Ann Chir 2000 ; 125 : 124–30
© 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés
Article original
Résections hépatiques pour métastases non colorectales,
non neuroendocrines. Résultats de 32 hépatectomies chez 27 patients
A. Hamy, E. Mirallié, P. Bizouarn, J. Visset, J. Paineau
Clinique chirurgicale 1, hôpital GR Laënnec, 44093 Nantes cedex, France
RÉSUMÉ
But de l’étude : Alors que les résections hépatiques pour
métastases sont souvent réalisées dans les cancers colo-
rectaux ou neuroendocrines, elles restent discutées dans
les autres cancers. Le but de ce travail était de rapporter
une série de 27 patients ayant eu 32 hépatectomies pour
métastases non colorectales, non neuroendocrines.
Patients et méthode : Entre 1986 et 1997, 27 patients (20
femmes et sept hommes d’âge moyen 56,8 ans) ont été
opérés dans le même centre de métastases hépatiques.
Le cancer initial était un adénocarcinome génital (ovaires
ou trompes) cinq fois, un adénocarcinome digestif non
colorectal huit fois, un sarcome huit fois et d’origine diverse
six fois. Les exérèses hépatiques ont été neuf fois des
résections atypiques et 23 fois des hépatectomies réglées
(13 droites dont deux élargies, quatre gauches, six bi- ou
trisegmentectomies droites ou gauches).
Résultats : Aucun décès péri-opératoire n’est survenu.
Huit complications postopératoires ont été observées
(nécessitant trois réinterventions) chez sept patients.
Aucun patient n’a été perdu de vue. La survie globale à un,
deux et cinq ans, toutes histologies confondues, a été res-
pectivement de 59, 44 et 23 %. La survie médiane la plus
longue a été observée dans les adénocarcinomes géni-
taux (27 mois), celle des autres types histologiques a varié
de 13 à 18 mois.
Conclusion : Cette série confirme qu’une survie équiva-
lente à celle des résections hépatiques pour métastases
colorectales peut être obtenue chez des patients sélection-
nés ayant des localisations hépatiques secondaires à des
cancers non colorectaux, non neuroendocrines. © 2000
Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
métastase hépatique / hépatectomie
Reçu le 10 janvier 1999 ; accepté après révision le 11 juin 1999.
ABSTRACT
Liver resections for non colorectal, non neuro-
endocrine metastases. Results of 32 hepatectomies in
27 patients.
Study aim: Liver resections for metastases are commonly
performed in colorectal primary tumors and poorly docu-
mented in non colorectal tumors. The aim of this study was
to report a series of 32 liver resections in 27 patients for
different types of non colorectal, non neuroendocrine liver
metastases.
Patients and method: From 1986 to 1997, 27 patients (20
women and 7 men, mean age : 56,8 years) were operated
on in the same center for liver metastases. Initial cancer
was female genital tract (ovarian and fallopian tube)
adenocarcinomas (n = 5), gastrointestinal tract adenocar-
cinomas (n = 8), sarcomas (n = 8), and miscellaneous can-
cers (n = 6). Liver resections included atypical resections
(n = 9), right hepatectomies (n = 11), extended right hepa-
tectomies (n = 2), left hepatectomies (n = 4) and resections
of 2 or 3 segments (n = 6).
Results: There was no perioperative death. Postoperative
morbidity included 8 complications in seven patients,
requiring reintervention in three patients. Follow-up was
complete for all patients. Survival rate at one, two and five
years was 59, 44 and 29 % respectively. The longest
median survival time was observed in genital tract adeno-
carcinomas (27 months), whereas the other types of malig-
nancies had a 13- to 17-month mean survival rate.
Conclusion: These results are almost similar to those
observed in liver resections for colorectal metastases.
Some carefully selected patients may benefit from liver
resection for non colorectal, non neuro-endocrine
metastases. © 2000 Éditions scientifiques et médicales
Elsevier SAS
liver metastases / liver resection
 Résections hépatiques pour métastases
Il est actuellement admis que la résection hépatique
pour métastases de cancers colorectaux est justifiée
chez des patients sélectionnés et permet une survie
d’environ 35 % à cinq ans [1]. En revanche, la résec-
tion de métastases hépatiques d’autres origines reste
très discutée, bien que quelques séries [2-5] aient
montré que la chirurgie pouvait également dans ces
circonstances, apporter une augmentation significa-
tive de la survie.
Le but de ce travail était de rapporter une série de
résections hépatiques pour métastases non colorec-
tales et non neuroendocrines afin de vérifier si des
résultats semblables pouvaient être obtenus et si cer-
tains types de cancers avaient de meilleurs résultats
que d’autres.
PATIENTS ET MÉTHODE
Entre 1986 et 1997, 27 patients (7 hommes et
20 femmes) d’âge moyen 56,8 ans (extrêmes 28 et
80) ont été opérés dans le même centre pour métas-
tases hépatiques non colorectales et non neuroendo-
crines. Pendant la même période, 305 exérèses hépa-
tiques ont été réalisées pour d’autres affections : 85
pour hépatocarcinomes, 114 pour métastases (colo-
rectales 106 ; endocrines 8), 63 pour tumeurs béni-
gnes et 43 pour des lésions diverses.
Le type histologique des cancers primitifs, les exé-
rèses hépatiques réalisés, les complications et le
devenir des patients sont rapportés dans le ta-
bleau I. Le cancer était cinq fois génital chez la
femme (adénocarcinome ovarien ou tubaire), huit
fois il s’agissait d’un adénocarcinome digestif (non
colorectal), huit fois d’un sarcome (viscère originel
varié) et six fois d’un autre cancer.
Tous les patients ont été opérés avec une intention
curative ; les examens et l’imagerie ne montraient
pas d’autres lésions que celles pour lesquelles une
indication d’hépatectomie était discutée. Quelques
patients avaient été traités initialement par chimio-
thérapie pour leurs métastases hépatiques (observa-
tions 19, 22, 24, 27), la décision d’hépatectomie
ayant alors été prise à cause de la non-réponse ou de
la réponse incomplète à ce traitement. Les autres
patients n’ont pas eu de chimiothérapie préopéra-
toire.
Les interventions ont consisté en neuf résections
non anatomiques et 23 hépatectomies réglées
125
(13 hépatectomies droites dont deux élargies au seg-
ment 4, quatre hépatectomies gauches, six bi ou tri-
segmentectomies droites ou gauches). Toutes les
sections hépatiques ont été réalisées au bistouri à
ultrasons et des clampages vasculaires (pédiculaires
ou triples) ont été utilisés chaque fois que jugés
nécessaires. Trois patients ont eu des interventions
hépatiques itératives (observations 10, 18 et 20,
tableau I).
La clôture de cette étude a été le 1er janvier 1999.
Le taux de survie actuarielle a été représenté en
fonction du temps. L’influence de l’âge, du sexe et
du type histologique de la tumeur primitive a été étu-
diée à l’aide d’un modèle de Cox et d’un modèle
paramétrique (Weibull).
RÉSULTATS
Il n’y a eu aucune mortalité péri-opératoire. Il n’y a
pas eu de patient perdu de vue. Les complications
postopératoires sont rapportées dans le tableau I.
Elles ont été au nombre de neuf chez huit patients :
trois abcès sous-phréniques droits (une réinterven-
tion, deux drainages percutanés), deux péritonites
(relaparotomies), deux fuites biliaires (dont l’une
avec un contexte péritonéal, déjà citée et réopérée,
l’autre drainée par voie percutanée), un abcès de
paroi et une phlébite.
La survie des patients est mentionnée dans le
tableau I. Tous ont été suivis soit jusqu’à leur décès
(21 cas, tous de cause carcinologique), soit jusqu’au
1er janvier 1999 (six survivants au terme de l’étude
dont un avec une récidive traitée par chimiothéra-
pie). La survie à un, deux et cinq ans a été respecti-
vement de 59, 44 et 23 % (figure 1). Les survies
médianes sont rapportées dans le tableau II. Les
exérèses hépatiques pour métastases secondaires à
un adénocarcinome génital ont donné la plus longue
survie (survie médiane : 27 mois), les autres patients
ont eu une survie médiane allant de 13 à 18 mois.
Six patients étaient toujours en vie à la date de clô-
ture de cette étude, avec de 17 à 137 mois de recul
(moyenne 48). Une femme opérée d’un adénocarci-
nome pancréatique (observation 10) avait une réci-
dive sur le foie restant et était traitée par chimiothé-
rapie. Les deux patients ayant eu trois hépatectomies
successives (observations 10 et 18) étaient parmi les
patients en vie.
126 A. Hamy et al.

Tableau I. Patients, types d’hépatectomie, complications postopératoires et survie.

Observation Sexe Cancer primitif Intervalle Type d’hépatectomie Complications Survie

Âge (mois) postopératoires (mois) (#)
01 F80 trompe 60 non anatomique (S6) D 22
02 F64 trompe 0 hépatectomie droite D 28
03 F51 ADK ovaire 58 hépatectomie droite abcès de paroi D 52
04 F53 ADK ovaire (*) hépatectomie gauche D 27
05 F54 ADK ovaire 14 hépatectomie droite D 11
06 F57 ADK estomac 5 non anatomique (S4) fistule biliaire D 12
07 M56 ADK estomac 0 non anatomique (S7) D 5
08 F75 ADK vésicule 0 non anatomique (S4,5) D 4
09 F60 ampulome 31 résection anatomique (S4,5,6) abcès sous-phrénique V 25
10 F32 ADK pancréas 10 non antomique (S5) péritonite
+ 10 non anatomique (S8) péritonite, fistule biliaire
+7 hépatectomie droite V (°) 33
11 M78 inconnu (ADK) – hépatectomie gauche D 3
12 F74 inconnu (ADK) – hépatectomie droite D 28
13 F56 inconnu (ADK) – hépatectomie droite abcès sous-phrénique D 14
14 F59 leiomyosarcome gastrique 0 hépatectomie droite abcès sous-phrénique D 6
15 F46 leiomyosarcome grêle 31 hépatectomie droite élargie D 24
16 F39 mélanome (bras) 156 lobectomie gauche D 5
17 M63 mélanome (rétine) 26 sectoriectomie 6/7 D 9
18 F54 fibrosarcome utérin 142 hépatectomie droite
+ 86 non anatomique (S4)
+ 15 non anatomique (S3) V 137
19 F50 sarcome de vessie 20 hépatectomie droite D 12
20 F66 sarcome de cuisse 114 hépatectomie droite phlébite
+ 14 non anatomique (S4) D 69
21 F54 sarcome duodénal 61 lobectomie gauche D 77
22 F49 sein 84 hépatectomie droite V 22
23 F75 sein 104 hépatectomie gauche V 17
24 M28 séminome testicule 21 bisegmentectomie 5/6 D 3
25 M37 séminome testicule 23 hépatectomie droite élargie V 44
26 M72 malpighien (poumon) 15 hépatectomie gauche D 13
27 M53 malpighien (œsophage) 18 bisegmentectomie 7/8 D 12

ADK : adénocarcinome ; (#) : survie après la première hépatectomie en cas de gestes hépatiques itératifs ; (*) : tumeur primaire détectée
17 mois après l’exérèse de la métastase ; (°) : patiente vivante avec récidive.

Trois patientes vivent ou ont vécu plus de cinq ans,

toutes opérées initialement de sarcomes :
– une femme de 54 ans opérée à trois reprises de
métastases hépatiques d’un sarcome utérin (observa-
tion 18), en vie sans récidive apparente 137 mois
après sa première hépatectomie (et deux métastasec-
tomies extrahépatiques) ;
– une femme de 66 ans (observation 20) ayant eu
deux hépatectomies pour métastases d’un sarcome
de la cuisse et décédée 69 mois après son premier
geste hépatique ;
– une femme de 54 ans (observation 21) opérée par
lobectomie hépatique gauche 61 mois après exérèse
d’un sarcome du 4e duodénum, est décédée 77 mois
après l’hépatectomie. Figure 1. Survie des patients.
 Résections hépatiques pour métastases
DISCUSSION
La survie spontanée des patients est limitée en cas
de métastases hépatiques, excepté si celles-ci sont
d’origine neuroendocrine [3, 6]. Peu de patients sont
opérés dans ce contexte, sauf en cas de métastases
de cancer colorectal ou neuroendocrine. Cependant,
la chirurgie hépatique est devenue plus fiable [7, 8],
même chez les patients âgés [9].
La survie des patients ayant des métastases de can-
cer colorectal est prolongée si une résection hépati-
que est possible [2, 10]. Si l’on excepte les métasta-
ses de cancer neuroendocrine, la résection d’autres
métastases est souvent jugée inutile, et peu de séries
chirurgicales ont été rapportées [4, 5]. Cependant,
les résultats obtenus peuvent être voisins de ceux
obtenus après résection de métastases de cancer
colorectal [2, 5, 9]. La plus importante série mono-
centrique actuellement publiée concernant des
métastases hépatiques d’origine non colorec-
tale [11], porte sur 147 résections hépatiques et rap-
porte une survie à cinq ans de 36 %. Signalons enfin
que quelques auteurs font état de résections hépati-
ques itératives dans les métastases non colorectales,
non neuroendocrines [12, 13].
La survie globale à cinq ans de 23 % que nous rap-
portons en cas de résection de métastases de cancers
non colorectaux non endocrines (toutes histologies
du cancer primitif confondues) est voisine de celle
obtenue avec les résections de métastases hépatiques
des cancers colorectaux [2, 4, 5]. Trois de nos
patientes, pourtant atteintes de sarcomes ont même
eu une survie de plus de cinq ans après leur hépatec-
tomie. Il semble donc que certains patients peuvent
tirer bénéfice d’une attitude interventionniste face à
des métastases hépatiques de cancer non colorectal,
non neuroendocrine.
Toute la difficulté est de savoir quels patients il
faut opérer. Les critères de sélection proposés [3]
Tableau II. Survie en fonction des différents types histologiques.
Type du cancer primitif
Nombre patients Survie médiane (mois)
ADK génital féminin 5 27
ADK digestif 8 13
Sarcome 8 18
Divers 6 15
Toutes histologies 27 17
ADK : adénocarcinome ; ND : non déterminable.
127
restent difficiles à appliquer en raison du nombre de
facteurs pouvant interférer. La nature histologique
du cancer primitif est probablement l’un des facteurs
les plus importants à prendre en compte [11].
Les sarcomes représentent dans notre série le
groupe le plus important (huit patients, 11 résections
hépatiques). Pourtant, il s’agit d’un type de métasta-
ses hépatiques rarement réséquées : en 1995, Jaques
et al. [14] ne trouvaient que 48 cas publiés dans la
littérature, y compris 14 cas personnels. La survie à
cinq ans ne concernait que cinq patients (11 %). En
1997, Harrison et al. [4] rapportaient une série de 27
cas avec une meilleure survie (26 % à cinq ans). Ils
donnaient aux résections de métastases hépatiques
des sarcomes des tissus mous un pronostic intermé-
diaire entre celui des métastases hépatiques d’ori-
gine digestive (non colorectale) et celles d’origine
génito-urinaire. Dans notre série, la médiane de sur-
vie a été de 18 mois après résection hépatique
(tableau II). Trois patients sur huit (37 %) ont ou ont
eu une survie de cinq ans ou plus (observations 18,
20 et 21). Les cinq autres sont décédés dans des
délais de 5 à 24 mois. Une patiente (observation 18)
était toujours en vie 137 mois après sa première
hépatectomie (deux autres résections hépatiques et
deux extrahépatiques pendant cet intervalle).
Le type de sarcome, le grade histologique et le site
initial interfèrent dans la possibilité de survenue de
métastases hépatiques, mais n’ont pas d’influence
dans la survie quand les métastases hépatiques sont
présentes [14]. De même, l’intervalle libre entre le
traitement de la tumeur primitive et l’apparition des
métastases n’influence pas le pronostic des patients,
notion que l’on retrouve dans notre observation 16
(très long délai de 156 mois avant la métastase hépa-
tique, mais décès précoce en cinq mois après résec-
tion).
Survie
1 an (%) 2 ans (%) 5 ans (%)
80 ±18 40 ± 22 ND
50 ± 18 36 ± 18 ND
50 ± 18 37 ± 17 37 ± 17
50 ± 20 50 ± 20 ND
59 ± 10 44 ± 10 23 ± 9
128 A. Hamy et al.
L’absence d’efficacité de la chimiothérapie [14]
pousse à la résection chaque fois qu’il n’existe pas
de diffusion extra-hépatique et que l’exérèse pourra
être complète. Ceci peut entraîner des résections ité-
ratives en cas de récidives hépatiques [12, 13, 15]
comme dans notre observation 18 (patiente en vie
137 mois après sa première résection hépatique).
Les adénocarcinomes d’origine digestive non
colorectale représentent un groupe de patients chez
qui les résections de métastases hépatiques sont très
controversées. Huit patients de notre série (observa-
tions 6 à 13) entrent dans ce cadre, totalisant dix
hépatectomies. Pour trois patients (observations 11 à
13), le cancer primitif n’a pas été découvert avec cer-
titude, ni à l’imagerie préopératoire ni lors de la
laparotomie, mais une atteinte pancréatique a été for-
tement suspectée sur le dosage du CA 19-9 préopé-
ratoire et l’aspect histologique de la pièce de résec-
tion hépatique (qui écartait un cholangiocarcinome
intra-hépatique).
Trois patients ont eu une survie supérieure à deux
ans (observations 9, 10 et 12). La survie moyenne
dans ce groupe de huit patients a été de 13 mois
(tableau II). Les plus longues survies ont été obser-
vées chez les patients opérés de métastases hépati-
ques d’un adénocarcinome de l’ampoule de Vater
(observation 9), ou du pancréas (prouvé dans
l’observation 10 et probable dans l’observation 12).
Les deux cas de résection de métastases hépatiques
de cancer gastrique (observations 6 et 7) ont donné
de mauvais résultats (décès à 5 et 12 mois). Les deux
patients étaient opérés pour des atteintes hépatiques
synchrones (même temps opératoire ou intervention
cinq mois après la gastrectomie). Une atteinte de la
séreuse gastrique et de nombreux emboles lympha-
tiques et/ou veineux étaient notés sur la pièce de
résection gastrique. Ces facteurs de gravité (carac-
tère synchrone, extension microscopique) ont déjà
été cités [15-17], mais sont interprétés différemment
selon les auteurs (contre-indication pour Bines et
al. [15], exérèse seulement en cas de séreuse non
envahie pour Ochiai et al. [17], sans incidence pour
Miyazaki et al. [16]).
L’exérèse de métastases d’un cancer de la vésicule
biliaire (observation 8) représente probablement une
mauvaise indication et la patiente est décédée quatre
mois après l’acte chirurgical. L’exérèse emportait en
monobloc la vésicule néoplasique et une métastase
synchrone (toujours séparée de la tumeur vésiculaire
par du tissu hépatique sain). Sur la pièce opératoire,
on notait une diffusion microscopique dans le foie
au contact du cancer vésiculaire. Pour Shirai et al.
qui rapportent 20 cas de résections hépatiques pour
métastases de cancer vésiculaire, ce mode de diffu-
sion par voie « angiolymphatique » n’empêche pas
une chirurgie curatrice si l’exérèse peut passer à dis-
tance [18]. En revanche, aucun de ses trois patients
ayant une métastase hépatique à distance de l’infil-
tration de proximité du foie (c’est-à-dire ayant une
« vraie » métastase hépatique comme dans notre
observation) n’a survécu un an (3, 5 et 11 mois), bien
que deux aient eu une résection très satisfaisante
(R0) (survie 5 et 11 mois).
Les résections pour métastases hépatiques d’adé-
nocarcinomes génitaux (observations 1 à 5) ne sont
habituellement pas individualisés dans les séries de
résections hépatiques pour métastases non colorec-
tales [2, 3]. Pour Harrison et al. [4] les résections des
métastases hépatiques des cancers génito-urinaires
ont le pronostic le plus favorable parmi les résec-
tions de métastases hépatiques de cancers non colo-
rectaux, mais ces auteurs groupent sous ce vocable
les adénocarcinomes génitaux (trompes, utérus,
ovaires), les cancers testiculaires ou surrénaliens et
les atteintes urinaires. Dans notre expérience, la
résection des métastases hépatiques des cancers
génitaux de la femme (adénocarcinomes de l’ovaire
ou des trompes) ont donné une survie de 11 à 52
mois, trois patientes ayant eu une survie de plus de
deux ans. La survie moyenne (27 mois) est la plus
longue parmi celles observées dans les différents
groupes individualisés (tableau II).
Dans le groupe « divers », se trouvent des métas-
tases hépatiques de cancer du sein (n = 2), de sémi-
nome (n = 2) et d’épithélioma malpighien (n = 2).
Deux patientes ont été opérées de métastases de
cancer du sein (observations 22 et 23). L’une d’elles
(observation 22) l’a été après échec de la chimiothé-
rapie pour des métastases hépatiques multiples. La
chirurgie a été envisagée comme geste de cytoréduc-
tion pour tenter d’optimiser les effets du traitement
médical, comme cela a été proposé [19]. Six métas-
tases groupées dans le foie droit ont été enlevées.
L’autre patiente (observation 23) avait 75 ans et a
été opérée d’une grosse lésion unique (9 x 8 x 5 cm)
sans chimiothérapie préalable, mais le geste a été
suivi d’une hormonothérapie. Ces deux patientes
chez qui il y avait un long délai entre la mastectomie
 Résections hépatiques pour métastases
et l’apparition des lésions hépatiques (84 et 104
mois), sont actuellement en vie, sans récidive, 17 et
32 mois après l’hépatectomie.
Pour les atteintes hépatiques des séminomes,
l’indication opératoire ne peut découler que d’un
échec au moins partiel de la chimiothérapie. Lors de
l’intervention, il est important de définir par l’étude
des pièces opératoires quel a été l’impact de ce trai-
tement sur les lésions hépatiques [20]. Dans nos
deux observations (24 et 25), il persistait du carci-
nome sur la pièce opératoire (stade III de Goulet et
al. [20]) et une chimiothérapie a été reprise dans les
suites opératoires. Un patient est décédé précoce-
ment (trois mois), et l’autre était encore en vie 44
mois après l’exérèse. Notons qu’il avait récidivé sur
le foie restant et au niveau des ganglions lombaires
mais qu’une chimiothérapie postopératoire de six
mois a permis une normalisation des alpha fœto-
protéines (avec un recul de 34 mois après la fin de la
chimiothérapie).
Pour les deux patients opérés de métastases hépa-
tiques d’un épithélioma malpighien (observation 26
et 27), la survie n’a été que de 12 et 13 mois. Le
cancer primitif siégeait au niveau de l’œsophage ou
du poumon. Très peu de cas d’exérèse de métastases
hépatiques d’un épithélioma malpighien ont été rap-
portés dans la littérature.
CONCLUSION
Le pronostic après résection de métastases hépati-
ques de cancer non colorectal, non neuroendocrine
reste difficile à porter. Le type histologique de la
tumeur initiale influence nettement le survie - ce qui
se retrouve dans notre série -, probablement en rai-
son de l’histoire naturelle de chaque type tumoral.
L’étude des facteurs habituellement reconnus
comme prédictifs sur la pièce de résection du cancer
initial peut probablement aider à sélectionner les
patients chez qui est décelée une métastase hépati-
que. Bien que le caractère synchrone ou métachrone
des lésions hépatiques n’apparaisse pas comme un
facteur pronostique déterminant pour certains [11],
un long délai entre la lésion primaire et la récidive
hépatique est pour d’autres un facteur à prendre en
considération (le pronostic est meilleur si le délai
excède 36 mois pour Harrison et al. [4]), encore
qu’une explosion métastatique tardive puisse être
129
impossible à enrayer par la chirurgie (notre observa-
tion 16). Malheureusement, peu de patients tirent
bénéfice de la chirurgie hépatique d’exérèse mais
une survie prolongée peut être espérée dans certains
cas.
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