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2020 12:37
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1204-3206 (imprimé)
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Inégalités sociales de santé tion, du sexe ou de l’origine ethnique. lement, la mortalité prématurée évi-
Ainsi, les disparités constatées (de table y est la plus forte, notamment
Les différences sociales d’état de consommation médicale, de prise en chez les hommes (HCSP, 2002). Ce
santé sont qualifiées d’inégalités charge…) ne peuvent être qualifiées paradoxe trouverait en partie son
sociales de santé, dans la mesure où d’inégalités sociales que dans la explication dans un système de santé
elles concernent un objet socialement mesure où elles ont des effets négatifs marqué par de profondes inégalités
valorisé (la santé), où elles renvoient sur la santé en rapport avec des rela- sociales de santé (Lombrail et al.,
à une hiérarchie sociale et où le prin- tions sociales hiérarchiques. Sinon, il 2005). Ainsi, quels que soient les
cipe de justice sociale est en cause s’agit simplement de différences. indicateurs de santé considérés : mor-
†
(Aïach et al., 2004). Ainsi, pour par- talité, morbidité, incapacités, santé
ler d’inégalités sociales de santé, quel Les inégalités sociales de santé perçue ou qualité de vie, apparais-
que soit l’objet considéré, deux sont constatées tout au long de sent d’importants gradients selon les
conditions doivent être réunies. l’échelle sociale et ne concernent pas milieux sociaux, la profession, le
D’une part, il doit s’agir d’un objet seulement les plus défavorisés, niveau d’études… Les enquêtes suc-
socialement valorisé, comme la santé même ci ces derniers sont particuliè- cessives de l’IRDES sur la santé et la
par opposition à la maladie, mais ce rement concernés (Leclerc et al., protection sociale des assurés
peut être également le sentiment de 2000). Elles sont le résultat d’inéga- sociaux français, montrent une nette
bien-être par rapport à la souffrance, lités sociales structurelles qui carac- dégradation de l’état de santé au fur
ou des soins efficaces par rapport à térisent un pays à un moment donné et à mesure que le niveau d’études
d’autres qui ne le sont pas. D’autre de son histoire et de son développe- baisse, et le lien étroit entre niveau
part, cet objet socialement valorisé ment économique. Elles ont pour ori- de revenu du ménage et morbidité,
doit concerner des groupes sociaux gine des choix de société en matière même après correction de l’effet de
hiérarchisés dans une position domi- d’emploi, de logement, d’éduca- l’âge et du sexe (Auvray et al., 2001;
nant-dominé : les classes sociales, les
† tion… Si la France présente de bons Auvray et al., 2003). L’épidémie
catégories socioprofessionnelles, les indicateurs globaux de santé et que d’obésité frappe inégalement suivant
groupes différenciés en fonction du l’espérance de vie féminine y est une l’appartenance sociale : sa préva-
†
revenu, de la richesse, de l’instruc- des plus élevées d’Europe, paradoxa- lence atteint 17 % des foyers dispo-
†
Lien social et Politiques–RIAC, 55, La santé au risque du social. Printemps 2006, pages 115-124.
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 55 loin d’être tous élucidés. De nom- chosociaux intermédiaires. Ces inter-
breux modèles s’appuyant sur des actions peuvent survenir tout au long
Inégalités sociales de santé : quels impacts
théories sociales et les résultats de de la trajectoire de vie des individus.
†
justifiant d’ailleurs la nécessité de Ces modèles se distinguent en sibilité d’accéder aux soins (accessi-
prendre en compte ce que certains fonction de l’importance qu’ils bilité) et en « accès réalisé » ou
† †
Les mécanismes par lesquels les l’état de santé selon un mécanisme déterminants sociétaux, caractéris-
inégalités sociales produisent des de causalité en chaîne faisant inter- tiques du système de soins et déter-
inégalités de santé sont complexes et venir les différents déterminants psy- minants individuels (Andersen et al.,
LSP 55 corrigée-3 26/05/06 09:10 Page 117
LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 55 Les politiques publiques mises en sociales de santé, mais elles ne sont
œuvre et susceptibles de contribuer à pas négligeables dans leur produc-
Inégalités sociales de santé : quels impacts
la réduction des inégalités sociales de tion, en aggravant les inégalités face
†
santé sont avant tout des politiques à la maladie (HCSP, 2002). Les taux
orientées vers la lutte contre les de fumeurs les plus élevés s’obser-
exclusions (Loi d’orientation relative vent dans les milieux sociaux défa-
à la lutte contre les exclusions, 1998), vorisés (Auvray et al., 2001). La
reposant sur une logique assistan- consommation d’alcool varie en
cielle et visant à garantir aux plus fonction de la catégorie socioprofes-
démunis l’égalité d’accès aux soins, à sionnelle et elle est plus élevée chez
l’exemple de la mise en place de la les ouvriers et les artisans (Brixi et
Couverture maladie universelle, en al., 2000). Le Baromètre santé
118 2000 (loi du 27 juillet 1999, titre II). adultes 1995-1996 mettait en évi-
dence que les personnes de plus haut
La réduction des inégalités niveau d’études et des catégories
drait que les suites d’un dépistage sociales de santé dans notre pays socioprofessionnelles les plus éle-
positif soient gérées au mieux pour serait essentiellement envisagée par vées avaient plus souvent été vacci-
qu’une prise en charge de qualité le politique sous l’angle de l’accès nées dans les dix ans que les autres
suive dans les meilleurs délais. Or, ce primaire aux soins, en privilégiant (Janvrin et al., 1997). Ces disparités
n’est pas proposé par le système de une approche par populations spéci- sociales n’apparaissaient pas dans le
soins français, à la différence de ce qui fiques en direction des plus démunis, Baromètre santé 2000. Cependant,
se passe dans d’autres pays de essentiellement définis comme étant parmi les femmes, les plus diplô-
l’Europe, et laisse donc le libre en situation de précarité sociale. Cela mées avaient un meilleur niveau de
champ, par exemple, à de fortes inéga- est bien illustré par la loi du 9 août connaissance sur le vaccin ROR que
lités d’accès aux soins secondaires 2004 relative à la politique de santé les autres (Guagliardo et al., 2001).
(Lombrail et al., 2005). L’enquête sur publique. Cependant, les mesures
la santé, les soins et la protection visant à améliorer l’accès aux soins Les disparités sociales constatées
sociale publiée, en 2000, par le des plus démunis ne sont pas les dans le domaine de la prévention
CREDES montrait que les femmes seules à mettre en œuvre pour réduire relèvent du domaine des représenta-
dont les conditions de vie étaient les les inégalités sociales de santé qui tions et attitudes vis-à-vis de la pré-
plus difficiles avaient à la fois un traversent l’ensemble de la hiérarchie vention, des comportements à risque
moindre recours et un recours retardé sociale. Elles ne se superposent pas, pour la santé, de l’accès aux soins
à l’examen gynécologique et à la la précarité sociale définissant une préventifs et de l’attitude des profes-
mammographie (Auvray et al., 2001). situation et une catégorie, la hiérar- sionnels de santé. Ce dernier point
chie sociale caractérisant un état est peu étudié. Pourtant, des études
Réduction des inégalités sociales structurel et un fait relationnel. Ainsi, ont montré que les pratiques de pré-
d’accès aux soins de prévention des mesures systémiques de portée vention des professionnels de santé
plus générale sont également néces- différaient en fonction du profil
La reconnaissance par les pouvoirs socioéconomique des patients. Des
saires, pour améliorer l’état de santé
publics des inégalités sociales de actes de prévention, comme le dépis-
de l’ensemble de la population
santé est relativement tardive : la hié- tage des cancers gynécologiques ou
(Mackenbach et al., 2002) : d’une
†
multiples faites de souffrance phy- conduite ou de style de vie. Or, la qualité du système de santé, qui
sique, psychique et sociale. Les façon dont les comportements sont donne au droit sanitaire français une
consultations avec ces patients conceptualisés détermine la façon définition précise de la politique à
nécessitent plus de temps pour bien dont ils seront pris en compte par la suivre en matière de prévention. Elle
comprendre la situation, résoudre les santé publique (Mann, 1998). inscrit celle-ci dans le Code de la
problèmes sociaux et convaincre les santé publique (article L1417-1). Cet
Les modèles théoriques accordent
patients d’adhérer aux soins. En l’ab- article précise que la politique de
plus ou moins d’importance à tel ou
sence de structuration du système prévention a pour but d’améliorer
tel facteur, et ils sont plus ou moins
sanitaire et social local, ces l’état de santé de la population en
bien adaptés en fonction du type de
contraintes peuvent décourager le évitant l’apparition, le développe-
comportement étudié (recours aux
médecin de s’engager dans une telle ment ou l’aggravation des maladies
services de soins, comportement en
démarche (Dubreuil et al., 1998). ou accidents et en favorisant les
général ou spécifiquement en lien
Les soins préventifs ne sont alors pas comportements individuels et collec- 119
avec la santé…). Il existe ainsi une
la priorité, et la prise en charge est tifs pouvant contribuer à réduire le
vingtaine de modèles visant à expli-
réduite au strict nécessaire. risque de maladie et d’accident. Il
citer les comportements. D’autres
introduit la notion de promotion de la
facteurs psychosociaux, pas toujours
Les facteurs de recours aux soins santé, qui doit donner à chacun les
bien intégrés dans ces modèles, peu-
de prévention moyens de protéger et d’améliorer sa
vent influencer notablement les com-
propre santé. Ainsi définie, la poli-
Des modèles théoriques ont été portements, comme le stress perçu
tique de prévention a, notamment,
construits par les chercheurs en ou le soutien social. Ainsi, plus
pour vocation d’améliorer les condi-
sciences psychosociales pour explici- récemment des modèles ont été
tions de vie et de réduire les inégali-
ter pourquoi les personnes adoptent développés par les tenants de la psy-
tés sociales et territoriales de santé.
ou non un comportement donné, chologie de la santé qui s’intéressent
La loi invite à l’instauration de pro-
notamment en matière de recours à la à l’étude de l’adoption des comporte-
grammes prioritaires nationaux de
prévention (Godin, 1991). Par ments favorables à la santé, notam-
prévention (article L1417-2) et pré-
ailleurs, des cadres conceptuels ont ment en matière de prévention
voit la mise en place d’un comité
été élaborés pour expliciter l’utilisa- individuelle, tel que développé dans
national technique de prévention
tion des services de santé. Les études le modèle intégratif et pluri-factoriel
(article L1417-3). Elle crée un éta-
menées pour identifier les facteurs (Bruchon-Schweitzer, 2002).
blissement public de l’État, l’Institut
liés à la participation aux programmes national de promotion et d’éducation
de prévention, en particulier de dépis-
Politique de prévention
pour la santé (INPES), destiné à être
tage, ou les motifs de résistance ou L’appropriation du concept de l’opérateur des pouvoirs publics
d’adhésion se sont appuyées sur ces prévention dans le droit sanitaire dans le domaine de la prévention et
théories et cadres conceptuels. français est relativement tardive (les de la promotion de la santé.
pays anglo-saxons ont agi plus tôt).
Différents types de facteurs peu- Plus récemment, la loi du 9 août
Il en est initialement question, de
vent influencer les comportements 2004 relative à la politique de santé
façon indirecte, dans le Code de la
de santé. Il est classique de distin- publique reprend ce concept de pré-
sécurité sociale confiant, en 1988,
guer des facteurs génétiques, sociaux vention et le replace dans le cadre
une mission de prévention aux
(telle l’incitation sociale) et émotion- plus large d’une politique de santé
Caisses d’assurance maladie (article
nels (par exemple quand l’adoption publique. Elle énonce que cette poli-
L262-1), puis plus récemment dans
d’un comportement est source de tique de santé publique concerne,
la loi de 1998 relative à la lutte
plaisir immédiat), les croyances et notamment, la prévention des mala-
contre les exclusions instaurant des
les représentations, la santé perçue et dies, des traumatismes et des incapa-
programmes d’accès à la prévention.
les croyances et représentations des cités. Ce choix renvoie à la définition
Cependant, il s’agit de références
professionnels. Les comportements classique retenue par l’OMS et élar-
générales à la prévention.
ne sont d’ailleurs pas indépendants git le champ de la prévention aux
les uns des autres, de sorte que cer- C’est la loi du 4 mars 2002, rela- actions d’information et d’éducation
tains auteurs utilisent la notion de tive aux droits des malades et à la à la santé. Cette loi prévoit, en outre,
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LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 55 progressif des liens sociaux tradi- monétaires avec d’autres, notam-
tionnels, la proportion de personnes ment ceux relatifs au logement et à
Inégalités sociales de santé : quels impacts
confrontées à des situations de fragi- l’emploi, pour avoir une idée plus
†
matière, elle énonce que la réduction sociale sont souvent employés de héritée ou ancienne; une accumula-
des inégalités de santé est une des res- façon indifférenciée, en particulier tion de plusieurs handicaps dans des
ponsabilités de l’État et un des neuf par le politique ou les médias, alors domaines essentiels comme la santé,
principes à l’origine de la politique de qu’ils renvoient à des réalités le logement ou l’éducation; l’apparte-
santé publique. L’article L1411-1-1 sociales différenciées et évoluent en nance à un groupe ethnique vivant en
énonce ainsi que « l’accès à la préven-
†
fonction du contexte social et poli- France depuis moins de dix ans; une
tion et aux soins des populations fra- tique et des représentations sociales histoire marquée par des ruptures
gilisées constitue un objectif (Paugam, 1996). Il devient néces- importantes; un sentiment de diffé-
prioritaire de la politique de santé. saire de préciser des définitions, rence, de non-appartenance, de rejet
Les programmes de santé publique notamment s’il s’agit de repérer ces conduisant à la marginalisation.
mis en œuvre par l’État ainsi que par populations, afin de répondre en par-
les collectivités territoriales et les L’exclusion est à la fois un pro-
tie à la question, tout en sachant qu’il
organismes d’assurance maladie cessus et un état, consacrant un
s’agit d’un processus dynamique qui
prennent en compte les difficultés défaut d’intégration (ONPES, 2000).
peut évoluer dans le temps.
spécifiques des populations fragili- Elle est notamment caractérisée par
sées ». Elle réaffirme, par ailleurs,
†
C’est l’assistance qu’une per- l’absence (pendant une période plus
l’obligation de mettre en œuvre dans sonne reçoit publiquement de la col- ou moins longue) de la possibilité de
chaque région des Programmes régio- lectivité qui détermine son statut de bénéficier des droits attachés à la
pauvre, critère de son appartenance situation sociale et à l’histoire de
naux pour l’accès à la prévention et
sociale à une strate spécifique de la l’individu concerné. Un « exclu » est
aux soins (PRAPS).
† †
recouvre donc la dimension écono- La précarité recouvre ainsi des al., 2004). Toutefois, nous avons été
mique (absence d’emploi et insuffi- situations sociales très diverses, amenés à construire et évaluer un
sance répétée de ressources), la conséquences de processus de préca- outil de repérage des personnes en
non-reconnaissance ou le non-usage risation d’origine variée : précarisa-
† situation de précarité sociale venant
des droits (sociaux, civils et poli- tion de l’emploi et du travail, érosion consulter à l’hôpital (Pascal et al.,
tiques) et les relations sociales. En des solidarités familiales, fragilisation 2006). Cette démarche a été conduite
1998, « les exclus » représentaient
† †
due à la maladie ou à la faible santé… dans le cadre d’un Programme hospi-
0,5 % de la population française, soit
†
Ces processus, caractérisés par l’in- talier de recherche clinique national,
300 000 personnes (HCSP, 1998). stabilité des situations, correspondent sur les pertes de chances médicales
à un enchaînement d’événements et des patients en situation de précarité
La précarité ne doit pas être d’expériences qui débouchent sur des sociale venant consulter à l’hôpital
confondue avec l’exclusion ou la situations de fragilisation écono- public; il s’agissait aussi d’identifier
pauvreté. Elle touche en réalité une mique, sociale et familiale. Ainsi, dès et de proposer des modèles de rattra- 121
partie de la population française qui lors qu’une fragilité dure et qu’elle se page des inégalités sociales de soins
va bien au-delà des populations cumule avec d’autres fragilités, soit de prévention à l’échelle de l’hôpital
pauvres ou exclues. En France, les acquises précédemment, soit surgis- et du territoire de santé concerné.
acteurs sociaux font souvent réfé- sant à l’occasion de la difficulté prin-
rence à la définition retenue par le cipale, le risque de précarisation croît Alors qu’il s’agit d’un phénomène
Conseil économique et social, en fortement. Ces processus sont dyna- en perpétuel mouvement, caractérisé
1987, donnée par Wresinski : « La † † miques et évoluent constamment. Les par l’instabilité des trajectoires de vie
précarité est l’absence d’une ou plu- situations de précarité sont donc sus- individuelles, souvent transitoire, la
ceptibles d’être transitoires et réver- catégorisation présente la précarité
sieurs des sécurités permettant aux
sibles (HCSP, 1998; Parizot, 1998). comme un phénomène statique, ce qui
personnes et aux familles d’assumer
Elles touchent des individus issus de pourrait paraître paradoxal au vu de sa
leurs responsabilités élémentaires et
tous les milieux sociaux et profes- définition. Elle expose au danger
de jouir de leurs droits fondamen-
sionnels, bien que frappant plus forte- d’une stigmatisation de ces popula-
taux. L’insécurité qui en résulte peut
ment les plus démunis. Ces situations tions, risquant de renforcer les phéno-
être plus ou moins étendue et avoir
étant complexes et difficiles à caracté- mènes de précarisation : résistance des
†
LIEN SOCIAL ET POLITIQUES–RIAC, 55 mité susceptibles d’être en contact une liste de priorités d’actions à
avec ces populations, tels les tra- mener pour améliorer l’accès à la pré-
Inégalités sociales de santé : quels impacts
vailleurs sociaux, les bénévoles du vention et aux soins des personnes les
†
centres d’examens de santé (CES). En définir les programmes d’intervention permettre de répondre aux besoins de
effet, les personnes en situation de en santé devrait donc permettre de la population tant sur le plan des
précarité constituent une des cibles répondre de façon adaptée aux soins que sur celui de la prévention »
†
prioritaires des actions de soins de ces besoins spécifiques des populations (Circulaire n°101/DHOS/O/2004 du
centres, telles que définies par l’ar- ciblées et de coordonner efficacement 05 mars 2004 relative à l’élaboration
ticle 2 de l’Arrêté ministériel du 20 les acteurs. Le département paraît de des SROS de 3e génération). Les
juillet 1992, qui en donnait une défi- ce fait être un territoire pertinent pour SROS III seront construits à partir
nition plutôt restrictive, centrée essen- définir les programmes d’intervention des projets médicaux de territoire
tiellement sur la situation par rapport (c’est notamment le cas des pro- élaborés par les acteurs sanitaires et
à l’emploi (Cetaf, 2005). grammes de dépistage organisé des sociaux de ces territoires. On devrait
cancers), leur mise en œuvre pou- pouvoir décliner au niveau de chacun
Des territoires d’action vant être modulée au niveau infradé- des territoires, de santé de façon pré-
partemental, en fonction des cise, les orientations stratégiques
L’amélioration de l’accès aux soins particularités locales. Ainsi, le définies dans les SROS afin d’amé-
et à la prévention des populations « les †
département constitue souvent le liorer l’organisation sanitaire. Le
plus démunies », en situation de « pré-
† †
niveau de mise en œuvre opération- champ d’action de la prévention
carité sociale », « confrontées à l’ex-
† †
nelle des Programmes régionaux de devrait y trouver plus de place,
clusion » ou « fragilisées », selon
† † †
santé (PRS) instaurés par les ordon- puisque ces échelles territoriales
l’expression employée, nécessite, nances de 1996, dont font partie les trouvent, elles aussi, leur légitimité
pour être efficace, de définir les Programmes régionaux pour l’accès à dans la loi relative à la politique de
limites des populations ciblées et de la prévention et aux soins (PRAPS) santé publique. Une des orientations
connaître leurs besoins spécifiques, introduits quelques années plus tard stratégiques du SROS III de la
notamment en matière de santé, afin par la loi d’orientation de lutte contre Région des Pays de la Loire réaf-
d’élaborer des programmes d’inter- les exclusions du 29 juillet 1998. Les firme le principe de l’accessibilité
vention adaptés. Les acteurs de proxi- PRAPS ont pour objectif d’identifier « géographique » (proximité des
† †
LSP 55 corrigée-3 26/05/06 09:10 Page 123
soins, filières de soins, réseaux de sociale est concernée par les inégali- States », Milbank Memorial
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