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Prise en charge du rachis traumatique


O. Langeron, B. Riou

La prise en charge d’un traumatisme du rachis est difficile en raison des lésions traumatiques associées, en
particulier médullaires, et de la nécessité fréquente d’une chirurgie urgente. Tout traumatisé doit
bénéficier d’une immobilisation préhospitalière du rachis cervical. L’examen radiologique complet du
rachis est systématique et au mieux effectué par un scanner, par ailleurs nécessaire dans le cadre d’un
polytraumatisme car il permet de faire le bilan des lésions associées. L’imagerie par résonance
magnétique est indiquée devant des lésions médullaires cliniques en l’absence de cause osseuse au
scanner. La réanimation vise à maintenir une pression de perfusion médullaire satisfaisante, à éviter une
hyperglycémie, à maintenir une oxygénation correcte, et à permettre une décompression médullaire
urgente. L’administration de corticoïdes n’est pas recommandée. La chirurgie urgente est
particulièrement indiquée dans les six premières heures, dans les lésions médullaires incomplètes ou celles
qui s’aggravent progressivement.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Traumatisme rachidien ; Traumatisme médullaire ; Paraplégie ; Tétraplégie ; Moelle épinière

Plan ■ Introduction
Les traumatismes du rachis sont relativement fréquents et
¶ Introduction 1
posent de nombreux problèmes de prise en charge à
¶ Physiopathologie 2 l’anesthésiste-réanimateur en raison des associations lésionnelles
Biomécanique 2 fréquentes, de l’atteinte médullaire souvent associée, et de la
Lésions médullaires 2 nécessité d’un traitement chirurgical urgent dans nombre de
Conséquences de l’atteinte médullaire 2 cas. L’incidence annuelle des traumatismes médullaires dans les
¶ Diagnostic et réanimation 3 pays industrialisés est de 40 à 50 cas par million d’habitants [1],
Transport préhospitalier 3 soit environ 2 000 nouveaux cas chaque année en France. Les
Bilan lésionnel clinique 3 accidents de la voie publique sont la cause principale de
Bilan lésionnel radiologique 3 traumatismes du rachis (60-70 %), les autres causes étant les
Diagnostic différentiel 5
chutes d’une hauteur (suicide ou accident du travail) et les
accidents de loisirs en particulier les lésions du rachis cervical
¶ Traitement médical 5 secondaires à un plongeon en eau peu profonde ou à la prati-
Traitement consensuel 5 que du sport. La nature de ces causes explique la prédominance
Traitements non consensuels 5 masculine (80 %) et la jeunesse des patients, avec une incidence
¶ Traitement orthopédique et chirurgical 6 maximale entre 20 et 30 ans [2]. Les plaies par balle sont peu
Techniques 6 fréquentes en France, par comparaison aux États-Unis. Les
Chirurgie précoce ou différée ? 6 traumatismes cervicaux sont plus fréquents (60 %) que les
Traumatismes pénétrants 7 traumatismes dorsolombaires (40 %), ce qui explique que les
tétraplégies soient plus fréquentes que les paraplégies [2].
¶ Anesthésie 7
Schématiquement, il faut distinguer les traumatismes isolés
Monitorage 7
du rachis, volontiers cervicaux, où le pronostic immédiat est
Intubation 7
surtout fonctionnel, et les traumatismes du rachis dans le cadre
Installation 7
d’un polytraumatisme, qui posent des problèmes diagnostiques,
Prévention de l’hypothermie 8
stratégiques, thérapeutiques, et où le pronostic vital est engagé
Agents anesthésiques 8
à court terme. Trois à 25 % des lésions médullaires se consti-
Économie de produit sanguins 8
tuent secondairement pendant le transport ou la phase hospi-
¶ Réanimation postopératoire 8 talière initiale [3]. De nombreuses études ont montré que les
Complications ventilatoires 8 traumatismes du rachis sont fréquemment sous-estimés dans le
Thromboprophylaxie 8 bilan lésionnel initial des polytraumatismes, rendant nécessaire
Dysautonomie végétative 9 la prévention systématique de l’aggravation des lésions rachi-
Prise en charge de la douleur 9 diennes et le dépistage systématique de celles-ci après un
Nursing 9 traumatisme. L’intérêt des professionnels et des autorités sur ce
Prise en charge psychologique et annonce du handicap 9 sujet a été bien mis en évidence par la publication récente d’une
conférence d’experts de la Société française d’anesthésie et de

Anesthésie-Réanimation 1
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36-605-A-20 ¶ Prise en charge du rachis traumatique

réanimation [4] d’une part, et d’une circulaire de la Direction de lésions cellulaires et déclenchant une peroxydation lipidique
l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) d’autre membranaire [8]. Même lors d’une section médullaire complète,
part [5]. La nécessité d’une prise en charge coordonnée, dès la non susceptible de récupérer, ces phénomènes sont importants
phase préhospitalière dans le cadre d’un véritable réseau car ils intéressent les zones sus-lésionnelles et la limitation de
régional y a été soulignée. l’extension lésionnelle peut avoir une incidence majeure sur le
plan fonctionnel en permettant une récupération neurologique
sur un ou deux métamères. Cette notion de limitation de la
■ Physiopathologie progression des lésions médullaires sur un ou deux métamères
est importante pour les traumatismes cervicaux en raison des
Biomécanique conséquences majeures du niveau lésionnel définitif sur le
handicap neurologique.
Dans les traumatismes en hyperflexion du rachis cervical, le L’existence d’un canal rachidien étroit peut majorer la gravité
plus souvent par décélération brutale, les lésions d’étirement des lésions médullaires. L’existence d’un canal rachidien
médullaire touchent surtout les zones postérieures et centromé- anatomiquement étroit au niveau du rachis dorsal explique la
dullaires, tandis que les zones antérieures sont comprimées particulière gravité des lésions médullaires à ce niveau et, par
(déplacement du mur vertébral postérieur, hernie discale). Dans conséquent, leur mauvais pronostic neurologique.
les traumatismes en hyperextension du rachis cervical par
impact céphalique frontal ou accélération brutale du corps Conséquences de l’atteinte médullaire
(coup du lapin dans les accidents de la voie publique), les zones L’atteinte médullaire entraîne la disparition de l’activité
antérieures et centromédullaires sont comprimées entre le bord sympathique et la perte des réflexes d’adaptation dans le
inférieur du corps de la vertèbre sus-jacente et l’arc postérieur de territoire sous-lésionnel [9, 10]. Les conséquences cardiovasculai-
la vertèbre sous-jacente, et ce, d’autant que le canal cervical est res sont d’autant plus importantes que la lésion médullaire est
étroit. Dans les traumatismes de compression verticale lors de haut située, en pratique au-dessus de D6. La disparition du
chute d’une hauteur, les fractures sont volontiers multiples, tonus sympathique est responsable d’une vasoplégie sous-
étagées, et le sacrum est souvent lésé [6]. Les charnières cervico- lésionnelle et donc d’une hypovolémie relative avec baisse des
dorsale (C7-T1) et dorsolombaire (T12-L1) sont particulièrement résistances systémiques, du retour veineux, et du débit cardia-
vulnérables sur le plan biomécanique et donc plus fréquemment que. De plus, il existe une diminution des possibilités d’adapta-
lésées. tion aux variations volémiques. La persistance d’un système
Le problème essentiel des lésions rachidiennes est la menace parasympathique efficient, notamment cardiaque, explique la
médullaire liée aux déplacements des structures osseuses et à bradycardie habituelle de ces patients. Cette bradycardie existe
leur instabilité. En pratique, le rachis est divisé en trois seg- surtout chez les traumatisés cervicaux et est maximale au
ments horizontaux : antérieur, moyen (SVM), et postérieur, et quatrième jour [9]. Cette hypertonie parasympathique peut être
en deux segments verticaux : la vertèbre et le segment mobile responsable de bradycardies extrêmes, voire d’arrêts cardiocircu-
rachidien (SMR) (Fig. 1) [7]. Les atteintes du SVM et du SMR latoires au cours de stimulations telles qu’une aspiration
témoignent d’une instabilité rachidienne et présentent donc un bronchique [11] . La prophylaxie ultérieure de ces accidents
risque médullaire d’autant plus élevé qu’elles sont associées. repose sur l’administration d’atropine [4]. La probabilité d’un
arrêt cardiocirculatoire brutal est d’autant plus grande que le
Lésions médullaires patient est hypoxique, hypovolémique, et hypothermique.
L’atteinte cervicale haute (C1-C2) est fréquemment responsable
Les lésions médullaires sont très variables, allant de la simple
d’un arrêt cardiaque au moment du traumatisme et doit être
contusion médullaire (choc spinal) qui récupère intégralement
évoquée sur les lieux de l’accident en l’absence d’autre cause
en quelques heures, jusqu’à la section complète. Les lésions les
évidente d’arrêt cardiaque. L’atteinte médullaire haute s’accom-
plus fréquentes sont les lésions de compression médullaire qui
pagne d’une moindre tolérance aux surcharges volémiques. Le
entraînent une ischémie et les lésions de contusion médullaire
risque d’œdème pulmonaire devient majeur en cas d’association
associant destruction axonale et foyers hémorragiques. Les
à une contusion pulmonaire ou myocardique.
lésions médullaires, quelle que soit leur importance initiale, ne
L’atteinte ventilatoire est étroitement dépendante du niveau
sont pas fixées d’emblée, mais évoluent pour leur propre
lésionnel. Au-dessus de C4, émergence des nerfs phréniques, il
compte : extension de l’ischémie et des zones hémorragiques,
existe une paralysie diaphragmatique et la dépendance ventila-
conséquences néfastes de l’ischémie, syndrome de reperfusion.
toire est complète, nécessitant une ventilation contrôlée. Dans
L’ischémie et la contusion médullaire entraînent la libération de
les atteintes cervicales basses (C4 à C7) et dorsales hautes, la
nombreux médiateurs (prostaglandines, leucotriènes, throm-
conservation de l’activité diaphragmatique permet une autono-
boxanes, radicaux libres) qui altèrent la vascularisation médul-
mie ventilatoire. En raison de la disparition de tout ou partie
laire, libèrent des neurotransmetteurs excitateurs, aggravant les
des muscles intercostaux et de l’absence d’abdominaux, cette
autonomie est relative et précaire. Après une lésion médullaire
C4-C7, la capacité vitale est réduite (à 50 % de la normale) par
diminution du volume de réserve expiratoire plus que du
volume de réserve inspiratoire, tandis que le volume résiduel est
augmenté (+ 50 %) et la capacité résiduelle fonctionnelle
diminuée [12] . Surtout, il y a une amputation majeure des
principaux muscles expiratoires qui permettent une toux
efficace (abdominaux, intercostaux). L’encombrement bronchi-
que et les atélectasies guettent ces patients. Dans les atteintes
SVM dorsales basses et lombaires, les problèmes ventilatoires sont
mineurs. Les muscles abdominaux sont intacts pour des attein-
tes en dessous de T12.
A Il existe un iléus paralytique qui peut durer entre 3 et
10 jours et impose la mise en place d’une sonde gastrique,
Figure 1. Schémas montrant la segmentation biomécanique du rachis.
notamment pour prévenir une dilatation gastrique aiguë. Le
Dans un sens transversal (A), on distingue les segments vertébraux anté-
diagnostic d’une lésion abdominale traumatique associée est
rieur, moyen (SVM), et postérieur. Dans un sens sagittal (B), on distingue
difficile. Ce n’est pas tant les lésions hémorragiques qui posent
les vertèbres et le segment mobile rachidien (SMR). Les atteintes du SVM
un problème diagnostique : l’hypovolémie majeure, la déglobu-
ou du SMR témoignent d’une instabilité rachidienne et présentent donc
lisation, l’échographie abdominale en permettent le diagnostic.
un risque médullaire qui est d’autant plus élevé qu’elles sont associées.
Le problème essentiel réside dans la perforation d’un organe
D’après Roy-Camille et al. [7].
creux ou une ischémie digestive par désinsertion mésentérique,

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notamment chez les patients ayant subi une décélération geste en urgence absolue (laparotomie d’hémostase, drainage
brutale (accident à haute vitesse, chute de grande hauteur). La thoracique, artériographie avec embolisation) [14]. Un examen
tomodensitométrie (TDM) permet notamment de mettre en clinique détaillé est effectué. La palpation des apophyses
évidence ces pneumopéritoines volontiers minimes. Nous avons épineuses est conduite de façon méthodique en décubitus
proposé un algorithme fondé sur l’angioscanner et la réalisation dorsal. En l’absence de signe neurologique, il est licite d’effec-
secondaire d’une ponction-lavage du péritoine qui semble tuer un examen en décubitus latéral (ecchymose, déformation,
permettre un diagnostic satisfaisant [13]. contracture paravertébrale). L’examen neurologique détaillé,
L’absence d’autonomie vésicale impose un sondage urinaire consigné par écrit, a pour objectif de rechercher une atteinte
qui constitue une source de complications iatrogènes pour la neurologique et de préciser le niveau moteur ou sensitif de la
période postopératoire. lésion, et son caractère complet ou incomplet. Cet examen a été
Tout concourt à rendre ces patients hypothermes : vasodila- codifié par l’American Spinal Injury Association (ASIA), permet-
tation sous-lésionnelle augmentant les échanges thermiques, tant d’établir un score moteur et un score sensitif ASIA (Fig. 2).
disparition d’une partie des possibilités de thermogenèse par L’examen de la motricité volontaire impose une étude de tous
atteinte motrice. On peut considérer que ces patients sont les groupes musculaires testés par fonction et cotés de 0 à 5. Au
poïkilothermes. L’hypothermie peut aggraver les conséquences niveau du tronc, les repères sont moins précis. Les muscles
cardiovasculaires de la lésion médullaire. abdominaux sont testés en faisant tousser le patient, le dépla-
cement de l’ombilic, vers le haut ou vers le bas, témoigne d’une
lésion sus- ou sous-jacente à D10 (Fig. 2).
■ Diagnostic et réanimation L’examen de la sensibilité analyse la sensibilité superficielle,
la sensibilité proprioceptive, et la sensibilité thermoalgique
(Fig. 2). D’un point de vue pronostique, la sensibilité superfi-
Transport préhospitalier cielle est la plus importante (score sensitif ASIA). Il est recom-
Durant la phase préhospitalière, l’apparition ou l’aggravation mandé de commencer par la sensibilité au tact puis à la piqûre,
de lésions neurologiques doit être prévenue en maintenant l’axe en remontant des extrémités vers le tronc, puis vers la région
tête-cou-tronc au cours des manœuvres de dégagement et de cervicale. La sensibilité périnéale et les fonctions sphinctérien-
brancardage, en immobilisant le polytraumatisé avec le matelas nes (tonicité et contraction volontaire du sphincter anal, réflexe
coquille et une minerve qui doit être systématique et qui n’est anal), lorsqu’elles sont conservées au cours d’une lésion médul-
enlevée qu’à l’hôpital. Tout patient dans un coma profond doit laire, en traduisent le caractère incomplet, et donc un meilleur
être considéré comme ayant une lésion instable du rachis pronostic. En effet, les lésions médullaires évoluent de façon
cervical, jusqu’à preuve (radiologique) du contraire. Le maintien longitudinale, mais aussi centrifuge ; les cordons innervant le
d’une pression de perfusion est important, ce qui nécessite la périnée étant plus périphériques, ils sont atteints en dernier
correction de toute hypovolémie et parfois l’utilisation de lieu. Les signes pyramidaux sont rares au cours de la phase
vasoconstricteurs. Un arrêt cardiocirculatoire initial, rapidement initiale d’un traumatisme médullaire et traduisent alors une
récupéré avec un remplissage vasculaire minime, est très lésion complète, de mauvais pronostic ; il en est de même pour
évocateur d’une lésion médullaire cervicale ; une bradycardie un priapisme ou un réflexe bulbocarverneux ou clitoridoanal vif
doit également attirer l’attention. L’intubation trachéale peut (contraction du sphincter anal lors de la traction de la sonde
poser de difficiles problèmes chez le polytraumatisé suspect de urinaire ou du pincement du gland ou du clitoris) associé à un
fracture du rachis cervical, en l’absence de moyens sophistiqués déficit périnéal sensitif. Les lésions incomplètes peuvent se
comme la fibroscopie bronchique (cf. infra). Un examen traduire par des syndromes neurologiques variés : syndrome de
clinique simplifié permet d’évaluer rapidement le niveau Brown-Séquard (hémiplégie avec disparition de la sensibilité
lésionnel (Tableau 1). L’orientation rapide de ces blessés vers un thermoalgique controlatérale), syndrome antérieur (atteinte
centre spécialisé est un élément essentiel de la prise en charge motrice avec conservation de la sensibilité proprioceptive),
préhospitalière. syndrome centromédullaire (atteinte sensitivomotrice prédomi-
nante des membres supérieurs), syndrome de contusion posté-
rieure (atteinte sensitive prédominante), monoplégies où le
Bilan lésionnel clinique diagnostic différentiel avec une atteinte neurologique périphé-
La réalisation d’un bilan lésionnel initial comportant une rique peut être difficile, syndrome de la queue-de-cheval.
radiographie du thorax, une radiographie du bassin, et une
échographie abdominale permet d’éliminer la nécessité d’un Bilan lésionnel radiologique
Le scanner occupe une place essentielle dans le bilan lésion-
nel d’un traumatisé (Fig. 3) :
Tableau 1. • scanner cérébral pour diagnostiquer les urgences neurochi-
Détermination du niveau lésionnel par un examen neurologique simplifié rurgicales et préciser les lésions cérébrales très fréquentes ;
de la motricité, des réflexes ostéotendineux et de la sensibilité. • scanner abdominal permettant de compléter les données de
Motricité Réflexes Sensibilité l’échographie sur les organes pleins et de diagnostiquer les
hématomes rétropéritonéaux ;
C5 Abduction bras C5 Bicipital C5 Face externe épaule
• scanner thoracique permettant un diagnostic précis des
C6 Flexion bras C6 Styloradial C6 Face externe bras
pneumothorax (10 % à 20 % sont méconnus à la radiogra-
C7 Extension bras C7 Tricipital C7 Face postérieure phie), une évaluation des contusions pulmonaires et des
bras hémothorax de faible abondance, et une évaluation du
C8 Flexion doigts C8 Face antérieure bras médiastin et notamment le diagnostic des lésions aorti-
D1 Opposition pouce D8-D12 D4 Mamelon ques [15] ;
Cutanéoabdominal • scanner complet du rachis en particulier au niveau du rachis
D10 Ombilic cervical et des charnières.
L2 Flexion cuisse L1-L2 Crémastérien L1 Pli de l’aine La séquence habituelle est alors scanner cérébral sans injec-
L3 Extension jambe L3-L4 Rotulien tion, puis thoraco-abdomino-pelvien avec injection de produit
de contraste. Le scanner permet également de visualiser les
L4 Dorsiflexion pied L4 Face interne jambe
saignements actifs et peut donc être un élément de décision
en varus
d’une artériographie pour embolisation. Par ailleurs, en cas de
L5 Abduction pied L5 Face ext. jambe,
lésion du rachis cervical, des lésions artérielles (vertébrales ou
dorsale pied
carotidiennes, dissection ou thrombose) doivent être recher-
S1 Flexion pied S1 Achilléen S1 Face post. jambe, chées lors d’une séquence spécifique avec injection de produit
bord ext. pied
de contraste. Il est maintenant possible de se passer des clichés
post. : postérieur ; ext. extérieur. radiographiques du rachis qui prennent du temps et sont

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Asia sensitif Asia moteur


Toucher Piquer Toucher
D G D G D G
C2 C2
C3 C2 C3
C4 C4
C5 C3
C5 Flexion du coude
C6 C4 C4 C3 C6 Extension du poignet
C7
T2
C7 Extension du coude
T2 T3
C8
T4 C4 C8 Flexion du doigt (phalange distale du majeur)
T1 T5 T1 Abduction du doigt (auriculaire)
T2 T6 C5 T2
C5 T7
T3 T1
T3
T1 T8
T4 T9 T4
T5 T10 T5
T6 T11 T6
T7 T12 S3 T7
T8 C6 L1 L1 C6 T8
T9 S4-5 T9
T10 C8 C8 T10
C7 L2 C7
T11 L2 T11
T12 L2
T12
L2
L1 L1
L2 L2 Flexion de la hanche
L3 L3 L3 L3
L3 L3 Extension du genou
L4 L4 Dorsiflexion du pied
L5 L4 L4 S2 S2 L5 Extension du gros orteil
S1 L5 L5
S1 Flexion plantaire du pied
S2 S2
S3 Aucune S3
S4-5 sensation anale L4 L4
S4-5 Contraction anale volontaire (oui/non)
(oui/non)
+ = Score piquer S1 S1
+ L5 L5 + = Score moteur
Total = Score piquer S1 S1 Total
maximum (56) (56) (56) (56) maximum (50) (50)

0 = paralysie
1 = contraction palpable ou visible
2 = mouvement actif en absence de pesanteur
0 = absent 3 = mouvement actif contre pesanteur
1 = diminué 4 = mouvement actif contre légère résistance
2 = normal 5 = mouvement actif contre résistance complète
NE = non évaluable NE = non évaluable

Figure 2. Évaluation du score ASIA. D’après Édouard et al. [4].

Figure 3. Tomodensitométrie d’une fracture vertébrale lombaire montrant un important recul du mur postérieur comprimant la moelle (A, B, C).

beaucoup moins performants, notamment pour les charnières et


le rachis dorsal. Toutefois, en cas d’impossibilité de réaliser un
tel scanner, la réalisation de radiographies standards doit être
systématique (clichés du rachis cervical, dorsal, et lombaire, de
face et de profil, complétés par un cliché centré sur C1-C2 bou-
che ouverte, et un sacrum de profil).
Parfois, les signes indirects (modification de la courbure du
rachis, œdème des parties molles, hématome) peuvent être plus
apparents que les signes osseux. L’absence de lésion osseuse
n’exclut pas une lésion ligamentaire, aussi la minerve doit-elle
être laissée en place chaque fois qu’il y a un doute (patient non
interrogeable, douleur à l’interrogatoire) et des clichés dynami-
ques sont alors demandés à distance.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) offre des coupes
sagittales et fournit des images de la moelle épinière de grande
qualité (Fig. 4). Toutefois, la principale, et probablement la seule
indication de l’IRM en urgence, est une atteinte médullaire sans
lésion osseuse décelable : l’IRM visualise alors dans 97 % des cas
Figure 4. Imagerie par résonance magnétique (IRM) montrant une
la cause (hernie discale traumatique, hématome extradural,
hernie discale traumatique C6-C7 (flèche blanche) et une contusion
contusion médullaire) [16]. L’IRM permet également d’évaluer le
médullaire en regard (flèche noire).
pronostic neurologique : alors que le pronostic des lésions de

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transsection et des contusions hémorragiques est constamment de l’hypovolémie relative (vasodilatation) ou absolue (hémorra-
mauvais, Silberstein et al. [17] ont observé la récupération d’une gie) par un remplissage vasculaire et souvent un agent vaso-
fonction motrice chez 73 % des patients qui avaient unique- constricteur. La noradrénaline est probablement le vaso-
ment un œdème médullaire et chez 100 % des patients qui constricteur le plus adapté pour compenser le système sympa-
avaient une IRM normale. Toutefois, des lésions neurologiques thique absent dans le territoire sous-lésionnel. Le maintien
définitives sont parfois associées à une IRM initialement d’une pression de perfusion supérieure ou égale à 80 mmHg est
strictement normale [18]. Enfin, l’angio-IRM permet une analyse recommandé [4]. Il convient d’éviter les obstacles au retour
précise des lésions artérielles vertébrales, associées dans 24 % veineux médullaire en particulier l’élévation de la pression
des cas aux traumatismes graves du rachis cervical [19]. Bien que intrathoracique ou intra-abdominale et également d’éviter les
rare, l’éventualité de complications ischémiques dans le terri- élévations excessives de la pression artérielle moyenne
toire vertébrobasilaire rend cet examen non invasif très intéres- (> 110 mmHg) [4].
sant. La myélographie n’a plus d’indication en urgence depuis La correction d’une hypoxie et d’une hypothermie profonde
l’IRM. fait également partie de la réanimation « médullaire ». Il faut
L’évaluation du polytraumatisé présentant une lésion médul- éviter toute hyperglycémie : Drummond et al. [22] ont montré le
laire qui nécessite un geste chirurgical urgent doit être particu- rôle délétère de l’hyperglycémie au décours d’une ischémie
lièrement complète en prévision d’une chirurgie potentiel- médullaire expérimentale. L’hypercapnie augmente le débit
lement longue, hémorragique, et en décubitus ventral : recher- sanguin médullaire, l’hypocapnie le diminue [23], le respect
che d’un hémopéritoine à l’échographie abdominale, recherche d’une hypocapnie modérée comme pour les traumatismes
d’un pneumothorax ou d’une contusion pulmonaire (scanner, encéphaliques est donc recommandé.
gazométrie artérielle) et d’une contusion myocardique à l’écho-
graphie cardiaque, en particulier dans les traumatismes du
rachis dorsal. Traitements non consensuels
Dans les traumatismes pénétrants, la radiographie reste
l’examen de première intention, en particulier les traumatismes L’administration précoce de méthylprednisolone à fortes
balistiques, permettant de localiser le projectile par des clichés doses améliore le pronostic neurologique au cours de modèles
de face et de profil et d’évaluer les lésions osseuses. Le scanner expérimentaux de compression ou d’ischémie médullaire [24] et
permet de mieux visualiser le trajet, mais les artefacts générés un mécanisme d’inhibition de la peroxydation lipidique
par les projectiles métalliques en rendent l’analyse difficile. membranaire a été évoqué. Les études NASCIS II et III avaient
L’IRM est particulièrement utile pour diagnostiquer les lésions suggéré que la méthylprednisolone à fortes doses, administrée
médullaires, notamment celles qui pourraient être dues à un dans les 8 heures qui suivent un traumatisme médullaire,
hématome compressif plus fréquent ici que dans les traumatis- améliore le pronostic neurologique [25, 26]. Toutefois, ces études
mes fermés. Malheureusement, l’IRM est contre-indiquée s’il n’ont pas été confirmées et ont été très critiquées dans leur
existe des projectiles métalliques. On retrouve, avec les trauma- méthodologie. De plus, les corticoïdes sont tenus responsables
tismes pénétrants, la nécessité d’évaluer les lésions viscérales d’une augmentation significative des complications (hémorra-
associées. Dans les traumatismes pénétrants du rachis cervical, gies digestives, infections). Les recommandations françaises ont
il convient d’éliminer une lésion des structures pharyngo- par conséquent exclu cette thérapeutique [4].
œsophagiennes par un transit baryté plutôt que par une Les lazaroïdes comme le tirilazad, dérivés de synthèse des
endoscopie. La possibilité de lésions vasculaires impose le plus corticoïdes, inhibent la peroxydation lipidique membranaire
souvent une angiographie. Dans les traumatismes pénétrants du sans entraîner d’effets de type glucocorticoïde. Ils ont été
rachis dorsolombaire, les lésions viscérales associées sont proposés, mais leurs résultats cliniques ont été décevants [27].
volontiers au premier plan et nécessitent des investigations Les inhibiteurs calciques, notamment la nimodipine en raison
complémentaires lorsque la chirurgie d’hémostase n’est pas de sa sélectivité relative pour les vaisseaux cérébraux et médul-
immédiatement nécessaire. laires, ont été proposés. Expérimentalement, les effets systémi-
ques de la nimodipine entraînent une baisse de la pression
Diagnostic différentiel artérielle et du débit sanguin médullaire [28] et seule l’adminis-
tration conjointe d’un vasopresseur permet d’observer les effets
Toutes les lésions neurologiques médullaires ne sont pas bénéfiques sur le débit sanguin médullaire [29]. Aucun essai
forcément en rapport avec un traumatisme du rachis. Dans clinique n’a démontré l’intérêt de la nimodipine.
certains cas, rares, en particulier lorsqu’il y a une notion L’ischémie nerveuse s’accompagne de la libération de grande
d’intervalle libre (le patient marche puis devient paraplégique quantité de neuromédiateurs excitateurs comme le glutamate,
en quelques minutes ou quelques heures), d’autres lésions cytotoxique. Le blocage de certains récepteurs au glutamate
traumatiques doivent être évoquées : rupture isthmique de (récepteurs à la N-méthyl-D-aspartate [NMDA]) semble diminuer
l’aorte accompagnée d’une dissection qui atteint l’origine de les conséquences de l’ischémie. Parmi les médicaments antago-
l’artère d’Adamkiewicz, embolie gazeuse après contusion nistes des NMDA, on trouve le dextrorphan, le MK-801, et un
pulmonaire grave [20] ou blast, lésions intracrâniennes responsa- agent anesthésique, la kétamine. Les résultats d’un essai clinique
bles d’un déficit moteur isolé. Enfin, dans un nombre limité de non publié du GK11 en France ont été également décevants.
cas, il s’agit d’une sidération médullaire avec récupération ad La naloxone, qui avait fait l’objet de nombreux travaux
integrum en quelques minutes à quelques heures. expérimentaux, s’est révélée inefficace en clinique [25]. Une
étude clinique préliminaire a montré l’intérêt potentiel d’un
■ Traitement médical ganglioside (GM-1) après traumatisme médullaire chez
l’homme [30]. Toutefois, le faible nombre de patients inclus
Les lésions traumatiques médullaires sont susceptibles d’évo- limite considérablement la portée de cette étude et les ganglio-
luer pour leur propre compte et de nombreuses interventions sides ont été rendus responsables de syndromes de Guillain-
on été proposées dans le but de limiter cette aggravation Barré. Enfin, l’érythropoïétine a montré des effets intéressants
secondaire. Toutefois, parmi ces interventions, très peu sont expérimentalement, probablement en rapport avec des effets
consensuelles [4]. antiapoptotiques, anti-inflammatoires et antiradicalaires.
Les échecs de l’application en clinique des résultats de la
recherche expérimentale soulignent les difficultés de réalisation
Traitement consensuel d’un essai clinique dans les traumatismes médullaires. Sur le
Le maintien d’une pression de perfusion médullaire satisfai- plan méthodologique, certains points incontournables méritent
sante est recommandé. Comme dans les traumatismes céré- d’être rappelés : nécessité de critères d’inclusion et d’exclusion
braux, une contusion médullaire s’accompagne d’une perte de cohérents, ainsi que d’une stratification correcte du risque
l’autorégulation [21] et le débit sanguin médullaire dépend neurologique, standardisation du traitement chirurgical, stan-
étroitement de la pression artérielle. Cela nécessite la correction dardisation de l’imagerie, puissance suffisante de l’essai.

Anesthésie-Réanimation 5
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36-605-A-20 ¶ Prise en charge du rachis traumatique

■ Traitement orthopédique • réduire la déformation ;


• réaliser une exploration intracanalaire en cas de déficit
et chirurgical neurologique ;
• lever une compression directe, médullaire ou radiculaire ;
Techniques • stabiliser le rachis.
La réduction est possible en préopératoire ou en peropéra-
Les indications thérapeutiques dépendent non seulement de toire. En préopératoire, elle est parfois effectuée par manipula-
l’existence de signes neurologiques déficitaires, mais également tions directes ou mise en traction. Souvent, elle se fait lors de
des lésions ostéoligamentaires (déplacement, stabilité). Le la mise en place du blessé en décubitus ventral sur la table
déplacement peut être régional, d’importance variable, dans les d’opération. En l’absence de réduction, elle est faite en peropé-
trois plans de l’espace, correspondant au déplacement des ratoire par manipulation directe prudente des épineuses ou des
segments sus- et sous-jacents à la lésion, ou local, correspondant massifs articulaires.
au déplacement d’un fragment osseux ou discal. L’instabilité Le premier temps de la décompression est la réduction de la
d’une lésion rachidienne a été longtemps attribuée à l’atteinte déformation rachidienne qui rend au canal rachidien sa forme
du mur vertébral postérieur. En fait, c’est l’existence de lésions normale et libère ainsi la moelle. S’il persiste un élément
discoligamentaires qui est l’élément déterminant l’instabilité. compressif intracanalaire, il est nécessaire de l’aborder directe-
Les lésions stables correspondent à des lésions à trait osseux ment pour le supprimer. L’abord postérieur est le plus souvent
simple isolé. Les lésions instables correspondent à des solutions utilisé pour le traitement des lésions du rachis dorsal et
de continuité intéressant à la fois l’os et les ligaments, ainsi que lombaire en urgence. La laminectomie n’est qu’une voie d’abord
les lésions globales du segment mobile rachidien. des éléments intracanalaires et non pas, comme cela a été
longtemps préconisé, le principal élément de la décompression.
Traitement fonctionnel Dans un certain nombre de cas, l’abord antérieur est préféré. Il
C’est de loin le traitement le plus simple. Il n’est justifié que est facile au niveau du rachis cervical, beaucoup plus difficile au
pour des lésions ayant fait la preuve de leur bénignité (absence niveau du rachis dorsal et lombaire en urgence.
de complication neurologique, lésion stable, sans déplacement La stabilisation de la réduction impose une ostéosynthèse.
important). Le repos et un traitement médical (antalgique et Dans les lésions dorsales, dorsolombaires ou lombaires, cette
anti-inflammatoire) permettent d’observer la régression des ostéosynthèse est le plus souvent postérieure, utilisant des
phénomènes douloureux. Une courte immobilisation est plaques ou des tiges vissées dans les pédicules vertébraux [31].
habituelle au niveau cervical, elle est confiée à un collier rigide Dans les lésions cervicales, la voie d’abord antérieure est plus
de type Schantz qui bloque essentiellement les mouvements de facile que dans les autres segments rachidiens et il est possible
flexion-extension et de latéralité, mais très peu les rotations qui d’utiliser des ostéosynthèses postérieures (plaque vissée dans les
se font au niveau du rachis cervical supérieur. Au niveau dorsal massifs articulaires), mais également antérieures (plaque ou
et lombaire, elle n’est pas obligatoire. L’entretien musculaire par agrafe fixée dans les corps vertébraux). Les méthodes de
une gymnastique statique posturale est systématique. Cette synthèse donnent une stabilité immédiate. Celle-ci est reprise à
gymnastique permet d’éviter l’atrophie musculaire, les douleurs long terme soit par la consolidation de la fracture, soit par la
et l’appréhension lors de l’ablation d’une contention. fusion d’une greffe osseuse ajoutée au moment de l’acte
opératoire. Cette greffe n’est pas obligatoire, elle est indiquée en
Traitement orthopédique cas de lésion discoligamentaire prédominante dont la cicatrisa-
tion est rarement de bonne qualité. L’indication d’une greffe
Les lésions avec déplacement du rachis cervical ou dorsolom- complémentaire est donc directement dépendante du type de
baire sont souvent accessibles à une réduction orthopédique. lésion rencontrée, osseuse ou discoligamentaire. Par voie
Celle-ci doit être effectuée sur un patient conscient et éveillé antérieure, la corporectomie est systématiquement suivie d’une
pour dépister toute modification de l’état neurologique. La reconstruction par greffe.
manœuvre tend à reproduire en sens inverse le mécanisme à
l’origine de la lésion. Pour le rachis cervical, les manipulations
directes sont peu utilisées et la traction continue, par halo Chirurgie précoce ou différée ?
crânien ou par étrier, moins dangereuse, leur est largement
Le délai entre le traumatisme et l’intervention chirurgicale est
préférée. Elle est maintenue en place ou relayée par une
un problème important. Lorsque la lésion médullaire est
immobilisation de type minerve avec appuis occipital et
incomplète ou qu’une aggravation progressive est notée dans les
mentonnier jusqu’à consolidation (45 jours à 3 mois). Bien
premières heures, la plupart des équipes considèrent qu’il s’agit
souvent, la réduction orthopédique ne constitue en fait que le
d’une urgence chirurgicale. En revanche, l’attitude chirurgicale
premier temps du traitement chirurgical qui donne la stabilisa-
pour les lésions médullaires complètes d’emblée reste discutée.
tion définitive du rachis.
Heiden et al. [32] avaient noté que des complications surve-
Au niveau dorsolombaire et lombaire, les techniques visent à
naient dans 46 % des cas opérés dans la première semaine qui
redonner à la vertèbre tassée sa hauteur normale. La manœuvre
suit le traumatisme et seulement dans 27 % des cas opérés après
de Boehler comporte une traction associée à une hyperlordose.
1 semaine. Marshall et al. [33] ont également noté une aggrava-
La réduction est suivie par la confection d’un corset plâtré trois
tion neurologique postopératoire dans 15 % des cas opérés dans
points pendant trois mois pour maintenir le résultat. Une
les cinq premiers jours, alors qu’aucune détérioration neurolo-
surveillance radiologique stricte est indispensable les premières
gique n’était notée pour les patients opérés plus tard. Ces études
semaines chez ce patient traité orthopédiquement pour s’assurer
ont conduit de nombreuses équipes nord-américaines à ne plus
de l’absence de déplacement secondaire. La méthode de Gutt-
pratiquer d’intervention en urgence. En revanche, d’autres
mann a été proposée à des patients ayant d’importants signes
équipes [7, 18] considèrent qu’une intervention chirurgicale est
neurologiques et de grandes déformations du rachis. Elle permet
urgente chaque fois que le patient est vu précocement, et que
une réduction progressive de la déformation par postures
cette intervention doit être débutée si possible dans les 6 heures
régulièrement modifiées à l’aide de coussins en mousse. Elle
qui suivent le traumatisme. Wilberger [18] a comparé les inter-
peut réduire des déplacements importants. L’absence de réduc-
ventions précoces (moins de 24 heures) et tardives après
tion rapide pour libérer la moelle épinière, son caractère
traumatisme médullaire cervical et constate une diminution
astreignant, la compétence du personnel paramédical qu’elle
significative des pneumopathies (21 versus 10 %), des thrombo-
requiert expliquent son abandon actuel.
phébites (11 versus 0 %), des embolies pulmonaires (5 versus
0 %), et des complications de décubitus (16 versus 10 %) chez
Traitement chirurgical
les patients opérés précocement. Bien que cette étude n’ait pas
Quatre grands principes doivent êtres respectés dans le été contrôlée, elle a le mérite de reposer ce problème non
traitement chirurgical des lésions du rachis, qu’il y ait ou non résolu. Il faut souligner que, dans notre expérience [34] , la
des troubles neurologiques. Il faut : chirurgie précoce s’accompagne d’une mortalité périopératoire

6 Anesthésie-Réanimation

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Prise en charge du rachis traumatique ¶ 36-605-A-20

Tableau 2. autres cas, il est possible de se contenter de la pression artérielle


Principaux éléments de décision d’une intervention chirurgicale sanglante et de la capnographie pour apprécier les variations
d’urgence devant un traumatisme médullaire. volémiques, en veillant à éviter toute hypervolémie.
Pour Contre
Le monitorage de la température centrale est obligatoire en
urgence chez un traumatisé volontiers hypotherme et dont la
Lésion incomplète (+) Lésion complète quantité de perfusion et de transfusion est importante. L’oxy-
Lésion progressive (+) Délai de plus de 24 heures métrie pulsée permet de dépister des désaturations artérielles
Délai de moins de 6 heures (+) Contusion pulmonaire grave peropératoires qui peuvent être dues à une intubation sélective
Délai de moins de 24 heures Traumatisme crânien grave par mobilisation de la sonde d’intubation au retournement, ou
Hémorragie active ou coagulopathie (+) à une aggravation des lésions pulmonaires (contusion, atélecta-
sie). Le simple monitorage de la diurèse ne doit pas être négligé
(+) Élément pouvant entraîner la décision, même isolément. au cours de ces interventions parfois longues.

très faible (< 2 %) bien que ce point soit discuté [35]. Néan- Intubation
moins, il faut parfois contre-indiquer une intervention chirur- L’intubation trachéale pose surtout des problèmes chez le
gicale précoce en raison du risque vital peropératoire. Il s’agit traumatisé du rachis cervical. En cas de détresse respiratoire,
essentiellement des traumatismes graves du rachis dorsal qui l’intubation trachéale ne doit pas être différée sous prétexte
s’accompagnent d’une contusion pulmonaire sévère [36]. De la d’une lésion avérée ou hypothétique du rachis cervical. La
même façon, les principes du damage control doivent être technique qui doit être alors utilisée est l’intubation par voie
appliqués chez les patients instables sur le plan hémodynami- orale, un aide maintenant le rachis cervical dans la position la
que ou ayant une coagulopathie [37]. plus proche de la neutralité [44], associée à une induction rapide.
Si, actuellement, les progrès de la réanimation permettent Il ne semble pas y avoir plus de complications neurologiques
d’envisager une chirurgie précoce sans appréhension, le bénéfice avec cette technique par rapport à l’intubation vigile. En dehors
de cette chirurgie précoce est loin d’être admis, tout du moins de l’urgence ventilatoire, plusieurs techniques sont possibles :
pour les lésions médullaires complètes. L’opinion des neurochi- intubation par voie rétrograde [45], intubation avec le Fas-
rurgiens et orthopédistes américains est très variable sur ce trach™ [46] et surtout utilisation du fibroscope bronchique.
point [38]. Des arguments expérimentaux laissent penser qu’il est L’intubation vigile avec le fibroscope bronchique est une
raisonnable d’en attendre un bénéfice si la chirurgie est débutée technique tout à fait satisfaisante qui permet de réaliser
très précocement, dans les six premières heures [39]. En revan- l’intubation sans mobiliser le rachis cervical. Les multiples
che, il est possible qu’une chirurgie précoce, effectuée après techniques possibles font qu’il n’y a pas de place, chez ces
24 heures, puisse aggraver les lésions médullaires. L’étude patients, pour les techniques de trachéotomie ou de coniotomie,
NASCIS II ne permet pas d’analyser l’intérêt réel de la chirurgie d’autant qu’elles risquent de gêner un abord chirurgical anté-
car les patients qui n’avaient pas bénéficié d’une chirurgie rieur du rachis cervical. L’intubation nasale à l’aveugle n’est pas
précoce avaient un score neurologique plus sévère [35]. Seule une recommandée en raison de son caractère traumatique et de son
véritable étude prospective randomisée permettra de répondre à taux d’échecs élevé.
cette question essentielle. En attendant, il n’est possible que de Quelle que soit la technique choisie, l’intubation vigile sous
proposer des éléments de décision empiriques (Tableau 2). anesthésie locorégionale ou en association avec une sédation à
l’aide de kétamine titrée permet de vérifier l’absence de modi-
Traumatismes pénétrants fication neurologique après l’intubation. Cette précaution n’est
pas forcément nécessaire si la technique utilisée ne mobilise pas
En l’absence de compression médullaire, une chirurgie le rachis cervical. Toutefois, si une anesthésie locorégionale est
extensive comportant une laminectomie n’est pas indiquée [40, utilisée, elle doit être parfaite et comporter notamment une
41] et il faut se contenter d’un parage simple de la plaie. En
anesthésie intratrachéale car une toux trop violente peut
revanche, il convient de surveiller étroitement ces patients pour mobiliser le rachis cervical. L’utilisation de curares expose à un
détecter une aggravation neurologique et de pratiquer les risque accru de mobilisation du rachis cervical par suppression
investigations nécessaires (TDM, IRM) pour diagnostiquer une de la contraction tonique des muscles du cou. Cela ne contre-
éventuelle compression médullaire ou radiculaire (os, héma- indique pas leur utilisation, mais impose un contrôle rigoureux
tome, corps étrangers, disque) qui nécessiterait une laminecto- et permanent de l’absence de mobilité du rachis cervical,
mie en urgence. En outre, la chirurgie orthopédique peut aussi pendant l’intubation et surtout le retournement. L’utilisation de
être rendue nécessaire par l’instabilité rachidienne générée par la kétamine (1 à 1,5 mg kg–1) associée à une anesthésie locale,
le traumatisme, balistique notamment. Lorsqu’une lésion permet de réaliser cette intubation sans curares en maintenant
pharyngée est associée à une lésion rachidienne, le parage une ventilation spontanée.
étendu et une réparation des lésions pharyngées sont Enfin, la manœuvre de Sellick, recommandée devant un
nécessaires [42]. estomac plein, est probablement contre-indiquée en cas de
En l’absence de lésion viscérale, une antibiothérapie de 24 à traumatisme instable du rachis cervical bas car elle risque
48 heures est jugée suffisante, mais nécessaire. La plupart des d’induire des déplacements vertébraux délétères qui ont été
équipes proposent une antibiothérapie large pendant 7 à démontrés sur le cadavre [47].
10 jours lorsqu’il y a une lésion viscérale digestive [43]. Il n’y pas
d’indication à administrer des corticoïdes [40].
Installation
L’installation du patient sur la table d’opération est dange-
■ Anesthésie reuse, conditionne en partie le bon déroulement de l’acte
opératoire et doit être faite en présence du chirurgien. Le
chirurgien décide de la manœuvre, l’anesthésiste décide du
Monitorage moment où cette manœuvre peut être effectuée. Le retourne-
Le monitorage cardiovasculaire comporte impérativement une ment d’un patient mal équilibré sur le plan hémodynamique
mesure invasive de la pression artérielle. L’aspect de la courbe peut entraîner un collapsus, voire un arrêt circulatoire. Il faut
est un élément qui permet d’apprécier le degré d’hypovolémie : s’assurer, au moment de l’installation, que les appuis sont
plus l’hypovolémie est importante, plus les oscillations de la effectivement placés au niveau des épaules et des ailes iliaques
pression artérielle avec la ventilation sont importantes. Lorsque afin de limiter toute augmentation des pressions endothoraci-
l’intervention concerne le rachis dorsal ou lombaire, un cathéter ques au cours de la ventilation et d’éviter une compression
de Swan-Ganz peut être mis en place. Le cathétérisme droit est abdominale. Celle-ci peut être responsable d’une augmentation
surtout important lorsque le bilan lésionnel a mis en évidence des pressions endothoraciques ou d’une compression cave. Ces
une contusion pulmonaire et/ou myocardique associée. Dans les différents facteurs peuvent avoir des effets hémodynamiques

Anesthésie-Réanimation 7
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délétères (diminution du retour veineux) et augmentent le urgente du rachis, l’autotransfusion permet de diminuer les
saignement peropératoire par hyperpression veineuse au niveau besoins en sang homologue de 47 % et le nombre de patients
du site opératoire. Il est souhaitable de mesurer la pression recevant du sang homologue de 45 % [34], résultats analogues a
inspiratoire de crête avant et après installation pour vérifier ceux de la chirurgie réglée du rachis.
l’absence de compression thoracique. Le saignement ne se limite pas à la période opératoire, mais
La protection des points d’appui est essentielle pour éviter la se poursuit volontiers dans la période postopératoire immédiate.
formation d’escarres qui sont particulièrement longues à Il existe actuellement des dispositifs d’autotransfusion postopé-
cicatriser chez les traumatisés médullaires. Les globes oculaires ratoire qui remplacent avantageusement les drains de Redon [50].
doivent être particulièrement protégés. Ce type de système, en association avec l’autotransfusion
La vérification de la position correcte de la sonde d’intuba- peropératoire devrait permettre de limiter à son minimum le
tion fait partie de la routine de toute anesthésie en décubitus recours à la transfusion homologue dans la chirurgie du rachis.
ventral. Il convient de fixer solidement les différents éléments Il convient néanmoins d’être prudent dans l’utilisation de
du circuit anesthésique et du monitorage, surtout pour les l’autotransfusion postopératoire sans lavage lorsque des troubles
rachis cervicaux où l’accès peropératoire est extrêmement réduit. de l’hémostase sont observés après un saignement majeur : en
Si l’installation est une phase périlleuse, le retournement en effet, le sang épanché contient des produits de dégradation de
fin d’intervention l’est probablement plus. L’anesthésiste doit la fibrine, potentiellement délétères dans ces conditions.
vérifier la stabilité hémodynamique, en particulier l’absence de Enfin, chez les patients sans lésion neurologique, une inter-
retard sur la compensation volémique et examiner le débit des vention retardée de 48 heures est toujours moins hémorragique
drains de Redon à la recherche d’un saignement majeur qui qu’une intervention en urgence. En urgence, trois paramètres
peut passer inaperçu dans cette période de fin d’intervention. simples permettent de prédire la nécessité d’une transfusion
Un vasoconstricteur injectable prêt à l’emploi n’est pas une sanguine périopératoire, et donc de n’utiliser l’autotransfusion
simple précaution, mais une obligation. peropératoire qu’à bon escient :
• traumatisme du rachis dorsal ou lombaire ;
Prévention de l’hypothermie • hématocrite préopératoire inférieur à 35 % ;
• Injury Severity Score (ISS) supérieur à 20 [34].
L’utilisation d’un appareil de réchauffement externe, au
mieux par air chaud pulsé et d’un réchauffement du circuit
ventilatoire doit permettre de limiter l’hypothermie. Surtout, il ■ Réanimation postopératoire
faut réchauffer efficacement les perfusions et transfusions qui
Le problème de l’immobilisation postopératoire est différent
seront nécessaires en cas de chirurgie en urgence.
selon l’existence ou non de troubles neurologiques. En l’absence
de signes neurologiques, le but poursuivi est la sortie la plus
Agents anesthésiques rapide possible des blessés. Le lever est donc autorisé dans les
Le choix des agents anesthésiques au cours de cette chirurgie jours qui suivent la fixation chirurgicale. Il s’agit, selon les cas,
a fait l’objet de très peu d’études cliniques. Le seul véritable d’un corselet minerve avec appui occipitomentonier qui bloque
interdit concerne l’utilisation de la succinylcholine 48 heures les rotations du rachis cervical supérieur, d’une minerve simple
après une lésion médullaire (et pour une période d’au moins un ou d’un collier pour des lésions du rachis cervical inférieur, d’un
an) en raison des risques majeurs d’hyperkaliémie menaçante, corset avec appui occipitomentonnier dans les lésions dorsales
en rapport avec une hypersensibilité de dénervation de la hautes, d’un corset trois points dans les lésions dorsolombaires
membrane musculaire. et lombaires. Cette immobilisation est maintenue pendant les 3
L’anesthésie, quel que soit l’agent utilisé, exerce un effet à 4 mois nécessaires à la consolidation de la lésion osseuse ou
protecteur sur l’ischémie médullaire [48]. La crainte de voir les de la greffe. En présence de signes neurologiques et notamment
morphinomimétiques aggraver les lésions neurologiques (puis- sensitifs, le port d’un corset pose le problème du risque d’escar-
que la naloxone les améliore expérimentalement) ne semble pas res. Néanmoins, l’immobilisation postopératoire associée à
fondée ainsi que l’ont montré des travaux expérimentaux [49]. l’ostéosynthèse par plaque permet de débuter rapidement un
Le problème essentiel est d’éviter des hypotensions sources programme de réhabilitation et éventuellement de verticalisa-
d’aggravation neurologique. Aussi préfère-t-on une induction tion en plan incliné du blessé neurologique. La prise en charge
avec de la kétamine ou de l’étomidate chez le patient hémody- dans des unités spécialisées de soins aux traumatisés médullaires
namiquement instable. permet de diminuer la mortalité et la durée d’hospitalisation, et
L’utilisation de vasoconstricteur comme la noradrénaline est d’améliorer le pronostic neurologique [51].
logique lorsque le bloc sympathique est haut situé. Il est
souhaitable de débuter ce vasoconstricteur au début de l’anes- Complications ventilatoires
thésie, voire avant celle-ci, chez un patient normovolémique, de La première préoccupation est la prévention des complica-
façon à ramener la pression de perfusion à un niveau acceptable tions ventilatoires et le sevrage de la ventilation [12]. Il s’agit de
(pression artérielle moyenne [PAM] supérieure à 80 mmHg), et la première cause de décès chez les patients qui ont survécu au
de maintenir ensuite la dose administrée constante, de façon à traumatisme initial. Schématiquement, les patients ayant un
ne pas interférer avec le remplissage vasculaire. traumatisme médullaire au-dessus de T6 doivent être considérés
comme ayant une autonomie ventilatoire relative. Le score ASIA
Économie de produit sanguins ne permet aucune évaluation de l’autonomie ventilatoire et une
évaluation respiratoire doit être effectuée précocement et
Le saignement peropératoire est loin d’être négligeable,
comporter des éléments cliniques (toux efficace, capacité à
surtout pour le rachis dorsolombaire. Or, ces patients sont
compter jusqu’à 10 sans reprendre son souffle, ampliation
volontiers anémiques et opérés en urgence, ce qui exclut
thoracique) et une mesure de la capacité vitale associée à une
l’autotransfusion différée et le plus souvent l’hémodilution
gazométrie artérielle en ventilation spontanée. La mesure
préopératoire. De plus, la nécessité absolue de maintenir une
répétée de ces éléments est recommandée [4].
pression de perfusion correcte interdit de recourir à l’hypoten-
Dans les lésions cervicales hautes, le problème est la nature
sion contrôlée chez les traumatisés médullaires. Il est donc
définitive ou non de la dépendance ventilatoire. Cela nécessite
important de pouvoir leur proposer, même en urgence, une
un bilan électromyographique et de stimulation magnétique
autotransfusion peropératoire avec lavage. En effet, plusieurs
phrénique afin de décider d’une éventuelle stimulation phréni-
caractéristiques de cette chirurgie sont en faveur de l’utilisation
que implantée.
de l’autotransfusion peropératoire : intervention dans des
centres de traumatologie où cet appareil est économiquement
intéressant, saignement notable, mais ni brutal ni majeur, Thromboprophylaxie
laissant suffisamment de temps pour traiter tout le sang L’incidence des thrombophlébites en l’absence de prophylaxie
épanché. Nous avons pu montrer qu’au cours de la chirurgie est particulièrement élevée chez les patients présentant une

8 Anesthésie-Réanimation

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paralysie voisine de 100 % [52]. Il faut souligner que nombre l’image du corps. Elle est potentialisée par les douleurs physi-
d’embolies pulmonaires sont mortelles chez ces patients. ques et est considérablement modulée par les caractéristiques
L’administration des anticoagulants à la phase précoce (24- psychiques propres du patient et son environnement sociofami-
48 heures) est probablement contre-indiquée en raison du lial. Les phases classiques de réactions psychiques face à un
risque d’aggravation des lésions hémorragiques de contusion drame sont observées : déni, colère, régression. La dépression
médullaire [53]. Après cette courte période, l’utilisation d’hépa- surviendrait dans 60 % des cas [4] et, comme l’anxiété, serait
rine de bas poids moléculaire est recommandée [4] et poursuivie volontiers sous-évaluée par les soignants. L’annonce du handi-
entre 3 et 6 mois, en fonction des facteurs de risque et de la cap est un moment essentiel. Il est recommandé que cette
possibilité d’une mobilisation volontaire des membres inférieurs. annonce soit précoce tout en s’adaptant à chaque patient,
La pose précoce de bas de contention est conseillée pendant les notamment en fonction de ses souhaits et de ses capacités à
deux premières semaines. La mise en place d’une interruption mobiliser ses ressources psychiques [4]. Cette annonce peut donc
cave prophylactique, temporaire ou définitive chez ces patients être fragmentée dans le temps, elle doit intégrer la réalité
ne semble pas justifiée. objective du moment tout en évoquant les incertitudes et les
progrès futurs. Il est important de rassurer le patient sur la
Dysautonomie végétative continuité de l’information qui lui sera donnée. Une prise en
charge à la fois psychique et somatique de ces patients dans le
L’hypertonie vagale, maximale au 4e jour et s’estompant cadre d’une équipe multidisciplinaire est un objectif majeur de
après 2 à 6 semaines, peut entraîner des bradycardies, voire un même que la formation de ces équipes à l’annonce, à la gestion
arrêt cardiaque, notamment au décours de gestes invasifs psychique de ces patients et à l’interprétation de leurs réactions
(aspirations trachéales, sondage urinaire) chez les patients ayant (évitement, déni, agressivité). La prise en charge psychologique
une lésion médullaire haute. Cela justifie une prémédication ne s’arrête pas au patient, elle doit souvent être étendue aux
vagolytique chez ces patients [4]. proches.
Chez les patients ayant une lésion située au-dessus de T6, une
hyperréflexivité autonome peut être responsable d’une hyper-
tension artérielle majeure et brutale au cours d’une stimulation
nociceptive sous-lésionnelle. Leur prévention passe par l’identi-
fication et le traitement de ces stimulations nociceptives. Parmi
les médicaments antihypertenseurs, les inhibiteurs calciques et
“ Points essentiels
les dérivés nitrés doivent être évités, et les inhibiteurs de
l’enzyme de conversion sont préconisés [4]. La prise en charge • Les traumatismes du rachis touchent le plus souvent le
par un anesthésiste-réanimateur de ces patients, même en cas de rachis cervical et la charnière dorsolombaire avec une
geste sous anesthésie locale, est donc nécessaire. fréquente sous-estimation, voire une possible aggravation
des lésions rachidiennes, lors de la prise en charge initiale.
• L’immobilisation du rachis, en particulier cervical, doit
Prise en charge de la douleur être systématique.
L’enquête française Tetrafigap a montré que 74 % des blessés • Afin de prévenir la progression des lésions médullaires,
médullaires sont douloureux et que beaucoup de ces patients ne le maintien d’une pression de perfusion et l’oxygénation
reçoivent pas un traitement antalgique adapté [54]. Ces douleurs sont essentiels.
sont de type nociceptif prédominant dans les premiers mois, • L’examen neurologique détaillé (score ASIA) précise le
mais les douleurs neuropathiques sont également fréquentes. Il niveau moteur ou sensitif de la lésion, et son caractère
convient non seulement d’évaluer l’intensité de la douleur complet ou incomplet.
(échelle visuelle analogique [EVA]), mais aussi son mécanisme • L’examen radiologique complet du rachis est
physiopathologique car cela influe sur l’efficacité des traite-
systématique et au mieux effectué par un scanner, par
ments. Ainsi, si les morphiniques (titration puis patient controlled
ailleurs nécessaire dans le cadre d’un polytraumatisme car
analgesia [PCA]), en association avec les anti-inflammatoires non
stéroïdiens, lorsque cela est possible, gardent une place centrale permettant de faire le bilan des lésions associées.
dans la prise en charge initiale de ces traumatisés, l’utilisation • L’IRM n’est indiquée qu’en cas de déficit neurologique
des antidépresseurs tricycliques est requise pour les patients et en l’absence de lésions osseuses pouvant expliquer une
ayant des douleurs neuropathiques. La spasticité est traitée à lésion médullaire.
l’aide du baclofène, voire de benzodiazépines [4]. La prise en • La chirurgie précoce est d’autant plus indiquée que la
charge par une équipe multidisciplinaire est importante, la lésion médullaire est incomplète, d’aggravation
composante dépressive de la douleur ne devant pas être sous- progressive, ou récente (< 6 heures).
estimée chez ces patients. • La période postopératoire est centrée sur la prévention
et le traitement des complications ventilatoires,
Nursing thromboemboliques, et liées à la dysautonomie
neurovégétative.
Le nursing est un élément important chez les patients • La prise en charge de la douleur (par excès de
paralysés pour éviter la constitution d’escarres, de même que nociception et neuropathiques), ainsi que la prise en
l’alimentation et la kinésithérapie. Le sondage vésical est le plus
charge psychologique (annonce du handicap) constituent
souvent nécessaire à la phase initiale chez les traumatisés
également des éléments importants de la période
médullaires, mais le sondage à demeure prolongé doit être évité
car il favorise les infections urinaires basses et hautes et les postopératoire.
complications génitales. Le sondage vésical intermittent doit
être mise en place dès que possible et l’éducation du patient .

vers l’autosondage doit être favorisée [4].


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Département d’anesthésie-réanimation, CHU Pitié-Salpêtrière, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Université Pierre et Marie Curie - Paris 6, 47-83,
boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.
B. Riou (bruno.riou@psl.aphp.fr).
Service d’accueil des urgences, CHU Pitié-Salpêtrière, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Université Pierre et Marie Curie - Paris 6, 47-83, boulevard de
l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Langeron O., Riou B. Prise en charge du rachis traumatique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Anesthésie-Réanimation, 36-605-A-20, 2009.

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