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Peut-on passer de l’économie informelle à l’économie

«citoyenne»?
Par le Pr Mohammed GERMOUNI
            
Loin d’être marginale, simple complément de l’économie officielle, voire une solution
provisoire, l’économie informelle tend à devenir un phénomène massif, permanent.
Elle touche la plupart des activités et structure l’ensemble de la société. Le Maroc en
offre une illustration. Elle y dépasse le traditionnel «travail noir» (petites réparations,
travaux domestiques,…) pour concerner de plus en plus de pans de villes, de
quartiers, de métiers, qu’il devient difficile d’en situer les véritables frontières(1).
Selon les régions, entre le tiers et la moitié de la population en âge d’activité seraient
concernés partiellement ou à temps plein. Des activités comme le bâtiment,
l’immobilier, le commerce ou le travail domestique sont pour l’essentiel
informelles.Le projet de la Banque mondiale (3) en avait fait une apologie et lui a
offert son soutien espérant que cela prépare une croissance ultérieure. Cependant, les
résultats de la contribution de cette économie à la lutte contre la pauvreté demeurent
mitigés. En effet, longtemps approchée à travers le prisme du dualisme (secteur
moderne et secteur traditionnel: une des caractéristiques du sous-développement), une
analyse plus avancée constate que le secteur informel n’est pas aussi homogène qu’on
le croyait.Ensuite, et surtout, le rapport à l’Etat constitue le problème crucial, puisque
c’est cette relation qui est à la base de la définition même de l’économie informelle, à
savoir l’absence de forme. De l’évolution de cette relation en termes de citoyenneté
doit dépendre l’extension ou la régression des activités concernées.. L’Etat serait trop
faibleLa faible capacité de contrôle de l’Etat est rarement une donnée a priori, sur
laquelle se grefferait l’économie informelle. Dans ces analyses, il s’agit le plus
souvent d’un pis-aller dans la mesure où le pouvoir politique n’est pas en mesure
d’assumer un rôle visible en matière d’emploi et de services sociaux. L’explication
par la faible capacité de contrôle comme cause majeure du développement de ce type
d’économie est particulièrement avancée en matière fiscale. Selon cette version, l’Etat
est incapable notamment de fiscaliser certaines activités. La pertinence d’un tel
argument semble limitée, puisque le coût du contrôle fiscal (salaires des
fonctionnaires) est largement inférieur aux rentrées d’impôts.. L’Etat serait trop
fortDans cette analyse, l’économie informelle aurait pour origine l’excès ou
l’inadaptation de la réglementation. L’économie informelle ne serait qu’une réponse
au poids excessif de l’Etat non seulement en matière fiscale, mais surtout en ce qui
concerne l’administration et ses réglementations bureaucratiques. Ce point de vue
développé par quelques libéraux latino-américains (H. Do Soto) a eu un important
écho auprès des organismes internationaux, comme le groupe de la Banque mondiale,
qui lui ont assuré un bon relais et prêté assistance. En d’autres termes, le droit ne doit
pas disparaître mais devenir minimal, en le dissociant de la bureaucratie. En somme,
pour définir une bonne loi, il faut d’abord qu’elle soit bonne surtout pour les
entreprises. A cet égard, il convient de se rappeler le « toilettage» décidé de divers
textes de lois marocaines jugés obsolètes pour l’acte d’investir (code de commerce,
code du travail) au cours de la décennie précédente, et pour améliorer la flexibilité de
l’économie dans son ensemble. . L’Etat serait trop tolérantLe fait qu’une proportion
importante de la population active ne satisfait pas les obligations légales et fiscales ne
peut être interprété comme un signe de faiblesse d’un Etat. Le fait de ne pas avoir
imposé, ni voulu imposer son contrôle à certaines activités économiques doit être
considéré tout simplement comme un mode de gouvernement. L’Etat tolère le non-
respect des lois pour de multiples raisons impérieuses. La pratique est diverse, allant
du contrôle indirect aux concessions au «petit patronat» favorisant cette clientèle
politique. Dans diverses régions d’Amérique du Sud, par exemple, l’économie
informelle n’est pas en dehors de la régulation étatique; l’illégalité comme la légalité
sont périodiquement «négociées» avec le pouvoir local ou central. La tolérance à la
marocaine ne saurait échapper à cette règle non écrite. Il convient cependant de
relever une incongruité dans l’exclusion des activités criminelles du champ de
l’économie informelle, comme si le problème de l’emploi et des revenus des
catégories pauvres de la population était sans rapport avec de telles activités, à l’instar
de la drogue, de la contrebande et la corruption qui leur sont liées. C’est dire la
complexité d’une telle attitude à tracer la frontière entre ce qui est licite et ce qui ne
l’est pas et ses conséquences négatives sur la formulation d’une politique économique
relativement cohérente. Le statut de la citoyenneté des travailleurs et personnes
impliqués dans l’économie informelle, non concernés par le droit, pose un problème à
la démocratisation recherchée. Les simples droits civils et politiques ne font pas un
citoyen. Le développement de la démocratie électorale trouve vite ses limites face à
une citoyenneté qui devient «fragmentée» et à «géométrie variable» à l’origine de
l’échec de tels processus (4). Aussi, la mise en exergue des «succès» de l’économie
informelle dans certaines circonstances par l’Etat ou certaines institutions
internationales joue-t-elle un rôle relativement ambigu, à savoir légitimer le non-
respect du droit.Si l’intégration de l’ensemble de la population dans une sorte de
modèle de «citoyenneté salariale» à l’occidentale est abandonnée pour une longue
période, il n’en demeure pas moins urgent pour l’Etat une mise à niveau
institutionnelle de l’économie afin de faire émerger un nouveau type de citoyenneté
plus homogène. En réduisant les avancées d’une économie informelle et en permettant
ainsi d’échapper au modèle chaotique qui sévit déjà dans plusieurs régions
d’Amérique latine et d’Afrique, le processus démocratique en cours y gagnerait.

Poches d’informalité

Il devient de plus en plus difficile, comme l’attestent plusieurs travaux effectués dans
diverses régions du Tiers Monde, de séparer les deux économies, vu le grand nombre
de travailleurs ayant un pied dans l’un et dans l’autre. Le secteur informel n’est pas
homogène, ainsi par exemple du personnel domestique non déclaré peut bénéficier
d’un salaire prenant le Smig comme référence et d’un congé hebdomadaire. Une
entreprise peut être partiellement informelle, payant les cotisations sociales d’une
partie du personnel. De façon réciproque, l’économie formelle contient des poches
d’informalité comme la corruption et les détournements de temps et de produits.

Qu’est-ce que c’est?

L'économie informelle d’une activité professionnelle, unique ou secondaire,


s’effectue en marge ou en dehors des obligations classiques légales ou réglementaires,
à titre lucratif et de manière non occasionnelle.L’expression, couramment utilisée
pour désigner une panoplie vaste et variée d’activités, s’est enrichie par l’apport de
l’histoire et de la géographie économiques. Le professeur Alfred Sauvy en avait
dressé un bref inventaire nécessairement sélectif (2):- «travail noir», une activité à
portée économique accomplie clandestinement; l’expression «travailler au noir» est
jugée plus correcte par les puristes;- «travail clandestin, occulte ou caché», à
consonance péjorative, restitue une traduction de l’anglais (hidden economy), mais
toutes les activités clandestines pour des raisons de discrétion, de réputation, de
pudeur, voire de modestie, ne sont pas toutes illégales;- «économie souterraine»,
l’image est un peu forte, mais fréquente en langue anglaise (underground economy);-
«économie parallèle» ou seconde économie vestige des anciens régimes socialistes à
économie planifiée;- «économie immergée», employée surtout en Italie;- «économie
informelle», «travail informel», expression venue des USA et correspond à peu près à
non-officielle, non-réglementaire.

OCDE: 2,5% du PIB

L'économie informelle n’est pas une exclusivité des seuls pays encore en retard. Elle
est aussi présente dans les pays avancés. Cependant, le problème est constitué par
l’importance relative que représente cette composante dans la première catégorie. Si
dans les pays de l’OCDE, le poids de ce type d’économie a été estimé à quelque 2,5%
en moyenne, sa véritable dimension dans les pays non développés est une réelle
inconnue qui fait seulement l’objet de temps en temps d’estimations et
d’approximations d’ordre de grandeurs ici ou là. Ce qui n’est pas rien. Le pouvoir
politique manquant de solutions réalistes de rechange l’occulte en bonne connaissance
de cause, en ayant tendance le plus souvent à y voir un «gisement de flexibilité»,
permettant en particulier d’amortir de façon pragmatique les chocs et les limites d’une
économie officielle.

Depuis quand?

L'histoire des activités informelles et illégales est aussi ancienne que celle des lois
elles-mêmes, criminalité mise à part. Déjà au XIXe siècle, un libéral français, Jean
Baptiste Say, faisait observer «le fâcheux scandale d’un gouvernement qui portait des
lois sévères contre la contrebande et partageait le profit qu’il y avait à les violer».
D’autres, au même siècle, ont vu dans «la contrebande, le correctif le plus efficace des
mauvaises lois de douane qui entravent le commerce du monde». Assurément, plus on
élève une barrière, plus il sera facile de passer dessous. Cela s’applique à tous les taux
des taxes à l’intérieur et des droits à l’extérieur. Les pratiques frauduleuses, ensuite,
universelles, en tous lieux et de tout temps, constituent autant d’infractions aux
règlements du moment régissant la fabrication, le commerce ou la fiscalité de tel ou
tel produit.-----------------------------------------------------------(1) -Bruno Lautier,
L’économie informelle dans le tiers monde, La découverte, Paris,1994.(2)-Alfred
Sauvy, Le travail noir et l’économie de demain, Calman Lévy, Paris, 1984.(3)- World
Bank, Implementing the world’s bank strategy to reduce poverty, progress and
challenges, Washington, august 1993.(4)- Liane Mozere, Economie informelle, loi,
citoyenneté, L’Harmattan,1994.(5)- M. Nadif, Marginalité et régulations sociales au
Maroc, cas du secteur informel, thèse de doctorat en sciences économiques,
Université Hassan II,1988.

 
Les thèmes de la 7e conférence de l'Aitaic à Marrakech

LE Maroc assurera la présidence de l'Aitaic, Association des autorités


fiscales des pays islamiques. Abdelatif Zaghnoun, directeur de
l'administration des Impôts, a repris le flambeau hier à l'ouverture de la
7e conférence de l'Aitaic qui poursuit ses travaux à Marrakech jusqu'au
30 septembre. Le Maroc est l'un des 11 pays fondateurs de cette
association créée en 2003 à l'initiative de l'administration fiscale
malaisienne. Plus de 20 pays arabes qui prennent part aux travaux de
cette 7e conférence se pencheront sur deux problématiques de la
fiscalité: l'élargissement de l'assiette fiscale et par ricochet l'imposition du
secteur informel.
La première est d'ailleurs un thème suggéré par le Maroc qui en fait son
cheval de bataille. Le contrôle fiscal est en effet une des préoccupations
majeures aussi bien de l'administration que des Impôts, compte tenu de
la conjoncture économique et du tassement des recettes. Pour renforcer
l'assiette, les autorités fiscales veulent lutter contre la fraude fiscale.
«Assurer une équité fiscale, c'est aussi préserver la compétitivité de
l'économie», insistent les participants. Les entreprises qui échappent au
contrôle fiscal représentent une perte estimée aux alentours de 15% du
PIB.
Pour Zaghnoun, les ressources humaines, l'analyse du risque et
l'informatisation sont les points fondamentaux d'un bon contrôle fiscal.
«Il faut mettre en place une démarche plus intelligente avec une
simplification des procédures».
Au Maroc, il est également question de fiscaliser l'économie informelle
pour élargir l'assiette de l'impôt. Et c'est le deuxième axe de cette
rencontre des autorités islamiques des impôts. La CGEM et le Fisc sont
d'accord sur le principe, reste à définir les modalités en collaboration avec
tous les intervenants du secteur. «L'imposition du secteur informel devra
diminuer la pression sur le secteur organisé et élargir l'assiette fiscale», a
indiqué Salaheddine Mezouar, ministre des Finances, dans un discours lu
par Aziz Akhannouch, ministre de la pêche et de l'agriculture. Son
intervention a longuement insisté sur les avantages d'un cadre
d'imposition du secteur informel. Pour pousser les activités informelles
dans l'économie formelle, il faut un texte de loi qui puisse les mettre en
confiance, avec des mesures incitatives, tient à souligner Zaghnoun.
En parallèle, le Maroc, qui officie désormais à la destinée de l'Association
islamique des autorités fiscales, se fixe aussi pour objectif de donner une
nouvelle impulsion à l'association et la promouvoir auprès des instances
internationales.

· L'option est à l'étude dans le projet de loi de Finances

· Mais il faudra aller chercher aussi l'informel «industriel »

La lutte contre les passagers clandestins (l'économie informelle) sera un


des axes clé des mesures qui seront déclinées dans le projet de loi de
Finances. Dans la stratégie de l'élargissement de l'assiette fiscale, le
directeur général des Impôts a levé un petit coin du voile sur les options
aujourd'hui à l'étude. Il sera prévu des tarifs préférentiels pour attirer, du
moins c'est ce qu'espère le Fisc, des toutes petites entreprises à sortir de
l'ombre. «Il est important de prévoir des dispositions fiscales en vue de
pousser les activités informelles dans l'économie formelle», affirme
Abdellatif Zeghnoun.
Le schéma qui se dessine est sans doute un aménagement d'un taux
attractif à l'égard de cette population de contribuables. C'est aussi l'idée
que défend le patronat (CGEM), en plus d'une différenciation des taux
selon le chiffre d'affaires. Un taux de l'impôt de 10% sur le résultat serait
une sorte de prime à la transparence pour les TPE qui prospèrent dans
l'économie souterraine et un moyen de lutter contre la concurrence
déloyale. TPE renvoyant à toute entreprise dont le chiffre d'affaires est
égal ou inférieur à un million de dirhams.
Les défenseurs de cette option arguent que la mesure ôterait tout intérêt
à se maintenir dans le circuit informel.
Pour le reste, la CGEM n'a pas abandonné sa proposition d'un taux de
droit commun de l'IS à 25%. Le Fisc qui doutait de l'efficacité d'une telle
orientation, a assoupli sa position après avoir été longtemps réfractaire à
toute idée d'une prime aux petites entreprises qui s'engageraient à sortir
de l'informel. Si le taux de 10% est adopté par le législateur, dans
l'immédiat, la mesure permettra surtout à l'administration fiscale
d'accorder un état civil à plusieurs centaines de TPE, voire quelques
milliers, que de renflouer véritablement les caisses du Trésor. Après leur
identification, dans une étape, il sera alors temps de déployer une
stratégie pour accroître leur contribution aux charges de la collectivité.
Au 31 décembre 2009, le Fisc comptait dans ses registres, 3,6 millions de
contribuables à l'IR, 256.730 à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et
155.605 entreprises inscrites à l'impôt sur les sociétés (IS). Mais toutes ne
contribuent pas à la hauteur de leur potentiel, à en juger par la
cristallisation de la recette. Au moins 2/3 des sociétés inscrites à l'IS sont
structurellement déficitaires depuis dix ans. De même, 2% d'entre elles
contribuent pour 80% de cet impôt. Idem pour la TVA dont le rendement
souffre du marché des fausses factures et des ventes au noir.
Les responsables du Fisc sont conscients que l'adhésion à l'impôt est
encore faible, voire très faible au Maroc. Pour accroître les recettes, un
tarif attractif aussi bas soit-il, ne suffira pas à sortir des milliers
d'opérateurs de la clandestinité. Il faudra aussi détendre encore plus les
relations avec les contribuables, concède le directeur général des impôts.

Abdelkader Masnaoui, le directeur du cabinet Masnaoui & Mazars,


estime que, pour plus d'efficacité, le système fiscal marocain doit
s'adapter à celui de l'Europe.
Aujourd'hui Le Maroc : Que pensez-vous du système fiscal actuel au
Maroc?

Abdelkader Masnaoui : Le système fiscal doit nécessairement évoluer


vers plus de transparence et de modernité, et ce pour plusieurs raisons.
Mais j'en citerai une, plus particulièrement. Il s'agit de se rapprocher
davantage du système fiscal européen. Pour la simple raison que le
Maroc s'est engagé dans un processus de coopération très étroite avec
l'Union européenne. Cette coopération est, certes, moins importante
qu'une adhésion totale, mais ne se limite pas à un simple accord
commercial. Si on veut gagner ce pari, on doit adapter notre système
fiscal à celui de l'Europe.

Quels types de changements, à votre avis, faut-il opérer ?

C'est le cas, par exemple, de l'élargissement des contribuables. Pour


cela, nous devons mettre au point une fiscalité beaucoup plus attractive
qu'elle ne l'est actuellement, afin d'intégrer les secteurs informels. Les
pays occidentaux ont réglé le problème de l'informel en opérant une
généralisation de la fiscalité à travers, essentiellement, l'assouplissement
des procédures et des règles régissant la collecte de l'impôt. Et
progressivement, les secteurs économiques informels ont migré vers la
légalité.

Quel manque à gagner représente le secteur informel ?

Plusieurs études ont été réalisées sur ce sujet. Celle du ministère des
Finances estime que l'économie de l'informel représente 30% à 40 % des
recettes fiscales actuelles. C'est significatif. Mais cela ne veut pas dire,
forcément, que le manque à gagner est de 30% ou 40%. L'essentiel est
d'attirer le secteur informel afin d'assurer une certaine justice entre les
différents acteurs économiques du pays.

On constate que les recettes de l'IS sont moins importantes que celles de
l'IGR. Cela veut-il dire que le lobbying des entreprises est plus efficace
que celui des travailleurs ?

Non, je ne pense pas que le lobbying soit une explication à cela. A mon
sens, le fait que l'IGR soit perçu à la source est une explication plus
plausible. A ce titre, je tiens à préciser que l'administration des impôts a
énormément évolué. Elle respecte beaucoup plus le contribuable, qu'il
s'agisse d'un particulier ou d'une société. Cette administration a fourni
d'énormes efforts pour une meilleure proximité. Il suffit de comparer la
situation actuelle avec celle d'il y a dix ans.
La différence est immense. Depuis cinq ans environ, on remarque une
plus grande stabilité dans l'action de l'administration des impôts. Sans
oublier la qualité irréprochable de la communication, notamment à
travers l'installation d'un site Internet très performant.

Cette efficacité dont vous parlez, existe-t-elle également au niveau du


recouvrement et du contrôle ?
Dans tous les systèmes fiscaux, il y a une préoccupation d'efficacité et de
pertinence. L'administration marocaine des impôts travaille également
dans cet objectif. A titre d'exemple, on ne rencontre plus le même type
de notifications qu'avant. Les contrôles-sanctions, qui consistaient à
envoyer des chiffres élevés pour inviter le contribuable à des
transactions, n'existent plus. Les inspecteurs des finances sont conscients
des dégâts que peuvent causer ces notifications.      

Fatima, 62 ans, femme au foyer, ne sait pas à quel saint se vouer. Elle en a
assez de ces allers-retours vers la direction des impôts de son
arrondissement. Son calvaire remonte à 2005, lorsque son fils aîné a
liquidé son entreprise domiciliée dans une maison dont la propriétaire est
sa propre mère Fatima. Laquelle a été contrainte de payer l'impôt sur les
sociétés alors qu'elle n'en avait aucune.
Elle a, à plusieurs reprises, expliqué son problème à l'administration du
fisc qui a souvent affiché sa compréhension et promis de résoudre ce
problème complexe.
Mais rien n'a été fait. Chaque année Fatima continue à être imposée et
ses nombreuses réclamations auprès de l'administration ne semblent
jamais aboutir.
Fatima ne fait pas exception. Elle fait partie de ces nombreux
contribuables qui jugent leur relation avec l'administration fiscale de
tendue et conflictuelle. Ils considèrent également que le système fiscal
est injuste, tatillon et paperassier.
Ils pointent du doigt la défectuosité du système financier (complexité des
procédures, retards, réglementation fiscale complexe, lacunaire et
inaccessible au grand public) et le fonctionnement de l'administration
(erreurs de calcul et de recensement des contribuables et des bases
d'imposition, inertie, défaillance de l'appareil d'exécution et de contrôle).
Ils estiment que l'agent du fisc a souvent tendance à voir dans chaque
citoyen un fraudeur potentiel ou encore une source de recettes.
Les petits contribuables regrettent qu'ils soient obligés de payer leur
dette fiscale, si ce n'est pas à la première phase (prélèvement à la source
ou recouvrement amiable), ce sera nécessairement à la seconde
(recouvrement forcé) puisque la saisie ou la contrainte par corps sont là
pour les dissuader de frauder, alors que les gros contribuables, en
revanche, parviennent souvent à se soustraire légalement ou illégalement
à leur devoir fiscal.
De telles attitudes ne font que provoquer chez eux des comportements
de résistance à l'impôt (évitement spontané ou organisé de l'impôt,
évasion et fraude fiscales…), ainsi que des sentiments d'hostilité à l'égard
du fisc.
L'absence de clarification des droits du contribuable a tendance à cultiver
l'ignorance et développer la résistance à l'impôt.
Pour Abdellatif Zaghnoun, directeur général de l'administration des
impôts, cette situation doit donc cesser. Une nouvelle relation
administration-contribuable doit voir le jour.
S'exprimant lors d'une conférence de presse, organisée le 19 janvier à
Casablanca, le nouveau patron du fisc a indiqué que plusieurs mesures
ont été prises pour améliorer les relations entre le contribuable et
l'administration. L'élaboration d'une charte des contribuables et
l'institution de la vérification ponctuelle en sont les parties les plus
visibles.
Rassurer les bons contribuables et créer une nouvelle relation de
confiance et de transparence, passe aussi, selon M. Zaghnoun, par
l'imposition de l'économie informelle.
Ainsi, il a tenu à préciser que son administration a institué une taxation
réduite de 15% applicable aux entreprises passibles de l'IS qui réalisent
un chiffre d'affaires inférieur ou égal à 3.000.000 DH hors TVA.
Les contribuables, en activité et relevant de l'IR, qui s'identifient pour la
première fois à partir du 1er janvier 2011, ne seront imposés que pour les
revenus acquis et les opérations effectuées à compter de leur date
d'identification.
La direction des impôts compte également leur accorder, à partir de leur
date d'identification, les avantages prévus par le CGI et leur permettra
d'évaluer leurs stocks de manière à dégager des marges brutes
supérieures ou égales à 20%, en cas de cession des marchandises ainsi
que de soumettre à la TVA, en cas d'assujettissement, la marge brute
réalisée sur la vente des stocks, sans droit de déduction, jusqu'à
épuisement des stocks.
L'administration fiscale semble décidée à dissiper le climat de tension et
de suspicion qui se traduit au niveau de l'Etat par une déperdition
substantielle des recettes fiscales, et au niveau de la société par
l'incivisme, particulièrement fiscal. Réussira-t-elle à établir un système
juste et équitable au profit de tous les contribuables ?      

Le secteur informel constitue l'une des préoccupations majeures des


pouvoirs publics eu égard au préjudice qu'il porte tant pour les recettes
fiscales qu'à l'économie des pays, a souligné le ministre de l'Economie et
des Finances, M. Salaheddine Mezouar.

L'imposition de ce secteur, qui ne cesse de prendre de l'ampleur, pourrait


constituer une source importante des ressources fiscales, a estimé M.
Mezouar dans une allocution lue en son nom par M. Aziz Akhannouch,
ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, à l'ouverture lundi à
Marrakech de la 7-ème Conférence technique de l'Association des
autorités fiscales des pays islamiques (ATAIC).

Initiée par la Direction générale des impôts, cette conférence de quatre


jours, dont les travaux gravitent autour des thèmes "Le contrôle fiscal" et
"La fiscalisation du secteur informel", réunit les représentants des
administrations fiscales venus de 22 pays membres de l'ATAIC.

Le ministre a, dans ce cadre, relevé que le renforcement des capacités de


contrôle des administrations fiscales revêt une importance capitale dans
la mesure où il garantit notamment l'équilibre de tout système fiscal.

Le contrôle fiscal a un rôle important à jouer dans la lutte contre la fraude


fiscale sous toutes ses formes, le recouvrement des recettes et la mise
place de mécanismes permettant d'asseoir une concurrence loyale entre
les différents acteurs économiques, a-t-il ajouté.

"Les programmes de développement socio-économiques initiés par nos


pays nous imposent de mobiliser toutes les ressources financières
nécessaires en vue d'accomplir davantage de réalisations", a-t-il dit, se
félicitant, à cet égard, des efforts consentis par l'ATAIC dans le but de
raffermir les liens de coopération entre ses Etats membres.
Cette rencontre se tient dans une conjoncture internationale très délicate
caractérisée par une crise économique et financière ayant touché la
plupart des pays de la planète, a fait remarquer le ministre qui a appelé, à
cet effet, à la mutualisation des efforts afin de trouver les moyens à
même de renforcer les capacités de l'Etat à mobiliser ses ressources
financières, atténuer l'impact de la crise et réaliser un développement
durable.

Pour sa part, le président en exercice de l'ATAIC, M. Abdellah Hassan


Aissa (Soudan), a passé en revue les réalisations accomplies par
l'Association, soulignant, à ce propos, l'importance de la conjugaison des
efforts pour conforter l'ATAIC dans sa mission.

Il a également remercié le Maroc, l'un des onze pays fondateurs de


l'Association en 2003, pour l'organisation de ce forum autour de deux
thématiques majeures s'inscrivant dans le cadre des actions des Etats
membres visant à renforcer leurs ressources financières.

De son côté, le directeur général des Impôts, M. Abdellatif Zaghnoun, a


souligné d'emblée que cette conférence constitue une occasion idoine
pour, à la fois, confronter les expériences et approfondir le débat sur
deux thèmes centraux dans l'optique de sortir avec des recommandations
susceptibles de contrecarrer la fraude fiscale et l'informel.

La globalisation des échanges commerciaux exige l'adoption d'une


approche harmonisée en matière de contrôle fiscal, a-t-il insisté, faisant
observer que l'administration fiscale au Maroc dispose de larges
prérogatives et que le contrôle fiscal est régi par une panoplie de textes
législatifs.

Il a aussi relevé que le contrôle fiscal constitue, aujourd'hui, l'une des


missions les plus importantes des administrations fiscales dans la mesure
où il permet d'améliorer les recettes fiscales et d'instaurer un climat de
concurrence loyale entre les opérateurs économiques à travers
notamment la lutte contre la fraude fiscale sous toutes ses formes.
Pour ce qui est de l'informel, M. Zaghnoun a signalé que ce phénomène
constitue une préoccupation majeure de par le préjudice qu'il porte aussi
bien aux recettes fiscales, à l'économie qu'à la santé du consommateur.

Après avoir appelé à la fiscalisation du secteur informel, il a mis l'accent


sur la nécessité pour les pouvoirs publics de mettre en place des
mécanismes et d'adopter des stratégies et pour les administrations
fiscales, les Douanes et l'Office des changes de mutualiser leurs efforts
pour contrecarrer ce phénomène.

Il a également préconisé l'élaboration de textes législatifs permettant


d'aborder le thème de l'informel avec un esprit responsable et la mise en
place de mesures incitatives pour encourager tous ceux opérant dans
l'informel à se rabattre sur le secteur formel.

Le directeur général des Impôts a, d'autre part, émis le vÂœu que cette
conférence aboutisse à des recommandations visant à lutter contre
l'informel, améliorer le contrôle fiscal, lutter contre la fraude fiscale et à
assurer une équité dans ce domaine.

Les autorités fiscales des pays membres de l'ATAIC se réunissent


annuellement pour échanger leurs expériences, développer la
coopération et l'assistance mutuelle et débattre de questions relatives à
la fiscalité, notamment sous l'angle des principes et réalités socio-
économiques des Etats membres.

Il convient de signaler qu'à l'issue de cette conférence, la présidence de


l'ATAIC sera assurée par le Maroc.      

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