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Conduite à tenir devant un retard


de croissance staturale à l’adolescence
Natacha Bouhours-Nouet, Aurélie Donzeau, Régis Coutant, Mots clés : Retard de croissance,
Frédéric Illouz, Patrice Rodien adolescence, retard pubertaire, taille

I l n’est pas exceptionnel qu’un endocri-


nologue d’adulte soit amené à voir en
consultation un(e) adolescent(e) se plai-
nutritionnel et des facteurs socio-environ-
nementaux.
Le niveau de taille est exprimé en
Tableau 1. Phases de la croissance
postnatale

gnant de son retard de croissance. A cet déviation standard (DS) ou en percentiles, De la naissance à 2-3 ans
âge, le retard statural est le plus souvent en références aux courbes de croissance • Vitesse de croissance très rapide
consécutif à un retard pubertaire simple d’enfants du même sexe de Sempé et - 1ère année : 24 cm
mais il faut savoir ne pas méconnaître d’au- Pédron [2]. Un percentile donné est la - 2e année : 11 cm
thentiques étiologies organiques. limite en dessous de laquelle se trouve le - 3e année : 8 cm
pourcentage correspondant de la population • Diminution de l'influence des facteurs
Croissance et puberté normales normale (par exemple 3% des enfants ont intra-utérins au profit des facteurs géné-
une taille en dessous du 3 ème percentile). tiques : changement possible de couloir de
croissance
Croissance normale Les tailles de 95 % des enfants bien por-
tants sont entre -2 (proche du 3ème percen- Phase prépubère
La croissance normale se déroule en 3 tile) et +2 (proche du 97ème percentile) DS.
Vitesse de croissance stable 5-6 cm/an
phases (Tableau 1, Figure 1). Elle néces- Cela correspond à une taille adulte com- avec souvent un ralentissement prépuber-
site un système endocrinien normal (hor- prise entre 151 et 174 cm chez les filles et taire
mone de croissance, Insulin-like growth entre 163 et 187 cm chez les garçons.
Factor 1 (IGF1), stéroïdes sexuels, hor- Phase pubertaire
mones thyroïdiennes), un squelette nor- Puberté normale [3, 4] • Développement des caractères sexuels
mal. Elle est contrôlée par des facteurs secondaires
génétiques divers, est influencée par l’état La puberté correspond à la maturation • Accélération de la vitesse de croissance
rapide de la fonction hypothalamo-hypo- staturale qui passe de 5 à 9 cm/an
50 physo-gonadique, aboutissant au déve- - synchrone des premiers signes puber-
loppement complet des caractères sexuels taires, vers 10,5 ans, chez la fille / retardée
d'un an par rapport aux premiers signes
40 secondaires, à l’acquisition de la taille pubertaires, vers 13 ans, chez le garçon
Vitesse de croissance

définitive, de la fonction de reproduction, - pic à 12 ans fille / 14 ans garçon


30 et de la fertilité. L’adolescence s’associe - gain total moyen 23 cm fille / 25 cm
également à des modifications psycholo- garçon
20 - la taille passe en moyenne de 140 cm
giques et affectives profondes, au début
Combinée des comportements sociaux et sexuels des à 163 cm chez la fille à 16 ans / de 150 à
10
adultes. 175 cm chez le garçon à 18 ans
Petite
enfance Puberté
Le phénomène initiateur de la puberté Indicateurs de fin de croissance
2 6 6 8 10 12 14 16 18
est encore mal connu. Le déclenchement
de la puberté résulte de la réactivation de • Gain statural < 2 cm/an
Âge
• Äge osseux > 15 ans fille / > 16 ans
la fonction gonadotrope après la période garçon
Figure 1. La vitesse de croissance peut être divisée
en 3 composantes (petite enfance : décroissance de quiescence de cette fonction tout au long
rapide, enfance : décroissance lente linéaire, et ado- de l’enfance : la sécrétion pulsatile de LH- tissant à une augmentation de la production
lescence : pic de croissance). Lorsque la puberté RH (Luteinizing Hormone - Releasing Hor- de stéroïdes gonadiques appelée «gona-
tarde, le pic de vitesse de croissance de l’adoles-
cence est déplacé vers la droite : la vitesse de crois-
mone) va entraîner une sécrétion accrue et darche» (testostérone chez le garçon, œstra-
sance reste celle de l’enfance, et se ralentit. D'après pulsatile de LH (Luteïnizing Hormone) et diol chez la fille). Les surrénales participent
Karlberg [1] FSH (Follicle Stimulating Hormone), abou- au développement de la pilosité sexuelle :

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Tableau 2. La pilosité pubienne (fille) Tableau 3. Le développement Tableau 4. Le développement


selon Tanner [5] mammaire selon Tanner [5] des organes génitaux externes
du garçon selon Tanner [6]
P1 Absence de pilosité. S1 Absence de développement
P2 Quelques poils longs sur le pubis. mammaire. G1 Testicules et verge de taille infantile.
P3 Pilosité pubienne au-dessus S2 Petit bourgeon mammaire avec G2 Augmentation du volume testiculaire
de la symphyse. élargissement de l’aréole. de 4 à 6 ml (L 25 à 30 mm)
P4 Pilosité pubienne fournie. S3 La glande mammaire dépasse G3 Continuation de l’accroissement
la surface de l’aréole. testiculaire de 6 à 12 ml (L 30-40 mm)
P5 Pilosité adulte.
S4 Développement maximum du sein G4 Accroissement testiculaire de 12 à
(sillon sous mammaire). Saillie de 16 ml (L 40-50 mm) et de la verge
l’aréole sur la glande. G5 Morphologie adulte.
S5 Aspect adulte. Disparition de la saillie
de l’aréole.

P1 P2
S1
G1 G2

S2

P3 P4
G3 G4

S3

S4
P5 P6 G5

ceci constitue «l’adrénarche» qui précède l’augmentation de la FSH. Le volume tes-


la gonadarche. S5 ticulaire devient ≥ 4 ml ou la longueur tes-
Chez le garçon, comme chez la fille, les ticulaire ≥ 2,5 cm.
différents stades du développement puber- La pilosité pubienne (Tableau 4) appa-
taire sont cotés de 1 (absence de dévelop- raît entre 0-6 mois après le début du déve-
pement pubertaire) à 5 (développement La vulve s’horizontalise, avec hyper- loppement testiculaire, et évolue en 2-3 ans
complet adulte) selon la classification de trophie des petites lèvres, accentuation des vers un aspect adulte, s’étendant à la racine
Marschall et Tanner [5,6] (tableaux 2,3 grandes lèvres, augmentation discrète du de la cuisse et s’allongeant vers l’ombilic.
et 4). clitoris, et devient sécrétante (leucorrhées). L’augmentation de la verge au-delà
Les premières règles (ménarche) de 5-6 cm débute vers l’âge de 13 ans, un
Chez la fille [4] apparaissent autour de 13 ans (entre 10 et an après l’augmentation de volume testi-
La première manifestation pubertaire est 16 ans), 2-2,5 ans après l’apparition des culaire.
le développement des glandes mam- premiers signes pubertaires (au maximum La pilosité axillaire apparaît 12 à 18
maires (Tableau 3), débutant en moyenne 4 ans après). Les hémorragies ne sont pas mois après l’augmentation de volume tes-
à partir de 10,5/11 ans (entre 8 et 13 ans cycliques d’emblée, le devenant au bout de ticulaire. La pilosité faciale est encore plus
pour 95 % des filles) et qui est complet 18-24 mois, quand les cycles seront deve- tardive, de même que la pilosité corporelle,
4 ans plus tard. nus ovulatoires. inconstante et variable, et que la modifica-
La pilosité de la région pubienne tion de la voix.
(Tableau 2) débute le plus souvent 6 mois Chez le garçon [3] Le développement de la pilosité
après la glande mammaire, et prend un Le premier signe de puberté est l’aug- pubienne, axillaire, l’augmentation de taille
aspect d’adulte en 2-3 ans en triangle à base mentation de volume testiculaire de la verge et la mue sont liés à l’augmen-
supérieure horizontale. (Tableau 4), en moyenne vers l’âge de 12- tation de la synthèse de testostérone par les
La pilosité axillaire apparaît en 13 ans (entre 9 ans et 14 ans pour 95 % cellules de Leydig sous l’influence de la
moyenne 12 à 18 mois plus tard. Elle évo- des garçons). Il témoigne du développe- LH et des hormones surrénaliennes.
lue en 2-3 ans. ment des tubes séminifères, induit par Chez 30 % des garçons, apparaît en

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milieu de puberté une discrète gynécomas-


tie uni ou plus souvent bilatérale, qui
régressera en quelques mois dans la quasi
totalité des cas.

Diagnostic d’un retard


de croissance à l’adolescence
Bien que dans la grande majorité des cas,
le retard de croissance soit secondaire à un
retard pubertaire, la démarche à l’adoles-
cence doit être la même que celle conduite
à l’âge pédiatrique devant un retard de
croissance.
Pris isolément, le niveau de taille ne
permet pas de conclure quant au caractère
normal ou non de la croissance. L’allure
de la courbe de croissance est un élément
crucial d’orientation diagnostique.
Figure 2. Courbe de croissance d'une adolescente Figure 3. Courbe de croissance d'un adolescent pré-
Enquête auxologique présentant une cassure staturale ayant révélé un cra- sentant un infléchissement statural progressif en rap-
niopharyngiome port avec un retard simple de croissance et de puberté.
Il faudra reporter la taille mesurée en cm
sur la courbe de croissance et déterminer La courbe d’IMC permet d’orienter le une cause nutritionnelle ou une pathologie
ainsi la taille en DS [2]. Il faudra faire de diagnostic étiologique. des grands appareils.
même pour le poids, et calculer l’Indice de Enfin, il est important d’apprécier la • Un infléchissement statural s’accom-
Masse Corporelle (IMC) [7]. vitesse de croissance staturale afin de confir- pagnant d’une prise de poids orientera vers
A l’aide du carnet de santé, nous trace- mer ou non un infléchissement statural pou- une cause endocrinienne (hypercorticisme,
rons les courbes de croissance staturale et vant motiver un bilan complémentaire. hypothyroïdie, déficit somatotrope, pseu-
pondérale de manière à les analyser en dohypoparathyroïdie, craniopharyngiome)
parallèle. En résumé, la courbe de croissance ou bien un syndrome de Turner chez la
Les mensurations de naissance seront permet de déterminer 5 points fonda- fille.
reportées. Surtout, la notion de retard de mentaux de l’analyse :
croissance intra-utérin (RCIU) sera à iden- – Les mensurations de naissance Enfin, quatre situations seront repérables :
tifier : il s’agit d’une taille de naissance – L’allure de la courbe • Une cassure brutale de la croissance statu-
et/ou d’un poids de naissance inférieur à - – La vitesse de croissance rale oriente vers une organicité et impose des
2DS pour le terme selon les références – Le rapport poids taille / IMC explorations rapides (Figure 2).
AUDIPOG [8] ou Usher et McLean [9]. – Le couloir de croissance par rapport • Un ralentissement régulier de la crois-
La taille cible génétique est la taille que à la taille cible génétique. sance, sans cassure, conduisant à perdre au
le patient devrait avoir si n’intervenaient moins 2 DS de taille ou bien à éloigner de
que des facteurs génétiques. Elle est cal- Premiers éléments d’orientation : +1,5DS de la taille cible génétique conduira
culée selon la formule [10] : On suspectera un retard de croissance: à des explorations (Figure 3).
Taille cible (cm) = taille père (cm) + taille • Si la taille de l’individu est inférieure • Un infléchissement de la taille en
mère (cm) + 13 si garçon (-13 si fille)/2. à -2DS période pubertaire correspond très souvent
Ce calcul doit être interprété avec pré- • Si la taille de l’individu se situe à à un retard pubertaire simple mais il s’agit
caution: il donne un ordre de grandeur et +1,5DS sous sa taille cible génétique d’un diagnostic d’élimination (Figure 3).
pas une valeur précise; il est ininterprétable • Si le ralentissement de la vitesse de • Une vitesse de croissance régulière mais
si la taille des deux parents est trop diffé- croissance staturale est telle que la taille a avec une taille située plus de 1,5 DS sous la
rente; il ne doit pas être confondu avec une changé de deux couloirs de croissance taille cible génétique ou inférieure à -2DS.
taille prédictive, prenant en compte d’autres (perte de 2 DS).
données telles que le stade pubertaire et L’étude en parallèle de l’évolution de Enquête anamnestique
l’âge osseux. la taille et du poids orientera l’analyse:
Dans l’enquête auxologique, il est • Un infléchissement statural précédé Familiale
important de repérer si la taille se situe à ± d’un infléchissement pondéral (ou d’une Il faudra se faire préciser les tailles et âges
1,5 DS de la taille cible. diminution de la corpulence) orientera vers pubertaires des parents et de la fratrie, les

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Tableau 6. Bilan effectué en première


Tableau 5. Signes dysmorphiques orientant le diagnostic clinique
intention à la recherche
de l'étiologie d'un retard statural
Syndrome de Turner Pterygium colli (cou bref et large), thorax large, écartement
mamelonnaire accru, implantation basse des cheveux,
NFS, VS
oreilles basses implantées et proéminentes, palais ogival,
naevi nombreux, cubitus valgus, brachymétacarpie III, IV et V
Ionogramme sanguin, urée et créatinine
sanguine, bandelette urinaire
Syndrome de Noonan Ptosis, oreilles basses implantées, implantation basse des
cheveux, pectus excavatum
Dosage pondéral des Ig G, A, M
et Ac antitransglutaminases
Syndrome de Silver Russell Sclérotiques bleutées, clinodactylie des Vèmes doigts,
faciès triangulaire, micrognathie, bosses frontales saillantes,
IGF1
tâches cutanées café au lait, asymétrie corporelle…
TSH, FT4
Dyschondrostéose Taille assise/taille > 55,5%, envergure/ taille < 96,5%,
IMC > 50ème percentile, cubitus valgus, mésomélie,
FSH, LH, Oestradiol ou testostérone,
déformation de Madelung
inhibine B et AMH, PRL
Hypochondroplasie Brièveté des membres, lordose lombaire accentuée
Caryotype standard chez la fille
Pseudohypoparathyroïdie Faciès lunaire, obésité, brachymétacarpie IV et V
Radiographies de squelette : rachis
lombaire face et profil, avant bras gauche
tailles des grands parents et des oncles et fille, vers d’autres causes syndromiques face, genou gauche face, bassin face
tantes, cousins. La notion d’un retard (pseudohypoparathyroïdie, Noonan, Silver
NFS: numération formule sanguine,
pubertaire familial est informative. On Russel…), vers une anomalie osseuse VS : vitesse de sédimentation, IGF1 : Insuline-
recherchera d’éventuels éléments dysmor- constitutionnelle (dyschondrostéose, hypo- like Growth Factor 1, TSH : Thyroid Stimulating
phiques. Des précisions sur le contexte chondroplasie...) ou vers d’autres anomalies Hormone, FT4: Free thyroxine, FSH : Follicle
Stimulating Hormone, LH : Luteinizing
socio-économique et psychologique sont chromosomiques ou génétiques. Hormone, AMH : Antimüllerian Hormone,
utiles. Des éléments associés aux hypopituita- PRL, prolactine
rismes congénitaux seront recherchés: fente
Personnelle labiopalatine, incisive médiane unique, colo-
Outre les cordonnées de naissance et le bome irien, anomalie ophtalmique…. d’erreur entre la taille prédite et la taille
terme, la notion de pathologie chronique Les éléments en faveur d’une endocri- finale, d’autant plus grande que l’enfant est
ou de traitement pouvant retentir sur la nopathie comme le syndrome de Cushing plus jeune et la différence entre l’âge osseux
croissance sera recherchée. La notion d’hy- ou l’hypothyroïdie seront recherchés. et l’âge chronologique plus grande.
poglycémie néonatale, de micropénis, d’ic- En cas de retard pubertaire, l’âge
tère néonatal prolongé orientera vers un Examens complémentaires osseux est souvent en rapport avec le retard
déficit hypophysaire congénital. Les trou- de maturation physique, et donc inférieur
bles fonctionnels éventuels seront repérés: La détermination de l’âge osseux à 11 ans chez la fille, inférieur à 13 ans chez
céphalées et/ou vomissements, troubles du La réalisation d’un âge osseux doit être sys- le garçon, sans préjuger de la cause. A l’in-
transit, anorexie, polyuropolydipsie, frilo- tématique, permettant d’évaluer la matu- verse, un âge osseux supérieur à 11 ans
sité….Les apports alimentaires seront pré- ration globale de l’organisme. Elle utilise chez la fille, ou supérieur à 13 ans chez le
cisés. Le contexte psycho-socio-affectif une radiographie de la main et du poignet garçon, alors que le patient est impubère,
sera évalué. gauches de face, lue par un radiologue est anormal et oriente en premier lieu vers
entraîné en utilisant l’atlas de Greulich et un hypogonadisme.
Examen clinique Pyle [11].
Le début de la puberté se situe pour un Bilan complémentaire
L’examen doit être général : poids, taille, âge osseux proche de 11 ans chez la fille, Le bilan que nous proposons de réaliser en
IMC, stade pubertaire selon la cotation de 13 ans chez le garçon, correspondant à l’ap- première intention est indiqué dans le
Tanner [5,6], pression artérielle, envergure, parition du sésamoïde du pouce. tableau 6.
taille assise. L’âge osseux permet d’approcher la Une imagerie cérébrale devra être
Une insuffisance nutritionnelle (peau fraction de sa taille adulte qu’un enfant a effectuée sans tarder en cas de cassure sta-
sèche, cheveux ternes, extrémités violacées déjà prise, et donc sa potentialité de crois- turale.
et froides, absence de pannicule adipeux, sance résiduelle jusqu’à la taille adulte. La En seconde intention, un test de stimu-
hypotrophie musculaire) ou une obésité prédiction de taille adulte se calcule, pour lation de l’hormone de croissance pourra
seront facilement repérées. un enfant donné, à partir de sa taille actuelle être programmé, et en cas de déficit soma-
Des éléments dysmorphiques et de son âge osseux, la méthode la plus totrope prouvé, une IRM hypothalamohy-
(Tableau 5) seront recherchés: ceux orien- communément utilisée étant celle de Bayley pophysaire sera réalisée. En cas de prise de
tant vers un syndrome de Turner chez la et Pinneau [12]. Cependant, il y a une marge poids excessive, la mesure du cortisol libre

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urinaire des 24h sera effectuée (hypercor- puberté : cardiopathie, mucoviscidose, faible réponse de la GH sérique lors de
tisolisme), ainsi qu’un bilan phosphocal- maladie inflammatoire du tube digestif... deux tests de stimulation pharmacologique
cique (pseudohypoparathyroïdie). Le traitement d’une affection chronique différents, l’un simple, l’autre couplé, il est
En cas de retard pubertaire associé, la pourra, à lui seul, être responsable du retard rendu difficile par le continuum existant
mesure des gonadotrophines hypophysaires statural (corticothérapie à forte dose). entre GHD sévère et sécrétion de GH sub-
de base et sous stimulation, le dosage de Il faudra se méfier des néphropathies normale, la spécificité limitée des tests de
l’inhibine B et de l’hormone antimülle- asymptomatiques à rechercher systémati- stimulation de la GH, la variabilité des
rienne (AMH), la réalisation d’une écho- quement, même en l’absence de sympto- méthodes de dosage de la GH, les valeurs
graphie pelvienne et d’un caryotype stan- matologie évocatrice. seuils arbitrairement choisies pour définir
dard chez la fille seront informatifs. Le En pratique, dans les pathologies car- le GHD (> 20 mUI/L ou 10 ng/ml) et la fai-
caryotype sera également exigible chez le diaques, pulmonaires, hépatiques, le ralen- ble reproductivité des tests de stimulation
garçon en cas de suspicion d’insuffisance tissement de la croissance ne fait pas décou- [13].
testiculaire. vrir les pathologies chroniques La probabilité d’identifier un GHD
sous-jacentes déjà bien connues. Par contre, profond congénital à l’adolescence est très
Etiologies du retard de croissance lorsqu’un adolescent ralentit sa vitesse de faible. Le diagnostic est en général porté
croissance sans raison évidente, il faut de soit en période néonatale, soit vers l’âge de
Causes nutritionnelles principe évoquer l’intestin et le rein dont les 4-6 ans.
et psycho-socio-affectives atteintes peuvent être cliniquement discrètes. Le GHD acquis et organique, secon-
daire à une tumeur de la région hypo-
L’anorexie mentale est plus fréquente chez Causes endocriniennes thalamohypophysaire, très souvent un
les filles, après le début de leur puberté. craniopharyngiome, sera marqué par des
L’amaigrissement et l’aménorrhée sont au La pathologie endocrinienne est importante signes cliniques évocateurs (signes d’in-
premier plan. à reconnaître puisqu’elle conduit à un trai- suffisance hypophysaire, signes visuels,
Le «nanisme psychosocial» se présente tement spécifique. signes d’hypertension intracrânienne), une
comme un ralentissement marqué de la cassure staturale franche et sera souvent
vitesse de croissance staturale, des taux L’hypothyroïdie accompagné d’autre déficit hormonal. Le
plasmatiques effondrés d’IGF1, une L’hypothyroïdie acquise pendant l’enfance GHD secondaire à une irradiation de la
réponse variable de la GH (Growth Hor- ou l’adolescence est le plus souvent péri- région hypothalamohypophysaire ne posera
mone) au test de stimulation. Les difficultés phérique ou primitive, liée à une thyroïdite pas de difficulté diagnostique puisque sa
psychosociales ne sont pas forcément auto-immune (Hashimoto). Le ralentisse- recherche fera l’objet de la surveillance
faciles à authentifier. L’augmentation ment de la vitesse de croissance est le plus post-thérapeutique recommandée.
rapide du taux d’IGF1 au cours d’une hos- souvent associé à une prise de poids exces- Dans plus de 70 % des cas, il s’agira
pitalisation de quelques jours est en faveur sive en regard, et à d’autres signes cliniques d’un déficit isolé en hormone de crois-
de ce diagnostic. Le critère diagnostique d’hypothyroïdie, et parfois un goitre. L’âge sance, d’origine idiopathique. L’infléchis-
est la réaccélération staturale lorsque le osseux est souvent largement inférieur à sement statural est dans ce cas lentement
patient est séparé de son milieu familial. l’âge chronologique (> 2 ans). Le diagnos- progressif et l’examen clinique parfaitement
Les sports intensifs alliant restriction tic est porté sur un taux élevé de TSH (Thy- normal. L’IRM est soit normale, soit ne
calorique, contrôle excessif du poids et roid Stimulating Hormone). Le diagnostic montre qu’une hypoplasie isolée de l’anté-
dépense énergétique élevée peuvent être de thyroïdite est porté sur l’existence d’an- hypophyse. Un certain nombre d’enfants
responsables d’un retard de croissance, sur- ticorps antithyroïdiens à des taux augmen- ayant une capacité normale de sécrétion de
tout en induisant un retard pubertaire par tés. La supplémentation par L thyroxine la GH ne répondent pas au test de stimula-
hypogonadisme hypogonadotrope fonc- permet un rattrapage statural. tion. Ceci est particulièrement vrai pour les
tionnel. Le sports concernés sont essentiel- L’hypothyroïdie est moins fréquem- enfants en surpoids, en période prépuber-
lement la gymnastique et la danse à haut ment d’origine centrale, hypothalamo- taire, ou en cas de retard pubertaire. Dans
niveau (> 15h par semaine). hypophysaire. En général, dans ce cas, elle 40 à 70 % des cas, la réévaluation en fin de
Enfin, la maladie cœliaque doit être s’accompagne d’autres signes accompa- croissance d’enfants traités par GH dans
systématiquement éliminée, même en l’ab- gnateurs et est le plus souvent d’origine l’indication GHD idiopathique montre que
sence de signes digestifs évocateurs. tumorale. On trouve ici une T4l basse et la réponse de la GH aux tests de stimulation
une TSH anormalement normale (inappro- est normalisée [14]. Il est difficile de dire
Toutes les affections chroniques priée). s’ils ont eu un déficit transitoire en GH qui
induisant un surcroît de dépense aurait réduit leur taille adulte s’ils n’avaient
énergétique Le déficit en hormone de croissance pas été traités, ou s‘ils ont eu une non-
(GHD) réponse transitoire aux tests de stimulation.
Toute pathologie chronique sévère peut être Bien que le diagnostic de GHD repose En cas de premier test déficitaire en période
responsable d’un retard de croissance et de conventionnellement sur la mesure d’une péripubertaire, la sensibilisation par l’ad-

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ministration de stéroïdes sexuels quelques


Tableau 7. Arguments en faveur du diagnostic présomptif
jours avant le deuxième test permet de de retard simple de puberté
réduire le nombre de faux positifs.
Lorsque le diagnostic de GHD est porté Retard simple de puberté Déficit gonadotrope
alors que la taille est inférieure à -2DS, le
Antécédents familiaux de puberté Antécédents familiaux d’infertilité ou
traitement par hormone de croissance bio- tardive d’anosmie
synthétique pourra être prescrit en injections Infléchissement statural progressif < 1 DS Cassure de la taille
sous-cutanées quotidiennes à la posologie
Age osseux retardé < 13 ans Age osseux > 13 ans
de 0,025 à 0,035 mg/kg/J. La posologie du (11 ans chez la fille) (11 ans chez la fille)
traitement sera secondairement adaptée à
Pas d’obésité Obésité
l’accroissement de la taille, au poids, et à
Pas d'anosmie Anosmie
l’IGF1. Le traitement sera interrompu à la
fin de la croissance, lorsque la vitesse de Examen clinique normal Antécédent de cryptorchidie ou
Puberté débutante micropénis
croissance sera inférieure à 2 cm par an.
Une réévaluation de l’axe somatotrope sera Signes d’hypertension intracrânienne
et/ou déficit visuel
effectuée 1 mois minimum après l’arrêt.
Signes d’autres déficits hypophysaires
L’hypercortisolisme DS: déviation standard
Qu’il soit endogène (syndrome de cushing)
ou exogène (secondaire à une corticothé-
rapie), il peut être à l’origine d’une cassure gonadique qui entraîne une augmentation tural < -2DS, même en l’absence de signes
très franche de la courbe de croissance sta- du taux plasmatiques des gonadotrophines cliniques évocateurs, permettront d’orienter
turale, contrastant avec une prise de poids (FSH et LH) facilement détectables à partir vers une anomalie osseuse constitutionnelle
excessive. Le diagnostic de syndrome de de l’âge de 10 ans, et 70 à 80 % n’ont pas et de conduire à l’analyse génétique per-
Cushing repose dans ce cas sur le dosage de puberté spontanée. mettant de la confirmer. En effet, la dys-
du cortisol libre urinaire des 24 h. chondrostéose, liée à l’haploinsuffisance
Les autres anomalies chromosomiques du gène SHOX, situé dans la région pseu-
Causes chromosomiques La plupart des pathologies chromosomiques doautosomale des chromosomes sexuels,
ou syndromiques autosomiques s’accompagnent d’un retard est désormais une indication reconnue de
de croissance (trisomie 21 pour la plus traitement par hormone de croissance.
Le syndrome de Turner [15-17] connue). Le diagnostic sera déjà connu.
Ce diagnostic doit être systématiquement Le Retard de Croissance
évoqué chez la fille présentant un retard de Les causes syndromiques diverses Intra-Utérin
croissance, surtout s’il existe un retard De multiples syndromes malformatifs avec
pubertaire, même en l’absence des signes petite taille sont répertoriés, évoqués sur Environ 15-20 % des enfants nés avec un
cliniques classiques. Il touche 1/2500 filles l’association d’éléments dysmorphiques RCIU ne présentent pas de rattrapage sta-
à la naissance. Le caryotype le plus fré- divers, et très souvent, à un retard mental. tural. Ils sont à risque d’avoir une taille
quent est 45 X, plus rarement une mosaïque Parmi ces syndromes, évoquons le syn- < -2DS à l’âge adulte [20, 21].
45X/46XX ou 45X/46XY, ou une anomalie drome CHARGE, le syndrome de Di Le RCIU peut par définition correspon-
de structure de l’X. Les deux signes Georges, le syndrome de Noonan… dre à un extrême de la normale, être secon-
majeurs sont une petite taille et une dysgé- daire à une anomalie chromosomique, faire
nésie gonadique. Les éléments dysmor- Les causes squelettiques partie d’un syndrome, à un facteur d’envi-
phiques peuvent être plus ou moins mar- ronnement (infection, tabac, drogue, alcool,
qués. Il existe des atteintes cardiaques dans En cas d’antécédent familial de petite taille, malnutrition…) ou le plus souvent être
30 % des cas, des atteintes rénales, des de croissance régulière sur un faible cou- idiopathique.
otites fréquentes et assez souvent un déficit loir, de pic de croissance pubertaire insuf- En l’absence de déficit en hormone de
de l’audition, et une fragilité vasculaire fisant voire inexistant, d’anomalies mor- croissance, si la taille est inférieure à -2,5DS,
(avec risque de dissection aortique ou phologiques évocatrices (Tableau 5), de l’antécédent de RCIU est une indication de
d’anévrysme aortique chez l’adolescente retard d’âge osseux faible voire inexistant, traitement par hormone de croissance.
ou l’adulte jeune). La taille adulte sponta- il faudra éliminer une anomalie osseuse
née moyenne est de 142 cm, elle peut être constitutionnelle : pseudohypoparathyroï- Le retard pubertaire [22, 23]
améliorée de 7 à 10 cm en moyenne par un die, dyschondrostéose, dysplasie spondy-
traitement par hormone de croissance loépiphysaire, hypochondorplasie... Les Le retard pubertaire est défini par l’absence
débuté suffisamment tôt [18, 19]. Près de radiographies de squelette effectuées de de développement des caractères sexuels
90 % des filles atteintes ont une dysgénésie manière systématique en cas de retard sta- secondaires au-delà de 13 ans chez la fille

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Absence d'augmentation du volume testiculaire et âge > 14 ans


Mesure de FSH, LH, testostérone, inhibine B, AMH, FT4, TSH, PRL et âge osseux

FSH, LH élevées FSH, LH basses


Insuffisance testiculaire Déficit gonadotrope ou retard pubertaire simple

Irradiation, Histoire familiale de retard pubertaire simple ± Histoire familiale d’anosmie ou d’infertilité
chimiothérapie Pas d’antécédent familial d’anosmie ou d’infertilité ± Histoire familiale d’insuffisance surrénale
Cryptorchidie Infléchissement statural modéré progressif ± Cryptorchidie
opérée Développement physique, taille et vitesse Peu d’infléchissement statural
de croissance accordés à l’âge osseux Peu de pic de croissance, âge osseux > 13 ans

Caryotype Anosmie ou hyposmie


Infléchissement statural marqué Insuffisance
± Déficit antéhypophysaire ± syndrome cérébelleux surrénalienne
Normal ± Déficit posthypophysaire basse
± Anomalies de la ligne médiane
± HTIC, troubles visuels

Insuffisance testiculaire primitive IRM cérébrale


Anorchidie
Résistance à la LH Hypoplasie
Klinefelter
(47,XXY) congénitale
AMH indétectable des surrénales
Testostérone indétectable (HCG) Absence de bulbes ou de
IRM cérébrale bandelettes olfactives (DAX)

Maladie chronique Examen clinique normal


Déficit nutritionnel Pas de maladie chronique Syndrome de Déficit gonadotrope
Kallmann organique
Prader-Willi
Processus tumoral Laurence-Moon
Déficit fonctionnel en Retard simple Bardet-Biedl
Trauma crânien
gonadotrophines de croissance et de puberté βLH, recepteur LHRH
Malformation

Figure 4. Diagnostic d’un retard pubertaire du garçon.


FSH: Follicle Stimulating Hormone, LH: Luteinizing Hormone, AMH : Antimüllerian Hormone, FT4: Free Throxine, TSH: Thyroid Stimulating Hormone, PRL: prolactine,
HCG : Hormone Chorionic Gonadotropin, IRM: imagerie par resonance magnétique.

ou de 14 ans chez le garçon. Il peut égale- • S’agit-il d’une absence totale de chissement statural progressif et modéré
ment s’agir d’une puberté qui, après avoir puberté ou y a-t-il des signes de démar- < 1DS, l’absence d’anosmie, d’obésité, de
débuté à un âge normal, ne progresse plus. rage pubertaire ? micropénis, de cryptorchidie, de signe
Ainsi, l’absence de menstruations 4 ans Très souvent, au moment de la consultation fonctionnel, une puberté débutante clini-
après le début d’apparition des seins est pour retard pubertaire, on peut observer un quement, un âge osseux retardé < 11 ans
anormale. début de développement des seins chez la chez la fille, 13 ans chez le garçon.
On distingue le retard pubertaire patho- fille, d’augmentation du volume testiculaire Un minimum d’examens complémen-
logique du retard pubertaire simple, c’est- chez le garçon. Ceci signifie que l’axe taires est nécessaire car le diagnostic de
à-dire suivi d’un développement pubertaire hypothalamo-hypophyso-gonadique est retard pubertaire simple est un diagnostic
complet spontané. Le retard pubertaire probablement normal. d’élimination (Figure 4).
pathologique peut être d’origine centrale Chez la fille, il s’agit dans 70 % des
hypothalamohypophysaire, ou bien péri- • S’agit-il d’un retard pubertaire cas d’un retard pubertaire pathologique
phérique gonadique. Il est responsable d’un pathologique ou simple ? (Figure 5).
retard à l’accélération de la vitesse de crois- Chez le garçon, il s’agit dans 80 % des cas
sance staturale. Ceci explique que le motif d’un retard pubertaire simple. Les • En cas de retard pubertaire
de consultation soit souvent la petite taille. éléments en faveur de ce diagnostic pathologique, est-il d’origine centrale
La conduite diagnostique chez un ado- (Tableau 7) sont : antécédents familiaux de ou gonadique ? (Figures 4 et 5)
lescent vu pour retard pubertaire se fait en retard pubertaire, l’absence d’antécédent Chez le garçon, des antécédents de cryp-
quatre étapes successives. familial d’infertilité ou d’anosmie, un inflé- torchidie et de micropénis sont en faveur

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Absence de développement mammaire et âge > 13 ans les bulbes olfactifs sera effectuée à la
recherche d’une agénésie des bulbes olfac-
tifs, en faveur d’un syndrome de Kallmann.
• Antécédents familiaux de retard pubertaire ? Un caryotype est nécessaire dans le
• Antécédents familiaux d'anosmie, d'infertilité ? cadre d’un hypogonadisme hypergonado-
• Antécédents personnels de maladie chronique ?
• Signes d’hypertension intracrânienne, troubles visuels, autres déficits hypophysaires ? trope en l’absence d’antécédents pouvant
expliquer une pathologie gonadique, qu’il
existe ou non une dysmorphie évocatrice,
Age osseux < 11 ans Age osseux < 11 ans
pour faire un diagnostic de syndrome de
Age osseux > 11 ans
Tableau typique de retard Pas d’élément typique de retard = Turner chez la fille, ou de syndrome de Kli-
pubertaire simple pubertaire simple Hypogonadisme nefelter chez le garçon.
Antécédent = 0 Des arbres décisionnels sont représen-
Examen normal - FSH, LH
- Iono sang, anti-transglutaminase tés dans les figures 4 et 5.
-IGF-1, FT4, TSH, PRL
Hypogonadisme • La petite taille est-elle due uniquement
Diagnostic présomptif hypogonadotrope :
de Retard Simple FSH, LH basses au retard pubertaire ?
En cas de retard pubertaire, l’accélération de
la vitesse de croissance est retardée, ce qui
Surveillance induit un changement de couloir de crois-
simple sance (Figure 3). Il ne faut donc pas mécon-
naître une pathologie qui serait responsable
Anorexie mentale, Insuffisance Retard simple ou déficit Insuffisance à la fois du retard pubertaire et de l’infléchis-
Maladies chroniques : hypophysaire : gonadotrope isolé: FSH, ovarienne,
résistance
sement statural. L’intensité de l’infléchisse-
FSH, LH basses FSH, LH basses LH basses
Déficit gonadotrope + autres déficits Seul le suivi permettra le à la FSH : ment statural pose la question de savoir s’il
fonctionnel diagnostic FSH, LH élevées y a une indication à évaluer la sécrétion de
GH. Dans le cas de l’identification d’un
GHD isolé idiopathique, le caractère majo-
IRM crânienne Caryotype ritairement transitoire de ce déficit pose la
question de l’intérêt réel du traitement par
Figure 5: Diagnostic d'un retard pubertaire chez la fille hormone de croissance si la l’infléchissement
FSH: Follicle Stimulating Hormone, LH: Luteinizing Hormone, IGF1: Insulin-like Growth Factor 1, FT4: Free Throxine,
TSH: Thyroïd Stimulating Hormone, PRL: prolactine, IRM: imagerie par résonance magnétique.
statural n’est que modéré, si la taille n’est
pas trop éloignée de la taille cible et si le
retard d’âge osseux laisse présager un pro-
d’un hypogonadisme hypogonadotrope sont en faveur d’un déficit gonadotrope. nostic de taille conforme à la taille cible.
congénital. Ces mesures ne sont pratiquées qu’en
Le dosage plasmatique de la FSH et de seconde intention, lorsque l’enquête et les Petite taille constitutionnelle ou
la LH permet de différencier une origine premières mesures hormonales ne permet- idiopathique ou familiale
gonadique au retard de puberté (FSH et LH tent pas de retenir le diagnostic de retard
élevées correspondant à un hypogonadisme simple. Les éléments en faveur du diagnostic sont
hypergonadotrope), d’une origine haute La mesure des autres hormones hypo- des antécédents familiaux de petite taille,
(FSH et LH basses). Des valeurs basses ne physaires est utile si on suspecte un déficit une croissance staturale régulière < -2DS
permettent pas de différencier un retard hypophysaire global (T4 libre, TSH, IGF- conforme à la taille cible génétique, un exa-
pubertaire simple (l’axe gonadotrope n’est 1, prolactine), en présence de signes d’at- men clinique normal, un âge osseux en rap-
pas encore sorti de la quiescence de l’en- teinte des autres axes ou bien d’une cassure port avec l’âge chronologique, des explo-
fance) d’un hypogonadisme hypogonado- de la courbe de croissance. rations complémentaires normales. Il s’agit
trope (une pathologie empêche l’activation Une imagerie par résonance magné- d’un diagnostic d’élimination. Ce diagnos-
de l’axe). tique nucléaire de la région hypothalamo- tic aux Etats-Unis est une indication recon-
Pour différencier un déficit gonadotrope hypophysaire est nécessaire si l’on suspecte nue du traitement par hormone de crois-
d’un retard pubertaire simple, des mesures un hypogonadisme hypogonadotrope. Elle sance, pas en France.
hormonales plus délicates (inhibine B pro- permet en premier lieu de rechercher une
duite par les cellules de Sertoli) que les tests tumeur cérébrale Prise en charge du retard
dynamiques (tests de stimulation par le LH- En présence d’une anosmie ou d’une de croissance
RH sur la FSH et la LH, test de stimulation hyposmie, et en cas de suspicion d’hypo-
par l’hCG sur la testostérone) sont utiles. gonadisme hypogonadotrope aux premiers Le traitement dépend de la cause du retard
Des valeurs basses d’inhibine B et d’AMH examens, une IRM cérébrale centrée sur de croissance. En cas de maladie chro-

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nique, le traitement de cette maladie permet duire la puberté avec des injections de FSH • Un certain nombre de consultations
en général de corriger le retard statural. La et HCG (Hormone Chrionic Gonadotro- ne se justifient que par la nécessité de
diminution d’une corticothérapie permet à pin) recombinantes pour induire, outre l’ap- confirmer la fin de la croissance et l’ab-
la croissance staturale de reprendre. Le parition des caractères sexuels secondaires, sence de thérapeutique.
régime sans gluten en cas de maladie le développement des tubes séminifères, la
cœliaque permet de ré-accélérer la crois- spermatogenèse, la progression du volume Natacha Bouhours-Nouet 1,3, Aurélie Donzeau1,
sance. testiculaire et donc la fertilité. Régis Coutant1,3, Frédéric Illouz2,3, Patrice Rodien2,3
1
Endocrinologie et Diabétologie Pédiatriques
En cas d’hypothyroïdie, la substitution 2
Endocrinologie diabétologie, Nutrition
en hormones thyroïdiennes permet le rat- ...Ou l’aide au démarrage 3
Centre de référence des maladies rares de la
trapage statural. pubertaire réceptivité hormonale
CHU Angers, 4 rue Larrey, 49933 Angers Cedex 9.
Le traitement par hormone Dans le retard pubertaire simple, le déve-
loppement pubertaire se fait de manière Correspondance :
de croissance Dr Natacha Bouhours-Nouet
complète mais retardée. La question se
tel: 02 41 35 44 06 - fax: 02 41 35 41 73
Les indications du traitement par hormone pose donc de savoir s’il faut accélérer le nabouhours-nouet@chu-angers.fr
de croissance à l’âge pédiatrique en 2014 développement pubertaire. Le traitement
sont les suivantes: retard statural lié à un du retard simple de croissance et de puberté Références
déficit en hormone de croissance, à un syn- dépend de sa tolérance psychologique et 1. Karlberg J, Acta Paediatr Scand Suppl 1989 ;
drome de Turner, à une insuffisance rénale de l’importance du retard statural. S’il est 356:26.
2. Sempé M, Pédron G, Roy-Pernot MP. Auxologie,
chronique, à un RCIU n’ayant pas rattrapé responsable d’un stress psychologique méthodes et séquences. Laboratoires Théraplix,
son retard de croissance à 4 ans ou plus, important et d’une faible estime de soi, s’il Paris,1979.
avec une taille < -2,5DS), au syndrome de perturbe le travail scolaire et gêne les acti- 3. Coutant R & Bouhours-Nouet N, In : Traité d’En-
Prader Willi, et à la dyschondrostéose. Le vités sportives, un traitement bref de 3 à 6 docrinologie. Médecines-Sciences Flammarion,
Paris, 2007, p. 594.
traitement doit être débuté le plus tôt pos- mois par de faibles doses de stéroïdes 4. Edouard T et al, In : Traité d’Endocrinologie.
sible pour obtenir un rattrapage statural sexuels peut être utile. On le propose à par- Médecines-Sciences Flammarion, Paris, 2007,
satisfaisant, et maintenu tout au long de la tir de 14-15 ans chez le garçon, 13-14 ans p.714.
5. Marschall WA, Tanner JM, Arch Dis Child 1969;
croissance jusqu’à la soudure complète des chez la fille. Ce traitement induit les mani- 44:291.
cartilages de conjugaison (vitesse de crois- festations physiques de la puberté et accé- 6. Marschall WA, Tanner JM, Arch Dis Child 1969;
sance < 2 cm par an). lère la vitesse de croissance sans entraîner 45:13.
de progression excessive de la maturation 7. Rolland-Cachera MF et al, Eur J Clin Nutr 1991;
45:13.http://www.audipog.net
L’induction pubertaire… osseuse ni compromettre la taille finale 8. http://www.audipog.net
(Figure 3). Si la puberté ne se produit pas 9. Usher R, McLean F, J Pediatr 1969 ; 74:901.
Lorsque le retard pubertaire est secondaire dans les 6 mois suivant l’arrêt du traite- 10. Tanner JM et al, Arch Dis Child 1970 ; 45:755.
à une pathologie hypothalamohypophysaire ment, une seconde cure peut être proposée. 11. Greulich WW, Pyle SI. Radiographic atlas of
skeletal development of the hand and the wrist.
ou gonadique, le développement pubertaire L’absence de puberté spontanée après une University Press, Stanford, 1959.
doit être induit par un traitement hormonal seconde cure est en faveur d’un déficit 12. Bayley N, Pinneau SR, J Pediatr 1952 ; 40:423.
substitutif, à l’âge normal de début de la gonadotrope. 13. GH Research Society, J Clin Endocrinol Metab
2000 ; 85:3990.
puberté lorsque le diagnostic a été fait suf- 14. Tauber M et al, J Clin Endocrinol Metab 1997 ;
fisamment tôt. Les objectifs du traitement Conclusion 82:352.
sont d’induire un pic de croissance puber- 15. Sybert VP, McCauley E, N Engl J Med 2004 ;
taire satisfaisant, le développement des Pour l’endocrinologue d’adultes, moins sou- 351:1227.
16. Bondy CA, The Turner Syndrome Consensus
caractères sexuels secondaires, puis une vent confronté à cette demande, quelques Study group, J Clin Endocrinol Metab 2007 ;
activité sexuelle adulte normale et si pos- messages simples doivent être retenus : 92:10.
sible une fertilité. Il débute par l’adminis- • Le grand adolescent veut une réponse 17. Davenport ML, J Clin Endocrinol Metab 2010 ;
95:1487.
tration de petites doses de stéroïdes sexuels, rapide, souvent centrée sur le développe- 18. Soriano-Guillen et al, J Clin Endocrinol Metab
dont la posologie est augmentée tous les 6 ment pubertaire, moins sur la taille, au 2007 ; 92:10.
mois progressivement, de manière à mimer moins à cet âge. 19. Van Parenen YK et al, J Clin Endocrinol Metab
le développement pubertaire normal. Au • Garder en tête, l’éventualité d’une 2003 ; 88:1119.
20. Karlberg J & Albertsson-Wickland K, Pediatr Res
bout de 2-3 ans chez la fille, lorsque le pathologie générale sous-jacente. 1995 ; 38:733.
développement mammaire et utérin est jugé • Après la réalisation du bilan étiolo- 21. Léger J et al, BMJ 1997; 315: 341.
satisfaisant, le traitement par les œstrogènes gique, savoir prendre rapidement un avis 22. Coutant R, Bouhours-Nouet N, In : Traité d’En-
est associé à de la progestérone de manière auprès des endocrinologues pédiatres sur docrinologie. Médecines-Sciences Flammarion,
Paris, 2007, p.662.
cyclique pour induire les menstruations. l’opportunité ou non d’un traitement par 23. Edouard T et al, In : Traité d’Endocrinologie.
En cas d’hypogonadisme hypogonadotrope hormone de croissance avant induction Médecines-Sciences Flammarion, Paris, 2007,
chez le garçon, le choix peut être fait d’in- pubertaire. p.720.

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