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Ann Chir 2000 ; 125 : 50–6

© 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


Article original

Décompression portale hypersélective pour rupture de varices


œsophagiennes : étude d’une série de 122 cas avec résultats lointains*

M. Vankemmel, L. Dell’Oste, J. Kouame


Chirurgie digestive, hôpital Huriez, CHRU, 59037 Lille cedex 5, France

RÉSUMÉ niveau du foie (alors que celle-ci est diminuée au niveau


But de l’étude : Le but de ce travail était de rapporter les des varices œsocardiales), semble être bénéfique pour
résultats avec un recul d’au moins 10 ans de la décom- préserver la fonction du foie cirrhotique et éviter l’appari-
pression portale hypersélective (DPHS) destinée à préve- tion d’encéphalopathie portocave chronique. © 2000 Édi-
nir les récidives hémorragiques par rupture de varice œso- tions scientifiques et médicales Elsevier SAS
phagienne ou gastrique dans une série de 122 patients
cirrhotiques. hypertension portale / hémorragie digestive / rupture
Patients et méthode : Entre janvier 1980 et février 1997, de varices œsophagiennes / chirurgie / cirrhose /
122 patients (85 hommes et 37 femmes, âge moyen 50,4 décompression portale
ans), ayant une cirrhose classée Child A : 66 fois, B : 50
fois et C : six fois, ont été opérés, pour hémorragie par rup-
ture de varices œsophagiennes, 106 fois de façon différée
et 16 fois en urgence. La DPHS a comporté deux gestes ABSTRACT
de ligature vasculaire (ligature de l’artère splénique en cas Highly selective portal decompression for bleeding
d’hypersplénisme [n = 42] et ligature des veines périgas- esophageal varices: report of a series of 122 patients
triques supérieures dilatées) et deux gestes d’agrafage tis- with long-term results.
sulaire (résection-anastomose de l’œsophage sus-cardial Study aim: The aim of this retrospective study was to
et valvuloplastie sous-cardiale). Divers gestes y ont été report the results, with a minimum 10-year follow-up, of
associés dont 21 fois une cholécystendèse. highly selective portal decompression (HSPD) realized in
Résultats : Il y a eu dix décès postopératoires (8 %). Il n’y order to prevent bleeding recurrences from esophageal or
a eu aucune fistule anastomotique mais une sténose anas- gastric varices in a series of 122 cirrhotic patients.
tomotique chez dix patients traités par dilatation. Il y a eu Patients and method: From January 1980 to February
seulement 2,5 % de perdus de vue sur les 109 cas suivis. 1997, 122 patients (85 men and 37 women, mean age :
Aucun cas d’encéphalopathie portocave n’a été observé. 50,4 years) with liver cirrhosis stage A (n=6), B (n=50), C
La survie globale à cinq ans a été de 60 % et à 10 ans de (n=6) according to Child classification, were operated on
45 %. Le taux de décès par hémorragie digestive secon- for bleeding varices after a delay in 106 patients, on emer-
daire à une récidive de rupture variqueuse a été de 11 % et gency in 16 patients. The HSPD included a double vascu-
par insuffisance hépatocellulaire de 18,5 % durant toute la lar ligature (splenic artery ligature in case of hypersplenism
durée de l’étude. [n=42] and high perigastric veins ligature) and a double tis-
Conclusion : La DPHS apparaît le procédé chirurgical le sular stapling (low esophagus transection and valvulo-
plus adapté, chez le cirrhotique, lorsqu’une prévention chi- plasty). Other associated procedures were performed
rurgicale des récidives hémorragiques d’origine vari- including cholecystendesis in 21 patients.
queuse est indiquée. Le maintien de la pression portale au Results: Perioperative mortality rate was 8% (n=10).
There was no anastomotic leakage but anastomotic steno-
sis in ten patients treated by dilatation. Three patients only
out of 109 (2,5%) were lost for follow-up. Portocaval
Reçu le 1er janvier 1999 ; accepté après révision le 2 janvier 1999.
* Communication présentée à l’Académie nationale de chirurgie au
encephalopathy was not observed in any patient. Global
cours de la séance du 3 février 1999. survival rate was 60% at 5 years and 45% at 10 years. The
Hypertension portale 51

mortality rate related to recurrent esophageal varice bleed- des récidives hémorragiques et d’améliorer les résul-
ing was 11% and related to hepatocellular failure 18,5% tats à distance, nous avons, dès 1980, complété le
during the entire follow-up. geste opératoire de plusieurs artifices techniques,
Conclusion: HSPD appears to be the best procedure in groupés sous l’appellation décompression portale
cirrhotic patients for the prevention of recurrent esoph- hypersélective (VK II) [6, 7].
ageal varice bleeding. Preservation of portal pressure Le but de cette étude était de rapporter les résultats
within the cirrhotic liver (whereas it is reduced in varices) à moyen et long terme obtenus avec cette technique
contributes to the preservation of hepatocellular function, dans une série de 122 patients.
avoiding portocaval encephalopathy. © 2000 Éditions sci-
entifiques et médicales Elsevier SAS PATIENTS ET MÉTHODE

portal hypertension / esogastric bleeding / esophageal


Patients
varices bleeding / cirrhosis / portal decompression

De janvier 1980 à février 1997, une DPHS a été réa-


lisée chez 122 patients (85 hommes et 37 femmes,
L’hépatopathie alcoolique demeure, en France, un âge moyen : 50,4 ans) pour hémorragies digestives
problème de santé publique. Ses modalités évoluti- rapportées à la rupture de varices œsophagiennes
ves sont dominées par la déchéance fonctionnelle du et/ou cardiotubérositaires. Ceux-ci totalisaient 309
foie et par les complications hémorragiques digesti- épisodes hémorragiques au cours de l’année préopé-
ves essentiellement par rupture de varices œsopha- ratoire soit une moyenne de 2,5 hémorragies diges-
giennes et/ou cardiotubérositaires. Notre objectif tives par patient. Tous les patients avaient une hyper-
thérapeutique est double : éviter la récidive hémor- tension portale rapportée à une cirrhose d’origine
ragique tout en préservant l’état fonctionnel hépati- éthylique (107 cas dont un cas associé à une sarcoï-
que. dose hépatique) ou d’origine post-hépatitique (14
Afin de s’opposer à la récidive d’hémorragies cas). L’atteinte hépatique était majorée sept fois par
digestives par rupture de varices œsophagiennes, l’existence simultanée d’une thrombose portale soit
deux options thérapeutiques ont été proposées, en diffuse (n = 4), soit splénique (n = 3).
1973 : Selon la classification de Child et Pugh, il y avait
– l’intervention japonaise, décrite par Sugiura et 66 patients au stade A (54,1 %), 50 au stade B
Futagawa [1], comporte une transsection du bas (41 %) et six au stade C (4,9 %). Tous avaient eu une
œsophage suivie d’anastomose manuelle termino- fibroscopie préopératoire confirmant le stade des
terminale, associée à une vagotomie sélective bila- varices œsophagiennes (dix au stade 1 : 8,2 %, 49 au
térale, une pyloroplastie, une splénectomie ainsi stade 2 : 40,2 %, 57 au stade 3 : 46,7 % et 6 au stade
qu’à une déconnexion gastro-œsophagienne étendue 4 : 4,9 %). Chez 43 d’entre eux (35,2 %), il y avait
avec dévascularisation tant au pourtour de l’hémi- également des varices cardiotubérositaires (23 de
gastre supérieur que de l’œsophage thoracique infé- stade 1, 13 de stade 2, six de stade 3 et un de
rieur. Cette intervention, en raison de son double stade 4).
abord, à la fois abdominal et thoracique, n’a suscité Seuls neuf patients avaient eu, trois à six semaines
qu’un engouement limité sur notre continent [2, 3] ; avant l’intervention, une sclérothérapie de varices
– l’intervention lilloise [4] a introduit, dans le trai- œsophagiennes, itérative trois fois (deux, trois et
tement des hémorragies digestives par rupture de quatre séances). Par ailleurs, 14 patients avaient eu
varices œsophagiennes, l’utilisation des appareils à une embolisation de la veine coronaire stomachique
suture mécanique circulaire, au niveau du bas œso- par portographie trans-hépatique dont cinq de façon
phage, afin de réaliser non pas une simple transsec- itérative.
tion œsophagienne mais une résection-anastomose La DPHS a été réalisée 16 fois en urgence, c’est-
très segmentaire sus-cardiale en un temps (VK I). à-dire au cours de l’épisode hémorragique, en raison
Après une analyse des résultats à cinq ans de nos 37 de l’échec des traitements médicamenteux et instru-
premiers opérés de résection-anastomose de l’œso- mentaux (stade A = 4, B = 7 et C = 5) et 106 fois de
phage sus-cardial [5], afin de réduire le pourcentage façon différée, c’est-à-dire entre un et quatre mois
52 M. Vankemmel et al.

après le dernier épisode hémorragique (stade A = 63, Les lignes d’agrafage tissulaire, qui enserrent
B = 42 et C = 1). Les malades de stade B et C, cor- transversalement les deux parois tissulaires œsopha-
respondaient à 75 % des opérés en urgence et à gienne et gastrique ainsi que les structures vasculai-
41,5 % des opérés de façon différée. res préexistantes, se comportent comme d’authenti-
ques et durables barrages vasculaires. Ainsi, cette
association de ligatures vasculaires et d’agrafes tis-
sulaires a un double objectif : induire une réduction
Méthode tensionnelle portale localisée à la seule région œso-
cardiale électivement vulnérable et préserver le flux
hépatopète résiduel en maintenant, voire en majo-
La DPHS, réalisée par laparotomie médiane sus- rant quelque peu, la pression au niveau de la veine
ombilicale, associe deux gestes de ligature vascu- porte [6]. De plus, la valvuloplastie permet d’asso-
laire et deux gestes d’agrafage tissulaire. cier une éventuelle correction des troubles de la
Les deux gestes de ligature vasculaire compor- continence gastro-œsophagienne.
tent : Dans cette série la DPHS a comporté, dans 42 cas
(34,4 %) une ligature de l’artère splénique (effectuée
– la ligature de l’artère splénique (LAS) : effectuée
huit fois en urgence et 34 fois en différé). La DPHS
au niveau d’une boucle artérielle en regard du pan- a été associée à divers gestes thérapeutiques :
créas caudal, celle-ci n’est réalisée qu’en présence – cholécystendèse pour lithiase vésiculaire pigmen-
d’un hypersplénisme s’accompagnant d’une throm- taire (n = 21) ;
bopénie inférieure à 100 000 éléments/mm3 ; – agrafage tangentiel à la grosse tubérosité gastri-
– la ligature des afférents veineux (LAV) : celle-ci que (n = 2) par suture mécanique linéaire pour
associe la ligature de la veine coronaire stomachique déconnexion portale de volumineuses varices car-
(par clips métalliques afin d’éviter toute reperméa- diotubérositaires ;
bilisation du tronc veineux) et la ligature élective de – transsection œsophagienne emportant le cardia
chacune des veines périgastriques supérieures dila- (n = 1) pour résection conjointe d’une perforation
tées tant sur la face antérieure que sur la face posté- nécrotique de son bord gauche (consécutive à un
rieure de l’estomac (par de fins fils sertis non résor- tamponnement très prolongé par sonde de Linton) ;
bables), sans autre dévascularisation péri-gastro- – vagotomie tronculaire bilatérale avec pyloroplas-
œsophagienne ni ouverture des mésos avoisinants, tie pour ulcère duodénal évolutif associé (n = 2) ;
afin de préserver un flux au niveau des fines veinules – splénectomie pour infarctus splénique préexistant
et capillaires résiduels et d’éviter également tout ris- (n = 2).
que d’ischémie au niveau de la future anastomose L’’intervention était systématiquement terminée
œsophagienne. par la mise en place d’un drainage abdominal aspiré,
Les deux gestes d’agrafage tissulaire comportent : pour une durée n’excédant pas 24 à 48 heures. Une
– la résection-anastomose de l’œsophage sus- nutrition par sonde nasojéjunale était entreprise, dès
cardial : ce geste technique, réalisé à l’aide des appa- j1 afin d’apporter précocement un apport calorique
reils de type EEA ou ILS, comporte un double agra- par voie digestive et de favoriser la reprise précoce
fage tissulaire. Il est précédé par la section du nerf du transit intestinal. Un transit œsophagien de
pneumogastrique gauche (vagotomie antérieure iso- contrôle aux hydrosolubles était réalisé, à j5, avant
lée) et il est complété par une pyloroclasie digitale ; l’ablation de la sonde nasojéjunale.
– une valvuloplastie : cet artifice technique consiste
en un agrafage tri-linéaire sous-cardial (réalisé à
l’aide de l’appareil soviétique Y0 60, porteur d’agra- RÉSULTATS
fes de 5,5 mm, venant s’épauler sur une sonde four-
reau intragastrique, de 11 mm de diamètre, position- Mortalité péri-opératoire
née le long de la petite courbure gastrique) et
correspond au geste principal de l’intervention de Il y a eu dix décès (8 %) au cours du premier mois,
cardioplastie à visée anti-reflux gastro-œsophagien quatre par insuffisance hépatocellulaire et quatre par
[8]. insuffisance rénale (il s’agissait six fois sur huit de
Hypertension portale 53

patients de stade B–C), un par pancréatite aiguë et un patient la pose d’un TIPS (six ans après la
un par septicémie chez un malade porteur d’une per- DPHS).
foration duodénale secondaire à une portographie Enfin, la surveillance endoscopique tous les 6 à 12
percutanée préalable. mois a permis de déceler chez dix patients une aug-
Cette mortalité était de 6,1 % (4 sur 66) pour les mentation progressive du volume des varices œso-
stades A de Child et de 10,7 % (6 sur 56) pour les phagiennes résiduelles qui ont fait l’objet d’une sclé-
stades B-C. La mortalité était de 3,75 % (3 sur 80) rothérapie prophylactique. Ainsi, une sclérothérapie
dans le groupe sans ligature de l’artère splénique et variqueuse adjuvante a été réalisée chez 31 patients
16,7 % (7 sur 42) dans le groupe avec LAS. La mor- (27,6 %) totalisant 48 séances.
talité était de 6,6 % (7 sur 106) parmi les patients Dans les suites précoces, chez 102 patients une
opérés de façon différée et de 18,7 % (3 sur 16) poussée ascitique a été observée, le plus souvent
parmi les patients opérés en urgence. rapidement résolutive, sans surinfection locale
(outre une antibiothérapie générale, tous les opérés
avaient eu une chimiothérapie anti-infectieuse intra-
Morbidité à moyen et long terme péritonéale, en cours et surtout en fin d’intervention
par Taurolin‚ 500 mL en solution à 1 % : laboratoire
Geistlich, Wolhusen LU, Suisse). Un traitement diu-
Parmi les 112 opérés vivants, trois patients ont été rétique d’entretien a été maintenu à la sortie de
perdus de vue (2,5 %) respectivement après un suivi l’hospitalisation chez 60 patients parmi les 112 opé-
de 7, 13 et 22 mois. rés vivants (53,6 %) et, après une année, chez 18
Aucune fistule anastomotique n’a été observée. patients sur 93 (19,4 %) dont quatre seulement ont
Lors du contrôle endoscopique effectué à trois mois, eu un shunt péritonéo-jugulaire de Le Veen (4,3 %)
tous les opérés avaient une régression importante de pour ascite incoercible.
leurs varices œsophagiennes évaluées au stade 1 Sur l’ensemble de la durée de la surveillance cli-
dans 103 cas (92 %) et au stade 2 dans neuf cas nique, aucun épisode chronique d’encéphalopathie
(8 %). Dans 11 cas (9,8 %), une sténose de l’anasto- portocave n’a été observé.
mose œsophagienne, est apparue dix fois au cours
des 18 premiers mois avec évolution favorable après
un total de 28 dilatations œsophagiennes par sonde Mortalité différée
de Savary, et une fois au cours de la cinquième
année, secondaire à plusieurs séances de sclérothé- Sur les 122 patients, 101 (82 %) avaient au moment
rapie. de l’étude un recul postopératoire supérieur ou égal
Une récidive hémorragique est survenue au cours à 10 ans, allant jusqu’à 18 ans. Après déduction de la
de la première année chez 16 patients (14,4 %) qui mortalité périopératoire, la survie globale réelle
totalisaient 20 épisodes hémorragiques attribués seu- après 1 an, 5, 10 et 15 ans, était respectivement de
lement 9 fois à une rupture variqueuse (8 %). En 84 %, 60 %, 45 % et 35 %. Au-delà de la première
revanche, sur l’ensemble de la durée de l’étude, 55 année, la mortalité a augmenté en fonction du degré
patients (49,5 %) ont totalisé 89 épisodes hémorra- de l’insuffisance hépatocellulaire initiale, chez les
giques : 23 patients par récidive variqueuse (38 fois), opérés aux stades B-C comparativement aux opérés
20 patients par ulcération gastrique ou duodénale (23 au stade A (tableau I). En revanche, la survie à dis-
fois) et 12 patients par alternance des deux causes. tance n’a pas été influencée par le fait que la DPHS
Ceci correspond, sur une surveillance moyenne de ait été réalisée en urgence ou non, qu’elle ait com-
15 ans, à un total de 53 épisodes hémorragiques porté ou non une ligature de l’artère splénique.
d’origine variqueuse chez 35 patients (31,5 %) et de Les causes de la mortalité au cours de la première
36 hémorragies d’étiologie non variqueuse. Un geste année postopératoire (18/111 = 16,2 %) étaient domi-
thérapeutique complémentaire à visée hémostatique nées par la déchéance hépatocellulaire (7/18 =
a été entrepris : chez 21 patients (19 %) une scléro- 38,8 %) et par les récidives hémorragiques (4/18 =
thérapie des varices œsophagiennes résiduelles, chez 22,2 %) rapportées trois fois à une ulcération gastro-
11 patients (9,8 %) une embolisation par voie trans- duodénale et seulement une fois par rupture vari-
hépatique de la veine coronaire stomachique et chez queuse (tableau II).
54 M. Vankemmel et al.

Tableau I. Étude de la survie réelle à un, cinq, 10 et 15 ans selon le Tableau III. Étiologie et répartition de l’ensemble des décès sur-
stade de la classification de Child ou pour l’ensemble des opérés venus parmi les 109 opérés suivis entre 1980 et 1989.
suivis, après déduction des trois perdus de vue (à 7–13 et 22 mois).
Cause des décèss Child A Child B-C Total %
Survie A B+C A+B+C
Insuffisance 8 12 20 18,5 %
1 an 54/62 = 87 % 40/49 = 81 % 93/111 = 84 % hépatocellulaire
5 ans 38/55 = 69 % 23/47 = 49 % 61/102 = 60 % Hémorragie digestive 6 6 12 11 %
10 ans 20/38 = 52 % 18/47 = 38 % 38/85 = 45 % variqueuse
15 ans 6/13 = 46 % 4/15 = 26 % 10/28 = 35 % Hémorragie digestive 3 4 7 6,5 %
non variqueuse
Hépatocarcinome 6 1 7 6,5 %
Cancer des VADS 3 1 4 3,7 %
Insuffisance rénale 3 1 4 3,7 %
Au terme de cette étude, 66 patients (60,5 %) CIVD–AVC 2 2 4 3,7 %
étaient décédés entre janvier 1980 et décembre 1998, Choc septique 1 2 3
parmi les 109 opérés suivis, 20 par insuffisance
hépatocellulaire (18,5 %), 12 de récidive hémorragi-
que par rupture variqueuse (11 %), sept d’hémorra-
Insuffisance cardiaque
Iatrogène
Traumatisme crânien
Non précisée
2
0
0
1
0
1
1
0
2
1
1
1
}
11 %

gie digestive par érosion gastrique ou duodénale Total 35/60 % 31/49 % 66/109 % 60,5 %
(6,5 %), sept d’hépatocarcinome (6,5 %), quatre de
cancer des voies aérodigestives supérieures (3,7 %),
quatre d’insuffisance rénale progressive (3,7 %) et
12 d’étiologie sans relation avec la pathologie ini- L’intervention de Sugiura [10], peu utilisée en
tiale (11 %) (tableau III). Europe, a été comparée avec l’anastomose porto-
cave [2, 3], dans une étude contrôlée et randomisée
DISCUSSION de deux groupes de 27 malades de sévérité identi-
que. Les récidives hémorragiques totales et vari-
Cette série peut être comparée avec une série simi- queuses étaient plus fréquentes après Sugiura (res-
laire et récente [9], comportant 119 cas d’anasto- pectivement 33 et 22 %) qu’après dérivation portale
mose portocave. Après DPHS, il y avait une morta- (respectivement 11 et 4 %). La fréquence de
lité postopératoire comparable, un pourcentage de l’encéphalopathie chronique était significativement
récidives hémorragiques deux fois plus élevé mais plus élevée après dérivation portale (40 %) qu’après
un taux d’encéphalopathie portocave chronique nul Sugiura (7 %), de même que l’altération des tests
contre 48 % et une survie à 5 et 10 ans respective- biologiques hépatiques, dès la première année post-
ment de 60 % et 45 % contre 56 % et 31 % après opératoire. En outre, les courbes de survie étaient à
anastomose portocave. un, deux et trois ans, significativement plus favora-
bles après Sugiura qu’après dérivation portale.
La DPHS semble présenter, dans ses modalités
techniques, certains avantages par rapport à l’inter-
Tableau II. Étiologie et répartition selon le score de Child de la
mortalité à un an après DPHS. vention de Sugiura :
– la DPHS nécessite une simple laparotomie
Cause A B C Total médiane sus-ombilicale et non pas une double voie
Insuffisance hépatocellulaire 4 3 0 7 d’abord abdominale puis thoracique ;
Hémorragie digestive/varices 0 0 1 1 – la LAS n’a induit que 4 foyers d’ischémie spléni-
Hémorragie digestive gastroduodénale 1 2 0 3
Insuffisance rénale 1 0 0 1
que partielle sans gravité et s’est révélée de réalisa-
Hépatocarcinome 0 1 0 1 tion technique plus aisée et moins grave qu’une splé-
CIVD 2 0 0 2 nectomie. Son bénéfice, en cas de thrombopénie
AVC 0 1 0 1 inférieure à 100 000 éléments, a constamment été
Choc septique 0 1 0 1 observé dès la 24e ou 48e heure, par l’élévation du
Traumatisme crânien 0 1 0 1
taux des plaquettes. On a même évoqué une aug-
N 8/62 9/44 1/5 18/111 mentation du diamètre de l’artère hépatique et de la
% 12,9 20,5 20 16,2
perfusion artérielle du foie [5] ;
Hypertension portale 55

– les ligatures veineuses électives périgastriques de déceler une éventuelle récidive variqueuse pou-
supérieures et juxtacardiales apparaissent plus aisées vant justifier un geste thérapeutique par sclérose
et moins risquées que la réalisation d’une dévascu- endoscopique (28 %), embolisation de la veine coro-
larisation œsogastrique étendue. De surcroît, lors de naire stomachique (19,8 %) ou pose d’un TIPS
(1 %).
la ligature de veines coronaires stomachiques de
Après DPHS, à l’instar de l’intervention de
gros calibre, une manométrie portale peropératoire Sugiura, la préservation du flux portal, voire sa
(n = 9), a permis de constater une chute tensionnelle légère majoration, explique :
moyenne de 29,7 % du côté périphérique œsopha- – la fréquence des poussées ascitiques postopératoi-
gien et une élévation moyenne de 22,7 % du côté res souvent régressives, ne nécessitant, dans notre
central portal [6]. En conséquence, ce geste peut série, que quatre fois (4,3 %) l’implantation d’un
favoriser une majoration, au moins temporaire, du shunt péritonéo-jugulaire de Le Veen. L’existence
flux porte hépatopète ; d’une ascite irréductible représente une contre-
– l’anastomose œsophagienne par suture mécanique indication à la réalisation d’une DPHS et peut
pour rupture de varices œsophagiennes, décrite en conduire à proposer la pose d’un clip œsophagien
1973 [4], a désormais supplanté l’anastomose par voie thoracique [11] ;
manuelle de l’opération de Sugiura ; – l’absence de survenue d’encéphalopathie porto-
– la valvuloplastie par agrafage tri-linéaire, selon les cave chronique alors que son taux excède fréquem-
principes de la cardioplastie [8], a pour objectif ment 30 % après anastomose portocave [9] ;
d’améliorer la continence gastro-œsophagienne et de – la préservation de la fonction hépatique résiduelle
réduire le calibre ainsi que la tension des veines puisque la surmortalité à 5, 10 et 15 ans demeure
pariétales gastriques alimentant la région sous- influencée et majorée par la sévérité de l’insuffi-
cardiale. sance hépatique initiale alors que la mortalité glo-
Ayant observé une hyperhémie péri-œsophagienne bale par insuffisance hépatocellulaire n’excède pas
avec épaississement tissulaire inflammatoire, chez 6,3 % (sept cas) à un an et 18,5 % (20 cas) après une
les malades opérés après plusieurs scléroses œsopha- durée moyenne de 15 ans.
giennes récentes, nous pensons souhaitable pour
faciliter la dissection péri-œsophagienne et éviter
une majoration du risque de sténose voire de fistule CONCLUSION
anastomotique, de proposer préférentiellement la
DPHS aux patients n’ayant pas eu de sclérothéapie En période hémorragique, la priorité absolue revient
œsophagienne itérative préalable ou surtout récente. à l’hémostase en préconisant un traitement lésionnel
L’efficacité de la DPHS sur la prévention des réci- de la rupture variqueuse par tamponnement œsopha-
dives hémorragiques variqueuses apparaît très satis- gien ou abord endoscopique : sclérose ou ligature
faisante à court terme. Il ne persistait lors de la [12], conjointement à un éventuel traitement ten-
fibroscopie œsophagienne de contrôle du troisième sionnel : médication vaso-active splanchnique,
mois que 8 % de varices œsophagiennes de stade 2 embolisation de la veine coronaire stomachique [13]
(au lieu de 92 %). Le pourcentage de patients, ayant voire, dans les cas les plus sévères, pose d’un
eu une récidive hémorragique par rupture vari- TIPS [14, 15].
queuse, n’a été que de 8 % au cours de la première À distance de l’épisode hémorragique, la priorité
année pour atteindre cependant 31,5 % après une revient à la préservation de la fonction hépatique. Il
durée moyenne de surveillance de 15 ans. En revan- nous apparaît préférable d’éviter tout « traitement »
che, il y a eu une majoration des hémorragies diges- au long cours, visant à induire une baisse et surtout
tives par gastropathie ou duodénite, principalement une inversion du flux portal hépatopète, qu’il soit
au cours des trois premières années postopératoires. chirurgical, par anastomose portocave, même
En conséquence, il importe d’insister sur la néces- calibrée [16-18], instrumental par pose d’un
sité d’améliorer la trophicité de la muqueuse gastro- TIPS [15], ou médicamenteux par prescription de
duodénale par une médication gastrotrophique au drogues vaso-actives [19].
long cours et de prescrire une surveillance œsopha- Ces différentes thérapeutiques n’ont, le plus sou-
gienne bi-annuelle puis annuelle par fibroscopie afin vent, qu’un effet transitoire sur la prévention des
56 M. Vankemmel et al.

récidives hémorragiques sans amélioration de la sur- 7 Vankemmel M, Leblanc E, Goachet C, Martin F. Décompression
portale hyper-sélective : une exclusivité lilloise ? Gastroentérol
vie à long terme. De surcroît, elles induisent toutes Clin Biol 1987 ; 11 : 521-2.
une diminution voire une inversion du flux porte, 8 Vankemmel M. Modalité du traitement chirurgical du reflux
source d’aggravation de l’insuffisance hépatocellu- gastro-œsophagien et déductions techniques : la cardioplastie.
Chirurgie 1987 ; 114 : 599-606.
laire pouvant conduire à proposer une transplanta- 9 Stipa S, Bladucci G, Ziparo V. Total shunting and elective man-
tion hépatique [20]. agement of variceal bleeding. World J Surg 1994 ; 18 : 200-4.
Ainsi, pour les stades A et B, notre préférence va à 10 Sugiura M, Futagawa S. Esophageal transection with parae-
sophagogastric devascularization (the Sugiura procedure) in the
la DPHS afin de maintenir la pression portale au treatment of eosophageal varices. World J Surg, 1984 ; 8 :
niveau du foie et de la diminuer uniquement au 674-82.
11 Berard P, Tete R, Brette R, Papillon M, Bret M, Perrot D. Résul-
niveau de la région œsocardiale, ce qui conduit à la tats préliminaires du traitement des varices œsophagiennes par
stabilisation apparente de l’insuffisance hépatocellu- ligature de l’œsophage thoracique sans ouverture viscérale. Lyon
laire et à l’absence d’encéphalopathie portocave Chir 1980 ; 244 : 219-24.
12 Laine L, Cook D. Endoscopic ligation compared with sclero-
chronique. therapy for treatment of esophageal variceal bleeding. A
En revanche, pour les stades C, où la déchéance meta-analysis. Am Intern Med 1995 ; 123 : 280-7.
hépatique est irréversible, les traitements non chirur- 13 L’hermine C, Chastanet P, Delemazure O, Bonniere P, Durieu
JP, Paris JC. Percutaneous trans-hepatic embolization of gastroe-
gicaux dont l’endoscopie œsophagienne thérapeuti- sophageal varices: results in 400 patients. Am J Roentgenol
que (scléroses ou ligatures itératives) apparaissent 1989 ; 152 : 755-60.
14 Jalan R, John TG, Redhead DN, Garden OJ, Simpson
préférables à la chirurgie sauf dans les cas où une DN, Finlayson ND, et al. A comparative study of emer-
transplantation hépatique peut être ultérieurement gency transjugular intrahepatic portosystemic stent-shunt
proposée [21]. and esophageal transection in the management of uncon-
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