avoided. Strict immobilization is never
indicated. The question is raised as to whether wider use of analgesics would be warranted. The inflammatory nature of rotator cuff tendiopathies
remains to be clearly demonstrated and the efficacy of analgesics in this indication would be related more to their intrinsic pain killer action.
Analgesics should thus be prescribed prudently and limited to a few days, particularly because of the potential adverse effects. Theoretically,
steroidal anti-inflammatory drugs should not be used for tendonitis. Myorelaxing agents could be used in the event of associated muscle con-
tracture. If the patient requires further relief, corticosteroid injections could be considered, taking care to avoid contraindications for intra-articular
injections and avoiding any risk of contamination while keeping in mind the possible adverse effects.
© 2007 Publié par Elsevier Masson SAS.

Mots clés : Repos ; Antalgiques ; Anti-inflammatoires ; Corticoïdes ; Infiltration

Keywords: Rest; Analgesics; Anti-inflammatory drugs; Corticosteroids; Intra-articular injection

* Auteurcorrespondant.
Adresse e-mail : r.2@hopital-saint-maurice.fr (I. Ballner).

0762-915X/$ - see front matter © 2007 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.jts.2007.01.007
94 I. Ballner et al. / Journal de Traumatologie du Sport 24 (2007) 93–98

1. Introduction patients ayant un traitement bêtabloquant (en cas de choc ana-


phylactique ou d’hypotension sous floctafénine, réduction des
Le traitement médical doit être proposé en première inten- réactions cardiovasculaires de compensation par les bêtablo-
tion devant toute lésion de la coiffe des rotateurs. Il reste incon- quants => risque de décès).
tournable malgré les progrès indéniables de la chirurgie de Le patient a souvent recours de lui-même, avant la première
l’épaule au cours des deux dernières décennies. L’un des consultation, aux anti-inflammatoires faiblement dosés com-
objectifs essentiels du traitement médical est d’atténuer, voire mercialisés à titre exclusivement antalgique (naproxène, kéto-
de faire disparaître les douleurs afin de permettre à chaque profène) qui sont classés dans les antalgiques de palier I.
patient d’accéder à la rééducation fonctionnelle. Les antalgiques de palier II sont utiles en cas de recrudes-
cence nocturne des douleurs : on peut prescrire soit le tramadol
2. Repos pur (effet opioïde agoniste et monosaminergique central), soit
une association de paracétamol et d’opioïde faible : codéine,
Le respect d’une période de repos relatif est souhaitable. Il dextropropoxyphène ou poudre d’opium faiblement dosée
est, en effet, nécessaire de supprimer les gestes sportifs nocifs, (10 mg 2 mg de morphine) :
déterminés par l’analyse des données de l’anamnèse et le bilan
clinique. Il faut aussi guider le patient pour corriger ou adapter ● parmi les associations [paracétamol–morphinique mineur],
les gestes de la vie quotidienne et professionnelle : éviter les l’association [paracétamol–codéine] est la plus intéressante
mouvements répétitifs et les postures prolongées en élévation [13] : la codéine a une pharmacocinétique superposable à
dans le secteur cliniquement douloureux et veiller à limiter les celle du paracétamol, avec un pic plasmatique contemporain
gestes en position extrême de rétroflexion horizontale et rota- et une demi-vie comparable ; c’est une association simple
tion interne ou externe associée, rétroflexion–adduction et rota- d’un antalgique périphérique et d’un antalgique à action
tion interne ou adduction horizontale, selon le contexte. centrale. Pour appartenir à la classe II, les antalgiques à
En aucun cas il ne s’agit d’une immobilisation stricte, hor- base de codéine doivent en contenir plus de 30 mg par
mis quelques cas exceptionnels tels qu’une épaule hyperal- comprimé ;
gique sur bursite sérohématique au décours immédiat d’une ● pour les patients allergiques au paracétamol, il est possible
rupture traumatique de coiffe dégénérative du sujet âgé où on de recourir à la codéine seule, commercialisée sous forme
peut proposer une installation sur coussin d’abduction pendant de dihydrocodéine (Dicodin® LP 60) mais qui est contre-
quelques jours. indiquée en cas d’insuffisance respiratoire ;
● compte tenu de la longue demi-vie du dextropropoxyphène,
3. Traitements médicamenteux il faut tenir compte des risques d’accumulation chez les
malades les plus âgés ou chez les insuffisants rénaux et ne
3.1. Antalgiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens pas omettre non plus les risques d’interaction avec les hypo-
glycémiants oraux et la carbamazépine.
La revue de la littérature ne retrouve que très peu d’études
concernant la place des antalgiques dans le traitement des ten- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont été étudiés dans
dinopathies quelles qu’elles soient, a fortiori de coiffe. La la littérature il y a quelques années, versus placebo et versus
question se pose de savoir s’il ne serait pas justifié de les uti- infiltration :
liser davantage. En effet, le caractère inflammatoire des tendi-
nopathies de la coiffe des rotateurs n’a pas été clairement établi ● une étude expérimentale conduite chez les lapins a montré
et l’efficacité des anti-inflammatoires dans cette indication est l’effet bénéfique de l’administration d’indométacine sur les
en partie liée à leur action antalgique propre. qualités biomécaniques du tendon après cicatrisation. Elle
Selon les habitudes du prescripteur, le choix de l’antalgique augmente les liaisons entre les molécules de collagène
est adapté à l’évaluation de la douleur sur une échelle visuelle avec, en corollaire, une diminution du collagène soluble
ou verbale. On utilise uniquement les antalgiques de palier I ou expliquant l’augmentation de la résistance du tendon [5] ;
II. Dans le palier I, le paracétamol est le plus utilisé ; il n’a pas
● une étude utilisant le nisélumide à la dose de 200 mg par
de toxicité gastrique mais hépatique (en particulier au-delà de
jour pendant 14 jours chez les sujets porteurs d’une tendi-
5 g par 24 heures d’où la nécessité de respecter la posologie
nopathie aiguë de l’épaule, rapporte plus de 80 % de bons
maximale de 4 g par 24 heures), avec risque de nécrose cen-
ou excellents résultats [23] ;
trolobulaire (accentué par l’ingestion d’alcool) et sa prescrip-
tion se heurte à un nombre croissant de patients allergiques ● le flubiprofène, dans la même indication, utilisé à la dose
(le plus souvent sous forme d’éruptions cutanées). En cas initiale de 300 mg par jour, a montré des résultats compara-
d’allergie, on a le choix entre la floctafénine (Idarac®) pour bles avec, en outre, une rapidité d’action (trois à quatre
laquelle les risques allergiques existent cependant aussi, et jours) permettant une réduction secondaire des doses [15] ;
qui est contre-indiquée en cas d’antécédent allergique connu à ● deux études à propos de l’étodalac et du piroxicam dans les
la glafénine (qui n’est plus commercialisée), et chez les pathologies de l’épaule ont confirmé ces résultats [16,19].
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Le choix de la molécule, souvent guidé par les habitudes du douloureux et d’entraver la participation aux premières séances
prescripteur, doit impérativement tenir compte de l’âge du de rééducation. Néanmoins, aucun support bibliographique
patient en privilégiant les demi-vies courtes chez les patients n’est disponible actuellement, à notre connaissance.
les plus âgés ; il faut tenir compte aussi de l’état digestif et
cardiovasculaire, sans omettre les antécédents allergiques. 4. Infiltrations locales de corticoïdes
Attention à la prescription d’anti-inflammatoires non stéroï-
diens chez les femmes en âge de procréer (risque d’embryopa-
thie inconnue, risque de cardiopathie fœtale au cours du troi- Les infiltrations de corticoïdes sont fréquemment utilisées
sième trimestre de la grossesse, et risque hémorragique dans les tendinopathies de la coiffe des rotateurs depuis plus
maternel). de 50 ans, multipliées par certains et controversées par
Malgré ces résultats [5,15,16,19,23], la prescription d’anti- d’autres. La puissance des produits utilisés est parfois mal
inflammatoires non stéroïdiens par voie générale doit rester appréhendée, les effets secondaires sous-estimés et la technique
prudente et limitée à quelques jours, d’autant que leurs effets discutable, expliquant la variabilité des résultats.
indésirables sont conséquents, qu’ils soient d’ordre digestif Si, à l’issue du traitement médicamenteux le patient est
(ulcère précoce, gastrite, stomatite, œsophagite, colite, perfora- insuffisamment soulagé pour participer efficacement à la
tion du grêle, entérocolite nécrosante), rénal (lithiase rénale, rééducation prescrite, une infiltration de corticoïdes peut néan-
insuffisance rénale provoquée par une néphropathie aiguë moins être envisagée. En effet, les études biochimiques de Dal-
interstitielle, ou insuffisance rénale chronique par nécrose ton ont démontré in vitro que le tissu tendineux des coiffes
papillaire ou néphrite interstitielle), ou cutané (hypersensibilité, dégénératives mis en culture peut produire des procollagénases
photosensibilisation, syndrome de Lyell). Il faut tenir compte et des inhibiteurs de métalloprotéases [7]. Les lésions tendineu-
aussi des interactions médicamenteuses (aspirine, antivitamine ses pourraient être liées à l’activité collagénolytique d’enzymes
K, tricycliques, cimétidine, anti-inflammatoires stéroïdiens). protéolytiques. De ce fait, les corticoïdes agiraient indépen-
Les pommades ou gels anti-inflammatoires ont un effet damment de leur action antalgique et anti-inflammatoire locale
antalgique au moins transitoire et sont utilisés par certaines en inhibant l’activité de ces enzymes protéolytiques.
équipes en tant que traitement adjuvant des massages transver- L’infiltration est effectuée soit dans la bourse séreuse sous-
ses profonds pour certaines tendinopathies corporéales ou en acromiodeltoïdienne en cas de signes cliniques de coincement
association avec la physiothérapie locale (ionisations calciques prédominant, soit au niveau de la coulisse bicipitale en cas de
et ultrasons pulsés) pour certaines ténosynovites du long signe de ténosynovite bicipitale ou par voie intra-articulaire,
biceps. Il n’existe cependant pas d’étude spécifique compara- antérieure ou postérieure sans qu’une efficacité supérieure de
tive à ce sujet. l’une ou l’autre n’ait été démontrée [21].
Les essais thérapeutiques contrôlés sont rares : en 1996,
3.2. Anti-inflammatoires stéroïdiens Sibilia et Goupille [21] ont recensé dans la littérature 13 études
contrôlées. Néanmoins, ces études concernaient des groupes
Les corticoïdes per os n’ont, en principe, pas d’indication très hétérogènes de patients et comparaient l’efficacité de la
dans les tendinopathies et leur usage est déconseillé sauf cas corticothérapie locale à un anesthésique ou un anti-
exceptionnel, tel qu’un accès hyperalgique d’ordre microcris- inflammatoire non stéroïdien per os, ou à la physiothérapie,
tallin ou certains terrains allergiques. La prescription de carac- mais la littérature de la dernière décennie a mis l’accent sur
tère exceptionnel doit respecter une posologie ne dépassant pas le manque de fiabilité des injections effectuées « à l’aveugle ».
40 mg par jour pendant 24 à 48 heures d’équivalent de predni-
sone, compte tenu du risque d’ostéonécrose. 4.1. Voie d’abord

3.3. Myorelaxants Eustace a attiré l’attention sur la majoration de l’efficacité


du geste local lorsque l’injection est bien réalisée dans le site
Les myorelaxants pourraient être utiles en cas de contracture lésionnel [8]. Son étude avait révélé que selon le lieu d’injec-
musculaire associée, susceptible d’accentuer les phénomènes tion sous-acromiale ou intra-articulaire, le geste était effective-
Tableau 1
Nom pharmaceutique Volume unitaire et dosage Dose de Prednisone Prednisone par ml injecté Demi-vie Durée d'action
Hydrocortancyl 1 ml ∋ 25 mg 25 mg 25 mg 12 à 36 heures 8 jours
5 ml ∋ 125 mg 125 mg
Altima SP 1,5 ml 75 mg 50 mg > 60 heures 40 jours
∋ 3,75 mg
Hexatrionea A + S 2 ml 50 mg 25 mg 12 à 36 heures 26 à 60 jours
∋ 40 mg
Diprostènea SP 1 ml 58 mg 58 mg 36 à 54 heures 21 jours
∋ 7 mg
SP = seringue « préremplie » ; A + S = ampoule + seringue.
a
Produits fluorés.
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ment réalisé in situ, dans 29 % des cas seulement pour la


bourse sous-acromiale et 42 % par voie intra-articulaire. Paral- Encadré 1
lèlement, il a observé une différence d’efficacité significative : Infiltrations–Modalités pratiques (cf. Kahn et Amor) [1,10,11]
28,7 % des patients étaient très améliorés en cas de geste tech-
nique précis contre 7 % en cas d’échec technique. Consentement éclairé du patient (+++).
Cette difficulté technique avait déjà été soulignée par Weiss, Lavage des mains indispensable (+++).
qui, voulant ponctionner l’articulation glénohumérale pour Désinfection des mains (+++).
effectuer une arthrographie sous amplificateur de brillance, Port des gants : non recommandé.
Silence (+++) : cf. flore oropharyngée.
avait échoué dans huit cas sur 66 [22].
Matériel à usage unique et changement d’aiguille : (1)
Enfin, Jones étudiant la fiabilité du geste technique sur 109 préparation du produit ; (2) infiltration.
patients (108 radiographies articulaires exploitables), a constaté Désinfection cutanée (+++).
un taux de réussite d’un sur deux : 56 injections intra- Produit coloré : alcool iodé, bétadine ou autre selon les anté-
articulaires, 31 extra-articulaires et 21 « douteuses ». Jones a cédents allergiques.
constaté une amélioration de l’efficacité de l’infiltration Durée d’application : 15 secondes/couche ; trois couches
lorsque l’aiguille était bien positionnée et a souligné le peu successives une à deux minutes.
de fiabilité des infiltrations glénohumérales : sur 20 épaules Épanchement → ponction → examen cytobactériologique et
infiltrées, six injections étaient extra-articulaires, deux stricte- biochimique : numération des éléments, formule, culture,
ment intra-articulaires et 12 « douteuses », donc un taux de antibiogramme si germe.
fiabilité de 10 % seulement… [9]. Vérifier l’absence de piqûre vasculaire avant l’injection.
Noter le nom du produit utilisé dans le dossier (+++).
Noter le numéro du lot et la date de péremption (cf.
4.2. Produits utilisés
vignette).
Choisir un produit non fluoré.
Les produits utilisés sont l’Hydrocortancyl®, le Diprostène® Nettoyage après infiltration et pansement.
et l’Altim®, sans qu’aucune différence d’efficacité n’ait été
démontrée. En revanche, les produits fluorés d’action prolon-
gée tels que l’Hexatrione® sont à éviter, pouvant être responsa- 4.4.1. Contre-indications
bles d’atrophie cutanée et musculaire, ainsi que de rupture ou
calcifications tendineuses. Il faut tenir compte non seulement
● Toute infection articulaire ou infection évolutive susceptible
de la durée de vie des différents produits, mais aussi des
de provoquer une bactériémie avec colonisation de l’articu-
« équivalents-doses » (Tableau 1).
lation infiltrée : l’action locale des corticoïdes sur les pha-
gocytes favorise la focalisation d’un germe circulant ;
4.3. Nombre d’infiltrations ● le diabète déséquilibré : toute glycémie supérieure à
13 mmol/l doit faire différer l’infiltration. Il faut exiger
une glycémie de moins d’un mois et si les chiffres sont
Certaines études expérimentales, biochimiques et microsco- limites, il faut faire un contrôle glycémique au doigt une
piques, ont montré qu’une corticothérapie locale intratendi- fois par jour pendant une semaine. Chez les diabétiques,
neuse pouvait entraîner une désorganisation collagénique, les préparations « prêtes à l’emploi », limitant les manipu-
voire même une nécrose tendineuse persistant plusieurs semai- lations et de ce fait les risques infectieux, sont à privilégier
nes après l’injection [12]. [3,17] ;
Pour l’épaule, les règles de bon sens devraient dicter notre ● l’altération de l’état cutané : il ne faut pas faire d’infiltration
conduite. Il paraît judicieux de se limiter à deux infiltrations à proximité d’une infection virale à expression cutanée, telle
sur une période de deux ou trois mois, en l’absence d’amélio- que zona ou herpès, de même qu’en cas de peau lésée ou
ration de la symptomatologie. Par ailleurs, il convient de dis- s’il existe une plaque de psoriasis ;
cuter un geste radio- ou échoguidé en cas d’inefficacité de la ● les troubles graves de la coagulation (hémophilie, thrombo-
première infiltration. pénie sévère). En revanche, un traitement antivitamine K ne
constitue plus une contre-indication absolue, mais nécessite
une adaptation de l’horaire d’infiltration aux horaires de
4.4. Modalités d’infiltrations
prise médicamenteuse, un contrôle du taux de prothrombine
et de l’INR et une surveillance clinique rigoureuse ;
Il ne faut pas infiltrer sans diagnostic étiologique et lésion- ● un antécédent d’ordre allergique : l’accident allergique au
nel précis, sans indication définie, sans respect des contre- décours d’une infiltration préalable doit être systématique-
indications et des règles d’antisepsie, selon les principes rappe- ment recherché : il s’agit d’une contre-indication absolue
lés par Kahn [10,11] et Amor [1], (Encadré 1). du fait du risque de choc anaphylactique mortel ;
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● parmi les contre-indications relatives : l’ulcère digestif évo- trations multiples. Un cas cependant a été rapporté chez une
lutif, les troubles psychiatriques en poussée doivent faire femme de 42 ans ayant reçu une ampoule d’Hexatrione®
différer l’infiltration ; dans chaque épaule, à trois jours d’intervalle, pour une
● enfin, l’échec d’une première infiltration et/ou la récidive pathologie tendineuse. Elle a développé six mois plus tard
rapide des symptômes doivent faire envisager d’autres une ostéonécrose aseptique de tête fémorale, bilatérale, sans
modalités techniques ou thérapeutiques. autre facteur étiologique patent. La fréquence des ostéoné-
croses après infiltrations augmente avec les corticoïdes à
longue demi-vie [14] ;
4.5. Complications
● le choc anaphylactique représente une complication raris-
sime, mais dont l’issue peut être fatale [2]. Une trentaine
● L’arthrite septique est la complication la plus redoutée, bien de cas ont été recensés dans la littérature, surtout après infil-
que sa fréquence ait diminué (1/73 000 selon l’enquête de la tration intra-articulaire, mais parfois au décours d’une injec-
SFR de 1999) grâce à l’utilisation des produits prêts à tion extra-articulaire (Encadré 2).
l’emploi [1]. Il est utile d’en informer le patient afin qu’il
contacte son médecin et soit revu en urgence en cas d’appa-
rition de fièvre ou de recrudescence des phénomènes dou-
loureux locaux.
Encadré 2
En cas de doute, il faut non seulement contrôler immédiate-
Conduite à tenir en cas de malaise (cf. Saraux et al.) [20] :
ment la numération formule sanguine et la vitesse de sédi-
● interrompre l’infiltration en cours ;
mentation, mais surtout faire une ponction articulaire pour
● allonger le patient et surélever les membres inférieurs ;
analyse cytobactériologique du liquide, qui établit le diag-
● vérifier l’état de conscience ;
nostic différentiel avec une arthrite microcristalline. En
● prendre le pouls et la pression artérielle.
effet, bien que plus fréquente (2 à 4 % selon Caldwell),
cette hypothèse, en fait plus rare à l’épaule que pour Malaise vagal :
d’autres articulations telles que le genou, reste un diagnostic ● survenue brutale (quelques secondes) ;
d’élimination qui ne doit en aucun cas retarder la mise en ● bradycardie, hypotension ;
route d’un traitement adapté : l’arthrite septique est une ● résolution rapide des symptômes en décubitus.
urgence médicochirurgicale [4] ;
Surveillance clinique, puis retour au domicile accompagné.
● les complications douloureuses dites « simples » survien-
Choc anaphylactique : urgence vitale.
nent environ une fois sur dix, deux à trois heures après
● Installation en quelques minutes ;
l’injection et persistent normalement moins de 24 heures.
● pouls filant, PA effondrée, différentielle pincée ;
Elles semblent plus fréquentes en contexte de tendinite et
● extrémites rouges et chaudes ;
ne récidivent pas systématiquement lors d’une infiltration
ultérieure. Aucune différence n’a été observée selon le pro- ● signes éventuellement associés : urticaire, érythème dif-
fus, œdème facial, douleurs abdominales, vomissements
duit utilisé ou le sexe du patient [6] ;
et diarrhée, difficultés respiratoires : œdème laryngé ou
● autre complication douloureuse peu connue : la lombalgie
bronchospasme ;
aiguë après infiltration. Il s’agit d’un effet secondaire d’appa-
● arrêt cardiaque possible à tout moment ;
rition rapide (< 15 minutes) et de courte durée (quelques heu-
res). L’hypothèse étiopathogénique retenue actuellement est Traitement = injection i.m. ou s.c. de 0,25 à 0,50 mg d’adré-
d’ordre immunoallergique, liée à l’excipient, susceptible de naline.
déclencher une vasodilatation de la loge rénale. Elle peut Appel du SMUR pour prise en charge spécialisée et surveil-
s’accompagner d’un érythème. Il n’y a aucun traitement spé- lance en milieu hospitalier pendant au moins 12 heures du
cifique, la phase douloureuse cédant spontanément ; fait du risque de récidive des manifestations allergiques.
● les flushes sont une complication rare, mais néanmoins à
connaître. Ils se caractérisent par une sensation de chaleur,
accompagnée d’un érythème de la face et de la partie supé-
rieure du tronc. La fréquence retenue dans la littérature est Les kits d’injection d’adrénaline prête à l’emploi, dosée à
de 1 %. Les femmes sont plus affectées que les hommes, et 1 mg/ml (anahelp ou anakit) doivent équiper tous les cabinets
la fréquence varie selon les produits. Ce flush, qui survient où se pratiquent des infiltrations ; il faut les conserver au froid
en moyenne quelques heures après l’infiltration et dure en et à l’abri de la lumière, et vérifier régulièrement leur date de
moyenne 36 heures, ne récidive pas systématiquement en péremption. En cas de choc, il faut injecter 0,25 à 0,50 mg
cas de nouvelle infiltration. Il ne s’agit pas d’un mécanisme d’adrénaline par voie intramusculaire ou sous-cutanée, et
allergique, mais la physiopathologie exacte reste inconnue renouveler cette injection (trois ou quatre doses) jusqu’à réso-
[18] ; lution complète des signes cliniques ou arrivée du SAMU ; il
● les ostéonécroses aseptiques de hanche représentent une faut parallèlement veiller à la perméabilité des voies aériennes
complication qui paraît exceptionnelle. Quelques rares et installer dès que possible un abord veineux. Les corticoïdes
observations ont été rapportées, toutes survenues après infil- n’ont pas d’indication (effet retardé) et sont même contre-
98 I. Ballner et al. / Journal de Traumatologie du Sport 24 (2007) 93–98

indiqués dans ce contexte, et les antihistaminiques n’ont pas [9] Jones A, Regan M, Ledingham J, Pattrick M, Manhire A, Doherty M.
d’indication thérapeutique. Un bilan allergologique est ensuite Importance of placement of intra-articular steroid injections. BMJ 1993;
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indispensable. [10] Kahn MF. Les injections intra-articulaires de corticoïdes. Rev Prat 1990;
Au total, le respect des contre-indications et des conditions 40:531–5.
d’antisepsie et la surveillance clinique au décours de l’infiltra- [11] Khan KM, Cook JL, Bonar F, Astrom M. Histopathology of common
tion sont donc indispensables. Par ailleurs, en atténuant les tendinopathies. Implication for clinical management. Sport Med 1999;
27:393–408.
phénomènes inflammatoires locaux, l’infiltration locale de cor-
[12] Kenedy JC, Willis RB. The effects of local steroid in-injections on ten-
ticoïdes supprime le premier signe d’alarme que constitue la dons: a biochemical a microscopic correlative study. Am J Sports Med
douleur et expose donc le patient à une récidive des symptô- 1976;4:11–21.
mes du fait d’une reprise prématurée des activités incriminées. [13] Keravel Y. Compte rendus de thérapeutique et pharmacologie clinique.
Il faut donc rappeler au patient que le délai de quatre à six Therap Pharm Clin 1987;5:2–8.
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