est très variable, de quelques millilitres jusqu’à trois
litres [9]. La localisation dans la glande est plus sou- vent périphérique (deux tiers des cas) [8, 9] que cen- trale. La symptomatologie, souvent insidieuse après une longue évolution, est fonction du siège du kyste [1]. Les douleurs abdominales sus-ombilicales constituent le motif de consultation le plus fréquent. Un ictère rétentionnel peut être révélateur d’un kyste hydatique céphalique [10, 11]. La masse abdominale épigastrique est souvent palpable à l’examen. Cer- taines complications évolutives semblables à celles trouvées dans la localisation hépatique peuvent être révélatrices : suppuration et abcédation du kyste, à l’origine d’une altération de l’état général [3, 12, Figure 1. Coupe scanographique : double kyste du pancréas à paroi 13] ; rupture intra- ou rétropéritonéale à l’origine de épaisse et calcifiée. complications hémorragiques, de réactions périto- néales ou allergiques sévères [9, 12]. La fistulisation du kyste dans la voie biliaire peut être responsable 10 %, la ponction au trocart retirait un liquide trou- d’un ictère [10, 14]. L’ouverture du kyste dans le ble avec membranes proligères apportant la preuve duodénum est également possible [10, 13, 15]. de l’hydatidose. L’ouverture de la première masse calcifiée montrait une communication avec la La compression de la veine splénique par le kyste deuxième formation à paroi également calcifiée et à peut entraîner dans 14 % des cas une hypertension contenu multivésiculaire. L’évacuation des deux portale segmentaire [12, 16], comme cela a été masses était réalisée, avec toilette au sérum salé phy- observé dans notre observation. Un infarctus mésen- siologique à 9 % (évitant l’eau oxygénée ou le sérum térique a été décrit comme la conséquence d’une salé hypertonique par crainte d’une fistule cana- thrombose de l’artère mésentérique supérieure [16]. laire). L’opacification de la cavité ne montrait pas de Des complications pancréatiques ont également été communication canalaire. Une résection des deux signalées. Une pancréatite chronique obstructive dômes saillants était réalisée avec épiplooplastie et peut survenir [17-19]. L’atrophie pancréatique sonde de Salem de drainage. Les suites ont été sim- d’amont peut s’accompagner d’un diabète [3, 16]. ples avec un séjour postopératoire de six jours (abla- Le kyste peut également se fistuliser dans le canal de tion de la sonde de Salem à j4). Aucune récidive de Wirsung responsable de pancréatite aiguë ou de wir- l’hydatidose n’était notée aux différents contrôles sungorragie [17]. échographiques, avec un recul de cinq ans. L’échographie [14], la tomodensitométrie et l’ima- gerie par résonance magnétique nucléaire, recon- naissent sans difficulté la lésion kystique pancréati- COMMENTAIRES que [20], mais la difficulté est de rattacher cette lésion à la maladie hydatique. La présence de calci- La localisation pancréatique du kyste hydatique est fications arciformes (comme ce fut le cas dans notre très rare : un cas parmi 700 localisations abdomina- observation) est très évocatrice (12 % des cas) [7, les de la maladie hydatique durant la même période 16], de même que la présence de vésicules intrakys- (0,14 %). Cette fréquence est identique dans les dif- tiques, un aspect de décollement de membrane ou férentes séries publiées (environ 0,2 %) [1-7]. une autre localisation hydatique abdominale [3, 14]. L’infestation du pancréas se fait par voie artérielle Il faut également s’aider des arguments épidémiolo- après passage des filtres hépatique et pulmonaire [4, giques et de la sérologie hydatique pour porter le 8]. La localisation pancréatique est isolée dans 91 % diagnostic en préopératoire. des cas [8]. Le siège est le plus souvent céphalique (57 % des cas), corporéal dans 24 %des cas et cau- Le traitement du kyste hydatique du pancréas est dal dans 19 % des cas [3, 7, 8]. Le volume du kyste chirurgical. Le choix du geste chirurgical dépendra Kyste hydatique du pancréas 175
du siège du kyste et de l’existence ou non d’une fis- RÉFÉRENCES
tule kystocanalaire. En l’absence de fistule canalaire attestée par cho- 1 Barrera MC, Villanua J, Barrena JF, Nogues A. Pancreatic hydatid disease. Pediatr Radiol 1995 ; 25 Suppl 1: 169-70. langiographie et wirsungographie, le traitement doit 2 Cangiotti L, Muiesan P, Begni A, DeCesare V, Pouche A, Giulini être simple. La résection du dôme saillant après sté- SM. et al. Unusual localizations of hydatid disease: a 18 years rilisation, associée à un drainage externe avec ou experience. G Chir 1994 ; 15 : 83-6. 3 Gayral F, Bourree P, Jourdanne PH, Millat B, Labayle D. Kyste sans épiplooplastie pour diminuer le risque d’infec- hydatique du pancréas : une observation. Nouv Presse Méd tion de la cavité résiduelle [9, 16, 21], est l’opération 1981 ; 10 : 3787-8. la plus souhaitable. La kystectomie à kyste fermé, 4 Kattan YB. Hydatid cysts in pancreas. Br Med J 1975 ; 4 : 729-30. réalisée par certains auteurs, semble plus dange- 5 Kayabali I. Deux cas de pancréatectomie gauche pour kyste reuse, car elle expose à la fistule pancréatique pos- hydatique du pancréas. Lyon Chir 1975 ; 53 : 608-12. topératoire. 6 Lebon J, Bourgeon R, Calude R, Catalano H. Kyste hydatique du pancréas avec ictère et ouverture du canal de Wirsung. Presse S’il existe une fistule canalaire, étant donné le ris- Méd 1957 ; 65 : 949-51. que de fistule pancréatique postopératoire, le geste 7 Tissot E, Peschaud R, Vignal J, Francillon J. Le kyste hydatique chirurgical dépendra du siège du kyste : du pancréas. Lyon Chir 1975 ; 71 : 127-30. – si le kyste est corporéocaudal, la pancréatectomie 8 Caroli J, Daumet P, Demeulenaere Kyste hydatique à double localisation pancréatique et pleuropulmonaire. Méd Chir Dig gauche est indiquée chaque fois que possible [4, 7, 1977 ; 6 : 555-7. 16] ; 9 Serhal S, Sebai F, Mestiri S. Kyste hydatique du pancréas : trois – si le kyste est céphalique, une anastomose kysto- observations. J Chir 1987 ; 124 : 542-4. 10 Khiari A, Mzali R, Ouali M, Kharrat M, Kechaou MS, Beyrouti jéjunale sur anse en Y peut être pratiquée [3, 4, 7, MI. Kyste hydatique du pancréas à propos de sept observations. 16], permettant de prévenir ainsi la fistule postopé- Ann Gastroentérol Hépatol 1994 ; 30 : 87-91. ratoire. Ce geste peut être difficile et dangereux si le 11 Lemmer ER, Krije JE, Price SK, Girdwood AH. Hydayid cyst in the head of the pancreas with obstructive jaundice. J Clin Gas- parenchyme pancréatique est friable. Dans ce cas, troenterol 1995 ; 20 : 136-8. une suture canalaire [4, 17] sur un drain tuteur sor- 12 Belakhdar A, Mokhtari M, Kadiri R, Mansouri A, Bouzidi Kyste tant en transduodénal et transpapillaire à la Wit- hydatique du pancréas, à propos de deux observations. Acta Chir Belg 1987 ; 87 : 225-7. zel [10] pourrait être envisagée. Quant à la duodé- 13 Cosme A, Orive V, Ojeda E, Arambure V, Irajusta M, Arenas JI. nopancréatectomie céphalique, elle semble Hydatid cyst of the head of the pancreas with spantaneous fistula disproportionnée pour cette affection parasitaire to the duodenum. Am J Gastroenterol 1987 ; 17 : 1311-13. 14 Zakari S, Ajana A, Dhobb OB, Iraqi HS, Imani F. Aspects écho- bénigne [17, 21]. La compression de la voie biliaire graphiques du kyste hydatique du pancréas. Ann Radiol 1984 ; principale régresse après traitement du kyste, et ne 27 : 611-3. nécessite aucun geste sur le cholédoque. En revan- 15 Khiari A, Mseddi MA, Hadiji S, Mnif J, Kharrat M, Jlidi R. et al. Kyste hydatique de la tête du pancréas fistulisé dans le duodé- che, une thrombose de la veine splénique, avec num. Ann Gastroentérol Hépatol 1994 ; 30 : 57-9. hypertension portale segmentaire, peut justifier une 16 Arnaud A, Sarles AC, Belkhodja C, Larabi B. Kyste hydatique splénopancréatectomie gauche. du pancréas, à propos de deux observations. Chirurgie 1991 ; 117 : 607-12. 17 Ennabli E, Zaouch A, Khereddine E, Horchani H, Slim R, Ben Jilani S. Kyste hydatique du pancréas avec érosion du Wirsung. CONCLUSION Méd Chir Dig 1984 ; 13 : 357-60. 18 Kathouda N, Legoff D, Tricarico A, Castillo B, Bertrand YM, Mouiel J. Kyste hydatique du pancréas responsable d’une pan- Bien qu’exceptionnelle, l’hydatidose pancréatique créatite chronique récidivante. Presse Méd 1988 ; 17 : 2021-3. peut être diagnostiquée grâce aux données épidémio- 19 Mathai V, Jedudason SR, Muthusami JC, Kuruvilla R, Idikula J, Sada P. Chronic pancreatitis caused by intraductal hydatid cysts logiques, cliniques, biologiques et surtout radiologi- of the pancreas. Br J Surg 1994 ; 81 : 1029. ques. Le traitement chirurgical est conditionné par le 20 Coskun T, Kama NA, Dener C, Gozalan U. Primary hydatid dis- siège du kyste, l’existence ou non d’une fistule kys- ease of the pancreas. Am J Gastroenterol 1997 ; 92 : 899-900. 21 Mokhtari M, Alaoui M, El Alaoui M, Biadillah M, Gatra A, tocanalaire, ou d’une hypertension portale segmen- Mansouri A. Kyste hydatique du pancréas : deux observations. taire. Lyon Chir 1986 ; 82 : 240-1.